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dimanche, 31 juillet 2016

Insaisissables 2

   Trois ans après le premier volet, nous retrouvons les quatre cavaliers et leur meilleur ennemi (incarné par Morgan Freeman)... avec toutefois un changement au niveau du premier rôle féminin (ainsi qu'au niveau de la réalisation). Côté nouveauté, on note aussi la présence de Daniel Radcliffe (qui tente -laborieusement- d'exister après Harry Potter)... et, surtout, une double dose de Woody Harrelson, puisque l'acteur interprète deux personnages, des (quasi) jumeaux antagonistes.

   Dès le début, on est plongé dans le monde de la magie et des faux-semblants, avec un jeu sur les mots "BELIEVE" et "LIE", puis sur "SAINT" et "THIEF". Le film se conclut dans le même esprit, avec un trompe-l'oeil, au sens propre comme au figuré.

   Sur l'écran, c'est superbe... un peu trop parfois. On a vraiment l'impression qu'on veut nous en mettre plein la vue. Néanmoins, l'intrigue ne démarre pas trop vite : on prend le temps de nous présenter la reformation de l'équipe, avec des tensions sous-jacentes... et quelques questions en suspens. La suite est une nouvelle version de l'arroseur arrosé. A l'image d'un magicien sûr de son talent, le réalisateur prend le soin de nous expliquer ses petits trucs, après qu'ils ont été exécutés... mais aussi parfois avant. Cela concerne en particulier le braquage de l'entreprise de haute technologie (un mélange de Google et d'Apple, avec un clone de Mark Zuckerberg en PDG), d'une grande virtuosité... même s'il faut faire preuve d'un peu d'indulgence pour accepter l'ensemble des péripéties.

   Mais le meilleur est à venir avec un nouveau basculement de l'histoire, que je me garderai bien de raconter. D'ailleurs, on nous ménage des surprises jusqu'à la fin, quand on croit que tout est terminé. Ce deuxième épisode est chargé d'expliquer certains aspects du premier... et de préparer le suivant.

   C'est un bon spectacle, parfois brillant, agrémenté d'une musique entraînante.

22:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 juillet 2016

Florence Foster Jenkins

   Presque trois ans après l'excellent Philomena, Stephen Frears s'est attaché à la vie d'une autre dame âgée torturée, la supposée cantatrice qui a déjà inspiré Marguerite l'an dernier. On a soigné la distribution, puisque le rôle-titre est interprété par Meryl Streep, son compagnon étant joué par Hugh Grant. La première en fait à mon avis un peu trop, le second parvenant à lui voler la vedette. Cela fait longtemps que je n'avais pas vu Grant aussi bon.

   Le ton du film oscille entre le comique et le pathétique, à l'image de l'opinion que les personnages ont de la vieille héritière. Beaucoup la trouvent ridicule, d'autres la trouvent touchante. Le réalisateur ne tranche pas quant à son degré de lucidité. Celle qui disait aimer la musique (et qui a enseigné le piano) était-elle consciente de chanter aussi mal ? On notera qu'il n'y a pas de critique féroce du fait que l'argent achète (presque) tout. Tout cela est présenté sur un ton badin, même quand le compagnon bigame joue au gangster ou au gigolo. Le personnage présenté le plus négativement est le seul critique musical qui ne se laisse pas acheter... et qui écrit ce qu'il pense.

   Deux autres prestations sont à signaler : celle de Simon Hellberg, en pianiste débutant, doué mais complaisant, et celle de Nina Arianda, en pulpeuse pétasse au grand cœur.

   Que dire d'autre ? Que la reconstitution est soignée, que les acteurs font bien leur boulot... mais que la voix de la chanteuse est vraiment exécrable ! Je ne suis pas un mélomane averti, mais j'ai quand même été choqué par le massacre de "l'air de la reine de la nuit" (extrait de La Flûte enchantée, de Mozart)... C'est quand même nettement plus joli chanté par Natalie Dessay. Le pire est que Meryl Streep s'est correctement inspirée du modèle, que l'on entend à la toute fin.

   C'est aussi une bonne comédie, avec, au cœur de l'intrigue, Hugh Grant... et une séquence de fiesta d'anthologie, dans le modeste appartement du mari, avec une bande de parasites et d'atypiques. Mais cela ne va pas plus loin.

mardi, 26 juillet 2016

Guerriers celtes du Midi

   C'est le titre de la nouvelle exposition temporaire, visible au musée Fenaille jusqu'au 6 novembre 2016. Elle est consacrée aux stèles et sculptures découvertes dans le sud de la France et datant de l'âge du Fer (grosso modo, du VIIIe au VIe siècle avant JC).

   Dès le départ, on est cueilli par une espèce de pierre cubique, curieusement gravée :

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   Ce n'est peut-être pas très visible sur la photographie ci-dessus, mais il s'agit d'un guerrier à cheval, portant soit une lance, soit un arc. On distingue mieux les détails sur place. C'est d'ailleurs l'un des intérêts de cette exposition : la qualité de la "mise en scène", avec des éclairages très bien disposés, qui permettent de distinguer beaucoup de détails peu apparents autrement.

   Dans la deuxième salle (après l'introduction), on peut voir une carte permettant de localiser les sites ayant livré des restes appartenant à ce groupe de gravures/sculptures de l'âge du Fer. Ils se trouvent dans trois actuelles régions administratives : Midi-Languedoc, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA, celle-ci concentrant la majorité des sites, notamment dans le département des Bouches-du-Rhône. L'Aveyron et le Tarn constituent la limite occidentale du phénomène (en l'état actuel des connaissances), avec trois emplacements dans notre département et un chez nos voisins tarnais.

   De prime abord, on serait tenté de rattacher ces découvertes aux célèbres statues-menhirs, pourtant beaucoup plus vieilles, puisqu'elles datent de 3500 à 2200 avant JC. Peut-être pas toutes, en fait. Certaines d'entre elles pourraient appartenir à un groupe plus tardif et faire le lien entre les anciennes productions et les nouvelles. Voilà pourquoi l'une des statues-menhirs du dernier étage a été descendue au sous-sol, pour être intégrée à l'exposition :

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   Elle a été découverte sur le site de La Verrière, sur le territoire de la commune de Montagnol, dans le Sud Aveyron, à proximité de Sylvanès. On pourrait aussi citer celle de Tauriac-de-Camarès, moins élaborée, mais dans le même style symbolique.

   Il semble qu'entre les statues-menhirs et les stèles, le sens ait évolué. Alors que les premières (masculines, féminines ou mixtes) sont associées aux communautés d'agriculteurs sédentarisés, cherchant peut-être à délimiter leur territoire ou à matérialiser l'appartenance à un groupe, les stèles de l'âge du Fer indiquent le passage à une communauté hiérarchisée, avec la formation d'une élite aristocratique... exclusivement masculine.

   Toutefois, il ne faudrait pas voir dans ces gravures/sculptures la représentation d'un défunt en particulier ni des objets qui sont associés à sa dépouille. D'ailleurs, seule une minorité de ces stèles est associée à une tombe. Selon les auteurs de l'exposition, il faudrait plutôt y voir le symbole d'un nouveau pouvoir, celui d'une lignée, peut-être représentée par un ancêtre héroïsé. Les objets dessinés sur ces stèles seraient les attributs de ce pouvoir.

   Curieusement, de nombreuses stèles sont apparemment lisses, sans marque visible. Peut-être avaient-elles pour seule fonction de matérialiser l'endroit d'un culte. Parfois, on distingue quelques gravures, certaines prouvant que l'entreprise Citroën a décidément des origines très anciennes !

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   Dans la troisième salle, il est surtout question du site de Touriès, sur le territoire de la commune de Saint-Jean-et-Saint-Paul (à proximité de Roquefort et de Saint-Affrique). On y a découvert une foultitude d'objets, notamment des stèles dressées datant évidemment de l'âge du Fer. Une exposition complémentaire lui est consacrée, au musée archéologique de Montrozier.

   La dernière salle est consacré aux troncs et bustes sur piliers, certains particulièrement ouvragés. Si vous voulez savoir ce qu'est un "cardiophylax", c'est ici qu'il faut vous rendre. Je recommande tout particulièrement la statue du Coutarel, trouvée dans le Tarn et prêtée, me semble-t-il, par le musée Toulouse-Lautrec. Elle est sculptée de face comme de dos... et même sur le côté !

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   Les parties face et dos ne dateraient pas de la même époque... ce qui expliquerait le sort subi par la partie face (que je vous laisse découvrir sur place).

   Il y a encore plein d'autres choses à voir dans cette exposition temporaire, mais aussi dans le reste du musée. On peut notamment y trouver une série d'oeuvres d'Auguste Rodin, consacrées à Marie, l'épouse de Maurice Fenaille. Celui-ci est le mécène à l'origine de la création du musée qui porte son nom. Rappelons qu'il a fait fortune dans l'industrie pétrolière. Féru d'arts et soucieux d'améliorer le sort de ses contemporains, il a permis à plusieurs musées (Le Louvre, Carnavalet, Les Arts Décoratifs...) d'étoffer leurs collections. Il a aussi financé la restauration du château de Montal (dans le Lot) et acquis le fameux Hôtel de Jouéry, à Rodez. Dans l'est de l'Aveyron, il a créé un sanatorium, devenu aujourd'hui un EPAD.

   Outre ces nouveautés, le musée mérite le détour pour sa collection de statues-menhirs, l'une d'entre elles ayant été installée il y a moins de deux ans. De là, on peut descendre à l'étage gallo-romain, puis aux salles médiévales et Renaissance.

   P.S.

   A la boutique du musée, on peut se procurer le catalogue de l'exposition consacrée aux guerriers celtes, vraiment très bien conçu :

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lundi, 25 juillet 2016

L'Engrenage - Mémoires d'un trader

   Les éditions J'ai Lu (une filiale du groupe Flammarion) ont profité de la sortie en salles du film L'Outsider pour rééditer (avec une nouvelle couverture) le livre que Jérôme Kerviel avait écrit au cours de l'instruction de son premier procès.

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   A sa lecture, on s'aperçoit qu'il a beaucoup inspiré le scénario du film de Christophe Barratier. On part de la découverte de ses prises de positions extrêmement risquées (et frauduleuses), avant de revenir en arrière. Le livre remonte plus loin que le film, puisqu'il évoque le parcours scolaire de Jérôme Kerviel. Mais il est plus discret sur sa vie sentimentale. Il semble que, dans l'adaptation cinématographique, le personnage incarné par Sabrina Ouazani soit un mélange de deux des amies du "héros".

   Au niveau du travail à la banque, c'est plus détaillé que dans le film. On comprend mieux en quoi cela consiste, même si je dois avouer que, parfois, j'ai un peu lâché prise. C'est quand même très technique pour un profane comme moi.

   Au détour d'une page, on se rend compte des petites modifications auxquelles on a procédé pour tourner le film. On a eu raison de couper, pour rendre l'intrigue plus lisible.

   Mais c'est la troisième partie de l'ouvrage qui m'a le plus intéressé : elle traite du parcours judiciaire de Jérôme Kerviel, de son arrestation à la veille de son premier procès (ce qu'on ne voit pas dans le film). Plus tôt dans l'ouvrage, le jeune homme a affirmé éprouver de l'admiration pour le juge Renaud Van Ruymbeke. La première partie de l'instruction semble l'avoir confirmé dans ce sentiment. Mais, plus le temps a passé, plus Kerviel a senti qu'il était considéré comme le coupable désigné. La Société Générale semble avoir "bétonné" les déclarations de ses employés, afin de rejeter toute la faute sur un seul homme : Kerviel. Les juges d'instruction auraient été abusés par les manoeuvres de la banque, qui aurait profité de leur mauvaise connaissance du fonctionnement d'une salle des marchés.

   On suit ce nouveau "présumé coupable" dans le tourbillon médiatique et la farandole des avocats, beaucoup n'ayant proposé leurs services que pour se faire de la publicité. De temps en temps, l'auteur se livre un peu plus : on sent qu'il est sorti de là complètement lessivé.

