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dimanche, 12 juin 2011

La Conquête

   On peut voir ce film de deux manières : soit comme une comédie satirique, soit comme une réflexion sur la politique.

   Commençons par la comédie. Elle est grinçante, souvent drôle... et surtout très bien jouée. Denis Podalydès s'est bien coulé dans le moule sarkozyen, même si je trouve que, parfois, il en fait un peu trop. Pour toucher juste, il aurait fallu que le personnage s'éloigne un peu de l'image qu'il VEUT donner et de celle que véhiculent les émissions comme Les Guignols de l'info. Si l'on reconnaît bien le futur président de la République, la manière dont il est incarné ne nous apprend rien sur ses zones d'ombre. Mais c'est peut-être un choix.

   La meilleure interprétation est sans doute à mettre au compte de Samuel Labarthe, excellent en Dominique de Villepin. Il réussit à faire toucher du doigt toute l'ambiguïté du type : un républicain traditionnel, très habile... et surtout sans scrupule, magouilleur comme c'est pas permis. L'une des meilleures scènes est sans doute celle qui le montre sur son rameur d'appartement, écoutant la radio, qui évoque les déboires de son ennemi juré.

   Le ressort de la comédie est la rivalité qui oppose N. Sarkozy à J. Chirac (Bernard Le Coq... mouais) et D. de Villepin. Tout tourne autour d'eux. La pléiade de seconds rôles est une des forces du film. Parmi l'ensemble, on peut distinguer Hippolyte Girardot, tout en sobriété en Claude Guéant.

   Les dialogues fourmillent de bons mots, une bonne partie d'entre eux étant connus. C'est donc assez truculent.

   Par contre, les scènes de couple sont à mon avis souvent ratées, non pas par la faute des comédiens (Florence Pernel est très bien en Cécilia), mais à cause de la direction d'acteurs et d'une musique sirupeuse ou larmoyante, qui devient rapidement insupportable.

   Mais le vrai problème vient de la vision de la politique que ce film véhicule. Les "gens normaux" en sont quasiment exclus. Ce ne sont que des pions dont "l'élite" a besoin pour faire aboutir ses ambitions. Alors, on ment, on manipule, on s'appuie sur des médias complaisants. En lisant cela, on doit avoir l'impression que le film est un véritable brûlot. Pas du tout, en fait ! Ce n'est pas montré de manière critique, juste en passant, le tout noyé dans la pochade, avec une musique de cirque qui fait tout prendre à la légère.

   Pourtant, il y aurait à dire sur la complaisance des médias envers Sarkozy (qui ne cesse de se plaindre d'eux, cela fait partie du jeu). Les liens de celui-ci avec l'oligarchie économique sont à peine abordés, un comble pour le candidat du CAC 40 ! On nous laisse sur notre faim avec une soirée du Fouquet's expédiée et édulcorée. A plusieurs reprises, le film rate l'occasion de mettre le candidat en contradiction avec ses propos, par exemple quand on nous le montre affirmant vouloir effectuer une retraite monastique... en évacuant la véritable "retraite", sur le yacht de Vincent Bolloré.

   Sur le fond, le petit monde parisianiste, qu'il soit de gauche ou de droite, est incapable de prendre le recul suffisant sur un tel sujet. On l'a déjà vu avec Yasmina Reza, finalement très en empathie avec le sujet de L'aube, le soir ou la nuit. Karl Zéro n'a pas échappé à ce travers dans son sTarko.

   Malgré toutes ces réserves, on peut, si l'on veut passer une bonne soirée, se contenter d'aller voir une comédie réussie.

  

samedi, 04 juin 2011

La défense Lincoln

   Le titre est bien choisi : le héros est un avocat pas très scrupuleux, beau gosse qui présente bien ,et son cabinet de travail est... sa voiture, une Ford Lincoln à l'arrière de laquelle il gère ses rendez-vous, pendant que conduit son homme à tout faire.

   Le gars est un vrai renard, mais il va découvrir aussi rusé que lui. C'est donc l'histoire d'un avocat qui se retrouve piégé. Je ne vous dis pas comment. L'un des ressorts de l'intrigue est de comprendre la machination qui est construite autour de lui. Le suspens porte sur la résolution de l'affaire : va-t-il s'en sortir ? Comment ?

   L'autre aspect concerne la vie privée du héros, divorcé d'une charmante procureure, papa pas très présent, alcoolique sur les bords... et sans doute (ancien) coureur de jupons. Une rédemption serait-elle à l’œuvre ? (Ouais, on est à Hollywood, man.)

   Je recommande ce film, qui risque hélas de disparaître rapidement des écrans. C'est un bon polar, bien filmé, avec une musique pas dégueu (un mélange de soul et de rap, et des paroles en adéquation avec le film, pour ce que j'ai pu en comprendre). Les acteurs sont très bons... mais aucun n'est une vedette de premier plan. Matthew McConaughey s'est surtout fait connaître par ses rôles de beau gosse. (Le film s'appuie dessus, d'ailleurs.) Marisa Tomei a trop souvent été confinée au second plan, alors qu'elle mérite mieux. Ajoutez à cela des pros des seconds rôles (William H Macy et Bob Gunton) et un jeune qui tarde à éclater (Ryan Philippe, remarqué dans Mémoire de nos pères), et vous obtenez un très bon cocktail.

   On nous ménage de l'incertitude jusque dans le dernier quart d'heure... et, si la fin n'est pas d'une moralité au-dessus de tout soupçon, elle est très américaine : elle concilie droit et pognon !

15:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

jeudi, 02 juin 2011

Rio

   Ce dessin animé est encore programmé, ce qui permet à des retardataires dans mon genre d'en profiter... en deux dimensions. (Je n'ai pas cherché à le voir en "3D".)

   Le héros est Blu, un drôle d'oiseau : un ara bleu qui, enlevé tout petit et devenu par hasard le compagnon d'une libraire du Nord des Etats-Unis, ne sait pas voler. L'histoire va le ramener au Brésil, à Rio de Janeiro. (Au passage, signalons que ce type d'oiseau se trouve en général plus au nord du continent sud-américain.)

   La première séquence de forêt (qui se conclut de manière abrupte), nous en met plein la vue. C'est virevoltant et les couleurs sont vives. Vient ensuite la vie américaine de celui qui va être nommé Blu. Les traces d'humour débarquent et ne quittent plus le film qui, bien que comportant quelques moments semi-tragiques et/ou émouvants, reste sur le ton du divertissement bon enfant... parfois légèrement graveleux.

   Dans ce domaine, l'un des meilleurs moments est sans conteste l'irruption de la famille Toucan, avec ces bambins insupportables... et un papa plein de ressources ! J'ai aussi bien aimé le gang des singes... à qui il arrive des bricoles.

   Les scénaristes ont eu l'habileté de vraiment faire se chevaucher les péripéties humaines et les péripéties animalières. Cela donne du rythme et de la variété à l'intrigue. De surcroît, la musique n'est pas insupportable.

   Il ne faut pas y chercher grand chose de plus. On apprécie que personnages masculins et féminins soient mis sur le même plan. On approuve la dénonciation du commerce d'animaux exotiques. On compatit aux malheurs du gamin des favelas... mais cela ne va pas plus loin. On a juste droit à une balade chaotique en moto dans les ruelles d'un quartier pauvre. (Si vous êtes à la recherche de quelque chose de plus puissant, tournez-vous vers l'excellent La Cité de Dieu.)

   De Rio restent des images de carte postale : la baie, le Christ rédempteur, les lumières de la ville et le carnaval. En matière d'animation, le savoir-faire est indéniable. C'est suffisant pour passer un bon moment.

   P.S.

   Dans la version française (celle que j'ai vue), c'est Lorant Deutsch et Laetitia Casta qui prêtent leur voix (avec talent) aux héros.

16:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

mercredi, 11 mai 2011

Cabeza de Vaca

   C'est un "vieux" film, sorti à l'origine en 1991 (dans la perspective de la célébration du cinquième centenaire de la "découverte" de l'Amérique), remis dans le circuit en 2011.

   Il s'inspire de la Relation de voyage rédigée par le héros, Alvar Nunez Cabeza de Vaca, un conquistador, à l'origine à la recherche d'un beau butin, et qui a traversé à pieds une partie du continent américain.

   Comme cela a été tourné par un Mexicain (Nicolas Echevarria), on peut s'attendre à ce que ce ne soit pas un morceau de bravoure en l'honneur des conquérants sanguinaires. Non, le réalisateur louche plutôt du côté de Werner Herzog et de son Aguirre...

   ... pour le meilleur comme pour le pire. Le pire vient vite : certaines scènes sont mal jouées. C'est dû à la fois à la présence de comédiens non professionnels mais aussi (et surtout), à la faiblesse de la direction d'acteurs qui, je pense, s'est limitée à donner des consignes générales en plus du dialogue à débiter. Après, avec des mecs doués, on peut atteindre la grâce... ou tomber dans la daube.

   Du coup, le film alterne des moments ratés (les scènes de radeau sont vraiment mauvaises... ça sent le tournage cheap en studios) et des séquences particulièrement inspirées, où interviennent souvent les "Indiens" rencontrés par le héros.

   Il y a tout d'abord la période de captivité (et d'esclavage), qui voit cet Européen pétri de certitudes devenir la bonniche d'un Indien nain et manchot, farceur de surcroît ! Le compagnon de celui-ci est un grand baraqué un peu magicien sur les bords. On nous entraîne sur les rives du chamanisme. Cela devient passionnant, d'autant plus que le héros se découvre un don de guérisseur.

   Libéré, il poursuit son périple vers l'ouest, à la rencontre d'autres peuples, d'autres cultures. En chemin, il retrouve des rescapés de l'expédition espagnole d'origine. Le fossé qui s'est creusé entre l'acculturé européen et ses anciens compagnons est bien mis en scène.

   Les dialogues ne sont pas nombreux (et tant mieux : ils sont en général médiocres). Par contre, j'ai apprécié la musique et les chants, bien insérés dans le déroulement de l'histoire.

   Si l'on est prêt à supporter des maladresses et quelques faiblesses pour accéder à plusieurs bons moments de cinéma, on peut se laisser tenter par ce film.

mercredi, 04 mai 2011

John Rabe

   Cet Allemand est le héros éponyme d'un film historique qui a pour cadre le massacre de Nankin, commis en 1937-1938 par les soldats japonais tentant de conquérir la Chine.

   John Rabe est ce que l'on appelle un "juste", un simple citoyen qui a contribué à sauver des milliers de vies, celles de Chinois (surtout de Chinoises) qu'il a décidé d'abriter dans une zone de sécurité délimitée dans la ville de Nankin et, au départ, destinée aux populations européennes présentes sur place, que les Japonais n'ont pas attaquées.

   Le film est de facture très classique : la réalisation est propre, sans fioritures. L'image est soignée. Les acteurs sont bons. La musique est par contre un peu trop présente, donnant un ton parfois trop mélodramatique. Cela se comprend quand on sait que ce massacre est, pour les Chinois, un peu l'équivalent d'Auschwitz pour les Européens.

   Le paradoxe est que l'un des instigateurs du sauvetage de dizaines de milliers de Chinois est un employé de Siemens, membre du NSDAP (et fervent adepte du Führer... on est en 1937)... oui, un nazi, mais pas un fanatique, ainsi que le film prend soin de le préciser. On notera d'ailleurs un aspect consensuel du scénario, qui fait en sorte que chaque "communauté" présente au moins un ou deux éléments positifs (même les Japonais). A John Rabe s'oppose donc la personne envoyée par Berlin pour lui succéder, un nazi pur sucre qui sert de repoussoir.

   Les séquences de violence alternent avec d'autres, plus intimistes, ou avec des moments plus enlevés, spectaculaires, comme cette scène qui voit le déploiement d'un gigantesque drapeau nazi pour protéger les réfugiés chinois. Cela ne manque pas de souffle.

   Le massacre est donc montré du côté européen (le film s'articule autour du journal écrit par John Rabe, publié seulement à la fin du XXe siècle), ce qui fait que, même si on a droit à quelques scènes détaillant les horreurs commises par les soldats japonais, on reste à mon avis en dessous de la vérité.  (Comme je l'ai entendu dire dans une émission de La Marche de l'histoire, les Japonais ont commis les mêmes crimes que les nazis durant la Seconde guerre mondiale, à l'exception des chambres à gaz.) Ces scènes n'en restent pas moins très fortes, choquantes, comme celle de l'exécution de plusieurs  centaines de prisonniers chinois en pleine campagne ou celle du viol de l'une des élèves de l'école européenne.

   On a réservé une place assez importante aux acteurs chinois, même si, globalement, ce ne sont que des seconds rôles. Le personnage le plus présent à l'écran est celui de Langshu, cette lycéenne passionnée de photographie, dotée d'un physique propre à faire chavirer les cœurs... Côté japonais, le portrait qui est tracé du prince impérial (oncle de l'empereur) est particulièrement gratiné. Il n'est peut-être hélas même pas caricatural.

   Tous les acteurs, européens, chinois et japonais, sont excellents. Le souci du réalisme a poussé le réalisateur à les faire s'exprimer dans leur langue, même s'ils communiquent entre eux en anglais. Côté allemand, Ulrich Tukur (qu'on avait remarqué notamment dans Amen, Le Couperet de Costa Gavras et La Vie des autres) est remarquable en John Rabe. On retrouve aussi avec plaisir Daniel Brühl (révélé par Good bye, Lenin !). Steve Buscemi surprend agréablement en chirurgien anglais alcoolique farouchement antinazi.

   Le film s'achève par des compléments biographiques sur les personnages incarnés à l'écran.

lundi, 02 mai 2011

Moi, Michel G, milliardaire, maître du monde

   Sous la forme d'un documentaire (à l'image bien léchée), cette fiction nous propose le film qui ne se fera sans doute jamais, celui de la vie d'un "grand patron" dynamique, filmée au quotidien par un réalisateur de gauche sans concession.

   Ce chef d'entreprise, remarquablement interprété par François-Xavier Demaison (déjà remarqué pour sa performance dans C'est l'histoire d'un mec), a des airs de Bernard Tapie (pour le côté vulgaire et sans état d'âme) et de Jean-Marie Messier (avec une pincée de Vincent Bolloré) : l'acteur a réussi à prendre certains de leurs tics d'expression, notamment lors de la séquence de l'entrevue du journal télévisé. Demaison fait croire à son personnage, le défend par sa manière de jouer : ce n'est pas un portrait exclusivement à charge, même si l'on sort de là avec une bien piètre opinion des "patrons voyous".

   Le réalisateur a aussi donné leur chance aux autres personnages "négatifs", les grands fauves du petit monde politico-économique français. On peut même s'amuser à essayer de mettre des noms sur les visages : Guy Bedos campe sans doute un mélange de l'ancien PDG de la Générale des Eaux, Guy Dejouany, et de Claude Bébéar, ex-PDG d'AXA. L'inévitable Alain Minc se cache derrière l'un des acteurs etc.

   J'ai bien aimé le personnage de l'épouse sans complexe du héros. Le portrait qui est fait d'elle est très acide mais, là encore, l'actrice (Laurence Arne, efficace) a eu la possibilité de lui donner un peu d'épaisseur.

   Face à cette brochette de requins on trouve le documentariste "engagé", Joseph Klein, alias sans doute Pierre Carles. C'est notamment perceptible dans les séquences où le cinéaste est filmé au téléphone, une marque de fabrique du style Pierre Carles. Le début du film est particulièrement évocateur : Klein réussit finalement à obtenir l'accord de Ganiant-Demaison (eh oui, le héros s'appelle Ganiant !), ce à quoi Pierre Carles n'est pas arrivé avec Tapie dans Fin de concession.

   On ne nous cache pas le risque de connivence, d'autant plus que l'homme au centre du documentaire joue sur la proximité, la familiarité et s'appuie sur ses supposées failles (il a un petit côté Sarkozy finalement). Le réalisateur se paie même le luxe de faire parfois passer son documentariste redresseur de torts pour un petit goujat.

   Mais c'est d'abord et surtout une comédie. Et on rigole ! L'humour réside dans les dialogues, ciselés, et dans le comique de situation. Le patron est souvent mis devant ses contradictions, entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Il proclame aussi sans honte quelques énormités (qui ont choqué une partie du public -sans doute de gauche - de la salle où je me trouvais), avec un cynisme fort réjouissant. Enfin, il y a les animations, limite infographies, dont le réalisateur émaille les séquences. Certaines transforment quasiment le "héros" en personnage de manga (genre Le Collège fou fou fou... enfin, pas tout à fait quand même). Une est particulièrement réussie, qui voit s'afficher à l'écran les liens qui unissent plus ou moins secrètement les invités d'une réunion mondaine où l'on vient causer pognon.

   Cerise sur le gâteau : le scénario fait oeuvre de pédagogie sur les arcanes du gouvernement d'actionnaires.

   C'est peut-être le meilleur film français sorti récemment et il ne bénéficie hélas pas de la diffusion qu'il mérite...

dimanche, 01 mai 2011

Source Code

   En bon français, il aurait fallu traduire le titre par Code Source. Trop d'anglicisme tue l'anglicisme...

   On a souvent comparé ce film à L'Effet papillon (que je vous recommande) : l'argument scénaristique est la modification du passé, le tout avec un arrière-plan sentimental. Une référence à l'excellent L'Armée des douze singes aurait été plus judicieuse : la propulsion du héros (du moins d'une partie de lui) dans le passé a pour but d'éviter une catastrophe. Ceci dit, les deux références sont pertinentes (on aurait même pu en ajouter une troisième : Retroaction) : le film oscille entre le tragique (il semble impossible de modifier le passé) et le romantisme (les sentiments peuvent-ils passer la barrière du temps... et du numérique ?).

   Le héros, très bien interprété par Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Le Jour d'après, Jarhead, Zodiac), est un soldat américain, à l'origine en opération en Afghanistan, qui se retrouve mêlé à un projet scientifique novateur. En gros, c'est un cobaye involontaire, utilisé pour déjouer un attentat terroriste, que le spectateur comme le héros est amené à vivre plusieurs fois.

   Ce soldat est donc "envoyé" (je n'en dis pas plus pour préserver un peu de mystère) dans l'esprit d'une des victimes de l'attentat, qui voyageait en compagnie d'une amie (un vrai petit canon... l'intrigue aurait sans doute été bouleversée si, à sa place, on avait mis une personne de 120 kg dotée d'un bec-de-lièvre).

   Il n'a que huit minutes pour, non pas déjouer l'attentat, mais trouver la bombe et le terroriste. Au fur et à mesure que le film avance, on comprend pourquoi il ne dispose que de huit minutes et pourquoi on n'attend pas de lui qu'il déjoue l'attentat. A chaque fois, au bout des huit minutes, il quitte la scène de la tragédie et se retrouve dans son caisson, en liaison avec une capitaine qui a l'air d'en pincer un peu pour lui. On lui laisse peu de temps pour récupérer (on pense qu'un deuxième attentat est en préparation), avant de le renvoyer vivre à nouveau la même scène, qu'il essaie donc à chaque fois de modifier.

   La base scénaristique est excellente... et le suspense bien maintenu : l'identité du véritable terroriste n'est pas facile à deviner et la fin de l'histoire n'est pas tout à fait prévisible. (Moi, j'aurais été encore plus tordu, mais bon, hein, faut viser le grand public.) Attention toutefois, ce n'est pas un chef-d'œuvre : la tension tragique est moins aboutie que dans L'Armée des douze singes et je dois reconnaître que le scénario de L'Effet papillon était un peu plus virevoltant. J'ajoute que la version française n'est pas démente. Mais cela reste un très bon film, qui n'a hélas pas bénéficié d'une bonne diffusion en France. Quand je vois la brochette de bouses qui occupe les écrans ruthénois, j'enrage !

14:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

jeudi, 28 avril 2011

Rango

   C'est un film d'animation qui ne sort pas des studios les plus réputés (Pixar, Disney ou DreamWorks). Aux manettes, on trouve un habile faiseur, Gore Verbinski, pas connu cependant pour sa maîtrise du film d'animation. (C'est le réalisateur des trois Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl, Le Secret du coffre maudit et Jusqu'au bout du monde.)

   Le personnage principal est un caméléon qui ne change pas de couleur... et dont on ne connaît pas le véritable nom ! (Ben oui, "Rango" est un pseudo qu'il prend dans un bar, je vous laisse découvrir dans quelles circonstances.)

   La première séquence est déroutante, verbeuse... et le spectateur attentif comprend qu'il s'agit d'une mise en abyme. Elle est un peu à l'image du film, très "second degré", pas toujours facile à saisir pour les bambins, d'autant plus que les dialogues sont écrits dans un langage plutôt relevé pour un public enfantin... sauf quand il y a des injures.

   Après cette introduction à moitié réussie, le film enchaîne les séquences emballantes : la lutte avec l'aigle du désert, le passage au saloon (où notre héros se révèle un mythomane de premier ordre... dommage que l'on ne l'ait pas fait doubler par Franck Dubosc), une poursuite par des Walkyries-chauves souris (si, si), entre autres.

   L'intrigue se met en place, sur fond d'injustice et de spéculation. Eh oui, le scénario est bon ! Ajoutez à cela une animation très soignée (pas aussi virtuose que dans les meilleurs Pixar toutefois) et des "caractères" bien trempés (de la biquette qui se fige au vieil oiseau-Indien, en passant par les taupes délinquantes et le super-serpent-qui-siffle-sur-nos-têtes), et vous obtenez un mélange réussi.

   Les cinéphiles peuvent aussi s'amuser à repérer les inévitables références aux westerns de légende. On a puisé dans les productions de Sergio Leone (dont l'un des acteurs fétiches incarne "l'Esprit de l'Ouest"), ainsi que dans des classiques comme Le Train sifflera trois fois. Quentin Tarantino semble aussi avoir été mis à contribution... et Gore Verbinski se permet même de s'autoparodier, puisque le surgissement des taupes ressemble à s'y méprendre à l'une des scènes de Pirates des Caraïbes !

   Bref, c'est un honnête divertissement, formellement soigné, pas idiot sur le fond.

13:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mercredi, 27 avril 2011

L'Assaut

   C'est le nouveau film de Julien Leclercq, remarqué il y a quelques années pour un polar de science-fiction de bonne facture, Chrysalis.

   Ici, il est question du détournement de l'avion d'Air France par quatre terroristes du GIA, à la Noël 1994. La prise d'otages s'était terminée par un assaut victorieux des hommes du GIGN. Le personnage principal, Thierry, est incarné sobrement et efficacement par Vincent Elbaz. (Notons que le vrai Thierry a livré une narration de l'assaut tel qu'il l'a vécu et qu'il est au cœur d'un documentaire qui a été diffusé sur LCP.)

   Le réalisateur nous offre quatre visions de l'histoire : celle des terroristes, celle des hauts fonctionnaires français qui suivent la crise, celle des membres du GIGN (présentés comme des héros) et celle de l'épouse de l'un d'entre eux. Des images d'époque ont été ajoutées : elles avaient été diffusées dans les journaux télévisés. (Un caméraman s'était démené comme un beau diable pour ramener des images de l'assaut.)

   C'est très bien joué. Tous les acteurs, arabophones comme francophones, sont convaincants. Je mettrais juste un bémol sur le personnage de l'épouse, systématiquement montré comme faible, au bord des larmes. Mais, bon, il n'est pas facile d'être l'épouse d'un commando d'intervention.

   Le souci de réalisme est omniprésent. (Pour le scénario, on a puisé dans un bouquin paru en 2010, que les auteurs sont venus présenter sur TV5.) Grâce à une utilisation pertinente des sons (du bruitage notamment), on se retrouve même régulièrement dans la tête du héros. On n'apprend cependant pas grand chose sur le fonctionnement du GIGN. (Pour cela, mieux vaut visionner un documentaire de 2008.) Tel n'est pas le but du film, bâti sur la tension : même si on sait à peu près de quelle manière cela s'est terminé, on ne se remémore pas forcément tous les détails de l'affaire... le nombre de victimes notamment.

   Nombre de séquences sont spectaculaires. La réalisation est pêchue, nerveuse, parfois caméra à l'épaule. (Dans une grande salle, ça en "jette".) Cela rappelle le style de Paul Greengrass. La presse l'a noté, faisant référence au dernier (grand) film de ce metteur en scène, Green Zone, alors qu'il aurait été plus judicieux de rappeler l'excellent Vol 93. En effet, au-delà du film d'action maîtrisé, le propos est de pointer le fait que, dès 1994, des intégristes musulmans ont conçu un attentat spectaculaire contre un symbole occidental : la Tour Eiffel.

   Le principal manque du film est l'absence du contexte algérien : la guerre civile qui ensanglante le pays mais aussi les relations complexes entretenues par la France avec son ancienne colonie. Voilà ce qui aurait permis de faire un "grand" film. Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant.

   Néanmoins, le succès commercial n'est pas tout à fait au rendez-vous. Je pense que c'est lié à l'ambiance qui régnait en France au moment de la sortie, pas très bien choisie. On était en pleine campagne des élections cantonales, avec un débat mal orienté sur l'islam et la laïcité. Une partie de la critique (celle qui a descendu le film) n'a peut-être pas apprécié une évidence rappelée par L'Assaut : ces terroristes étaient des hommes jeunes, des idéalistes, mus par une foi profonde (un aspect que l'on retrouve dans le Vol 93 de Greengrass).

   A ce détournement avorté a succédé une série d'attentats, en France, en 1995-1996.

14:15 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

dimanche, 24 avril 2011

"Gasland"... et la France

   J'ai vu une version raccourcie du film (d'une durée d'environ trois-quarts d'heure, le double pour la version intégrale), projetée lors de réunions d'information (elles se sont multipliées ces dernières semaines dans le Sud du Massif Central).

   L'auteur, Josh Fox, n'était sans doute pas destiné à s'engager dans un combat de ce type.  (Apparemment, il travaille dans le milieu du théâtre.) Comme il l'explique au début, c'est parce qu'il a été contacté par une entreprise qui exploite les gisements de gaz de schiste qu'il s'est renseigné... et qu'il est devenu farouchement opposé aux procédés industriels mis en oeuvre.

   Dans la lignée des (bons) documentaristes polémiques américains, il fait le lien entre pouvoir politique et lobbying économique. Le paradoxe est que, si c'est bien sous la présidence républicaine de George W Bush que les entreprises du secteur ont obtenu des facilités d'exploitation, c'était en contradiction avec la législation protectrice de l'environnement (notamment de l'eau), mise en place sous un autre président républicain, Richard Nixon (qui ne fut pas que le poseur de micros du Watergate... il avait cependant dû composer avec un Congrès démocrate). On retrouve l'influence de Michael Moore quand le réalisateur nous montre les difficultés qui se sont présentées à lui quand il a voulu rencontrer des représentants des industriels.

   Vient ensuite la description des procédés mis en oeuvre. N'étant pas biochimiste, je n'ai pas pu apprécier toute la poésie des noms qui nous sont débités. Reste que quelques-uns d'entre eux évoquent plutôt des produits toxiques. A cela s'ajoute la description, pédagogique, de l'hydrofracturation. Elle nécessite des quantités pharaoniques d'eau... sans parler de son transport. (Au passage, signalons qu'au niveau du sous-titrage, on semble avoir eu des problèmes à convertir les gallons en litres...)

   Mais la partie la plus touchante du film est celle qui propose les témoignages de ceux qui subissent déjà les conséquences de l'exploitation des gaz de schiste. Josh Fox s'est rendu en Pennsylvanie, puis dans l'Ouest des Etats-Unis, notamment au Texas et au Colorado... et ce qu'il nous montre fait frémir.

   Les humains comme les animaux (dont les poils tombent) deviennent malades. Cela semble dû à la consommation de l'eau. A la pollution de l'eau s'ajoute celle de l'air. Dans les régions très rurales (où la densité est inférieure à cinq habitants par kilomètre carré), il n'existe souvent pas de système public d'adduction d'eau. Les habitants sont donc conduits à forer leur propre puits pour accéder à une source souterraine. Ce sont ces sources qui sont contaminées. Cela nous donne les scènes les plus spectaculaires du film, avec cette eau du robinet qui prend feu au contact de la flamme d'un briquet...

   Les défenseurs des industriels ont d'ailleurs tenté de démonter cet argument... ce dont on retrouve une trace dans l'une des interventions de la ministre de l'Ecologie (du Développement durable, des Transports et du Logement), Nathalie Kosciusko-Morizet, lors du débat qui s'est tenu le 29 mars 2011 à l'Assemblée nationale (voir dans le dernier quart du compte-rendu). Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'il ne faut pas oublier que la ministre est polytechnicienne, même si elle  a choisi une spécialisation en biologie. Pour être honnête, il faut ajouter que c'est son prédesseur, Jean-Louis Borloo, qui a signé les permis d'exploration qui font polémique en France.

   Dans notre beau pays, on se soucie beaucoup de la question énergétique. Les élites qui nous gouvernent, au-delà d'un discours désormais très convenu sur le développement durable, semblent surtout préoccupées par le nucléaire et les énergies fossiles. On croit que la France en est dépourvue. C'est une erreur, comme on peut le constater sur le site du ministère du Développement durable. Si, pour l'instant, c'est l'exploitation des gisements "classiques" d'hydrocarbues qui a été privilégiée, de nombreux permis d'exploration ont été accordés... et d'autres sont envisagés.

   L'Aveyron est concerné à deux niveaux. Le Sud-Est du département (tout comme la Lozère, le Gard et l'Hérault) est menacé par le permis de Nant (du nom d'une commune aveyronnaise) :

Aveyron schistes LaDépêche 27 01 2011.jpg

   On remarque que, concomitamment à ce permis, d'autres ont été accordés, pour le Gard seul et pour l'Ardèche (celui de Villeneuve-de-Berg). Comme aux Etats-Unis, les régions touchées sont, en général, à faible densité de population. Ce sont des groupes puissants qui ont obtenu les permis : une filiale de Total (Total Gas Shale Europe), GDF-Suez et surtout Schuepbach Energy LLC, une entreprise texane qui utilise les procédés mis au point par Halliburton... et qui visiblement n'a pas l'intention de renoncer (du moins, pas sans d'appréciables compensations).

   Sur un blog de sensibilité écologiste, on peut trouver une carte plus précise du territoire aveyronnais concerné par le permis de Nant :

Carte topo.jpg

   Mais une autre partie du département est menacée : le Quercy, inclus dans ce qui pourrait devenir le permis de Cahors :

Permis de Cahors LaDépêche 02 03 2011.jpg

    Des questions restent posées. Est-il possible d'exploiter ces fameux gaz de schiste sans provoquer les dégâts montrés dans le film Gasland ? Accorder un permis d'exploration n'est-il pas une manière de se lier les mains, ceci devant forcément déboucher sur un permis d'exploitation ? Les citadins qui nous gouvernent ont-ils l'intention de s'asseoir sur la qualité de vie des ruraux ?

   Notons qu'en Seine-et-Marne, terre d'élection de piliers de l'UMP comme Christian Jacob et Jean-François Copé, l'exploration est menée par une société "indépendante", Toreador Ressources Corporation, dont le vice-président se nomme Julien Balkany (demi-frère de Patrick Balkany...) et dont l'un des principaux dirigeants est un autre Français, polytechnicien, énarque, ancien de Total : Bernard de Combret.

   Affaire à suivre...  

vendredi, 22 avril 2011

Waste Land

   C'est un documentaire consacré à l'artiste brésilien Vik Muniz, plus précisément au projet qu'il a réalisé avec des catadores, des trieurs de déchets issus des favelas, qui travaillent à Jardim Gramacho, dans ce qui a la réputation d'être la plus grande décharge du monde, à Rio de Janeiro.

   Le film commence par nous présenter l'artiste, que je ne connaissais pas. Il est lui-même issu d'une famille pauvre... et a failli ne jamais pouvoir développer son art : il s'est pris une balle dans la cuisse après avoir tenté de séparer deux types en train de se bagarrer ! Dans son malheur, il a eu de la chance : il a été indemnisé, ce qui lui a permis de partir aux Etats-Unis. Là, après quelques galères, il a "fait son trou" : il est devenu l'un des artistes contemporains les plus côtés. En gros, maintenant, il est pété de thunes. Il a bâti sa réputation sur sa capacité à créer de véritables oeuvres d'art à partir d'objets de récupération. Franchement, les oeuvres qu'on nous présente à l'écran sont bluffantes !

   La deuxième partie du film est consacrée à la décharge et à ceux qui y travaillent. C'est un formidable documentaire social (qui en dit long sur les inégalités au Brésil), d'où émergent quelques personnalités fortes et attachantes, filmées de près : elles vont participer au projet de l'artiste.

   C'est fou ce que l'on peut trouver dans une décharge. L'une des "vedettes" du lieu a fondé une association et récupère les livres jetés (parfois à peine lus après leur sortie en librairie !). Il a créé une bibliothèque gratuite pour les gens du coin. Il se cultive aussi : il a lu Le Prince de Machiavel.

   La peinture n'est pas absente des tas de déchets : au détour d'une fouille, on trouve une reproduction de Marat assassiné, de David (rapidement commenté ici)... ce qui donne une idée à Viktor Muniz.

   On nous montre à la fois la difficulté (et la dangerosité... sans toutefois aborder la question des maladies qu'ils peuvent attraper) du travail des "récupérateurs" et leur dignité.  On pourrait même parler de leur beauté. C'est que, comme pour un film, il y a eu un casting. Les hommes choisis ne sont pas des beaufs et les femmes ont toutes du charme... et ont connu un parcours cahotique. Notons que la musqiue d'accompagnement (composée par Moby) n'est pas désagréable.

   Vient ensuite la phase de réalisation des oeuvres. Durant son passage dans la décharge, Vik Muniz et son assistant (sans doute moins philanthrope que lui) ont pris quantité de photographies. Certaines sont sélectionnées pour servir de support à l'oeuvre. Les images vont être reconstituées sur le sol d'un hangar, à l'aide de produits de récupération. De surcroît, l'artiste fait participer les modèles à la création. A la fin, le résultat est pris en photographie du dessus. C'est saisissant.

   La dernière partie du film montre la réception des oeuvres et le devenir des modèles, qui se verraient bien quitter la décharge et ce travail finalement peu reluisant. Tous n'ont pas connu un destin favorable...

 

   P.S.

   Le site dédié est sympa.

   Plus encore que le site, je recommande la brochure de présentation éditée en partenariat avec Amnesty international.

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jeudi, 24 mars 2011

Sans identité

   C'est à la fois un polar et un film d'action, une variation contemporaine de ce que l'on pouvait voir dans les années 1970, avec Jean-Paul Belmondo dans le premier rôle. Ici l'on retrouve Liam Neeson, dans un rôle sur mesure, un peu à l'image de ce qu'il faisait dans Taken, film éminemment contestable sur le fond, mais diablement efficace dans la forme.

   Bon, là, vu qu'on ne comprend pas pourquoi sa femme refuse de reconnaître le héros après son accident, on se triture les méninges. Y a-t-il complot ? Qui manipule qui ? Le héros est-il fou ? Ce que l'on voit à l'écran est-il la réalité ? J'ai mis environ une heure à comprendre le retournement. Y a un bon scénario, faut dire.

   Côté acteurs, c'est du lourd. Liam Neeson, bien que pas très bien doublé, est efficace. Diane Kruger est enivrante, même si on a un peu de mal à l'imaginer en immigrée bosniaque. On lui a taillé un joli rôle : cette fausse faible femme se révèle très débrouillarde ! A noter, dans un second rôle excellent, la présence de Bruno Ganz, inoubliable interprète d'Hitler dans La Chute.

   Evidemment, on nous sert son lot de scènes d'action. L'accident de la route est spectaculaire (avec une brillante intervention de ma Bosniaque préférée). La séquence de bagarre autour de l'appartement est bigrement bien maîtrisée, tout comme l'arrivée fort opportune de l'héroïne, en voiture, pour sauver notre amnésique.   

   Il y a bien quelques facilités : on a rallongé inutilement le suspense autour de certains moments-clés, comme lorsque le héros met trois plombes à récupérer une malheureuse paire de ciseaux ou quand on se demande si l'héroïne va arriver deux secondes trop tôt ou deux secondes trop tard pour conclure un entretien fort animé.

   C'est visuellement agréable, parfois inventif. J'ai été particulièrement touché par la scène du réveil du héros, à l'hôpital. Le réalisateur réussit à nous transmettre le malaise qu'il ressent. Cela m'a rappelé un moment pas très agréable quand, après une opération pour laquelle j'avais subi une anesthésie générale, j'avais repris conscience dans une salle de réveil, complètement désorienté... et surtout attaché au chariot !

   Bref, en soirée, après un bon repas, cela remplit son office... et on fait un gros pipi à la fin !

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dimanche, 20 mars 2011

True Grit

   C'est le dernier film des frères Coen, auxquels on doit auparavant No Country for old men, There will be blood et Burn after reading. Il s'agit d'un western, où l'on retrouve la "patte" des auteurs de O'Brother, de Fargo et de The Big Lebowski. On y sent aussi l'influence de Sergio Leone : ce western est "picaresque", il est émaillé de nombreux moments d'humour, parfois grotesque.

   Deux poids lourds mènent l'action : Jeff Bridges (qu'on a revu il y a peu dans Tron) en marshall alcoolique, qui oscille entre le coup de génie et la décrépitude, et Matt Damon en Texas Ranger boy-scout un brin casse-burnes. Mais la véritable héroïne est cette adolescente de 14 ans, qui veut venger la mort de son père. Cette brunette obstinée est incarnée par Hailee Steinfeld, la révélation de ce film. Pour tout dire, j'adore cette gamine ! C'est un personnage qui n'est pas sans rappeler, par certains côtés, la Mercredi de la famille Adams et l'irremplaçable Hermione Granger d'Harry Potter. Figurez-vous que la donzelle va en ville régler les détails de l'enterrement de son père, mais aussi recruter un mec qui ait de "vraies tripes" (true grit) : il lui faudra pénétrer dans une réserve indienne pour retrouver l'assassin de son père, qui, de surcroît, a rejoint une bande de voleurs de grand chemin.

   Le début, bien que souvent macabre (entre la pendaison des condamnés et la nuit passée au milieu des cadavres, il n'y a pas beaucoup de place pour le romantisme), pétille d'humour : le condamné indien est le seul qu'on ne laisse pas parler avant l'exécution (tout comme les esclaves noirs, il n'a pas voix au chapitre) et la jeune Mattie, qui finit par trouver où dormir, doit supporter les ronflements incessants d'une mamie sans gêne. On goûtera aussi le talent indéniable que possède l'adolescente pour négocier, même avec un vieux roublard...

   La suite est le périple de la petite équipe constituée de l'orpheline, du marshall et du ranger. Autant vous dire qu'on ne joue pas dans la dentelle. On flingue à tout va et, quand on n'a pas d'arme à feu, on remplace par autre chose. Et puis, pas facile de tout le temps viser juste...

   Dans cette deuxième partie, les paysages sont très jolis et les scènes d'action réussies.

   La fin du film nous fait faire un bond en avant. J'ai moyennement aimé, mais le reste du film est super !

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samedi, 19 mars 2011

Le Discours d'un roi

   ... The King's Speech, dans la version originale (la seule envisageable pour un film dont l'intrigue repose sur le bégaiement du personnage principal). On peut se demander pourquoi le titre n'a pas été traduit par "Le Discours du roi". Cette formulation aurait davantage mis l'accent sur LE discours, celui de la fin, sorte d'aboutissement de l'intrigue.

   C'est un film d'acteurs, un tantinet théâtral. Mais c'est impeccablement joué. Colin Firth est excellent en prince puis roi bègue (le fameux George VI), plutôt bon bougre, aimant sa famille. Geoffrey Rush  est à mon avis encore plus remarquable dans le rôle du thérapeute hors norme. (Comme il coproduit le film, il a sans doute œuvré à se tailler un joli rôle.) Le mâle hétérosexuel que je suis accorde une mention particulière à l'envoûtante Helena Bonham Carter, dont les sourcils ne laissent pas de me fasciner.

   Même si elles sont moins présentes à l'écran, les deux filles du couple princier, Elizabeth (la future reine) et Margaret, sont délicieusement interprétées. N'oublions pas non plus une galerie de seconds rôles furieusement British.

   Certaines scènes sont croquignolesques. L'épouse du prince se démène pour essayer de le guérir. Mais on ne traite pas un membre de la famille royale comme n'importe quel patient ! C'est pourtant ce que prétend vouloir faire cet étrange thérapeute. Shocking !

   L'arrière-plan historique est bien rendu, avec cette succession monarchique problématique. L'affaire Edouard VIII - Wallis Simpson est vue de l'intérieur. On assiste (de loin) à la montée des régimes totalitaires et à l'approche de la Seconde guerre mondiale.

   C'est filmé de manière très classique. Il faut y aller pour le jeu des acteurs et  l'aventure humaine : les efforts pathétiques menés par un grand de ce monde pour surmonter un handicap qui fait de lui la risée de la cour, voire du pays.

mardi, 08 mars 2011

Santiago 73

   Le coup d’État d'Augusto Pinochet sert de toile de fond à ce film décalé, dont le héros, qui travaille au service de médecine légale, ne vit pas les événements en direct (sauf exception), mais en perçoit les conséquences.

   On devrait plutôt parler d'antihéros. Le gars n'est pas un canon physiquement. Sa coupe de cheveux évoque celle d'un coiffeur sur le retour. Ses vêtements sont d'un classicisme désespérant. Lui-même n'est pas d'un tempérament gouailleur ; il est même plutôt sinistre. C'est donc une quasi-caricature de fonctionnaire terne, ennuyeux.

   Mais il est amoureux d'une jeune femme, sa voisine d'en face, qui vit avec son père et son frère, très investis dans la contestation gauchiste. Elle fréquente un tas de jeunes fils de bourges progressistes libérés sexuellement dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils contrastent fortement avec le héros très catholique (il refuse même les avances d'une jolie collègue à la cuisse leste).

   Celui-ci n'est d'aucun camp. On sent qu'il n'est pas en empathie avec la foule de manifestants de gauche et il ne semble pas apprécier les militaires putschistes, même s'il songe à sa carrière. Mais, à la base, c'est plutôt un "type bien", qui rend service. On observe donc la naissance d'une curieuse relation avec la voisine.

   Mais les choses s'accélèrent. Les corps arrivent en nombre à la morgue, où les militaires se sont installés. La maison d'en face est perquisitionnée "virilement". Le devenir de la jeune femme est l'enjeu de la seconde moitié du film même si, au début, les spectateurs attentifs ont pu deviner la suite des événements.

   C'est donc une histoire prenante, bien jouée... mais pas très bien filmée. Je ne sais pas si c'est dû à la qualité de la copie que j'ai vue, mais, franchement, on avait l'impression qu'on nous ressortait une bobine des années 1970 !

11:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema, histoire

samedi, 05 mars 2011

Les fables de Starevitch

   Il s'agit de la réédition de courts-métrages datant de l'Entre-deux-guerres, avec une bande-son rénovée et un petit documentaire (fort instructif) à la fin, qui explique comment les auteurs (le couple Starevitch) ont conçu et animé les poupées et autres figurines que l'on voit à l'écran.

   Cinq fables de Jean de La Fontaine ont été adaptées : Le Lion et le moucheron, Le Rat de ville et le rat des champs, Les Grenouilles qui demandent un roi, La Cigale et la fourmi et enfin Le Lion devenu vieux (que l'on peut voir sur la Toile).

   Formé en Russie, avant les révolutions de 1917, Ladislas Starevitch a émigré en Italie puis en France. Il s'est notamment fait remarquer pour son adaptation du Roman de Renart , la série des Fétiche (comme Fétiche prestidigitateur et Fétiche en voyage de noces) et Fleur de Fougère. Il a inspiré nombre de cinéastes d'animation, par exemple le Tim Burton des Noces funèbres ou le Wes Anderson de Fantastic Mr Fox.

   Franchement, c'est à voir sur grand écran, tant la qualité et la subtilité de l'animation sont grandes. La virtuosité est particulièrement visible dans les deux adaptations qui mettent en scène le lion (accompagné d'une foule d'autres animaux). En général, le texte de la fable est dit (ou écrit) au fur et à mesure que l'action se déroule. Cela facilite la compréhension des scènes, qui parfois s'écartent un peu de l'historiette écrite par La Fontaine.

   Du coup, ce n'est pas toujours facile à suivre pour les tout petits, même si leur intérêt est capté par la vie donnée aux animaux... et même s'ils rient de bon coeur à l'activité grouillante et (faussement) désordonnée des rats comme des grenouilles. C'est paradoxalement le film adapté de la fable la plus connue, La Cigale et la fourmi, qui peut leur poser le plus de problèmes : le texte est dit en entier dès le début, suivi par environ dix minutes de film.

   Pour la somptuosité des costumes et des décors, je recommande les fables avec le lion. Pour l'humour et la maîtrise des "scènes d'action", je recommande les fables avec les rats et les grenouilles.  C'est d'ailleurs dans Le Rat de ville et le rat des champs (visible sur la Toile dans une version sans musique) que l'on peut voir le seul "acteur" vivant : un chat, dont l'arrivée provoque évidemment la panique dans le groupe de rats en train de festoyer !

 

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mardi, 01 mars 2011

Les Mystères de Lisbonne

   C'est le fameux film de Raoul Ruiz, d'une durée de 4h30. Je l'ai vu dans un cinéma toulousain (l'ABC), avec un entracte ménagé après 2 heures environ.

   L'action se déroule au Portugal, mais aussi en France (dans la seconde partie), au XIXe siècle (et un peu à la fin du XVIIIe, dans les retours en arrière).

   Au coeur de l'intrigue se trouve un orphelin, placé dans une institution religieuse, sous la protection d'un mystérieux curé. Chacun a ses secrets, que l'on va découvrir au fur et à mesure que l'histoire se déroule. Cela commence par les origines de l'orphelin, "bâtard" d'une comtesse et d'un cadet désargenté. On va donc nous raconter l'histoire de cet amour contrarié par l'intervention du père de la comtesse (un rôle qu'aurait pu tenir Jean-Pierre Cassel) et du mari qu'il lui impose.

   Le noeud de l'affaire est le sauvetage de l'enfant à naître, qui n'aurait pas dû survivre. Un mystérieux gitan entre en contact avec l'homme de main du père de la comtesse... On va bien entendu retrouver ces deux protagonistes dans la suite de l'histoire, l'un s'étant considérablement enrichi, l'autre ayant changé d'état...

   Cette première partie est un peu indolente, trop posée parfois... ce qui permet au spectateur pas trop attentif de suivre l'histoire ! La réalisation est soignée, léchée, Ruiz affectionnant les mouvements courbes de la caméra.

   La seconde partie, plus "française", nous permet d'en apprendre plus sur ce curé démiurge, véritable personnage à la Vautrin (de Balzac). On découvre sa jeunesse... et lui-même va enfin rencontrer son père, qu'il n'a pas connu ! Cela devient feuilletonnesque à l'extrême, avec moult rebondissements. Il est difficile de dire dans quelle mesure le réalisateur présente cela avec recul. En tout cas, il nous ménage quelques moments comiques, comme celui qui voit deux amants s'étonner que le mari trompé ait pu avoir connaissance de leur liaison... alors que la scène est observée par une servante à peine cachée derrière une fenêtre, qui apparaît, en fond d'image, entre les deux amoureux ! (Il y deux-trois autres scènes de ce type, assez croquignolesques, comme celle qui se déroule dans un monastère : autour d'un repas frugal, un abbé raconte sa jeunesse au curé, sous le regard vigilant d'une floppée de moines qui n'en perd pas une miette !)

   Cette seconde partie, toujours impeccable au niveau de la réalisation, est plus rythmée, au point que là il faut être attentif pour ne pas perdre le fil des retours en arrière qui finissent par s'entrecroiser, certains personnages s'étant rencontrés dans le passé... sans que tous s'en souviennent forcément !

   Si vous aimez le romanesque des XVIIIe-XIXe siècles, ce film est fait pour vous ! C'est quelque part entre La Vie de Marianne (de Marivaux) et Le Comte de Monte Cristo (de Dumas). On passe un (long) moment à l'écart du monde contemporain, dans un univers d'amours contrariées, d'élans fougueux et de manipulations cyniques.

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lundi, 28 février 2011

L'Oscar du court-métrage d'animation 2011

   D'habitude, je m'intéresse plutôt aux longs films d'animation, mais mon attention a été attirée par KaG sur une création française, qui était en piste pour décrocher l'Oscar : Madagascar, carnet de voyage, de Bastien Dubois. Le film dresse un portrait haut en couleurs de l'île (avec une séquence forte autour d'un rituel funéraire), sur une musique entraînante. Il n'a finalement pas été primé, et pourtant, il est d'une grande virtuosité formelle.  Le site du réalisateur annonce la sortie du livre-DVD comportant le making-of.

   Pour les Oscar, il était en concurrence avec Let's pollute, de Geefwee Boedoe, un film militant, assez rétro dans la forme. Il n'est pas sûr que les membres du jury aient apprécié cette dénonciation du capitalisme outrancier, du consumérisme et de la pollution.

   Face à eux se trouvait The Gruffalo, de Jakob Schuh et Max Lang, film animalier fonctionnant sur le mode du conte, de la légende... et dont le héros est une souris ! L'animation est un peu moins élaborée que chez les concurrents et l'histoire moins complexe. C'est incontestablement un bon film, mais destiné à un jeune public.

   A mon avis, aucun de ces deux-là ne pouvait prétendre battre le film français. Les deux suivants, si. Il y a tout d'abord l'inévitable production Pixar : Day and Night, de Teddy Newton, drôle et inventif. Il aurait mérité de l'emporter... mais cela aurait fait deux prix pour la même maison de production ! (Rappelons que le très moyen Toy Story 3 a décroché l'Oscar du meilleur long métrage d'animation, alors qu'à mon avis L'Illusionniste lui est supérieur.)

   And the winner is... The Lost Thing, de Shaun Tan et Andrew Ruhemann. C'est l'adaptation du propre livre de Shaun Tan. On a récompensé un film très réussi sur le plan visuel, mais surtout très original par le scénario, où l'on retrouve des références (pour l'ambiance) à Numéro 9, Wall-E, aux productions japonaises mais aussi à des films comme Brazil ou même Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (pour le héros).

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lundi, 21 février 2011

Tron

   Ce film en 3D est la suite du film à la fois commercial et expérimental sorti en 1982. Pour ceux qui ne l'ont pas vu, les vingt premières minutes resituent le contexte. On prend le spectateur par la main : c'est un Disney !

   Plusieurs clins d'œil au premier volet figurent dans la version "moderne" : on a gardé le combat à motos, le duel de disques, les costumes à circuits imprimés bleus ou rouges. Le fils retourne sur les traces du père, dans sa salle de jeux. Il s'introduit en fraude, comme lui, dans l'immeuble ultrasécurisé de l'entreprise... et fait le même commentaire sur la méga porte blindée. (On a poussé l'hommage jusqu'à faire rejouer plusieurs acteurs.)

   Les effets spéciaux du XXIème siècle sont très réussis, encore plus en trois dimensions. C'est le grand intérêt de l'histoire, avec la plongée dans cet univers qui pourrait s'apparenter à celui d'une autre planète. Un passage par un club "dance" nous confirme l'ancrage dans le monde contemporain. (Dans le film de 1982, la musique était plutôt à chier.)

   Par contre, l'intrigue du premier volet était plus élaborée, autour d'une histoire de vol de propriété intellectuelle. Dans le film de 2011, on sent les références à Star Wars (plus précisément à L'Attaque des clones ou à The Clone Wars), à Matrix, à 2001, L'Odyssée de l'espace... et à l'histoire du XXe siècle, à travers la description d'un régime totalitaire et quelques scènes tout droit tirées de la scénographie nazie. Ajoutez à cela l'extermination d'une population minoritaire de programmes et le tableau sera (presque) complet.

   Les dialogues ne sont pas terribles non plus. Jeff Bridges - Kevin Flynn est devenu une sorte de prophète du monde numérique, face à son double malfaisant, décalque de Palpatine dont le sort semble lié à celui d'un homme de main qui n'est pas sans ressembler à Dark Vador (je vous laisse découvrir qui se cache sous le masque).

   Cela se regarde sans déplaisir, mais ce n'est pas un chef-d'œuvre.

21:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfilm, cinema, cinéma

vendredi, 18 février 2011

Au-delà

   A la base, les histoires de communication avec les morts, ce n'est pas trop mon truc. Mais c'est un film de Clint Eastwood... LE Clint, celui qui s'est bonifié avec l'âge, au point d'avoir enchaîné les très bons films (certains disent les chefs-d’œuvre) après 55 balais. Parmi les derniers, on trouve Mémoires de nos pères, Lettres d'Iwo Jima, L'Echange, Invictus et surtout Gran Torino.

   Je me suis laissé traîner jusqu'à la salle... et je ne l'ai pas regretté.

   Cela commence par une séquence ébouriffante sur le tsunami de 2004. Sur écran géant, avec son dolby machin chose, cela dépote ! Ensuite se développent les trois histoires, aux Etats-Unis autour du médium à côté de ses pompes (Matt Damon, brillant), au Royaume-Uni autour des jumeaux fusionnels et en France autour de la rescapée du tsunami, interprétée par Cécile de France.

   La séquence la plus délicieuse est sans doute celle qui voit Matt Damon suivre des cours de cuisine... et rencontrer une sensuelle inconnue. C'est drôle et excitant à la fois... mais le bon vieux Clint va nous dynamiter cette bluette un peu trop prévisible.

   Au Royaume-Uni se déroule l'histoire la plus forte, celle de ces frères séparés par un la mort et un accident con. Le jeune acteur est é-pa-tant ! On nous offre aussi une tranche de vie britannique qui n'a pas grand chose de réjouissant... La petite histoire rejoint la grande quand des terroristes entrent en action.

   La partie française a été la plus critiquée. Il est vrai qu'on sent à plusieurs reprises qu'il aurait fallu faire rejouer certaines scènes, pour que les acteurs soient plus convaincants. On sourira à l'évocation de la mémoire de François Mitterrand, sur lequel la journaliste est censée écrire un ouvrage décapant. On ricanera un peu à la description des mœurs du petit monde intello-médiatique parisien. Dans cette partie, drame, déceptions et amour s'entrecroisent tout de même habilement.

   C'est au Royaume-Uni que le fil va se dénouer. La fin est un peu convenue, mais cela passe.

21:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

dimanche, 13 février 2011

Les Chemins de la liberté

   C'est le nouveau film d'un réalisateur qui se fait assez rare au cinéma : Peter Weir. Il n'est pas du genre à travailler à la chaîne. Il est l'auteur d’œuvres qui allient savoir-faire, divertissement et réflexion. On lui doit La Dernière Vague, Witness, Le Cercle des poètes disparus, The Truman show (et aussi le contestable Master and commander).

   Aussi étonnant que cela puisse paraître, aussi invraisemblables certaines péripéties peuvent elles sembler, l'histoire est vraie. Elle est tirée d'un récit, A marche forcée.

   Deux choses m'ont attiré : le contexte historique et l'argument du film. Les héros sont des prisonniers du goulag stalinien (notamment des Polonais, mais il y a aussi des Russes, un Letton, un Yougoslave et un Américain) qui vont tenter de s'enfuir. La suite est leur longue marche dans le sud de la Sibérie, puis en Mongolie, puis en Chine, puis au Tibet... jusqu'en Inde. Tous ceux qui partent ne vont pas arriver, soit parce qu'ils meurent en chemin, soit parce qu'ils font le choix de ne pas continuer avec les autres.

   En cours de route, une jeune femme se greffe sur le groupe de fuyards. Je ne sais pas s'il y a eu censure au niveau du scénario, mais je trouve étonnant qu'un beau brin de fille comme ça n'éveille pas de pensées cochonnes dans l'esprit de ces hommes en général jeunes. Je sais bien que les privations dont ils souffrent, ainsi que la fatigue extrême, ont sans doute eu raison (temporairement) de leur libido. Mais, tout de même, au moment de l'anniversaire, ils sont encore en forme, ils boivent de l'alcool... et il ne se passe rien. Des saints, moi j'vous l'dis !

   Et pourtant. Dans le lot, on a un prêtre assassin, un truand (excellemment interprété par Colin Farrell), un Américain trouble (très bon Ed Harris), la Polonaise qui cache son jeu...

   Les paysages sont magnifiques. Rien que pour cela, le film mérite d'être vu en salle. (Je pense qu'il perdra beaucoup de sa force à la télévision, un peu à l'image d'Avatar, que j'ai recommandé à des amis qui l'ont raté au cinéma... et qui ont été déçus en le regardant sur petit écran.) Les marcheurs invétérés seront particulièrement intéressés par la représentation des efforts du groupe. Ce n'est pas toujours réussi et il y a quelques ellipses dommageables. Ainsi, on ne nous montre quasiment rien du passage par la Chine.

   Au niveau de la mise en scène et de la direction des acteurs, le bon alterne avec le moins bon. La séquence du début, avec les agents du NKVD, m'a fait craindre le pire (mais elle est peut-être mal doublée). Par contre, le film décolle lors de l'entrée au camp du goulag. La première partie de la fuite, dans le froid sibérien et la forêt, est inspirée. Le séjour autour du lac Baïkal constitue un intermède fort réussi, avant la terrible traversée du désert de Gobi.

   Les deux heures et quart passent finalement assez vite.

samedi, 29 janvier 2011

Arrietty, le petit monde des chapardeurs

   C'est la nouvelle production du studio Ghibli, qui a créé tant de merveilles (dernièrement sorties en France : Nausicaä, de la vallée du vent et Ponyo sur la falaise ; mais on se souvient aussi de Princesse Mononoke et du Voyage de Chihiro, entre autres).

   Cette fois-ci, Hayao Miyazaki, s'il est à l'origine du film, n'en a pas assuré la réalisation. Mais je rassure les amateurs : c'est toujours aussi réussi techniquement, avec des images parfois somptueuses.

   Les petits bonshommes sont à la mode. Je pense que c'est un phénomène de civilisation. Les humains se voient aujourd'hui comme les maîtres de la planète (qu'ils sont en train de bousiller grave). De là peut se comprendre une certaine fascination pour les géants d'autres époques (les dinosaures), d'autres civilisations (les extraterrestres)... ou, à l'inverse, pour les petits personnages, porteurs de leçons.

   Ici, les héros sont les membres d'une famille de chapardeurs : papa Chapardeur (un super bricoleur, très costaud physiquement), maman Chapardeur (qui ne chaparde pas, mais cuisine... ouais, pas terrible la répartition des tâches au sein du couple) et enfin Arrietty, fifille qui apprend à chaparder. Elle est évidemment intrépide.

   La première partie du film nous fait découvrir le dédale de couloirs secrets dans lequel évoluent ces personnages, qui vivent sous le plancher mais se déplacent entre les murs, dans les meubles et partout où un petit espace leur permet de se faufiler. Il déploient des trésors d'ingéniosité pour vivre au quotidien et échapper au regard des humains...

   ... jusqu'au jour où arrive un garçon très malade, qu'Arrietty va prendre en affection. Mais il faut éviter les manoeuvres de la servante, qui traque toutes les bébêtes qui circulent dans la maison !

   C'est un peu naïf, mais c'est frais et bien fichu. Et puis on ne nous bassine pas avec la "modernité". Dans cette maison, on ne regarde pas la télévision, n'a pas d'ordinateur et le seul téléphone est une antiquité (qui fonctionne toutefois). Le garçon n'est pas accro à une console de jeux vidéo... il lit ! Arrietty elle est avide de découvrir le monde.

   Au niveau de l'animation (vraiment superbe, je le répète), on note, comme toujours dans les productions Ghibli, le grand soin porté aux animaux, au premier rang desquels on trouve le chat, un gros poussah très affectueux avec le garçon malade, mais hostile aux chapardeurs.  Il y a aussi des insectes, des oiseaux et des poissons (avec une scène magnifique vers la fin).

   La musique (plutôt jolie) est par contre un peu trop présente. On aurait pu aussi nous épargner certaines chansons (différentes, il me semble, dans la version française, celle que j'ai vue). Autre point faible : les dialogues, parfois excessivement explicites... mais on vise un public d'enfants, ne l'oublions pas.

16:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

dimanche, 16 janvier 2011

Cécile de France sur France Inter

   Elle était ce dimanche l'invitée de Rebecca Manzoni, dans l'émission Eclectik. Je ne suis pas un inconditionnel de cette actrice mais, à chaque fois que je l'ai vue dans un film, j'ai aimé sa manière de jouer, que ce soit dans L'Auberge espagnole, Un Secret ou encore Soeur Sourire.

   Dès le début, le décor est planté. L'actrice ne va pas la jouer glamour, plutôt authentique... Cela nous change des "cômédiennes" qui prennent la pose. Alors, elle boit une bière, avoue ne pas porter de godasses de pouf et, quand elle est chez elle, elle bricole.

   Bon, on la croit à moitié quand elle dit ne pas se trouver particulièrement belle, ne pas être une "bombe" comme Laetitia Casta... Perso, je lui trouve bien plus de charme.

   L'entretien est souvent drôle et on en apprend un peu sur le tournage de Au-delà, le nouveau film de Clint Eastwood, où elle incarne une journaliste-vedette. Elle revient aussi sur ses débuts, sur la manière dont elle conçoit le métier d'actrice.

   Bref, une émission sympa, rafraîchissante.

   Pour en savoir plus sur Cécile de France, on peut consulter son site internet, sur lequel on trouve notamment une bien belle galerie de photographies.

samedi, 15 janvier 2011

Le Président

   Non, il ne va pas être question de François Mitterrand. Encore moins de Jacques Chirac ou de Nicolas Sarkozy. Je fais tout simplement référence au titre du documentaire réalisé par Yves Jeuland, qui s'appuie sur la campagne des dernières élections régionales pour tracer le portrait de Georges Frêche, qui lui a laissé une grande liberté pour le suivre dans ses déplacements.

   Attention, cela commence fort. On se retrouve dans la voiture de Frêche, avec son équipe et la radio (ou plutôt le lecteur CD ?) passe une vieille chanson : C'est un mauvais garçon, dont les paroles du refrain font allusion à l'une des polémiques nées des déclarations intempestives du président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon :

C'est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C'est un méchant p'tit gars
Qui fait du dégâts
Si tôt qu'y s'explique
Ça joue du poing
D'la tête et du chausson
Un mauvais garçon

   (Plus loin dans le film, l'arrivée de Georges Frêche à un meeting, lors de l'entre-deux-tours des élections je crois, est saluée par la chanson Ce Georges, un duo entre Olivia Ruiz et Salvatore Adamo qui a été utilisé sans l'autorisation des auteurs, ainsi qu'il est précisé dans le générique de fin.)

   En raison de la conception du film, aucun des adversaires de Frêche n'a droit à la parole. C'est donc assez unidimensionnel. Quelqu'un comme Pierre Carles aurait pu puiser dans le matériau filmique de quoi concevoir un portrait à charge... mais on ne l'aurait jamais laissé faire. Yves Jeuland nous livre donc une vision empathique, en général favorable au "grand homme".

   C'est d'abord très drôle, parce que Georges Frêche a la dent dure (et parfois à raison), parce qu'il a autour de lui une équipe très motivée, qui se lâche parfois devant les caméras. On peut aussi observer le ballet des courtisans.

   Toutefois, on ne nous montre que rarement Frêche perdant le contrôle (ou faisant semblant de le perdre). Si on le voit bien s'en prendre à Arnaud Montebourg ou "casser" son ancienne adjointe Helène Mandroux (de manière assez injuste d'ailleurs), on nous épargne ses premières réactions contre les caciques du Parti socialiste. De manière générale, celui que son entourage appelle "président" est présenté comme un homme âgé, fatigué, handicapé par sa hanche, mais accroché au pouvoir comme un morpion aux poils pubiens.

   Le montage nous prive aussi peut-être de quelques moments savoureux. Ainsi, on voit que Georges Frêche comme Hélène Mandroux sont venus assister au match de football opposant Montpellier à Marseille. Tous deux sont ensuite allés dans le vestiaire de l'équipe locale (la maire de Montpellier sans doute avec ses petits enfants). Hé bien on ne nous montre pratiquement rien !

   Face aux journalistes, il est parfois mis en difficulté, comme sur RMC, mais la séquence est brève. Lors de sa venue à Canal +, la caméra s'éloigne vite du studio, pour s'intéresser au côté "backstage", mais il repart de là furieux après Jean-Michel Apathie. Il a par contre été  brillant au téléphone face à Marc-Olivier Fogiel. Le montage (bien conçu) semble donc avoir choisi de valoriser Georges Frêche.

   On comprend qu'on a affaire à une "bête" politique, un homme intelligent et cultivé, un comédien très sûr de lui, sans gêne. A plusieurs reprises, on le voit trôner comme un pacha, avec sa canne. Il manque l'arrière-plan, les regrets de ce juriste réputé, qui n'a pas fait la carrière nationale qu'il escomptait et qui s'est rabattu, décentralisation aidant, sur le Languedoc-Roussillon.

   C'est aussi un bonimenteur de première, qui flatte son auditoire. Ainsi, alors qu'il est en train d'emballer un public de pieds-noirs, on sent la gêne dans son entourage. Et que dire de ses gros mensonges, sur sa jeunesse miséreuse et les sabots de son père ! A côté de cela, l'histoire des statues de la Place des Grands-Hommes (à Montpellier), c'est du pipi de chat !

    Au final, ce film donne une très mauvaise image de la politique. La seule activité du président du Conseil régional semble être de signer de manière machinale des dizaines de papiers, sans même prendre le temps de les lire.  Ses faits et gestes dépendent fortement de l'image que ses différents conseillers essaient de donner de lui, même si le bonhomme n'en fait parfois qu'à sa tête ! Et de la campagne des régionales, on ne retiendra quasiment aucun projet, aucun débat d'idées, juste des polémiques politiciennes et des propos clientélistes.

23:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

vendredi, 14 janvier 2011

Le Frelon vert

   The Green Hornet, comme on dit, dans la version originale... et même la version française ! C'est l'adaptation en long métrage d'une série très kitsch qui fit connaître un certain Bruce Lee. On peut en voir un extrait ici et un exemple de scène de baston .

   Un peu comme dans le cas de Batman (qui avait été adapté pour la télévision... au désespoir des fans de la BD), un réalisateur contemporain réputé pour son savoir-faire (ici Michel Gondry, dont on a pu apprécier, ces dernières années, La Science des rêves et Be kind, rewind) a été recruté par une major (ici Sony-Columbia) pour tourner une version "moderne" des aventures.

   Le duo est composé du supposé "héros", un gosse de riche flambeur, bringueur et niqueur de poufs à la chaîne et de son acolyte, qui passe pour être son larbin, mais qui est en fait l'âme du groupe. Le problème est que cela ne fonctionne qu'à moitié, d'un point de vue scénaristique. On ne comprend pas pourquoi Kato, bourré de talents, inventif et capable de se défendre contre n'importe quoi, se lie à cet abruti de Brit Reid.

   Même si ce dernier évolue au cours du film (on se charge de nous faire comprendre qu'il a bon fond), je le trouve insupportable, pénible. Toutefois, au second degré, il est intéressant d'observer les relations entre les deux personnages, l'Américain et l'Asiatique, qui témoignent d'un retournement du pouvoir, comme une métaphore du basculement de l'influence économique qui s'opère entre les Etats-Unis et la Chine, de nos jours.

   Le film est regardable pour ses scènes de comédie, le "héros" étant souvent tourné en ridicule (tout comme le méchant d'ailleurs ; cela nous fait une belle paire de gamins attardés). On a cependant fait en sorte qu'il ne soit pas humilié : il ne prend pas une trop grosse branlée dans la bagarre qui finit par opposer les deux associés et aucun ne finit par coucher avec la délicieuse assistante (Cameron Diaz, en forme), alors qu'on sentait bien qu'elle en pinçait plutôt pour le karatéka chinois.

   A cela il faut ajouter les scènes d'action, avec cette voiture vraiment tous terrains, encore mieux outillée que la Batmobile. De temps à autre, Gondry se la joue free style, mais la fantaisie est hélas la plupart du temps très encadrée.

   A voir si vous n'avez rien de mieux à faire ou pour digérer tranquillement un bon repas. Mais sans plus.

23:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

mercredi, 12 janvier 2011

Les Tribulations d'une amoureuse sous Staline

   Le titre polonais est Rewers, qui peut se traduire par "revers", "quittance"... ou "script". On a finalement bien fait de changer. Je trouve que les mots du titre français sont assez révélateurs de l'ambiance du film... et, une fois n'est pas coutume, la bande-annonce donne une bonne idée de l'ensemble.

   C'est d'abord une comédie, dont l'humour est souvent "à froid". C'est très drôle, mais faut aimer. Parfois même, cela tombe dans le macabre... pour mon plus grand plaisir ! L'héroïne, Sabina, est une trentenaire célibataire coincée, que sa mère (une personne pleine de ressources qui ne va cesser de nous étonner...) désespère de marier. Les scènes du début, qui présentent le contexte familial (les deux femmes cohabitent avec la grand-mère, que l'on croit à l'article de la mort mais dont la santé connaît un spectaculaire rétablissement dès qu'une histoire de coeur pointe le bout de son nez) et le contexte professionnel.

   Cela prend le tour d'une romance, façon films policiers américains des années 1950 (la musique, très jazzy, accentue cette impression... mais elle souligne aussi le côté cocasse de certaines situations). Sabina rencontre un bel et mystérieux inconnu, qui a l'allure d'un détective privé américain, mais qui a d'autres activités...

   C'est aussi un film politique, sur la période "stalinienne" de l'histoire polonaise, quand, au début des années 1950, les communistes locaux achèvent de verrouiller la société, faisant prendre au pays un virage totalitaire. (Les images d'époques insérées dans certaines séquences sont très bien choisies.)

   La grande majorité du film, qui se passe en 1952-1953, est tournée en noir et blanc (très chôli). Les mouvements de caméra sont habiles. Chaque scène est tournée avec un effort d'inventivité, ce qui a fait dire à certains critiques que le réalisateur Borys Lankosz en faisait trop.

   Enfin, il y a une morale. Face à ce trio de femmes de caractère, passionnées d'opéra, les hommes ont intérêt à maîtriser leur consommation de vodka !

19:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

samedi, 01 janvier 2011

Les "Riton" 2010

   Le passage d'une année à la suivante est l'occasion de faire son petit palmarès des films qu'on a aimés. Je m'y suis déjà livré pour les années 2006, 2007, 2008 et 2009. Pour 2010, j'ai décidé de donner un nom aux récompenses que je décerne : les Riton. Avouez que ça en jette autant que "César" ou "Oscar" !

- Riton du film le plus léger : Sumo

- Riton du film auquel on ne demande pas d'arrêter son char : Lebanon

- Riton du film consacré au conflit israélo-palestinien : Ajami

- Riton du film sur l'Irak : Green Zone

- Riton de la comédie anti-terroriste : We are four lions

- Riton du documentaire guerrier : Armadillo

- Riton du film illustrant le mieux les bassesses du genre humain : La Révélation

- Riton du film sur l'Afrique qu'elle est complexe : Lignes de front

- Riton du film le plus pervers : Disgrace

- Riton du film sur le nazisme : Marga

- Riton du mélo : Elle s'appelait Sarah

- Riton du film sentimental : Dans ses yeux

- Riton du film nostalgique : L'Illusionniste

- Riton du meilleur Disney de l'année : La Princesse et la grenouille

- Riton de la fiction animalière : Comme chiens et chats 2

- Riton du film de cul : Skin (dans Dirty Diaries)

- Riton du film de voleur : Fantastic Mr Fox

- Riton du documentaire sur les humains : Nénette

- Riton du film de "geek" : Summer Wars

- Riton du "biopic" : The Social Network

- Riton du film cérébral : Inception

- Riton du film de cinglé : Shutter Island

- Riton du film gore : Piranha 3D

- Riton du film poussant à l'anorexie : Food Inc

- Riton du film dérangeant : Vénus noire

- Riton du film sur la retraite à 60 ans : Mammuth

- Riton du film sur la crise financière : Cleveland contre Wall Street

- Riton du film de procès : 12

- Riton du roman-feuilleton : Millenium 2 et 3

- Riton du film divertissant : Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec

- Riton de la meilleure idée de film : Buried

- Riton du film qui laisse une trace derrière lui : Rubber

22:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema

jeudi, 30 décembre 2010

Inside Job

   C'est un documentaire américain, long (1h50), consacré aux causes et aux conséquences de la crise financière de 2008-2009.

   Une réelle volonté pédagogique anime le réalisateur (il a construit un plan grosso modo chronologique), qui connaît visiblement son sujet (et a tenu à le faire savoir aux spectateurs, vu la manière dont les entretiens sont montés) et qui a rencontré de nombreux acteurs de ce drame économique et social. Il est aussi intéressant de relever les noms de ceux qui ont refusé de le rencontrer (notamment Alan Greenspan).

   A ces entretiens sont ajoutés des commentaires, des graphiques (certains d'entre eux peut-être tendancieux... faudrait que je revoie cela), beaucoup d'incrustations. On rentre vraiment dans le détail d'opérations financières complexes, que l'auteur réussit à rendre compréhensibles.

   C'est qu'il a fallu animer ce film ! Seul le générique de début est un vrai moment de cinéma, sur la chanson de Peter Gabriel Big Time. Le reste est souvent intéressant, parfois ardu et/ou ennuyeux dans la forme.

   Résultat ? On rit parfois (quand il prend en défaut ses interlocuteurs), on se désole et s'indigne souvent. En sortant de là on a envie de pendre les banquiers et les financiers (ainsi que quelques politiques) par les parties génitales !

   Le pire est qu'au fur et à mesure que le film se déroule, on se rend compte que la "nouvelle" équipe dirigeante des Etats-Unis, celle qui entoure Barack Obama, est constituée (en partie) de vieux routiers du système injuste et corrompu qui a provoqué la crise... Il y a quelque chose de pourri au royaume de la finance, moi j'vous l'dis !

   Ah, et nous, les Frenchies, on peut se délecter des paroles de deux de nos représentants : Dominique Strauss-Kahn (en tant que directeur général du F.M.I) et Christine Lagarde. Ils bénéficient d'un traitement favorable de la part du réalisateur. D.S.K. apparaît comme le mec au-dessus de la mêlée, qui avait tout compris mais qu'on n'a pas assez écouté. Cri-cri incarne la Politique au sens noble du terme, une sorte de vertu et de sens de l'intérêt général européens que les Américains auraient perdus. Reconnaissons que, de ce point de vue, le film manque un peu de finesse...

   Sur le même sujet, j'ai préféré Cleveland contre Wall Street, qui prend la forme d'une fiction, tout en faisant preuve de rigueur dans l'analyse des causes de la crise.

21:58 Publié dans Cinéma, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

mardi, 28 décembre 2010

Une vie de chat

   C'est donc le dessin animé "made in France" qui fait l'actualité. Le chat en question est l'animal domestique d'une enfant, dont la mère est commissaire de police. Mais, la nuit, le matou s'en va traîner les toits aux côtés d'un cambrioleur solitaire, prenant plaisir à faire enrager le chien du voisinage. De son côté, la mère cherche à coincer celui qui a tué son mari.

   La "French touch" se voit au niveau du dessin (l'un des auteurs a travaillé sur La Prophétie des grenouilles et il y a une petite parenté avec Persepolis voire L'Illusionniste, même si ce dernier est, d'un point de vue formel, bien plus réussi)

   Ainsi, les formes ne sont pas toutes réalistes, mais les mouvements sont gracieux (et le chat si joli à voir quand il se frotte auprès d'un humain). Les dialogues sont travaillés, chose pas si fréquente dans ce genre de production. Quant au scénario, il prend la forme d'un polar, effet auquel contribue fortement la musique, très agréable.

  L'histoire a un fond noir : la commissaire a perdu son mari, assassiné, et l'on voit bien que la bande de truands à laquelle elle est confrontée ne plaisante pas. Les rapports humains sont plutôt tendus, au sein de la famille et au boulot. Heureusement, c'est un conte, donc tout cela devrait s'arranger, grâce au chat, grâce au voleur... et à un peu de chance.

   Sur le site officiel, on peut trouver informations et bonus.

21:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

samedi, 25 décembre 2010

Harry Potter et les reliques de la mort - partie 1

   J'ai "sauté" une étape, puisque si j'ai vu tous les films adaptés des romans de J.K. Rowling jusqu'à Harry Potter et l'Ordre du Phénix, j'ai raté (volontairement) Harry Potter et le prince de sang-mêlé. Les échos qui étaient parvenus à mes oreilles n'étaient pas assez engageants et j'avais été quelque peu déçu par le dernier opus vu en salle.

   C'est toujours le réalisateur David Yates qui est aux commandes. L'image est très belle et certaines scènes d'action méritent le détour, comme cette course-poursuite sur terre et dans les airs, au début du film. D'autres séquences sont particulièrement inspirées, comme celle qui se déroule au Ministère de la Magie, où il m'a semblé percevoir l'influence de Brazil, de Terry Gilliam. Notons que, de manière générale, l'ambiance est assez sombre, déprimante même parfois.

   J'ai perçu aussi beaucoup de points communs avec la trilogie du Seigneur des anneaux. (On sait que J.K. Rowling a été marquée par la lecture de Tolkien.) Daniel Radcliffe prend de plus en plus des airs d'Elijah Wood... et ça me gonfle.  Le coup du Horcruxe qui pervertit et affaiblit celui qui le porte fait immanquablement penser à l'anneau et les Elfes bondissants ne sont pas sans évoquer, par leur physique, le célèbre Gollum.

   Ajoutez à cela des dialogues faiblards et une intrigue sentimentale très convenue (si Hermione joue, à mon grand plaisir, un rôle déterminant, on en fait cependant une pauvre ado anorexique amoureuse d'un crétin) et vous aurez une idée de la soupe que l'ensemble forme. On peut y goûter si l'on veut profiter de plusieurs bons moments de cinéma, mais le bilan est un peu décevant.

20:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma