dimanche, 04 décembre 2011
Le Chat Potté
Depuis le temps que l'on nous annonçait ce produit dérivé de l'univers de Shrek, je ne l'attendais plus ! Voici donc cette animation entièrement dédiée à ce brillant second rôle, cet adorable et insupportable sac à puces dont le regard apitoyant avait fait craquer des millions de spectateurs.
On commence par une remarque : c'est presque un vieux matou (encore bien en jambes, rassurez-vous) qui est le héros de ce film ; il me semble qu'on a un peu vieilli le personnage par rapport à ses aventures "shrékiennes"... mais on nous offre le récit de sa jeunesse tourmentée, l'une des plus belles séquences étant celle de son arrivée au refuge, une sorte d'orphelinat où l'on retrouve quantité d'enfants tarés ou rejetons de déviants. Très vite, le chaton timide se révèle audacieux.
L'un des ressorts de l'intrigue est donc son amitié à rebondissements avec l'œuf, un gars très inventif... pour le meilleur et pour le pire. J'ai moyennement apprécié cet aspect-là. J'ai beaucoup plus goûté la relation acrobatique avec une insaisissable chatte ("Kitty pattes de velours", doublée par Virginie Efira dans la version française), qui n'est pas sans évoquer (du moins au début) la Catwoman de Tim Burton. (Quel mâle hétérosexuel n'a pas fantasmé des nuits entières sur Michelle Pfeiffer en combinaison de cuir ?.........)
Le film regorge donc de clins d'œil, à des films de Disney, aux westerns-spaghetti, aux contes (Le Chat Botté, cela va sans dire, mais aussi Jack et le haricot magique et Alice au pays des merveilles, Humpty étant visiblement -au moins en partie- inspiré du Gros Coco). C'est un divertissement plutôt réservé à des enfants déjà un peu âgés : dans la salle où je me trouvais, une gamine de 4-5 ans a vite décroché, alors que les garçons de 8-10 ans ont bien suivi. Le (très) grand garçon que je suis a beaucoup ri.
Ceci dit, les petits seront quand même emballés par l'une des premières séquences, une effraction chez un couple d'horribles géants (l'une des nombreuses réussites de ce film ; tendez l'oreille lorsqu'ils parlent... les dialogues sont savoureux !) qui se continue en trépidante course-poursuite pour se finir en battle-dance sur musique entraînante.
C'est l'occasion de découvrir l'un des lieux mythiques de ce film : l'antre des chats, qui n'est pas sans évoquer l'univers des Aristochats. On y joue de la musique, on y danse... au milieu de dizaines de boules de poils ! (C'est peut-être le moment de préciser que, si vous n'aimez pas ces animaux, mieux vaut passer votre chemin...)
Un autre lieu-clé est le royaume de l'oie qui pond des œufs d'or. Là, on est en plein conte... avec une morale, donc : le film se veut une dénonciation de l'appât du gain, aussi bien chez certains personnages principaux que chez les humains.
Tout ce beau monde finit par se retrouver dans le village où le Chat Potté (qui n'était pas encore botté) et l'oeuf se sont connus. On y règle ses comptes, on y dévoile ses sentiments profonds. Ce n'est pas la partie que j'ai préférée, mais, bon, on nous ménage une fin à rebondissements, pas déplaisante du tout.
P.S.
Le site internet dédié est sympa. On peut y jouer au "chat boosté", aux "dancing boots" et accéder aux traditionnels bonus.
13:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
jeudi, 01 décembre 2011
Tous au Larzac
Voilà donc ce documentaire consacré à la lutte des paysans des Causses contre l'agrandissement du camp militaire de La Cavalerie. Il est attendu depuis plus de deux ans : il était déjà en gestation au moment de la sortie de Les Brebis font de la résistance, en avril 2009.
Ce film a été pour moi source de deux agréables surprises. Tout d'abord, même si les auteurs éprouvent une évidente sympathie pour les révoltés larzaciens, leur film se veut d'abord une histoire rigoureuse de la lutte et de son contexte. Ensuite, bien que cela dure presque deux heures, on ressent peu la longueur, ce qui est assez rare pour un documentaire. Je pense qu'un gros travail pédagogique a été fait au moment du montage, qui alterne différents entretiens, images d'archives et paysages magnifiques.
Que les allergiques à José Bové se rassurent : il n'apparaît qu'au bout de 40 minutes et il n'est pas particulièrement mis en avant par rapport aux "historiques" du combat que sont par exemple Léon Maillé, Guy et Marisette Tarlier, Pierre et Christiane Burguière. Le rôle des femmes est mis en valeur, sans que cela soit ostentatoire.
Ces deux heures se justifient tant la lutte (10 ans, au sens strict) fut, contrairement à ce qu'une lecture rapide des événements laisserait croire, longue, difficile, à l'issue incertaine. Les relations avec les commerçants de La Cavalerie et certains militaires furent très tendues. Une des bergeries fut même plastiquée. Vers la fin du film on comprend que, sans l'élection de François Mitterrand (dont la venue sur le Larzac fut peut-être le théâtre d'un complot policier) à la présidence de la République, les rebelles auraient sans doute fini par céder.
Et pourtant, ils furent aussi pacifiques qu'inventifs (et drôles, parfois). Je reste épaté par la ténacité dont ces personnes ont fait preuve pour organiser les actions non violentes qui ont tant marqué leur époque. Pour que le film soit complet, il manque peut-être le point de vue des enfants de ces militants, dont la jeunesse a dû être marquée à la fois par l'enthousiasme de la lutte mais aussi les difficultés d'une vie quotidienne perturbée par un combat dont on avait du mal à voir la conclusion.
Le film fait aussi le lien entre les luttes du passé et celles du présent. Ce n'est pas forcément la partie la plus convaincante, mais bon, l'ensemble mérite quand même le détour.
P.S.
Signe que les temps ont changé, le sénateur du Sud Aveyron (élu en 2008), Alain Fauconnier, un socialiste plutôt proche de la gauche de la gauche, s'est inquiété, dans une question posée au ministre de la Défense et des Anciens combattants (Alain Juppé, à l'époque), du devenir du camp militaire qui, quoi qu'on en dise, est pourvoyeur d'emplois dans la région...
22:49 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film, histoire
dimanche, 27 novembre 2011
Jeanne captive
On va dire : encore un film sur Jeanne d'Arc ! Cette fois-ci, en dépit du peu d'informations dont on dispose sur l'épopée johannique, le réalisateur, Philippe Ramos, a choisi de concentrer son attention sur trois moments seulement : le début de la captivité de Jeanne, alors aux mains des hommes de Jean de Luxembourg, le passage aux mains des Anglais, avant le procès, puis la dernière période, de l'après-procès au bûcher.
La première période est fondée sur un postulat sans doute faux : une supposée tentative de suicide de Jeanne, prise pour une nouvelle tentative d'évasion. Cette hypothèse était (et reste) la plus vraisemblable : la Pucelle avait déjà essayé de s'enfuir de son premier lieu de détention, le château de Beaulieu. Dans le film, elle se trouve, sauf erreur de ma part, dans le second lieu de détention, le château de Beaurevoir, dont il ne reste plus qu'une tour (Jeanne fut enfermée dans le donjon, aujourd'hui disparu). D'ailleurs, dans l'évocation de la tentative se suicide/évasion, le réalisateur se garde de faire figurer un élément : une corde bricolée à partir de draps et tapisseries, qui aurait cédé au cours de la tentative.
Cette réserve faite, force est de constater que le film "fonctionne" très bien. Il est centré sur l'attitude de Jeanne, souvent incompréhensible à ses geôliers ainsi qu'aux autres visiteurs... et peut-être aux spectateurs contemporains. P. Ramos nous trace le portrait d'une croyante fervente, et même d'une sainte.
Le choix de l'actrice était donc crucial. Ce fut un bon choix. Clémence Poésy (la Fleur Delacour de Harry Potter, aussi remarquée dans Bons Baisers de Bruges) nous fait totalement croire à la foi qui anime cette jeune femme et, cerise sur le gâteau, elle est absolument ravissante (les vicelards esthètes raffinés peuvent même profiter de certaines séquences pour se rincer l’œil) .
Dans la première partie, c'est sa relation avec le guérisseur (Thierry Frémont, excellent) qui est mise en scène... sous la forme d'un drôle de dialogue, puisqu'elle ne lui adresse (presque) jamais la parole. C'est un joli tour de force au niveau de la réalisation... portée par de brillants interprètes, jusque dans les seconds rôles.
La deuxième partie voit intervenir les Anglais, plus ou moins respectueux de la demoiselle. La confrontation est plus dure, mais la jeune femme sort renforcée de sa précédente détention. Elle a décidé de parler désormais. On ne comprend toutefois pas bien comment elle a été amenée à se renier, avant de vite récupérer ses esprits. Par contre, on saisit parfaitement la volonté des Anglais de brûler la "sorcière" ou la "putain". Le réalisateur n'est cependant pas allé jusqu'à mettre en scène des tentatives de viol. Il se contente d'une version édulcorée du processus qui conduit Jeanne à être relapse, mais il la tourne bien.
J'ai aussi aimé la manière dont est montré le doute que la Pucelle réussit à instiller dans l'esprit de nombre de ses adversaires. Il y a aussi la peur que la présumée sorcière inspire aux esprits faibles, qui la croient capable de moult maléfices.
Reste la mise à mort, qui est l'occasion de découvrir l'entourage, la population. Le réalisateur met à l'image quelques habitants de Rouen, mais surtout les Anglais dans leur diversité, auxquels il oppose deux religieux : un moine (Jean-François Stévenin, correct) et un prédicateur illuminé (Mathieu Amalric, supportable). La toute fin m'a moyennement plu, avec ce jeune couple (qu'on a découvert peu auparavant) qui s'ébat. On a visiblement voulu contrebalancer la mort de la sainte par la naissance d'un amour. Mouais...
P.S.
Le réalisateur et l'actrice principale ont participé, en compagnie d'un historien, à l'émission Les femmes, toute une histoire, le 13 novembre, sur France Inter.
14:00 Publié dans Cinéma, Histoire, Jeanne d'Arc | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéùa, cinema, film, histoire
dimanche, 20 novembre 2011
Colorful
C'est un manga, adapté d'un roman japonais. Il est "plein de couleurs" parce qu'il est souvent question de peinture, à travers l'atelier artistique d'un collège, où se rejoignent certains élèves de 3e. C'est aussi une allusion au tempérament des personnages principaux, à plusieurs facettes.
Au départ, l'histoire ne semble pas alléchante : on ne voit pas le personnage principal, que l'on ne fait qu'entendre. Il croit qu'il est mort. Pas de chance ! Il va devoir intégrer le corps d'un autre garçon, qui vient de se suicider. Voilà qui n'est guère réjouissant. Mais je vous assure que la séquence du "purgatoire" est brillante, souvent drôle. Et l'on se demande qui peut être ce curieux "employé du Ciel", ce garçon en costume-cravate...
La suite est la découverte de la seconde existence de celui qu'on appelle Makoto Kobayashi. Le réalisateur a tenu à nous montrer la vie quotidienne d'une famille de "Japonais moyens". La façade est jolie (ils ont une maison, un intérieur coquet à défaut d'être luxueux, deux garçons propres sur eux), mais le fond est moins joyeux : le père est un gentil ringard, un brin alcoolique, très pris par son boulot minable ; la mère, qui a eu des faiblesses pour son professeur de danse, est d'une insupportable soumission à la maison ; le frère aîné semble être un jeune homme égoïste et le rescapé Makoto est un enfant gâté.
Il est surtout décalé par rapport à ceux qui croient le connaître. Il n'a que quelques semaines pour mener à bien sa "mission"... qu'il ne connaît pas, en fait. On sent qu'il doit "réparer" certaines choses. Pour cela, il doit découvrir pourquoi le garçon qu'il remplace s'est suicidé. Il mène donc une petite enquête. Ce qu'il découvre n'est pas toujours joli joli.
Mais l'âme réincarnée se rebelle parfois. Il veut n'en faire qu'à sa tête. (N'oublions pas que c'est un gamin.) Comme celui qu'il remplace n'avait visiblement pas d'ami, il tente de s'en faire. Il va aussi découvrir sa "famille", les voir sous un autre jour. Une des belles séquences le voit partir à la pêche avec son "père". On peut relever aussi les scènes de repas, vraiment réussies... et qui donnent faim !
Les Occidentaux seront stupéfaits de découvrir un collège où les garçons portent l'uniforme et les filles la jupe et de grandes socquettes. Mmmm... Les Occidentaux seront peut-être aussi surpris par le respect de certaines convenances, la politesse des protagonistes. Heureux Japon... Du point de vue scolaire, on apprend que les lycées prestigieux sont publics, alors que les bahuts privés semblent appartenir à deux catégories : ceux qui acceptent tous les collégiens, quels que soient leurs résultats, et ceux qui offrent une formation très spécialisée (en arts plastiques, par exemple).
Le dessin est agréable à regarder. Ce n'est pas du niveau d'un film de Miyazaki, mais cela a été fait avec soin, surtout au niveau des décors. C'est un peu plus limite quand les mouvements se font rapides.
La fin nous propose un petit retournement... auquel on peut s'attendre si l'on a été attentif. (C'est pas pour me vanter, mais j'avais "intuité" depuis le début !) Je trouve toutefois le film un peu complexe pour des petits. Dans la salle où je l'ai vu, quelques parents n'avaient visiblement pas lu grand chose à son sujet avant d'y emmener leurs bambins. En dépit de la qualité de l'image et de l'intérêt porté aux relations entre ados, certains ont assez vite décroché... et ils n'ont pas dû comprendre certains traits d'humour.
On peut glaner plus d'informations sur le site dédié.
14:01 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 19 novembre 2011
Tintin et le secret de la Licorne
Cette adaptation est construite à partir de deux albums, Le Crabe aux pinces d'or (qui voit la rencontre entre Tintin et le capitaine Haddock) et Le Secret de la Licorne. On comprend la logique qu'il y a derrière : cela constitue une sorte de matrice, dont vont découler les autres films (le prochain fera sans doute intervenir le professeur Tournesol). Mais l'attelage est un peu bancal : je considère Le Secret de la Licorne nettement supérieur au Crabe aux pinces d'or.
Après, que les scénaristes aient réécrit une partie de l'histoire ne me choque pas. Leurs choix ne sont pas forcément mauvais. On notera tout de même que le récit (par Haddock) de la vie de son ancêtre intervient, dans le film, dans une phase de sevrage d'alcool, alors que dans la bande dessinée, il nourrit son récit de fréquentes gorgées de boisson fermentée...
Mon principal regret est le traitement subi par le second album, dont l'intrigue est quelque peu rognée pour que l'ensemble rentre dans le format d'un film d'environ deux heures. Exit donc les frères Loiseau (ce qui évitera au film de susciter l'ire des antiquaires), remplacés par une habile histoire de vengeance à plusieurs générations de distance. L'épisode du voleur de portefeuilles est aussi un peu bâclé : dans l'album, il est traité avec un grand soin graphique... et beaucoup plus d'humour.
J'ai par contre apprécié l'introduction précoce de la Castafiore dans l'univers de Tintin. Sa présence se justifie d'une manière que je ne peux raconter ici sous peine de déflorer un peu trop l'intrigue. C'est bien trouvé.
Les séquences d'action sont particulièrement réussies. On a l'abordage de la Licorne par le bateau-pirate, un grand moment en 3D. On se laisse aussi volontiers porter par l'incroyable poursuite marocaine, à pieds, en moto, en voiture, en char, dans les airs... jusque dans l'eau. On retrouve le souffle d'Indiana Jones... mais ce n'est pas du Tintin.
Le film commence pourtant très bien, avec un générique virevoltant, puis un hommage à Hergé dans la première séquence. (Regardez bien qui fait le portrait de Tintin.)
Mon gros problème est que je n'ai pas trop aimé les voix françaises des deux personnages principaux (Tintin et Haddock), qui me sont apparus moins sympathiques et fantaisistes que dans la BD. Par contre, j'ai adoré Milou, qui se comporte comme un mélange d'Idéfix et de l'adorable cabot de The Artist.
23:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
vendredi, 18 novembre 2011
Contagion
Pour se mettre dans l'ambiance de ce film, il faut imaginer une suite virtuelle à L'Armée des douze singes : le scientifique fou a réussi à mettre en oeuvre son projet de dissémination des germes, et le monde va subir une terrible épidémie... sauf qu'ici la cause est accidentelle.
C'est d'ailleurs l'un des intérêts du film : découvrir, au fur et à mesure que l'enquête épidémiologique progresse, le chemin pris par la contamination, jusqu'à parvenir à remonter au "moment zéro". Je trouve néanmoins que le scénariste n'a pas assez exploité cet aspect de l'histoire.
C'est d'abord une tranche de vies (pas du niveau de Short Cuts toutefois), un film sur l'humain de base confronté à une catastrophe sanitaire. Certains se révèlent être médiocres, d'autres des salauds, d'autres encore des héros. Le paradoxe est que ces humains ordinaires sont incarnés par une brochette de vedettes : Matt Damon (au poil en Américain moyen), Kate Winslet (mon kiff perso), Laurence Fishburne (très bon), Gouinette Patrop (qui joue juste, dans un rôle difficile), Jude Law, en internaute justicier à la noix et Marion Cotillard, un peu transparente en technocrate de la médecine au grand coeur.
Si le déroulé de l'intrigue n'a rien de transcendant, le traitement est rigoureux, soigné, efficace (didactique même, pensent certains spécialistes), sans recherche d'effet catastrophe. C'est très bien joué... et, face aux stars, c'est une actrice méconnue qui remporte le ponpon, avec le rôle-clé.
Le soir, après un bon repas, cela permet de digérer agréablement. Sans plus.
00:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
lundi, 14 novembre 2011
Un mythe s'effondre
J'ai apris la nouvelle (renversante) en écoutant le "portrait chrono" que Tanguy Pastureau lui a consacré ce week-end. George Clooney... oui, le George Clooney, le beau gosse qui les fait tomber comme des mouches, l'acteur drôle et subtil, le réalisateur pas manchot, le producteur engagé, ce George Clooney-là est... un mec normal !
L'information a été puisée à bonne source : le magazine Rolling Stone, réputé pour la rigueur de ses enquêtes approfondies. Le 9 novembre est paru un article dans lequel on apprenait notamment que le chéri de ces dames a eu son premier orgasme en montant à la corde. Voilà qui n'a rien de surprenant : Clooney ado était bien dans la norme, c'est-à-dire excité comme une puce !
Mais le plus incroyable est à venir dans la suite de l'article. Le VRP du café-express des bobos (dont une publicité a fait l'objet d'un détournement "équitable"...) avoue raffoler... des pets, qui le font mourir de rire, à tel point qu'il a téléchargé une application flatulente sur son téléphone portable (qu'on imagine très chic). Il a même acheté des coussins-péteurs déclenchables à distance...
06:50 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, médias, cinéma
samedi, 12 novembre 2011
Une Vie avec Oradour
Ce documentaire est consacré, comme son titre l'indique, au massacre d'Oradour-sur-Glane. Il n'est pas le premier (et sans doute pas le dernier). Le réalisateur a donc adopté une démarche originale, comme il l'explique dans le passionnant dossier de presse publié à l'occasion de la sortie du film : il suit l'un des deux derniers rescapés encore en vie, Robert Hébras (auquel Libération a récemment consacré un joli portrait). Celui-ci raconte donc cette journée comme il l'a vécue.
D'autres témoins ont été sollicités. Au final, le film réussit le tour de force de raconter de manière objective un événement, à partir de visions subjectives.
Ceux qui se sont déjà rendus dans le village en ruines (dont une reconstitution en images de synthèse a été réalisée) reconnaîtront certaines rues et certains bâtiments. A travers les descriptions du rescapé, on suit à la fois le déroulement du massacre et son parcours de survie.
La deuxième partie du film est consacrée à l'après-guerre. Le village est reconstruit à côté, laissant les ruines en place. Il faut vivre avec la douleur, l'absence des êtres aimés. Les survivants se font passeurs de mémoire. On suit l'évolution de Robert Hébras, dont on comprend qu'il fut sans doute longtemps germanophobe, avant de pouvoir faire la distinction entre les criminels de l'époque et les Allemands d'aujourd'hui. A ce sujet, une séquence émouvante le montre en compagnie d'un groupe d'élèves venus d'Allemagne avec leurs enseignants. C'est l'un des très beaux moments du film.