   Même si c'est un plaidoyer pro domo, ce livre n'en mérite pas moins le détour, pour la vision interne qu'il propose et pour le portrait d'une société (la nôtre) tombée dans le vertige de l'argent facile et des paillettes médiatiques.

   P.S.

   Le texte est (parfois) entrecoupé de documents, les plus nombreux figurant en fin d'ouvrage. Ce sont des courriels, des contrats ou des extraits d'autres types de documents. Ils sont là pour appuyer les affirmations de Jérôme Kerviel. Les plus saisissants sont ceux situés tout à la fin, anonymisés, qui évoquent les conditions dans lesquelles certains de ses anciens collègues ont négocié leur licenciement... et leur silence. Seul regret : dans la version de poche, les caractères de ces documents sont vraiment très petits.

dimanche, 24 juillet 2016

Elvis & Nixon

   Ce petit film brode à partir d'une rencontre qui s'est réellement produite, entre Richard Nixon (à l'époque président des États-Unis) et Elvis Presley, la star du rock, en 1970. Les États-Unis étaient en pleine guerre du Vietnam. A l'intérieur, le pays était agité par de multiples mouvements contestataires... et Elvis Presley (plus mûr qu'à ses débuts) était peut-être la vedette la plus connue du monde.

   C'est d'ailleurs une source de gags, puisque la star met les dames en émoi... et suscite l'incrédulité des hommes. La scène la plus drôle est sans conteste celle qui se déroule dans un aéroport, très tôt le matin, lorsqu'un pâle sosie du King apostrophe celui-ci, qu'il prend pour un concurrent, certes pas malhabile.

   J'ai aussi beaucoup apprécié la manière dont on nous raconte la mise en place de la rencontre, dont Nixon à l'origine ne voulait pas. Ce sont ses assistants (eux-mêmes fans d'Elvis) et les amis du King qui vont trouver le moyen de faire plier le chef du Monde Libre...

   A partir de là, tout est possible. L'arrivée d'Elvis et de ses amis à la Maison Blanche est particulièrement cocasse, avec un service de sécurité au bord de la crise de nerfs. Puis vient enfin la rencontre. Kevin Spacey est excellent en président conservateur roublard. Face à lui, Michael Shannon (vu récemment dans Midnight Special) est bluffant. Alors qu'il ne ressemble pas physiquement à Elvis, il réussit à nous faire croire à son personnage, très conscient de son aura, imbu de lui-même aussi... et très seul au fond. Il n'a que deux ou trois véritables amis, incarnés eux par des acteurs très ressemblants :

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   Et puis... au-delà de la possible candeur d'Elvis, il y a sa part de duplicité. Certes, il a pris l'initiative d'écrire une lettre à Nixon... mais, en dépit du patriotisme affiché, n'est-il pas surtout désireux de se procurer un authentique badge du F.B.I. ? Le film maintien l'incertitude quant aux véritables motivations du King.

   La fin ne manque pas de saveur non plus. Elvis accepte bon gré mal gré de se plier à la séance de photos. Nixon sort de l'entretien tout joyeux... et pense régler les problèmes posés par la Syrie et l'Irak en deux temps trois mouvements ! (Petit clin d’œil des scénaristes... Rappelons que l'action se déroule en 1970.) Et puis, soyez attentifs aux textes qui s'affichent juste avant le générique. On y apprend ce que sont devenus les personnages fort sympathiques que l'on a suivis pendant 1h25... Nombre d'entre eux ont mal tourné, preuve supplémentaire qu'il ne faut pas se fier aux apparences.

   P.S.

   D'un point de vue technique, j'ai été gêné, à quelques occasions, par l'image déformée de personnages situés aux extrémités de certains plans (notamment dans le bureau ovale). Je ne sais pas si c'est dû au film lui-même ou à la projection, défectueuse.

samedi, 23 juillet 2016

La Poste du Faubourg en vacances

   C'est la mauvaise surprise que les habitants de ce quartier de Rodez ont récemment découverte : la fermeture du bureau de Poste du 18 juillet au 31 août, soit pendant presque un mois et demi !

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   La commune de Rodez compte trois bureaux de poste et, à ma connaissance, seul celui du Faubourg subit ce traitement. J'ai bien conscience que la majorité des membres du personnel doit poser des congés les mois d'été, mais c'est le travail d'un bon gestionnaire des ressources humaines que de prévoir de gérer la boutique avec un effectif réduit, quitte à combler quelques trous avec des contractuels.

   De surcroît, il me semble qu'on fait tourner une partie du personnel sur plusieurs bureaux, un système qui devrait permettre de garantir une ouverture au Faubourg tout l'été.

   A moins qu'il ne s'agisse d'une stratégie délibérée de la direction locale de La Poste, pour commencer à habituer les habitants du quartier à une prochaine fermeture, une rumeur qui a déjà circulé en janvier dernier.

Le BGG

   Steven Spielberg a adapté le roman de Roald Dahl The BFG ("The Big Friendly Giant"), qu'il aurait été plus juste de traduire par "Le Grand Géant Gentil" (Le GGG)... parce que le géant en question est plutôt maigre, les gros géants de l'histoire étant les méchants. Il est tout de même sympathique : il a les traits de Mark Rylance (vu il y a quelques mois dans Le Pont des espions), qui confère à son personnage bienveillance et maladresse. Quoi qu'il en soit, ce géant doit rester inconnu des humains ; c'est pourquoi il enlève la petite Sophie, qui l'a vu.

   L'ambiance est un mélange des contes de Grimm et des romans de Charles Dickens : le merveilleux côtoie un réel parfois glauque (l'orphelinat) et l'héroïne, si je ne m'abuse, lit Nicholas Nickleby. (Ah, une enfant qui lit des bouquins... ça nous change des petites pétasses qu'on donne parfois comme modèles à nos gamines !) J'ai par contre été un peu désarçonné par l'ambiguïté du contexte historique. Les références précédentes évoquent plutôt le XIXe siècle... mais l'on voit des voitures (pas ultra-modernes, ceci dit) et même des hélicoptères militaires, à la fin. Au niveau politique, on aperçoit un portrait (sans doute ancien) de la reine Victoria et la souveraine qui apparaît dans la troisième partie de l'histoire est sans doute un décalque d'Elizabeth II (au XXe siècle), même si la vision du pouvoir royal est très datée.

   Pour moi, ces détails passent au second plan tant ce qui est projeté à l'écran est joli. Spielberg a construit une sorte d'enluminure animée, à mi-chemin d'ET et de certaines productions Disney. Les décors sont superbes, avec en particulier tout ce qui touche au repaire du géant gentil, qui cache bien des secrets. Magnifiques sont les scènes qui font intervenir les rêves et les cauchemars, que le géant capture dans des bocaux, avant de les envoyer, la nuit, dans l'esprit des gens endormis. Ils ont l'aspect de lucioles, mais des lucioles particulièrement agitées, qui, une fois dans les bocaux, prennent des formes étonnantes. (Soyez attentifs : l'une d'entre elles ressemble à un dinosaure poursuivant une proie... petit clin d'oeil de Spielberg !) La plus belle séquence du film est sans conteste celle qui se déroule "dans" le reflet d'un arbre. Je n'en dis pas plus : c'est sublime.

   Au niveau du scénario, j'ai un regret : que l'on n'ait pas plus creusé du côté d'un autre personnage. Je ne peux pas en dire trop, mais sachez que le Bon Gros Géant a déjà eu un compagnon par le passé...

   Et puis il y a cette séquence épatante, dans la résidence royale. Cela commence par les présentations, dans le jardin "à la française". Cela se poursuit par la scène du repas, un moment d'anthologie, tant sur la forme (la cohabitation des personnages de différentes tailles est très réussie) que sur le fond, avec les conséquences gastriques de l'absorption de la boisson gazeuse (le frétibulle) concoctée par le géant ! C'est l'occasion de remarquer qu'exceptionnellement chez Spielberg, plusieurs scènes sont marquées par un humour régressif ou "crade". Outre le champagne pétogène (gros succès dans la salle), on peut signaler les énormes concombres moisis, l'un d'entre eux permettant même à la jeune héroïne d'échapper à un méchant.

   Vu la tonalité de l'ensemble, je suis étonné qu'on n'ait pas programmé la sortie du film plutôt pour la fin d'année. C'est bien dans l'esprit de Noël. Et même si ce n'est pas un chef-d'oeuvre, c'est du bel ouvrage, à voir en ayant gardé un peu d'enfance en soi.

14:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 22 juillet 2016

Independence Day - Resurgence

   Il n'est pas indispensable d'avoir vu le premier opus pour suivre l'intrigue du deuxième (et sans doute pas second). Je n'ai jamais visionné (ni au cinéma, ni ailleurs) le gros succès de Roland Emmerich, mais j'ai quand même pris la peine, avant, de lire deux-trois choses sur le numéro 1. Cela permet de comprendre immédiatement quelles relations les personnages entretiennent entre eux. De ce point de vue, on n'est guère aidé par les dialogues, d'une grande platitude. Quand on pense à la carrière de plusieurs des acteurs présents au générique, on se dit qu'ils doivent avoir des fins de mois difficiles.

   Au niveau de l'intrigue, cela repart presque comme dans le premier film, avec une nouvelle invasion extra-terrestre, mais encore plus puissante et dangereuse. Les cinéphiles avertis repèreront les emprunts à Alien, à La Guerre des étoiles et à d'autres films catastrophe. Le jeu consiste à deviner qui va mourir, qui va sauver le monde et qui va se révéler meilleur qu'il(elle) n'est au début de l'histoire.

   La distribution veut contenter tout le monde. Dans ce présent alternatif (l'action se déroule en 2016), les humains ont mis fin à leurs querelles stériles, pour former un gouvernement mondial, dans lequel la présidente des États-Unis tient une place importante... (Coucou, Sela Ward des Experts Manhattan !) A l'écran, cela donne des héros américains, chinois, européens, africains. On a aussi pris soin de mélanger les générations. Les "vieux" spectateurs retrouveront avec plaisir certains acteurs du premier film. Pour intéresser le jeune public à ces nouvelles aventures, on a donné un rôle majeur à de nouvelles figures, comme le fils du pilote Hillel, la fille de l'ancien président des États-Unis et quelques autres personnages inventés de toutes pièces pour cet épisode. Tous sont des archétypes, que l'on retrouve dans nombre de fictions grand public.

   Le résultat ? Un bon film d'action, souvent trépidant, avec des effets spéciaux éblouissants, un gros travail sur les costumes et les décors, le tout servi par une musique adaptée. Certaines séquences sont même assez élaborées, comme le début sur la Lune ou le premier passage en Afrique. Cependant, globalement, c'est de la grosse caisse, qui ne s'embarrasse pas de subtilités. Un soir, après un bon repas, ça fait agréablement passer le temps.

   P.S.

   Je ne vais pas rallonger inutilement ce billet, mais je tiens à signaler que, pour savourer pleinement le spectacle qui nous est proposé, mieux vaut faire preuve d'indulgence à l'égard du scénario. Le plan d'ensemble est bien conçu mais, dans le détail, l'abus du "juste à temps" est pénible et certains problèmes se résolvent miraculeusement vite. Peu réalistes aussi sont les scènes faisant intervenir des "huiles". La manière dont les décisions sont prises et la mise en scène des règles de sécurité auraient mérité d'être davantage travaillées... mais on avait peut-être déjà dépensé tous les sous dans les effets spéciaux. Et même dans ce domaine, tout n'est pas réussi : la possibilité qu'un gigantesque vaisseau spatial (de 5000 kilomètres de diamètre, si j'ai bien compris) puisse se poser sur l'océan Atlantique, en prenant appui sur la côte est des États-Unis, sur Londres et sur Paris me paraît hautement improbable.

23:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La France russe

   C'est le titre du livre publié par Nicolas Hénin, un journaliste français qui a passé dix mois dans les geôles de l'Etat islamique il y a deux-trois ans. Très critique du régime de Bachar el-Assad, il s'en prend ici à l'influence qu'exerce l'un de ses principaux soutiens, la Russie de Vladimir Poutine.

