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dimanche, 28 octobre 2018

Cold War

   Cette "guerre froide" est d'abord le contexte dans lequel se déroule l'intrigue, dans la Pologne (puis -un peu- la France) des années 1949-1959, lorsque l'Europe de l'Est a été stalinisée sous la tendre férule des partis communistes locaux, appuyés par la délicate présence de l'Armée rouge. Au sens figuré, le titre évoque les amours tumultueuses d'une chanteuse et d'un compositeur-interprète.

   L'auteur, Pawel Pawlikowski, s'est fait remarquer il y a quatre ans par le fantastique Ida (qui a remporté l'Oscar du film en langue étrangère l'année suivante). On en retrouve les qualités formelles, à travers entre autres l'usage du noir et blanc, vraiment superbe, encore plus beau que dans son précédent film. Les plans urbains m'ont particulièrement marqué, notamment ceux de Paris. On sent aussi que le réalisateur sait où placer sa caméra et comment la bouger, jouant sur la complémentarité de l'image et du son.

   L'histoire commence, de manière inattendue, par la description du travail d'une équipe d'acteurs culturels chargée de répertorier les traditions populaires de la Pologne, à travers ses chansons. Au passage, on découvre l'existence d'une minorité, les Lemkos, qui parle une langue ruthène. (A ne pas confondre avec les Rutènes qui se sont installés dans l'actuel Aveyron.)

   La partie du film qui m'a enchanté est celle traitant de la naissance de l'amour entre le pianiste Wiktor et la chanteuse Zula (interprétée par Joanna Kulig). Celle-ci est fichtrement belle... encore plus lorsqu'elle n'est pas (ou très peu) maquillée. Je vais avoir l'air d'insister lourdement sur ce point, mais sa beauté est magnifiée par le noir et blanc (et le regard du réalisateur...).

   Zula a un joli brun de voix, mais elle n'aurait sans doute pas dû intégrer le groupe folklorique en cours de formation. Son astuce et son caractère ont joué pour elle... et mis le pianiste dans son lit.

   Evidemment, la demoiselle suscite les convoitises. S'ajoute à cela la tutelle plus ou moins pesante du pouvoir communiste. Les artistes aspirent à plus de liberté, en tout cas pas à servir de simple porte-voix de la propagande gouvernementale.

   C'est à peu près à partir de ce moment que cela se gâte, au niveau de l'intrigue comme de mon ressenti. Le côté tragique de l'histoire prend le dessus. Le réalisateur semble avoir échangé ses chaussons de danse contre des sabots boueux. Je ne peux pas trop en dire sous peine de déflorer l'intrigue mais, en gros, à chaque fois qu'un carrefour se présente au niveau de l'histoire, on peut être sûr que l'un des deux amoureux va faire le mauvais choix. Dans cette optique, la fin, bien que légèrement elliptique, est d'une logique implacable.

   En dépit de ces (grosses) réserves, comme le film ne dure qu'1h25, on peut tenter l'expérience, tant la forme est réussie.

Cold War

   Cette "guerre froide" est d'abord le contexte dans lequel se déroule l'intrigue, dans la Pologne (puis -un peu- la France) des années 1949-1959, lorsque l'Europe de l'Est a été stalinisée sous la tendre férule des partis communistes locaux, appuyés par la délicate présence de l'Armée rouge. Au sens figuré, le titre évoque les amours tumultueuses d'une chanteuse et d'un compositeur-interprète.

   L'auteur, Pawel Pawlikowski, s'est fait remarquer il y a quatre ans par le fantastique Ida (qui a remporté l'Oscar du film en langue étrangère l'année suivante). On en retrouve les qualités formelles, à travers entre autres l'usage du noir et blanc, vraiment superbe, encore plus beau que dans son précédent film. Les plans urbains m'ont particulièrement marqué, notamment ceux de Paris. On sent aussi que le réalisateur sait où placer sa caméra et comment la bouger, jouant sur la complémentarité de l'image et du son.

   L'histoire commence, de manière inattendue, par la description du travail d'une équipe d'acteurs culturels chargée de répertorier les traditions populaires de la Pologne, à travers ses chansons. Au passage, on découvre l'existence d'une minorité, les Lemkos, qui parle une langue ruthène. (A ne pas confondre avec les Rutènes qui se sont installés dans l'actuel Aveyron.)

   La partie du film qui m'a enchanté est celle traitant de la naissance de l'amour entre le pianiste Wiktor et la chanteuse Zula (interprétée par Joanna Kulig). Celle-ci est fichtrement belle... encore plus lorsqu'elle n'est pas (ou très peu) maquillée. Je vais avoir l'air d'insister lourdement sur ce point, mais sa beauté est magnifiée par le noir et blanc (et le regard du réalisateur...).

   Zula a un joli brun de voix, mais elle n'aurait sans doute pas dû intégrer le groupe folklorique en cours de formation. Son astuce et son caractère ont joué pour elle... et mis le pianiste dans son lit.

   Evidemment, la demoiselle suscite les convoitises. S'ajoute à cela la tutelle plus ou moins pesante du pouvoir communiste. Les artistes aspirent à plus de liberté, en tout cas pas à servir de simple porte-voix de la propagande gouvernementale.

   C'est à peu près à partir de ce moment que cela se gâte, au niveau de l'intrigue comme de mon ressenti. Le côté tragique de l'histoire prend le dessus. Le réalisateur semble avoir échangé ses chaussons de danse contre des sabots boueux. Je ne peux pas trop en dire sous peine de déflorer l'intrigue mais, en gros, à chaque fois qu'un carrefour se présente au niveau de l'histoire, on peut être sûr que l'un des deux amoureux va faire le mauvais choix. Dans cette optique, la fin, bien que légèrement elliptique, est d'une logique implacable.

   En dépit de ces (grosses) réserves, comme le film ne dure qu'1h25, on peut tenter l'expérience, tant la forme est réussie.

samedi, 27 octobre 2018

Le Grand Bain

   Vaguement inspirée d'une histoire vraie (suédoise), cette comédie de Gilles Lellouche fait irrésistiblement penser à The Full Monty. Elle réunit une distribution prestigieuse.

cinéma,cinema,film,films

   L'intrigue nous est racontée par Bertrand, père de famille au chômage, soutenu par une épouse qui a la tête sur les épaules. Marina Foïs comme Mathieu Amalric sont épatants, s'étant parfaitement coulés dans les personnages, sans chercher à faire de performance.

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   La situation de Laurent (Guillaume Canet) est à l'opposé. Il dirige une entreprise prospère, est respecté de ses employés... mais son mariage part en sucette et il entretient une relation compliquée avec sa mère (Claire Nadeau, qu'on retrouve avec plaisir). Marcus (Benoît Poelvoorde, excellent comme d'hab') dirige lui aussi une boîte (qui vend des piscines), mais dont la santé financière est beaucoup moins assurée. C'est un beau parleur, plein de gouaille, mais un peu seul, au fond.

cinéma,cinema,film,films

   Simon et Thierry (Jean-Hugues Anglade et Philippe Katerine, très bons) sont les deux "cheveux longs" de la bande. Le premier, employé dans la cuisine d'un lycée, est un rockeur raté, qui vit dans une caravane. Le second travaille à la piscine municipale. Vieux garçon introverti, il est un peu le souffre-douleur des mecs de l'équipe de water-polo.

   A ces vedettes s'ajoutent un barbu farfelu, un jeune Indien obèse parlant à peine le français et un employé d'EHPAD ayant acquis, par la force des choses, une formidable capacité à retenir sa respiration.

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   L'équipe ne serait pas au complet sans le duo majeur constitué par les entraîneuses, incarnées par Leïla Bekhti et Virginie Efira. Ce sont deux anciennes championnes de natation synchronisée, dont l'amitié s'est fracassée sur l'interruption de leur carrière internationale. Amanda est handicapée et aigrie (mais son personnage est moins caricatural que ce que la prometteuse bande-annonce laisse voir). Delphine est une alcoolique repentie encore fragile, que l'on a envie de prendre dans ses bras et de consoler.

   Ce n'est donc pas qu'une comédie. C'est aussi un film sur la difficulté de vivre, dans la France d'aujourd'hui, notamment pour des mâles âgés de 35-50 ans. Leur engagement dans cette improbable équipe de natation synchronisée masculine est une sorte de bouée de sauvetage. Si leur parcours est construit selon un schéma hyper-balisé, je n'en ai pas moins pris beaucoup de plaisir à le suivre, d'autant que la musique (la pop des années 1980) me convient à merveille.

14:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Grand Bain

   Vaguement inspirée d'une histoire vraie (suédoise), cette comédie de Gilles Lellouche fait irrésistiblement penser à The Full Monty. Elle réunit une distribution prestigieuse.

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   L'intrigue nous est racontée par Bertrand, père de famille au chômage, soutenu par une épouse qui a la tête sur les épaules. Marina Foïs comme Mathieu Amalric sont épatants, s'étant parfaitement coulés dans les personnages, sans chercher à faire de performance.

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   La situation de Laurent (Guillaume Canet) est à l'opposé. Il dirige une entreprise prospère, est respecté de ses employés... mais son mariage part en sucette et il entretient une relation compliquée avec sa mère (Claire Nadeau, qu'on retrouve avec plaisir). Marcus (Benoît Poelvoorde, excellent comme d'hab') dirige lui aussi une boîte (qui vend des piscines), mais dont la santé financière est beaucoup moins assurée. C'est un beau parleur, plein de gouaille, mais un peu seul, au fond.

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   Simon et Thierry (Jean-Hugues Anglade et Philippe Katerine, très bons) sont les deux "cheveux longs" de la bande. Le premier, employé dans la cuisine d'un lycée, est un rockeur raté, qui vit dans une caravane. Le second travaille à la piscine municipale. Vieux garçon introverti, il est un peu le souffre-douleur des mecs de l'équipe de water-polo.

