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mercredi, 25 décembre 2013

Sur la terre des dinosaures

   S'inspirant d'une série à succès de la BBC, cette coproduction anglo-saxonne (américano-britannique, tournée en partie en Australie... avec des effets spéciaux néo-zélandais) raconte l'histoire d'un pachyrhinosaurus, nommé Pachy, de la naissance jusqu'à la maturité. Sa particularité ? Au départ, il semble le plus faible de la portée et il va hériter d'un trou dans sa "ramure"... pratique pour permettre aux spectateurs de l'identifier !

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   L'histoire est racontée par le drôle d'oiseau que l'on voit sur sa crête. Dans la version française, il a la voix de Xavier Fagnon, qui double le personnage d'Anthony DiNozzo dans la série NCIS. Je pense qu'on l'a choisi à cause de son côté "mitraillette à blagues"... pas d'une grande finesse... mais cela reste bon enfant.

   Par contre, les autres voix du doublage sont assez agaçantes. On s'adresse visiblement au public jeune. Tous les adultes n'apprécieront pas... et pourront ainsi se concentrer sur les images, magnifiques. Enfin de la bonne 3D (qui mérite le supplément de deux euros) ! Les paysages sont superbes, les gros plans des animaux d'une précision étonnante.

   Les scènes d'action sont elles aussi de toute beauté. Il y a les affrontements entre pachyrhinosaurus, véritables concours de coups de boule pour déterminer qui sera le chef ou qui emportera la femelle. Plus impressionnantes encore sont les attaques des prédateurs, qui pullulent dans la région. Le plus dangereux est sans conteste le gorgosaure, sorte de "petit" tyrannosaure :

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(Les passionnés du sujet seront ravis de voir le nom de chaque espèce s'afficher à l'écran lors de sa première apparition.)

   Le film est éducatif, parce qu'il dit aux jeunes que la nature est cruelle et que toute vie a une fin. Il transmet aussi des valeurs de solidarité et de courage, le tout assaisonné de blagues parfois potaches. Les amateurs se réjouiront du début du film, où le caca et le vomi sont présents...

   Attention toutefois à ne pas y emmener des enfants trop jeunes : de nombreuses scènes sont susceptibles de les effrayer et ils ne comprendront pas tout au scénario ni aux dialogues.

11:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 24 décembre 2013

Museum Hours

   La forme de ce film autrichien est déroutante : faux documentaire, fiction incomplète, il suit deux personnages qu'a priori rien ne destinait à se rencontrer... et il nous fait découvrir le musée des Beaux-Arts de Vienne, ainsi que la capitale autrichienne.

   Lui est un gardien de musée compassé, dont le ton posé et l'attitude distinguée font oublier la jeunesse rock'n'roll. Il observe les visiteurs, en perçoit les qualités, les défauts... et se passionne pour la peinture :

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   Elle est canadienne. Elle a dû emprunter de l'argent pour venir à Vienne, où sa cousine (dont elle est très proche depuis l'enfance) est hospitalisée. Elle va bénéficier de la générosité du gardien et s'intéresser à son tour aux trésors du musée :

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   Leurs conversations les plus longues ont lieu dans des cafés ou des restaurants, où chacun petit à petit se dévoile... et où le gardien raconte "sa" Vienne à la visiteuse. Certaines anecdotes sont particulièrement marquantes, comme la légende du "Cher Augustin", un musicien local qui s'était profondément endormi sous les effets de l'alcool. Il aurait été confondu avec les nombreuses victimes de la peste noire, qui sévissait à cette époque. Toutefois, il n'aurait pas attrapé la maladie !

   J'ai aussi en mémoire l'histoire des bâtons bicolores placés devant l'entrée de nombreux immeubles. Le gardien a un véritable don de conteur... mais il faut supporter son rythme lent.

   Tout aussi captivante est sa vision du musée. Il apprécie particulièrement la salle consacrée au peintre Bruegel l'Ancien. On y suit le tout-venant. Son regard s'attarde sur ces collégiens pas très attentifs (plusieurs ne peuvent s'empêcher de tripoter leur téléphone portable). Passionnantes sont les explications données par la conférencière à un public d'adultes, détail croustillant à la clé.

   Autant les gros plans sur les sculptures n'apportent à mon avis pas grand chose, autant les tableaux sont bien mis en valeur. De Bruegel toujours, on découvre Le Combat de Carnaval et Carême, Le Repas de noces (avec une prise de vue intelligente), l'inévitable Tour de Babel et Le Portement de croix, qui fut récemment l'objet d'un film du Polonais Lech Majewski.

   Pour peu que l'on veuille accorder son attention à ce film étonnant, on appréciera la mise en valeur d'un patrimoine culturel et l'on suivra avec émotion cette amitié naissante.

19:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 22 décembre 2013

Wajma, une fiancée afghane

   En réalité, cette Wajma n'est pas fiancée. C'est la petite amie du serveur d'un café branché de Kaboul. Elle est la fille d'un démineur, parti bosser dans le Sud du pays. Le petit copain, 25 ans, vit encore chez sa mère, avec son frère. Wajma, 20 ans, vit elle aussi chez ses parents, en compagnie de sa grand-mère et de son frère (qui passe ses journées en compagnie des pigeons... ou à des combats de chiens).

   La première partie du film montre la romance entre les deux jeunes adultes citadins. Ils font penser aux ados de chez nous et à une France d'il n'y a pas si longtemps, quand une société patriarcale, verrouillée par l’Église catholique, encadrait strictement la jeunesse (les filles encore plus que les garçons).

   Cette partie est assez convenue. Wajma est très naïve... et on perce facilement à jour le superficiel Mustafa. On comprend toutefois à quel point il est difficile d'être amoureux aujourd'hui en Afghanistan, même à Kaboul.

   Le film gagne en intensité quand le père est de retour... et décide de "corriger" ce qui ne va pas. Et pourtant, ce n'est pas un taliban. Juste un père traditionnel, autoritaire, contaminé par les préjugés dominants, qui stipulent qu'un chef de famille place son honneur entre les cuisses de sa fille.

    La troisième partie est pleine d'incertitudes. Va-t-on assister à un "crime d'honneur" ? Une vendetta contre l'ex-petit ami indélicat ? Un départ pour la campagne reculée ? Je vous laisse le découvrir.

   L'histoire est prenante. Les interprètes sont bons. On peut toutefois signaler, ici ou là, une approximation technique (un micro qui dépasse de la cravate de Mustafa, un morceau d'habit visible dans le champ...), mais c'est quand même globalement un film bien fichu. Et les vues de Kaboul, en plein hiver neigeux, sont superbes.

   P.S.

   Je fais un peu la fine bouche, parce que l'année 2013 a été riche en films féministes et que celui-ci pâtit un peu de la comparaison avec Wadjda et Syngué Sabour.

23:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 21 décembre 2013

Loulou : l'incroyable secret

   Le héros (prénommé en réalité Loudovic... le film est truffé de calembours) est un loup qui a été élevé parmi les lapins. Quand on découvre ceux-ci, on s'aperçoit que leurs grandes zoreilles font office de coiffure... ce qui aboutit à des arrangements parfois surprenants.

   L'histoire démarre étrangement, avec une sorcière-bohémienne et un mystère qui entoure la naissance du héros. (Celui-ci a la voix de Malik Zidi, qui incarne un gentil flic dans La Marche.) Il part à la recherche de sa mère, qui serait une princesse, d'après un tableau la représentant.

   Le film peut donc se lire à plusieurs niveaux. C'est une histoire d'amour filial et d'amitié, qui transcende les différences d'espèce. C'est aussi un petit polar, qui dénonce l'ambition politique et la cruauté.

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   C'est souvent drôle, avec quelques séquences particulièrement enlevées, comme celle qui se déroule chez le tailleur juif (un hérisson...). Il faut que l'angle de prise de vue change pour que l'on comprenne vraiment en quoi consiste "l'essayage" des tenues...

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   J'ai aussi aimé le périple de l'écureuil volant, porteur d'un message secret à destination d'un personnage mystérieux. A signaler aussi les clins d'oeil picturaux, dans la salle des portraits de famille (dans le château). Sont parodiées des oeuvres diverses, de Léonard de Vinci (par exemple La Dame à l'hermine) à Pablo Picasso.

   L'histoire fourmille de trouvailles, de la forme de l'éperon rocheux sur lequel est logée la ville fortifiée au domptage des ours par le meilleur ami lapin en passant par l'action de Scarlett, une renarde ambiguë (à laquelle Anaïs Demoustier, récemment vue dans Quai d'Orsay, prête sa voix), qui sait comment mater n'importe quel loustic. (Les amateurs de félins ne seront pas dépaysés...)

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   Je pourrais continuer encore longtemps, en parlant du groupe de rebelles un brin pieds-nickelés, du majordome du prince, so British... sans oublier la police du régime, composée de véritables fouines :

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   Vous aurez compris que la galerie de personnages est riche, variée. J'ai été pris par cette histoire, qui mêle quête d'identité, amour, pouvoir et amitié. L'animation est de qualité (ce sont les mêmes producteurs que pour Zarafa), mais elle pourra paraître désuète à certains esprits formatés par les grosses productions numériques.

   P.S.

   Le site internet mérite le détour.

22:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 20 décembre 2013

Le Hobbit 2 : la Désolation de Smaug

   L'an dernier, j'étais sorti assez déçu du premier volet de cette nouvelle trilogie. J'envisageais de ne pas aller voir la suite. Finalement, les extraits diffusés ici ou là ont eu raison de mes réticences. Va pour cette bande de nains... mais en 2D, parce que 2h40 de relief avec lunettes sur le pif, je peux pas !

   Les scènes d'action m'ont paru plus réussies que dans l'opus précédent. Elles sont moins "épileptiques", plus agréables à suivre. Mention spéciale pour l'affrontement avec les araignées géantes, au début. Plus tard dans l'histoire, les nains, les elfes et le hobbit sont amenés à se battre contre les zorribles zorques. On a déjà vu, mais c'est toujours efficace. Le problème est qu'on n'y croit qu'à moitié : en deux heures de baston, aucun des "gentils" ne se fait tuer et Legolas hérite d'à peine une égratignure... et encore, c'est parce qu'il a affronté un super gros méchant de sa race, le genre de créature qui cause direct à Sauron !

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   Ah ben oui, c'est vrai : Peter Jackson a conçu cette nouvelle trilogie comme un (très) long prequel à celle du Seigneur des anneaux. Il a donc inséré dans l'histoire quelques séquences qui font bien comprendre au spectateur lambda que, attention, les aventures des nains ont beau avoir l'air extraordinaires, ce n'est que pet de lapin par rapport à ce qui attend nos héros. C'est là qu'un autre souci surgit : Gandalf a bien subodoré le complot qui se trame, mais il se fait piéger par Sauron et ses sbires... qui se contentent de l'emprisonner ! Ceci dit, ils auraient bien voulu le zigouiller, mais Jackson a fait les gros yeux : "Comment ça vous voulez trucider le mage ? Mais comment il va faire pour guider la communauté de l'anneau après ? Nan mais allô, quoi !" (Notez que le réalisateur néo-zélandais semble avoir une connaissance approfondie des programmes culturels français.)

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   Contrairement aux puristes, lecteurs acharnés des imbitables pensums romans géniaux de Tolkien, j'ai apprécié l'introduction du personnage de Tauriel (Evangeline Lilly... mmm). Cette Elfe des bois tourne les sens à ce benêt de Legolas, qui ne remarque même pas qu'elle en pince pour l'un des nains, un pas trop moche ni trop petit. Cela nous vaut un chassé-croisé amoureux pas très subtil, mais qui épice un peu l'histoire. Celle-ci est intéressante à suivre parce qu'elle juxtapose plusieurs trames, liées les unes aux autres.