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   L'auteur y déplore qu'en raison des actes terroristes qui ont frappé notre pays, les efforts du contre-espionnage français se soient massivement déployés dans une direction, négligeant les autres menaces, la première d'entre elle étant pour lui l'influence russe.

   Elle séduit différentes catégories de personnes, parmi lesquelles on trouve des gauchistes, qui voient dans la Russie actuelle l'héritière de l'URSS, alors que l'idéologie en place a complètement changé. Il y a aussi ceux qui, d'un point de vue géopolitique, trouvent pertinent de s'appuyer sur la Russie pour contrebalancer l'influence américaine. Il y a aussi tous ceux qu'une petite somme d'argent ou quelques honneurs habilement distribués suffisent à acheter. Et il y a surtout tout une mouvance de droite extrême et d'extrême-droite, séduite par le caractère autoritaire du gouvernement de Vladimir Poutine... voire par certaines idées nauséabondes qui peuvent circuler en Russie (et ailleurs).

   La propagande russe est donc véhiculée (parfois mot à mot... le livre propose quelques exemples) par des Français de bonne volonté, stipendiés ou pas, mais aussi par une galaxie d'associations et de sites internet liés au Kremlin. On notera aussi le rôle important de l'ambassadeur Alexandre Orlov, en poste à Paris depuis 2008, et qui, visiblement, sait se faire des amis. Nicolas Hénin cite les noms de quelques personnalités françaises particulièrement russophiles.

   Parmi celles-ci se distingue Thierry Mariani, député UMP originaire du Vaucluse (en région PACA), aujourd'hui représentant les Français de l'étranger. A l'Assemblée, il est vice-président du groupe d'amitié France-Russie, où il siège depuis plus de vingt ans. Certaines mauvaises langues ont un temps suggéré que c'est son épouse (depuis 2005) d'origine russe qui l'aurait fait basculer dans le camp poutinien. Il s'avère que l'intérêt du député pour la Russie remonte très loin, à l'époque de la Guerre Froide. En tout cas, à l'heure actuelle, il copréside (avec un proche de Vladimir Poutine) la principale organisation de lobbying russe en France, l'Association Dialogue Franco-Russe.

   Si le Kremlin s'est approché d'élus UMP, le courant n'est pas forcément bien passé avec Nicolas Sarkozy lorsqu'il était président. Cela m'amène à l'une des révélations de ce livre, à propos d'un "incident" s'étant déroulé lors du G8 d'Heiligendamm (en Allemagne), en 2007. La vidéo d'un président français supposé "pompet" a fait le tour de la Toile. En réalité, d'après une source anonyme (sans doute l'une des personnes qui accompagnait le président) qu'évoque Nicolas Hénin, Nicolas Sarkozy (qui ne boit quasiment jamais d'alcool), sortait d'un entretien houleux avec Vladimir Poutine. Le président français se serait montré présomptueux. En face, le président russe aurait été particulièrement menaçant (genre caïd de banlieue). D'ailleurs, en regardant attentivement la vidéo (ce qu'avait fait à l'époque une journaliste de Libération), on s'aperçoit que N. Sarkozy est un peu essoufflé... et estomaqué, sans doute par ce qu'il vient d'entendre.

   Au chapitre des révélations, on a une analyse approfondie de l'affaire du contrat Mistral. Vu la manière dont les choses avaient parfois été présentées à l'époque, j'avais eu l'impression que l'annulation n'était due qu'à la politique étrangère russe (dont l'impérialisme n'a pas grand chose à envier à celui d'Oncle Sam). A la lecture du livre, on réalise que le contrat signé sous Nicolas Sarkozy était très avantageux pour la partie russe... qui avait visiblement bénéficié de soutiens efficaces, côté français.

   Je pourrais continuer longtemps sur ce livre (d'une lecture agréable), qui évoque, entre autres, le financement russe du Front national (un vrai parti de l'étranger !), le projet de construction, au coeur de Paris, d'une église orthodoxe (soupçonnée d'être le paravent des services d'espionnage russes) ou encore les bobards véhiculés sur le conflit en Ukraine.

   On l'a compris, c'est globalement un livre à charge (argumenté), mais qui présente aussi le point de vue russe. A Moscou, on semble être un peu paranoïaque : on voit des ennemis partout. Au niveau des mentalités, il y a aussi un décalage : les dirigeants russes sont très conservateurs, notamment sur le plan des moeurs, et manquent de culture démocratique.

   Cela nous ramène au Moyen-Orient. La France a-t-elle raison de s'allier à la Russie, qui soutient le régime meurtrier de Bachar el-Assad ? N'est-ce pas là le pire message adressé aux civils musulmans... et une opportunité de recrutement offerte à l'Etat islamique ?

Lea

   Ce film italien rend hommage au combat de deux femmes, Lea Garofalo et sa fille Denise, qui ont tenté d'échapper aux griffes de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, très présente dans la pointe de la botte italienne, mais aussi dans le Nord, du côté de Milan (en Lombardie) :

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   L'histoire s'étend sur une trentaine d'années, de la naissance de la relation entre Lea et Carlo (dans les années 1980) jusqu'au procès qui s'est tenu au XXIe siècle. Le film s'achève sur un extrait d'images d'actualités, dont je ne peux révéler la teneur pour préserver un peu de suspens.

   Entre ces deux moments, on suit une jeune femme, dont le père est décédé et dont le frère a rejoint le gang du coin. Il a peut-être même de l'avenir dans l'organisation, à condition qu'il se plie à l'ensemble de ses règles. Sa frangine, elle, est du genre rebelle, avec un tempérament haut en couleur qu'on retrouve souvent chez les femmes méditerranéennes confrontées au machisme ambiant.

   On a du mal à comprendre pourquoi elle se maque avec l'homme de main de son frère, un gros nounours très prévenant... et qui va monter en grade. Dans la région, on n'est pas bien riche et l'engagement dans un groupe mafieux peut paraître enviable à certains jeunes hommes. Cette mini-fresque a donc aussi un aspect sociologique. Si ce sont incontestablement les victimes qui sont mises au premier plan (contrairement à ce qu'on a pu voir dans quantité de productions hollywoodiennes complaisantes), le portrait qui est tracé des "dominants" est assez fouillé.

   La seconde partie de l'histoire nous permet de suivre les pérégrinations de la mère avec sa jeune fille (que le papa voudrait récupérer). Sous protection de la police, elle va pas mal voyager en Italie et envisager même de refaire sa vie avec un autre homme, divorcé. Dans le même temps, sa fille mûrit vite, ayant senti le poids des pressions qui s'exercent sur les femmes dans le milieu mafieux.

   L'intrigue rebondit dans la troisième partie, dans un sens que je ne peux révéler. On aboutit à un procès, filmé de manière sobre et digne. Les sujets (graves) qui font l'objet des débats sont abordés dans toute leur complexité : le procès a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la 'Ndrangheta.

   Les actrices sont formidables et leurs collègues masculins sont très bons. Alors, oui, c'est une histoire assez dure, mise en scène de manière classique. Mais cela donne un film extrêmement fort.

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jeudi, 21 juillet 2016

L'Outsider

   Il n'est pas facile de voir ce film consacré à l'affaire Kerviel, sorti le mois dernier. Pourtant, le sujet est porteur et plusieurs acteurs renommés sont à l'affiche (en particulier François-Xavier Demaison et Sabrina Ouazani). C'est toutefois le moins connu du groupe qui m'a le plus impressionné : Arthur Dupont incarne un Jérôme Kerviel très crédible et tout en nuances. Signalons aussi la qualité des seconds rôles, interprétés par Mhamed Arezki (remarqué dans Candice Renoir), Benjamin Ramon ou encore Sören Prévost (le fils de Daniel).

   Le "héros" ne nous est pas présenté comme un ange ou un chevalier blanc de la finance. C'est d'abord un Rastignac du XXIe siècle, issu d'une famille modeste, qui tente de se faire une place au soleil. Cela nous vaut quelques scènes touchantes avec les parents, dont il s'éloigne peu à peu.

   Le film mérite le détour aussi pour la description du petit monde des traders, avec sa hiérarchie implicite, son arrogance et sa grossièreté. Le jeune Kerviel fait tache dans ce milieu où pullulent les fils à papa. Chacun est attaché à son statut : "trader", "assistant", "chargé du middle office"... Il existe aussi un service interne de contrôle des risques, subtilement surnommé "la Gestapo" par les traders... D'ailleurs, qu'est-ce qu'ils sont grossiers ! C'est vraiment une bande de beaufs, un comble pour des types (il y a très peu de femmes dans le "saint des saints") souvent bardés de diplômes.

   Concernant la spéculation elle-même, on n'apprend pas grand chose. Le réalisateur a reconstitué la salle des marchés et tente de faire saisir l'importance des tensions que le travail sur ordinateur crée. Pas facile pour les non-spécialistes de s'y retrouver. Le dossier de presse mis en ligne sur le site du distributeur tente de combler les vides.

   Comme grosso modo tout le monde sait à peu près comment cela va se terminer, l'intrigue prend la forme d'un thriller sentimentalo-financier. La vie personnelle du héros est bouleversée par son travail... dans lequel il prend de plus en plus de risques. Le propos du cinéaste n'est pas neutre : il est implacable pour la Société Générale, en particulier ses cadres, qui ont laissé Kerviel agir à sa guise tant que ça leur rapportait du fric et qui lui ont tout collé sur le dos quand la situation s'est dégradée. Au passage, le film laisse entendre qu'ils n'y comprenaient pas grand chose, tant les manoeuvres de Kerviel étaient alambiquées. On s'aperçoit aussi que ce travail de courtier s'apparente un peu trop souvent au jeu de casino, à ceci près qu'ici des milliards d'euros et des centaines de milliers d'emplois sont en jeu.

   Même si ce n'est pas une oeuvre magistrale, c'est un bon film de genre, qui tient parfaitement la distance.

mercredi, 20 juillet 2016

L'Age de glace V : les lois de l'univers

   Voici de retour la horde la plus sympathique du monde de l'animation. Au "noyau dur" originel se sont rajoutés deux personnages rencontrés dans le précédent film : Mémé (toujours aussi caractérielle) et Kira, la ravissante tigresse. On ne la voit hélas que très peu, les scénaristes n'ayant guère développé son idylle avec Diego. Seule une scène m'a marqué, celle qui nous montre la manière dont les deux félins sont perçus par les autres (petits) mammifères. C'est bien vu. Par contre, la grand-mère (de Sid) est souvent présente. Elle va même s'amouracher d'un lapin (!)... et, pendant un court instant, on va la découvrir telle qu'elle était 50 ans auparavant... choc garanti !

   Évidemment, Scrat est là, au début, au milieu, à la fin... et même après la fin (dans la première partie du générique). Comme dans La Dérive des continents, l'action du frénétique écureuil préhistorique est la source de gigantesques bouleversements, de la création de météores à un gigantesque mouvement de marée... référence biblique incluse ! Ces séquences sont pour moi les plus hilarantes, souvent truffées de références (aux Dix Commandements, à 2001, L'Odyssée de l'espace... et au programme Apollo) et très inventives (avec des jeux sur la gravité).

   L'autre personnage clé de ce cinquième volet est Buck, la belette rencontrée dans le troisième épisode. On le retrouve en pleine action, tentant de sauver l’œuf d'un herbivore, convoité par un trio de dinosaures volants méchants et un peu crétins. C'est un véritable moment de bravoure, tourné comme un plan-séquence, sur l'air de Figaro (dont les paroles ont été modifiées pour l'occasion). Les vieux téléspectateurs (amateurs de dessins animés) y verront un hommage... à Bugs Bunny, dont l'une des aventures s'appuie sur l'ouverture du même opéra, Le Barbier de Séville, de Rossini... opéra qui sert aussi de cadre à Long-haired hare ("Le Lièvre aux grands cheveux"), dans lequel Bunny le joueur de mandoline s'oppose au chanteur qui répète l'air de Figaro.

