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dimanche, 05 mars 2017

Rock'n Roll

   Cette autofiction de Guillaume Canet fonctionne sur les principes de l'inversion et du retournement. On peut parler d'inversion parce que, dans le couple qu'il forme avec Marion Cotillard, c'est la femme qui occupe le premier plan. Dans le film, on va donc voir l'homme se poser les questions que se poserait la jolie épouse d'un comédien célèbre. Suis-je assez bien pour elle ? Qu'est-ce que je vaux professionnellement parlant ? Est-ce que j'ai vieilli ?

   C'est d'autant plus intéressant que, jusqu'à il y a dix ans (et la sortie de La Môme), c'était la carrière de Canet qui paraissait la plus prometteuse. En tant qu'acteur, il avait été remarqué dans La Plage, Vidocq, Narco, Jeux d'enfants, Joyeux Noël, La Clé... Mais, surtout, il avait fait de très bons débuts à la réalisation, avec Mon Idole et  Ne le dis à personne. Depuis cette époque, la carrière de Guillaume Canet s'est poursuivie (récemment avec La prochaine fois, je viserai le coeur et Le Secret des banquises), mais celle de Marion Cotillard a connu un essor formidable.

   C'est avec beaucoup d'autodérision que le réalisateur nous présente la relation de couple et les efforts de celui qu'on appelle parfois "Monsieur Cotillard" pour exister, professionnellement parlant. Deux types de scènes se répondent : celles de tournage d'un film "art et essai" (où Canet, à son grand désespoir, incarne le père d'une adolescente) et celles de la famille Fenouillard Cotillard, avec Guillaume en papa poule, tout mignon, tout gentil, aimé par sa  compagne oscarisée, qui se lance dans l'apprentissage du joual pour tourner avec Xavier Dolan ! C'est souvent hilarant. Ceux qui n'en auraient pas encore conscience découvriront l'excellente actrice qu'est Marion Cotillard, dans un registre comique où hélas on ne la voit guère.

   Le premier retournement survient quand Canet décide de se la jouer rock'n roll. Il est bien sûr pathétique, ce qui nous vaut plusieurs moments savoureux, des fantasmes du quadra qui se rêve rebelle à la soirée alcoolisée qui se termine en vidéo trash sur les réseaux sociaux. Je recommande aussi tout particulièrement la séquence chez le couple Hallyday, Johnny se prêtant de bonne grâce au jeu !

   Cependant, au bout d'une heure et quart, l'ambiance change. On ne s'en rend pas compte tout de suite, parce qu'on reste sur la même thématique. Mais le ton se fait plus grave. Le personnage incarné par Canet va prendre des décisions "drastiques", qui vont le transformer. D'un côté, j'ai trouvé gonflé qu'on ne se limite pas à la comédie people (vouée au succès) et qu'on parte vers quelque chose de plus philosophique. D'un autre côté, je trouve que Canet n'a aucun recul vis-à-vis de ce que devient son personnage. On nous pousse presque à adhérer à sa démarche puisque, par un nouvel effet de retournement, c'est la Marion Cotillard de fiction qui se trouve fragilisée. Et, même si la séquence finale, en partie parodique, remet l'humour au premier plan, le coup de la chanson de Demis Roussos devant la caravane est ri-di-cu-le.

   C'est dommage, parce que c'était au départ une comédie très enlevée, qui se termine en eau de boudin.

11:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 04 mars 2017

Le retour de la dame aux chats

   La semaine dernière, l'un des épisodes de la série Elementary a été l'occasion de découvrir un bar à chats new-yorkais. Le détective Sherlock Holmes y avait retrouvé une brillante programmatrice informatique (autiste) prénommée Fiona, qui l'a aidé à boucler une enquête... mais l'on sentait qu'entre ces deux individus atypiques, le courant était passé.

   On est donc à moitié étonné de revoir la jeune femme dans l'épisode 12 de la saison 4, diffusé hier vendredi. Cette fois-ci, c'est elle qui recourt aux services des enquêteurs. Elle a rendez-vous avec Joan Watson dans un bar new-yorkais, identifiable à son enseigne :

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   Apparemment, il s'agit d'un établissement qui propose de la cuisine vietnamienne. Cependant à l'intérieur, on a plutôt l'impression de se retrouver dans un de ces "nouveaux bars", implantés dans des lieux auparavant dédiés à une activité très différente (industrielle ou artisanale) :

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   Cependant, j'ai eu comme une impression de "déjà vu". C'est peut-être lié aux parois de briques, qui ressemblent beaucoup à celles du bar à chats de la semaine dernière. D'ailleurs, sur l'une d'entre elles, n'est-ce pas un portrait de félidé que l'on distingue ? De surcroît, si la vitrine et les meubles sont différents, le comptoir placé à l'entrée me semble identique. Il est donc possible que tout cela ne soit qu'un décor de cinéma. La vue extérieure est peut-être authentique mais, à l'intérieur, on se trouve toujours au même endroit, sur les lieux de tournage (la série est principalement tournée à New York).

   En tout cas, lors de sa rencontre avec Watson, la jeune Fiona ne venait pas du bar à chats, si l'on en juge par l'état de son pull :

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   Disons tout de suite que les amateurs de la série sont amenés à la revoir, puisqu'une relation semble être sur le point de se nouer entre elle et Sherlock. Je trouve que c'est une bonne idée des scénaristes, qui relance l'intérêt pour la série : les dialogues entre Fiona et Sherlock sont savoureux et sortent vraiment de l'ordinaire !

   Pour l'instant, on a évité que le compagnonnage de désintox puis d'enquête entre Sherlock et Watson ne débouche sur une histoire d'amour, contrairement à ce qui est souvent arrivé ailleurs (du Mentalist à Castle, en passant par d'autres séries, pas forcément aussi connues). Vu le ton d'Elementary, on s'attendait à ce qu'ils finissent par au moins coucher ensemble (les deux personnages principaux mènent une vie sexuelle très libre, au départ chacun de leur côté). Même si l'on sent que ça a été une tentation, pour l'instant, les producteurs ont choisi de mettre en scène une amitié homme-femme, empreinte d'un profond respect... malgré l'agacement réciproque qu'une fréquentation quotidienne peut parfois provoquer !

jeudi, 02 mars 2017

Lumière ! L'aventure commence

   Le sortie de ce documentaire-hommage, signé Thierry Frémaux (délégué général du Festival de Cannes... et directeur de l'Institut Lumière), est un petit événement, puisqu'il propose, en version restaurée, un échantillon de l'oeuvre des frères Lumière, les courts films de cinquante secondes étant classés par thème.

   Il y a bien entendu les incontournables, comme La Sortie des usines Lumière, dont on découvre qu'en réalité, il existe non pas une, non pas deux, mais trois versions différentes ! Ici, Thierry Frémaux se fait historien, l'oeil acéré, habile à débusquer le "détail qui tue" dans une scène en apparence anodine, un peu à l'image de ce que l'on peut voir à l'oeuvre dans la série Mystères d'archives (pour ceux qui connaissent).

   Parmi les autres "classiques", il y a bien sûr L'Arroseur arrosé ou encore L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat. Si le premier nous paraît aujourd'hui surjoué, le second n'a rien perdu de sa force. C'est l'occasion, pour Frémaux, de souligner la qualité du cadrage et de la mise en scène. On sent qu'il n'est pas loin d'affirmer que les Lyonnais d'adoption ont tout inventé dans le septième art.

   L'un des thèmes évoque les oeuvres faisant intervenir des enfants. Il  y a bien sûr ceux des couples Lumière, mais aussi des gamins des rues, comme ces joueurs de billes guère effrayés par la caméra. Pour moi, le plus beau film reste celui confrontant la gamine sur une chaise à un superbe chat, habile... et très gourmand :

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   Paraissant d'abord étrangement obéissant, le matou va rapidement se révéler incontrôlable... et entreprenant :

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   Outre des aspects de la vie quotidienne de la bourgeoisie, le documentaire ressuscite le travail des ouvriers et des manoeuvres, filmés avec beaucoup de respect et une incontestable inventivité : à l'écran, l'action se déroule sur deux voire trois plans. Pour nous midi-pyrénéens, l'intérêt s'éveille lorsqu'apparaît à l'écran une scène tournée aux mines de Carmaux.

   Saisissantes aussi sont les vues du Paris de l'extrême fin du XIXe siècle, ou ces scènes de bord de mer. Les cinéastes étaient visiblement très éclectiques. L'ensemble constitue un foisonnant catalogue, véritable couche géologique d'une France qui a disparu. C'est de surcroît l'un des plus beaux films sortis en salle ces derniers mois, bercé par la musique limpide de Camille Saint-Saëns.

23:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 26 février 2017

Lion

   Ce film fait partie des multinominés aux prochains Oscar. Il s'inspire d'une histoire vraie assez extraordinaire. La première partie se déroule en Inde, dans un village perdu au cœur du pays, puis à Calcutta. Les scènes alternent moments de joie et de tristesse. On nous fait découvrir l'Inde ultra-pauvre d'il y a une trentaine d'années, d'abord rurale puis urbaine. C'est globalement assez dur (quand on nous montre tous les dangers qui guettent les enfants esseulés), même si des moments de bonheur émergent.

   C'est prenant parce que les interprètes sont assez bons. Les enfants ont fait l'objet d'une sélection sévère, si bien que les deux gamins qu'on voit le plus à l'écran sont très convaincants. Toutefois, je trouve que c'est celui qui incarne l'aîné (Guddu) qui s'en sort le mieux, le plus jeune (qui joue le héros Saroo) me semblant plus limité.

   C'est de plus très bien filmé. Au début et, par la suite, à plusieurs reprises, on tente visiblement de nous en mettre plein la vue avec des plans aériens. Mais ce sont les scènes urbaines, à Calcutta, qui sont les plus réussies, avec une superbe photographie.

   La deuxième partie se déroule en Australie. On retrouve le héros devenu adulte, un jeune homme bien dans sa peau, à qui la vie tend les bras. Sauf que... le passé va refaire surface. Dans le rôle de l'ancien enfant adopté rongé par le doute et la culpabilité, Dev Patel (celui de Slumdog millionaire) est très bon. Il est épaulé par une brochette d'acteurs confirmés. Du côté australien, on a Rooney Mara, Nicole Kidman (malgré la chirurgie esthétique...) et David Wenham. Du côté indien, outre ceux déjà mentionnés, on peut signaler l'apparition de Nawazuddin Siddiqui (remarqué dans The Lunchbox) et surtout de Tannishtha Chatterjee, qu'on a pu voir récemment dans La Saison des femmes et Déesses indiennes en colère.

   La troisième partie voit le héros partir en quête. Je me garderai bien de raconter ce qu'il va trouver. Je peux quand même dire que, vers la fin, j'ai eu les yeux qui piquent... Satanées poussières !

11:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 25 février 2017

Des chats pour Sherlock

   M6 a enfin repris la diffusion de la saison 4 d'Elementary, la série états-unienne narrant les aventures d'un Sherlock Holmes contemporain, à New York. Le rythme est de deux épisodes par vendredi. Hier, le premier d'entre eux était intitulé "Cocktail Zolotov". L'enquête, à rebondissements, mène le détective dans un "bar à chats", où il retrouve l'une des protagonistes, une autiste particulièrement douée pour la programmation informatique.