   A ces vedettes s'ajoutent un barbu farfelu, un jeune Indien obèse parlant à peine le français et un employé d'EHPAD ayant acquis, par la force des choses, une formidable capacité à retenir sa respiration.

cinéma,cinema,film,films

   L'équipe ne serait pas au complet sans le duo majeur constitué par les entraîneuses, incarnées par Leïla Bekhti et Virginie Efira. Ce sont deux anciennes championnes de natation synchronisée, dont l'amitié s'est fracassée sur l'interruption de leur carrière internationale. Amanda est handicapée et aigrie (mais son personnage est moins caricatural que ce que la prometteuse bande-annonce laisse voir). Delphine est une alcoolique repentie encore fragile, que l'on a envie de prendre dans ses bras et de consoler.

   Ce n'est donc pas qu'une comédie. C'est aussi un film sur la difficulté de vivre, dans la France d'aujourd'hui, notamment pour des mâles âgés de 35-50 ans. Leur engagement dans cette improbable équipe de natation synchronisée masculine est une sorte de bouée de sauvetage. Si leur parcours est construit selon un schéma hyper-balisé, je n'en ai pas moins pris beaucoup de plaisir à le suivre, d'autant que la musique (la pop des années 1980) me convient à merveille.

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vendredi, 26 octobre 2018

The Predator

   La Fox a décidé de relancer la franchise, mais pas par un reboot (une remise à zéro). L'un des personnages finit par déclarer que les "prédateurs" sont déjà venus à plusieurs reprises sur la Terre, signe que l'on se place dans la continuité des films sortis dans les années 1980-1990 (mais pas ceux faisant intervenir les créatures aliens).

   Le début est très très laborieux, bourré de clichés. Le héros est un tireur d'élite de l'armée américaine, incarné par un habitué des seconds rôles (Boyd Holbrook, vu il y a peu dans Logan) qui ne s'en sort pas si mal. C'est bien entendu un soldat hyper-doué et rebelle. Il est séparé de sa superbe épouse, qui est... peintre et porte des salopettes trouées aux genoux. Tous deux ont un enfant, qui est... autiste... mais, attention, hein, pas le genre d'autiste totalement coupé du monde, victime d'un retard mental ou sujet à des comportements particulièrement désorganisés. Non, ce gamin-là est un petit génie. Et ça tombe bien : le scénario a besoin qu'un des personnages puisse décrypter les codes des "prédateurs". Elle est pas belle, la vie ?

   Comme ça manque de gonzesses, on est allé chercher une brillante biologiste, dont il n'est pas forcément utile que je précise qu'elle est canon. (Elle est incarnée par la délicieuse Olivia Munn, vue notamment dans X-Men - Apocalypse.) C'est la scène de son recrutement qui vaut son pesant de dreadlocks extraterrestres : alors qu'elle est en train de promener son chien, elle est abordée par des agents gouvernementaux (pas vraiment discrets), le chef de l'équipe tentant de la convaincre avec un argument du genre "Je crois savoir que vous aimez regarder les étoiles". Même le chien, qui aboyait bruyamment jusque-là, en est resté sans voix.

   Voilà pourquoi, en dépit de l'une des premières scènes (délicieusement saignante), au bout d'un quart d'heure, je me suis demandé si j'avais bien fait de choisir cette séance pour faire progresser ma digestion. Et puis sont apparus les futurs membres de l'équipe de bras cassés qui allait se constituer autour du héros. Ce sont tous d'anciens soldats (du genre commandos) et tous ont un truc qui cloche : l'un est atteint du syndrome de Gilles de La Tourette ('Culé d'ta race ! Mange ta merde !), un autre a flingué son unité entière (à l'exception d'un camarade, qui l'accompagne dans son délire), un quatrième a tenté de se suicider, le cinquième est devenu mystique.

   Cela devient drôle, tout en restant animé : le "prédateur" fait prisonnier réussit à s'échapper (en faisant évidemment beaucoup de dégâts)... et tombe sur un autre chasseur ultra-dangereux, venu sur notre planète pour récupérer un truc super-important... mais je ne vous dirai pas quoi. Sachez seulement que le fils autiste du héros détient la clé de l'énigme. Aux manettes se trouve Shane Black, auquel on doit Iron Man 3 et The Nice Guys.

   Nous voilà embarqués dans un camping-car, avec une bande de tarés, face à de sournois contractuels gouvernementaux et d'impitoyables prédateurs, ces deniers accompagnés de chiens de l'espace vachement effrayants. Le jeu consiste à parier sur le nombre et l'identité des survivants. Sachez que la fin ménage une suite...

13:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

The Predator

   La Fox a décidé de relancer la franchise, mais pas par un reboot (une remise à zéro). L'un des personnages finit par déclarer que les "prédateurs" sont déjà venus à plusieurs reprises sur la Terre, signe que l'on se place dans la continuité des films sortis dans les années 1980-1990 (mais pas ceux faisant intervenir les créatures aliens).

   Le début est très très laborieux, bourré de clichés. Le héros est un tireur d'élite de l'armée américaine, incarné par un habitué des seconds rôles (Boyd Holbrook, vu il y a peu dans Logan) qui ne s'en sort pas si mal. C'est bien entendu un soldat hyper-doué et rebelle. Il est séparé de sa superbe épouse, qui est... peintre et porte des salopettes trouées aux genoux. Tous deux ont un enfant, qui est... autiste... mais, attention, hein, pas le genre d'autiste totalement coupé du monde, victime d'un retard mental ou sujet à des comportements particulièrement désorganisés. Non, ce gamin-là est un petit génie. Et ça tombe bien : le scénario a besoin qu'un des personnages puisse décrypter les codes des "prédateurs". Elle est pas belle, la vie ?

   Comme ça manque de gonzesses, on est allé chercher une brillante biologiste, dont il n'est pas forcément utile que je précise qu'elle est canon. (Elle est incarnée par la délicieuse Olivia Munn, vue notamment dans X-Men - Apocalypse.) C'est la scène de son recrutement qui vaut son pesant de dreadlocks extraterrestres : alors qu'elle est en train de promener son chien, elle est abordée par des agents gouvernementaux (pas vraiment discrets), le chef de l'équipe tentant de la convaincre avec un argument du genre "Je crois savoir que vous aimez regarder les étoiles". Même le chien, qui aboyait bruyamment jusque-là, en est resté sans voix.

   Voilà pourquoi, en dépit de l'une des premières scènes (délicieusement saignante), au bout d'un quart d'heure, je me suis demandé si j'avais bien fait de choisir cette séance pour faire progresser ma digestion. Et puis sont apparus les futurs membres de l'équipe de bras cassés qui allait se constituer autour du héros. Ce sont tous d'anciens soldats (du genre commandos) et tous ont un truc qui cloche : l'un est atteint du syndrome de Gilles de La Tourette ('Culé d'ta race ! Mange ta merde !), un autre a flingué son unité entière (à l'exception d'un camarade, qui l'accompagne dans son délire), un quatrième a tenté de se suicider, le cinquième est devenu mystique.

   Cela devient drôle, tout en restant animé : le "prédateur" fait prisonnier réussit à s'échapper (en faisant évidemment beaucoup de dégâts)... et tombe sur un autre chasseur ultra-dangereux, venu sur notre planète pour récupérer un truc super-important... mais je ne vous dirai pas quoi. Sachez seulement que le fils autiste du héros détient la clé de l'énigme. Aux manettes se trouve Shane Black, auquel on doit Iron Man 3 et The Nice Guys.

   Nous voilà embarqués dans un camping-car, avec une bande de tarés, face à de sournois contractuels gouvernementaux et d'impitoyables prédateurs, ces deniers accompagnés de chiens de l'espace vachement effrayants. Le jeu consiste à parier sur le nombre et l'identité des survivants. Sachez que la fin ménage une suite...

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jeudi, 25 octobre 2018

Amin

   C'est le prénom du principal personnage masculin, un immigré sénégalais (en situation régulière), travaillant dans une entreprise de BTP, en France métropolitaine. Toute sa famille est restée au village, situé dans la région de Thiès, à l'est de Dakar :

cinéma,cinema,film,films,société

   La première séquence nous présente un groupe d'ouvriers, tous d'origine africaine, semble-t-il. Il est marqué par une assez grande diversité, puisque les Sénégalais y côtoient des Marocains, des Maliens, entre autres. Il y a des jeunes et des vieux, une majorité d'hommes, mais aussi quelques femmes. Presque tous vivent dans ce qu'on appelait il y a des années un foyer Sonacotra (aujourd'hui Adoma).

   La deuxième partie montre le retour au pays d'Amin. Il revient habillé propre et chic, des centaines d'euros planqués dans les chaussettes. Une partie de cette somme va servir à faire construire sa maison, une autre à monter une boucherie avec ses frères, restés au Sénégal. Bien entendu, une part importante est réservée à la famille proche, une petite somme étant gardée pour financer l'école du village.

   Ici, on quitte la langue française (pour le wolof ou le sérère) et les vêtements très colorés remplacent le chemise-pantalon. Paradoxalement, ces retrouvailles ont pour fonction de nous montrer la dureté de la séparation : l'épouse d'Amin (ravissante et au caractère entier) Aïcha (Marème N'Diaye, très bien) a de plus en plus de mal à tenir le fils aîné. Au quotidien, elle doit gérer tous les soucis... et le poids des regards du village et de la famille élargie, avec laquelle elle ne s'entend pas forcément très bien.

   C'est lors du retour en France d'Amin que les choses se compliquent. Il a certes du travail (sans doute en partie payé au noir), mais il aspire à autre chose... tout comme Gabrielle, la cliente du chantier auquel il participe. Emmanuelle Devos incarne une quadra en pleine séparation, qui aimerait sans doute retrouver une part de ses rêves de jeune femme. La présence séduisante d'un homme bien bâti, respectueux et travailleur réveille le désir en elle. Toutefois, cette partie ne m'a pas paru très bien mise en scène. L'acteur Moustapha Mbengue n'est pas très à l'aise (ce n'est pas dû qu'au comportement de son personnage) et la "conclusion" arrive un peu vite.

   La suite gagne en subtilité. Indirectement, deux femmes se retrouvent en concurrence. Chacune essaie d'échapper à l'emprise masculine, plus forte toutefois au Sénégal qu'en France. Gabrielle évite tant que faire se peut son ex, qui a l'air d'un gros lourd (et dont le début laisse supposer qu'il a trompé sa compagne). Pour Aïcha, c'est plus compliqué, entre les enfants désormais adolescents, les travaux du quotidien, la maison qui se construit plus ou moins bien, ses beau-frères autoritaires... et les ragots du village.