On peut aussi y dénicher quelques "perles", comme ces extraits d'un documentaire allemand (eh oui !) tourné il y a plus de vingt ans. On y voit un Robert Hébras plus jeune présenter une partie des ruines devant des journalistes venus d'outre-Rhin. On y voit aussi l'un des responsables du massacre, Heinz Barth, aujourd'hui décédé. Il se déclarait très surpris d'apprendre qu'il y avait eu des survivants...
Cela nous amène au procès de 1953, qui a vu s'opposer deux mémoires des victimes : celle des habitants d'Oradour et celle des "Malgré-nous", Alsaciens et Mosellans engagés de force dans l'armée allemande (voire les SS) : 13 d'entre eux (dont un engagé volontaire) étaient membres de la troupe qui a perpétré le massacre.
Pour complexifier le tout, ajoutons que, parmi les 642 victimes, figurent des réfugiés originaires d'Alsace-Moselle (n'oublions pas que ces deux territoires ont subi, en 1940, une nouvelle annexion allemande), notamment du village de Charly, situé à proximité de Metz. A sa demande, il obtint de changer son nom en Charly-Oradour.
Même si le film est bien fichu, je pense que rien ne remplace la visite des lieux. L'accès aux ruines est gratuit. Sur certains bâtiments, des plaques apportent des éléments d'explication. Mais peut-être vaut-il mieux commencer par la visite du Centre de la mémoire, qui explique le contexte du massacre et élargit à toute la Seconde guerre mondiale (et au-delà).
15:06 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema, histoire
vendredi, 11 novembre 2011
Ici on noie les Algériens
C'est un documentaire consacré au massacre du 17 octobre 1961, à Paris. Ce n'est toutefois pas une enquéte exhaustive sur les tenants et les aboutissants de l'événement. Le film prend la forme d'un déroulé chronologique, qui s'appuie sur des documents d'époque et les témoignages de rescapés et de proches des victimes.
Premier constat : c'est fou ce que l'on peut retrouver comme images d'archives ! Si, en France, le bilan de ce massacre a été longtemps occulté, force est de constater que la manifestation comme la répression, même atténuée, sont présentes dans les médias de l'époque.
On pourra regretter que la réalisatrice (qui s'est auparavant intéressée aux massacres de Sétif) n'ait pas choisi de consacrer davantage de temps au contexte de la manifestation : la guerre d'Algérie finissante. Cela aurait permis de mieux cerner les motivations des autorités de l'époque. On se place tout de même dans une séquence hyperviolente, commencée le 8 mai 1945 (et à la Toussaint 1954 pour la guerre en tant que telle). N'oublions pas non plus que, pour l'Etat français, "l'affaire algérienne" est officiellement une série d'opérations de maintien de l'ordre, pas une guerre (dont l'existence n'a été reconnue qu'en 1999...).
Les moments que j'ai trouvés les plus intéressants sont cependant les témoignages (contemporains) des femmes, sur le déroulement de la manifestation, la répression, leur vie sans leur mari, leurs démarches pour le retrouver. Certaines font même parfois preuve d'un humour étonnant. (On peut en lire d'autres sur un site dédié au 17 octobre 1961.)
Reste que le film m'est apparu long. Il ne dure pourtant qu'1h30, mais je dois avouer que, durant la première partie, il m'est arrivé de piquer du nez ! C'est, je pense, une des limites du documentaire cinématographique. Un format de 45-50 minutes est plus adapté. Sauf exception, la télévision se prête donc mieux à sa diffusion. Pour maintenir l'intérêt sur une plus longue durée, il faut que le documentaire soit porté par une verve polémique talentueuse, ou qu'il soit d'une exceptionnelle qualité. Ce n'est pas le cas ici. C'est un travail intéressant, sans plus.
14:35 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
dimanche, 06 novembre 2011
La Couleur des sentiments
Ce n'est pas le titre d'origine, qui est The Help ("La Domestique" ou "La Femme de ménage"), directement inspiré du livre écrit par Kathryn Stockett, dont la biographie n'est pas sans ressembler à celle du personnage de Skeeter.
Je pense qu'on a changé le titre pour que les spectateurs français adultes fassent le rapprochement avec le film de Steven Spielberg La Couleur pourpre (lui aussi adapté d'un roman). Dans les deux cas, l'action se passe dans le sud des Etats-Unis. Dans les deux cas, les Noirs sont confrontés à la ségrégation. Dans les deux cas, ce sont d'abord des histoires de femmes. La grande différence est l'époque : le début du XXe siècle pour La Couleur pourpre, les années 1960 pour The Help.
C'est donc d'abord un film d'actrices, où les personnages masculins, fait exceptionnel, sont au second plan. Ma préférée est sans conteste Octavia Spencer, qui joue Minny Jackson, une employée à fort caractère, dont les pâtisseries sont renommées. Son gâteau au chocolat va occuper une place particulière dans l'intrigue...
Du côté des Blanches, j'ai apprécié Jessica Chastain, dont le rôle de fofolle contraste fortement avec celui qu'elle a interpété dans L'Affaire Rachel Singer. Bryce Dallas Howard est aussi très bien en insupportable pétasse. Dans un rôle plus difficile (celui d'une mère non raciste, mais qui n'assume pas devant ses fréquentations très traditionnalistes), on peut noter la performance d'Allison Janney, récemment remarquée dans Life during wartime. Enfin, les plus âgés (ou cinéphiles) seront heureux de retrouver Sissy Spacek, qui n'est plus la jeune femme révélée par Carrie au bal du diable, mais une grand-mère caractérielle qui déteste sa fille.
L'histoire tourne autour des relations entre les nounous noires et les enfants dont elles ont (eu) la charge. Ce sont finalement elles qui les élèvent, et non les mères biologiques, accaparées par l'organisation de goûters, de réunions ou de soirées... où toutes les tâches ingrates sont exécutées par les domestiques.
C'est un aspect "quotidien", trivial, de la ségrégation qui joue le rôle de détonateur. En effet, alors que dans presque toutes les circonstances, les législateurs ont prévu de séparer les Blancs des autres, dans les maisons où travaillent les domestiques se pose la question de l'usage des toilettes (et même du papier hygiénique). Au départ anecdotique, le sujet va prendre des proportions inattendues... et franchement cocasses !
C'est le passage par l'écrit qui met le feu aux poudres. L'étudiante blanche anticonformiste, de retour dans sa ville natale, constate qu'elle tranche sur l'opinion moyenne des gens de son milieu. Elle décide de donner la parole aux employées noires... avec les risques que cela comporte. Ce film est donc aussi un hommage à l'écriture, qu'elle soit sous forme journalistique ou romancée.
Et l'amour dans tout cela ? Il est difficile à trouver aussi bien pour les Blanches que pour les Noires. Les hommes noirs sont singulièrement absents de cette histoire (à une exception près). Les rares fois où il en est question, les maris sont dépeints comme violents. Du côté des Blancs, le tableau n'est pas meilleur. S'ils ne frappent pas leurs épouses, les maris imposent quand même leur loi et, quand ils sont gênés, ils ont tendance à se défiler. Quelques (rares) figures viennent heureusement nuancer ce tableau peu réjouissant. (Signalons que le film a été réalisé par un homme !)
14:34 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, histoire
samedi, 05 novembre 2011
L'Exercice de l'Etat
Ce titre étrange, sur lequel butent nombre de spectateurs, est (à mon avis) le résultat du téléscopage de deux expressions : "l'exercice du pouvoir" et "le service de l'Etat".
A priori, on assimile l'exercice du pouvoir aux postes ministériels et le service de l'Etat aux hauts fonctionnaires. Mais, un bon ministre ne doit-il pas avoir le sens de l'Etat ? Un haut fonctionnaire n'exerce-t-il pas une partie du pouvoir ? D'où le mélange.
Le film tourne autour de deux personnages principaux, le ministre, auquel Olivier Gourmet donne son corps et son tempérament, et le directeur de cabinet, incarné par un Michel Blanc d'une éblouissante sobriété.
Le ministre est membre d'un gouvernement "PR". Il ne s'agit bien évidemment pas de feu le Parti républicain, devenu Démocratie libérale, qui s'est fondu dans l'UMP. Le PR est donc un avatar du parti présidentiel. Mais le héros n'en est apparemment pas membre... ou à moitié. On lui prête une sensibilité plus centriste. On pourrait le rapprocher du Parti radical valoisien ou, à la rigueur, du Nouveau centre.
Le directeur de cabinet est sans aucun doute un ancien membre de l'ENA. (Jean-François Carenco a-t-il servi de modèle ?) Il en a la componction et les réseaux. C'est aussi incontestablement un gaulliste. L'une des plus belles scènes du film nous montre Michel Blanc en train de s'habiller au son du (superbe) discours prononcé par André Malraux lors de la panthéonisation de Jean Moulin.
Gilles-Michel Blanc agit dans l'ombre. Il connaît presque tout le monde, dans le gouvernement et en dehors. Mais il n'utilise pas ces réseaux pour servir ses intérêts (contrairement à l'un de ses camarades de promotion, une fripouille que Didier Bezace est chargé de rendre sympathique). Il nous est présenté comme un quasi-moine-soldat républicain. L'opinion commune aurait pu conduire les scénaristes à faire de ce personnage quelqu'un de plus malfaisant. C'est au contraire, à mon avis, des puissants qui nous sont montrés, le plus honnête et le plus noble. Toute la haute fonction publique n'est hélas pas faite du même métal...
Face à lui s'agite Bertrand Saint-Jean, un type sympathique, aux idées généreuses, bosseur, pas frimeur... mais quand même ambitieux et un peu hypocrite... "qualités" indispensables à qui veut aujourd'hui faire carrière en politique, semble nous dire le réalisateur... On n'est pas obligé d'adhérer au propos.
Autour d'eux gravitent les huiles, les sous-fifres et les gens "normaux".