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   Comme on peut le voir ci-dessus, la fréquentation des chats aide certaines personnes à déstresser... les petites boules de poils se révélant extrêmement dociles, dans cet épisode ! Cependant, les minets, bien qu'habitués à être "manipulés", ont été un peu surpris par le travail de l'équipe de tournage. On peut s'en rendre compte en s'intéressant aux animaux périphériques, intrigués par la présence d'autres personnes que les clients/acteurs :

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   Pour savoir ce qui a poussé Sherlock Holmes à se diriger vers cet étrange établissement, il faut se reporter plus avant dans l'épisode, lors de sa première rencontre avec la programmatrice. Regardez attentivement son pull :

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   Il est constellé de poils de chats, un détail qui n'a pas échappé au sagace détective...

   A ceux qui croiraient que cette scène est née dans l'esprit d'un scénariste à l'imagination particulièrement fertile, je signale que les "bars à chats" existent bel et bien. Cette création taïwanaise, popularisée au Japon, a récemment atteint la France, le premier salon de ce type ayant ouvert à Paris en 2013. (Il a hélas fermé quelques temps plus tard.) D'autres ont ouvert leurs portes, en province, par exemple à Lyon, à Nantes, à Besançon, plus récemment à Reims. Le Sud de la France est particulièrement bien représenté, avec des établissements à Nice, à Avignon, à Narbonne... jusqu'à Bordeaux. Les deux métropoles de la région Midi-Languedoc ne sont pas en reste. Ainsi, les Toulousains peuvent se livrer aux délices de la caresse à Chapristea, tandis que les Montpelliérains se rendront à Kafelin.

    Miaou !

vendredi, 24 février 2017

Les collaborateurs des parlementaires aveyronnais

   En paraphrasant une célèbre formule, on pourrait affirmer que la démocratie est "un plébiscite de tous les jours". Conscients qu'elle n'est pas parfaite, les citoyen-ne-s doivent veiller à son amélioration. Ainsi, on peut porter au crédit de la présidence Hollande d'avoir fait voter une loi sur la transparence de la vie politique. De l'affaire Cahuzac aux déboires du couple Fillon (en passant par les pratiques douteuses du FN), l'actualité s'est chargée de nous rappeler combien l'être humain, même intelligent et cultivé, est susceptible de céder à la tentation du pot de confiture.

   Ces jours-ci, on reparle donc beaucoup des assistants parlementaires des députés et sénateurs. Curieusement, dans un article de Centre Presse, il n'est question que des premiers, dont la liste a été publiée sur le site de l'Assemblée nationale. Son équivalent pour les sénateurs est consultable sur le site de la Haute Assemblée. Ces documents synthétisent des informations que tout un chacun est censé pouvoir trouver sur le site de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Sauf que... les informations ne sont pas toujours à jour.

   Au passage, on remarque que la liste fournie par l'Assemblée nationale est plus facile à utiliser que celle du Sénat. Sur la première, les députés sont classés par ordre alphabétique et les noms de tous leurs collaborateurs sont donnés en une fois. Sur la seconde, ce sont les assistants parlementaires qui sont classés par ordre alphabétique. Du coup, si l'on veut savoir combien de personnes tel sénateur emploie, il convient d'éplucher toute la liste...

   Commençons par les députés. Yves Censi est le premier à apparaître dans la liste. Il emploie quatre personnes :

Aides Censi.jpg

   La première est sa collaboratrice depuis des années. La troisième est une militante LR, qui a été candidate aux municipales de 2014, à Rodez, sur la liste d'Yves Censi (où figurait aussi la première collaboratrice du député), mais n'a pas été élue. Aux départementales de 2015, associée à un ancien adjoint de Marc Censi (le papa d'Yves), elle a failli créer la surprise dans le canton de Rodez-1. Un peu plus tard, la même année, elle a connu sa troisième déconvenue électorale d'affilée lors des élections régionales. Candidate sur la liste menée par Dominique Reynié, elle n'a pas été élue (mais de peu).

   Les deux autres assistants d'Yves Censi sont moins connus (et l'ont rejoint plus récemment). On notera que le jeune homme (Benjamin Zaluski) a un profil plus "techno". Ancien de Sciences Po, il a effectué une partie de ses débuts professionnels en Israël. En France, il a fait (brièvement) partie du cabinet de François Fillon, lorsque celui-ci était Premier ministre :

Zaluski 4.jpg

   Quand on lit le descriptif de sa mission (sur son profil LinkedIn), on est amené à se demander s'il était au service du Premier ministre ou bien de l'élu sarthois... Plus récemment, ce brillant jeune homme a fait partie de l'équipe de campagne d'Alain Juppé (en course aux primaires de la droite et du centre).

   De son côté, la députée (socialiste) Marie-Lou Marcel emploie trois personnes.

Aides Marcel.jpg

   Deux d'entre elles sont en place depuis plusieurs années (au moins depuis 2014). On notera que Mme Marcel partage toujours l'un de ses assistants avec une autre députée, Martine Martinel. La nouvelle de l'équipe est Catherine Delporte, qui remplace Bertrand Cavalerie, conseiller départemental, adjoint au maire de Capdenac-Gare et... candidat à la succession de Marie-Lou Marcel.

   Le troisième député aveyronnais, Arnaud Viala emploie, comme son collègue Yves Censi, quatre collaborateurs :

Aides Viala.jpg

   La première est une fidèle du député. La dernière pourrait être une commerçante locale, compagne du suppléant d'Arnaud Viala. Les deux autres sont arrivés plus récemment, en remplacement des précédents assistants. Une travaille désormais en région parisienne, l'autre, Jean-Robert Bosc, a semble-t-il préféré suivre Alain Marc au Sénat. Des deux nouveaux (Alexi Carrière et Thomas Urquijo), l'un (sans doute le premier) est un petit-cousin du député, ainsi qu'on a pu le lire le 28 janvier dernier dans Midi Libre :

Viala MLibre 28 01 2017.jpg

   Passons aux sénateurs. Alain Marc a légèrement remanié son équipe. D'après sa déclaration d'intérêts, il emploie toujours la militante Nathalie Bécu. Jean-Robert Bosc a fini par le rejoindre (peut-être après avoir pris le temps de "lancer" le nouveau député Viala). La nouvelle arrivée est Christelle Dressayre-Coupry, qui a de l'expérience dans le domaine, puisqu'elle a débuté comme assistante parlementaire en 2002. On notera que le sénateur s'est séparé de Paskalita Francheteau (qui travailla d'abord pour Jacques Godfrain) après s'être brouillé avec son ancien mentor.

   Terminons avec Jean-Claude Luche, l'ancien président du Conseil départemental de l'Aveyron. En matière de recrutement de collaborateurs, c'est une exception, puisqu'il n'emploie à ma connaissance qu'une personne, Marie Dousset, depuis ses débuts au Sénat. Curieusement, selon le document que l'on consulte, l'identité de l'assistante est masquée ou pas. Dans la déclaration publiée en 2015, son nom figure bien dans le neuvième point. Cependant, dans la déclaration publiée en 2016, une surface grisée recouvre cette partie. Pourquoi donc ? Y aurait-il eu un changement ? Pourtant, que ce soit sur le site du groupe UDI au Sénat comme sur le site du projet Arcadie (qui suit la vie parlementaire), la jeune femme apparaît comme unique collaboratrice du sénateur. Son profil LinkedIn ne semble pas avoir été mis à jour récemment, mais il indique que, depuis 2014, elle a fait autre chose que du travail parlementaire pour Jean-Claude Luche. Voilà un mystère à éclaircir...

   P.S.

   En matière de transparence, il reste des progrès à faire. Les élus ont "verrouillé" la consultation de leurs déclarations de patrimoine. Pourtant, elles contiennent des informations propres à éclairer les débats publics. Ainsi, combien de députés et sénateurs partisans de la suppression de l'ISF sont eux-mêmes assujettis à cet impôt ?

samedi, 18 février 2017

L'Empereur

   Douze ans après La Marche de l'empereur, Luc Jacquet (auquel on doit aussi La Glace et le ciel et Il était une forêt) nous revient avec un documentaire consacré aux manchots de l'Antarctique. Le scénario est familial : on suit les efforts des parents pour faire survivre leur progéniture, avant de découvrir les premiers pas de celle-ci, jusqu'à l'acquisition de l'autonomie.

   Le déroulé n'est toutefois pas strictement linéaire : on nous propose des retours en arrière, et même quelques images du premier film. On a visiblement voulu éviter le côté parfois pesant des documentaires. Quant au commentaire lu par Lambert Wilson, il évite les deux principaux écueils : il n'est ni abscons ni nunuche. La musique n'est pas trop présente, juste ce qu'il faut.

   Mais le plus intéressant est ce que l'on voit à l'écran. Les images sont superbes, que ce soient celles de la banquise, celles de l'océan ou bien celles des manchots. Ceux-ci sont parfois filmés en super gros plan : on a l'impression de pouvoir les toucher ! Et qu'est-ce qu'ils sont beaux, à la fois gracieux et dignes.

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   Je pense que l'une des raisons du succès qu'ils rencontrent est l'anthropomorphisme dont nous faisons preuve. Voir ces marcheurs empruntés trébucher (voire tomber) sur la glace les rend proches de nous, tout comme les couples qu'ils forment, avec ce souci de préserver leur progéniture unique. Encore aujourd'hui, je suis étonné de la relative facilité avec laquelle les adultes arrivent à se reconnaître et à repérer leur petit, qu'ils n'ont parfois pas vu depuis des mois. Il semblerait qu'ils se guident essentiellement à l'oreille.

   A propos des couples, les spectateurs avisés remarqueront l'équitable répartition des tâches entre le mâle et la femelle, les deux couvant alternativement le petit, pendant que l'autre part chercher de la nourriture. C'est même la mère qui abandonne la cellule familiale la première, quand elle juge que le petit peut se débrouiller seul.

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   Celui-ci n'est pourtant pas bien grand, n'ayant en général pas achevé sa mue. Ces peluches vivantes et maladroites sont vraiment attendrissantes ! Très jolies aussi sont les scènes de séduction entre les adultes. Et l'on retrouve ces étranges processions, que les animaux forment quasi instinctivement. C'est vraiment un chouette film !

02:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 15 février 2017

Silence

   Le nouveau film de Martin Scorsese (nettement moins tape-à-l'oeil que Le Loup de Wall Street) est l'adaptation d'un roman japonais, mais son intrigue a un arrière-plan historique : les tentatives de christianisation du Japon, notamment par les Jésuites, ordre auquel appartiennent les héros.

   Le film (dans sa version originale) est polyglotte : on y entend parler anglais, latin, japonais et même chinois. Scorsese semble suivre la même démarche que Clint Eastwood dans Lettres d'Iwo Jima : son oeuvre ne sera pas une vision occidentalo-centrée. Toutefois, il n'a pas poussé le réalisme jusqu'à faire s'exprimer les personnages principaux européens en portugais. Déjà qu'il a eu du mal à financer le film...

