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jeudi, 06 mars 2014

Non Stop

   Le réalisateur Jaume Collet-Serra retrouve Liam Neeson (après Sans Identité) pour ce film d'action populaire. Cela commence cependant assez mal. Les scènes introductives enfilent les clichés. Le marshal Bill Marks est évidemment alcoolique, pas très bien dans ses baskets ce jour-là avant d'embarquer... et il semble avoir une vie familiale chaotique. Cerise sur le gâteau : il fume comme un pompier, ayant même mis au point une stratégie pour se livrer à son vice dans les toilettes des avions. La suite ? L'embarquement des passagers, avec de l'émotion hyper soulignée quand une petite fille est à l'écran.

   Cela démarre vraiment avec les premiers messages échangés avec un "biper" (ou pager) très évolué. Ce n'est plus nouveau à présent (pensez à L'Exercice de l'Etat ou encore à la série Sherlock), mais l'affichage des textos à l'écran rend bien et accentue le côté dramatique de l'intrigue. Un travail intelligent a aussi été effectué sur les sons.

   Plusieurs scènes se détachent du lot. Il y a notamment une bagarre dans les toilettes de l'avion, au début, excellemment filmée. Collet-Serra réussit à rendre spectaculaire cet affrontement en milieu confiné. Il parvient aussi à innover dans l'accident d'avion. Sans en dire plus, je peux vous assurer que l'avant-dernière séquence du film dépote !

   C'est de plus bien interprété. Neeson est épaulé par une Julianne Moore toujours aussi classe. Les seconds rôles sont efficaces, nombre d'entre eux venant de séries télévisées, me semble-t-il. (Ainsi, les fans de New York, police judiciaire, reconnaîtront l'assistant du procureur incarné par Linus Roache, ici dans le rôle du capitaine de l'avion.) En cherchant bien, on peut aussi retrouver deux des interprètes de 12 Years a Slave.

   L'intérêt porte aussi sur l'intrigue. On se demande qui est le maître-chanteur. Comme dans un film policier traditionnel, on est certain d'avoir vu le(s) coupable(s) dans la première partie du film. On nous propose de fausses pistes : un Arabe et des Noirs (qui chez nous seraient des "jeunes de banlieue"), sur lesquels les scénaristes s'appuient pour ruiner certains préjugés. Quand le mystère se dévoile, on réalise à quel point les auteurs se sont trituré les méninges.

 

ATTENTION ! CE QUI SUIT RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE.

 

   Au bout d'un moment, les spectateurs attentifs ont compris qu'une seule personne ne peut pas être derrière la machination. Il en faut au moins deux. Cela relance les spéculations. Qui a un mobile ? Qui a les compétences ? Qui a eu l'opportunité de commettre les crimes ? On arrive assez facilement à trouver l'un des deux en s'appuyant sur la réponse à la deuxième question. Pour le complice, c'est un peu tiré par les cheveux. On peut même parler de faille scénaristique.

   C'est parce qu'il a été transporté de force par le héros que l'un des deux maîtres-chanteurs a eu l'opportunité de déplacer un téléphone portable et de tuer l'un des passagers. L'explication qui nous en est donnée, à la fin, repose sur une part de hasard et d'opportunité qui ne cadre pas avec l'organisation minutieuse du complot.

   Mais, surtout, il est matériellement impossible que la bombe ait pu être cachée dans le sac hermétique rempli de drogue. C'est l'autre marshal (celui qui trafique) qui a fait monter cette valise. C'est parce que les comploteurs l'ont fait chanter (une fois dans l'avion) qu'il a joué leur jeu. Mais comment la bombe a-t-elle pu monter à bord ? Mystère. On est prié de croire en l'habileté machiavélique de l'informaticien.

   Enfin, comment se fait-il que le héros n'ait pas découvert les textos litigieux dès le départ, quand il consulte le téléphone de son collègue, alors que, plus tard, ayant de nouveau l'appareil en mains, il les retrouve sans problème ? Là encore, mystère.

   Ces réserves émises, on peut malgré tout profiter de ce film sans "se prendre la tête".

22:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 05 mars 2014

La Fabuleuse Histoire de monsieur Riquet

   Il n'y a guère que dans le Sud-Ouest que l'oeuvre de Pierre-Paul Riquet suscite encore (un peu) l'admiration. Un documentaire lui a été récemment consacré, pour l'instant visible essentiellement dans les salles obscures du Tarn et de Haute-Garonne.

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   La conception du film est assez originale. Les entretiens avec des historiens ou érudits locaux alternent avec de courts monologues d'acteurs, qui lisent ou récitent un texte écrit par l'une des personnes dont il est question. Bernard Le Coq est remarquable en Riquet, tout comme François-Henri Soulié en Colbert.

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   Evidemment, de temps à autre, sont insérées des images de son grand ouvrage, le canal du midi. Sont ajoutés  des tableaux classiques, illustrant un aspect de l'histoire ou l'introduction d'un personnage.

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   Le film ne commence pas par une biographie de l'entrepreneur, mais par une présentation du projet. Il faut savoir qu'on lui en a contesté la paternité. Il apparaît surtout que Riquet a été suffisamment intelligent pour savoir tenir compte des réflexions d'autrui pour améliorer ses projets. On nous fait quand même entendre le point de vue de l'un de ses rivaux malheureux, Thomas de Scorbiac, par l'entremise de l'un des descendants de celui-ci. Mais on sent que le réalisateur porte un regard ironique sur la chose...

   Le portrait qui est tracé de Riquet est essentiellement louangeur. Il était intelligent, bon vivant, généreux. Il avait même la fibre sociale. On en oublierait presque qu'il avait fait fortune en collectant l'impôt sur le sel, la gabelle. On ne saura pas non plus ce que pensait son épouse, Catherine de Milhau (une Biterroise), de son mode de vie assez "libre".

   Le film choisit de mettre l'accent sur plusieurs points. Tout d'abord, il évoque la possibilité d'un autre tracé pour le futur canal, par un affluent du Tarn, l'Agout. La question de la religion de Riquet est aussi posée. Comme on n'a pas retrouvé son registre de baptême, on ignore sa date de naissance (en 1609 ou 1604). Etait-il protestant ? C'est possible, compte tenu de sa région d'origine.

   La suite de l'histoire évoque ses échanges avec les grands de son époque et la pugnacité dont il a dû faire preuve pour mener à bien son projet... qui n'a en réalité été achevé qu'après sa mort, survenue en 1680, à Toulouse, où se trouve encore sa dépouille. Deux des séquences les plus marquantes sont celles qui sont consacrées au premier pont-canal de France, celui de Répudre, et au percement du tunnel du Malpas, qui faillit mettre un terme à l'aventure.

   C'est plaisant sans être génial. Les quatre-vingt-cinq minutes passent assez rapidement, même si, à la longue, les entretiens avec les historiens et autres personnes de référence lassent un peu. On avait pourtant pris la précaution de varier les angles de prise de vue et de limiter la durée de ces scènes.

   P.S.

   Ironie de l'histoire, la statue élevée en l'honneur de Riquet, à Toulouse, tourne le dos à "son" canal, pour regarder le centre-ville. On la voit à la fin du film, dans un triste état : elle est toute grisâtre et plusieurs morceaux de doigts manquent à la main droite. En cherchant sur GoogleMap, on peut accéder à une StreetView de mai 2008 assez proche :

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   A l'époque, le logiciel utilisé pour flouter les visages des quidams (ainsi que les plaques d'immatriculation des véhicules) n'était pas tout à fait au point... puisque la sculpture a été confondue avec un humain bien réel ! En voici une vue plus récente, après restauration :

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lundi, 03 mars 2014

Viva la libertà

   En Italie, à l'approche d'élections législatives cruciales, le chef du principal parti d'opposition (de gauche), contesté, mal dans sa peau, décide de prendre du large. Son entourage proche va le remplacer par son frère jumeau, dont presque personne ne connaît l'existence.

   Le film ambitionne de retrouver le ton de la "comédie à l'italienne". Il est néanmoins clairement ancré dans notre époque, puisque le personnage principal semble inspiré de Walter Veltroni (un ancien maire de Rome, passionné de cinéma). Le tour de force du scénario est de réussir à ne jamais faire prononcer le nom de Berlusconi, l'Adversaire. La réussite politique de ce dernier est plutôt présentée comme la conséquence de la médiocrité de ses opposants.

   Sur le papier, ça a l'air génial. Mais quand le film a démarré, j'ai craint le pire. Le début est une peinture conventionnelle et finalement assez empathique de la "gauche caviar" transalpine, tout aussi détestable que sa cousine française. Certes, la colère des militants de gauche est soulignée, mais les "éléphants" ne sont guère égratignés. Et l'histoire prend un tour assez prévisible. Le dirigeant du parti de gauche est un homme à femmes qui, lorsqu'il prend du champ, quitte l'Italie pour aller se réfugier à Paris, chez l'une de ses ex... incarnée par Valeria Bruni-Tedeschi ! Nooooooooooooon !

   Heureusement, l'apparatchik qui sert de larbin au grand homme va tomber sur son frère jumeau, qui accepte de jouer le jeu. Là, ça devient intéressant. Le frérot est un prof de philo amoureux de musique classique (La Force du destin sert de fil rouge sonore à l'intrigue). Il est de plus assez fantasque... et sort tout juste de l'hôpital psychiatrique ! C'est dire s'il va quelque peu dynamiter la routine bureaucratique de la machine social-démocrate... Il sait aussi se faire apprécier de l'entourage de son frère. (Dans les deux rôles, Toni Servillo est très bon.)

   De son côté, celui-ci se la joue Bohème, s'incrustant chez son ex, la suivant sur son travail (elle est scripte), s'occupant un peu de sa fille... et draguant une jeune intermittente du spectacle.

   Je vous laisse découvrir comment tout cela se termine. Il faut bien interpréter la dernière scène, qui comporte un mystère...

00:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 02 mars 2014

Les Grandes Ondes (à l'ouest)

   Voilà un titre bien étrange pour cette comédie franco-helvético-portugaise. Figurez-vous que l'histoire qui nous est racontée est réelle (bien que sans doute un peu romancée). En avril 1974, la SSR (société suisse de radiodiffusion) a envoyé une équipe de bras cassés en reportage au Portugal, avec pour consigne de rapporter des sons illustrant la généreuse politique de coopération économique entre la dictature lusitanienne (pauvre) et la riche (mais conservatrice) démocratie alpine.

   Le trio est constitué de deux vétérans du journalisme et d'une jeune ambitieuse. Michel Vuillermoz (vu récemment en entrepreneur de pompes funèbres dans Adieu Berthe) prête ses traits à l'ancienne gloire de la radio suisse. On le prend d'abord pour un has been, avant d'être attendri par ses failles, puis de le redécouvrir en journaliste à l'ancienne. Il est accompagné d'un technicien qui a beaucoup roulé sa bosse... et qui est ouvert aux nouvelles expériences ! Valérie Donzelli complète avec fougue le trio. Elle incarne une jeune animatrice, qui cherche à décrocher une émission quotidienne. Elle est de surcroît féministe... et très libérée sur le plan sexuel ! Un jeune Portugais bilingue va les épauler dans leur périple (en combi Volkswagen...).

