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vendredi, 14 novembre 2014

La prochaine fois, je viserai le coeur

   Le titre est une citation de celui qui fut surnommé "le tueur de l'Oise", dans les années 1970. Cinéaste atypique, Cédric Anger a adapté cette histoire vraie pour le cinéma, en la transformant en thriller psychologique.

   Dès le début, on sait qui est le coupable. On le suit même immédiatement dans l'une de ses tentatives d'assassinat. La réalisation est au cordeau, la musique angoissante... et l'acteur principal (Guillaume Canet) excellent. (Au passage, bravo pour la coupe de cheveux !)

Tueur 1.jpg

   Le film tente de nous faire entrer dans la tête de l'assassin schizophrène, à la fois amateur d'ordre et fauteur de troubles, à la fois maniaque de propreté et fasciné par la boue, si respectueux des gens et pourtant sans considération pour la vie d'autrui.

   Quand on creuse, on le découvre raciste, mais capable d'altruisme. Il est bourré de phobies et l'on se demande s'il est impuissant ou homosexuel refoulé. A côté de cela, il aime s'occuper de son petit frère et, surtout, commence à nouer une drôle de relation avec la jeune femme qui repasse son linge (Ana Girardot, très bien). C'est le moment de signaler que les seconds rôles sont au poil, notamment Jean-Yves Bertheloot et toute la bande de gendarmes.

   Ce n'est pourtant pas du "cinéma de papa", qui ferait revivre le polar réaliste des Trente Glorieuses. La réalisation est tantôt d'une froide platitude, tantôt d'une inquiétante indétermination. Et, parfois, le film nous emmène là où on ne l'attendait pas, comme dans cette séquence en forêt, avec quatre gendarmes enfermés dans une voiture, en pleine nuit. La conclusion est des plus surprenantes.

   L'histoire n'est pas d'une franche gaieté mais, après Vie sauvage, voilà un deuxième film français en prise sur son époque et d'une belle radicalité.

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mercredi, 12 novembre 2014

Canailles Connection

   Ce film a été présenté comme le petit bijou de comédie qu'il ne faut pas manquer. On a réuni une brochette d'acteurs confirmés, surtout connus du public proche-oriental et des amateurs de cinéma d'art et essai.

   Au début, j'ai eu très peur. C'est très tape-à-l'oeil, bourré de clichés et, de surcroît, maladroit. Le pire est atteint lors du décès du père du jeune héros. On pourrait aussi trouver à redire à la manière dont les femmes sont représentées. On a ainsi droit à l'aide-soignante pulpeuse et aguicheuse. Quant à la mère du héros, elle nous est montrée comme jolie, pas très constante... et vite consolée de la mort de son mari. J'ai eu un peu mal pour Yaël Abecassis, déjà vue dans Va, vis et deviens et Survivre avec les loups.

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   Par contre, les personnages masculins sont plus valorisés, alors que certains d'entre eux n'ont pas un fond très reluisant. Au centre de l'attention, plus que le gamin, on trouve le grand-père, sans doute un ancien du groupe Stern (qui se balade toujours avec un flingue au côté), très bien interprété par Sasson Gabai, une vieille connaissance, puisqu'on a pu le voir à l’œuvre dans La Visite de la fanfare, Le Cochon de Gaza et Le Procès de Viviane Amsalem.

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   Lui, son petit-fils surdoué (qu'au départ il méprise) et une paire d'autres pépés vont former un très improbable gang de braqueurs de banques. Dans le lot se distingue Patrick Stewart (oui, le professeur Xavier des X-Men !), impayable en lord désargenté et grandiloquent.

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   Une fois le premier quart d'heure passé, l'histoire prend de l'épaisseur et l'on rit assez souvent. Mais il ne faut pas chercher plus loin.

dimanche, 09 novembre 2014

De l'autre côté du mur

   Sortie en France de manière fort opportune 25 ans après la chute du Mur de Berlin, cette fiction (qui s'appuie sur des éléments autobiographiques) nous replonge dans l'Allemagne de la Guerre Froide, plus précisément dans LES Allemagnes de l'époque, la R.F.A. (libérale et proaméricaine) et la R.D.A. (communiste et prosoviétique).

   Le début de l'histoire contient deux ellipses. La première marque le passage, pour la petite famille, de trois à deux personnes. La seconde interrompt l'examen subi par l'héroïne à la frontière des deux Allemagnes. Que s'est-il réellement passé à la douane ? Qu'est-il arrivé à son conjoint soviétique, père du petit Alexej ?

   Le réalisateur nous maintient volontairement dans l'incertitude... parce que c'était ce que ressentaient les personnes à l'époque. On évitait de se livrer au premier venu... et même à des amis. Du coup, on ne sait pas ce que cache Nelly, la mère-courage au charme indéniable. (Jördis Triebel est formidable.)

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   On se demande de qui, parmi les connaissances qu'elle fait au foyer de réfugiés, il faut se méfier. Et elle-même, jusqu'à quel point est-elle fiable ? Ce n'est quand même pas pour rien que les services secrets ouest-allemands, épaulés par une antenne américaine, rechignent à lui donner un sauf-conduit.

   Dans le même temps, on suit la difficile adaptation du garçon (très bien interprété). En R.D.A., il faisait partie des Pionniers et avait déjà bien assimilé la rhétorique antifasciste. Il se retrouve face à des gamins plus riches et qui sont éduqués dans un contexte religieux. Il se fait quand même une copine, une adorable petite Russe, plutôt anticonformiste. Mais, au fond, on sent que ce que recherche vraiment le garçon est... un père.

   Ses relations avec les adultes sont à comprendre avec cet arrière-plan, tandis que sa mère cherche à se faire une situation et veut à tout prix éviter de (re)tomber dans les griffes de la Stasi est-allemande.

   Au niveau de la mise en scène, ce n'est pas particulièrement brillant. On peut quand même relever quelques scènes plus élaborées, qui font intervenir un personnage que l'on croit disparu : l'héroïne a-t-elle des hallucinations ou bien nous cache-t-on quelque chose ?

   Pour moi, ce film mérite le détour, parce qu'il réussit à insérer le vécu de personnes ordinaires dans un contexte géopolitique tendu, celui des années 1970.

   P.S.

   Notons que c'est la deuxième fois cette année (après le poignant D'une vie à l'autre) que le cinéma allemand évoque les années de Guerre Froide à l'aide d'un personnage principal féminin et mère de famille.

vendredi, 07 novembre 2014

Interstellar

   Alors que ce que j'avais lu et vu du film ne m'avait pas particulièrement emballé, j'y suis allé quand même, parce que je n'ai encore jamais vu Christopher Nolan signer de "bouse". De Memento à The Dark Knight Rises, en passant par Insomnia, Batman Begins et Inception, il a toujours proposé quelque chose d'intéressant.

   C'est un bon film d'abord parce qu'il évite les travers de ceux qui l'ont précédé. Bien que complexe par l'intrigue, il évite d'être abscons, contrairement à 2001, L'Odyssée de l'espace. Bien que très réussi formellement, il évite d'être aussi stérilement contemplatif que Gravity. Bien que dramatique par moments, il évite d'être aussi cruel qu'Alien. Par contre, il n'innove pas. On retrouve du Nolan déjà digéré. Ainsi, l'une des planètes visitées rappellera, par son aspect, une étape de la conscience du héros d'Inception.

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   Le problème est que c'est diablement long. On aurait pu pratiquer des coupes à la fois dans la première partie (même si elle contient les éléments clés de la résolution de l'énigme) et dans la dernière heure. Et qu'est-ce que ça pleurniche ! Hommes comme femmes, quelle bande de chochottes ! On n'a visiblement pas laissé une grande marge de manœuvre aux acteurs, qui ne m'ont guère ébloui. Les robots m'ont paru bien plus intéressants ! J'ai quand même bien aimé la composition de Matt Damon, dans un rôle à contre-emploi. Ma préférée est sans conteste Jessica Chastain (remarquée dans L'Affaire Rachel Singer, Zero Dark Thirty et La Couleur des sentiments), qui incarne Murphy adulte.

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   A côté de cela, il y a un scénario très malin, qui fonctionne sur le mode du basculement ou du retournement (le twist si prisé à Hollywood depuis une vingtaine d'années). Certaines scènes du début ne prennent tout leur sens qu'à la lumière des derniers développements de l'histoire. Quand on a vu pas mal de films et de séries de science-fiction et quand on a lu des bouquins du même genre, on est quand même avantagé. Je ne vais rien révéler d'essentiel, mais soyez quand même attentifs à tout ce qui touche à l'espace-temps...

   Pour les spectateurs les plus lents, le dévoilement intervient au cours d'une scène d'une grande beauté formelle, qui nous transporte littéralement dans une autre dimension ! Petit bémol toutefois : la musique de Hans Zimmer, trop présente et qui souligne au stylo fluorescent là où il suffirait de suggérer de manière aérienne.

   Sur le fond, au-delà de la survie de l'espèce humaine (dont on finit par se désintéresser), c'est d'amour qu'il est surtout question. Il y a bien sûr l'amour hétérosexuel avec un grand A, mais il y a surtout (et c'est l'un des intérêts de l'histoire) l'amour père-fille, en particulier celui qui lie le héros Cooper à Murphy. Cela rend le film plus attachant et plus prenant, mais cela n'en fait pas un chef-d'œuvre pour autant.

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jeudi, 06 novembre 2014

Vie sauvage

   Cédric Kahn s'est donc lancé dans l'adaptation cinématographique de l'affaire Fortin, un exercice plutôt périlleux de prime abord, puisqu'il prétendait ne pas vouloir prendre parti. A la vision du film, on réalise que c'est inexact, mais cela n'empêche pas l'histoire d'être prenante.

   Techniquement, c'est habile. Alors que la caméra est le plus souvent objective (censée représenter le regard du cinéaste), on se rend vite compte qu'elle filme en empathie avec certains personnages. Au tout début, on ressent la crainte et la souffrance de la mère... mais brièvement. Rapidement, c'est la communion entre deux des trois garçons et leur père biologique qui prend le dessus. La caméra présente Xavier Fortin (Mathieu Kassovitz ex-cel-lent) comme une sorte de père rebelle moderne, à la fois passionné et débrouillard.

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   Après les épisodes de tension, on frôle le conte de fées naturaliste. Plongés en pleine "marginalitude", les gamins découvrent les chants au coin du feu, la chaleur de la vie communautaire et la communion avec dame nature. C'est bien filmé mais, franchement, c'est parfois agaçant.

   Fort heureusement, la focale change. Une ellipse nous projette une dizaine d'années plus tard. Les gamins sont devenus des ados et, si la caméra reste objective, il est évident que la réalisation adopte le point de vue des jeunes hommes. On découvre des aspects moins reluisants de leur vie au grand air (aspects qui devaient déjà exister auparavant, mais qui sont soudainement mis au premier plan). Le papa Robinson devient limite un vieux con qui radote. L'intrigue s'enrichit sur le plan psychologique.

   La dernière partie de l'histoire remet un peu la mère à l'honneur et laisse chacun libre de se faire son opinion. C'est vraiment bien joué, mais je suis quand même surpris d'avoir autant apprécié ce film.

22:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 04 novembre 2014

Ninja Turtles

   Sous ce titre bien de chez nous se cache ce que l'on appelle un reboot, le lancement d'une nouvelle série de films consacrés à un ou plusieurs personnages, qui ont déjà fait l'objet de plusieurs longs-métrages auparavant. Le cas qui nous intéresse, celui des tortues-ninja, est un peu particulier, puisque ces héros de BD américains ont connu une foisonnante existence à travers principalement des adaptations animées (certaines encore diffusées en France).

   Pour les non-initiés, précisons que le monde des tortues-ninja est un pot-pourri d'influences allant des comic book à La Guerre des étoiles, en passant par les films d'arts martiaux. Ainsi, le "père" et formateur des héros, le rat Splinter, a un petit air de maître Yoda :

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   Ses disciples forment une bande d'adolescents plus ou moins immatures, grands amateurs de pizza. Leurs obsessions comme leurs chicaneries sont la source de gags qu'ici j'ai trouvé réussis. On a de plus évité de nous en abreuver... parce que c'est d'abord un film d'action. Et je vous assure que ça déménage ! L'histoire commence "en douceur", sur un dock. Le sommet est atteint lors d'une descente acrobatique sur des pentes enneigées (une séquence qui frôle la virtuosité). J'ai aussi bien aimé les scènes d'égout, vraiment bien tournées.

   Par contre, l'interprétation n'est pas toujours au niveau. Globalement, j'ai trouvé bons les acteurs dont les mouvements et expressions ont été captés pour être incrustés dans les personnages animaliers. Je ne peux pas en dire autant des deux principaux alliés des tortues anthropomorphes, la journaliste et son soupirant :

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   Will Arnett incarne (poussivement) un gentil benêt, tandis que Megan Fox est visiblement surtout chargée d'exposer sa plastique quasi irréprochable. Heureusement, il y a William Fichtner, un habitué des seconds rôles (aperçu récemment dans The Homesman et Elysium), qui "fait le boulot".

   L'ensemble constitue un très honnête divertissement.

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jeudi, 30 octobre 2014

Fury

   Cette "fureur" est celle de la Seconde Guerre mondiale... et c'est aussi le nom écrit sur le canon du char de l'équipage duquel nous allons suivre les aventures, pendant un peu plus de deux heures.

   Au tout début de l'histoire, il subit un petit renouvellement, l'un des membres ayant été tué. Voilà que débarque un jouvenceau doux comme un agneau (Logan Lerman, vu récemment dans Noé... pas super convaincant), qui va devoir cohabiter avec un Latino plutôt sympa (Michael Pena, un habitué des seconds rôles), un "Américain moyen" très porté sur la Bible (Shia LaBeouf, étonnamment bon), une racaille qui n'a pas peur de grand chose (Jon Bernthal, un peu caricatural) et le "papa" du groupe, un mec à la fois charismatique et mystérieux, incarné par un Brad Pitt très en forme.

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   Globalement, je trouve que le film se traîne un peu. Le montage manque parfois de rythme, même si certaines séquences sont particulièrement réussies. En tête, je place celles qui font intervenir des combats avec les chars. C'est spectaculaire sans qu'on soit tombé dans le tape-à-l'oeil. La tactique de combat est bien mise en scène. Je pense notamment à la première escarmouche (le traquenard). C'est peut-être poussé un peu trop loin plus tard, lors de l'affrontement avec le Panzer. L'histoire a au moins le mérite de présenter les Allemands comme des adversaires redoutables (les nazis étant dépeints comme des ordures), même si je trouve qu'ils tombent un peu trop facilement sous les balles et les obus yankees.

   Les scènes guerrières sont donc globalement plus abouties que celles qui montrent les soldats à l'arrière ou entre eux, dans le char, hors période de combat. (De ce point de vue, Lebanon, un film israélien aux ambitions plus modestes, était plus fort.) Je place toutefois à part l'entière séquence qui se déroule dans la ville allemande tout juste reconquise, avec ces deux femmes qui se retrouvent sous la domination et la protection du "papa" du groupe et du jouvenceau (qui, petit à petit, s'aguerrit). Cela nous vaut une scène extrêmement ambiguë, sur le fond comme sur la forme, puisqu'elle oscille entre tension criminelle et érotisme trouble. Les dames (et certains messieurs) jouiront du coup d'oeil sur le torse de Brad, qui a dû passer un paquet d'heures sur le banc de musculation. Mais la suite immédiate nous en apprend davantage sur le personnage que le reste du film. C'est donc un moment capital de l'histoire.

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   L'ensemble demeure néanmoins assez convenu. C'est très hollywoodien. On n'a pas osé montrer des soldats américains violant des Allemandes et la représentation du courage de ces hommes somme toute ordinaires n'est pas exempte de clichés. Quant à la séquence du dernier combat, si elle témoigne d'une réelle maîtrise au niveau de la mise en scène, elle n'est pas réaliste. Mais, comme c'est bien joué, bien filmé, on passe un agréable moment.

   P.S.

   Concernant le personnage interprété par Brad Pitt, je pense qu'il y a un sous-entendu. Il est germanophone et éprouve une haine tenace pour les nazis, en particulier les SS. Comme l'action se déroule à la fin de la guerre, on peut présumer qu'il est au courant des crimes perpétrés en Europe de l'Est. Il est sans doute lui-même originaire du continent, ou y a(vait) de la famille. Sans qu'on puisse rattacher son comportement aux valeurs chrétiennes, il est capable de citer des passages de la Bible (de l'Ancien Testament, si ma mémoire est bonne). Il est peut-être juif.

   Dans ce film, Brad Pitt incarne un superman presque ordinaire, désespéré au fond et qui, dans une guerre inhumaine, tente de suivre une voie humaine.

lundi, 27 octobre 2014

Opération Casse-noisette

   Opération rattrapage pour moi, puisque ce film d'animation est sorti en France en août dernier. Le cinéma de Rodez a eu la bonne idée de le garder au programme jusqu'aux vacances scolaires. Dans la salle, le public allait de moins de 7 à plus de 77 ans !

   D'un point de vue graphique, c'est très réussi. Je trouve les personnages principaux très beaux, notamment les deux écureuils-vedettes (et encore, les reproductions suivantes ne rendent pas justice au travail des illustrateurs, plus impressionnant sur un grand écran) :

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   Même le rat muet, indécrottable compagnon du héros, a été soigneusement travaillé :

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   Certes, tout n'est pas haut de gamme dans ce film. J'ai entendu des spectateurs tenter de le comparer à Ratatouille ou L'Age de Glace. On n'atteint pas ce niveau, sans que ce soit déshonorant.

   C'est souvent drôle, sans être hilarant. L'histoire mêle le comique de situation aux dialogues remplis de jeux de mots, pas toujours perceptibles par les enfants. Notons que les scénaristes ont pris soin de laisser de la place aux personnages secondaires, parmi lesquels je distingue les deux marmottes mâles, dont les éructations comme les flatulences sont redoutables...

   Tendez bien l'oreille... et vous reconnaîtrez peut-être une voix familière, celle de l'écureuil fanfaron, souvent grandiloquente. C'est la même personne (Guillaume Orsat) qui double Nathan Fillion... oui, Richard Castle !

   Sur le fond, il y a une morale. Le début met en scène une tension entre la collectivité, gérée d'une main de fer par le gros raton-laveur, et l'égoïste Roublard. L'histoire a pour but de rapprocher les points de vue. Comme les auteurs ont sans doute lu La Ferme des animaux (de George Orwell), ils se méfient d'une organisation collective qui semble servir les desseins de quelques-uns. Quant à l'initiative individuelle, si elle est valorisée, elle doit aussi être utile au bien commun.

   Cela rend cette production américano-sud-coréenne compatible avec les valeurs confucianistes qui imprègnent encore fortement les sociétés d'Asie de l'Est. On ne s'étonnera donc pas qu'une figure emblématique du "pays du matin calme" apparaisse dans le générique de fin... (Et restez jusqu'au bout... on nous prépare une suite !)

 

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dimanche, 26 octobre 2014

Léviathan

   C'est un monstre qui a donné son nom au titre du film. On l'associe aux catastrophes, au chaos... et, en général, à la mer. Cela tombe bien, puisque l'action se déroule dans une petite ville portuaire du nord-ouest de la Russie, donnant sur la mer de Barents (du côté de Mourmansk) :

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   L'histoire démarre de nuit, avant l'aube. On ne distingue que ce que permettent de voir des lumières éparses : celles de l'intérieur d'une maison (celle du garagiste), celles de sa voiture, celles de lampadaires, celle de la flamme d'un briquet, celle du bout de la cigarette qu'il a allumée. C'est très joli et, dans la suite du film, on s'aperçoit que les scènes à luminosité particulière (à l'aube ou au crépuscule) sont les plus belles.

   Mais, par contre, que dire du scénario !? Quand je pense aux critiques élogieuses et au prix qu'il a reçu à Cannes, je me pose des questions. C'est extrêmement prévisible. Le héros s'est remarié après le décès de son épouse... et, évidemment, le fils ne supporte pas sa belle-mère, d'autant plus que le papa semble "accro" à cette femme plus jeune et fort jolie. Plus tard, on n'est guère étonné de la voir succomber au charme du bel avocat venu de Moscou défendre les intérêts de son mari. Quant aux mafieux du coin, s'ils se contentent dans un premier temps de "faire amicalement pression", ils en arrivent assez vite à utiliser la violence. On a aussi droit aux passages obligés par l'alcool... qui finissent par dégénérer.

   Le problème n'est pas tant que ces éléments fassent partie de l'intrigue. Ils ne sont pas invraisemblables, loin de là. Mais on voit tout arriver à des kilomètres !

   Et que dire de l'aspect subversif du film ! On nous a présenté ça quasiment comme un brûlot sur la Russie de Vladimir Poutine. C'est au contraire assez tendancieux. Est-ce lié à la censure ? En tout cas, la satire est vraiment "feutrée"... et l'on pourrait même analyser certaines scènes d'un point de vue opposé. Le maire nous est certes montré comme un beau magouilleur, mais plusieurs détails (ainsi que le jeu de l'acteur) ont pour but de nous le rendre un peu sympathique (au détriment des autres personnages). On pourrait en dire autant à propos du pope, d'abord présenté comme manipulateur, mais dont le discours semble validé par le film. Le réalisateur joue sur les deux tableaux.

   Dans les années 1980-1990, j'ai vu des films russes plus engagés et plus convaincants que celui-ci, dont le rythme est de surcroît assez languissant.

 

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samedi, 25 octobre 2014

Les Boxtrolls

   Ces "trolls en boîte" (de carton) sont de petits êtres hideux, sales... et pacifiques. Ils vivent sous terre. Il y a donc une part d'inquiétante étrangeté dans cette histoire qui risque d'effrayer les tout petits. L'intrigue est de plus assez complexe (ce qui a ravi l'adulte que je suis, mais a pu désarçonner certains bambins), quelques personnages s'exprimant de surcroît dans un langage recherché, pas accessible à tous les enfants.

   Les auteurs sont des pros de l'animation. Anthony Stacchi a travaillé jadis sur Les Rebelles de la forêt, tandis que Graham Annable a oeuvré sur le story-board de l'excellent Coraline, dont l'univers macabre a visiblement inspiré celui des Boxtrolls. On sent aussi l'influence de Dickens et de Tim Burton. A l'écran, c'est superbe, mais pas "merveilleux" : ce n'est pas un Disney.

