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mardi, 29 juin 2010

L'Illusionniste

   Non, ce billet n'est pas consacré à l'actuel président de la République française ! J'en connais qui ont vraiment l'esprit mal tourné ! Les autres ont bien compris que j'allais causer du dernier long métrage de Sylvain Chomet, adapté d'un scénario de Jacques Tati. Notons que le cadre de l'action a été déplacé de la Tchécoslovaquie à l’Écosse, où Chomet s'est d'ailleurs installé il y a quelques années.

   Cela nous vaut quelques moments savoureux, très "couleur locale" : les Écossais aiment consommer des boissons fermentées (le bateau de l'un d'entre eux s'appelle même "Whisky") et c'est une époque (les années 1950-1960, apparemment) où l'on porte encore volontiers le kilt (avec une jolie scène de bateau, vent à la clé).

   L'histoire est très nostalgique. Il est question de ces artistes de cabaret (magiciens, ventriloques, acrobates...), qui peinent à gagner leur vie, concurrencés qu'ils sont par les nouvelles idoles (la musique pop-rock et la télévision). Le film s'évertue pourtant à mettre en valeur leur talent. Pour s'en sortir, il faut souvent désormais un deuxième métier. Cela donne des moments comiques (par exemple dans le garage ou dans la vitrine d'un grand magasin) mais aussi tristes voire tragiques (autour du clown).

   C'est aussi une histoire d'amour et d'amitié. Une relation père-fille se noue entre le héros, l'illusionniste donc, qui a des airs de Monsieur Hulot, et une jeune servante des hautes terres écossaises, qui va le suivre à Édimbourg. Le problème est que la vision de la femme est assez datée. Alice a fonction de ménagère, réclame de beaux habits (que lui offre l'homme du ménage, qui travaille pour gagner sa pitance) et rêve d'un prince charmant (forcément super beau gosse). Cet aspect scénaristique aurait pu être modernisé.

   L'un des personnages principaux du film est un être inanimé : l'hôtel bon marché où logent nombre des saltimbanques. Entre la lumière qui entre par les fenêtres, la musique du tourne-disque et les mouvements acrobatiques des triplés, on ne s'ennuie pas dans ce curieux établissement, tenu par des nains !

   L'animation est ma-gni-fique. Si l'on retrouve sans peine le style de l'auteur des Triplettes de Belleville, le trait s'est affiné, les mouvements sont plus détaillés, plus gracieux. On a semble-t-il ajouté des effets numériques (notamment dans les vues urbaines). On remarque aussi un apport asiatique (japonais et coréen, qui figure au générique... au fait, restez jusqu'à la fin), perceptible au niveau du personnage de la jeune fille, très nettement visible dans l'animation du lapin. Le résultat est éblouissant, l'image comprenant une profusion de détails, des jeux d'ombres et de lumières.

   J'aime aussi beaucoup la musique, douce, dans le ton de l'histoire.

   Reste que je déconseille aux dépressifs d'aller voir ce film, vu qu'il est particulièrement mélancolique. C'est à mon avis un reflet des sentiments éprouvés par Jacques Tati au début des années 1960. C'est l'époque où sa fille Sophie (à qui est dédié le film), adolescente, se détache un peu de lui, pour devenir adulte. On pourrait voir dans  la mue du personnage d'Alice une transposition (sublimée) de ce qu'a vécu Tati dans sa vie familiale : à la fin du film, le héros regarde une photographie, sur laquelle il m'a semblé reconnaître Sophie Tatischeff.

   P.S.

   Le site internet mérite le détour.

12:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

lundi, 28 juin 2010

L'offensive Soulages

   Je ne sais pas si l'on peut parler de "matraquage" (je pense qu'il faut réserver le terme ; il sera très utile d'ici deux à trois ans), mais c'est fou ce que l'on parle du futur musée.

   En fait, je dois le révéler, le musée Soulages existe, je l'ai rencontré ! Il se trouve à Olemps, sur deux sites, l'hôtel de ville et la médiathèque. Y sont exposés (jusqu'au 30 juin 2010) les travaux que les élèves de la commune ont réalisés, sous l'experte direction de leurs professeures (que des femmes apparemment... au passage, si l'on ne peut que déplorer la sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité dans notre pays, il serait bon aussi de se poser des questions sur la féminisation excessive de certains métiers). Cette exposition a bénéficié d'une ample couverture médiatique (il en a ainsi été question deux fois dans Le Ruthénois ; de son côté, La Dépêche du Midi s'est fait l'écho de la réalisation en cours puis de l'inauguration de l'expo).

   Les "toiles" sont présentées accompagnées d'un petit carton explicatif. Cela ressemble à du Soulages, c'est (en général) aussi laid que du Soulages, mais ce n'est pas du Soulages. Encore que... je serais bien incapable de distinguer, dans la plupart des cas, l'oeuvre du Maître de la copie des jeunes apprentis.

   Quelques productions ont néanmoins retenu mon attention, notamment celles qui, à l'aide d'un pliage discret, donnent une impression de relief. J'ai aussi bien aimé l'exercice de style sur le bleu et le noir, en couches superposées, en partie raclées :

 
Olemps (6).JPG

   Dans chaque salle, en plus des toiles, on peut consulter un cahier de photographies, où l'on voit les bouts d'chou en action. Ils portent en général un vieux T-shirt de leurs parents (on reconnaît des marques : Le Technicien du sport, Centre Presse - Midi Libre, Nasdaq...). Peut-être a-t-on soigneusement sélectionné les images (encore que... il y en a un paquet !), toujours est-il que les bambins sont très appliqués et "déconnent" rarement ! Franchement, à leur place, j'aurais transformé la salle de classe en toile de Soulages !

   Dans la partie située dans la médiathèque, en plus des productions "soulagiennes", on peut voir un documentaire consacré au Maître (intéressant, ma foi). Je pense qu'il doit s'agit du même film que celui qui a été projeté lors du vernissage de la place de la cité. Dans une autre salle, on trouve aussi des acrostiches construits autour des lettres du nom de l'artiste. Je vous en propose un de mon cru (y a pas de raison que seuls les enfants s'amusent, hein !) :

Saoûlant

Onnycomprendpagranchoze

Ubuesque

Lénifiant

Assommant

Gargarismes

Elitisme

Savacoûterbonbon

   Pour terminer sur Olemps, je signale la plus belle oeuvre (à mon goût) présente sur les lieux : une fresque située dans la cour :

Olemps (5).JPG

   La deuxième couche est apportée par l'exposition de maquettes dans une salle située dans le bâtiment naguère dévolu à la Chambre de Commerce et d'Industrie. (C'est je crois la même que celle qui a été présentée à la Cité de l'architecture et du patrimoine.) Le vernissage a eu lieu vendredi 25 juin, pratiquement en même temps que la conférence de Serge Klarsfeld à Conques et qu'un autre vernissage, celui d'une exposition de photographies datant de l'époque d'Eugène Viala. Notons ce manque de coordination dans l'offre culturelle "haut de gamme", assez désolant.

   Je conseille à tous les contribuables du Grand Rodez d'aller voir ces maquettes. On peut demander des explications à la charmante jeune femme qui assure la permanence. On peut aussi repartir avec de la documentation :

- une vue virtuelle de l'arrière du site, une fois le musée construit (ça, c'est uniquement si vous kiffez à donf')

Musée vue théorique.JPG

- un texte présentant les architectes lauréats du concours

- une plaquette du Grand Rodez (sur papier glacé) détaillant le projet

- un exemplaire du Figaroscope du 16 décembre 2009 (édité, je pense, à l'occasion de l'exposition du centre Beaubourg) : Un musée pour Soulages

   Vous voulez encore de la lecture sur le sujet ? Hé bien, précipitez vous sur le numéro 6 du magazine Rodez, notre ville : deux doubles-pages sont consacrées au réaménagement de la zone du Foirail.

   Si l'oeuvre de Pierre Soulages est votre tasse de thé (noir), vous pouvez aussi aller faire un tour sur son site internet.