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   Signalons une maladresse, concernant les dialogues en dialectes reconstitués, censés donner plus de réalisme à l'intrigue. Ils sont aussi (et logiquement) sous-titrés en français. Toutefois, quand on suit attentivement le déroulement de l'action, on s'aperçoit qu'ils ne sont pas toujours bien dosés. Je pense notamment à la scène qui voit Legolas rejoindre Tauriel. Comme ils sont seuls, ils se parlent d'abord en langue elfique. Mais, le dialogue se prolongeant, les scénaristes ont préféré repasser en anglais/français pour la suite de la scène.

    Le film mérite quand même le détour pour la beauté de certains plans et l'incontestable virtuosité de la réalisation. Jackson cède encore parfois à la facilité de faire évoluer les nains comme naguère les membres de la communauté de l'anneau. Mais il faut reconnaître que la fuite en tonneaux, mêlant orques, nains, elfes, hobbit... et même humain, ne manque pas de souffle. Très inspirées sont aussi les séquences situées dans la ville lacustre, sorte de Venise décadente, placée sous la menace de la montagne au dragon.

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   On finit par découvrir Smaug le sentencieux, une énôôôrme bébête, avec une grôôôsse voix... et plein de jolies babioles tout autour. Evidemment, Bilbon (dont la relation au "précieux" est calquée sur ce que vivra plus tard Frodon) va réveiller le monstre. Evidemment, celui-ci va tenter d'écrabouiller la troupe de nains. Evidemment, il va échouer... et, tout à coup, voilà qu'il nous plante pour partir gambader dans les airs, direction la ville lacustre, où l'on sent que ça va chier grave.

   Fin de l'épisode.

   Comment ?? Ben oui, faut bien que le public ait envie de se ruer à la sortie du troisième !

   P.S.

   La version originale (hélas indisponible à Rodez, où l'on préfère gaver le public de pop corn) comporte une private joke. En effet, la voix du dragon y est assurée par Benedict Cumberbatch. La dernière partie du film met en scène son jeu du chat et de la souris avec Bilbon, interprété par Martin Freeman. Or, les deux acteurs sont de vieilles connaissances, puisqu'ils ont incarné respectivement Sherlock Holmes et le docteur Watson dans la version moderne des aventures des héros de Conan Doyle, produite par la BBC.

22:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 18 décembre 2013

Je fais le mort

   Ce n'est pas le genre de comédie qui me tente, d'habitude. Je ne suis pas un inconditionnel du réalisateur, Jean-Paul Salomé (qui s'en était moyennement sorti dans Les Femmes de l'ombre) et l'actrice principale (Géraldine Nakache, certes très mignonne) a plutôt tendance à jouer dans des films bas de gamme.

   C'est la présence de François Damiens au générique qui a éveillé mon intérêt... et les échos que j'ai eus du film étaient bons. Va donc pour la comédie policière légère. Notons que les seconds rôles sont bien campés, avec notamment Anne Le Ny, une habituée de l'arrière-plan. (Passée derrière la caméra, elle nous a livré, il y a quelques années, le très touchant Ceux qui restent.)

   La réalisation se fait parfois malicieuse. Ainsi, le film démarre sur une scène de crime et, si l'on s'est un peu renseigné avant de se rendre au cinéma, on déduit que le héros doit y occuper une fonction bien précise... qui n'est finalement pas celle à laquelle on a pensé ! La séquence se poursuit par un dialogue quasi surréaliste à propos de la manière d'ouvrir la portière d'une voiture... Même chose plus loin, quand l'acteur raté visionne un film en compagnie de ses enfants. On le sent fier de lui... mais la dérision va bientôt tout emporter.

   C'est donc d'abord une comédie. Elle repose sur l'abattage de François Damiens, très bon en acteur raté, un brin vantard, pointilleux et contestataire. On rit de bon coeur à ses mésaventures... d'autant plus que le personnage n'est pas excessivement sympathique (au départ, du moins). Sa rencontre avec la juge d'instruction donne naissance à des étincelles... Le duo d'acteurs fonctionne bien, même si je n'ai pas toujours trouvé Géraldine Nakache crédible en magistrate.

   Se greffe là-dessus une enquête policière, une histoire sordide de triple homicide dans une petite ville de province. Accessoirement, le film brosse un tableau sarcastique de ces territoires reculés, passés sous le contrôle politico-économique de potentats locaux. Cela donne plus d'épaisseur à l'histoire.

   Là encore, scénario et réalisation sont habiles. Le coupable n'est pas celui vers lequel on porte d'abord nos regards... et l'affaire comporte des zones d'ombre que va tenter d'éclaircir la juge, associée de force à l'acteur devenu enquêteur bénévole... et incontrôlable.

   C'est une comédie sympathique, sans prétention, qui vaut bien mieux que nombre de grosses machines ultramédiatisées.

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dimanche, 15 décembre 2013

La Reine des neiges

   Disney marie tradition et modernité dans ce conte de fées musical parfois surprenant. Il se place dans la continuité de Il était une fois. Côté tradition, il a le dualisme bien/mal, ici illustré par l'opposition feu/glace : les deux soeurs (Anna et Elsa) sont de tempéraments très différents. Autant l'aînée est posée, responsable, autant la cadette est un feu-follet indomptable.

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   Dans la première partie du film, cela nous vaut de jolies scènes humoristiques, avec les héroïnes plus jeunes, la rouquine en gamine survoltée. (Petit clin d'oeil au passage : dans la galerie de portraits où elle gambade, elle salue celui de Jeanne d'Arc.)

   La tradition Disney se vérifie au niveau du scénario, qui assigne comme but ultime à l'existence d'une princesse la rencontre du prince charmant. Fort heureusement (d'autres productions - comme les Shrek de DreamWorks - étant passées par là), le schéma va être un peu moins limpide qu'à l'accoutumée. Se greffe là-dessus la mode des comédies musicales. Ces chansons ont tendance à me gonfler mais, au moins, dans la plupart des cas, elles sont courtes.

   L'histoire accorde une large place aux personnages animaliers, au sens large. J'ai bien aimé le cheval du prince, que l'on voit hélas assez peu. Il joue un rôle crucial dans la rencontre de son maître et d'Elsa d'Anna la rouquine, dans une séquence vraiment très drôle.

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   Plus fréquent à l'écran est le renne Sven, qui ne parle pas (tout comme le cheval), mais qui est diablement expressif :

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   Il est le compagnon fidèle, le seul véritable ami, le conseiller et, quand il le faut, le destrier de cet anti-prince charmant qu'est le vendeur de glaçons Kristoff. L'une des trouvailles des scénaristes et d'avoir imaginé des scènes de dialogue entre l'animal et son maître, celui-ci faisant les deux voix, l'animal acquiesçant quand sa "partition" est correcte.

   Mais le clou du casting est incontestablement Olaf, un bonhomme de neige quasi indestructible... et sacrément causant :

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   Chacune de ses apparitions est source de drôlerie. Il est une sorte de mélange de Sid et de Scrat (de L'Age de glace), en plus sympathique.

   L'intrigue est bien construite, intelligente sur le fond. Plusieurs comportements sont dénoncés, comme l'ambition dévorante, la malhonnêteté, la crédulité du peuple... et de la jeune Elsa, qui va apprendre à ne pas se fier aux apparences.

   Quant à nous les adultes, nous pouvons jouir de la qualité de l'animation, en particulier quand Anna Elsa exerce ses pouvoirs. Les formes glaciaires auxquelles elle donne naissance sont magnifiques. On appréciera aussi la "belle âme" des deux héroïnes (qui ne sont pas sans ressembler à la princesse Raiponce et à Merida la rebelle). Cela qui nous change des héros masculins, qui sont trop souvent des enfants capricieux.

   PS I

   Le film est précédé d'un court-métrage surréaliste, hommage aux débuts du dessin animé, avec Mickey, Minnie et Pat Hibulaire.

   PS II

   Ne partez pas trop vite à la fin. Le générique comporte une mention inattendue (en anglais), précisant que la Walt Disney Company ne partage pas les propos tenus par Kristoff. Lors de leur première rencontre, celui-ci affirme à Elsa Anna que tous les hommes mangent leurs crottes de nez. (C'est un passage qui a fait sursauter certains parents dans la salle... mais les gosses ont kiffé !)

   PS III

   Ne partez pas encore. Une fois le générique déroulé, une scène bonus nous est offerte, avec un personnage (dont je n'ai pas parlé dans mon billet) qui joue par instants un rôle important dans l'histoire...

14:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 13 décembre 2013

Le Médecin de famille

   Argentine, deuxième moitié des années 1940. La communauté germanophone, ancienne (elle remonte au XIXe siècle), vivante, se voit renforcée par de nouveaux arrivants, assez mystérieux et dotés de gros moyens financiers. Dans une propriété, des individus se font opérer du visage.

   A proximité de là, un couple d'Argentins moyens tente de relancer un hôtel. Leur premier client est un étrange vétérinaire allemand, un certain Helmut. Il est calme, froid, sûr de lui. Il semble se prendre d'affection pour la fille des hôteliers, qui souffre d'un déficit de croissance... et il veille à ce que l'épouse, enceinte, ne se surmène pas.

   Ach mais, gue foulez-fous, jazez le nadurel, il refient au qualop ! Le médecin parle de "sang" et de "race"... et son carnet contient de bien étranges dessins. Il est fasciné par les jumeaux. En ville, il côtoie un groupe qui a des correspondants dans plusieurs pays étrangers... et veille à faire disparaître certains documents compromettants.

   L'histoire est faite de deux intrigues : les soins apportés par Helmut-Mengele aux enfants du couple hôtelier et la menace que sa véritable identité ne soit découverte. Dans le rôle de l'ancien médecin d'Auschwitz-Birkenau, Alex Brendemühl (déjà remarqué dans Insensibles) est excellent de rigueur et de retenue. La réalisatrice Lucia Puenzo nous laisse dans l'expectative quant à sa relation avec la fille des hôteliers. Elle la moquée, la rejetée s'accroche comme à une bouée à cet homme qui la traite avec considération. Lui la voit d'abord comme un sujet d'étude, mais il devient évident que l'ancien tortionnaire nazi se prend d'affection pour cette gamine blonde de douze ans.

   Le film gagne en profondeur quand les poupées entrent en scène. Mengele se révèle entrepreneur, souhaitant aider les hôteliers à atteindre l'aisance financière. Mais quel malaise éprouve-t-on lorsqu'on découvre l'atelier de fabrication, où les corps démembrés sont exposés aux yeux de tous ! On ne peut pas ne pas faire le lien avec les camps. C'est un moment particulièrement fort.

   Une bibliothécaire opiniâtre va faire basculer l'intrigue, un peu par hasard. On la voit copier des documents voués à disparaître, draguer un sympathisant nazi... et donner de mystérieux coups de téléphone, dans une langue inconnue.

   Je vous laisse découvrir le dénouement. Les deux histoires restent liées presque jusqu'à la fin. Le tout est accompagné d'une musique judicieuse, qui joue sur l'inquiétude et l'émotion.

jeudi, 12 décembre 2013

Quai d'Orsay

   J'ai enfin pu voir cette comédie politique signée Bertrand Tavernier. Je précise que je n'ai lu de la bande dessinée que les extraits qui étaient parus jadis dans Le Monde Magazine (l'ancienne mouture, avant que cela ne devienne un aspirateur à publicités chicos).

