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samedi, 09 mars 2013

Zaytoun

   La critique a en général été plutôt sévère avec ce film israélien, dont le réalisateur Eran Riklis a été salué naguère pour La Fiancée syrienne et Les Citronniers. Le genre du film (une fable politique) a pu dérouter. Il est question d'un olivier (zaytoun en arabe) qu'un jeune Palestinien du Liban voudrait planter dans la propriété familiale... en Israël. Dans quelle mesure le pilote israélien récemment fait prisonnier va-t-il lui être utile ?

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   La première partie du film tente de restituer l'ambiance dans le Liban du début des années 1980, au moment de l'intervention israélienne. Il y est bien entendu question des réfugiés palestiniens (et du camp de Chatila), dont les enfants sont embrigadés très jeunes dans des organisations para-militaires supposées patriotiques. On nous fait aussi comprendre que les Libanais "de souche" n'apprécient guère cette population turbulente, maintenue à l'écart des autres habitants.

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   Comme dans d'autres films ayant pour sujet les déshérités du monde musulman (Les Chevaux de Dieu, par exemple), un coup de projecteur est mis sur de jeunes garçons fans de football. Le héros Fahed est d'ailleurs surnommé Zico (aujourd'hui, son modèle serait peut-être Lionel Messi) et il ne se sépare pratiquement jamais d'un ballon en cuir. Si les scènes avec les gamins sont très convenues, il faut signaler la performance du jeune Abdallah El Akal (entraperçu, comme un autre acteur du film, dans Lebanon), qui incarne à merveille ce gamin palestinien révolté, un peu dépassé par les événements, mais qui tient à aller au bout de son projet.

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   Le réalisateur a l'honnêteté de montrer toute la difficulté de la vie quotidienne des civils palestiniens, ainsi que les drames auxquels ils sont confrontés. C'est pourquoi il faut un peu de bonne volonté pour croire à l'argument principal : l'alliance de circonstance entre l'orphelin de guerre et l'aviateur. Si l'on adhère à cet élément de l'histoire, on suivra avec plaisir le périple de cet improbable duo, qui va devoir louvoyer pour éviter divers groupes armés (palestiniens, libanais et même syriens). C'est souvent drôle, parfois émouvant.

   La fin est moins réussie. J'ai trouvé assez mauvaises les scènes qui font intervenir Alice Taglioni (qui porte l'uniforme de l'ONU). La séquence du village palestinien détruit ne m'a convaincu qu'à moitié. On sent aussi que le réalisateur a voulu montrer que les deux camps ont souffert des guerres. Je ne dirai rien sur le choix final qui est fait par l'un des personnages principaux. Ceux qui connaissent la suite de l'Histoire savent qu'ils est lourd de conséquences.

mercredi, 06 mars 2013

Công Binh

   Ce documentaire (un brin fictionné) est sous-titré "La longue nuit indochinoise". Il n'est toutefois question que du Vietnam (composé du Tonkin, de l'Annam et de la Cochinchine), pas du Laos ni du Cambodge. Ceux qu'on a appelés les Công Binh ("ouvriers-soldats", en vietnamien) ont été envoyés en France métropolitaine au début de la Seconde guerre mondiale. Il y sont restés bloqués au moins jusqu'en 1946. Certains ne sont même jamais retournés dans leur patrie.

   Cinq types d'images composent ce film. Classiquement, on y trouve des documents d'archives (datant de la fin des années 1930 au Vietnam indépendant) et des entretiens avec certains des anciens travailleurs envoyés en France (âgés de 89 à 103 ans, si je ne m'abuse). On y entend (et voit) aussi une petite-fille de travailleur déporté lire des extraits de textes anticoloniaux, au premier rang desquels Les Damnés de la Terre (de Franz Fanon) et Discours sur le colonialisme (d'Aimé Césaire). A cela s'ajoutent des scènes de fiction, restituant des situations du passé, et jouées par des (petits-)enfants des travailleurs déportés. Enfin, régulièrement, vient s'intercaler un extrait de spectacle de marionnettes aquatiques, en liaison avec le sujet.

   Le plan est chronologique. Le film revient d'abord sur les conditions du recrutement, forcé dans la majorité des cas. On est ensuite effaré par les conditions de vie qui furent celles de ces jeunes hommes. A peine débarqués en métropole, ils sont parqués dans la prison des Baumettes, tout juste construite... mais dont l'intérieur n'a pas été encore aménagé. Ils ont ensuite été envoyés dans différentes usines (des poudreries, entre autres), notamment à Bourges et Clermont-Ferrand. Ils ont été logés dans des camps spéciaux, dans des conditions là encore précaires.

   Parmi les multiples anecdotes que contient le film, il y a l'histoire du développement de la culture du riz en Camargue, dû à l'initiative de certains travailleurs d'origine rurale, qui ont vu là l'occasion d'améliorer leur ordinaire... à condition toutefois de faire tout le boulot.

   Un des plus beaux passages raconte le processus d'alphabétisation des travailleurs, arrivés en métropole pour la plupart illettrés.

   Après guerre, l'enjeu devient politique. De 1946 à 1954 s'est déroulée la guerre du Vietnam. Ces 20 000 jeunes hommes sont une masse à ne pas négliger. Au départ, le gouvernement français n'a pas envie de renvoyer au pays ces bras vigoureux qui pourraient renforcer la rébellion vietminh. A cet égard, le film montre que la petite troupe était divisée. Il n'évoque toutefois que trois groupes : la minorité favorable au colonisateur et les rebelles, communistes ou trotskystes, eux-mêmes rivaux. L'expression "gouvernement fantoche" fait allusion à l'empereur Bao Daï. Est négligée une partie du mouvement nationaliste, celle qui n'était pas d'obédience marxiste et qu'on a parfois qualifiée de "troisième voie".

   La fin du documentaire est consacrée à la vie dans le Vietnam indépendant (ou la France, pour ceux qui s'y sont définitivement installés) et la quête de reconnaissance.

   Sur le plan formel, c'est correctement filmé et le montage varie suffisamment les types d'images pour qu'on ne s'ennuie pas (trop). Mais le rythme est lent et certaines scènes m'ont paru inutiles. (Concernant le théâtre de marionnettes, si les premiers "interludes" m'ont intéressé, l'accumulaton a fini par me lasser.) On sent bien les deux heures passer !

mardi, 05 mars 2013

Les Chevaux de Dieu

   Ce film de fiction ambitionne de mettre en scène les éléments qui expliquent que de jeunes Marocains, pour la plupart inconnus des services de police, aient participé aux attentats de Casablanca du 16 mai 2003.

   L'histoire s'attache au destin d'une demi-douzaine de garçons du bidonville de Sidi Moumen (8 des 14 kamikazes en sont issus), dont une partie seulement va verser dans le terrorisme. Le début du film, maladroit, m'a fait un peu peur. Les images des gamins fans de football, prêts à en venir aux mains... ou à détaler dare-dare, sont proches du cliché. Mais le réalisateur fait preuve d'une incontestable maîtrise derrière la caméra, avec de très beaux plans du bidonville à la clé.

   Petit à petit, la psychologie des personnages est creusée, les situations deviennent plus complexes... et le film passionnant. Il faut souligner l'interprétation remarquable des acteurs principaux, qui incarnent les garçons devenus de jeunes adultes.

   Abdelilah Rachid est celui dont la palette de jeu est la plus variée. Seul véritable délinquant de la bande au début de l'histoire, son personnage (Hamid) est le premier du groupe à se convertir à l'islam radical, sans doute en prison. (Voilà qui rappellera des choses à nos amis toulousains.)

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   Comme à d'autres "jeunes en recherche", la religion donne un cadre, pas forcément négatif au départ. Mais ses "maîtres" ont un projet politique en tête. J'ajoute que, dans la troisième partie du film, ce personne recommence à évoluer, dans un sens que je ne révèlerai pas ici. Sachez que l'acteur rend vraisemblables les trois facettes.

   L'autre personnage "solaire" est son petit frère, interprété par Abdelhakim Rachid.

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   Dans le quartier, Tarek est surnommé Yachine, en raison de son poste de gardien de but, au football, où il n'est d'ailleurs pas maladroit. Il idolâtre le Soviétique, seul de sa catégorie à avoir décroché le ballon d'or. Là encore, l'évolution du jeune homme (moins abrupte que pour son frère) est restituée par l'acteur avec subtilité.

   Le "troisième homme" de l'histoire est Nabil, le meilleur ami de Tarek-Yachine. Il ne semble pas connaître son père et sa mère a très mauvaise réputation dans le quartier. On finit par comprendre qu'elle monnaye ses "services". Le fils subit la réprobation attachée à sa mère (qui est protégée par le chef de la police)... et son côté efféminé, ainsi que l'amitié extraordinairement forte qui le lie à Tarek, lui valent moqueries et avanies.

   Dans le groupe évoluent aussi notamment Fouad, grand-frère (très) protecteur de Ghislaine (dont Tarek est amoureux) et un drôle de lascar, qui ne pense qu'à s'amuser (et qui va résister à l'influence des "Frères").

   Ces jeunes ne sont pas bien encadrés par les adultes du bidonville. Le père des deux héros semble frappé d'Alzheimer (et le frère aîné est un peu dérangé... mais pas bête sur le fond). La mère est dépassée par les événements et ne voit pas ce que la nouvelle orientation religieuse de ses gamins peut avoir de menaçant. Les autres parents sont plutôt absents.

   Ils laissent donc la place aux propagandistes islamistes, qui en imposent par leur constance, leur charisme... voire leur maîtrise des arts martiaux. (On n'attrape les mouches avec du vinaigre !) On sent aussi que le chef du groupuscule est fin psychologue : il comprend vite quel est le profil de chaque gamin et comment il peut les utiliser.

   Mais le réalisateur n'oublie pas la vie quotidienne du bidonville, dans ce qu'elle a de plus sordide. Les gamins sont d'abord des victimes des caïds locaux et de la police, à moitié corrompue et pas franchement respectueuse des droits de l'homme. (Le chef local est surnommé "Pitbull", c'est dire.) Entre eux, enfants comme adolescents sont parfois sans pitié. (Cela va de la bagarre au viol... et le meurtre n'est pas loin.) Hors cadre familial, la solidarité est l'exception. Chacun essaie de se sortir de la misère (qui n'est pas totale, dans ce bidonville un peu aménagé), au besoin en passant sur les autres.

   On pourrait regretter que le film ne dénonce pas suffisamment l'influence pernicieuse d'une conception extrémiste de la religion. On aurait aussi pu souhaiter que soit posée la question de la démocratie au Maroc... mais cela aurait peut-être empêché le film de se faire. Il a le grand mérite d'exister et il témoigne d'une certaine habileté.

   P.S.

   Les cinéphiles français auront l'impression de se retrouver devant une version cousine, d'outre-Méditerranée, de l'excellent long-métrage de Philippe Faucon La Désintégration. On peut aussi être frappé par la ressemblance avec le film palestinien Paradise now.

14:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 02 mars 2013

7 Psychopathes

   Si vous aimez les histoires faciles à comprendre, qui vous prennent par la main d'un début clairement identifiable à une fin sans ambiguïté, si vous tenez à des personnages d'une seule trempe, qui évoluent peu... alors évitez ce film.

   Martin McDonagh, à qui l'on doit l'excellent Bons Baisers de Bruges, récidive avec un thriller parodique qui louche sur Pulp Fiction (de Tarantino) et Barton Fink (des frères Coen). La construction prend une forme proche du puzzle. Mais commençons par les personnages principaux.

