mercredi, 30 novembre 2016
Le choix de la continuité ?
Les conseillers départementaux aveyronnais appartenant à la majorité de Jean-Claude Luche (30 sur 46) se sont réunis pour désigner le candidat de leur camp à sa succession. Cela fait plusieurs mois que les langues s'agitent à ce sujet. Cinq candidats s'étaient finalement déclarés, tous des hommes : Vincent Alazard, Jean-Claude Anglars, Jean-François Galliard, Jean-Philippe Sadoul et Bernard Saules.
Dans une assemblée désormais totalement paritaire, il est étonnant que les cinq candidats soient du même sexe. Leur moyenne d'âge est d'environ 59 ans, le plus jeune en ayant 52, le plus âgé 68. C'est d'ailleurs celui-ci qui a été élu : Jean-François Galliard. La prime à l'expérience ? Du point de vue professionnel, oui. Et du point de vue politique ? Il n'est conseiller départemental que depuis 2011, vice-président depuis 2015, ce qui fait dire à certains qu'il a gravi décidément très vite les marches du pouvoir. Ces mauvaises langues sous-entendent que certains de ses concurrents étaient plus qualifiés car plus expérimentés que lui. Ce serait oublier qu'auparavant, il fut maire de Nant (de 1995 à 2008), même s'il fut battu par une liste de gauche en 2008.
Mais revenons au scrutin. C'est dans La Dépêche du Midi qu'on peut en lire le compte-rendu le plus précis. Le premier tour n'a finalement mis aux prises que trois candidats, Jean-Philippe Sadoul et Bernard Saules ayant décidé de jeter l'éponge... peut-être sur les conseils d'amis bien placés. Résultat ? Une égalité parfaite entre les deux favoris, Jean-Claude Anglars et Jean-François Galliard, avec 12 voix chacun. Vincent Alazard arrive troisième, avec six voix. On notera que personne ne s'est abstenu ou n'a voté blanc... et que tout le monde était présent. Quel civisme ! Cela veut aussi dire que Jean-Claude Luche, le toujours président du Conseil départemental, a exprimé un vote... oui, mais lequel ? Mystère.
Le second tour n'a pas plus permis de départager les deux candidats arrivés en tête, puisqu'ils ont obtenu 15 voix chacun. Damned ! Comment désigner le vainqueur ? Au bénéfice de l'âge ? A la longueur du pénis en érection ? Allait-on devoir organiser un duel entre les deux prétendants ? Et pourquoi pas un combat dans la boue ? Que nenni ! On procéda à un troisième tour. (C'est à ce genre de détails que l'on reconnaît un pays civilisé.) Comme par miracle, ce troisième tour vit se dégager une (courte) majorité, à 16 voix contre 14 pour Jean-François Galliard. Jean-Claude Anglars fou de rage, insulta l'assemblée, cracha par terre, renversa les tables et les chaises félicita dignement son adversaire victorieux. Celui que l'on a parfois surnommé "Mini-Luche", l'élu ultra-local cumulard, omniprésent dans la presse, celui dont on disait qu'il disposait des meilleurs réseaux, a été battu.
Les supputations vont bon train concernant l'élu-e qui a fait basculer ce scrutin historique. D'abord, il ne faut pas exclure que plusieurs élu-e-s aient changé de vote (dans les deux sens), et qu'au final un-e de plus ait basculé en faveur de Jean-François Galliard. Le plus cocasse serait que l'élu à bascule soit Jean-Claude Luche lui-même. Mais je n'y crois guère. Pour qui suit un peu la politique aveyronnaise, il semble que l'actuel président du Conseil départemental, bien que très proche de l'élu de Sébrazac, ait plutôt misé sur les compétences (et la disponibilité) de l'ancien fiscaliste, de surcroît âgé de 68 ans, donc peu susceptible de s'incruster dans le poste. Il y a fort à parier que, s'il est élu président, l'ancien maire de Nant placera ses pas dans ceux de son prédécesseur.
P.S.
La désignation de Jean-François Galliard comme candidat de la Majorité départementale est aussi une petite révolution, puisque, s'il est élu en 2017, il sera le premier président du Conseil départemental à ne pas être né dans l'Aveyron depuis... Paul Ramadier, soit près de 70 ans. En effet, Jean-François Galliard est né à Alger, en 1948. Il est arrivé à Nant, avec ses parents, en 1962, année de l'indépendance de l'Algérie. C'est donc un "pied-noir".
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dimanche, 27 novembre 2016
Une Vie
Après le très contemporain (et formidable) La Loi du marché, Stéphane Brizé change complètement de domaine en adaptant le roman de Guy de Maupassant. Cela sentait le film "de qualité française", un genre qui produit aussi bien de petites perles que de grosses bouses.
Dès le début, on comprend qu'on va échapper au pesant didactisme qu'on aurait pu redouter. Le montage donne naissance à une construction impressionniste, par petites touches. Le film ne suit pas un schéma préétabli, avec une introduction, une développement et une conclusion. Si le déroulement est globalement chronologique, certaines scènes sont intercalées et entremêlent les époques de l'intrigue.
Le principal code visuel est de l'ordre de la luminosité. Les scènes d'été, ensoleillées, sont en général celles du bonheur (la vie auprès des parents, la naissance de l'amour, les premières années d'un enfant...). Les scènes sombres, pluvieuses, froides, sont celles de la souffrance, du désespoir voire de la mort (la découverte de la première tromperie, le décès de la mère, le rejet du fils...).
Une fois que l'on a compris cela, on peut savourer le jeu des acteurs, tous formidables. Je distingue quand même Judith Chemla (que j'avais vue dans Camille redouble et Rendez-vous à Atlit), aussi crédible en jouvencelle naïve qu'en épouse déçue et en mère éplorée. (Un César serait le bienvenu.) On peut aussi signaler Clotilde Hesme et surtout Nina Meurisse, qui incarne la servante et sœur de lait de l'héroïne.
C'est donc un bel ouvrage, hélas un peu longuet et langoureux. Dans mon souvenir (de lycéen), le roman de Maupassant comportait quelques passages cocasses voire scabreux, visiblement passés ici à la trappe. Et je déconseille le film aux personnes dépressives : ce n'est pas avec cela que vous allez vous en sortir !
Mais c'est quand même un rappel utile de la (sordide) condition féminine en France au XIXe siècle. Même les femmes de la noblesse et de la haute bourgeoisie subissaient les pesanteurs sociales. On peut toutefois regretter que Brizé n'ait pas fait une lecture plus contemporaine du roman : dans l'histoire, ce sont quand même les employées qui en bavent le plus.
22:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 26 novembre 2016
Le Rodez disparu, modifié... détruit
C'est une thématique très présente dans l'actualité aveyronnaise. Elle est d'ailleurs l'objet de la chronique de Jacques Boutet "Hier encore", qui paraît le samedi dans Centre Presse et Midi Libre. Il y a quelques mois de cela, j'ai parlé de celle qu'il avait consacré au Broussy, un établissement emblématique de la place d'Armes ruthénoise. Aujourd'hui, il était question du Mazel, un passage commerçant de la vieille ville :
Coïncidence ? Certaines des questions abordées dans cet article ont été évoquées vendredi soir, lors de la célébration (avec un petit peu d'avance) des 180 ans de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron. A cette occasion, la pyramide du Louvre aveyronnaise les archives départementales ont accueilli, outre une assistance copieuse, trois communications.
La première fut prononcée par Jacques Frayssenge, vice-président de la Société. Les yeux souvent rivés à ses notes, il a conté la naissance de l'association, sous la Monarchie de Juillet, citant de nombreuses anecdotes. Cherchant peut-être à aller à l'encontre des préjugés de certains des membres de l'assistance, il a insisté sur l'aspect non-partisan de l'association, fondée (entre autres) par un légitimiste (Hippolyte de Barrau) et une sorte de socialiste avant l'heure, Jules Duval. (Pour la petite histoire, celui-ci dirigea un temps le journal Le Ruthénois, lointain ancêtre de celui dont Hugues Robert fut plus récemment l'animateur.) Les accompagnaient des notabilités locales, parmi lesquelles le maire de Rodez et l'un de ses prédécesseurs. Les spectateurs dotés d'une bonne vue (ou qui étaient arrivés suffisamment tôt pour disposer d'un siège bien placé) ont pu remarquer d'autres détails sur le document projeté : la qualité de banquier de plusieurs des fondateurs. Notons que ceux-ci n'ont pas voulu faire de la Société une académie, au recrutement trop restreint. De plus, dès le début, ils ont voulu associer un musée à leurs travaux.
Ce fut le thème de l'intervention d'Emily Teyssèdre-Jullian (l'actuelle présidente de la Société), la plus vivante de la soirée, puisqu'elle a pris soin de s'émanciper de ses notes. L'accumulation des collections de la Société a contraint celle-ci à chercher un lieu où les entreposer... voire les exposer. J'ai appris avec surprise que l'évêché fut un lieu de dépôt, tout comme, bien plus tard, les locaux actuels de la Société. Mais la révélation de la soirée fut celle du rôle du tribunal, construit au milieu du XIXe siècle (et visible au musée Fenaille, sur un tableau peint très peu de temps après son inauguration).
Parmi les documents projetés par E. Teyssèdre-Jullian figure un plan sur lequel le mot "musée" est écrit à côté de l'aile nord-est du tribunal (celle qui longe le boulevard Guizard). Je ne sais plus si la mention est d'époque ou si c'est un ajout de la conférencière (je dois avouer qu'il m'est parfois arrivé de piquer du nez... les vendredis soirs sont difficiles !). En tout cas, les étages de cette aile ont été occupés par des collections et les bureaux de la Société. Dans la galerie qui relie les deux ailes avaient été accrochés les tableaux (qui se trouvent aujourd'hui au musée Denys-Puech). C'est lorsque Maurice Fenaille (devenu membre de la Société au début du XXe siècle) offrit le bâtiment qui porte aujourd'hui son nom que le musée trouva son emplacement définitif. Auparavant, il avait été question de l'installer dans le marché couvert situé place Eugène Raynaldy... ce qui nous ramène à l'article de Jacques Boutet.
Ses préoccupations rejoignent celles des conférenciers (même s'il n'apprécie pas la copie de la statue), qui regrettent la disparition de nombre de bâtiments ou éléments d'architecture anciens. Ainsi, pour construire le tribunal, on a détruit ce qui restait du couvent des Cordeliers. Les modifications contemporaines du paysage architectural ruthénois ont fait l'objet de la troisième communication, celle de Pierre Lançon.
Retour aux notes pour le bibliothécaire de la Société, dont l'intervention a suivi un de ces plans rigoureux dont il est coutumier, avec une mécanique que même l'interversion de deux écussons (sur une diapositive) n'est pas parvenue à enrayer. Il s'est appuyé sur un échantillon des dizaines de milliers de photographies prises jadis par Louis Balsan, une figure de la Société (aujourd'hui disparue). Le coeur serré, on a pu (re)découvrir les dégâts causés par l'urbanisme des XIXe et XXe siècles, qui font qu'aujourd'hui le centre historique de Rodez n'est pas dans le même état de conservation que celui d'Albi, un handicap à mon avis pour l'instant insurmontable dans la course au classement à l'Unesco.
On pourrait commencer par supprimer l'une des verrues du centre-ville, le Monoprix, un commerce estimable certes, mais dont l'architecture jure avec celle de la cathédrale, dont, de surcroît, il bouche l'une des perspectives.
23:32 Publié dans Aveyron, mon amour, Histoire, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, culture, art, histoire
jeudi, 24 novembre 2016
Alliés
Le titre est évidemment polysémique. D'un point de vue historique, il fait allusion à "l'alliance des démocraties" (avec l'URSS....) contre le nazisme, pendant la Seconde guerre mondiale. Brad Pitt incarne (de manière un peu pataude) un agent canadien des services britanniques, alors que Marion Cotillard propose une excellente composition, en résistance belle et indépendante, fréquentant les milieux huppés de la collaboration et gardant une part de mystère. Le titre annonce aussi un mariage... et une entente par-delà les préjugés.
La première séquence, au Maroc est visuellement superbe. On sent aussi les références au film Casablanca. Cependant, si les lumières et la photographie sont splendides, cela manque de rythme et (dans la version française), il m'a semblé que le travail de postproduction (sur les sons) était incomplet. Mais cela passe parce qu'il est question de la naissance d'un amour, entre deux belles personnes.
L'intrigue devient passionnante dans le cadre britannique. Ce n'est pas pour me vanter, mais j'ai senti le tournant arriver. Certes, le scénario n'est pas des plus imprévisibles, mais le jeu parfois très subtil de Marion Cotillard fait passer quelques messages, pour peu qu'on n'ait pas le nez rivé sur ses jambes ou son décolleté. L'histoire prend une teinte "Guerre froide", avec, me semble-t-il, un clin d'oeil anachronique des auteurs : dans son lit, un soir, Brad Pitt ne lit-il pas un roman de John le Carré ?
Plusieurs séquences sont particulièrement bien fichues : celle de la baston au Maroc, celle du Blitz, dans la banlieue de Londres et celle du petit séjour du héros dans un coin paumé du nord de la France, à la recherche du passé dissimulé.
Incidemment, le film assène quelques vérités méconnues sur la période de la guerre au Royaume-Uni. Pour certains marginaux et pour les femmes, le desserrement de l'étreinte sociale fut une bénédiction. On a aussi droit à une vision moins triomphaliste du rôle des aviateurs d'outre-Manche. Quant aux Français, ils découvriront peut-être avec stupéfaction que c'est aux services spéciaux britanniques que nombre de groupes de résistants devaient leur matériel.
La deuxième heure est constituée d'une irrésistible montée en tension. (J'ai fait un gros pipi après la séance.) La grande histoire se mêle à l'affaire d'espionnage et à l'intrigue amoureuse. C'est fort et cela culmine dans les derniers gestes de Marion Cotillard, vraiment épatante. On en oublie les faiblesses du début.
23:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 22 novembre 2016
Meurtre au Laguiole
Hier lundi, l'émission L'Heure du crime, présentée par Jacques Pradel, sur RTL, était consacrée à un mystérieux crime, qui a été perpétré dans le métro parisien, en 1937. La particularité de ce meurtre est d'avoir été commis avec un couteau Laguiole, qui fut planté dans le cou d'une jeune femme, Laetitia Toureaux. (Rappelons que l'an dernier, l'émission s'était intéressée à l'affaire Fualdès.)
Aucun Aveyronnais ne semble mêlé à ce crime, qui porte plutôt la marque des Italiens : le couteau a été laissé dans la plaie. Or, la victime (née Yolande Nourrissat) était originaire du Val d'Aoste, Toureaux étant le nom de son mari, décédé quelques années auparavant. Comme la jeune femme avait la réputation de servir d'indic à la police et qu'elle a été vue en compagnie d'Italiens supposés fascistes, on a pensé à un règlement de compte politique.
Deux universitaires américaines sont allées plus loin et ont publié en 2010 un ouvrage dans lequel elles développent la thèse que l'assassinat est lié à la Cagoule, l'organisation d'extrême-droite qui a tenté d'instaurer un régime fasciste en France dans l'Entre-deux-guerres. Leurs arguments sont résumés ici.
Cependant, dans l'émission radiophonique, Jacques Pradel comme son invité privilégient l'hypothèse du crime passionnel, confortée par l'envoi d'une lettre anonyme de dénonciation, 25 ans après les faits ! L'auteur présumé (resté inconnu) étant originaire de Perpignan, il n'est pas invraisemblable qu'il ait été en possession d'un couteau aveyronnais.
04:35 Publié dans Société, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, politique, france, médias, journalisme
samedi, 19 novembre 2016
De l'art en barres
Le dernier numéro du Canard enchaîné contient une demi-page sur les suites de l'enquête menée sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy... de 2007. Si, en cette période préélectorale, il ne faut pas écarter la possibilité de coups tordus (à l'image de ce que la droite a connu en 1994-1995, au plus fort de la rivalité entre Chirac et Balladur), on en apprend quand même de belles à propos des fréquentations de quelques hommes politiques... et de certains journalistes.
Mais c'est pour une autre raison que la page 4 de l'hebdomadaire satirique a attiré mon attention. Il y est question d'une conversation entre l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin et l'homme d'affaires-entremetteur-facilitateur Alexandre Djouhri :
Vous noterez le prix demandé par le spéculateur collectionneur suisse : 2,4 millions d'euros. Peut-être vous rappelez-vous qu'en 2008, lors d'une vente aux enchères, une oeuvre de Soulages ("Peinture, 21 juillet 1958") s'était vendue plus d'un million et demi d'euros.
C'est une nouvelle confirmation que je ne vis décidément pas dans le même monde que ces gens-là.
11:54 Publié dans On se Soulages !, Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, journalisme, politique, sarkozy, art, culture, peinture
vendredi, 18 novembre 2016
Les Animaux fantastiques
J.K. Rowling a signé elle-même le scénario de l'adaptation de son roman, qui est une sorte de lointain prequel de la saga Harry Potter. L'action se déroule dans le New York de l'Entre-deux-guerres, formidablement reconstitué par le travail des décorateurs et des animateurs numériques. C'est le principal attrait de ce long-métrage, d'une grande beauté visuelle, nourri d'effets spéciaux parfois stupéfiants... à tel point que j'ai presque regretté de ne pas l'avoir vu en 3D.
J'ai dit "presque", parce que le port des horribles lunettes aurait sans doute contribué à accentuer un élément déplaisant, au niveau de l'image : son aspect souvent sombre. Certes, nombre de scènes se déroulent la nuit ou dans un monde souterrain (voire "dans" une valise !), mais il me semble qu'il y a quand même un petit problème d'éclairage. Cela n'entame guère le plaisir, si l'on a la possibilité de regarder le film sur un très grand écran.
L'histoire est un roman d'aventures féériques, où certains personnages rencontrent l'amour. L'amitié est aussi de la partie... et il y a des méchants à combattre. C'est bien ficelé et l'on ne s'ennuie pas. J'ai par contre été gêné par quelques petits détails. Certains dialogues m'ont paru artificiels, un peu sentencieux. L'intrigue se prend parfois un peu trop au sérieux et plusieurs acteurs "prennent la pose". Je présume que c'est ce qu'on leur a demandé de faire.
J'ai aussi été un peu agacé par le jeu d'Eddie Redmayne, qui incarne un mélange de savant distrait et de garçon maladroit. Ce sont deux figures éculées que le vieux cinéphile que je suis regrette de rencontrer à nouveau, sans le moindre apport original. L'acteur a de plus déjà incarné le jeune homme emprunté dans My Week with Marilyn.
Bref, c'est un bon divertissement, très dépaysant, avec quelques touches d'humour, mais pas l’œuvre flamboyante à laquelle je m'attendais.
23:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 13 novembre 2016
Un numéro collector
Voici ce que j'ai récemment trouvé en furetant chez un marchand de journaux :
Les initiateurs de cette publication ont sans doute voulu réaliser un coup éditorial, en prévision de l'élection présidentielle américaine (dont je reparlerai bientôt)... sauf qu'Hillary Clinton a été battue (au nombre de grands électeurs). Cette revue n'en est pas moins fort intéressante.
Disons-le tout de suite : imprimée sur papier glacé, nourrie de nombreuses photographies (parfois originales), cette publication ne vise pas à présenter une biographie totalement objective de la candidate démocrate. C'est globalement une apologie de la dame, même si les côtés sombres du couple Clinton ne sont pas cachés.
A ceux qui ne connaîtraient pas bien la vie d'Hillary, la revue apprendra qu'elle est issue d'un milieu républicain. La père, commerçant, était très autoritaire... et misogyne. Le paradoxe est que le mépris dont il a accablé son épouse (qui votait sans doute démocrate) n'a pas rejailli sur sa fille aînée, obéissante et bonne élève, en qui il plaçait beaucoup d'espoir.
Pour la petite histoire, sachez qu'elle est née à Chicago, Etat dont Barack Obama est devenu bien plus tard un élu emblématique ! A la récente présidentielle, l'Illinois est d'ailleurs l'un des Etats à l'avoir placée en tête. Elle y a même obtenu son septième score national, avec 55,4 % des voix, loin devant Donald Trump, qui n'y a récolté que 39,4 % des suffrages exprimés. Quand on regarde les résultats en détail, on s'aperçoit que, conformément à ce qui a été constaté dans les autres Etats, la démocrate semble réaliser de meilleurs scores dans les zones urbaines plutôt que dans les zones rurales :
Sans surprise, c'est dans le comté de Cook (entouré en noir) qu'elle a "performé", avec 74,4 % des suffrages exprimés. Cette circonscription englobe le centre de Chicago (où Hillary a vécu ses premières années) et la banlieue chic de Park Ridge, où la famille s'est ensuite installée. C'est assez révélateur de la diversité de l'électorat d'Hillary Clinton : elle s'est attirée les suffrages des minorités (ici les Noirs du centre-ville) et de certaines populations aisées (en général d'un bon niveau scolaire).
Mais revenons à notre revue. Plusieurs articles évoquent le précoce intérêt d'Hillary pour les élections. Au lycée, elle a cependant connu l'échec, battue par... un garçon quand elle briguait la présidence des élèves. Elle s'est rattrapée à l'université de Wellesley, réservée aux filles... et de sensibilité républicaine ! Dès la première année, elle s'est fait élire présidente des élèves, qu'elle tente d'orienter dans un sens plus "moderne".
Cela m'amène à aborder une question que je ne pensais pas avoir à traiter : le physique d'Hillary Clinton. Ces derniers temps, j'ai entendu des propos peu obligeants à son égard, me rappelant la goujaterie dont Eva Joly fut aussi la cible.
A la fac, elle est devenue une intello à grosses lunettes, pas très soucieuse de son apparence vestimentaire, visiblement :
En réalité, elle savait s'arranger quand elle le voulait :
Sur cette dernière photographie, elle est un petit peu plus jeune, mais là n'est pas vraiment la question. Dès qu'une femme brigue un poste politique d'importance, son physique est l'objet de toutes les attentions, ce qui n'est pas le cas de ses camarades ou concurrents masculins.
Sur le fond, je dirais qu'Hillary est restée la femme engagée de sa jeunesse jusqu'au premier mandat présidentiel de Bill Clinton. Après l'échec de la création d'une sécurité sociale, confrontée à la haine des républicains et aux scandales sexuels de son mari, elle se blinde et devient une professionnelle de la politique. Ça lui a servi pour la suite (et sa carrière de sénatrice puis de secrétaire d'Etat), mais cela a constitué un inconvénient pour affronter Donald Trump, pourtant moins compétent qu'elle pour exercer la fonction présidentielle.
Quelques mots sur la France. Bien que conçue au Royaume-Uni, la revue comporte un texte d'accompagnement qui a été rédigé à l'intention d'un lectorat français. On le voit aussi au niveau des photographies. L'une d'entre elles montre Hillary en compagnie de Nicolas Sarkozy, l'autre avec François Hollande, à chaque fois sur le perron de l'Elysée. Les auteurs ne se sont pas risqués à en ajouter une avec Alain Juppé !
12:57 Publié dans Politique, Politique étrangère, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, médias, journalisme, trump, donald trump, clinton, usa, états-unis, amérique, hillary clinton, élections américaines, présidentielles américaines
vendredi, 11 novembre 2016
La Fille inconnue
Cela fait un petit moment que j'ai arrêté de suivre les frères Dardenne. J'avais beaucoup aimé La Promesse, Rosetta et Le Fils, mais j'ai vite trouvé qu'ils peinaient à se renouveler. Du coup, je suis passé complètement à côté de la sortie de leur dernier film, pourtant présenté à Cannes cette année. Au départ, j'étais même venu voir autre chose !
Sans surprise, la thématique est sociale. L'héroïne Jenny est médecin généraliste. Elle achève un remplacement dans un quartier populaire, en attendant d'intégrer un cabinet plus chic... et plus rémunérateur. C'est une travailleuse acharnée, perfectionniste, qui ne passe rien à son stagiaire. Un événement inattendu va bouleverser sa mécanique quotidienne.
Je me suis attaché au personnage principal, bien interprété par Adèle Haenel. Elle donne vie à cette jeune femme dévouée, entière... mais pas toujours douée pour les rapports humains. Sa vie privée se réduit à queue de chique, son principal compagnon étant un célèbre smartphone qu'elle n'éteint jamais. Elle finit même par s'installer dans la studette aménagée au-dessus du cabinet médical. Pour elle, s'agit-il d'une descente ou d'un retour à l'essentiel ?
Le questionnement baigne dans une ambiance tendue, celle d'un quasi-polar, le médecin décidant de mener sa propre enquête (sur la jeune femme retrouvée morte). Elle en vient à croiser, volontairement ou involontairement, une galerie de suspects masculins : son propre stagiaire (qui ne revient plus au cabinet après le soir fatidique), un ado qu'elle suit (qu'un terrible secret semble tenailler), le copain de celui-ci mais aussi son père, sans oublier un entrepreneur (dont Jenny a jadis soigné la mère) et une bande de proxénètes locaux.
L'histoire est prenante parce que les acteurs sont bons. On retrouve quelques habitués des Dardenne, au premier rang desquels Olivier Gourmet et Jérémie Renier. Les cinéphiles reconnaîtront aussi Marc Zinga, remarqué naguère dans Qu'Allah bénisse la France et Bienvenue à Marly-Gomont.
C'est un bon film, au-dessus du niveau d'un épisode de série policière, mais ce n'est pas le chef-d'oeuvre qu'on serait en droit d'attendre des frères Dardenne. Traitant d'une thématique semblable, Médecin de campagne m'a davantage plu.
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jeudi, 10 novembre 2016
Le Ciel attendra
Ce film de femmes, sur des femmes, porté par des femmes, mêle documentaire, portrait de famille et mélo pour nous faire vivre le parcours pas si atypique que cela d'adolescentes françaises embrigadées sur la Toile par des propagandistes de l'islamo-fascisme.
Les auteurs (dont la scénariste Emilie Frèche, qui a travaillé sur 24 jours et Ils sont partout) ont voulu planter le décor d'un univers d'ados de la classe moyenne, rivées à leur smartphone ou à leur ordi portable... et travaillées par le manque de sens d'un monde devenu hyper matérialiste.
Au niveau du déroulement, c'est parfois un peu difficile à comprendre au début, parce que différentes trames narratives (et époques) se superposent. De surcroît, il faut un petit moment pour saisir qui connaît qui et qui est le parent de qui.
C'est parce que l'essentiel n'est pas là. On nous montre le cheminement de jeunes femmes qui se croient avisées (en tout cas plus que leurs camarades de lycée) et sont finalement assez crédules. Elles tombent dans le piège qui leur est tendu, notamment à l'aide de vidéos conspirationnistes.
Le résultat est le conflit avec les adultes, qui se retrouvent désemparés face au changement inattendu de leur progéniture, parfois découvert très tardivement. C'est un aspect particulièrement réaliste de l'intrigue, en particulier grâce au talent des actrices. Les deux mamans sont interprétées par Sandrine Bonnaire et Clotilde Courau. Les deux ados sont incarnées avec un incroyable charisme par deux révélations : Noémie Merlant et Naomi Amarger.
Même si je trouve que c'est un peu larmoyant par instants, l'ensemble forme un bon thriller sociétal, en prise sur notre époque.
22:45 Publié dans Cinéma, Proche-Orient, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 05 novembre 2016
Mercenaire
Il a fallu presque un mois pour que ce film, dont l'acteur-vedette a été étudiant à Rodez (au lycée Monteil), soit programmé dans le cinéma du chef-lieu aveyronnais. D'ailleurs, le 7 octobre dernier, le quotidien Centre Presse, dans un bref article intitulé "Du XV à Aurillac à Cannes" regrettait l'absence du film des écrans aveyronnais :
Cap Cinéma s'est rattrapé mercredi dernier, en organisant une soirée spéciale, en présence de l'acteur principal, Toki Pilokio, actuellement joueur de rugby à Aurillac. Par contre, si l'on a raté cette occasion, il n'est pas facile de voir le film à Rodez, les autres séances ayant été programmées à des horaires propres à satisfaire uniquement les chômeurs, les retraités et les femmes au foyer.
Mais revenons à l'oeuvre. Le titre fait référence à la réplique d'un personnage, qui reproche son comportement au héros. Pourtant, à ce moment de l'intrigue, ce n'est pas à un mercenaire que fait penser Soane, mais plutôt à un domestique, tant on peut dire que sa situation n'a rien de mirobolant.
L'histoire commence en Nouvelle-Calédonie, où réside la plus importante communauté wallisienne du monde (plus qu'à Wallis-et-Futuna même, une collectivité d'outre-mer qui a tendance à se dépeupler). Toute la première partie (en dialecte sous-titré, la plupart du temps) est un tableau sociologique d'une communauté méconnue. On découvre la complexité des liens familiaux, la précarité et les rapports de force à l'oeuvre dans la sphère masculine.
La suite se déroule en France métropolitaine. Il arrive au héros un peu l'équivalent de ce que subit, dans le monde du football, le personnage principal de Comme un lion. Au départ, pour la plupart des Métropolitains, c'est un Maori. Personne ou presque ne semble être conscient de ses difficultés. Même dans la "communauté" wallisienne, il n'a pas que des amis. Mais il fait la rencontre de Coralie, une aventure d'un soir qui pourrait bien changer sa vie. Signalons la qualité de la composition de l'actrice Iliana Zabeth (dont certaines expressions du visage ne sont pas sans rappeler celui de Léa Seydoux), qu'on a vue récemment dans Les Cowboys.
Le jeune Wallisien ayant des aptitudes physiques et de la pratique (au rugby), il se fait remarquer et comprend qu'il a de l'avenir dans ce sport... à condition d'accepter certains "accommodements". C'est courageux de la part du réalisateur de montrer les travers d'un monde qu'on a tendance à idéaliser, en comparaison de l'univers de football. Notons que les scènes de match et d'entraînement sont très réalistes.
Pour Soane (le héros), cette aventure est initiatique. Il va devoir rapidement mûrir et régler ses problèmes, parfois de manière "virile". Rien n'est édulcoré, mais la mise en scène n'est pas racoleuse. Elle est bien servie par une musique et des chants parfois envoûtants.
Vraiment, si vous avez l'occasion de le voir, ce film est une découverte à ne pas manquer.
14:19 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, sports
vendredi, 04 novembre 2016
Puissance éducative
J'ai souri en lisant hier un article du quotidien aveyronnais Centre Presse. Il est consacré aux devoirs à la maison et à leur contestation par certains parents d'élèves espagnols. Ceux-ci trouvent qu'on bourre trop le crâne de leurs chérubins... mais on peut légitimement les soupçonner de ne pas apprécier d'avoir à surveiller les devoirs de leurs enfants le soir après le boulot.
Je me suis fait un plaisir de relever l'héneaurme faute d'orthographe présente dans le titre. Gageons que son rédacteur (pas nécessairement le même que celui de l'article) n'a pas dû consacrer beaucoup de temps, jadis, après les cours, à perfectionner sa maîtrise de la langue française.
Sur le fond, l'article est aussi contestable en raison de la comparaison abusive qu'il utilise pour appuyer le mouvement des parents d'élèves. Il se contente de mettre en regard le nombre d'heures consacrées aux devoirs à la maison et les résultats aux tests Pisa... comme si un seul facteur permettait d'expliquer le succès ou l'échec d'une masse d'élèves !
Il est aussi intéressant de relever les deux "bons" exemples mis en valeur par l'article : la Finlande et la Corée du Sud, dont les élèves obtiennent de bons résultats sans avoir à trimer après les cours chez leurs parents. Il est un autre facteur dont l'article aurait pu faire mention : le plus ou moins grande homogénéité des populations. Ainsi, l'écrasante majorité de la population finlandaise est issue du même groupe ethno-culturel, la principale minorité étant celle des suédophones, une population associée à un pays voisin et plus riche que la Finlande. Quant aux immigrés, ils représentent sans doute environ 4% de la population. En Corée du Sud, l'homogénéité est peut-être encore plus grande : la seule minorité est chinoise, qui pèse vraisemblablement moins de 1% du total. (Sur le plan religieux, la diversité est plus importante qu'en Finlande, avec la cohabitation du bouddhisme et de différentes formes de christianisme.) Attention : je ne dis pas que la diversité des origines ethno-culturelles des élèves suffit à expliquer leurs résultats, mais je fais remarquer que cela pourrait être un critère aussi (voire plus) pertinent que le nombre d'heures de devoirs à la maison.
Enfin, l'article semble classer la Corée du Sud dans la catégorie des pays dont le système scolaire est très peu coercitif avec les enfants (puisqu'il impose peu de devoirs à la maison). C'est un contresens total. Si le temps scolaire semble s'arrêter assez tôt dans la journée, il est massivement suivi d'heures de cours complémentaires. De surcroît, le nombre de jours passés à l'école dans l'année est très élevé : 220 en Corée du Sud, 190 en Finlande... contre moins de 180 en Espagne (et moins de 150 en France).
On pourrait continuer comme cela encore longtemps. Mon but n'est pas de dénigrer tel journal ou tel article, mais de faire comprendre que sur ce sujet (comme parfois sur d'autres), des médias, en reprenant des affirmations toutes faites, transmettent une image déformée de la réalité. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit de faire croire que l'école, le collège et le lycée français seraient trop exigeants avec les élèves... une guignolade qui tombe d'elle-même quand on constate les lacunes de certains bacheliers (voire diplômés du supérieur) qui postulent à des emplois.
22:09 Publié dans Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, journalisme, actualité, société, france, éducation, enseignement
Snowden
Avec Olivier Pierre Oliver Stone aux manettes, Nicolas Cage dans la distribution et une chanson signée Peter Gabriel, on est dans le "film de gôche"... qui plus est coproduit par des Frenchies. Alors on peut se demander s'il était bien utile de consacrer un nouveau long-métrage à l'informaticien et lanceur d'alerte Edward Snowden, moins d'un an et demi après le documentaire Citizenfour. J'ai été d'autant plus inquiet qu'au début, lorsque nous sont montrées les premières scènes d'hôtel (datant de 2013), j'ai eu comme une impression de déjà-vu. (Stone semble avoir allègrement pompé sur le documentaire.)
Fort heureusement, la majorité de l'intrigue s'évertue à nous montrer d'où vient Snowden (sans remonter trop loin). L'action se déroule entre 2004 et 2013. On découvre un jeune homme, sans doute surdoué mais inadapté au système scolaire, plutôt conservateur et patriote de tempérament. Il cherche (vainement) à s'engager dans les forces spéciales puis se tourne vers la CIA... par conviction. Eh, oui. Pour nous, Européens, qu'un jeune Américain censé être éduqué (voire cultivé) puisse ambitionner sincèrement d'intégrer l'une des plus malfaisantes organisations du monde a de quoi stupéfier. C'est dire le bourrage de crâne qui a sévi (et qui sévit sans doute encore) de l'autre côté de l'Atlantique. On y croit d'autant plus que Joseph Gordon-Levitt s'est glissé à la perfection dans la peau du personnage.
Le scénario a choisi de contrebalancer l'intrigue politique par la description de la vie sentimentale du héros. Il rencontre une sorte d'intermittente du spectacle gauchisante... et canon, puisqu'elle a les traits (et les formes) de Shailene Woodley, en qui tous les ados reconnaîtront l'héroïne de Divergente. Le couple qu'ils forment, aussi charmant soit-il, m'a paru assez improbable.
De surcroît, on peut regretter le voile pudique posé sur les relations avec la Russie de Poutine, qui apparaît ici comme le sauveur du citoyen-engagé-rejeté-par-son-pays-d'origine. Cela aurait mérité une petite enquête, quitte à écorner un peu l'image du chevalier blanc de l'informatique.
Tout cela passe néanmoins en raison de la qualité de la mise en images. Stone se livre à quelques effets de distorsion et joue sur tout ce qui est vitré (ou à cristaux liquides). Certains plans sont visiblement là pour nous faire penser au Big Brother de 1984. Mais, surtout, il a réussi à intégrer à l'intrigue et à l'écran l'utilisation de l'informatique. (En lisant le générique de fin, on s'aperçoit que plusieurs sociétés ont contribué à la création de ces effets.)
C'est donc un film militant, plaisant, mais pas un chef-d'œuvre.
00:32 Publié dans Cinéma, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, politique
mardi, 01 novembre 2016
Cigognes et compagnie
Voilà un nouveau film d'animation pour lequel un adulte doit trouver une bonne excuse pour accompagner un ou plusieurs enfants. L'un des réalisateurs est un ancien de chez Pixar et le studio qui l'a produit a aussi donné naissance à La Grande Aventure Lego.
J'ai trouvé le début hilarant. On en voit une partie dans la bande-annonce (ainsi que quelques images inédites, qu'on ne retrouve pas dans le film). On part donc sur de bonnes bases, avec l'histoire de l'activité de livraison des cigognes et leur reconversion. La suite est une satire du monde entrepreneurial, plus précisément d'une société qui pourrait ressembler à UPS.
L'un des ressorts de l'intrigue est l'opposition de deux tempéraments. D'un côté, on a Hunter ("le chasseur" !), le patron cigogne... un rapace en fait. C'est une caricature de tycoon, un mec à poigne, très riche, arrogant, qui n'a pas hésité à marcher sur les autres pour réussir. Dans la version française, Hunter a la voix de Richard Darboix, qui double habituellement Harrison Ford.
Face à lui, Junior paraît un peu emprunté. Il semble destiné à lui succéder et, au départ, croit que la vie ne peut lui apporter que de bonnes choses. Mais il n'a pas la "trempe" de Hunter. En fait, c'est un chic type, mais il veut à tout prix rentrer dans les stéréotypes du héros viril et sans émotion. De ce point de vue, l'histoire est une leçon pour les petits garçons.
Les filles elles peuvent s'identifier au principal personnage féminin, Tulip. A l'origine, elle est le dernier bébé humain que les cigognes n'ont pas pu livrer. Elle a donc grandi au contact des volatiles et a développé une indéniable créativité... mais elle ne mesure pas toujours les conséquences de ses actes. Dans la version française, Bérengère Krief (vue récemment dans Adopte un veuf) lui donne toute sa fougue.
Le monde des cigognes est riche de personnages hauts en couleur. Se détache un pigeon un peu collant, assez ambitieux, mais (au début) pas très habile. Il est néanmoins mis en valeur dans une scène qui parodie Les Experts. On le remarque tout de suite à sa coupe de cheveux :
Cependant, alors que l'histoire démarre sur les chapeaux de roues et que les gags s'enfilent les uns aux autres, le rythme retombe. C'est notamment dû à l'introduction d'autres personnages humains, ceux de la famille. Le portrait est gentiment caricatural. Les parents sont des sortes d'autoentrepreneurs, obsédés par leur travail, au point de quelque peu négliger leur fils unique, qui s'ennuie tout seul. Celui-ci décide donc de "commander" un petit frère ! Branle-bas de combat chez les parents, qui vont bien évidemment changer d'attitude et se rapprocher de leur enfant.
Fort heureusement, l'intrigue rebondit avec la "naissance" du bébé, chez les cigognes. Les auteurs ont tout fait pour le rendre mignon. Il attendrit presque tous ceux qu'il croise... et c'est vrai qu'il a une belle bouille :
La rencontre avec une meute de loups est l'une des bonnes trouvailles du scénario. Ces redoutables animaux (d'une inventivité stupéfiante... je n'en dis pas plus) vont tomber eux aussi sous le charme du bambin. Désormais, ils ne traquent plus les héros uniquement pour les manger !
L'une des meilleures séquences voit intervenir d'autres personnages : des pingouins ! Allait-on nous servir une resucée de ceux de Madagascar ? Heureusement non. Ce sont les sbires de Hunter, mais ils aiment les bébés. Cela nous vaut une désopilante scène de combat quasi muette entre les héros et la petite troupe noire et blanche.
La fin de l'histoire est un peu trop consensuelle à mon goût, mais elle contient une scène qui mérite le détour : la rencontre de l'héroïne et des membres de sa (véritable) famille... Bon sang ne saurait mentir !
Au final, on passe un agréable moment, visible par les petits et grands. L'animation est de bonne qualité sans être particulièrement brillante.
15:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 30 octobre 2016
Mais que lui a-t-elle dit ?
C'est ce que se demandent tous les fans de la série Profilage (qui en est à sa septième saison). Jeudi dernier a été diffusé la seconde partie de l'épisode intitulé "Les adieux", qui a vu la dernière apparition de l'actrice Odile Vuillemin dans le rôle de Chloé Saint-Laurent.
A la fin de l'épisode, à l'aéroport, la psycho-criminologue se jette dans les bras du commandant Rocher et, pendant quelques instants, lui chuchote quelque chose à l'oreille, sans que les téléspectateurs puissent rien entendre. (Techniquement, soit on a coupé l'un des micros ou effacé le son, si cela a été tourné en prise directe, soit, en studio, cette partie du dialogue n'a pas été postsynchronisée.)
En tout cas, les suppositions vont bon train, puisqu'on n'entend que la réponse de Rocher : "Je sais". Alors ? Lui a-t-elle avoué son amour ou bien s'agit-il juste d'un petit jeu entre les deux acteurs ? Commençons par l'une des propositions les plus évidentes :
Ça, c'est si le geste de l'actrice (qui revient sur ses pas alors que Chloé et Rocher s'étaient déjà dit au revoir) est improvisé :
Cela pourrait être un propos plus intime :
Et pourquoi pas une blague ?
Ça, c'est ce que pensent nombre de fans de la série :
Terminons par la solution la plus simple, une sorte de pied-de-nez à l'emballement "buzzesque" :
00:07 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, actualité
vendredi, 28 octobre 2016
"Le Canard enchaîné" en bande dessinée
Il y a quelques semaines est sorti aux éditions des Arènes un ouvrage intitulé L'incroyable histoire du Canard enchaîné. Les auteurs (Didier Convard et Pascal Magnat) ne sont pas membres de l'équipe de l'hebdomadaire satirique, mais ils en sont des sympathisants. Et comme cette année, on célèbre le "centenaire bis" de la naissance du journal, l'occasion était belle.
Le début rappelle à ceux qui l'ignoreraient que Le Canard est né deux fois, la première version, créée en 1915, n'ayant pas connu le succès. Pourtant, dès le début, les journalistes ont pour ambition de dénoncer les mensonges de la mauvaise presse, au service de la propagande de guerre. C'est aussi l'occasion de mettre un visage sur des noms qui soit figurent encore en page 7 du journal, soit sont régulièrement cités lorsqu'il est question de son passé.
Je vous laisse goûter le jeu de mots qui orne l'une des vignettes. Le style du dessin est classique, même si les auteurs ne s'interdisent pas, de temps en temps, un peu de fantaisie. Dans cette histoire, notre guide est un canard qui parle... et qui a même la langue bien pendue.
Ce livre n'est toutefois pas une hagiographie. Il ne cache pas l'aveuglement dont l'hebdomadaire a fait preuve face à la montée du nazisme. Il fait aussi le bilan du comportements de ses rédacteurs et dessinateurs pendant la Seconde guerre mondiale. Tous n'ont pas été honorables.
La lecture est globalement instructive. La vie du journal suit celle du pays. Certaines anecdotes sont peu connues, comme le cas de ce concurrent marseillais, nommé Le Merle blanc, qui avait un temps débauché une partie de l'équipe du Canard. Il est aussi question de la tentative de meurtre dont Léon Blum fut la cible, en février 1936, et de l'histoire du numéro imprimé à Londres, pendant la Seconde guerre mondiale.
En 1944, le journal reparut mais connut des temps difficiles. Sa dernière mue intervint avec la Ve République. L'hebdomadaire développe les enquêtes et se pose en organe d'opposition au pouvoir gaulliste, qui le lit avec attention.
C'est la Une du 4 juin 1958, une de celles qui sont reproduites dans l'ouvrage. Mais la période gaulliste a été surtout marquée par la chronique "La Cour" (par Ribaud et Moisan), qui associait langage relevé et dessin chiadé pour brosser un tableau satirique du nouveau régime.
A partir des successeurs de de Gaulle, l'histoire prend la forme de vignettes, qui toutes évoquent une "affaire" dans laquelle des puissants ont trempé. Gauche et droite n'en sortent pas grandis et l'on peut se désoler que la chronique de la Ve République puisse se limiter à une série de scandales. C'est néanmoins un rappel salutaire, qui permet de prendre du recul par rapport à notre époque.
A la fin, le ton en général enjoué se fait chagrin, avec la liste des morts successives de collaborateurs victimes de l'âge ou d'un accident. Il devient même grave avec le rappel des récentes tueries parisiennes, de janvier et novembre 2015 :
Notez le choix des couleurs : le noir associé au rouge, avec du blanc, comme sur le drapeau à croix gammée.
Malgré les drames, malgré la médiocrité de notre personnel politique, malgré l'arrogance des riches, les auteurs ont voulu terminer sur une note d'humour, cette arme si utile pour ridiculiser les puissants.
P.S.
Dans ce travail de grande qualité, il me semble avoir repéré deux petites erreurs : page 126 une confusion entre Gérard et Philippe de Villiers ; page 133 une autre confusion, entre millions et milliards à propos de l'affaire des frégates de Taïwan.
23:41 Publié dans Histoire, Livre, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, presse, médias, journalisme, bd, bande dessinée, politique, société, livres
Jack Reacher : never go back
Matt Damon Tom Cruise est de retour en ancien Marine, véritable machine à tuer qui trace sa route sans garder la moindre attache. Qu'est-ce qui le pousse à s'arrêter ? L'injustice. Jack n'aime pas les méchants. Et il aime les gentils. Ça tombe bien, parce qu'il arrive des bricoles à Susan Turner, qui occupe le poste qui fut jadis celui de Jack. Serait-elle victime d'un complot ? Ni une ni deux Denzel Washington Tom Cruise se porte à son secours... avec ses méthodes quelque peu cavalières. (Quoi de plus normal pour un chevalier servant ?)
L'originalité de l'intrigue est que, dans le même temps, le héros découvre qu'il pourrait être le père d'une adolescente "désaxée", dont la mère peine à se sortir de la drogue. Pour nous éviter de trop cogiter, les scénaristes ont eu l'idée de fusionner les deux histoires. Du coup, voilà Bruce Willis Tom Cruise chargé d'une gonzesse et d'une gamine, alors qu'ils sont poursuivis par de redoutables tueurs.
On s'attache vite à cet étrange trio, composé d'un ancien commando limite autiste, d'une militaire féministe (super bien gaulée) et d'une adolescente en pleine crise, voleuse de surcroît. Evidemment, leurs défauts vont devenir des qualités et ceux que le destin a rapprochés vont apprendre à se connaître. Cela donne de bonnes scènes comiques, qui transportent les deux officiers expérimentés (et célibataires) dans un monde qu'il ne maîtrisent pas du tout : celui de la parenté. De surcroît, la jeune Samantha (Danika Yarosh, très bien) semble avoir hérité de la personnalité de son père présumé.
Une autre qualité de l'intrigue est la dénonciation du comportement de certains officiers et des contractuels de l'armée (ici en Afghanistan). Ensemble, ils constituent d'impitoyable adversaires, auxquels bien sûr Liam Neeson Tom Cruise va faire rendre gorge, au terme d'une enfilade de poursuites et de bagarres. D'un point de vue technique, c'est très bien fichu (avec un superbe final à La Nouvelle-Orléans)... et l'on a visiblement ciblé un public pas super bien doté en terme de neurones : une grande partie des rebondissements est hyper prévisible. Cela n'empêche pas de passer un bon moment.
00:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 27 octobre 2016
La Fille du train
Ce polar est l'adaptation d'un roman de Paula Hawkins (que je n'ai pas lu). Il bénéficie d'une distribution très attrayante, surtout du côté féminin. L'intrigue tourne autour de trois femmes, dont on découvre progressivement les liens qui les unissent, parfois à leur insu. Au départ, on les voit par le regard de l'une d'entre elle, Rachel, l'héroïne alcoolique (Emily Blunt, très convaincante par son jeu, mal hélas pas très bien doublée en français). Chaque matin de la semaine, celle-ci prend le train qui la mène de sa banlieue à New York. Elle a pris l'habitude, à l'aller comme au retour, de s'installer du côté du train qui longe un lotissement, dont elle observe les maisons et leurs occupants. Deux attirent son attention : une superbe jeune femme et, à deux bâtiments de là, l'occupante d'une maison qu'elle connaît bien.
Il faut tout de suite dire qu'une partie de l'histoire est filmée en caméra subjective (accompagnée d'une voix off). On voit donc par les yeux de Rachel, parfois embrumés par les vapeurs d'alcool. C'est d'ailleurs l'une des originalités de l'intrigue, qui place en son centre une femme ravagée par la boisson, pour une raison qu'on finit par découvrir. Notons qu'une autre partie de l'histoire nous est montrée du point de vue de Megan, la nymphomane. Evidemment, les visions des deux jeunes femmes ne sont pas identiques.
Mais là ne réside pas le véritable suspense. Un soir, l'une des femmes disparaît. Rachel pense savoir pourquoi, en raison d'un détail qu'elle a perçu lors d'un passage du train. S'enclenche alors une double enquête, celle de la police, qui suspecte d'ailleurs Rachel, et celle de l'alcoolique, qui a presque tout oublié de la nuit fatidique, celle qui a vu la disparition de Megan.
L'intrigue prend la forme d'un puzzle, parce qu'on nous propose les regards de personnages différents et parce que le scénario est conçu sur la base des retours en arrière. Par petites touches, on nous fait découvrir ce qui s'est passé il y a six mois, quatre mois, deux mois, sept jours... pas forcément dans le "bon" ordre, mais à des moments opportuns. Le trajet en train qu'emprunte Rachel est lui-même un retour en arrière quotidien, retour vers son travail et vers sa vie passée. Il faut parfois un peu s'accrocher, mais, franchement, ça le mérite.
Au niveau de l'interprétation, Emily Blunt est bien accompagnée par Rebecca Ferguson (révélée par Mission impossible 5) et Haley Bennett (vue récemment dans Les 7 Mercenaires). Du côté des messieurs, on peut signaler Luke Evans (le plaisir de ces dames) et Justin Theroux. Dans les seconds rôles, on remarque la présence d'Allison Janney et de Lisa Kudrow (Oui ! Phoebe !).
Ajoutons pour terminer que le film a été réalisé par Tate Taylor, à qui l'on doit La Couleur des sentiments et Get on up. Il nous a bricolé un bon divertissement, qui vaut mieux que ce que la critique en a dit.
17:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 26 octobre 2016
Kubo et l'armure magique
Je n'avais pas du tout entendu parler de la sortie de ce film d'animation américain. Quand j'ai appris qu'il était produit par le studio auquel on doit Coraline et Les Boxtrolls, j'ai tenté ma chance... et j'ai eu raison.
La première remarque que l'on peut faire est que, sur la forme, Disney-Pixar a désormais un rival de poids, qui confirme film après film la qualité de son travail. Dès le début, on est saisi par cette scène de navigation en pleine mer d'une mère et de son enfant, par une nuit de tempête. La suite n'est pas moins jolie, avec des plans magnifiques qui font notamment intervenir une guenon, dont l'apparence et les mouvements ont été particulièrement soignés.
Mais c'est au niveau des pliages (numériques, ici) que la virtuosité de l'animation est la plus criante. Le film est un vibrant hommage à l'origami, érigé en art au pays du soleil levant. Kubo devient rapidement un maître du pliage (à distance), d'abord quand il se produit en public avec ses contes animés, ensuite quand il met son pouvoir au service de sa quête. L'intrigue elle-même s'inspire des traditions japonaises (en particulier celle des samouraïs) et la mêle à l'univers des mangas : le jeune héros est à la recherche des pièces d'une armure (ce qui n'est pas sans rappeler Les Chevaliers du Zodiaque) et, vers la fin, il doit combattre un dragon maléfique. Fort heureusement, l'aspect traditionnel l'emporte sur les références au dessin animé industriel.
Nous voilà donc plongé dans un étourdissant roman d'aventures. Le garçon, qui a perdu ses parents, doit contrer les ambitions de son grand-père et de ses tantes, de véritables sorcières. Il va s'appuyer sur une drôle d'équipe, composée d'un samouraï de papier (muet, mais très expressif), d'une guenon magicienne et d'un soldat-scarabée gaffeur. Cet attelage hétéroclite ne va pas se former sans heurts, ce qui est source de nombre de gags savoureux.
L'action est très rythmée, la musique entraînante. On ne s'ennuie pas un instant. Et si certaines scènes sont de prime abord violentes, on a pris soin d'en ôter ce qui pourrait choquer des yeux innocents : la mort de personnages (bons comme méchants) n'est jamais montrée crûment. Soit elle fait l'objet d'une ellipse, soit elle est enrobée dans un effet visuel qui l'euphémise.
La salle où j'ai vu le film était pleine. Adultes comme enfants ont visiblement adoré !
22:44 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'Odyssée
Il est des films qu'il vaut mieux aller voir avant d'avoir lu ou entendu les critiques professionnels, tant ceux-ci sont parfois de mauvaise foi ou ont le regard faussé par d'énormes œillères. L'émission de dimanche dernier du "Masque et la plume", consacrée au cinéma, en a été une bonne illustration. L'Odyssée a ouvert le bal, à la quatrième minute (après le courrier des lecteurs), jusqu'à la dixième. De la présentation de Jérôme Garcin à l'intervention de Pierre Murat, l'émission a accumulé les erreurs voire les contre-vérités à propos du film.
Commençons par l'animateur de l'émission, qu'on a connu plus inspiré. Sa détestation du film le conduit à commettre plusieurs approximations. Non, l'histoire ne commence pas lorsque Cousteau quitte la Marine nationale, mais avant. Il faut un petit moment pour en arriver là. Ce n'est pas non plus dès le début qu'on le voit porter le bonnet rouge (auquel on l'a par la suite identifié), mais bien plus tard dans l'histoire. Même chose pour l'achat de la Calypso, qui n'intervient qu'à l'issue d'un long processus. Quant à la fin, elle ne survient pas à la mort de l'un des fils, mais plus tard.
Xavier Leherpeur n'a pas fait preuve de plus de clairvoyance. Il a affirmé que la mort de Philippe constitue le noyau de l'intrigue et que le père et le fils ne se sont jamais réconciliés. C'est doublement faux. Si la mort du fils est l'un des moments-clés de l'histoire, c'est la relation du père avec l'ensemble des membres de la famille qui sert de base à l'intrigue. Et là, contrairement à ce que les critiques ont affirmé (notamment Danièle Heymann), on n'est pas du tout dans l'hagiographie. Le film dépeint en Cousteau un homme certes ingénieux et entreprenant, mais aussi profondément égoïste... et menteur. Le portrait est donc en nuances et c'est peut-être ce qui n'a pas plu à certains, qui auraient voulu que l'océanographe soit descendu en flèche.
Quant au personnage de l'épouse, il est bien interprété par Audrey Tautou, qui est bien meilleure que ce que les critiques en ont dit. Ils n'ont pas pris de recul vis-à-vis du personnage qu'elle incarne. L'actrice s'est fondue dans le rôle de cette femme d'abord passionnément amoureuse puis de plus en plus désabusée, à laquelle il ne reste que la Calypso et les voyages.
Autre point sur lequel porte la mauvaise foi des critiques : la qualité des images. Celle-ci est quand même reconnue par Danièle Heymann, qui contredit peut-être involontairement celui qui avait parlé juste avant elle. C'est bien filmé et les séquences aquatiques sont particulièrement réussies. Au début, il y a la découverte de merveilles sous-marines, avec un superbe effet lumineux. Plus loin, il y a (avec Pierre Niney) la séquence des requins, très attendue et qui ne déçoit pas. N'oublions pas non plus les scènes avec les baleines, qui, sur un grand écran, sont un véritable enchantement. C'est l'une des grandes qualités de ce film : consacré à un cinéaste de la mer, il est lui-même un hommage à ce monde magnifique menacé par les activités humaines.
Il convient de revenir aussi sur la distribution. Lambert Wilson est excellent dans le rôle principal. Même si, pour ceux qui ont connu le vrai Cousteau (par écrans interposés), il est évident que l'acteur n'est pas "JYC", il nous fait croire à son personnage. Surtout, il nous fait comprendre que l'homme était pétri de contradictions : c'était incontestablement un amoureux de la mer, et un inventeur, mais il avait soif de reconnaissance. Pour atteindre ses objectifs, l'ancien officier de marine était prêt à bien des accommodements, ce que le film montre parfaitement.
Les critiques du Masque se sont montrés là encore malhonnêtes (ou ignorants) en se gaussant du mauvais accent pris par Lambert Wilson, dont personne n'ignore qu'il maîtrise la langue de Theresa May à la perfection. Mais, tel n'était pas le cas de Jacques-Yves Cousteau. Si celui-ci s'exprimait sans difficulté en anglais, c'était avec un accent déplorable, ainsi qu'on peut le constater ici ou encore là (lors de son passage au Late Night with David Letterman, en 1990).
Notons que les seconds rôles sont eux aussi très bons. Je vais en étonner certains, mais j'ai été agréablement surpris par la prestation de Pierre MNiney, qui nous livre là une excellente composition. Il est vrai que le costume du fils rebelle et charmeur semble taillé pour lui. La scène de l'engueulade père/fils dans un bar-restaurant américain est remarquable, avec, de surcroît, un jeu sur les reflets.
Bref, nous sommes en présence d'un film grand public de qualité, victime d'un incompréhensible acharnement de la critique, chez laquelle les apriori idéologiques voisinent avec un poil d'incompétence.
PS
Si l'on voulait vraiment critiquer le scénario sur le fond, il faudrait lui reprocher les choix opérés dans les époques de la vie de Cousteau. Ainsi, comme l'intrigue démarre en 1948, on évite de parler de la période de la guerre (et de son frère aîné, furieusement antisémite et pro-nazi). A l'opposé, l'histoire s'arrête avant que la seconde famille de Cousteau ne prenne une part importante. (Aujourd'hui, c'est la deuxième épouse qui dirige la Fondation Cousteau et la Cousteau Society.)
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mardi, 25 octobre 2016
Agent Carter
La chaîne de télévision TMC vient de commencer la diffusion en France de la série Agent Carter, dont l'action se déroule juste après la Seconde guerre mondiale, dans l'univers Marvel. L'héroïne est Peggy Carter, la petite amie de Captain America, à l'époque décédé (en réalité congelé dans les eaux arctiques).
L'originalité de cette série est son aspect féministe avant-gardiste. L'héroïne est une femme d'action, rompue aux sports de combat comme à certaines techniques d'espionnage. Elle n'est pas sans charme non plus. Elle est interprétée par Hayley Atwell, déjà vue dans ce rôle dans les films qui tournent autour de Captain America ou des Avengers. Il y a une dizaine d'années, elle s'est fait connaître dans Le Rêve de Cassandre, de Woody Allen.
Autour d'elle, la production a réuni une galerie de personnages assez attachants. Il y a d'abord ceux qui font écho à l'univers Marvel : l'industriel Howard Stark (le père -et précurseur- de Tony, futur Iron Man) et son majordome-homme-à-tout-faire Jarvis (excellemment interprété par James D'Arcy) :
Ces hommes-là ont une grande estime pour Peggy Carter, au contraire de la plupart de ses collègues de l'agence SSR, qui voudraient la cantonner à du travail administratif. L'intrigue est très bien conçue puisque l'héroïne mène en fait ses enquêtes dans le dos de ses collègues, tout en profitant de leurs préjugés machistes. Cela donne lieu à plusieurs scènes savoureuses. Un de ses collègues sort du lot : le handicapé, revenu de la guerre avec une jambe en moins et qui semble "en pincer" pour Peggy. Le sérieux qu'il met dans son travail pourrait néanmoins gêner l'héroïne, tout comme l'action du principal agent masculin, un beau gosse arrogant qui n'hésite pas à user de ses poings :
Dans tout bonne histoire, il faut des méchants réussis. C'est le cas ici, avec les mystérieux tueurs professionnels, amputés du larynx, liés à cet insaisissable ennemi nommé Léviathan.
L'ambiance est donc à l'espionnage et à l'innovation technologique, ce qui n'est pas sans rappeler une autre série (futuriste celle-là), Fringe. Mais l'essentiel des références évoque plutôt les films noirs des années 1940-1950. Cette atmosphère, bien rendue par la photographie (très soignée), ajoutée aux détails concernant la vie quotidienne des femmes de l'époque, contribue à faire d'Agent Carter une très bonne surprise.
13:58 Publié dans Cinéma, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision
lundi, 24 octobre 2016
Le logo du futur PNR Aubrac
Le projet de parc interrégional est bien avancé. On peut même dire qu'il est quasiment bouclé. Il reste quelques démarches à accomplir... et à choisir son logo. J'ai appris cela en lisant Centre Presse aujourd'hui. Ce choix est l'objet d'une consultation populaire, par internet... comme quoi la mise en valeur du patrimoine emprunte parfois les chemins de la modernité. Sur le site du PNR, on peut visualiser en détail les quatre propositions que voici :
Chacune porte un numéro, plus précisément une lettre (A, B, C ou D). Voici comment les nommer :
Autant le dire tout de suite : j'élimine d'entrée la proposition C, sur laquelle ne figure pas la vache Aubrac. Il est pour moi impensable de communiquer sur le territoire sans faire mention de l'animal qui en est devenu emblématique.
Il reste les propositions A, B et D qui, en plus de la vache, comportent une représentation d'un buron. Je rejette la proposition D parce qu'elle semble n'associer le territoire qu'à la saison hivernale (avec la référence à la neige), même si la présence de la fenêtre sur le bâtiment est un plus.
Il ne nous reste plus qu'à choisir entre les propositions A et B. Toutes deux sont dotées d'un arbre en plus des autres symboles. C'est important, dans la mesure où le PNR (sans être un conservatoire comme les parcs nationaux) va permettre de préserver la biodiversité. De surcroît, le tourisme ne doit pas compter que sur la neige (sans quoi il serait bien dépourvu). Il me semble d'ailleurs que la (future) charte du parc intègrera la notion de "tourisme des quatre saisons".
Je retiens finalement la proposition A, en raison de la présence de chemins. C'est un signe d'ouverture, preuve que le territoire a vocation à rester en relation avec l'extérieur. Cela peut aussi être vu comme une référence aux chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui, si je ne m'abuse, sont empruntés par environ 20 000 personnes chaque année dans l'Aveyron. Exit donc la proposition B :
And the winner is :
21:18 Publié dans Aveyron, mon amour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, presse, médias, journalisme, environnement, nature, société, actualite, occitanie, agriculture, écologie
Le Teckel
Au cinéma comme dans le théâtre classique, il existe deux types d'auteurs. A Pierre Corneille qui peignait les humains tels qu'ils pouvaient être, lorsqu'ils se dépassaient, s'opposait Jean Racine, qui les représentait minés par leurs passions ou leurs petitesses. Dans le cinéma contemporain règnent les Pierre Corneille, soit qu'ils mettent en valeur les aspects positifs de leurs personnages, soit qu'ils les fassent évoluer vers le meilleur. Tel n'est pas Todd Solondz, qui aime bien remuer la merde mettre en exergue la noirceur de l'humanité. Ici, c'est la vie d'un chien (plus exactement d'une chienne) qui est le prétexte à ses observations.
L'introduction se contente de montrer celui qui est peut-être le premier propriétaire du teckel en train de l'abandonner. La chienne n'est pas jolie, mais elle a une bonne bouille... et qu'est-ce qu'elle semble docile ! Un mec très riche et qui croit tout savoir décide d'en faire cadeau à son fils unique, qui se remet doucement d'un cancer.
Cela donne la meilleure des quatre historiettes qui composent ce film. L'humour sardonique de Solondz y est très présent. Je recommande tout particulièrement le moment où la mère (Julie Delpy, parfaite) tente de justifier auprès de son fils la stérilisation du teckel. Elle lui raconte l'histoire de "Croissant" (en français dans le texte), la chienne qu'elle avait quand elle était petite. Je me garderai bien de narrer le sort qu'a connu la pauvre bête (dont le nom n'a pas été choisi au hasard...). Tout ce que je peux dire est que cette scène éminemment burlesque a suscité un sacré malaise dans la salle de l'Utopia l'American Cosmograph de Toulouse où je l'ai vue. Il y avait certes un public de connaisseurs, mais il me semble qu'une partie de l'assistance ne savait pas trop à quoi s'attendre... Notons que cette séquence met en scène l'un des mantras de l'oeuvre de Solondz : les difficultés de communication entre parents et enfants... et la tendance des premiers à ne pas agir en conformité avec les règles qu'ils édictent pour les seconds. Les amateurs se réjouiront aussi de l'humour scatologique. Moi, j'ai kiffé !
La qualité chute avec la deuxième histoire. De nouveau abandonnée, la chienne est sauvée par une assistante-vétérinaire un peu à côté de ses pompes (très bien interprétée par Greta Gerwig, l'une des égéries du cinéma indépendant états-unien). Notre teckel vedette va enrichir sa connaissance de l'humanité au contact d'un drogué et d'un couple consanguin. Ici Solondz nous montre l'Amérique (blanche) d'en-bas (du plafond), qu'on n'a aucune envie de rencontrer.
Un interlude nous mène dans une université de seconde zone, où officie un scénariste has-been, incarné par Danny de Vito. Là, je pense qu'il y a une part d'autobiographie. Solondz, qui a réalisé peu de films et n'a pas retiré beaucoup d'argent de son activité de cinéaste, a sans doute dû accepter certaines tâches "alimentaires" pour survivre. Cette histoire dresse un portrait pathétique aussi bien du scénariste, enseignant médiocre, que des étudiants en cinéma, gosses de bourges prétentieux et creux. La chute, inattendue, est excellente !
L'intensité remonte avec la dernière histoire, celle d'une grand-mère malade (et riche) qui reçoit sa petite-fille nécessiteuse (et conne). La mamie s'est attachée au teckel... davantage même qu'aux membres de sa famille. On retrouve l'humour sardonique de Solondz, teinté d'un peu de tendresse pour la vieille dame (qui n'a pas eu la vie si heureuse) et la jeunette, bien servie par la comédienne (Zosia Mamet, un nom à retenir). J'ai particulièrement aimé l'accueil que réserve la grand-mère à la donzelle accompagnée de son artiste de copain : à leur bonjour elle répond en réclamant sa potion anti-diarrhéique à son auxiliaire de vie ! Et je ne vous raconte pas la fin, qui en a fait bondir plus d'un-e dans la salle !
Le tout se conclut sur un clin d'oeil... et un aboiement de teckel !
Ce n'est pas le meilleur film de Solondz, mais c'est plus réussi que le précédent, Dark Horse.
01:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 23 octobre 2016
Ma Vie de courgette
Courgette est le surnom du héros de ce film d'animation, un petit garçon prénommé Icare, qui entretient une relation fusionnelle avec le cerf-volant qu'il a construit (sans doute pour pallier l'absence de son père). C'est aussi un dessinateur. Il utilise ses facultés d'imagination pour transcender un quotidien pas tout rose.
Pour une raison que je ne révèlerai pas, Courgette se retrouve dans un orphelinat un peu spécial, où il va côtoyer d'autres enfants "en difficulté". Simon est le petit caïd de la bande. C'est aussi un enfant de drogués. Une des filles a été violée par son père, une autre a vu son géniteur trucider sa mère (avant qu'il ne se suicide), une troisième a été abandonnée...
Présenté comme cela, ça donne l'impression que l'intrigue est sinistre. Eh bien très peu, en fait. Certes, au départ, les gamins sont malheureux. Mais la plupart des choses sont dites avec les mots des enfants et certaines scènes sont émaillées d'humour. (Ah, la question du zizi qui explose !...) Les adultes qui s'occupent d'eux au foyer sont très attentionnés et la situation des personnages évolue. (Sur le fond, ça m'a un peu rappelé Ma Maman est en Amérique.)
La technique d'animation est celle du "stop-motion", qui implique une grande minutie (et beaucoup de patience). C'est réussi, à la fois vraisemblable dans les mouvements et joli à l'écran... et c'est visible par les petits comme par les grands. Dans la salle où je l'ai vu, les enfants ont été captivés pendant les 65 minutes de la projection.
PS
Le dossier de presse mis en ligne par la société de production est très intéressant.
22:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 22 octobre 2016
Fuocoammare
Voici donc ce documentaire italien, Ours d'or au dernier festival de Berlin, issu de plusieurs mois de tournage sur l'île de Lampedusa, située entre les côtes siciliennes, tunisiennes et libyennes et actuellement principale porte d'entrée des migrants sur le continent européen :
Sans aucun commentaire (mais pas sans point de vue), le réalisateur Gianfranco Rosi croise les vies en apparence séparées d'une famille de pêcheurs (la grand-mère, le père et le fils), d'un animateur radio, d'un médecin, d'un plongeur, de militaires italiens et de migrants africains. Le travail de montage est soigné, à tel point que l'on ne s'ennuie pas en 1h45.
Que montre le réalisateur ? Que les habitants de l'île sont assez pauvres. Certes, ils vivent dans leur maison (pas luxueuse), mais le produit de la pêche contribue à agrémenter un quotidien très frugal. Pour les jeunes, l'avenir n'est pas reluisant, alors que la vie sur place, au contact de la nature, peut s'avérer passionnante. L'auteur a eu la chance de rencontrer Samuele, un gamin qui s'exprime parfois comme un adulte, mais qui semble perdu dans ce drôle de monde. Sa plus belle réalisation est la construction d'un lance-pierre, qui devient une arme contre des cactus, des animaux... et peut-être un bus transportant des migrants. Le garçon n'est pas encore très à l'aise sur un bateau... et son travail scolaire semble très laborieux. Ça et les problèmes qu'il rencontre à son oeil gauche ont sans doute contribué à le faire mûrir un peu trop vite.
De leur côté, les militaires et les humanitaires qui tentent de gérer les flots de migrants sont moins causants. On note leur souci de traiter ceux-ci avec respect. On remarque surtout la crainte bactériologique qu'inspire l'arrivée de masses humaines issues d'un autre continent.
Un coup de projecteur est donné sur l'action d'un médecin, que l'on voit commenter la répartition des "passagers" sur l'un des bateaux de fortune. De la somme versée (1 500, 1 000 ou 800 dollars) dépend la place occupée sur le navire... et parfois la survie. Très dures sont les images des cadavres morts asphyxiés dans la cale d'une de ces embarcations.
Ceci dit, il ne faut pas attendre davantage de réflexion sur le sujet. On est dans le ressenti. Aucune image ne nous est proposée d'éventuels passeurs. Aucun des propos enregistrés ne fait allusion à ce douteux commerce, ce qui évite de poser la question de responsabilités africaines.
Si l'on accepte ces limites, on peut profiter pleinement de ce documentaire militant (qui n'est pas sans rappeler la fiction Mediterranea), bien filmé, qui propose des images parfois très belles d'une île restée un peu sauvage et sur les rives de laquelle se produisent bien des drames...
PS
Le dossier de presse, disponible sur le site du distributeur, est intéressant.
21:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 21 octobre 2016
Deepwater
C'est à Peter Berg (réalisateur, entre autres, du Royaume) qu'a été confiée la mise en scène de cette reconstitution de la catastrophe de 2010, provoquée par l'explosion de la plateforme pétrolière de BP (nommée Deepwater Horizon), en plein golfe du Mexique. Le film est centré (surtout) sur les hommes et (un peu) sur les femmes qui ont été directement touchés par la catastrophe. L'aspect écologique passe au second plan.
Les responsabilités des dirigeants de BP n'en sont pas moins directement pointées. C'est John Malkovich qui est chargé d'incarner le "méchant", le cadre supérieur âpre au gain, qui préfère se voiler la face si cela lui permet de réaliser des économies sur la sécurité. Face à lui se trouvent (principalement) deux employés de l'entreprise de forage sous-traitante de BP. Ils sont interprétés par Kurt Russel (impressionnant... et méconnaissable) et Mark Wahlberg.
Sur la plateforme (qui "flotte" sur l'eau !), ils sont entourés par une pléiade de seconds rôles, tous très bons. On note la volonté de mettre en valeur les métiers manuels (et ceux qui les exercent). Il y a un aspect documentaire dans l'intrigue, qui n'est pas déplaisant.
Le début met en place le "dispositif". On découvre la famille de Mike, avec sa ravissante épouse et sa fille futée. Cela donne lieu à une scène métaphorique (vue pour l'essentiel dans la bande annonce), avec une bouteille de boisson gazeuse. La gamine est formidable. On nous donne aussi un aperçu de la vie quotidienne du principal personnage féminin.
La suite fait monter la tension. On comprend que, sur la plateforme (partiellement reconstruite pour les besoins du film), les relations humaines sont parfois tendues, même si les gars aiment déconner. Mais, surtout, petit à petit, on sent la catastrophe se rapprocher.
L'intrigue suit donc le schéma classique des films du même genre. On pense évidemment à Titanic, la plateforme étant une sorte de gigantesque bateau qui va s'échouer en mer. On pense aussi à La Tour infernale, l'un des enjeux de l'histoire étant le sauvetage des employés , qui tentent d'échapper à un gigantesque incendie.
C'est bien filmé, spectaculaire à souhait, même si je trouve que plusieurs scènes d'explosion manquent de clarté. Peter Berg est un habile faiseur mais pas un génie. De surcroît, il nous laisse un peu sur notre faim. Le film dure à peine plus d'1h40, alors que les scènes d'exposition occupent toute la première partie. Alors, même si la suite est plutôt bien fichue, les amateurs d'action seront un peu déçus. On pourrait aussi regretter certains stéréotypes dans la représentation des personnages masculins (forcément virils) et féminins (forcément fragiles).
Bref, c'est un honnête divertissement, mais le film ne restera pas dans les annales.
12:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 19 octobre 2016
Brice 3
Jean Dujardin revient dans le rôle qui l'a révélé jadis, quand il faisait partie des "Nous Ç Nous". Le risque était que cette suite ne se justifie en rien. Le début nous replonge dans un univers familier, le moindre objet de la vie quotidienne du héros étant "bricisé". C'est mignon, mais cela a un air de déjà-vu. Auparavant, on nous a servi une séquence tournée en haute montagne, où l'esprit de dérision vient "casser" ce qui pourrait paraître sublime.
On a donc l'occasion de sourire, voire de rire. Et pourtant, ce début a nourri mes inquiétudes. Le rythme n'est pas maîtrisé avec, notamment, certains "blancs", qu'un montage un peu plus rigoureux aurait dû effacer.
Deux moments sont vraiment drôles : la venue de touristes asiatiques (à Nice) et la rencontre d'une bande de vrais surfeurs (sur la côte Atlantique). Elles permettent de mettre en valeur le côté pathétique du personnage de Brice. De surcroît, le méchant chef des surfeurs est incarné par Alban Lenoir (vu dans Antigang et Un Français), à propos duquel le générique de fin précise qu'il a pris six kilos de muscles en un temps record. On a donc soigné le casting, avec une brochette de mecs très baraqués et des wagons de bombasses en bikini, aux côtés des surfeurs comme dans le Pacifique.
Par contre, les retrouvailles entre Brice et Igor d'Hossegor sont complètement ratées. L'évolution ultérieure du personnage ne suscite pas davantage d'intérêt, Bruno Salomone étant hélas cantonné au rôle de faire-valoir. La partition de Clovis Cornillac est plus savoureuse. Le seul ami de Brice, à l'abondante pilosité, s'est mué en défenseur des autochtones contre le bétonnage touristique d'une île. (Ici ou là, quelques propos incidents ont une portée politique.) Si Cornillac est très convaincant en chevelu militant, la représentation des indigènes est cependant caricaturale au possible.
A partir du moment où les principaux personnages se retrouvent sur l'île, l'intrigue gagne en densité. Brice, "le roi de la casse", va découvrir l'existence d'un monde merveilleux... ainsi que d'un sérieux concurrent que, pour une raison que je ne peux pas révéler, il ne sait trop comment affronter. Le tournoi "Kasse contre Kasse" promet d'être un sommet... et il donne effectivement lieu à l'une des bonnes séquences du film, l'enjeu étant de trouver la faille de l'adversaire.
Mais l'intrigue est elle-même une gigantesque "kasse", qui tourne autour du personnage du narrateur, un vieillard à moitié sénile qui s'inspire visiblement de Little Big Man. Je suis sorti de là plutôt satisfait, mais pas franchement enchanté. Si le film contient quelques perles, il n'est pas suffisamment abouti. Quoi qu'il en soit, ne quittez pas la salle trop vite : le générique de fin est truffé de blagues, au sein desquelles se cache, parfois, une référence érudite.
P.S.
Signalons un aspect particulièrement déplaisant : l'omniprésence de marques publicitaires à l'écran. On s'attend bien sûr à rencontrer la célèbre virgule, mais, des produits d'hygiène à l'alimentation en passant par les objets technologiques, on n'échappe pas à la publicité déguisée.
22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 16 octobre 2016
Les Pépites
Le titre désigne des enfants cambodgiens, voués à travailler dans une décharge dans la banlieue de Phnom Penh (au Cambodge), et qui ont été "sauvés" par un couple de Français, Christian et Marie-France des Pallières. Une coïncidence malheureuse veut que le film sorte quelques semaines à peine après le décès de Christian, auquel est donc ici rendu un hommage posthume.
Le matériau cinématographique dont est constitué le film est assez varié. Il mêle des images d'un précédent documentaire (diffusé sur France 5) à d'autres plus récentes, tournées pour ce long-métrage (et de meilleure qualité plastique). S'y ajoutent des extraits de films familiaux anciens (sur le début des pérégrinations du couple) et d'autres, plus récents, visiblement tournés en caméra numérique. L'ensemble, disparate, est finalement très intéressant. Le réalisateur Xavier de Lausanne semble avoir été très soucieux de la qualité de l'image.
Dès le début, on est frappé par certaines images atroces, celles d'enfants, parfois très jeunes, évoluant dans cette décharge boueuse, sans aucune protection pour le visage, les mains ni les pieds. Beaucoup en ont été marqués à vie, malgré la sortie du cauchemar. Quand on nous livre leur témoignage, on est sidéré par la violence qu'ils ont endurée. Ce sont des victimes secondaires du génocide cambodgien (perpétré par les Khmers rouges) : la cellule familiale en est sortie anéantie, les parents adoptant des comportements indignes, y compris (surtout ?) ceux qui avaient eux-mêmes été victimes de violences. Quand ils ne sont pas abandonnés, les enfants sont donc régulièrement frappés (avec toutes sortes d'objets), certains ont même été vendus...
Fort heureusement, ces scènes à peines soutenables sont entrecoupées de moments plus apaisants, voire joyeux. Au début, on découvre le parcours atypique de la famille des Pallières, dont la demeure a été incendiée pendant la Seconde guerre mondiale. La précarité de la vie, qui au départ a pu être une faiblesse, est devenue une force pour ce couple de routards, parti sur les chemins d'Europe puis d'Asie, des chansons plein la tête.
On pourrait les prendre pour des soixante-huitards attardés, mais ils sont d'abord motivés par une intense foi chrétienne, un aspect de leur personnalité sur laquelle le film demeure silencieux. C'est dommage, parce que cela permet de mieux comprendre le ressort de leur action (entre indignation devant une situation intolérable et convictions profondes).
On est aussi étonnés, au début, de la quasi-vénération dont le couple fait l'objet, au Cambodge. Quand on découvre petit à petit l'ampleur de son action, on comprend mieux. Ils ont démarré en servant des repas aux gamins de la décharge. Cela s'est vite accompagné de notions d'hygiène et d'un début de scolarisation. De fil en aiguille, un petit empire humanitaire s'est bâti (autour de l'association Pour un sourire d'enfant), avec des cadres cambodgiens, nombre d'entre eux étant d'anciens enfants maltraités.
C'est donc un film à voir pour découvrir l'action de ce couple formidable (qui aurait mérité un prix Nobel), mais aussi les difficultés d'un pays considéré comme l'un des moins avancés du monde.
14:13 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 15 octobre 2016
José Bové repart en campagne
Cette semaine, l'annonce de l'expulsion de José Bové du Canada a fait la Une des médias français, avant que son séjour ne soit finalement autorisé. Il semble évident que le député européen a programmé sa venue au Canada pour qu'elle coïncide avec la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, le tout dans le contexte de la ratification du traité économique entre l'Union européenne et le Canada.
La question qui se pose est celle-ci : le gouvernement français a-t-il suggéré de ne pas laisser entrer Bové, ou bien est-ce une initiative purement canadienne ? Si tel est le cas, l'expulsion est-elle le fait de fonctionnaires un peu trop zélés, ou bien avaient-ils reçu des instructions ? C'est troublant, parce que, si l'on ne considère que des personnalités françaises, on constate qu'Alain Juppé, bien que condamné peu de temps auparavant par la justice française, avait pu enseigner à l'ENA québécoise. Quant à Marine Le Pen, elle n'a rencontré aucune difficulté pour effectuer une visite de propagande en mars dernier (même si elle a été tenue à l'écart).
Concernant Alain Juppé, la lecture de son blog (qu'il tient depuis des années) mérite le détour. Il ne paraît pas avoir "fait le ménage" dans ce qu'il a écrit durant son séjour canadien. Du coup, c'est avec plaisir qu'on peut encore lire le billet du 7 mai 2005, sobrement intitulé "Mexico". Alors que l'essentiel du propos est consacré à la mondialisation, le dernier paragraphe évoque l'avenir de celui qui n'est plus à l'époque qu'un ancien Premier ministre :
Je sens qu'on va me dire que, depuis mai 2006, de l'eau a coulé sous les ponts (de la Garonne, mais aussi de la Seine...) et que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, selon la formule proverbiale. Et, comme Alain Juppé se considère sans doute comme le contraire d'un imbécile... Notons que le billet a suscité -à l'heure où j'écris ces lignes- 92 commentaires, tous datés de mai 2006. Certains font état de la triste situation (économique, sociale, politique, morale...) de notre pays... sous Chirac et Villepin.
Mais revenons à nos moutons... et même à nos brebis laitières, puisqu'il est question de José Bové. Cela fait plusieurs mois qu'il sonne le tocsin contre les dangers du traité de libre-échange avec le Canada. Le 11 septembre, il avait signé une tribune dans Libération, dans laquelle il évoquait un gros problème : le traité aboutit à la reconnaissance de certaines AOP fromagères, en laissant tomber toutes les autres. Au départ, ses propos ont eu peu d'écho. Ils ont même été tournés en dérision dans Le Canard enchaîné du 14 septembre :
J'ai été surpris de lire sous la plume d'un journaliste de mon hebdomadaire préféré, une conclusion qui semble plutôt se réjouir d'une éventuelle baisse du prix de ces fromages. Faut-il rappeler à cet imbécile que le prix de ces produits, qui peut paraître élevé en comparaison de celui de concurrents bas-de-gamme, se justifie (entre autres) par l'exigence du cahier des charges des appellations et par la volonté de fournir un revenu décent aux producteurs de denrées agricoles ? L'auteur aurait pu contacter le député européen, par ailleurs lecteur du Volatile depuis des années :
J'ai souligné dans l'article les noms de certains fromages dont l'appellation n'est pas reconnue par le traité. Si l'on en consulte le texte officiel, on constate que seules les "grosses marques" ont obtenu la reconnaissance de leur AOP, comme le comté, le reblochon, le roquefort (ouf !), le camembert, le brie, l'emmental, le maroilles (erreur dans l'article du Canard), le cantal, le bleu d'Auvergne... mais pas celui des Causses, ni le rocamadour, ni le laguiole !
Un article du Monde a pris le contrepied de la position de José Bové. Il explique (ce qui n'est pas faux) que le traité signé, bien qu'imparfait, représente un progrès par rapport à la situation actuelle. D'ailleurs, il ne fait pas l'unanimité du côté canadien non plus. On peut penser que les producteurs canadiens qui proposent actuellement des fromages copiés sur des modèles européens redoutent de voir débarquer les originaux. Mais il existe aussi une production fermière locale, qui a peur de se voir manger par les "gros".
C'est aussi une crainte que peuvent nourrir des producteurs français : voir débarquer en Europe des fromages "Canada dry", qui ressemblent aux nôtres, portent (presque ?) le même nom mais ne sont pas produits selon les mêmes critères ni, surtout, sur le même terroir. De surcroît, le Canada étant lié aux Etats-Unis par l'ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain), ne pourrait-il pas constituer un cheval de Troie pour des industriels yankees ? Plus vraisemblablement, les concurrents des AOP non reconnues pourront leur tailler des croupières à l'exportation. Or, rien ne dit que les petits fromages d'aujourd'hui ne deviendront pas grands demain. Les actuels géants du secteur ont tous démarré petits.
La presse française n'a pas été la seule à discuter des propos de José Bové. Dès mai 2016, La Presse (quotidien montréalais) s'est faite l'écho des déclarations du député européen, suivie en septembre par son concurrent Le Devoir. La semaine dernière, on pu voir dans le même journal une caricature plutôt sympathique :
Signalons que dimanche 17 (demain, à l'heure où j'écris ces lignes) sera diffusée l'émission Tout le monde en parle (version québécoise), qui a apparemment été enregistrée jeudi 13. José Bové figure parmi les invités.
On va dire que j'en fais un peu trop à propos du député européen. Pourtant, l'Aveyronnais que je suis n'a jamais été une "groupie" du paysan rebelle... même si je reconnais que j'ai suivi avec bienveillance sa défense du Roquefort et le conflit qui l'a opposé à une entreprise de restauration rapide dont je me garde bien de fréquenter les établissements. J'ai aussi une opinion plutôt favorable du député européen, qui a cosigné un bouquin très intéressant en 2014. Entre 2009 et 2014 (durant son premier mandat), il faisait partie des plus assidus (au contraire des Philippe de Villiers, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon) :
Depuis sa réélection, en 2014, son activité ne semble pas avoir faibli, d'après ce qui figure sur le site VoteWatch.
16:07 Publié dans Economie, Politique, Politique étrangère, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, économie, société, actualité, presse, médias, journalisme
vendredi, 14 octobre 2016
Miss Peregrine et les enfants particuliers
Deux ans après le décevant Big Eyes, Tim Burton revient avec un film d'aventures fantastiques, adapté d'un roman à succès. L'intrigue entremêle les époques, en particulier la Seconde guerre mondiale et l'année 2016. Le noeud du problème est la gestion d'une boucle temporelle : certains personnes revivent sans cesse le même jour, tout en en étant conscientes. Les peurs enfantines constituent un autre arrière-plan de l'histoire.
Mais c'est d'abord le merveilleux qui occupe l'écran. L'image est extrêmement soignée, tout comme les décors et les costumes. Les effets numériques donnent plus de chatoyance à certains plans, d'une grande beauté. On est à la frontière du conte et de la réalité, avec ces freaks, ces personnages hors-norme, certains gentils, d'autres méchants. (On met longtemps à comprendre quels sont les pouvoirs de deux d'entre eux, des jumeaux dont la tête est masquée en permanence... On n'est pas déçu quand on découvre pourquoi !)
Ils sont interprétés par de très bons acteurs, en particulier deux des adultes : Eva Green en protectrice intelligente et autoritaire, Samuel L Jackson en méchant machiavélique, véritable figure diabolique... et protéiforme. J'ai été moins convaincu par le jeune homme qui incarne le héros, Jacob. Heureusement, les autres adolescents et les plus jeunes sont bien joués.
Les inconditionnels de Burton débusqueront les références à ses précédentes oeuvres, la plus présente étant sans conteste Edward aux mains d'argent. Je me suis laissé gagner par la magie de l'intrigue et les péripéties auxquelles les héros sont confrontés. J'ai été touché par la naissance d'un amour. J'ai aussi apprécié les petites pointes d'humour (de la gamine à la force herculéenne à la charmante jeune femme dont l'haleine semble redoutable à l'un des méchants...).
Toutefois, il semble que Burton ait hésité entre un film pour adultes et une oeuvre qui tente de se concilier tous les publics. Cela explique quelques maladresses, par exemple lorsqu'on nous montre Jacob ne parvenant pas à viser correctement le méchant avec son arbalète... alors qu'il touche assez facilement les Sépulcreux qui traquent ses nouveaux amis. Et puis il y a le temps fou qu'il perd dans la salle où sont enfermées des sortes de fées qu'il doit libérer avant que le méchant ne parvienne à pénétrer dans la pièce. Bien que celui-ci soit retenu par le souffle de la délicieuse Emma (sans doute le plus beau personnage de l'histoire), Jacob reste longtemps les bras ballants devant une cage géante.
Mais, pris dans les péripéties, on se laisse guider, d'autant que certaines scènes sont d'une grande puissance visuelle. Il y a la bataille contre les monstres, au cours de laquelle les enfants font preuve d'ingéniosité. Il y a surtout les deux séquences tournées autour du navire englouti, de pures merveilles qui contribuent à faire passer les deux heures comme un charme.
22:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films