   D'un point de vue visuel, c'est superbe. Scorsese n'a pas perdu la main. Epaulé par un très bon directeur de la photographie, il réalise de superbes plans des zones côtières comme des intérieurs. Les scènes de nuit sont les plus belles, avec une incontestable maîtrise des éclairages. Je note cependant un certain penchant à montrer la saleté à l'écran... penchant qui concorde avec le propos du film.

   Scorsese a visiblement pris du plaisir à mettre en scène une lente défaite, celle des Européens sûrs d'eux face à la civilisation (et à la force) japonaise. Pour les spectateurs occidentaux, c'est original, mais, à l'écran, c'est long à venir. On doit subir des tunnels de dialogues pas franchement palpitants. De surcroît, je ne suis pas convaincu par le choix d'Andrew Garfield pour le rôle principal. Il était meilleur dans Tu ne tueras point, mais il interprétait un personnage plus monolithique. Il est visiblement moins à l'aise dans le rôle d'un homme de plus en plus tourmenté, dont les convictions vont vaciller. A ses côtés, Adam Driver (que l'on voit beaucoup moins) est plus marquant. Surtout, quand Garfield se retrouve face à Liam Neeson, on sent clairement qu'il y a une classe d'écart.

   Beaucoup de choses sont assez prévisibles dans cette histoire. Du coup, comme l'action n'est guère trépidante, je me suis un peu ennuyé. J'ai eu le temps de goûter la beauté de certains plans mais, franchement, pendant 2h40, ça fait long. Il convient néanmoins de rester attentif jusqu'au bout. En chrétien convaincu, Scorsese a voulu montrer que la véritable victoire est intérieure, en tout cas beaucoup plus discrète que ne le furent les tentatives d'évangélisation...

mardi, 14 février 2017

Des députés peu (pré)occupés

   Retour sur le bien-être animal en abattoir et l'attitude de nos élus. L'été dernier, je m'étais intéressé aux travaux de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale et plus particulièrement au rôle qu'avait pu y jouer le député aveyronnais Arnaud Viala, qui en était membre. A l'époque, la commission n'avait pas encore clôturé ses travaux. Il me manquait cinq comptes-rendus.

   Force est de constater que leur intégration dans le bilan ne change pas grand chose. A. Viala n'a été présent qu'à une seule des cinq séances concernées, la dernière, fort intéressante d'ailleurs, puisqu'elle a été le cadre d'une discussion avec Franck Ribière, un documentariste issu du monde agricole, qui s'est notamment intéressé aux abattoirs mobiles. Le député aveyronnais est allé jusqu'à poser une série de questions à l'intervenant :

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   Cette participation tardive n'améliore guère son bilan. Il n'a été présent qu'à 16 des 39 séances (41 % du total). 6 de ses 23 absences (notamment les 4 dernières) ont été excusées (ce qui ne signifie pas qu'elles étaient excusables, vu qu'on en ignore le motif). Pour les 17 autres (soit les trois quarts de ses absences), le député semble n'avoir pas fourni de justification.

   Je me suis replongé là-dedans après la lecture du compte-rendu des débats du 12 janvier dernier, en assemblée (censée être) plénière. (La vidéo est accessible ici.) Arnaud Viala a été présent dans l'hémicycle une partie de la journée (voir plus bas). Il est intervenu à deux reprises, après la discussion générale, lorsque l'article 1er a été abordé. Je dois dire que j'ai savouré le début de sa première intervention (la partie soulignée par moi n'est pas dans la vidéo ; après écoute attentive, je pense qu'elle a été coupée) :

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   Mais c'est le contexte de la seconde qui m'a le plus interloqué :

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   Tout d'abord, le député aveyronnais se dit opposé à la création d'un comité d'éthique, dont le texte prévoit pourtant une composition assez oecuménique (avec des représentants des industriels et des salariés du secteur, mais aussi ceux d'éleveurs, des associations de consommateurs et de défense des animaux...). Mais, ô surprise, dans sa réponse, Olivier Falorni a sorti la brosse à reluire ! Ses propos sont en contradiction avec ce qu'on peut déduire de la lecture des comptes-rendus. Soit ceux-ci sont incomplets, soit l'élu de gauche a flatté le député LR parce qu'il a senti qu'il avait besoin de l'appui d'au moins une partie des élus de droite pour faire aboutir le texte.

   La supposée forte implication du député aveyronnais n'est pas allée jusqu'à l'inciter à rester pour participer à tous les scrutins. Après examen de tous les amendements proposés (celui d'Arnaud Viala n'ayant pas été retenu), on a procédé à deux votes publics.

   Le premier scrutin a porté sur la possibilité, pour des parlementaires au besoin accompagnés des services vétérinaires, d'effectuer des visites surprises dans les abattoirs de leur circonscription (ce qu'ils peuvent déjà faire dans les prisons). Sur ce sujet, le gouvernement (par la voix du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll), n'a pas suivi le rapporteur de la proposition de loi (Olivier Falorni, qui, rappelons-le, a présidé la commission d'enquête sur les conditions d'abattage). Résultat des opérations : l'amendement a été rejeté par... 20 voix contre 14. (Rappelons que l'Assemblée compte 577 députés !) Socialistes et Républicains ont fait pencher la balance du côté du refus, auquel s'est associé Arnaud Viala.

   Le second vote a porté sur la réintroduction d'une mesure qui avait été supprimée en commission : l'installation de caméras dans les abattoirs. En décembre dernier, cette suppression avait provoqué une petite polémique. Notons que, lors de la réunion de la commission des affaires économiques, le 14 décembre dernier, la majorité des députés concernés étaient présents. Cependant, parmi les absents, on relève le nom de Marie-Lou Marcel (députée de l'Ouest Aveyron). Arnaud Viala n'est décidément pas le seul à pratiquer l'école buissonnière...

   Mais revenons à la séance (supposée) plénière du 12 janvier. Olivier Falorni a proposé un amendement visant à rétablir l'installation de caméras dans les abattoirs. Il a été adopté à l'écrasante majorité de 87,5 % des votants... soit 28 députés sur 32 ! Courageux mais pas téméraire, Arnaud Viala (auparavant assis place 85) avait visiblement déserté les rangs de l'Assemblée à ce moment fatidique. (Mais je suis mauvaise langue : il était sans doute aux toilettes.) Les autres députés aveyronnais (Marie-Lou Marcel et Yves Censi) n'étaient même pas présents ce jour-là.

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   Pour ne pas se limiter à l'Aveyron, il est consternant de constater la faible présence des députés français lors des débats et des scrutins publics. Quand on en consulte la table, on s'aperçoit que, depuis décembre dernier, en deux mois et demi, seuls trois scrutins ont réuni plus de 300 élus !  Ils portaient sur la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre Bernard Cazeneuve, la prolongation de l'état d'urgence et le Grand Paris. Voilà des sujets dignes d'intéresser nos députés, visiblement pas très motivés par le travail de détail sur des sujets qui ont des conséquences sur notre vie quotidienne...

   Quant à la proposition de loi sur les abattoirs, elle est désormais sur le bureau de la commission des affaires économiques du Sénat... depuis le 13 janvier. A l'heure où j'écris ces lignes, le programme de travail du mois de février a été établi, et il ne prévoit pas l'examen de ce texte. Il risque donc de se perdre dans les limbes de la fin du quinquennat de François Hollande...

   Vivement mai-juin 2017, que la loi sur le cumul des mandats s'applique enfin, et qu'une partie de ces profiteurs perde un peu de ses privilèges !

lundi, 13 février 2017

Florilège !

   Il reste quelques semaines pour voir cette exposition temporaire du musée Fenaille, inaugurée dans la foulée de la commémoration des 180 ans de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron.  Cette genèse nous est d'ailleurs expliquée dans la première salle, documents à l'appui. Parmi ceux-ci figure l'acte de fondation :

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   Ce document avait été projeté et commenté lors de la soirée consacrée en novembre dernier à l'anniversaire de la vieille dame rouergate. Notons que sur trois des quatre côtés enluminés on trouve les armoiries de Rodez et des quatre sous-préfectures de l'époque : Millau, Villefranche-de-Rouergue, Espalion et Saint-Affrique.

   Si la plupart des documents présents dans cette salle évoquent les débuts de la Société et les prestigieux membres qui l'ont rejointe (parfois à titre exceptionnel comme Chateaubriand et Mérimée), quelques-uns sont antérieurs, datant notamment de l'époque révolutionnaire. L'un d'entre eux parle d'un enfant trouvé, qualifié de sauvage mais dont certains éléments laissaient penser qu'il avait reçu une "bonne" éducation. (Ce n'est pas Victor de l'Aveyron, pourtant découvert à la même époque.) Un autre document évoque le projet de remplacer certaines sculptures de la cathédrale par d'autres (les bustes de Lepelletier, Marat, Bayle et Chalier), plus en rapport avec l'idéologie révolutionnaire, l'église n'étant plus dédiée à la Vierge mais à la Liberté. Par ce biais, le monument pourrait être préservé, une partie des révolutionnaires n'approuvant visiblement pas toutes les destructions opérées dans les édifices religieux.

   Pour la petite histoire, signalons que la Société populaire de Rodez, qui joue un rôle clé dans cette démarche, est présidée à l'époque par un certain Antoine Fualdès, le même qui fut assassiné en 1817 (sans doute victime d'un complot royaliste). L'année 2017 verra plusieurs manifestations "célébrer" le bicentenaire de cet assassinat politique qui a défrayé la chronique. Il semblerait qu'une prochaine exposition (au musée Fenaille) lui soit consacrée.

   En déambulant dans les deux salles, on peut voir d'anciennes photographies du musée (lors de son installation dans ces locaux, en 1937, et juste avant sa rénovation, fin XXe - début du XXIe siècle)... et de Rodez, comme celle-ci, datant de 1863 :

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   Les curieux tenteront de déchiffrer des lettres manuscrites, signées Chateaubriand, Mérimée ou encore Emma Calvé (la cantatrice, qui a correspondu, entre autres, avec le sculpteur Denys Puech). Au hasard d'un carnet de fouilles (celui de Louis Balsan), on découvre la présence du jeune Pierre Soulages sur un chantier archéologique.

   La seconde salle est davantage garnies d'objets, de toutes les époques. C'est une modeste illustration des dons qui ont enrichi les réserves du musée : sculptures, peintures, pièces d'armure, objets du quotidien... Il y en a pour tous les goûts. J'ai été particulièrement impressionné par une coupe sculptée, dorée, une oeuvre relativement récente et de toute beauté.

   La visite est assez rapide. Cela laisse du temps pour (re)monter voir les collections permanentes du musée, dans lesquelles se trouvent nombre de trésors.

samedi, 11 février 2017

Tempête de sable

   Ce film israélien a pour héros des Bédouins du Néguev, des Arabes du désert, en partie sédentarisés. On suit plus particulièrement une famille, l'aînée des enfants, la charmante et impétueuse Layla, étant l'héroïne de l'histoire. C'est elle qui va lever un vent de tempête qui menace de tout emporter sur son passage.