   Mais revenons à nos moutons (préhistoriques). Buck la belette dynamite une intrigue qui, sans lui, serait trop convenue : Pêche, la fille des mammouths, est désormais en âge de se marier... et elle a choisi un djeunse qui ne plaît pas trop au papa. (Il est toutefois moins déplaisant que les personnages d'adolescents mis en scène dans L'Age de glace IV.) Mais, bon, à partir du moment où l'on sait qu'il s'agit d'un film familial (dans lequel les mammouths incarnent les Américains moyens, obèses ou en surpoids), on doit accepter certains clichés.

   Fort heureusement, on retrouve aussi les deux rats sales et débiles, sources de plaisanteries pas vraiment fines. Quelques gags sont particulièrement réussis, comme lorsqu'il est question d'électricité statique ou lorsqu'on nous montre ce qui se passe dans la tête de Buck ! (Petit clin d’œil à Vice Versa ?) Enfin, alors que la fine équipe tente de trouver un moyen d'empêcher une météorite de détruire la planète, elle va faire une rencontre étonnante, celle d'un groupe de personnages très spéciaux, leur chef, d'une grande zénitude, étant... un lama !

   Si l'on ajoute à cela la qualité de l'animation, toujours impressionnante (observez notamment le pelage des mammouths et celui de Scrat), on passe un très bon moment... et j'ai du mal à comprendre les critiques qui ont fait la fine bouche.

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lundi, 18 juillet 2016

Tarzan

   Attention : cette nouvelle version cinématographique des aventures de l'homme-singe n'est pas une production Disney, mais de la Warner Bros. Ce n'est donc pas un film destiné au jeune public, que de nombreuses scènes risquent d'effrayer. D'une certaine manière, cet opus se veut plus fidèle à l'oeuvre d'Edgar Rice Burroughs (qui n'était pas très satisfait de la manière dont on avait adapté ses romans), dont je parlerai un peu plus loin.

   Deuxième écueil à éviter : ne pas s'attendre à ce que l'on nous raconte l'histoire à partir du début. L'intrigue commence alors que Tarzan (devenu Lord Greystoke) vit au Royaume-Uni, en compagnie de sa chère Jane. A plusieurs moments, au cours du film, des retours en arrière (en partie visibles dans la bande-annonce) vont nous rappeler ce qu'il s'est passé avant, de l'enfance du héros jusqu'à sa rencontre avec sa dulcinée.

   Ici, l'intrigue tourne autour de la conquête coloniale et d'une vengeance. Un chef de tribu africain veut mettre la main sur Tarzan et le tuer. Pour ce faire, il va s'appuyer sur la cupidité des Européens, dont l'action néfaste est dénoncée tout au long du film, qui fait un procès sans nuance de la colonisation. Les scénaristes ont aussi fait en sorte de donner l'image la moins négative possible des Africains, au risque de passer à côté d'une partie de la réalité historique des années 1884-1889. Les spectateurs pointilleux tiqueront aussi à certaines inexactitudes, la plus flagrante étant la référence à un roi de France... sous la IIIe République !

   A part le couple de héros, le seul Occidental montré positivement est... un Noir américain, ancien soldat nordiste durant la guerre de Sécession. (Ah, les gentils Zaméricains contre les méchants Zeuropéens !...) Samuel L. Jackson lui donne sa prestance et sa truculence.

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   Mais il n'est pas le personnage le plus marquant. Ce n'est pas non plus Tarzan, correctement incarné par Alexander Skarsgård, qui a acquis une musculature impressionnante... et de sacrées paluches, ce qui au passage le rend physiquement plus proche de l'être décrit jadis par Edgar Rice Burroughs. Tous ces acteurs passent au second plan, derrière le méchant le plus machiavélique de l'histoire, cet homme à tout faire du roi de Belgique, interprété (avec brio) par Christoph Waltz.

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   C'est donc un film d'aventures, avec ses grands espaces, ses mystères, ses complots et ses trahisons... mais aussi de l'amour et un peu de philanthropie. David Yates (auquel on doit plusieurs Harry Potter) est aux manettes. Toutes les scènes avec les animaux sont emballantes, qu'elles soient intimes (avec la maman gorille ou les félins) ou spectaculaires (avec les troupeaux en marche). Du côté des femmes, on a (heureusement) modernisé le schéma d'origine : Jane n'est plus cette jeune fille en fleur que tout effraie. Margot Robbie incarne (superbement) une femme de tête, qui partage avec Tarzan une certaine communion avec la nature.

   C'était le gros point faible du roman d'origine, qui date de 1912 et qui vient d'être réédité en collection de poche par les éditions de l'Archipel :

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   Jane y apparaît un peu godiche, qui n'ose guère se rebeller contre la domination masculine, hélas prégnante à cette époque. Au quotidien, elle est servie par Esmeralda, une Noire présentée comme particulièrement stupide, prompte à s'évanouir.

   Dans le roman, la vie du jeune Tarzan ("peau blanche") en compagnie des grands singes est décrite dans le détail... et c'est très violent. Les Africains avec lesquels le héros va entrer en contact ne bénéficient pas d'un meilleur traitement, bien au contraire : ils sont dépeints comme des êtres cruels, cannibales et adeptes de la torture.

   L'auteur (Burroughs) réussit à nous plonger dans le psychisme du garçon, qui devient un homme hors du commun. Hors du commun par le physique (ce que le film traduit partiellement). Hors du commun aussi par l'intellect, puisque, grâce aux affaires abandonnées dans la cabane de ses parents, il va réussir à apprendre à lire et écrire l'anglais... sans savoir le parler. (A ce propos, je me demande dans quelle mesure il est possible qu'un enfant qui n'a jamais entendu parler une langue humaine puisse l'apprendre, une fois devenu adulte.)

   La France occupe une place non négligeable dans l'intrigue. Le pays est d'abord montré comme un concurrent du Royaume-Uni dans la conquête de l'Afrique. Toutefois, lorsqu'un équipage français débarque dans la crique où certains personnages ont été abandonnés, ses membres sont présentés de manière très positive : ce sont des hommes courageux et serviables. De plus, la France va jouer un rôle important dans le changement de statut de Tarzan : il s'y familiarise au mode de vie occidental, y apprend plusieurs langues et y découvre un moyen de déterminer avec certitude son identité. La langue française est aussi à l'honneur, puisque le père de Tarzan l'utilise pour rédiger son journal... et que c'est la première langue que l'homme-singe va apprendre à parler, avant de passer à l'anglais.

   Quant à la fin de ce premier volume (Burroughs en a écrit une trentaine, plusieurs ayant été mis à contribution pour construire l'intrigue du film), elle est ouverte. L'histoire s'interrompt non pas au Royaume-Uni, mais aux Etats-Unis, alors que Jane a beaucoup de mal à choisir l'homme avec lequel elle va passer sa vie.

dimanche, 17 juillet 2016

Apprentice

   Ce film singapourien (en réalité une coproduction internationale) a été présenté au dernier Festival de Cannes, dans la section Un certain regard. L'intrigue est centrée sur le personnage de "l'apprenti", cet ancien soldat, encore jeune, devenu gardien de prison, dans un établissement qui pratique les exécutions capitales (par pendaison).

   Il y a donc un aspect documentaire dans cette histoire. On découvre à la fois le travail des gardiens de prison asiatiques et celui du bourreau, très technique. La question de la peine de mort est abordée de manière froide, sans le militantisme lourd de certains abolitionnistes occidentaux. Le réalisateur nous présente une série de condamnés, sans trop creuser du côté du motif de condamnation. (On remarque quand même que les crimes liés à la drogue sont très présents.) Ce sont des hommes et des familles que l'on nous montre. En face, le portrait du bourreau est sensationnel, avec un acteur très charismatique (Wan Hanafi Su).

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   Mais le plus impressionnant est sans conteste Fir Rhaman, un très bon choix que ce jeune homme à la fois musculeux et torturé de l'intérieur, qui nous fait pleinement croire à son personnage.

Corde 1.jpg   Le jeune homme, plutôt du genre taiseux, a quelques secrets. Devenir gardien dans cette prison-là n'était pas le fruit du hasard. Si l'on découvre assez vite ce qui, dans le passé, explique son parcours, on n'est pas plus avancé quant à ses motivations profondes. Cela maintient le suspens jusqu'à la fin, sans que cela ne génère une tension extraordinaire.

   Dans le même temps, on suit le jeune homme dans sa vie quotidienne. Apparemment, il n'a plus ses parents. De ses ascendants, seule la grand-mère maternelle semble encore en vie. Le héros habite avec sa soeur aînée, avec laquelle les relations sont compliquées.

   Le milieu professionnel dans lequel évolue le jeune homme est aussi l'objet d'une étude. On y emploie deux langues, le malais et l'anglais. La seconde est la langue officielle de Singapour, celle que maîtrisent parfaitement les gradés (souvent d'origine chinoise), qui ont suivi des études supérieures, tandis que les autres sont d'ethnie malaise. Dans les conversations, les deux s'entremêlent quelques fois.

   Ajoutons que l'image est soignée, avec de beaux contrastes d'ombres et de lumière, que l'on doit au directeur de la photographie (français) Benoît Soler. L'originalité de certains plans tient aussi au positionnement de la caméra et au cadrage. On sent que la mise en scène a été travaillée. Cela donne encore plus d'intérêt à ce film en apparence modeste, mais d'une force indéniable.

23:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Une "vieille" affaire aveyronnaise

   Il en est question dans le dernier numéro de L'Hebdo, paru vendredi 15 juillet. Les débuts remontent à une dizaine d'années. Je dois dire qu'à l'époque, je suis passé complètement à côté de cette histoire, qui n'a pas dû faire la Une de la presse locale.

   De quoi s'agit-il ? D'un conflit entre ce qui était à l'époque le Conseil général de l'Aveyron (aujourd'hui Conseil départemental) et une société de conseil (privée), Labhya. Celle-ci a été créée en 2001 par un Aveyronnais revenu au pays, Frédéric Soulié. En 2002, elle acquiert un laboratoire, qui va finalement s'installer à Flavin (juste à côté de Rodez). C'est ce laboratoire qui va rencontrer quelques difficultés avec le Conseil général, difficultés qui ont débouché sur une procédure judiciaire.

   Comme ce sont les décisions d'une collectivité territoriale que Labhya a contestées, c'est devant le Tribunal administratif de Toulouse que l'affaire a été portée. Celui-ci a donné raison au Conseil général. Labhya a fait appel. Le 13 octobre 2011, la Cour administrative d'appel de Bordeaux a donné raison au laboratoire. D'une part, elle a invalidé le jugement du tribunal toulousain (qui avait rejeté le recours de Labhya pour des questions de forme). D'autre part, sur le fond, la Cour a estimé que la société d'économie mixte créée sous l'impulsion du Conseil général de l'Aveyron n'était pas encore légalement constituée au moment de l'appel d'offres et que donc elle n'aurait pas dû y répondre ni bien sûr l'emporter. De surcroît, les règles d'équité n'ont pas été respectées entre les deux candidats.

   L'histoire ne s'arrête pas là. Mécontent de ce jugement, le Conseil général a porté l'affaire devant le Conseil d'Etat, dont la décision a été rendue le 19 décembre 2012. (Centre Presse l'a évoquée, sur sa page Facebook.) Elle confirme totalement le verdict de la Cour de Bordeaux. Les dépens auxquels le Conseil général est condamné passent de 2000 à 3000 euros.

   Notons que la décision a fait jurisprudence. Elle est désormais citée dans des revues juridiques. Un prof de droit grenoblois lui a même consacré une chronique, en 2013 (voir page 4 de son CV).

   Et ce n'est pas (encore) terminé ! Si Labhya a obtenu le remboursement de ses frais de justice, le labo n'est (à ma connaissance) pas parvenu à décrocher le marché convoité. Il entend donc être dédommagé. (Notons que cette affaire ne semble pas avoir entravé le développement de Labhya. D'après le Journal de la CCI aveyronnaise de janvier dernier [page 11], entre 2003 et 2016, l'entreprise est passée de 5 à 30 personnes et le chiffre d'affaires a quasiment septuplé.) Quant à la SEM Aveyron Labo, elle existe toujours, mais sous le statut de Groupement d'Intérêt Public.