   Je ne dirai évidemment pas comment cela se termine.

   J'ai aimé ce film parce que, sur un sujet sensible, il évite d'être manichéen, une constante dans le travail de Philippe Faucon (auteur, il y a trois ans, de Fatima). Les parties africaines m'ont cependant plus emballé (sur le plan cinématographique) que les séquences françaises.

Amin

   C'est le prénom du principal personnage masculin, un immigré sénégalais (en situation régulière), travaillant dans une entreprise de BTP, en France métropolitaine. Toute sa famille est restée au village, situé dans la région de Thiès, à l'est de Dakar :

cinéma,cinema,film,films,société

   La première séquence nous présente un groupe d'ouvriers, tous d'origine africaine, semble-t-il. Il est marqué par une assez grande diversité, puisque les Sénégalais y côtoient des Marocains, des Maliens, entre autres. Il y a des jeunes et des vieux, une majorité d'hommes, mais aussi quelques femmes. Presque tous vivent dans ce qu'on appelait il y a des années un foyer Sonacotra (aujourd'hui Adoma).

   La deuxième partie montre le retour au pays d'Amin. Il revient habillé propre et chic, des centaines d'euros planqués dans les chaussettes. Une partie de cette somme va servir à faire construire sa maison, une autre à monter une boucherie avec ses frères, restés au Sénégal. Bien entendu, une part importante est réservée à la famille proche, une petite somme étant gardée pour financer l'école du village.

   Ici, on quitte la langue française (pour le wolof ou le sérère) et les vêtements très colorés remplacent le chemise-pantalon. Paradoxalement, ces retrouvailles ont pour fonction de nous montrer la dureté de la séparation : l'épouse d'Amin (ravissante et au caractère entier) Aïcha (Marème N'Diaye, très bien) a de plus en plus de mal à tenir le fils aîné. Au quotidien, elle doit gérer tous les soucis... et le poids des regards du village et de la famille élargie, avec laquelle elle ne s'entend pas forcément très bien.

   C'est lors du retour en France d'Amin que les choses se compliquent. Il a certes du travail (sans doute en partie payé au noir), mais il aspire à autre chose... tout comme Gabrielle, la cliente du chantier auquel il participe. Emmanuelle Devos incarne une quadra en pleine séparation, qui aimerait sans doute retrouver une part de ses rêves de jeune femme. La présence séduisante d'un homme bien bâti, respectueux et travailleur réveille le désir en elle. Toutefois, cette partie ne m'a pas paru très bien mise en scène. L'acteur Moustapha Mbengue n'est pas très à l'aise (ce n'est pas dû qu'au comportement de son personnage) et la "conclusion" arrive un peu vite.

   La suite gagne en subtilité. Indirectement, deux femmes se retrouvent en concurrence. Chacune essaie d'échapper à l'emprise masculine, plus forte toutefois au Sénégal qu'en France. Gabrielle évite tant que faire se peut son ex, qui a l'air d'un gros lourd (et dont le début laisse supposer qu'il a trompé sa compagne). Pour Aïcha, c'est plus compliqué, entre les enfants désormais adolescents, les travaux du quotidien, la maison qui se construit plus ou moins bien, ses beau-frères autoritaires... et les ragots du village.

   Je ne dirai évidemment pas comment cela se termine.

   J'ai aimé ce film parce que, sur un sujet sensible, il évite d'être manichéen, une constante dans le travail de Philippe Faucon (auteur, il y a trois ans, de Fatima). Les parties africaines m'ont cependant plus emballé (sur le plan cinématographique) que les séquences françaises.

mardi, 23 octobre 2018

La Saveur des ramen

   Les rāmen sont un plat typiquement japonais (importé de... Chine !), composé de nouilles et d'un bouillon, auquel sont ajoutés divers ingrédients. Le père du héros Masato excelle dans la préparation de ce mets populaire, ce qui vaut une renommée méritée à son petit restaurant de province, où il travaille avec son frère et son fils unique. La mère de celui-ci est morte voilà plusieurs années. Elle était d'origine singapourienne et le fils regrette d'avoir perdu les saveurs de la cuisine de son enfance.

   Un événement particulier va le pousser à partir pour Singapour. Il y (re)découvre la cuisine locale (plus épicée que son homologue japonaise), en particulier le bak kut teh, littéralement "thé à l'os de viande", un plat qu'adorait jadis son père et que sa mère et son oncle savaient si bien préparer. Les repas sont autant d'occasions de retrouver le souvenir de moments heureux du passé, à l'image de ce que produit notre "madeleine de Proust".

   Le séjour de Masato n'a pas qu'un objectif culinaire. Il veut retisser les liens avec la partie singapourienne de sa famille. Il va retrouver son oncle cuisinier et rencontrer ses cousines. Entre eux, c'est la langue anglaise qui fait le lien, Masato ne comprenant pas le mandarin. Mais le plus difficile va venir des retrouvailles avec la grand-mère maternelle. Le séjour permettra-t-il de mettre fin à des querelles très anciennes ? Mystère.

   En attendant, on peut savourer les scènes culinaires. Ce film donne furieusement envie de manger. Le réalisateur Eric Khoo (auquel on doit, entre autres, Hôtel Singapura) a un incontestable talent pour filmer la préparation (et la dégustation...) des plats. Ces scènes sont autant de moments de partage, en famille ou entre amis. C'est aussi le moment où s'effectue la transmission d'un savoir-faire traditionnel. Je pense que, parfois, les cinéphiles feront le rapprochement avec Les Délices de Tokyo (un superbe film que j'avais raté à sa sortie en salles et que l'on m'a fait découvrir en DVD).

   Le ton est donc délicat, certains moments se révélant très émouvants. J'ai particulièrement aimé les retours en arrière, qui font revivre les débuts d'un amour amputé, celui du père japonais et de la mère singapourienne. J'ai aussi été très touché par l'une des dernières scènes, entre la grand-mère et le petit-fils. Ce film est une très grande réussite.

   PS

   L'argument culinaire est susceptible d'intéresser tout particulièrement les Aveyronnais. En effet, les rāmen comme le bak kut teh sont des plats d'origine populaire (de récupération même pour le second), qui ont désormais une place reconnue dans la gastronomie asiatique, un peu à l'image de l'aligot chez nous.

23:32 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Saveur des ramen

   Les rāmen sont un plat typiquement japonais (importé de... Chine !), composé de nouilles et d'un bouillon, auquel sont ajoutés divers ingrédients. Le père du héros Masato excelle dans la préparation de ce mets populaire, ce qui vaut une renommée méritée à son petit restaurant de province, où il travaille avec son frère et son fils unique. La mère de celui-ci est morte voilà plusieurs années. Elle était d'origine singapourienne et le fils regrette d'avoir perdu les saveurs de la cuisine de son enfance.

   Un événement particulier va le pousser à partir pour Singapour. Il y (re)découvre la cuisine locale (plus épicée que son homologue japonaise), en particulier le bak kut teh, littéralement "thé à l'os de viande", un plat qu'adorait jadis son père et que sa mère et son oncle savaient si bien préparer. Les repas sont autant d'occasions de retrouver le souvenir de moments heureux du passé, à l'image de ce que produit notre "madeleine de Proust".

   Le séjour de Masato n'a pas qu'un objectif culinaire. Il veut retisser les liens avec la partie singapourienne de sa famille. Il va retrouver son oncle cuisinier et rencontrer ses cousines. Entre eux, c'est la langue anglaise qui fait le lien, Masato ne comprenant pas le mandarin. Mais le plus difficile va venir des retrouvailles avec la grand-mère maternelle. Le séjour permettra-t-il de mettre fin à des querelles très anciennes ? Mystère.

   En attendant, on peut savourer les scènes culinaires. Ce film donne furieusement envie de manger. Le réalisateur Eric Khoo (auquel on doit, entre autres, Hôtel Singapura) a un incontestable talent pour filmer la préparation (et la dégustation...) des plats. Ces scènes sont autant de moments de partage, en famille ou entre amis. C'est aussi le moment où s'effectue la transmission d'un savoir-faire traditionnel. Je pense que, parfois, les cinéphiles feront le rapprochement avec Les Délices de Tokyo (un superbe film que j'avais raté à sa sortie en salles et que l'on m'a fait découvrir en DVD).

   Le ton est donc délicat, certains moments se révélant très émouvants. J'ai particulièrement aimé les retours en arrière, qui font revivre les débuts d'un amour amputé, celui du père japonais et de la mère singapourienne. J'ai aussi été très touché par l'une des dernières scènes, entre la grand-mère et le petit-fils. Ce film est une très grande réussite.

   PS

   L'argument culinaire est susceptible d'intéresser tout particulièrement les Aveyronnais. En effet, les rāmen comme le bak kut teh sont des plats d'origine populaire (de récupération même pour le second), qui ont désormais une place reconnue dans la gastronomie asiatique, un peu à l'image de l'aligot chez nous.

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lundi, 22 octobre 2018

Mademoiselle de Joncquières

   Je me suis enfin décidé à voir cette adaptation d'une digression figurant dans Jacques le fataliste de Denis Diderot. J'ai longtemps hésité en raison du réalisateur, Emmanuel Mouret, dont j'ai tendance à éviter les films. Le sujet de celui-ci, les interprètes et le bouche-à-oreille ont eu raison de mes réticences.

   Quelque part entre Les Liaisons dangereuses, Ridicule et les films en costumes de Benoît Jacquot, cette oeuvre nous parle d'amour, d'amitié, de dissimulation et de mensonge. C'est d'abord très plaisant à entendre : les dialogues sont écrits dans un français de qualité, celui que l'on pratiquait jadis en se vouvoyant, dans la bonne société. (Fin de la séquence "vieux con réac"). Au début, c'est un peu verbeux, mais j'ai particulièrement apprécié les sous-entendus, ceux que les personnages s'envoient mutuellement (notamment quand la marquise de La Pommeraye fait sentir au marquis des Arcis qu'il ne lui déplairait pas qu'il allât plus loin), mais aussi ceux qui ne sont (dans un premier temps) compréhensibles que par certains personnages et les spectateurs qui savent de quoi il retourne.