On entraperçoit les "huiles" à plusieurs reprises. On retiendra tout particulièrement Stéphane Wojtowicz, très bon en président de la République. On nous a épargné le portrait d'un agité bling bling. On nous propose la vision d'un politique manipulateur... tout de même obsédé par la consultation de son téléphone portable.
Voilà un objet dont le réalisateur a su faire un argument cinématographique. Presque tous les personnages sont équipés d'un "smartphone", qu'ils consultent le plus souvent possible (au point qu'au cours d'une réunion confidentielle, le Premier ministre prenne la peine d'interdire aux participants de le maintenir allumé). A intervalles réguliers s'affichent sur l'écran les textos reçus ou envoyés et les dépêches AFP. Ils contribuent à relancer l'action ou lui donnent une profondeur inattendue.
Une remarque sur le style : c'est du cinéma de bonne facture, soigné, qui privilégie le réalisme... à quelques exceptions près : quelques moment oniriques (qui ont beaucoup excité la critique...) ont été intercalés. Ils ne sont pas inintéressants, mais n'apportent pas grand chose au film, selon moi.
Pas très loin des dirigeants, on rencontre les sous-fifres, les intrigants. Le film ne met en lumière que certains d'entre eux, pas de manière très flatteuse. On doit distinguer l'entourage du président de la République et du Premier ministre, plus distant, de celui du ministre (plutôt hétéroclite), avec lequel on nous familiarise. (On peut s'amuser à essayer de trouver des correspondances avec l'ancien cabinet de Jean-Louis Borloo.)
Enfin, à l'arrière-plan, se profilent les "gens du peuple" (90 % de la population tout de même !). Ils sont incarnés par des manifestants hargneux et un couple, dont l'homme devient chauffeur du ministre. La séquence la plus marquante est celle de la soirée durant laquelle le ministre, esseulé, partage le repas de ce couple et engage, à moitié ivre, un débat avec son hôtesse, qui lui "rentre dans le lard".
Si cette séquence est formellement réussie, sur le fond, elle ne m'a pas beaucoup plu. Elle est construite sur un postulat favorable au ministre : le pauvre gars est tout seul, il n'a pas d'ami, mais voyons c'est un type bien qui veut servir son pays. On ne donne pas assez la parole aux vraies gens dans ce film. Il aurait pourtant été possible de tracer un parallèle entre la vie sans paillettes des Français moyens et celle de ceux qui évoluent dans le tumulte politico-médiatique.
On perçoit clairement le parti-pris de la réalisation lorsque le ministre se trouve confronté à des manifestants (de la CGT principalement : on prend soin à ce que les drapeaux rouges soient visibles à l'écran), qui menacent de le bloquer. On ne saura pas vraiment pourquoi ces hommes et ces femmes se comportent ainsi, mais on est vraiment content que le ministre s'en sorte !
C'est au second degré qu'une critique est émise. On peut ainsi analyser l'accident de voiture de manière métaphorique : de la même manière que le choix, par le ministre, d'un itinéraire non sécurisé conduit à la mort d'un personnage, la politique menée par le gouvernement détruit les vies de citoyens qui en subissent les conséquences. Mais faut vraiment aller chercher loin !
Si l'on fait abstraction de ces limites, cela reste un très bon film, servi par une pléiade d'acteurs excellents.
16:13 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 02 novembre 2011
De bon matin
Jean-Pierre Darroussin incarne un cadre bancaire, la cinquantaine. Il gagne bien sa vie. Il vit dans une grande maison (dont on pense qu'il est propriétaire), dans une banlieue calme et verdoyante. Sa femme est belle, son fils lycéen a des projets.
Sauf que... ce matin-là, Pierre Wertret s'est levé très tôt. Il laisse sa 407 (rutilante) au garage et se rend au travail à pieds, puis en bus. En arrivant, il sort un pistolet de son sac et abat deux de ses collègues. Il s'enferme ensuite dans un bureau (dont on va apprendre qu'il s'agit de son bureau, enfin de son dernier bureau).
La suite est une série de retours en arrière, par touches impressionnistes. On comprend que l'ambiance au boulot s'était dégradée. Pierre est en conflit avec son supérieur hiérarchique (Xavier Beauvois, qui excelle à incarner cette petite enflure). Il regrette le départ de son précédent patron, qu'on a semble-t-il poussé vers la sortie... et dont il aurait bien aimé récupérer le poste.
Les scènes de bureau sont vraiment très bonnes. On nous y montre ces petites rivalités, ces hypocrisies et ces signes plus ou moins perceptibles qui permettent de comprendre qu'untel est bien en cour, ou au contraire mis au rancart. On perçoit de l'intérieur le drame de ces employés bosseurs, fidèles, qui, une fois passée la cinquantaine, sont perçus comme des poids, des ringards.
Même dans son couple le héros souffre. Sa femme, bibliothécaire investie dans l'humanitaire, n'a pas du tout le même vécu professionnel. Elle finit par le quitter. Reste son fils, adolescent finalement moyen, pas méchant mais plutôt velléitaire, loin donc de son opiniâtre père qui a dû se battre pour avoir tout ce dont lui profite.
La réalisation est classique. C'est le montage qui est brillant. La succession des moments est porteuse de sens. C'est parfois proche de la virtuosité, comme lorsque le héros raconte ses débuts professionnels à un nouveau collègue et que, superposée à la voix de Darroussin qui raconte, s'affiche une scène dans laquelle on le voit plus jeune, moustachu, déambulant timidement entre les rayons d'une bibliothèque où travaille une femme à laquelle il veut se lier. Le procédé nécessite néanmoins un effort d'attention de la part du spectateur : c'est lui qui doit faire le lien entre ces morceaux qui, petit à petit, s'assemblent.
On s'approche ainsi de la fin. Sentant son monde basculer, le héros tente de relancer sa carrière et sa vie personnelle. Il fait des démarches pour changer de travail, revoit son ancien patron, tente de se réconcilier avec un vieil ami avec qui il aimerait organiser un voyage en bateau. L'une de ces solutions finit-elle par s'imposer ? Je vous laisse le découvrir à la toute fin du film.
P.S.
Le réalisateur, Jean-Marc Moutout, nous avait déjà offert un film un peu dans la même veine : Violence des échanges en milieu tempéré. Depuis les années 1990, en France, on a pu voir dans les salles plusieurs (bons) longs métrages traitant du monde de l'entreprise, comme Ressources humaines (de Laurent Cantet), Extension du domaine de la lutte (de Philippe Harel) et Le Couperet (de Costa Gavras).
20:11 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 31 octobre 2011
Another silence
Les Français ne sont pas nombreux à le savoir, mais Marie-Josée Croze est canadienne (québécoise, pour être plus précis). Il n'est donc pas si étonnant que cela de la retrouver à l'affiche de cette coproduction internationale, tournée en anglais et en espagnol, et dont l'action se déroule au Canada puis aux confins de l'Argentine et du Chili.
Cette fois-ci, l'abonnée aux seconds rôles occupe la tête d'affiche... pour mon plus grand plaisir, tant j'ai apprécié ses compositions dans des films aussi divers que Ne le dis à personne, Jacquou le Croquant, Le Scaphandre et le papillon ou encore Liberté.
Signalons que le réalisateur, Santiago Amigorena, a auparavant écrit pour Cédric Klapisch : Le Péril jeune, Peut-être et Ni pour ni contre, bien au contraire.
L'affiche (construite autour d'une image extraite de la dernière partie du film) pourrait tromper son monde. En effet, à la base, il s'agit de l'histoire d'une policière dont le mari et le fils sont assassinés, et qui décide de se venger.
On pourrait donc imaginer que cette femme va être une sorte de décalque de l'inspecteur Harry ou de l'agent du NCIS Gibbs voulant liquider l'assassin de son épouse et de sa fille. Ce n'est pas tout à fait cela.
Le début laisse beaucoup de questions en suspension. On ne sait tout d'abord pas quel est le mobile du double meurtre. Est-ce lié aux fréquentations du gamin ? Est-ce parce que la mère est policière ? Est-ce à cause de la profession du mari, que l'on ne découvre que plus tard dans le film ? Mystère. Même le passé de la jeune femme recèle des zones d'ombre.
Tout est construit autour du personnage de Marie, une femme non pas furieuse, mais froide et déterminée. Il faut avoir perdu quelqu'un de cher ou avoir eu au moins une fois dans sa vie envie de vraiment tuer pour comprendre ce qu'elle peut ressentir. C'est d'ailleurs l'une des limites du film. Si l'interprétation de M-J Croze est irréprochable, le scénario et la mise en scène ne permettent pas tout à fait à quelqu'un d'extérieur d'entrer dans le personnage. Ceci dit, c'est peut-être voulu. Elle garde cet aspect irréductible, cette part d'étrangeté qui la rend si particulière.
Du coup, ce qu'on prend parfois pour du courage n'est qu'une fuite en avant sans émotion. Bon, d'accord, la dame a les ovaires bien arrimées, n'hésitant pas à s'attaquer à tout type de truand. Mais on finit par comprendre qu'elle n'a plus peur de la mort, ayant perdu ses raisons de vivre.
Elle part à la recherche de l'assassin et du commanditaire en Amérique du Sud. Cela nous vaut des scènes magnifiques tournées en Argentine et au Chili, dans des régions où les habitants sont majoritairement des Indiens. L'héroïne y fait des rencontres surprenantes et les paysages sont splendides. Dans une belle salle, sur un grand écran, c'est chouette !
(Je mets un bémol à cause de la fin que, comme d'autres spectateurs, je n'ai pas appréciée, même si elle se comprend. Cela n'enlève rien à la qualité du reste du film.)
23:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
Les Marches du pouvoir
Le titre originel, The Ides of March ("Les Ides de mars") est à mon avis plus explicite : il fait allusion à l'assassinat de Jules César, notamment par Brutus, le fils de sa maîtresse. Cela invite le public cultivé à faire le parallèle entre le gouverneur Mike Morris (George Clooney lui-même, impeccable), favori des primaires démocrates (et considéré donc comme le futur président) et le général romain. Reste à savoir qui va trahir le candidat... ou s'il n'a pas un fils (adoptif).