   Thierry Lhermitte est bien rentré dans la peau d'Alexandre Taillard de Worms - Dominique de Villepin, bien entendu. Toutefois, au début, j'ai eu du mal. Je trouve que le premier entretien entre le ministre et son futur collaborateur manque de naturel. Cela s'arrange par la suite.

   Le coup des feuilles qui s'envolent à chaque passage de Taillard de Worms est bien trouvé, tout comme l'accentuation du bruit de claquement de porte. C'est d'ailleurs d'une violence telle que la production a cru nécessaire de préciser, au bout du générique de fin, qu'aucune porte n'avait été blessée ou maltraitée durant le tournage... Bien trouvé aussi est le montage accéléré, associé à l'écran partagé, qui permet de rendre compte du rythme effréné que le ministre impose à ses collaborateurs.

   L'histoire vaut aussi pour la peinture de l'envers du décors, de ces petites mains du ministère qui font tourner la machine... ou qui compliquent son fonctionnement. Quelle bureaucratie, mes aïeux ! Cela nous vaut une belle galerie de portraits, avec Thierry Frémont en conseiller paillard aux costumes improbables, avec Julie Gayet, spécialiste de l'Afrique... et des "coups de pute" ou encore Bruno Raffaeli en Henry Kissinger du pauvre. Je dois reconnaître que je suis aussi tombé sous le charme d'Anaïs Demoustier (remarquée dans L'Année suivante et L'Hiver dernier), qui donne vraiment envie de retourner à l'école primaire !

   On s'est beaucoup émerveillé de la performance de Niels Arestrup, en directeur de cabinet patelin, faussement soumis... et au bras long comme le viaduc de Millau. Je trouve qu'il n'égale pas Michel Blanc dans L'Exercice de l'Etat. Plus drôle est son voisinage avec un adorable matou ronronnant, cadeau de son prédécesseur, qui lui a aussi laissé une horrible paire de baskets... qui moisissent dans le coffre-fort, en compagnie du brouilleur de communications !

   C'est à la fois drôle et terrible. Drôle parce que le ministre Matadore (adepte de la religion du stabilo) emporte tout sur son passage, avec une mauvaise foi assumée. Terrible parce que l'on se dit qu'une énergie folle est dépensée en actions inutiles. On remarque l'importance accordée aux discours et aux déclarations, comme dans le (médiocre) documentaire de Patrick Rotman, Le Pouvoir.

   Il reste le morceau de bravoure, peut-être la seule chose importante que l'histoire retiendra des douze années de présidence Chirac : l'opposition à la politique irakienne des Etats-Unis, dont l'acmé est le discours de Villepin aux Nations Unies.

mercredi, 11 décembre 2013

As I lay dying

   Une mère de famille est sur le point de mourir, chez elle, en pleine cambrousse, dans le Sud des Etats-Unis. Le mari la veille, pendant que l'un des fils entreprend de fabriquer son cercueil, sous sa fenêtre. Le reste de la famille est composé de personnages en apparence normaux, mais qui tous cachent un secret.

   Pour respecter les supposées dernières volontés de la défunte, père et enfants s'embarquent avec son cadavre dans le cercueil pour un cimetière urbain. Mais leur parcours sera semé d'embûches. Ils vont devoir lutter contre les éléments naturels (orage, rivière) et se méfier de certaines rencontres. Cependant, le pire ennemi est sans doute celui de l'intérieur.

   Le père est énigmatique. Il semble religieux, comme tout un chacun dans la région, qui a sa citation de la bible à la bouche. Mais, entre les paroles et les actes, il existe parfois un fossé. Alors que ce personnage joue un rôle crucial, je n'ai pas du tout aimé l'interprétation de Tim Blake Nelson. On sent à l'écran qu'il a du mal à supporter ses prothèses (Anse Bundren est censé avoir perdu presque toutes ses dents) et il est parfois très difficile de le comprendre, tant il articule mal.

   Du côté des enfants, on a une brochette d'esprits égarés, entre la fille qui cherche à se faire avorter, l'aîné, le charpentier boy scout, le cadet beau gosse qui va se révéler à moitié cinglé et l'avant-dernier garçon (résultat d'une relation adultérine avec un pasteur), obnubilé par son cheval...

   A noter que le son est travaillé, l'image soignée... mais que c'est lent ! Le réalisateur se regarde tourner son film... et il aurait dû retravailler certains dialogues. Du coup, j'ai piqué du nez, par instants.

 

ATTENTION !

LA SUITE REVELE DES ELEMENTS CLES DE L'INTRIGUE

 

   Quel est le bilan de l'histoire ? Eh bien, le père est un hypocrite, une fripouille. Il n'est même pas sûr que son épouse ait voulu être enterrée dans cette ville. Par contre, lui y entretenait une relation adultère. Il a donc profité des funérailles pour venir chercher sa nouvelle femme... et se faire poser de beaux appareils dentaires. Par contre, ses enfants sortent de là sérieusement amochés. La fille s'est de nouveau fait violer. Le fils aîné a perdu une jambe. Le cadet est arrêté par la police... et le troisième a dû céder son cheval pour financer l'expédition du père (qui ne lui a pas demandé son avis). Sur le fond, c'est cinglant, mais que de méandres pour en arriver là !

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dimanche, 08 décembre 2013

La Marche

   Avant même d'avoir vu le moindre extrait du film, j'ai entendu les déclarations de certains de ses promoteurs... et cela ne m'a pas incité à me précipiter au cinéma. J'ai eu l'impression qu'on nous proposait un long prêchi-prêcha antiraciste, sans doute mal fagoté... eh bien j'avais (en partie) tort.

   C'est un vrai film, avec une histoire qui tient la route (si j'ose dire) et de bons acteurs. Deux personnages jouent un rôle moteur : le jeune Mohamed et le père Dubois. Le premier est incarné avec talent par Tewfik Jallab, qui redonne vie au pacifique et charismatique Toumi Djaidja :

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   Quant à Olivier Gourmet (le père Dubois), il confirme une fois de plus l'étendue de son talent, déjà perceptible dans des films comme Mesrine, Venus noire ou L'Exercice de l'Etat.

   C'est une comédie dramatique. Elle évoque un aspect sombre de l'histoire contemporaine française, les crimes racistes (certains étant des bavures policières). Cela commence fort, avec une poursuite nocturne, sur fond d'Hexagone de Renaud. Régulièrement dans le film, des extraits de journal télévisé et des listes de noms évoquent les victimes, quasi exclusivement de sexe masculin. Mais certains personnages féminins vont aussi subir des violences, au premier rang desquels la jeune Monia :

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   Incarnée par Hafsia Herzi (déjà vue par exemple dans Héritage), elle est la fille modèle d'immigrés, réussissant à l'école (elle va entrer en licence... rappelons que nous sommes dans les années 1980) et n'ayant pas jusque-là trop cherché à faire la bringue. Pour elle, cette marche est celle de l'émancipation de la tutelle familiale, de la découverte de l'amour (métissé) et de l'engagement politique. Les scénaristes ont été assez habiles pour ne pas en faire une sainte laïque : elle a ses préjugés, ce dont l'un des personnages va se rendre compte à la fin de l'histoire.

   Les relations homme-femme (et femme-femme...) sont souvent traitées sous l'angle de la comédie. Deux personnages masculins sont des usines à gags. Le premier d'entre eux est Farid, un gros lard complexé.

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   Au départ, on pense qu'il va être en quelque sorte le souffre-douleur du film. Il est velléitaire, n'a sans doute jamais eu de petite amie... et l'on va vite découvrir qu'il sent très fort des pieds ! Là aussi, le portrait se nuance. N'ayant pas le charisme des meneurs la marche, il va se mettre à coucher ses impressions sur le papier, au quotidien. Il va réussir à gagner le respect de son père (interprété par l'excellent Simon Abkarian - revoyez L'Armée du crime).

   Évidemment, dès qu'il est question d'humour et de banlieue, débarque l'inévitable Jamel Debbouze, qui de surcroît coproduit le film. Purée, il en fait des tonnes... Je reconnais que, parfois, ça marche mais, le plus souvent, il se complaît dans cette caricature de racaille (supposée) sympathique qui m'horripile.

   On a quand même d'agréables surprises du côté des personnages masculins. Je pense en particulier au conducteur du fourgon, papy René (Philippe Nahon, un habitué des seconds rôles tonitruants) et au jeune Sylvain (Vincent Rottiers, découvert dans L'Ennemi intime et vu récemment dans L'Hiver dernier), qui veut se barrer des Minguettes et, par la suite, fait les yeux doux à la ravissante Monia... Pour lui aussi, cette marche sera un apprentissage de la vie.

   En face, certains personnages féminins ont un caractère bien trempé. On pense bien sûr à Kheira, la tante de Monia. Elle est incarnée par Lubna Azabal (rappelez-vous, Incendies...). C'est sans doute la plus forte personnalité de l'histoire, femme indépendante, militante convaincue... mais diablement seule au fond. Elle est à la fois attachante, énervante... et contradictoire : comment peut-elle défendre le caractère laïc de la marche avec un turban sur la tête ?

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   Et l'histoire, dans tout ça ? Elle démarre quand Mohamed, de retour de l'hôpital, décide de lancer une action non violente pour dénoncer le racisme. Les neuf des Minguettes rejoignent Marseille, où ils découvrent des quartiers plus délabrés que le leur. De là part officiellement la marche, qui ne rencontre pratiquement aucun écho. Après bien des galères, l'arrivée à Lyon symbolise le début du succès, avant le triomphe parisien. Entre temps, la manifestation aura été étroitement surveillée (y compris de l'intérieur) par des policiers des Renseignements généraux, l'un d'entre eux sympathisant même avec le mouvement.

   Le film est plus dans le registre commémoratif que dans le questionnement politique. On l'a accusé d'être orienté. Il ne fait pas la propagande du PS, la marche se voulant apolitique, refusant toute pancarte partisane (celles du PS sont exclues de la manif). Mais l'on voit bien que plusieurs élus socialistes ont soutenu le mouvement (sur la fin). De plus, la présidence Mitterrand bénéficie d'une aura particulière.

   Plus intéressante est la scène qui voit les marcheurs se faire "descendre", en plein amphithéâtre, par des militants antiracistes "professionnels", issus des "minorités visibles". On reproche à Mohamed d'être le fils d'un harki, mais on sent que, dans la salle, certaines personnes sont surtout dépitées de voir une bande d'amateurs attirer les projecteurs. Cela annonce un peu la suite, puisque les marcheurs n'ont pas fait partie des fondateurs de SOS Racisme.

   Trente ans après, la situation a changé parce que c'est surtout le chômage et le sentiment d'exclusion qui frappent les enfants d'immigrés. La police de 2013 n'est plus celle de 1983. Dans les quartiers, les morts sont plutôt le fait des délinquants que la population côtoie au quotidien...

   P.S.

   Sur le site Allociné, les internautes peuvent noter les films qu'ils ont vus et ainsi inciter les autres à aller les voir ou à les éviter. Ceux qui lisent les appréciations depuis assez longtemps se sont rendus compte que bon nombre de notes ne sont pas révélatrices de la qualité d'un film.

   Certains comptes d'internautes ont été créés spécifiquement pour valoriser les produits diffusés par telle ou telle boîte... sans parler des acteurs, de leur famille et des copains qui tentent d'assurer par avance le succès du film dans lequel tourne un proche, en lui attribuant un maximum d'étoiles.