   Les interprètes sont très bons, surtout Cécile de France. Edouard Baer est dans son rôle, d'autant plus que sa fantaisie est canalisée par le texte ciselé qu'il doit déclamer. Les seconds rôles sont au diapason, en particulier Natalia Dontcheva et Alice Isaaz, dont le jeu oscille entre celui de Léa Seydoux et celui de Virginie Ledoyen jeune.

   Même si l'on sait où tout cela va nous conduire, on suit avec délice l'abandon progressif de la marquise (qui, quoi qu'elle en dise, ne demande qu'à aimer), puis l'orchestration de son implacable vengeance, jusqu'à l'épilogue plutôt inattendu, mais dans le ton de l'histoire, assez morale (dans le sens noble du terme).

   C'est un film féministe dans sa dénonciation de l'assujettissement des femmes au désir des hommes et au regard de la société. C'est aussi un film sur la naissance de l'amour, souvent impromptue. Le sentiment peut grandir ceux qui le ressentent, ou les conduire à des extrémités.

23:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Mademoiselle de Joncquières

   Je me suis enfin décidé à voir cette adaptation d'une digression figurant dans Jacques le fataliste de Denis Diderot. J'ai longtemps hésité en raison du réalisateur, Emmanuel Mouret, dont j'ai tendance à éviter les films. Le sujet de celui-ci, les interprètes et le bouche-à-oreille ont eu raison de mes réticences.

   Quelque part entre Les Liaisons dangereuses, Ridicule et les films en costumes de Benoît Jacquot, cette oeuvre nous parle d'amour, d'amitié, de dissimulation et de mensonge. C'est d'abord très plaisant à entendre : les dialogues sont écrits dans un français de qualité, celui que l'on pratiquait jadis en se vouvoyant, dans la bonne société. (Fin de la séquence "vieux con réac"). Au début, c'est un peu verbeux, mais j'ai particulièrement apprécié les sous-entendus, ceux que les personnages s'envoient mutuellement (notamment quand la marquise de La Pommeraye fait sentir au marquis des Arcis qu'il ne lui déplairait pas qu'il allât plus loin), mais aussi ceux qui ne sont (dans un premier temps) compréhensibles que par certains personnages et les spectateurs qui savent de quoi il retourne.

   Les interprètes sont très bons, surtout Cécile de France. Edouard Baer est dans son rôle, d'autant plus que sa fantaisie est canalisée par le texte ciselé qu'il doit déclamer. Les seconds rôles sont au diapason, en particulier Natalia Dontcheva et Alice Isaaz, dont le jeu oscille entre celui de Léa Seydoux et celui de Virginie Ledoyen jeune.

   Même si l'on sait où tout cela va nous conduire, on suit avec délice l'abandon progressif de la marquise (qui, quoi qu'elle en dise, ne demande qu'à aimer), puis l'orchestration de son implacable vengeance, jusqu'à l'épilogue plutôt inattendu, mais dans le ton de l'histoire, assez morale (dans le sens noble du terme).

   C'est un film féministe dans sa dénonciation de l'assujettissement des femmes au désir des hommes et au regard de la société. C'est aussi un film sur la naissance de l'amour, souvent impromptue. Le sentiment peut grandir ceux qui le ressentent, ou les conduire à des extrémités.

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First Man

   Je ne suis pas un inconditionnel de Damien Chazelle : j'ai été surpris par l'engouement suscité par son précédent film, La la land. On en retrouve d'ailleurs le principal interprète ici : Ryan Gosling est chargé d'incarner une idole américaine, l'astronaute Neil Armstrong. Autant le dire tout de suite : il le fait très bien.

   Dès le début, on est "cueilli" par une séquence d'action pleine d'intensité : un vol-test du jeune pilote Armstrong, dans un avion-fusée. La mise en scène et les décors (le chef décorateur a travaillé sur Interstellar) réussissent à nous faire percevoir la dangerosité de cette mission... et la fascination ressentie lors de la courte expérience en apesanteur, au-dessus des nuages.

   La séquence suivante constitue une rupture de ton, elle aussi très marquante et révélatrice de la conduite de l'intrigue. Il s'agit d'une séquence familiale. Le film alterne ces moments intimes de la famille Armstrong avec les scènes plus "technologiques" ou héroïques. Ici se noue le drame qui a peut-être irrémédiablement changé la personnalité du futur astronaute, qui semble y avoir perdu son insouciance. J'en profite pour signaler la qualité de la composition de Claire Foy, à qui a échu la tâche difficile d'interpréter l'épouse du héros, une femme au foyer des années 1960, qui avait abandonné ses études universitaires pour se consacrer à son mari et à ses enfants.

   Le contexte de Guerre froide est bien rendu. Mais la plus grande réussite est de nous faire toucher du doigt les difficultés rencontrées au cours des programmes Gemini et Apollo (avec quelques drames à la clé, comme en ont connu les Soviétiques à peu près à la même époque). J'ai été frappé par la minutie avec laquelle l'environnement technologique a été reconstitué.

   On peut néanmoins s'émanciper de tout ce contexte pour profiter d'un très bon film à suspens, héroïsant le mutique Neil Armstrong, que Ryan Gosling parvient à rendre émouvant.

   PS

   Les plans "spatiaux" sont splendides !

First Man

   Je ne suis pas un inconditionnel de Damien Chazelle : j'ai été surpris par l'engouement suscité par son précédent film, La la land. On en retrouve d'ailleurs le principal interprète ici : Ryan Gosling est chargé d'incarner une idole américaine, l'astronaute Neil Armstrong. Autant le dire tout de suite : il le fait très bien.

   Dès le début, on est "cueilli" par une séquence d'action pleine d'intensité : un vol-test du jeune pilote Armstrong, dans un avion-fusée. La mise en scène et les décors (le chef décorateur a travaillé sur Interstellar) réussissent à nous faire percevoir la dangerosité de cette mission... et la fascination ressentie lors de la courte expérience en apesanteur, au-dessus des nuages.

   La séquence suivante constitue une rupture de ton, elle aussi très marquante et révélatrice de la conduite de l'intrigue. Il s'agit d'une séquence familiale. Le film alterne ces moments intimes de la famille Armstrong avec les scènes plus "technologiques" ou héroïques. Ici se noue le drame qui a peut-être irrémédiablement changé la personnalité du futur astronaute, qui semble y avoir perdu son insouciance. J'en profite pour signaler la qualité de la composition de Claire Foy, à qui a échu la tâche difficile d'interpréter l'épouse du héros, une femme au foyer des années 1960, qui avait abandonné ses études universitaires pour se consacrer à son mari et à ses enfants.

   Le contexte de Guerre froide est bien rendu. Mais la plus grande réussite est de nous faire toucher du doigt les difficultés rencontrées au cours des programmes Gemini et Apollo (avec quelques drames à la clé, comme en ont connu les Soviétiques à peu près à la même époque). J'ai été frappé par la minutie avec laquelle l'environnement technologique a été reconstitué.

   On peut néanmoins s'émanciper de tout ce contexte pour profiter d'un très bon film à suspens, héroïsant le mutique Neil Armstrong, que Ryan Gosling parvient à rendre émouvant.

   PS

   Les plans "spatiaux" sont splendides !

dimanche, 21 octobre 2018

Voyez comme on danse

   On présente ce film comme une suite (lointaine) à Embrassez qui vous voudrez, avec lequel il partage cinq personnages. C'est une comédie bourgeoise "à la française", qui vogue sur la crise du couple et les nouveaux codes amoureux. La distribution est prestigieuse.

cinéma,cinema,film,films

   Jacques Dutronc (qui a quelque peine à tenir debout) et Charlotte Rampling (assez lumineuse) incarnent Bertrand et Elizabeth, de grands bourgeois parisiens formant un couple de façade. Les péripéties auxquelles Elizabeth va se trouver confrontée vont révéler sa ténacité et sa générosité.

cinéma,cinema,film,films

   Cette générosité s'exerce notamment à l'égard de Véro (Karine Viard, à pleins tubes), veuve, en charge d'une adolescente qu'elle ne sait pas trop comment gérer. Par dessus le marché, elle a du mal à garder un emploi. Elle forme un drôle de duo avec son amie Laura (Emilie Caen, parfaite dans le rôle), qui, elle, a la quarantaine épanouie... et diablement gourmande.

cinéma,cinema,film,films

   Passons à Eva, la fille de Véro. C'est l'un des points faibles de ce film : le personnage est caricatural, agaçant. De surcroît, on ne comprend pas pourquoi elle est scolarisée dans un lycée nantais alors que sa mère travaille à Paris (le père étant décédé, si j'ai bien compris). William Lebghil (déjà vu dans Le Sens de la fête) relève le niveau dans le rôle de son copain Alex. Il joue de manière très juste le jeune homme plutôt cool mais pas sans caractère. Il a fort à faire avec son père, qui lui est un véritable gamin attardé.

cinéma,cinema,film,films

   Cela nous mène tout naturellement au couple suivant, Julien (le père d'Alex) et Lucie (Carole Bouquet, géniale), très riche, propriétaire (entre autres) du restaurant dans lequel travaille (plus ou moins) son compagnon. Celui-ci la trompe sans vergogne... mais, depuis peu, se sent suivi (ce qui va donner naissance à quelques gags savoureux).

cinéma,cinema,film,films

   Voici donc le dernier couple... qui n'en est pas un. Mais, pour ne pas déflorer l'intrigue, je ne peux pas dire pourquoi. Sachez seulement que Sara Martins (qui a marqué les premières saisons de Meurtres au paradis) incarne Serena, la maîtresse de Julien. C'est aussi une vieille connaissance de Loïc, le fils de Véro (et donc frère d'Eva, si vous avez bien suivi), chauffeur VTC très travailleur, qui essaie d'arrondir les angles... et devrait sans doute davantage penser à lui.

   Cela donne un bon film choral, avec des hauts et des bas. J'ai souvent ri, voire ricané, tant c'est délicieusement sardonique. Même si certains dialogues sont un peu trop littéraires, c'est une comédie jouissive, qui relève le niveau des productions françaises du genre.

12:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Voyez comme on danse

   On présente ce film comme une suite (lointaine) à Embrassez qui vous voudrez, avec lequel il partage cinq personnages. C'est une comédie bourgeoise "à la française", qui vogue sur la crise du couple et les nouveaux codes amoureux. La distribution est prestigieuse.

cinéma,cinema,film,films

   Jacques Dutronc (qui a quelque peine à tenir debout) et Charlotte Rampling (assez lumineuse) incarnent Bertrand et Elizabeth, de grands bourgeois parisiens formant un couple de façade. Les péripéties auxquelles Elizabeth va se trouver confrontée vont révéler sa ténacité et sa générosité.

cinéma,cinema,film,films

   Cette générosité s'exerce notamment à l'égard de Véro (Karine Viard, à pleins tubes), veuve, en charge d'une adolescente qu'elle ne sait pas trop comment gérer. Par dessus le marché, elle a du mal à garder un emploi. Elle forme un drôle de duo avec son amie Laura (Emilie Caen, parfaite dans le rôle), qui, elle, a la quarantaine épanouie... et diablement gourmande.

cinéma,cinema,film,films

   Passons à Eva, la fille de Véro. C'est l'un des points faibles de ce film : le personnage est caricatural, agaçant. De surcroît, on ne comprend pas pourquoi elle est scolarisée dans un lycée nantais alors que sa mère travaille à Paris (le père étant décédé, si j'ai bien compris). William Lebghil (déjà vu dans Le Sens de la fête) relève le niveau dans le rôle de son copain Alex. Il joue de manière très juste le jeune homme plutôt cool mais pas sans caractère. Il a fort à faire avec son père, qui lui est un véritable gamin attardé.

cinéma,cinema,film,films

   Cela nous mène tout naturellement au couple suivant, Julien (le père d'Alex) et Lucie (Carole Bouquet, géniale), très riche, propriétaire (entre autres) du restaurant dans lequel travaille (plus ou moins) son compagnon. Celui-ci la trompe sans vergogne... mais, depuis peu, se sent suivi (ce qui va donner naissance à quelques gags savoureux).

cinéma,cinema,film,films

   Voici donc le dernier couple... qui n'en est pas un. Mais, pour ne pas déflorer l'intrigue, je ne peux pas dire pourquoi. Sachez seulement que Sara Martins (qui a marqué les premières saisons de Meurtres au paradis) incarne Serena, la maîtresse de Julien. C'est aussi une vieille connaissance de Loïc, le fils de Véro (et donc frère d'Eva, si vous avez bien suivi), chauffeur VTC très travailleur, qui essaie d'arrondir les angles... et devrait sans doute davantage penser à lui.

   Cela donne un bon film choral, avec des hauts et des bas. J'ai souvent ri, voire ricané, tant c'est délicieusement sardonique. Même si certains dialogues sont un peu trop littéraires, c'est une comédie jouissive, qui relève le niveau des productions françaises du genre.

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16 levers de soleil

   C'est le documentaire consacré à l'aventure spatiale de Thomas Pesquet, en 2016-2017. J'y suis allé parce que, à l'époque, je n'avais guère suivi l'emballement médiatique... et parce que j'espérais voir projetés de beaux plans de l'espace et de la Terre vue de la station internationale.

   Cela commence doucement, au Kazakhstan, à Baïkonour. Outre la vie dans le centre spatial (et l'entraînement des cosmonautes), on découvre que, dans ce bout d'ex-URSS, on a gardé le souvenir des exploits de Youri Gagarine (le premier homme dans l'espace, en 1961). On est frappé par la minutie des préparatifs... mais ce n'est pas hyper-passionnant.

   Cela s'anime avec le décollage de la fusée. On nous propose des vues de l'intérieur de la capsule où sont placés les spationautes. On comprend aussi que, par rapport à l'époque des pionniers, d'énormes progrès (en termes de sécurité et de confort) ont été faits.

   La partie se déroulant à l'intérieur de la station internationale est la plus attendue. Elle n'est pas inintéressante, mais elle m'a un peu déçu. Côté découvertes, il y a la combinaison de couchage vertical (confortable, selon Pesquet), la consommation d'aliments dans des sachets rechargeables et les activités liées à la maintenance technique. Côté déception, il y a le faible nombre de vues de l'espace et de la Terre (celles-ci non renseignées : c'est de l'esthétisme pur). Je n'ai pas non plus été sensible aux citations des oeuvres de Saint-Exupéry. Cela se voulait profond et original, mais cela m'a paru déplacé, voire kitsch.

   Au quotidien, la vie ne semble pas avoir été trépidante. Heureusement, certains événements sont venus l'égayer. J'ai apprécié l'arrivée d'un astronaute américain, porteurs de pantalons fantaisistes. Les spectateurs les moins attentifs reconnaîtront sans peine la voix de l'illustre personnage qui est entré en communication avec lui et ses camarades, courant  2017.

   Bon, voilà. Cela se regarde. Mais, à moins d'être passionné-e par l'aventure spatiale, on risque de s'y ennuyer.

00:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

16 levers de soleil

   C'est le documentaire consacré à l'aventure spatiale de Thomas Pesquet, en 2016-2017. J'y suis allé parce que, à l'époque, je n'avais guère suivi l'emballement médiatique... et parce que j'espérais voir projetés de beaux plans de l'espace et de la Terre vue de la station internationale.

   Cela commence doucement, au Kazakhstan, à Baïkonour. Outre la vie dans le centre spatial (et l'entraînement des cosmonautes), on découvre que, dans ce bout d'ex-URSS, on a gardé le souvenir des exploits de Youri Gagarine (le premier homme dans l'espace, en 1961). On est frappé par la minutie des préparatifs... mais ce n'est pas hyper-passionnant.

   Cela s'anime avec le décollage de la fusée. On nous propose des vues de l'intérieur de la capsule où sont placés les spationautes. On comprend aussi que, par rapport à l'époque des pionniers, d'énormes progrès (en termes de sécurité et de confort) ont été faits.

   La partie se déroulant à l'intérieur de la station internationale est la plus attendue. Elle n'est pas inintéressante, mais elle m'a un peu déçu. Côté découvertes, il y a la combinaison de couchage vertical (confortable, selon Pesquet), la consommation d'aliments dans des sachets rechargeables et les activités liées à la maintenance technique. Côté déception, il y a le faible nombre de vues de l'espace et de la Terre (celles-ci non renseignées : c'est de l'esthétisme pur). Je n'ai pas non plus été sensible aux citations des oeuvres de Saint-Exupéry. Cela se voulait profond et original, mais cela m'a paru déplacé, voire kitsch.

   Au quotidien, la vie ne semble pas avoir été trépidante. Heureusement, certains événements sont venus l'égayer. J'ai apprécié l'arrivée d'un astronaute américain, porteurs de pantalons fantaisistes. Les spectateurs les moins attentifs reconnaîtront sans peine la voix de l'illustre personnage qui est entré en communication avec lui et ses camarades, courant  2017.

   Bon, voilà. Cela se regarde. Mais, à moins d'être passionné-e par l'aventure spatiale, on risque de s'y ennuyer.

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samedi, 20 octobre 2018

Venom

   Sony s'est appuyée sur la société chinoise Tencent (récemment entrée au capital de Skydance, qui gère la franchise Mission impossible) pour produire ce nouveau film de super-héros. L'enjeu est de soutenir la comparaison avec les grosses machines du groupe Disney (qui, après avoir avalé successivement Pixar, Lucasfilm et Marvel, s'est récemment offert la Twentieth Century Fox, qui a la main notamment sur les adaptations des X-Men et de Deadpool).

   L'un des intérêts de cette histoire est que le futur super-héros aurait pu devenir un super-vilain. Mais, avant d'en arriver à cette question existentielle, la batterie de scénaristes employée par la Columbia a choisi d'orienter la première demi-heure de manière plutôt sociale. On découvre les personnages principaux, en particulier Eddie... "belle gueule", puisqu'il est incarné par Tom Brady Hardy, le visage constamment mangé par une barbe de trois jours, quel que soit le moment du film. (Est-il besoin d'ajouter qu'on ne le voit jamais se raser ?) C'est un mec brillant et cool, genre reporter rebelle des temps modernes, vivant dans un appart de rêve, en couple avec une avocate canon (Michelle Williams, affublée de godasses horribles dans la première partie de l'intrigue).

   Sur la route du bonheur va se dresser un jeune milliardaire des biotechnologies, Carlton Drake, interprété par Riz Ahmed (vu récemment dans Les Frères Sisters). On a voulu en faire un mélange d'altruisme dévoyé et de mégalomanie... mais dont les médias ne montrent que la partie lumineuse.

   Là-dessus se greffe (si j'ose dire) l'arrivée d'entités extraterrestres, à la recherche d'hôtes. Dans des circonstances que je me garderai de révéler, Eddie va servir d'enveloppe corporelle à un parasite invité surprise à la voix très grave. Le voilà quasiment dans la situation du héros du récent Upgrade, à ceci près que ses nouveaux pouvoirs ne viennent pas d'une puce implantée mais d'un autre être vivant.

   La deuxième réussite du film est la mise en scène de l'étrange cohabitation entre l'ancien journaliste devenu quasi-clodo et le mercenaire de l'espace, de prime abord impitoyable (et un peu puéril). Comme il s'agit d'une symbiose, chacun des deux va petit à petit influer sur l'autre. C'est souvent drôle, avec des traits d'humour qui n'aspirent pas à la plus grande finesse. J'ai encore en mémoire la scène où le héros souhaite atteindre un bureau situé dans les derniers étages d'une tour. Il refuse la solution proposée par son parasite invité (l'escalade de la paroi très lisse), ce qui lui vaut en retour le qualificatif de "flipette".