   Cela ne vous suffit toujours pas ? Alors peut-être l'audiovisuel va-t-il combler votre attente. Le Grand Rodez a financé le tournage d'un film (dont il existe une version courte, une version longue... et une version pirate). Je trouve la version longue assez bien fichue (pour un film publicitaire). On voit toutefois qu'on s'adresse prioritairement aux classes moyennes. Et Soulages, là-dedans ? Il occupe les dix secondes qui précèdent le générique de fin de la version courte. Dix secondes sur soixante-treize, pas mal pour un musée qui n'existe pas et dont la première pierre n'est même pas posée !

   Même quand on se rend sur le blog économique du Grand Rodez, on n'échappe pas à Soulages. Si vous regardez la courte vidéo de présentation de Ludovic Mouly, vous distinguerez sans peine, à l'arrière-plan, un "brou de noix" du génie de l'outre-noir. Pour l'anecdote, on peut trouver une autre version de cette présentation, un peu plus courte, sur Dailymotion. Ludovic Mouly y est cadré plus serré, micro apparent (le son, d'intensité plus faible, est toutefois de meilleure qualité), il gigote moins (mais on voit plus nettement l'inclinaison de sa tête) et il n'y a pas de coupure.

   Une fois ces couches posées, à la manière de Soulages, il faut gratter un peu. Creusons la partie "coûts". Cela va donner un peu de relief à mon billet ! Commençons par comparer les estimations. Le magazine Rodez, notre ville évoque 23 millions d'euros (toutes taxes comprises) pour l'ensemble formé par le multiplexe de cinéma, le parking et la salle des fêtes. Pour le musée, selon aveyron.com, il est question de 22 millions d'euros... TTC ? Non, en fait. La plaquette que l'on trouve sur le site de l'exposition des maquettes parle de "21 millions 460 000 euros ht, hors restaurant et parc de statonnement" !!!! (Notez le "ht" mis pudiquement pour "hors taxes" : si l'on a coutume d'écrite TTC, il est par contre assez fréquent d'écrire l'autre expression en toutes lettres.)

   C'est là qu'intervient mon voisin de palier, qui demande "Et avec les taxes, ça fait combien, d'après vous ?" Plus de 25 millions d'euros selon Le Parisien... ça fait réfléchir ! On se demande évidemment si les taxes vont être équitablement réparties entre les collectivités qui financent le projet : le Grand Rodez (9,5 millions), le département de l'Aveyron (4 millions), la région Midi-Pyrénées (4 millions) et le ministère de la Culture et de la Communication (4 millions). Pensez aussi aux surcoûts imprévus, aux aléas climatiques etc.

   Voilà de quoi nourrir bien des inquiétudes, peu relayées par la presse, ou alors pour les rabaisser. (Du côté de la blogosphère, j'aime bien l'analyse de KaG.) A ma connaissance, seul Le Nouvel Hebdo se fait régulièrement l'écho du risque financier. Chaque semaine ou presque, un entrefilet ou une incise vient rappeler que tout n'est pas parfaitement ficelé. Le journal satirique fait cependant porter la critique surtout sur le coût de la construction (ainsi que sur l'entretien, jugé prématuré, d'un conservateur), constatant qu'en période de crise, les crédits nationaux diminuent. La crainte est que la participation du ministère ne fonde... les foyers du Grand Rodez étant mis à contribution pour sauver le projet.

   Mais c'est la partie coût de fonctionnement qui m'inquiète le plus. Le site aveyron.com évoque 900 000 euros par an. (Tout compris ? On aimerait avoir le détail.) Quand on lit ici ou là que les promoteurs du musée comparent son impact à celui consacré à Toulouse-Lautrec, à Albi, on se dit que les perspectives de fréquentation sont peut-être excessivement optimistes.

   Enfin, les mauvaises langues disent que Soulages a déjà le musée Fabre, à Montpellier, où deux salles lui sont consacrées. Ces mauvaises langues (toujours elles, les vilaines !) susurrent que les toiles les plus susceptibles d'attirer le public snob et friqué ont été données (par les époux Soulages) au musée héraultais. Ceci dit, on peut penser que des oeuvres seront prêtées et c'est à Rodez que les cartons des vitraux de Conques seront exposés.

samedi, 26 juin 2010

Une drôle de caisse !

   Non, je ne vais pas parler voiture (beurk) ! Cet après-midi, une fois n'est pas coutume, j'ai acheté mon pain à L'Epi du Rouergue, au carrefour des Quatre-Saisons. Cette boulangerie a deux avantages : elle est bien située et ouvre jusqu'à 20 heures.

   En entrant dans le magasin, je n'ai pas trop fait attention à la grosse boîte posée sur le comptoir. C'est au moment de régler mes achats que j'ai compris sa fonction. Après que la boulangère a tapé l'addition, j'ai inséré moi-même un billet dans la fente adéquate (de mon côté du comptoir)... et la monnaie est sortie par une autre ouverture !

   Au-delà de l'anecdote "technique", je me demande si ce changement n'est pas d'origine sécuritaire. En effet, le magasin ouvre tard. Lors de la fermeture, il n'y a souvent qu'une personne à la caisse. De surcroît, en plus de servir les derniers clients, elle doit commencer à ranger puis laver la boutique. Comme celle-ci est bien desservie par la route, elle peut sembler être une cible facile pour des délinquants en quête de cash... A moins que ce nouveau dispositif ne soit d'abord destiné à accélérer le rythme des encaissements. Il est aussi possible que les motivations hygiéniques soient entrées en ligne de compte : on évite ainsi tout contact entre les deux côtés du comptoir et les produits sont donc manipulés par des employés n'ayant pas touché les clients ni leur argent.

   La machine ressemble un peu à cela (même si ce n'est pas exactement ce type de modèle) :

Caisses.jpg

Conférence de Serge Klarsfeld

   D'habitude, l'auditorium du "Centre européen" de Conques accueille des conférences d'histoire médiévale ou d'histoire de l'art. Le cycle 2010 est plus éclectique, ouvert notamment sur la période contemporaine. Ainsi, la dernière conférence, celle du 12 novembre prochain, sera consacrée à un "poilu" local et celle de vendredi 25 juin avait pour titre "Le sort des juifs en Aveyron pendant la Seconde guerre mondiale".

   Dans la première partie, Serge Klarsfeld a présenté son parcours. (Le public a remarqué qu'au début de son intervention, il prononçait "Conches" mais que, très vite, suite à la lecture d'un papier que lui a fait passer en catastrophe Simon Massbaum, il a rectifié) Il a commencé par le devenir de sa famille pendant la guerre, puis ses études et le début de sa vocation, la chasse aux criminels nazis. Il s'est malheureusement peu étendu sur le rôle de son épouse Beate (devenue célèbre après avoir osé gifler en public le chancelier allemand Kurt Kiesinger, un ancien nazi). En parallèle, il a évoqué son travail d'historien.

   Il a ensuite laissé la parole à Simon Massbaum, qui a traité plus particulièrement du cas des juifs vivant en Aveyron pendant la guerre. Faible jusque dans les années 1930, leur nombre a augmenté suite à la Débâcle de 1940 en Belgique puis en France. A cela s'est ajouté la division de la France métropolitaine, certaines familles décidant très rapidement de quitter la zone occupée. Les juifs ont été systématiquement recensés sur ordre de Vichy (l'historien donne une estimation de 900 personnes pour le département) et assignés à résidence. 700 d'entre eux auraient été raflés ou arrêtés à des dates diverses et environ 360 déportés... pour 5 retours. Notons que l'on ne sait pas tout, même 65-70 ans après les faits, puisque Simon Massbaum a parlé d'une rafle à Villefranche-de-Rouergue, avérée, portant sur 80 personnes, dont les identités ne sont toujours pas connues.

   La troisième partie a vu le témoignage d'Alexandre Halaunbrenner, particulièrement émouvant. La voix faible, chevrotante, il a raconté l'histoire de sa famille, des juifs d'origine polonaise, que le père, passé le premier en zone non-occupée, a essayé de sauver. Ils se sont installés à Lyon. Le père a fini fusillé, après avoir été arrêté par Klaus Barbie (que le témoin a donc rencontré). Deux des soeurs d'A. Halaunbrenner avaient été placées dans la maison d'Izieu, dont les occupants ont été déportés, là encore à l'instigation de Barbie. (Le lien précédent vous mène à une page où, pour accéder à un document fort bien fait, il faut cliquer, en haut, sur "Pédagogie", puis, à gauche, sur "Dossiers et documents d'Izieu", enfin, sur la page, sur "Télécharger ce dossier".)

   Le procès de Barbie lui-même a été abordé dans les réponses aux questions du public. Serge Klarsfeld a, paradoxalement, souligné que la défense de l'ancien nazi, par Jacques Vergès, avait aidé l'accusation : comme l'avocat voulait surtout se mettre en valeur, il a demandé à Barbie de ne pas assister aux séances. Klarsfeld estime que Vergès n'était pas bon dans le contre-interrogatoire des témoins, alors que les rares fois où Barbie a été présent, il a déstabilisé ceux-ci.

   Mais cette dernière partie de la soirée a surtout été marquée par une intervention étrange. Elle est le fait d'un habitant de Conques, néerlandais, juif, qui, après avoir demandé la parole, s'est mis à lire en tremblant un texte écrit (et tapé) à l'avance, dans un français approximatif. C'était à la fois pathétique et touchant. De quoi était-il question ? Pas facile à dire, même si j'ai tendu l'oreille, alors que nombre de personnes, dans l'assistance, ont semblé vite perdre patience. En gros, ce Néerlandais a fait le lien entre ce que sa famille a connu et l'histoire de la petite Anne Frank. Il a aussi tracé un parallèlle avec le philosophe René Descartes, qui, au XVIIe siècle, a fui la France intolérante pour ce que l'on appelait alors les Provinces-Unies. Pour l'anecdote, il a vécu dans la rue même où se trouvait la maison qu'habiterait par la suite la famille Frank :

Anne Frank Descartes.jpg

   Refusant d'obéir aux injonctions du maître de cérémonie, il a tenu à lire son texte jusqu'au bout, dénonçant, me semble-t-il, la résurgence de l'antisémitisme (y compris à Conques ! Il a parlé d'un salut nazi fait en sa présence, si j'ai bien compris) et se désolant qu'on ne lise pas assez le Journal que la petite Anne Frank a rédigé avant d'être déportée.

   Et, pour que les jeunes générations n'ignorent rien de ce passé, il est venu avec des cadeaux ! En effet, une fois son texte lu, il s'est approché de l'estrade, sur laquelle on l'a empêché de monter. S'adressant aux invités (en particulier à Serge Klarsfeld), il leur a demandé de veiller à ce qu'on remette le contenu du sac (aux couleurs de la Maison du Livre de Rodez) aux enfants de la commune. (Il n'est apparemment pas satisfait de l'organisation du fond de la bibliothèque municipale.) Puis il est parti, calmement, montant avec dignité les marches de l'amphithéâtre (en essayant de ne pas trébucher). Le sac est resté sur l'estrade. On y voyait une pile de petits paquets, tous aux couleurs de la librairie ruthénoise : ce Néerlandais y avait commandé plusieurs exemplaires de l'édition de poche du Journal et les avait fait tous empaqueter pour les offrir ! Quelqu'un devrait s'occuper de ce monsieur, qui a grand besoin d'un suivi psychologique.

   Mais, contrairement à ce qui a été affirmé, cet incident n'a pas gâché la soirée. Quelque chose d'autre aurait pu la gâcher : CETTE SALOPERIE DE TELEPHONE PORTABLE QUI A SONNE A DEUX REPRISES ! C'est quand même dingue ! Et les coupables sont deux personnes âgées, l'homme (aux cheveux blancs) ne semblant guère gêné par le dérangement provoqué, la femme (aux cheveux teints) pouffant même de rire à plusieurs reprises... NON MAIS QUEL DUO D'ABRUTIS !!

mercredi, 23 juin 2010

En attendant le Tour de France

   Presque plus personne ne l'ignore désormais : le samedi 17 juillet s'élancera de Rodez la treizième étape du Tour de France (comme en 1984, où ce fut la quatorzième étape qui démarra du même lieu). Même si le tracé interne à la ville est connu depuis plusieurs mois, les habitants du chef-lieu aveyronnais ont eu droit à une piqûre de rappel.

   En effet, la dernière livraison du magazine municipal Rodez, notre ville est accompagnée d'un dépliant détaillant les animations prévues ce jour-là ainsi que l'organisation du stationnement et de la circulation. L'une des cartes permet de visualiser la partie ruthénoise de l'étape :

Plan étape 2.jpg

   De plus, depuis quelques mois, de drôles de sculptures ont fait leur apparition dans le Grand Rodez, à commencer par le carrefour des Quatre-Saisons :

entrée Rodez.JPG

   Celles, plus originales, installées sur le rond-point de Druelle sont bien connues des Aveyronnais :

Druelle 2.JPG

   Les voici sous un angle qui les montre en plein effort :

Druelle 1.JPG

   De son côté, la commune d'Olemps se place dans la lignée de Rodez, avec une touche personnelle toutefois :

Olemps.JPG

   Regardez bien la voiture, à l'arrière-plan...

   Après cela, qui osera dire que les élus locaux pédalent dans la semoule ?

mardi, 22 juin 2010

Qu'est-il arrivé à l'entrée du lycée Jeanne d'Arc de Rodez ?

   Il s'agit de l'antenne du lycée Louis Querbes située rue Béteille :

DSCN2669.JPG

   Vous ne remarquez rien ? Alors, je vais vous aider :

DSCN2670.JPG

  Hé, oui ! La niche située au-dessus de l'entrée est presque vide, alors qu'elle abritait jusqu'à il y a peu une croix stylisée (c'est un lycée catholique, dont la politique de "communication" est des plus habiles). Que s'est-il donc passé ? Les vents violents qui ont récemment soufflé sur le Piton ont-ils eu raison de cet emblème modernisé de la foi chrétienne ? Faut-il plutôt accabler la mauvaise qualité de la sculpture, la friabilité du matériau utilisé ? La dégradation serait-elle le résultat de l'action de jeunes fous ? On ne sait.

   En tout cas, dans sa chute, le morceau de croix a abîmé le panneau surmontant le porche d'entrée :

L Querbes 2.JPG

lundi, 21 juin 2010

Life during wartime

   ... "La vie en temps de guerre", en français. Le titre a une double signification. Il est une allusion à la politique bushienne de "guerre contre le terrorisme" et, au second degré, il fait référence aux relations humaines, notamment intrafamiliales.

   Pour bien comprendre ce film de Todd Solondz (dont je recommande aussi Bienvenue dans l'âge ingrat, l'anti-film pour ados), il vaut mieux connaître un peu Happiness, dont il est la suite. Mais on peut quand même le voir sans cela. Sachez toutefois que la scène d'ouverture de Life during wartime est un décalque de celle de Happiness, les interprètes ayant changé et les personnages ayant évolué.

   On retrouve le style adopté par le réalisateur dans le précédent : des situations grotesques, souvent humiliantes pour au moins l'un des protagonistes, traitées sur un ton anodin, avec des dialogues supposés neutres, remarquablement bien écrits. Solondz est le cinéaste du refoulement, de l'innommable.

   Après la savoureuse scène de départ, on apprend la sortie de prison du père pédophile. A voir sa tête et à observer son comportement, on comprend qu'il a dû en baver durant sa détention... et qu'il n'est peut-être pas complètement guéri. Là, le réalisateur renonce à la comédie acide et ébauche une réflexion sur la vie de famille d'un criminel. C'est assez étonnant à dire (surtout quand on a vu les précédents films de Solondz), mais là, il travaille dans la dentelle.

   On revient à la comédie sardonique avec le portrait des trois soeurs, plus ravagées les unes que les autres. L'aînée (et épouse du pédophile) a fui le New Jersey pour la Floride où elle tente de refaire sa vie. L'intello (interprétée par Ally Sheedy, qui fut l'héroïne de War Games en 1983 !) vit avec un acteur célèbre et méprise toujours autant les autres. Enfin, la névrosée, qui semblait avoir retrouvé un équilibre, est en fait toujours aussi barge. C'est le retour de l'ancien violeur qui fait voler en éclat les faux-semblants.

   Il faut noter que Solondz a gardé son habileté à faire jouer des scènes délicates à des enfants. C'est, je pense, dû en partie à la qualité des dialogues qui, à l'aide de mots du quotidien, savent faire exprimer les pires horreurs.

   Son talent s'exprime aussi au niveau du cadrage : dans presque chaque scène il faut être attentif à un élément apparemment anodin (un drapeau israélien, un dessin de singes sodomites, un personnage flou qui traverse un coin de l'écran...), très significatif en fait.

   Il me semble que cette suite à Happiness insiste davantage sur la judéité de la famille, pour s'en moquer. Il s'agit de la classe moyenne bushiste (qui a voté McCain en 2008), pro-israélienne jusqu'à l'aveuglement. A plusieurs reprises, à travers le personnage de l'épouse qui tente de refaire sa vie, cette "judéité ostentatoire" est tournée en dérision.

   J'ai quand même été un peu déçu. Le film est beaucoup moins "rentre dedans" que le premier et il faut reconnaître que, parfois, les situations sont un peu vides. Cela reste un ovni cinématographique qui mérite le détour.

   P.S.

   Une des scènes d'anthologie de Happiness a inspiré de talentueuses internautes... Celle qui tient le nounours est excellente !

13:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film

dimanche, 20 juin 2010

De la politesse en politique

   En public comme en privé, il fut un temps où Ceux Qui Nous Dirigent conservaient une dignité qui s'étendait au langage. Est-ce parce que la société française s'est un peu décoincée ? Est-ce par souci de "faire peuple" (vulgaire ?) ? Depuis une vingtaine d'années, plusieurs détenteurs du pouvoir exécutif se sont fait connaître par la verdeur de leur langage, notamment en public.

   Ainsi Jacques Chirac a jadis choqué nos amis britanniques en associant le Premier ministre de l'époque (l'inénarrable Margaret Thatcher) à certains de ses organes génitaux. Dominique de Villepin n'est pas réputé avoir la langue dans sa poche. Il lui est arrivé à plusieurs reprises de se lâcher, en particulier sur les députés (U.M.P.) et les journalistes. Notre actuel président n'est pas non plus un exemple de classe et de distinction, en dépit des prétentions affichées.

   Voilà de quoi inspirer la jeunesse, qui n'aura pas mieux si elle se règle sur le comportement de footballeurs comme Nicolas Anelka.

   Mais je suis récemment tombé sur encore mieux, en lisant Le Canard enchaîné du 31 mars dernier :

frères Guérini.JPG

   C'est le récit d'une altercation survenue à Marseille entre Renaud Muselier et Alexandre Guérini, dont on peut trouver une autre version sur le site de La Provence. Le second, l'agresseur, a pour frère Jean-Noël Guérini, président (socialiste) du Conseil général des Bouches-du-Rhône, auquel L'Express a consacré un fort instructif dossier.

   Pour éviter toute confusion, il convient toutefois de préciser que, bien qu'ils portent le même nom qu'eux et qu'ils soient originaires du même village corse (Calenzana), Jean-Noël et Alexandre n'auraient rien à voir avec de célèbres mafieux, les frères Guérini, qui ont longtemps régné sur le Milieu marseillais.

samedi, 19 juin 2010

Un voyou dans une équipe de mafieux ?

   Je vais bien sûr causer des propos attribués au footballeur Nicolas Anelka, mis en exergue par le quotidien sportif L'Equipe. Tout d'abord, je vais me répéter, mais je persiste à penser que les joueurs de l'équipe de France sont dans l'air du temps sarkozyste.

   En effet, si les propos qui lui sont prêtés sont confirmés, on peut affirmer que son "Va te faire enculer, sale fils de pute" n'est qu'un digne prolongement du "Casse-toi, pauv' con" présidentiel. Le buteur du championnat anglais et notre chef de l'Etat partagent aussi l'amour de l'argent et des belles choses qui vont avec, ce qui a conduit Anelka, tel un vulgaire Johnny Hallyday, à tenir des propos peu amènes pour la France.

   Reste que le footballeur a manqué de respect à un entraîneur qui semblait auparavant avoir plutôt ses faveurs. En l'insultant devant ses coéquipiers, il a contribué à la décrédibiliser, alors que l'équipe va déjà mal. Un esprit mal intentionné pourrait voir dans cet incident la résurgence du passé banlieusard de Nicolas Anelka. La vedette (et ses deux frères, qui veillent jalousement sur sa carrière), qui a de surcroît refusé de s'excuser, a adopté un langage et un comportement plus "dignes" d'une "racaille" que d'un modèle pour la jeunesse.

   Notons toutefois que, s'il ne nie pas l'altercation, le joueur conteste l'exactitude des propos rapportés par L'Equipe. Peut-être sa colère est-elle tombée... ou peut-être a-t-il pris conscience de l'indignation soulevée par ses injures. Qui sait si les contrats publicitaires en jeu ne l'ont pas aussi incité à faire preuve de plus de modestie... (On remarque que le joueur de Chelsea, club dont le propriétaire est l'oligarque russe Roman Abramovitch, a réservé l'exclusivité de ses premières déclarations au quotidien français France Soir, passé sous la coupe d'Alexandre Pougatchev, fils d'un autre oligarque surnommé "le banquier de Poutine"...)

   En tout cas, on ne peut pas dire que le capitaine de l'équipe de France (elle-même divisée en clans) ait laissé tomber son coéquipier. Au lieu de dénoncer les insultes, il s'en prend à un hypothétique "traître". En gros, les joueurs et le staff auraient dû garder le silence sur l'altercation, respectant une sorte d'omerta ! On nage en plein délire ! On se rend compte à quel point les "valeurs" des sportifs qui sont censés représenter la France ne sont pas celles des citoyens de base.

   Dans cette affaire, les plus à plaindre sont les joueurs qui ont envie de "mouiller le maillot", sans faire de chichi, et qui sont sous la coupe des forts en gueule, supposés être les meilleurs ou les plus exemplaires.

vendredi, 18 juin 2010

Dream

   Derrière ce titre anglais se cache un film sud-coréen, de Kim Ki-Duk. Ce pays n'en a pas l'air, mais il a produit une brochette de réalisateurs talentueux, parmi lesquels on trouve Park Chan-wook (auteur de l'excellent Old Boy et du déroutant Je suis un cyborg), Im Sang-soo (dont je recommande The President's last bang, film politique qui dépote, et Le Vieux Jardin, sublime mélo) et Bong Joon-ho (créateur de l'un des meilleurs polars de la décennie, Mémories of murder, d'une fiction inclassable, The Host et de l'un des trois courts-métrages du film choral Tokyo !). Le tout-venant de la production locale (par exemple Le Roi et le clown, de Lee Jun-hik et The Chaser, de Hong-jin Na) n'est pas désagréable à regarder, même s'il est d'un niveau moindre.

   Dream se situe entre ces deux catégories : ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais c'est un bon film, très original.

   L'histoire lie fortement deux personnages qui ne se connaissent pas au début. Pendant que l'un rêve, l'autre agit en somnambule. Le problème est que lui veut récupérer son ex-petite amie, qui l'a quitté, alors qu'elle ne veut plus entendre parler de son ex-petit copain, qu'elle a largué. Quand on se rend compte que l'ex de l'un couche avec l'ex de l'autre, les choses se compliquent.

   L'intensité monte d'un cran quand les deux principaux protagonistes comprennent qu'ils ont besoin l'un de l'autre. Ils imaginent donc différents stratagèmes pour déjouer la tyrannie des rêves. Cela nous donne quelques moment comiques très réussis.

   L'action se déroulant essentiellement la nuit, un grand soin a été apporté aux effets de lumière, aux ombres (le contraste entre l'ombre et la lumière est à relier aux personnages, eux-mêmes alternativement vêtus de blanc et de noir... un côté yin et yang sous-jacent dans le film). Les lits occupent aussi une grande place dans l'intrigue... et les couettes sont fort jolies !

   Evidemment, un drôle de sentiment commence à rapprocher les héros. Les anciennes relations et leur peur de s'engager vont-elles les empêcher de commencer une nouvelle histoire ? Mystère et boule de billard... jusque dans le dernier quart d'heure, très très spécial, dont je me garderai bien de dévoiler la substance...

   P.S.

   Le dossier de presse (lourd, long à télécharger) est très complet.

16:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

jeudi, 17 juin 2010

Coup de gueule

   Certains vont penser que je suis sur le point d'exprimer ma colère, ou une grande déception, quant aux performances de l'équipe nationale de football. Que nenni ! D'abord, je n'ai pas regardé le match (j'ai préféré aller voir le dernier film de Kim Ki-Duk). Ensuite, le résultat ne m'étonne pas. Que voulez-vous que fasse une bande (je n'appelle pas cela une équipe) de frimeurs, obsédés uniquement par la célébrité, le pognon et les filles faciles ? Tiens... ce portrait me rappelle quelqu'un... mais oui ! Les footballeurs français sont, finalement, assez représentatifs, non pas du pays réel, mais de celui qui le dirige. Leurs résultats sportifs sont d'ailleurs à l'image des résultats économiques obtenus par l'incompétent immature de l'Elysée.

   Mais passons à l'objet de ma chronique, l'émission des Grosses Têtes de mercredi 16 juin 2010. J'aime bien écouter de temps à autre ce groupe de misogynes gentiment réactionnaires, dans lequel se glisse(nt) une (ou deux) femme(s) de tempérament. Comme ce n'est pas possible à mon boulot, je profite du site internet de R.T.L., bien fichu, pour en jouir à ma guise.

   Le programme n'a plus le lustre d'antant, quand on pouvait entendre d'aussi éminentes personnalités que Jacques Martin, Jean Yanne, Sim, Léon Zitrone, Jean Dutourd ou encore Robert Sabatier. Heureusement, Philippe Bouvard est encore là. Il a quelque peu reformaté l'émission, qui compte davantage de séquences désormais. On a ainsi régulièrement droit à un moment avec "l'auditeur du bout du monde" et, chaque jour, l'invité d'honneur doit vider ses poches en début d'entretien.

   La première partie de l'émission voit l'un des intervenants nous livrer son "coup de sang", de préférence avec style. Ce mercredi, Jacques Mailhot s'y est collé. D'habitude, je l'aime bien, mais là il m'a sérieusement agacé. De manière fort injuste, il s'en est pris à Eva Joly, une femme pour laquelle j'ai beaucoup de respect. Cela commence par des jeux de mots très plats et une attaque sur le physique de l'ancienne magistrate. D'abord, je ne la trouve pas si laide... pour quelqu'un de 66 ans :

eva-joly.jpg
   Combien de vieilles badernes officiant aux Grosses Têtes peuvent se vanter d'être aussi bien conservées ? Et puis, regardez comme elle était belle à 15-16 ans ; on comprend qu'elle ait fait tourner des têtes :
Eva gro Farseth.jpg

   (Eva Gro Farseth est l'identité première de celle qui épousa par la suite un certain Pascal Joly, cousin de l'humoriste Sylvie Joly.)

   J. Mailhot continue en dénigrant son travail de juge alors que, contrairement à nombre de ses collègues masculins, de pitoyables carriéristes qui n'ont rien dans le pantalon, elle n'a pas hésité à s'en prendre à quelques "intouchables" comme Roland Dumas et Loïk Le Floch-Prigent, qui ont leur rond de serviette dans les médias, mais qui ont coûté cher à la collectivité. Elle s'est faite toute seule, à la force du poignet, contrairement à d'autres nés une cuillère en argent dans la bouche. C'est de son exemple qu'il faudrait plutôt s'inspirer.

   Mailhot continue dans l'ignominie en ironisant sur le bégaiement de François Bayrou et les toilettes sèches de José Bové, deux personnes qui valent mieux que lui. Il termine, très classe, en suggérant qu'avec Marie-George Buffet et Martine Aubry, on aurait trois "horreurs" candidates à la prochaine présidentielle, ce qui suffirait à expliquer une abstention élevée. Pauvre banane ! Les électeurs sont bien plus intelligents que toi (ou que le pauvre scribouillard qui a pondu ta chronique maladroite) ! Ils s'abstiennent d'abord parce qu'ils trouvent creux (ou mensongers) les discours et les projets des politiques. De ce point de vue, l'arrivée d'Eva Joly serait au contraire une salutaire bouffée d'air frais !

samedi, 12 juin 2010

Des hebdos en désaccord

   J'ai déjà évoqué les petites prises de bec qui ont opposé naguère Le Ruthénois et A l'oeil sous le titre "Combat des magazines ruthénois" (I, II et III). Cette semaine, force est de constater que Le Ruthénois et Le Nouvel Hebdo ne sont pas sur la même longueur d'onde, en particulier sur LE sujet qui a agité l'Aveyronnie qui bouge : l'apéro "Fessebouc".

   L'hebdomadaire du Piton, dont le rédacteur en chef a assumé la responsabilité de la manifestation, lui consacre sa "une" et de nombreuses photographies (en particulier pages 4 et 5). D'autres sont accessibles sur le site de la radio Totem. Sur Dailymotion, on peut voir une courte vidéo montrant un habile jongleur, sur fond musical de la Diane Rouergate. On peut écouter certains de leurs morceaux sur leur site, notamment la reprise de Highway to hell qui a tant marqué Georges Abitbol ! (Perso, je préfère celle de I feeeeeel goooood ! On peut d'ailleurs trouver une très ancienne vidéo de James Brown. Il y chante, entouré de Blancs... et regardez son jeu de jambes : Michael Jackson a presque tout pompé sur lui !). Sur la partie gauche de la double-page, Hugues Robert se fait interviouver par l'un de ses journalistes... Il aurait pu écrire seul un bilan de la soirée, plutôt que de se prêter à cette fausse entrevue.

   Même le dessin de Stéphanie Gras est consacré à l'événement. Il tourne en dérision les accusations de récupération portées à l'encontre du maire de Rodez. La question que tout le monde se pose est : qui est donc l'homme représenté à côté de Christian Teyssèdre ? Serait-ce un journaliste de Centre Presse ? (R.D.S. ?)

   Le Nouvel Hebdo fait entendre un autre son de cloches. La première salve vient de Sosthène qui, en page 1, tance Le Ruthénois pour avoir pris comme référence Charles Baudelaire, connu certes comme poète, mais aussi comme grand consommateur de substances hallucinogènes (ainsi que pour son goût pour les prostituées)...

   Sur la même page s'amorce un article plus long, poursuivi page 2. Le Nouvel Hebdo évacue assez vite l'idée qu'il s'agissait avant tout d'un coup commercial (une idée lancée aussi par Midi Libre). Il reproche plutôt aux organisateurs d'avoir donné une bonne occasion au maire de Rodez de redorer son image auprès de la jeunesse, cet apéritif n'ayant finalement plus rien d'improvisé. (Tant mieux ?) Au passage, il commet une erreur sur les dates, affirmant "Si l'apéro Facebook était maintenu pour le vendredi 28 mai, celui du Ruthénois et du maire de Rodez était prévu, lui, pour le jeudi 27 mai." Il faut repousser le tout d'une semaine, l'apéro organisé au "square Georges Abitbol" ayant eu lieu jeudi 3 juin, l'autre ayant été programmé pour le vendredi 4. Toujours page 2, les "Castonétoiseries" elles-mêmes se gaussent du fameux apéro.

   En tout cas, l'hebdomadaire satirique reste beau joueur et n'hésite pas à "tâcler" un quotidien aveyronnais (le plus lu dans le département) qui a tenté de minimiser le succès de la manifestation :

Apéro Centre Presse.JPG

   Mais la prose la plus agressive vient d'un lecteur du Nouvel Hebdo, qui signe des initiales "C.C.". (Ce pourrait être Christian Caviale... Les lecteurs assidus du Nouvel hebdo ont remarqué à quel point le journal est bien renseigné sur le déroulement des réunions du Conseil municipal d'Espalion...) Il commence par se tromper sur le nombre de participants espéré : 8 000 selon lui, alors qu'Hugues Robert avait déclaré en attendre entre 1 000 et 1 500. Il conclut donc de manière erronée qu'il s'agit d'un échec, le titre de sa contribution prenant le contrepied du titre d'un article de La Dépêche du Midi. Par contre, le fait que cet "apéro" ait vu la rencontre d'anciens du Modem et du maire P.S. de Rodez est peut-être annonciateur de quelque chose pour 2014. J'ai quand même été gêné de trouver la photographie suivante sur le site de Totem :

Apéro Totem 4 juin 2010.jpg

   Si je m'élève contre le dénigrement systématique des hommes politiques, je ne vois pas d'un meilleur oeil une trop grande proximité, qui pourrait virer au copinage. (De ce point de vue, le dernier billet de KaG sur la MJC de Rodez m'a rassuré.) Et puis, et puis... Christian Teyssèdre songe peut-être à une liste d'ouverture pour les municipales de 2014. Il va avoir face à lui une droite moins divisée qu'en 2008... et il va devoir se garder sur sa gauche : une liste "gauche de la gauche" pourrait se monter (autour de certains rebelles de Fabié par exemple). Il me semble que le maire de Rodez n'est pas en mauvais termes avec Maïté Laur, élue du Modem. Qui sait ?...

   Mais le sujet le plus intéressant du Nouvel Hebdo de cette semaine est sans conteste la querelle à propos de la marque Laguiole, à laquelle l'essentiel de la page 4 est consacré. Gérard Galtier y reprend des informations déjà publiées dans feu L'Hebdo, en 1995 et 1996. Il égratigne en particulier l'ancienne municipalité. A l'époque, un dessin (paru dans le numéro 408) avait ironisé sur les produits dérivés portant le nom de la commune aveyronnaise :

Hebdo 15 12 1995.JPG

   Revenons au Ruthénois. Page 6, plusieurs articles sont consacrés à l'antenne de la Chambre de Commerce et d'Industrie, dont les ondes pourraient constituer une menace pour les enfants scolarisés à Cambon et Monteil. A signaler aussi, une nouveauté, vendue avec l'hebdomadaire (même si le prix est très attractif, c'est un peu de la vente forcée !) : il s'agit du Mag des Aveyronnais, un trimestriel sur papier glacé dans lequel on pourrait voir une tentative de ressusciter Aveyron Magazine. Il semble y avoir un marché, puisqu'un concurrent, Terres d'Aveyron, a vu le jour il y a peu :

Terres d'Aveyron n°1.jpg

   Vous remarquerez l'habileté dans la présentation du titre. Un lecteur peu attentif pourrait en déduire qu'il s'agit d'une suite à Aveyron Magazine, ce qui n'est pas le cas. C'est une pratique commerciale que je ne trouve pas tout à fait correcte (surtout vis-à-vis d'Hugues Robert). Je signale quand même le numéro 2, sorti en kiosque fin mai, dans lequel on peut lire notamment un article fort intéressant sur les monnaies des Rutènes.

   Une dernière chose : les deux hebdomadaires publient une tribune de Jean-Louis Chauzy, dans laquelle il dénonce fort justement une conséquence méconnue de la réforme des collectivités territoriales (dont il a déjà été question dans Le Nouvel Hebdo, numéro 125). En effet, les nouveaux conseillers territoriaux, qui vont remplacer à la fois les conseillers généraux et régionaux, seront moins nombreux que tous ceux-ci réunis. Mais, comme ils vont tous siéger dans deux assemblées (le Conseil général de leur département d'origine et le Conseil régional), cela va avoir pour conséquence de diminuer le nombre de personnes siégeant au niveau départemental mais d'augmenter celui siégeant au niveau régional.

vendredi, 11 juin 2010

Clotilde Reiss, Ahmadinejad et les media français

   J'ai fini par aller regarder le 20 heures de TF1 du 7 juin dernier. Pour accéder directement à la dizaine de minutes consacrée à l'entretien entre Laurence Ferrari et Mahmoud Ahmadinejad, on peut passer par le menu "chapitres" sous la fenêtre, à droite, ou aller chercher la séquence en dessous, parmi le florilège proposé.

   Cela commence par une demi-surprise : au lieu d'aborder un sujet iranien, la journaliste française évoque la crise de Gaza. Est-ce son choix ou une demande des autorités iraniennes ? On ne le sait pas. On peut penser que, comme elle a l'intention de poser quelques questions gênantes, débuter en tendant une perche à son interlocuteur est une forme de politesse. On pourrait aussi penser que, comme cet entretien a été préparé bien en amont (comme on l'apprend sur le site du Figaro... les dénégations des gens de TF1 ne me convainquent pas franchement), à l'actualité de la crise de Gaza s'est superposée cette volonté propagandiste de Téhéran : se poser en défenseur des Palestiniens est gage de popularité dans le monde arabo-musulman.

   Très vite, la Française s'enhardit et interroge le président sur Israël. Sa réponse est habile. S'il réaffirme l'absence de légitimité (selon lui) de l'Etat juif, il est en fait sur une position proche de celle du Hamas : il déteste Israël, mais se dit d'abord défenseur de la justice pour les Palestiniens, ce qui ménage un espace pour la négociation. Néanmoins, la formule "que chacun rentre chez soi" est clairement la proposition de la suppression de l'Etat juif (mais pas par la force... tant qu'il n'en a pas les moyens ?).

   Là où Ahmadinejad est (involontairement) comique, c'est quand il dit "s'en remettre à la voix du peuple" (palestinien), sous-entendu : si ces imbéciles de Palestiniens décident librement de cohabiter avec ces enfoirés d'Israéliens, il n'est pas contre. Que n'applique-t-il ce sage précepte à sa propre politique intérieure ! L'an passé, c'est contre la voix du peuple (volée à l'issue d'un scrutin truqué) qu'il a lancé ses sbires... ce que Laurence Ferrari s'est bien gardée de rappeler.

   Sur la bombe atomique, le président iranien est évasif et cherche à s'en tirer par une pirouette. Il en ressort pour moi clairement que son gouvernement cherche à doter le pays de l'arme atomique, peut-être pas pour en agresser un autre, mais pour éviter d'être attaqué par les Etats-Unis.

   Au passage, il "enfume" son interlocutrice en affirmant qu'il n'y a pas de zone d'ombre dans l'histoire des relations franco-iraniennes. Il fait sans doute allusion au séjour de l'ayatollah Khomeyni en France, à Neauphle-le-Château. Mais il semble oublier qu'après avoir hébergé le fondateur de la République islamique, notre pays a accueilli ses opposants. Il laisse aussi de côté l'important contentieux autour d'Eurodif, les attentats perpétrés en France et ailleurs, ainsi que les prises d'otages. Autant de précisions que Laurence Ferrari a négligé d'apporter, peut-être aussi pour ne pas abuser du "temps de cerveau disponible" des téléspectateurs de son journal.

   Quand enfin il est question de Clotilde Reiss, M. Ahmadinejad nous ressort la "version officielle" : il n'y a pas eu de marchandage. Cet acharnement des gouvernements français et iraniens à maintenir ce tissu de mensonges se comprend. Nicolas Sarkozy ne veut pas perdre la face : après avoir levé le menton et proclamé haut et fort qu'il ne cèderait pas, il a baissé son pantalon. De son côté, Mahmoud Ahmadinejad ne veut pas passer pour un preneur d'otages, un rançonneur... et il a connaissance de l'agenda international. Je ne serais pas étonné d'apprendre que cette entrevue ait fait partie du "marché", puisqu'elle a été diffusée juste avant que le Conseil de Sécurité de l'O.N.U. ne se prononce sur des sanctions contre l'Iran. Sont notamment dans le collimateur les Gardiens de la Révolution, auquel le président iranien est lié. Il est indigne que le journal télévisé le plus regardé de France se soit prêté à une opération de propagande de la dictature iranienne.

   Quant à Clotilde Reiss, elle refait parler d'elle. On peut entendre son témoignage sur France Culture. La première partie a été diffusée jeudi 10, la deuxième étant programmée vendredi 11, à 13h30. Elle y raconte sa détention et commente des dessins qu'elle a réalisés. On peut les voir dans le Libération daté du 10 juin. Comme j'ai acheté la version papier, je vous propose l'un d'entre eux :

Reiss 3.jpg

   On se demande toutefois comment ces croquis ont pu être faits pendant la détention de Clotilde Reiss, comme l'affirme le quotidien. Il est plus vraisemblable qu'ils aient été exécutés juste après, pendant la période de résidence surveillée à l'ambassade de France (après le versement d'une caution -200 000 euros selon Libé, 210 000 selon Le Point- qui, rappelez-vous, a sans doute finalement servi à payer l'amende au tribunal iranien).

   Dans la seconde partie de l'entretien, Clotilde Reiss fait allusion à l'emballement médiatique que son "aventure" a suscité et dit avoir été (rétrospectivement)  touchée par une caricature parue dans Le Canard enchaîné. C'était dans le numéro du 12 août 2009 :

Canard enchaîné 12 08 2009.JPG

   Mais revenons à l'entretien de Laurence Ferrari avec Mahmoud Ahmadinejad. Celui-ci nous a réservé quelques belles formules pour la fin : "La situation était bonne l'an dernier et elle le reste" ; "L'Iran est un pays libre" (J'en vois qui rigolent au fond ! Ce n'est pas bien !) ; "L'Iran est le pays des manifestations" (surtout de celles des opposants à la dictature)... Vite, un bêtisier !

   Après, il y a la question du foulard. Le voir porté par une Française non musulmane me choque, comme beaucoup de monde. Mais, en y réfléchissant bien, la justification de Laurence Ferrari ne manque pas de pertinence. Elle respecte la "législation"" (même mauvaise) du pays dans lequel elle se trouve et donc, cela implique la réciprocité, c'est-à-dire qu'en France, les musulmanes adaptent leur manière de s'habiller aux lois françaises. Et puis, après tout, quand on ne veut pas d'ennui, le mieux est d'éviter de se rendre dans ce genre de pays rétrograde.

jeudi, 10 juin 2010

Ajami

   Ajami est un quartier de Jaffa, ville arabe de l'agglomération de Tel-Aviv, située à l'ouest d'Israël :

Israël.jpg

   Les personnages principaux sont donc des "Arabes israéliens", nom donné à cette catégorie particulière de citoyens israéliens, descendant des Palestiniens restés sur le territoire du nouvel Etat juif en 1948. Comme l'on se trouve à Jaffa, ils sont très souvent chrétiens (comme le coréalisateur Scandar Copti, qui incarne le personnage de Binj), à l'image de l'entrepreneur Abu Elias dans le film :

Arabes d'Israël 2006.jpg

Source : Hérodote

   Mais, là où le film devient passionnant, c'est quand il fait s'entrecroiser les destins de ces Arabes chrétiens avec celui de Palestiniens (musulmans) de Cisjordanie (qui tentent d'entrer en fraude en Israël, pour trouver du travail), de Bédouins franchement mafieux et de policiers israéliens juifs. Le montage s'inspire un peu de ce qui a été fait par Tarantino dans Pulp Fiction, mais aussi de la trilogie de Lucas Belvaux (Un Couple épatant, Cavale et Après la vie) : dans le cours du film, on voit certains moments sous différents angles, qui permettent de comprendre le point de vue d'autres protagonistes.

   Le premier chapitre met en scène le conflit entre Arabes, sur fond de délinquance.  Dès le début est présent celui qui narre une partie de l'histoire, ce jeune dessinateur aux crayonnés si talentueux. La suite nous montre l'un des héros à son nouveau travail (il a des dettes à honorer) et nous fait découvrir un adolescent dont la mère est gravement malade. Point commun de ces deux jeunes hommes : il leur faut trouver rapidement une grosse somme d'argent, ce qui les pousse à passer dans l'illégalité.

   C'est à ce moment qu'intervient le policier israélien qui, au-delà de son travail, poursuit une quête personnelle : son frère a disparu et quand il le retrouve, il décide de le venger.

   Le grand intérêt du film est de dépeindre les conditions économiques et culturelles de la vie quotidienne des différentes communautés. La conflit proche-oriental n'est suggéré qu'à l'arrière-plan. Les Israéliens ne sont pas montrés systématiquement comme les responsables des malheurs des Arabes. L'organisation mafieuse de certains quartiers et les mentalités archaïques s'ajoutent à la violence politique.

   Cela nous donne un polar bien fichu, très pessimiste sur le fond, un peu larmoyant à la fin, mais d'une grande habileté scénaristique.

mercredi, 09 juin 2010

Nothing but the truth

   Ce film de John Kani (qui dirige aussi le musée de l'Apartheid), a reçu l'Etalon d'argent au Festival panafricain de cinéma 2009 (l'Ethiopien Haile Gerima ayant décroché la récompense suprême avec Teza). Il se déroule dans l'Afrique du Sud post-Apartheid. On y découvre la vie un peu terne d'un vieil employé de bibliothèque et de sa fille, traductrice pour le tribunal dans le cadre de la commission Vérité et Réconciliation.

   Cela pourrait être tragique, car l'histoire débute avec la nouvelle du décès du frère du héros (réfugié jadis au Royaume-Uni, et jamais revenu au pays), dont le corps doit être rapatrié par sa fille. C'est là que la partie comédie commence, avec ce choc des cultures entre la jeune urbaine occidentalisée, très expansive, et l'oncle très traditionnaliste. Comme dans d'autres longs métrages (comme Joyeuses Funérailles, par exemple), l'organisation et la tenue de la cérémonie funèbre sont l'occasion de vider bien des querelles... autant de sources de moments comiques... ou d'émotion.

   La description du processus du deuil familial est quasi-ethnographique, l'aspect documentaire du film étant renforcé par quelques scènes consacrées à la gestion de l'héritage de l'Apartheid. Parce que le fils de Sipho (interprété par John Kani himself) a été tué par la police raciste, parce que le vieil employé espère qu'enfin l'Afrique multiraciale va lui permettre de décrocher le poste qu'il convoite, auparavant inaccessible aux Noirs, l'histoire personnelle s'entremêle avec l'Histoire.

   Le film, parfois maladroit dans la forme, est assez subtil sur le fond, quand il met en balance l'attitude des exilés glorieux (comme le frère du héros, un beau parleur paresseux et coureur de jupons) et la vie qu'ont menée ceux qui sont restés dans ce pays-prison que fut l'Afrique du Sud afrikaaner.

dimanche, 06 juin 2010

Teza

   C'est un film éthiopien de Haile Gerima, présenté dans les festivals (à Venise notamment, où il a reçu en 2008 le prix spécial du jury, à Ouagadougou, où il a décroché l'Etalon d'or en 2009), sorti en France seulement en 2010. C'est à la fois une fresque historique (sur l'Ethiopie des années 1970 aux années 1990, avec des références à la colonisation italienne), un conte et un portrait intimiste.

   Le montage est assez habile, entrelaçant les époques : la période estudiantine du héros dans les années 1970, en Allemagne, son retour en Ethiopie puis le nouveau départ, pour la R.D.A. et la vie "actuelle" dans l'Ethiopie des années 1990. Le découpage a un but : créer le mystère, les incertitudes trouvant leur réponse au fur et à mesure que l'on découvre le passé du personnage, qui a perdu la mémoire.

   "Teza", c'est la rosée (la première séquence du film nous en donne la signification, de manière poétique). Elle désigne peut-être cette jeunesse partie étudier à l'étranger et qui a cru pouvoir changer les choses en revenant au pays, une fois le régime du Négus aboli. Les scènes "anciennes" du début sont très "africaines" et quasi ethnographiques. Elles alternent avec celles présentant le retour du fils prodigue, qui a l'air très atteint (il a perdu une jambe). Le personnage de la mère est particulièrement réussi, très beau.

   Le style de la réalisation change avec le tableau des années 1970 en Allemagne : ces exilés se sont bien accommodés de la vie à l'occidentale. Ils ont noué des relations avec des Allemandes "progressistes". On a fait attention aux détails : les coupes de cheveux et les vêtements sont conformes à ce qu'on voyait à l'époque.

   L'époque du premier retour nous donne un aperçu de ce que pouvait être un régime communiste africain, avec sa bureaucratie tâtillonne, son idéologie inflexible et ses militants violents. C'est fou mais cette partie du film m'a irrésistiblement fait penser à d'autres longs métrages consacrés à d'autres pays africains : derrière le vernis communiste, il est question d'un pouvoir autoritaire et de la propension des groupes d'activistes à commettre des massacres.

   Ce n'est qu'à la fin que l'on apprend ce qui est arrivé à Anberber (le héros), même si un spectateur attentif a su décrypter les indices laissés en cours de route par le réalisateur. Le deuxième retour au pays se fait dans un contexte de violence : la chute du régime communiste de Mengistu est suivie d'une guerre civile encore plus intense, les soldats raflant les enfants pour gonfler leurs troupes (et éviter que leurs adversaires ne les récupèrent).

   Du coup, un des lieux prend une importance symbolique considérable : une grotte, peut-être occupée depuis la préhistoire, qui a servi de refuge à différentes époques. Ce fut d'abord une cachette pour les patriotes éthiopiens en lutte contre l'invasion italienne, puis pour les opposants au régime d'Hailé Sélassié, puis pour les enfants fuyant l'embrigadement, enfin pour une femme enceinte rejetée par la société patriarcale (fort bien décrite, sans a priori). On voit là toute la complexité du propos du réalisateur : le pays a souffert d'interventions étrangères (les fascistes italiens, les communistes d'obédiences soviétique, chinoise... et albanaise !), mais aussi de maux internes, en raison de sa difficulté à se moderniser. Même si le film est un peu long (2h20), il est une belle leçon de vie... et une nouvelle preuve que le cinéma africain peut avoir une vocation universelle.

   P.S.

   A signaler le dossier de presse, excellent, disponible sur le site d' Isabelle Buron (où l'on peut trouver les extraits du film auxquels mènent certains des liens précédents), une attachée de presse très branchée art et essai.

samedi, 05 juin 2010

"Le Nouvel Hebdo" numéro 126

   Une fois n'est pas coutume, l'éditorial de Gérard Galtier s'en prend à la majorité départementale, dont certaines têtes d'affiche ne semblent pas gênées d'engranger l'argent de nos impôts (via leurs indemnités)... sans fournir l'effort d'assister aux réunions organisées à Rodez. Page suivante, c'est la gauche qui en prend pour son grade, plus précisément Fabrice Geniez (les lecteurs U.M.P. seront déçus cette semaine : aucune charge virulente n'est menée contre le maire de Rodez). Je ne suis pas toujours d'accord avec le tir de barrage dont le maire d'Onet-le-Château fait l'objet dans l'hebdomadaire satirique, mais là, je partage les inquiètudes exprimées quant à l'endettement de la commune... et les doutes quant à l'intérêt de la construction d'un théâtre (comme de la création d'un nouvel emploi de cadre sup' culturel) pour la quatrième ville du département.

   Concernant les travaux prévus à Rodez, je conseille vivement la lecture de l'article se faisant l'écho des propositons de Jean-Louis Chauzy. L'idée d'un Centre Pierre Soulages à Combarel, au lieu du coûteux musée envisagé,  me séduit.

   De temps à autre (une fois par mois ?), Le Nouvel Hebdo ouvre ses pages à une figure politique locale, qui rédige des "notes", précédées d'un texte de présentation. Ainsi, dans le numéro 122, on a eu droit à celles de Frédéric Soulié (poulain de Marc Censi). En janvier 2010, c'est le conseiller général et régional (de gauche) Régis Cailhol qui s'était livré à l'exercice. En février, ce fut Jean-Marie Daures, le maire de Trémouilles, une figure du Modem local, qui est aussi, sauf erreur de ma part, éleveur de brebis bio (une partie du lait étant livré à Roquefort). Ah ben tiens ! Il est question de lui dans ce numéro !

   Ce mois-ci, c'est le jeune Bastien Nespoulous (curieusement prénommé Sébastien) qui a les honneurs de la rubrique. Le texte d'introduction rappelle ses excellents résultats scolaires (notamment au baccalauréat) et ses origines familiales, mais, à ce sujet, aucune allusion n'est faite au rôle politique joué par plusieurs membres de sa famille. Ceci dit, Midi Libre et La Dépêche du Midi ne s'étaient pas montrés plus inquisiteurs.

   Alors, pourquoi ce silence, alors que les éléments biographiques (qui ne prêtent pas à polémique, c'est juste de l'information contextualisée) sont accessibles ? Soit les rédacteurs du Nouvel Hebdo partent du principe que ce sont des faits connus de leurs lecteurs, souvent âgés et au fait de la politique aveyronnaise, soit ils n'ont pas envie d'avoir l'air de copier le site Aligorchie, qui s'est "payé" la nouvelle pousse U.M.P. (qui, soit dit en passant, a eu un passage vaguement rebelle), soit le journal éprouve de la sympathie pour le nouveau secrétaire départemental de l'UMP.

   Page 4, sous les notes du "bébé UMP", on trouvera un article consacré à la guerre autour de la marque "Laguiole". Le point de vue y est original, puisque l'entrepreneur francilien Gilbert Szajner y est décrit sous un jour plutôt favorable, alors que La Dépêche, Centre Presse comme Midi Libre ont défendu essentiellement le point de vue de la municipalité de Laguiole. Toutefois, un expert cité par le quotidien toulousain argumente dans un sens que l'on retrouve dans l'article du Nouvel Hebdo. Quoi qu'il en soit, la contrefaçon du couteau est scandaleuse et, si la démarche de la municipalité aveyronnaise peut contribuer à valoriser la traçabilité de ce produit identitaire, elle est la bienvenue.

   Je termine par une petite "pique". En page 2 du Nouvel hebdo, dans la partie réservée au courrier des lecteurs (qui, à mon humble avis, n'est pas toujours rédigée par des lecteurs), une contribution anonyme plagie un de mes billets à propos de l'indemnité de Sabrina Maurel-Alaux. Voici l'article (cliquez sur les images pour en avoir une vision agrandie) :

Mon blog copié.JPG

   Et voici l'extrait de mon blog :

Mon blog Maurel.jpg

   Comme vous pouvez le constater, il y a eu un petit travail de reformulation (et des coupes), mais on sent bien d'où vient l'inspiration. Bon, ce n'est pas grave, hein, mais  Le Ruthénois, dont se moque un lecteur publié juste à côté, avait eu, lui, l'élégance de nommer sa source quand il m'avait cité.

jeudi, 03 juin 2010

"Profilage", saison 2

   Cette série policière d'un genre particulier est donc de retour sur TF1. La première saison n'a pas duré très longtemps... mais on peut y regoûter progressivement, puisque chaque semaine, les deux nouveaux épisodes sont suivis d'une rediffusion de la première saison. (La première scène de Sans rémission est ainsi un petit délice -pas d'une éblouissante nouveauté, mais cela passe très bien- avec ce dialogue étrange en présence d'un chien, qui a l'air fort compréhensif. C'est l'une des raisons qui me font aimer cette série : ces moments de comédie légère, juste avant ou après une séquence plus "corsée".)

   On retrouve ce qui faisait le charme de la série l'an passé : bons scenarii (des polars avec fond psychologique où l'on ménage moult rebondissements), bons acteurs, personnages bien définis, avec ce commandant très carré, sa subordonnée aussi (qui est peut-être secrètement amoureuse de lui), le spécialiste des nouvelles technologies très djeunse, le médecin-légiste distingué et surtout la psychologue aux tenues abracadabrantesques (les chaussures horribles, mais je kiffe les collants)... sans oublier ce commissaire étonnamment proche de la jeune femme. Le tout est servi dans un bel écrin : le centre de Paris.

   On a fait évoluer les relations entre les personnages. C'est du passé de Chloé Saint-Laurent qu'il est question. On va finir par apprendre son vrai nom et une partie de son histoire. Des pistes scénaristiques sont ouvertes. Comme on voit la psy enseigner en fac, je sens qu'une histoire glauque va apparaître avec un étudiant pas tout net dans sa tête. Surtout, se "profile" à l'horizon quelque chose que j'avais senti venir dès la première saison : une relation particulière entre la psychologue criminelle et l'enquêteur viril. On nous y prépare doucement avec un adultère dont je ne parlerai pas et un rapprochement entre deux personnages.