Comme le film a été conçu à la fin du second mandat de George W. Bush, l'intrigue prévoit un basculement électoral en faveur des démocrates. Le gouverneur est un vrai progressiste : il croit en la parole donnée, n'aime pas les tripatouillages, est un fervent promoteur des énergies renouvelables et s'oppose à l'aventurisme guerrier de l'administration sortante. Cerise sur le gâteau : il est beau gosse et semble très amoureux de sa femme, qui, bien entendu, est intelligente et compréhensive (très belle scène dans la voiture à la clé).
La victoire semble lui tendre les bras. Il est soutenu par un conseiller en com' redoutable (et fidèle), incarné avec brio par Philip Seymour Hoffman (dont on a déjà pu admirer le jeu à maintes reprises, comme dans Good Morning England, La Guerre selon Charlie Wilson, 7h58 ce samedi-là...), épaulé par un jeune et brillant assistant aux dents longues (Ryan Gosling, l'étoile montante).
Du côté de la distribution, il faut signaler la composition de deux autres acteurs : la jeune Evan Rachel Wood (révélée dans Whatever works) en fausse ingénue, fragile au fond, et Paul Giamatti, sorte d'homme à tout faire des seconds rôles hollywoodiens, excellent en adversaire retors.
Le véritable personnage principal est le jeune conseiller, qui se retrouve au carrefour des intrigues, tantôt manipulateur, tantôt manipulé. C'est donc un bon thriller politique qui nous est offert. On vit de l'intérieur une campagne de primaires, avec ses enjeux sous-jacents.
Sur le fond, le propos est assez cynique (à l'image de ce qu'on a pu voir, dans un contexte différent, dans Jeux de pouvoir), mais pas forcément désabusé. En cela, il s'accorde bien avec le titre français. Jusqu'où peut-on (doit-on ?) pousser les compromissions pour accéder au pouvoir ? Sur qui est-on prêt à "marcher" ? à s'appuyer ? Même si on trouvait déjà ce questionnement dans Bulworth (de et avec Warren Beatty) et Primary Colors, il est ici particulièrement bien maîtrisé, corseté par un scénario qui se concentre sur les enjeux politiques globaux et les choix individuels.
Au niveau de la mise en scène, il n'y a rien à dire. C'est propre et maîtrisé, au service du propos. De temps à autre, Clooney se permet quelques effets. Cela m'a rappelé Good Night and good luck, sa deuxième réalisation. C'est peut-être un peu moins "léché", mais le fond du film est plus dense. A voir, donc.
12:18 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
dimanche, 30 octobre 2011
Les Hommes libres
Le titre pourrait faire référence aux "Français libres" qui se sont battus contre l'occupation allemande. Dans ce film il est question des Maghrébins vivant en métropole, certains s'étant engagés dans la Résistance, allant jusqu'à sauver des juifs.
On voit qu'au-delà de la reconstitution historique (sur laquelle on peut émettre quelques réserves) et du film d'action, il va être question d'œcuménisme : face aux grands méchants nazis (et à leurs infâmes collaborateurs), des hommes de bonne volonté et de toutes origines ont su se rapprocher.
Le centre névralgique du système (et du film) est la mosquée de Paris, dirigée par un recteur (son fondateur Kaddour Benghabrit) incarné avec bonhomie par l'incroyable Michael Lonsdale (dont on a récemment encore pu admirer le talent dans dans Des Hommes et des Dieux), qui donne son rythme au film.
Le personnage moteur est le jeune Younes, d'abord trafiquant, qui manque de peu de basculer dans la collaboration, puis amoureux et résistant, de plus en plus engagé. L'un des intérêts du film est de montrer son évolution. Cet aspect est hélas gâché par l'interprétation. Je trouve l'acteur (Tahar Rahim) vraiment peu expressif, quasiment toujours dans le même registre. C'est peut-être voulu mais alors c'est un choix maladroit.
Les seconds rôles sont brillamment interprétés. Il aurait peut-être fallu que l'officier allemand ait un accent plus prononcé : il parle un peu trop bien français.
Le film mérite le détour aussi par la musique qu'on y entend, une musique "orientale", élaborée mais sans fioritures. Un tambourin, à demi extorqué puis revendu, joue un rôle dans l'intrigue.
Restent ces Nord-Africains, authentiques résistants (le grand public sait, depuis Indigènes, qu'ils ont permis de refonder l'armée française dans les années 1941-1945), futurs combattants indépendantistes (algériens, mais aussi marocains...). Je pense que ce film, mieux que Hors-la-loi, fait comprendre que, pour un Maghrébin anticolonialiste, la lutte pour l'indépendance a été perçue comme la continuation du combat contre l'occupant nazi. A court terme, leur courage a été bien mal récompensé. Ce film apporte donc des éléments permettant de mieux comprendre une époque complexe... et il est plutôt bien fichu.
23:59 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
mardi, 25 octobre 2011
The Artist
Voilà un film ambigu. C'est une production française, tournée par un réalisateur français (Michel Hazanavicius, déjà remarqué pour OSS 117, Rio ne répond plus), avec pour acteurs principaux deux Français... mais tout le reste est américain : les seconds rôles (notamment le valet, dont le visage a traversé nombre de films et séries télés depuis une quarantaine d'années), les figurants (très bons), les références cinématographiques (du muet comme du parlant), les lieux de tournage, le distributeur (Warner Bros)... ainsi que la langue dans laquelle s'expriment tous les acteurs (ce qui est facilement observable, tant le nombre de gros plans est important).
Cela nuit-il à la qualité du film ? Non. C'est d'abord un somptueux noir et blanc. Un gros travail a été fait sur l'ombre et la lumière... encore plus sur les reflets. Un grand nombre de scènes voit débouler dans le cadre un ou plusieurs miroirs, avec lesquels le réalisateur s'amuse à instiller de l'humour, de la tension ou tout simplement de la profondeur. Ce travail atteint un sommet visuel dans une scène où le héros renverse le contenu de son verre sur une table... superbe ! On appréciera aussi l'effet de superposition du reflet de George Valentin / Dujardin dans la vitrine d'un prêteur sur gage.
L'intérêt du film réside aussi dans l'histoire, comique, romantique et tragique, qu'il raconte. On commence par une suite de séquences à la gloire de la vedette du muet, où Jean Dujardin cabotine pour jouer un acteur cabot ! Il est comme de bien entendu accompagné d'un véritable cabot... le chien Uggy. Ce Russel Terrier est absolument adorable. Il sauve plusieurs fois la mise à son maître, imprudent et orgueilleux à l'excès. Pour sa performance, le canidé a même reçu la Palm Dog au dernier festival de Cannes !
Vient ensuite la descente aux enfers de l'acteur-vedette, pendant que la petite nouvelle, à qui il a mis le pied à l'étrier, devient une star du parlant. Le chassé-croisé entre les deux trajectoires, s'il n'est pas nouveau, n'en est pas moins réussi.
Enfin, comme le film se veut une illustration de ce à quoi il rend hommage, il s'agit d'une histoire d'amour naissant, contrarié par le passage du muet au parlant et la crise des années 1930. C'est classique et émouvant. Le fait que ce soit la femme qui connaisse le succès donne un côté "moderne" à l'histoire.
13:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinéma, cinema
samedi, 22 octobre 2011
Un Monstre à Paris
Cette nouvelle production d'Europa Corp nous ramène dans le Paris du début du XXe siècle (un peu à l'image de ce que l'on a pu voir dans Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec), plus précisément en 1910, l'année de la grande inondation qui a frappé la capitale. (On voit à plusieurs reprises un morceau d'un célèbre Zouave...)
Le film commence par une introduction assez longue... et c'est tant mieux. Au lieu de nous jeter immédiatement dans l'action, on prend le temps de nous présenter les personnages qui vont jouer un rôle dans cette histoire. Il y a ce projectionniste de petite taille, timide, amoureux de la caissière, qui elle-même en pince secrètement pour lui. Il y a Raoul la grande gueule inventive... secrètement amoureux de la chanteuse Lucille, que sa mère tente de pousser dans les bras du préfet arriviste et arrogant. Ajoutez à cela un babouin qui a des airs de Jacques Balutin (incontestablement mon personnage préféré, très drôle), et le tableau sera presque complet.
Presque... parce qu'il manque le personnage principal, né d'une drôle de réaction chimique, à la fois monstre et merveille. -M- lui prête sa voix et son talent musical, censé se marier à celui de Lucille - Vanessa Paradis. Du coup, si l'on croit se trouver face à un dessin animé classique, on imagine que la belle chanteuse et le monstre vont, à l'issue de péripéties rocambolesques, former un couple harmonieux.
Eh bien... pas tout à fait. Le film ne suit pas la ligne traditionnelle du conte de fées. Le "monstre" Francoeur est une sorte de révélateur. Son arrivée va bousculer la vie des personnages principaux et les obliger à faire des choix, à se déclarer. Les masques vont tomber. (Au passage, j'ai apprécié que le méchant très méchant soit incarné par un type qui présente bien, qui a du succès... et qui s'avère être une belle ordure.)
L'animation est réussie, que ce soient les décors du Paris 1910 (le film, soutenu par la mairie de Paris, joue sur le côté "carte postale") ou les mouvements des personnages. Sur un grand écran (en deux dimensions), c'était joli à voir. Attendez-vous aussi à ce qu'une séquence (très enlevée) ait pour cadre le plus célèbre monument de la "Ville lumière".
Je mets toutefois un bémol à mon enthousiasme. La chanteuse Lucille se produit dans un théâtre, sans micro... et c'est le filet de voix de Vanessa Paradis qui sort de sa bouche. Vu le contexte, ce n'est pas très crédible, quand on est un adulte limite vieux con râleur dans mon genre. Mais, bon, il fallait bien reconstituer le couple -M- / Paradis... alors qu'une chanteuse à voix aurait été plus adaptée au rôle. Ceci dit, la bande son n'est pas désagréable à écouter.
J'ai aussi remarqué quelque chose au niveau du mouvement des lèvres des personnages. Il faudrait que je revoie le film pour vérifier si c'est systématique, mais il me semble que l'animation est adaptée à l'anglais. Ainsi, lorsque l'héroïne dit "d'accord", j'ai eu l'impression que ses lèvres formait plutôt "all right", de même "earth" quand elle a dit "terre". Bon, je n'ai pas trop creusé, parce que j'avais envie de bien profiter du film, mais cela me turlupine tout de même. (On pourrait s'amuser à imaginer quels artistes vont donner leur voix dans la version anglophone... à moins que l'on ne juge le couple français suffisamment "bankable" ?)