   Et puis... je me suis demandé s'il n'y avait pas des implications politiques à cette histoire. Pour cela, il faut remonter aux élections municipales de 2008 (auxquelles j'avais consacré un billet peut-être parfois inutilement acerbe). Frédéric Soulié (le patron de Labhya, à l'époque en conflit avec le Conseil général, dirigé par une coalition UMP - divers droite) avait monté une liste classée à droite (sur laquelle figurait, en dernière position, le maire sortant, Marc Censi)... alors que l'UMP soutenait sa propre liste (menée par Régine Taussat et Bernard Saules). On peut penser que cette liste avait le soutien de la Majorité départementale, celle qui avait décidé la création de la société d'économie mixte qui avait indûment décroché le marché. Marc Censi n'aurait pas voulu laisser les clés de "sa" ville (et de l'agglomération) à un groupe trop proche de l'ancien président du Conseil général Jean Puech, qu'il déteste. Comme la liste menée par le socialiste Christian Teyssèdre l'a emporté dès le premier tour, on ne saura pas si une réconciliation était possible.

   Pour cela, intéressons-nous aux élections cantonales de 2008, sur le canton de Rodez-Ouest. Christian Teyssèdre l'a largement emporté, au second tour, sur un candidat Nouveau-Centre, Jean-François Théron (ancien adjoint de Marc Censi). Au premier tour avait été éliminé (notamment) Bruno Astoul, soutenu par l'UMP (et fils de Michel, qui fut le premier adjoint de... Marc Censi). Or, celui-ci figurait en 10e position sur la liste Taussat (aux municipales), alors que J-F Théron était placé 33e sur la liste Soulié. L'étendue de la victoire de Christian Teyssèdre (au second tour) n'était peut-être pas due qu'à l'engouement qu'il a suscité : entre les deux tours, la participation a perdu 2 000 voix, dont beaucoup de droite, qui ont sans doute manqué à Jean-François Théron.

samedi, 16 juillet 2016

The Strangers

   Ce polar d'épouvante porte à l'origine le titre Gokseong, du nom du district sud-coréen dans lequel se déroule l'action. Il se trouve dans le sud-ouest du pays, loin des grands centres urbains, dans une région encore très boisée où l'inexplicable peut se produire...

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   On suit le travail d'un duo de policiers assez bas de plafond et pas très durs à la tâche. Une série de meurtres horribles vient déranger leur routine quotidienne. Pendant au moins une heure, on se demande quelle en est la cause : un tueur en série, une intoxication alimentaire ou une intervention surnaturelle ? L'un des suspects est un vieux Japonais, qui vit seul dans la montagne et ne semble rien redouter. Lorsque la fille de l'un des policiers est à son tour touchée par un mal mystérieux, l'intrigue dérape dans le paranormal, avec d'explicites références (notamment) à L'Exorciste.

   C'est le moment de souligner l'excellente composition de la meilleure actrice du film, la gamine, aussi crédible en petite fille modèle qu'en enfant soudain très mûre pour son âge puis en possédée. Je suis beaucoup moins satisfait de la prestation de l'acteur principal, qui en fait des tonnes. D'abord, son personnage m'est assez antipathique : c'est un gros beauf, le petit roi d'une famille où ce sont les femmes (son épouse et sa belle-mère) qui se tuent à la tâche, pendant que monsieur ne pense qu'à faire la sieste, s'empiffrer et, accessoirement, culbuter sa maîtresse. De plus, au cours de l'histoire, son évolution n'est guère crédible : de père absent (qui achète le silence de sa fille à l'aide de multiples cadeaux), il devient défenseur héroïque de la vie de sa progéniture. Et qu'est-ce qu'il chiale !...

   Au moins, c'est bien filmé. On a droit à un bon film gore, avec un suspens qui tient la route. Mais, au bout de deux heures, on tombe dans le grand-guignol. C'est surjoué et, quand on rit, c'est du ridicule de certaines situations pourtant présentées de manière sérieuse. La dernière demi-heure m'a toutefois agréablement surpris, avec la mise en parallèle de trois scènes, une se déroulant au domicile du policier, une autre dans les rues de son village, la troisième dans une grotte. C'est très bien vu, mais, d'un point de vue scénaristique, l'intrigue s'achève dans une impasse.

 

POURQUOI LE SCÉNARIO EST UN GROS FOUTAGE DE GUEULE

(ATTENTION, JE DÉVOILE CERTAINS POINTS-CLÉS DE L'INTRIGUE)

 

   A la fin, même les plus décérébrés des spectateurs ont compris que le Japonais est une incarnation du diable (dommage... j'aurais bien aimé que les préjugés xénophobes des habitants soient battus en brèche). Donc, le chaman n'est a priori pas son allié, puisqu'il a failli le mettre hors d'état de nuire par son exorcisme traditionnel. Cependant, à cette occasion, on réalise que les sorts jetés par le démon permettent aussi de "retirer" du circuit les habitants infectés, devenus des zombies (autre référence cinématographique). C'est donc contradictoire... tout comme le comportement dudit chaman à la toute fin, qui le voit agir comme le démon (il prend des photos des victimes). Peut-être est-ce alors la femme en blanc qui est du "bon" côté. Ses sortilèges semblent pouvoir contrecarrer la possession... mais on nous la montre odieuse avec le chaman, qui la croit complice du démon... avant que la femme elle-même ne dénonce le Japonais et ce chaman en discutant avec le policier. N'est-elle pas aussi un esprit manipulateur ?

   En réalité, il ne faut pas y chercher une mécanique bien huilée. C'est du n'importe quoi et c'est dommage, parce que le film a une grande force visuelle. Mais, comme The Chaser il y a quelques années, il manque de rigueur.

23:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 15 juillet 2016

La Grande Vadrouille

   C'est l'un des films que j'ai le plus vus (avec Le Père Noël est une ordure, Blade Runner et Pulp Fiction)... mais, jusqu'à il y a peu, jamais au cinéma. C'est désormais chose faite, avec la ressortie en salle d'une copie restaurée. Le cinéma de Rodez s'en est procuré une.

   On retrouve avec plaisir certaines scènes cultes, comme celle des bains-douches (d'une réjouissante et forte ambiguïté, pour l'époque), celle de la poursuite avec les citrouilles ou encore celle de la nuit à l'hôtel, avec l'interversion des chambres. Les gags fonctionnent toujours, notamment grâce à l'abattage de Louis de Funès (alors que le jeu de Bourvil a plus mal vieilli). On remarque aussi la qualité des seconds rôles, qui donnent de la vie et même de la truculence à de nombreuses scènes.

   Sur le plan visuel, on a vu beaucoup mieux depuis. De plus, les trucages sont très visibles. Il ne me semble pas que la restauration apporte grand chose ; elle a sans doute eu pour objectif principal de sauvegarder le film. On risque aussi d'être déçu si l'on attend de cette comédie une analyse approfondie de l'Occupation. C'est ultra-schématique, parfois même invraisemblable ou erroné... mais on ne vient pas voir l'adaptation d'une thèse de troisième cycle. Notons cependant que les scènes d'action sont bien conçues.

   Cette ressortie est l'occasion d'entre apprendre plus sur la petite histoire et ses protagonistes. Même France Culture s'y est mise, c'est vous dire ! A ceux qui ne l'auraient jamais remarqué (ou qui l'auraient oublié), signalons par exemple que la fin a été tournée en Lozère (donc bien plus au sud que l'endroit indiqué dans l'intrigue)... et que ce n'était pas la conclusion prévue à l'origine. Gérard Oury avait envisagé une autre fin (plus logique à mon avis), à laquelle il a dû renoncer pour des raisons budgétaires.

   En ces temps troublés, cette petite cure de jouvence fait du bien !

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mercredi, 13 juillet 2016

Ninja Turtles 2

   Moins de deux ans après le succès du premier volet de la nouvelle série, on retrouve les tortues les plus évoluées et les plus crétines du monde cinématographique. Figure aussi au casting la pulpeuse Megan Fox, moins transparente que dans le précédent opus. Par contre, on ne voit que très peu le "gourou" Splinter. Toutefois, à l'occasion de l'une de ses rares apparitions, il nous gratifie d'une jolie démonstration de son savoir-faire (celle-ci faisant l'objet d'un mauvais tour joué par les tortues à leur nouvel ami).

   C'est d'ailleurs l'un des atouts de cette histoire sans trop de surprises : l'humour. Cela commence durant un match de basket-ball, auquel assistent en secret les héros mutants. Evidemment, l'un d'entre eux va faire une connerie, qui bouleverse le cours du match... et nous vaut une première course spectaculaire et comique. C'est du bon boulot.

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   Mais la séquence la plus impressionnante (et drôle) est sans conteste la poursuite avec le camion-benne, transformé en merveille de technologie par l'intello de la bande. Comme il n'est pas encore tout à fait au point, certaines commandes dysfonctionnent... pour notre plus grand plaisir. Là encore, le plus jeune du groupe va commettre une grosse gaffe. Ces gags s'insèrent parfaitement dans une séquence remplie d'action, avec des motards et même un vaisseau spatial, qui intervient dans l'évasion du méchant Shredder. C'est l'occasion pour nous de découvrir un nouveau super-vilain, Krang, à l'apparence bien dégueulasse... et qui (au début) ne maîtrise pas tout à fait l'enveloppe robotique dans laquelle il s'est implanté !

   Une autre bonne surprise de cet épisode est l'arrivée de deux nouveaux acolytes de Shredder, Bebop et Rocksteady, deux petites frappes, limite des losers, qui deviennent redoutables à partir du moment où ils ont subi une "légère" transformation. Cependant, l'amélioration de leur génome n'a pas débouché sur celle de leur intelligence : ils sont toujours aussi crétins... et c'est très bien ainsi ! Ces deux caïds sont moches, sales, avec un bide proéminent... et amateurs de plaisanteries pas fines.

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   Sur le fond, l'intrigue pose la question de l'acceptation par le grand public des personnes "anormales". Les tortues doivent-elles sortir de leur anonymat ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'elles se débarrassent de leur apparence disgracieuse, quitte à perdre leurs pouvoirs ? Ces questions vont diviser la joyeuse bande, que l'adversité va contribuer à ressouder.

   Vivement le numéro 3 !

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Du Nutella customisé

   Récemment, j'ai contribué à relancer la consommation des ménages. Dans le chariot (que je poussais avec puissance et dignité) s'est retrouvé un étrange pot de Nutella, aux couleurs de l'Euro 2016 de football :

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   Notez la disposition des représentants nationaux. Les Français sont en grand, au sommet, entourés des Italiens et d'un Portugais. A l'opposé se trouve un Allemand. Les commerciaux du groupe Ferrero ont eu du nez, puisque la finale du dernier championnat d'Europe a opposé (comme personne ne l'ignore) la France au Portugal. On remarque que seuls douze pays sont représentés : outre les précédemment cités, on trouve la Belgique, l'Autriche, la Roumanie, la Pologne, la Russie, l'Espagne, l'Angleterre et peut-être l'Irlande du Nord (ou la Turquie).

   Qu'en est-il dans les autres pays ? Je n'ai trouvé des pots aux couleurs de la compétition que dans trois pays. Bien entendu, l'Italie figure dans le lot :

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   En Allemagne, la présentation est plus sobre :

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   La palme de l'originalité revient au "pot belge", qui existe sous deux versions, égalité des sexes oblige :

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   En creusant un peu le sujet, je suis tombé sur un article publié à l'occasion du décès de Michele Ferrero, la "père" du Nutella. On y apprend que les Français sont les plus gros consommateurs mondiaux de la pâte à tartiner chocolatée, devant les Allemands, les Italiens et les Suisses. Quant à la Belgique, elle occupe aussi une place à part : le Nutella y détient plus de 50 % de parts de marché, le groupe Ferrero y possède une importante usine... et l'équipe des "diables rouges" faisait partie des favoris, avant le début de la compétition.

mardi, 12 juillet 2016

L'Aigle et l'enfant

   Ce film mélange la fiction et le documentaire, une histoire "humaine" et une histoire animalière, celle-ci tournant autour des aigles. Le tout a été filmé principalement dans les Alpes autrichiennes (et italiennes), ainsi que dans un studio, où l'habitat naturel des aigles a été reconstitué, pour suivre la croissance des petits, comme on l'apprend dans le passionnant dossier de presse publié par le distributeur.

   Je fais partie de ceux qui considèrent l'intrigue comme secondaire. Les acteurs ne sont d'ailleurs pas exceptionnels, avec un Jean Reno qui nous la joue Tchéky Karyo sortant (fatigué) du tournage de Belle et Sébastien. Dans le rôle du père, Tobias Moretti ne m'a pas plus convaincu. Heureusement, Manuel Camacho (Lukas) fait meilleure impression. Il s'en sort même très bien avec les animaux, résultat sans doute de son travail préparatoire dans une fauconnerie.

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   Le principal intérêt du film réside dans son aspect documentaire. Les paysages sont magnifiques, quelle que soit la saison. Les animaux, sauvages ou domestiqués, sont très bien mis en valeur, soit par les vues d'ensemble, soit par les (très) gros plans. La production a même mis au point une mini-caméra spéciale pour filmer les aigles. Le résultat est saisissant.

   Dès le début, on est captivé par la naissance de l'aiglon et la jeunesse des deux petits. Superbes aussi sont les scènes aériennes. On est évidemment attendri par la maladresse et la faiblesse des aiglons, l'un d'entre eux, tombé du nid, étant recueilli par Lukas, le garçon orphelin de mère qui semble reporter sur Abel l'affection qu'il aurait aimé dispenser à sa maman. Tant qu'il est dépendant du garçon pour son alimentation, l'aiglon joue en quelque sorte le rôle d'un chat domestique, étrangement affectueux, à la fois précautionneux et maladroit, parfois capricieux.

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   L'intérêt animalier ne se limite toutefois pas aux aigles. Au détour d'une scène, on croise des marmottes, une souris, des renards, un loup, des chamois... et même un cerf. A l'écran, c'est d'une beauté incroyable, d'autant plus qu'on a soigné la partie sonore. On en oublierait volontiers l'intrigue, tant l'évolution des animaux dans leur milieu naturel captive l'attention.

   Certaines scènes sont vouées à rester dans les mémoires, comme celle qui voit un aigle faire sa toilette dans un lac de montagne (un événement pas du tout prévu par les équipes de tournage) ou encore cette chasse au chamois, digne des meilleures cascades hollywoodiennes. (La production signale qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage.)

   Sur le fond, l'histoire n'est pas idiote. Sans en dévoiler trop, je peux dire que la rivalité entre les deux frères à plumes est résolue de manière intelligente. De plus, au contact de l'aiglon et du garde-forestier, Lukas va mûrir. Il parvient enfin à faire son deuil et accepte que "son" animal domestique retourne à l'état sauvage, le plus adapté à son mode de vie. Le paradoxe est que ce discours "éthologique" est mis en scène en grande partie avec des animaux dressés. Mais le film mérite vraiment le détour.

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lundi, 11 juillet 2016

La Tortue rouge

   Cette animation franco-belgo-japonaise (avec les studios Ghibli) a été présentée au dernier festival de Cannes, où elle obtenu le prix spécial du jury d'Un Certain Regard. Sa sortie en salles a donc été logiquement accompagnée d'une pluie d'éloges.

   Attention toutefois : c'est plutôt destiné aux adultes... et il n'y a aucun dialogue, pendant 1h20 ! Cela passe sans problème, parce qu'un gros travail a été effectué sur les sons. On entend donc les bruits de l'océan, du vent dans les arbres, les cris des animaux etc. A l'écran, l'image est de très bonne qualité, avec un gros travail notamment sur les reflets. (Notons que le chef animateur, Jean-Christophe Lie, a réalisé le plaisant Zarafa.)

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   L'histoire est quasi philosophique. On suit la vie d'un homme, de son échouage sur une île déserte à son décès. Dans un premier temps, on rit de ses efforts pour se débrouiller sur l'île, et tenter de la quitter. On apprécie aussi les apparitions (souvent comiques) des petits crabes. Dans un second temps, une relation particulière va se nouer avec une tortue rouge. Quelques péripéties viennent jalonner une intrigue un peu trop prévisible parfois : la chute dans une crevasse d'eau, un tsunami. Cela donne un film agréable à suivre, mais qui ne m'a pas plus emballé que cela.

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J'EXPLIQUE POURQUOI DANS LA SUITE DU BILLET, MAIS J'Y DÉVOILE AUSSI DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE

 

   On a parlé d'un hommage à la vie humaine. Il ne nous en est proposé qu'une vision, celle du couple hétérosexuel. De surcroît, ce couple n'a qu'un enfant, une possibilité à laquelle on ne peut pas croire étant donné l'absence de moyens (sanitaires, contraceptifs) qui marque la situation des humains sur l'île. On va me trouver trop terre-à-terre, mais reconnaissons qu'il faut faire preuve d'une certaine indulgence pour accepter toutes les ellipses et licences poétiques dont est émaillé le récit.

   Et puis, on résume la vie humaine à la formation d'un couple et la "production" d'une descendance, ce qui me paraît très réducteur. Ces aspects, s'ils n'effacent pas la qualité de l'animation et la beauté de certains plans, en limitent quand même l'intérêt.

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dimanche, 10 juillet 2016

Irréprochable

   A priori, on est tenté de penser que l'adjectif qualifie la trouble héroïne Constance (Marina Foïs, césarisable... mais cela sera dur face à l'Isabelle Huppert de Elle). Bien qu'au chômage, elle reste une battante, qui entretient soigneusement corps, s'habille bien et ne perd pas le contact avec son milieu professionnel. On sent qu'elle est même prête à "payer de sa personne", si vous voyez ce que je veux dire...

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   Le grand intérêt de l'histoire est de nous faire découvrir, par petites touches, d'autres aspects de sa personnalité, qui écornent un peu le tableau. Ainsi, dans la seconde moitié du film, on apprend des choses qui donnent du recul vis-à-vis de certaines scènes du début. L'opinion des spectateurs suit le cheminement inverse concernant sa concurrente, Audrey. Au départ, on la voit avec les yeux de Constance, qui d'instinct déteste cette (ravissante) jeune femme, adepte de la mini-jupe et qui accepte un statut très précaire pour décrocher le job. Au fur et à mesure que l'intrigue progresse, on la découvre sympathique, bosseuse, compétente, pleine de doutes quant à sa relation avec un petit copain expatrié en Russie. C'est peut-être bien elle qui mériterait le qualificatif d'irréprochable. Dans le rôle, Joséphine Japy (remarquée dans Cloclo) est parfaite.

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   Au second degré, à plusieurs reprises, j'ai senti comme une drôle de relation entre les deux actrices. Elles sont un peu dans la situation de leurs personnages, à ceci près que, pour l'instant, c'est "la vieille" Marina Foïs qui tient le haut de l'affiche.

   Il faut dire qu'elle est impressionnante. Elle est pleinement entrée dans le rôle et réussit à nous faire toucher du doigt toute l'ambiguïté de son personnage, à la fois victime et prédatrice. On pense inévitablement au Couperet, de Costa Gavras, avec José Garcia (un autre acteur issu de la comédie qui s'est révélé dans un registre dramatique).

   Face aux deux femmes, deux hommes tirent leur épingle du jeu. Jérémie Elkaïm (déjà très bon l'été dernier dans Les Bêtises) incarne l'objet du désir, l'ex-copain de Constance, désormais père de famille, mais toujours aussi gentil et craquant (les dames se sont pâmées à plusieurs reprises dans la salle). A l'opposé, Benjamin Biolay est une enflure, l'amant menteur et violent. Il le fait très bien !

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   Sur fond de crise économique, ce polar sociétal est une excellente surprise, d'autant plus qu'il s'agit d'un premier film, signé Sébastien Marnier. Un nom à retenir.

samedi, 09 juillet 2016

L'équipe de France de la diversité

   C'est la conclusion à laquelle on arrive quand on analyse la composition de l'effectif (les 23) sélectionné par Didier Deschamps pour l'Euro 2016 de football. En complétant les informations glanées sur le site de L’Équipe par des recherches complémentaires, on fait même quelques trouvailles.

   La première remarque est que cette équipe est composée massivement de joueurs nés en France (20 sur 23). Les trois nés à l'étranger (Patrice Evra au Sénégal, Samuel Umtiti au Cameroun et Steve Mandanda en République Démocratique du Congo) sont arrivés très jeunes en France (avant l'âge de trois ans). Il n'y a donc pas de naturalisés de complaisance dans ce groupe. Notons que 19 des 20 joueurs nés en France ont vu le jour en métropole (dont 1 en Corse : Adil Rami), le vingtième (Dimitri Payet) étant originaire de La Réunion.

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   L'outremer est en réalité davantage présent dans l'effectif. En effet, Anthony Martial est né dans l'Essonne de parents martiniquais, tandis que Kingsley Coman est né à Paris de parents guadeloupéens. Cela nous amène à nous intéresser aux départements métropolitains de naissance de 19 des 23 sélectionnés.

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   Sans surprise, la région Ile-de-France domine, avec 7 joueurs (2 de Paris, 2 de Seine-et-Marne, 1 d'Essonne, 1 des Hauts-de-Seine et 1 de Seine-Saint-Denis). Sinon, tous les coins de l'Hexagone sont représentés, sauf la Bretagne.

   En piochant un peu plus, je suis tombé sur des informations portant sur les ascendants (parents, grands-parents) des joueurs. 8 d'entre eux ont des parents étrangers et 4 autres ont au moins un grand-parent étranger. Cela donne la carte suivante, avec, en rouge, les pays d'origine des parents, et, en jaune, les pays d'origine des grands-parents non français :

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   Sans surprise, l'Afrique domine chez les parents étrangers. Ceux de Moussa Sissoko et de N'Golo Kanté sont maliens. Ceux d'Adil Rami sont marocains. Ceux de Paul Pogba sont guinéens. Ceux de Blaise Matuidi sont angolais. Ceux d'Eliaquim Mangala sont congolais (de R.D.C.). Enfin, le père de Bacary Sagna est sénégalais. Complète le tableau Hugo Lloris, dont le père est originaire d'Espagne, plus précisément de Catalogne.

   Quand on remonte jusqu'aux grands-parents, les résultats changent. Ainsi, c'est l'Europe qui est l'origine la plus fréquente. Sachez qu'Olivier Giroud a deux grands-mères italiennes, que Laurent Koscielny a un grand-père polonais... et que la nouvelle icône du football français, Antoine Griezmann, a deux grands-parents (du côté maternel)... portugais ! La palme de l'origine la plus exotique revient à Yohan Cabaye, dont l'une des grands-mères est d'origine vietnamienne.

   Qu'en est-il de ceux qui jouent le plus ? Prenons l'exemple de la récente demi-finale, contre l'Allemagne. Deux des trois joueurs nés à l'étranger se trouvaient sur le terrain, tout comme six des huit joueurs (remplaçants inclus) qui ont au moins un parent étranger. Les quatre joueurs qui ont au moins un grand-parent étranger ont foulé la pelouse, ce qui n'est le cas que d'un seul des joueurs qui n'ont aucune ascendance étrangère proche : Dimitri Payet, le Réunionnais. J'ai comparé avec la composition de l'équipe qui a disputé le premier match (contre la Roumanie) : remplaçants inclus, 11 des 14 joueurs qui ont foulé la pelouse du Stade de France ce vendredi 10 juin ont une ascendance étrangère. Les trois autres (D. Payet, A. Martial et K. Coman) ont des parents domiens.

   Ce sont aussi très majoritairement des joueurs qui évoluent à l'étranger. En demi-finale, 12 des 14 rentrés sur le terrain évoluaient l'année écoulée dans un championnat étranger. (Les deux exceptions sont Blaise Matuidi, du PSG, et Samuel Umtiti, de Lyon.) C'était même pire lors du match contre la Roumanie, qui a seulement vu Matuidi fouler la pelouse.