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   On s'attend essentiellement à ce qu'il soit question de mariage forcé, mais, habilement, le film démarre sur une scène qui illustre le fort attachement qui existe entre le père et sa fille aînée. Cependant, on va très vite comprendre que ce père n'est pas prêt à aller à l'encontre des traditions. L'intrigue nous fait donc découvrir, globalement, la situation des femmes dans une société patriarcale contemporaine.

   La première partie est bien centrée sur un mariage, mais ce sont des adultes qui sont directement concernés. Ici, il est question de polygamie... et peut-être aussi de transmission masculine : l'homme qui accueille sa deuxième épouse a quatre enfants... uniquement des filles. Le regard se concentre sur la première épouse, qui ne manque pas de caractère, mais qui n'a guère de marge de manoeuvre. Dans le rôle, Rubal Abal (vue auparavant dans Héritage) est excellente.

   On sent même qu'au sein du groupe familial, la fille aînée n'est pas loin de prendre le dessus sur sa mère... tant qu'elle bénéficie du soutien de son père. Celui-ci lui apprend à conduire et, fait extraordinaire, l'encourage à poursuivre ses études. On sent même qu'il regrette que ses résultats ne soient pas plus brillants.

   Cela s'explique parce que Layla a un peu la tête ailleurs. Certes, ses études lui ont laissé entrevoir une autre vie, dans laquelle elle ne serait pas destinée à élever les enfants qu'elle aurait d'un mari imposé. Mais, surtout, elle est tombée amoureuse, d'un gars d'une autre tribu. Va-t-il plaire à son père ? La famille de son chéri (dont on comprend qu'elle a eu à souffrir des autorités israéliennes) est-elle assez honorable ? Cette amourette cadre-t-elle avec les plans qu'a concoctés le père pour sa fille ?

   Le coeur de l'intrigue est constitué par cette opposition père-fille. Mais cela a aussi des conséquences sur les jeunes soeurs de l'héroïne... et surtout sur sa mère. On sent la jeune femme prête à tout. Elle va devoir prendre une décision lourde de conséquence, quelle qu'elle soit.

   C'est pour moi un très bon film. Sur un canevas connu (les amours contrariées), la réalisatrice (qui est aussi scénariste) a greffé le contexte israélien et la question de la place des femmes dans la société.

   P.S.

   Pour en savoir plus sur le sujet, on peut lire une étude universitaire d'Ivan Sand (très critique vis-à-vis de la politique menée par les gouvernements israéliens). Un intéressant (et très ponctuel) contrepoint est proposé par... le site de Tsahal (l'armée israélienne), qui évoque le rôle (méconnu) des Bédouins dans la défense du pays. (Les lecteurs avisés remarqueront l'emploi de l'expression "Judée-Samarie" à la place de Cisjordanie...)

jeudi, 09 février 2017

Lego Batman, le film

   C'est la sortie événement de cette semaine, loin devant les attrape-nigaude matraqués par la publicité. Ceux qui ont savouré La Grande Aventure Lego ne seront pas dépaysés. Le style graphique est le même, le ton parodique omniprésent... et c'est d'ailleurs davantage destiné aux grands qu'aux petits, au-dessus de la tête desquels risquent de passer pas mal d'allusions !

   Dès le début, j'ai aimé le commentaire parodique du générique, qui se moque gentiment de certains tics hollywoodiens. Notre guide est Batman-le-héros-viril-qui-n-a-besoin-de-personne. Le film a évidemment pour objectif de démontrer le contraire.

   En attendant que Batman ne rejoigne le commun des mortels, on le montre mettre sa race à une brochette de vilains, dans une séquence cocasse et survitaminée. Mais l'image scintillante du justicier solitaire cache la vie recluse d'un homme triste, sans famille, dont les habitudes vont être (en partie) dérangées par l'arrivée d'un orphelin très dégourdi.

   Les sources de gag sont donc nombreuses. Outre les invraisemblables combats, on a l'égocentrisme de Batman, les maladresses de ses amis... et le comportement puéril des méchants. A certains moments, cela va même trop vite, tellement c'est riche... encore un coup pour nous faire acheter le DVD !

   Au niveau du sous-texte, tous les publics sont servis : Batman tombe raide dingue amoureux de la nouvelle commissaire... tout en entretenant une relation amour/haine très ambiguë avec le Joker. N'oublions pas que la plupart de ces messieurs portent des collants...

   Bref, malgré la bande-son très rap, j'ai passé un excellent moment, en compagnie d'une troupe de crétins parfois futés.

   P.S.

   Ceux qui apprécient ce genre d'humour peuvent se ruer en toute confiance sur d'autres animations Lego, pour la télévision. Ainsi, plusieurs séries estampillées "Lego Star Wars" ont été produites. Les Contes des Droïdes (diffusés avant que ne sorte en salles Le Réveil de la Force) racontent toute la saga... du point de vue de R2-D2 et de C-3PO. C'est hi-la-rant !

   Auparavant avaient été produites Les Chroniques de Yoda, dont la première saison s'intercale sans doute entre L'Attaque des clones et La Revanche des Siths, et la seconde entre L'Empire Contre-Attaque et Le Retour du Jedi. Le petit bonhomme vert aux pouvoirs extraordinaires y joue un rôle essentiel, avec ce sens de la dérision qui évite toute grandiloquence.

   Plus récemment, j'ai découvert Les Aventures des Freemakers, dont l'action se déroule elle aussi entre les épisodes V et VI. Cette série met en scène des sortes de garagistes-brocanteurs de l'espace, un trio composé de deux frères et d'une sœur. Ces autoentrepreneurs pleins d'allant sont toutefois assez gaffeurs... mais le plus jeune sent la Force en lui. C'est moins désopilant que les deux autres séries, mais cela se regarde sans déplaisir.

23:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 08 février 2017

Neruda

   Ce portrait romancé de l'écrivain chilien Pablo Neruda est signé par un autre Pablo, Larrain, dont le médiocre Jackie est actuellement en salles. J'apporte cette précision pour deux raisons. La première est qu'il est rare de voir deux films récents d'un même réalisateur occuper les écrans. La seconde est qu'il est difficile de croire que le même homme ait pu, à quelques mois de distance, réaliser deux œuvres aussi dissemblables.

   Autant Jackie est pesant, engoncé, prévisible, autant Neruda est vivant, virevoltant... voire facétieux. Le principal artifice de mise en scène consiste dans le montage alterné de plusieurs versions de certaines scènes de dialogue, tournées sous des angles voire dans des lieux différents. Cela donne une impression d'étrangeté ou de cocasserie... et nous incite à nous méfier de ce qui nous est montré : l'histoire qui nous est contée est en cours de construction... bref, c'est de la "réalité améliorée" ou une fiction réaliste. Neruda ayant été lui-même un peu affabulateur, quel plus bel hommage pouvait-on lui rendre que de romancer cet aspect de sa vie !

   Il convient aussi d'être observateur : certains plans réservent quelques surprises. A plusieurs occasions, Neruda tente de se dissimuler (avec succès). Il reste aux spectateurs (et aux policiers qui le poursuivent vainement) à deviner où il se cache, par exemple dans le bordel ou encore dans la librairie.

   Au-delà de son aspect comique, le film n'en assène pas moins quelques vérités. J'ai apprécié qu'on déboulonne (un peu) la statue du grrrand écrivain. Neruda était un bourgeois dilettante, communiste en partie par provocation. S'il était sans doute sincèrement choqué par le sort des prolétaires chiliens, il pensait surtout à s'envoyer en l'air... et tenait absolument à bénéficier des services de domestiques, même en cavale.

   C'est toute l'histoire de ce film, qui voit l'écrivain poursuivi par un policier zélé... et un peu admirateur de ses œuvres. Dans le rôle d'Oscar Peluchonneau, Gael Garcia Bernal (que Larrain avait déjà dirigé dans No) est excellent, au point de parfois voler la vedette à l'écrivain... ce à quoi s'évertue son personnage, d'ailleurs ! (Signalons qu'il a existé un Oscar Peluchonneau Bastamante directeur général de la police chilienne... en 1952, soit quelques années après l'époque à laquelle se déroule l'intrigue. Ici encore, réalité et fiction s'entrecroisent.)

   Au passage, le Chilien Larrain, qui avait situé l'action de Santiago 73 à l'époque du coup d’État de Pinochet, nous fait croiser le futur dictateur, alors jeune officier, dirigeant un camp de détention de communistes du côté d'Iquique, dans le nord du pays, où s'étend le désert d'Atacama. Ce nom a éveillé ma curiosité. Où l'avais-je déjà entendu ? Dans le documentaire Chomsky et compagnie, qui évoque le massacre de mineurs commis par l'armée chilienne en 1907.

   Neruda est donc un film très riche, qui nous instruit et nous divertit sans se prendre au sérieux. J'ai toutefois été un peu déçu par le dernier quart d'heure, le réalisateur ayant visiblement eu du mal à conclure son histoire.

   P.S.

   Le massacre de 1907 a inspiré l'écrivain Hernan Rivera Letelier, dont le roman Les Fleurs noires de Santa Anna a pour cadre les jours qui ont précédé la tuerie. On y suit des personnages hauts en couleur, pauvres et, en général, dignes. Ils vont se révolter contre leurs conditions de travail (et de vie) et déclencher un formidable mouvement populaire, qui va affoler les possédants.

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mardi, 07 février 2017

La Grande Muraille

   Cette coproduction américano-chinoise vise le plus large public possible... avec, en priorité, les nombreux spectateurs des Etats-Unis et de Chine. Le cadre principal de l'action est l'un des monuments emblématiques de la Chine (et du patrimoine mondial). Par contre, l'intrigue, loin de s'inspirer d'événements historiques, s'appuie sur une légende. C'est une sorte de mélange de film en costumes chinois et de Seigneur des anneaux, avec une pincée de Kingdom of Heaven.

   Le propos est éminemment politique. Il montre que, face à une gigantesque menace (les animaux incarnant la barbarie, qui pourrait être celle du djihadisme), Occidentaux et Orientaux doivent unir leurs forces pour triompher. Accessoirement, au-delà de leurs différences, les braves de chaque camp ont plus de points communs qu'ils ne le croient.

   Du côté des Orientaux, on identifie bien les Chinois (les peuplades mongoles étant présentées comme sous-développées). C'est l'époque de la dynastie Song, qui a vu l'invention de la poudre à canon et du principe de la boussole, entre autres. (Accessoirement, le public non cultivé apprendra qu'au Moyen Age, c'était la civilisation chinoise qui était la plus avancée.) Du côté des Occidentaux, c'est plus ambigu : Matt Damon incarne un chevalier anglais (qui s'est battu pour l'un des rois nommés Harold, qui vécurent tous deux au XIe siècle)... mais c'est incontestablement un Américain. Au niveau du scénario, on a joué sur cette double identité. Au plan symbolique, le film met en scène une hypothétique alliance sino-américaine, mais il pourrait aussi se comprendre comme la dénonciation de la perte de certaines valeurs par les Européens (risque qui menace aussi les Chinois).

   Mais on peut très bien s'émanciper de ce sous-texte et se contenter de profiter du spectacle. La photographie est superbe, très colorée, et les effets spéciaux au poil. Signalons que Lucasfilm (à travers notamment sa filiale Skywalker Sound) y a apporté sa touche... en compagnie d'une brochette de contributeurs, tchèques, indiens et même français.

   Les acteurs sont bons, ne surjouent guère. Le public a aussi l'occasion de découvrir une ravissante actrice chinoise, Jing Tian, à laquelle l'armure bleue sied à merveille... et que sa coiffure extravagante ne gêne nullement au combat !

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   Ce film est donc à classer dans la catégorie "divertissement grand public". C'est joli à regarder, romanesque à souhaits, sans prise de tête. Cela ne va pas changer l'histoire du cinéma, mais on passe un bon moment.

22:15 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, filmd

lundi, 06 février 2017

Jackie

   Ce faux biopic est centré sur les moments et les jours qui ont suivi l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, vus par sa veuve. Cette trame est encadrée par des retours en arrière (des extraits d'un programme télévisé auquel la First Lady avait participé) et l'entretien accordé par l'héroïne à un journaliste (une fois le tumulte passé). Il s'agit donc d'un film à entrées multiples, sur le pouvoir, sa représentation, le poids des médias, la vie d'une femme mal considérée (avant d'être adulée) et sur le(s) deuil(s).

   Natalie Portman a pris le phrasé et la démarche de Jackie Kennedy. Par son jeu, elle nous montre aussi l'évolution du personnage : à la nunuche de 1961 a succédé, en 1963, une femme certes tenaillée par la souffrance, mais plus sûre d'elle et capable d'utiliser les rouages du système.

   Le reste de la distribution est de bon niveau. On ne voit pas trop les autres acteurs, dont le jeu est réduit à la portion congrue. On remarque néanmoins la bonne prestation de Peter Sarsgaard (en Robert Kennedy). Je note aussi qu'on a trouvé un acteur qui a une certaine ressemblance avec le défunt président.

   Le problème vient, en partie, de la réalisation. Oh, c'est du travail propret, avec un petit côté vintage dans la recréation du grain de l'image télévisuelle (pour les scènes anciennes). Mais c'est trop sage, trop millimétré. On finit par s'ennuyer terriblement, d'autant qu'on a veillé à ne pas égratigner la légende Kennedy.

   A mon avis, il aurait été plus pertinent d'élargir l'ampleur chronologique du sujet, pour évoquer les études suivies par Jacqueline Bouvier (qui n'était pas une idiote) et, après la période Maison Blanche, sa tentative de refaire sa vie avec le milliardaire Onassis.

   P.S.

   Quitte à aller voir un film qui rende hommage à une femme célèbre (incarnée par une actrice très talentueuse), autant choisir Dalida.

Une célébrité aveyronnaise méconnue

   Je suis récemment retombé sur un "vieil" article du Monde, un portrait d'élus locaux publié dans le magazine M paru le 10 décembre dernier. Intitulé "Les Balkany du Roussillon", il évoque la carrière d'Alain et Joëlle Ferrand, qui se sont succédé à la tête de la mairie du Barcarès, au rythme des poursuites judiciaires dont ils ont été la cible.

   C'est un passage de l'article qui a attiré mon attention. Il y est fait mention d'une "enfance dans l'Aveyron". Après vérification dans l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Fantassins de la démocratie, j'ai réalisé qu'Alain Ferrand était né dans notre département, plus précisément à Aubin. D'après un article du Point de 2013, il serait fils d'agriculteur.

   Les ennuis judiciaires du couple expliquent que la presse aveyronnaise ne porte pas aux nues ce nouvel expatrié, qui semble avoir transmis sa passion de la politique à sa progéniture. Ainsi, lors de l'élection municipale partielle de 2011 (qui lui a permis de succéder à son épouse déclarée inéligible), Alain Ferrand a placé l'une de ses filles, Mathilde (l'aînée), sur sa liste, en 24e position, donc a priori non éligible... mais pas à la dernière place (la 27e), contrairement à ce qu'avait avait déclaré l'ex et futur maire.

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   Durant la campagne, celui-ci avait d'ailleurs autant communiqué sur sa famille que sur la liste qu'il conduisait, à tel point que les murs de la commune ont été décorés d'étranges affiches :

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   Une ancienne habitante de la région a même remarqué que ce n'était pas la première fois qu'Alain Ferrand utilisait sa famille pour mener sa carrière politique :

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   Le virus semble avoir contaminé la jeune Mathilde, puisque quatre ans plus tard, à l'occasion des élections départementales de 2015, elle a tenté sa chance, en binôme avec un vieux routier de la vie politique locale, Alain Got, maire de Saint-Laurent-de-Salanque et ancien conseiller général. Le scrutin fut serré, mais pas en la faveur de la fille du maire du Barcarès, qui a failli faire élire un binôme FN (dans lequel figurait Daniel Philippot, le frère de Florian).

   L'histoire (politique) familiale ne s'arrête pas là, puisqu'aux municipales de 2014 (de nouveau facilement remportées par Alain Ferrand), une autre fille du maire, prénommée Camille, est présente sur sa liste (peut-être pour remplacer son aînée, préservée pour les départementales à venir), en 22e position... a priori pas en position éligible... sauf que le scrutin se termine en triomphe pour papa, dont la liste obtient... 22 sièges ! (On a peut-être mieux calculé son coup qu'en 2011...)

dimanche, 05 février 2017

La Vallée des loups

   Cette vallée alpine (de cheval) nous demeure secrète, le réalisateur Jean-Michel Bertrand voulant la préserver de l'intervention humaine. Je pense malgré tout qu'une personne connaissant la région peut, en s'appuyant sur les images et sur les remerciements qui figurent dans le générique de fin, arriver à retrouver les lieux de tournage.

   Commençons donc par ces images superbes de paysages de montagne, d'un lever de soleil brumeux ou de surfaces enneigées. C'est évidemment une ode à la nature, à travers le minéral, le végétal... et l'animal. Bien avant de voir les loups, on entre en contact avec les chouettes (succès garanti auprès du public, à condition qu'il n'attrape pas de torticolis), les blaireaux (il n'y en avait pas dans la salle, apparemment), les cerfs, les biches, les chamois, les lièvres, les corbeaux, les fourmis, les renards... C'est beau à voir, parce que les animaux sont filmés dans leur milieu naturel et parce que la photographie n'est pas dégueu.

   C'est aussi souvent drôle, parce que le comportement des bestioles prête parfois à sourire et parce que J-M Bertrand se met en scène, avec une bonne dose d'autodérision. Précisons qu'il n'est pas tout seul à tenir la caméra. Les prises de vue ont été réalisées par deux personnes, Marie Amiguet épaulant le réalisateur. C'est particulièrement visible sur certaines scènes, où les prises de vue ne peuvent pas avoir été réalisées par une caméra fixe disposée par l'unique personne présente sur les lieux.

   Cela me conduit à une petite critique. Ce qui nous est présenté comme le fruit de l'immersion aventureuse d'un baroudeur passionné est aussi le résultat d'une mise en scène. Certains moments, présentés comme fortuits, ne le sont pas tout à fait.

   L'un des exemples les plus flagrants est la première vision d'un loup. Elle semble survenir alors que le réalisateur nous est montré en train d'uriner. Il se retourne et -contrechamp- on voir un loup, au loin, qui semble l'observer. C'est évidemment le résultat au mieux d'une reconstitution (seules les images du loup sont une capture sur le vif, les autres ayant été rejouées pour les besoins du film), au pire d'une invention (le réalisateur a bien filmé par hasard ce loup, de jour, et a décidé ensuite d'ajouter une scène le montrant en train d'uriner à ce moment-là pour "pimenter" son histoire).

   Un autre exemple est cette scène qui voit le réalisateur marcher devant un arbre dans lequel se cache une chouette, dans une niche située en hauteur. La caméra, posée latéralement au chemin, semble capter une rencontre fortuite. En réalité, il y a fort à parier que la chouette a été repérée auparavant et qu'il a été décidé de mettre en scène le passage de J-M Bertrand devant cet arbre-là.

   On va me dire : ce ne sont là que de menus détails, mais ce procédé de fausse rencontre, tout comme le tournage a posteriori de plans contrechamp nuit à la rigueur du propos (qui est militant).

   On n'en est pas moins passionné par le périple du réalisateur. D'abord attiré par les rapaces, il décide de se concentrer sur les loups, dans ce parc naturel où l'activité humaine ne vient pas déranger la vie des animaux sauvages. La vision, assez précoce, du premier loup, l'incite à croire qu'il va rapidement arriver à ses fins... Que nenni ! La première année d'observation s'achève sans nouvelle rencontre. Il doit se résoudre à installer des caméras à déclenchement automatique (si elles repèrent du mouvement dans leur champ de vision). Cela nous vaut d'étranges images nocturnes (pour la plupart) de la faune sauvage, vraiment captivantes.

   J'ai particulièrement aimé la séquence qui montre la compétition qui existe, à distance, entre les loups et le renard pour l'occupation d'un territoire. Le chef de la meute commence par marquer le terrain à l'aide d'excréments. Plus tard, le renard vient uriner dessus. De retour, les loups grattent le sol à proximité... là où, plus tard, le renard va à son tour faire ses besoins. Je vous laisse découvrir à quelles extrémités se laisse porter le canidé à la queue touffue !

   Le résultat est un passionnant documentaire, très engagé en faveur du loup... et c'est à mon avis sa principale limite. Si l'on ne nous cache pas le mode alimentaire de canis lupus, jamais on ne le voit réellement chasser ni tuer ou dépecer une proie. Par contre, on a tenu à nous montrer des images de louveteaux jouant comme des chiots. Dans un parc national, la présence des loups se justifie pleinement : ils contribuent à l'équilibre de la chaîne alimentaire. Par contre, dans un parc naturel régional (dont la vocation est de concilier protection de la nature et activités humaines), la présence du loup est une menace pour l'élevage extensif, qui a besoin de grandes pâtures sans danger pour les animaux domestiqués.

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 04 février 2017

Sahara

   Ce film d'animation franco-canadien est porté par une pléiade de voix connues du grand public : Omar Sy, Louane, Vincent Lacoste (très bon en en serpent djeunse), Ramzy, Jean Dujardin, Grand Corps Malade, Sabrina Ouazani, Jonathan Lambert ou encore Clovis Cornillac (que j'ai adoré en ver luisant).

   Pourtant, la première partie ne m'a pas du tout emballé. Non que ce soit mauvais, mais je me suis senti comme exclu de l'histoire, visiblement destinée au (très) jeune public. A un moment, j'ai même piqué du nez !

   Fort heureusement, cela change vers le milieu du film, avec deux séquences capitales : la rencontre des vers luisants dans la grotte et l'introduction du personnage du charmeur de serpents. La première est à la fois drôle et superbe sur le plan visuel. On s'attend bien sûr à de jolis effets d'éclairage, mais on est aussi ravi quand cela prend un tour psychédélique. Quant à l'arrivée du charmeur de serpents, elle débouche sur une scène de danse très réussie.