   On suit l'action à travers les pérégrinations d'un improbable trio. Le héros (Marty) est un scénariste en panne d'inspiration (alcoolique de surcroît), interpété par Colin Farrell, qui a un peu tendance à jouer toujours sur le même registre :

Psy Farrell.jpg

   Si j'étais mauvaise langue, j'écrirais que ses "qualités physiques" sont pour beaucoup dans sa présence à l'écran.

   Le véritable héros de l'histoire est son meilleur ami, Billy, un beauf rigolo, parfois complètement givré, incarné avec talent par Sam Rockwell (que l'on a pu voir dans Iron Man 2 et L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) :

Psy Billy.jpg

   Pour compléter le trio, on a une pointure, Christopher Walken, très classe en vieil époux attentionné... et plein de mystère :

Psy Walken.jpg

   A cause de l'enlèvement d'un chien (le gagne-pain des deux derniers membres du trio), la fine équipe va se retrouver confrontée à un chef de gang ultraviolent, hystérique et immature, incarné à merveille par Woody Harrelson (remarqué dans A Scanner darkly et No Country for old men) :

Psy Harrelson.jpg

   Une fois de plus, hélas, les femmes sont au second plan, que ce soit la copine blonde du héros, ou la petite amie brune du mafieux (Olga Kurylenko, toujours aussi charmante). Ne parlons pas de l'employée noire obèse. Seule l'épouse de Christopher Walken dispose d'une part de jeu intéressante.

   Les autres personnages sont des rencontres virtuelles ou réelles du scénariste, qui essaie de constituer son "équipe" de sept psychopathes, support du scénario qu'il tente d'écrire. (Mention spéciale pour Tom Waits, le tueur de tueurs en série... qui affirme avoir liquidé le Zodiac !) Il faut donc prendre soin de distinguer les scènes d'imagination pure des scènes se déroulant dans la vie réelle. Au début, cela va. Mais on finit par se rendre compte que ce qui a été raconté auparavant a des répercussions dans la vraie vie des personnages. Les deux mondes se croisent... et le film devient plus compliqué, un peu dingo... J'ai aimé !

   Les amateurs de film d'action auront leur lot de meurtres. Les dialogues sont de surcroît fort bien écrits. C'est très souvent drôle, parfois de manière complètement inattendue. J'ai ainsi en mémoire une discussion entre Marty et Billy. Le premier voudrait écrire un thriller, dans lequel domineraient les discussions. Le second lui répond que cela risque d'être hyper-chiant... il n'est tout de même pas en train de faire un film français ! Plus loin dans l'histoire, dans le désert, Christopher Walken parle d'une vision qu'il a eue, dans une ambiance grise. Son interlocuteur lui demande : "Gris ? Comme en Angleterre ? " L'autre lui répond : "Pire."

   La fin du film coïncide avec la conception de la fin du scénario. Billy nous offre sa vision d'un finale grandiose, avec beaucoup de détonations et d'hémoglobine. Marty n'est évidemment pas du tout de cet avis. Tout se joue autour du comportement des mafieux, décidément bien imprévisibles. Je vous laisse découvrir dans quelle direction leur intervention conduit le film...

01:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 28 février 2013

Flight

   On peut traduire le titre par "vol" (en avion) ou "fuite" (en avant). Ce vol peut être réel, ou mental : certains des personnages consomment de l'alcool et/ou de la drogue en quantité ; il leur arrive donc de "planer". Le film est centré sur un héros alcoolique, incarné par Denzel Washington.

   La séquence la plus spectaculaire (la seule mettant en scène un avion) est celle du vol qui se déroule mal : il se termine en accident. La mise en scène est rodée. Cela marche comme sur des roulettes. Le coup de l'avion retourné est bien fichu. Les interprètes sont impeccables.

   Mais ce sont les deux scènes du début, qui présentent les deux personnages principaux, qui sont les plus habiles. A ce stade de l'histoire, l'homme (le commandant Whip, alias Washington) et la femme (une droguée jouée par Kelly Reilly, vue notamment dans Sherlock Holmes) ne se connaissent pas.

   On découvre donc le pilote au réveil, après une nuit de folie (sexe, alcool et drogue) en compagnie d'une magnifique hôtesse de l'air. Ce qui devrait être un moment érotique, complice ou tendre est montré de manière triviale. La superbe brune se trimballe à oilpé (rien n'est flouté... nos amis américains deviendraient-ils moins pudibonds ?). On l'entend uriner dans les toilettes... si ! Puis elle part à la recherche de ses affaires, éparpillées dans la chambre d'hôtel. On la voit tenter de les défroisser, indifférente à son partenaire, qui reçoit un appel de son (ex)épouse, qui visiblement essaie de lui faire cracher du blé. Les deux semblent avoir la tête dans le cul.

   Le moment suivant, on découvre la future héroïne (!), une camée prête à (presque) tout pour se procurer sa dope. Je vous laisse découvrir ce qu'on lui propose (de manière assez cash !) en échange d'une ou deux doses.

   L'intrigue prend un tour policier juste après l'accident. Une enquête est ouverte (6 personnes sont mortes tout de même). La tension monte. L'un des derniers bons moments du film voit le héros, pris en mains par son vieux pote Harling Mays  (interprété avec verve par John Goodman), se réfugier dans l'ancienne baraque de son grand-père.

   La suite m'a beaucoup moins plu. A la base, traiter de la dépendance à l'alcool (et à la drogue) était une bonne idée, mais on n'a pas voulu aller trop loin. On n'a pas osé désacraliser l'alcool, ni faire de l'alcoolique un salaud en puissance. Du coup, le spectateur de base a du mal à comprendre pourquoi son épouse et son fils lui en veulent autant. On nous les montre principalement intéressés par l'argent. Jamais il n'est ne serait-ce que sous-entendu que si le noyau familial a éclaté, c'est sans doute parce que le père, ivre, a levé plus d'une fois la main sur sa femme et son fils. La menace représentée par l'alcool ne pèse que sur celui qui en consomme.

   De la même manière, si la séduction qu'exercent les boissons fermentées est assez bien mise en scène, jamais elle n'est réellement présentée comme nocive : les plans présentent toujours les bouteilles sous un jour valorisant, presque clinquant.

   Quant au héros, finalement s'il lui arrive des problèmes, c'est parce qu'au bout d'un moment il arrête de mentir. Si la fin du film est censée prendre un tour plus "moral", je ne crois pas que cette histoire (et surtout la façon dont elle est mise en scène) découragera une seule personne de s'adonner à la boisson. On en trouvera même qui penseront que le héros aurait dû mentir jusqu'au bout.

   Un sujet aussi important et délicat aurait mérité un traitement plus en profondeur.

   P.S.

   Le film s'inspire (en partie) d'une histoire vraie, celle d'un pilote canadien, Robert Piché. Aujourd'hui sorti d'affaire, il s'investit dans la lutte contre les dépendances. Il a aussi créé un site internet, où il se "vend" comme conférencier.

23:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 27 février 2013

5 caméras brisées

   Ce documentaire (israélo)palestinien est autobiographique. Son auteur, Emad Burnat, n'est pas cinéaste de formation. Ni journaliste. Il est devenu les deux pour défendre la terre de son village, Bil'in, situé dans l'ouest de la Cisjordanie, pas très loin de Ramallah :

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   Vous aurez remarqué qu'il est très proche de la frontière avec Israël... dont le tracé suscite maintes polémiques, d'autant plus que les gouvernements israéliens laissent (ou poussent à) s'installer des colons au-delà de cette limite... et qu'ils ont lancé la construction d'un mur englobant des terres appartenant aux villageois palestiniens des environs :

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   Cela se voit mieux sur une image extraite de GoogleEarth :

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   En rouge est soulignée la frontière de 1949-1967. En noir est souligné le tracé originel de la "barrière de séparation" (tantôt une clôture, tantôt un mur). Voici ce que cela donne au niveau du village de Bil'in :

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   Les cinq caméras brisées sont celles d'Emad Burnat. D'une manière ou d'une autre, c'est l'armée israélienne qui est responsable de leur endommagement. Le film raconte les circonstances dans lesquelles ce jeune paysan va devenir l'un des fers-de-lance de la lutte contre la construction de la barrière et la spoliation des terres du village.

   Bien que de mauvaise qualité visuelle (c'est de la vidéo bas de gamme), le film est intéressant par ce qu'il veut montrer... mais aussi par ce qu'il laisse à voir, involontairement.

   Cela n'apporte rien de nouveau pour qui suit l'actualité du Proche-Orient, mais, pour les ignorants, c'est une bonne description des inconvénients de la présence israélienne pour les Palestiniens de la frontière. Les héros du film ont choisi la lutte non-violente. Dans le groupe se distingue une grande gueule démonstrative, véritable bête de scène, qui ferait presque sourire les soldats de Tsahal. Il y a aussi "el-fil" (l'éléphant), qui sait enthousiasmer les enfants. Et il y a le réalisateur, qui va payer de sa personne... et frôler la mort à plusieurs reprises.

   Le ton du commentaire se veut neutre. Mais il est trop monotone à force de vouloir éviter l'indignation.

   Sur la forme, on est quand même étonné que l'armée israélienne, dont l'action est parfois plus que contestable, accepte une telle proximité des médias, dans ce village. Dans bien peu de pays du monde des quidams seraient autorisés à filmer d'aussi près des situations aussi tendues.

   On s'aperçoit aussi que les personnes mises en valeur (ou qui ont accepté d'être filmées) appartiennent plutôt à la (petite) classe moyenne. Soyez attentifs aux voitures présentes dans le village. L'intérieur de la maison du héros est par ailleurs assez coquet.

   Les partis politiques traditionnels sont eux soigneusement tenus à l'écart, même si tous finissent par venir faire leur petit tour dans le village, sans doute en quête de popularité... ou de voix.

   On note aussi une différence très grande entre les hommes, omniprésents dans la rue, habillés à l'occidentale (certains gamins palestiniens portent même un T-shirt avec une inscription en hébreu !), et les femmes, le plus souvent confinées à l'intérieur... et toutes voilées.

   En dépit de ses maladresses, le film a été nommé aux Oscar 2013, dans la catégorie documentaire. (Il n'a pas été primé.) Sur le site de l'Académie, on peut lire les réponses d'Emad Burnat au questionnaire des nominés. Il a toutefois failli ne pas pouvoir assister à la cérémonie, ayant été retenu à la douane de Los Angeles. (En complément, on peut lire le récit du co-réalisateur israélien.)

   P.S.

   Si vous avez observé attentivement la dernière illustration, vous avez noté la présence d'un second tracé, en pointillés. Son explication est à chercher dans le film.

mardi, 26 février 2013

Syngué Sabour

   ... "Pierre de Patience" en français. Le titre évoque l'objet auquel on confie ses plus intimes secrets, qui les absorbe sans les révéler... mais qui finit par exploser.

   L'héroïne est une femme, mariée très jeune à un moudjahidine afghan, dont elle a eu deux filles. Elle est incarnée par une actrice franco-iranienne (superbe brune), Golshifteh Farahani.

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   On n'entend pas le mari, plongé dans le coma après qu'il a reçu une balle dans la nuque. Sa famille ayant fui Kaboul, c'est à sa femme que revient la charge du malade (et des deux enfants). Cette situation nouvelle, dangereuse, est néanmoins source de liberté : échappant (partiellement) à l'autorité des hommes, l'épouse va pouvoir gérer sa vie un peu plus à sa guise. Comme elle en a gros sur la patate (et personne à qui se confier), elle va vider son sac devant son mari étendu.

   La première partie du film dépeint les difficultés de la vie quotidienne en temps de guerre. Par la bouche de l'héroïne, on découvre aussi les misères d'une jeune mariée, qui n'a pas choisi son époux et qui ne semble pas avoir été bien accueillie par sa belle-famille.

   La deuxième partie voit arriver des moudjahidines. En tant que femme, elle est un butin potentiel. Je ne vais pas raconter quel stratagème elle emploie pour éviter de se faire brutaliser par la soldatesque. Mais, à partir de ce moment, va se nouer une drôle de relation entre l'héroïne et l'un des jeunes combattants. Lui-même est une victime : orphelin, enrôlé de force, il subit les brimades d'autres soldats, en particulier de son commandant. Les confidences que l'héroïne fait à son époux, dont elle cache le corps derrière un rideau, deviennent plus érotiques... et les hommes en prennent pour leur grade ! La jeune femme peut aussi s'appuyer sur une tante, qu'elle a fini par retrouver, et dont la situation... spéciale... est le résultat du mépris dans lequel sont tenues les femmes.

   La troisième partie est celle des coups de théâtre. La parole et le comportement de l'épouse sont de plus en plus libres. Elle oublie parfois de porter le voile, ne sait plus où se trouve l'exemplaire du Coran familial et ose se maquiller. C'est le moment qu'elle choisit pour révéler à son époux son plus terrible secret. La "pierre de patience" finit par exploser... mais je ne vous dirai pas comment.

   Après Wadjda, voilà donc un deuxième film sur les femmes en terre d'islam qu'il ne faut pas manquer. Ici, le réalisateur a su alterner les scènes de monologue (que l'actrice réussit à rendre intenses) et les scènes où surviennent des péripéties qui relancent l'action.

19:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 25 février 2013

Les Oscar 2013

   Plus que les César français, dont le palmarès 2013 me paraît particulièrement marqué par un certain parisianisme bien-pensant, les Oscar de cette année sont révélateurs de l'état du cinéma... et de la société américaine.

   Je ne suis pas mécontent qu'Argo ait été primé, même si ce n'est pas pour moi le meilleur film de l'année écoulée. J'aurais préféré que Django unchained obtienne la statuette, de même que celle du meilleur réalisateur pour Quentin Tarantino, même pas nommé dans cette catégorie (tout comme Ben Affleck). Qu'on lui attribue l'Oscar du meilleur scénario original n'est pas illogique mais, pour avoir revu récemment Django, je confirme que la mise en scène est vraiment très travaillée. (Suprême élégance, après avoir reçu le gros presse-papier, Tarantino a surtout pensé à remercier ses acteurs.) Je pense que, vu le contexte de violence par armes à feu (et le débat qu'elle provoque), il a paru peu opportun à nombre de membres de l'Académie de promouvoir un film qui traite avec autant de désinvolture l'usage des révolvers. (Zero Dark Thirty a été évincé du palmarès pour des raisons approchantes.) On se consolera avec le deuxième Oscar du second rôle pour l'excellent Christopher Waltz.

   C'était couru d'avance et c'est mérité : Daniel Day-Lewis est récompensé pour sa performance dans Lincoln, film qui repart beaucoup moins pourvu que ce qui était annoncé. Cela ne m'étonne qu'à moitié : Steven Spielberg a fait trop long, trop verbeux, même si c'est globalement du bel ouvrage (notamment grâce aux acteurs). Peut-être aussi certains votants n'ont-ils pas goûté cette vision de la politique, faite de compromis voire de compromissions. A Hollywood, on semble préférer Spielberg quand il fait rêver.

   Je ne suis en revanche guère emballé par la brochette de récompenses attribuée à L'Odyssée de Pi, film très surévalué à mon avis. Qu'Ang Lee ait obtenu l'Oscar du meilleur réalisateur pour ce long-métrage, où il n'est pas toujours à l'aise derrière la caméra, est limite un scandale, surtout quand on a vu ce qu'ont fait Tarantino ou même Spielberg. Pour les effets spéciaux, le prix paraît plus mérité... mais les votants ont peut-être été trop sensibles à certains aspects clinquants.

   En cette époque difficile de crise économique et de violences diverses, on a cherché un peu de bonheur dans les salles obscures... et l'on a récompensé ceux qui ont apporté juste un peu de joie, d'espoir. Cela permet de comprendre le choix des actrices (Jennifer Lawrence et Anne Hathaway), pour le premier comme le second rôle, ainsi que la statuette obtenue par le court-métrage d'animation Paperman, très réussi sur le plan visuel, mais assez passéiste sur le fond. Je me réjouis néanmoins que Jacqueline Durran ait été honorée pour les costumes (splendides) d'Anna Karenine.

   Au rayon des regrets, je range l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, qui a hélas échappé à A Royal Affair, que je ne saurais trop vous conseiller. Son interprète principale, Alicia Vikander, aurait (au moins) mérité de fouler le tapis rouge californien. Dans un autre genre, j'aurais aimé que Skyfall bénéficie de la reconnaissance des professionnels. Il a déjà eu celle du public, mais, la nuit dernière, on ne lui a pas laissé grand chose.

   P.S.

   Les curieux pourront s'amuser à chercher les signes de nervosité chez la chanteuse Adele, qui a interprété la chanson-titre en direct, devant ce public exigeant... et des millions de téléspectateurs. On la sent prendre de l'assurance au fur et à mesure qu'elle chante.

13:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 24 février 2013

Lore

   Il faut prononcer "Laurè". C'est sans doute une forme écourtée de Lorelei, puisée dans la mythologie germanique. Il n'est pas étonnant que les parents de l'héroïne, qui sont des nazis convaincus, aient choisi ce type de prénom. Ils sont à l'exemple des classes aisées qui ont ardemment soutenu la politique menée par Adolf Hitler. La mère est une femme au foyer prolifique, dont le cinquième enfant est encore un bébé. Son époux est un officier nazi, en poste sur le front de l'Est, dont certaines photographies (qu'il faut désormais détruire) évoquent une action particulièrement ignoble. Nous sommes en 1945, dans le Bade-Wurtemberg, et le IIIe Reich s'effondre.

   Le grand mérite de ce film est de nous faire revivre cette époque du côté allemand. A mon avis, la réalisatrice fait preuve d'un peu trop d'empathie pour certains personnages Elle prend toutefois soin de distinguer les catégories de populations. Les Allemands n'ont pas tous été nazis, loin s'en faut et, en 1945, dans les campagnes, c'est un peu chacun pour soi. Cette partie du film, qui voit la famille en fuite tirer le diable par la queue rappellera au public français des fictions consacrées aussi bien aux civils pendant la guerre qu'aux juifs cachés dans la France occupée.

   Très vite, c'est à la soeur aînée qu'incombe le rôle de maman de substitution. On sent qu'en dépit de son intelligence et de sa grande maturité, la charge est un peu lourde pour ses fragiles épaules. Il faut dire qu'en très peu de temps, elle découvre des côtés peu ragoûtants de la personnalité de ses parents et qu'elle est confrontée aux aspects les plus sordides de la guerre (égoïsme, meurtres et viols), alors qu'elle vivait jusque-là dans une bulle protégée. La jeune actrice Saskia Rosendahl excelle à restituer les sentiments troublés, parfois contradictoires, qui agitent l'héroïne.

   La rencontre d'un jeune juif (ou présumé tel) donne davantage d'épaisseur au périple des enfants. Les relations sont tendues, mais les uns ont besoin des autres... sans compter que les sentiments les plus forts (et déroutants) peuvent surgir quand on ne les attend pas.

   Cette deuxième partie est selon moi moins réussie que la première. Il y a une certaine complaisance dans l'accumulation des malheurs. Il me semble aussi que la réalisatrice n'a pas su trop quoi faire du drôle de couple qui était en train de se former. Les scènes deviennent très appuyées, lourdes... et ce bébé qui ne cesse de hurler est in-sup-por-table !

   Un quart d'heure avant la fin, une (nouvelle) révélation survient, qui change le déroulement du périple. Cela redonne de l'intérêt à l'histoire. Certains personnages finissent par trouver un refuge, du côté de Hambourg. Mais la réalisatrice n'a pas su terminer son film. Dommage.

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samedi, 23 février 2013

Antiviral

   Le talent (ou son absence) ne se transmet pas. Il peut s'acquérir grâce à une certaine familiarité avec un monde professionnel. Dans la famille Cronenberg, voici donc le fils Brandon, qui a travaillé jadis avec son père et qui signe là son premier long métrage.

   On ne sera pas étonné d'y retrouver certaines des obsessions du paternel, notamment le mélange du corps et de la machine (dans une scène d'hallucination qui voit le héros malade fusionner avec l'équipement qui lui permet de mener son petit trafic... et surtout à la toute fin, que je me garderai bien de raconter). Mais elles me semblent présentes à titre d'hommage, le fils ayant déjà un style bien affirmé.

   Le tour de force de ce film est de réussir à créer une ambiance de science-fiction avec très peu de moyens "modernes". Vous ne verrez pas ici une débauche d'effets spéciaux et d'incrustations numériques. C'est grâce aux décors, à l'éclairage, à la musique (totalement en phase avec l'ambiance de l'histoire ; elle est signée E.C. Woodley), au cadrage et au jeu des acteurs (Caleb Landry Jones : un nom à retenir) que cet univers est rendu vraisemblable. C'est emballant... et cela m'a un peu rappelé THX 1138, de George Lucas, où la couleur dominante est aussi le blanc.

   Cette pureté et cette propreté apparentes masquent la cupidité, les magouilles... et finalement le sang. L'intrigue mêle un polar, une étude de moeurs (très pessimiste sur l'évolution de notre société du spectacle et de l'argent roi), une ébauche d'histoire d'amour et l'expérimentation médicale.

   J'ai été "pris" dès le début. Le réalisateur a eu soin de ne pas démarrer trop rapidement pour que tout le monde rentre dans l'intrigue. Elle est plus complexe qu'il n'y paraît. Par contre, dans la seconde moitié du film, quelques coupes auraient pu être pratiquées, non pas que certaines scènes soient inutiles, mais il aurait été judicieux d'en écourter plusieurs, où la caméra s'attarde inutilement.

23:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 22 février 2013

Hôtel Transylvanie

   Cette animation grand public joue sur les stéréotypes... et un humour souvent potache : le pipi-caca-prout-morve-vomi... d'où mon intérêt !

   Pour le pipi-caca, on a par exemple le changement des couches de l'héroïne (quand elle est bébé)... par le comte Dracula en personne... eh oui, papa met la main à la pâte... mais sans se salir les doigts ! Quel pro !

   Au niveau du prout, il faut signaler le gag ÉNORME qui entoure l'arrivée de la momie... à qui le monstre de Frankenstein joue un tour pendable... mais tellement drôle ! (De manière générale, la première demi-heure est excellente.)

   Du côté du vomi, c'est la mouche qui se distingue... parfois imitée par des convives un peu bas du plafond. Qu'en pense David Cronenberg ?

   Enfin, la morve apparaît au détour de l'intervention d'un horrible cuistot français, accompagné de son rat (clin d'œil moqueur à Ratatouille).

   Vous l'aurez compris, cette production Sony est farcie de références aux classiques du cinéma et du film d'animation... mais les (pas trop) jeunes n'ont pas besoin de cela pour apprécier l'histoire.