   Au début, on rigole du choc des cultures, entre la vieille et la nouvelle école. On pouffe devant la maîtrise approximative du portugais du journaliste chevronné. On ricane en découvrant la réalité de la coopération économique. Le comique de situation est maîtrisé. Par contre, la direction d'acteurs pêche par moments. Il aurait fallu rejouer certaines scènes, qui manquent de naturel, ou de rythme.

   Tout cela nous mène à la Révolution des oeillets, qui a vu l'armée portugaise et les militants démocrates renverser la dictature en place depuis les années 1920. Pour les Lusitaniens, ce fut à la fois la Libération et Mai 68. Le propos se veut engagé, pas toujours sérieux. Ce n'est pas la partie la plus réussie du film.

   Cela reste une petite comédie sympathique, un peu libertaire sur les bords.

23:15 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 27 février 2014

Un Eté à Osage County

   Au fin fond de l'Oklahoma, une matriarche frappée par le cancer profite de la disparition de son mari pour réunir les membres de la famille. Le repas de groupe, consécutif à des obsèques, constitue le coeur de ce film, au sein duquel se cache un secret de famille qui met du temps à se dévoiler.

   Mais cela commence de manière moins conventionnelle. On entend d'abord la voix du patriarche (incarné par Sam Shepard). On se demande ce qu'il peut bien vouloir dire en citant un écrivain... et puis, à la limite, on s'en fout, tant il est captivant. Ce n'est qu'à la fin de son monologue que l'on découvre à qui il s'adresse. Surgit ensuite son épouse, complètement à la masse (Meryl Streep, é-blou-i-ssante, comme on ne l'a jamais vue). Générique.

   L'histoire se poursuit avec l'arrivée progressive des membres de la famille. Mention spéciale à la soeur, Mattie Fae (Margo Martingale débordante d'énergie) :

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   Son mari est interprété par Chris Cooper, tout aussi excellent. Mais ce sont les personnages des filles qui vont attirer notre attention. L'aînée semble la plus forte. Elle est mariée à un gentil mou (végétarien de surcroît) et sa fille est une adolescente en pleine crise. Je vous présente Julia Roberts, pas très convaincante au début (en particulier quand elle s'adresse à sa progéniture, dans la voiture, juste avant d'arriver), mais de plus en plus marquante au fur et à mesure que l'intrigue progresse :

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   Comme elle est souvent filmée en gros plan, j'ai pu constater que sa lèvre supérieure hautement suspecte n'avait pas disparu. Ceci dit, dans la seconde partie du film, elle nous fait un sacré numéro, avec, à la fin du repas de famille, une prise de bec entre elle et sa mère, véritable moment d'anthologie. Plus prosaïquement, ceux qui ne connaissent l'actrice qu'à travers ses rôles fleur bleue seront surpris de l'entendre employer un langage très peu châtié... Je recommande tout particulièrement la petite causerie entre les trois soeurs, où il est question des surnoms donnés au sexe féminin. (Tout ceci est évidemment à savourer en version originale sous-titrée, fort heureusement disponible à Rodez.)

   La cadette est une gentille pétasse, incarnée avec conviction par Juliette Lewis. Elle rapplique en voiture de sport, escortée d'un gros blaireau qui m'a tout l'air d'un escroc... mais qui est prêt à l'épouser.

   La benjamine est la plus renfermée. Elle a les traits de Julianne Nicholson, une rouquine très douce que les amateurs de série policière ont découverte naguère dans New York, section criminelle (dans le rôle de Megan Wheeler) :

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   L'histoire est assez noire, triste sur le fond (la plupart des personnages ont en quelque sorte raté leur vie), émaillée d'éclairs d'humour sarcastique. Le film mérite le détour pour la performance des acteurs... et surtout des actrices. (Côté masculin, signalons aussi Benedict Cumberbatch -oui, Sherlock- dans un rôle à contre-emploi.)

   P.S.

   Une partie de la critique (notamment Le Monde) a été très dure envers ce film. Le fait qu'au cours du repas, l'époux et la fille de Barbara (tous deux végétariens invétérés) soient tournés en dérision n'est peut-être pas étranger à la répugnance éprouvée par certains commentateurs. Cela rappelle un peu l'éreintement dont Les Trois Frères, le retour, a été récemment victime. Le fait qu'un intermittent du spectacle y soit présenté comme un artiste raté avait peut-être incité certains critiques à tremper leur plume dans le vitriol...

19:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 22 février 2014

La Grande Aventure Lego

   Petit garçon, j'étais plutôt Playmobil que LEGO. Mais bon, tout cela est loin... et je ne me sentais pas d'humeur à tenter l'expérience du film d'animation. Au vu des tout premiers extraits, je me demandais comment cela pouvait tenir la route. Il a fallu que je voie la bande-annonce (qui contient une brochette de gags) pour me décider.

   Très vite, on remarque que l'histoire suit des codes hollywoodiens : le héros (Emmet) est un gars ordinaire (ici un ouvrier du bâtiment) qui va se révéler extraordinaire. Il va s'enticher d'une bombasse (Cool-tag) qu'il va falloir conquérir. Il y a des méchants et des gentils bien identifiés... et la masse, qui a besoin d'un meneur.

   C'est aussi bourré de clins d'œil aux grands succès du cinéma : Le Seigneur des anneaux, Il était une fois dans l'Ouest, Star Wars (l'une des meilleures séquences), Batman, Matrix... C'est souvent parodique, à travers notamment les personnages de Batman (une grande gueule pas aussi balèze qu'elle le prétend) et Vitruvius le mage. (Je recommande tout particulièrement la scène du "code secret" pour entrer dans un univers mystérieux.)

   Visuellement, c'est foisonnant. C'est le résultat d'un gros travail, effectué image par image. Cela donne des architectures LEGO en construction, plus ou moins abracadabrantesques (je pense aussi aux différents modes de locomotion, construits au fur et à mesure qu'ils sont conçus). Les Transformers peuvent aller se rhabiller !

   On rit souvent... et sans vulgarité. Quand ils jurent, les personnages lâchent un gros "Crotte de bique !" ou "Mer... credi !", à la rigueur. Les parents comme les enfants apprécieront, à différents degrés. J'ai aussi adoré la séquence qui se déroule dans le cerveau du héros... ainsi que l'un des fils rouges de l'histoire : le "canapé à impériale", pour regarder la télé entre potes !

   Les spectateurs les plus âgés seront capables de décrypter un message contenu dans l'intrigue : la dénonciation d'un tyran économique, qui s'appuie sur une télévision abrutissante. Pour le tout venant, le film défend des valeurs philanthropiques (tout le monde peut s'amender) et familiales (le père et le fils peuvent jouer ensemble)... parce qu'il y a une petite surprise, introduite dans le dernier tiers de l'histoire. Elle constitue une nette rupture de ton, dans le rythme comme au niveau visuel. A ce moment-là, l'émotion prend le pas sur l'humour, avant que l'intrigue ne reprenne son cours.

   Par contre, je ne suis pas emballé par la musique, assez clinquante, à commencer par le "tube" du film : Tout est super génial, adaptation du Everything is awesome original. Au début, on en perçoit la portée parodique, mais, par la suite, il semble que les réalisateurs y croient un peu trop...

   P.S.

   En 2013, LEGO est devenu le deuxième fabricant mondial de jouets.

   Le succès des fameuses briques dépend d'un mode production dont les secrets sont jalousement gardés.

   La rivalité avec Playmobil semble avoir plutôt tourné à l'avantage des Danois que des Allemands.

15:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 21 février 2014

Les Trois Frères, le retour

   Au départ, je n'avais pas du tout l'intention d'aller voir ce film. Je suis fan du premier (ainsi que du Téléphone sonne toujours deux fois)... et j'avais peur de me retrouver devant un navet pondu pour palper facilement la thune des nostalgiques et autres gogos des salles obscures. Et puis... le bouche-à-oreille n'étant pas mauvais, un soir, après le boulot, un peu énervé par ma journée, j'ai tenté le coup.

   Le scénario nous prend par la main. On commence par nous re-présenter les trois lascars en situation. Pascal (Légitimus) est -en apparence- le winner de la bande, riche, distingué... et l'objet de la libido débordante d'une mystérieuse "Moss". Bernard (Campan) végète en tant qu'intermittent du spectacle, son seul titre de gloire consistant en une publicité canine... tandis que Didier (Bourdon) s'est encore investi dans une relation par pur intérêt pécuniaire... et mène une double-vie. L'ensemble est plaisant.

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   Cela devient franchement drôle quand, suite à leur rencontre chez le notaire, les lascars décident (pour une raison que je vous laisse découvrir) de vider leurs comptes en banque respectifs. Cela nous vaut trois scènes croquignolesques. Chacun a rendez-vous avec son conseiller financier. On y découvre un contexte familier, fait de bureaux impersonnels et d'affiches aux slogans trompeurs. C'est à ce moment qu'il faut être attentif, car, lorsque la caméra pivote légèrement, elle place une partie de chaque affiche derrière le corps de l'interlocuteur de chacun des héros, ne dévoilant qu'un texte tronqué, lourd de sous-entendus : "ici on vous nique", "on vous la met profond"...

   Évidemment, les retrouvailles des frères débouchent sur une série de catastrophes... et c'est un trio de losers qui se retrouve entassé dans une caravane de tournage... avec une petite surprise à la clé : la fille cachée de l'un d'entre eux, qui débarque à l'improviste ! Dans le rôle de la Beurette tchatcheuse, Sofia Lesaffre est au poil.

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   Ceci dit, de temps à autre, cela manque de souffle. Les dialogues, bien écrits, sauvent certaines situations. J'ai bien aimé entendre les héros se chambrer à tour de bras. Le reste de la salle riait aussi de bon cœur.

   D'autres séquences m'ont marqué. Il y a le moment où le trio est obligé de changer de caravane... pour se retrouver dans celle de l'héroïne de Joséphine, ange gardien. Pas subtil, mais efficace !

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   L'action part en vrille lorsque les héros prennent des substances hallucinogènes sans s'en rendre compte. Là encore, c'est un décalque de l'une des séquences du précédent film. D'autres clins d’œil émaillent l'intrigue, comme à l'hôpital, où l'une des infirmières s'appelle "Marie Thérèse"... J'ai aussi en mémoire le passage à la télévision. (Aujourd'hui, la télé-réalité a remplacé Le Millionnaire.) Plus tard, on revoit Bernard Campan et Didier Bourdon en couple, sauf que là c'est pour faciliter le mariage du fiston, déjà présent dans le précédent épisode... et qui a beaucoup grandi. Évidemment, rien ne se passe comme prévu, lors du dîner chez la future belle-famille, avec un Daniel Russo réjouissant de beauferie.

   Bref, ce n'est pas la comédie du siècle, mais, avec un peu d'indulgence, elle fait passer une bonne soirée.

00:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 19 février 2014

Ida

   Pologne, années 1960. Ida, jeune novice, est sur le point de prononcer ses voeux dans un couvent perdu au fin fond de la campagne. La mère supérieure la contraint à prendre contact avec sa dernière parente encore en vie, la soeur de sa mère, une magistrate communiste dont le mode de vie n'est pas à proprement parler un modèle de vertu catholique.

   Et puis, surtout... ces femmes sont juives. Un mystère plane donc sur ce qui est advenu aux parents d'Ida. On comprend vite qu'il s'est passé des choses tristes une vingtaine d'années auparavant... mais quoi exactement ? Voilà pour la partie enquête.

   Au quotidien, c'est la cohabitation entre les deux femmes qui constitue le coeur de l'action. Ida la pure ne quitte pas son vêtement de novice, même quand elle prend le risque inouï, un soir, d'aller écouter les joueurs de jazz... et de discuter avec le si séduisant saxophoniste. Wanda vit seule... et parfois accompagnée, jamais de la même personne. Elle fume comme un pompier, picole sec, écoute du classique à fond la caisse et tente d'oublier son mal de vivre dans le moindre bar ouvert le soir. Au boulot, c'est une procureure impitoyable. (Son personnage est inspiré d'une Polonaise qui a réellement existé : Helena Wolinska-Brus.)

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   Le style est épuré. C'est un peu comme si Robert Bresson avait rencontré Claude Lanzmann. Le noir et blanc est superbe, avec des cadrages soignés. En général, l'organisation est géométrique : la caméra est disposée de manière à ce que les objets signifiants et les acteurs forment des compositions. Cela se voit à peine, parce que c'est très bien joué et que la réalisation est fluide. J'ai été particulièrement sensible au jeu de l'actrice principale, Agata Trzebuchowska :

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   Cela réclame tout de même de l'attention. Cette heure vingt est tendue, sur le fil de rasoir. Il y a évidemment l'incertitude quant à la manière dont les parents (et le reste de la famille) ont été tués vingt ans auparavant. Il y a aussi le questionnement de la jeune femme, qui commence à douter. Le film se conclut d'une manière somme toute cohérente, qui fait écho à ce qu'a dit l'un des personnages au début de l'histoire.

21:34 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 16 février 2014

Philomena

   "Encore un film inspiré d'une histoire vraie !" vont déplorer certains. En réalité, le scénario est construit à partir de deux histoires, celle de l'Irlandaise Philomena Lee, fille-mère dans les années 1950, et celle du journaliste Martin Sixmith, qui va l'aider à retrouver son fils. Le tout est mis en scène par Stephen Frears, que l'on a plaisir à retrouver en pleine forme.

   Le grand intérêt du film est la confrontation de deux tempéraments qu'au départ on pense diamétralement opposés. Judi Dench (oscarisable) incarne à la perfection la vieille dame très digne, ancienne infirmière, catholique pratiquante (malgré tout ce qu'elle a vécu), amatrice de romans à l'eau de rose... et à cheval sur les principes.

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   Steeve Cogan interprète un journaliste anglais libre-penseur, issu de la gauche caviar (Tony Blair est au pouvoir, à l'époque) et habitué à un certain train de vie. Malheureusement pour lui, il est en pleine disgrâce. Écrire l'histoire de cette vieille dame n'est au départ qu'un moyen de continuer à exister, professionnellement parlant.

   La tension entre les deux personnages principaux naît du fossé socio-culturel qui les sépare mais surtout de leur attitude face à la religion. Philomena ne veut en aucun cas nuire au couvent où elle a pourtant tant souffert... et où un vent de modération (voire de modernité) semble avoir soufflé. Elle soupçonne par contre le journaliste de vouloir écrire un brûlot anticatholique et de ne la voir que comme un instrument.

   Petit à petit, les points de vue se rapprochent et la relation prend de l'épaisseur. Chacune des scènes de dialogues (à écouter en version originale sous-titrée) est un petit bijou d'humour ou d'émotion.

   A ce relationnel s'ajoutent les péripéties de l'enquête. Elle va mener nos héros aux États-Unis, où ils vont aller de découverte en découverte sur la vie d'Anthony (rebaptisé Michael par ses parents adoptifs). La catholique timide et conservatrice se révèle plus audacieuse et ouverte d'esprit que le journaliste ne l'avait pensé... et lui-même réalise qu'il a un lien avec cette histoire !

   A noter aussi la beauté et la force des retours en arrière, qui nous projettent dans l'Irlande des années 1950. Sophie Kennedy Clark, qui incarne Philomena jeune, est excellente.

   Dans la dernière partie du film, un ultime coup de théâtre ramène tout le monde en Irlande, pour une fin que je me garderai bien de révéler.

14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 15 février 2014

Jack et la mécanique du coeur

   Cette animation est née de l'imagination de Mathias Malzieu, l'âme du groupe Dionysos. On est d'ailleurs cueilli dès le début par... une chanson. C'est un clip vidéo, qui mêle scènes du film et vues du groupe de musiciens. C'est assez surprenant... et limite narcissique.

   L'histoire démarre ensuite... et il faut reconnaître que c'est un plaisir des yeux. L'animation est magnifique. On sent les influences de Tim Burton (celui d'Edward aux mains d'argent et des Noces funèbres), de Jean-Pierre Jeunet (celui de La Cité des enfants perdus et de L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet) et même du Hugo Cabret de Scorsese. Parfois, on nous offre une variation, par exemple celle qui ressemble à des pliages de papier. Il faut souligner la qualité du travail de la graphiste, Nicoletta Ceccoli.

   Par contre, l'histoire est plutôt triste, à réserver à des enfants assez grands. On retrouve un peu l'ambiance des romans de Charles Dickens, voire de Victor Hugo. Mais le macabre n'est ni joyeux ni porteur d'espoir, il est mélancolique. On m'a dit qu'à travers le film, Malzieu chercherait peut-être à faire le deuil de son histoire avec Olivia Ruiz (qui prête sa voix à l'héroïne Miss Acacia). Bof...

   Signalons la qualité des voix assurant les seconds rôles : Rossy de Palma, Dani, Jean Rochefort et Grand Corps Malade. Du côté de la bande son, je n'ai pas grand chose à dire. C'est meilleur que dans un Disney, mais je ne suis pas particulièrement emballé par les chansons. Disons que c'est supportable. Le film est à voir pour la beauté des images et l'inventivité de certaines scènes.

13:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 08 février 2014

Minuscule

   Sous-titré "La vallée des fourmis perdues", ce film d'animation est l'adaptation d'une mini-série que je ne connaissais pas. Les décors y sont bien réels (sauf exception), puisque les prises de vue ont été tournées dans deux parcs naturels nationaux : les Ecrins et le Mercantour. Ont été surimposées les évolutions des personnages de synthèse, les insectes (et quelques autres).

   D'abord, contrairement à ce qu'indique le titre, ce ne sont pas les fourmis les héroïnes, mais la jeune coccinelle, qui va devenir grande, découvrir le monde, apprendre à se défendre... et se faire des amis. Si le scénario est limpide, il ménage suffisamment de rebondissements pour garder en éveil les adultes, pendant que les enfants suivent ça avec délectation.

   C'est l'une des réussites de ce film : les deux niveaux de lecture. Les bambins s'intéressent à l'histoire basique, émaillée de gags et d'émotion. Les adultes tendent l'oreille pour capter les allusions, principalement sonores : les personnages ne parlent pas, mais les bruits qu'ils font sont porteurs de sens... et parfois d'odeur !



   Tout part d'un pique-nique champêtre, qu'un couple d'humains abandonne subitement en raison des contractions que subit la femme, enceinte. Les restes de leur repas vont faire le délice d'une foultitude d'animaux, notamment la coccinelle et les fourmis. Le monde en apparence paisible de cette vallée va se révéler être digne des jungles urbaines contemporaines.

   Les personnages principaux sont bien campés. Il y a la jeune coccinelle (sans doute mâle), plutôt impulsive voire imprudente. Il y a les fourmis noires, de prime abord organisées militairement, mais un peu branquignoles au fond... alors que les fourmis rouges symbolisent le mal. La réalisation les présente comme un groupe fasciste. N'oublions pas non plus les mouches moqueuses, une vraie bande de délinquants. Plus étonnante est l'araignée des bas-fonds, qui va adopter un comportement quasi maternel à l'égard d'un intrus.

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   Les scènes d'action renvoient à de "vrais" films. Acrobatique est l'épisode aquatique, qui voit une canette de boisson (pas tout à fait vide) poursuivre une boîte à sucre... et la coccinelle échapper à un gros poisson. Epique est l'attaque de la fourmilière noire par les Rouges (avec un petit côté Kingdom of Heaven). Libératrice est la seconde séquence où le héros affronte les mouches... intervention d'une 2CV à la clé !

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   L'humour est renforcé par l'un des choix graphiques : attribuer d'assez gros yeux aux personnages. Il n'en sont que plus expressifs. Le tout est soulignée par une musique qui rappelle celle des films hollywoodiens. Très bon choix !

   Bref, aux petits comme aux grands, Minuscule procure un plaisir majuscule !

   P.S.

   Le site internet dédié est sympa.

11:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 07 février 2014

Jacky au royaume des filles

   Cette comédie repose sur le principe du renversement de situation. Dans ce royaume, les femmes dominent, portent des tenues militaires ou de motard, alors que les hommes sont sous leur domination et contraints de porter un tchador.

   L'effet comique des premières scènes montrant ces hommes sous cloche est incontestable, d'autant plus que le côté infantilisant de cette domination est mis en valeur par le comportement des garçons. J'ai bien ri à les voir gambader dans les rues du quartier.

   On est aussi rapidement cueilli par une scène "choc"... tournée à la force du poignet ! C'est drôle, mais inabouti : à la fin, on devrait voir une ou plusieurs taches, ce qui n'est pas le cas ! Ce manque de réalisme est l'image du reste du film qui, s'il joue sur la gaudriole, n'ose pas aller au bout de sa démarche.

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   On peut y percevoir une kyrielle d'influences, de Cendrillon à Made in Groland, en passant par Les Misérables et Soleil vert. On n'a pas franchement tranché entre la satire et la fable moralisante. C'est un peu trop "gentil" à mon goût... et l'interprète principal (Vincent Lacoste) est trop fade. C'est particulièrement visible quand il se retrouve face à de grosses pointures, comme Charlotte Gainsbourg (excellente, bien que pas toujours bien servie par les dialogues) et surtout le couple formé par Noémie Lvovsky et Didier Bourdon, une révélation dans ce rôle de matrone, auquel le tchador sied particulièrement. (A signaler aussi quelques caméos plaisants, l'un avec Emmanuelle Devos, l'autre avec Valéria Golino.)

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   On a toutefois veillé à ce qu'aucune allusion ne soit faite à la religion musulmane. C'est à ce genre de détail qu'on réalise qu'il s'agit d'une satire de gôche. Néanmoins, je dois reconnaître que les scènes qui font évoluer les hommes en groupe sont particulièrement réussies. Il y a celle, quasi onirique, qui montre la réunion des prétendants, intégralement vêtus de blanc... et fiers de leur laisse, qu'ils espèrent voir choisie par l'héritière du trône.

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   Il y a aussi la manifestation devant le palais, bien tournée, où l'on retrouve l'un des personnages les plus équivoques de l'histoire : un parent du héros, qui monnayait auparavant ses charmes à ses nombreuses "cousines"... et qui fait partie de la Résistance. On sent que Michel Hazanavicius a pris plaisir à incarner ce rebelle au slip bien rembourré.

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   D'autres scènes, qui s'apparentent à des sketchs, sont bien vues, comme celles tournées dans l'épicerie. La première voit la fille de la propriétaire mater les jambes du héros quand il soulève son tchador pour extraire des billets de ses grandes chaussettes ! La seconde est plus sexuelle...

   Cela aurait pu devenir la comédie satirique de ce début d'année, mais l'ensemble est mal fagoté. On a visiblement eu du mal à relier le tout et à faire durer l'histoire. Je n'ai pas non plus apprécié la novlangue utilisée dans ce royaume. De plus, si la musique (jouée à la guitare) est bonne, elle manque cruellement à certaines scènes, qui tombent à plat.

   Si vous avez du temps à perdre et un peu d'indulgence, vous pouvez tenter l'aventure, pour la dizaine de bons moments que ce film contient.

23:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 02 février 2014

Réexister

   Le cinéma decazevillois La Strada a eu l'exclusivité de la diffusion de ce film tourné en 3D, mi-documentaire mi-fiction. Il raconte la (re)découverte du Nord de l'Aveyron par le petit-fils d'un Decazevillois, devenu entrepreneur dans le BTP du côté de Lyon. On nous le montre tirant le diable par la queue et, la quarantaine venue, se posant des questions sur sa vie. Il décide de se lancer sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

   Habitant Lyon, il est logique qu'il emprunte la via podiensis, partant du Puy-en-Velay et passant par l'Aubrac et Conques. On n'assiste pas à la première partie de son cheminement, qui le mène jusqu'aux portes de l'Aveyron. On le suit de l'arrivée au village d'Aubrac jusqu'à Conques. Le parcours est prolongé jusqu'à Figeac puis Cahors.

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   Dès le départ, les images sont saisissantes. La 3D se révèle un excellent choix pour filmer des scènes urbaines, à Lyon. On voit différents éléments architecturaux se détacher... et la scène qui se déroule en voiture, avec passage dans un tunnel, est bluffante.

   Le passage sur l'Aubrac est évidemment magnifique. Les paysages sont splendides et l'on remarque l'attachement du réalisateur, Jérôme Gardes, à filmer les animaux, que ce soient les vaches, les grenouilles ou les insectes.

   L'intérêt retombe un peu lorsque sont insérées des scènes de dialogues, plus ou moins réussies. Cela manque un peu de naturel, aussi bien à Conques que lorsque le héros rejoint des membres de sa famille du côté de Decazeville.

   C'est toutefois le moment où le film prend une autre dimension. A la contemplation paysagère et à la méditation philosophique succède un tableau du "pays noir", qui rend hommage au passé ouvrier et surtout mineur de la région. Des mini-fictions évoquent l'épopée du charbon et les principales luttes des prolétaires locaux. Ont été reconstituées la fusillade d'Aubin (1869) et la défenestration de Watrin, dans le cadre de la grève de 1886.

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   Le titre se comprend au regard des deux thématiques développées dans le film. Dans un monde de moins en moins compréhensible, l'attachement au terroir et la fidélité aux luttes sociales donnent du sens à l'existence. Un propos généreux, servi par de belles images (et une musique bien choisie), mais qui aurait mérité de s'appuyer sur une interprétation plus convaincante.

   P.S.

   Trois séances sont encore programmées : lundi 3 février, à 15h et 20h30 ; mardi 4 février, à 18h30.

vendredi, 31 janvier 2014

Le Vent se lève

   Pour le public cinéphile français, ce titre évoque un film de Ken Loach consacré à la guerre d'indépendance irlandaise. C'était une traduction approximative du titre d'origine. Ici, le Japonais Miyazaki fait explicitement référence à la fin d'un poème de Paul Valéry.

   De manière générale, l'ambiance culturelle de l'histoire est assez cosmopolite, puisque le héros japonais (qui va mettre au point le chasseur Zéro de sinistre mémoire en Asie du Sud-Est et en Océanie) admire un inventeur italien, alors que les industriels japonais de l'Entre-deux-guerres cherchent à imiter les succès allemands. Cela nous vaut plusieurs séquences en Allemagne, avant et après la prise de pouvoir par Hitler. Sans que ce soit trop explicite, on sent tout de même que le héros est inquiet de la montée de l'intolérance et de la violence.

   C'est le paradoxe de cette histoire : un jeune ingénieur talentueux et pacifiste va contribuer à faire de l'armée japonaise (ici la marine) l'une des plus efficaces machines de guerre de l'époque.

   A cette trame se superposent deux fils conducteurs : la passion pour la technologie et l'amour naissant entre le héros et la fragile Naoko. A l'image d'autres auteurs de mangas japonais, Miyazaki tient en très haute estime les concepteurs et les inventeurs. Dans ce film, le héros est présenté comme un artiste dans son genre. Le dessin est au service de ce projet. On retrouve la "patte" Miyazaki dans la fluidité des mouvements et le souci du détail. La virtuosité est plus rare. Elle est perceptible dans la mise en scène du travail de l'ingénieur, en particulier lorsqu'on nous le montre en train de dessiner. Je n'avais jamais vu auparavant une animation capable de rendre aussi bien compte des mouvements du bras et de la main.

   Par contre, l'histoire d'amour m'a beaucoup moins accroché. Elle est trop mélancolique à mon goût. On sent un peu trop souvent le poids de la fatalité. Cela n'empêche pas certaines scènes d'être enjouées, mais cette apologie des petits riens du quotidien amoureux manque de relief. (J'en profite pour préciser que ce n'est absolument pas un film pour les petits. Dans la salle où je l'ai vu, des parents inconscients - ou égoïstes - avaient emmené des marmots de 5-6 ans... qui ont vite décroché. Ceux âgés d'une dizaine d'années sont restés attentifs.)

   Pour moi, ce n'est pas le meilleur Miyazaki. Il lui manque le souffle de Nausicaä, de Princesse Mononoké, du Voyage de Chihiro, qui sont d'authentiques chefs-d’œuvre. Mais cela se laisse regarder sans déplaisir.

   P.S.

   Je pense que Miyazaki est conscient d'avoir réalisé un film qui n'est pas à la hauteur de ses plus grandes réussites. Il le dit même indirectement dans Le Vent se lève, par l'intermédiaire de Gianni Caproni (l'ingénieur italien). Le mentor du héros affirme à celui-ci qu'il faut pleinement tirer profit de sa période la plus créative, censée durer dix ans. Je pense qu'à travers l'ingénieur, Miyazaki parle de lui en tant qu'auteur de films d'animation. (Ce serait la période 1992-2001, qui a vu la création de Porco Rosso, Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro... On pourrait prolonger jusqu'à 2004 et la sortie du Château ambulant.)

19:10 Publié dans Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 24 janvier 2014

12 Years a Slave

   Ces douze années d'esclavage sont celles subies par Solomon Northup, un Noir américain de l'État de New York... et surtout, au départ, un homme libre, dans les années 1830. C'est l'occasion pour Steve McQueen de nous proposer un (court) portrait inattendu d'une Amérique non esclavagiste, vers le milieu du XIXe siècle. C'est indirectement un éloge de la ville multiculturaliste. Les scènes urbaines sont d'ailleurs très réussies, notamment l'un des retours en arrière qui nous montre le croisement de deux destins noirs (celui d'un homme libre bien inséré socialement et celui d'un esclave sous la coupe de son maître).

   Mais il faut reconnaître que l'ensemble est assez académique, avec une musique de Hans Zimmer que l'on a l'impression d'avoir déjà entendue cent fois. On retrouve heureusement la "patte" du réalisateur de Hunger dans les scènes intimistes, en particulier celles qui font intervenir deux personnages. Le cadrage est excellent, les jeux d'ombre et de lumière maîtrisés et les dialogues bien écrits. Les mouvements de caméra sont mesurés et, m'a-t-il semblé, bien dosés.

   Le paradoxe est que l'acteur qui se détache n'est pas celui qui incarne le personnage principal. Chiwetel Ejiofor est presque éclipsé par Michael Fassbender, excellent en esclavagiste alcoolique, veule et libidineux. Ajoutons que les seconds rôles sont très bons... et je m'en voudrais de ne pas signaler aux dames que Brad Pitt (qui coproduit le film) fait une apparition marquante, en charpentier canadien anti-esclavagiste. Comme, à Rodez, le film est projeté en version originale sous-titrée, cela permet aux oreilles habituées à sa voix de doublage de découvrir les véritables intonations de l'acteur.

   L'intrigue n'est pas strictement linéaire. Divers retours en arrière sont introduits, à plusieurs moments. Je dois reconnaître que c'est habilement fait. Sur le fond, le scénario ne verse pas dans le manichéisme. Si le racisme et la violence des esclavagistes sont fermement dénoncés, on a fait l'effort de nuancer le portrait des Blancs, introduisant des personnages sudistes plus ou moins sympathiques (avec une bonne prestation de Benedict Cumberbatch) et proposant des figures positives parmi les Yankees. Avis toutefois aux âmes sensibles : à plusieurs reprises, des Afro-américains sont victimes des délices de la corde ou du fouet. L'une des séquences les plus marquantes voit le héros s'opposer à un employé de l'un de ses maîtres... et devoir attendre sa délivrance pendant un bon petit moment.

   En dépit de quelques longueurs, cela reste un bon film, qui évoque un aspect méconnu d'une histoire déjà maintes fois représentée sur grand écran.

dimanche, 19 janvier 2014

Belle et Sébastien

   C'est le prototype du film intergénérationnel : les plus vieux ont assisté à la première diffusion de la série originale ; les gens comme moi ont vu le dessin animé japonais et les plus jeunes vont être attirés par le gros chien et le héros, un gamin de leur âge.

   Si les paysages sont magnifiques et l'histoire prenante, on aurait toutefois dû travailler davantage les dialogues. Certains sont réussis, comme ceux qui montrent les personnages en train de se charrier. Mais que Tchéky Karyo a du mal à sortir son texte ! Par moment, j'ai eu mal pour lui. Après, il y a le gamin. On aime ou on n'aime pas. Margaux Chatelier est plus vraisemblable, dans le rôle d'Angelina.

   Si l'intrigue est assez bien construite, certains éléments manquent de vraisemblance, ou sont "téléphonés". Par exemple, je ne sais pas dans quelle rivière la chienne se baigne, mais sachez qu'après un seul passage, le poil tout crado devient d'une blancheur éclatante ! (Je conseille aux riverains de courir y faire leur lessive.) Plus tard dans le film, l'un des personnages vient en avertir d'autres du danger qui les menace. On se demande comment il a pu s'éclipser de son groupe... et à quoi il carbure, pour avoir réussi à rejoindre aussi facilement les passeurs, partis longtemps avant lui. Pour couronner le tout, juste après l'avalanche (joliment filmée), voilà le grand-père et le gamin qui débarquent au même endroit ! On sent aussi venir gros comme une maison l'accident avec le pont de glace...

   Quant au contexte historique (la Seconde guerre mondiale), il n'est qu'un décor. N'y cherchez pas une présentation fine des rapports humains à l'époque. De manière symbolique, les nazis sont aux humains ce que sont les loups aux moutons. Aucun Français ne collabore et, comme nous nous sommes aujourd'hui réconciliés avec l'Allemagne, l'un des personnages est chargé d'incarner une vision humaniste de nos voisins d'outre-Rhin. (Il le fait d'ailleurs assez bien.)

   Bref, si vous avez un peu de temps à perdre et que vous êtes sensibles aux beaux paysages ainsi qu'aux animaux de haute montagne, ce film peut vous satisfaire.

17:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 13 janvier 2014

Le Loup de Wall Street

   On peut voir ce film de deux manières. On peut partir du principe qu'il s'agit d'une farce et l'on s'embarque dans une comédie immorale de trois heures. On apprécie la performance des acteurs, au premier rang desquels Leonardo DiCaprio, excellent aussi bien en novice de la Bourse qu'en escroc sans vergogne et en idole déchue, quand son empire s'effondre. Matthew McConaughey et Jean Dujardin nous offrent aussi de beaux numéros. La caméra est tenue de main de maître (notamment dans les scènes de groupe, en intérieur, vraiment remarquables) et les dialogues, riches en grossièretés, se savourent sans retenue.

   Ou alors on se dit que, quand même, Scorsese aurait pu introduire davantage de réflexion et de second degré et que son film est décidément trop en empathie avec les pourritures qu'il prétend dénoncer. Le propos est d'abord extraordinairement misogyne : les femmes sont soit des putes soit des salopes, la moins maltraitée étant la plus âgée, la tante de la seconde épouse du héros, incarnée par Joanna Lumley :

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   Les rares scènes où elle dialogue avec DiCaprio sont très réussies et quand on regarde attentivement le grand écran, on se dit que ce visage ne nous est pas inconnu :

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   Il s'agit de Purdey, la cinquième partenaire féminine de John Steed dans la série Chapeau melon et bottes de cuir. Si Joanna Lumley avait incarné une version plus moderne que Linda Thorson, elle n'avait pas fait oublier Diana Rigg, l'irremplaçable Emma Peel.

   Rien de tout cela chez Scorsese, qui considère les actrices comme de la chair à canon. On assiste ainsi à une scène qui suscite le malaise. Dans l'histoire, l'une des employées accepte 10 000 dollars pour se faire tondre en public, à charge pour elle ensuite de se faire poser des implants mammaires. Il se trouve que l'actrice se fait effectivement raser le crâne. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour figurer dans un film du Maîîître !

   D'autre part, si je comprends qu'il faille faire figurer à l'écran certaines des nombreuses prostituées dont les personnages principaux ont profité, pourquoi les filmer aussi péjorativement ? Presque aucune n'a droit à la moindre ligne de texte, sauf pour souligner qu'elles sont soumises aux désirs de ces messieurs. Là encore, les actrices sont chosifiées, retenues uniquement sur des critères physiques, ce qui n'est pas le cas des acteurs masculins...

   C'est donc un film putassier, diablement bien fait, mais qui, au fond, témoigne surtout de la fascination éprouvée par Scorsese pour les voyous, quels qu'ils soient, du moment qu'ils sont pleins aux as et qu'ils s'éclatent à donf.

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samedi, 11 janvier 2014

Mandela, un long chemin vers la liberté

   Si le décès de Nelson Mandela est survenu à propos, il faut savoir que la sortie du film s'est plutôt faite dans le contexte du vingtième anniversaire de son élection à la présidence de la République, en 1994. Eh, oui ! Quatorze ans avant Barack Obama, un pays dominé par des Blancs chrétiens avait élu un Noir à sa tête.

   La comparaison avec les Etats-Unis est d'ailleurs implicite à plusieurs moments de l'histoire. C'est particulièrement évident lors de la mise en place de l'apartheid, qui évoquera aux spectateurs les moins incultes la ségrégation états-unienne. De la même manière, la vie du jeune Mandela, avocat charmeur au départ pas très impliqué dans la politique, n'est pas sans rappeler celle de la bourgeoisie noire de la même époque, de l'autre côté de l'Atlantique.

   Sans surprise, ce biopic commence par évoquer (rapidement) l'enfance et l'adolescence du héros, dans des scènes "ethniques" très inspirées.  Cependant, on ne nous dit pas clairement qu'il appartenait à l'aristocratie africaine : alors qu'il est issu d'une lignée royale xhosa, on nous présente la famille d'origine comme un clan rural très modeste.

   L'hagiographie est (un peu) contrebalancée par le côté "homme à femmes" du jeune Mandela, d'abord soucieux de profiter de la vie... et pas toujours très correct avec les dames, y compris sa première épouse.

   Il manque cependant dans le portrait intellectuel du héros les références à Gandhi. On a beau nous le montrer d'abord comme un avocat non-violent, on "oublie" de préciser qu'à l'université, il s'est beaucoup intéressé à la démarche de cet autre avocat, hindou, qui, quelques dizaines d'années auparavant, s'était illustré en Afrique du Sud. Néanmoins, la présence à ses côtés d'un militant d'origine indienne fait référence aux discriminations dont souffrent, bien avant la mise en place de l'apartheid, tous les non-Blancs de l'Union sud-africaine. Dans le film (en version originale), on entend les racistes désigner les Noirs et les Indiens par les doux noms de boy et coolie.

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   Idris Elba incarne très bien ce Mandela jeune qui, dans un premier temps, pense que le monde lui ouvre les bras, avant de s'engager sans mégoter dans la lutte, d'abord pacifique, puis armée. Il est cependant moins convaincant en vieillard : il est beaucoup trop imposant physiquement, alors que "Madiba" était sorti de prison très amaigri. 

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   De ce point de vue, il ne fait pas mieux que Dennis Haysbert dans Goodbye Bafana, même s'il a réussi à copier la démarche du vieil homme. Dans un autre contexte, le Morgan Freeman d'Invictus était meilleur.

   La véritable révélation de ce film est Naomie Harris, qui incarne Winnie Mandela, un personnage complexe, qu'elle réussit à rendre vraisemblable quel que soit son âge. On avait déjà remarqué l'actrice dans Pirates des Caraïbes et dans Skyfall. Ici, elle étincelle. La version originale m'a même permis de constater qu'elle parlait anglais non pas comme la Britannique qu'elle est, mais comme une Africaine (ou une Antillaise). On suit son évolution, de la jeune femme amoureuse à la révolutionnaire sans scrupule, en passant par la militante engagée et la mère opprimée par une dictature raciste. Elle apporte de l'épaisseur à une histoire un peu trop linéaire.

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   La seconde moitié du film montre quand même que, si Mandela a atteint le statut d'icône, ce ne fut pas une partie de plaisir. A partir du moment où il se trouve en prison, sa lutte prend une autre forme, tandis que ceux qui sont dehors deviennent de plus en plus violents. Les dissensions entre les Noirs, visibles dans la dernière partie, ne sont cependant pas suffisamment expliquées.

   J'ajoute une invraisemblance : la faible évolution physique du personnage de l'un des gardiens, qui va suivre Mandela dans ses lieux de détention. Alors que le chef africain se voûte et grisonne, lui reste quasiment le même pendant environ trente ans !

   Cela reste un film très agréable à regarder : les quelque deux heures et quart sont passées sans que je m'en rende compte.

vendredi, 10 janvier 2014

Week-end of a champion

   Plus de quarante ans après, ce documentaire de Roman Polanski est ressorti en salles, augmenté d'un "post-filmum" contemporain, qui le voit dialoguer avec l'ancien champion du monde de formule 1, Jackie Stewart, qui est au coeur de l'histoire.

   La première partie est l'occasion de découvrir les préparatifs du grand prix de Monaco ainsi que les craintes éprouvées par les organisateurs et certains pilotes quant aux conditions météorologiques. Caméra à l'épaule, le réalisateur suit le sportif dans ses déplacements quotidiens, faisant toucher du doigt sa grande popularité. Mais la séquence la plus marquante est la reconnaissance du parcours, en petite voiture de golf (!), avec Stewart, Polanski et un cadreur (ou Frank Simon, le coréalisateur). La caméra est toujours judicieusement placée dans cet environnement exigu, si bien qu'avec les commentaires du pilote, on comprend mieux les subtilités et les difficultés du circuit urbain.

   Viennent ensuite les séances d'essai. Une caméra embarquée dans la monoplace de Stewart nous fait découvrir la course sous un jour particulier. C'est impressionnant. D'autres prises de vue, à partir des trottoirs ou des balcons monégasques, enrichissent la séquence. S'y ajoutent les précieux commentaires du pilote qui, quand il pense ne pas être écouté par ses concurrents, révèle toute sa science de la course. On découvre aussi le rôle des compagnes des pilotes (pour ceux qui en ont une régulière...). La pluie contrarie la deuxième séance... et suscite des inquiétudes, notamment chez Stewart, plus dominateur sur terrain sec.

   La troisième partie est consacrée aux courses proprement dites. En guise d'amuse-gueule, les formule 3000 ouvrent le bal, avant que vrais pros ne se déchaînent. Alors que ce film est une antiquité et que, depuis, les retransmissions télévisées ont fait de gros progrès, je trouve que Polanski réussit à rendre vivant et passionnant un sujet somme toute très futile. Le suspens règne quant au déroulement du grand prix... ainsi qu'au niveau de la météo.

   La nouvelle fin du film montre deux vieillards confortablement assis, dans la même chambre d'hôtel où ils se trouvaient des années auparavant. Stewart y révèle son passé d'enfant en échec scolaire. Longtemps, il a dû cacher sa dyslexie, y compris à sa compagne. Ceux qui ne le savaient pas découvriront aussi l'incroyable enchaînement de hasards qui a permis l'ascension du champion. Plus tristement est évoqué le sort des trop nombreux pilotes victimes d'accidents mortels dans les années 1960-1970.

   Ce documentaire est une curiosité, qui m'a agréablement surpris.

19:38 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 02 janvier 2014

Les "Riton" 2013

   L'année qui vient de s'achever fut riche en productions cinématographiques de qualité, de genres très différents. Voici donc, pour la huitième année, mon palmarès hautement subjectif. Je vais commencer par une catégorie que j'affectionne :

   Les comédies déjantées

- Riton du meilleur film à la sauce tomate : Django unchained... LE film de l'année (malgré la violence gratuite), aussi bien pour le scénario, les dialogues, les acteurs, la mise en scène, les décors que la musique

- Riton du meilleur mini-Tarantino : 7 Psychopathes

- Riton du meilleur western sarcastique : Shérif Jackson

- Riton de la comédie la plus rafraîchissante : Le Roi du curling (encore visible sur Arte pendant quelques jours)

- Riton de la meilleure comédie familiale : 9 mois ferme

- Riton du ministère de la parole : Quai d'Orsay

 

   Dans la catégorie "film d'anticipation"

- Riton du film qui ne déraille pas : Snowpiercer, le Transperceneige (incontestablement l'un des films de l'année)

- Riton du film qui débloque complètement : Cloud Atlas

- Riton du film de drogué : Antiviral

- Riton du film de malade : Effets secondaires

 

   Dans la catégorie "film qui cause de notre époque"

- Riton du film nuancé : Promised Land

- Riton du film exaltant la Grande Amérique : Capitaine Phillips

- Riton du film exaltant le petit Danemark : Hijacking

- Riton du film se méfiant de la Grande Allemagne : Guerrière

- Riton du film sur les bienfaits du capitalisme : A Touch of sin

- Riton du polar social : Mystery

- Riton du film de femmes : Shokuzai

- Riton du film romantique : The Lunchbox

- Riton du film multiculturaliste : La Marche

- Riton du film de podologue : Comme un lion

 

   Dans la catégorie  "monde arabo-musulman"

- Riton du film marocain : Les Chevaux de Dieu

- Riton du film explosif : L'Attentat

- Riton du film qui propose un nouvel aperçu enrichissant sur le conflit israélo-palestinien : Omar

- Riton du film de guerre : Syngué Sabour

- Riton du film féministe : Wadjda

J'ajoute que, pour moi, chacun de ces longs métrages pourrait prétendre au titre de meilleur film de l'année.

 

   Dans la catégorie : "film à caractère historique"

- Riton du film sur la femme européenne opprimée : Anna Karenine

- Riton du film d'intello : Hannah Arendt

- Riton du film qui nous en apprend encore sur la Seconde guerre mondiale et ses conséquences : Le Médecin de famille

- Riton du film psychanalytique : Jimmy P.

- Riton du film anti-esclavagiste : Lincoln

- Riton du film de pieds nickelés : Argo

- Riton du film de pubards : No

- Riton du film de militaires : Zero Dark Thirty

- Riton du film de rebelle : Michael Kohlhaas

- Riton du film d'émigré : Heimat

Ici encore figurent plusieurs prétendants au titre de meilleur film de l'année, au premier rang desquels deux productions états-uniennes (les oeuvres de Spielberg et de Bigelow), mais aussi deux ovnis cinématographiques, les deux derniers de la liste, de vrais coups de coeur.

 

   Dans la catégorie "documentaire"

- Riton de la réédition : Le Joli Mai

- Riton du film agricole : Hiver nomade

- Riton du film animalier : Amazonia

Cette catégorie est peu fournie, alors que j'ai vu pas mal de films de ce style (certains pas chroniqués sur le blog). J'ai été globalement déçu par ce que j'ai vu. Seuls les trois nommés ici m'ont emballé, avec une mention spéciale pour Amazonia.

 

   Dans la catégorie "film d'animation"

- Riton du film réhabilitant (partiellement) un animal détesté : Loulou : l'incroyable secret

- Riton du meilleur Disney : La Reine des neiges

- Riton du film potache : Hôtel Transylvanie

- Riton du film de gros lourds : Les Croods

- Riton du film de petits mecs sympas : Moi, moche et méchant 2

- Riton du film nostalgique : Ma Maman est en Amérique...

- Riton du film autobiographique : Aya de Yopougon

- Riton du film eschatologique : Lettre à Momo

C'est désormais un genre majeur du cinématographe. Certaines productions sont destinées à un public plutôt adulte. Les plus habiles entremêlent deux niveaux de lecture de l'intrigue, satisfaisant les petits et les grands. Quand on compare ces films avec ceux qui ciblent les adolescents, on est consterné par la médiocrité de ces derniers. On traite mieux les bambins que leurs grands frères et soeurs !

   Pour mémoire :

- les Riton 2012

- les Riton 2011

- les Riton 2010

- les Riton 2009

- les Riton 2008

- les Riton 2007

- les Riton 2006

23:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 01 janvier 2014

Le Manoir magique

   Ce film d'animation mélange trois types de personnages : les humains, les animaux (qui parlent entre eux) et les automates conçus par le vieil oncle Lorenz.

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   On sait très peu de choses sur celui-ci, à part qu'il fut magicien professionnel et qu'il a un neveu horripilant. (Il est agent immobilier, c'est dire !)

   Je suis moins emballé par le personnage principal, qui va être baptisé Tonnerre. Je trouve que sa tête est trop grosse et que ses yeux ne ressemblent pas à ceux d'un chat. Même au niveau de ses déplacements, c'est décevant.

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   Ses deux principaux rivaux au manoir m'ont paru plus réussis. Il s'agit du lapin Jack et de la souris Maggie, un duo improbable qui va compliquer la vie du chaton :

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   Il forment une paire classique dans les comédies (le grincheux et la mégère)... et ils vont évoluer dans le film. Ces personnages sont d'autant mieux mis en valeur que, dans la version française, ils sont doublés par Céline Monsarrat et et Patrick Poivey... qui sont les voix officielles de Julia Roberts et Bruce Willis, en France.

   L'autre bonne surprise est la kyrielle d'automates créés et réparés par Lorenz. Là, les auteurs ont su faire preuve d'imagination :

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   Mon préféré est sans conteste Edison (même si je kiffe la "malle-pattes" !), nommé ainsi en référence à un célèbre inventeur américain :

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   L'histoire fourmille de rebondissements. Après l'abandon du chaton, on suit celui-ci dans sa quête d'un toit. Il finit par atterrir dans le grenier de la maison de Lorenz, où il va subir les pires tourments. Notons que si cette séquence est dynamique, les décors ne m'ont pas emballé. J'ai parfois eu l'impression de me retrouver devant un de ces jeux vidéo où il faut retrouver des objets dissimulés dans une pièce.

   Je pense par contre que la 3D doit apporter un plus dès que les automates apparaissent à l'écran et quand des objets sont projetés ici ou là.

   La suite de l'histoire est très drôle : les animaux et les automates vont tenter de dissuader les visiteurs successifs d'acheter la maison de Lorenz, dont son neveu veut se débarrasser. Cela nous vaut une galerie de portraits croustillants. On commence par un couple de snobs, dont vont s'occuper les deux tourterelles. On continue avec la mémère à son chien, puis avec les bobos, plus difficiles à effrayer... mais tellement pittoresques ! Les ultimes intrus à écarter sont les déménageurs, deux costauds qui, a priori, n'ont peur de rien...

   La dernière partie verse dans la surenchère, avec le neveu qui pète complètement les plombs. L'équipe de résistants va devoir redoubler d'imagination, pendant que Lorenz reçoit l'aide d'enfants malades, qu'il a rencontrés à l'hôpital.

   Voilà. A vous de juger si, malgré quelques défauts notables (le chat, certains décors), le film mérite d'être vu. C'est une bonne comédie, avec un fond pas idiot.

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lundi, 30 décembre 2013

Twenty Feet from Stardom

   "A six mètres de la célébrité", c'est-à-dire tout près, mais plutôt dans l'ombre, évoluent depuis des dizaines d'années des femmes (et parfois des hommes), dont les voix n'ont pas grand chose à envier à celle des vedettes. Ces personnes sont les choristes. Ce documentaire leur est consacré.

   Blanches et lisses à l'origine, ces assistantes sont devenues majoritairement noires... et plus pétulantes. Leur point commun est d'avoir découvert le chant au temple. De manière générale, la musique populaire noire-américaine doit beaucoup à la manière dont le culte protestant est rendu outre-Atlantique.

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   La trame du film est linéaire. On part de la création des groupes de choristes noires à leurs tentatives de carrière solo, en passant par le fonctionnement de l'industrie du disque et les interactions avec les mouvements politiques des années 1960-1970.

   Parmi les vétéranes, il y a celle qui a servi la soupe à Ray Charles (qui avait ses "raelettes"). Dans le film, on nous propose l'intégralité d'une célèbre chanson (What'd I say), avec les choristes au premier plan (sur le côté toutefois), dans un jeu érotique (au niveau des gémissements) avec le pianiste, qui se trouve au centre. (Au passage, ceux qui ne connaissaient le musicien que très âgé et rabougri pourront le découvrir jeune et en pleine santé, très proche de l'interprétation de Jamie Foxx dans Ray.)

   L'une des plus talentueuses était Darlene Wright, qui dut changer son nom en "Love". Elle raconte comment elle n'a parfois même pas été créditée pour les voix qu'elle avait assurées sur des disques du groupe The Crystals. Le producteur Phil Spector ne semble pas avoir éprouvé un grand respect pour ces petites mains du spectacle chanté, sans lesquelles bien des artistes n'auraient pas eu autant de succès.

   D'autres, comme Claudia Lennear, Lisa Fischer et Merry Clayton, ont travaillé pour les Rolling Stones, David Bowie, Joe Cocker, Sting... En général, elles ont commencé jeunes (autour de 18 ans)... et elles étaient très jolies ! Le contraste est saisissant, puisque l'on voit ce qu'elles sont devenues, 30, 40 ou 50 ans plus tard...

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   Elles n'ont de plus pas été gâtées par la vie. Si elles se contentaient de rester choristes, au bout d'un moment, on leur faisait comprendre qu'il fallait laisser la place à de plus jeunes. Et presque toutes celles qui se sont lancées dans une carrière solo ont échoué. Le film n'ose pas trop s'attarder sur le sujet mais, s'il est incontestable que ces femmes possèdent des voix en or, cela ne suffit pas pour faire carrière. Sans auteur ni compositeur, le rossignol chante à vide. Et il y a ce petit "supplément d'âme", qui fait qu'une chanteuse techniquement moins bonne fait passer beaucoup plus de choses.

   Toutefois, bien que le film ne dure qu'une heure et demie, j'ai trouvé cela assez long. C'est le défaut des documentaires, en général. Et pourtant, ici, on a pris soin d'alterner images d'archives, entretiens récents (plus ou moins intéressants) et séquences chantées. Cela reste un film plaisant à voir... et à entendre.

dimanche, 29 décembre 2013

The Lunchbox

   A Bombay, de nombreux employés se font livrer le déjeuner sur leur lieu de travail, dans une sorte de cantine métallique verticale (la fameuse lunchbox). Soit c'est leur épouse qui l'a préparé, soit ils ont passé commande à un service de restauration rapide. Saajan est un comptable minutieux, pas très apprécié de ses collègues mais respecté pour la qualité de son travail. Il angoisse à l'approche de la retraite, d'autant plus qu'il est veuf :

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   Il est interprété par Irrfan Khan, un acteur que le public occidental a pu apercevoir dans Un Coeur invaincu ou Slumdog Millionaire, plus longuement dans L'Odyssée de Pi.

   Ila est une femme au foyer qui, chaque matin, prépare la tambouille de son mari, qu'elle lui fait parvenir par le système de livraison mis au point par une communauté de travailleurs masculins (et qui a suscité l'intérêt de l'université de Harvard !). Est-il besoin de préciser qu'elle est incarnée par une ravissante actrice, Nimrat Kaur ?

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   Arrive l'accident de parcours. Un jour, une erreur de livraison est commise. L'époux d'Ila reçoit un déjeuner à base de choux, alors que les délicieux petits plats de la jeune femme atterrissent sur le bureau de Saajan. L'erreur se répète les jours suivants, ce qui pousse la jeune femme à s'interroger. Une correspondance anonyme naît entre les deux êtres que tout sépare.

