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vendredi, 13 juillet 2018

Hedy Lamarr : from extase to wifi

   C'est un documentaire dont j'attendais impatiemment l'arrivée à Rodez. Il est consacré à une actrice hollywoodienne qui fut célèbre en son temps et qui incarna la brune "glamour" voire la tentatrice dans des productions destinées au grand public. Par contre, on ignore en général qu'elle s'intéressait à la technologie et qu'on lui doit sans doute une invention révolutionnaire.

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   Le documentaire commence par revenir sur la jeunesse de celle qui s'appelait Hedwig Kiesler. Cette Autrichienne est née dans un milieu privilégié (son père était banquier) et, contrairement à la majorité des jeunes femmes de son époque, a bénéficié d'une assez grande liberté. La relation avec le père était forte. Celui-ci était féru d'inventions. il semble avoir communiqué sa passion à sa fille, qui s'amusait à démonter des jouets pour en comprendre le fonctionnement.

   A l'écran, on alterne les témoignages de proches, les images d'archives et les documents divers (dont une entrevue oubliée de l'actrice, devenue âgée). C'est l'occasion de (re)découvrir l'Autriche de l'Entre-deux-guerres, avant que les nazis ne mettent la main dessus. Au départ, la jeune femme, issue d'une famille juive convertie au catholicisme, ne voit pas le danger. Elle continue à fréquenter les élites... mais va vite comprendre qu'il vaut mieux prendre le large.

   Sa carrière cinématographique commence en Autriche, sous le parfum du scandale. Extase est le titre d'un film où, encore mineure, elle apparaît nue et simule un orgasme. Scandale dans le pays et dans sa famille... et même ailleurs puisque, lorsque la jeune femme faits ses débuts aux Etats-Unis, on lui impose de jouer vêtue...

   On comprend assez vite que le joli minois cache un caractère d'acier. (Elle se qualifiait d'enfant terrible, en français dans le texte.) Bien que d'une grande beauté, l'actrice a dû provoquer la chance pour s'imposer... et se faire payer correctement par la production (la MGM, tenue Louis Mayer). La suite nous raconte donc le succès de l'actrice, ainsi que ses déboires sentimentaux.

   La Seconde guerre mondiale conduit la vedette autrichienne pas encore naturalisée américaine à soutenir le moral des troupes yankees... et à réfléchir à une technique de guidage des torpilles ! C'est pour moi la principale révélation de ce documentaire. Même si l'actrice s'est appuyée sur le travail d'un musicien ingénieux, il est incontestable qu'elle a eu l'intuition du système de "saut de fréquence", qui, aujourd'hui encore, sert de base aux télécommunications modernes. A l'époque, le projet de l'actrice est traité par le dédain. Elle a pourtant déposé un brevet, qui ne lui a finalement rien rapporté...

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   La troisième partie est moins gaie. Elle montre le déclin de l'artiste, les difficultés de sa vie personnelle... et les dégâts de la chirurgie esthétique, dont elle fut l'une des premières utilisatrices. Au début, c'était discret, mais, à la fin, c'était horrible. J'ai pensé à Elizabeth Taylor, de la génération suivante, mais qui a connu une évolution assez proche.

   Le film est un bel hommage à une femme ravissante et intelligente, qui a voulu vivre libre dans un monde de machos. Ce n'est pas un hasard s'il sort en 2018, produit par l'actrice Susan Sarandon.

jeudi, 12 juillet 2018

L'Afrique en finale

   L'équipe de France de football est une incarnation de la diversité (comme celle de 2016, d'ailleurs). Mais ce sont surtout les origines africaines des joueurs qui ressortent, quand on analyse la situation dans le détail.

   Tout d'abord, précisons que, sur les 23 joueurs sélectionnés par Didier Deschamps, seuls deux ne sont pas nés en France : Samuel Umtiti (au Cameroun) et Steve Mandanda (en République Démocratique du Congo). Mais, sur les 23, 16 ont au moins une ascendance africaine, soit 70 % de l'effectif.

   Celle-ci semble toutefois davantage répandue chez les remplaçants que chez les titulaires. Ainsi, sur les onze joueurs qui ont démarré la demi-finale contre la Belgique, seulement cinq (45 %) ont une ascendance africaine : outre Samuel Umtiti, on trouve Kylian Mbappé (de père camerounais et de mère algérienne), Blaise Matuidi (de parents angolais), N'Golo Kanté (de parents maliens) et Paul Pogba (de parents guinéens). Le total monte à 7 sur 13 (54 %) si l'on inclut les deux remplaçants entrés en cours de jeu : Steven N'Zonzi (dont le père vient de RDC) et Corentin Tolisso (de père togolais).

   Quand on ajoute les autres remplaçants, on arrive à la synthèse suivante :

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   En orange figurent les pays où est né l'un des joueurs français (Cameroun et RDC). En jaune sont coloriés les pays où sont nés uniquement les parents des joueurs sélectionnés.

   Le Mali est présent à travers Ousmane Dembélé (pour le père, la mère étant mauritanienne) et Djibril Sidibé. Le Sénégal est présent à travers Benjamin Mendy. On retrouve la République Démocratique du Congo avec Presnel Kimpembe (pour le père, la mère étant d'origine haïtienne). Enfin, l'Afrique du Nord est présente à travers Nabil Fekir (de parents algériens) et l'inénarrable Adil Rami (de parents marocains).

   Et ce n'est pas fini ! Si on ne se limite pas à l'Afrique, on verra que le troisième gardien de l'équipe, Alphonse Areola, est d'origine... philippine ! L'Europe est bien entendu présente, à travers l'Espagne pour Hugo Lloris, l'Italie pour Olivier Giroud et le Portugal pour Antoine Griezmann. Le cas de Lucas Hernandez est atypique : né en France mais ayant surtout vécu en Espagne, il a semble-t-il longtemps hésité avant d'opter pour les Bleus...

   C'est révélateur des vagues migratoires qui ont touché la France métropolitaine. A l'Europe du Sud et l'Afrique du Nord a succédé l'Afrique sub-saharienne. De surcroît, à l'exception de l'Angola (ex-possession portugaise) et de la RDC (ex-possession belge), tous les enfants d'immigrés sont issus d'anciennes colonies françaises.

   Leur bi(tri)culturalité et leur binationalité auraient pu faire pencher la balance en faveur du pays d'origine des parents. Mais ce serait oublier que ces joueurs ont été formés en France. Même s'il existe des pressions en provenance des pays d'origine pour les récupérer, on peut aussi penser que les jeunes hommes (quand ils n'ont pas laissé parler leur coeur) ont effectué un choix stratégique, celui de l'équipe nationale qui leur semblait avoir le meilleur avenir : le souvenir des Coupes du monde (1998, mais aussi 2006 et 2014) et des Championnats d'Europe (2000 et 2016) a sans doute pesé dans le choix.

   Concernant les départements d'origine des 21 sélectionnés nés en France, on constate, davantage qu'en 2016, une grande inégalité.

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   Cette carte ne mettant en valeur que les départements métropolitains, elle exclut de fait un des joueurs, Thomas Lemar, né en Guadeloupe. Il s'agit donc d'un bilan de 20 des 23 sélectionnés.

   La grande région parisienne, s'étendant de la Normandie à l'Aube, a vu naître 10 des 20 joueurs métropolitains. Loin derrière arrivent la région lyonnaise (3 voire 4 sélectionnés), le Sud-Est (3 joueurs) et le Nord (2 joueurs), le Toulousain Blaise Matuiti constituant une anomalie géographique. On retrouve la vieille France urbaine industrielle (le Nord-est excepté). De prime abord, c'est assez étonnant. L'Ouest et le Sud-Ouest ne fournissent quasiment aucun sélectionné, alors que ce sont des terres de football (surtout l'Ouest). Mais, comme l'écrasante majorité des sélectionnés est issue de l'immigration, ce sont les départements où se trouvent les villes d'accueil qui ressortent.

   Quant à moi, dimanche, vers 17 heures, je serai au cinéma. Quelque chose me dit qu'il ne devrait pas y avoir foule.

mercredi, 11 juillet 2018

Skyscraper

   Les spectateurs chinois aiment les blockbusters américains et les producteurs yankees ont très envie de pénétrer le marché du pays du milieu. On a donc décidé de produire une resucée de La Tour infernale, avec une distribution mixte, l'intrigue se déroulant à Hong Kong, dont presque toute la population est anglophone. (Les spectateurs les plus observateurs remarqueront que, lorsqu'une policière locale effectue une recherche internet, elle utilise Baidu, l'équivalent chinois de Google.)

   La séquence introductive nous permet de comprendre dans quelles circonstances le héros Will Sawyer (Dwayne Johnson, au poil) a perdu l'une de ses jambes, un détail que personne ne peut ignorer vu l'impressionnante campagne promotionnelle dont a bénéficié ce film.

   Une ellipse nous propulse ensuite dans ce qui pourrait être un futur proche, avec un tycoon (peut-être inspiré de Jack Ma ou de Robin Li) qui, à l'image des élites des cités italiennes médiévales, a envie de se faire construire la plus grande bite architecturale du monde. C'est évidemment bourré de technologie et impressionnant sur le plan visuel. (Aux cinéphiles, cela rappellera Mission : impossible - Protocole fantôme.)

   Il convient d'être attentif aux scènes en apparence banales du début de l'intrigue hongkongaise : le héros y montre à son épouse comment débloquer son téléphone et, un peu plus tard, le milliardaire l'invite dans le "saint des saints" de sa tour, la pièce la plus extraordinaire... où se déroule, environ trois quarts d'heure plus tard, l'une des séquences les plus bluffantes de ce film.

   Il faut lui reconnaître ces qualités : c'est un très bon film d'action, reposant sur des effets spéciaux particulièrement réussis... à tel point que, dans le générique de fin, la catégorie "digital artists" regroupe la majorité des effectifs.

   Même si l'apologie lourdingue de la cellule familiale plombe un peu l'histoire (avec, de surcroît, une gamine qui passe beaucoup de temps à crier ou pleurer...), j'ai aimé suivre le héros dans ses aventures rocambolesques. La séquence de la grue de chantier est impressionnante... bien qu'en partie invraisemblable. Mais, pris dans le rythme, on se laisse porter. Plus forte encore (pour moi) est la séquence qui mène le héros aux éoliennes verticales, en longeant la paroi extérieure de la tour, à plusieurs centaines de mètres d'altitude. D. Johnson y fait montre de ses qualités athlétiques.

   C'est bien foutu, pas hyper subtil, mais, en à peine plus d'1h30, dans une grande salle (avec du bon son), on passe un agréable moment.

14:27 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 10 juillet 2018

A la dérive

   Attention, dès le début, on nous prévient : c'est inspiré d'une histoire vraie. A la base, je suis assez client des intrigues adaptées des aventures extraordinaires vécues par des gens a priori ordinaires. Ici, le contenu est fractionné en deux temporalités, qui alternent. Le présent est ce qui se passe après l'accident grave, survenu pendant la tempête. Ce n'est que dans le dernier quart du film qu'on voit le déroulement (spectaculaire) de cet accident, quand s'achève la seconde temporalité, qui part de la rencontre des deux héros.

   Richard est un jeune loup de mer, musclé, barbu-mais-pas-trop, le sourire éclatant. Et il est tatoué, le gars. Et célibataire. Ça tombe bien, Tami la routarde des mers au physique de mannequin est en quête d'une histoire avec un mec disponible. On le voit à ses tétons qui pointent. Ils pointent sous ses robes, ses hauts, ses maillots de bain... c'est fou ce qu'elle a pu ranger comme fringues dans son petit sac à dos.

   Mais ce n'est pas là qu'on a vu poindre les tétons pour la première fois. La scène d'ouverture montre la jeune femme en pleine galère, juste après le quasi-naufrage. Elle est en cabine, à moitié noyée. Ah, mince, la porte est coincée. Vite, elle se débarrasse de sa vareuse... et c'est là qu'on voit poindre les tétons.

   Vous avez compris que le début ne m'a pas mis dans de bonnes dispositions. D'un côté, on a me semble-t-il hyper souligné la situation de la quasi-naufragée, de l'autre les retours en arrière nous proposent le début d'une histoire d'amour façon collection Harlequin. Et ces dialogues ! Richard finit quand même par lui dire : "J'ai traversé la moitié du globe pour te rencontrer." Trop romantique, le gars !

   Cela devient intéressant quand le premier fil narratif (celui du présent) nous montre le couple dans la merde, au quotidien. Comme Richard est atrocement blessé, c'est Tami qui doit presque tout faire. C'est un bel hommage à une femme débrouillarde. L'actrice Shailene Woodley (qui incarna l'héroïne de Divergente) s'en sort bien.

   Le film devient franchement poignant quand intervient un twist. Je ne peux pas trop en dire, mais sachez que l'accident ne s'est pas tout à fait déroulé comme on nous le laisse penser au début. On finit par comprendre et cela gagne en épaisseur. Du coup, même si, à la fin, on retrouve l'effet carte postale et les tétons qui pointent, je suis sorti de là plutôt satisfait.

23:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

L'Aveyron dans "Le Canard"

   La semaine dernière, la presse locale (notamment La Dépêche du Midi) s'est fait l'écho de l'ouverture d'une nouvelle salle dans le château d'Estaing. L'ex-président de la République Valéry Giscard d'Estaing et son épouse Anne-Aymone sont venus inaugurer la chose, dans une ambiance cordiale.

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   L'atmoqphère était tellement bonne que personne n'a osé contredire l'ancien président quand il affirmé que sa famille descendait des comtes d'Estaing. Rappelons que le nom "d'Estaing" est accolé à celui de Giscard depuis 1922, suite à une décision administrative. La famille Giscard prétend descendre des d'Estaing par une branche "naturelle" (on disait "bâtarde" à l'époque) qu'elle est sans doute la seule à reconnaître. (On s'est aussi appuyé sur une homonymie à propos de Lucie-Madeleine d'Estaing.)

   Par contre, l'épouse de l'ancien chef de l'Etat (mise à l'honneur ce jour-là) est bel et bien d'ascendance noble (et même royale). Là encore, la presse s'est faite complaisante, relayant les propos giscardiens sur le rôle supposé tenu par la Première Dame à l'époque où son conjoint infidèle occupait l'Elysée...

   On ignorait par contre que, selon Le Canard enchaîné, cette inauguration a servi de prétexte à VGE pour "sécher" la cérémonie de panthéonisation de Simone Veil, organisée deux jours plus tard :

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   C'est d'autant plus cocasse qu'interrogé à Estaing, VGE n'a été qu'éloges pour son ancienne ministre.

   Ceci dit, je comprend qu'à 92 ans, l'ancien président ait préféré se faire cirer les mocassins dans la fraîcheur estagnole à devoir se tenir au garde-à-vous dans la moiteur parisienne, en l'honneur d'une roturière rescapée des camps qui s'était un temps rebellée contre lui.

lundi, 09 juillet 2018

Champions

   Cette comédie espagnole se déroule dans le milieu du basket-ball... entre autres. Le héros Marco (Javier Guttierez, excellent, tout comme dans La Isla minima) est un gros connard (au début). Il est l'entraîneur-adjoint d'une équipe de première division et ambitionne de devenir le numéro 1. C'est un perfectionniste, avide de reconnaissance, qui n'a pas eu la carrière de joueur qu'il espérait, en raison (croit-il) de sa petite taille. Il est cassant, arrogant voire méprisant et vient de rompre avec sa superbe épouse... pour retourner habiter chez sa mère. Voilà la situation de départ, un brin caricaturale.

   Marco finit par péter les plombs et risque de tout perdre, définitivement, à cause de sa propension à "contourner" les règles, quelles qu'elles soient. A l'initiative d'une juge, il "hérite" d'un travail d'intérêt général qu'on pense être dans ses cordes : entraîner pendant trois mois une équipe de handicapés mentaux et les faire participer au championnat spécialisé. La tâche ne s'annonce pas aisée. Pour l'ambiance, on n'est pas très loin de Rasta Rockett et The Full Monty.

   Pour l'entraîneur pointu, la découverte de sa nouvelle équipe est un choc culturel, pas uniquement en raison du niveau de ses joueurs. Là, on nous balance une brouette de clichés : ils sont moches, certains sales, ne comprennent pas ce qu'on leur dit et agissent souvent de manière totalement irrationnelle. On rit des situations cocasses, mais les handicapés vont rapidement acquérir de la dignité aux yeux des spectateurs. C'est l'une des forces de ce film que de parvenir à faire rire du handicap tout en montrant les personnages dans leur richesse individuelle... et leurs difficultés quotidiennes. De surcroît, dans le groupe, le plus handicapé est l'entraîneur, qui n'arrive pas à exprimer ses sentiments ni à vaincre ses craintes profondes. Vous l'avez compris : à travers le parcours abracadabrantesque de cette équipe, c'est une leçon de morale qui nous est donnée.

   On reçoit aussi une leçon de sport. Notons tout d'abord que les scènes de basket sont bien filmées... et que les handicapés vont finir par assez bien évoluer sur le terrain. Mais, surtout, on nous fait comprendre qu'au delà du match, c'est le plaisir de jouer ensemble, de former une équipe, qui compte. Même si certaines péripéties sont un peu téléphonées, j'ai apprécié cette comédie sans complexe, qui traite du vivre ensemble.

18:13 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 08 juillet 2018

Mutafukaz

   Sous ce titre mystérieux se cache l'adaptation d'une série de bandes dessinées de Guillaume Renard. Cela a déjà donné naissance à un court-métrage (Opération Blackhead), dont la substance est reprise dans l'une des premières séquences du film.

   Pour le long-métrage, le réalisateur s'est appuyé sur une équipe japonaise (le coréalisateur a notamment travaillé sur Amer Béton), ce qui donne une coloration manga à sa bd de style "culture de rue". Le mélange est détonnant, puisque des personnages semblant sortis d'une production japonaise évoluent dans un Los Angeles de fiction, uniquement constitué de ghettos, dans un futur proche.

   Le scénario est assez travaillé. L'histoire démarre sur une poursuite et une exécution, l'enjeu étant la récupération/sauvegarde d'un bébé. On va évidemment retrouver celui-ci des années plus tard. Il n'en a pas conscience au début, mais le jeune Lino est doté de super-pouvoirs, qui ne demandent qu'à s'exprimer. En attendant ce jour glorieux, il trime d'emploi précaire en emploi précaire, habite un appartement miteux et a pour meilleurs amis deux relous, l'un avec une tête en forme de crâne enflammé, l'autre habitant une caravane pourrie, adepte des plans foireux. Bref, c'est la lose.

   Seul éclair de bonheur dans la vie de Lino, la présence dans le quartier d'une beauté fatale, une jeune femme mince, aux jambes longues, à la poitrine opulente, portant exclusivement des mini-jupes "ras-la-touffe". Et voilà le romantisme qui débarque dans cette histoire de crasse et de violence !

   Pour la violence, on est servi. Ce n'est pas pour les marmots. Le film est plutôt destiné aux ados et aux adultes. Entre les gangs qui s'entretuent au moindre regard de travers, la police qui tire sans sommation et un mystérieux groupe crapuleux qui semble en vouloir au jeune homme, les sources d'ennuis pullulent dans le quartier.

   On nous embarque dans une aventure folle, pleine de péripéties tragi-comiques. Si le dessin des personnages principaux est assez sommaire, il faut quand même signaler que les décors sont soignés. Les mouvements sont eux aussi réussis (même si parfois on a l'impression de se retrouver dans Ken le survivant), avec une grande variété de cadrages. Le réalisateur a visiblement mis du coeur à l'ouvrage.

   Bien sûr, c'est très différent des Indestructibles 2 (destiné à un public familial), mais c'est une animation originale, souvent drôle, mettant en scène une violence déjantée qui n'est pas sans rappeler certains films de Quentin Tarantino.

samedi, 07 juillet 2018

Volontaire

   Passée derrière la caméra, l'actrice Hélène Fillières (qui s'est réservé un petit rôle dans ce film) a placé son intrigue à l'école des commandos de la Marine française, en Bretagne. L'héroïne, Laure Baer (Diane Rouxel, vue il y a deux ans dans l'excellent Moka) n'a a priori rien d'une "fana mili". C'est la fille d'un couple d'intellectuels bobos (une actrice, superbement incarnée par Josiane Balasko, et sans doute un écrivain), en couple avec un charmant garçon. Elle a décroché un double master anglais-russe... et voilà qu'elle décide de s'engager dans l'armée.

   On se dit que la frêle jeune femme, bien que charmante, risque d'en chier. En fait pas trop, au début, puisqu'elle a été recrutée sur ses compétences. Elle est donc chargée d'un travail administratif, sans avoir eu à passer la sélection physique. Elle se retrouve sous les ordres directs du directeur-adjoint de l'école, le mystérieux et inquiétant commandant Rivière (Lambert Wilson, marmoréen). Très vite, on sent qu'il y a comme un truc entre cet officier de carrière, pour qui l'armée est toute sa vie, et la civile à cent lieues de ses préoccupations, qui semble fascinée par cet univers nouveau pour elle.

   C'est le coeur du problème... et ce n'est pas bien traité. On sent que l'héroïne est à la recherche d'un idéal masculin. Les hommes de son entourage sont des citadins conventionnels, le petit copain limite métrosexuel. La jeune Laure se sent attirée par des hommes plus physiques, plus intenses, mais pas bourrins. Le commandant semble incarner pour elle un modèle de virilité respectueuse. Mais la réalisatrice peine à faire passer l'évolution intérieure du personnage... tout comme son évolution physique d'ailleurs : alors que, dans la seconde partie, elle suit un entraînement très rigoureux, son corps ne subit aucun changement notable.

   Le personnage du commandant conserve longtemps son caractère énigmatique. Il faut s'appuyer sur son vieux pote des bérets verts pour en savoir plus. De ce point de vue-là, Lambert Wilson fait le job. On se demande s'il considère "la miss" (surnom de l'héroïne) comme la fille qu'il aurait aimé avoir ou une version féminine, "moderne" et plus jeune de lui... ou bien une chance inespérée de connaître enfin le bonheur (lui qui, durant sa vie, a fait passer le devoir avant tout). Seule la fin nous permet de conclure.

   Le film souffre de deux autres défauts. En dépit de ses efforts, l'actrice n'a pas le physique du rôle, compte tenu de ce qui se passe dans la seconde partie. Là, on est proche du conte de fées. J'ai aussi des doutes quant à la quasi-absence de réaction misogyne ou homophobe, y compris dans les chambrées. Cela fait un peu carte postale, même si les rares moments de groupe sont bien filmés. J'ai aussi apprécié la mise en scène des cérémonies militaires, avec leur symbolique et leurs rituels. Mais le film manque de chair.

14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 06 juillet 2018

Les Indestructibles 2

   Il a fallu près de quinze ans à Pixar et Brad Bird pour produire la suite des Indestructibles, une animation qui, à l'époque, m'avait paru un peu en-dessous par rapport aux films du même genre. Pour ce second volet, pas de doute, on a mis le paquet.

   Le film mélange les genres espionnage et super-héros, avec une pincée de comédie familiale, le tout dans un cadre à la fois futuriste et vintage, si l'on s'en tient aux voitures et aux téléphones. La musique est jazzy, très entraînante. Elle a été composée par Michael Giacchino, que l'on pourrait considérer comme un pendant états-unien d'Alexandre Desplats. Il a le talent de créer des musiques diverses et entraînantes pour des productions destinées au grand public (récemment pour Jurassic World 2, La Planète des singes : suprématie et Rogue One).

   On ne s'ennuie pas dans cette histoire d'environ deux heures. Le scénario fourmille de péripéties, mais surtout, l'intrigue est complètement dynamitée par le personnage du bébé, qui voit ses pouvoirs extraordinaires progressivement se révéler, à l'étonnement de son père, de son frère, de sa sœur...et d'une galerie de personnages plus ou moins bien intentionnés qui vont se frotter au bambin.

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   Celui-ci fait son apprentissage avec un raton-laveur goinfre et agressif, dans une séquence vraiment tordante. Le meilleur est à venir quand le bébé est confié aux soins d'une tatie, l'inénarrable Edna Mode, qui a les traits de l'actrice Linda Hunt (vue dans Prêt-à-porter de Robert Altman et dans la série NCIS Los Angeles) et la voix d'Amanda Lear (dans la version française) :

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   Le début nous montre la famille en pleine action, avant que Monsieur Indestructible ne soit contraint de retourner à la vie de père au foyer. Le voilà qui se consacre à la tâche ardue (et ingrate) du soin des enfants, entre un bébé hors du commun mais instable, un garçon pas doué en maths et une aînée en pleine crise d'adolescence. On sent que le vécu de Brad Bird a dû contribuer à la création des nombreuses situations cocasses dans lesquelles le père se trouve empêtré. C'est souvent hilarant.

   A côté de cela, Madame Indestructible, alias Elastigirl, est engagée par un étrange milliardaire et sa géniale sœur pour lutter contre le crime. On se dit qu'il doit y avoir anguille sous roche... et on n'est pas détrompé par la suite. Cela donne du rythme à l'intrigue, une brochette de nouveaux super-héros venant pimenter le tout, avec, par dessus le marché, les enfants qui viennent au secours des parents.

   J'ai passé un excellent moment. Dans la salle, petits et grands ont ri de bon cœur.

19:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 05 juillet 2018

Demi-soeurs

   Trois demi-soeurs qui ne se connaissaient pas sont réunies par un notaire à l'occasion de la mort de leur père, un sacré coureur de jupons, qui leur laisse... un appartement. N'importe quel spectateur français de base fait immédiatement le lien avec Les Trois Frères, d'autant que la caractérisation des personnages principaux n'est pas sans rappeler le glorieux ancêtre.

   Ainsi, l'une des trois soeurs, Lauren (incarnée par Alice David, vue notamment dans Babysitting), est une sorte d'intermittente du spectacle, qui peine à percer dans le milieu de la mode, tout comme Bernard Latour/Campan peinait à percer dans le monde audiovisuel.

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   La culture et la mode relieraient plutôt Lauren à Pascal Latour/Légitimus, mais je pense que celui-ci a davantage inspiré la présence de Salma (Sabrina Ouazani, resplendissante), autre exemple de personne issue des "minorités visibles" et qui a fait son petit trou dans la société française.

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   Le dernier membre du trio se trouve dans une sorte d'entre-deux. Lui comme elle semble appartenir à la bourgeoisie, mais connaît finalement une situation plus précaire que ce qu'il paraissait au départ. A Didier Latour/Bourdon correspond Olivia (Charlotte Gabris, pas mal dans un rôle difficile). A propos de celle-ci, on appréciera qu'on ait évité de nous resservir certains clichés sur les juifs.

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   Evidemment, les trois jeunes femmes (toutes ravissantes, bien entendu), que rien ne semblait rapprocher vont apprendre à se connaître et faire cause commune pour garder leur héritage, face à la famille légitime du défunt, qui ne supporte pas cette survivance successorale des fautes du passé.

   C'est aussi intéressant pour la description du milieu dans lequel évolue chaque héroïne. On n'est certes pas au niveau d'une étude universitaire, mais on a droit à quelques scènes bien troussées sur la petite main du monde puant de la mode, la prof musulmane d'un établissement de banlieue et la petite fille juive modèle qui risque de passer à côté du bonheur.

   Les trois actrices se sont données à fond et les dialogues sont plutôt bien écrits, avec plusieurs répliques particulièrement mordantes. (L'une d'entre elles fait allusion à Jean-Vincent Placé, dans un contexte que je laisse à chacun-e le plaisir de découvrir.)

   Par contre la fin est convenue, trrrrrèèèèèès "politiquement correcte". Cela montre les limites de cette comédie, pas déshonorante du tout, mais qui n'atteint pas des sommets.

mercredi, 04 juillet 2018

Au Poste !

   Quentin Dupieux est un cinéaste atypique et plutôt inventif. (Il n'a pas énormément de mérite à cela, tant la concurrence est faible en France dans ce domaine.) Il y a quelques années, le public cinéphile l'a découvert grâce à Rubber, sans doute son meilleur film jusqu'à aujourd'hui (ce qui m'autorise à renommer le réalisateur "Quentin Dupneu"...). Les suivants m'ont déçu, surtout Wrong Cops. Réalité était un peu mieux foutu, mais se perdait trop dans les jeux intellectuels.

   Le cadre est évidemment un hommage à Garde à vue, le chef-d’œuvre de Claude Miller. Un commissaire gouailleur et roublard fait face à un témoin emprunté, affamé... et moustachu. Signalons tout de suite l'excellence du casting, avec, en tête d'affiche, un Benoît Poelvoorde en pleine forme et un Grégoire Ludig très bon. Deux caractères s'opposent... ou pas. Les deux hommes semblent pouvoir s'accorder.

   Il est question d'un corps ensanglanté qu'on a retrouvé au pied de l'immeuble où habite Fugain, le témoin qui a appelé les secours... et oublié son fer-à-repasser à côté du cadavre. De surcroît, cette nuit-là, Fugain est sorti à sept reprises de l'appartement qu'il partage avec sa compagne somnambule. C'est du moins ce qu'affirme une voisine (interprétée par un homme que l'on voit ailleurs dans le film... cherchez bien !).

   La suite est donc en partie constituée de retours en arrière, qui nous donnent la version du témoin. Que s'est-il donc passé les sept fois où, en pleine nuit, il a quitté son domicile, avant d'y revenir ? Le commissaire Buron prend sa déposition à la machine à écrire, relevant le moindre détail, pinaillant sur une formule... sans oublier de planifier ses loisirs dans le même temps.

   Il va se passer de drôles de choses dans ce commissariat... et aussi en dehors, les retours en arrière ne se déroulant pas tout à fait comme on l'attend. Le non-sens prend parfois le dessus, jusqu'au retournement, que je me garderai bien de révéler.

   Malheureusement, le film, parti sur de bonnes bases, ne trouve pas vraiment sa conclusion. Il s'achève de manière abrupte, décevante pour moi. Et puis, comme il dure à peine plus d'une heure, j'ai pris la peine de rester pendant le générique de fin. Dupneu Dupieux y remercie tous ceux qui ont permis la concrétisation de ce film... notamment Placid et Muzo (ceux de la période Arnal, je pense : le réalisateur y a peut-être puisé sa manière de détourner les codes).

   Arrive enfin ce que tout cinéphile qui se respecte attend : la scène post-générique, susceptible d'apporter un éclairage supplémentaire à l'histoire. Je ne vais pas en dévoiler le contenu, mais sachez que le réalisateur tire la langue (de manière symbolique) à ses spectateurs.

   Espèce d'enfoiré !

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Moriarty en manga

   C'est à deux auteurs japonais inconnus au bataillon (Ryosuke Takeuchi pour le scénario, Hikaru Miyoshi pour les dessins) que l'on doit cette adaptation de l’œuvre d'Arthur Conan Doyle, avec un point de vue retourné, puisque le héros de l'histoire est le super-méchant, le "Napoléon du crime", l'infâme Moriarty.

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   Oui, mais lequel ? Parce que dans la première partie de ce volume (le deuxième devant sortir en septembre prochain), on découvre la jeunesse de plusieurs garçons, certains se ressemblant physiquement :

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   Ici, on en voit trois mais, au total, ce sont quatre individus qui sont appelés, à un moment ou à un autre, James Moriarty. Le pire est qu'aucun d'entre eux n'a pour premier prénom James ! Cela donne du fil à retordre au lecteur, qui peut suivre plusieurs pistes. A la fin du premier tome, je pense pouvoir affirmer que l'on a compris lequel des quatre va devenir le plus redoutable adversaire de Sherlock Holmes.

   Avant cela, on nous plonge dans l'Angleterre victorienne, avec ses inégalités sociales vertigineuses. Le scénariste va faire de Moriarty un rebelle, sorte de Robin des Bois du crime, mâtiné de marxisme ! Il décide de s'en prendre à la noblesse anglaise, jugée indigne de vivre. La propre famille de Moriarty va servir de laboratoire à ces thèses criminelles, avant que l'action ne s'élargisse à d'autres lignées. Dans le même temps, Moriarty tente de se rapprocher du peuple, parfois de manière maladroite.

   C'est une donc une assez bonne mise en bouche, un peu caricaturale parfois. L'esthétique rappellera aux vieux spectateurs des émissions enfantines des séries comme Lady Oscar ou Cobra (le mouvement et la couleur en moins). On attend avec impatience la rencontre avec le génial détective, qui devrait se produire dans l'un des tomes suivants.

   D'ici là, les amateurs de "sherlockeries" se contenteront de regarder, sur M6, les derniers épisodes de la saison 5 d'Elementary, que la chaîne s'est décidée à diffuser pendant la coupe du monde de ballopied. On peut aussi se laisser tenter par Sherlock Gnomes, un bon pastiche.

lundi, 02 juillet 2018

How to talk to girls at parties

   Le titre pourrait faire croire que l'on va voir une version britannique (et vintage) d'American Pie. Il n'en est rien, même si, de temps à autre, un petit côté cracra transgressif surgit à l'écran... ce qui n'est pas pour me déplaire.

   L'action débute en 1977, en pleine émergence du mouvement punk. Cela ne suscite aucune nostalgie en moi, vu que, dans ma prime jeunesse, j'assimilais les punks à de gros sales qui passaient leur temps à gueuler et boire des bières... Beurk ! Au moins, ici, si l'on cherche à nous faire comprendre le besoin de révolte d'une jeunesse corsetée par la bien-pensance britannique, la dérision n'est pas loin et quelqu'un qui n'a pas vécu l'époque comprend à quel point c'était parfois bordélique.

   Mais ce n'est pas un film punk. Il y a bien quelques séquences (plutôt musicales) qui se déroulent de manière punk, ou qui sont filmées de manière punk. Un autre style vient se mêler au premier : le psychédélique, qui permet notamment d'introduire le versant science-fiction de l'intrigue. Ceci dit, c'est parfois tellement barré que l'on se demande ce que les auteurs ont consommé avant de produire ce truc ! (Du réalisateur, John Cameron Mitchell, on a déjà pu voir le sulfureux Shortbus...)

   Il est aussi question des premières amours, avec la formation d'un couple attachant. Au niveau du casting, c'est incontestablement Elle Fanning qui se détache. C'est presque scandaleux d'être aussi belle et bonne comédienne ! Elle retrouve l'une de ses comparses des Proies, Nicole Kidman, qui kiffe sa life en femme mûre anticonformiste... et avide de produire des chanteurs à succès.

   En passant, on peut noter que presque tous les personnages féminins sont incarnés par des actrices au physique très avantageux. (Ah, ces tenues moulantes en plastique !...) On a été visiblement moins regardant sur le physique de leurs homologues masculins...

   Je pense que vous avez compris que c'est du genre frappadingue. Cela part un peu dans tous les sens. C'est souvent drôle, de temps en temps émouvant et, à quelques occasions, sensuel, sans être vulgaire. Bref, c'est un ovni cinématographique dont je conseille la découverte.

dimanche, 01 juillet 2018

Have a nice day

   Ce film d'animation chinois est plutôt destiné aux adultes. L'intrigue se déroule dans une petite ville de province, plus ou moins contrôlée par des mafieux. Dans le lot, il y a quelques pieds nickelés, sans parler des francs-tireurs, individus sans véritables attaches, prêts à tout pour grappiller une parcelle de bonheur pognon.

   C'est ce qui donne son côté noir à l'histoire. L'argent semble obséder nombre de personnages... en tout cas beaucoup plus que le respect de la loi ou l'accomplissement professonnel. On se croirait presque dans une petite ville américaine, ni pauvre ni riche, mais où les rêves des habitants se sont fracassés sur une réalité sordide. (L'un de ces rêves est mis en scène de manière comique, lorsque deux personnages voient l'avenir que pourrait leur offrir l'acquisition frauduleuse d'une grosse somme d'argent.)

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   Sur le plan formel, ce n'est pas une oeuvre virtuose. Elle ressemble d'ailleurs à beaucoup de productions de base américaines. En tout cas, elle est assez expressive et, dans la deuxième partie, devient un peu gore : la violence est le moyen privilégié par la majorité des protagonistes pour résoudre leurs problèmes.

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   Tous sont liés les uns aux autres, sans qu'ils en aient forcément conscience. Du jeune homme adepte des jeux vidéo (et voleur d'un sac d'argent) à la restauratrice copine d'un drôle de vieux type (qui, sous l'apparence d'un plouc, cache un fan de technologies), en passant par les petites mains du caïd local (qu'on appelle "Oncle Liu") et un tueur à gages boucher dans le "civil", tous connaissent quelqu'un qui connaît l'un des intervenants de l'histoire.

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   C'est donc dur mais parfois assez cocasse, comme lorsque le tueur est interrompu en pleine action par un coup de fil lui vantant des placements immobiliers. On est aussi surpris par les développements que prennent des événements en apparence complètement anecdotiques, comme cette rivalité sur la route, qui va finir en carnage (quasi) général.

   Cela ne dure qu'1h15 et c'est un point de vue original sur la Chine contemporaine... point de vue que Pékin n'a pas apprécié, puisque le gouvernement chinois a tenté d'empêcher la diffusion du film à l'étranger.

19:47 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 juin 2018

Sicario - La Guerre des cartels

   Il y a presque trois ans, j'avais bien aimé le premier volet des aventures des tueurs au pays des trafiquants de drogue. Pour le deuxième film, on a changé le réalisateur et presque toute l'équipe technique... mais pas le scénariste, Taylor Sheridan, qui a récemment réalisé Wind River.

   Et on a bien fait. De surcroît, ce film n'est pas un décalque du précédent. L'intrigue est construite différemment, de manière moins linéaire, avec des péripéties inattendues et des pistes qui resteront inexplorées. (Seuls les amateurs de la série Blacklist devineront qu'on leur prépare une fin légèrement différente de ce qui est montré à l'écran concernant l'un des personnages principaux...) On commence avec une prenante séquence liant immigration et terrorisme, assez révélatrice des craintes ressenties par une certaine Amérique blanche. Mais, vu de France, on peut aussi trouver des points de comparaison.

   Le fil narratif qui commençait à s'esquisser est assez rapidement brisé, après une séquence africaine qui n'est pas sans rappeler Zero Dark Thirty. Interviennent de plus en plus ce que l'on appellerait chez nous des "barbouzes", des paramilitaires engagés en douce par Oncle Sam.

   Un enlèvement va tout faire basculer. On retrouve quelques personnages du précédent opus mais, surtout, on comprend qu'on ne peut se fier à personne... ou presque. Reste à savoir qui va trahir qui, et comment. Cela devient un jeu du chat et de la souris, dans lequel un traqueur peut se retrouver traqué à son tour... et réciproquement.

   C'est très bien interprété, notamment par Benicio del Toro et Josh Brolin (aussi à l'affiche de Deadpool 2 et de Avengers - Infinity War). La gamine n'est pas mal, avec du tempérament... C'est surtout un petit canon en puissance. Ah, les directeurs de casting...

   Quelque part entre le Traffic de Soderbergh et le Léon de Besson, ce film d'action remplit très bien son office, grâce notamment à une photographie superbe, des décors impeccables et une musique d'accompagnement parfaitement placée. (On la doit à Hildur Gudnadottir, qui avait travaillé sur Hijacking.)

22:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 28 juin 2018

Retour à Bollène

   J'ai failli passer à côté de ce petit film sorti le mois dernier. C'est une fiction à caractère autobiographique, le réalisateur Saïd Hamich (producteur entre autre de Much Loved) ayant passé une partie de sa jeunesse à Bollène, une petite ville du département du Vaucluse (en région Provence-Alpes-Côte-d'Azur) :

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   L'intrigue repose sur des contrastes. La ville elle-même est partagée entre l'image "vieille France" et proprette qu'elle veut donner (à travers ses dirigeants de la Ligue du Sud) et la présence d'une forte communauté d'origine maghrébine, précarisée.

   La famille du héros Nassim est aussi le siège de divisions. La père a eu au moins deux épouses différentes (en même temps). On y parle deux langues (voire trois avec l'anglais) : l'arabe dialectal (dominant chez les parents) et le français (courant chez les enfants). Les premiers rêvent de repartir "au pays" (c'est-à-dire au Maroc), les seconds de s'en sortir, en France.

   Le héros lui-même est une contradiction vivante : c'est un fils de la cité qui a réussi à l'école, puis à Paris et enfin aux Emirats arabes unis. D'un côté, il est très bien inséré dans le monde global, parle couramment anglais (langue qu'il préfère utiliser à Dubaï plutôt que l'arabe, avec le chauffeur de taxi), mais ressent le besoin de se ressourcer à Bollène. Pourtant, tout l'oppose à sa famille. Il a réussi, alors que les autres galèrent. Il n'est pas religieux, boit de l'alcool et goûte les concerts de musique classique (ainsi qu'Alain Bashung), alors que ceux qui sont restés en France sont tentés par le repli islamo-conservateur. De surcroît, il a épousé une non-musulmane, une Américaine, qui trouve ce coin de France très "provincial"... voire un peu puant, quand elle entend les propos du maire.

   Celui-ci connaît très bien le héros, qu'il a eu comme élève alors qu'il était enseignant dans le lycée public, un enseignant connu pour ses opinions de gauche... Le voilà devenu chantre de la droite identitaire. (Dans la réalité, la commune est gérée par le couple Bompard, issu du FN.) Les retrouvailles entre les deux hommes ne manquent pas de saveur, même si ce n'est pas super bien joué. Je trouve qu'Anas El Baz est plus expressif quand il ne parle pas ou quand il débite juste des monosyllabes. Il a du charisme, mais n'est pas très à l'aise avec les longues répliques.

   Signalons que c'est bien filmé, avec de jolies scènes de nuit... et une belle musique d'accompagnement, que l'on doit à Pauline Rambeau de Baralon. Je conseille vivement cet essai pseudo-autobiographique, qui pose de bonnes questions sur l'identité, en évitant les idées préconçues.

mercredi, 27 juin 2018

Sans un bruit

   Je ne vais plus trop voir les films d'épouvante, sauf s'ils semblent se distinguer par un soupçon d'originalité (une denrée rare dans les productions de ce genre, qui, en général, se contentent de recycler du matériau ancien, avec un poil de technologie). Il y a deux ans, je m'étais laissé tenter par The Witch. Ici, outre l'argument principal (ne pas faire de bruit pour échapper aux monstres), c'est l'affiche qui m'a attiré, avec la charmante Emily Blunt (vue récemment dans Edge of tomorrow, Sicario et La Fille du train) et la jeune pousse Millicent Simmonds, remarquée dans Le Musée des merveilles.

   Autant le dire tout de suite, cette histoire, pour originale qu'elle soit, est nourrie de clichés. Certaines péripéties se voient venir à des kilomètres, comme le gamin avec son avion à piles, le coup du clou dans l'escalier ou encore l'usage qui va être fait d'un fusil. S'ajoute à cela une certaine tendance à abuser du "juste à temps".

   Et pourtant... j'ai trouvé cela prenant. C'est d'abord dû à la qualité de l'interprétation, celle d'Emily Blunt en tête. Millicent est aussi très bien, dans un rôle moins lisse que dans le film qui l'a révélée. C'est une pré-adolescente un brin rebelle, mal dans sa peau, mais qui va jouer un rôle clé dans l'intrigue.

   Cela se passe dans un futur proche. De redoutables extraterrestres (des sortes d'hommes arachnoïdes) ont débarqué aux Etats-Unis sur Terre... et ils ont bigrement faim. Ils sont rapides, cruels, carapaçonnés... mais aveugles. Ils se guident en se fiant à leur ouïe ultra-développée. C'est leur point fort... et cela pourrait devenir leur point faible.

   On suit une famille de rescapés (un couple avec trois gosses). Les parents sont très ingénieux. Ils ont développé une série de stratagèmes pour ne pas éveiller l'attention des envahisseurs omnivores. C'est là que naît la tension, parce qu'évidemment, il est impossible à une famille normalement constituée de vivre au quotidien sans produire le moindre bruit. Cette famille-là bénéficie quand même d'un atout : elle a appris à vivre avec l'infirmité dont souffre la fille aînée, ce qui lui a été d'une grande utilité lors du débarquement des visiteurs affamés.

   Au niveau du son, on a veillé à alterner les scènes quasi-silencieuses avec celles où l'on entend de la musique d'accompagnement et celles où l'on perçoit des bruits (plus ou moins naturels). Cela contribue à rendre le film facile à suivre.

   La conclusion est toutefois abrupte. Je suis un peu resté sur ma faim, d'abord parce que j'aurais aimé en savoir davantage sur les circonstances de l'arrivée des extraterrestres. Cela reste néanmoins un spectacle tout à fait correct.

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mardi, 26 juin 2018

Une année polaire

   Cette fiction à caractère documentaire est signée Samuel Collardey, auquel on doit notamment Comme un lion et L'Apprenti. Comme dans ce dernier film, le héros (ici Anders, jeune instit) joue son propre rôle, dans une histoire qui, si elle s'inspire fortement de la réalité, a été inventée par l'auteur.

   Le professeur des écoles danois, fils de paysans (peu désireux de prendre la suite de ses parents), décide de tenter sa chance au Groenland, où trois postes sont libres. On lui suggère de choisir celui de Nuuk (sur la côte ouest), le chef-lieu où se concentre un tiers des quelque 55 000 habitants du gigantesque territoire (et où l'on trouve toutes les commodités). Mais il lui préfère le village de Tiniteqilaaq, situé sur la côte est, la plus sauvage :

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   La rencontre est un petit choc culturel. Le jeune homme va en baver, entre des enfants récalcitrants, des parents absents (pour des raisons culturelles que l'instit va mettre du temps à comprendre), une population au mieux indifférente (qui le voit comme un colon)... et des conditions matérielles pas idéales. Il est un peu dans la situation d'enseignants français métropolitains, qui demandent une mutation outre-mer sans y être toujours bien préparés. Pour le public francophone, il est important de signaler que deux sous-titrages différents sont utilisés, le blanc pour la traduction du danois, le jaune pour celle du dialecte inuit.

   L'intrigue nous fait donc suivre le professeur des écoles, un bon gars, (trop) gentil, souvent maladroit, qui tente de s'acclimater à la vie du village. Le sentier n'est pas pavé de roses mais, parfois, le jeune homme reçoit un coup de main. C'est son implication personnelle et son empathie qui vont lui permettre de gagner progressivement sa place.

   Entre temps, on aura eu droit à de magnifiques vues du territoire, du ciel (ah, les aurores boréales...), de la neige, de la glace et de l'eau. (Je pense que c'est encore plus beau que dans Le Voyage au Groenland, sorti il y a un an et demi.) L'aspect documentaire est renforcé par la description d'activités traditionnelles : la chasse, la pêche, le dépeçage... et la conduite d'un traineau. L'une des plus belles séquences voit un groupe de personnages partir à la chasse, se faire prendre dans une tempête de neige, construire un igloo de fortune... et croiser une maman ours avec ses petits. J'ai aussi été particulièrement attendri par les chiens.

   Bref, c'est un très bon film, particulièrement rafraîchissant en ce début d'été.

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lundi, 25 juin 2018

Bienvenue en Sicile !

   Une fois n'est pas coutume, je trouve le titre français meilleur que l'original (At War for Love ou In Guerra per amore), que l'on pourrait traduire par "A la guerre par amour". Celui-ci fait allusion à l'histoire d'amour contrariée qui sert de squelette à l'intrigue, alors que le titre français évoque, sur le ton de la comédie, le débarquement des Américains en Sicile, en 1943.

   C'est donc d'abord une comédie à l'italienne, avec ses caricatures, son exubérance, sa joie de vivre (et cette langue si musicale). Arturo le charmeur sans le sou rêve d'épouser la belle Flora, que son oncle envisage de marier au fils de l'une de ses relations. On est dans le petit monde des Italo-américains new-yorkais, limite (voire franchement) mafieux. Or, à la même époque, les Alliés préparent l'opération Husky. Du côté américain, on compte s'appuyer sur les liens qui existent entre certains immigrés et le pays d'origine de leurs parents. D'ailleurs, le propre père de Flora vit encore là-bas. Sa bénédiction serait bien utile à Arturo pour empêcher le mariage arrangé par l'oncle. Mais le (possible) futur beau-père de Flora possède lui aussi des relations dans son pays natal. Il va tenter de contrecarrer le projet du rival de son fils.

   L'aspect comédie est renforcé par la truculence des villageois qui vont voir débarquer les Yankees. Il y a cet étrange duo, composé d'un aveugle et d'un boiteux, qui seront mêlés à la plupart des péripéties siciliennes. Il y a ce père de famille, dont le fils porte l'uniforme italien (fasciste) et qui garde religieusement une statue du Duce dans un placard. Une intense rivalité l'oppose à sa voisine qui, au moindre bombardement, sort mettre à l'abri une statue de la Vierge. Il est aussi souvent question d'ânes, des vrais, des symboliques... et ceux d'une chanson pour enfant, à laquelle un garçon est particulièrement attaché. C'est l'un des fils rouges de l'intrigue, avec une photographie d'amoureux (maladroitement) prise devant un pont new-yorkais. Cet ancêtre du selfie devient le running gag de l'histoire.

   Et puis il y a ces trognes de mafieux. Ah, pour sûr, ils sont gratinés ! Le chef local est une pourriture débonnaire et ventripotente. Ses sbires portent d'horribles moustaches et froncent les sourcils. Vous avez compris que l'on rit souvent à cette comédie... avant que le ton ne change, dans le dernier tiers de l'histoire. Celle-ci s'appuie sur des faits réels. Le gouvernement américain, soucieux de se ménager des soutiens sur place, a conclu un pacte avec le chef mafieux Lucky Luciano. Résultat : le débarquement allié s'est très bien passé (avec peu de pertes). En contrepartie, les conquérants du jour vont confier les clés du pouvoir à des truands, certains se parant des couleurs d'un nouveau parti tout propre, la Démocratie chrétienne.

   C'est l'une des forces de ce film (hélas passé quasi inaperçu) que de parvenir à mêler une bluette sentimentale (inspirée de la commedia dell'arte) et une réflexion politique sur un sujet qui a, aujourd'hui encore, un impact sur la société italienne.

samedi, 23 juin 2018

Manifesto

   C'est du cinéma expérimental. Le réalisateur a voulu mettre en scène une douzaine de textes littéraires engagés, des manifestes artistico-politiques. Pour cela, il a créé autant d'historiettes, dont l'héroïne est toujours incarnée par la même actrice, Cate Blanchett. Celle-ci s'est mise dans la peau d'une clocharde, d'une chercheuse, d'une employée de déchetterie, d'une mère ultra-conservatrice, d'une tradeuse, d'une punk, d'une présentatrice de télévision, d'une reporter, d'une chorégraphe, d'une marionnettiste, d'une oratrice funèbre, d'une organisatrice de soirées "prout prout" et d'une professeure des écoles.

   Chaque séquence se veut l'illustration du propos sur le fond, mais parfois aussi sur la forme. Ainsi, le discours marxiste dénonçant l'art bourgeois est plaqué sur une scène montrant une clocharde traversant un site industriel à l'abandon, d'autres femmes (âgées et riches) s'amusant à tirer des feux d'artifice à quelques pas de là. Mais la forme reste classique.

   La suite a de quoi déprimer. Les extraits des mouvements dadaïste, surréaliste et futuriste dépeignent un monde en pleine décrépitude, dont il faudrait quasiment faire table rase... et il m'a semblé que le film était parfois (volontairement ?) en contradiction avec ce qu'il défendait. Ainsi, à plusieurs reprises, il est dit qu'il ne faut plus faire référence aux oeuvres du passé... et voilà-t-y pas que, dans la séquence de la chercheuse, l'héroïne se retrouve dans une pièce dont le décor est composé de trompe-l'oeil géométriques, avec, au centre, un grand monolithe noir. (Il s'agit bien entendu d'une allusion à 2001, L'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick.) Ceci dit, il est quand même troublant que certains textes écrits il y a 80-100 ans fassent autant écho à notre époque.

   Vers la fin, il est question de Jean-Luc Godard et du Dogme (Lars von Trier). L'artiste est censé-e s'effacer derrière son oeuvre et ne pas la signer. Peu de temps après, on pourra constater que le générique de fin commence par les noms de Cate Blanchett et Julian Rosefeldt...

   En changeant de séquence, on passe parfois d'un extrême à l'autre, entre ceux qui finissent par affirmer que l'art n'existe plus et ceux qui pensent (pour différentes raisons) que tout peut être art. On en arrive fort logiquement à l'art conceptuel, mis en scène... et démonté au cours d'un faux journal télévisé, plein de malice, dans lequel l'éblouissante Cate incarne à la fois la présentatrice permanentée et la journaliste en extérieur, sous la pluie. Le but de la séquence est de dénoncer le toc, le prétentieux...

   Si on ne goûte guère les débats intellectuels autour de l'art et de sa place dans la société, on peut se contenter de jouir de la performance de l'actrice... surtout quand on sait que l'ensemble a été tourné en moins de deux semaines. Rien que pour cela, c'est un film à voir.

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mercredi, 20 juin 2018

Avengers - Infinity War

   Je me suis finalement décidé à voir la grosse machine hollywoodienne, censée être le couronnement de dix ans de remise à jour de l'univers de super-héros marvelliens. J'ai raté plusieurs épisodes en cours de route (concernant Captain America, Spider-Man, Black Panther... et le précédent Avengers), mais j'ai pu suivre sans problème l'intrigue.

   C'est d'abord un bon film d'aventures, qui suit un schéma rôdé jadis par les productions Lucasfilm : la mise en parallèle de plusieurs fils narratifs, liés les uns aux autres, qui finissent par se rejoindre. L'un de ces fils est constitué par les pérégrinations de Thor (dont le personnage a acquis une épaisseur qui n'est pas que physique), en compagnie d'une partie des Gardiens de la galaxie (mes petits chouchous). L'autre partie de l'équipe va très vite se frotter au méga-hyper-giga-super vilain Thanos... avant de tomber sur Iron Man et Spider-Man, qui font cause commune avec Docteur Strange. De son côté, Hulk va retrouver Captain America et Black Panther (entre autres).

   Tout ce beau monde doit donc se coltiner Thanos et ses affidés. Je reconnais que ce personnage contribue à l'intérêt de l'intrigue. Ce n'est pas un vulgaire tyran génocidaire. Il a une conception "réaliste" (je dirais plutôt cynique) de la vie des peuples. En massacrer une partie permet de sauver l'autre. Il ne cherche même pas l'enrichissement ou l'accumulation de conquêtes féminines. Sur le fond, c'est effrayant, mais c'est mis en scène avec (une relative) subtilité.

   Le problème est que l'ensemble a beau être assaisonné d'humour, le gros du film est constitué de bastons plus ou moins numériques, parfois très proches du jeu vidéo. (Ce n'est pas un compliment.) De plus, certains acteurs ne m'ont pas paru très convaincants... au premier rang desquels je place Chris Pratt (le moins bon des Gardiens) et Mark Ruffalo (qui fait pitié). Et puis le vieux cinéphile que je suis en a un peu marre de ces dialogues creux dont l'objet est de faire comprendre aux spectateurs que le sort du monde dépend d'une boule de feu, d'une toile d'araignée ou d'un énorme pain dans la gueule...

   Ceci dit, comme c'est bien foutu, cela se regarde sans déplaisir... mais figurez-vous qu'il y a une suite ! Déjà, au cours du film, on comprend (notamment grâce à Strange) que ce que l'on voit n'est qu'une version de l'histoire. Il va donc falloir patienter un peu pour assister à la suite ou, si vous préférez, à la fin alternative, une trèèèèès longue fin, puisqu'elle promet de durer plus deux heures.

23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ciéma, cinema, film, films

mardi, 19 juin 2018

La Révolution silencieuse

   Cette "salle de classe silencieuse" (titre originel, en allemand) est celle de lycéens de RDA (l'Allemagne communiste), sur le point de passer leur Abitur (baccalauréat), en 1956. Un jour, par solidarité avec les Hongrois révoltés contre la domination soviétique, ils décident de se taire pendant deux minutes, en cours d'histoire. Ce battement d'ailes de papillons va déclencher une tempête politique.

   Ce n'est pas la première fois que le cinéma allemand se lance dans l'analyse de la période de Guerre froide. Les cinéphiles se souviennent de l'excellent La Vie des autres, en 2007. Plus récemment, on a eu droit à De l'autre côté du mur (dont l'actrice principale est présente ici) et D'une vie à l'autre. L'originalité du film est de se situer avant la construction du Mur de Berlin, quand seuls des contrôles policiers séparaient les deux parties de la ville.

   L'univers adolescent est bien restitué, montrant des garçons qui cherchent à voir des femmes nues et des couples qui se forment, avec la maladresse des premières amours et des malentendus. L'habileté du scénario consiste à intégrer l'aspect sentimental à l'intrigue politique. On est visiblement dans un lycée au recrutement populaire (et provincial), avec un public mélangé, puisque les enfants d'un vétérinaire et le fils d'un membre éminent du conseil municipal côtoient des rejetons d'ouvriers. Compte tenu de la relative uniformisation vestimentaire qui régnait à l'époque, il n'est pas facile de les distinguer à leur apparence.

   Les auteurs ont aussi voulu éviter le film uniquement à charge. D'un côté, ils montrent quand même que ce pays dirigé par d'anciens opposants au nazisme est devenu une prison pour une grande partie de sa population (la Stasi se comportant quasiment comme la Gestapo). D'un autre côté, les défenseurs du régime communiste (et contempteurs de la démocratie bourgeoise, assimilée au fascisme...) ont voix au chapitre. Concernant l'éducation, le propos n'est pas sans faire écho à notre époque, où se pose la question de la réussite scolaire des enfants des catégories populaires.

   Mais il s'agit surtout de l'histoire d'une rébellion pacifique, celle de lycéens en quête d'absolu, mais auxquels on va tenter d'imposer des préoccupations plus terre-à-terre. Le harcèlement moral qu'ils subissent est particulièrement bien mis en scène. (Le réalisateur, Lars Kraume, est aussi l'auteur de Fritz Bauer, un héros allemand, dans lequel joue celui qui incarne le père de l'un des lycéens) Cela fait remonter les vieilles histoires du passé, celui de l'Entre-deux-guerres (avec les allusions au Front Rouge, auquel a appartenu le père de l'un des élèves), celui de la Seconde guerre mondiale... et celui, plus récent, de la révolte ouvrière de Berlin-Est.

   C'est dire la richesse des thématiques abordées par ce film qui, de surcroît, s'inspire d'une histoire vraie. (Restez pendant le générique de fin.) Alors, même si c'est parfois un peu mélo, j'ai beaucoup aimé, tant les acteurs sont convaincants et l'arrière-plan historique soigné.

Se protéger de Facebook

   Si l'on n'est pas adepte de l'attitude radicale qui consiste à quitter définitivement le célèbre réseau social, il existe d'autres moyens de se prémunir de la présence envahissante de la firme transnationale. L'un d'entre eux est proposé par la fondation Mozilla, qui édite le célèbre navigateur Firefox.

   Depuis peu, elle propose une nouvelle extension, appelée "Facebook Container", qui met des bâtons dans les roues du système de pistage du réseau social, devenu expert dans l'exploitation des données personnelles que les internautes lui fournissent... gratuitement.

   Une fois installée, l'extension est visible dans la barre d'adresse, lorsque l'on se connecte au réseau social :

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09:45 Publié dans Blog, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, médias

lundi, 18 juin 2018

La chapelle des brebis

   C'est d'un édifice peu connu des Ruthénois qu'il va être question : la chapelle Notre-Dame de Pitié, qui dépendait autrefois de la Chartreuse, dont les bâtiments ont été récupérés par l'Etat lors de la Révolution pour devenir ensuite, sous l'Empire, le siège du haras de Rodez, hélas fermé depuis l'an dernier.

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   Les touristes ont plus de chance de connaître l'édifice que les Ruthénois, puisqu'il fait partie du circuit patrimonial proposé aux visiteurs du chef-lieu aveyronnais (avec le numéro 29). Pour les locaux, le lieu est ouvert au moins le 13 de chaque mois. Pendant des années, c'est un employé municipal féru d'archéologie, Roger Trémouilles, qui a veillé sur l'édifice.

   Ce samedi 16 juin 2018, exceptionnellement, la chapelle a été ouverte au public, dans le cadre d'une manifestation agricole : la (mini-)transhumance des brebis du lycée agricole La Roque, situé sur la commune voisine d'Onet-le-Château.

   La première partie du trajet a mené les ovins du gué de Salelles (numéro 1 ci-dessous) à la place du Bourg (numéro 2), en passant par Layoule, le carrefour Saint-Cyrice, la rue Béteille et la place d'Armes.

Transhumance 2.jpg

   Le parcours du petit troupeau (une cinquantaine de bêtes) ne fut pas de tout repos. Le long des berges de l'Aveyron, la tendance des brebis à se précipiter brusquement dans une direction inattendue était facilement gérable. C'est devenu un peu plus délicat dans la montée de la rue Béteille, où les passants et les riverains ont eu droit à un étonnant spectacle. (Un des animaux se serait blessé lors d'une bousculade à l'entrée d'une boulangerie-sandwicherie. Un peu de sang a coulé, mais ce serait sans gravité.)

   Arrivées place du Bourg, les brebis ont été parquées dans un enclos amovible, où elles ont rapidement été entourées d'une foule considérable... et mitraillées par les téléphones portables. Durant presque deux heures, elles ont pu se reposer et se désaltérer, pendant qu'une animation était proposée à proximité, avec des oies et des chiens de berger.

   C'est en fin d'après-midi que les brebis se sont remises en marche, direction l'avenue Victor-Hugo puis le chemin de la Boriette, où les attendaient de vertes prairies, jouxtant la chapelle Notre-Dame de Pitié (numéro 3 ci-dessous).

Transhumance 3.jpg

   A l'intérieur de celle-ci, on peut voir un fort joli plafond étoilé (de style marial, je crois) :

Plafond.jpg

   Plusieurs statues sont également visibles, certaines plus anciennes que d'autres. Ainsi, l'une d'entre elles représente Jeanne d'Arc. C'est un modèle de série qui doit dater du début des années 1920, peu de temps après la canonisation de la Pucelle (et la création d'une seconde fête nationale, celle du patriotisme).

Statue.jpg

   Une autre sculpture est beaucoup plus ancienne, puisqu'elle date du XVIe siècle. Il s'agit d'une Vierge à l'enfant, classée monument historique. Mais je ne me souviens pas si elle se trouvait dans la chapelle lorsque je l'ai visitée.

dimanche, 17 juin 2018

Le Cercle littéraire de Guernesey

   ... et de la tarte aux pelures de pommes de terre, puisque tel est le nom complet du club éponyme, composé d'habitants de l'île anglo-normande de Guernesey, qui fut occupée par l'armée allemande durant la Seconde guerre mondiale.

   Il y a donc un aspect historique à l'intrigue. Pour les Britanniques, l'Allemand est surtout vu comme l'envahisseur que l'on repousse ou celui que l'on va combattre en France. A Guernesey, la population restée sur place a dû cohabiter, tant bien que mal, avec un occupant qui a pu se révéler odieux... ou sympathique. C'est ce que l'on découvre à la suite d'une série d'allers-retours entre les années 1940-1944 et l'après-guerre.

   A Londres, une jeune écrivaine (Lily James, vue récemment dans Baby Driver), qui commence à rencontrer le succès, échange des lettres avec un habitant de l'île. Grâce à lui, elle découvre une partie de l'histoire des habitants, mais elle meurt d'envie d'en savoir plus, pensant de surcroît en faire le sujet d'un article. Dans le même temps, sa vie personnelle est sur le point de basculer, en compagnie du dévoué mais très pressant Mark, un riche et séduisant Américain.

   Le séjour de Juliet sur l'île va tout changer. Elle est d'abord surprise de ne pas être aussi bien accueillie que ce qu'elle escomptait. C'est l'occasion pour le réalisateur Mike Newell (auteur jadis de Quatre Mariages et un enterrement) de nous dresser le portrait ironique de la vie provinciale sur cette île reculée, avec un entrelacs de relations humaines complexes, ses petits secrets et ses jalousies rances.

   Les personnages sont très bien campés, de la logeuse bigote au postier débonnaire, en passant par la veuve acariâtre, la vieille fille un peu fofolle et Dawsey, le charmant éleveur de cochons, qui ne laisse pas l'héroïne indifférente. Sur le groupe plane l'esprit de la plus rebelle de la bande, Elizabeth, dont l'absence est inexpliquée.

   Mêlant comédie romantique et drame historique, le film est subtil, emprunt de douceur. Il est furieusement moderne, parce que son intrigue suit les actions de deux femmes indépendantes, l'écrivaine et la rebelle, la Londonienne et la Guernesiaise, les hommes jouant un rôle plus secondaire. Il est toutefois d'un autre temps par la manière dont les sentiments sont exprimés (à entendre de préférence en version originale sous-titrée). C'est aussi un hommage à la littérature et à la lecture, à travers ces personnages ordinaires, qu'un festin de porc grillé va réunir, mais que la mort pourrait finir par séparer.

   C'est l'une des excellentes surprises du moment (avec Trois Visages).

19:55 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 16 juin 2018

Comment tuer sa mère

   Cette comédie franchouillarde est l'adaptation d'une pièce de théâtre, dans laquelle le rôle principal était interprété par Eva Darlan. Dans le film, c'est Chantal Ladesou qui reprend les rênes, avec un bel entrain, ma foi. Derrière la caméra se trouve David Diane, qui a notamment travaillé sur Babysitting (en tant que premier assistant-réalisateur). Comme on trouve aussi au générique Vincent Desagnat, Julien Arruti et Joséphine Drai, certains ont franchi le pas et parlé de "la bande à (Philippe) Lacheau", bien que celui-ci ne soit pas lié au film. (Il travaille actuellement sur une adaptation du manga Nicky Larson.)

   L'intrigue fonctionne sur la base d'une opposition, entre une mère égocentrique et méprisante (bref, castratrice) et des enfants complexés (à divers degrés), qui vont se rebeller. C'est incontestablement Chantal Ladesou qui s'en sort le mieux. Face à elle, en général, Desagnat tient la route, mais on ne peut pas en dire autant des deux autres. Je crois que le moins crédible est Julien Arruti. En fait, le problème vient que trop de scènes sont approximatives. Il aurait fallu réaliser plus de prises, faire davantage rejouer les comédiens... et améliorer certains dialogues.

   Ceci dit, je reconnais que le film contient quelques moments savoureux et des répliques qui font mouche. J'ai souri et parfois franchement ri. Mais c'est trop inégal, mal maîtrisé. Il reste toutefois une (contre)morale, que la mère tente d'inculquer à ses enfants : l'aîné chef d'entreprise perd sa vie à vouloir la gagner, la cadette se meurt dans une vie familiale peu épanouissante et le benjamin passe à côté du bonheur en se mentant sur son identité sexuelle.

   A tenter si vous êtes un-e inconditionnel-le de l'actrice principale ou un jour de Fête du cinéma.

12:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 15 juin 2018

Ocean's 8

   Steven Soderbergh a décidé de produire une version "féminine" d'Ocean's 11 (prolongé par Ocean's 12 puis Ocean's 13), avec tout plein d'actrices connues, du strass, des paillettes, des "pipoles", de la frime, de la bonne zique... et (surtout) des arnaques.

   La première partie raconte la formation de l'équipe, sous la houlette de Debbie, supposée sœur de Danny (Sandra Bullock, très à son aise, en dépit d'un visage dont certains traits ne sont pas sans évoquer Michael Jackson... après le bistouri), et de son acolyte Lou (Cate Blanchett, délicieuse en garçon manqué, portant pantalon et chevauchant moto). Chaque recrue est dotée de qualités particulières. Au niveau de la distribution, on a mélangé les femmes d'expérience (Helena Bonham Carter et Sarah Paulson) aux jeunes pousses talentueuses (l'inconnue Awkwafina et Rihanna, plus convaincante ici en hackeuse qu'en pin-up dans Valérian).

   La deuxième partie montre les préparatifs de l'arnaque... enfin, pas tous. Mais je me garderai bien de révéler ce qui est -provisoirement- caché aux spectateurs, histoire de préserver l'effet de surprise. Au niveau du scénario, on passera sur quelques facilités, indispensables si l'on veut que le "casse" se déroule bien (pour nos cupides héroïnes). C'est très bien filmé, par le réalisateur de Free State of Jones et de Pleasantville. Les dialogues claquent. (A Rodez, quelques séances sont proposées en version originale sous-titrée.) On ne s'ennuie pas.

   La troisième partie voit le projet se réaliser... pas tout à fait comme prévu d'ailleurs. Cela pimente un peu l'action, d'autant qu'un autre personnage féminin voit son rôle augmenter : il s'agit de Daphne Kluger, interprétée par la délicieuse Anne Hathaway.

   A l'image des films avec George Clooney, c'est brillant et clinquant, sans être enthousiasmant. On passe un bon moment, ce qui n'est déjà pas si mal.

22:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinema, film, films, cinéma

jeudi, 14 juin 2018

Trois Visages

   J'ai un faible pour le réalisateur Jafar Panahi. Quelque part entre Buster Keaton et Droopy, il réussit à mener sa barque, malgré les tracasseries des culs-bénis iraniens qu'il s'ingénie à titiller. Ces dernières années, on l'a vu à l'oeuvre dans Le Miroir et surtout dans l'excellent Taxi Téhéran.

   Le film présenté cette année à Cannes (où il a reçu le prix du scénario) se situe dans cette lignée. Panahi a tourné avec une économie de moyens : un ordiphone (utilisé par la jeune femme qui appelle au secours), une mini-caméra fixée à l'avant de la voiture et une autre, plus haut-de-gamme, manipulée par un technicien (ou Panahi lui-même).

   L'action se déroule loin de Téhéran (et de la police du régime des mollahs) dans le nord-ouest de l'Iran, où vit une population turcophone :

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   Pour un public peu attentif, cela n'a guère d'importance. Ceux qui tendent l'oreille s'apercevront que les sonorités changent selon la personne qui parle. Les villageois s'expriment majoritairement en turc, les citadins en farsi (persan). Le réalisateur est d'ailleurs originaire de cette région, berceau de sa famille.

   Cela conduit les spectateurs à se poser des questions. Est-ce bien une fiction qui se déroule sous leurs yeux ? Ne s'agit-il pas plutôt d'un documentaire ? Ou bien le réalisateur ne mêle-t-il pas les deux ? L'actrice principale, qui joue son propre rôle (celui d'une comédienne célèbre dans tout le pays, qu'une jeune femme a appelée au secours), se demande dans quelle galère elle s'est embarquée, d'autant plus qu'elle n'a pas la même vision des choses que Panahi. Elle en vient même à contester son expertise de la vidéo qui a été envoyée par téléphone, vexant le réalisateur, qui sort de la voiture et continue à pieds, boudeur !

   C'est la première séquence qui a tout déclenché. Une jeune femme (visage n°1) se filme dans un endroit isolé et vide son sac. Elle était sur le point de réaliser son rêve (intégrer la très sélective école des Beaux-Arts de Téhéran... une sacrée performance pour une fille de paysans azéris), mais voilà que sa famille et le village se liguent contre elle, la traitant d'écervelée. On veut la forcer à se marier très vite. La séquence, filmée au téléphone, est d'un réalisme troublant.

   La suite est une conversation en automobile, entre la fameuse actrice (visage n°2) et Panahi, dont la voix vient la plupart du temps du hors-champ. C'est beaucoup moins intéressant. Il convient cependant de ne pas négliger cette partie : l'image que l'on a du personnage de l'actrice va changer par la suite.

   C'est en s'approchant du village où habite la jeune femme que le duo fait diverses rencontres. Il y a tout d'abord un sympathique passant, qui lui fait utiliser un étrange code, à l'aide du klaxon de l'automobile. Il y a ensuite le grand-père accueillant, dont la famille semble célébrer un événement. Puis c'est au tour d'une vieille femme qui sent sa fin approcher... et qui commence à s'habituer à sa future nouvelle demeure...

   C'est à ce moment qu'on se rend compte que c'est trop bien joué pour être parfaitement naturel. Panahi et l'actrice sont accueillis comme des rois par des villageois qui croient d'abord qu'ils sont venus pour les aider à rétablir le gaz ! Dès qu'il est question de la jeune fille rebelle, les visages se ferment. Aussi bienveillants soient-ils, les villageois ont une vision traditionaliste de la société, l'étudiante en arts rejoignant l'actrice dans la catégorie des quasi-prostituées... même s'ils admirent la vedette du petit écran.

   Panahi et sa complice vont passer la nuit au village. Cela nous vaut un plan magnifique de la nuit tombant sur une misérable bicoque, où s'est réfugiée une ancienne actrice, mise au rancart après la Révolution islamique. On ne verra pas ce troisième visage, juste le personnage de dos, peignant dans un pré. Le fil est ainsi remonté, de la jeune "écervelée" à l'ancêtre qui a connu l'Iran au temps du Shah, la vedette actuelle permettant de tisser les liens.

   On comprend que c'est une histoire engagée, de nouveau en faveur de la liberté des femmes. Incidemment, Panahi règle quelques comptes. C'est notamment le cas dans la séquence nocturne au village. L'actrice vedette est allée au café local pour téléphoner à la production du film dont elle a quitté le tournage pour partir à la recherche de sa jeune fan. C'est le moment où réapparaît le grand-père du début. Il invite l'actrice à boire un thé. S'engage alors une discussion à la fois sociologique et surréaliste autour d'un... prépuce ! C'est subtil et délicieux... et cela débouche sur une critique du régime iranien. Le grand-père se désole que son acteur fétiche (Behrouz Vossoughi) ne soit pas accessible (il vit exilé aux Etats-Unis). Il ne comprend pas que Panahi ne puisse pas le joindre (il lui est interdit de quitter l'Iran).

   D'un point de vue visuel, le début m'est apparu assez cheap. Mais, dès que la caméra embarquée dans la voiture prend le dessus, les plans prennent une tout autre ampleur. Les vues nocturnes sont superbes. J'ai aussi encore en mémoire cette plongée sur la route sinueuse, où il peut se passer tant de choses.

   C'est un film superbe, foisonnant, caustique... qui aurait peut-être mérité la Palme d'or.

mercredi, 13 juin 2018

Un billet pour la cathédrale

   J'en ai appris une bien belle en lisant la presse aveyronnaise aujourd'hui (notamment La Dépêche du Midi) : la cathédrale de Rodez a son billet, d'une valeur de... 0 euro. Il s'agit bien entendu d'un gadget touristique, appelé aussi "billet souvenir", ce dernier mot figurant d'ailleurs à des dizaines d'exemplaires sur le billet en question :

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   En bas à droite figure la signature du chef d'entreprise qui a lancé l'idée de ce produit touristique, Richard Faille (auquel on doit aussi les médailles souvenirs, pour moi d'un intérêt moindre). L'objet est fabriqué en coton... et en France, d'après ce que garantit le site internet de l'entreprise.

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   D'ailleurs, le nom de l'imprimeur figure sur l'autre côté du billet. Il s'agit d'Oberthur Fiduciaire, lointain héritier de l'entreprise bretonne fondée au milieu du XIXe siècle, qui dut sa renommée aux tonnes d'almanachs et d'annuaires téléphoniques qui sortirent de ses locaux.

   Cette partie du billet est illustrée de monuments européens (qui ont déjà eu droit à leur version du produit). On reconnaît, de gauche à droite, la Porte de Brandebourg (1), la Tour de Belem (2), le Colisée de Rome (3), la Tour Eiffel (4), la Sagrada Familia (5), le Manneken Pis (6) et, en filigrane, un demi-visage (7) faisant sans doute allusion à la Renaissance (à un tableau de Sandro Botticelli ou de Léonard de Vinci).

   C'est sympatoche et cela ne coûte que deux euros. Voilà une excellente (et parcimonieuse) idée-cadeau pour la Fête des Pères !

samedi, 09 juin 2018

Jurassic World - Fallen Kingdom

   Environ trois ans après l'opus précédent (qui fut extrêmement rentable, à défaut d'être un grand film), revoilà les dinosaures créées/ressuscités, avec un nouveau réalisateur aux manettes. L'île sur laquelle on avait laissé les gros lézards connaît une intense activité volcanique, signe de son proche effondrement (l'une des grandes réussites du film). La question est : que faut-il faire des dinos ?

   Mais, avant que l'on ne se lance dans cet intense débat existentiel (entre des bobos écolos et des militaires caricaturaux), une piquante introduction nous plonge dans un océan de références aux Dents de la mer. (Il est question d'humains qui explorent le fond marin et de gigantesques portes que l'on ferme... ou pas.) On sent à peu près tout arriver à dix kilomètres... sauf l'ultime péripétie, qui associe horreur et humour, la marque de fabrique de cet épisode très réussi sur le plan formel.

   Les effets spéciaux sont vraiment excellents (vus en 2D). Les grosses bêtes sont criantes de vérité et l'on  a parfaitement su gérer leurs interactions avec les acteurs en chair et en os. Notons que l'on a doté certains dinosaures d'attitudes qui les font ressembler à des mammifères. Je ne suis pas certain que cela soit conforme à l'histoire naturelle... mais, après tout, on n'est pas là pour rédiger une thèse de troisième cycle.

   Les spectateurs familiers du genre savent que les dinos (à l'image du grand requin ou des aliens) sont des succédanés de tueurs en série... d'autant plus que les derniers modèles "mis en service" réfléchissent aussi bien (voire mieux) que des bipèdes. C'est une nouvelle fois l'occasion pour les scénaristes de fustiger les apprentis-sorciers de la science... et les milliardaires sans scrupules. Dans une production grand public, ce n'est pas désagréable.

   Le problème est que les personnages humains sont peu convaincants C'est stéréotypé au possible. On retrouve le duo du précédent film, incarné par Bryce Dallas Howard et Chris Pratt, pas mauvais mais sans saveur. On leur colle une gamine entre les pattes... qui a dû être sélectionnée sur sa capacité à hurler de manière stridente. C'est in-sup-por-table ! De surcroît, on crée un faux suspens la concernant. A plusieurs reprises, elle échappe de justesse aux griffes du tout nouveau, redoutable et impitoyable Indoraptor. On sait bien qu'il ne va pas parvenir à la boulotter, hein !

   Reste à savoir qui, parmi les nombreux seconds rôles et figurants, va servir de pâtée pour dinosaure. C'est un aspect de l'histoire qui a retenu mon attention, d'autant plus que c'est brillamment mis en scène, avec un zeste d'humour. Cela suffit pour passer un bon moment... et attendre la suite, hyper prévisible compte tenu du geste irresponsable commis par l'une des protagonistes à la fin.

13:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films