   J'ai aussi aimé le contraste entre l'autoritarisme apparent de Dracula (tantôt d'une raideur glaciale, tantôt diaboliquement infernal) et son côté "papa poule". Ce n'est pas d'une très grande subtilité, mais c'est mis en scène de manière efficace, avec des mouvements rapides, des formes étudiées, tant au niveau des visages que des vêtements des personnages.

   On a donné à la fille du comte une apparence un brin "gothique". On a eu la bonne idée de ne pas fringuer la jeune (118 ans !) Mavis comme certaines pétasses des productions destinées à la jeunesse : elle porte une robe moulante courte, des collants bariolés et des chaussures plates... mmm... c'est mimi tout plein, ça. (Dans la version française, c'est Virginie Efira qui lui prête sa voix, avec talent. Rappelez-vous : elle incarnait déjà la délicieuse Kitty dans Le Chat Potté... et d'ailleurs, dans ce film, l'un des personnages nous la joue "chat apitoyeur".) Ajouté aux décors et à la tronche des invités, cela donne un petit côté "Famille Adams" à cette ambiance décalée, teintée d'humour noir.  

   Par contre, le jeune héros est assez agaçant. C'est un mélange de randonneur "cool" et de DJ. Il est certes sympathique, mais énervant par son obstination à vouloir faire la teuf'. Ne parlons pas de la bande musicale, qui voit alterner titres dance, morceaux de rap et chansons à la guimauve... Beurk !

   A ces deux réserves près, c'est un bon divertissement.

21:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 21 février 2013

L'Oscar du court-métrage d'animation 2013

   Comme en 2011, la compétition s'annonce serrée. J'ai envie de classer les cinq nominés en trois catégories : les outsiders talentueux, les productions de renom... et mon préféré.

   Les outsiders sont au nombre de deux. Les amateurs de cuisine moléculaire se délecteront à la vision de Fresh Guacamole, d'une indéniable habileté visuelle, mais à l'histoire un peu limitée :

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   Plus fouillé, Head over heels raconte la vie de ce vieux couple qui ne communique plus. La rupture du lien (malgré la poursuite de la cohabitation) est matérialisée par la mise en scène sur deux plans inversés :

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   Face à ces deux films, on trouve deux productions plus classiques, soutenues par de grosses machines.

   Celle qui a suscité le plus de buzz sur la Toile est Paperman (sortie de chez Disney). Ce superbe noir et blanc évoque le début d'une histoire d'amour entre deux employés, l'homme semblant exercer une activité professionnelle particulièrement rébarbative. Mais, un jour, sur le quai d'une station de métro, un "accident" vient mettre un peu de couleur dans sa vie :

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   De son côté, la Twentieth Century Fox a produit The Longest Daycare (qui a été projeté en salle, en guise d'introduction à L'Age de glace IV). L'héroïne n'est autre que Maggie Simpson, dont l'ingéniosité va se révéler précieuse dans le monde impitoyable de la crèche locale :

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   Notons que ces cinq minutes sont bien plus drôles que la quasi-totalité des épisodes des Simpson que j'ai pu voir (pas énormément, vu que je ne goûte guère la série).

   Mon chouchou reste toutefois Adam and dog, qui narre la rencontre entre le premier homme et ce qui pourrait être le premier chien. Le coup de la domestication est un peu facile, mais les sons comme les images sont vraiment splendides... et l'histoire nous ménage quelques surprises, le véritable héros étant le chien :

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20:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 16 février 2013

Comme un lion

   Ce lion est un jeune Sénégalais, Mitri Diop, passionné de football, pour lequel il semble avoir des aptitudes (c'est un peu la vedette de son village). Pour l'incarner, le réalisateur Samuel Collardey (remarqué naguère pour son excellent documentaire-fiction L'Apprenti) a choisi un acteur non professionnel, habile au maniement de la balle, qu'il est allé chercher en Afrique :

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   Il vit avec sa grand-mère, sans que l'on sache ce qu'il est advenu de ses parents. La première partie du film nous montre quelques aspects de la vie au village (où l'on cause dans un wolof mâtiné de français), entre les gamins qui ne pensent qu'au foot et les (grands)mères qui gèrent l'économie locale. (Les hommes adultes sont peut-être nombreux à être partis dans une pirogue.)

   Le film s'est inspiré d'une histoire vraie qui, hélas, s'est souvent produite ces dernières années : le trafic de jeunes joueurs africains, par des agents (européens et africains) véreux. On voit donc débarquer un prétendu détecteur de champions, ancien professionnel camerounais, qui va embobiner tout son monde... et escroquer la grand-mère.

   La deuxième partie du film montre l'arrivée en Europe, où les ennuis vont s'accumuler pour le héros. Deux personnages vont jouer des rôles antagonistes : l'agent français, incarné avec brio par Jean-François Stévenin, et une jeune (et ravissante) Africaine pleine de répartie, Fatou. L'action se déroule dans l'agglomération parisienne, entre barres de HLM et foyers d'immigrés. On découvre le fonctionnement de la législation française.

   La troisième partie est celle des occasions, ratées ou pas. On se retrouve dans le Doubs, entre Sochaux et Montbéliard. Mitri tente de s'intégrer au club de juniors entraîné par Serge, ancien jeune talent qui a mal tourné (interprété par l'excellent Marc Barbé, déjà vu dans Cloclo et L'Ennemi intime) :

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   Les scènes d'entraînement et de jeu sont vraiment bien filmées. On sent que Collardey connaît un peu le foot et qu'il a compris qu'il fallait mettre en scène la représentation du sport. Il n'oublie pas qu'il est documentariste : cette partie du film dresse un portrait social de la région de Montbéliard, entre fête de province (un mariage qui pourrait se tenir dans n'importe quelle petite ville de France) et travail à l'usine, la "Peuge".

   On se rend compte que les deux protagonistes principaux ont leurs failles et, si l'intrigue tourne toujours autour du possible succès du jeune surdoué du foot (qui s'entraîne comme un malade), un coup de projecteur est donné sur la vie des anciens, pas assez riches pour vivre sur un grand pied et frustrés de la (relative) gloire perdue.

   C'est donc un "petit" film remarquable, qui a l'intelligence de ne pas traiter du football que sur le mode sportif, dans un monde de mecs où les femmes jouent un rôle important.

   P.S.

   Parmi les histoires qui ont inspiré Samuel Collardey, il y a sans doute celle d'un Camerounais de 20 ans, Stéphane, qui a eu un parcours encore plus chaotique que celui du héros du film.

   P.S. II

   L'association Foot Solidaire tente de protéger les jeunes joueurs des maquignons du football, qui s'enrichissent sur le talent et la crédulité d'autrui.

15:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 15 février 2013

The Master

   De Paul Thomas Anderson, j'ai beaucoup aimé Boogie Nights, Magnolia et There will be blood. C'est un véritable auteur, capable de développer un univers original. Dans son dernier film, il s'inspire de la vie du fondateur de la secte scientologue, Ron Hubbard (dont le premier prénom Lafayette, est transformé en Lancaster), pour mettre en scène la relation trouble qui va naître entre deux hommes, le Maître et le disciple, incarnés par deux acteurs de poids, Philip Seymour-Hoffman et Joaquin Phoenix.

   La première heure est un régal. On découvre des soldats américains désoeuvrés... et traumatisés par ce qu'ils ont vécu durant la Seconde guerre mondiale. Une séquence m'a particulièrement marqué : la construction et "l'entretien" d'une sculpture de sable de femme, sur une plage. En accord avec le désordre intérieur des personnages (dont le principal), la musique dysharmonique convient parfaitement à la première moitié du film.

   Quell-Phoenix ne parvient pas à se réinsérer dans l'Amérique de la fin des années 1940. Photographe dans une galerie commerciale, il se fait virer à cause de ses sautes d'humeur. Travailleur saisonnier dans l'agriculture, il s'attire l'hostilité de certains ouvriers à cause de son alcool frelaté... parce qu'il faut dire que le monsieur est une véritable éponge. Cumulé à sa maladie mentale, son alcoolisme fait de lui un être instable par essence, qui semble voué au malheur.

   La rencontre avec le gourou de la Cause est un tournant. Le tempérament peu ordinaire de Quell s'accommode très bien du fonctionnement étrange des groupes placés sous l'influence de Lancaster Dodd. Philip Seymour Hoffman est excellent... mais rendu trop sympathique à mon avis. Il est entouré d'une pléiade de femmes, toutes très bien jouées. Sans que cela soit trop montré, il est évident que sexe et pouvoir spirituel sont liés. Là encore une séquence est particulièrement forte, celle qui présente le héros, sous le coup d'une hallucination, voyant toutes les femmes nues lors d'une soirée. Un peu plus loin, la nouvelle épouse du Guide (Amy Adams, très bien) tente de reprendre le dessus sur son homme en le "finissant" à la main. Elle estime que le dernier ami de son époux occupe trop de place... et qu'il exerce une mauvaise influence, en raison du breuvage qu'il fabrique.

   A partir du moment où la secte (et son gourou) décident de s'occuper de Quell (pour le "guérir"), l'ambiance retombe. C'est une grosse déception. Les scènes deviennent inutilement longues. Phoenix en fait des tonnes, façon actors studio. C'est à ce moment-là que je me suis souvenu que je l'avais pas tellement aimé dans La Nuit nous appartient. Pourtant, il y avait de l'idée dans cette opposition du gras et du maigre, du charismatique et de l'introverti, du réfléchi et de l'impulsif. Dans la seconde moitié du film, seule la séquence du désert (avec la moto) redonne un peu de souffle à l'ensemble. Mais Anderson ne parvient pas à terminer son film et l'on sort de là finalement dépité.

19:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 14 février 2013

Lincoln

   Steven Spielberg enchaîne les films à gros budget ; Lincoln succède aux Aventures de Tintin et au Cheval de guerre. Par contre, il change de genre. Il s'agit ici d'une tentative de reconstitution historique, minutieuse, sans guère de spectacle. Et pourtant, en toile de fond se trouve la Guerre de Sécession, dont la conclusion pèse sur l'aboutissement d'un projet cher au coeur du président des Etats-Unis : le vote du treizième amendement, abolissant l'esclavage.

   Les interprètes sont souvent excellents, à commencer par Daniel Day-Lewis, auteur une nouvelle fois d'une prestation remarquable. (Il me manquait depuis There will be blood.) Il campe à la perfection ce grand idéaliste à la morale inflexible, qui va devoir se faire plus dur et plus manipulateur pour parvenir à ses fins. Il va être aidé par les "gauchistes" de l'époque (appelés "radicaux"), qui vont accepter de modérer leur attitude. Dans ce groupe se distingue Thaddeus Stevens, incarné avec talent par Tommy Lee Jones. Ce personnage nous réserve des surprises... jusqu'à la toute fin !

   Trois autres groupes épaulent le président : les proches, les républicains conservateurs (qu'il faut toutefois convaincre... voire tromper) et un trio d'employés véreux, chargés de faire basculer certains votes (chez les démocrates, dont l'écrasante majorité est contre le projet de Lincoln). Leurs interventions sont savoureuses... et rappellent qu'il est difficile d'envisager de faire de la politique à un haut niveau sans parfois se salir les mains. Le film aborde ces questions délicates, sans aller toutefois au fond des choses.