   C'est un petit bonheur de comédie de mœurs. La jeune femme cuisine sur les conseils de sa voisine du dessus, une dame âgée dont on n'entend que la voix... mais quelle voix ! Cette "Tatie" s'occupe de son mari cloué au lit... et aide l'héroïne à séduire le ventre des hommes... ou à se venger d'eux s'ils sont indélicats ! Une corde et un panier permettent aux deux femmes de communiquer.

   Au bureau, Saajan tente de se débarrasser du jeune Shaikh qu'on l'a chargé de former, un ambitieux plein de bagout, mais sympathique au fond (une sorte de Jamel Debbouze indien) :

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   Le film vaut aussi pour le portrait social de l'Inde actuelle qu'il brosse. La mégapole est le siège de toutes les inégalités, entre ces gamins qui mendient dans les transports en commun et les ultrariches qui vivent à l'occidentale. Saajan lui-même est à l'abri du besoin, dans sa propriété verrouillée, alors que Shaikh cherche à faire son trou... et à obtenir la reconnaissance de sa belle-famille. Ila elle est une femme, de surcroît d'origine modeste. Son couple bat de l'aile.

   Dans la deuxième partie, le ton balance entre comédie et drame. La relation entre la cuisinière et le comptable évolue. C'est la toute fin qui fait pencher la balance d'un côté plutôt que de l'autre.

   Parmi les nombreux films à voir ces temps-ci, c'est peut-être celui qui file le plus la pêche.

22:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 28 décembre 2013

A Touch of sin

   Jia Zhang Ke est connu comme "réalisateur social", qui pointe les travers de l'industrialisation chinoise, soit en s'appuyant sur la fiction (dans Still Life par exemple), soit en s'appuyant sur le documentaire (voir Useless). Il s'agit ici d'une fiction, divisée en quatre petites histoires qui se croisent.

   La première a pour héros Dahai, un mineur contestataire, qui voudrait en appeler à Pékin contre les autorités locales, qu'il juge corrompues, et un entrepreneur véreux, qu'il a côtoyé sur les bancs de l'école :

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   A travers lui, on (re)découvre la vie difficile des travailleurs manuels de province... et la violence des rapports socio-économiques dans le nouveau paradis du capitalisme. Dahai finit par "péter les plombs"... et se transforme en Charles Bronson chinois. C'est sanglant... et, il faut le reconnaître, plutôt jouissif. L'histoire est très ambiguë, pas si réaliste que cela, au fond. On sent que le réalisateur a voulu adresser une sorte d'avertissement aux élites au pouvoir.

   Sur sa route, le mineur croise un travailleur itinérant, juché sur sa moto, Zhou San :

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   Celui-ci est le pur produit d'une société déstructurée, hyper-individualiste. Le début de son histoire dépeint ce coin de Chine comme un nouveau far west... dans ce qu'il a de négatif. La psychologie du personnage est approfondie lors de son retour au village, avant qu'il ne s'enfonce davantage.

   Dans ses pérégrinations, le motard croise une jeune femme, Xiao Yu, et un cadre travaillant loin de chez lui. Elle nous est d'abord présentée comme la maîtresse de l'homme marié, qui voudrait bien continuer à profiter du beurre et de l'argent du beurre : il répugne à divorcer. En clair : quand il se trouve à Canton, il est content de retrouver bobonne, qui semble issue d'une famille aisée. Quand il part travailler plus au nord, il aime tirer son coup avec la célibataire indépendante (d'origine modeste). Elle hésite à ne plus se laisser mener par le bout du nez :

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   On finit par découvrir qu'elle est réceptionniste dans un salon de massage. C'est là que l'ampleur de l'exploitation des femmes est montrée à l'écran. Un objet, que l'héroïne a récupéré de son amant, va jouer un rôle décisif.

   La dernière histoire met en scène un djeunse, un peu "métrosexuel" sur les bords (notez la marque apparente du caleçon) :

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   Xiao Hui est plus instable que les précédents. Plus fragile aussi. Il travaille dans le Sud, mais doit envoyer de l'argent à sa mère. Au début, on le voit dans une usine textile, qu'il va fuir pour des raisons que je ne dévoilerai pas. Il se retrouve ensuite dans un établissement de charme et découvre la prostitution de luxe. Une idylle naît entre lui et l'une des entraîneuses. (Je ne retrouve pas le nom de l'actrice, mais sachez qu'elle est très bien.) Cela introduit un peu de fraîcheur dans cette histoire très noire, où de nouveau l'exploitation des femmes est mise en exergue. Là encore, l'intrigue se conclut dans le sang, mais de manière inattendue (de fausses pistes sont proposées en cours de route) mais malgré tout cohérente.

   Peut-être pour rééquilibrer son film, foncièrement pessimiste, Jia Zhang Ke a introduit une cinquième partie, où l'on retrouve deux personnages aperçus précédemment, dans deux histoires différentes. La fin est ouverte, mais le bilan social de la Chine que dresse le réalisateur reste accablant.

22:06 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 27 décembre 2013

Tel père, tel fils

   Le réalisateur Hirokazu Kore-eda aime travailler la "pâte humaine" et mettre en scène les tourments intérieurs de ses personnages. Il sait aussi filmer les enfants et les insérer dans une intrigue complexe, comme il l'a prouvé jadis avec le superbe Nobody knows.

   Ici, il est question d'un échange de bébés, qui s'est produit six ans auparavant à la maternité. (Ce n'est pas du tout invraisemblable. C'est plutôt la fiction qui rejoint la réalité.) Cela pourrait donner naissance à une comédie graveleuse, mais c'est le mélodrame qu'a choisi le réalisateur. En même temps, il esquisse un portrait des inégalités sociales au Japon.

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   A ma gauche se trouvent les Nonomiya. C'est un couple de la grande bourgeoisie, qui n'a qu'un enfant, Keita, que son père trouve trop calme, pas assez entreprenant et, pour tout dire, pas génial du tout. Lui, le papa, est un jeune et brillant architecte, issu d'une "bonne famille". Son épouse, d'origine plus modeste, a cessé son activité professionnelle pour s'occuper de l'éducation du fils. Ensemble, ils habitent un splendide appartement, à propos duquel plusieurs des protagonistes (notamment la belle-mère et le second papa) n'hésitent pas à dire que "l'on se croirait à l'hôtel" !

   A ma droite se trouvent les Saiki. Le père vivote dans une supérette de quartier, tandis que son épouse travaille dans la restauration rapide. On sent qu'ils tirent un peu le diable par la queue... d'autant plus qu'ils ont non pas un mais trois enfants, plus le grand-père à nourrir. Autant dire qu'à la maison, l'ambiance est beaucoup moins calme !

   On note aussi le contraste dans l'éducation des enfants. Keita suit des cours de piano, va être inscrit dans une école privée très sélective (au prix de quelques mensonges...) et doit prendre son bain tout seul, dans une grande baignoire. Ryusei est plus sportif, plus remuant et passionné de jeux vidéo. Dès son plus jeune âge, il a été habitué aux bains familiaux (collectifs), dans une baignoire étroite.

   Si le choc des cultures nous réserve quelques moments de comédie, le film s'attache plus aux sentiments qu'éprouvent les adultes pour les enfants... et vice versa. Qu'est-ce qui est le plus important ? Le sang, qui fait que le fils finira tôt ou tard par ressembler à ses parents biologiques (et à se détacher des autres) ou les six ans d'éducation et d'amour, qui ont déjà façonné la personnalité des gamins ?

   Les garçons se retrouvent ballottés entre ces deux familles, qui peinent à trouver un accord. L'histoire se concentre davantage sur le couple aisé. L'épouse n'ose dire franchement ce qu'elle éprouve, alors que son mari est finalement très hésitant, subissant encore à son âge les contrecoups de la séparation de ses propres parents.

   C'est très finement mis en scène, sur une musique douce, principalement celle de Bach. Les cinéphiles qui ont l'oreille fine reconnaîtront certains des morceaux qui ont servi d'habillage musical à l'adaptation de Stupeur et tremblements, par Alain Corneau, en 2003. La différence est que dans ce film-ci, ils sont joués au clavecin, alors que dans Tel père, tel fils, ils sont joués au piano.

   Quelques scènes sont particulièrement marquantes, comme le départ des Nonomiya de chez les Saiki, après qu'ils leur ont laissé Keita pour le week-end. Puissante est la séquence autour du concours de piano, drôle et tragique à la fois. Enfin, très émouvant est le moment où l'un des personnages découvre des photographies inconnues, dans la mémoire d'un appareil numérique. Elles font basculer l'intrigue.

   Je me dois de ne pas dissimuler le principal défaut du ce film : sa lenteur. Deux heures, c'est long, surtout quand le réalisateur prend le temps de dérouler toute la pelote des sentiments. On aurait pu pratiquer quelques coupes.

jeudi, 26 décembre 2013

Les Interdits

   Ce film n'a fait qu'une courte apparition sur les écrans ruthénois. Il entremêle histoire intime et grande histoire, dans une intrigue polyglotte, qui recourt au français, au russe, à l'anglais et à l'hébreu. Si votre cinéma programme ce film, ne vous fiez pas forcément à la version affichée (originale ou française). Il n'y en a qu'une. Les dialogues principaux sont en français, mais, lors du séjour en URSS, c'est la langue de Vladimir Poutine qui prend le dessus. Vers la fin, on entend davantage d'hébreu.

   Dans les années 1970, à l'époque de Leonid Brejnev, les juifs qui tentent de quitter l'URSS son opprimés. On les a qualifiés de refuzniks. Deux jeunes Français (juifs) débarquent dans la patrie du communisme, prétextant un voyage de noces auquel bientôt presque plus personne ne croit. En réalité, ils viennent rencontrer certains de ces juifs militants, leur apporter quelques produits de l'horrible monde capitaliste... et peut-être les aider à améliorer leur sort.

   Les deux acteurs principaux sont très bons. J'ai retrouvé avec plaisir Stéphanie Sokolinski (alias Soko), déjà vue dans Augustine. Elle est habile dans tous les registres et c'est une bonne cliente pour les réalisateurs, puisqu'elle n'hésite pas à "payer de sa personne" lors de scènes dénudées...

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   J'ai eu un peu plus de mal au départ avec Jérémie Lippmann, qui devient meilleur quand son rôle prend de l'ampleur. Il est par contre moins convaincant sur la fin, lorsqu'il incarne son personnage vieilli.

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   Je ne peux pas citer ici tous les seconds rôles, mais sachez qu'ils sont très bons.

   Le noeud de l'intrigue est le conflit entre les sentiments personnels et la mission que les deux jeunes gens se sont assignée. Lui est très prudent, mais follement amoureux de sa cousine. Elle est prête à prendre beaucoup de risques, aussi bien politiquement que sexuellement...

   Dans le même temps, on découvre que les Soviétiques juifs sont un peu des citoyens de seconde zone, surtout s'ils font preuve d'indépendance d'esprit. C'est encore pire s'ils manifestent le désir d'émigrer en Israël (ou ailleurs). Heureusement, le KGB veille !