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   J'ai adoré la présentation du monde des trolls. C'est d'une richesse de détails éblouissante, avec une animation de grande qualité. Les personnages eux-mêmes sont assez tordants. La première partie du film les montre tentant d'échapper au méchant de l'histoire, pendant que le héros (un petit garçon qui a été enlevé) grandit en sous-sol.

   La deuxième partie tourne autour de la rencontre des deux mondes. Le garçon a pris de l'assurance, et il entre en contact avec ce qui est pour moi le plus beau personnage du film, la petite Winnie :

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   Cette rouquine assez caractérielle est une petite fille de bonne famille (les "Belle-Raclette" !)... mais qui se sent un peu délaissée. Elle aimerait que son père lui accorde plus d'attention... et surtout, elle aurait envie d'action, de voir du sang et des tripes ! Et quel regard lorsqu'elle fronce les sourcils !

   Evidemment, après un premier contact plutôt difficile, les deux enfants vont sympathiser. Cela nous mène à la dernière partie de l'histoire, qui les voit lutter ensemble contre les méchants, dont le chef (un ambitieux sans scrupules) est particulièrement gratiné... et allergique aux fromages :

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   Car, sur le fond, l'histoire est celle du contrôle du pouvoir (symbolisé par la possession d'un grand chapeau blanc) et de l'accès aux ressources les plus précieuses... ici, les fromages les plus raffinés (notamment le Roquefort !). A ce film éminemment gastronomique, il manque, hélas, l'odorama...

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vendredi, 24 octobre 2014

Magic in the Moonlight

   Je ne vais plus systématiquement voir les films de Woody Allen depuis un paquet d'années. C'est trop inégal. De plus, à certaines reprises (comme dans Le Rêve de Cassandre, pourtant assez réussi), j'ai eu l'impression que l'étiquette était trompeuse, qu'on nous vendait pour du Woody Allen ce qui avait été conçu et réalisé par d'autres. Ceci dit, malgré son grand âge, il nous a récemment livré deux bons films, Blue Jasmine, illuminé par la prestation de Cate Blanchett, et Whatever Works, comédie allénienne dont se rapproche Magic in the Moonlight.

   L'histoire a cependant du mal à se mettre en place. Alors que l'intrigue semble suivre une trame limpide, j'ai trouvé certaines scènes du début plutôt maladroites. (On retrouve quelques maladresses par la suite, mais, fort heureusement, diluées dans un ensemble plus emballant.) Cela s'arrange en particulier grâce aux dialogues incisifs (à savourer, évidemment, en version originale sous-titrée). Colin Firth est excellent, combinant l'attitude guindée d'un grand bourgeois britannique et la verve sarcastique allénienne.

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   Notons que, dans ce film, le réalisateur s'est dédoublé : on peut en effet considérer le personnage d'Howard Burkan (le meilleur ami, incarné par Simon McBurney) comme un autre équivalent de Woody, mais moins flamboyant.

   L'ensemble ne tiendrait pas la route si les personnages féminins n'étaient pas au niveau. L'héroïne est interprétée par Emma Stone (qu'on a pu voir dans La Couleur des sentiments, où elle côtoyait une brochette d'actrices plus expérimentées). Il ne faut pas se fier à son physique de jeune première anorexique : elle a vraiment du talent. Elle est accompagnée de deux pétulantes mamies, Eileen Atkins (la tante du héros) et Jacki Weaver (une veuve de moins en moins éplorée), la première maniant avec une dextérité certaine l'art de l'understatement.

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   On peu regarder ce film de deux manières. La première consiste à se contenter de ce que l'on nous propose, une comédie tantôt romantique tantôt satirique, dans de beaux décors, sur une musique entraînante. Elle nous fait passer un très bon moment.

   La deuxième manière consiste à y voir une illustration des tourments alléniens. Le vieil homme se rapproche de la mort et, même s'il se revendique athée, il a peut-être quelques doutes. Il est évident que le magicien incarné par Colin Firth est un avatar de cet autre fabricant d'illusions qu'est le cinéaste libre-penseur. Il est non moins évident que les questions que se pose Crawford-Firth quant à une possible relation avec une jeunette inculte ne sont pas sans faire écho à la vie amoureuse de Woody Allen...

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jeudi, 23 octobre 2014

Equalizer

   Ce film d'action tourne essentiellement autour du personnage interprété par Denzel Washington, qu'on retrouve ici mi-Stallone, mi-Bruce Willis, mi-Belmondo, mi-Delon... En France, on sait depuis longtemps qu'il ne faut pas réveiller un flic qui dort... mais aux Etats-Unis, certains truands vont découvrir qu'il peut être encore plus dangereux de déranger l'employé d'un magasin de bricolage qui ne dort pas.

   Car McCall-Washington souffre d'insomnies. Du coup, il descend au café du coin et lit des romans. Il croise le chemin d'une jeune prostituée d'origine russe, incarnée par Chloë Grace Moretz (déjà vue dans Hugo Cabret et Dark Shadows).

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   Et voilà notre veuf quinquagénaire (encore en forme) engagé dans un combat de style David contre Goliath. Le bon Samaritain au passé obscur a décidé d'aider la jeune femme, quoi qu'il en coûte. Les spectateurs se retrouvent projetés dans un affrontement binaire, sans aucune subtilité, entre les gentils et les méchants... et ça fait du bien !

   Cela nous change d'abord des scénarii putassiers, qui valorisent les voyous en leur conférant une sorte de grandeur. Ici, les mafieux russes comme les ripoux américains sont présentés pour ce qu'ils sont : des crapules, voire des ordures. (C'est le moment de dire que les seconds rôles sont excellents.) Cependant, de manière tout aussi putassière que les films que je viens de dénigrer, Equalizer embarque les spectateurs dans une violence punitive qui n'aurait pas déplu à Charles Bronson. C'est l'un des sens du titre, equalizer signifiant "égalisateur" ou "correcteur". C'est aussi une manière familière de désigner une arme à feu.

   Cette trame simpliste est servie par une réalisation enlevée. Je pense notamment à deux séquences. La première est celle qui voit le héros rendre une visite de courtoisie aux proxénètes qui ont tabassé la jeune femme. La discussion s'engage de manière polie... et se termine après un maelstrom minuté de toute beauté. La seconde séquence est celle du combat final, qui voit le héros transformer un magasin de bricolage en traquenard géant. C'est saignant et diablement efficace.

   J'ai aussi aimé les scènes plus anodines qui voient des gens ordinaires se côtoyer. Les plus réussies sont (à mon avis) celles qui se déroulent la nuit, qui ne sont pas sans rappeler certains tableaux d'Edward Hopper, notamment Nighthawks. Le film, dans sa globalité, témoigne d'un réel savoir-faire.

   Sur le fond, toutefois, il faut être conscient qu'il est d'inspiration républicaine. On le remarque à l'occasion d'un double clin d'oeil. A un moment de l'histoire, le héros rencontre celle qui fut sans doute la directrice de la CIA. Quand elle le reçoit chez elle, à l'arrière-plan, sur le mur, on aperçoit une photographie la montrant, quelques années plus tôt, en compagnie du président George W. Bush... dont le père dirigea, lui aussi, la célèbre agence (avant de devenir le vice-président de Ronald Reagan). Sur un plan plus général, on peut aussi affirmer que le scénario est une condamnation de l'ouverture pratiquée sous Obama à l'égard de la Russie (le fameux "reset"). Il faudrait aussi pouvoir examiner plus en détail cette liste d'élus américains vendus à Moscou, qui apparaît fugitivement à l'écran. Je suis prêt à parier que, pour un public d'outre-Atlantique, il est sous-entendu que ce sont plutôt des démocrates...

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mercredi, 22 octobre 2014

Le Temps de quelques jours

   Ce film est la version allongée du documentaire sorti en 2010... et à côté duquel j'étais passé. Quelques cinémas aveyronnais (notamment à Decazeville et Espalion) permettent de découvrir cette stricte communauté de religieuses de l'abbaye de Bonneval, près du Cayrol, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Rodez.

   On commence par nous présenter un joli visage, celui de la plus jeune "pensionnaire", la Polonaise Aleksandra, qui n'est que novice à l'époque. On ne l'entend pas parler dans l'immédiat. Ce n'est que plus tard que des extraits d'entretiens avec elle sont insérés. On sent que le réalisateur aveyronnais Nicolas Gayraud a été touché par la grâce et l'ingénuité de celle qui n'avait pas encore prononcé ses voeux... et quel bel accent !

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   L'auteur a joué sur la sensibilité pour bâtir son documentaire. Le couvent est situé en pleine campagne, en zone montagneuse. Les scènes d'extérieur sont superbes. De plus, les moniales qui nous sont présentées sont très attachantes. La première à crever l'écran est Anne-Claire, l'ancienne ingénieure à la fois drôle et déterminée, un profil atypique :

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   Ses coreligionnaires d'âge mûr sont tout aussi intéressantes. En écoutant la Mère-Abbesse, on comprend à demi-mots que c'est un rejet du monde "civil" (autant qu'une vocation monastique) qui l'a poussée à rejoindre la communauté, dans les années 1970.

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   Moins intellectuelle, soeur Claire (j'espère ne pas me tromper sur le nom) dit à peu près la même chose. Entre ces murs elle a trouvé la paix et une certaine forme de liberté, loin du tumulte du monde contemporain. Elle formule cela avec beaucoup d'humour !

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   Au cours de ses déambulations dans l'abbaye, Nicolas Gayraud croise d'autres moniales, auxquelles il consacre moins de temps, à l'exception de soeur Paulette, maîtresse femme qui lui montre la conduite forcée qui alimente la mini-centrale électrique... et qui se révèle très habile aux commandes d'un tracteur ! (Les spectateurs attentifs remarqueront que, lorsqu'elle vide l'une de ses poches, elle en sort un couteau Laguiole.)

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   En contrepoint, plusieurs entretiens ont été réalisés avec Xavier, l'artisan chocolatier pas vraiment croyant, mais qui s'est bien adapté à ses "associées" très particulières. Lui aussi a réfléchi au sens de la vie... et son point de vue n'est pas forcément éloigné de celui des religieuses.

   Il manque, comme les moniales l'ont souligné, une véritable approche des rites chrétiens. La prière est laissée à distance, alors qu'elle occupe une place importante dans la vie quotidienne de ces femmes. Le documentaire n'en demeure pas moins fort intéressant... et l'on y entend chanter le choeur de l'abbaye.

   P.S.

   Pour en savoir plus sur le film, on peut consulter le dossier de presse, téléchargeable sur le site du producteur.

mardi, 21 octobre 2014

Shirley

   Ce prénom désigne un personnage de fiction, une femme qui apparaîtrait sur un grand nombre de toiles d'Edward Hopper. Dans la réalité, il s'agit de plusieurs personnes, celle qui a le plus souvent joué ce rôle étant la compagne du peintre, Joséphine. Comme elle-même était aussi une artiste et qu'elle est devenue un peu le "manager" de son époux, la relation entre le peintre et le modèle fut assez complexe, à l'image de ce film, particulièrement conceptuel.

   L'auteur a choisi treize toiles (en fait douze, auxquelles il a rajouté un tableau ne comportant aucun personnage à l'origine) dans lesquelles apparaît une femme. Elles nous sont présentées dans l'ordre chronologique, le réalisateur tentant d'écrire une histoire à l'aide de l'ensemble. Il a imaginé ce qui pouvait s'être passé juste avant ou juste après la pose. Chaque toile est datée et précédée d'extraits radiophoniques de l'époque. A travers cet exercice de style, Gustav Deutsch tente de ressusciter les années 1930-1960 (aux Etats-Unis) et de mettre en scène l'art de ce peintre novateur.

   On commence par "Chambre d'hôtel" (1931), par lequel le réalisateur tente de nous faire entrer dans les pensées d'une artiste écartelée entre la France et les Etats-Unis, à l'image de ce que connut Hooper, qui débuta dans l'Hexagone, où il fut fortement influencé par les impressionnistes et leurs successeurs.

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   On reste dans le même type de pièce, mais dans un contexte conjugal, avec "Chambre à New York" (1932). Au-delà de la proximité des corps et des gestes de tendresse, c'est la séparation et l'incommunicabilité qui sont mis en exergue :

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   Vient ensuite l'une des plus belles toiles de Hooper, "Cinéma à New York" (1939). Dans le documentaire, le couple de spectateurs regarde un film noir dont l'ouvreuse connaît les dialogues par coeur. Le tableau place dans la lumière le personnage secondaire, qui, dans la vraie vie, se trouve dans l'ombre. La fiction projetée tout comme les bourgeois qui ont payé leur place sont en retrait. Du coup, on en vient à se demander pourquoi cette jolie jeune femme (très bien filmée) se retrouve là. N'est-elle pas l'une de ces milliers de rêveuses, qui n'ont pu lancer une carrière d'actrice ?

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   Le rôle d'objet sexuel dévolu aux femmes (dans la société de l'époque comme aux yeux du peintre, même si ce n'est pas tout à fait équivalent) apparaît plus clairement dans "La Nuit au bureau" (1940). Aujourd'hui, c'est devenu un cliché, mais la présence tardive de cette séduisante secrétaire auprès de son patron, est une représentation du désir masculin et de la position subalterne du "deuxième sexe". L'aspect studieux de la scène ne doit pas tromper. Le réalisateur exploite bien les possibilités suggérées par la porte entrouverte...

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   Cette place de la femme jeune est vraiment explicite dans "Hall d'hôtel" (1943). Sur un grand écran de cinéma, c'est encore plus flagrant que sur une reproduction. Et quel travail sur les couleurs et la lumière ! Ici l'objet de la tentation sont ces longues jambes minces, dont les pieds sont gainés de chaussures à talons d'un vert pétant. La vieil homme n'a pas l'air d'y faire attention, mais le réalisateur a décidé d'en dire plus que le tableau !

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   Mais là où Gustav Deutsch m'a laissé sur le cul, c'est dans son interprétation de "Soleil du matin" (1952). Il réussit à relier la sensualité de la scène à un questionnement sur le maccarthysme... Gonflé !

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   Plus classique est la mise en scène de "Motel à l'ouest" (1957). Derrière cette posture figée, guindée même, se cache une tension sexuelle que la voiture n'est pas seule à exprimer. C'est peut-être dans cette séquence que la fluidité narrative est la plus grande.

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   La suivante, "Excursion en philosophie" (1959), est plus complexe. Elle mêle considérations intellectuelles et sensualité à fleur de peau. Les apparences sont de surcroît trompeuses. Ce n'est pas l'homme le personnage principal, mais la femme qui, avant de se coucher et de nous tourner le dos, a occupé le devant de la scène. Observez le positionnement du livre...

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   Plus inutilement exhibitionniste m'est apparu "Une Femme au soleil" (1961). L'expression de la sensualité se conjugue à une certaine fragilité. Le peintre semble avoir voulu établir un lien entre le corps humain et les éléments naturels extérieurs (le soleil, les collines).

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   Pour mon plus grand plaisir, on retourne dans une salle de cinéma avec "Pause" (1963). Alors que le tableau semble n'être consacré qu'à la femme assise en face de l'écran (sur lequel est projeté un film français), le réalisateur a bien compris que tout ce qui nous est montré est déterminé par ce que l'on ne voit pas... et ce que l'on devrait entendre.

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   C'est le moment de signaler qu'un gros travail a été effectué sur le hors-champ, sur les sons, qui donnent tout leur sens à certaines scènes. Il faut aussi souligner la performance de l'actrice (qui est aussi danseuse), Stephanie Cumming.

   Les principes appliqués dans la précédente toile sont poussés à leur extrémité dans "Soleil dans une chambre vide" (1963). Il a fallu beaucoup d'imagination au réalisateur pour raccorder cette séquence aux précédentes, mais c'est là qu'on réalise toute la minutie de son projet : raconter une histoire tout en décryptant une oeuvre picturale. 

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   La fin fait écho au début. On retrouve "Voiture-salon" (1965), qui entrechoque voyage et immobilité, emprisonnement des formes géométriques et liberté de l'imagination, intrusion du naturel et poids de l'artificiel.

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   Ce n'est donc pas un film facile. Il est de plus monté sur un rythme lent. Il faut donc s'armer de patience et faire fonctionner ses neurones. A conseiller aux amateurs d'art et aux esprits curieux.

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dimanche, 19 octobre 2014

Les Fantastiques Livres volants de M. Morris Lessmore

   Sous ce titre nous sont proposés cinq courts-métrages d'animation, le dernier donnant son nom à l'ensemble. Il raconte l'histoire d'une sorte de "gardien des livres", qui  va vivre dans une gigantesque bibliothèque, isolée en pleine campagne, entouré de livres volant comme des papillons :

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   C'est d'une grande maîtrise formelle, avec des couleurs chatoyantes. On sent aussi un peu de nostalgie pour un monde qui, nouvelles technologies aidant, est menacé de disparaître.

   Mais c'est une autre histoire qui m'a le plus emballé, celle contée par le premier court-métrage, M. Hublot, qui a obtenu l'oscar dans sa catégorie en 2014. Signalons que c'est une oeuvre française.

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   Le héros est un vieux célibataire (peut-être veuf), d'une maniaquerie maladive... et bourré de TOC. Il vit dans un monde hyper-mécanisé, bruyant et plutôt pollué. Il se rassure en se barricadant chez lui, entouré de ses livres, de sa télévision, de ses photographies... et de ses obsessions. Mais, un jour, par la fenêtre, il aperçoit un animal abandonné...

   Le deuxième film (dans l'ordre de projection) est Le Petit Blond et le mouton, dont le titre est directement inspiré du long-métrage Le Grand Blond avec une chaussure noire... et cela tombe bien, puisque le scénariste n'est autre que l'acteur Pierre Richard. Le héros est un garçon rêveur, un peu solitaire, qui s'ennuie à l'école. Je n'ai pas été particulièrement enthousiasmé. C'est plutôt destiné aux petits.

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   Le suivant, Dripped, nous fait suivre la vie d'un cambrioleur très spécial, puisqu'il ne s'intéresse qu'aux peintures, qu'il dévore littéralement :

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   Le graphisme s'inspire de différents styles picturaux, de Picasso à Jackson Pollock (auquel est dédiée l'histoire), en passant par les classiques des siècles précédents. Hommage à la peinture, le film tente de nous faire saisir l'émerveillement que peut éprouver un amateur d'art, le tout sur un fond jazzy.

   On termine par Luminaris, une création italienne, sans doute filmée image par image. On y découvre la vie terne d'employés des deux sexes. Le héros va tenter de "changer sa vie". Un vent de romantisme souffle sur cette histoire un peu passéiste.

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vendredi, 17 octobre 2014

Gone Girl

   Le titre est à l'image du film : il joue sur l'ambiguïté. Cette "fille partie" est-elle disparue ? morte ? enfuie ? Si elle est morte, s'est-elle suicidée ? Est-ce le résultat d'un accident ? d'un assassinat ? Dans ce cas, qui est le meurtrier ?

   On peut donc voir le début comme une bonne partie de Cluedo. Presque tous les personnages principaux peuvent faire figure de suspect, au premier rang desquels le "colonel" Ben Affleck, mi-balourd, mi-faux-cul :

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   Son épouse disparue, "Madame (Amy) Leblanc", n'est pas tout à fait nette non plus :

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   ... à moins que ce ne soit le "Docteur Olive" Collins, l'ex-petit ami de la dame, un brin harceleur, un brin dissimulateur :

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   ... ou alors cette pulpeuse étudiante, "Mademoiselle Rose-Andie", peut-être pas aussi innocente qu'elle en a l'air :

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   On pourrait aussi parler de la voisine qui se dit bonne copine de l'épouse disparue. Est-elle aussi stupide qu'elle le paraît ? D'autres pistes nous sont suggérées, même si l'attention finit par se concentrer sur un petit nombre de protagonistes.

   La première partie alterne les séquences qui tournent autour du mari et de l'enquête de police et les retours en arrière, qui nous permettent d'en apprendre davantage sur ce couple qui était sur le point de célébrer ses cinq ans de mariage. Petit à petit, on découvre aussi le journal intime tenu par l'épouse. Le problème est qu'on ne sait pas quand il est rédigé. Est-ce avant la disparition ? En même temps que l'enquête se déroule ? Après les faits ? De la réponse à cette question dépend une partie de la résolution de l'énigme.

   Derrière la caméra, David Fincher "maîtrise", alternant les styles. On a ainsi droit aux débuts romantiques, assaisonnés d'une pincée de sarcasme, les deux héros se montrant parfois délicieusement caustiques (et l'épouse grossière). Puis vient le temps de l'usure et enfin le déchirement du couple. Mais ce n'est pas tout. A l'ambiance de série policière (il est fait référence à New York Police Criminelle... ou Judiciaire, je sais plus) s'ajoute un poil de paranoïa. L'intrigue bascule dans le thriller, pour notre plus grand plaisir : l'un des personnages est un psychopathe... et je pense que la personne qui l'incarne mérite une statuette, tant sa palette de jeu est grande (et convaincante).

   C'est d'autant plus brillant au niveau du scénario que le dispositif mis au point par le psychopathe va un peu foirer. (Il faut toujours se méfier des parties de mini-golf...) Les auteurs jouent avec les codes, les films de genre et, suprême culot, n'hésitent pas, plus d'une heure avant la fin, à casser le mystère (et le suspense... du moins le croit-on, dans un premier temps), pour s'engager dans une autre voie, toute de tension psychologique.

   Cerise sur le gâteau, on nous offre une satire de la télé-poubelle (les chaînes d'infotainment merdiques qui prospèrent outre-Atlantique) et une (discrète) remise en cause de l'élitisme "côte Est".

   Le problème est que c'est long. Le soir, veillez à manger deux bonnes heures avant le début, histoire de pratiquer une vidange correcte aux toilettes juste après les publicités. Sinon, au bout d'1h30-2h, votre corps risque de se rappeler à votre bon souvenir. Mon conseil : profiter d'une scène entre le héros et son médiatique avocat pour se libérer de l'essentiel. (Au besoin, se rendre à la séance en compagnie d'une bonne âme, qui se fera un plaisir de vous dire, à votre retour des toilettes, qu'il ne s'est rien passé durant votre absence.) Une second passage risque de s'avérer nécessaire après le film, tant la dernière partie de l'histoire est tendue.

   Oh, mais... voilà que je réalise que j'allais vous quitter sans mentionner le véritable personnage principal de ce film, une magnifique (et très docile) chatte rouquine :

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dimanche, 12 octobre 2014

Pride

   Cette "fierté" évoquée par le titre du film est celle des mineurs en lutte et celle des homosexuels qui revendiquent le droit à la différence. Ce long métrage britannique commence et s'achève donc fort logiquement par des séquences se déroulant pendant une Gay Pride (fort différente l'une de l'autre). Au départ, je n'étais pas trop emballé à l'idée d'aller voir ce film. Tentait-on de renouveler le succès de The Full Monty en voguant sur l'air du temps ? Le contexte de la grève des mineurs de 1984-1985 m'a intéressé, d'autant plus que l'histoire qui nous est contée est vraie.

   A la manière d'un Ken Loach, le réalisateur Matthew Warchus (un illustre inconnu) campe le monde des mineurs dans sa dureté et sa camaraderie. Il n'en cache pas les côtés déplaisants : l'homophobie affichée (qui s'étend aussi largement à la classe moyenne de province) et la bigoterie de certaines épouses. Autre point commun avec le metteur en scène rebelle : la mise en valeur d'une minorité, ici les Gallois de Swansea.

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Source : Le Monde diplomatique

   Les acteurs qui campent les mineurs et leur famille sont excellents. Qui distinguer dans le groupe ? Par exemple Paddy Considine, dans le rôle du syndicaliste de bonne volonté, dévoué mais un peu coincé :

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   Je pourrais citer l'épouse obèse d'un mineur timoré, qui va s'épanouir dans la lutte. J'ai aussi retrouvé avec plaisir Bill Nighy, vu l'an dernier dans Il était temps. J'ai adoré les mamies pleines de fougue, au premier rang desquelles Imelda Staunton, connue depuis sa participation à la saga Harry Potter, à Hotel Woodstock... et que l'on a pu voir cet été dans Maléfique.

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   Ce petit monde assez traditionnel au fond entre en contact direct avec une bande d'homosexuel-le-s londonienne, pas si déjantée que cela. On a visiblement voulu éviter la caricature, même si l'on rencontre quelques "folles". Le groupe est mené par un jeune homme charismatique, très bien interprété par Ben Schnetzer (qui, dans un autre contexte, aurait pu faire un joli premier communiant) :

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   A ses côtés évoluent des personnalités très diverses, parmi lesquelles je distingue celle qui fut, au départ, l'unique gouine lesbienne de la bande, Steph :

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   Les amateurs de séries policières seront peut-être quelque peu décontenancés de retrouver Andrew Scott, l'irritant Moriarty du Sherlock produit par la BBC, en bibliothécaire d'origine galloise, homosexuel et introverti !

   L'histoire est celle de deux luttes, mais aussi celle des apprentissages. Il y a le jeune homo qui se découvre et grandit dans le militantisme. Il y a ces épouses de mineurs qui touchent du doigt une vie un peu moins triste que ce à quoi elles sont destinées au fin fond de leur province machiste... et il y a ces mineurs qui se mettent à danser pour séduire les filles ! La musique joue un rôle non négligeable dans l'habillage du film. Elle lui donne une saveur de bonbon sucré, surtout pour ceux qui ont connu cette époque.

   Au sein de l'intrigue, c'est toutefois le combat des homosexuels qui prend le dessus. Je ne pense pas en dire trop en écrivant que la lutte des mineurs ne débouche pas sur une victoire politique. Par contre, les "gays" ont gagné en visibilité et en respectabilité. Le pays s'est aussi un peu "décoincé". La dernière séquence vient à point pour réunir tout le monde : l'expérience de la solidarité et de l'amitié a embelli la vie des personnages.

   P.S. I

   Pour préserver l'authenticité de l'histoire, on a pris soin de ne pas nous proposer des héros au physique irréprochable. Certain-e-s sont très beaux ou très belles, mais la majorité sont des gens ordinaires, qui ne correspondent pas forcément aux individus que l'on voit en couverture des magazines.

   P.S. II

   Sur la grève des mineurs, on peut s'amuser à lire deux récits d'inspirations opposées, l'un néolibéral, paru dans Le Point, l'autre, issu de la mouvance syndicaliste, publié sur le site de la CGT.

 

jeudi, 09 octobre 2014

Dracula Untold

   La légende du comte Dracula est toilettée dans cette nouvelle tentative cinématographique. Celle-ci s'appuie sur des éléments historiques pour tenter d'imaginer comment le jeune Dracula de fiction a pu devenir un vampire.

   J'ai trouvé la première partie particulièrement réussie. On y évoque le contexte de la progression de l'Empire ottoman dans les Balkans, à laquelle s'était opposé le père de Vlad, surnommé Dracul ("le dragon" en latin... mais "le diable" en roumain). Le fils hérite du tempérament du père, jusque dans son costume :

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   Là s'arrête la vraisemblance historique. L'intrigue évacue les rivalités entre Roumains et entre Roumains et Hongrois. On a aussi choisi de mêler Valachie et Transylvanie, sans doute pour éviter de perdre certains spectateurs pas très pointus en géographie des Balkans.

   On a aussi déformé les relations entre le prince et les hauts responsables de l'Empire ottoman. Pour les besoins de l'histoire, on fait de Vlad un ancien janissaire, dont l'adversaire principal va être Mehmet, le fils du sultan Mourad II (qui s'est fait connaître par ses exploits militaires et, en 1453, la conquête de Constantinople).

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   La rivalité qui oppose les deux hommes ne constitue pas le meilleur du film, et je trouve que le prince ottoman apprend un peu trop vite à se battre contre un vampire.

   C'est au début que l'histoire est passionnante, avec la découverte du mystérieux et redoutable habitant de la caverne de haute montagne, avec lequel Vlad va signer un contrat quasi faustien :

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   Derrière le monstre de la montagne se cache une organisation dont on ne saura rien, si ce n'est qu'elle semble très puissante et qu'elle complote à l'insu de tous. La "naissance" du vampire s'accompagne d'effets spéciaux bluffants. L'histoire acquiert un autre rythme. A l'image, c'est superbe.

   Mais on nous gâche un peu le plaisir. J'ai eu l'impression qu'on se dépêchait de boucler ce premier volet uniquement pour lancer une nouvelle série de films. C'est dommage, parce que vu les moyens qui ont été investis, on aurait pu approfondir davantage certains aspects de l'histoire.

   Je n'ai pas non plus été convaincu par la relation qui unit Vlad à Mirena (incarnée par Sarah Gadon, récemment vue dans Enemy). Ce couple est un peu trop "moderne" pour l'époque, tout comme la manière que ces parents ont de se comporter vis-à-vis de leurs enfants. Au bout d'un moment, j'ai réalisé qu'on avait transformé l'histoire horrifique et sensuelle de Dracula en une oeuvre d'heroic fantasy.

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vendredi, 03 octobre 2014

Enemy

   ... ou comment un polar d'apparence anodine cache l'un des scénarii les plus retors de ces dernières années. A la base, il est question de double, voire de gémelléité. Deux hommes que presque tout sépare découvrent qu'ils sont l'exacte réplique physique l'un de l'autre.

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   Au départ, l'enquête est menée par le prof de fac, puis l'acteur raté va prendre la relève. Le problème est que, plus les démarches des deux hommes progressent, plus le mystère semble s'épaissir. De plus, au fur et à mesure que l'intrigue se déploie, un spectateur attentif commence à comprendre qu'on lui suggère de fausses pistes et qu'il y a quelques incohérences, soit dans les dialogues, soit dans certains plans.

   On peut regarder ce film comme une adaptation du roman de José Saramago. Cela oriente la compréhension de l'histoire. Il est question d'un mystère à éclaircir, avec une tension qui monte progressivement, soutenue par une musique au cordeau.

   On se demande si les deux hommes sont des jumeaux, ou des clones... à moins qu'une partie de ce que l'on nous montre à l'écran soit de l'ordre du subjectif. Un indice : certaines scènes sont des hallucinations ou des fantasmes. L'exemple le plus parlant est celui de l'araignée, figure récurrente (sous plusieurs formes), qui est associée à des personnages féminins dominateurs ou perçus comme menaçants. Ce sont des substituts de la mère et de l'épouse de l'acteur raté (superbement incarnée par Sarah Gadon (que l'on peut actuellement aussi voir dans Dracula Untold). La rivale de celle-ci est la maîtresse (Mélanie Laurent, très bien, mais à qui on n'a confié que peu de texte), une femme de tête placée toutefois sous la dépendance du héros.

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   Le dénouement peut se comprendre au premier degré. De surcroît, il semble résoudre une grande partie des problèmes des personnages... mais...

 

LA SUITE REVELE DES ELEMENTS CLES QU'IL VAUT MIEUX NE PAS CONNAITRE AVANT D'AVOIR VU LE FILM

 

   Si certains points de l'intrigue suscitent des débats passionnés sur la Toile, il en est un sur lequel tous les spectateurs qui ont un peu réfléchi s'accordent : il n'y a pas de double ; c'est le même homme, soit dans deux états psychologiques différents, soit à des moments différents de sa vie. Je pense que les scènes sont agencées sans souci particulier de la chronologie... et que cela n'est pas évident à la vision du film.

   L'un des détails révélateurs est une photographie, dont un exemplaire intégral est exposé dans l'appartement de l'acteur raté (curieusement luxueux, alors que le prof de fac vit dans un truc miteux), alors que le prof n'en possède qu'une version déchirée, sur laquelle on ne distingue que lui, et pas la seconde personne, qui est l'épouse de l'acteur raté. Sauf erreur de ma part, on voit cette photographie déchirée avant que le prof ne se lance à la recherche de son "double".

   D'autres indices sont apportés par le personnage de l'épouse, qui, lorsque l'acteur raté lui déclare ne pas trop comprendre ce qui arrive, lui répond qu'au contraire il le sait très bien : il souffre d'un dédoublement de la personnalité, comme elle a pu le constater en allant le voir en prof de fac. Dès le premier coup de fil, elle a reconnu sa voix (censée être celle du double).

   La mère, involontairement, nous donne aussi des informations, dans les messages téléphoniques qu'elle laisse à son fils et lors de leur entretien.

   Après, je pense qu'on peut agencer les séquences à son goût, du moment que le principe du dédoublement est respecté. Lorsque les auteurs (notamment le réalisateur Denis Villeneuve, à qui l'on doit un autre film tortueux,  Incendies) évoquent leur travail, on comprend qu'à un moment, ils sont un peu partis dans tous les sens.

   On peut se contenter de la version de l'enseignant déçu par sa vie professionnelle, angoissé par le mariage et la paternité qui se profile à un horizon proche, et qui se crée une seconde vie, au point que son cerveau finit par complètement "compartimenter" les deux existences.

   On peut aussi penser que le héros meurt réellement (ou est gravement blessé) dans l'accident de voiture qu'une de ses personnalités a avec sa maîtresse (Mélanie Laurent). Entre la vie et la mort ou inconscient, il revit une partie de son passé et s'invente une échappatoire rassurante avec son épouse, dont il serait séparé dans la vraie vie (d'où la photo déchirée). Sans que j'y réfléchisse, instinctivement, Enemy m'a fait penser à Mulholland Drive, de David Lynch (plus virtuose au niveau de la mise en scène, mais aussi plus "clinquant").

   En tout cas, ce film a été grandement sous-estimé.

23:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 28 septembre 2014

Get on up

   Ce nouveau biopic est consacré à James Brown. Plus qu'une biographie intégrale (un défi très difficile à relever, même en 2h20), on nous propose un portrait psychologique d'une vedette d'origine modeste. Le montage nous fait faire des allers-retours entre plusieurs époques : la fin des années 1930, les années 1950, la fin des années 1960, celle des années 1980. La dernière partie de la vie du chanteur n'est que brièvement évoquée.

   Que dire de l'ensemble ? Eh bien que la musique est bonne, même si je pense que, dans un océan de variétoche à destination (d'abord) du public noir américain, surnagent quelques morceaux très entraînants. Je ne connaissais pas l'acteur Chadwick Boseman (qui incarne James Brown). Je trouve que c'est un bon choix. Même s'il est plus grand que son modèle, le visage et la coiffure ont été travaillés de manière à le rendre très ressemblant. Il a de plus appris à danser comme James Brown... épatant !

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   Les allers-retours se justifient pour comprendre la mentalité de la vedette. C'est un ancien enfant des rues, qui a été abandonné par sa mère (dont on comprend qu'elle a fini par se prostituer) et par son père (un alcoolique égocentrique et violent). Signalons la performance de Viola Davis, que l'on avait déjà remarquée dans La Couleur des sentiments... réalisé par... Tate Taylor, qui est aussi aux manettes sur Get on up !

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   Dans le rôle de la tante, on retrouve une autre actrice du même film : Octavia Spencer, excellente en mère maquerelle à la fois autoritaire et généreuse.

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   Du coup, James va passer sa jeunesse au milieu des loubards et des prostituées. Il commence à virer délinquant quand une rencontre va changer sa vie. Ses débuts sont montrés comme ambivalents : le groupe qu'il rejoint a un répertoire inspiré du gospel et chante plutôt pour les Noirs... et quelques Blancs BCBG qui ont envie de s'encanailler gentiment. (Excellente séquence, avec ces jeunes adultes aux visages rayonnants stéréotypés, dans des tenues kitschissimes !)

   Les scènes de chant et de danse sont bien filmées. On perçoit à la fois le jeu de jambes de J. Brown et son implication au niveau de la voix. Les gros plans légèrement obliques s'avèrent judicieux.

   Ceux qui connaissent un peu le personnage attendent sans doute les auteurs au tournant. Que dit le film de ses relations avec les femmes, avec l'argent ? Et la politique dans tout ça ? Faudrait tout de même pas oublier qu'il éclate en pleine contestation de la ségrégation et connaît la gloire pendant la guerre du Vietnam. Le film veut montrer que, s'il était sensible à "la cause", il était d'abord un artiste de divertissement. Quant à ses relations avec la gent féminine, elles me semblent correspondre à la norme dans ce milieu : il peut s'attacher, mais n'est que brièvement monogame (tout en attendant une totale fidélité de sa partenaire). Si son imprégnation religieuse a laissé des traces, ce n'est pas au niveau des relations sexuelles, mais dans sa manière de considérer les femmes.

   On le découvre aussi très exigeant avec ses collaborateurs, limite tyrannique et de mauvaise foi. (Sur la forme comme sur le fond, j'ai souvent pensé à un autre biopic, Cloclo.) Comme il n'a pas eu le destin de nombre de vedettes de son époque (mortes en pleine gloire), il connaît le déclin et une certaine déchéance physique, même s'il a essayé de tenir son rang jusqu'au bout.

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   Toutefois, en dépit de ses qualités graphiques et sonores, le film m'a paru trop long. Il aurait fallu couper dans les digressions et raccourcir certaines scènes de dialogues (en particulier dans la séquence qui tourne autour de l'utilisation des toilettes). On peut regretter que Spike Lee (pressenti pour la réalisation) n'ait pas pu aller au bout du projet. Il aurait sans doute proposé quelque chose de plus "pêchu".

   P.S.

   L'histoire est émaillée de clins d’œil. On voit ainsi James Brown croiser le jeune Mick Jagger, au temps où les Rolling Stones tentent de percer aux États-Unis. Des années plus tard, la star mondiale britannique produit le biopic ! On peut aussi penser que le choix de Dan Aykroyd pour incarner le premier manager de Brown n'est pas le fruit du hasard. Il y a plus de trente ans de cela, le jeune acteur avait côtoyé la star du funk dans The Blues Brothers.

samedi, 27 septembre 2014

Sin City : j'ai tué pour elle

   Frank Miller et Robert Rodriguez sont de retour pour une deuxième adaptation d'un roman graphique du dessinateur le plus prisé d'Hollywood. (Les spectateurs ont déjà pu voir cette année 300 - La Naissance d'un empire.) Comme le scénario est un peu léger, on a pensé à engager une brochette d'actrices pas trop laides, à commencer par Jessica Alba :

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   Elle retrouve Rosario Dawson (elle aussi présente dans le premier volet, sorti en 2005), qu'il est difficile de qualifier de repoussante :

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   Mais, pour moi, la meilleure (actrice) des trois est sans conteste Eva Green, qu'on a récemment pu voir très à son aise aussi bien dans 300 que dans The Salvation. La "petite nouvelle" apporte une salutaire touche de venin à cette histoire trop formatée :

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   Aux mâles hétérosexuels qui ne se contenteraient pas de ce trio, je conseille de s'intéresser aux seconds rôles ainsi qu'aux figurantes, qu'on n'a visiblement pas recrutées pour leur maîtrise du théâtre shakespearien.

   Ces beautés sont censées nous faire oublier à quel point le scénario est stéréotypé (il mélange les références aux films noirs des années 1940-1950 et l'univers de la BD pour ados attardés). S'ajoutent à cela des dialogues assez faibles. Souvent, les personnages prennent la pose, ont des attitudes. Cela pourrait être terriblement énervant... et pourtant, cela passe.

   Cela passe, parce que l'image est superbe, associant les fonds noirs-gris-blancs aux jaillissements rouges, bleus ou verts. C'est de surcroît bien filmé. On a varié les situations et les angles de prise de vue. Une pincée d'ultraviolence vient de temps à autre pimenter certaines scènes un peu trop convenues. Pour accompagner le tout, on a ajouté une zique pas dégueu.

   Un soir, dans une grande salle, c'est un bon moment de cinéma... plutôt pour mecs.

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lundi, 22 septembre 2014

Deepsea Challenge 3D

   Les distributeurs n'ont pas été foutus de trouver un titre français à ce documentaire sur les aventures de James Cameron dans le monde noir et humide des grandes profondeurs. Attention, ce n'est pas le cinéaste canadien qui tient la caméra. Lui est l'initiateur du projet et le héros de l'histoire.

   A l'aide de courtes scènes de fiction, on nous fait comprendre que, tout petit déjà, James était intrigué par les profondeurs abyssales. Bien avant de cartonner avec Terminator ou Titanic, le futur réalisateur s'inventait des mondes à l'intérieur... d'un carton.

   Certains événements ont sans doute contribué à faire naître sa vocation. Il y a eu l'expédition sur la Lune, mais aussi la première descente dans la fosse des Mariannes, par Jacques Piccard et Don Walsh, en 1960. Cela nous vaut l'une des plus belles séquences du film, autour de ces deux hommes aux moyens beaucoup plus limités que ceux du cinéaste multiprimé. Vient ensuite le passage obligé par l'exploration du Titanic (à près de 4 000 mètres de profondeur... moins de la moitié de celle de la célèbre fosse !), occasion de voir enfin de belles images océaniques. D'autres sont diffusées dans la dernière partie du film, mais c'est globalement décevant.

   Parce que ce que l'on nous montre essentiellement à l'écran, c'est... James Cameron. A lui seul, ce film constitue l'équivalent de la collection des livres consacrés à Oui-Oui. Nous avons donc droit à :

James Cameron est un inventeur génial

James Cameron trouve la solution aux problèmes

James Cameron mène la vie dure à ses employés

James Cameron est quand même un type sympa

James Cameron travaille très tard le soir

James Cameron se lève

James Cameron sort de sa cabine (tout habillé)

James Cameron se gratte les couilles

(une scène hélas coupée au montage)

James Cameron bisoute sa femme, qui tremble pour lui

James Cameron la tête en haut

James Cameron la tête en bas

   Certes, des péripéties sont survenues au cours de la réalisation du projet. Des difficultés à construire l'habitacle aux caprices de la météo, en passant par la mort accidentelle de deux réalisateurs, on peut dire que ce ne fut pas une entreprise de tout repos ! Mais, même si la 3D est nette et sans bavure, son utilisation est loin de susciter le même enthousiasme qu'Avatar. Du coup, ce documentaire d'1h30 m'a semblé très long. Réduit à une cinquantaine de minutes, il aurait pu constituer un bon programme de début de soirée sur Arte. Sans plus.

18:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 07 septembre 2014

Hippocrate

   C'est sans doute à la rigueur et à l'engagement professionnel du plus célèbre médecin de l'Antiquité que le titre de ce film fait allusion. On y suit les débuts d'un jeune interne, Benjamin. A travers son regard, on découvre (si on l'ignorait) les difficultés des différents personnels soignants, mais aussi la formidable aventure humaine que constitue l'acte médical consciencieusement pratiqué.

   Attention, ce n'est pas un film angélique. Les médecins ne sont pas systématiquement montrés sous un jour favorable. Parfois, ils commettent même des erreurs qui peuvent se révéler dramatiques. Fort heureusement, à intervalle régulier, un peu d'humour carabin vient contrebalancer la noirceur de certaines situations.

   Le personnage principal (interprété par Vincent Lacoste, meilleur que dans Jacky au royaume des filles) est un peu à cette image. Au début, on le sent mû par la foi du combattant... et l'espoir mal dissimulé d'une grande reconnaissance sociale. Il y a peut-être aussi un peu de conformisme dans son choix de carrière, puisque son père (Jacques Gamblin, impeccable) est l'un des mandarins de l'hôpital.

   Le jeune homme entre en contact avec un monde plus diversifié qu'il ne l'imaginait. Les infirmières et aide-soignants sont plus ou moins motivés... et hiérarchiquement soumis aux prescriptions des médecins, même jeunes et peu expérimentés. Les "vieux" cinéphiles auront aussi plaisir à retrouver Marianne Denicourt, dans la peau d'un personnage écartelé entre sa formation médicale et ses responsabilités managériales.

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   Une catégorie se détache, celle des étrangers assimilés à des internes, alors qu'ils étaient titulaires dans leur pays d'origine. Le véritable personnage principal est sans doute Abdel Rezzak, cet Algérien à la fois ombrageux et compatissant, incarné à la perfection par Reda Kateb.

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   Le propos devient militant quand est dénoncée la gestion néo-libérale des établissements de soins. On nous propose aussi quelques jolis portraits de malades, de l'alcoolique SDF à l'ancienne danseuse en phase terminale. Ces numéros d'acteurs sont au service d'une vision humaniste de la médecine, qui ne cache pas les grandes difficultés dans lesquelles certains hôpitaux publics se débattent aujourd'hui.

   S'il faut apporter une nuance, ce sera au niveau de la réalisation, assez plate. On a parfois du mal à distinguer ce film d'un reportage d'Envoyé spécial.

vendredi, 05 septembre 2014

The Salvation

   Le Salut vient-il des armes ? Un shérif est-il le mieux placé pour protéger les corps de ses concitoyens ? Jusqu'où doit-on mener une vengeance ? Ce western américano-danois de Kristian Levring tente de répondre à ces questions, en prenant pour cadre la seconde moitié du XIXe siècle, aux Etats-Unis, période d'arrivée massive de migrants européens (notamment danois)... mais aussi période d'essor d'un capitalisme sans foi ni loi.

   Au niveau du style, c'est bien léché. C'est vraiment joli à regarder. La forme est assez classique, même si, ici ou là, le réalisateur fait quelques allusions aux westerns-spaghetti. Toutefois, loin de tomber dans le parodique, il ancre son histoire dans le drame.

   Il s'agit d'une vendetta... et pas uniquement parce que, dans la troupe des "méchants", on rencontre celui qui est surnommé "le Corse" (Eric Cantona, ma foi très convaincant). L'une des victimes est le héros, interprété avec talent par Mads Mikkelsen, qui n'a pas besoin de porter une arme pour faire viril. (Il veut juste s'en servir pour éclater la tronche inculquer un peu de savoir-vivre à ses ennemis.)

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   Au début de l'histoire, il accueille son épouse et son jeune fils, en provenance d'Europe. Avec son frère, il pense avoir réussi à "faire son trou" dans ce coin paumé de l'Ouest américain. Je ne vous dirai pas dans quel état se trouve le noyau familial à la fin du film...

   Nombre de personnages secondaires (ceux du village comme les truands à la gâchette facile) sont savoureux, particulièrement bien campés. Il y a bien sûr le chef de la bande, mais aussi le maire, qui fabrique (et vend) des cercueils "dans le civil". Dans ce dernier rôle, Jonathan Pryce (que l'on a notamment vu en médecin dans Oh my God !) est excellent.

   Mais, plus que ces mâles dominants, c'est l'envoûtante Eva Green qui impressionne, dans un rôle muet mais ô combien expressif.

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   Au départ, on est plutôt sur la thématique "à violent, violent et demi". Puis semble l'emporter le "à malin, malin et demi", au fur et à mesure que l'ampleur des turpitudes se dévoile, sur fond de spéculation foncière.

19:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 02 septembre 2014

Blue Ruin

   Cette "ruine bleue" est une voiture (une Pontiac), qui, au premier regard,  semble en très mauvais état. Echouée à l'arrière d'une plage, elle sert de maison à un drôle de gars, sorte de clochard barbu, solitaire et débrouillard.

   Une nouvelle parue dans la presse va provoquer un grand changement en lui. Par la même occasion, on découvre ce qui l'a mené dans la rue. La suite du film nous fait toucher du doigt ce que devait être son ancienne vie, avec laquelle il reprend contact.

   C'est là que cela devient saignant. L'agneau perturbé se mue en tueur maladroit... mais tueur quand même ! Un ancien pote va lui donner un coup de main... et il en a bien besoin, parce qu'il s'attaque à une famille de tarés. Ce n'est que très tard que l'on nous raconte la cause première de cette histoire de vengeance.

   En attendant, le réalisateur prend plaisir à faire durer les scènes. A rebours de tous les films d'action contemporains, il évite le plus possible de recourir à l'ellipse. On suit ainsi le personnage principal dans sa quête quotidienne, des gestes les plus anodins aux plus transgressifs. C'est assez original, mais il faut aimer ce style, fait de tension languissante.

17:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 26 août 2014

Dix par jour

   C'est le titre du documentaire consacré par Yves Garric et Georges Berte (auxquels on doit notamment Estremoni) aux soldats aveyronnais morts pendant la Première guerre mondiale. Cela représente un peu moins de 15 000 tués, sur une durée dépassant légèrement les 1 500 jours. D'où le titre.

   Sur fond de musique classique mélancolique, on nous montre plusieurs très beaux monuments aux morts, en particulier (au début et vers la fin) celui de Sainte-Geneviève-sur-Argence :

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   Mais le principal intérêt réside dans les histoires que ce film raconte, celles de poilus pour la plupart morts au combat (ou de maladie ou des suites de blessures), à travers les yeux et la voix de leurs enfants (ou neveux, nièces), aujourd'hui très âgés.

   Cela commence dans un club de retraités de Villecomtal (au nord de Rodez). On y entend la belle-fille d'un médecin, Maurice Bieulac, qui a dû lui raconter jadis les conditions dans lesquelles il opérait, à la guerre. Plus marquants encore sont les propos de Calliste Dellus, dont le père a survécu au conflit, mais qui a vu mourir devant lui son frère aîné... dont il a épousé la promise ! Son nom figure sur le monument aux morts local. Il fait partie des premières victimes de la guerre : il a été tué le 19 août 1914, pendant la "bataille des frontières", qui fut si meurtrière pour les troupes françaises :

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   Vient ensuite, à Rodez, Marie-Paule Bessière, qui évoque son oncle puis son père. Celui-ci est revenu en vie, mais gravement blessé. On n'a jamais retrouvé le corps de l'oncle, dont il ne reste qu'un portrait d'époque :

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   La fiche du soldat nous apprend qu'il a été tué en mars 1915, dans le département de la Marne. Son frère a survécu, mais non sans souffrances, d'après ce que raconte sa fille.

   A Clairvaux-d'Aveyron, le fils d'un autre survivant a découvert le carnet rempli par son père défunt de notes sur ce qu'il  a vécu durant la guerre. L'homme n'était qu'un modeste muletier, mais il écrivait remarquablement bien.

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   Après une escale à Marcillac-Vallon, pour une cérémonie mémorielle, direction le Sud-Est et la commune de Nant. Cette séquence illustre la tragédie que fut cette époque pour certaines familles, qui perdirent tous leurs hommes jeunes. Dans l'Ouest, à Najac, on perçoit les conséquences sur le monde agricole. La guerre a accentué la déprise rurale. Comme on est en terre militante, le réalisateur en profite pour montrer un couple de néo-ruraux, installés en agriculture biologique. Le fils de poilu lui évoque la place de l'occitan.

   Avec Geneviève Rigal-Saurel, c'est le cas des "gueules cassées" qui est évoqué. En famille, on découvre aussi la correspondance des poilus de la famille. On se souvient aussi du rôle que les femmes ont joué à cette époque.

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   Après le parcours des anonymes, c'est le tour de celui d'un (futur) notable, Raymond Bonnefous, alors étudiant en médecine. (Par la suite, il fut -entre autres- maire de Rodez, député puis sénateur.) Sa petit-fille, Nathalie Bauer, a recueilli une masse impressionnante d'objets et documents divers sur son aïeul, comme cet appareil photographique :

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   De passage à Rodez, le film nous montre une cérémonie au monument aux morts, avant qu'il ne soit question du célèbre soldat inconnu de Rodez, Anthelme Mangin. C'est l'historien local Jean-Michel Cosson qui est mis à contribution pour raconter cet incroyable destin :

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   A Villefranche-de-Rouergue, on nous conte une belle histoire d'amour, entre une Aveyronnaise de bonne famille (Rose) et un soldat originaire du Loiret (Maurice). Je vous laisse découvrir comment les tourtereaux se seraient connus. Un enfant est vite mis en route, puis un second (après le mariage, celui-là)... Maurice, parti au front, écrit souvent à Rose. Leur petite-fille lit quelques-unes de ces missives, qui témoignent de l'intelligence de ce soldat. Il est mort en... août 1918, dans l'Aisne :

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   Une fois de plus, on passe de l'humble au notable, et pas n'importe lequel. Pierre Ginisty évoque la vie d'un membre de sa famille, Charles Ginisty, originaire de La Roque-Valzergues (commune de Saint-Saturnin-de-Lenne), devenu évêque de Verdun et initiateur de la construction de l'Ossuaire de Douaumont.

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   On se rapproche de la fin du film. Les auteurs tracent des ponts entre la Première guerre mondiale et les conflits suivants : guerre d'Algérie et surtout Seconde guerre mondiale. L'avant-dernière séquence (plutôt maladroite) s'attarde dans le Sud du département, en particulier à Saint-Jean-d'Alcas. L'évocation de la Grande Guerre est l'occasion de parler de la transmission aux jeunes générations. On entend aussi parler des fusillés, ces autres victimes dont les noms sont absents des monuments aux morts. Yves Garric termine par une note personnelle : l'un de ses oncles est mort à proximité de Nancy, des suites de ses blessures, dès septembre 1914.

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   C'est un documentaire de bonne facture, riche en anecdotes dont ce billet ne rend que partiellement compte.

mercredi, 20 août 2014

Des chevaux et des hommes

   Cette comédie nordique a pour cadre la campagne islandaise, certes très jolie, mais parfois hostile. Les humains y sont peu nombreux et isolés les uns des autres. Pensez que le plus proche voisin habite en général à plusieurs kilomètres. Mais, par temps dégagé, avec de bonnes jumelles, on peut savoir (presque) tout ce qui se passe dans la contrée...

   On ne peut donc pas ne pas remarquer Kolbeinn (Ingvar Eggert Sigurdsson, déjà vu dans Jar city), célibataire endurci, bien de sa personne... et très fier de sa jument, qu'il prend plaisir à monter chaque jour :

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   Je signale aux observateurs attentifs qu'il ne s'agit pas d'un poney. Tous les chevaux visibles dans ce film sont de plus petite taille que ceux que l'on a l'habitude de voir en France. C'est une race locale, capable de prendre une grande variété d'allures. Le héros est d'ailleurs ravi de montrer aux autres habitants avec quelle grâce sa monture se déplace. Il n'avait pas prévu qu'elle exciterait les ardeurs d'un mâle particulièrement bien pourvu par la nature. C'est le début d'une seconde intrigue, qui va courir tout le long du film : la propriétaire de l'étalon va tenter de se rabibocher avec Kolbeinn.

   D'ici là, on aura découvert d'autres spécimens locaux... à commencer par un drôle de cavalier, qui se lance en pleine mer avec son cheval... dans un but que je me garderai bien de révéler :

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   C'est le moment de signaler que les paysages sont magnifiques. Les animaux sont aussi très bien filmés. Le réalisateur réussit même à transmettre l'idée que, parfois, ce sont les chevaux qui observent les humains. Certains sont particulièrement obstinés, comme ces deux pépés que la clôture d'un chemin public oppose... et qui ne sont pas prêts au compromis. Cette séquence fait un peu "règlement de comptes à Iceland Corral" !

   La quatrième histoire nous permet de découvrir plus en détail un personnage féminin aperçu dans la première séquence. Cette jeune cavalière se révèle elle aussi très obstinée. Certains chevaux sont l'objet de son attention. Elle va déployer des trésors de débrouillardise pour arriver à ses fins. Au passage, elle récupère l'un des deux papys vus précédemment :

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   On s'attarde ensuite sur Juan, un touriste sud-américain visible dans chaque historiette. Cette fois-ci, poussé par le désir de se rapprocher de la charmante jeune femme, il se lance dans une excursion montée. Mais, comme il n'est pas un cavalier émérite, il va lui arriver des bricoles. Lui aussi va devoir faire preuve de débrouillardise. Cet épisode est celui qui montre le plus clairement que, bien qu'appréciant les chevaux, ces hommes les utilisent comme des objets.

   Voilà pourquoi la propriétaire de l'étalon du début, une mère célibataire qui cherche un compagnon, décide de recourir aux grands moyens. Une balade collective réunit presque tous les personnages aperçus plus tôt. On y retrouve deux veuves, qui convoitent le même homme que l'héroïne. Si vous voulez connaître le résultat des courses, il faut aller voir le film !

13:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 12 août 2014

Lucy

   En moins d'1h30, Luc Besson (qu'il ne faut pas croire à chaque fois qu'il affirme avoir tourné son dernier film) tente de mêler un thriller de science-fiction, une réflexion philosophique et un poil de féminisme.

   L'héroïne a été nommée ainsi en référence à l'australopithèque dont une partie du squelette a été découverte en Ethiopie, en 1974, par une équipe dans laquelle figurait le Français Yves Coppens. A l'époque, les paléontologues avaient été inspirés par une chanson des Beatles, Lucy in the Sky with Diamonds... les initiales des mots principaux formant l'acronyme LSD. Cela colle parfaitement avec l'intrigue du film, qui tourne autour d'une nouvelle drogue de synthèse, le CPH4 (dont le nom a été inventé, selon Besson).

   Sur le papier, cela sonne bien, d'autant plus que la distribution est alléchante. Mais le début ne m'a pas emballé du tout. Est-ce parce que la version française est mauvaise ? Est-ce parce que je suis habitué à la véritable voix de Scarlett Johansson ? Cette dispute entre amoureux s'éternise inutilement. Par la suite, j'ai même eu mal pour l'actrice, qui n'est pas convaincante en étudiante pleureuse.

   Cela devient intéressant quand Lucy se retrouve lestée du paquet de poudre bleue. Le thriller démarre vraiment et, en même temps, le compte à rebours qui la voit acquérir une maîtrise de son cerveau de plus en plus complète.

   Ce début alterne avec des extraits d'une conférence scientifique, où l'on découvre Morgan Freeman, qui "fait le boulot". Les images sont entrecoupées d'extraits (fort jolis) de documentaires, pas tournés par Besson (les sources figurent dans la générique de fin). Science et philosophie se mêlent jusqu'à la fin, qui montre deux "Lucy" entrer en contact. Le scénario fait (intellectuellement) descendre l'espèce humaine de l'australopithèque, ce qui est faux.

   De la part de Besson, le mélange des genres est assez culotté. Mais cela ne m'a guère intéressé. D'un point de vue cinématographique, on est content de retrouver Scarlett bonne actrice à partir du moment où les effets de la drogue se font sentir.

   C'est drôle parce qu'on voit une fragile poupée mettre sa race à une brochette de voyous (et même à des policiers), parfois de manière spectaculaire. Les effets spéciaux sont réussis et les péripéties s'enchaînent. (On sait faire ça, chez Europa Corp.)

   La tension monte jusqu'à un apogée qui m'a déçu. L'histoire se conclut trop vite. Je pense qu'on a dû pratiquer des coupes, pour faciliter l'exploitation en salles. Du coup, on laisse tomber la relation de l'héroïne avec sa mère, on ne développe pas l'ébauche de romance avec le policier français et l'on n'insiste pas sur le corps qui se rebelle (objet pourtant d'une belle scène d'avion).

   Quant au féminisme, il est tout relatif. A part Lucy / Scarlett, aucun personnage féminin ne se détache. Sa meilleure amie, à peine entrevue, semble aussi superficielle que l'héroïne non droguée. Dans l'amphithéâtre où le professeur Norman s'exprime, on aperçoit bien de nombreuses étudiantes, mais tous les scientifiques de renom sont des hommes. Il en est de même des forces de police et des mafieux coréens, qui ne croisent qu'une femme de ménage et une tatoueuse. Si j'étais mauvais esprit, je dirais que le sous-texte du film est que les femmes sont globalement inférieures aux hommes, une seule se détachant du lot.

   Mais chacun (féministe ou pas) peut y trouver son compte, tout comme à propos des drogues. La scène montrant Lucy faire la fête en boîte de nuit est clairement une apologie de la prise de ces substances (tout comme la trame générale, qui explique comment une femme très ordinaire devient surhumaine à l'aide d'une drogue). D'autres éléments en pointent les effets néfastes et dénoncent l'action des groupes criminels. Besson cherche à se concilier tous les publics, pensant ainsi rallier le grand nombre, au risque de ne pas faire le grand film qu'il est pourtant capable de réaliser.

17:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 09 août 2014

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?

   J'arrive après la bataille, mais, bon, il n'est jamais trop tard. En fait, j'ai accompagné une personne qui ne se rend au cinéma que deux ou trois fois par an. Elle constitue l'une des cibles de ces longs-métrages familiaux, comédies balisées, dont le destin est d'être diffusées à 20h50 sur TF1 (qui, est-il besoin de le préciser, a produit le film).

   Le prologue est réussi, avec cette succession de passages à la mairie. Pour paraphraser l'une des affiches (et un film célèbre), c'est un peu "Trois mariages et deux têtes d'enterrement" : au fil des unions, le couple bourgeois catholique, qui tentait de faire bonne figure au début, tire de plus en plus la tronche, pour finir par porter une tenue de deuil. Si l'on ajoute à cela le contraste des identités complètes des mariés, on obtient un bon démarrage.

   Cela se gâte un peu quand on découvre les trois gendres. Les acteurs en font trop. Je les ai trouvés plutôt antipathiques (Chao un peu moins). Habilement, le scénario les présente avec un défaut principal, mais aussi une grande qualité. Rachid le musulman est un homme moderne, pas du tout intégriste, mais il a très mauvais caractère ; on le sent souvent sur le point de "péter les plombs". Dans sa profession d'avocat, on en fait un homme bon, mais très à cheval sur les principes.

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   David le juif est le plus agaçant, à la fois le plus communautariste (mais il n'a toutefois pas exigé que son épouse embrasse sa religion)... et le plus fort-en-gueule... sans compter qu'il mange comme un malpropre.

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   Chao est obséquieux à l'extrême, pas toujours de manière naturelle. Mais, au fond, c'est un chic type, qui a donné un coup de main bancaire à sa future épouse et qui est prêt à soutenir la nouvelle entreprise de l'un de ses beaufs.

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   Par contre j'ai bien aimé le passage qui voit chacun d'entre eux, pourtant victime de préjugés racistes, se révéler lui aussi pétri d'aprioris sur d'autres communautés : le Franco-Algérien déteste les Marocains et le juif séfarade méprise les Ashkénazes.

   Le message est plus lourd quand il est question du père de famille, incarné par Christian Clavier. De sa bouche sortent la majorité des clichés racistes, qui ne sont pas toujours présentés comme tels dans le film. On a reproché aux auteurs de ne pas avoir clairement dénoncé  certains de ces lieux communs. Quelques-uns sont certes battus en brèche (on voit un Arabe rejeter la drogue, un juif qui tire le diable par la queue et un Asiatique philanthrope), mais il est indéniable qu'à la fin du film, même si Verneuil père a accepté ses gendres, il n'en conserve pas moins nombre de ses préjugés.

   Le second bouleversement vient de la quatrième fille, qui est sur le point d'épouser un Noir, d'origine ivoirienne. Cette fois-ci, on nous épargne la liste des clichés sur les Africains et on nous offre un superbe personnage : le père ivoirien, lui-même bouffi de préjugés, interprété avec talent par Pascal N'Zonzi. Sa réconciliation avec le gaulliste Verneuil est ma foi bien mise en scène.

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   La comédie manque toutefois de folie. On fait référence à Rabbi Jacob (dans un contexte assez cocasse), mais la comparaison ne joue pas en faveur du film le plus récent. (Et Clavier n'a pas le talent de Louis De Funès.) Seule Chantal Lauby, excellente en catho qui s'ouvre au monde, rompt un peu la mécanique prévisible de l'intrigue. (De manière générale, les personnages féminins sont plus sympathiques, plus mûrs.) Je regrette aussi que l'on n'ait pas davantage développé l'histoire du complot des gendres (contre le quatrième). Le quiproquo (à propos d'une photographie) était pourtant porteur.

   Voilà. Ce n'est certainement pas la comédie du siècle (ni même de l'année). Tout en rassurant son public (et en évacuant le contexte social...), elle dit tout de même deux-trois choses pas idiotes.

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jeudi, 07 août 2014

La Planète des singes : l'affrontement

   Ce film est la suite de celui qui était sorti en 2011 (La Planète des singes : les origines). L'action se déroule dix ans après. Un prologue télévisuel nous apprend (ou nous rappelle) que l'épidémie qui s'était déclarée a presque exterminé le genre humain. A l'écran, une animation nous montre la propagation de la maladie, concomitante de la progressive disparition des lumières à la surface de la Terre.

   Le sous-titre français est moins allusif que la version anglo-saxonne, qui évoque le début (l'aube) de la domination des singes. Le conflit principal est celui qui peut opposer les humains aux autres primates évolués. Mais, habilement, l'histoire met en scène les rivalités au sein de la communauté simiesque et (de manière moins développée) les dissensions entre les humains rescapés. Cela nous mène au message le plus intelligent du film : l'amitié et le respect peuvent naître entre des individus qu'au départ tout sépare, alors que les êtres en apparence semblables n'ont parfois pas grand chose en commun. Dans le rôle du chef charismatique et sage, Andy Serkis / César est excellent, meilleur en tout cas que Jason Clarke (remarqué dans Zero Dark Thirty), dont le jeu est un peu stéréotypé.

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   L'ambiance est post-apocalyptique. C'est devenu très convenu, le sujet ayant été déjà abordé par une floppée de films et de séries télévisées, dernièrement, Revolution, qui semble avoir inspiré une brochette de scénaristes hollywoodiens (ceux de Divergente et de Transcendance notamment). Notons que la musique est de Michael Giacchino, qui a aussi composé une partie de celle de la série Fringe et celle de plusieurs autres productions de JJ Abrams. D'ailleurs, les fans en reconnaîtront l'un des acteurs principaux, Kirk Acevedo, qui incarne ici un gros blaireau.

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   Je suis un peu déçu par le contexte post-apocalyptique. Les groupes, qu'ils soient humains ou simiesques, ont donné naissance à des organisations très hiérarchisées, dans lesquelles un chef domine la masse, en s'appuyant sur un groupe de fidèles. Cela nous mène à un autre message du film : la dénonciation de l'ambition dévorante et de la fascination pour les armes à feu. En poussant un peu loin, on pourrait voir en César un double de Barack Obama, qui dénonce la violence sanguinaire au début, avant que l'exercice du pouvoir et les nécessités du moment ne le poussent à s'adapter...

   Lorsqu'il n'est pas question de politique, ce sont les relations familiales qui sont mises au premier plan. Sans surprise, la cellule de base de la société est présentée comme LE refuge face à la dureté de l'époque. Cela peut-être une famille classique (comme celle de César) ou une recomposée, comme celle de Malcolm, qui a perdu son épouse, alors que sa nouvelle compagne a vu mourir son époux et sa fille. Chacun a ses petits soucis : César doit gérer la crise d'adolescence de son fils aîné, alors que Malcolm doit faire accepter sa nouvelle compagne à son fils, lui aussi adolescent. L'un des publics cibles des producteurs peut donc s'identifier à un singe ou un humain de sa génération.

   Par contre, les femmes sont globalement au second plan. Du côté des singes, on ne voit guère que la compagne de César, soumise et courageuse. Du côté des humains, seule Ellie émerge.

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   Sinon, on peut faire abstraction de tout cela pour se plonger dans un film d'action à rebondissements. C'est techniquement très au point. Les mouvements des singes sont criants de vérité. Plusieurs séquences sont particulièrement marquantes, comme l'incendie d'un village et l'assaut d'une cité fortifiée. Cela culmine dans le duel final, bien mis en scène mais au déroulement un peu convenu.

   P.S.

   Je ne pense pas trahir un secret en affirmant qu'il y aura une suite... et puis, tendez l'oreille pendant le générique de fin.

21:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film