   La suite maintient l'intérêt : les héros vont faire la rencontre de touristes du désert... humour garanti ! On rit aussi beaucoup lors de la rencontre du poisson des sables (Michaël Youn, étonnamment bon). La virtuosité est plus flagrante lors de la séquence de battle dance, qui va opposer deux femelles. Les animateurs ont réussi à faire se mouvoir les serpents de telle manière qu'à l'écran, on a quasiment l'impression de voir des jeunes femmes.

   La dernière partie de l'intrigue est la plus trépidante. Cela devient un film d'action très prenant... et visible par tous.

   Voilà. Si l'on supporte la première partie, cela constitue un bon divertissement.

17:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 02 février 2017

L'Histoire officielle

   C'est le titre d'un film argentin (oscarisé), sorti en 1985 et tourné en secret dès la chute de la dictature militaire, en 1983. Il ressort aujourd'hui dans une version restaurée. C'est une œuvre majeure, d'abord par la qualité de l'interprétation, mais aussi par la force du sujet qu'elle aborde (les disparus de la dictature), ultra-brûlant à l'époque.

   Le titre est à double-sens, puisqu'il fait allusion à la censure qui sévit en 1982-1983 sur les crimes de la dictature... et au métier de l'héroïne Alicia, qui enseigne l'histoire dans un lycée de garçons. Cultivée et autoritaire, elle impose une certaine vision du passé, qui va être contestée par certains élèves.

   La remise en question va aussi toucher son histoire personnelle. On apprend vite qu'elle est stérile et que sa fille Gaby a été adoptée il y a environ 5 ans... en réalité, elle a été apportée au domicile conjugal par l'époux de l'héroïne, un homme d'affaires très en cour auprès des officiers qui dirigent le pays depuis 1976.

   Mais l'on sent que l'ambiance est à la fin de règne. Plusieurs scènes sont chargées de nous montrer que l'on parle beaucoup par sous-entendu, y compris au sein de l'élite privilégiée. La glace va craquer une première fois lors d'une soirée "entre filles" : l'héroïne revoit sa meilleure amie, de retour au pays après une absence de six ans. La scène s'engage sur un ton très futile, limite agaçant. Et, soudain, elle bascule dans le drame, notamment grâce au talent de l'actrice qui incarne Ana.

   La grande bourgeoise sent ses certitudes vaciller et décide de mener sa propre enquête sur l'origine de sa fille. Cela va la conduire à rencontrer une de ces grands-mères de la place de Mai, dans une scène de café absolument étourdissante, qui voit une femme changer petit à petit d'attitude en écoutant la seconde, qui se livre et se décompose.

   C'est donc un film de femmes, très fort bien qu'un peu daté. Soulignons aussi la très bonne composition d'Hector Alterio, qui interprète le mari d'Alicia.

   Je pense que ce film a inspiré d'autres réalisateurs sud-américains, comme Adrian Caetano (auteur de Buenos Aires 1977), Lucia Cedron (Agnus Dei) ou encore les Chiliens Patricio Guzman (Nostalgie de la lumière et le génial Bouton de nacre) et Pablo Larrain (Santiago 73 et No).

23:11 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 29 janvier 2017

Dalida

   Presque cinq après Cloclo, le cinéma français replonge dans le biopic d'une vedette populaire morte prématurément. Coïncidence ou pas, les deux chanteurs ont passé leur enfance en Égypte, dans la communauté européenne. Ils ont aussi l'Italie en commun, plus précisément la Calabre, dont est originaire la famille de Iolanda Gigliotti, tout comme celle de la mère de Claude François. On note que les deux enfances ont été bercées par la musique, notamment celle jouée au violon.

   Là s'arrêtent les ressemblances. La vie de Dalida est un écheveau de moments d'intense bonheur et de drames, qui l'ont conduite à deux tentatives de suicide, la seconde réussie. Autre différence : la chanteuse n'a pas eu d'enfant, elle qui aurait tant voulu être mère, quitte à laisser un peu tomber sa carrière.

   Contrairement à Cloclo, Dalida nous fait découvrir le passé par touches, à l'aide de retours en arrière. Cela donne au film un côté puzzle qui n'est pas déplaisant, ni déstabilisant : on sait toujours où et quand l'action se déroule. De plus, à l'écran, les tons varient en fonction du lieu et de l'époque. C'est le moment de signaler la grande qualité de la photographie et les efforts pour mettre en scène de manière un peu originale le parcours d'une personne qui a tant occupé les écrans.

   J'ai en tête deux moments particulièrement bien filmés : la demande en mariage de Lucien Morisse, acceptée mais qui vient trop tard (ce qui nous est montré à l'aide de la dissociation des glaces du miroir de la loge) et l'entrée puis la sortie de la scène du palais des sports de Paris. La réalisatrice Lisa Azuelos a su porter à l'écran le monde des paillettes et sa face cachée.

   Pour cela, elle a pu aussi s'appuyer sur la distribution. Tout le monde le dit mais je vais le répéter quand même : dans le rôle-titre, Sveva Alviti est une révélation. Certes, à la base, il y a bien une ressemblance physique entre l'actrice et la chanteuse qu'elle est chargée d'incarner. Mais elle a su acquérir les attitudes et une partie du phrasé de la vedette. Signalons que le film est polyglotte, principalement tourné en français et en italien, avec des touches d'anglais et d'arabe. Quel plaisir que d'entendre la langue de nos amis transalpins !

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   Sveva Alviti est épaulée par une batterie d'acteurs chevronnés, de Jean-Paul Rouve à Riccardo Scamarcio (excellent en Orlando), en passant par Patrick Timsit et Nicolas Duvauchelle. J'ai cité des comédiens de sexe masculin, parce que la vie de Dalida a été marquée par ses rencontres, aussi bien artistiques que sentimentales, les deux s'entremêlant souvent. Ce biopic est donc aussi le portrait d'une femme (qui tente d'être) libre, qui a aimé l'amour et la chanson d'amour, avant de découvrir, sur le tard, qu'elle pouvait aussi interpréter des titres plus "exigeants".

   Du coup, même si on n'est pas un inconditionnel de la chanteuse (dont les titres illustrent les principaux moments de l'histoire), on peut s'attacher à ce portrait de femme, très bien interprété.

samedi, 28 janvier 2017

Les boulettes de Jean-Mimi

   La cuisine politique aveyronnaise peut, parfois, se révéler savoureuse. Hélas, d'ordinaire, elle nous propose plutôt des plats précuits, sans saveur, où l'on aurait bien de la peine à reconnaître la "patte" d'un grand chef. Dans le département, Jean-Michel Lalle est l'un des élus qui pourraient prétendre au titre de "toqué" : il est maire de Rodelle (depuis 1989 !) et a été, de 1998 à 2015, conseiller général de l'Aveyron (et même vice-président de 2008 à 2015). S'ajoute à cela la présidence d'une structure intercommunale, d'abord nommée Bozouls-Comtal, devenue récemment Comtal-Lot-Truyère.

   Cela nous ramène à la récente élection du président de cette nouvelle intercommunalité... et à ses conséquences. Dans un premier temps, J-M Lalle a habilement manoeuvré : n'étant plus conseiller général (et se trouvant à la retraite), il a communiqué sur sa totale disponibilité. Il a aussi sous-entendu qu'il ne s'éterniserait pas à ce poste. Agé de bientôt 70 ans, il pourrait quitter la fonction après les prochaines élections municipales, en 2020. (Mais les promesses n'engagent que ceux qui les croient...) En sous-main, il a peut-être aussi fait quelques promesses aux maires qui l'ont soutenu...

   Une fois le président désigné, on est passé aux vice-présidents. Magnanime (et sans doute aussi pour éviter une guéguerre stérile), la majorité qui s'était portée sur J-M Lalle a laissé la première vice-présidence au candidat battu, Jean-Claude Anglars. Celui-ci doit espérer récupérer la présidence en 2020. Pour les suivants, il a fallu réaliser un dosage subtil. En effet, le territoire de la nouvelle communauté est quasi abracadabrantesque : il s'étend des portes de Rodez à l'Aubrac et à la frontière du Cantal ! Une communauté épousant les contours de la vallée du Lot était concevable, mais ici, de la part de certains élus de l'ancien canton de Bozouls, il y a eu clairement la volonté d'échapper à la fusion avec le Grand Rodez... où, pourtant, une forte proportion des actifs travaille... et où nombre d'habitants vont faire leurs courses !

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   Sur la carte ci-dessus, j'ai souligné le nom des communes dont les élus (presque tous maires) ont été désignés vice-présidents de la nouvelle intercommunalité. On remarque que toutes les communes de l'ancien canton de Bozouls ont été servies (Jean-Michel Lalle étant, rappelons-le, maire de Rodelle). Avec 13 vice-présidences prévues, on avait de quoi contenter 14 maires communes (en comptant le président de la communauté). Il était donc prévu d'en laisser 7 sans vice-présidence. En réalité, ce fut 8, puisque la commune d'Espalion a obtenu deux vice-présidences.

   D'un strict point de vue démographique, ce n'est pas totalement injustifié : la commune d'Espalion regroupe 4 500 des 19 000 habitants de la communauté. Mais cette (légère) prépondérance pourrait se concrétiser uniquement en terme de nombre de membres du conseil communautaire. De très mauvaises langues affirment que la seconde vice-présidence est venue récompenser la "trahison" de certains élus d'Espalion (notamment le maire et son adjoint), qui ont laissé tomber leur allié "naturel" (Jean-Claude Anglars).

   De surcroît, la désignation de ces vice-présidents est entachée d'illégalité. J-M Lalle (et les autres élus) ont "oublié" qu'il fallait procéder à un vote à bulletin secret. Sacrée boulette pour des politiques qui sont dans le système (pour certains) depuis plusieurs dizaines d'années ! La seconde boulette est encore plus croquignolesque, puisqu'elle nous apprend que les élus ne connaissent visiblement pas (assez bien) le code des collectivités territoriales !

   C'est l'article L5211-10 qui est en cause. Que dit-il ? Que, en règle générale, la nombre de vice-présidents ne doit pas excéder 20 % du nombre total de conseillers communautaires. La communauté Comtal-Lot-Truyère comptant 41 conseillers, le nombre de vice-présidents devrait être plafonné à... 8 (ou 9... j'y reviendrai).

   Or, ce sont bien 13 vice-présidents que l'on a, dans un premier temps, désignés. Pourquoi donc ? La suite de l'article nous apprend que le conseil communautaire peut décider, à la majorité des deux tiers, de fixer un nombre de vice-présidents plus élevé, dans la limite de 30 % des élus (ou de quinze vice-présidents). C'est là qu'on réalise que certains élus connaissent quand même un peu le code des collectivités, puisqu'ils ont fait jouer cette clause... mais l'ont mal appliquée.

   Ils ont effectué leur calcul à l'envers. Ils ont dû se dire qu'ils avaient droit à 30% de 41 élus, soit 12,3 vice-présidents, qu'ils pouvaient arrondir à l'entier supérieur, donc 13. En réalité, le calcul est un calcul de vérification, qui s'effectue après coup, pour s'assurer que le nombre de vice-présidents choisi rentre dans les clous. Donc, les élus ont voulu désigner 13 vice-présidents. Ce nombre représente 31,7 % du total des conseillers communautaires. C'est trop ! Et d'ailleurs, 13 vice-présidents pour une communauté d'à peine 19 000 habitants, c'est beaucoup trop ! 8 ou 9 auraient été largement suffisants... mais cela aurait fait des mécontents parmi les maires... privés d'une indemnité supplémentaire. (Contrairement aux conseillers communautaires de base, les vice-présidents peuvent être rémunérés.)

   Ce n'est pas la première fois que l'expérimenté Jean-Michel Lalle se prend les pieds dans le tapis. L'an dernier, il s'était un peu rapidement assis sur la laïcité à la française en autorisant, dans un premier temps, la tenue d'une cérémonie religieuse à l'occasion de l'inauguration d'un bâtiment financé par des fonds publics. Pour certains, ce n'était sans doute qu'un point de détail. Cependant, à une époque où un islam rétrograde et identitaire tente de se développer en France, il est vital que le personnel politique soit vigilant sur toute intervention du religieux dans la vie publique... quelle que soit la religion concernée.

   P.S.

   Concernant les vice-présidences de la communauté Comtal-Lot-Truyère, la presse a été parfois approximative sur l'identité de l'une des bénéficiaires. La maire de Saint-Hippolyte, Mme Lafon, ne se prénomme pas Christine mais Francine. Certes, elle n'est en place que depuis 2014, mais n'importe qui peut vérifier son identité en consultant le Livre des maires ou en se replongeant dans les résultats des dernières élections municipales...

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   La concernant, une énigme demeure, à propos de sa profession. Comme on peut le voir ci-dessus, le Livre des maires la présente comme "chauffeur", alors que toutes les autres sources que j'ai consultées (de mon-maire.fr au Monde, en passant par la-mairie.com) la présentent comme agricultrice.

vendredi, 27 janvier 2017

Une ministre qui manque de lettres

   Ce n'est qu'aujourd'hui (en lisant le dernier numéro de L'Hebdo) que j'ai pris connaissance de l'anecdote : en visite à l'école de gendarmerie de Tulle (le 13 janvier dernier), la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a laissé un petit mot sur le livre d'or... avec quelques fautes de français, que le quotidien Le Figaro s'est fait un plaisir de relever. Le document d'origine est visible sur le site de France 3 Limousin :

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   On va me dire : ce n'est pas grave, ce sont juste quelques erreurs d'étourderie ; concentrons-nous sur le fond plutôt que sur la forme. Voilà qui ne manque pas de pertinence... sauf que... la ministre semble coutumière du fait. Ainsi, Le Figaro (toujours lui) rappelle qu'on peut trouver ce genre de "bourdes" jusque sur le site internet de la ministre. Curieux, je suis allé y jeter un oeil... pour constater que les erreurs n'ont pas été corrigées (on pourrait aussi gloser sur l'emploi immodéré des majuscules) :

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   C'est tout de même la page de présentation de la ministre, qui (elle ou un-e quelconque employé-e) aurait pu faire l'effort de la rectifier. Ceci dit, après avoir consulté plusieurs billets publiés sur le site, je dois reconnaître que l'expression est en général de qualité irréprochable. D'autres que moi (un peu obsessionnels, peut-être... sont-ils aussi vigilants quant à la qualité de l'expression écrite des politiques qui ne sont pas issus de l'immigration ?) ont épluché le compte Facebook de la ministre... Faut vraiment avoir du temps à perdre... De mon côté, plus que l'orthographe de Mme Vallaud-Belkacem, c'est la teneur de certains commentaires à ses billets qui m'a fait bondir. En voici un exemple :

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   Comme vous l'avez sans doute deviné, le commentaire négationniste (qui pourrait valoir des poursuites à son auteure) a été "écrit" en réaction (je trouve que le terme est bien choisi) à un billet sur la journée de la mémoire des génocides. A ce propos, il serait bon quelqu'un signale à la ministre qu'elle devrait arrêter d'employer le mot "Holocauste", qui prête à confusion.

   Mais revenons à nos moutons. On attend de la ministre de l'Education qu'elle donne l'exemple. Trop de jeunes arrivent sur le marché du travail sans savoir rédiger la moindre phrase anodine sans faute. La récente volonté de la ministre d'appliquer une ancienne réforme de l'orthographe, dont presque plus personne ne voulait, réveille le soupçon de nivellement par le bas, qui a pesé sur tant de ses prédécesseurs...

mardi, 24 janvier 2017

Un Sac de billes

   C'est Christian Duguay (auteur récemment de l'inégal Belle et Sébastien : l'aventure continue) qui s'est chargé de cette deuxième adaptation du récit autobiographique de Joseph Joffo. Il s'est appuyé sur une distribution de luxe, les parents du gamin étant interprétés par Patrick Bruel et Elsa Zylberstein (tous deux très bien). De plus, au détour d'une scène, on croise Christian Clavier (en médecin patelin) et surtout Bernard Campan, excellent en libraire pétainiste.

   Mais la meilleure surprise fut pour moi la prestation de Kev Adams, surprenant en résistant juif. Le concernant, on sera attentif au dialogue qu'il entretient avec un officier SS, auquel il finit par lâcher : "Je suis juif... et je t'emmerde !" Je pense que, dans ce cas comme à quelques autres occasions dans le film, les situations ou les dialogues, qui s'écartent parfois un peu de l'oeuvre d'origine, répondent à des problématiques contemporaines.

   La première partie de l'histoire est assez emballante. Le film reprend la fameuse scène des clients allemands du coiffeur parisien, l'image lui donnant une tension supplémentaire par rapport au papier. Mais le plus marquant des moments est sans conteste cette soirée au cours de laquelle le père, naguère très fier de sa judéité, donne à ses fils une leçon qu'ils ne sont pas prêts d'oublier...

   Peut-être est-ce dû à mon grand âge, mais j'ai davantage apprécié les scènes faisant intervenir les adultes... peut-être tout simplement parce qu'ils jouent mieux que les enfants... surtout mieux que celui qui incarne le héros, à qui j'ai eu plus d'une fois envie de coller des gifles. Il n'y a pas que son jeu qui m'a agacé. Son personnage n'évolue quasiment pas. Il est trop souvent dans la chialerie, alors que le livre de Joffo montre bien qu'il s'est petit à petit endurci, qu'il a beaucoup mûri et, surtout, qu'il est devenu très débrouillard (tout comme son aîné d'ailleurs). Autant de choses qui sont mal rendues dans le film.

   Il reste plusieurs très jolis moments à savourer, comme ce morceau de violon en pleine cavale, ou les éructations du libraire antisémite devant son jeune protégé, qu'il prend soin d'emmener à l'église... Je suis donc sorti de là partagé. Le film est tout à fait visible et contient de très bonnes scènes, mais il est gâté par certains défauts. On pourrait aussi regretter que, par rapport au livre, il ait passé sous silence trop d'épisodes marquants (je pense notamment aux rencontres de paysans).

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   P.S.

   La déportation des juifs de Nice fut l'oeuvre notamment d'Aloïs Brunner, une des pires crapules auxquelles le IIIe Reich ait offert une carrière inespérée. On a récemment entendu à nouveau parler de lui. Une enquête publiée dans le magazine XXI affirme qu'il serait mort en 2001, dans les geôles syriennes, après avoir beaucoup servi le père de Bachar el-Assad.

dimanche, 22 janvier 2017

Basculements démographiques

   Les médias se sont récemment fait l'écho des derniers résultats du recensement partiel de la population française, qui aboutissent aux populations légales 2014. (Il y a trois ans de décalage entre la publication des estimations et la référence des données.)

   Au niveau national, on a souligné le fait que la population de la France continue d'augmenter et qu'elle dépasse désormais les 67 millions d'individus. Au niveau régional, on a mis en valeur le dynamisme de la région Midi-Languedoc. Au niveau départemental, on s'est félicité que l'Aveyron ait enrayé son déclin démographique, même si l'augmentation est une des plus faibles du pays.

   Quand on regarde le détail des résultats, on s'aperçoit que les évolutions sont très contrastées en Rouergue. L'essentiel du dynamisme repose sur l'aire urbaine de Rodez, la commune chef-lieu exclue... ou pas ? En fait, quand on compare les données chiffrées les plus récentes (celles fournies en 2016 et 2017, pour les années 2013 et 2014), on constate que, quel que soit le critère retenu (la population municipale ou la population totale), Rodez a regagné des habitants (un peu moins de 400 en terme de population totale, un peu plus de 340 en terme de population municipale), y compris par rapport aux années précédentes. Certes, ce n'est pas une augmentation fulgurante, mais cela ressemble quand même à un retournement de tendance.

   Là n'est pas toutefois la principale information contenue dans les récentes publications. La hiérarchie des villes aveyronnaises a été modifiée. Ainsi, Onet-le-Château peut désormais prétendre à la place de troisième commune aveyronnaise, sa population municipale (11 837 habitants) ayant dépassé celle de Villefranche-de-Rouergue (11 822 habitants). Cependant, au niveau de la population totale, cette dernière reste troisième (12 592 contre 12 406).

   Le basculement est plus prononcé dans un autre cas. Derrière Rodez, Millau, Villefranche, Onet et Saint-Affrique, Luc-La-Primaube a subtilisé la sixième place à Decazeville : 6 084 contre 5 899 habitants (en population totale), 5 898 contre 5 686 (en population municipale).

samedi, 21 janvier 2017

Julieta

   Séance de rattrapage cette semaine, grâce au Festival Télérama, qui permet de (re)voir certains des films art et essai qui ont marqué l'année dernière. Dans la liste, je me permets de recommander Elle (ne serait-ce que pour Isabelle Huppert), Café Society (un bon Woody Allen), Frantz (malgré Pierre Minet), Midnight Special (inclassable), Ma Vie de courgette (une animation audacieuse sur le fond). Pour la beauté des images (et pour 3,5 euros), on peut aussi éventuellement tenter La Tortue rouge.

   L'auteur de ces lignes fut un fan de Pedro Almodovar, jusqu'au milieu des années 1990. J'aimais son côté déjanté, un peu obsédé sexuel, hein, et je trouvais qu'il savait choisir ses actrices. Ce dernier point n'a pas changé, mais, depuis vingt ans, le cinéaste a pris du bide et semble bander mou. Voilà pourquoi je n'étais pas allé voir Julieta à sa sortie. Concernant Almodovar, je m'étais arrêté définitivement à Volver.

   Nous voilà en présence d'un mélo, dont les personnages principaux sont des femmes, en particulier l'une d'entre elles, dont le prénom a donné son titre au film. Elle est incarnée par deux actrices, à deux époques différentes. Celle qui nous guide dans l'histoire a plus de quarante ans. A l'aise financièrement, elle s'apprête à quitter l'Espagne pour partir vivre au Portugal avec son nouveau compagnon, qu'elle a rencontré dans sa "deuxième vie". Mais, soudain, la première va ressurgir.

   On la découvre par l'entremise du journal intime que l'héroïne se décide à écrire, en forme de lettre à sa fille qu'elle a tant aimée et qu'elle n'a pas revue depuis plus de dix ans. Les retours en arrière nous font découvrir les débuts de vie d'adulte, avec la séquence marquante du train, puis le séjour en bord de mer. C'est là que tout s'est joué. Les actrices sont épatantes. On retrouve même avec plaisir Rossy de Palma, dans un second rôle piquant voire inquiétant...

   Le problème est que c'est cousu de fil blanc. N'importe quel spectateur doté de quelques neurones comprend la véritable raison de la séparation de la fille et de la mère. Les rares péripéties de l'intrigue sont quand même téléphonées (du compagnon pécheur qui prend la mer en pleine tempête à la gamine qui s'éloigne soi-disant pour vivre une retraite spirituelle). Il reste heureusement le savoir-faire d'Almodovar, qui joue avec nous dès la première image, intrigante. Cela donne un film plaisant, sentimental dans le bon sens du terme, mais loin des chefs-d’œuvre qu'il a réalisés auparavant.

20:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 20 janvier 2017

Une claque pour un gymnase

   C'est un peu la conclusion que l'on peut tirer de la lecture d'une tribune publiée dans le dernier numéro du Bulletin d'Espalion, qui consacre une page entière à la récente élection du président de la nouvelle communauté de communes Comtal-Lot-Truyère, qui s'est déroulée il y a à peine plus d'une semaine.

   Cette tribune est signée Jean-Noël Ruffat, conseiller municipal d'opposition, élu en 2014 sur une liste de sympathisants de l'ancien maire Gilbert Cayron ("Espalion dans l'action"). Que peut-on y lire ? Que le vote du maire d'Espalion et de ses proches aurait fait basculer le scrutin, permettant à Jean-Michel Lalle de damner le pion à Jean-Claude Anglars. Or, il se trouve qu'Eric Picard (le maire d'Espalion) est aussi le suppléant d'un conseiller départemental élu en 2015... Jean-Claude Anglars ! Comment expliquer ce revirement ?

   D'après Jean-Noël Ruffat, le choix de l'emplacement où devait être construit un nouveau gymnase a été déterminant dans cette querelle. L'ancien maire d'Espalion Gilbert Cayron (dont J-N Ruffat a été l'adjoint de 2008 à 2014) avait envisagé de l'installer dans la partie basse de la commune, à proximité d'un axe structurant, rendant son accès aisé. Arrivé à la tête d'Espalion en 2014, Eric Picard s'est empressé de modifier le projet, pour tenter d'implanter ledit gymnase tout en haut de la commune, sur le plateau de la gare, un endroit souvent encombré auquel, de surcroît, l'accès n'est pas aisé. On évoquait aussi les risques que les travaux d'aménagement pourraient faire courir à certaines rues environnantes.

   Le maire d'Espalion a dû finalement manger son chapeau. A la bronca d'une partie des habitants (dont Jean-Noël Ruffat) s'est ajouté le lâchage par la communauté des communes Espalion-Estaing, présidée par... Jean-Claude Anglars. Qui a dit que la vengeance est un plat qui se mange froid ?

   Au passage, signalons que, dans l'article adjacent qui raconte la soirée qui a vu Jean-Michel Lalle triompher de J-C Anglars, la photographie d'illustration montre les deux principaux protagonistes presque au même moment que celle parue dans la version papier de Centre Presse.

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   Toutefois, sur celle publiée par le Bulletin, le vaincu du jour ne fait pas la gueule. Etonnant, non ?

jeudi, 19 janvier 2017

The Birth of a Nation

   Ce biopic rend hommage, d'une certaine manière, à Nat Turner, un esclave noir américain qui s'est révolté en 1831, dans l'Etat de Virginie. Derrière et devant la caméra, l'acteur-réalisateur Nate Parker a tenté de concilier film militant et production hollywoodienne.

   Pour cela, il a réuni une brochette de comédiens très convaincants, les méchants comme les gentils. Au niveau de la mise en scène, on remarque la volonté d'appuyer là où ça fait mal, sur les nombreuses (et diverses) violences dont les esclaves ont été victimes. Impressionnante est la scène au cours de laquelle un red neck esclavagiste casse les dents de l'une des ses "propriétés", calmement,  à coups de marteau. Le metteur en scène n'a toutefois pas osé aller "trop" loin : les viols ne sont que suggérés. On en perçoit toutefois parfaitement les conséquences, grâce au talent des actrices.

   La réalisation est assez scolaire et, à ce que j'ai pu en juger, s'inspire de prestigieux précédents. Ainsi, l'inévitable scène du fouet n'est pas sans rappeler ce que l'on voit dans 12 Years a Slave... mais en moins bien. Vers la fin, la bagarre de rue qui oppose esclaves révoltés et milice esclavagiste est un évident décalque du magnifique début de Gangs of New York... sans le talent de Scorsese. Enfin, l'esprit de révolte est bien mieux mis en scène dans l'excellent Django unchained du non moins excellent Quentin Tarantino.

   A part cela, c'est du cinéma très correct, mais qui souffre de la comparaison avec d'autres productions, assez récentes et bien meilleures. De surcroît, je soupçonne les scénaristes d'avoir un peu (beaucoup) "tordu" la réalité historique pour servir leur propos (fort louable), à savoir la dénonciation de l'exploitation de l'homme par l'homme. C'est l'impression que j'ai eue après avoir lu  Confessions de Nat Turner, un excellent petit livre, publié aux éditions Allia (qui ont eu l'intelligence d'en mettre un extrait en ligne).

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   Encadré par une présentation et une mise en perspective, on trouve le récit du rebelle, mis par écrit par son avocat juste avant son exécution. On en regrette davantage le film auquel cela aurait pu donner naissance.

dimanche, 15 janvier 2017

Un détail révélateur

   J'aime bien les séries policières, surtout quand elles comportent une touche d'humour. Dans le genre, depuis une dizaine d'années, je trouve que c'est NCIS (la série d'origine, pas les pâles copies qui sont sorties ensuite) qui réussit le mieux. Mais, depuis quelques années, je prends plaisir à regarder Meurtres au paradis, une coproduction franco-britannique tournée en Guadeloupe (et en anglais). Signe que j'aime cette série : j'apprécie d'en revoir des épisodes, de temps à autre.

   Ce fut le cas récemment, la chaîne France Ô rediffusant la saison 1, à l'époque où officiait le plus attachant des duos d'enquêteurs, composé du britishissime Ben Stiller et de la piquante Sara Martins (qu'on a pu voir récemment dans un épisode de Cherif).

   La vision successive des épisodes 5 et 6 (L'Ange gardien et Dernière plongée) a été l'occasion d'une découverte, grâce à un détail que je n'avais jamais remarqué auparavant :

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   Cette capture d'écran a été effectuée au début de l'épisode 5. On y voit l'inspecteur nettoyer le tableau blanc dont il se sert pour synthétiser les éléments d'une enquête en cours. Pour lancer la nouvelle, il enlève les éléments de la précédente.

   Or, ce qui est écrit sur le tableau blanc correspond aux éléments de l'épisode suivant, au cours duquel un plongeur, nommé Benjamin Lightfoot, est retrouvé mort noyé. A un moment de l'enquête, les policiers vont s'intéresser à un plaisancier, qui se fait appeler Danny Barba (Fernandez de son vrai nom).

   Voilà qui tend à prouver une chose : soit les épisodes ne sont pas tournés dans l'ordre, soit l'ordre de diffusion des épisodes a été modifié après leur tournage.

samedi, 14 janvier 2017

La cathédrale de Rodez sur France 3

   Elle est apparue dans l'un des reportages de l'émission Les Nouveaux Nomades, diffusée ce samedi sur la chaîne publique. C'est d'ailleurs le premier des quatre sujets du programme, annoncé par une lucarne dans laquelle on a bien pris soin de rappeler un détail crucial concernant l'édifice :

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   Rappelez-vous, il y a environ trois ans : la couleur de l'église avait fait le buzz, à cause de l'émission On va s'gêner, animée à l'époque par Laurent Ruquier (avant qu'il ne rejoigne RTL et ses "grosses têtes"). Au passage, la vue aérienne permet d'observer, par temps ensoleillé, le superbe jardin de l'évêché, que la plupart des Ruthénois ne voient jamais...

   Dans l'émission, notre guide est Dominique Vermorel, qui a créé l'entreprise du même nom, dont le siège se trouve à Salles-la-Source, tout près de l'aéroport. Je trouve d'ailleurs que le bâtiment est assez joli, en comparaison de ce que l'on peut voir le long de la route dès qu'on quitte Rodez :

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   Concernant la cathédrale, les plus belles images qui nous sont proposées sont, pour moi, outre les vues aériennes, les plans sur les gargouilles restaurées, certaines depuis quelques années.

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   Par contre, je ne pense pas qu'il faille se fier à son analyse étymologique du mot "clochard". Cela n'a rien à voir avec les cloches d'une église, mais plutôt avec un ancien verbe qui signifier boiter (ou un nom qui désigne quelqu'un d'incapable).

La Mécanique de l'ombre

   Ce polar hexagonal a puisé sa matière dans l'histoire politique récente de la France, en mêlant plusieurs époques, à ce qu'il m'a semblé. Ainsi, en toile de fond, on reconnaîtra des aspects aussi bien de la campagne présidentielle de 1988 (avec la libération des otages du Liban en jeu) que de la rivalité Chirac-Balladur de 1995 ou encore de l'ascension politique de Nicolas Sarkozy (puisqu'il est question d'argent libyen).

   Au coeur de l'intrigue se trouvent des écoutes téléphoniques, sans doute illégales. Mais le véritable mystère porte sur le(s) commanditaire(s), que l'on va mettre du temps à découvrir. Nous voilà donc embarqués aux côtés d'un homme ordinaire, cadre moyen qui se retrouve au chômage, en dépit de réelles qualités professionnelles. Cet homme bienveillant, méthodique, qui tente de surmonter sa dépendance à l'alcool et une séparation douloureuse est incarné avec beaucoup de retenue par l'excellent François Cluzet (déjà très bon dans le récent Médecin de campagne).

   Mais le film ne serait pas aussi prenant s'il n'était pas épaulé par une formidable batterie de seconds rôles. Parmi eux, qui distinguer ? Evidemment Denis Podalydès, froid et mystérieux. Mais aussi Simon Abkarian, étonnant en agent de terrain fougueux voire incontrôlable. Je n'oublie pas non plus Sami Bouajila, Philippe Resimont (un visage connu des amateurs de séries télévisées) et Alba Rohrwacher (que l'on a pu voir récemment dans L'Ami, François d'Assise et ses frères).

   L'autre bonne surprise de ce film est la qualité de la mise en scène. Thomas Kruithof est pour moi un illustre inconnu, mais il fait preuve d'un incontestable savoir-faire. Son principal talent est de savoir susciter le malaise et l'étrangeté autour de l'ambiance de barbouzes. On perçoit très bien la paranoïa qui gagne progressivement le personnage principal, qui va d'ailleurs beaucoup évoluer dans l'histoire. Notons que les scènes d'action comme les moments intimistes sont réussis.

   Le scénario est habilement construit. Il associe la vie quotidienne d'un homme qui tente de ne pas perdre pied à la mise en place d'un complot à visée politique. Assez austère sur la forme, le film n'en constitue pas moins une excellente surprise.