   L'effet inverse peut se produire... et je crois que c'est le cas pour La Marche. La plupart des commentaires négatifs sont le fait d'inscrits de fraîche date ou de personnes qui ne parlent de presque aucun film. D'ailleurs, à lire le contenu des critiques on s'aperçoit que la très grande majorité d'entre eux n'a sans doute même pas vu La Marche qui, sans être un chef-d’œuvre, est bien plus nuancé que ce que ses contempteurs affirment.

samedi, 07 décembre 2013

Amazonia

   Ce documentaire-fiction est signé Thierry Ragobert, à qui l'on doit aussi le superbe Planète blanche. C'est une fiction parce que les animaux montrés à l'écran ont été "mis en scène". On a sollicité certaines scènes... ou pratiqué un montage particulier pour en modifier d'autres. Sinon, ce sont de vrais animaux, dans leur environnement naturel (la jungle amazonienne). Ce projet est l'aboutissement de plus de quatre ans de travail.

   L'histoire commence par un accident d'avion, dont le pilote sort miraculeusement indemne. Il quitte les lieux, abandonnant la cargaison... qui contient un singe capucin en cage, le héros du film :

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   Je pense qu'il a dû y avoir un casting, parce que celui qui a été choisi est un sacré numéro. Il est particulièrement expressif, dans la peur comme dans la joie... et quel gourmand ! Il est aussi mis en valeur par l'image et le son. On sent qu'un gros travail a été effectué. Les animaux sont filmés en plans larges, gros plans et très gros plans, si bien que l'on distingue leur grain de peau et même la racine des poils (pour ceux qui en ont). C'est impressionnant, magnifique à voir. Et quel son !

   Très vite, le capucin (appelons-le Albert) va recevoir de la visite. A l'écran, on distingue de longues queues touffues qui émergent de la végétation... des coatis !

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   Ils viennent promener leur museau dans la carcasse, en quête de nourriture... et ils vont y mettre le souk ! Il ne semble pas qu'Albert (notre héros, rappelez-vous) ait quelque chose à craindre d'eux... mais sait-on jamais.

   Une fois ces drôles de visiteurs partis, il se décide à sortir de l'avion pour trouver de quoi manger. Il va être aidé par l'action de superbes oiseaux, les toucans :

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   Comment vont-ils être utiles à Albert ? Simplement parce que, quand il se nourrit, un toucan, c'est... tout con. (Vue dans le contexte, elle n'est pas si mauvaise que ça !) Le capucin, observateur, finit par comprendre que, dans les morceaux relâchés par les oiseaux, il peut trouver de quoi satisfaire sa faim.

   Attention toutefois, parce qu'au sol, dans l'eau comme dans les airs, des prédateurs rôdent. Il croise d'abord un anaconda, indolent et impressionnant à la fois.

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   Albert ne s'attarde pas, et il a bien raison. Il finit par atterrir sur un îlot de branchages, dérivant sur un cours d'eau où évolue une troupe de crocodiles :

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   Mais, avec un minimum de prudence, il est assez facile d'échapper à ces deux premiers prédateurs. Les rapaces sont beaucoup plus habiles. On rencontre successivement le vautour moine...

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   ... et l'aigle harpie :

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   Le film montre ce dernier en pleine chasse. A ce moment de l'histoire, Albert a rejoint une colonie de singes, où il s'est fait des copains (voire une copine), avec qui grignoter une sauterelle au coin d'un tronc d'arbre. Le réalisateur a réussi à saisir le rapace en pleine approche, ailes déployées, tel un avion de chasse de la Seconde guerre mondiale.

   Au sol, la menace se précise aussi. Albert n'est pas aussi aguerri que ses nouveaux compagnons... et il semble oublier le reste du monde quand il est train de se bâfrer. C'est le moment choisi par un jaguar pour débarquer :

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   De loin, il a l'air mignon tout plein, le gros minou tacheté. De près, c'est un molosse affamé et ses coups de griffes sont mortels.

   Fort heureusement, tous les habitants de la forêt ne sont pas aussi agressifs. Le capucin croise ainsi des tamanoirs, dont la principale occupation est la recherche de fourmilières :

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   Mais c'est un occupant des eaux qui va le plus surprendre Albert : le dauphin rose

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   Au départ, il semble n'être qu'une ombre menaçante de plus... jusqu'à ce qu'il décide de s'amuser un peu, ayant trouvé un nouveau compagnon de jeu. Attention, ça mouille !

   La fin du film (exempt de commentaires) prend un tour plus ouvertement écologiste, avec la dénonciation de la déforestation. (On rejoint le récent Il était une forêt, plutôt consacré aux végétaux.)

   P.S.

   Le site du film est particulièrement bien conçu. Il contient notamment un passionnant dossier de presse, dont sont extraites les photographies de ce billet.

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jeudi, 05 décembre 2013

Last Vegas

   Faut-il fuir ce qui ressemble à un gros attrape-nigaud cinématographique, un "machin" qui tente de recycler le film de "murge" à la sauce troisième âge ? La réponse n'est pas évidente.

   Notons que cela part bien. Les quatre potes sont présentés dans l'enfance à l'aide de photographies, principalement sorties d'un photomaton. Les gamins sont marrants et l'aspect sépia colore la séquence d'une pointe de nostalgie pas déplaisante.

   Ensuite, retour sur terre avec nos septuagénaires pas bien vaillants. On reste dans la comédie bon enfant avec le vieux beau qui va convoler avec une jeunette (Michael Douglas, nouvelle victime expiatoire de la chirurgie esthétique), le toutou à sa mémère qui rêve de tirer un bon coup en toute liberté (Kevin Kline, qui en fait des tonnes), le papy gâteau au bord de l'arrêt cardiaque (Morgan Freeman, très bon)... et le veuf inconsolable (Robert de Niro, sobre, efficace...  cela nous change de ses rôles de beauf), harcelé par une voisine pleine de bonnes intentions... mais vraiment casse-couilles.

   On rit de bon coeur et certaines situations comme certaines répliques font mouche. Ainsi, chaque coup de fil est interprété par les membres du quatuor comme l'annonce d'une mauvaise nouvelle : décès d'une connaissance, déclaration d'une maladie incurable etc. L'annonce du mariage de Billy/Douglas fait l'effet d'une bombe. Quand il apprend l'âge de la future (31 ou 32 ans), Archie/Freeman ne peut s'empêcher de faire remarquer que son hémorroïde est de la même année...

   Plus subtile est la manière dont deux des compères vont convaincre Paddy/De Niro de les accompagner à Las Vegas (mention spéciale à Morgan Freeman). C'est sur place que cela se gâte.

   Pour appâter les (jeunes) mâles hétérosexuels, on a peuplé les séquences suivantes d'une foule de "bombasses" d'origines diverses, mais toutes à la poitrine opulente (et vaguement dissimulée). Les dialogues sont tout à coup moins réussis. Alors qu'auparavant, l'histoire jouait habilement avec les clichés, désormais elle s'y enlise. J'ai quand même savouré l'élection des miss, qui surnage dans un océan de médiocrité.

   C'est la découverte progressive d'une partie du passé qui relance l'intérêt du film. On apprend que derrière l'animosité que Paddy éprouve pour Billy, il y a une histoire d'amour un peu complexe. De Niro m'a particulièrement touché dans le rôle de l'homme d'une seule femme, à qui certaines choses ont échappé.

   Se greffe là-dessus une idylle avec une ancienne experte-comptable, devenue chanteuse de cabaret... qui a elle aussi sacrifié au dieu bistouri (de manière heureusement moins ravageuse que Michael Douglas).

   Je pense ne rien dévoiler d'essentiel en affirmant que cela se finit bien pour les quatre lascars. C'est sympathique, sans plus. N'y allez pas en croyant profiter d'une super comédie régressive, politiquement incorrecte.

20:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 04 décembre 2013

Young Perez champion

   Sous ce titre est réédité le livre Quatre boules de cuir, écrit par André Nahum et racontant la vie de Victor Younki, l'ancien champion du monde de boxe auquel un film vient d'être consacré.

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   Même si elle reconnaît le bien-fondé du choix de Brahim Asloum pour incarner le boxeur, la fille du biographe n'a pas trop apprécié le film, qui s'écarte trop, pour elle, de la véritable vie de Perez, telle qu'elle est décrite dans l'ouvrage de son père (qui lui est d'ailleurs dédié).

   Celui-ci n'est pas un livre d'histoire "classique". Il n'est pas fardé de notes de bas de page et contient beaucoup de séquences de dialogues reconstituées, ce que l'on peut apprécier... ou pas. En tout cas, cela rend le livre vivant et sa lecture aisée.

   Il a le grand avantage de nous faire toucher du doigt la vie du ghetto juif de la Hara. On y découvre plusieurs figures sympathiques, au premier rang desquelles le cordonnier Léon Benamou, originaire d'Algérie, ancien combattant qui possède la nationalité française, contrairement à la majorité des juifs tunisiens de l'époque. On croise aussi l'avocat Fernand Mossé, qui a découvert Perez. Dans le film, son personnage est fusionné avec celui du manager parisien Bellières, incarné par Patrick Bouchitey.

   J'ai particulièrement aimé les passages qui évoquent le retour de Perez en Tunisie, où il distribue généreusement son argent. Il paie une maison neuve à ses parents et finance l'installation de douches publiques dans son quartier d'origine.

   La partie parisienne de la vie de Perez est intéressante. Il fut employé chez un vendeur de chaussures (et non dans un bar de luxe, contrairement à ce que l'on voit dans le film). Lorsqu'il découvre la gloire, ce sont deux actrices qui ont attiré son attention, une Américaine et la fameuse Mireille Balin, avec laquelle André Nahum est plus indulgent que les auteurs du film.

   Petite déception : le livre s'attarde peu sur la déportation du boxeur. Il révèle qu'il a été arrêté par la Milice française, sur dénonciation... On découvre aussi que le frère du héros ne fut pas déporté à Auschwitz, puisqu'il était rentré en Tunisie. D'autres personnes ont été proches de lui dans ces moments difficiles, notamment un certain Bibi Burah, lui aussi boxeur.

   Sur les pages 2 et 3 de couverture ont été imprimés des documents d'époque. On trouve deux extraits du Miroir des sports (un hebdomadaire spécialisé aujourd'hui disparu) qui évoquent des moments-clés de la carrière du boxeur, ainsi que des photographies du jeune homme (et une de l'actrice).

   C'est donc un petit livre intéressant, sur un sujet méconnu.

dimanche, 01 décembre 2013

Victor Young Perez

   Je ne connaissais pas l'histoire de ce boxeur tunisien juif, devenu champion du monde à vingt ans, qui fut déporté à Auschwitz. Un peu romancée, elle fait l'objet de ce film étonnant, où le rôle principal est interprété par un véritable boxeur, Brahim Asloum.

   La première partie raconte l'ascension de ce gamin des rues, issu de la communauté juive de Tunis, à l'histoire plurimillénaire. Les couleurs sont chaudes et l'on y parle fort. Le destin du jeune homme est d'autant plus stupéfiant qu'il n'était au départ que l'assistant de son frère, censé, lui, faire carrière. La Tunisie (sous protectorat français) puis la France métropolitaine sont le théâtre de ses premiers combats. Pour classique qu'elle soit, cette représentation de l'éclosion d'un champion est bien fichue (avec un beau combat contre le tenant du titre mondial). Patrick Bouchitey s'y distingue en manager truculent.

   La deuxième partie est un peu décevante. Elle montre un héros qui a du mal à gérer sa soudaine notoriété et qui se fait mettre le grappin dessus par Mireille Balin, jeune et ravissante actrice qui cherche à percer. Elle s'est fait connaître dans des rôles de femme fatale et fut notamment la partenaire de Jean Gabin dans Pépé le Moko.

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    Si l'interprète, Isabella Orsini, a la beauté sulfureuse de son modèle, on ne peut pas en dire autant de son jeu, stéréotypé. Elle est de surcroît handicapée par ses difficultés d'élocution en français.

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   Dans cette partie du film, on a attribué plus de dialogues à Brahim Asloum. Il s'en sort honorablement, mais quelques scènes avec sa partenaire auraient mérité une prise supplémentaire.

   L'action regagne en intensité dans la troisième partie, entraperçue déjà au tout début du film. Perez est déporté à Auschwitz. Le film ne le montre pas clairement, mais il survit parce qu'il est affecté au troisième camp, l'usine chimique de Buna-Monowitz, où il a croisé Primo Levi.

   L'histoire se concentre sur la boxe. Le directeur du camp aime ce sport, mais ne peut admettre qu'un juif ait pu surclasser des "Aryens". Il va donc organiser un combat improbable, entre un grand costaud nazi et l'ancien champion, affaibli par les privations.

   Brahim Asloum se révèle extraordinaire dans cette partie. On le sent terrorisé dans le bureau du directeur, qui n'exhale que haine et mépris. On le voit échapper de peu à la mort arbitraire, administrée par un gardien du camp selon son bon vouloir... et, surtout, on voit le dernier combat (qui a bien eu lieu). Si son déroulement peut paraître artificiel (il y a un petit côté "chevaliers du zodiaque" dans le retournement), sa mise en scène est brillante : les détenus sont tenus d'y assister, debout et tête baissée, pendant que les SS (famille comprise) jouissent du spectacle, confortablement assis.

   Je pense que le film aurait dû s'arrêter là. La séquence sur la mort de Perez n'est pas une grande réussite. L'ensemble mérite quand même le détour.

samedi, 30 novembre 2013

Cuisine interne du cinéma

   Dans le numéro du 27 novembre dernier de l'hebdomadaire gratuit Le Saint-Affricain, on peut lire avec profit un entretien accordé par André Oskola à la journaliste Valérie Schmitt.

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   L'article commence par une présentation de celui qui s'est fait connaître comme le gérant éclairé du cinéma de Millau "Les Lumières de la ville", dont le départ, en 2011, s'est fait dans des circonstances qui ont suscité la polémique. L'article se garde bien de revenir sur cette affaire.

   Il n'en est pas moins fort intéressant, car il rappelle qu'André Oskola est depuis fort longtemps un militant du cinéma pour tous, qu'il a contribué à relancer certaines salles (dont celle de Capdenac-Gare, aujourd'hui sous la direction de Figeac Communauté). Il a aussi joué un rôle moteur dans l'opération "Collège au cinéma"... dont le Conseil général de l'Aveyron s'est retiré cette année. (Là encore, le sujet polémique est passé sous silence.) Notons que, sous son influence, notre département était auparavant à la pointe de ce dispositif : ces dernières années, il appartenait au groupe dont plus de 50 % des collégiens bénéficiaient de l'opération "Collège au cinéma" (et même 69 % en 2009-2010, record national, juste devant la Creuse et la Corrèze !). Aujourd'hui, il anime bénévolement le ciné-club de Saint-Affrique.

   Mais l'article mérite aussi le détour pour ce que dit André Oskola de l'exploitation des films en France. Il y est question du numérique, de la gestion du son dans les salles, des relations avec les distributeurs ainsi que des films art et essai.

16:08 Publié dans Cinéma, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema

Room 514

   Ce film israélien (qui date de 2011) est un quasi - huis clos : l'action se déroule principalement dans la salle 514 (d'où le titre, hein), quelques scènes ayant lieu dans un bus.

   Cette pièce est une salle d'interrogatoire, où officie une jeune femme (Anna) qui achève son (long) service national. Elle ambitionne une carrière juridique. Voilà sans doute pourquoi on a eu l'idée de l'affecter à la police militaire, qui enquête notamment sur les manquements à l'honneur des soldats israéliens.

   Au départ, j'ai été un peu dérouté par ce personnage féminin. Je m'attendais à quelqu'un de plus hiératique, hanté par une mission sacrée. Il y a un peu de cela, mais la jeune femme déborde de sensualité (ce qui l'aide dans sa tâche, reconnaissons-le). L'actrice (Asia Naifeld) est une sorte de Mathilde Seigner israélienne qui aurait décidé de faire carrière dans l'art et essai.

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   Elle vit avec sa mère, séparée de son père, dont on devine qu'il a une très bonne situation. Notons qu'il s'agit d'une famille d'origine russe, une communauté qui a eu du mal à trouver sa place en Israël.

   Il se passe de drôles de choses dans cette salle 514. C'est d'abord le lieu des interrogatoires, filmés de près, sous une multitude d'angles. C'est très efficace. J'ai aussi apprécié l'utilisation du hors-champ : à plusieurs reprises, on ne sait pas tout de suite à qui l'héroïne s'adresse. De plus, lors des entretiens, il arrive fréquemment que l'un des interlocuteurs n'apparaisse que très partiellement à l'écran. Là encore, c'est habile.

   La salle est aussi le théâtre des ébats d'Anna et de son supérieur hiérarchique, un beau gosse très conventionnel, qui est sur le point d'épouser une fille de la bonne société. Cela nous vaut une jolie scène de sexe, dans laquelle l'actrice principale fait presque tout le boulot :

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   De manière symbolique, Anna parvient aussi à dominer les grands mecs baraqués qui défilent dans son bureau. Pourtant, de prime abord, elle semble ne pas avoir le dessus, que ce soit sur le prévisible Nimrod que sur le héros de guerre Davidi, excellemment interprété par Udi Persi. Les scènes de confrontation entre l'enquêtrice et cet officier des forces spéciales sont les plus prenantes, tant au niveau du jeu des acteurs que de ce qui est dit (et sous-entendu).

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   Toutefois, contrairement à ce pourrait laisser penser l'enthousiasme excessif d'une partie de la critique, ce n'est pas le chef-d'oeuvre de l'année. On remarque ici ou là quelques maladresses. Il aurait fallu rejouer certaines scènes pour leur donner encore plus de relief. Mais cela reste un joli tour de force, sur un sujet que le cinéma israélien n'a pas fini d'épuiser.

dimanche, 24 novembre 2013

Transperceneige, l'intégrale

   Les éditions Casterman ont eu la bonne idée de ressortir les trois tomes de la bande dessinée qui a inspiré le film Snowpiercer. Réunis en un volume, ils forment une saga d'environ 250 pages, qui s'étale sur plusieurs dizaines d'années.

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   Les différents auteurs, ainsi que l'aventure de la bande dessinée, nous sont présentés en introduction. (Pour mieux connaître Jean-Marc Rochette, on peut lire l'entretien qu'il a accordé au site Rue89.) Vient ensuite le premier tome, Le Transperceneige, qui a pour l'essentiel fourni la trame du film. On n'y trouvera cependant pas les personnages coréens. Les héros vont former un couple. Lui vient du fond du train :

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   A première vue, ce Proloff ne paie pas de mine, mais il a tout de même réussi à se hisser seul jusqu'à la frontière entre la queue du train (où végètent les "queutards") et le milieu (où vit, dans de meilleures conditions, ce qu'on pourrait appeler la classe moyenne). Plus loin, la classe supérieure se la coule douce, coupée de l'extrémité avant, occupée par on ne sait qui.

   Dans son périple, Proloff va être accompagné par une ravissante ressortissante du milieu du train, Adeline Belleau, une militante qui lutte contre les inégalités :

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   L'expression "tiers-convoi" fait évidemment allusion au Tiers Etat français. On remarque aussi que la bande dessinée désigne clairement les militaires (avec leurs grades) comme étant le bras armé de la dictature qui règne sur le train. (Dans le film, ils apparaissent plus comme une milice.) La dénonciation du clergé officiel est encore plus virulente :

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   On en apprend au fur et à mesure que le couple, sous bonne garde, remonte vers l'avant du train. Plusieurs scènes "pittoresques" émaillent le parcours, comme la rencontre de bandits de grand chemin, la découverte de la "cuisine centrale" (encore plus étrange que celle du film) et de wagons-jardins, comme celui-ci :

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   Quelques très belles vues de l'extérieur nous sont proposées. Le convoi est de plus équipé d'un poste d'observation en hauteur, vers l'avant. Il constitue un avantage indéniable pour ceux qui le maîtrisent :

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   Si, comme dans le film, la dernière partie de l'histoire nous met en contact avec le mystérieux occupant de la locomotive, les circonstances divergent par rapport au film... et ménagent une suite différente. On la découvre dans le tome 2, L'Arpenteur, qui semble se dérouler une trentaine d'années plus tard. Il commence pourtant par un retour en arrière, qui situe l'action à un stade intermédiaire. On découvre les deux jeunes personnages qui vont former le nouveau duo de héros.

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   Puig Vallès est d'abord un gamin curieux, fasciné par les "arpenteurs", ces soldats-suicides qui explorent les environs du train lors de ses arrêts. Il ne s'agit plus du Transperceneige, mais du Crève-Glace. On ne saura que plus tard ce qu'il est advenu du premier train. On découvre aussi de nouveaux éléments sur ce qui est arrivé à la planète. La société est tout aussi inégalitaire et semble s'inspirer du roman 1984 et du film Soleil Vert.

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   Kennel est la tête politique de l'oligarchie qui contrôle le train. Sa fille Val, à l'esprit éveillé, va devenir la créatrice en chef des fictions mentales dans lesquelles l'élite du wagon se plonge pour passer le temps. Elle se pose néanmoins beaucoup de questions sur le fonctionnement du Crève-Glace.

   Puig Vallès est d'abord utilisé par les dirigeants, avant de conquérir son indépendance. Dans le même temps, la population du train est travaillée par le doute et un mouvement apocalyptique émerge.

   Cela nous mène au troisième tome, intitulé La Traversée. Deux intrigues s'entrecroisent. Il est toujours question du devenir du train en liaison avec le climat de la planète. De mystérieux signaux ont été perçus. Doit-on essayer d'entrer en contact avec leurs émetteurs ? Dans le même temps, les wagons fourmillent de complots. La tension monte, jusqu'au dénouement final.

   Je trouve la bande dessinée plus forte, plus fouillée... et politiquement plus incorrecte. Mais le film est incontestablement plus spectaculaire, plus travaillé sur le plan visuel (même si le noir et blanc de la BD est de qualité)... plus optimiste aussi.

vendredi, 22 novembre 2013

Il était une forêt

   Connu pour son formidable documentaire La Marche de l'empereur (sur les manchots de l'Antarctique), Luc Jacquet est de retour avec une œuvre d'inspiration écologiste, où les incrustations numériques jouent un grand rôle.

   Cela commence pourtant par un éloge de la tradition : le scientifique Francis Hallé (que certains de ses amis écolos surnomment "Hallé les Verts !"... OK, je sors) est filmé en train de dessiner la végétation tropicale, au crayon et au feutre fin.

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   Les gros plans sont superbes. Puis, la vision s'élargit et l'on découvre la canopée, qui fascine le chercheur, qui redoute sa possible disparition.

   Au départ, j'ai eu peur que le film ne se complaise dans la contemplation stérile des merveilles de la nature. Heureusement, il n'en est rien. Le point de départ de "l'intrigue" est la déforestation : on nous montre une zone ravagée par le feu, les engins de chantier et les tronçonneuses. C'est le départ d'une renaissance, occasion de nous raconter l'histoire de la formation d'une forêt primaire.

   J'ai été un peu surpris par les premiers effets numériques. L'arrivée des premières pousses vertes tout comme l'émergence des fougères m'ont limite agacé. Très vite, on s'habitue à ces incrustations, d'autant plus qu'elle apportent des éléments de compréhension appréciables pour un public profane.

   La forêt tropicale (ici péruvienne et gabonaise) n'abrite pas que des végétaux. Des animaux apparaissent à l'écran, comme ce petit singe, qui déguste le nectar de fleurs dont il va transporter involontairement le pollen.

   Le film excelle à conter les relations tumultueuses des mondes animal et végétal. J'ai en tête cet arbre qui, pour se protéger des chenilles, a développé une stratégie d'accueil des fourmis... qui vont faire fuir son prédateur.

   Passionnante aussi est l'histoire de la passiflore et du papillon heliconius, chacun s'adaptant à l'autre pour en profiter ou s'en protéger. Ce petit jeu du chat et de la souris est très bien rendu par les effets numériques.

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   Impressionnante est la séquence consacrée au figuier étrangleur, dont l'action, lente et irrémédiable, vient à bout d'un arbre pluricentenaire.

   Le mode de communication des lignés est illustré de manière particulièrement spectaculaire. Le film s'attache à décrire leur mode de reproduction, mais aussi la manière dont les autres sont avertis d'un danger... et le moyen d'écarter un prédateur.

   Les animaux, souvent dangereux, sont aussi de bons véhicules pour les graines qu'ils finissent par expulser, de leur bouche comme ce singe particulièrement gourmand... ou de leurs intestins, comme les éléphants.

   L'importance de l'eau pour cet écosystème est rappelée. La fin nous ramène sur la canopée reconstituée :

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   Fort logiquement, l'histoire de cette renaissance s'achève par la mort naturelle (spectaculaire) d'un arbre, elle-même source de vie. Cet hymne panthéiste d'un peu moins d'1h20 n'est pas pesant. Le rythme n'est certes pas trépidant, mais c'est pour faire comprendre que la nature avance à petits pas.

   P.S.

   La sortie du film s'accompagne de celle d'un livre, dont des extraits sont accessibles en ligne.

mercredi, 20 novembre 2013

Capitaine Phillips

   Paul Greengrass, à qui l'on doit (notamment) Bloody Sunday, Vol 93 et Green Zone, s'est lancé dans la mise en scène de cette histoire vraie, celle de pirates somaliens partis à l'assaut d'un cargo américain, en 2009. Aux cinéphiles avertis, cette intrigue rappellera quelque chose, puisque l'été dernier, une autre fiction (palpitante) avait abordé le même thème (avec un arrière-plan danois toutefois) : Hijacking.

   Le film sorti ce mercredi s'en démarque sur plusieurs points. Il nous propose d'abord, dans sa première partie, un portrait de ces groupes de Somaliens désœuvrés, qui attendent leur salut d'un bon coup pour le compte de mystérieux commanditaires, qui tirent les ficelles de cette lucrative activité qu'est le détournement de navires de commerce (associé à la prise d'otages). Les acteurs qui incarnent ceux qui vont mener à bien l'attaque du cargo sont inconnus... mais excellents : Barkhad Abdi (dont le personnage est indéchiffrable, charismatique et déterminé), Barkhad Addirahman (qui interprète un jeune qui doute), Faysal Ahmed et Mahat M. Ali (dans des rôles moins nuancés). Signalons que, dans la version française, seuls les Américains sont doublés, les dialogues entre les Somaliens étant sous-titrés, ce qui renforce l'impression de réalisme.

   Sans surprise, Tom Hanks "assure"... mais, là, franchement, comme une bête. Au début, on nous présente Richard Phillips comme un bon "taulier", rigoureux, méthodique et en aucun cas démago avec l'équipage. La deuxième partie du film révèle le héros... avant que la troisième n'en dévoile les faiblesses, avec quelques moments d'émotion très réussis. L'acteur américain parvient à nous y faire croire, quel que soit le registre de son jeu. (Normalement, c'est le moment qu'il faut choisir pour suggérer qu'il est oscarisable... sans oublier qu'il a déjà reçu la précieuse récompense à deux reprises.)

   Evidemment, Greengrass a soigné les scènes d'action. Je recommande tout particulièrement l'assaut du cargo (après deux scènes de traque très maîtrisées), à la fois spectaculaire et (relativement) dépouillé. Voilà une jolie leçon donnée aux godelureaux qui ne jurent que par le numérique. On passe ensuite au huis-clos des soutes du navire, lorsque les pirates partent à la recherche de l'équipage. La tension monte. C'est formidable, avec des plans dans la demi-obscurité d'une grande beauté. L'ambiance est encore plus confinée dans la troisième partie, qui se déroule essentiellement dans un module de sauvetage.

   C'est à ce moment de l'intrigue que les militaires et les forces spéciales vont débarquer. Un conseil : si vous ne supportez pas les uniformes et le complexe militaro-industriel, n'allez pas voir ce film. Greengrass sait comment utiliser ce type de personnages, et ici, il les met particulièrement en valeur. De surcroît, le Pentagone semble lui avoir facilité la tâche pour intégrer les équipements de la Défense à son histoire.

   C'est donc un formidable divertissement, qui dit aussi beaucoup de choses sur notre époque et sonde les tréfonds de l'âme humaine.

   P.S.

   A Rodez, j'ai eu la chance de voir le film dans la salle 1, la plus grande. LE PIED !

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mercredi, 13 novembre 2013

Il était temps

   Camarades mâles hétérosexuels, soyons honnêtes : il est des films que l'on se résout à aller voir par esprit de conciliation... et c'est parfois source d'un plaisir inattendu ! Que celui qui n'a jamais apprécié une (bonne) comédie romantique avec Julia Roberts me jette la première bobine de pellicule !

   Cette bluette sort de l'ordinaire grâce au petit argument de science-fiction qu'on lui a greffé : le personnage principal peut retourner dans son passé, le revivre... et le modifier. S'ajoute une touchante relation père-fils, qui ne cesse de prendre de l'épaisseur au fur et à mesure de l'intrigue.

   Le postulat de base est un peu éculé : le héros est un jeune Anglais coincé (pléonasme ?), qui semble toutefois très bien s'en sortir dans ses études de droit (il va intégrer un cabinet d'avocats). Ses parents sont l'équivalent des bobos français : riches, décontractés, cultivés et un brin excentriques, à leur manière. J'adore le personnage de la mère, interprété par Lindsay Duncan. Signalons aussi la jolie performance de Lydia Wilson dans le rôle de Kit Kat, la soeur un peu fofolle du héros.

   A partir du moment où Tim (Domhnall Gleeson, pas dément) commence à tester son pouvoir, cela devient drôle. Il est évidemment maladroit... et profite de son don pour revivre certaines situations le plus avantageusement possible ! Petit à petit, il va découvrir que, parfois, on ne peut échapper à son destin...

   Sa vie sentimentale tourne autour de trois jeunes femmes : le flirt d'un soir de nouvel an, la bonne copine de sa soeur et le possible grand amour, rencontré lors d'un dîner en aveugle... dans un restaurant portant un nom français (Dans le noir si je me souviens bien). Le romantisme à la française est aussi présent à travers la grande affiche du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain qui orne la chambre du héros. Les situations faisant intervenir ces trois personnages féminins sont inégales : soit c'est très drôle, soit cela tombe à plat, peut-être en raison d'un doublage en français pas toujours réussi.

   Au niveau du scénario, on a pris soin de ne pas tomber dans la facilité. Sans complexifier l'intrigue comme dans L'Effet papillon, on a limité les possibilités d'action du jeune homme : remonter avant la naissance d'un membre de la famille en perturbe radicalement le destin. Voilà donc Tim voué (comme son père) à utiliser son talent pour améliorer le quotidien. Cela donne une belle petite histoire, à la fois délicate et morale.

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samedi, 09 novembre 2013

Lettre à Momo

   Contrairement à ce que pensait un petit garçon dans la file d'attente du cinéma, "Momo" n'est pas ici le diminutif de Mohammed, d'abord parce que le héros éponyme est une fille, ensuite parce qu'elle est japonaise.

   C'est une préadolescente d'une dizaine d'années. Elle est fille unique. Son univers a récemment été bouleversé par la mort de son père, océanographe, et le déménagement de sa mère, qui  a choisi de tout quitter à Tokyo pour retourner s'installer dans le village d'origine de sa famille, sur une île située dans la mer Intérieure :

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   Le film illustre le manque de communication entre une mère encore jeune, moderne, dotée d'un caractère solide et une fille citadine dans l'âme, tiraillée par la dispute qu'elle a eue avec son père, juste avant la mort de celui-ci. Il n'a même pas eu le temps d'écrire la lettre qu'il lui destinait.

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   Se greffe là-dessus la vie tranquille d'un bourg de province, complètement isolé du pays quand survient un typhon. Les personnes âgées sont nombreuses. Les plaisirs des rares enfants y sont simples. La petite Momo a quelques difficultés à s'intégrer.

   La troisième couche est d'ordre surnaturel. Dès le début, on comprend que des événements peu communs vont survenir. Cela commence par des bruits suspects dans le grenier de la vieille maison que les arrivantes vont occuper. Seuls les enfants distinguent des ombres suspectes. On se demande alors si le réalisateur ne va pas orienter l'histoire dans un sens effrayant : ce sont là des codes propres aux films d'horreur japonais.

   Comme c'est un dessin animé destiné au (pas trop) jeune public, on se dit que l'intrigue ne va pas s'engager dans cette voie. C'est plutôt le ressort comique qui est mis à contribution. Momo va devoir apprendre à surmonter sa peur et à dompter ces esprits facétieux, capricieux... et affamés ! Cela nous vaut une séquence ébouriffante, avec un drôle de quatuor embarqué dans l'ascension d'une montagne verdoyante, sur un chariot automatique... fuyant une meute de sangliers !

   L'entente finit par régner (à peu près) entre ces protagonistes. Les esprits ont une mission à mener, que Momo ne doit surtout pas découvrir avant qu'elle ne soit réalisée. J'ai encore en mémoire la scène qui voit tout ce petit monde se lancer dans une danse magique, pour faire parvenir un message à l'au-delà !

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   La dernière partie du film tourne autour du typhon. Le déchaînement des éléments précipite la résolution de l'énigme et place chacun face à ses responsabilités. Je recommande tout particulièrement le franchissement d'un pont, grâce à un tunnel de fantômes en mouvement... impressionnant !

   L'histoire se conclut sur une plage, où est célébrée une fête traditionnelle, au cours de laquelle de petits bateaux illuminés sont mis à l'eau. C'est visuellement magnifique. (C'est le moment de signaler que l'auteur n'est autre qu'Hiroyuki Okiura, à qui l'on doit le superbe Jin-Roh - La Brigade des loups et qui a contribué à l'animation de chefs-d'oeuvre comme Ghost in the Shell, Metropolis et Paprika.)

   A l'issue de ces aventures, la jeune Momo a mûri et va pouvoir enfin se jeter dans le grand bain !

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jeudi, 07 novembre 2013

Inside Llewyn Davis

   Les frères Coen s'attaquent à la folk song et à l'Amérique contemporaine, mais attention, pas celle des paillettes et du clinquant, celle des gens pas connus, certains vivant à l'aise, d'autres tirant le diable par la queue.

   C'est dans la seconde catégorie qu'il faut placer le héros éponyme, un chanteur et guitariste talentueux mais qui joue de malchance et semble un peu trop souvent choisir les chemins qui le mènent à l'échec. Dans la première moitié du film, cela donne de nombreux moments de comédie. L'un des fils rouges est... un chat au pelage... roux... très ronronnant, très docile (il ne bouge pas dans les bras du héros, même sous la pluie !... on voit bien qu'on est au cinéma...)... et vraiment très photogénique :

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   Bon, en fait, il y a deux chats, un mâle (nommé Ulysse... qui va faire un "beau" voyage) et une femelle des rues. Franchement, je les kiffe tous les deux. Le héros ne mérite pas l'affection de ces deux adorables sacs-à-puces !

   Parlons-en, du héros. Il a du talent, mais ne perce pas. Il plaît à la copine de son frère (incarnée par Carey Mulligan, exquise jusque dans la grossièreté) mais ne veut pas s'engager avec elle. Il est reçu comme le nouveau Bob Dylan par un couple de bobos new-yorkais et finit par couvrir d'injures la femme de son hôte...

   On rigole quand même souvent, de ses mésaventures comme des situations cocasses dans lesquelles certains personnages vont se fourrer. Et puis il y a cette savoureuse séquence avec John Goodman, dans une bagnole improbable en route vers Chicago. De quoi vous dégoûter du covoiturage à vie !

   La seconde partie est clairement mélancolique... et très complaisante avec le héros. Certes, il semble avoir eu une enfance difficile et le suicide de son partenaire a plombé sa carrière. Mais il ne réagit pas, a du mal a saisir les perches qui lui sont tendues.

   J'ai néanmoins apprécié le "volet social" de son histoire. On découvre qu'il appartient à une famille de marins, son père finissant péniblement ses jours dans un hospice miteux, où le fils décide de se rendre et lui joue un superbe morceau. Ce très beau moment ne suffit toutefois pas à faire de ce long métrage un grand film. C'est un "Coen" mineur, à rapprocher de Burn after reading, loin derrière There will be blood, No Country for old men et True Grit.

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mercredi, 06 novembre 2013

Snowpiercer, le Transperceneige

   Ce film d'anticipation grand public est une surprise à plus d'un titre. C'en fut d'abord une pour moi quand, à l'occasion de sa sortie, j'ai appris que cette oeuvre américano-coréenne est l'adaptation d'une bande dessinée française, dont l'intégrale, encore disponible dans le commerce il y a moins d'un moins, est actuellement en cours de réimpression, tant la demande est forte. (Fallait anticiper, les gars !)

   L'intrigue est construite en trois actes. Dans le premier, on découvre le fond du convoi, où végète ce qui est supposé être la lie de la population. Ils sont sales, vivent les uns sur les autres, dans le bruit et l'insécurité, celle-ci imposée par les nervis aux ordres de l'élite qui vit très bien, presque à l'autre bout du train. Je me demande si, dans la peinture de ce sous-univers qui ne manque toutefois pas de dignité, le réalisateur n'a pas été influencé par Les Bas-Fonds (ceux d'Akira Kurosawa ou peut-être ceux de Jean Renoir). C'est très bien filmé, par l'auteur de The Host et de Memories of murder.

   On notera la présence d'un personnage absent de la BD... un dessinateur, qui "croque" ce trouble univers et distribue une partie de ses oeuvres à ses modèles. Si, dans le film, le rôle est tenu par un acteur, les dessins ont été exécutés par l'auteur français, "invité" à participer au tournage.

   Le portrait de groupe placé au début pose bien les bases de l'intrigue et expose le relationnel qui unit tel personnage à tel autre. Au niveau de la distribution, il faut d'ailleurs signaler la bonne performance de Chris Evans, limite méconnaissable... et surtout de Tilda Swinton, dans un rôle ingrat (une méchante très très laide) qu'elle illumine de son talent.

   Les cinéphiles invétérés remarqueront peut-être quelques clins d'oeil placés ici ou là. A un moment, on a même voulu faire croire aux vieux fans de SF qu'on allait leur resservir un peu de Soleil vert...

   La deuxième partie est un concentré de tension et d'action. Et va-s-y que je te cogne, que je t'écrase, que je te renverse, que je t'étripe... Là encore, c'est bien foutu. Faut juste supporter ce genre de spectacle.

   De temps en temps, une séquence en apparence plus anodine vient interrompre le déferlement de violence. J'ai particulièrement aimé celle de la classe d'école, dans laquelle la bonne conscience rivalise avec la fausse mièvrerie. D'autres épisodes (qui suivent la progression du groupe de rebelles vers l'avant du train) sont plus convenus. Mais si ce n'est pas toujours très original, ce n'est jamais mauvais.

   La dernière partie est plus philosophique. On y découvre aussi certains éléments clés de l'intrigue. La fin m'a un peu déçu, mais elle est dans la logique de ce qui a été dit et montré plus tôt dans le film.

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vendredi, 01 novembre 2013

Gravity

   Cette "gravité" n'est pas que l'attraction terrestre. En anglais comme en français, le terme fait aussi bien allusion au sérieux qu'à la dangerosité. C'est d'abord un film à grand spectacle... et assez peu bavard. Les dialogues soit ont un aspect comique (avec cette véritable machine à blagues qu'est le commandant Kowalski, alias George Clooney, en forme), soit évoquent la vie de l'héroïne Ryan Stone (Sandra Bullock, habituée aux films insignifiants, à quelques exceptions près comme Entre deux rives). Le reste du temps, les sons sont distribués parcimonieusement et la musique (parfaitement adaptée) n'est pas envahissante.

   On peut donc se concentrer sur les images, qui sont magnifiques. C'est joli et spectaculaire, avec notamment un triple bombardement de particules à la dérive. On nous a abondamment montré le premier, mais sachez qu'il y en a deux autres plus tard, dans le film. Cuaron, déjà remarqué (entre autres) pour Les Fils de l'homme, confirme qu'il est un metteur en scène de talent.

   Par contre, je me suis posé la question du réalisme de l'intrigue. Si la vie en orbite semble fidèle à la réalité (comme a pu en témoigner par exemple Claudie Haigneré), je me demande s'il est faisable de rejoindre la station internationale puis la station chinoise.

   En tout cas, cela nous vaut la plus belle séquence du film, dans l'ISS puis le module Soyouz. C'est l'occasion pour le réalisateur de nous faire admirer la plastique de Sandra Bullock (encore super bien gaulée à près de cinquante balais... mais avec un visage qui a subi des retouches) :

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   Le grand écran permet aux spectateurs attentifs de remarquer les superbes abdominaux et les cuisses de nageuse de l'actrice : comme son rôle est assez physique, il est évident qu'elle a dû compléter sa gym régulière par un entraînement un peu plus poussé. (D'ailleurs, d'après Allociné, on avait d'abord pensé à la sportive Angelina Jolie pour incarner l'héroïne.)

   Mais revenons à l'épisode Soyouz. Il est riche à plus d'un titre. Il montre l'apprentie astronaute hésiter entre l'abandon et l'instinct de survie. La relation avec Kowalski-Clooney prend de plus un tour inattendu (alors que ce personnage masculin a connu une évolution à la Mission to Mars quelques minutes auparavant...). L'avant-dernière séquence, dans la station chinoise (elle aussi abandonnée) est presque aussi réussie... et contient une surprenante conversation avec un Chinois !

   La fin pourra décevoir certains, mais elle est dans la logique de l'histoire. J'ai plutôt été agacé par la prolifération du "juste à temps". Le réalisateur aime jouer avec nos nerfs... un peu trop souvent !

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Omar

   La première demi-heure de ce film palestinien est une comédie de moeurs. On y découvre trois amis d'enfance : Tarek, le meneur (qui sort des blagues pourries de chez pourries), Amjad, le hâbleur (dont l'imitation de Marlon Brando fait les délices du quartier) et Omar, le beau gosse intègre, employé sérieux dans une boulangerie. Le héros en pince secrètement pour Nadia, la soeur cadette de Tarek. Régulièrement, il "fait le mur" pour rencontrer en cachette sa dulcinée... et il lui écrit des mots doux.

   Sauf que tout ceci se passe entre Israël et Palestine, la Cisjordanie étant traversée par le mur de séparation. En maints endroits rôdent des soldats de Tsahal qui, à l'occasion, humilient le Palestinien de passage.

   De plus, les trois jeunes hommes sont engagés politiquement, plutôt dans la résistance laïque (peut-être les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa). Notons que la soeur de Tarek ne porte pas le moindre voile. La décision de passer à l'action va bouleverser la vie des trois hommes... et de la jeune femme.

   L'armée israélienne (plus précisément son service de renseignement) se met à jouer un rôle crucial. L'intérêt de ce film est de dénoncer non pas la violence physique exercée par l'occupant, mais la violence morale, à travers les choix cornéliens qui sont imposés aux jeunes Palestiniens. Qu'est-ce qui compte le plus à leurs yeux ? Jusqu'où chacun est-il prêt à aller pour la cause ?... Et qui trahit qui ?

   Le film devient un polar très bien construit, où l'on tente de démêler le vrai du faux. On ne sait pas jusqu'à quel point les personnages mentent. C'est du niveau d'une tragédie grecque : il n'y a pas de bonne solution. Alors, quelle est la moins mauvaise ?

   La montée en tension est maîtrisée, avec toutefois deux invraisemblances : Omar croit un peu trop vite un gros mensonge qu'un personnage lui balance pour sauver sa vie et, plus tard, c'est au tour d'un agent israélien de se faire un peu trop facilement berner.

   La réalisation est au cordeau, avec quelques scènes très enlevées, celles des poursuites dans les ruelles de la ville palestinienne. Après Ajami, Inch'Allah et L'Attentat, c'est une nouvelle fiction coup-de-poing sur le conflit proche-oriental.

   Malheureusement, le talent déployé dans ces films semble inversement proportionnel aux perspectives de règlement du conflit...

mercredi, 30 octobre 2013

Turbo

   Au départ, je n'avais pas l'intention d'aller voir cette nouvelle animation de chez DreamWorks. Et puis j'ai croisé une collègue qui a coutume d'emmener sa progéniture voir ce genre de film. Tout comme moi, elle avait aimé le premier Cars (le second volet étant un peu moins réussi). Turbo lui a plu, alors qu'elle a été déçue par Planes.

   L'histoire démarre de manière comique dans ce jardin où une colonie d'escargots gère la récolte des tomates. La vie des gastéropodes est d'une monotonie affligeante : même les attaques foudroyantes des corbeaux sont intégrées dans le train-train quotidien. De son côté le héros, qui s'appelle en réalité Théo, rencontre quelques difficultés avec les solanacées les plus mûres... On notera aussi la présence d'un personnage négatif, celui d'un petit garçon très très con... mais un peu trop sûr de lui.

    Le schéma narratif est classique. L'individu qui se sent exceptionnel veut sortir de la routine dans laquelle son entourage est engoncé. Le film rend hommage à l'esprit d'initiative, au dépassement de soi et à l'amitié. Il est rempli de clins d'oeil cinématographiques. La séquence qui voit Théo acquérir ses super-pouvoirs est une référence évidente à Fast and Furious... ainsi (sans doute) qu'à Spiderman. Les courses automobiles m'ont fait immanquablement penser à Cars... et je me demande si la présence d'un avion un peu lourdeau, dans une scène, n'est pas une manière de se moquer de Planes.

   Heureusement, cette omniprésence des bagnoles est contrebalancée par un humour efficace. J'ai particulièrement aimé la mise en scène du contraste entre la perception (notamment de la vitesse) des escargots et la vision "objective" qui est donnée ensuite.

   Par contre, je n'ai guère apprécié de voir qu'encore une fois le méchant est un Français. Cela semble être une tendance lourde chez certains tâcherons d'outre-Atlantique. DreamWorks est même un récidiviste, puisque Madagascar 3 était marqué par la même francophobie stupide.

   Ici, elle est concentrée dans le personne de Guy La Gagne, champion automobile égocentrique, toujours vêtu de rouge :

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   C'est un mélange de Michael Schumacher (pour sa grande taille élancée et l'omniprésence du rouge) et d'Alain Prost (pour le visage aux traits marqués et la fierté tricolore, soulignée jusque sur le circuit d'Indianapolis) :

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   Observez bien le sourire de Guy La Gagne dans le film : c'est un décalque évident de celui d'Alain Prost. Le personnage est pourtant présenté au début sous un jour positif : c'est le modèle de Théo et il défend cet esprit d'initiative si cher aux auteurs. On s'aperçoit assez vite qu'il est surtout soucieux d'attirer les caméras et les photographes. Il devient un rival impitoyable pour Turbo... jusqu'au bout du bout !

   Si l'on supporte ces aspects déplaisants, on pourra jouir de la virtuosité de certaines scènes (notamment sur le circuit automobile) et goûter les interventions piquantes des acolytes de Turbo, les escargots (une bande de voyous sympathiques) comme les humains (pas des lumières, mais des gens à tempérament).

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mardi, 29 octobre 2013

Ma maman est en Amérique...

   ... elle a rencontré Buffalo Bill ! Tel est le titre complet de cette animation franco-luxembourgeoise, autobiographique, qui nous plonge dans la France des Trente Glorieuses. Le héros est un petit garçon, Jean, fils d'un chef d'entreprise surtout préoccupé par son travail.

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   Doté d'une imagination débordante, il s'invente des histoires. Il est très influencé par le cinéma américain... et les westerns spaghettis ! Il a un frère cadet, avec lequel il ne s'entend pas toujours très bien... et il regrette l'absence de sa maman. Il y a quand même une femme à la maison : la nounou, Yvette, à la fois inventive et patiente avec les enfants. Julie Depardieu lui prête sa voix, avec talent :

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   Mais la partenaire de jeux que Jean préfère est la (grande) fille des voisins (visiblement moins riches), Michèle, une rouquine à fort tempérament qui se fait coiffer par le garçon... et lui raconte plein d'histoires :

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   Curieusement, c'est elle qui reçoit les cartes postales envoyées par la mère de Jean, partie faire le tour du monde. Comme le garçon ne sait pas lire, il est très dépendant de ce que veut bien lui dire sa jeune voisine. Il y a donc un mystère familial à éclaircir.

   En même temps, ce film restitue très bien l'ambiance qui règnait jadis entre les garçons dans les cours de récréation et l'incroyable rivalité qui portait sur le jeu de billes, celles-ci savamment classées en fonction de leur matériau (terre, verre, métal...) :

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   J'ai failli oublier les heures de classe (bien plus nombreuses à l'époque qu'aujourd'hui, sans que l'on songe à se plaindre...) et cette maîtresse "à l'ancienne" (déjà à l'époque... je vous laisse imaginer le personnage !). L'histoire introduit même la notion de différences culturelles (autour de la fête de Noël).

   Entre roman familial, tranches de vie et tableau historique, ce court film (1h15) est décidément très riche... et à réserver à des enfants déjà un peu grands... ainsi qu'aux parents nostalgiques !

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samedi, 26 octobre 2013

Heimat 1 et 2

   Au départ, Heimat fut une série télévisée d'Edgar Reitz, qui connut un grand succès en R.F.A. puis dans l'Allemagne réunifiée. Par le biais de la fiction (et d'un village imaginaire), elle relatait le siècle tumultueux que la population allemande avait vécu, de 1919 aux années 1980, puis 1990, enfin 2000.

   Le film en deux parties qui vient de sortir en France en constitue une sorte de prologue, situé au début des années 1840. A cette époque, l'Allemagne n'existe pas en tant qu'Etat. Le sentiment national est lui bien vivant, mais la "patrie" (traduction imparfaite du mot "Heimat") est plus le petit pays qui sert d'horizon aux ruraux qui se tuent quotidiennement à la tâche.

   L'action se déroule dans la part occidentale du royaume de Prusse, en Rhénanie (aujourd'hui partagée entre deux Länder, la Rhénanie-Palatinat et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans une région appelée Hunsrück (dont l'étendue correspond à la moitié de celle de l'Aveyron) :

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   La première partie est sous-titrée "Chronique d'un rêve". Pour les Aveyronnais, il faut imaginer l'Allemagne profonde cent ans avant Farrebique, dans un pays qui n'a pas connu la Révolution française (certains privilèges n'ont pas été abolis), même si, la guerre aidant, les troupes françaises ont laissé des traces dans la région. (Trente ans après, une femme a encore en sa possession le savon d'un officier tricolore !)

   C'est un magnifique noir et blanc, d'où émerge de temps à autre un détail coloré, comme une pièce d'or, un morceau de verre déformant, un drapeau ou les pétales d'une fleur :

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   Mais, alors que Georges Rouquier, au-delà "des travaux et des jours", avait voulu montrer la communion des hommes et de la nature, Edgar Reitz fait plutôt oeuvre d'historien, reconstituant la vie au village dans ce qu'elle avait de pénible et de joyeux, de routinier et de changeant. L'Ouest de la future Allemagne est sur le point de s'ouvrir à la modernité.

   Le noble du coin, auquel on doit respect, n'est pas présenté au départ comme un mauvais bougre. Il sait même se montrer généreux à l'occasion. On découvre la vie simple et globalement difficile de ces ruraux qui n'ont rien d'exceptionnel, à première vue.

   Tout le monde est un peu paysan, même ceux qui ont une activité principale autre, comme le forgeron, père du héros. Celui-ci, Jakob, est le fils indigne. Alors que l'aîné s'est illustré dans l'armée et, une fois de retour, se dévoue à l'entreprise familiale, le cadet est le plus souvent le nez dans les bouquins, au désespoir de son père. Le jeune homme s'est vite rendu compte qu'il parvenait à apprendre vite beaucoup de choses, grâce à ses lectures. Il dévore notamment les récits de voyageurs... et apprend petit à petit à déchiffrer des langues étrangères. Les confrontations avec son père constituent souvent des moments de comédie.

   Mais il y a aussi cet amour naissant pour Henriette, une ravissante blonde, dont la réserve naturelle cache un tempérament fougueux. Elle et sa meilleure amie brune sont l'objet de l'attention des deux fils du forgeron. Une soirée festive va sceller le sort d'au moins un couple, mais pas dans le sens auquel les spectateurs se seraient attendus.

   Pour Jakob, la déception amoureuse et la répression des revendications républicaines des révolutionnaires allemands vont être des déclencheurs.

   La seconde partie du film est sous-titrée "L'Exode". Plus longue, elle donne à voir les causes multiples du mouvement d'émigration qui a frappé les territoires germaniques au XIXe siècle. On a plus souvent entendu parler de l'installation en Amérique du Nord. Ces personnages-ci ambitionnent de partir au Brésil. Cela nous vaut une séquence pittoresque, au cours de laquelle des Portugais viennent faire de la retape pour l'empire sud-américain.

   Auparavant, on aura vu le village traverser les pires épreuves, de l'hiver glacial à l'épidémie, en passant par la prison royale, pour quelques-uns des héros. De retour, Jakob comprend qu'il aura du mal à s'intégrer à nouveau à la communauté. Un mariage est célébré. Dans le même temps, le frère aîné est tenté par la modernité : il met au point une machine à vapeur. Mais, dans le village, beaucoup songent à partir.

   L'histoire alterne moments de joie et de douleur. La mort et la maladie frappent, sans parler même des déconvenues sentimentales. Incidemment, on perçoit aussi les tensions religieuses, entre catholiques et protestants, qui ne cohabitent pas dans le village, mais peuvent se croiser dans la contrée. La seule soeur survivante de Jakob (les parents ont perdu six enfants en bas âge) a été reniée parce qu'elle a épousé un "papiste" (un gars de la Moselle par dessus le marché !). La situation évolue dans cette partie du film.

   L'une des dernières séquences montre le départ de l'expédition. Elle doit rejoindre d'autres convois issus eux aussi de Rhénanie, direction la mer du Nord puis, au terme de plusieurs étapes, le Brésil. On ne les voit désormais plus à l'écran, mais, grâce à des lettres, on finit par savoir ce qu'ils sont devenus.

   Sur presque quatre heures, cela constitue une fresque impressionnante, d'une grande qualité plastique, très bien jouée. La grande histoire se marie parfaitement avec la petite, celle du quotidien de ces gens ordinaires auxquels on finit par beaucoup s'attacher.

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vendredi, 25 octobre 2013

Sur le chemin de l'école

   Ce documentaire suit en alternance quatre types d'enfants, tous nés dans un "pays en développement" : Jackson et Salomé dans la savane kényane, Zahira et ses copines dans les montagnes marocaines, Samuel et ses frères dans la campagne indienne, Carlos et sa soeur en Patagonie.

   Le montage est habile : on retrouve chaque groupe d'enfants à plusieurs reprises, à chaque fois à un stade différent de son périple. Trois des quatre groupes effectuent leur trajet (de 10 à 20 kilomètres) chaque jour, aller et retour, alors que les Marocaines partent le lundi pour ne revenir que le vendredi. Dans la salle, les parents sont accompagnés de leurs petits... alors que c'est aux ados blasés, gâtés pourris, rivés à leur téléphone portable (ou à leur console de jeux) que cette projection ferait le plus grand bien.

   Qu'en retenir ? Que le Kényan Jackson est d'une vive intelligence, qui transparaît en particulier dans l'une des scènes de la dernière partie du film. Au passage, son périple (et celui de sa soeur cadette) nous aura permis d'accéder à de superbes images de la savane, avec ses girafes et ses éléphants.

   De leur côté, les gamines de l'Atlas doivent faire preuve d'inventivité pour arriver à l'internat dans les temps. On s'aperçoit aussi que la société marocaine est devenue très individualiste. Chacun vaque à ses occupations, sans se préoccuper de l'autre. Je vous laisse aussi découvrir le rôle de la poule que Zahira transporte dans un sac.

   Les plus méritants sont les Tamouls (originaires du Sud-Est de l'Inde), l'un des frères étant sévèrement handicapé sur le plan physique (mais brillant sur le plan intellectuel), les deux autres joignant tant bien que mal leurs forces pour l'emmener jusqu'à l'école, où il reçoit un accueil qui fait chaud au coeur. C'est dans cette partie de l'histoire que sont glissés quelques moments de comédie.

   En Argentine, les paysages sont aussi magnifiques, mais je dois avouer que j'ai été moins touché par ce chapitre-là.

   Le gros défaut du film est le doublage en français, vraiment mauvais (il sonne très artificiel). Il aurait mieux valu procéder comme dans certains reportages télévisés : garder les vraies voix des protagonistes en fond sonore et leur superposer la traduction. On sent aussi à plusieurs reprises le côté scénarisé de certaines scènes, que l'on a visiblement demandé aux gamins de rejouer. Mais cela reste globalement un divertissement plaisant... et civique.

21:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film