   La description du processus parlementaire alterne avec les moments familiaux. Spielberg a voulu montrer que ce président si populaire, qui a marqué son temps, n'a pas été heureux. Il a perdu un fils, a vu s'effilocher son mariage. (Sally Field, qui joue l'épouse, en fait un peu trop à mon goût.) Les relations avec son fils aîné ne sont pas très bonnes non plus. (Dans le rôle, Joseph Gordon-Levitt m'a paru moins convaincant que dans Looper.)

   2h30, c'est toutefois un peu long et, si certains morceaux de bravoure parlementaire méritent le détour, on aurait pu (dû) pratiquer quelques coupes. Notons que si le matériau est historique, le film peut aussi se voir comme un polar politique. La réalisation en est soignée, Spielberg semblant avoir été particulièrement attentif au placement de la caméra. Il est néanmoins desservi par une musique trop présente, qui a tendance à surligner. On a l'impression d'avoir déjà entendu des dizaines de fois certains passages. (John Williams nous a habitués à mieux.)

   Bref, c'est plutôt un bon film, mais avec quelques défauts notables.

mercredi, 13 février 2013

Hiver nomade

   Ce documentaire est consacré à une pratique qui ne cesse de décliner, la transhumance ovine (hivernale) en Suisse romande. On suit, sur une saison de quatre mois, deux bergers et leurs animaux de compagnie (ânes et chiens), dans leur périple professionnel.

   Le berger en chef est un Français (corrézien de naissance), Pascal, la cinquantaine, autodidacte, débrouillard, paternaliste, charismatique, amoureux de la nature. Il dirige le troupeau de main de maître... et forme son assistante, Carole, une Bretonne pleine de courage, mais parfois un peu dépassée par les événements... et on la comprend.

   Le film montre la dureté de la vie au quotidien face aux éléments : le froid, la neige (précoce cette année-là), la pluie. L'installation des bâches, le soir, est une étape-clé : elle va donner un peu de répit aux bergers, même si, en période de transhumance, on doit toujours rester sur le qui-vive. On apprécie d'autant plus certains petits plaisirs, comme ces huîtres dégustées au tournant de la nouvelle année.

   Les humains sont très dépendants de l'aide que leur apportent les ânes et les chiens. Les premiers, pas toujours dociles, transportent leur "kit de survie". Ils sont fortement mis à contribution, au point que l'un d'entre eux doit être remplacé, en cours de transhumance.

   Les chiens, eux, sont indispensables à la conduite et la surveillance du troupeau (qui atteint 800 têtes au plus haut)... mais certains canidés ont tendance à n'en faire qu'à leur tête. Le parcours est donc aussi l'occasion de parfaire leur dressage... et de commencer celui du dernier venu, qui a la chance de débuter le voyage dans la poche du vêtement ample de la bergère ! (Il est mignon tout plein.) On découvre certaines pratiques des bergers, comme le choix dans le troupeau de "poissons-pilotes", des moutons leaders, qui bénéficient d'une nourriture d'appoint et entraînent le reste du groupe là où les humains veulent les mener.

   Entre les deux bergers, les relations sont parfois un peu tendues. Incontestablement, ils s'entendent bien, mais le "chef" voudrait bien que son assistante devance ses demandes. Elle aussi est un peu en formation. Ceux qui ont vu Entre les Bras ne seront pas étonnés que des proches soient parfois sans concession l'un pour l'autre dans le cadre de l'activité professionnelle.

   La photographie est superbe. Il faut dire que le sujet s'y prête. On est dans les Alpes suisses, enneigées la majorité du temps. Avec les bergers, on goûte la quiétude des pâturages d'altitude. On apprécie le silence de la campagne. Les rencontres que l'on fait sont parfois enrichissantes, parfois sources de tension, comme celle de paysans locaux qui, sans le dire explicitement, font comprendre à nos héros qu'il faudrait qu'ils dégagent rapidement, sans empiéter sur leurs terres.

   Notons que le périple est géré à distance par un patron (qui a constitué le troupeau). Il vient de temps à autre voir comment cela se passe sur le terrain... mais aussi pour récupérer des bêtes engraissées et les vendre après abattage.

   Ce n'est pas long (1h25), c'est joli à regarder et on apprend des choses. Un film à découvrir, un peu comme Jon face aux vents, l'an dernier.

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dimanche, 10 février 2013

Wadjda

   Première surprise concernant ce film : il cartonne à l'Utopia de Toulouse. J'ai dû faire la queue pour acheter la place et, lorsque la séance a commencé, la salle 1 (la plus grande) était presque pleine... de femmes ! Des (très) jeunes (venues avec leur maman) et des très âgées, qui ont parfois réussi à entraîner leur compagnon. L'un d'entre eux a d'ailleurs roupillé à côté de moi pendant une bonne partie du film !

   Le début m'a un peu inquiété. J'ai redouté un film illustrant le "féminisme de salon", dénonçant les méchants islamistes qui empêchent les femmes de se maquiller et de porter des hauts talons. La jeune Wadjda apparaît comme attirée par ce qui choque les conservateurs : elle ne peut pas se séparer de ses baskets Converse, écoute de la musique occidentale, porte des piercings (discrets) et rechigne à ajuster le voile (quasi) intégral dans lequel l'idéologie fondamentaliste veut enfermer les femmes. Au quotidien, elle se fait taquiner par l'un de ses voisins, pas très sympathique de prime abord... et ses parents (appartenant visiblement à la classe moyenne) ne semblent pas beaucoup s'occuper d'elle.

   Mais, au fur et à mesure que l'on découvre les personnages, que nous est révélée la vie quotidienne de certaines femmes saoudiennes, cela devient passionnant. C'est d'abord dû à l'interprète du rôle-titre. Cette petite Waad Mohammed est pétrie de talents et sait magnifiquement faire passer à l'écran l'ironie frondeuse que la réalisatrice Haifa Al Mansour a distillée dans l'intrigue.

   Pourtant, la vie n'est pas drôle pour les femmes dans ce pays. Si, à l'intérieur de leur logement, elles évoluent dans les habits de leur choix, dès qu'elles sortent, elles doivent se soumettre à l'un des plus rétrogrades codes vestimentaires qui soient. Mais ce n'est pas tout. On sent la domination des hommes au quotidien : les femmes sont dévolues aux tâches ménagères et à la procréation. (C'est d'ailleurs parce qu'elle ne peut pas donner de fils à son mari que la mère de l'héroïne va devoir accepter qu'il prenne une deuxième épouse. Ajoutons que l'arbre généalogique familial ne mentionne que les hommes.) Elles n'ont pas le droit de vote et rencontrent de grandes difficultés pour exercer une activité professionnelle.

   Les scènes d'école sont très réussies. On y voit le contraste entre la bigoterie imposée aux filles et leur désir de vivre la vie de leur choix (du moins pour les plus rebelles). La petite Wadjda réussit à se faufiler entre les gouttes. Elle y mène ses petites affaires... et n'hésite pas à monnayer ses services ! Suprême habileté, elle va faire croire à son nouveau zèle religieux, pour tenter de remporter un concours portant sur la connaissance et la récitation du Coran ! Pour cela, elle achète un DVD-quiz et s'inscrit à des séances de psalmodie. Son véritable but est de gagner suffisamment d'argent pour pouvoir acheter le vélo de ses rêves.

   Trois beaux personnages entourent celui de Wadjda : sa mère, son voisin et la directrice de l'école. La première est sans cesse sur la brèche, entre un mari qui la délaisse, un travail qui l'éloigne de sa fille et un transporteur indélicat. (Elle fait un geste magnifique, pour sa fille, à la fin du film.) Le deuxième est finalement plus sympathique qu'il n'y paraît. On comprend rapidement qu'il en pince pour cette voisine anticonformiste, un peu chieuse sur les bords, mais qui a tellement de charme. La troisième est le personnage le plus ambigu. A l'intérieur de l'école, l'apparence qu'elle se donne pourrait la faire passer pour une parfaite occidentale. Et pourtant, c'est la plus acharnée à faire respecter le règlement, dans ses aspects les plus stricts. On finit par apprendre qu'elle eut une jeunesse sans doute tapageuse et que sa vie privée n'est peut-être pas aussi conforme à la morale islamique qu'on pourrait le croire.

   C'est donc un film riche de contenu, avec un aspect documentaire, mais souvent drôle. La réalisatrice sous-entend que, pour les femmes de 30-50 ans, la cause paraît perdue, mais que si celles-ci se battent, l'espoir est permis pour la génération suivante.

13:36 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film

samedi, 02 février 2013

Django unchained

   Dans son nouveau film, Quentin Tarantino pratique l'hommage, le calque et le retournement. Django unchained est donc formaté comme un western spaghetti. C'est particulièrement sensible au niveau des incrustations à l'écran et de la musique. Sergio Leone n'est pas loin, notamment dans un plan sur les yeux de Django-Jamie Foxx qui, de surcroît, est là pour régler de vieux comptes.

   Cependant, à la différence de ses illustres devanciers, Tarantino choisit de placer au centre de l'action un Noir. Il pousse le vice jusqu'à montrer celui-ci châtiant d'immondes Blancs racistes. Voilà le retournement. Comme dans Inglourious Basterds, il réécrit l'histoire au profit des victimes.

   La première séquence est une véritable merveille. Il y a tout : une ambiance nocturne chiadée, un souci du détail, aussi bien dans les scènes de dialogue que dans la baston (assez brève... ce n'est que la mise en bouche, voyons !). Et parlons-en, des dialogues (en vo sous-titrée, c'est mieux : on savoure les passages en français, entendus dans la seconde partie) : Christopher Waltz (qui confirme tout le bien que je pensais de lui déjà dans Carnage) se pourlèche les babines des répliques que lui a concoctées Tarantino. Le plaisir continue dans la bourgade de péquenots, qui nous montre une seconde fois le "docteur" Schultz dans ses oeuvres.

   En dépit du titre, c'est donc bien le personnage incarné par Christopher Waltz qui est le héros de la première partie. Il mène l'action, tel un deus ex machina sorti de sa roulotte de dentiste (excellente trouvaille). Les plus belles répliques sortent de sa bouche. Mais, petit à petit, Django, au départ timoré et interloqué (mais ravi de sa nouvelle liberté), va prendre de l'assurance. Si la qualité des dialogues s'en ressent, l'action gagne en intensité : la sauce tomate jaillit davantage des corps (jusqu'à tapisser les murs) et l'on voit encore plus de cadavres propulsés ou déformés par la balle qui les atteint. On aura compris qu'il ne faut pas chercher trop de vraisemblance dans les scènes de baston. On est juste là pour prendre son pied.

   Les bons esprits regrettent l'abus de violence gratuite... mais on est chez Tarantino. (N'y emmenez donc pas vos gamins !) Il n'est pas moins ambigu que dans ses précédents films. C'est évidemment bourré d'humour. Les drogués de mise en scène apprécieront particulièrement certains moments, comme le service de la bière (dans la première partie) ou "le spectacle d'intérieur", qui voit nos héros rencontrer un gros enculé efficacement interprété par Leonardo DiCaprio. Toutefois, côté acteurs, dans la seconde partie, c'est Samuel L. Jackson qui casse la baraque. Il joue une sorte d' "Oncle Tom" odieusement servile... machiavélique au fond.

   Son arrivée à l'écran coïncide avec le retour des dialogues percutants. La parole, comme toujours chez Tarantino, permet de faire basculer l'action. Elle va d'ailleurs sauver la mise à l'un des héros et faire rebondir une nouvelle fois l'action, histoire que le film se conclue sur un ultime massacre.

   Et les femmes, là-dedans ? On les voit peu. C'est étonnant, parce que Quentin nous avait habitué à des personnages féminins plus étoffés. Ici, elles jouent les utilités (comme dans les westerns spaghetti dont il s'inspire). On se pose néanmoins des questions sur la "femme masquée", qui fait partie de la troupe de soudards employée par Candie-DiCaprio. On la voit à l'occasion de la capture d'un évadé, dans le transport qui suit vers la propriété du maître, ainsi qu'à la fin, dans une baraque où s'entassent les employés : elle y visionne des images touristiques de la Grèce. Tarantino avait visiblement prévu de consacrer quelques scènes à ce personnage... Va falloir se ruer sur les bonus du DVD !

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jeudi, 31 janvier 2013

Zero Dark Thirty

   Le titre évoque un moment de la nuit, celui durant lequel on imagine que les Navy Seals ont pris d'assaut le refuge d'Oussama ben Laden, au Pakistan, en mai 2011.

   Le film était attendu pour ce qu'il était censé montrer. Il est d'abord intéressant par ce qu'il ne montre pas à l'écran. Cela commence par la référence aux attentats du 11 septembre 2001, présentés uniquement par voie sonore, avec un écran noir. N'oublions pas que la réalisatrice est américaine et que, pour son public national, ces événements constituent peut-être la plus terrible catastrophe humaine de l'histoire du pays. Il leur faudra encore un peu de temps pour réaliser que, dans d'autres pays du monde, des horreurs bien pires ont été perpétrées. Ce "noir" visuel nous pousse néanmoins à tendre l'oreille. L'un des coups de fils choisis est celui d'un jeune homme, qui tente de rassurer sa famille en précisant que, si un avion a bien percuté la tour n°1, lui se trouve dans la tour n°2... en sécurité.

   Le film, bien que minutieusement construit, fourmillant de détails, reste très évasif sur son personnage principal , l'agent de la CIA Maya (incarnée par Jessica Chastain, une nouvelle valeur sûre de Hollywood, déjà remarquée pour ses prestations dans L'Affaire Rachel Singer et La Couleur des sentiments). Quand bien même ce personnage est la fusion de plusieurs personnes réelles, on aurait pu nous en dire plus sur son passé. On comprend qu'elle a été recrutée très jeune par la CIA, en 2000 ou 2001. Vu l'obstination dont elle fait preuve dans la traque de ben Laden (et sa réaction tout à la fin, après la découverte de son cadavre), on en déduit qu'elle a perdu un ou plusieurs proches le 11 septembre 2001. L'actrice donne de la vraisemblance à ce personnage de moine-soldat au féminin, mais le scénario la dessert un peu.

   A ce propos, on notera que la caméra ne filme jamais entièrement le chef terroriste, et surtout pas en gros plan. Si l'on conçoit que ce n'est pas l'homme qui est le plus dangereux, mais les idées qu'il véhicule, c'est logique. On nous a aussi épargné la scène de largage du corps en pleine mer (si cela s'est réellement passé ainsi). De ce point de vue toutefois, le film se situe dans la lignée de la politique américaine, qui a voulu éviter de faire du terroriste une icône, mais qui est arrivée au résultat exactement opposé. La découverte de ben Laden dans le sac mortuaire m'a irrésistiblement fait penser à la mort d'Ernesto Guevara... joli paradoxe qui voit un révolutionnaire athée et un intégriste musulman devenir des figures christiques !

   Il n'est pas non plus question des trois plus terribles attentats antioccidentaux qui ont succédé à ceux du 11 septembre 2001 : Bali (en octobre 2002), Madrid (en mars 2004) et Londres (en 2005). On pourrait justifier ces omissions en précisant que leurs auteurs avaient des motivations plus nationales qu'internationales. On pourrait aussi relier ces oublis à ce que déclare Maya (dans le film) à l'un des pontes de l'espionnage yankee : tuer ben Laden désorganiserait le réseau d'Al Qaïda et réorienterait sans doute l'action de certains groupes vers des objectifs nationaux. En gros, les Etats-Unis seraient un peu plus peinards, alors que leurs alliés auraient davantage de soucis à se faire...

   Le film nous propose par contre de vivre du côté de la CIA deux attentats dont on a entendu parler, sans en saisir tous les enjeux à l'époque. Cela commence avec l'explosion d'un camion piégé à l'hôtel Marriott d'Islamabad, au Pakistan, en 2008. Présenté à l'époque comme une démonstration anti-occidentale de force, l'attentat semble avoir aussi eu des cibles très précises. Il en est de même avec celui de la base Chapman (en Afghanistan), en 2010. Dans le film, on le sent venir à des kilomètres. Ce manque de subtilité est contrebalancé par l'efficacité de la réalisation (Bigelow avait fait ses preuves avec Démineurs) et la qualité de l'interprétation.

   C'est assez révélateur de l'ensemble du film : un produit bien fichu, documenté, mais très ambigu sur le fond. Le cas de la torture est exemplaire. On nous montre de longues scènes d'interrogatoire ou de mise sous pression. On peut à la fois féliciter la réalisatrice pour sa volonté de montrer la fange dans laquelle certains de ses personnages se vautrent. Mais un mauvais esprit pourrait objecter que la réussite de la traque de ben Laden reposerait, au moins en partie (selon le film), sur ces séances de torture...

   Les amateurs de cinéma sont heureusement servis par plusieurs très bonnes séquences, comme la filature du messager de ben Laden, en pleine jungle urbaine pakistanaise (reconstituée en Inde !), détecteurs ultra-sophistiqués à l'appui. J'ai aussi particulièrement aimé la séquence de l'assaut du refuge pakistanais, filmé de nuit (avec une caméra spéciale) et dans un silence étouffant... à travers lequel, dans un premier temps, on ne perçoit que quelques bruits. Élément positif supplémentaire, le scénario se démarque ici de la version officielle de Washington, pour s'inspirer du récit d'un Navy Seal, ancien membre du commando, qui a révélé que ben Laden a été abattu alors qu'il ne représentait pas de menace directe pour les soldats. Cette expédition était donc bien une vengeance, pas du tout un acte de justice. C'est d'ailleurs l'impression qui se dégageait du titre originel de ce (très) long métrage, "For God and Country".

samedi, 26 janvier 2013

Le Roi du curling

   Quelque part entre les Deschiens et Groland, cette comédie provinciale norvégienne pratique l'humour à froid... ce qui n'est guère surprenant dans ce pays spécialiste des sports d'hiver. Le curling est l'un d'entre eux. Pour les Européens de l'Ouest et du Sud, c'est une curiosité ethnologique, un peu comme le cricket ou le base-ball. Très populaire dans certains pays, on pourrait rapprocher sa pratique de celle de la pétanque ou des quilles chez nous : l'élite goûte peu ces activités sportives, alors qu'elles réclament beaucoup de concentration et d'habileté.

   Ici, le héros, Truls Paulsen, est un monomaniaque qui considère ce sport comme un art. La moindre contrariété peut le faire disjoncter. La première partie du film nous montre donc la déchéance du champion, qui entraîne avec lui les membres de son équipe. Les hommes ont tous (plus ou moins) du bide... et souvent des problèmes psychologiques. Truls est un obsédé du rangement, son numéro 2 n'arrive plus à dormir, un troisième ne pense qu'à observer des oiseaux et le quatrième membre de l'équipe, véritable érotomane, saute sur tout ce qui bouge.

   La deuxième partie du film montre ces gaillards en train de vivoter. On s'attarde tout particulièrement sur Truls, persécuté par sa mégère de femme. (Les séquences de salon, face à la télévision, valent leur pesant de cacahuètes !) Par contre, au boulot, on le ménage. Bourré de cachets, il fréquente un club de parole, où il rencontre un tas de dingos sympathiques... notamment un pépé atteint du syndrome de Tourette et une sorte d'artiste, très mignonne, qui va s'amouracher de lui... on se demande bien pourquoi !

   La troisième partie est celle de la renaissance. Afin d'y parvenir, Truls va devoir s'émanciper de la tutelle de sa femme, remédier au problème de sommeil de son second, récupérer l'ami des oiseaux et canaliser l'énergie sexuelle du dernier acolyte. Le nouveau championnat approche. L'équipe la plus dangereuse est menée par l'éternel rival de Truls, un gros vantard permanenté, qui se prend pour le roi du monde... et que l'acteur norvégien a visiblement pris un grand plaisir à incarner !

   Si le comique de situation basique (et un brin puéril) ne vous rebute pas, si vous avez apprécié un film comme Norway of life, ne ratez pas cette petite comédie, qui réussit à rendre passionnante une partie de curling !

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dimanche, 20 janvier 2013

Jean de la Lune

   Je suis un peu comme certains personnages adultes de ce dessin animé : j'avais oublié Jean de la Lune, alors que c'est une figure dont on m'avait parlé dans l'enfance. Mi-extraterrestre mi-humain, il se retrouve sur Terre, pour son bonheur comme pour son plus grand malheur.

   L'unique habitant de la Lune s'ennuie. Voilà pourquoi il quitte notre satellite pour gagner notre planète, où il va faire la connaissance d'enfants (qui ne peuvent s'endormir sans sa présence rassurante), d'un savant fantasque et génial (Ekla des Ombres) et d'un dictateur mégalomane, qui se fait passer pour son ami.

   Cette animation en apparence anodine brasse donc des thèmes importants : l'amitié, la nature, l'ambition, la servilité. Le fil rouge est une voiture américaine, que l'on voit partir d'un cinéma en plein air au début du film (et qui y retourne tout à la fin, je vous laisse découvrir pourquoi).

   On sent que Tomi Ungerer, marqué par les totalitarismes du XXe siècle, a voulu les dénoncer. Il croise le portrait sans concession du dictateur avec un rapide tableau de la société de cour qui l'entoure, l'accent étant mis sur son bras droit, un crétin servile. Une touche d'humour vient à chaque fois ridiculiser la grandiloquence de ces importants : un ours, utilisé comme trophée, statue ou carpette... mais toujours vivant, ce qu'il cherche évidemment à cacher !

   La fantaisie est de mise chaque fois que le scientifique Ekla est à l'écran. Un peu trop naïf, il se fait dans un premier temps manipuler, avant de contribuer au sauvetage du héros.

   L'animation est assez perfectionnée. De prime abord, cela ressemble à certaines productions françaises, avec un côté art-déco. Mais, dès que l'on s'intéresse aux mouvements des personnages, on se rend compte de la méticulosité du travail effectué. La musique d'accompagnement, très variée, est vraiment chouette.

   Petit bémol à mon enthousiasme : le rythme est un peu lent. On aurait pu pratiquer quelques coupes, pour aboutir à un film d'1h20 - 1h25, au lieu d'1h35.

   PS

   Sur le site dédié, on peut télécharger divers documents, notamment un dossier d'images à colorier, pour les enfants.

13:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 18 janvier 2013

Argo

   Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Alors que le film de Ben Affleck vient de recevoir deux Golden Globes ("meilleur film dramatique" et "meilleur réalisateur") et qu'il est sept fois nominé aux Oscar, certains cinémas ont eu la bonne idée de le reprogrammer... ce qui m'a permis de le voir, enfin.