Cela reste un divertissement réussi, visible par tous (et ne partez pas trop vite... le générique de fin réserve une ou deux surprises). Le site internet est lui aussi très sympa.
22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 15 octobre 2011
La Grotte des rêves perdus
J'ai fait un peu de route pour voir cet étonnant documentaire, consacré à l'un des lieux emblématiques de l'art préhistorique en France, la grotte Chauvet (du nom de l'un de ses découvreurs). Le paradoxe est que, même si Arte et le ministère de Culture français ont contribué au financement, c'est un film anglo-saxon, dans lequel les intervenants français s'expriment le plus souvent dans la langue de Shakespeare.
Le déroulement suit une trame chronologique. Le début n'est pas en 3D, parce qu'il s'agit de la première prise de contact avec la grotte, caméra amateur en main. Puis, on entre dans le vif du sujet : l'équipe cinématographique a été autorisée à suivre la mission scientifique (seule autorisée à pénétrer dans la grotte). A la fin, elle a même eu droit à une semaine de rab', sans la présence des experts, mais accompagnée d'un guide.
Sur grand écran, en trois dimensions, c'est absolument magnifique. La technologie choisie permet de restituer les effets provoqués par l'utilisation de la forme et des aspérités des parois. La musique d'accompagnement est jouée principalement au violoncelle et à la flûte. Elle alterne avec des parties chantées, d'inspiration religieuse... parce que nous nous retrouvons dans une sorte de cathédrale.
Après nous avoir expliqué les circonstances de la découverte de la grotte, la voix-off (celle de Volker Schlöndorff dans la version que j'ai vue) nous emmène, en compagnie du réalisateur Werner Herzog, à la découverte de ses principales oeuvres artistiques. Les explications des scientifiques (notamment celles de Jean Clottes) complètent utilement l'approche sensitive que l'image transmet.
Ainsi, on est d'abord face à ces mains positives, dont on finit par apprendre qu'elles appartiennent au même homme, qui a le petit doigt cassé... ce qui va permettre d'identifier son apport aux autres créations situées dans la grotte.
L'un des endroits les plus montrés est cette paroi sur laquelle ont été dessinés des taureaux, des chevaux (magnifiques, aux détails très travaillés... ce qui est d'autant plus remarquable que ces oeuvres, situées dans la partie sombre, ont été réalisées à la lumière de torches rudimentaires !) et des mammouths.
Plus loin se trouve la représentation de félins, des lions des cavernes, dont on déduit que, contrairement à leurs cousins de la savane africaine, ils ne portaient pas de crinière.
Intriguante est cette représentation d'un pubis féminin en présence d'un être mi-taureau mi-homme. Elle est dessinée sur une stalactite isolée, rendue inaccessible aux visiteurs pour protéger le sol qui l'entoure, riche en restes divers. On finit par en avoir une vue plus détaillée dans le dernier tiers du film, grâce à une petite caméra.
On aurait aussi aimé en savoir plus sur les ours des cavernes, dont on aperçoit les crânes ou les mâchoires. L'un de ces crânes faisait visiblement l'objet d'un culte. Plus étonnantes sont ces marques de griffures, sur lesquelles les hommes préhistoriques ont dessiné... ou qui parfois, au contraire, recouvrent des oeuvres humaines plus anciennes.
C'est l'une des leçons de ce film : dans cette grotte le temps ne s'est pas écoulé de la même manière que nous le percevons aujourd'hui. Les humains ont pu l'occuper à des époques diverses, parfois séparées de milliers d'années. Le miracle est que les dessins aient pu être conservés, sans doute grâce à l'effondrement d'une paroi rocheuse, qui a obstrué l'entrée.
22:12 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma, histoire
mercredi, 12 octobre 2011
Vent de folie à la ferme
Sous ce titre sont regroupés trois courts-métrages d'animation très différents les uns des autres. Leur seul point commun est de mettre en scène des paysans. Signalons aussi qu'il s'agit d'une création iranienne.
Le premier s'intitule Le Canard et le fermier. La technique employée est la pâte à modeler, à l'image de ce que l'on a déjà pu voir en Occident avec les aventures de Wallace et Gromit. Comme toute fable, il comporte une morale. L'histoire oppose le paysan entretenu et le canard travailleur, le tout sous l'oeil des autres animaux, qui vont peut-être finir par intervenir...
Le deuxième film est, à mon avis, le moins réussi des trois. C'est Le Trésor. C'est un dessin animé, dont la qualité n'est pas sans rappeler le premier long-métrage tiré des aventures d'Astérix. C'est donc rudimentaire et assez répétitif. Là aussi il y a une morale claire, mais l'histoire n'est à mon avis pas aboutie.
On nous a gardé le meilleur pour la fin. Le Robot et le fermier a été construit avec des techniques modernes. Le résultat est très réussi sur la forme. L'intrigue est aussi plus travaillée, toujours avec une morale derrière... et c'est très souvent drôle ! J'ai beaucoup aimé ce film.
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lundi, 10 octobre 2011
Le cochon de Gaza
C'est une coproduction internationale (occidentale dans son financement), tournée en hébreu, arabe et anglais. Le ton balance entre la comédie drôlatique (qui penche tantôt vers Jacques Tati, tantôt vers Woody Allen) et la fable politique... jamais très loin du drame.
Le principal ressort comique est la présence bruyante et obsédante d'un sympathique cochon vietnamien, intrusion ô combien dérangeante dans un territoire dont la population (qu'elle soit musulmane ou juive) ne mange pas de porc !
Le personnage principal (interprété avec talent par Sasson Gabai, déjà remarqué dans La visite de la fanfare) est une victime : son domicile est "squatté" par des soldats israéliens (à l'image de son pays), son travail (la pêche) pâtit du conflit (qui lui interdit de s'éloigner des côtes pour trouver de quoi remplir ses filets), sa vie quotidienne est fortement dépendante des élites locales, bourgeois du Fatah ou du Hamas à qui il doit le respect.
Deux femmes adoucissent le tableau : son épouse, ménagère vigilante, et une Israélienne qui tente d'élever des cochons, assez ouverte d'esprit. Toutes deux sont interprétées avec beaucoup de justesse.
Paradoxalement, son salut financier va peut-être venir de ce cochon qu'il n'ose pas tuer (la tentative, pitoyable, donne lieu à une séquence mémorable, qui commence dans l'arrière-boutique d'un coiffeur)... et des juifs installés à proximité (l'action se situe juste avant l'évacuation de la bande de Gaza). C'est un double paradoxe, volontairement mis en scène. Derrière cela, on sent le propos œcuménique : les gens "normaux" sont prêts à s'entendre, ce sont les fanatiques et les crétins des deux camps qui empêchent la solution d'émerger. Ainsi, le soldat israélien et la ménagère palestinienne communient dans la même passion pour une telenovela brésilienne... mais ont des points de vue très différents sur les personnages !
Le plus scabreux survient quand le héros se décide à mettre en œuvre le seul moyen capable de renflouer ses finances (je me garderai bien de dire lequel... sachez qu'il est question d'un liquide... qu'un soldat israélien se risque à boire !). Cette comédie un peu déjantée est (à mon avis) ce qu'il y a de plus réussi dans le film.
Mais le drame n'est pas loin. La représentation du poids des fanatiques n'est pas sans rappeler ce qui se passe dans Paradise now. Un événement survient aux deux tiers du film, qui en change le ton. La dernière demi-heure sort un peu de la réalité. On appréciera ou pas cette fin originale.
P.S.
On profitera de cette fin en extérieur, qui permet de voir un peu plus à l'écran la fameux cochon, pour constater qu'il s'agit... d'une femelle ! (On voit ses tétines.) Elle s'appellerait Charlotte et a parfaitement assumé le rôle d'un mâle !
00:59 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
samedi, 08 octobre 2011
Présumé coupable
Voici donc le film consacré à l'affaire d'Outreau. Il ne nous en donne qu'une vision partielle, à travers le cas de l'un des accusés (et condamnés, ce qui est pire) à tort, Alain Marécaux (qui a écrit un livre sur ce qui lui est arrivé). C'est filmé en caméra objective, même si, à quelques reprises, le réalisateur passe en caméra subjective.
Le titre retourne l'un des principes fondamentaux de la justice, la présomption d'innocence, qui a été dans cette affaire singulièrement bafouée. On suit le calvaire d'Alain Marécaux alors que la procédure judiciaire est déjà bien en route. On ne nous montre pas ce qui a précédé, notamment le processus qui a conduit policiers et juges à se persuader de la culpabilité de cet huissier de justice.
C'est l'une des forces du film : montrer que la machine judiciaire peut broyer n'importe qui, même quelqu'un de bien introduit dans le système. A cet égard, l'évolution des relations entre le héros et l'un des procureurs est particulièrement éclairante. J'ai encore en mémoire une scène, au cours de laquelle Philippe Torreton (absolument fantastique dans ce rôle... futur César) regarde avec intensité celui qui fut quasiment son collègue... et qui ne le connaît plus désormais. D'un autre côté, on peut comprendre que la justice veille à faire preuve de la même sévérité avec tous... à condition qu'ils soient coupables.
Je ne connaissais pas le réalisateur, Vincent Garenq, mais je trouve qu'il fait preuve d'une grande habileté. Fait rare dans le cinéma français, les scènes de famille, notamment avec les enfants, sont bien tournées, les acteurs bien dirigés.
Le film se veut aussi pédagogique : on découvre le travail de la Police judiciaire et du juge d'instruction, le traitement infligé aux "présumés coupables" qui, s'ils ne sont pas battus, sont méprisés et victimes de harcèlement moral. Le but est de faire craquer les suspects : en France, on garde encore une forte culture de l'aveu.
Vient ensuite la phase de prison. Je pense qu'on ne nous montre pas tout... mais on en voit suffisamment : une cellule surpeuplée, avec la promiscuité, la saleté... et la peur de prendre un mauvais coup.
L'étape suivante est la grève de la faim menée par Marécaux-Torreton. L'engagement de l'acteur (qui a perdu 27 kilos... moins toutefois que le vrai Marécaux) y est perceptible. On touche à quelque chose qui dépasse cette affaire et qui dépasse le film. J'ai repensé à Hunger.
Ne croyez cependant pas que tout repose sur les épaules de l'acteur principal. Tous les autres sont brillants, de Noémie Lvovsky (l'épouse qui perd pied) à Wladimir Yordanoff (l'avocat), en passant par l'étonnant Raphaël Ferret en juge Burgaud. (On l'avait découvert en geek de la police dans la série Profilage.) Les seconds rôles, qui ne sont pas forcément tenus par des professionnels, sont aussi très bons.
Bref, en ce moment, c'est le film français à voir.
17:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
vendredi, 23 septembre 2011
La dernière piste
Le titre originel est Meek's Cutoff, "Le raccourci de Meek", du nom de ce mystérieux pisteur censé guider trois familles à travers l'Oregon, au milieu du XIXe siècle. Le guide (interprété par Bruce Greenwood, qu'on pourrait prendre pour Jeff Bridges) a convaincu les occupants de trois chariots de quitter le convoi principal et de s'aventurer dans ces terres inconnues, histoire de devancer tout le monde à l'arrivée (et d'ainsi pouvoir mettre la main sur de meilleures terres).
Le problème est que ce pisteur a un fort penchant pour l'alcool, qu'il ne semble pas d'une grande subtilité dans ses jugements sur les êtres humains... et qu'il se perd ! Là-dessus se greffe l'arrivée d'un Indien, dont personne ne comprend le langage.
C'est donc un film "de frontière", inquiétant (le jour bien sûr, mais aussi la nuit, théâtre de scènes très inspirées), qui prend son temps (notamment celui de nous montrer les paysages, magnifiques), qui détaille la vie quotidienne des colons et pose de bonnes questions sur "la conquête de l'Ouest". Pour vous donner une idée du style, c'est un peu comme si Terrence Malick (celui de La Ligne rouge et du Nouveau Monde) avait posé sa caméra dans l'Ouest profond.
Tous les acteurs sont impeccables, mais une interprète semble toutefois sortir du lot : Michelle Williams (déjà vue -comme B. Greenwood- dans I'm Not There, plus récemment dans Shutter Island). Je pense que l'on reparlera d'elle.
18:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
samedi, 17 septembre 2011
One Piece - Strong World
C'est l'adaptation en long métrage d'animation d'un manga célèbre chez les djeunses et les "guiques". C'est même, selon les spécialistes, la dixième fois que les personnages hauts en couleurs ont les honneurs du grand écran (une onzième adaptation est sortie depuis, en 3D). Ce film mériterait le détour parce que le créateur de la série, Eiichiro Oda, y a laissé sa "patte".
J'ai eu la désagréable impression d'être le plus vieux spectateur de la salle, la masse étant constituée d'ados et de jeunes adultes.
Au départ, j'ai eu un petit peu peur. C'est assez bruyant (la musique n'est de surcroît pas démente), parfois tape-à-l'oeil. Au niveau du dessin, c'est un cran au-dessous des productions Miyazaki. C'est tout de même mieux que Les Chevaliers du zodiaque (Saint Seiya pour les intimes). Cela ressemble un peu à ce que j'ai pu voir d'un autre manga culte (au scénario plus élaboré, toutefois), Full Metal Alchimist.
Du coup, je conseille aux scientifiques pointilleux de passer leur chemin. Dans ce film, les règles de la gravité (entre autres) sont particulièrement maltraitées. Et je ne parle pas des lois de l'évolution... un peu particulières... et qui ont donné naissance à des êtres vivants (des grosses bébêtes au chef dont les jambes sont des lames de glaive) plus abracadabrantesques les uns que les autres.
C'est une histoire de pirates un peu dingues. Les mecs sont en général immatures (les méchants comme les gentils). Les gonzesses ont du tempérament, un physique assez "formaté" (de longues jambes effilées, une poitrine opulente et non pendante associée à une taille de guêpe)... et portent des tenues qui dissimulent assez peu leurs appas. D'autres personnages féminins apparaissent (quelques jeunes filles sages, des mémés très dignes et des mères au foyer courageuses)... aucun n'étant sexy.
Donc, il y a de l'action, des rebondissements, du spectacle... mais surtout de l'humour. Mon personnage préféré est un clown méchant, dont on repère l'approche aux bruits de pets qu'il produit en marchant !
13:13 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma
dimanche, 04 septembre 2011
Pain noir
Ce pain noir est celui dont doivent se contenter les pauvres, quand ils ont du pain. Ce sont les "perdants" de cette Espagne des années 1940, post guerre civile. Il y a donc un propos marxisant dans ce film, qui semble parfois présenter le conflit des années 1939-1939 comme une lutte des classes.
Mais il y a bien autre chose. A cet arrière-plan historique (qui n'est pas sans rappeler Le Labyrinthe de Pan, dans lequel jouait aussi Sergi Lopez, abonné aux rôles de salaud franquiste) se superposent des histoires de famille, des émois adolescents, un questionnement sociétal... et un fait divers scabreux dont je me garderai bien de révéler la teneur.
Comme Guillermo Del Toto, Agusti Villaronga (le réalisateur du Pain noir) introduit un peu de fantastique dans son histoire. (Le héros semble avoir des visions... Sont-ce des cauchemars, des phénomènes surnaturels ou l'indice qu'il est en train de perdre la boule ?) L'ambiance est souvent sombre, angoissante et mystérieuse. Un gros boulot a été fait au niveau des décors et de la lumière (avec en particulier de superbes scènes d'intérieur).
Les acteurs sont excellents, au premier rang desquels le jeune garçon (qui a reçu un Goya pour sa prestation). Mais le film vaut surtout pour ses portraits de femmes. Dans un monde traditionnel, patriarcal, dominé par un clergé conservateur et une armée machiste, il n'est pas facile de ne pas être du sexe masculin. Le plus beau personnage est sans conteste celui de la mère du héros, interprétée par Nora Navas (elle aussi primée aux Goyas 2011, qui ont aussi -justement- récompensé Buried, une des pépites de 2010). Mais les actrices qui incarnent sa belle-mère, sa belle-soeur et sa nièce sont elles aussi remarquables.
L'histoire n'est pas forcément ce à quoi on s'attend... et on prend une sacrée claque !
16:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
samedi, 03 septembre 2011
Neko, dernière de la lignée
Ce film, situé à mi-chemin du documentaire et de la fiction, est consacré aux Nenets... Nooon, ce n'est pas un film sur les gonzesses (même si la majorité des personnages principaux sont féminins, à commencer par l'héroïne éponyme, Neko), mais sur un peuple de Sibérie, à l'époque soviétique (après la mort de Staline).
La première partie du film est censée nous donner un aperçu de cette civilisation particulière, où l'on mange beaucoup de poisson et l'on chique pas mal de tabac. Les rites religieux sont chamaniques. Cela ne manque pas d'intérêt, mais j'ai trouvé la mise en scène très académique, et les interprètes pas toujours convaincants.
Le film gagne en densité dans la seconde partie, qui voit la petite Neko se retrouver dans un internat public. Rebaptisée Nadia (prénom supposé être plus joli), elle doit apprendre le russe, l'idéologie léniniste (déstalinisation oblige, on a remisé au placard la référence la plus récente)... et le calcul (avec les chiffres arabes).
Cela nous vaut quelques beaux moments de comédie et des scènes évocatrices sur l'acculturation. Cela n'est pas sans rappeler ce qui s'est produit en Australie au siècle dernier avec les Aborigènes, et que l'excellent film Les Chemins de la liberté (de Philip Noyce, en 2003... à ne pas confondre avec un autre film, portant le même titre, mais plus récent et sur un tout autre sujet) avait évoqué (sur une musique captivante de Peter Gabriel).
J'ai aussi bien aimé les scènes entre les jeunes, à l'internat. Les femmes sont très convaincantes et l'un des garçons, aux oreilles décollées, mérite le détour ! Après, on peut trouver inutilement démonstratifs les passages qui voient certains acteurs s'adresser directement à la caméra, pour commenter leur action.
22:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
lundi, 22 août 2011
La Planète des singes : les origines
A la base, je suis client de ce genre de film. J'ai vu les anciens longs métrages à la télévision, tout comme la série qui en avait été tirée... et je m'étais déplacé au cinéma pour la nouvelle version de Tim Burton.
L'originalité de ce film-là tient dans sa première partie. On y découvre un chercheur préoccupé par la maladie d'Alzheimer qui frappe son père. On y touche du doigt les difficultés de concilier recherche privée à but lucratif et défense du bien commun.
Certains des meilleurs moments sont ceux de la jeunesse du véritable héros, le chimpanzé César. J'ai en mémoire ce qui me semble être un magnifique plan séquence (effets numériques à la clé) qui voit le primate se déplacer dans presque toute la maison de son bienfaiteur. Ces moments ne sont pas non plus exempts d'humour, ce qui ne gâche rien.
La suite s'inspire des films carcéraux. Les scénaristes ont eu l'habileté de croiser la dénonciation des mauvais traitements aux animaux et la privation de liberté de ces quasi-humains (n'oublions pas qu'à l'origine, les singes sont un substitut de la minorité noire américaine), dont on suit le développement intellectuel avec passion. (Dans la salle, même la rangée de blaireaux qui, au tout début, pouffait à la vue du moindre profil simiesque, s'est vite calmée, tant la narration était prenante.) Cette marche vers la liberté est vraiment du très bon cinéma.
Vient enfin ce pour quoi une grande partie des spectateurs sont venus : l'affrontement entre humains et singes. On en a pour son argent. Avec le Golden Gate en toile de fond (en fait un faux, reconstitué à Vancouver... mais chuuuut), on en prend plein les mirettes. C'est spectaculaire, nourri de rebondissements, pas con du tout sur le fond... et on nous ménage une suite. (Je sens bien venir un affrontement entre le "gentil" chef surdoué et l'autre cobaye prodige, beaucoup plus hargneux.)
Ne partez pas trop vite à la fin, si vous voulez avoir un début d'explication sur la quasi-extermination du genre humain (le film de 1968 évoquait l'arme atomique, Guerre froide oblige). Tout ce que je peux dire est qu'il y a une référence à L'Armée des douze singes...
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vendredi, 19 août 2011
Chico et Rita
C'est l'un des nombreux films d'animation sortis cet été. Celui-ci ne vient pas d'Hollywood : c'est une coproduction hispano-cubano-hungaro-brésilienne... et c'est destiné à un public plus âgé (plutôt adulte).
C'est l'histoire d'un double amour : celui de la musique cubaine et celui qui se noue entre les deux héros. Lui est un pianiste bourré de talent (sans doute d'origine bourgeoise) ; elle est une chanteuse débordant de sensualité et de caractère (issue d'un quartier pauvre).
Leur relation va connaître des hauts et des bas, à Cuba, aux Etats-Unis et en Europe (quelques scènes se déroulent en France... hé oui, à l'époque, on accueillait volontiers les satimbanques cosmopolites !). C'est donc d'abord une belle histoire d'amour contrarié.
L'ambiance musicale fait l'originalité de ce film. Même moi, qui ne suis pas fan, j'ai été emballé ! Au passage, les auteurs en profitent pour insérer dans leur intrigue quelques "figures" du jazz, comme Charlie Parker et Dizzie Gillespie. Le personnage de Chico est lui-même inspiré d'un authentique artiste, Bebo Valdes. (On peut écouter un échantillon de sa musique sur un site dédié.) Quant à Rita, elle pourrait être une transposition de la chanteuse Celia Cruz.
Ah, oui, pour les petits malins... Il n'y a rien de commun entre ce couple de fiction et les pitoyables Chico et Roberta qui ont pollué les antennes au tournant des années 1980-1990.
Côté dessin, c'est ambivalent. Tantôt le décor semble bâclé, tantôt il fait l'objet d'un soin extraordinaire (je pense notamment aux panneaux lumineux aux Etats-Unis). C'est dans l'animation des musiciens que la réussite est la plus grande. On a vraiment l'impression de voir jouer ces pianistes, ces saxophonistes et même les batteurs.
Les amateurs d'histoire seront aussi servis. L'intrigue fonctionne sur le principe du retour en arrière : Chico âgé, devenu cireur de chaussures dans le Cuba du début du XXIe siècle, repense à ses débuts. Il nous replonge dans le Cuba des années 1940-1950, avant la révolution castriste, quand l'île était un peu le bordel de l'Amérique. De riches blancs venaient s'encanailler là-bas. Au programme : alcool, jolies filles... et musique d'enfer. On pourra reprocher aux auteurs d'avoir manqué de recul critique vis-à-vis de cette époque, montrée comme un âge d'or.
Les séquences se déroulant aux Etats-Unis sont excellentes. Elles réussissent le tour de force de mettre en scène à la fois la magie (les paillettes, la promotion sociale par le show-biz) et le côté sombre (la violence, la ségrégation) du pays.
Le dernier quart d'heure revient à l'époque contemporaine, pour quelques surprises finales...
22:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
mercredi, 10 août 2011
Les Contes de la nuit
C'est le nouveau film de Michel Ocelot, composé de six contes mis en images. Première surprise : dans la salle, les adultes sont majoritaires. Si quelques papas et mamans ont sauté sur l'occasion pour accompagner leur progéniture, les spectateurs sans enfant étaient assez nombreux (et parfois très âgés !).
Comme dans les autres œuvres du réalisateur (et notamment le surprenant Azur et Asmar), le message est œcuménique, trop "politiquement correct" diraient certains. A la base, l'histoire tourne autour d'un vieil homme blanc et de deux jeunes (un garçon et une fille, bien entendu) aux traits métissés. Le trio s'amuse à mettre en scène des contes aux origines variées. On retrouve la "patte" d'Ocelot dans les ombres chinoises et le soin apporté aux décors.
Le premier est Le Loup-garou. J'ai aimé cette histoire de rivalité entre deux sœurs et ce secret si lourd à porter pour le jeune homme. Là, il s'agit d'un vrai loup. Comme dans un autre conte, le héros court à sa perte en cédant trop facilement à celle qu'il croit aimer. Cela se termine un peu trop rapidement à mon goût (notamment avec le puits) : il y avait matière à délayer !
Ti-Jean et la Belle-sans-connaître met en scène un jeune Antillais qui atterrit dans le royaume, des morts. Il s'y trouve confronté à des épreuves en apparence insurmontables. La morale est que ce n'est pas en agressant mais en se montrant affectueux que l'on arrive à ses fins.
L'Elue de la ville d'or se déroule au temps des Aztèques. Il y est question d'or et de sacrifices humains. J'ai trouvé cela très chouette. On notera que là encore c'est le garçon qui est le moteur de l'action, même si l'on sent qu'Ocelot a tenté, ici ou là, de dépoussiérer une image par trop passéiste des personnages féminins.
Garçon Tamtam est un conte africain. La musique adoucit les mœurs... mais peut aussi se révéler une redoutable arme en temps de guerre. Pas mal, sans plus.
Le garçon qui ne mentait jamais est le plus noir de la série. Il est très bien construit, mais je n'ai pas du tout aimé le stratagème qui constitue le nœud de l'intrigue.
Dans La Fille-biche et le fils de l'architecte, le Moyen-Age sert de cadre à une histoire traditionnelle : l'amour contrarié de jeunes gens, opposés à un méchant sorcier. J'ai apprécié l'ambiance "monde des fées", le coup du passage secret et le quiproquo à propos de la transformation de la jeune femme (les adultes auront compris bien plus rapidement que le héros). Par contre, je trouve que le personnage du méchant est un peu trop "connoté" : il s'appelle Zakariah, il est barbu, a le nez crochu et semble obnubilé par l'argent...
Au final, on passe un agréable moment, avec des histoires rafraîchissantes, même si je n'ai pas été transporté d'aise.
16:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 03 août 2011
Cars 2 (2D)
Dans ce nouvel épisode, John Lasseter et son équipe "pixarienne" se sont lancés dans la parodie, celle de James Bond. Nombre de protagonistes sont donc des espions, au premier rang desquels Finn McMissile, doublé avec talent par Lambert Wilson. La première séquence, hommage aux films de ce genre, est épatante.
Après, on retombe dans la production américaine "de base". Deux intrigues s'entrecroisent (sur fond d'amitié chancelante) : la rivalité entre les voitures et une mystérieuse affaire liée à un carburant révolutionnaire. Les scénaristes ont fait le choix -original- de donner la vedette à la dépanneuse gaffeuse et rouillée (Martin), au lieu du bolide rutilant (Flash McQueen). L'histoire fonctionne en grande partie sur la base de quiproquos, parfois drôles, parfois "faciles". (On a exagéré la qualité de la séquence des toilettes, par exemple.) Les scènes d'action sont par contre très réussies, notamment la première course et l'épisode Big Ben ("Big Bentley" dans le film !).
Comme les courses automobiles se déroulent en différents endroits, on voit du paysage... et on avale du stéréotype ! Cela commence avec les Japonais, et leurs voitures-geishas, voitures-sumos... et donc ces toilettes si particulières... sans compter le wasabi (gag éculé).
On peut s'amuser comme cela à compter les clins d’œil, aux mafieux italiens et russes, à la France carte postale (chanson de Charles Trenet, Boum, détournée et interprétée par Bénabar, à la clé), au Londres de l'an 2000 (je kiffe les gardes au casque à poils !). Les observateurs attentifs remarqueront la présence d'une papamobile lors de la course organisée en Italie. Les Frenchies noteront qu'un compétiteur français est très habile sur les surfaces non goudronnées, signe que la notoriété de Sébastien Loeb est plus grande que ce que l'on pense dans l'Hexagone. On passe grosso modo un bon moment.
(Je regrette néanmoins que certains personnages présents dans le premier volet soient sous-utilisés, notamment l'héroïne, remplacée -efficacement- par une espionne hyper-bien carrossée. Je pense qu'on les a mis de côté en attendant le troisième épisode.)
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lundi, 18 juillet 2011
Harry Potter et les reliques de la mort II
On part pour deux heures d'action, entrecoupées de scènes de mystères et d'autres, romantiques. C'est, comme les autres films, inégal, mais meilleur que la première partie. On aurait toutefois pu pratiquer quelques coupes.
Les effets spéciaux sont très réussis. On est tout de suite mis dans le bain avec cette vue de Poudlard, avec ces esprits guetteurs en suspension. Les poursuites sont aussi très impressionnantes. Mais c'est le merveilleux qui est le mieux servi par le numérique : un bâtiment démesurément grand, un tableau qui s'anime, un objet qui s'ouvre, un sortilège qui agit... voilà la clé du succès. (La meilleure séquence est à mon avis celle de l'entrée frauduleuse dans la chambre forte Lestrange, dragon à la clé.)
Mais certaines scènes sont à la limite du ridicule. Les affrontements à la baguette, décalques des duels au révolver des westerns, sont peu intéressants et les acteurs sont souvent obligés de grimacer pour faire croire qu'il se passe quelque chose.
J'ai aussi été un peu ennuyé par l'accumulation des amourettes qui se nouent en cette partie ultime.
Notons que les effets spéciaux du Seigneur des anneaux ont sans doute servi de modèles pour les scènes de bataille générale. Celles-ci sont d'ailleurs fort spectaculaires.
Moins "tape-à-l'oeil", une autre séquence détonne dans l'ensemble. Elle se déroule dans une gare virtuelle, sorte d'antichambre du paradis. L'un des deux protagonistes y fait l'éloge du maniement de la langue. C'est évidemment en lien avec les sorciers et leur usage des formules magiques. Mais, au second degré, c'est l'évocation du travail d'écrivain, celui de J. K. Rowling.
Sans trop en dire, je suis quand même un peu déçu par la fin. Je sens que l'auteur a dû être "conseillée" par la production des films. Vu que la série de romans était en cours d'écriture quand les adaptations cinématographiques ont été lancées, je pense qu'à Hollywood, on avait intérêt à ce que certaines choses se passent... ou ne se passent pas.
De la saga, je retiens deux personnages particulièrement attachants : Hermione Granger, adorable et insupportable bonne élève, et Severus Rogue, intrigant et déroutant professeur.
23:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma