mercredi, 21 novembre 2012
Looper
Ce polar de science-fiction louche sur Terminator et surtout L'Armée des douze singes (et donc aussi La Jetée, de Chris Marker). Le scénario en est clairement inspiré (parfois un peu trop). Bruce Willis fait le lien au niveau de la distribution et certaines scènes contiennent comme des clins d'oeil.
Dans un futur proche, aux Etats-Unis (évidemment !), de jeunes tueurs à gages liquident les types qu'on leur envoie d'un futur encore plus éloigné (dans lequel il n'est plus possible de se débarrasser discrètement des gêneurs). Ils se paient en récupérant les lingots d'argent fixés au dos des victimes. Ils savent que leur contrat est terminé quand ils découvrent un max de lingots en or au dos de la dernière victime, leur alter ego du futur. Voilà qui boucle la boucle (loop). Ils peuvent profiter de la vie pendant 30 ans, sachant qu'on viendra un jour les chercher pour éliminer toute trace des exécutions.
Comme Joe, le héros (du futur lointain), est incarné par Bruce Willis, on se dit qu'il ne risque pas de se faire zigouiller dans le premier quart d'heure... et l'on a raison ! Mais cela perturbe toute l'organisation, celle de 2044 et celle de 2074. L'espace-temps se tord, les souvenirs se modifient. On peut s'amuser à réfléchir aux changements qu'implique chaque acte nouveau de l'un des personnages principaux.
On peut aussi se laisser aller à apprécier un bon film d'action, où les tueurs à gages manient le tromblon et les hommes de main du chef de gang des révolvers dotés d'un canon imposant... La réalisation est nerveuse, très au point au niveau des poursuites et des combats. Certaines scènes sont même impressionnantes, comme celle qui voit un échappé du futur subir les conséquences immédiates des tortures infligées à son alter ego plus jeune de 30 ans. D'un point de vue technique, c'est du niveau d'un bon Photoshop... mais c'est puissant cinématographiquement parlant !
Les femmes jouent un rôle secondaire dans l'histoire... jusqu'à ce que le jeune Joe rencontre cette mère de famille, seule avec son fils (mais s'agit-il de son fils ?) au fin fond de la campagne. Emily Blunt (entrevue dans La Guerre selon Charlie Wilson) est épatante dans ce rôle ambigu de fausse femme forte et mère-courage, qui semble connaître beaucoup de choses pour une paysanne du Kansas... (Elle a un petit quelque chose d'Uma Thurman.) Notons aussi la performance du gamin, Pierce Gagnon, un acteur (en herbe) à suivre.
Le rythme s'accélère à nouveau dans la dernière partie du film... et cela se termine par une boucle dans la boucle, une astuce scénaristique qui a perturbé beaucoup de monde. Si les élucubrations de fans plus ou moins inspirés vous intéressent, vous pouvez vous rendre sur un site spécialisé. (Cela part vraiment dans tous les sens !) De manière plus rationnelle, le réalisateur Rian Johnson a donné quelques clés pour mieux comprendre le film... A ne lire qu'après l'avoir vu !
P.S.
En France, certains critiques ont glosé au sujet d'un détail : dans la version originale, le héros apprend le français, alors que les "vieux" lui recommandent de se mettre au mandarin et de se rendre à Shanghaï, plutôt que dans la "vieille Europe". Dans la version doublée en français, le jeune Joe apprend... l'italien et envisage de se rendre à Florence (ville dont le nom a l'immense avantage de faire bouger les lèvres d'une manière assez proche de celles qui prononcent "France")...
18:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
lundi, 19 novembre 2012
Une Famille respectable
Un prof entre deux âges, parti jadis faire ses études à l'étranger, revient donner des cours dans une fac iranienne, celle de Chiraz, située assez loin de Téhéran :
On sent qu'il n'est pas un chaud partisan du régime des mollahs... mais il doit prendre des précautions. Son père, qui a jadis répudié sa mère pour se mettre en ménage avec une autre femme, dont il a eu un autre fils, cherche à le voir.
Le héros évolue entre son demi-frère (avec lequel il était fâché), son neveu (si serviable, et dont la mère... est l'ancienne amoureuse du héros !), ses étudiants et sa mère. Celle-ci, recluse mais apaisée, ne veut plus entendre parler du passé, et surtout pas toucher le moindre argent du mari indélicat, même par héritage interposé. Et pourtant... une véritable fortune est en jeu. Du coup, dans ce régime hyper-moralisateur, l'art de la dissimulation est poussé à un haut degré.
Des retours en arrière sont chargés de nous rappeler les contentieux du passé. Mais, comme le pays, les gens ont changé depuis. Le héros ne le comprend pas... et réalise trop tard qu'il est tombé dans un traquenard.
Faites très attention à la séquence du début, tournée en partie en caméra subjective. Elle est située dans le troisième quart de l'histoire. La suite est en fait l'explication des circonstances qui ont abouti à un enlèvement. On savoure la complexité de l'intrigue, digne d'un polar occidental.
La réalisation est sobre. C'est au niveau du montage qu'un gros travail a été fait. On sent qu'il a fallu déployer beaucoup d'habileté pour contourner la censure iranienne. Le spectateur attentif y lira une critique acerbe du régime des mollahs, à travers notamment le cas des jeunes hommes envoyés à une mort certaine lors de la guerre contre l'Irak. On pourrait dire aussi beaucoup de choses de cette gamine ravissante devenue une mère complexée, obsédée par la pureté.
Si vous avez aimé Une Séparation ou encore Les Chats persans (réalisés par d'autres talentueux cinéastes), vous pouvez vous laisser tenter par ce film au titre en forme d'antiphrase.
20:16 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
samedi, 17 novembre 2012
Le Jour des corneilles
C'est un (superbe) dessin animé français, qui puise à la fois dans la tradition du conte à l'européenne et dans l'imaginaire de créateurs comme Hayao Miyazaki. L'animation est le résultat du travail d'une équipe franco-belbo-luxembourgo-canadienne.
L'histoire commence un soir d'orage. Un géant porte un enfant, qu'il se dépêche de cacher dans la forêt. (Cela nous vaut une première scène virtuose, dans un terrier, avec le bébé qui tente de téter une sorte de grosse belette ou de femelle castor.) L'enfant est ensuite récupéré par le géant, qui va l'élever à la dure... lui interdisant de sortir de la forêt, sous peine de disparaître pour toujours.
Mais... le gamin est curieux... et son père va avoir un accident. A partir de là, l'histoire s'emballe.
Le titre n'est peut-être pas très bien choisi : les corneilles n'interviennent que dans la deuxième partie du film. Mais elles vont jouer un rôle dans la relation entre le garçon et Manon, la fille du médecin (à qui Claude Chabrol a prêté sa voix, peu de temps avant de mourir).
Pour moi, ce sont les deux morceaux du film qui se déroulent dans la forêt qui sont les plus réussis. Un grand soin a été apporté au paysage végétal, ainsi qu'aux mouvements des personnages, notamment des animaux. Il y a donc le début, avec la vie autarcique du géant et du garçon. La scène de chasse est brillante. Moins clinquantes, mais magnifiques visuellement, sont les scènes qui voient le garçon dialoguer avec d'étranges personnages, à corps humain tête d'animal. Il rencontre un chat forestier, une biche, un crapaud... Le mystère ne sera expliqué que dans le dernier quart du film.
Le passage par le village est l'occasion de stigmatiser la bêtise d'une partie des habitants. On en apprend un peu plus sur le passé du géant. C'est surtout le lieu de la rencontre entre le garçon et Manon. Tout ce petit monde va se retrouver dans la maison du médecin, l'hôpital n'étant pas adapté au séjour d'un géant récalcitrant !
Le retour dans la forêt va donner la clé de l'énigme aux spectateurs qui n'auraient pas encore deviné. On aboutit à une séquence magnifique, dans un recoin secret, avec ce superbe personnage muet de la femme-biche. Mais l'orage approche. Une dernière transformation va faire rebondir l'histoire...
P.S.
Le site internet mérite vraiment le détour.
11:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
jeudi, 08 novembre 2012
Skyfall
Il faut attendre un petit moment avant de comprendre ce que désigne le titre : le manoir familial des Bond, censé se trouver en Ecosse (petit clin d'œil à Sean Connery). On en a une prévision dans le générique de début, un bon clip vidéo (sur la chanson d'Adele) qui brasse fantasmes du héros, événements passés et projections dans le futur de l'histoire.
Et c'est parti pour 2h25 d'action et de glamour, avec quelques pincées d'humour. La première séquence, tournée en Turquie (notamment à Istanbul) est un pur moment de bonheur. J'ai trouvé la poursuite en moto encore meilleure que celle mise en scène par Spielberg dans Tintin et le secret de la Licorne. Plus loin dans le film lui répondent les péripéties dans les sous-sols de Londres. Entre les deux, j'ai été marqué par l'assassinat du notable chinois (et les retrouvailles de Bond et du tueur à gages), dans cet immeuble aux parois vitrées. C'est moins spectaculaire que les deux séquences dont je viens de parler, mais on sent qu'il y a eu un gros travail de mise en scène et de gestion des reflets.
Au niveau du casting, c'est tip-top. Daniel Craig est une version moderne de Sean Connery très convaincante. Face à lui, Javier Bardem est épatant en méchant blond à la sexualité interlope... ce qui interroge d'ailleurs celle de son adversaire ! Maiiiiiiiiiiiiiiiiis noooooooooon, James est un hétéro sévèrement burné, inconsolable de la perte de son aimée dans Casino Royale (incarnée il est vrai par la superbe Eva Green).
Que les fans tradis se rassurent : les scénaristes ont mis dans les pattes de James une brochette de dames bien gaulées et pas farouches, de la compagne cachée du héros dans sa retraite asiatique à sa collègue du MI6 (incarnée par Naomie Harris, la nouvelle Halle Berry ?) en passant par la sulfureuse Frenchie Bérénice Marlohe, qui, lors de la séquence se déroulant dans un casino de Macao, porte une robe de chez robe :
Côté gonzesses, Judi Dench ("M") est aussi épatante, même si elle a plus de rides.
Les autres personnages masculins sont un peu étouffés par le duo Craig-Bardem. Signalons toutefois l'apparition d'un nouveau "Q", un geek un peu trop sûr de lui (Ben Whishaw) et l'introduction d'un parlementaire (incarné par Ralph Fiennes) destiné à un grand avenir.
L'accumulation des qualités rend le spectateur indulgent pour les quelques défauts. On nous ment quand on nous fait croire que le bateau emporte Bond et sa nouvelle conquête de Macao vers une île chinoise : en réalité, la séquence suivante a été (en partie) tournée au Japon, à proximité de Nagasaki, sur l'île d'Hashima :
De plus, le méchant est un peu trop machiavélique, il a tout prévu et organisé des mois à l'avance. Comme lorsque Bond évite (presque) toutes les balles, on est au bord de la vraisemblance. Mais ne boudons pas notre plaisir et, calé dans un bon fauteuil, dans une grande salle, profitons du spectacle.
14:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 05 novembre 2012
La Pirogue
C'est un film sénégalais, dont l'intrigue tourne autour de l'émigration vers l'Europe. Francophonie oblige, il est question de la France comme destination, même si une partie des passagers vise l'Espagne. Leur objectif est d'ailleurs d'atteindre d'abord les Canaries, dépendance espagnole située dans l'océan Atlantique :
On est cueilli dès le départ par un combat de lutteurs, de sa préparation à ses conséquences, en passant par l'affrontement, très bref finalement.
Le réalisateur brosse un portrait bigarré des Africains, ici Sénégalais et Guinéens, appartenant à diverses ethnies. Les tensions naissent plutôt entre les générations, ou entre les "traditionnels" (plutôt enclins à rester au pays) et les "modernes" (fascinés par l'Occident, qui pensent que l'herbe sera plus verte pour eux "là-bas", en Europe). On mesure l'écart entre le mode de vie traditionnel et ce que les gens perçoivent de la société de consommation. On remarque la place inférieure qui est en général laissée aux femmes (mais l'une d'entre elles va bousculer les certitudes trop bien ancrées).
Mais pour atteindre les Canaries vivants, les passeurs (et leurs passagers) ont besoin d'un bon pilote. Un pêcheur, réticent au départ, va jouer ce rôle, plutôt dans l'objectif de veiller sur deux jeunes qui sont du voyage.
La deuxième partie du film décrit le périple de l'équipage, ses rencontres, ses tensions, avec notamment le cas de cet homme (très attaché à sa poule) qui n'avait jamais vu la mer et qui empêche tout le monde de dormir. La réussite, au niveau de la mise en scène, est d'avoir transformé ce bateau en théâtre d'un formidable huis-clos.
Vont-ils arriver à bon port ? Combien vont rester en vie ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
22:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 02 novembre 2012
Frankenweenie
Tim Burton revient à ses premières amours, un court-métrage sorti en 1984 (et déjà produit par Disney), revu et corrigé en film d'animation, dont le style et l'ambiance ne sont pas sans rappeler d'autres œuvres du maître : L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres, mais aussi Beetlejuice, Edward aux mains d'argent et Sleepy Hollow. Comme certains critiques l'ont relevé, Tim Burton pratique l'autocitation. Il rend aussi hommage aux films d'épouvante qui ont marqué sa jeunesse, comme Frankenstein ou Godzilla. (Il fait aussi référence à des œuvres plus récentes, comme Critters par exemple.)
C'est un (nouveau) superbe noir et blanc, dont les personnages principaux (des enfants) évoquent le style "gothique" auquel on a eu un peu trop tendance à résumer Tim Burton. On est surtout loin des Blancs blonds et bronzés, emblèmes des WASP.
C'est visible par les grands, les ados pas cons... et les (pas trop) petits qui ont déjà vu (et apprécié) du Burton. (Dans la salle où je me trouvais, un papa avait emmené son fils de 5-6 ans. Le gamin a suivi tout le film sans pratiquement jamais broncher.)
Le héros est un chien, Sparky, une sorte de bull terrier. Vivant comme ressuscité, il est moche, mais il a un je-ne-sais-quoi qui le rend très attachant. C'est l'une des réussites de ce film que d'avoir donné vie ce personnage. Son maître est un garçon introverti (double de Burton), qui va jouer à l'apprenti-sorcier. On goûtera le tableau familial, très années 1950, avec femme au foyer.
La petite ville est peuplée d'adultes perçus comme plutôt menaçants (alors que ce sont tous des "gens biens", selon les critères de la morale dominante). Se distingue le maire, maniaque de son jardin (des fleurs surtout). Sa fille est une amie de Victor... et son caniche femelle va s'enticher de Sparky.
Au portrait d'une banlieue aisée se superpose une tranche de vie scolaire. Les gamins ont l'air de s'ennuyer ferme, en général, et ils sont très durs les uns envers les autres. Seul le professeur de sciences sort de l'ordinaire. Le concours de projets va mettre le feu aux poudres.
Cela se conclut lors de la fête de la Hollande. Les monstres ressuscités par les enfants (sauf Sparky) se déchaînent et il faudra bien des efforts à nos héros pour en venir à bout. Notons que la toute fin est optimiste.
A ceux qui trouveraient que l'ambiance risque d'être lugubre, je répondrais que le réalisateur a parsemé son film de pointes d'humour potache, comme la scène qui voit un bébé hurleur se faire enfourner par sa maman la tétine (tombée par terre) que vient de lécher Sparky. J'ai aussi aimé les cacas alphabétiques du chat de l'une des gamines, ainsi que l'explosion des singes fouteurs de merde.
19:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 01 novembre 2012
Sous la ville
"Encore un film sur l'extermination des juifs !" vont dire certains. Et pourtant... cette histoire-là n'a encore jamais été mise en scène... et elle est vraie ! Plus de 60 ans après, on continue à découvrir des choses sur cette période tragique.
Ce superbe noir et blanc se déroule essentiellement dans les égouts de la ville de Lvov (ou Lwow ou Lviv selon la langue de la personne qui s'exprime). Cet endroit repoussant va servir de refuge à un groupe de juifs qui ont échappé à la liquidation du ghetto. Tous ne vont pas survivre.
Les éclairagistes et le chef opérateur ont fait du bon boulot : ils ont installé l'ambiance obscure à l'écran tout en permettant au spectateur de tout distinguer. Ceci dit, je me demande ce que cela peut donner sur un écran de télévision... (ALLEZ VOIR LES FILMS EN SALLE !)
Toujours dans un souci de réalisme, on a fait s'exprimer les acteurs dans les langues parlées à l'époque : polonais, ukrainien, allemand, yiddish, russe. Cette cacophonie des sonorités peut déconcerter de prime abord, mais on s'habitue vite.
On peut penser que ce long-métrage n'a pas été réalisé que pour témoigner d'événements extraordinaires. Il a aussi pour but de réconcilier juifs et catholiques polonais, dont les relations ont été marquées au mieux par l'incompréhension, au pire par l'hostilité. C'est bien que ce film ne cache ni n'atténue ces tensions-là.
L'histoire est aussi attachante parce que celui qui va devenir un héros est d'abord un salaud : l'égoutier Leopold Socha cambriole ici ou là puis, lorsqu'il décide d'aider les fugitifs, se fait payer. La guerre qui a déshumanisé tant de personnes va le grandir. Il devient presque un saint. En 1978, il sera reconnu "Juste parmi les Nations".
Face à lui, le groupe de juifs n'est pas présenté comme une masse informe de victimes innocentes. Ce sont des êtres humains, avec leurs qualités et leurs défauts. Chacun tente de mener sa vie. On s'aime, on se déchire, on se trompe. (Il arrive d'ailleurs à une femme et sa fille une histoire semblable à ce qui est évoqué dans Un Secret.) Des couples font l'amour. On assiste même à un accouchement (sordide). Je regrette toutefois une tendance au mélodrame... à laquelle il est peut-être difficile d'échapper, vu le contexte.
Au passage, la réalisatrice souligne le rôle des collaborateurs ukrainiens (on en avait aperçu aussi dans le film de Roman Polanski, Le Pianiste)... et ne cache pas qu'à la mort de l'égoutier (après la guerre), il s'est trouvé des personnes pour affirmer qu'il avait été puni pour avoir aidé les juifs.
Reste que ces 2h25 sont assez éprouvantes. C'est long, peut-être parfois un peu répétitif. Ce n'est donc pas pour moi un grand film, mais une oeuvre à découvrir.
P.S.
Invitée de l'émission Cosmopolitaine (le 14 octobre dernier), la réalisatrice Agniezka Holland évoque la Pologne de l'époque. (On notera toutefois que, dans ses propos, elle distingue les juifs des "Polonais" et des "Allemands"...)
23:13 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
Traviata et nous
C'est un documentaire, étrange, qui narre la genèse d'un opéra, La Traviata (de Verdi), tel qu'il a été représenté à Aix-en-Provence, en 2011.
Je précise tout de suite que je ne suis pas un fan d'art lyrique. Je n'ai même jamais assisté à une représentation. Je n'en ai jamais vu qu'à la télévision... et j'imagine combien les effets étaient atténués.
Les non-initiés seront d'abord surpris de voir répéter les artistes "en civil", en blue jeans, baskets voire nus-pieds. Une fois que les codes de base sont maîtrisés, que la mise en scène est fixée, on les retrouve en costumes (avec plusieurs versions).
Le metteur en scène est justement l'un des "personnages" du film. Jean-François Sivadier (que l'on voit avec deux paires de lunettes différentes... aurait-il cassé les premières ?) fait rire par sa maîtrise approximative de l'anglais ; il étonne par ses choix mais, quand on les voit appliqués, on se rend compte de leur pertinence. Et, comme l'on a eu l'obligeance de sous-titrer (y compris les parties chantées), le non-initié comprend tout ! L'opéra n'est plus uniquement cette performance de voix exceptionnelles. C'est aussi du théâtre.
On découvre donc les voix, au travail. Comme cela se passe lors des répétitions, les artistes ne se donnent pas à fond... Ils sont pourtant impressionnants. Le film se concentre bien entendu sur Natalie Dessay, la célèbre soprano (qui possède un site internet). Cela ne se justifie pas uniquement en raison de son talent (dont un aperçu est visible ici). Elle a une forte personnalité, de l'humour, ce qui transparaît dans le film. (Pour la découvrir, je recommande l'émission Eclectik, dont elle fut invitée le 21 octobre dernier.) Le contraste est même saisissant entre la chanteuse, plutôt expansive, et le metteur en scène, plutôt dans la retenue. Mais le courant passe.
Concernant les autres chanteurs, j'ai remarqué qu'en plus d'avoir une belle voix, ceux qui incarnent les personnages principaux sont d'un physique agréable. Un spectateur attentif remarquera que les choeurs sont composés de personnes au physique plus disgracieux ou de jeunes chanteurs. En tout cas, il ressort des scènes où ils interviennent qu'ils ont du talent. On peut faire la même remarque à propos des musiciens, capables de s'adapter rapidement aux exigences du chef d'orchestre, Louis Langrée. Ce Français, dont l'anglais est plus sûr que celui du metteur en scène, a vraiment le physique de l'emploi ! ;)
J'ai aussi aimé le passage qui met en valeur la pianiste (qui chante très bien). De manière générale, le film ne laisse pas à l'écart les "petites mains" du spectacle. La première scène leur est même consacrée.
Concernant le jeu, j'ai trouvé que c'est avec celui qui incarne Giorgio Germont (le père) que Natalie Dessay "fonctionne" le mieux (pour le peu qu'on en voit). Il semble qu'il ait fallu davantage travailler la relation amoureuse entre Violetta et Alfredo.
Résultat ? Le documentaire donne envie de voir l'opéra.
Mission accomplie ?
13:36 Publié dans Cinéma, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, musique
mercredi, 31 octobre 2012
César doit mourir
Deux papys du cinéma italien, les frères Taviani, ont choisi de se renouveler en passant au documentaire carcéral. Les voici donc dans une prison italienne de haute sécurité, située près de Rome. Y sont incarcérés des durs de durs, des assassins, certains de la Mafia ou de la Camorra. Un dramaturge tente d'y promouvoir le théâtre. Les cinéastes proposent d'adapter une pièce de Shakespeare, Jules César.
Le film commence par la scène finale, où un oeil exercé aura bien du mal à deviner que la représentation a lieu en prison. Puis, l'on passe au noir et blanc et au récit de l'aventure qui a conduit à ce petit exploit.
Cela commence par la sélection des comédiens, des détenus, qui vont se révéler en général très bons acteurs. Le film ne rend malheureusement que partiellement compte du travail qu'ils ont dû fournir pour en arriver là.
L'essentiel de l'action est composée des répétitions, qui ont lieu en différents endroits de la prison, à cause des travaux dans la salle de spectacle. Ces hommes jouent avec leurs tripes et se rendent compte que l'auteur élisabethain avait bien saisi l'âme humaine, celle du XVIIe siècle, bien sûr, mais aussi celle du XXIe. Le noir et blanc renforce l'impression d'interpénétration des époques. A certains moments, on ne sait plus si les détenus jouent la pièce ou leur vie.
Notons que c'est parfois assez drôle. Certains des acteurs ont de fortes personnalités ; ce sont de "bons clients" pour une caméra. La situation peut être cocasse, comme lorsque le metteur en scène demande à chacun de s'exprimer dans son dialecte et que l'un des détenus prend la peine de préciser que tel mot est le même qu'en italien ! (Un autre demande si ce n'est pas trop grave s'il ne parle aucun dialecte !)
Pour les besoins du film, certaines scènes ont été rejouées, comme la dispute (qui a vraiment eu lieu) ou les réflexions des gardiens, subitement passionnés par la pièce (en particulier l'attitude de Marc-Antoine, qui semble bien vite s'accommoder de l'assassinat de son mentor César). C'est plus évident à la toute fin, quand l'un des prisonniers en vient à reprocher aux cinéastes de lui avoir trop ouvert l'esprit. Tout est vrai, mais on a préféré (on a dû ?) en passer par la réécriture.
Cela n'enlève qu'un peu de mérite à un film passionnant et vibrant.
22:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 30 octobre 2012
God Bless America
Non, non, non, je ne suis pas tombé dans l'américanophilie béate, à l'image de certains de nos hommes politiques et de leurs alliés commentateurs patentés. Je suis tout simplement allé voir l'un des films les plus jouissifs de l'année.
Le héros est un antihéros. On vient de lui diagnostiquer un cancer. Sa femme (qu'il semble aimer encore) l'a quitté et il voit petit à petit sa fille s'éloigner de lui... et devenir une petite garce capricieuse. Au boulot, ça se dégrade, d'autant plus qu'il ne supporte pas les conversations de ses collègues, dont le temps de cerveau disponible est consacré à écouter des radios populistes et à regarder des émissions débiles à la télévision. Si vous ajoutez à cela des voisins franchement crétins, qui lui pourrissent la vie, vous comprendrez que le gars, au bout d'un moment "pète les plombs".
Le réalisateur nous dresse donc le portrait uniquement à charge d'une Amérique décadente, où l'intelligence est ringardisée par le clinquant, où le civisme est étouffé par l'égocentrisme et la volonté d'humilier. (La petite futée du fond qui dit que la France a furieusement tendance à se rapprocher de cette image idyllique a toute ma considération.)
Au départ, Frank (incarné avec talent par Joel Murray... oui, le frère de Bill) n'ose pas passer à l'acte. Cela nous vaut deux belles scènes fantasmées, l'une d'entre elle étant la plus "gore" du film... et celle qui respecte le moins de tabous. (Il est question d'un enfant... gémissements indignés dans la salle !)
Un événement se produit qui lui fait franchir le pas. Et, à partir de là, ça va chier ! Ah oui, j'avais oublié de préciser : une scène de boîte à chaussures nous fait comprendre que Frank a un passé militaire (il a même été décoré) ; je penche pour la Guerre du Golfe (celle de 1990-1991). Figurez-vous que le gars est un excellent tireur.
Après, c'est du pur bonheur. Notre justicier va s'en prendre aux "vedettes" de la télé-réalité (et aux parents putassiers de l'une d'entre elles), aux intégristes chrétiens, aux ultralibéraux... bref à une brochette de gens éminemment sympathiques. Il va être aidé en cela par une adolescente en rupture (Tara Lynnne Barr, excellente). Un lien très spécial se noue entre les deux inadaptés, mais chacun cache quelque chose à l'autre.
L'humour est évidemment présent dans les scènes de "dézingage"... pas forcément à la gloire du tueur, qui n'arrive pas à faire exploser la voiture de la greluche de télé-réalité et dont l'arme s'enraye un peu plus tard... Heureusement que son "assistante" veille au grain !
Pour le cinéphile que je suis, l'un des meilleurs moments voit le duo régler son compte à un groupe de djeunses arrogants et mal élevés, dans un cinéma qui projette un documentaire sur la guerre du Vietnam. Aaaaaaaaaaaaaaaah, que c'est bon de voir s'écrouler ces triples cons qu'on rencontre parfois en salle, ces abrutis qui imposent leurs commentaires pendant le film, quand ils ne bouffent pas bruyamment (et salement : il suffit de voir l'état de la rangée après leur passage...), ces décérébrés incapables de passer deux heures sans allumer leur téléphone portable !
Bref, j'ai kiffé à donf', même si je suis conscient des limites du film. Le héros ne voit pas d'autre solution que le meurtre (mais uniquement de personnes "qui méritent de mourir", dit-il). Il est de plus opposé au contrôle des armes. Mais on passe un sacré bon moment !
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lundi, 29 octobre 2012
Insensibles
Ce film espagnol, signé Juan Carlos Medina (associé à Luis Berdejo, l'un des créateurs de [Rec], pour le scénario), confronte deux époques, la nôtre, qui voit un brillant chirurgien quinquagénaire découvrir sa maladie à l'occasion d'un accident de la route, et la période franquiste (de la guerre d'Espagne aux années 1960), durant laquelle on suit principalement des enfants.
On ne peut pas s'empêcher de penser à d'autres (très) bons films de genre, dont l'intrigue puise dans cette époque tragique : Le Labyrinthe de Pan (moins réussi que celui-ci au niveau du scénario), Balada triste (apparenté aussi par la réflexion sur la violence et la déshumanisation) et Pain noir (qui témoigne du même souci de tracer un portrait social nuancé de l'époque). Sans en dire trop à propos de l'intrigue, je peux ajouter que l'histoire n'est pas sans rappeler l'excellent Incendies. Le film espagnol est toutefois plus optimiste que le libanais, peut-être parce que dans l'un des cas, le lourd passé est en passe d'être digéré, alors qu'au Liban, les blessures sont encore vives et le conflit pas enterré.
Mais revenons à Insensibles.
La partie contemporaine de l'histoire est à la fois un polar (une enquête) et un mélo. Le héros cherche à découvrir qui sont ses parents biologiques... et va aussi apprendre qui était jadis celui qui est son père officiel. C'est maîtrisé, émouvant parfois.
La partie "ancienne" est la plus belle à voir. Les couleurs sont magnifiques et le site de l'orphelinat-prison est à couper le souffle. S'ajoute à cela l'espèce de malédiction qui pèse sur ces enfants, dont on suit le parcours. Adultes comme jeunes jouent très bien. Les effets spéciaux sont dosés et pertinemment utilisés. L'histoire est vraiment très travaillée. (Cela mériterait l'oscar du scénario, à mon avis.) Les intrigues s'entremêlent. (On a même réussi à insérer de petites histoires dans l'histoire, comme celle du chiot malade qui va être un facteur d'accélération de l'action.)
On s'attache à certains personnages. On les voit évoluer et l'on se demande qui peut être le père et qui peut être la mère. On notera la volonté de ne pas bâtir des personnages d'une seule pièce. Attention aussi aux âmes sensibles : certaines scènes (brèves) sont sanglantes.
On nous ménage des surprises jusqu'à la séquence finale, de toute beauté.
Je suis sorti de là assez remué... et ravi d'avoir vu un tel chef-d'oeuvre !
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samedi, 27 octobre 2012
Tell me lies
C'est le titre du film tourné en 1967 par le dramaturge Peter Brook, sur la guerre du Vietnam vue de Londres. Il devait être présenté au festival de Cannes en 1968. Les "événements" (et le contexte politique international) ont empêché que le festival se déroule comme d'habitude. Sorti de manière confidentielle, le film a rapidement disparu de la circulation. Il ressort dans une copie restaurée.
Le titre du film est emprunté à une chanson, diffusée au tout début (on en entend d'autres au cours du film). Ne vous attendez pas à entendre le dernier "tube" de Britney Spears ou Mika. C'est de la chanson engagée. Les morceaux sont assez inégaux, l'inventivité poétique côtoyant le militantisme lourdingue.
Arrivent ensuite deux séquences passionnantes, qui se déroulent au cours d'une soirée mondaine. La première voit le héros (sorte de double du réalisateur) se confronter à des représentants de l'establishment britannique (parlementaires, permanents du parti travailliste -alors au pouvoir-, hauts fonctionnaires). La discussion, au cours de laquelle les arguments sont confrontés, est stimulante, d'autant plus que le réalisateur ne cherche pas à faire pencher la balance en faveur de la position de son personnage principal.
La deuxième séquence met en scène des militants des droits civiques noirs américains (et une Vietnamienne). Le ton est policé, mais les idées avancées sont parfois d'une grande violence. On adhèrera ou pas aux propos tenus, mais ils ne sont pas sans écho dans notre monde post-septembre 2001.
Par la suite, le héros se pose des questions à propos de l'immolation par le feu. Le spectaculaire suicide d'un moine bouddhiste l'interpelle. Il en vient à rencontrer un maître à penser de cette religion. Il finit par s'intéresser plus particulièrement au cas de Norman Morrison, un quaker engagé (aujourd'hui curieusement oublié), dont le geste surprit le monde.
Indirectement, le film traite du pouvoir des images. Photographies de presse, cinéma et déjà un peu télévision influencent l'opinion publique. L'un des fils rouges du film est d'ailleurs une image horrible, celle d'un enfant qui a été brûlé au napalm et dont le corps est presque totalement enveloppé dans des bandages. On en voit d'autres du même genre plus loin. Cela n'est pas sans rappeler (pour nous) la célèbre photographie de Kim Phuc, cette jeune fille victime elle aussi d'un bombardement incendiaire, au Sud Vietnam... mais en 1972. Ici, Peter Brook se fait visionnaire.
Même le monde politique est contaminé. Lors de la soirée mondaine, l'un des parlementaires affirme de son collègue qu'il passe plus souvent à la télévision parce qu'il est plus jeune que lui... et plus séduisant !
Sur la forme, ne vous attendez pas à du grand art. C'est assez classique et daté. Mais le contenu est bigrement intéressant. Il faut toutefois fournir quelques efforts d'attention.
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vendredi, 26 octobre 2012
Pauline détective
Cette comédie de mœurs, vaguement policière, repose entièrement sur les épaules de Sandrine Kiberlain. Force est de constater qu'elle rayonne. Comme l'interaction a particulièrement bien fonctionné avec Audrey Lamy (pétulante à souhaits) et le bellâtre Claudio Santamaria, on passe un moment pas désagréable.
Cependant, les seconds rôles ne sont pas tous étincelants, notamment Antoine Chappey, qui n'a certes pas la tâche facile, mais qui manque de naturel. C'est dû aussi à la faiblesse de certains dialogues et, à mon avis, à une mauvaise direction d'acteurs. Le réalisateur Marc Fitoussi (dont on nous dit qu'il a fait ses classes aux States) a voulu tout faire tout seul. Résultat : certaines scènes sonnent faux et trop de répliques sentent le dialogue écrit, pas le langage oral (cela commence dès la séance de l'héroïne chez son psy, au début).
Il reste des trouvailles, comme ces incrustations de "unes" (fictives) de presse à scandale, qu'imagine l'héroïne, elle-même directrice d'un torchon à grand tirage. J'ai aussi apprécié les scènes de Tarentelle, limites surréalistes... et bien chorégraphiées.
20:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 06 octobre 2012
Le Magasin des suicides
Patrice Leconte se lance dans l'animation, avec une équipe internationale (française notamment). Attention, attention : il ne s'agit pas d'un dessin animé pour enfants. C'est fait pour des adultes et des ados pas coincés du bulbe. (Dans la salle où je me trouvais, un papa a fini par sortir avec le garçon qu'il avait imprudemment emmené voir ce film.)
On pourrait le comparer à Mary et Max. La presse y a vu un décalque de certaines œuvres de Tim Burton. Les références sont plutôt à rechercher du côté de la Famille Adams.
Je recommande tout particulièrement la séquence introductive et le générique de fin. La première donne le ton du film, qui baigne dans l'humour macabre. En même temps, elle est conçue de manière assez virevoltante : un pigeon dépressif survole une ville polluée, croisant en route plusieurs humains qui mettent fin à leurs jours... Quant au générique de fin, je l'ai trouvé gé-nial. C'est... comment dire... conceptuel ! Je vous laisse le plaisir de le découvrir.
Entre ces deux moments marquants, on a deux films. Les trois premiers quarts d'heure sont dominés par le glauque et le saugrenu. Il faut aimer le genre. J'ai ri, souvent. Les situations sont renversées (le père -prénommé Mishima... devinez pourquoi- pousse son dernier fils à fumer... espérant hâter sa mort) et les dialogues fourmillent de jeux de mots (du genre "Vous n'en reviendrez pas !", de la part de la vendeuse à un client suicidaire). Je trouve excellente la trouvaille du commerce de la mort (que l'on doit à Jean Teulé, auteur du roman dont est adapté le film).
Le dernier tiers du film est moins convaincant. Il est plus mièvre, mais aussi porteur d'espoir. Je pense qu'on a voulu éviter de conclure de manière trop sombre.
L'ensemble est servi par une animation de qualité, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là. Certes, on n'atteint pas la virtuosité des productions Pixar, mais on reste dans un style très "français", comme dans Les Triplettes de Belleville ou L'Illusionniste. La 3D apporte de la profondeur de champ. Certaines scènes sont particulièrement réussies, comme celle qui voit un couple quitter le magasin tard le soir, la grille se refermant derrière eux... et même sur eux, à cause du reflet de l'éclairage. J'ai aussi en mémoire une scène de bulles, à la fois marrante et onirique, et un enchaînement de très bon goût entre une démonstration de maniement de sabre et un couteau s'attaquant à une motte de beurre.
Ce film mérite vraiment le détour.
P.S.
Le site internet est sympa (mais le son pas terrible).
21:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 30 septembre 2012
Camille redouble
Noémie Lvovsky fait partie du paysage cinématographique français... à l'arrière-plan. Pas assez canon pour la plupart des rôles-vedettes, pas assez intello pour susciter l'enthousiasme des critiques, elle a surtout officié comme scénariste (pour Arnaud Desplechin et Valeria Bruni Tedeschi, notamment). De l'autre côté de la caméra, elle s'est fait remarquer dans plusieurs seconds rôles, par exemple Edith Marécaux (aux côtés de Philippe Torreton) dans Présumé coupable, ou Madame Campan dans Les Adieux à la reine.
Du coup, il y a une part autobiographique dans ce film. L'héroïne, Camille (incarnée par la réalisatrice), est une actrice qui n'arrive pas à percer ; elle sort d'une histoire d'amour douloureuse, elle fume... et qu'est-ce qu'elle picole ! Mon Dieu mon dieu mon dieu mon dieu ! Bien mal lui en prend, puisqu'à l'issue d'une soirée très arrosée, elle se retrouve dans la peau de la Camille de 16 ans, il y a plus de 25 ans !
Dans ce passé, la plupart des personnages sont joués par des comédiens qui ont (à peu près) l'âge du rôle. Pas Camille, toujours incarnée par Noémie Lvovsky, mais habillée à la mode de l'époque. Et ça marche ! C'est évidemment très drôle. On sent aussi une certaine gourmandise à faire revivre cette adolescence du début des années 1980. Entre marivaudages et questionnements intérieurs, on suit un groupe de filles très tentées par les garçons.
L'autre aspect du film est la transformation du passé. Camille voudrait éviter de revivre la douloureuse histoire qui était née à l'époque et, surtout, elle va essayer d'empêcher le décès de sa mère, interprétée avec talent par Yolande Moreau (le papa ayant les traits Michel Vuillermoz).
Parmi les autres acteurs, il faut distinguer Samir Guesmi, un autre habitué des seconds rôles (récemment vu dans Hors-la-loi et Adieu Berthe) qui se révèle excellent en incontournable amour de l'héroïne. Denys Podalydès est très bon en prof de physique (mieux qu'Amalric en prof de français... mais cela n'étonnera personne). Se distingue aussi Judith Chemla, pétulante à deux âges.
J'aurais peut-être préféré que les implications fantastiques du retour dans le temps soient davantage développées, alors que c'est sur l'émotion que joue essentiellement le film. Mais cela reste un excellent divertissement.
11:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 23 septembre 2012
The Secret
Curieusement, le diffuseur n'a pas traduit le titre. A-t-on jugé que le public français comprendrait sans problème ? A-t-on voulu faire des économies d'affiches ? Un problème de droits s'est-il posé pour la traduction Le Secret ? C'est d'autant plus troublant qu'un autre titre nous est montré : The Tall Man (L'Homme grand).
Celui-ci évoque un personnage quasi-mythique, qui enlèverait les enfants d'une petite ville du nord-ouest des Etat-Unis (du côté de Seattle). Comme tout bon film d'épouvante, il s'appuie sur une réalité sociale (la crise économique et la disparition de l'activité minière).
Le réalisateur et scénariste, le Frenchie Pascal Laugier, sacrifie au procédé du retournement... un peu trop d'ailleurs.
Cela commence avec la séquence initiale, qui anticipe sur le déroulement de l'action. On la revoit une heure plus tard... mais on ne perçoit plus les protagonistes de la même manière.
A la base, on suit la courageuse infirmière Julia Denning (Jessica Biel, très photogénique, qu'elle soit sale, propre, gentille ou méchante), veuve et mère d'un petit garçon. Elle tente de soulager un peu les malheurs de cette population qui vit à l'écart du "Rêve américain". Elle est victime d'une agression... et l'on se demande si une bonne partie de la population n'est pas impliquée dans un complot.
Mais voilà que tout se complique. Ce qu'on nous a montré à l'écran n'est peut-être que mensonge (ou vision subjective). N'est-ce pas l'infirmière qui est un monstre ?
Pendant que l'on se pose ces questions, le film prend le temps de brosser un tableau accablant de cette province gangrénée par le chômage, l'alcool et la violence. Quand on compare cet univers aux scènes de la dernière partie du film, on peut se demander s'il n'y a pas un peu de racisme social dans ce film... ou une volonté maladroite de transgresser une forme de "politiquement correct".
Là où le réalisateur en fait trop, c'est quand il oriente les vingt dernières minutes vers un nouveau retournement. Alors, oui, il a réussi à construire son film de manière à rendre vraisemblables les versions successives. Mais, à trop vouloir faire le malin, il dilue un peu l'intérêt.
P.S.
Au niveau de la distribution, on peut signaler la composition de la jeune Jodelle Ferland en ado artiste limite autiste.
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samedi, 22 septembre 2012
Robot and Frank
Cette étrange comédie allie tradition et modernité. Pour la tradition, on a le vieux grincheux et la lecture de livres. Pour la modernité, on a les visiophones, les voitures futuristes... et des robots, l'un d'entre eux devenant l'auxiliaire de vie du héros.
Evidemment, le retraité, qui est frappé par un début d'Alzheimer, va vite s'accommoder du tas de ferraille qu'il rejette au début. C'est la manière dont va s'effectuer le rapprochement qui est originale : alors que le robot est censé apprendre au vieil homme à mener sa vie quotidienne plus sainement (bien se nourrir, entretenir un jardin, avoir des projets), c'est le "malade" qui va faire de la machine son apprenti, ainsi qu'il aurait aimé le faire avec son fils, qu'il a peu connu enfant.
Que va-t-il bien pouvoir lui enseigner ? Il faut être attentif à la première scène, étrange quand on ne connaît pas encore la suite. Sachez simplement que le vieil homme a fait de la prison...
Le plus cocasse dans cette affaire est que le robot est programmé pour privilégier l'amélioration de l'état de santé de son patient... quitte à commettre quelques "entorses" à la légalité. Cela nous vaut plusieurs moments savoureux. La relation qui se noue entre les deux êtres, faite de complicité et de non-dits, est touchante.
Les relations de Frank avec les humains sont finalement plus compliquées. Il y a ses enfants (un beau gosse, James Marsden, alias Cyclope dans X-Men, et une bimbo humanitaire, Liv Tyler, lèvre supérieure refaite), qui l'aiment mais ne le comprennent pas. Il y a cette charmante bibliothécaire (Susan Sarandon, elle aussi passée sous le bistouri), avec laquelle il serait prêt à faire un bout de chemin... et il y a ces jeunes (nouveaux) riches, arrogants. Ah, j'ai failli oublier : la police va s'en mêler, avec le shérif, incarné avec talent par Jeremy Sisto, remarqué dans les récentes saisons de New York Police Judiciaire.
Le dernier quart d'heure m'a ému. Une révélation donne encore plus de profondeur à un aspect de l'histoire : la maladie de Frank. Cela se termine par une dernière pirouette, mais je n'aime globalement pas la fin.
P.S.
Les histoires de robot sont à la mode. Cet été, en première partie de Journal de France (de Depardon), j'ai vu un excellent court-métrage, Blinky, moins optimiste sur le sujet...
22:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 19 septembre 2012
Dark Horse
C'est à Todd Solondz (génial auteur de Bienvenue dans l'âge ingrat, Happiness et du décevant Life during wartime) que l'on doit ce "cheval noir" (cet outsider, devrait-on dire). Il n'est pas tombé dans la caricature, puisque cet exemple de loser est un fils de la classe moyenne juive, à qui ses parents ont sans doute passé trop de choses. Il est devenu un trentenaire célibataire, un peu obèse et dépressif.
La première partie présente le milieu familial (avec papa Walken et maman Farrow, très bons dans des rôles ingrats) et le contexte de la PME immobilière du père. C'est savoureux sans être excessif... de quoi décevoir les amateurs du côté trash de Solondz. On apprécie quand même de voir ce grand enfant gâté faire mu-muse avec son hummer digne des Experts Miami. Par contre, je trouve que Selma Blair n'est pas très crédible en brunette tantôt suicidaire tantôt cynique.
Cela devient intéressant quand surviennent des scènes oniriques, rêvées, fantasmées... ou comateuses. Certains personnages sortent du carcan que l'histoire leur avait imposé. Mais, globalement, c'est quand même moins réussi que les précédents films de Solondz.
21:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mardi, 18 septembre 2012
La Vierge, les Coptes et moi...
... et ma mère, aurait pu poursuivre l'auteur du film ! Il règne un double esprit sur ce curieux documentaire, enfant de Woody Allen et de Pierre Carles. La famille du réalisateur, Namir Abdel Messeeh, pourrait être juive. Elle est composée de Français et d'Egyptiens coptes. Les relations familiales, qui oscillent entre tradition et modernité, sont l'un des sujets de ce film. L'auteur y fait preuve d'un incontestable narcissisme, tempéré par un sens assez prononcé de l'autodérision.
L'autre sujet est celui de la religion, celle de la minorité chrétienne d'Egypte, pas très bien traitée par ses concitoyens musulmans. Messeeh se filme en train de construire son film, d'entretiens téléphoniques en repérages sur le terrain, à la manière d'un Pierre Carles.
On sent que l'auteur est au mieux agnostique, au pire athée. Il a pris de la distance avec son milieu d'origine. L'affaire des apparitions de la Vierge est l'occasion de renouer les liens. Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu... et c'est tant mieux !
Les 40 dernières minutes, qui voient la mère (une ancienne comptable au Qatar... pays qui a participé au financement du film) prendre les choses en mains et débarquer de France en Egypte, sont souvent hilarantes. Au choc des cultures se superpose le cocasse des situations : il s'agit de trouver une jeune fille qui accepte d'incarner la Vierge... et de convaincre ses parents !
On atteint un sommet lorsque la participation des villageois est mise en scène. J'ai aussi trouvé très belle la séquence de la projection. A l'animation du public, ravi de se voir (ou de voir les voisins) à l'écran succède un silence éloquent, au moment de l'apparition.
La presse a eu amplement raison de chanter les louanges de ce petit bijou cinématographique.
20:40 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 16 septembre 2012
Les Enfants Loups
C'est le dernier film de celui que l'on commence à présenter comme le nouveau Miyazaki, Mamoru Hosoda. Les amateurs de mangas le connaissent par ses précédentes oeuvres, La Traversée du temps et Summer Wars. A ma grande joie, j'ai pu voir le film en version originale sous-titrée.
Autant le dire tout de suite : c'est long (deux heures). Le réalisateur a pris le temps de développer son histoire, ses ramifications. Il est très attentif aux émotions des personnages.
La première partie traite de la rencontre entre une étudiante et un jeune homme mystérieux. Leur amour va donner naissance aux deux enfants-loups, Yuki l'aînée et Amé le cadet.
La deuxième partie du film est consacrée à l'enfance des bambins, qui finissent par s'installer avec leur "mère-courage" en pleine campagne, dans une baraque en ruine que maman va retaper, avant de mettre en culture les terres avoisinantes. Au départ dubitatifs, les voisins vont se rapprocher d'elle, notamment un vieil homme bourru, sorte de Clint Eastwood rural japonais qui, sous des dehors agressifs, cache un coeur d'or. Cette partie est la plus truculente, notamment par le biais de Yuki, véritable feu follet qui peine à maîtriser ses transformations.
La troisième partie traite du début de l'adolescence des enfants. Leurs tempéraments évoluent, tout comme leurs corps et la relation semble s'inverser entre le frère et la soeur (qui est la narratrice de l'histoire).
L'animation est de qualité. Au départ, certaines scènes anodines pouvaient laisser croire qu'à l'image du ton, on risquait de subir un truc assez mièvre. Très vite, quelques détails nous laissent entrevoir le talent des dessinateurs, notamment lorsque la ville se trouve à l'écran, de nuit, ou encore lorsque l'on nous montre ces bocaux où sont disposées des fleurs.
La partie qui se déroule à la campagne subit l'influence de Hayao Miyazaki. Il est question de communion avec la nature, mais il n'y a pas de propos écologiste ici. Signalons un moment de toute beauté, qui voit la mère, partie à la recherche du fils disparu en forêt, faire la rencontre d'une ourse et de ses petits. Au même moment, à l'école du village où Yuki se retrouve enfermée avec un ami qu'elle a peu auparavant blessé par mégarde, une scène fabuleuse la voit révéler son secret, devant une fenêtre ouverte dont les rideaux oscillent au gré du vent, (dé)voilant tel ou tel aspect de sa personnalité.
Même si les dix dernières minutes m'ont un peu cassé les pieds, je recommande chaudement ce film.
22:38 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 15 septembre 2012
La Dette
Il ne va pas être question de la B.C.E., ni de la Grèce, ni de l'Espagne... un peu de la France... mais parce qu'il s'agit d'un film franco-polonais, dont l'action se déroule de nos jours, avec des références au passé communiste du pays (la Pologne), 30 ans auparavant.
On met du temps à comprendre ce à quoi fait allusion le titre français, alors que le titre polonais, Kret ("la taupe"), est plus explicite... mais un autre film, dont l'action se situe pendant la Guerre froide, porte déjà ce titre, en français.
A l'image des deux personnages principaux (le père et le fils), on navigue entre la France et la Pologne, entre l'euro et le zloty. Les deux hommes mènent un petit commerce illicite de vêtements de récupération. Leur fournisseur est un Arabe français, leurs clients des connaissances polonaises, dans le Sud du pays, la Silésie :
En France, le duo s'appuie sur un neveu de Zygmunt : la communauté polonaise est importante dans le Nord-Pas-de-Calais et la solidarité n'est pas un vain mot.
"Solidarité" est justement l'un des mots-clés : Zygmunt (qui fut ouvrier) est un ancien militant du syndicat Solidarnosc, avec lequel il semble avoir pris ses distances. Il en fut pourtant une figure emblématique, au plan local. Il a fait de la prison sous le régime communiste et semble vivre avec une pension de retraite assez modeste.
Le film nous présente d'abord le contexte économique et familial : le fils de Zygmunt est marié à la fille d'un autre ancien mineur, qui fut tué lors d'une grève qui défraya la chronique au début des années 1980.
Dans le contexte de "lustration", certaines affaires remontent à la surface. On apprend que la police politique aurait disposé d'un agent au comité directeur de la section de Solidarnosc. Zygmunt est soupçonné... et le film prend une autre dimension.
Le réalisateur a su (en s'appuyant sur d'excellents comédiens) restituer plusieurs ambiances troublées. La relation père-fils est perturbée, même si Pawel veut engager la défense de l'honneur de son père. Cela se complique avec sa femme et sa belle-mère, même si les liens affectifs demeurent forts. C'est plus dur avec les contacts professionnels. Paradoxalement, la solution pourrait venir de la communauté émigrée.
La dernière demi-heure est particulièrement réussie. A plusieurs reprises, on est amené à changer d'opinion, à propos de Zygmunt principalement. Le suspense est prenant, alors que l'action ne suit pas un rythme trépidant.
Un film à découvrir.
17:16 Publié dans Cinéma, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 09 septembre 2012
Journal de France
Raymond Depardon cosigne ce film avec Claudine Nougaret, devenue jadis son ingénieure du son (et un peu plus que cela, comme on peut le comprendre à la manière dont il la filme).
Ce documentaire alterne les séquences d'archives (parfois inédites), principalement des extraits des précédents films de Depardon, et des scènes tournées récemment, lors du dernier périple du cinéaste dans la France profonde.
Les tranches de vie saisies en Afrique sont saisissantes, que ce soit au Venzuela, au Biafra (en pleine guerre civile), en compagnie de mercenaires européens, ou au Tchad, où Depardon était parvenu, au prix de plusieurs mois passés dans le désert, à entrer en contact avec les ravisseurs de l'anthropologue Françoise Claustre, puis de celle-ci.
A notre époque, Raymond Depardon photographie. La devanture d'un magasin, une route, des grands-pères assis à l'entrée d'un bâtiment. On voit le "travail à l'ancienne" que prise le photographe.
Retours sur sa carrière. On nous propose des extraits connus ou inédits des documentaires qui ont fait la renommée du cinéaste : 1974, une partie de campagne, où Valéry Giscard d'Estaing apparaît cynique (le film a été longtemps bloqué par l'ancien président de la République) ; Reporters, qui met en scène à la fois des vedettes et des photographes (et Jacques Chirac en campagne, il y a une trentaine d'années).
Depardon est revenu sur les sujets qui lui tenaient à coeur. A San Clemente, tourné dans un asile de Venise, situé sur une île (avec des images particulièrement marquantes) répond Urgences, consacré à l'Hôtel-Dieu, à Paris. A Délits flagrants répond 10e chambre, instants d'audience (avec le cas de ce chauffeur délinquant routier multirécidiviste... et sans complexe). Et puis il y a la série Profils paysans, si nostalgique (passéiste, dirons certains), qui n'a pas suscité l'enthousiasme unanime du monde agricole.
Si l'on connaît bien l'oeuvre du cinéaste, ce film est un agréable "pot-pourri", qui n'apprend pas grand chose. Sinon, c'est l'occasion de découvrir l'un des meilleurs documentaristes contemporains.
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vendredi, 07 septembre 2012
My vote is my secret
C'est un documentaire tourné en 1994, avant, pendant et juste après les premières élections libres en Afrique du Sud. Il a été diffusé sur Arte l'année d'après.
Les auteurs ont suivi des citoyens ordinaires, presque tous noirs, pendant l'effervescence qui précède le vote, au moment de celui-ci et après la proclamation des résultats. Les véritables héroïnes sont des ouvrières du textile, qui travaillent dans une petite manufacture. Quand on prend le temps de les écouter, on s'aperçoit qu'elles ont des convictions solidement ancrées, chacune à sa manière. Elles sont à la fois drôles et émouvantes.
Les meilleurs moments cinématographiques sont les séquences tournées auprès des Zoulous, notamment dans cet "hostel", sorte de refuge clanique, où certaines femmes peuvent trouver protection, tant la violence est grande à l'extérieur. On assiste à des cérémonies traditionnelles, bien filmées, alors que, dans le reste du film, l'image est d'une qualité médiocre.
Intéressants aussi sont les préparatifs du scrutin. On navigue entre l'amateurisme bon enfant et un indéniable engagement civique. C'est touchant et stimulant à la fois. On voit naître une (ébauche de) démocratie. On pourra néanmoins regretter que les Blancs privilégiés par le régime d'Apartheid n'aient pas réellement voix au chapitre.
Sur la fin, on voit la joie de la majorité (après la proclamation de la victoire de Nelson Mandela) et on arrive à une étonnante séquence, durant laquelle s'illustre un drôle de gamin, parfaitement anglophone (ce qui n'est pas le cas de nombre de personnes interrogées dans ce documentaire), qui exprime les attentes (énormes) de la population et, dans une scène digne du théâtre de boulevard, récite ce qui me semble être le discours d'investiture de Nelson Mandela.
Je ne connaissais pas ce documentaire. Il a été programmé lors du festival de Rieupeyroux (Rencontres à la campagne), qui, du 5 au 9 septembre 2012, propose des films peu vus, le tout associé à une fête villageoise. On peut voir des expositions, rencontrer des producteurs locaux, (bien) manger sur place et même écouter de la zique (un trio de chanteuses-musiciennes qui ont la langue bien pendue).
21:37 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 29 août 2012
Spermatofolie
C'est le titre d'un roman de Guillaume Cochin, publié en 2007 :
Le narrateur est un homme, dont on suit la première moitié de l'existence. C'est un rouquin timide, qui se distingue par un T.O.C. : l'enfant porte de manière compulsive la main à son "robinet", au désespoir de sa maman un peu coincée. S'en suivent des séances chez le médecin.
Arrive l'adolescence : le héros devient le roi de la branlette... et le dernier de la classe. Mais, enfant unique tardivement né, il est chouchouté par ses parents. Il est entretenu jusqu'à l'âge adulte, habitant dans un petit appartement loué par ses géniteurs. Il vit à l'écart du monde, obsédé par sa seule queue.
Sa vie va prendre une autre direction quand il apprend qu'il peut donner son sperme. Ses masturbations vont enfin avoir du sens ! Monsieur adopte donc des horaires de bureau, passant quotidiennement (matin ET après-midi) verser son obole -en liquide- au laboratoire, où travaille une charmante infirmière. La description du processus qui le conduit à devenir donneur anonyme vaut son pesant de papier hygiénique !
Le drame, pour lui, est qu'on finit par ne plus avoir besoin de ses services. Il perd ensuite son père, puis sa mère. Il vivote sur l'héritage, hiberne chez lui en gros crasseux. Et puis un jour... il va pouvoir à nouveau se rendre utile. Je ne vous raconte pas dans quelles circonstances, mais sachez qu'il découvre qu'il a 367 enfants ! Rouquins comme lui ! La fin du bouquin le voit commencer une nouvelle vie.
En lisant cela, vous vous dites peut-être que vous connaissez peu ou prou cette histoire. Elle ressemble à celle du (médiocre) film Starbuck, dont j'ai causé le 13 juillet dernier.
Et voici ce sur quoi je suis tombé dans Le Monde du 22 juillet :
Il est vrai que les ressemblances entre les deux histoires sont troublantes. Le Journal de Montréal les a listées. Restent les différences :
- le film n'évoque pas la jeunesse du héros et passe (hélas) rapidement sur sa manie de la branlette
- le film fait de son personnage principal quelqu'un de sociable, inséré dans un réseau de relations et travaillant dans l'entreprise familiale, même s'il n'est pas un salarié modèle
- la cause de la découverte de la pluripaternité n'est pas la même
- le personnage principal du film tient, dans un premier temps, à préserver son anonymat
- le film développe la volonté du héros d'améliorer le sort de ses "enfants"
- les ennuis financiers du héros du film ne sont pas ceux du narrateur du roman
Après, c'est à chacun de se faire son opinion. L'éditeur et l'écrivain auraient-ils mis en route la machine judiciaire si le film n'avait pas rencontré le succès ? J'en doute. Quant aux auteurs de celui-ci, sont-ils de bonne foi quand ils affirment ne jamais avoir lu ni même entendu parler du livre avant aujourd'hui ? Affaire à suivre...
20:44 Publié dans Cinéma, Livre, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, littérature, écriture, cinéma, humour, roman
mardi, 28 août 2012
Rachel Corrie
Un article du Monde ("Qui était Rachel Corrie, morte sous les chenilles d'un bulldozer israélien") a été récemment mis en ligne. Il revient sur l'histoire de ce dévouement tragique d'une militante américaine engagée en Palestine. (Un tribunal israélien vient de rejeter la plainte déposée par ses parents.)
En lisant le papier, je me suis souvenu du film qui avait été consacré à cette histoire, un documentaire, intitulé simplement Rachel, auquel j'avais consacré une note le 30 octobre 2009. Je me souviens l'avoir vu un week-end à Toulouse, au cinéma Utopia.
Du coup, je suis allé faire un tour sur mon blog et, comme je ne me souvenais pas de la date à laquelle j'avais rédigé mon billet, j'ai effectué une recherche avec "Rachel" comme mot-clé. J'aboutis à une page de réponses, parmi lesquelles figure le début de mon billet. O stupeur ! Quand j'ai cliqué sur le titre (tout comme j'ai ré-essayé en cliquant sur "Lire la suite"), voici ce qui s'est affiché :
Interloqué, je me suis connecté à mon blog et, de l'intérieur, j'ai pu accéder à la note complète. Bizarre... Je la repropose ci-dessous :
La réalisatrice franco-israélienne Simone Bitton s'est attachée au cas de Rachel Corrie, cette jeune Américaine membre de l'I.S.M. (International Solidarity Movement) tuée par un engin de chantier israélien à Gaza, en 2003.
C'est donc un long documentaire, d'une durée de 1h30, en forme d'enquête... et d'hommage aussi. Si la réalisatrice donne la parole à tout le monde et si elle utilise des documents extrêmement variés, on sent tout de même qu'elle penche pour la version colportée par l'I.S.M.
Il ne fait aucun doute que la jeune femme est morte tuée par l'engin de chantier. Mais était-ce intentionnel ? Franchement, en sortant du film, je suis bien incapable de répondre à cette question... sauf si je me fie à la majorité des témoignages et opinions rapportés par la réalisatrice. Pour acquérir une certitude à ce sujet, il aurait fallu pouvoir filmer de l'intérieur du bulldozer-char, histoire de vérifier si ce qu'affirment les conducteurs à propos de leur champ de vision est plausible. Les schémas et dessins montrés (et issus des deux "camps") ne sont pas assez précis.
Il n'en reste pas moins que, dans cette tragédie, l'armée israélienne a, une fois de plus, fait preuve d'une certaine négligence dans le respect des droits fondamentaux de ses adversaires. Je recommande tout particulièrement les entretiens avec le chef de la police, qui n'a pas trop cherché à creuser... d'autant plus que la procédure d'enquête est vraiment particulière ! (Les militaires ne risquent pas grand chose, quoi qu'il arrive...)
Le film est donc très intéressant parce qu'il est une sorte de "tranche de vie" du conflit du Proche-Orient, que l'on découvre par le biais de la destruction des habitations palestiniennes sous prétexte de sécurité. A ce sujet, on peut noter que des sites pro-israéliens soutiennent que les militants d'I.S.M. s'opposaient, dans ce cas précis, non pas à la destruction d'une maison mais à celle d'un tunnel de communication entre la bande de Gaza et l’Égypte. (Si vous cliquez sur le lien, et même si vous allez jusqu'à la source anglophone, vous vous apercevrez que les vidéos censées démonter la thèse des activistes ont été retirées par le contributeur...) A la limite, on s'en fiche : rien ne justifiait l'emploi disproportionné de la force.
Le film mérite le déplacement aussi par le portrait qu'il trace de cette jeune femme qui, contrairement à nombre de crétins de son âge, ne passait pas son temps à regarder la télévision, faire du lèche-vitrines ou papoter à propos de la dernière niaiserie à la mode. C'est l'histoire d'un engagement, restitué par l'intermédiaire des textes écrits par Rachel Corrie, mais lus par ses camarades.
On peut en savoir plus sur elle en consultant le site de la fondation qui lui est consacrée.
On reste dans l'étrange quand on recherche le blog de Simone Bitton. Au moment d'entrer sur le site, un message d'avertissement s'affiche :
Quand je me rends sur la page de diagnostic, la lecture des explications fournies par Google est fort intéressante, notamment la fin :
Il semblerait donc que la dangerosité du blog de la cinéaste Simone Bitton soit due à une intervention extérieure... Vous avez dit bizarre ?
23:45 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, cinéma, cinema, film
samedi, 25 août 2012
Kill List
Voilà un drôle de polar, à la fois "primal" et cérébral, qui peut déconcerter... et effrayer. Pourtant, l'histoire démarre de manière plan-plan (c'est voulu). On découvre l'un des deux héros en père de famille approximatif. Il est au chômage depuis un paquet de mois et les 40 000 livres d'économie (on est au Royaume-Uni) ont fondu comme neige au soleil. Jay est de surcroît un acheteur compulsif, immature émotionnellement parlant (on le voit dans ses relations avec sa femme Shel - une charmante Suédoise- et son fils). Physiquement, il s'empâte. Son meilleur ami Gal semble plus à l'aise dans ses baskets : il est resté célibataire et, lorsqu'il rend visite à son pote, il est accompagné d'une jeune "executive woman" (qui a peut-être eu recours à la chirurgie esthétique) dont on finit par apprendre que c'est une "bombe" au lit.
C'est au cours de ce repas que les choses commencent à basculer. L'un des personnage fait un geste étrange, destiné à n'avoir de sens qu'à la fin du film. Mais surtout, il est question d'un nouveau "travail" : nos héros sont des tueurs.
On s'embarque dans un drôle d'univers. Ne vous attendez pas à une mise en scène léchée autour d'un monde d'aventuriers de la gâchette. Non, leur boulot est sordide et n'a rien de "glamour". Curieusement, leurs premières cibles sont des enflures (pédophile ou adepte de violence extrême). Leur mystérieux employeur serait-il une sorte de justicier ? Un indice (là encore difficilement compréhensible à ce stade de l'histoire) est donné au cours du deuxième meurtre.
Dans le même temps, Jay subit une transformation progressive. L'ancien soldat en Irak, qui a "merdé" lors de son dernier contrat en Ukraine, voit ses instincts se réveiller. La relation avec son pote Gal change. Celui dont on croyait qu'il avait le dessus devient le suiveur.
Le dénouement survient lors de la dernière mission, avec une séquence à couper le souffle dans des souterrains glauques. La "liste" de personnes à tuer s'avère plus longue que prévu et le spectateur qui a pris le temps de réfléchir finit par comprendre qu'un projet bien particulier est à l’œuvre depuis le début...
12:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 10 août 2012
The Dark Knight Rises
Je classe ce film dans la catégorie "risque de gros pipi" (comme Die Hard 4, par exemple) : avant de s'embarquer pour 2h40 d'action, il convient de vider consciencieusement sa vessie... et cela risque de ne pas suffire, si l'on a mangé (et surtout bu) avant la séance !
Ne faisons pas la fine bouche : on passe un bon moment, sans guère de surprise toutefois. Dès le début, on a compris que le jeune flic fan de Batman est appelé, sinon à lui succéder, du moins à l'épauler. Et la découverte, à la toute fin, de son autre prénom, confirmera l'intuition des habitués du comic.
La relation trouble qui se noue entre le "chevalier noir" et la voleuse mercenaire (Anne Hathaway, exquise), pour intéressante qu'elle soit, n'offre pas plus d'inattendu. On sent quelle décision importante la jeune femme (sorte de mélange de la Catwoman de Tim Burton et de la Chatte -noire- apparue jadis dans les aventures de Spiderman en BD) va finir par prendre. Je ne parlerai pas en détail d'une anecdote concernant le majordome de Bruce Wayne, mais sachez qu'il est question d'un restaurant en Europe et que le coup (à double détente) est vraiment téléphoné (et un peu "réchauffé" : on l'a vu récemment à l'œuvre dans un épisode de la saison 6 de la série Esprits criminels... et ce n'était pas une nouveauté).
Les méchants ne sont guère moins prévisibles, entre les corrompus et les violents, au premier rang desquels le défiguré Bane, dont l'histoire personnelle comporte néanmoins des points obscurs que le héros va devoir éclaircir. (Les scènes tournées dans la prison-puits sont très bonnes, à l'exception des tentatives de fuite : on comprend vite que l'une d'entre elles finira par aboutir.) Le véritable facteur d'incertitude est le personnage de Miranda, incarné par Marion Cotillard.
On pourra s'agacer de certains dialogues... et des voix caverneuses déformées des deux mâles dominants. On oublie vite, dans le fracas des scènes d'action, spectaculaires à souhait.
Terminons par le fond. Les scénaristes ont été suffisamment habiles pour construire une histoire susceptible de séduire aussi bien les partisans du tout-sécuritaire que les altermondialistes voire les esprits complotistes : Gotham City est un calque de New York, où les inégalités sociales sont présentées comme scandaleusement criantes et la "loi Dent" a comme un goût de Patriot Act. A chacun de se construire son interprétation.
21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
lundi, 06 août 2012
Rebelle
Ce nouveau Disney/Pixar est un film composite. Il mélange le conte de fées et les traditions celtiques (écossaises ici). Cela commence par quinze - vingt minutes de franche comédie. On découvre les personnages. J'aime beaucoup le roi Fergus, auquel Jacques Franz (qui double en français Robert de Niro et Mel Gibson, entre autres) prête sa voix avec talent. Les trois petits frères de la princesse courageuse (le titre anglais est Brave) sont aussi très amusants, toujours prêts à faire les 400 coups. Ce sont de précieux soutiens de leur grande soeur... tant que leur ventre n'entre pas en concurrence. Le personnage de la mère (la reine) est très réussi, élaboré même. Son apparence de frêle beauté soumise masque un caractère bien trempé. On sent qu'elle gouverne à travers son mari aimant. Je vous laisse le plaisir de découvrir la troupe de guerriers en kilt, très "colorée".
L'animation est de qualité. En tête de liste, je place l'abondante toison rouquine de l'héroïne (Mérida) et le pelage d'une ourse qui apparaît en cours de route... et qui va jouer un rôle important. Par contre, je trouve que l'on a abusé des plans panoramiques. On a un peu trop voulu nous montrer que, désormais, on sait filmer une animation comme un film de fiction avec acteurs. Du coup, sur certains plans, l'image défile trop vite. Mais le reste est bien fichu.
Assez vite, l'histoire bifurque. Le scénario sort des sentiers battus en ne faisant pas du périple de la princesse rebelle un chemin tout tracé au bout duquel elle trouverait son prince charmant, qu'elle finirait par épouser.
On s'est aventuré dans une direction plus risquée (mais qui reste dans la tradition Disney) : les relations mère-fille. Il est question d'un mariage, d'un sort jeté par une drôle de magicienne (qu'on voit hélas assez peu), d'une légende autour d'un prince ambitieux. Bien entendu, il y a une morale derrière tout cela.
L'esprit Disney est aussi présent à travers le rôle des animaux : le cheval de Mérida, les ours (et oursons !)... et d'étranges feux follets, qui sont l'une des clés de l'intrigue.
16:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
samedi, 21 juillet 2012
L'Age de glace IV...
... "La dérive des continents" La première séquence est consacrée à une explication peu académique de ce phénomène, avec la participation involontaire (mais déterminante) de Scrat. On retrouve l'inénarrable écureuil préhistorique de temps à autre dans le film, mais c'est à la fin qu'il retrouve le devant de la scène, là encore à un moment clé de l'histoire de l'humanité. Il est cette fois question d'une civilisation disparue...
L'ambiance retombe quand est présentée la petite troupe d'animaux, certains déjà connus, d'autres nouveaux, notamment les ados mammouths, assez agaçants. (Les mauvaises langues diront qu'ils sont criants de vérité, avec leurs coupes de cheveux ridicules !) Leur présence ne s'explique pas uniquement par la volonté de conserver l'ambiance familiale de la série. Ces jeunes sont au coeur du propos moralisant du film. Ce n'est pas idiot sur le fond, mais, franchement, ça m'a barbé.
Heureusement, nous découvrons rapidement une sympathique troupe de pirates, dirigée par un charismatique et impitoyable orang-outan. On note surtout la présence d'une tigresse aussi charmante que rebelle, qui ne va pas laisser Diego indifférent.
Les scénaristes ont aussi eu l'intelligence de revoir un peu le personnage de Sid, devenu insupportable dans le troisième volet. On rencontre sa famille, encore plus dingue que lui... et l'on va s'attacher à la grand-mère, une mamie (faussement) acariâtre, qui semble avoir perdu la tête : elle parle à un animal domestique que personne ne voit... du moins, pas dans la première moitié du film.
J'ai aussi adoré l'intervention des petites bestioles (des sortes de cochons d'Inde). Esclaves des pirates au début, ils vont se révolter et aider nos héros, façon Japonais kamikazes. Cela nous vaut plusieurs moments hilarants. On les retrouve à la fin. Lorsque nos héros les rejoignent sur leur nouvelle "terre promise", leurs petits amis ont déjà fondé une nouvelle civilisation... Soyez attentifs à la statue géante !
Du côté des références, ça pioche toujours dans la Bible (l'Ancien Testament), mais aussi dans L'Odyssée d'Homère (avec les sirènes, par exemple), la quête du graal et le mythe de l'Atlantide. C'est au final du bon boulot, avec une animation toujours aussi réussie et un humour souvent décapant.
17:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 18 juillet 2012
Couleur de peau : miel
Le dessinateur Jung et Laurent Boileau signent l'adaptation du roman graphique éponyme. Cela donne un long métrage où alternent les scènes d'animation et les prises de vue réelles, suivant Jung dans sa quête d'identité.
On revit la jeunesse de cet enfant coréen, trouvé dans la rue par un policier et qui, un peu par hasard, va être adopté par un couple belge qui a déjà quatre enfants biologiques. La partie animée nous conte les relations entre le petit Jung et ses frères et soeurs, avec ses parents aussi. Après un temps d'adaptation vient la période de bonheur. L'adolescence est par contre un moment de conflits et de questionnements.
Les anciens jeunes des années 1970-1980 se retrouveront dans ce portrait de garçon fan des séries japonaises... que sa mère adoptive a cependant inscrit aux cours de danse ! (Il va quand même y trouver quelques avantages...) Finalement assez introverti, il s'épanche à travers ses dessins, dont il ne sait pas encore qu'ils vont devenir son gagne-pain.
Ces vignettes sont entrecoupées de scènes tournées en Corée du Sud (quand Jung décide d'y retourner) ou en Belgique (quand il mène son enquête). Des images d'archive sont ajoutées. La musique est de surcroît très chouette.
C'est un film vraiment intéressant. On peut suivre la partie animée (très bien dessinée) comme un manga et les scènes réelles comme un documentaire. L'alternance a été habilement montée. (A ce sujet, on remarque que les scènes coupées sont principalement des portions documentaires, comme si l'on avait voulu préserver un certain équilibre en faveur de l'animation.)
Sur le site dédié au film, on peut trouver plein d'autres choses, notamment un dossier de presse bien foutu.
Cette histoire n'est pas sans rencontrer un certain écho en France. Le 29 juin dernier, Le Monde a consacré une page complète aux adoptés. On y découvre le témoignage de Jean-Vincent Placé, jeune sénateur écologiste médiatique.
Moins connue est la charmante et hyperdiplômée Fleur Pellerin, récemment devenue "Ministre déléguée auprès du ministre du Redressement productif, chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Innovation et de l'Economie numérique". Tout comme pour Jean-Vincent Placé, sa promotion a fait la une de la presse sud-coréenne.
(Elle est à mon avis bien plus jolie comme cela qu'avec le maquillage et le rouge à lèvres voyant auxquels elle a recours depuis peu.)
15:55 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire