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mercredi, 22 mai 2019

Le jeune Ahmed

   Deux ans et demi après La Fille inconnue, les frères Dardenne sont de retour avec un sujet brûlant, celui de l'extrémisme musulman en général et de la radicalisation de jeunes éduqués dans un pays occidental en particulier. On peut présumer que les attentats qui ont frappé la Belgique ou mis en cause certains de ses ressortissants ont poussé les réalisateurs à se pencher sur la question.

   Ce film s'inscrit dans une veine qui commence à être fournie, avec les Britanniques de We are four lions, les Marocains des Chevaux de Dieu, les Tunisiens de Mon cher enfant et surtout les Français.es de La Désintégration, Made in France, Les Cowboys et Le Ciel attendra (liste non exhaustive).

   Ici, on sent que les Dardenne veulent sortir des clichés. L'adolescent en voie de radicalisation est un garçon issu d'un couple mixte. Dans la famille proche, Ahmed est le seul à s'engager dans cette voie (où il essaie d'entraîner son frère). Au départ, c'est un garçon timidou, sérieux à l'école sans être brillant, accro à sa console de jeux. Mais il est en quête d'une figure paternelle et se pose peut-être des questions sur son identité. Le voilà pris dans les filets d'un imam rusé, qui n'est pas sans rappeler le recruteur de La Désintégration. Signalons que le "héros" est formidablement interprété par Idir Ben Addi. Les autres comédiens sont au diapason.

   L'histoire est prenante parce que c'est une sorte de thriller. Pourtant, on n'y voit ni explosion, ni poursuite en voiture, ni grosse bagarre. Juste des garçons tombés sous la coupe d'un extrémiste manipulateur, qui profite des difficultés familiales pour entrer dans la tête d'ados mal dans leur peau. C'est filmé près des corps, caméra à l'épaule (façon Rosetta) ou en plans serrés. On est plongé dans la dérive du jeune homme, sans forcément le comprendre.

   A la suite d'une première partie animée, dont je ne raconterai pas le déroulement, Ahmed se retrouve en centre éducatif fermé. De temps à autre, il est envoyé travailler dans une ferme. Comme le garçon est mutique, on se demande ce qu'il pense vraiment. Est-il en voie de recouvrer ses esprits ? Ou bien cet adolescent en apparence inoffensif n'est-il pas en train de se jouer de tout le monde ? Les scènes tournées dans l'exploitation agricole font partie des meilleurs moments du film, notamment quand la jeune Victoria Bluck (qui incarne la fille du paysan) est à l'écran.

   Dans la dernière partie, l'intrigue bascule à nouveau, dans un sens que je me garderai bien de révéler. Jusqu'au bout, les auteurs maintiennent l'incertitude quant à la conclusion de leur histoire, aussi surprenante que (malgré tout) logique.

   Cannes vient de nous livrer sa première pépite.

mardi, 14 mai 2019

Un sénateur "monsantesque" ?

   Je crois que vous avez compris qu'il va être question de Pierre Médevielle, sénateur UDI de Haute-Garonne, dont l'entretien accordé à La Dépêche du Midi a soulevé une intense polémique. Il a d'abord provoqué une extraordinaire onde de choc médiatique, quantité de journalistes relayant les propos du sénateur sans effectuer la moindre vérification. La douche froide est venue dès le lendemain, notamment du Monde. Grosjean comme devant, Pierre Médevielle a essayé de faire endosser la responsabilité de ses propos au journaliste de La Dépêche (qui, soit dit en passant, aurait dû croiser ses sources avant de publier...), mais celui-ci avait pris ses précautions.

   Du coup, je me suis intéressé au sénateur. Il est pharmacien de profession. Tiens, tiens... Monsanto, entreprise à laquelle nous devons le glyphosate, a longtemps possédé une division pharmaceutique, aujourd'hui rattachée à Pfitzer. Et puis chacun sait que Monsanto a été récemment rachetée par Bayer, un groupe très présent dans les produits chimiques.

   Cependant, à première vue, il n'entretient pas de lien avec les grosses firmes du secteur. Sa déclaration d'intérêts et d'activités à la haute Autorité pour la transparence de la vie politique ne contient rien de suspect.

   On en apprend davantage en consultant sa fiche sur le site nossenateurs.fr. A plusieurs reprises, il est intervenu dans la Haute Assemblée quand il était question du glyphosate, toujours en faveur de l'herbicide. De manière générale, s'intéresser à l'historique de ses votes permet de mieux cerner le bonhomme. C'est d'abord un ardent défenseur de la chasse... et du maintien de la réserve parlementaire, qui a longtemps entretenu le poison du clientélisme dans nos campagnes.

   Plus récemment, il s'est prononcé (tout comme les Aveyronnais Jean-Claude Luche et Alain Marc) en faveur de la loi sur le secret des affaires, qui menace la liberté d'informer. Il s'est par contre opposé (tout comme Alain Marc) à la loi imposant 20 % de produits bio dans les cantines d'ici 2020.

   Quel pedigree !

lundi, 13 mai 2019

Armistice ou capitulation ?

   Chaque année, il m'arrive de sursauter à la lecture de certains articles ou à l'audition de certaines radios. Immanquablement, certains journalistes traitent ce "marronnier" par-dessus la jambe, et emploient le mot armistice, alors que le 8 mai 1945, l'armée allemande a capitulé.

   Cela a commencé tôt le matin, avec le billet de Daniel Morin, sur France Inter. En général, j'apprécie l'humour un brin graveleux de l'ancien animateur de La Morinade. Mais là, il m'a agacé :



podcast

   Dans la journée, le groupe TF1 a enchaîné avec une belle bourde, sur LCI :

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   L'épidémie d'inculture historique atteint une prestigieuse école, dont on penserait de prime abord que le site internet éviterait de laisser passer ce genre d'erreur... eh bien non :

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   De Saint-Cyr au ministère des Armées, il n'y a qu'un pas (cadencé), qui a hélas été franchi en ce tragique 8 mai 2019 :

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   Le pouvoir national n'est pas le seul à avoir été touché. Sur la Toile et dans la presse, ici et là, on peut trouver des exemples d'élus locaux dont la langue a fourché, comme celle du maire de Créon, en Gironde :

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   Les journaux aveyronnais ne sont pas en reste. Centre Presse a dégainé dès le 9 mai, à propos de la cérémonie de Villefranche-de-Rouergue :

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   Le 11 mai, que ce soit dans La Dépêche du Midi ou dans Midi Libre (dont les articles locaux sont désormais presque tous identiques), la cérémonie de Sainte-Radegonde est évoquée avec la même erreur :

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   Fort heureusement, il est des communes où le correspondant local des quotidiens aveyronnais a évité de s'emmêler les pinceaux, comme à Salles-Courbatiès ou Decazeville. Il reste le cas atypique d'Aubin, commune à laquelle est consacré un article qui parle de "capitulation", mais dont le titre évoque "l'armistice"...

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   A ceux qui trouveraient ce débat quelque peu futile, je recommande la lecture d'une récente mise au point des Clionautes.

   Terminons en mode ludique, avec un petit quizz sur le 8 mai 1945 (fourni par le site du ministère des Armées).

mardi, 30 avril 2019

Menaces sur la gare de Rodez

   La mauvaise nouvelle est récemment tombée : les horaires d'ouverture des guichets de la gare SNCF de Rodez vont être considérablement réduits à partir du 1er mai 2019. Pour bien comprendre quelle est la nature de la saignée, voici tout d'abord les horaires actuels (valables jusqu'à ce soir) :

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   Et voici les nouveaux, communiqués depuis plusieurs jours aux voyageurs sur un petit papier disposé à l'accueil :

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   Faisons le calcul. En semaine, on va passer de 15 heures et 15 minutes à 11 heures d'ouverture quotidienne des guichets. Le samedi, ce sera pire, puisqu'on passera de 15 heures et 15 minutes à 6 heures et 25 minutes, soit moins de la moitié de l'amplitude actuelle. Les dimanches, la perte est moindre (mais réelle) : on va passer de 9 heures et 30 minutes à 7 heures et 15 minutes d'ouverture.

   Un autre problème est que les guichets ne seront plus ouverts tôt le matin (pour les trains partant avant 8 h), ni tard le soir (après 19 h). Cela va compliquer la vie des actifs qui ne peuvent pas facilement venir à la gare en semaine.

   Sans surprise, on incite les clients à se diriger vers les distributeurs de billet TER (un seul en gare de Rodez, sauf erreur de ma part, et pas toujours opérationnel), leur téléphone portable "intelligent" et internet. Les personnes âgées et les pauvres ne seront pas avantagés.

   Derrière cette réorganisation, il y a des objectifs budgétaires évidents. Replongeons-nous dans les calculs. Jusqu'à ce soir, chaque semaine, en gare de Rodez, au moins un guichet est ouvert durant 101 heures. A partir de demain, la durée d'ouverture sera limitée à 79 heures et quarante minutes. La différence est d'un peu plus de 21 heures (21h20). Multiplions ce résultat par 4 (semaines) et nous obtenons une diminution de plus 85 heures (85h20) en 28 jours. Sur un mois complet de 30 jours, en n'ajoutant que deux dimanches (où la perte est plus faible), on obtient une diminution d'environ 90 heures (sans doute plus de cent en réalité)... pour un guichet. Or, il y en a deux à la gare de Rodez. (Et sept des douze mois comptent 31 jours.) Certes, ils ne sont pas toujours ouverts ensemble, mais il me semble que, la plupart du temps, c'est le cas. J'estime que la diminution du volume d'heures de fonctionnement des guichets est comprise entre 1,5 et 2 fois 100/120 heures, soit entre 150 et 240 heures par mois... soit  l'équivalent de un à deux postes à temps plein. Cela, rien que pour la gare de Rodez.

   Je pense que la SNCF est sur le point de supprimer plusieurs centaines (milliers ?) de postes de guichetier... et ce, a priori, sans licencier aucun personnel sous statut. Comment se fait-ce ? Ben, on va supprimer un paquet de CDD et ne pas renouveler les postes des partants à la retraite. Cela risque de ne pas suffire. Il est donc fort possible que l'on propose des mutations et des reclassements (en interne) aux employés sous statut.

   Cette réorganisation ne survient pas par hasard. Il y a environ deux mois, Guillaume Pepy, le PDG de ce qui était autrefois un service public, a annoncé le projet d'autoriser les bureaux de tabac à vendre des billets de train. (En cela, il ne fait qu'imiter la stratégie de La Poste.) Cette initiative pourrait être la cause de la disparition programmée d'environ 2 000 postes à la SNCF.

   On a récemment appris que c'est en juin prochain que l'expérimentation va commencer, dans seulement quatre régions... dont le nom n'a pas, pour l'instant, été révélé. Par peur des réactions ? En tout cas, l'hypocrisie du PDG de la SNCF est patente : il prétend vouloir favoriser l'accès à la billetterie pour 5 % de la population, mais, dans le même temps, il restreint ce même accès pour les 95 % restants !

jeudi, 25 avril 2019

L'Homme à la moto

   Ce film argentin nous conte l'histoire de Miguel, une petite racaille, toujours entre deux coups, qui, un jour, se demande s'il n'a pas tué la vieille dame à laquelle son complice vient d'arracher le sac à main. Cette histoire a été inspirée au réalisateur Augustìn Toscano par un fait divers dont sa propre mère a été la victime. Elle parlera aussi à tous ceux dont l'un des proches a été la cible d'un vol à l'arraché.

   C'est que ce Miguel a des scrupules. S'il s'est acoquiné avec des mecs louches pour monter ses vols en moto, c'est parce qu'il manque d'argent. (... comme pas mal de monde en Argentine, à tel point que les truands n'ont guère de difficultés à recruter de la main-d'oeuvre pour organiser le pillage de certains commerces... surtout si les policiers -mal payés- sont en grève !) Il voudrait jouer pleinement son rôle de père... et reconquérir son ex. D'une certaine manière, c'est une "victime de la société", même si le film suggère qu'il est un peu fainéant sur les bords. Est-ce suffisant pour faire de lui, à l'instar des voyous qu'il côtoie, un prédateur ?

   La deuxième partie de l'histoire montre le rapprochement qui s'effectue entre Miguel et la vieille dame, prénommée Elena. Elle semble avoir perdu la mémoire. Le jeune homme saute sur l'occasion pour tenter de se racheter... mais aussi pour profiter de la grande maison vide dans laquelle habite sa victime. Ainsi, elle va bénéficier d'un aide à domicile, tandis que lui remonte dans sa propre estime, tout en s'occupant mieux de son fils. Mais la vieille dame est-elle dupe ? Lui-même, ne finit-il pas comprendre que tous deux jouent un jeu à bénéfices réciproques ? Cela suffira-t-il à le faire échapper à l'influence des voyous qu'il a pris l'habitude de fréquenter ?

   C'est dire si ce film social à la base ne manque pas de subtilité. Cela se complexifie même quand on apprend qu'Elena est une ancienne femme de ménage. Comment a-t-elle pu devenir propriétaire d'une grande maison en plein centre-ville ? (L'action se déroule dans le nord-ouest de l'Argentine, dans la province de Tucumán, sans doute dans la ville de... San Miguel !)

   J'ai trouvé les acteurs très bons et la réalisation pas dégueulasse du tout. Dès le début (dans la séquence à moto), on sent que le metteur en scène ne s'est pas contenté de juxtaposer les plans faciles. Il a su profiter aussi bien du caractère rural de la banlieue que de l'enchevêtrement des immeubles au centre-ville... et il s'est creusé les méninges pour finir son histoire correctement, par une succession de péripéties qui ménage un petit suspens.

dimanche, 21 avril 2019

Whitney (en V.O.D.)

   J'ai raté ce documentaire à sa sortie en salles. Je l'ai regretté par la suite : les critiques sont plutôt bonnes et je me suis rendu compte un peu tard que le réalisateur est Kevin MacDonald. On lui doit notamment Un Jour en septembre, Mon Meilleur ennemi, Jeux de pouvoir et surtout Le Dernier Roi d'Ecosse.

   Bien que durant deux heures, le film ne s'attarde que très peu sur les premières années de Whitney Houston. Bien qu'étant née dans un ghetto noir (à Newark, dans la partie du New Jersey qui tient lieu de banlieue new-yorkaise), elle a plutôt vécu une enfance de classe moyenne (noire), entre une mère choriste (pour Aretha Franklin et Elvis Presley, entre autres) et un père fonctionnaire municipal pas très honnête. Dans la famille élargie, on chante souvent (les soeurs Warwick, Dionne et Dee Dee, sont des cousines) et l'on se rend régulièrement au temple.

   A l'image de bien des actuelles vedettes de R'N'B, la future diva a fait ses premières armes vocales dans un contexte religieux. L'adolescente n'a pas tardé à être repérée. Les enregistrements qui montrent ses débuts font bien comprendre que, dès cette époque, l'artiste avait une voix hors du commun.

   Arrivent les années 1980, les années Reagan-Bush (père), celles d'une Amérique conquérante, avide de fric facile et de paillettes. Du point de vue de la musique pop, ce furent les années Whitney Houston - Michael Jackson, deux artistes populaires, doués et qui n'ont pas su gérer richesse et célébrité. Whitney devient la vache à lait de la famille et subit des pressions contradictoires : sa mère voit sa carrière comme une revanche sur ses propres échecs, alors que le père voudrait prendre le contrôle de la machine à fric. Quant aux aux frères, cousins et amis, ils initient la chanteuse à diverses drogues... 

   Whitney découvre aussi qu'elle ne peut plus avoir de véritable vie privée. Le problème est qu'elle n'a pas été souvent sincèrement aimée. Le documentaire apprendra à celles et ceux qui l'ignoraient qu'elle était bisexuelle (et que sa compagne fut sans doute son plus grand amour, finalement écarté par les proches, un brin homophobes certes, mais qui redoutaient surtout son influence). Son mariage avec un rappeur de seconde zone fut un échec qui dura, pour le plus grand malheur de l'artiste : elle sombra dans la drogue et la dépression.

   Cependant, la révélation la plus fracassante nous est réservée pour la dernière demi-heure : la source des névroses de la chanteuse serait des abus sexuels subis dans son enfance (par une personne proche). Cela expliquerait son malaise quant à son identité sexuelle et son acharnement à ne pas laisser sa petite fille à la maison, quand elle partait en tournée. La gamine n'en a pas moins souffert : privée de camarades de son âge, elle a navigué dans les eaux troubles de l'entourage de sa mère.

   Même quand, comme moi, on n'est pas fan de la chanteuse, on peut apprécier ce documentaire assez riche, qui parle de la condition de femme, de mère, de chanteuse et d'amoureuse dans les années 1980-1990-2000.

samedi, 20 avril 2019

Culture "ncisesque"

   Vendredi, M6 a poursuivi la diffusion de la quinzième saison de la série NCIS. L'épisode 17, intitulé "Un coup de massue", démarre par un clin d'oeil à une émission très populaire aux Etats-Unis (ainsi qu'auprès de certains membres de l'équipe d'enquêteurs) :

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   L'émission American Pickers est diffusée sur la chaîne History. Elle suit des sortes d'antiquaires en déplacement. Leur boutique est située dans une toute petite ville, LeClaire, dans l'Etat de l'Iowa, aux confins de l'Illinois :

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   Le nom de cette ville ne vous dit peut-être rien, mais sachez qu'elle jouit d'une incontestable renommée. Tous les amateurs d'histoire de la conquête de l'ouest savent qu'elle est la ville de naissance d'un certains William Cody, alias Buffalo Bill (en 1846).

   Mais, aux yeux d'un lecteur hexagonal, c'est le nom même de cette ville qui suscite des questions. Il est un vestige de la présence française en Amérique du Nord. La ville a été baptisée ainsi en hommage à Antoine Le Claire, qui fut, entre autres, commerçant et interprète pour l'armée américaine. Il était le fils (métis) du Français du Canada François Le Claire et d'une Indienne.

   Ce n'est pas le seul intérêt anecdotique de cet épisode, dont l'intrigue policière n'est pas particulièrement élaborée. En se rendant chez les brocanteurs, dans la petite ville, pour enquêter, l'équipe de Gibbs fouille dans le fatras d'objets à vendre. La jeune Bishop a un coup de coeur pour une vieille agrafeuse, tandis que son patron semble soudainement très intéressé par un mystérieux petit objet :

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   Si les gags autour des agrafeuses constituent l'un des fils rouges de l'épisode (avec l'introduction d'un personnage destiné à prendre davantage de place par la suite), l'explication du mystère concernant la petite pièce n'intervient qu'en toute fin d'histoire...

vendredi, 12 avril 2019

Le RAF en Ligue 2

   Pour les non-initiés, il convient de commencer par quelques explications. La Ligue 2 est la deuxième division de football français, jadis appelée "D2". Le RAF est le Rodez Aveyron Football, le seul club du département à jouer un rôle notable dans ce sport, actuellement en National (la troisième division).

   Hier, grâce à sa victoire 3-1 sur Boulogne, le RAF a conforté sa place de leader de National. Surtout, à 4-5 journées de la fin du championnat, il a acquis suffisamment de points d'avance sur ses poursuivants (notamment le 3e, Laval, qui ne peut plus rejoindre Rodez) pour être certain de jouer l'an prochain en Ligue 2. Il reste à savoir à quelle place le club va finir l'année : première ou deuxième ?

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   Hier, le centre de Rodez a été étonnamment animé pour un soir de semaine. L'événement a été salué comme il se doit par le quotidien local Centre Presse, qui a publié un numéro spécial :

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   Le quotidien a consacré une partie importante du numéro à la réussite du club, une double page étant dédiée à l'effectif du RAF (joueurs et encadrement). Un lecteur attentif y remarquera que seuls 3 des 26 joueurs sont nés dans l'Aveyron : Hendrick Foucras, Loïc Poujol et Loïc Coupin. Ceux nés dans l'Hérault, à Béziers ou Montpellier (comme l'attaquant de poche Ugo Bonnet, qui a explosé cette année) sont aussi nombreux. Au total, 9 sont originaires de la région Midi-Languedoc (en ajoutant ceux nés dans le Lot et le Tarn). Les autres viennent d'un peu partout : de la Bretagne à l'Alsace, en passant par les Hauts-de-France, la région parisienne, PACA, Auvergne-Rhône-Alpes :

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   Sont coloriés en rouge les départements où sont nés 3 joueurs, en orange ceux où sont nés 2 joueurs, en jaune ceux où est né un seul joueur. Cela représente 24 des 26 membres de l'équipe. Les deux derniers sont nés en Géorgie et Tunisie. 

   Dans sa composition, le RAF est donc désormais un club très peu aveyronnais. Seul le tiers de l'effectif est originaire de la région administrative à laquelle appartient l'Aveyron.

   Si, sur le plan sportif, l'humeur est au beau fixe, sur le plan financier, l'avenir n'est pas exempt de nuages. Le premier problème est posé par le stade, qui n'est pas, pour l'instant, aux normes de la Ligue 2. Le financement des travaux a été présenté lors de la réunion du Conseil municipal de Rodez du 22 février dernier. Le détail est donné page 22 du compte-rendu. Il est prévu que cela atteigne 12 millions d'euros... hors taxes... sans doute 15 millions au final. Environ 20 % du coût sera assumé par Rodez agglomération, le reste étant financé par l'Etat, le Conseil régional et le Conseil départemental. Les contribuables locaux respirent...

   A cela s'ajoute la subvention annuelle versée par la commune. D'après le compte-rendu de la séance du 14 décembre dernier (page 24),  en 2019, il est prévu de verser 120 000 euros au RAF (à peine plus qu'au SRA, le club de rugby). Je pense que cette somme est amenée à évoluer...

   On espère que le mécénat d'entreprise viendra appuyer les dépenses publiques. Peut-être faudra-t-il aussi envisager une modification de l'actionnariat. En 2012, à l'occasion de l'augmentation de son capital, le RAF avait vu l'arrivée de Zinédine Zidane comme actionnaire minoritaire. A l'époque, j'avais estimé l'apport de l'ancien joueur à 10 000 euros. Mais, dans les conversations discrètes qui se tiennent parfois à ce sujet, on évoque une somme plus importante (le décuple ?).

   En attendant que le nouveau stade soit livré (en octobre prochain, si tout va bien...), le RAF va devoir jouer ses matchs à domicile... en Corse semble-t-il, sur le terrain du club de Bastia. Même si je comprends les motifs de la décision, je regrette qu'on n'ait pas creusé davantage la possibilité d'aller jouer à Béziers. L'idéal serait quand même que les travaux commencent le plus vite possible et s'achèvent plus tôt qu'initialement prévu. L'an prochain, le club risque d'avoir besoin de tous les points gagnables à domicile pour se maintenir en Ligue 2.

samedi, 09 mars 2019

L'exploitation des ours

   Le sort des ursidés a récemment fait l'actualité. Le 23 février dernier, c'était la Journée mondiale pour sauver les ours, dont le plus grand (seul ?) prédateur est incontestablement l'être humain. Sur le coup, je n'y avais pas particulièrement fait attention... et je dois dire que je n'apprécie pas l'activisme des personnes qui poussent à la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées, quitte à menacer l'élevage extensif.

   Par un curieux hasard de la programmation, la chaîne TMC (appartenant au groupe TF1) a récemment rediffusé un épisode des Experts Las Vegas (la meilleure des quatre séries de la franchise "CSI"), le quatorzième de la saison 5, intitulé "La peau de l'ours". Les enquêteurs sont chargés de deux affaires : le décès d'une jeune mère de famille (dont sont soupçonnés d'être responsables son époux, sa belle-mère, sa meilleure amie... et un dragueur lourdingue) et la mort (en apparence accidentelle) d'un chasseur, agressé par un ours Kodiak, lui aussi décédé. Cela permet au médecin-légiste en chef, le docteur Robbins, de procéder à une improbable (mais rigoureuse) autopsie d'ursidé.

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   La vésicule biliaire de l'animal a été prélevée (post mortem)... et ce n'est pas le fruit du hasard. La bile d'ours est particulièrement recherchée en Asie (et dans les communautés expatriées), où on lui attribue (faussement) des vertus médicinales. Ce qui était vrai en 2005 (année de la première diffusion de l'épisode) l'est encore malheureusement aujourd'hui, comme nous le révèle un article récemment paru sur le site natura-sciences. En Asie (principalement en Chine et au Vietnam), ce sont les ours noirs qui en sont victimes. Ils sont capturés puis détenus dans des conditions particulièrement horribles, dans le but de prélever le précieux liquide.

   10 000 animaux seraient concernés. La bonne nouvelle est que, sous la pression (notamment) d'ONG (comme Animals Asia), les autorités des pays concernés semblent avoir pris conscience au moins de la mauvaise image que ce genre de pratiques leur vaut. Il reste à espérer que ces traitements odieux soient voués à disparaître à court terme.

mercredi, 27 février 2019

La Chute de l'empire américain

   Le cinéaste québécois Denys Arcand ambitionne de clore par ce film un chapitre ouvert jadis avec Le Déclin de l'empire américain. Force est de constater que, trente-trois ans plus tard, le monde n'a pas changé dans le sens qu'espérait le réalisateur.

   Ici, il nous livre un conte (im)moral.

   Il était une fois, Pierre-Paul, un jeune homme intelligent, honnête et philanthrope. Il était simple coursier dans une entreprise de livraison express. Il pensait avoir (peut-être) trouvé sa Dulcinée en la personne d'une employée de banque. Il avait peu d'amis, le principal étant un brave homme éclairé par les Saintes Écritures.

   Dans Sa grande sagesse, le Tout-puissant décida de changer son destin. Il mit sur le chemin de Pierre-Paul deux jeunes pécheurs, armés jusqu'aux dents... et des sacs remplis d'un argent gagné dans la honte et l'exploitation humaine.

   Après avoir beaucoup hésité, Pierre-Paul décida de s'emparer du butin, afin d'en faire bon usage de connaître les tourments de la chair entre les lèvres les cuisses les bras d'une Marie-Madeleine diablement tentatrice. Il finit par recourir aussi aux services d'un pécheur repenti, qui mit sa malhonnêteté au service du Bien. Cette nouvelle Sainte Trinité quémanda l'appui d'un ancien client apôtre de Marie-Madeleine, habile à faire échapper le fruit du labeur aux doigts crochus de l'hydre fiscale.

   Ces héros des temps modernes durent se montrer particulièrement prudents. De hideux délinquants étaient prêts à tout pour récupérer l'argent fruit du péché. Les forces du pouvoir leur faisaient concurrence, qui tentaient de faire appliquer les textes votés par des humains.

   Moralité : soyez malhonnêtes, rusés, libidineux... et Dieu vous le rendra !

vendredi, 22 février 2019

Une intime conviction

   Ce "film de procès" est consacré à l'affaire de la disparition de Suzanne Viguier (toujours non élucidée à ce jour), plus particulièrement à la préparation et au déroulement du second procès d'assises, qui s'est tenu à Albi (le premier s'étant déroulé à Toulouse).

   Attention toutefois : le scénario, qui prend quelques libertés avec la réalité, ne propose pas une vue strictement objective de l'affaire. Le réalisateur s'est placé dans le camp de l'accusé (reconnu innocent) Jacques Viguier, incarné par un Laurent Lucas étonnamment mutique.

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   Les deux personnages principaux sont le nouvel avocat de la défense, incarné par un Olivier Gourmet au sommet de sa forme, et sa petite main discrète et obstinée, interprétée par Marina Foïs, qu'on croirait investie d'une mission. Du côté des seconds rôles, je signale les performances de Philippe Uchan (vu notamment dans Au-revoir là-haut, il joue ici l'amant de la disparue), d'India Hair (la baby-sitter, remarquée dans Crash Test Aglaé) et d'Armande Boulanger, très juste dans le rôle de la fille de l'accusé.

   C'est très bien joué, rythmé, prenant, voire haletant. J'ai particulièrement aimé la mise en scène du travail de fourmi réalisé par Nora/Marina, qui est sur le point de foutre sa vie en l'air pour voir triompher ce qu'elle pense être la justice. Par contre, dans une scène, on en fait un peu trop : extraits d'écoutes à diffuser au procès + câble d'alimentation du portable oublié dans la voiture + coup de fil urgent du fils + véhicule qui déboule dans la rue = surcharge inutile.

    A l'audience, pour moi, le meilleur moment est celui de l'interrogatoire de la baby-sitter, qui change grandement la manière de voir les jours qui ont suivi la disparition de Suzanne Viguier. Le film nous laisse toutefois sur notre faim... et pour cause : on ne sait toujours pas si l'épouse du juriste est encore en vie ni où elle se trouve. Ceci dit, vu ce qui ressort de l'affaire, il y a peu de chances qu'elle ne soit pas morte. La question reste en suspens : qui l'a tuée ?

jeudi, 14 février 2019

Les Invisibles

   C'est peut-être le film qui, actuellement, bénéficie du meilleur bouche-à-oreille autour de moi (avec Green Book, chez les cinéphiles purs et durs). J'ai fini par me laisser tenter, d'autant que le réalisateur Louis-Julien Petit m'avait déjà agréablement surpris avec Discount, il y a quatre ans.

   On en retrouve d'ailleurs l'une des actrices principales, Corinne Masiero, assez sobre ici (contrairement à ce qu'elle a récemment montré dans Capitaine Marleau, où elle part trop en vrille). Elle est accompagnée par Noémie Lvovsky, Brigitte Sy (qu'on peut actuellement voir sur France 2, dans la -surprenante- série Zone blanche) et Fatsah Bouyahmed (rappelez-vous : La Vache !).

   Le rôle principal est tenu par Andrey Lamy, une habituée des comédies faciles (dernièrement CoeXister et Ma Reum). Ici, elle incarne une sorte de Mère Teresa laïque, dont la vie est vouée à l'aide aux plus démunis, plus particulièrement les femmes sans domicile fixe. Elle nous livre une composition pleine de force et d'émotion.

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   Autour des comédiennes professionnelles gravitent des débutantes, recrutées pour leur expérience de la vie dans la rue. Majoritairement âgées, souvent un peu grosses, rarement jolies, parfois "sans-dents", ces femmes sans éclat apparent donnent une couleur formidable au film, par leur présence physique et leur naturel face à la caméra. Se détache évidemment Chantal, une adorable mamie, véritable as de mécanique... et qui a fait de la prison pour avoir descendu le mari qui la battait.

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   C'est peut-être la seule faiblesse du film, qui évite (la plupart du temps) de tomber dans le "politiquement correct" : les femmes de la rue sur lesquelles un coup de projecteur est donné ont toutes un talent caché. Une parle italien, une autre était comptable, une autre psychologue... Malheureusement, la réinsertion de ce genre de public ne repose pas toujours sur des bases aussi solides. On trouve aussi dans la rue des personnes qui n'ont jamais reçu la moindre formation et qui sont encore plus difficiles à gérer que les cas extrêmes montrés dans le film. Mais ce choix favorise l'identification par les spectateurs, à l'image de ce qui s'était passé jadis avec Une Epoque formidable.

   J'ai apprécié qu'on ne nous présente pas les personnages comme des anges. Les SDF ont en général un caractère bien trempé et les travailleuses sociales ont leurs propres problèmes. L'aide à autrui peut être vue comme un moyen de donner un sens à une vie décevante. Cela risque aussi (comme avec l'héroïne) de les couper de toute vie sociale "normale", tant elles sont investies dans leur travail.

   Pendant 1h40, on sourit, on rit, on est ému, inquiet, dans l'attente d'une fin qui ne sera ni sirupeuse ni dramatique, mais porteuse d'espoir. C'est vraiment un film à voir.

mercredi, 23 janvier 2019

Du sang sur les mains des "gilets jaunes"

   En ces temps où déferlent violence, fake news et haine anti-flics, il est bon de rappeler quelques faits, sur lesquels les médias n'osent pas insister. Commençons par quelques "infoxications", ces mensonges éhontés véhiculés par nombre de "gilets jaunes" sur les réseaux sociaux (et ailleurs). Depuis la semaine dernière circule un bobard, présentant l'individu ci-dessous comme une récente victime des violences policières :

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   Sur le coup, on a tendance à compatir : Kevin a l'air d'en avoir pris plein la gueule. Décidément, salauds de flics... sauf que, d'après Les Décodeurs (du Monde), cet individu se prénomme Ty (et pas Kevin), qu'il ne vit pas en France (mais au Canada), que la photographie date de 2016 (et pas de 2019). Le plus cocasse est que son état n'est pas lié à une brutalité policière : il a été victime de... l'explosion d'une cigarette électronique ! Trop forts, les "gilets jaunes" ! 4 mensonges dans une infox !

   Un autre bobard a été récemment très partagé. Un manifestant aurait été tué par un tir de flash-ball. La source semblait fiable : le site 20minutes.fr. Ceux qui s'y connaissent un peu ne s'y sont pas laissé prendre : les flash-balls ont été presque partout remplacés par les désormais fameux LBD (lanceurs de balles de défense). De surcroît, un rapide coup d'oeil jeté à la source permettait de réaliser que l'information n'était pas de première fraîcheur : elle date de 2010.

   Il est par contre fort instructif d'analyser les circonstances dans lesquelles dix décès sont survenus, depuis le déclenchement du mouvement des "gilets jaunes".

   Le 17 novembre 2018, une femme (n°1) participant à un barrage a été renversée par une voiture. La conductrice a été effrayée par le mouvement de blocage. Certes, elle aurait dû rester maîtresse de son véhicule, mais la manière dont les "gilets jaunes" ont mené les blocages a contribué à en renforcer la dangerosité.

   Trois jours plus tard, le 20 novembre, un motard (n°2) a percuté une camionnette à l'approche d'un barrage organisé par les "gilets jaunes". Certes, le motard comme le conducteur ont fait preuve d'imprudence. Mais le drame ne se serait sans doute pas produit si le mouvement des "gilets jaunes" avait été plus responsable. (Vous remarquerez que, pour l'instant, les forces de l'ordre ne sont impliquées dans aucun décès.)

   Le 2 décembre, ce fut au tour d'un artisan (n°3), qui a percuté un camion à l'approche d'un barrage des "gilets jaunes". Celui-ci semble avoir été particulièrement mal organisé, mettant en danger la vie d'autrui.

   Le même jour, c'est un autre décès (n°4) qui a défrayé la chronique. A Marseille, une octogénaire est morte quelques heures après avoir été touchée par une grenade lacrymogène. Là, j'entends les contempteurs habituels des forces de l'ordre jubiler, affirmant tenir la preuve des débordements qu'ils ne cessent de dénoncer. La lecture de l'article (ainsi que celle de ceux publiés par Le Télégramme et Ouest France) invite à plus de prudence. La dame n'est pas décédée sur le coup. Elle est morte lors de son séjour à l'hôpital, de ce qui semble être un choc opératoire (sans doute lié à l'anesthésie). L'enquête étant en cours, on ne peut être totalement certain. En tout cas, la grenade a joué un rôle, puisque, si elle n'avait pas touché l'octogénaire, celle-ci ne se serait pas rendue à l'hôpital, où elle a succombé. Le problème est de déterminer les circonstances dans lesquelles elle a  été touchée. Elle se trouvait à la fenêtre de son appartement, au quatrième étage. La grenade est venue des policiers stationnés dans la rue. Or, un lanceur de grenade n'a la précision ni d'un flash-ball ni d'un LBD (et encore moins d'une arme à feu). A cette distance (entre dix et vingt mètres), il est fort probable qu'il s'agisse d'un accident. En bas, les policiers étaient bousculés, certains ont paniqué. Il est fort possible que, dans la volonté de repousser les manifestants les plus hostiles, l'un des policiers ait tiré dans la précipitation (voire involontairement), la balle atteignant la vieille dame par accident.

   Le 10 décembre, c'est une autre femme (n°5), plus jeune (âgée de 25 ans), qui a percuté un poids lourd à un barrage de "gilets jaunes"... barrage, une fois de plus mal organisé (ou sans souci de protéger les personnes).

   Trois jours plus tard, l'homme qui a perdu la vie (n°6) était à peine plus jeune (23 ans). C'était un "gilet jaune", bloquant un rond-point. Il semble qu'il ait effrayé le conducteur d'un poids lourd, qui a cru à une agression. J'ai noté la rapidité avec laquelle les médias ont précisé que ledit conducteur est polonais...

   Le lendemain, c'est à la frontière belge qu'un automobiliste de 49 ans (n°7) a percuté un poids lourd bloqué à un barrage des "gilets jaunes".

   Peu de temps après, une femme de 44 ans (n°8) a perdu la vie dans une collision, en tentant d'éviter un barrage de "gilets jaunes". Ceux-ci se contrefichent tellement de la sécurité des automobilistes qu'ils emmerdent qu'ils les poussent  à commettre des imprudences.

   Le 20 décembre, c'est un autre "gilet jaune" (n°9) qui est mort à un barrage. Il y a deux manières de présenter la chose. Soit on dit que c'est la faute du conducteur qui a voulu forcer le passage. Soit on dit que c'est la faute de ceux qui ont illégalement bloqué la circulation, empêchant le routier de faire son travail. (On peut aussi penser que les torts sont partagés.)

   Terminons cette liste macabre par un homme de 36 ans (n°10... espérons le dernier), qui a percuté un camion au niveau d'un péage bloqué (une fois de plus) par des "gilets jaunes".

   Bilan ? Cette série de décès n'est pas due à une supposée violence policière (même si le doute subsiste dans l'un des cas). C'est d'abord la mauvaise organisation des "gilets jaunes" et le comportement jusqu'au-boutiste de certains d'entre eux qui expliquent ces tragédies. Que dire après cela de ces hypocrites en jaune qui prétendent rendre hommage aux victimes, attribuant l'entière responsabilité au gouvernement ou aux forces de l'ordre... Nous voici revenus aux fake news.

mercredi, 16 janvier 2019

Le prélèvement révélateur

   Le passage au prélèvement automatique (pour l'impôt sur le revenu) pourrait faire naître des interrogations inattendues chez les salariés qui prendront la peine de lire attentivement leur fiche de paie. Sur celle-ci vont désormais figurer le montant du prélèvement mensuel et le taux auquel il correspond. Or, un rapide calcul permettra aux salariés de découvrir que la somme qui leur est prélevée ne correspond pas au taux affiché... s'ils prennent pour base le "revenu net payé".

   Ce mystère trouve son explication dans les subtilités de la fiscalité française (un domaine dans lequel peu de pays peuvent s'affirmer aussi imaginatifs que les mangeurs de grenouilles). Le taux affiché s'applique à une somme supérieure au revenu net payé. Il faut ajouter à celui-ci la CSG non déductible et la CRDS.

   Camarades contribuables salariés, vous avez bien lu : nous payons un impôt sur le revenu portant partiellement sur de l'argent que nous ne touchons pas... sur une taxe !

   Et ce n'est pas fini, car ce n'est pas un cas isolé. Je vous conseille de lire attentivement votre facture d'électricité (ainsi que celle de gaz, le cas échéant). Dans un premier temps, vous aurez la révélation que le coût de la consommation est inférieur à la somme de l'abonnement et de l'ensemble des taxes que nous payons. Dans un second temps, vous constaterez que nous payons une taxe sur les taxes.

   En effet, sur chaque facture pèsent la CTA (contribution tarifaire d'acheminement... un vrai poème, puisque derrière ce nom se cache le financement des retraites des employés d'EDF-GDF !), la CSPE (contribution au service public d'électricité) et les TCFE, qui varient en fonction du contexte local. (Dans l'Aveyron, pour l'une de ces taxes, nous bénéficions d'un taux réduit.)

   Là-dessus débarque notre très chère TVA (qui représente plus de 50 % des recettes fiscales de l'Etat, soit dit en passant). Elle pèse sur la consommation d'électricité (et de gaz), sur l'abonnement... et sur les autres taxes !

   Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente année fiscale !

 

mardi, 15 janvier 2019

Les étranges avocats du terroriste

   Actuellement, on en parle beaucoup plus en Belgique qu'en France. A Bruxelles a débuté, la semaine dernière, le procès de Mehdi Nemmouche, un islamo-fasciste français au parcours déjà bien "chargé". Il a été le gardien particulièrement violent de journalistes français (entre autres), détenus en Syrie. Il est aujourd'hui accusé d'avoir perpétré la tuerie du Musée juif de Bruxelles.

   Mais, plus qu'à ce triste sire, c'est à ses avocats que je me suis intéressé. Il en a trois. Bigre ! C'est fou comme certaines racailles peuvent susciter des vocations chez les porteurs de robe. Nul doute qu'ils fassent preuve du même engagement pour défendre les femmes battues, les enfants violés ou les victimes d'agression dans la rue. A moins que ces causes ne soient pas suffisamment médiatiques...

   On commence par les plus connus, le duo formé par Sébastien Courtoy et Henri Laquay. En France, les personnes qui suivent l'actualité en ont entendu parler parce qu'ils défendent depuis plusieurs années le militant d'extrême-droite Dieudonné M'Bala M'Bala. Celui-ci les a d'ailleurs remerciés avec un geste qui ne prête pas le moins du monde à confusion. Notez l'ambiance complice de la scène :

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   On pourrait penser qu'un tel manque de professionnalisme (sans même parler de l'allusion politique) a dû coûter cher à ces deux énergumènes. Détrompez-vous : ils n'ont eu droit qu'à une réprimande, puisqu'ils ont été suspendus deux mois... avec sursis, par leur Conseil de l'ordre. Elle est pas belle, la life ?

   Quand il ne travaille pas avec son comparse S. Courtoy, Henri Laquay ne quitte cependant pas ce qui semble être son domaine de prédilection. Il a récemment défendu un converti belge, Jean-Louis Denis, ouvertement antisémite, antidémocrate, appelant au djihadisme... Ce qui m'inquiète le plus dans ce cas est l'inconséquence de certains juges, qui n'infligent que des peines légères à des vipères qu'on laisse prospérer dans le giron européen. Ce type vient d'ailleurs de sortir de prison...

   Le troisième membre du trio est une femme, Virginie Taelman, moins connue que les deux précédents. Elle semble marcher sur leurs traces.

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   En compagnie de S. Courtoy, elle assure la défense de Mohamed Bakkali, un nom qui ne dit sans doute rien au grand public. Il est pourtant soupçonné d'être l'un des organisateurs des attentats de Paris, en 2015. Cela ne s'arrête pas là. Cette jeune avocate s'est aussi mise au service de la famille de Soufiane Amghar, autre islamo-fasciste, abattu par les forces de police belges en janvier 2015, sans doute peu avant qu'il ne passe à l'acte, et ce quelques jours à peine après la tuerie de Charlie Hebdo.

   Je suis conscient que chaque accusé a le droit d'être défendu en justice, mais je trouve quand même étrange la prédilection éprouvée par certains avocats pour ce genre de cas...

dimanche, 06 janvier 2019

Un apprenti putschiste

   Il est temps de revenir sur un acteur du mouvement des "gilets jaunes" à propos duquel on a tendance à nous servir un joli conte de fées... Je veux bien entendu parler d'Eric Drouet.

   Considéré comme l'un des initiateurs du mouvement, il est apparu sous les feux des projecteurs quand il a été désigné comme l'un des huit porte-parole. Il s'exprime beaucoup par le canal de Facebook, réseau sur lequel il possède plusieurs comptes. Très vite, certains observateurs ont remarqué qu'il relayait des messages et des vidéos qui l'apparenteraient plutôt à l'extrême-droite.

   Curieusement, depuis cette époque, ses comptes ont été "nettoyés". On pourrait se dire que cet individu ordinaire, accédant à la notoriété, a voulu protéger sa vie privée. Sauf que cette opération, en supprimant le contenu politique antérieur à novembre 2018, présente E. Drouet comme un novice sans passé militant, sans opinion préconçue... et pacifique, ce qui n'est visiblement pas le cas.

   En effet, le 22 décembre dernier, à l'occasion d'une journée de manifestations (supposées "pacifiques") des "gilets jaunes", le porte-parole a été arrêté en plein Paris, rue Vignon, alors qu'il portait une matraque sur lui. L'écrasante majorité des personnes qui manifestent (ou ont manifesté) en France, y compris parmi les "gilets jaunes", vient sans arme. Alors pourquoi ? La connaissance du contexte n'est pas inintéressante. Voyons où se trouve la rue Vignon (signalée par un trait brun ci-dessous) :

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   Elle est située à moins de 500 mètres du Palais de l'Elysée, le siège de la présidence de la République. Coïncidence ? Environ deux semaines plus tôt, Eric Drouet avait incité, sur BFMTV, à tenter de rentrer dans ces lieux. Effet de manche ? Provocation ? Manoeuvre habile ? Alors qu'il était devenu une des figures les plus médiatiques du mouvement, le jeune homme ne pouvait pas ignorer que ses propos susciteraient des vocations parmi les manifestants.

   Depuis le début, Emmanuel Macron est la cible principale des  "gilets jaunes" (souvent de manière ordurière). Il est l'homme à abattre (au sens symbolique, espère-t-on). Toucher l'Elysée serait un coup d'éclat... voire plus ? C'est le coeur du pouvoir républicain. Certains mauvais esprits ont fait le lien avec le 6 février 1934. A cette époque, c'est la Chambre des députés (centre du pouvoir sous la IIIe République) qui avait été visée.

   Je doute que la majorité des "gilets jaunes" soit consciente de ce contexte. Mais, aussi bien chez les extrémistes qui ont infiltré le mouvement qu'au gouvernement, on connaît ce passé, qu'on le craigne ou qu'on le glorifie. Comment s'étonner alors que la police surveille attentivement Eric Drouet ? Avec elle, il se livre au jeu du chat et de la souris, avec la complicité de certains médias.

   Le meilleur exemple en est sa deuxième arrestation, sur les Champs-Elysées. Lui se défend en affirmant que, comme ils ne portaient pas de gilet jaune et qu'ils ne brandissaient pas de pancarte, ce n'était pas une manifestation et que, comme ils se contentaient de marcher, sur le trottoir, ce ne serait pas un attroupement. C'est méconnaître le Code de sécurité intérieure. Il s'agissait bien d'un regroupement de personnes, en mouvement, dans un but politique. C'était donc bien une manifestation, qui aurait dû être au préalable déclarée. Et, là encore, le lieu du regroupement (et de sa déambulation) n'a pas été choisi au hasard :

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   La "marche" d'Eric Drouet et de ses amis s'est déroulée entre l'Arc de triomphe et la place de la Concorde. Alors que le prétexte était de rendre un hommage, sans faire de tapage, on remarque que ce souci de discrétion a poussé les "hommagistes" à se rendre sur l'avenue la plus fréquentée de France ! (lol, comme diraient les djeunses !) De surcroît, le parcours des déambulateurs "déambuleurs" les a amenés à passer à environ 200 mètres de l'Elysée... Coïncidence ? Là encore, il ne s'agit peut-être que d'un "coup de pression", destiné à Emmanuel Macron. Mais les autorités (et le citoyen lambda) étaient parfaitement fondés à penser que ce n'était qu'un prétexte pour tenter de pénétrer dans l'Elysée. Bien entendu, caméras, appareils photographiques et micros étaient là pour immortaliser l'interpellation hyper-prévisible d'Eric Drouet, ses partisans tentant d'en faire un martyr... (Notons que le "gilet jaune" qu'on a vu dans les médias défendre Drouet n'est autre que Benjamin Cauchy, très marqué politiquement.)

   Les récents événements donnent raison au gouvernement. En effet, hier samedi, une bande de délinquants portant gilet jaune a forcé l'entrée de l'immeuble abritant les services du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

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   Le déroulement de l'intrusion est bien expliqué sur le site de France 24. Cela sent le coup prémédité. Signalons que les casseurs étaient munis de barres de fer... Quoi qu'il en soit, ce sont nos impôts qui vont payer les réparations, ici comme ailleurs.

vendredi, 04 janvier 2019

Repas de fête

   Dans ma famille, on n'a jamais été "dinde aux marrons". Les adultes plus âgés étaient plutôt portés sur les produits de la mer (huîtres, coquilles Saint-Jacques) et les escargots. Je ne suis pas fin gastronome. J'ai tendance à me contenter d'un menu basique, pour peu qu'il soit bien préparé.

   Cette année, en déambulant dans les rayons d'une grande surface, j'ai eu la surprise de constater l'apparition d'un nouveau mets : l'aligot à la truffe noire, proposé par la coopérative Jeune Montagne, en association avec les restaurateurs Michel et Sébastien Bras.

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   Attention : ce n'est pas donné. La barquette de 400 grammes était vendue environ 11 euros, alors que la portion équivalente d'aligot traditionnel (de 500 grammes toutefois) coûte un peu moins de 6 euros. Au kilo, l'écart est encore plus marquant : on passe de 12 à 27,5 euros !

   La truffe noire est en grande partie responsable de l'augmentation du prix. En fonction des périodes, tuber melanosporum se vend entre 500 et 1 000 euros le kilogramme ! Dans l'aligot spécial de Jeune Montagne, il y en a 4 grammes (1 % de la portion de 400 grammes). A 1 000 euros le kilo, cela correspond à un surcoût de 4 euros (2 euros si le kilo est à 500 euros). 6 + 4 : 10 euros, auxquels il faut sans doute ajouter une petite marge supplémentaire (grande marge si la truffe a été payée moins cher).

   A deux, on peut compléter par une saucisse grillée chacun.e et une salade aux noix. Cela se consomme aussi bien avec du vin rouge que du vin blanc (sec, de préférence)... et c'était délicieux !

dimanche, 09 décembre 2018

Défèque Niouzes sur l'ONU

   C'est une nouvelle "légende urbaine" que la secte des abrutis du net tente de propager. A l'ONU aurait été signé un traité contraignant visant à faciliter le déferlement migratoire sur les pays développés. Ce serait donc le complot du siècle... enfin un des nouveaux complots du siècle, tant la crédulité des incultes n'a pas de limite.

   Pour aborder le sujet, rien de tel que de se rendre à la source, à avoir le traité en lui-même, de son véritable titre "Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières". Tout d'abord, le texte est-il secret ? Aucunement. Le français étant l'une des langues de travail de l'ONU, on peut même télécharger une version lisible sans traduction ici (au format Word) ou encore (au format pdf).

   Premier constat. Ceux qui affirment que ce Pacte devra être suivi à la lettre n'ont visiblement pas lu le texte. Voici ce qu'on peut lire dès la page 3 :

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   Au cas où un lecteur aurait parcouru un peu trop rapidement ce passage, la page 5 se charge de rappeler quelques principes de base :

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   Il est donc clairement affirmé que les signataires du Pacte peuvent l'appliquer... ou pas, en totalité... ou pas. Surtout, ils conservent la maîtrise des flux migratoires les concernant (c'est-à-dire les flux nationaux) et décider de qui est un.e migrant.e légal.e/illégal.e et donc qui est autorisé à résider dans le pays.

   La suite est tout aussi instructive. Je recommande la lecture des objectifs du Pacte. La liste est donnée pages 7-8, avant que chacun ne soit ensuite développé. Voici par exemple ce qu'on trouve au niveau de l'objectif 9 (page 20) :

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   Les Etats signataires, s'ils mettent en oeuvre le Pacte, s'engagent donc à lutter contre les migrations illégales et les trafiquants qui en tirent du profit. Les conclusions en sont tirées dans l'objectif 21, page 35 :

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   Les pays de départ (dits aussi d'émigration) s'engagent donc, s'ils appliquent le Pacte, à accepter le retour de leurs habitants qui sont expulsés des pays d'arrivée (dits pays d'immigration).

   Loin d'être un traité imposant d'importants flux migratoires aux pays développés, ce Pacte est un compromis de gestion, facultatif, qui s'appuie sur des textes que les pays membres de l'ONU sont déjà censés appliquer, comme la Charte de 1945 et la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948. Là réside le véritable problème : nombre de membres de l'ONU ne respectent même pas ces deux textes très anciens, âgés de plus 70 ans.

jeudi, 06 décembre 2018

Un "gilet jaune" de soie

   Mardi matin, en voiture, j'ai été un peu surpris en écoutant (sur France Inter) l'entretien du jour entre la journaliste Léa Salamé et un drôle d'invité, un "gilet jaune" originaire d'Indre, Jean-François Barnaba :

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   J'ai été étonné parce que j'ai eu l'impression d'entendre un professionnel de la politique, ou un syndicaliste chevronné. (Il a quand même employé de lui-même le mot "paradigme" !) Au moins, il développe un discours argumenté et ne sombre pas dans l'invective, un travers de nombre de ses camarades de lutte. A l'écoute, je déduis qu'il a une sensibilité de gauche. Même s'il se présente comme synthétique au sein du mouvement, je pense qu'il en incarne plutôt l'aile gauche non violente.

   Notons qu'au cours de l'entrevue, Jean-François Barnaba a affirmé qu'il n'avait plus accès à son compte Facebook. Le lendemain, tout semblait revenu à la normale, selon La Nouvelle République.

   Mais ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué dans les informations de mercredi. Ce soir-là, L'Obs révélait que ce fonctionnaire territorial est payé 2 600 euros par mois... à ne rien faire ! Voilà pourquoi il était si disponible pour parler au nom des "révoltés du diesel" !

   Aujourd'hui jeudi, ce fut au tour de Capital d'enfoncer le clou. Dans un papier fort intéressant, le magazine a décortiqué le statut très particulier de cet actif payé à se tourner les pouces. Cela fait dix ans que cela dure... et, à l'origine, il touchait même environ 4 300 euros par mois ! (Toutefois, selon un autre article de La Nouvelle République, il touchait plutôt autour de 3 100 euros par mois.)

   Cerise sur le gâteau : cet artiste de la rébellion envisage de se présenter aux prochaines élections européennes. A la fin de l'entretien, on sentait poindre la langue de bois politicienne et les affirmations fondées sur rien (notamment à propos du pouvoir d'achat des classes moyennes et des classes populaires). A bientôt donc, peut-être sur une liste LFI !

mardi, 04 décembre 2018

Macron et son programme

   Depuis plusieurs semaines, on entend tout et n'importe quoi à propos du gouvernement, notamment dans la bouche des "gilets jaunes" ou des personnes qui prétendent les soutenir. Le président de la République aurait trahi ses promesses de campagne, en particulier concernant les taxes sur le carburant. Or, que se passe-t-il quand on retourne lire le programme du candidat Macron ? Stupeur ! La plupart des mesures prises par le gouvernement Philippe figurent dans le texte, accessible à tous les électeurs, mis en ligne en 2017. En voici un échantillon.

   La réduction du nombre de fonctionnaires ? Elle est annoncée dans l'objectif 3 du thème "action publique et fonction publique".

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   On en encore loin des 120 000 suppressions, tout comme, à l'inverse, on n'en est pas à 12 000 créations de postes dans le primaire des zones prioritaires (4 000 plutôt). Au niveau des programmes, il faudrait voir si l'annonce de la priorité donnée aux apprentissages fondamentaux est suivie d'application. Vu l'illettrisme qui caractérise nombre de commentaires sur les réseaux sociaux, force est de constater que, faute de sauver les adultes, il est urgent de s'y mettre pour les enfants.

   La réforme du baccalauréat ? Elle est annoncée (tout comme les changements dans le primaire) dans le volet "éducation" du programme (objectif 2 pour le primaire, objectif 6 pour le bac) :

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   Au niveau de la fiscalité, de programme annonce aussi clairement la couleur : augmentation de la CSG, remplacement de l'ISF par l'IFI et suppression progressive de la taxe d'habitation, tout cela figure noir sur blanc dans le programme rendu public.

   Cela nous mène tout naturellement au volet "transition écologique". Et là... ô surprise ! Il est bien question des carburants fossiles et de la fiscalité du diesel, dans l'objectif 4 "Protéger la santé et l'environnement des Français" :

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   Conclusion ? Soit nombre de Français votent à la présidentielle sans lire les programmes des candidats (ce qui ferait d'eux de fieffés imbéciles - ou de grosses feignasses). Soit ils ont lu ces programmes mais ne les ont pas compris (ce qui ferait d'eux des analphabètes avec droit de vote). Soit ils les ont lus et compris... et ont voté Macron quand même (!!!!!!). Soit, tout simplement, ils les ont lus, compris... et n'ont pas voté Macron. Nombre de ces "gilets jaunes" sont des électeurs de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen. Leur candidat-e a été battu-e dans les urnes, alors ils essaient de gagner dans la rue ce qui leur a échappé par un scrutin démocratique et transparent. Avec eux, ils entraînent de pauvres diables auxquels on peut faire avaler n'importe quelle fake news.

   Il serait temps que la démocratie française mûrisse. Le pays en a besoin.

 

lundi, 03 décembre 2018

Des "gilets jaunes" fascisants

   Petit à petit, le véritable visage de certains "gilets jaunes" se fait jour. Force est de constater que ce mouvement, qui se veut l'expression d'une démocratie populaire, donne plutôt l'impression de vouloir rétablir l'un des régimes totalitaires en vigueur dans les années 1930. Alors que le mouvement n'est jusqu'à présent jamais parvenu à mettre dans la rue (au niveau national) plus de 400 000 personnes et qu'il apparaît qu'il héberge plusieurs sensibilités, certains de ses nervis tentent d'empêcher toute action sortant de leur ligne.

   La semaine dernière, c'est Jason Herbert, l'un des huit porte-parole désignés, qui en a fait les frais. Le gars est victime de harcèlement, a reçu quantité de menaces de mort... de la part d'adversaires du mouvement, pensez-vous ? Eh bien, non ! Presque toutes les menaces qu'il a reçues proviennent de son propre camp.

   Aurait-il trahi le mouvement ? Rien ne vient étayer cette affirmation. Au contraire, quand il est apparu que le Premier ministre Edouard Philippe refusait que leur entretien soit retransmis en direct sur les réseaux sociaux, Jason Herbert a claqué la porte. Sa supposée faute est d'avoir adopté une attitude responsable, à savoir se montrer prêt à négocier avec le gouvernement pour obtenir quelque chose. Rappelons que, jusqu'à présent, les seuls résultats obtenus par les "gilets jaunes" sont des millions d'euros de dégâts et la chute du chiffre d'affaires des commerces de centre-ville. Joli bilan que voilà.

   Mais ce n'est pas terminé. Aujourd'hui, on apprend que d'autres "gilets jaunes", qui refusent l'extrémisme, ont eux aussi reçu des menaces de mort.

   Pendant ce temps, des feignants en gilet continuent d'emmerder les honnêtes gens qui veulent continuer à travailler pour nourrir leur famille. De leur côté, les forces de l'ordre, qui ont reçu des consignes de modération pour éviter toute bavure, se font (dans les grandes villes) copieusement insulter, caillasser voire tabasser par des manifestants surexcités. Il est temps que le gouvernement remette de l'ordre dans ce pays. L'actuel ministre de l'Intérieur est-il à la hauteur de la tâche ? On se le demande.

dimanche, 02 décembre 2018

Groland à pleins gaz

   La dernière émission du Zapoï, diffusée samedi 1er décembre, mérite vraiment le détour. Cela commence très fort, avec un sketch mettant en scène des couples de classe moyenne réunis autour d'un repas, avec, comme principal sujet de conversation, le changement climatique :

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   A ceux qui ne sont pas familiers de l'humour grolandais, je signale qu'il s'agit de second degré, qui ironise sur l'hypocrisie d'une partie des classes moyennes, qui se déclare très attachée à la lutte contre le réchauffement... mais tient mordicus à son diesel.

   Une thématique semblable est abordée à travers le sketch consacré aux "pompes du coeur", qui lui met en scène des conducteurs de plus modeste extraction :

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   Entre temps, on aura eu droit à un sujet sur l'alcool au volant (à la sauce grolandaise), une parodie d'émission de télé-réalité (Le Grand Frère), une séance de dédicace de l'ancien président François Groland et aux conseils judicieux du médecin de la chaîne (toujours très investi dans son travail), concernant la fessée...

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   Parmi les brèves, je distingue celle qui traite des problèmes sanitaires relevés dans les restaurants d'une célèbre chaîne vendant des hamburgers. Les journalistes grolandais sont même parvenus à déterminer l'origine  des traces de sperme trouvées dans certains produits :

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   La séquence des publicités, fort bienvenue, a été l'occasion de promouvoir un produit d'une incontestable utilité, le "mouchaprout" :

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   La dernière partie commence par deux séquences importantes. La première parodie les pseudo-débats entre spécialistes auto-proclamés, qui ne font que brasser du vent. La seconde est un nouvel épisode de la mini-série Missing Misses, qui met en scène une brochette de ravissantes jeunes femmes en maillot de bain, perdues dans la campagne grolandaise. Je vous donne une idée du problème auquel elles sont confrontées cette fois-ci :

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   L'émission se poursuit par un sketch sur l'ex-PDG d'un célèbre groupe automobile, un autre sur un robot faisant office de centre d'appel... et une délicieuse parodie de "musique urbaine", autour du "rappeur écolo" MC Carotte :

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   Banzai !

lundi, 19 novembre 2018

Des gilets jaunes devant, marron derrière

Du fin fond de nos Jardiland

Hissés sur leurs chevaux fiscaux

Les croisés du Gazoleland

Se prennent pour des hobereaux.

 

Dans leur caprice régressif

Ces gilets à forte haleine

Bloquent nos ronds-points sans peine

Les pandores restant passifs.

 

Insultant certains conducteurs

S'en prenant aux rétroviseurs

Ils se voient déjà dictateurs.

 

Cabu aurait volontiers croqué ces beaufs revendiquant

La liberté de polluer toujours plus la planète

La liberté de financer des Majors prédatrices

La liberté de financer des gouvernements soutenant le terrorisme.

samedi, 17 novembre 2018

Mon cher enfant

   Cet enfant n'est pas le héros du film. Mais tout tourne autour de lui. Sami est le fils unique d'un couple (âgé) de classe moyenne tunisienne. A force de travail, les parents Riadh et Nazli ont acquis une petite aisance matérielle (un appartement dans un quartier tranquille, une voiture récente...), que l'on perçoit toutefois comme fragile. Le fils est sur le point de passer le baccalauréat, mais souffre de migraines.

   La première partie de l'histoire ne m'a pas plu. J'ai trouvé le portrait de famille très conventionnel, filmé platement. On sent la volonté de montrer des "Tunisiens normaux", citadins occidentalisés, modérés. C'est vraiment souligné au marqueur fluorescent... et avec quelques incohérences. Ainsi, le père (insupportable papa-poule) n'assure plus son véhicule, sans doute par souci d'économie, mais dépense à mon avis bien plus d'argent dans des futilités.

   De l'inventivité aurait pu naître du monde adolescent-jeune adulte dans lequel évolue le fils, mais c'est escamoté, puisque tout ou presque est vu du point de vue des parents (du père principalement, au début).

   Le film démarre enfin quand le fils disparaît. Je ne vais pas en dire trop pour ne pas déflorer l'intrigue, mais sachez que c'est inspiré d'une histoire vraie. (Les spectateurs des Cowboys ne seront pas trop dépaysés.) Le père, désormais à la retraite, décide de partir à la recherche de son fils, au cours d'un périple qui va notamment le mener en Turquie. (Les observateurs attentifs remarqueront que, dans les deux premiers tiers de l'histoire, que ce soit en Tunisie ou en Turquie, on ne voit pas une seule femme voilée...) La scène la plus marquante est le dialogue entre Riadh et le propriétaire d'une maison transformée en hôtel, un vieillard que ses enfants ont laissé tomber et qui semble avoir compris beaucoup de choses.

   La troisième partie se déroule en Tunisie. Le personnage de la mère prend un peu plus d'ampleur. J'ai craint que l'on ne retombe dans des clichés mais, finalement, c'est assez inattendu et plutôt bien joué.

mardi, 30 octobre 2018

L'Amour flou

   Ce faux documentaire est une autofiction tragi-comique, s'appuyant sur des situations vécues, d'autres inventées. A la base, il est question de la séparation du couple formé par Romane Bohringer et Philippe Rebbot. On ne présente plus la fille de Richard, qui connut son heure de gloire dans les années 1990. Son ex-compagnon est pour beaucoup un quasi-inconnu, alors que son visage est apparu dans quantité de films/séries, au titre de second, troisième rôle voire de figurant.

   Nos deux lascars font preuve d'une incontestable autodérision. Au niveau professionnel, Rebbot ne cache pas que, bien qu'étant acteur, il vit dans l'ombre, tandis que Bohringer travaille régulièrement, mais plutôt désormais dans des productions assez confidentielles.

   La présentation de l'univers familial mérite aussi le détour. Rebbot est le portrait craché de son père (sur le plan physique), qui n'en désapprouve pas moins la rupture avec Romane, une femme qui a la tête sur les épaules... parce que, autant le dire tout de suite, si vous n'aimez pas le genre "intermittent du spectacle paresseux et gauchisant", le principal personnage masculin risque de sérieusement vous agacer ! Chez les Bohringer, la manière dont Romane choisit de gérer la rupture provoque, dans un premier temps, l'incompréhension. On se croirait (presque) dans une comédie italienne.

   C'est précisément dans la gestion de la rupture que le film fait preuve d'originalité : les anciens amoureux vont emménager dans un appartement double "expérimental" : les logements des parents sont quasi voisins, communiquant par l'intermédiaire de la chambre des enfants, située en position médiane. Evidemment, cela donne lieu à nombre de situations cocasses, les adultes rivalisant d'attentions pour attirer la progéniture de leur côté... Toutefois, ce n'est pas l'aigreur qui domine cette séparation. Les parents se veulent progressistes, mûrs... mais, parfois, le ressentiment l'emporte et l'on se dit franchement (voire méchamment) ses quatre vérités.

   Les autres bons moments de comédie sont liés aux tentatives de chacun pour vivre sa vie de son côté. Rebbot est pathétique dans sa quête de la jeunesse perdue. Bohringer a elle aussi envie de croquer de la chair fraîche. Elle découvre que, bien que superbement gaulée à 44 ans, la route est longue dans la quête d'un nouveau partenaire. J'ai trouvé particulièrement savoureuse la mise en scène des fantasmes féminins...

   Signalons que c'est très correctement filmé, avec un indéniable sens du rythme. On sent aussi une immense tendresse, principalement envers les enfants, mais aussi envers la famille et l'autre, l'ex, si irritant(e) parfois, mais avec lequel (laquelle) on a partagé tellement de choses.

   Même si tout n'est pas parfaitement réussi, je recommande chaudement cette comédie atypique, rafraîchissante.

vendredi, 26 octobre 2018

Gastronomie aveyronnaise (et française)

   Comme j'ai naguère "liké" la page Facebook de la Bibliothèque Nationale de France, je reçois régulièrement des notifications, parfois en liaison avec l'actualité. La plupart du temps, ce sont des documents anciens qui bénéficient d'une mise en lumière. C'était le cas cette semaine, avec une carte gastronomique de la France métropolitaine, datant de 1929. En voici un extrait, centré sur l'Aveyron :

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   Tout d'abord, en regardant la carte d'ensemble, on note la division du territoire en provinces, les régions n'existant pas à l'époque et la gastronomie n'épousant pas rigoureusement les frontières départementales. Toutefois, on s'étonnera que l'auteur ait classé l'Aveyron en Guyenne... dont la ville de Bordeaux (sa capitale historique !) est exclue, étant associée à la Gascogne, que l'auteur a voulue distincte de la précédente.

   Concernant l'Aveyron, sans surprise, on retrouve l'aligot (pas forcément bien placé d'ailleurs), la fouace ("fougasse"), le roquefort (avec là aussi un problème de localisation, pour le village). Capdenac est déjà célèbre pour ses "conserveries alimentaires" (développées par Raynal et Roquelaure depuis la fin du XIXe siècle).

   En revanche, certains lecteurs seront sans doute étonnés de ne trouver les "tripoux" (ou "trippoux" [sic]) et la truffade (le "truffado") qu'en Auvergne.

jeudi, 25 octobre 2018

Amin

   C'est le prénom du principal personnage masculin, un immigré sénégalais (en situation régulière), travaillant dans une entreprise de BTP, en France métropolitaine. Toute sa famille est restée au village, situé dans la région de Thiès, à l'est de Dakar :

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   La première séquence nous présente un groupe d'ouvriers, tous d'origine africaine, semble-t-il. Il est marqué par une assez grande diversité, puisque les Sénégalais y côtoient des Marocains, des Maliens, entre autres. Il y a des jeunes et des vieux, une majorité d'hommes, mais aussi quelques femmes. Presque tous vivent dans ce qu'on appelait il y a des années un foyer Sonacotra (aujourd'hui Adoma).

   La deuxième partie montre le retour au pays d'Amin. Il revient habillé propre et chic, des centaines d'euros planqués dans les chaussettes. Une partie de cette somme va servir à faire construire sa maison, une autre à monter une boucherie avec ses frères, restés au Sénégal. Bien entendu, une part importante est réservée à la famille proche, une petite somme étant gardée pour financer l'école du village.

   Ici, on quitte la langue française (pour le wolof ou le sérère) et les vêtements très colorés remplacent le chemise-pantalon. Paradoxalement, ces retrouvailles ont pour fonction de nous montrer la dureté de la séparation : l'épouse d'Amin (ravissante et au caractère entier) Aïcha (Marème N'Diaye, très bien) a de plus en plus de mal à tenir le fils aîné. Au quotidien, elle doit gérer tous les soucis... et le poids des regards du village et de la famille élargie, avec laquelle elle ne s'entend pas forcément très bien.

   C'est lors du retour en France d'Amin que les choses se compliquent. Il a certes du travail (sans doute en partie payé au noir), mais il aspire à autre chose... tout comme Gabrielle, la cliente du chantier auquel il participe. Emmanuelle Devos incarne une quadra en pleine séparation, qui aimerait sans doute retrouver une part de ses rêves de jeune femme. La présence séduisante d'un homme bien bâti, respectueux et travailleur réveille le désir en elle. Toutefois, cette partie ne m'a pas paru très bien mise en scène. L'acteur Moustapha Mbengue n'est pas très à l'aise (ce n'est pas dû qu'au comportement de son personnage) et la "conclusion" arrive un peu vite.

   La suite gagne en subtilité. Indirectement, deux femmes se retrouvent en concurrence. Chacune essaie d'échapper à l'emprise masculine, plus forte toutefois au Sénégal qu'en France. Gabrielle évite tant que faire se peut son ex, qui a l'air d'un gros lourd (et dont le début laisse supposer qu'il a trompé sa compagne). Pour Aïcha, c'est plus compliqué, entre les enfants désormais adolescents, les travaux du quotidien, la maison qui se construit plus ou moins bien, ses beau-frères autoritaires... et les ragots du village.

   Je ne dirai évidemment pas comment cela se termine.

   J'ai aimé ce film parce que, sur un sujet sensible, il évite d'être manichéen, une constante dans le travail de Philippe Faucon (auteur, il y a trois ans, de Fatima). Les parties africaines m'ont cependant plus emballé (sur le plan cinématographique) que les séquences françaises.

mercredi, 24 octobre 2018

Les enfants de djihadistes

   Un article du Monde mis en ligne aujourd'hui évoque la possible arrivée en France de plus d'une centaine d'enfants de djihadistes, se trouvant actuellement en Syrie. Ce n'est pas tant le nombre de personnes concernées que les principes mis en oeuvre qui sont l'objet de la polémique.

   Rappelons d'abord qu'en droit français, un enfant est doté de la nationalité française si l'un de ses parents est lui-même français, et ce quel que soit le lieu de sa naissance. Cela concerne donc tous les enfants des centaines (milliers...) d'adultes qui sont partis au Moyen-Orient au début des années 2010, que ces enfants soient nés avant l'émigration terroriste ou qu'ils soient nés après.

   En France, on se pose la question un peu tard, vu que, dès l'été 2016, on évoquait plus de 200 retours sur notre territoire. Quant au nombre d'enfants potentiellement concernés, il semble plus élevé que ce qui est dit actuellement. En mai dernier, un article du Figaro évoquait 500 enfants, environ 10 % étant âgés de plus de 13 ans. La limite d'âge choisie n'est pas innocente : au-dessous de 13 ans, un mineur ne peut être emprisonné. On sous-entend que ce sont les parents qui sont responsables de ses actes. C'est aussi l'âge auquel serait décédé le fils (combattant...) d'un couple de djihadistes strasbourgeois.

   Dans un autre article, daté de janvier 2017, le quotidien conservateur prenait l'exemple des enfants de cinq familles récemment revenues en France : ils étaient âgés (à l'époque) de 3 mois à 16 ans. Il me paraît donc évident que, depuis plusieurs années, on laisse rentrer en France des mineurs (possiblement) endoctrinés, en plus des parents qui évidemment, tentent de se présenter comme des victimes et surtout pas comme des sympathisants de l'islam intégriste.

   J'ai cité les âges parce que cela entre en ligne de compte. Je pars du principe que les enfants ne sont pas responsables des conneries faites par leurs parents. Néanmoins, on ne peut pas écarter le risque que ceux qui sont déjà assez grands ont sans doute subi une sorte de lavage de cerveau par les djihadistes (sans oublier ce qu'ils ont pu entendre au quotidien, dans la bouche de leurs parents, en France comme au Moyen-Orient...).

   Voilà pourquoi la déchéance de nationalité est revenue sur le tapis. Proposée naguère par le duo Hollande-Valls, finalement abandonnée, elle réapparaît aujourd'hui comme une solution possible. Pas sûr. Commençons par rappeler que notre Code civil prévoit la perte de la nationalité française sur décision de l'autorité publique. Mais cela ne concerne que les Français par acquisition (donc pas les Français de naissance). Le projet d'étendre cette possibilité aux Français de naissance rencontrait une limite : ne pas créer d'apatrides, et donc restreindre la portée de la réforme aux Français de naissance possédant (au moins) une autre nationalité.

   Dans le cas qui nous concerne (les enfants de djihadistes partis au Moyen-Orient), cela aurait au moins eu le mérite de ne pas attribuer automatiquement la nationalité française aux enfants des terroristes nés là-bas, pour peu que leurs parents aient été déchus auparavant. La loi actuelle précise que, même si les parents perdent la nationalité française, leurs enfants mineurs (déjà nés donc) n'en sont pas déchus. C'est ce qui semble guider la politique gouvernementale actuelle : laisser les parents djihadistes purger leur peine en Syrie, tout en acceptant d'accueillir leurs enfants mineurs en France (sans condition, semble-t-il). C'est une nouvelle application du "en même temps" macronien. Il reste la question de l'éventuel retour, dans cinq, dix, quinze, vingt ans, des parents, anciens (?) djihadistes condamnés, pas forcément repentants, chaleureusement accueillis par la République (supposée) laïque (avec nos impôts de non-djihadistes). Au risque de laisser les nids de frelons se reconstituer...

vendredi, 05 octobre 2018

Un président économe

   Le soixantième anniversaire de la naissance de la Ve République a donné lieu à des articles plus ou moins intéressants. L'un d'eux, publié dans Le Monde, a retenu mon attention : il est consacré à Jérôme Solal-Céligny, l'un des rédacteurs méconnus de notre Constitution, qui a travaillé, sous les ordres de Michel Debré, à mettre en forme les idées politiques de Charles de Gaulle. (Au passage, ceux qui l'ignoreraient apprendront que le futur président de la République voulait un texte limpide et que celui qu'il nous a légué, pour alambiqué qu'il puisse paraître parfois, est une version simplifiée de ce qui lui avait été soumis...)

   A partir de cet article, on peut rebondir sur un autre papier, publié au cours de cet été, dans le cadre d'une série consacrée aux présidents de la République, après leur départ de l'Elysée. Concernant de Gaulle, la journaliste Béatrice Gurrey rappelle son souci d'économiser les deniers publics. Après l'échec du référendum de 1969, le grand Charles a quitté la scène politique aussi brusquement que discrètement, renvoyant la protection rapprochée dont il bénéficiait et refusant de toucher aussi bien sa retraite de président que l'indemnité qui lui était due en tant que nouveau membre du Conseil constitutionnel. De surcroît, il a maintenu jusqu'au bout son refus d'obsèques nationales, souhaitant être enterré à Colombey-les-Deux-Eglises aux côtés de sa fille Anne, née trisomique et décédée à l'âge de 20 ans, en 1948.

   Cette (relative) austérité personnelle s'était vue dès le début de la Ve République, lorsque le tout nouveau président français avait lancé le rapprochement franco-allemand en recevant chez lui, à Colombey, le chancelier de la RFA, Konrad Adenauer. Certes, il y avait un peu de mise en scène dans cette rencontre supposée privée entre les deux dirigeants. Il n'est pas moins vrai que de Gaulle avait, à cette occasion, évité de recourir aux "Ors de la République" pour servir sa politique.

   Les plus âgés d'entre nous connaissent cette anecdote tant répétée autrefois, selon laquelle les époux de Gaulle payaient leurs factures de gaz et d'électricité de l'Elysée, veillant à ce que les lumières soient éteintes quand une pièce se vidait. C'était un autre temps...

   Il n'est peut-être pas si éloigné que cela. L'actuel président de la République, Emmanuel Macron, semble vouloir placer ses pas dans ceux de "Mongénéral", comme le révèlent plusieurs détails récemment rendus publics. Hier, il s'est rendu à Colombey-les-Deux-Eglises pour déposer une gerbe sur la tombe de son illustre prédécesseur, sans oublier de lâcher, au passage, une formule lapidaire dans le genre de celles qu'il affectionne. Dans la foulée, on a appris le retour de la croix de Lorraine sur le blason présidentiel.

   Ce ne fut pas une surprise pour les clients de la Boutique de l'Elysée (ni pour ceux du site parodique d'ailleurs), puisque sur les produits que l'on y commande figure le logo orné de ladite croix, comme ici :

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   Sans être un héritier officiel du général, Emmanuel Macron a perçu dans son propre parcours un écho à la geste gaullienne, en particulier quand, au début de la IVe République, l'ancien chef de la Résistance s'était lancé dans l'arène politique en fondant un mouvement, le RPF, qui avait ratissé large, à droite et à gauche, tout comme l'avait fait le nouveau parti gaulliste quand son fondateur était revenu aux affaires, en 1958. A l'époque, les commentateurs politiques doutaient de la survie du mouvement après le départ de de Gaulle, tant son existence semblait liée à la vie du grand homme...

   Cerise sur le gâteau, celui qui est régulièrement caricaturé comme "le président des riches" semble aussi s'inspirer des vertus domestiques de son (lointain) prédécesseur, puisque le couple Macron règlerait de sa poche la plupart de ses dépenses quotidiennes.

mardi, 02 octobre 2018

Manuel, l'Européen

   L'annonce de la candidature de Manuel Valls aux prochaines élections municipales de Barcelone a suscité une mini-tempête médiatique... et une avalanche de commentaires orduriers, hélas révélateurs de la faiblesse intellectuelle du débat politique en France aujourd'hui. On a de surcroît pu entendre diverses affirmations aussi farfelues qu'infondées sur le parcours politique de l'ancien Premier ministre français.

   Il a été d'accusé de renier la France et de faire peu de cas de sa nationalité... sauf qu'il a toujours revendiqué (encore en 2015) son identité plurielle, française bien sûr, mais aussi espagnole, catalane... et (un peu) italo-suisse (par sa mère). Bref, c'est un Européen, ce qui, soit dit en passant, aurait pu faire de lui un bon candidat aux élections de 2019 (ce qui fut le cas du franco-allemand Daniel Cohn-Bendit, alors de nationalité allemande, tête de liste nationale des Verts en 1999 et élu de la circonscription Ile-de-France en 2009).

   On a aussi entendu des propos nauséabonds déniant la qualité de Français à Manuel Valls. S'il est né espagnol à Barcelone, il a passé toute son enfance et son adolescence à Paris, où il a entamé des études d'histoire. Sans avoir la nationalité française. De sa part, demander la naturalisation à 19-20 ans n'était pas anodin. C'était une adhésion personnelle.

   Son récent choix de tenter sa chance à Barcelone est-il un crachat à la France qui lui aurait tout donné ? Pas davantage. On ne lui a pas "donné" les mandats (de député, de maire) qu'il est allé gagner au cours de campagnes électorales animées. Lui par contre a donné beaucoup de son temps pour agir en politique... peut-être pas toujours avec la plus grande justesse.

   Une autre imbécillité proférée à son encontre est que l'aventure espagnole serait le choix de la facilité... alors qu'il lui aurait été tellement plus aisé de pantoufler comme tant d'autres à l'Assemblée nationale, où il avait un revenu mensuel de plus de 5 000 euros nets (le double avec les frais de mandat) garanti jusqu'en 2022. Il aurait pu se contenter d'attendre tranquillement cette échéance, comptant sur l'érosion d'Emmanuel Macron et la médiocrité de ses rivaux de gauche pour pouvoir se présenter en recours. On a déjà vu des retours en grâce bien plus spectaculaires dans l'histoire de la Ve République, à commencer par celui de Charles de Gaulle, sans oublier ceux de François Mitterrand (déclaré à plusieurs reprises perdu pour la politique), Jacques Chirac (au fond du trou en 1988 et en 1994) ou encore de Nicolas Sarkozy.

   Au contraire, la campagne des municipales de Barcelone s'annonce semée d'embûches... et il risque d'y achever  définitivement sa carrière politique. Il aura une multitude d'adversaires, des nationalistes catalans aux socialistes locaux, en passant par la majorité actuelle, d'une sensibilité proche de notre France Insoumise (ce qui explique sans doute en partie la hargne avec laquelle les mélenchonistes s'acharnent sur M. Valls). Pour la petite histoire, signalons que l'orientation de la liste que devrait conduire Manuel Valls serait en quelque sorte un retour aux sources familiales, puisqu'il me semble que ses grands-parents paternels étaient de sensibilité conservatrice...

   Une autre raison peut expliquer le retour du tropisme catalan dans le cheminement de l'ancien Premier ministre : sa vie privée et la relation qu'il a récemment nouée avec Susana Gallardo. Les gazettes ont lourdement insisté sur la fortune de la nouvelle compagne de Manuel Valls. On pourrait aussi noter que, contrairement à nombre de ses collègues qui, une fois la cinquantaine venue, refont leur vie avec une femme qui pourrait être leur fille, l'ancien Premier ministre s'est lié à une personne de sa génération (elle a seulement trois ans de moins que lui). Tous deux semblent partager un fort attachement à la Catalogne et le refus de l'aventure indépendantiste.

   D'une certaine manière, Manuel Valls se montre plus internationaliste que nombre de politiciens de gauche, qui se contentent de gérer leur petite boutique nationale (voire locale), faisant peu d'efforts pour tenter de construire une alternative progressiste en Europe.

   Je suis quand même d'accord (en partie) avec ceux qui affirment qu'à l'heure actuelle, Manuel Valls est un peu "grillé" en France. (Mais il aurait pu se contenter d'attendre 2022.) Se lancer dans l'aventure espagnole est peut-être un moyen de continuer à croire à son importance politique, lui qui est tombé dans la marmite quand il était étudiant et n'en est jamais sorti.