   Voyons ce qu'il en est pour l'ensemble des 23 sélectionnés. 18 évoluent dans un championnat étranger, dont 11 au Royaume-Uni ! D'ailleurs, en demi-finale, 8 des 14 Français qui ont foulé la pelouse jouaient la saison passée dans un club anglais ! Cela me rappelle la "promotion" de 1998 (celle des champions du monde), dans laquelle les salariés de clubs italiens étaient nombreux (Zidane, Desailly, Deschamps, Boghossian, Djorkaeff et Thuram), même si les clubs anglais pointaient déjà le bout de leur nez. En 2016, 5 des sélectionnés jouaient dans un club londonien, 4 dans l'un des deux clubs de Manchester, 1 à Newcastle et 1 à Leicester.

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   Après le championnat britannique viennent les championnats français (5 sélectionnés), italien (3 sélectionnés), espagnol (2 sélectionnés), allemand (1 sélectionné)... et mexicain (1 sélectionné : André-Pierre Gignac).

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   Conclusions ? Les sélectionnés en équipe de France sont d'abord des joueurs nés et formés en France. Ils ont souvent une ascendance étrangère. Le football a pu être perçu comme un bon moyen de réussir dans la vie (plus que l'école, en tout cas). Enfin, ces très bons joueurs sont partis gagner leur croûte à l'étranger, dans des championnats relevés, pas très loin de la France métropolitaine.

   P.S.

   Si l'on considère le cas des "grands absents" (côté français) de cet Euro (évoqués dans un article du Monde), on constate qu'ils rentrent dans ce schéma. Tous sont nés en France métropolitaine (Raphaël Varane ayant un père martiniquais). Trois recrues potentielles sont nées de parents étrangers : sénégalais pour Mamadou Sakho, maliens pour Lassana Diarra, centrafricains pour Kurt Zouma. Sur les sept grands absents, deux évoluaient dans le championnat français (Diarra à Marseille, Debuchy à Bordeaux). Des cinq autres, deux jouaient en Angleterre, trois en Espagne.

vendredi, 08 juillet 2016

Love and Friendship

   Le paradoxe de ce film est que, réalisé par un homme (Whit Stillman, inconnu au bataillon), il met en valeur les femmes, qu'elles soient vertueuses ou diablement cachottières. En fait, cette adaptation d'un roman de Jane Austen montre que, quel que soit son tempérament, pour s'en sortir, une femme doit être un peu dissimulatrice et manipulatrice.

   Au sommet de la pyramide des manipulatrices se trouve Lady Susan Vernon, incarnée avec gourmandise par Kate Beckinsale. Cette jeune veuve, dont la fille unique est désormais adolescente, a développé une série de stratagèmes pour amener les hommes dans ses filets.

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   Le scénario livre à sa convoitise une jolie brochette de mâles de différentes catégories, qu'elle va presque tous plus ou moins mettre dans sa poche. Il y a son beau-frère (le frère de son défunt mari), qui accepte de l'accueillir, au grand dam de son épouse. Il y a le jeune frère de celle-ci, Reginald de Courcy, au départ pas très bien disposé à son égard, mais qu'elle va prendre plaisir à complètement "retourner". Il y a son amant de coeur, Lord Manwaring, déjà marié, mais qui accepte d'entrer dans ses combines sentimentales... et il y a surtout l'inénarrable James Martin, terriblement bête... mais si riche ! Dans le rôle, Tom Bennett est formidable. Je n'ai jamais vu quelqu'un interpréter un parfait crétin avec autant de talent et d'enthousiasme !

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   Parmi les (rares) hommes qui échappent à l'influence de Lady Vernon, il y a le père de Reginald de Courcy, qui angoisse à l'idée que la fortune familiale tombe entre les mains d'une intrigante, et il y a M. Johnson, un riche Américain qui voit d'un très mauvais oeil le fait que son épouse fréquente une femme de mauvaise vie. Cette épouse est interprétée par Chloë Sevigny.

   C'est vraiment un plaisir que de suivre la mise en place des petits plans de l'héroïne. Elle doit se montrer d'autant plus habile qu'on cherche à lui mettre les bâtons dans les roues. Cependant, la personne la plus gênante n'est pas l'un de ses adversaires affichés, mais sa propre fille, qui fugue de la pension où elle l'avait inscrite et qui a la mauvaise idée de tomber amoureuse ! Petit à petit, on s'aperçoit que la progéniture commence à développer des aptitudes qui rendraient fière sa génitrice...

   C'est donc une délicieuse comédie, en costumes, avec des dialogues écrits dans un anglais très relevé (nous sommes dans la bonne société du XVIIIe siècle, voyons !) et un usage abondant de l'understatement, cet art de la litote que maîtrisent si bien certains Anglo-Saxons.

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jeudi, 07 juillet 2016

Sur quel pied danser

   C'est une comédie musicale, sur fond de crise économique et d'inégalité des sexes. Quand on a dit ça, on a tout dit et on n'a rien dit. L'ambiance générale évolue quelque part entre celle de Discount et celle de Jeanne et le garçon formidable (avec Virginie Ledoyen).

   L'intrigue semble être inspirée des difficultés rencontrées par l'entreprise Charles Jourdan, spécialisée dans la fabrication de chaussures de luxe. On a d'ailleurs droit à quelques extraits d'actualités anciennes, qui présentent ce secteur économique... où ne travaillaient à l'origine que des hommes, d'après les images montrées.

   Tel n'est plus le cas de nos jours. Dans l'usine Jacques Couture, seul le patron est un homme. Il a les traits de François Morel, qui lui prête sa bonhomie, mais aussi sa rouerie. Le portrait est toutefois nuancé, à l'image du film, qui n'est pas manichéen. Tous les employés de l'usine sont des femmes. L'histoire commence avec l'arrivée d'une petite nouvelle, Julie (Pauline Etienne, déjà remarquée dans La Religieuse), visiblement sans diplôme, qui trime d'intérim en CDD et voit dans cette boîte l'occasion de décrocher enfin un CDI, quel que soit le boulot proposé.

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   Elle va côtoyer une bande d'ouvrières aux caractères bien trempés. On apprend dans le dossier de presse que ce sont surtout des danseuses de formation (recrutées en Rhône-Alpes). Je trouve qu'elles jouent bien. Il y a la contremaître(sse ?), assez "vieille école", qui a la confiance du patron, mais qui défend les intérêts de ses collègues. Il y a au moins une fofolle, une révolutionnaire, une timide suiveuse... et la vieille grincheuse, un peu revenue de tout, qui va prendre l'héroïne sous son aile. Un autre personnage féminin sort du lot : celui de la secrétaire, incarnée par Julie Victor, pleine d'entrain.

   A ma grande surprise, je n'ai pas été horripilé par les parties chantées. Les chansons sont interprétées par les actrices (et les acteurs). Elles ont été enregistrées en studio. On a donc droit à du play-bac, ce qui laisse du souffle aux comédiennes, qui exécutent des chorégraphies parfois sophistiquées. J'ai même préféré les parties dansées à leur accompagnement musical. Elles s'insèrent très bien dans l'intrigue.

   Il faut quand même dire un mot des hommes. Outre le directeur de l'usine, on croise le grand patron du groupe, un jeune ambitieux, plein de classe et tout sourire... un bel hypocrite, surtout. Dans le rôle, Loïc Corbery est une révélation.

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   Les autres mâles sont les chauffeurs-livreurs d'une société qui travaille souvent avec l'usine. L'un d'entre eux attire le regard de Julie. Une (possible) histoire d'amour va donc se juxtaposer à la lutte sociale... et entrer en conflit avec.

   Je mettrai toutefois deux bémols à mon enthousiasme. D'abord, je trouve le film un peu trop en empathie avec les deux jeunes héros. Je me reconnais davantage dans certains personnages plus âgés. Je trouve que l'héroïne et son petit copain ont des comportements un peu irresponsables. Cela m'amène à la fin (que je ne vais pas raconter, bien entendu), que je n'ai pas aimée et qui ne me semble pas réaliste.

   Mais, si l'on supporte ces inconvénients, on passe un bon moment, avec une comédie originale, qui dit des choses sur la société française d'aujourd'hui.

mercredi, 06 juillet 2016

Michel Rocard et les hypocrites

   Le décès de l'ancien Premier ministre, le week-end dernier, a donné lieu à un concert de louanges dont l'unanimisme a de quoi interloquer, tant l'homme politique a pu susciter la critique et la raillerie, souvent dans son propre camp. Avec le recul, on loue son intégrité personnelle et son sens du dialogue. On se rappelle de son gouvernement comme d'un des rares (à gauche) à avoir maintenu une assez forte croissance économique (avec celui de Lionel Jospin, entre 1997 et 2002) :

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   Malgré leurs différends, les deux hommes ont beaucoup de points communs. Ils sont de culture protestante, assez rigides et adeptes de la social-démocratie plutôt que du socialo-marxisme. On comprend pourquoi Michel Rocard a essuyé de très vives attaques au sein du PS (et de ce que l'on n'appelait pas encore la "gauche de la gauche"). Voilà pourquoi la tentative de récupération de Jean-Luc Mélenchon est pathétique. D'ailleurs, le numéro du Canard enchaîné paru ce mercredi (un exemplaire collector publié pour le centenaire "officiel" de l'hebdomadaire satirique) prend un malin plaisir à commenter les divers hommages rendus à Michel Rocard.

   C'est d'autant plus cocasse que l'ancien Premier ministre détient (de très loin) la palme du recours à l'article 49.3 de la Constitution de la Ve République, comme on peut le constater dans un article du Monde récemment mis à jour :

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   Avec 28 utilisations, Michel Rocard devance largement un trio formé de Raymond Barre, Jacques Chirac et Edith Cresson. Qu'est-ce qui peut expliquer cette profusion ? Revenons à la situation, à l'Assemblée nationale, en 1988 :

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   Les socialistes gouvernent avec les radicaux de gauche, mais sans les communistes. François Mitterrand, réélu président de la République peu de temps auparavant, tente l'ouverture au centre (droit), qui ne fonctionne qu'à moitié : il a rallié à lui certaines personnalités (plutôt des ambitieux), mais les groupes UDC et UDF lui demeurent en général hostiles. Et voilà le PS qui, avec 275 députés, ne dispose que d'une majorité relative. C'est pourquoi Michel Rocard, puis Edith Cresson (8 fois en un an, tout de même) et Pierre Bérégovoy (3 fois) ont souvent eu recours à l'article 49.3.

   A contrario, on remarque que Lionel Jospin, en cinq ans de gouvernement, n'a pas eu recours une seule fois à ce procédé et ce alors que le PS ne disposait pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale et que ses alliés étaient très divers au sein de la "gauche plurielle" sortie vainqueur des élections législatives de 1997 :

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   Même si la dernière année a vu cette architecture se déliter, il faut reconnaître un certain savoir-faire politique à l'ancien élu de Cintegabelle, savoir-faire que ne maîtrisent visiblement pas ses successeurs. De surcroît, la gauche plurielle avait assez rapidement fait passer ses deux plus grandes réformes (les 35 heures et la parité en politique), alors que le duo Hollande-Ayrault a perdu beaucoup de temps et d'énergie avec le "mariage pour tous". Du coup, en fin de mandat, les socialistes en sont encore à lancer des réformes de fond, alors que le mécontentement est grand dans le pays et leur majorité parlementaire fragile :

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   Voici la situation à l'été 2016, après la dissolution du groupe écologiste et le "gonflement" du groupe socialiste, rebaptisé "socialiste, écologiste et républicain". Avec 291 députés sur 577, il dispose de la majorité absolue... en théorie. Si un groupe de "frondeurs" internes décide de rompre et de s'aligner sur les positions du Front de Gauche, il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale. D'où le recours à l'article 49.3, la cinquième fois pour Manuel Valls.

Diamant noir

   J'avais raté ce polar français à sa sortie. (Le mois dernier, quand il a été programmé à Rodez, il n'est resté qu'une semaine à l'affiche, si ma mémoire est bonne.) J'ai eu récemment l'occasion de le voir au cours d'un déplacement.

   Le titre est évidemment à double sens. Au premier degré, il évoque une pierre précieuse, extrêmement rare, mais qu'on ne voit pas dans le film, où il n'est question que de diamants "blancs"... avec, d'ailleurs, de superbes effets d'optique, de réflexion et de réfraction de la lumière.

   Au second degré, le titre qualifie le personnage principal, qu'on découvre en petite frappe au début, mais dont les talents vont peu à peu se manifester. Ce diamant méconnu va se révéler noir par ses desseins, la vengeance qu'il entend mener.

   L'intrigue a un aspect documentaire : on découvre le milieu des diamantaires, où certaines minorités sont surreprésentées (les juifs en Europe, les jaïns en Inde). On a droit à de belles scènes de taille des diamants, certains plans (avec les yeux) étant magnifiques.

   Voilà donc un jeune réalisateur de talent (Arthur Harari), qui a bâti une histoire d'amour-haine au sein d'une famille. Le tout début nous montre l'événement fondateur, mais de manière suffisamment allusive pour qu'on n'en connaisse pas tous les tenants et aboutissants.

   La mort du père (qu'il croyait disparu) de Pier (Niels Schneider étonnant) est le déclic. Ce Rastignac des temps modernes va vouloir le venger, en s'insérant dans la famille de son oncle, grâce à la bonne volonté de son cousin germain, incarné par August Diehl, un (bon) acteur allemand qu'on a vu dans Les Faussaires, Inglourious Basterds et plus récemment En Mai fais ce qu'il te plaît. La noyau familial est complété par l'épouse de l'oncle, la petite amie du cousin (Raphaële Godin, très bien) et Rick, un vieil ami, qui a connu le père du héros et qui va l'initier à la taille de pierres.

   L'intrigue semble s'orienter vers un "casse", dans un style assez classique (mais maîtrisé). Mais tout ne se passe pas comme prévu, d'abord parce que les relations entre les personnages évoluent, ensuite parce que le héros va se retrouver tiraillé entre plusieurs attachements. S'ajoute à cela la découverte du passé, de tout le passé, ce qui remet en question certaines certitudes.

   Franchement, on ne voit pas passer les deux heures.

   P.S.

   Le dossier de presse mis en ligne raconte la genèse du film, qui a suivi un chemin tortueux.

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mardi, 05 juillet 2016

Le Secret des banquises

   Décidément, le cinéma français ne cesse de surprendre, en 2016 comme en 2015. Nous voici face à une comédie romantique totalement décalée. Le nœud de l'histoire est la passion qu'éprouve une jeune laborantine (Charlotte Le Bon, excellente) pour un brillant et séduisant chercheur (Guillaume Canet, très bien), obsédé par son travail.

   La première partie de l'histoire plante le décor et présente le groupe de scientifiques, d'où émergent trois figures. Il y a Siegfried, le papa poule des souris (Damien Chapelle, au poil). Il y a aussi le drôle de duo formé par Nadine et Philippe (Anne Le Ny et Patrick d'Assumçao, qui se sont visiblement amusés comme des petits fous).

   Toute cette fine équipe travaille sur des pingouins du Cap. (J'aurais plutôt dit des manchots.) D'après le dossier de presse publié par Unifrance, une demi-douzaine de véritables animaux ont été utilisés pour le tournage, les autres étant le produit d'effets numériques. Et puis il y a Gaston, le petit dernier, tout mimi... en réalité une animatronique :

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   La deuxième partie voit le burlesque l'emporter sur l'incongru. Christophine (dont les collègues vont finir par retenir le prénom) a fait en sorte de devenir l'objet d'étude du chercheur dont elle est amoureuse. Dans le même temps, l'équipe de scientifiques tente de trouver le stimulus déclenchant, chez les pingouins (et les souris), la production d'une précieuse substance immunisante. Ils vont jusqu'à recourir à des phéromones... qui vont avoir des effets secondaires dans tout le laboratoire. Là, cela devient hilarant. Dans le même temps, la relation entre le chercheur et la thésarde amoureuse gagne en complexité.

   La troisième partie bascule un peu dans la science-fiction (et la poésie). La jeune réalisatrice (Marie Madinier, un nom à retenir) a trouvé une jolie conclusion à son histoire. Ce film est une sorte d'OVNI cinématographique. Il ne ressemble à rien, mais il  a beaucoup de charme.

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Belladonna

   Cette animation japonaise des années 1970 ressort dans les salles... et elle est interdite aux moins de 12 ans. Ce n'est pas en raison de l'hyper-violence de certaines scènes (même si le personnage principal subit un viol, représenté de manière psychédélique), mais plutôt à cause des corps nus et des phallus gigantesques qui surgissent au détour d'un plan.

   Cette profusion d'images (et, parfois) de musique m'a un peu saoulé. J'ai de plus eu du mal à rentrer dans l'histoire. La partie qui montre la jeune paysanne subir les assauts du seigneur puis tomber sous la coupe du diable ne m'a pas emballé. La suite, qui tourne autour du personnage de la supposée sorcière et de la réaction des villageois, m'a paru meilleure. Certains plans sont virtuoses, avec une grande qualité du dessin, une fluidité des mouvements et une imagination foisonnante. Par contre, je n'ai pas vu l'intérêt des plans fixes.

   Ceux dont la jeunesse a été baignée par la production commerciale japonaise de masse ne seront pas perdus : l'héroïne a de grands yeux cristallins, un corps aux formes très appétissantes et les couleurs sont chatoyantes. Mais, franchement, cette ressortie ne s'imposait pas.

 

   P.S.

   Sur un sujet approchant, allez plutôt voir The Witch.

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lundi, 04 juillet 2016

Un député très occupé

   Hier dimanche, le quotidien aveyronnais Centre Presse a publié un entretien avec le député de la troisième circonscription (celle de Millau - Saint-Affrique), Arnaud Viala :

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   L'élu est présenté comme membre de la commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie. Le mois dernier, j'avais fait le point de sa participation à ladite commission, ce qui n'était pas à son avantage. C'est l'occasion de mettre à jour les chiffres avancés, 34 comptes-rendus étant désormais accessibles sur le site de l'Assemblée nationale.

   J'en profite pour corriger deux petites erreurs commises dans le billet précédent, erreurs liées au mauvais téléchargement de l'un des comptes-rendus. Ainsi, Arnaud Viala a assisté (au moins partiellement) à 9 (et non pas 8) des 22 premières séances ; il s'y est exprimé deux fois (et non une). Si l'on élargit l'analyse aux 12 séances suivantes, voici le bilan que l'on peut tirer :

- présence à 15 séances sur 34 (soit 44 %)

- participation active (avec au moins une intervention) à 6 séances (la 16e, la 20e, la 23e, la 24e, la 27e et la 32e)

- absence excusée à 2 séances

- absence non excusée à 17 séances

   Bien que peu impliqué dans le déroulement de la commission d'enquête, il a été interrogé par le quotidien aveyronnais à l'occasion de la mise en ligne (par l'association L214) d'une nouvelle vidéo comportant des images insoutenables.

   Je suis d'accord avec plusieurs des propos du député, aussi bien ceux rapportés par Centre Presse que ceux qu'il a pu tenir les rares fois où il s'est exprimé en commission. Il affirme à raison qu'il ne faut pas généraliser à tous les abattoirs et à toute l'année ce qui est montré dans les vidéos qui ont défrayé la chronique ces derniers mois. On sent quand même le député plus préoccupé par la santé économique des entreprises de la filière agroalimentaire que par le bien-être animal. Il a la même position que les quatre députés socialistes héraultais (dont celui de la circonscription de Pézenas Sébastien Denaja), qui ont cosigné un communiqué de presse en ce sens. Notons que ces députés avaient visité l'abattoir local en mars dernier et n'y avaient visiblement rien trouvé à redire. Leur a-t-on proposé à l'époque  la vision d'une sorte de village de Potemkine ?

   Dans sa réponse à la question du journaliste de Centre Presse, Arnaud Viala évoque des personnes auditionnées qui auraient remis en question la véracité de certaines scènes filmées. Dans les comptes-rendus des séances auxquelles il a participé, j'ai trouvé une occurrence, lors de la 27e session, qui a vu témoigner notamment Paul Lopez, premier vice-président de la Fédération des industries avicoles. C'est au cours de cette séance que le député est le plus intervenu (à trois reprises). Alors que l'intervenant critique le montage opéré dans l'une des vidéos (à propos du broyage des poussins), c'est le député aveyronnais qui le relance (page 19 du compte-rendu au format pdf) en évoquant  une "mise en scène". Dans sa réponse, Paul Lopez n'ose pas aller aussi loin et semble même un peu se rétracter.

   Lors de deux autres séances (la cinquième et la sixième), auxquelles le député aveyronnais n'a pas assisté, deux intervenants ont aussi critiqué les vidéos de L214. Lors de la cinquième séance, c'est Roland Canayer (président de la Communauté de communes du Pays Viganais) qui dénonce le caractère biaisé du montage et certains commentaires erronés. Lors de la sixième séance, c'est Michel Etchebest (maire de Mauléon-Licharre) qui dénonce un montage orienté. Mais les actes filmés n'en sont pas moins vrais. Parler de "mise en scène", comme Arnaud Viala, me paraît tendancieux.

   Je suis par contre plus en accord avec sa manière de questionner l'une des expertes lors de la 23e séance. Elle s'appelle Florence Burgat et nous est présentée comme philosophe, directrice de recherche à l'INRA. Le député cherche à savoir quel est son positionnement personnel sur le sujet (page 11 du compte-rendu). L'universitaire finit par reconnaître (de manière alambiquée) qu'elle est contre la consommation de viande vue comme un plaisir. Voilà qui est bon à savoir, pour éviter l'instrumentalisation dans cette affaire : des militants tentent de s'appuyer sur des dérives scandaleuses dans les abattoirs pour dénigrer l'élevage et la consommation de viande.

   Arnaud Viala n'est pas le seul député aveyronnais à avoir participé aux débats. Yves Censi, déjà venu deux fois auparavant, a aussi montré le bout de son nez à la 30e séance, ainsi qu'à la 34e. Lors de la première, les personnes auditionnées étaient des autorités religieuses. Les divers participants ont fait assaut de courtoisie et affirmé leur attachement à la liberté religieuse et à la laïcité. Sur le fond, les religieux sont arc-boutés sur le refus de l'étourdissement préalable... et pointent le risque d'un recours aux importations, si la France légifère de manière restrictive. Vous avez dit chantage ?

   Les enjeux économiques sont encore mieux présentés dans la 34e séance, en particulier par Philippe Dumas, président de Sicarev-Aveyron. Il apparaît que l'abattage rituel (qui fait davantage souffrir les animaux) occupe une place plus grande que prévue dans l'activité des abattoirs. Cela s'explique par la volonté de valoriser le plus grand nombre de morceaux des carcasses. Or, le marché du halal valorise davantage de morceaux (notamment des ovins). On le savait déjà en Aveyron : il y a plus de quatre ans, l'information avait filtré à propos de l'abattoir de Villefranche-de-Rouergue. D'un autre côté, l'abattage rituel est moins rentable parce qu'il impose de ralentir la cadence, un point qui contribue à le faire apprécier du personnel.

   On peut le vérifier à la lecture d'un petit livre fort instructif, A l'abattoir, de Stéphane Geffroy... qui a d'ailleurs été auditionné lors de la 25e séance, à laquelle hélas aucun député aveyronnais n'a daigné assister. (Un entretien a aussi été publié dans le Midi Libre du samedi 2 juillet.)

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   On y découvre le parcours atypique de ce fils de menuisier, en situation d'échec scolaire, qui a trouvé son salut dans un petit abattoir breton, dans l'atelier de "tuerie". Il décrit la dureté du métier, sans fard, mais parle aussi de ce qu'il lui a apporté. Il est finalement devenu délégué du personnel... et juré d'Assises, deux expériences qui lui ont ouvert des perspectives. Je recommande la lecture de ce livre tout particulièrement à Arnaud Viala, qui fut prof d'anglais. Il découvrira quel rapport avait l'auteur avec l'enseignement de la langue de Shakespeare...