   Ah, j'allais oublier le fouteur de merde : un gamin mal élevé, fils de prof, qui ne kiffe mais alors pas du tout le pèlerinage décidé par maman au paradis des travailleurs. On se demande longtemps s'il va être une épine dans le pied des deux comploteurs ou une aide précieuse.

   L'intrigue finit par tourner autour du manuscrit de l'un des principaux opposants. Que contient ce texte que tout le monde recherche ? Comment le faire sortir d'URSS ? La réponse à ces questions va peser sur le destin des protagonistes, que l'on retrouve presque tous des années plus tard, en Israël. Mais les choses ont bien changé...

mercredi, 25 décembre 2013

Albator, corsaire de l'espace

   Je fais partie du "coeur de cible" supposé de cette adaptation d'un célèbre manga : les hommes trentenaires et quadragénaires dont l'enfance (voire les débuts de l'adolescence) a été marquée par la série Albator 78 ou sa suite Albator 84 (dont l'action se déroule avant). Je me souviens avoir adoré au début puis m'être détaché de ce space opera... J'avais peut-être grandi, tout simplement. Depuis, j'ai appris que le manga avait été complété par d'autres épisodes.

   Comme ce sont des Japonais qui ont oeuvré à cette adaptation, je me suis laissé tenter. Visuellement (même en 2D), c'est superbe. J'ai adoré les scènes qui se déroulent dans l'espace, qui ne sont pas sans rappeler le meilleur de Star Wars. D'ailleurs, dans le film, les "méchants" ont recours à une sorte d'étoile noire. Attention toutefois à ne pas tout confondre : dans Albator, la matière noire est au service du corsaire, alors que ses adversaires utilisent l'énergie (lumineuse) des planètes et des étoiles.

   Tout aussi réussies sont les scènes qui mettent en valeur l'intérieur des vaisseaux (tout comme les abordages) et les bâtiments au sol.

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   Mais, dès le départ, j'ai été rebuté par le physique des personnages. Il est clairement inspiré de l'esthétique des jeux vidéo, à l'image de ce que l'on pouvait trouver dans le film Final Fantasy. Au niveau des visages, cela se traduit par une impression de figé, comme si tous avaient subi une opération de chirurgie esthétique. De plus, les lèvres ne bougent pas assez vite. Je comprends que l'on n'ait pas voulu garder le graphisme d'il y a trente ans, mais Dieu sait que l'animation japonaise a fait des progrès en la matière ! Il suffit de regarder (par exemple) les adaptations de Ghost in the shell pour s'en convaincre.

   La déception s'est accrue lorsque des combats individuels sont apparus à l'écran. Là encore, j'ai eu l'impression de me retrouver dans un jeu vidéo. C'est particulièrement frappant dans la dernière partie du film, lorsque l'équipage reprend le contrôle du vaisseau-pirate.

   Au niveau auditif, si j'ai regretté de ne pas retrouver certains "sons identitaires" de la série (le bruit de fond de l'ordinateur de bord et les cliquetis provoqués par la ferraille de l'uniforme d'Albator, quand il se déplace), j'ai bien aimé le travail sur les crissements des habits en cuir.

   Sans surprise, les personnages féminins correspondent aux canons du manga. Les trois femmes mises en valeur sont anorexiques, l'une d'entre elles (Kei, l'adjointe d'Albator) étant plus athlétique... et la mieux dotée au niveau du poitrail :

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   Une autre femme, Nami, l'épouse du méchant amiral, joue un rôle plus effacé... mais parfois déterminant. Le plus puissant des trois personnages féminins est sans conteste celui de l'unique extra-terrestre survivante, jadis sauvée par Albator :

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   L'histoire tient la route durant un peu plus des deux tiers du film. Deux des personnages principaux cachent chacun un terrible secret. Leurs actes sont en partie dictés par le poids de la culpabilité. L'intrigue va évidemment les rapprocher et les confronter... mais les scénaristes n'ont pas su terminer le film, qui accumule, dans sa dernière partie, surenchère d'effets et retournements pas forcément justifiés.

   Autre gros défaut du long métrage : il ne comporte pas une once d'humour, alors que la série en était truffée. Cela se prend trop au sérieux. C'est en gros un film de mecs pour ados en mal de sensations guerrières, avec de surcroît très peu de réelle sensualité. Le seul moment de tendresse est le geste inattendu que Mimay fait en direction d'Albator :

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   N'en cherchez pas d'autre, en 1h50 il n'y en a pas.

   En dépit du plaisir ressenti à la vision de certaines scènes, je suis sorti de là assez déçu.

21:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

Sur la terre des dinosaures

   S'inspirant d'une série à succès de la BBC, cette coproduction anglo-saxonne (américano-britannique, tournée en partie en Australie... avec des effets spéciaux néo-zélandais) raconte l'histoire d'un pachyrhinosaurus, nommé Pachy, de la naissance jusqu'à la maturité. Sa particularité ? Au départ, il semble le plus faible de la portée et il va hériter d'un trou dans sa "ramure"... pratique pour permettre aux spectateurs de l'identifier !

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   L'histoire est racontée par le drôle d'oiseau que l'on voit sur sa crête. Dans la version française, il a la voix de Xavier Fagnon, qui double le personnage d'Anthony DiNozzo dans la série NCIS. Je pense qu'on l'a choisi à cause de son côté "mitraillette à blagues"... pas d'une grande finesse... mais cela reste bon enfant.

   Par contre, les autres voix du doublage sont assez agaçantes. On s'adresse visiblement au public jeune. Tous les adultes n'apprécieront pas... et pourront ainsi se concentrer sur les images, magnifiques. Enfin de la bonne 3D (qui mérite le supplément de deux euros) ! Les paysages sont superbes, les gros plans des animaux d'une précision étonnante.

   Les scènes d'action sont elles aussi de toute beauté. Il y a les affrontements entre pachyrhinosaurus, véritables concours de coups de boule pour déterminer qui sera le chef ou qui emportera la femelle. Plus impressionnantes encore sont les attaques des prédateurs, qui pullulent dans la région. Le plus dangereux est sans conteste le gorgosaure, sorte de "petit" tyrannosaure :

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(Les passionnés du sujet seront ravis de voir le nom de chaque espèce s'afficher à l'écran lors de sa première apparition.)

   Le film est éducatif, parce qu'il dit aux jeunes que la nature est cruelle et que toute vie a une fin. Il transmet aussi des valeurs de solidarité et de courage, le tout assaisonné de blagues parfois potaches. Les amateurs se réjouiront du début du film, où le caca et le vomi sont présents...

   Attention toutefois à ne pas y emmener des enfants trop jeunes : de nombreuses scènes sont susceptibles de les effrayer et ils ne comprendront pas tout au scénario ni aux dialogues.

11:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 24 décembre 2013

Museum Hours

   La forme de ce film autrichien est déroutante : faux documentaire, fiction incomplète, il suit deux personnages qu'a priori rien ne destinait à se rencontrer... et il nous fait découvrir le musée des Beaux-Arts de Vienne, ainsi que la capitale autrichienne.

   Lui est un gardien de musée compassé, dont le ton posé et l'attitude distinguée font oublier la jeunesse rock'n'roll. Il observe les visiteurs, en perçoit les qualités, les défauts... et se passionne pour la peinture :

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   Elle est canadienne. Elle a dû emprunter de l'argent pour venir à Vienne, où sa cousine (dont elle est très proche depuis l'enfance) est hospitalisée. Elle va bénéficier de la générosité du gardien et s'intéresser à son tour aux trésors du musée :

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   Leurs conversations les plus longues ont lieu dans des cafés ou des restaurants, où chacun petit à petit se dévoile... et où le gardien raconte "sa" Vienne à la visiteuse. Certaines anecdotes sont particulièrement marquantes, comme la légende du "Cher Augustin", un musicien local qui s'était profondément endormi sous les effets de l'alcool. Il aurait été confondu avec les nombreuses victimes de la peste noire, qui sévissait à cette époque. Toutefois, il n'aurait pas attrapé la maladie !

   J'ai aussi en mémoire l'histoire des bâtons bicolores placés devant l'entrée de nombreux immeubles. Le gardien a un véritable don de conteur... mais il faut supporter son rythme lent.

   Tout aussi captivante est sa vision du musée. Il apprécie particulièrement la salle consacrée au peintre Bruegel l'Ancien. On y suit le tout-venant. Son regard s'attarde sur ces collégiens pas très attentifs (plusieurs ne peuvent s'empêcher de tripoter leur téléphone portable). Passionnantes sont les explications données par la conférencière à un public d'adultes, détail croustillant à la clé.

   Autant les gros plans sur les sculptures n'apportent à mon avis pas grand chose, autant les tableaux sont bien mis en valeur. De Bruegel toujours, on découvre Le Combat de Carnaval et Carême, Le Repas de noces (avec une prise de vue intelligente), l'inévitable Tour de Babel et Le Portement de croix, qui fut récemment l'objet d'un film du Polonais Lech Majewski.

   Pour peu que l'on veuille accorder son attention à ce film étonnant, on appréciera la mise en valeur d'un patrimoine culturel et l'on suivra avec émotion cette amitié naissante.

19:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 22 décembre 2013

Wajma, une fiancée afghane

   En réalité, cette Wajma n'est pas fiancée. C'est la petite amie du serveur d'un café branché de Kaboul. Elle est la fille d'un démineur, parti bosser dans le Sud du pays. Le petit copain, 25 ans, vit encore chez sa mère, avec son frère. Wajma, 20 ans, vit elle aussi chez ses parents, en compagnie de sa grand-mère et de son frère (qui passe ses journées en compagnie des pigeons... ou à des combats de chiens).

   La première partie du film montre la romance entre les deux jeunes adultes citadins. Ils font penser aux ados de chez nous et à une France d'il n'y a pas si longtemps, quand une société patriarcale, verrouillée par l’Église catholique, encadrait strictement la jeunesse (les filles encore plus que les garçons).

   Cette partie est assez convenue. Wajma est très naïve... et on perce facilement à jour le superficiel Mustafa. On comprend toutefois à quel point il est difficile d'être amoureux aujourd'hui en Afghanistan, même à Kaboul.

   Le film gagne en intensité quand le père est de retour... et décide de "corriger" ce qui ne va pas. Et pourtant, ce n'est pas un taliban. Juste un père traditionnel, autoritaire, contaminé par les préjugés dominants, qui stipulent qu'un chef de famille place son honneur entre les cuisses de sa fille.

    La troisième partie est pleine d'incertitudes. Va-t-on assister à un "crime d'honneur" ? Une vendetta contre l'ex-petit ami indélicat ? Un départ pour la campagne reculée ? Je vous laisse le découvrir.

   L'histoire est prenante. Les interprètes sont bons. On peut toutefois signaler, ici ou là, une approximation technique (un micro qui dépasse de la cravate de Mustafa, un morceau d'habit visible dans le champ...), mais c'est quand même globalement un film bien fichu. Et les vues de Kaboul, en plein hiver neigeux, sont superbes.

   P.S.

   Je fais un peu la fine bouche, parce que l'année 2013 a été riche en films féministes et que celui-ci pâtit un peu de la comparaison avec Wadjda et Syngué Sabour.

23:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film