   Au niveau de l'action, on sent que les producteurs ont mis le paquet. Cela nous vaut une spectaculaire scène de poursuite moto/automobile dans les rues de San Francisco, pendant laquelle il vaut mieux toutefois mettre en veilleuse ses aspirations à la vraisemblance. Par contre, je n'ai pas trop aimé la baston finale entre les deux entités (de surcroît très laides). On ne distingue pas grand chose tant les mouvements sont rapides. Quelques effets visuels et sonores sont censés nous guider, mais j'ai préféré les moments hors corps-à-corps.

   C'est au final un agréable divertissement, avec une histoire plutôt originale et un humour "corsé".

   PS

   Personne n'a quitté la salle lorsqu'a débuté le générique de fin. Le public de connaisseurs savait qu'il fallait attendre deux moments : la classique scène post-générique qui annonce la suite des aventures... et, tout à la fin, en bonus, un court-métrage suggérant une relance des aventures de Spiderman.

13:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Venom

   Sony s'est appuyée sur la société chinoise Tencent (récemment entrée au capital de Skydance, qui gère la franchise Mission impossible) pour produire ce nouveau film de super-héros. L'enjeu est de soutenir la comparaison avec les grosses machines du groupe Disney (qui, après avoir avalé successivement Pixar, Lucasfilm et Marvel, s'est récemment offert la Twentieth Century Fox, qui a la main notamment sur les adaptations des X-Men et de Deadpool).

   L'un des intérêts de cette histoire est que le futur super-héros aurait pu devenir un super-vilain. Mais, avant d'en arriver à cette question existentielle, la batterie de scénaristes employée par la Columbia a choisi d'orienter la première demi-heure de manière plutôt sociale. On découvre les personnages principaux, en particulier Eddie... "belle gueule", puisqu'il est incarné par Tom Brady Hardy, le visage constamment mangé par une barbe de trois jours, quel que soit le moment du film. (Est-il besoin d'ajouter qu'on ne le voit jamais se raser ?) C'est un mec brillant et cool, genre reporter rebelle des temps modernes, vivant dans un appart de rêve, en couple avec une avocate canon (Michelle Williams, affublée de godasses horribles dans la première partie de l'intrigue).

   Sur la route du bonheur va se dresser un jeune milliardaire des biotechnologies, Carlton Drake, interprété par Riz Ahmed (vu récemment dans Les Frères Sisters). On a voulu en faire un mélange d'altruisme dévoyé et de mégalomanie... mais dont les médias ne montrent que la partie lumineuse.

   Là-dessus se greffe (si j'ose dire) l'arrivée d'entités extraterrestres, à la recherche d'hôtes. Dans des circonstances que je me garderai de révéler, Eddie va servir d'enveloppe corporelle à un parasite invité surprise à la voix très grave. Le voilà quasiment dans la situation du héros du récent Upgrade, à ceci près que ses nouveaux pouvoirs ne viennent pas d'une puce implantée mais d'un autre être vivant.

   La deuxième réussite du film est la mise en scène de l'étrange cohabitation entre l'ancien journaliste devenu quasi-clodo et le mercenaire de l'espace, de prime abord impitoyable (et un peu puéril). Comme il s'agit d'une symbiose, chacun des deux va petit à petit influer sur l'autre. C'est souvent drôle, avec des traits d'humour qui n'aspirent pas à la plus grande finesse. J'ai encore en mémoire la scène où le héros souhaite atteindre un bureau situé dans les derniers étages d'une tour. Il refuse la solution proposée par son parasite invité (l'escalade de la paroi très lisse), ce qui lui vaut en retour le qualificatif de "flipette".

   Au niveau de l'action, on sent que les producteurs ont mis le paquet. Cela nous vaut une spectaculaire scène de poursuite moto/automobile dans les rues de San Francisco, pendant laquelle il vaut mieux toutefois mettre en veilleuse ses aspirations à la vraisemblance. Par contre, je n'ai pas trop aimé la baston finale entre les deux entités (de surcroît très laides). On ne distingue pas grand chose tant les mouvements sont rapides. Quelques effets visuels et sonores sont censés nous guider, mais j'ai préféré les moments hors corps-à-corps.

   C'est au final un agréable divertissement, avec une histoire plutôt originale et un humour "corsé".

   PS

   Personne n'a quitté la salle lorsqu'a débuté le générique de fin. Le public de connaisseurs savait qu'il fallait attendre deux moments : la classique scène post-générique qui annonce la suite des aventures... et, tout à la fin, en bonus, un court-métrage suggérant une relance des aventures de Spiderman.

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dimanche, 14 octobre 2018

Dilili à Paris

   Deux ans après Ivan Tsarevitch et la princesse changeante, Michel Ocelot revient avec une fiction ancrée dans la Belle époque française, en plein Paris, au début du XXe siècle. C'est peu de dire que les vues de la capitale, sublimée par les couleurs et les effets de l'animation, contribuent fortement à l'intérêt du film.

   Dès le début, on nous fait comprendre qu'il ne s'agit pas que d'un divertissement. Dans un premier temps, l'oeil des spectateurs est volontairement trompé, avant que l'on ne découvre le zoo humain. (La scène s'inspire de l'Exposition coloniale de 1931.) Régulièrement, des éléments sont instillés pour détruire les préjugés : la gamine à la peau foncée parle très bien le français... et non, elle n'est pas noire, mais métis, victime du racisme aussi bien en Nouvelle-Calédonie qu'en France métropolitaine.

   Mais l'argument principal de l'intrigue est la défense de la cause des femmes, de 7 à 77 ans ai-je envie de dire. Cela commence par les enfants et Dilili en particulier, cette adorable Choupinette habillée comme une princesse et s'exprimant dans un français impeccable. Compte tenu de son vécu et de l'éducation qu'elle a reçue, elle est mûre pour son âge... et très courageuse.

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Dans son périple pour retrouver les enfants enlevées par la mystérieuse bande des "Mâles Maîtres", Dilili va recevoir l'aide d'adultes, comme l'actrice Sarah Bernhardt, la chercheuse Marie Curie, la Goulue du Moulin rouge... et surtout la cantatrice (d'origine aveyronnaise) Emma Calvé, qui devient la protectrice attitrée de l'héroïne. (Natalie Dessay prête sa formidable voix à ce personnage rayonnant.)

   Pour la petite histoire, j'ajoute que l'Aveyron est aussi présent (indirectement) à travers les personnages de Toulouse-Lautrec (qui a passé une partie de sa jeunesse au château du Bosc) et d'Orel, le nouvel ami de Dilili. Celui-ci est l'homophone d'Aurel, le sculpteur parisien dont les célèbres chiens ornent la façade du musée Denys-Puech, à Rodez, dont la construction fut en partie financée par... Emma Calvé. Enfin, quand celle-ci évoque (dans le film) son château du Languedoc, elle fait sans doute allusion à celui de Cabrières, situé sur la commune de Compeyre, à côté de Millau.

   Grâce à la diligence d'Orel (qui roule en triporteur), Dilili est entraînée dans un tourbillon de rencontres, de l'écrivain Marcel Proust au clown Chocolat, en passant par des scientifiques (Louis Pasteur et Gustave Eiffel), des peintres (Monet, Renoir, Degas, Picasso, Matisse...), des sculpteurs (Auguste Rodin et Camille Claudel), des musiciens (Reynaldo Hahn et Claude Debussy) et des politiques (le prince de Galles et, tout à la fin, sans doute Georges Clemenceau). Cela constitue un catalogue que certains peuvent trouver lassant, mais c'est inséré avec une certaine habileté. Je reconnais néanmoins que l'on tombe parfois dans l'effet "carte postale". Je regrette aussi un certain schématisme esthétique : la tendance à faire des gentils des personnages séduisants, réservant la laideur physique aux méchants.

   Mais le principal défaut du film réside à mon avis dans ses dialogues, trop littéraires, pas assez marqués par l'oralité. Cela n'a cependant pas déconcerté les bambins de la salle, qui ont été emballés par le film, les petits Rouergats blancs de peau s'identifiant sans peine à la gamine métisse (ou peut-être à son grand copain débrouillard). C'est d'autant plus agréable que, sur le fond, le film dénonce les mauvais traitements faits aux femmes, au début du XXe siècle... mais aussi au début du XXIe. Au premier degré, l'intrigue vilipende les Blancs misogynes. Au second degré, le sort réservé aux "quatre-pattes", voilées de la tête aux pieds, ne peut pas ne pas faire penser aux victimes de l'islamo-fascisme.

   Pour toutes ces raisons, et en dépit des réserves émises, c'est un film à voir, par les petits et les grands.

   PS

   Le site dédié est sympa.

Dilili à Paris

   Deux ans après Ivan Tsarevitch et la princesse changeante, Michel Ocelot revient avec une fiction ancrée dans la Belle époque française, en plein Paris, au début du XXe siècle. C'est peu de dire que les vues de la capitale, sublimée par les couleurs et les effets de l'animation, contribuent fortement à l'intérêt du film.

   Dès le début, on nous fait comprendre qu'il ne s'agit pas que d'un divertissement. Dans un premier temps, l'oeil des spectateurs est volontairement trompé, avant que l'on ne découvre le zoo humain. (La scène s'inspire de l'Exposition coloniale de 1931.) Régulièrement, des éléments sont instillés pour détruire les préjugés : la gamine à la peau foncée parle très bien le français... et non, elle n'est pas noire, mais métis, victime du racisme aussi bien en Nouvelle-Calédonie qu'en France métropolitaine.

   Mais l'argument principal de l'intrigue est la défense de la cause des femmes, de 7 à 77 ans ai-je envie de dire. Cela commence par les enfants et Dilili en particulier, cette adorable Choupinette habillée comme une princesse et s'exprimant dans un français impeccable. Compte tenu de son vécu et de l'éducation qu'elle a reçue, elle est mûre pour son âge... et très courageuse.

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Dans son périple pour retrouver les enfants enlevées par la mystérieuse bande des "Mâles Maîtres", Dilili va recevoir l'aide d'adultes, comme l'actrice Sarah Bernhardt, la chercheuse Marie Curie, la Goulue du Moulin rouge... et surtout la cantatrice (d'origine aveyronnaise) Emma Calvé, qui devient la protectrice attitrée de l'héroïne. (Natalie Dessay prête sa formidable voix à ce personnage rayonnant.)

   Pour la petite histoire, j'ajoute que l'Aveyron est aussi présent (indirectement) à travers les personnages de Toulouse-Lautrec (qui a passé une partie de sa jeunesse au château du Bosc) et d'Orel, le nouvel ami de Dilili. Celui-ci est l'homophone d'Aurel, le sculpteur parisien dont les célèbres chiens ornent la façade du musée Denys-Puech, à Rodez, dont la construction fut en partie financée par... Emma Calvé. Enfin, quand celle-ci évoque (dans le film) son château du Languedoc, elle fait sans doute allusion à celui de Cabrières, situé sur la commune de Compeyre, à côté de Millau.

   Grâce à la diligence d'Orel (qui roule en triporteur), Dilili est entraînée dans un tourbillon de rencontres, de l'écrivain Marcel Proust au clown Chocolat, en passant par des scientifiques (Louis Pasteur et Gustave Eiffel), des peintres (Monet, Renoir, Degas, Picasso, Matisse...), des sculpteurs (Auguste Rodin et Camille Claudel), des musiciens (Reynaldo Hahn et Claude Debussy) et des politiques (le prince de Galles et, tout à la fin, sans doute Georges Clemenceau). Cela constitue un catalogue que certains peuvent trouver lassant, mais c'est inséré avec une certaine habileté. Je reconnais néanmoins que l'on tombe parfois dans l'effet "carte postale". Je regrette aussi un certain schématisme esthétique : la tendance à faire des gentils des personnages séduisants, réservant la laideur physique aux méchants.

   Mais le principal défaut du film réside à mon avis dans ses dialogues, trop littéraires, pas assez marqués par l'oralité. Cela n'a cependant pas déconcerté les bambins de la salle, qui ont été emballés par le film, les petits Rouergats blancs de peau s'identifiant sans peine à la gamine métisse (ou peut-être à son grand copain débrouillard). C'est d'autant plus agréable que, sur le fond, le film dénonce les mauvais traitements faits aux femmes, au début du XXe siècle... mais aussi au début du XXIe. Au premier degré, l'intrigue vilipende les Blancs misogynes. Au second degré, le sort réservé aux "quatre-pattes", voilées de la tête aux pieds, ne peut pas ne pas faire penser aux victimes de l'islamo-fascisme.

   Pour toutes ces raisons, et en dépit des réserves émises, c'est un film à voir, par les petits et les grands.

   PS

   Le site dédié est sympa.

samedi, 13 octobre 2018

Détective Dee - La Légende des rois célestes

   Séance rattrapage avec ce film de Tsui Hark, sorti confidentiellement en France en août dernier... et qui a fait un bide. Et pourtant... Son personnage principal (Di Renjié) est un enquêteur impérial (chinois) du VIIe siècle qui a réellement existé. En Occident, il a été popularisé (sous le nom de Juge Ti) par les romans policiers de Robert van Gulik. Le réalisateur hong-kongais (prolifique) en a fait le héros d'une série de films de cape et d'épée fantasmagoriques.

   Bien que l'action se déroule dans la Chine du VIIe siècle, plusieurs éléments "parlent" aux spectateurs du XXIe. Il s'agit tout d'abord d'une histoire de complot politique, avec son contingent de faux-semblants, de manipulations et de trahisons. C'est aussi je pense une réflexion sur l'altérité, le salut des "gentils" venant de la sagesse indienne. (Précisons que l'intrigue se place sous le règne de l'impératrice qui a contribué à développer l'implantation du bouddhisme en Chine.) Il y aurait aussi des choses à dire sur le super-pouvoir des méchants, consistant à produire des illusions collectives, bien pratiques quand il s'agit de mener à bien un complot.

   Comme j'ai vu le film en version originale sous-titrée, il m'a semblé entendre soit deux langues, soit deux accents différents. Quelques personnages partagent une origine commune, Tiele, ce qui les distingue des Hans parlant mandarin. Mais ils sont parfaitement intégrés au groupe dominant... ce qui se serait effectivement produit au VIIe siècle. Là, il est possible que l'on soit face à une insidieuse propagande, mettant l'accent sur l'unité du peuple chinois.

   Il faut dire qu'ils ont fort à faire d'abord avec une clique de magiciens très moches, recrutés par une personne ambitieuse au possible. Cependant, petit à petit, on comprend que derrière ces protagonistes se cachent des individus bien plus dangereux, qui attentent leur tour, en coulisses.

   Le héros enquêteur (chef du Temple) est donc confronté à un double mystère et à des adversaires particulièrement redoutables, contre lesquels il doit se battre, dans un premier temps, sans l'aide de son meilleur ami, membre éminent de la Garde impériale et donc sous les ordres de la perfide impératrice.

   On comprend que l'intrigue est feuilletonnesque. On y a glissé quelques pointes d'humour, notamment à travers la romance tumultueuse (hyper prévisible) qui naît entre l'assistant maladroit de Dee et une intrépide ninja, qui n'hésite ni à reluquer des hommes nus, ni à cogner rageusement. On a  aussi droit à une petite parodie de King Kong. Le tout est servi par une débauche d'effets spéciaux, des costumes, des décors somptueux et une musique entraînante. Parfois, c'est vraiment "trop". Mais c'est très agréable à suivre.

13:38 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Détective Dee - La Légende des rois célestes

   Séance rattrapage avec ce film de Tsui Hark, sorti confidentiellement en France en août dernier... et qui a fait un bide. Et pourtant... Son personnage principal (Di Renjié) est un enquêteur impérial (chinois) du VIIe siècle qui a réellement existé. En Occident, il a été popularisé (sous le nom de Juge Ti) par les romans policiers de Robert van Gulik. Le réalisateur hong-kongais (prolifique) en a fait le héros d'une série de films de cape et d'épée fantasmagoriques.

   Bien que l'action se déroule dans la Chine du VIIe siècle, plusieurs éléments "parlent" aux spectateurs du XXIe. Il s'agit tout d'abord d'une histoire de complot politique, avec son contingent de faux-semblants, de manipulations et de trahisons. C'est aussi je pense une réflexion sur l'altérité, le salut des "gentils" venant de la sagesse indienne. (Précisons que l'intrigue se place sous le règne de l'impératrice qui a contribué à développer l'implantation du bouddhisme en Chine.) Il y aurait aussi des choses à dire sur le super-pouvoir des méchants, consistant à produire des illusions collectives, bien pratiques quand il s'agit de mener à bien un complot.

   Comme j'ai vu le film en version originale sous-titrée, il m'a semblé entendre soit deux langues, soit deux accents différents. Quelques personnages partagent une origine commune, Tiele, ce qui les distingue des Hans parlant mandarin. Mais ils sont parfaitement intégrés au groupe dominant... ce qui se serait effectivement produit au VIIe siècle. Là, il est possible que l'on soit face à une insidieuse propagande, mettant l'accent sur l'unité du peuple chinois.

   Il faut dire qu'ils ont fort à faire d'abord avec une clique de magiciens très moches, recrutés par une personne ambitieuse au possible. Cependant, petit à petit, on comprend que derrière ces protagonistes se cachent des individus bien plus dangereux, qui attentent leur tour, en coulisses.

   Le héros enquêteur (chef du Temple) est donc confronté à un double mystère et à des adversaires particulièrement redoutables, contre lesquels il doit se battre, dans un premier temps, sans l'aide de son meilleur ami, membre éminent de la Garde impériale et donc sous les ordres de la perfide impératrice.

   On comprend que l'intrigue est feuilletonnesque. On y a glissé quelques pointes d'humour, notamment à travers la romance tumultueuse (hyper prévisible) qui naît entre l'assistant maladroit de Dee et une intrépide ninja, qui n'hésite ni à reluquer des hommes nus, ni à cogner rageusement. On a  aussi droit à une petite parodie de King Kong. Le tout est servi par une débauche d'effets spéciaux, des costumes, des décors somptueux et une musique entraînante. Parfois, c'est vraiment "trop". Mais c'est très agréable à suivre.

13:38 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 06 octobre 2018

Upgrade

   Un jeune homme, victime d'une agression en compagnie de son amie, se retrouve tétraplégique. Un entrepreneur versé dans les technologies de pointe propose de lui implanter une puce de conception totalement nouvelle. Les conséquences de cette intervention ne vont pas manquer de nous surprendre...

   L'action se déroule dans un futur proche (dans 20-30 ans). Les voitures autonomes sont devenues monnaie courante et nos quasi-contemporains côtoient des "humains augmentés", dont les capacités ont été décuplées grâce à d'étranges opérations.

   L'habillage est réussi. Des décors aux effets spéciaux (en particulier sur les nanotechnologies), on baigne dans un univers de science-fiction très réaliste. La musique convient aussi parfaitement à cette ambiance étrange, où nombre de personnages sont des êtres mi-homme mi-machine.

   Le héros va profiter de sa seconde chance pour chercher à se venger de ceux qui l'ont agressé. Le mystère plane sur leurs motivations : ils ne sont rien venus voler. On ne sait pas trop non plus s'ils visaient le héros ou sa compagne, qui travaillait dans une entreprise dont l'activité est propre à susciter les convoitises.

   A partir de là, on part dans un film d'action marqué par l'hyper-violence, parfaitement chorégraphié, parfois atrocement drôle : le héros ne contrôle pas tout... et il a désormais une petite voix dans la tête. Il doit aussi se méfier de la policière chargée de l'enquête, pas très efficace pour résoudre son affaire, mais qui va rapidement le soupçonner de cacher son jeu.

   Évidemment, derrière tout cela, il y a un complot, que j'ai assez rapidement éventé. Mais, comme le scénariste est un petit malin, il nous réserve un ultime retournement, une sorte de complot dans le complot, qui donne encore plus d'intérêt au dernier quart d'heure.

   Ce film bien foutu et sans prétention est une excellente surprise.

12:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Upgrade

   Un jeune homme, victime d'une agression en compagnie de son amie, se retrouve tétraplégique. Un entrepreneur versé dans les technologies de pointe propose de lui implanter une puce de conception totalement nouvelle. Les conséquences de cette intervention ne vont pas manquer de nous surprendre...

   L'action se déroule dans un futur proche (dans 20-30 ans). Les voitures autonomes sont devenues monnaie courante et nos quasi-contemporains côtoient des "humains augmentés", dont les capacités ont été décuplées grâce à d'étranges opérations.

   L'habillage est réussi. Des décors aux effets spéciaux (en particulier sur les nanotechnologies), on baigne dans un univers de science-fiction très réaliste. La musique convient aussi parfaitement à cette ambiance étrange, où nombre de personnages sont des êtres mi-homme mi-machine.

   Le héros va profiter de sa seconde chance pour chercher à se venger de ceux qui l'ont agressé. Le mystère plane sur leurs motivations : ils ne sont rien venus voler. On ne sait pas trop non plus s'ils visaient le héros ou sa compagne, qui travaillait dans une entreprise dont l'activité est propre à susciter les convoitises.

   A partir de là, on part dans un film d'action marqué par l'hyper-violence, parfaitement chorégraphié, parfois atrocement drôle : le héros ne contrôle pas tout... et il a désormais une petite voix dans la tête. Il doit aussi se méfier de la policière chargée de l'enquête, pas très efficace pour résoudre son affaire, mais qui va rapidement le soupçonner de cacher son jeu.

   Évidemment, derrière tout cela, il y a un complot, que j'ai assez rapidement éventé. Mais, comme le scénariste est un petit malin, il nous réserve un ultime retournement, une sorte de complot dans le complot, qui donne encore plus d'intérêt au dernier quart d'heure.

   Ce film bien foutu et sans prétention est une excellente surprise.

12:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 05 octobre 2018

Chris the Swiss

   Ce documentaire prend racine dans les conflits yougoslaves de la fin du XXe siècle (autour de 1991-1995).  La réalisatrice Anja Kofmel a cherché à éclaircir les circonstances dans lesquelles son cousin (qu'elle adulait à l'époque) a été assassiné, dans l'est de la Croatie, du côté d'Osijek. Auparavant, il était passé par Karlovac, à l'autre bout du pays :

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Pour ressusciter ce cousin aimé, elle recourt au dessin. A plusieurs reprises dans le film, on la voit "croquer" un élément du paysage ou un bâtiment. A l'aide de la palette graphique, elle met en scène des personnages décédés, ou auxquels elle n'a pas pu parler pour d'autres raisons.

   Il faut dire que le sujet sur lequel elle enquête gêne plusieurs de ses interlocuteurs. (Dans les anecdotes d'Allociné, on peut lire que des pressions ont été exercées pour empêcher le film d'aboutir.) Certains lui tiennent des propos convenus, très généraux, sur la dureté de la guerre, les risques encourus etc.

   La réalisatrice nous fait découvrir le jeune Christian Wurtenberg, passionné de rock, en quête de sensations fortes... au point de se rendre en Namibie et en Afrique du Sud (à l'époque de l'apartheid), où il a servi dans des forces militaires.

   Voilà qui contrebalance bigrement le portrait du journaliste sensible à la détresse humaine, que fut incontestablement ce Chris. Mais il semble avoir eu de très mauvaises fréquentations, qui l'ont conduit à intégrer une milice croate, composée de volontaires étrangers très très marqués politiquement...

   Ici les scènes animées, en noir et blanc, osent montrer ce que les personnages réels évitent de déclarer face à la caméra. Chris semble avoir été très naïf, même s'il subsiste un doute quant aux raisons de sa proximité régulière avec des types d'extrême-droite.

   Cela donne un film sombre, très intéressant pour qui cherche à connaître l'histoire des Balkans. (Au début, l'auteure se lance dans une courte introduction historique sur les tensions dans l'ex-Yougoslavie. Elle aurait quand même pu dire que Tito était croate !) Contrairement à d'autres, j'ai apprécié les passages en images animées, parfois très poétiques.

Chris the Swiss

   Ce documentaire prend racine dans les conflits yougoslaves de la fin du XXe siècle (autour de 1991-1995).  La réalisatrice Anja Kofmel a cherché à éclaircir les circonstances dans lesquelles son cousin (qu'elle adulait à l'époque) a été assassiné, dans l'est de la Croatie, du côté d'Osijek. Auparavant, il était passé par Karlovac, à l'autre bout du pays :

cinéma,cinema,film,films,histoire

   Pour ressusciter ce cousin aimé, elle recourt au dessin. A plusieurs reprises dans le film, on la voit "croquer" un élément du paysage ou un bâtiment. A l'aide de la palette graphique, elle met en scène des personnages décédés, ou auxquels elle n'a pas pu parler pour d'autres raisons.

   Il faut dire que le sujet sur lequel elle enquête gêne plusieurs de ses interlocuteurs. (Dans les anecdotes d'Allociné, on peut lire que des pressions ont été exercées pour empêcher le film d'aboutir.) Certains lui tiennent des propos convenus, très généraux, sur la dureté de la guerre, les risques encourus etc.

   La réalisatrice nous fait découvrir le jeune Christian Wurtenberg, passionné de rock, en quête de sensations fortes... au point de se rendre en Namibie et en Afrique du Sud (à l'époque de l'apartheid), où il a servi dans des forces militaires.

   Voilà qui contrebalance bigrement le portrait du journaliste sensible à la détresse humaine, que fut incontestablement ce Chris. Mais il semble avoir eu de très mauvaises fréquentations, qui l'ont conduit à intégrer une milice croate, composée de volontaires étrangers très très marqués politiquement...

   Ici les scènes animées, en noir et blanc, osent montrer ce que les personnages réels évitent de déclarer face à la caméra. Chris semble avoir été très naïf, même s'il subsiste un doute quant aux raisons de sa proximité régulière avec des types d'extrême-droite.

   Cela donne un film sombre, très intéressant pour qui cherche à connaître l'histoire des Balkans. (Au début, l'auteure se lance dans une courte introduction historique sur les tensions dans l'ex-Yougoslavie. Elle aurait quand même pu dire que Tito était croate !) Contrairement à d'autres, j'ai apprécié les passages en images animées, parfois très poétiques.

lundi, 01 octobre 2018

Les Frères Sisters

   Ces Brothers Sisters ("Frères Sœurs" !) sont un peu comme l'eau et le vin, avec le jeune et le vieux, l'impulsif et le réfléchi, le violent et le tendre (Joaquin Phoenix et John C. Reilly)... enfin, en théorie. On comprend rapidement qu'ils sont complémentaires et qu'ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre, quoi qu'ils affirment.

   Que l'on se rassure : Jacques Audiard (dont j'ai beaucoup aimé les premiers films : Regarde les hommes tomber, Un Héros très discret et Sur mes lèvres) ne tombe pas dans l'intrigue psychologisante. Fidèle aux modèles qui l'ont inspiré, son western est d'abord une œuvre sensitive, qui s'appuie sur des paysages magnifiques, un environnement sonore épuré et des soubresauts émotionnels contenus avec peine.

   Dès le début, on est cueilli par cette superbe scène de fusillade nocturne, à laquelle répond une autre, en fin d'histoire, alors que les rôles ont été quelque peu bouleversés. Cet effet de symétrie se retrouve dans les passages par le "bureau" du Commodore, sorte de parrain de la côte Ouest, qui embauche des mercenaires pour défendre ses intérêts financiers. Entre la scène de début et le retour des frangins, des semaines plus tard, de l'eau a coulé sous les ponts... et les relations entre les deux principaux protagonistes ont bigrement évolué.

   C'est ce retournement qui nous est (tranquillement) conté, d'abord au cours d'une chasse à l'homme (retardée à cause d'un ours et... d'une araignée), puis à travers l'expérience d'une fraternité émergente, en pleine ruée vers l'or. Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed apportent beaucoup à l'intrigue. (A certains moments, je me suis même demandé s'il n'y avait pas quelques sous-entendus "brokeback mountainiens"...)

   Franchement, j'ai été emballé, malgré les longueurs... jusqu'à l'épilogue complètement inattendu, qui fait mentir (en partie) la devise du Commodore, complaisamment affichée au fronton de son immeuble : "in cauda venenum"...

22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Frères Sisters

   Ces Brothers Sisters ("Frères Sœurs" !) sont un peu comme l'eau et le vin, avec le jeune et le vieux, l'impulsif et le réfléchi, le violent et le tendre (Joaquin Phoenix et John C. Reilly)... enfin, en théorie. On comprend rapidement qu'ils sont complémentaires et qu'ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre, quoi qu'ils affirment.

   Que l'on se rassure : Jacques Audiard (dont j'ai beaucoup aimé les premiers films : Regarde les hommes tomber, Un Héros très discret et Sur mes lèvres) ne tombe pas dans l'intrigue psychologisante. Fidèle aux modèles qui l'ont inspiré, son western est d'abord une œuvre sensitive, qui s'appuie sur des paysages magnifiques, un environnement sonore épuré et des soubresauts émotionnels contenus avec peine.

   Dès le début, on est cueilli par cette superbe scène de fusillade nocturne, à laquelle répond une autre, en fin d'histoire, alors que les rôles ont été quelque peu bouleversés. Cet effet de symétrie se retrouve dans les passages par le "bureau" du Commodore, sorte de parrain de la côte Ouest, qui embauche des mercenaires pour défendre ses intérêts financiers. Entre la scène de début et le retour des frangins, des semaines plus tard, de l'eau a coulé sous les ponts... et les relations entre les deux principaux protagonistes ont bigrement évolué.

   C'est ce retournement qui nous est (tranquillement) conté, d'abord au cours d'une chasse à l'homme (retardée à cause d'un ours et... d'une araignée), puis à travers l'expérience d'une fraternité émergente, en pleine ruée vers l'or. Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed apportent beaucoup à l'intrigue. (A certains moments, je me suis même demandé s'il n'y avait pas quelques sous-entendus "brokeback mountainiens"...)

   Franchement, j'ai été emballé, malgré les longueurs... jusqu'à l'épilogue complètement inattendu, qui fait mentir (en partie) la devise du Commodore, complaisamment affichée au fronton de son immeuble : "in cauda venenum"...

22:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films