   Même si l'essentiel de l'histoire se déroule à Téhéran, en Iran (les scènes correspondantes ayant été tournées en Turquie), un nombre non négligeable de séquences ont pour cadre soit Washington (et la Virginie), coeur du pouvoir politique états-unien, soit la Californie et Hollywood, coeur du pouvoir culturel yankee. On nous présente deux milieux très contrastés, l'un peuplé de types cassants et engagés dans des luttes d'influence, l'autre de branquignols plus ou moins doués, capables du meilleur comme du pire. Je vous laisse imaginer dans quelle catégorie il faut ranger la CIA... Cela nous vaut quelques moments savoureux, avec de vieux routiers comme John Goodman.

   Le coeur du sujet est la crise des otages. Les scènes de foule iranienne sont particulièrement réussies. Les précieuses anecdotes de tournage du site Allociné nous apprennent que des techniciens ont été mêlés aux figurants. L'impression de réalisme est grande... et, si l'on a déjà vu certaines images d'époque (notamment l'assaut contre l'ambassade américaine), on est frappé par la ressemblance.

   Viennent ensuite les moments plus intimistes, centrés sur les six réfugiés logés chez l'ambassadeur du Canada. C'est le prétexte à un beau portrait de groupe, avec des acteurs très bons, choisis aussi sans doute pour leur ressemblance avec les personnages qu'ils incarnent. (Je conseille de rester à la fin : on nous propose une intéressante comparaison entre les images réelles et certaines, issues du film.) On ne nous cache pas leurs faiblesses, leurs dissensions. Les spectateurs peuvent facilement s'identifier à ces individus qui ne semblent pas sortir de l'ordinaire. L'un d'entre eux, Marek Lijek, a récemment livré son témoignage.

   La dernière partie du film est construite sur le mode du suspens. Ben Affleck y abuse du just in time, que ce soit à propos d'un coup de fil à Hollywood, de la réservation des billets d'avion comme du décollage final, dans une scène dont on sait aujourd'hui qu'elle est complètement inventée. (On pourrait aussi reprocher au scénario d'éviter de dire clairement que l'ambassadeur du Canada, qui a sauvé la mise des six rescapés, était devenu un agent de la CIA.)

   Cela reste un bon divertissement, bien joué, qui manie de manière sensible la pâte humaine. Même s'il glorifie l'Amérique débrouillarde, il a l'honnêteté de ne pas cacher les sujets de mécontement des Iraniens, qui avaient des raisons d'en vouloir à Oncle Sam... et qui (exception faite de l'employée de maison de l'ambassadeur) sont dépeints de manière assez unilatérale dans ce film.

mardi, 15 janvier 2013

Tabou

   Depuis plusieurs semaines, il est beaucoup question du film (en noir et blanc) de Miguel Gomes, porté par le bouche-à-oreille des cinéphiles. Il est divisé en deux parties, placées dans l'ordre chronologique inverse.

   On commence donc par suivre la fin de vie d'une vieille dame qui a dû être belle, jadis. Elle perd un peu la tête, mais ne manque pas de caractère... ce qui ne simplifie pas le travail de son auxiliaire de vie cap-verdienne. Une voisine esseulée va se rapprocher d'elle. Il faut s'accrocher un peu pour s'intéresser à cette histoire de petits riens du quotidien. Ce long prologue, pas très bien joué (à l'exception de Laura Soveral, qui incarne l'héroïne), est pourtant nécessaire pour comprendre la suite.

   La seconde partie nous plonge plus de 40 ans en arrière, dans le monde colonial portugais, au Mozambique. A proximité du mont Tabou se sont installés des Blancs, servis par une pléiade de Noirs. Ah, le bon temps des colonies... Ne comptez pas sur ce film pour étudier les rouages de la domination européenne. Il est question de convenances sociales et d'amour (ce qui n'est pas sans rapprocher Tabou d'Anna Karenine, pourtant très différent sur la forme).

   La grande réussite de cette deuxième partie est d'avoir juxtaposé les images, muettes, les sons de l'Afrique, la musique dansante des années 1950-1970 et la narration d'un vieil homme qui fut un jeune amant fougueux. Bien que ne bénéficiant pas des dialogues, on comprend sans problème le déroulement de l'action. Les acteurs sont très expressifs et l'image d'une grande beauté. La musique, qui s'apparente à du twist américano-portugais, est entraînante.

   Le fond est un peu triste, mais c'est une belle histoire.

22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 13 janvier 2013

Anna Karenine

   C'est une nouvelle adaptation du roman de Léon Tolstoï, cette fois-ci par Joe Wright, un Britannique qui a aussi une formation théâtrale. C'est la principale originalité de ce film : il se déroule sur plusieurs plans, certains d'entre eux étant symbolisés par des décors de théâtre.

   C'est ce qui m'a longtemps fait hésiter. Finalement, c'est très réussi. Je redoutais un procédé trop conceptuel, associé à une esthétique cheap. C'est en fait brillamment mis en scène et les décords sont somptueux. Evidemment, le numérique est passé par là, qui facilite la transition entre scène de plateau et scène (supposée) d'extérieur.

   Du coup, on passe un très bon moment, au plaisir des yeux s'ajoutant la qualité du jeu des acteurs. On sent que Keira Knightley s'est beaucoup investie dans le rôle-titre. Je ne peux toutefois m'empêcher d'être irrité par ses moues d'enfant gâtée (et comme les gros plans sont légion...). On note qu'elle est souvent vêtue de noir ou de couleurs proches du rouge, alors que les femmes de la "bonne société" sont habillées de blanc ou de beige.

   D'autres interprètes féminines sont tout aussi remarquables : Emily Watson (appelée désormais à jouer les rombières), Kelly McDonald (à suivre), Ruth Wilson... et surtout Alicia Vikander, qui confirme tout le bien que l'on pensait d'elle depuis A Royal Affair.

   Je n'ai par contre guère apprécié l'interprétation du comte Vronski par Aaron Johnson. Certes, le personnage est censé être un peu falot par rapport à l'impétueuse Anna, mais je trouve sa composition trop convenue. Il était meilleur dans Albert Nobbs. Du côté masculin, c'est Jude Law qui impressionne. Il casse son image, incarnant un cocu magnifique, dévot à l'extrême.

   L'ensemble est très agréable. On peut se laisser porter par cette histoire d'amour tragique. On peut aussi s'intéresser au tableau de la société russe de la deuxième moitié du XIXe siècle. Les femmes y sont soumises à une étiquette rétrograde et les pauvres subissent la domination de l'aristocratie. Le tourbillon révolutionnaire ne s'est pas encore formé, mais on en distingue les prémices.

   De surcroît, l'intrigue croise habilement l'histoire de trois couples : Anna et Vronski, celui constitué par le frère d'Anna (un libertin impénitent) et son épouse (allègrement trompée) et celui, porteur d'espoir, que finissent par former Kostya et Kitty).

14:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 06 janvier 2013

Les Bêtes du Sud sauvage

   Ce film surprenant mêle deux registres : la chronique sociale (réaliste) et le conte (fantastique). L'histoire se déroule dans le Sud de la Louisiane, qui n'a pas totalement pansé les plaies de l'ouragan Katrina. Les héros évoluent dans le bayou, entre La Nouvelle-Orléans et le Golfe du Mexique. La pêche et l'élevage de poules sont les principales source d'alimentation.

   L'accent est mis sur les relations compliquées entre un père débrouillard et autoritaire et sa jeune fille, Hushpuppy, dont le tempérament cache une grande détresse : le manque d'affection, le père n'étant pas démonstratif et la mère n'étant plus là, pour on ne sait quelles raisons. Ces deux personnages sont incarnés (avec talent) par des acteurs non professionnels : l'homme était boulanger et la gamine a été sélectionnée parmi 4 000 candidates !

   Le quotidien est fait de crasse et de tensions. On se croirait dans le Tiers Monde. Les adultes picolent sec, mais ils n'ont pas l'alcool mauvais. Ils vivent leur petite vie, à l'écart de la grande Amérique. L'arrivée d'un ouragan bouleverse cette routine. On suit ceux qui sont restés, notamment le père et la fille, en plein conflit (le père a de plus en plus de mal à dissimuler sa maladie). On constate l'étendue des dégâts.

   Les scènes hyper-réalistes alternent avec des moments oniriques. Il semble que ce soit la petite fille qui imagine l'arrivée d'aurochs (plutôt des porcs sauvages, en fait). On se demande alors si les bêtes du titre sont ces animaux-là ou si ce n'est pas la métaphore des rapports humains (ou la vision que les autres habitants ont de la petite troupe qui vit dans son coin).

   Le monde réel rattrape nos héros. On veut faire leur bien malgré eux : les enlever de la zone dangereuse et les intégrer à la "civilisation". Le réalisateur prend clairement parti contre cette politique. Je l'ai trouvé un peu naïf dans sa présentation de la vie solidaire de ces nouveaux Robinsons.

   Les images n'en sont pas moins belles, que ce soient les vues du bayou que les scènes d'intérieur, avec les gros plans de la nourriture. La séquence la plus réussie est pour moi celle qui est liée à l'île-cabaret, où les enfants finissent par se rendre. Ils y découvrent une ambiance plus tendre, filmée dans des tons plus chauds.

   C'est donc globalement bien fichu mais, sur le fond, complaisant avec cette vie de pauvreté farouche qui offre peu de perspectives  d'avenir aux enfants.

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jeudi, 03 janvier 2013

Cogan

   ... Killing them softly, en version originale ("Les tuer gentiment"). Brad Pitt incarne un tueur expérimenté, qui sert d'intermédiaire, d'entremetteur quand des situations compliquées se présentent. L'intrigue est limpide : un duo de jeunes cons veut se faire de la thune facilement. Il est engagé par un commerçant malin. Ils commettent l'erreur de braquer un tripot : les truands qu'ils ont dévalisés vont vouloir se venger.

   On suit donc la pente inexorable qui mène à l'exécution des trois voleurs. L'originalité du film est de nous montrer la genèse des contrats qui vont porter sur leurs têtes. On suit les négociations, puis les discussions entre acteurs de la vengeance. On aboutit enfin à quelques scènes violentes, mises en scène avec une grande minutie (marque de fabrique du réalisateur), de manière presque clinique. Il n'y a rien de trop dans ces moments sanglants, mais il ne manque rien non plus.

   On sent qu'Andrew Dominik (injustement encensé pour L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) a vu et apprécié les films de Quentin Tarantino. Mais il n'en a pas la verve, le souffle, même s'il ne manque pas d'habileté. Du coup, par moments, on se désintéresse de cette histoire de truands pour se pencher sur les rapprochements effectués avec le fonctionnement de l'économie américaine. (Des extraits de journaux télévisés sont régulièrement insérés dans le cours de l'action, ou simplement diffusés en fond sonore.)

   De manière assez attendue, le déclenchement de la crise financière (l'action se déroule pendant la campagne présidentielle d'octobre-novembre 2008) est montré comme le résultat de l'action de financiers voyous. Plus intéressant est le parallèle tracé dans l'autre sens. En effet, à cause du braquage des deux jeunes cons, c'est toute l'économie (clandestine) des tripots qui est menacée. Il faut d'urgence restaurer la confiance, quitte à s'en prendre à celui qui, bien que n'étant pas coupable, passe pour l'être aux yeux de la majorité.

   Vu que les dialogues occupent une part importante de "l'action", je conseille de voir le film en version originale. Les acteurs sont très bons. On retrouve une brochette d'habitués des seconds rôles (James Gandolfini, Richard Jenkins, Ray Liotta...). Le mélange du polar et de l'analyse politico-économique ne fonctionne toutefois qu'à moitié. C'est un peu trop verbeux.

13:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 01 janvier 2013

Les "Riton" 2012

   Pour la septième fois consécutive, je me suis efforcé de construire mon palmarès annuel. Il a fallu faire des choix parfois difficiles, tant le nombre de films qui m'ont plu est grand. J'ai gardé ceux qui m'ont laissé la plus forte impression, ou qui ont fait preuve d'originalité. Cela donne un florilège d'une cinquantaine de longs-métrages, que j'ai classés de la manière suivante.

 

   Dans la catégorie "film d'animation" :

- Riton du meilleur film pour adultes : Le Magasin des suicides

- Riton de la meilleure fantaisie historique : Zarafa

- Riton du meilleur conte : Le Jour des corneilles ex aequo avec Rebelle

- Riton du meilleur film transculturel : Couleur de peau : miel

- Riton de l'animation japonaise : Les Enfants Loups ex aequo avec La Colline aux coquelicots

- Riton du meilleur Burton : Frankenweenie

- Riton de la meilleure poursuite de série : L'Age de glace IV

- Riton de la pâte à modeler : Les Pirates, bons à rien, mauvais en tout

 

   Dans la catégorie "comédie" :

- Riton de la meilleure satire politique : The Dictator

- Riton du meilleur film antiaméricain : God Bless America

- Riton de la comédie la plus malsaine : Touristes

- Riton de la comédie sans complexes : 2 days in New York

- Riton de la comédie décalée : Adieu Berthe, ou l'enterrement de mémé

- Riton de la comédie farfelue : Camille redouble

- Riton de la comédie qui ne paie pas de mine : Radiostars

- Riton de la comédie nostalgique : Stars 80

 

   Dans la catégorie "film d'époque" :

- Riton du film de rebelles du peuple : Les Chants de Mandrin

- Riton du film de rebelles de l'élite : A Royal Affair

- Riton du film d'amour contrarié : Les Hauts de Hurlevent

- Riton du film "de qualité française" : Augustine

- Riton du film favorable au "mariage pour tous" : Albert Nobbs

- Riton du film clitoridien : Oh my God !

 

   Dans la catégorie "conflits contemporains" :

- Riton du film évoquant la guerre d'Espagne : Insensibles

- Riton du film évoquant la Seconde guerre mondiale : Aloïs Nebel

- Riton du film mettant à jour un aspect méconnu de la Shoah : Sous la ville

- Riton du film évoquant la Guerre Froide : La Dette

- Riton du film radioactif : La Terre outragée

- Riton du film eastwoodien : J Edgar

 

   Dans la catégorie "Proche et Moyen Orient"

- Riton du film choc : Incendies

- Riton de la comédie sociale drôlatique : La Vierge, les Coptes et moi

- Riton du film féministe : Les Femmes du bus 678

- Riton du polar islamique : Une Famille respectable

 

   Dans la catégorie "société actuelle" :

- Riton du film sur la crise financière : Margin Call

- Riton du film sur le troisième âge : Robot and Frank

- Riton du film sur l'émigration africaine : La Pirogue

- Riton du film sur les défis de l'intégration : La Désintégration

- Riton du meilleur biopic : Cloclo

 

   Dans la catégorie "documentaire" :

- Riton du film qui donne envie d'aller à l'opéra : Traviata et nous

- Riton du film qui a donné le goût du théâtre : César doit mourir

- Riton du film qui donne faim : Entre les Bras

- Riton du film qui donne envie de visiter la Scandinavie : Jon face aux vents

- Riton du film qui donne envie d'adopter un chat : Félins

- Riton du film qui donne envie de meugler : Bovines

 

   Dans la catégorie "polar - film d'action" :

- Riton du film sur la lâcheté : 38 témoins

- Riton du film sur les trafiquants de drogue : Miss Bala

- Riton du film de baston : Avengers

- Riton du film d'espionnage : Skyfall

- Riton du film d'anticipation : Looper

- FILM DE L'ANNEE : Bullhead

 

   Pour les amateurs de drogue dure :

- les Riton 2011

- les Riton 2010

- les Riton 2009

- les Riton 2008

- les Riton 2007

- les Riton 2006

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lundi, 31 décembre 2012

Ernest et Célestine

   Après Le Magasin des suicides (macabre à souhaits) et Le Jour des corneilles (enlevé et mystérieux), voici une troisième production (au moins en partie) française dans le domaine de l'animation.

   On découvre d'abord une partie du monde de Célestine, la souris, dans un dortoir à l'ancienne, où ce qui ressemble à une bonne sœur terrifie les pensionnaires avec l'histoire du "grand méchant ours". Évidemment, Célestine ne croit pas à ces fadaises... et elle dessine ce qu'elle pense. Comme, en plus, elle ne rapporte que peu de dents d'ours, elle n'est guère utile à sa société souterraine. (A tous les parents qui se plaignent de voir leurs enfants manger trop de sucreries, je recommande vivement d'emmener leur progéniture voir ce film, ne serait-ce que pour la première séquence chez le dentiste !)

   On nous présente ensuite Ernest, qui vit seul au fond des bois, dans sa cabane brinquebalante, où s'entassent divers objets et instruments de musique. Il n'a pas de travail et il a faim. Il se rend donc en ville, où nous découvrons une famille de commerçants : le père vend des sucreries, la mère des dents ! Le fils préfèrerait manger des douceurs plutôt que de penser à succéder à ses parents, mais on ne lui laisse pas trop le choix. Le premier commerce devient la proie d'Ernest, guidé par Célestine.

   Au-delà de la confrontation de ces deux univers (a priori si différents mais finalement si ressemblants), le film traite d'une rencontre improbable, celle d'une souris et d'un ours qui ont en commun le tempérament artistique et un certain décalage vis-à-vis du monde dans lequel ils vivent. Ces individus à la marge vont faire l'objet de poursuites acharnées de la part des forces de l'ordre des deux univers, tout ça à cause du vol de centaines de dents et de l'introduction de l'ours dans le monde des souris.

   C'est drôle, sans doute un peu compliqué pour les tout petits, avec des clins d’œil pour les adultes. Le tracé des personnages est vraiment original. L'animation des souris est gracieuse, subtile, sans que cela se voie. C'est à la fois joli et expressif, le tout sur une musique légère. Pour les ours, il m'a semblé néanmoins percevoir l'influence des mangas japonais. Le mélange des genres est réussi et l'on passe un bon moment, avec une histoire pas idiote sur le fond.

   P.S.

   Le site internet dédié est sympa.

20:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 29 décembre 2012

Touristes

   Ben Wheatley est un réalisateur qui explore le "côté obscur" de l'âme humaine. De lui, on a déjà pu voir cette année l'étonnant Kill List, à la limite du polar social et du thriller. Avec Touristes, on passe à l'humour noir, sarcastique, dérangeant, dans un style qui n'est pas sans rappeler l'excellent God Bless America, même si ce dernier film a une portée morale plus grande.

   Les deux héros, qui forment rapidement un couple, sont deux "petits blancs", à la marge de la société de consommation. Lui, plutôt charismatique, n'est pas très beau. Elle est d'un physique quelconque... et surtout elle est d'une assez grande immaturité affective. Cet improbable duo devient une redoutable équipe de tueurs en série... un peu par hasard, lors d'un périple touristique dans le nord de l'Angleterre.

   C'est là que l'on voit que le réalisateur nous a tendu un piège. Leur première victime (un enculé de première... si, si, je vous assure) nous est volontairement, caricaturalement, présentée comme antipathique. On est censé croire que son décès résulte d'un malencontreux accident, mais on a tout fait pour que les spectateurs accueillent sa mort avec joie.

   Cela se complique avec les victimes suivantes, dont le meurtre est à chaque fois prémédité par l'un des membres du duo. Ils ne sont pas franchement odieux, ont visiblement tous fait des études supérieures (l'un d'entre eux reconnaît même être passé par une école privée), ne veulent faire de mal à personne... Certains sont écolos sur les bords. Bref, ce sont des bobos ! Malaise dans la salle de l'Utopia de Toulouse (où j'ai vu le film) : une bonne partie du public pourrait se retrouver à la place des trucidés !

   Plus qu'une revanche morale, ces meurtres (sanglants... et montrés comme tels... super !) sont une revanche sociale. Les assassins sont des ratés : lui est au chômage et ne parvient pas à écrire son livre ; elle, à plus de 30 ans, vit encore chez sa mère. Leurs victimes sont bien insérées dans la société, elles sont du "bon côté" : elles ont une plus belle caravane, pratiquent la randonnée, le vélo ou le jogging, ont des "valeurs"... Le réalisateur met en scène la révolte de petits bourgeois en voie de prolétarisation contre la moyenne bourgeoisie.

   Le film est aussi intéressant sur le plan psychologique : on voit évoluer la relation trouble (et intense !) qui lie les meurtriers. Au départ, il est clair que Tina tombe sous la coupe de Chris (qui tue les deux premières fois). Le rapport de domination semble s'inverser au fur et à mesure que la jeune femme coupe les ponts avec la "civilisation".

   On peut néanmoins se contenter de voir ce film comme une bonne comédie sardonique. Il n'en reste pas moins très troublant sur le fond.

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vendredi, 28 décembre 2012

Violeta

   Ce biopic atypique est consacré à une chanteuse célèbre en Amérique latine, Violeta Parra, qui s'est illustrée dans le Chili d'avant Augusto Pinochet. Le film fonctionne par alternance de moments puisés dans l'enfance et l'âge adulte de l'artiste. C'est une sorte de puzzle, ou de kaléidoscope.

   On découvre l'enfance de cette métis (à moitié mapuche), fascinée par ce père à la fois instituteur et musicien (et même comique), qui lui a transmis le goût du chant accompagné à la guitare... et une indéniable tendance à l'autodestruction. On se rend compte de la misère dans laquelle était plongé le peuple des campagnes chiliennes autour de la Seconde guerre mondiale.

   On suit la jeune femme dans ses débuts, d'abord avec une petite troupe. Elle fait passer sa vie de famille après ses aspirations artistiques. On la voit donner une représentation en Pologne puis s'installer à Paris, proposer ses toiles au Louvre (véridique). On prend conscience de ses engagements politiques. On peut la qualifier de "compagnon de route" du Parti communiste. (Voilà qui explique l'engouement ressenti par les intellos de gauche pour ce film...)

   De retour au Chili, elle se lance dans l'incroyable entreprise de collecte du patrimoine chanté populaire des campagnes, auquel elle tente de redonner vie. On la suit dans certaines de ses pérégrinations... La dame n'avait visiblement pas froid aux yeux !

   Ses amours ont été passionnelles et finalement malheureuses. Elle les retranscrit dans ses chansons, qui ont parfois aussi un aspect social. La force du film réside en grande partie dans la qualité du jeu de Francisca Gavilan, qui, à l'image de Cécile de France dans Soeur Sourire, interprète les chansons de l'artiste qu'elle incarne, dont Gracias a la vida, qui sert de générique de fin.

   La caméra filme la fille comme la femme de très près, pointant la saleté, les imperfections du visage comme le feu qui anime son regard et la beauté de son sourire. Je reprocherais toutefois au film sa longueur : 1h50, surtout qu'une demi-heure avant la fin, on sent très nettement quel tour prend la vie de l'artiste. Cela devient inutilement languissant.

   P.S.

   RFI a consacré une émission au film, l'invité étant le fils aîné de Violeta, Angel.

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