Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 02 janvier 2024

Tandem - Retour vers le passé

   C'était annoncé et on l'attendait de pied ferme. Les créateurs de la comédie policière Tandem, dont la septième et dernière saison a été diffusée le printemps dernier, ont mis le point final à cette aventure par un épisode spécial, presque deux fois plus long qu'un épisode traditionnel. Il est diffusé ce soir sur France 3. Il est disponible en ligne depuis ce matin.

   C'est une affaire vieille d'une vingtaine d'années qui va entacher le bonheur tout neuf de la famille de gendarmes, en vacances dans une maison de campagne des Cévennes. L'enquête (partagée entre les héros et leurs collègues restés à la brigade de Montpellier) fait remonter les souvenirs de la période de formation à l’École des officiers de gendarmerie (que les scénaristes, pour des raisons de dramaturgie, localisent dans le Sud, alors qu'elle se trouve à... Melun).

télévision,télé,médias,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   Cela nous vaut quelques jolies scènes se déroulant dans le passé. On y voit le (pas encore) couple de protagonistes jeune et rebelle. C'est assez marrant.

   L'enquête va se révéler particulièrement complexe, parce que plusieurs mystères sont à résoudre. Les premiers sont les décès suspects de deux personnes, une dans le passé, une dans le présent. Bien évidemment, les deux morts sont liées. Le troisième mystère est celui de quelque chose qui peut être perçu comme une mise en scène ou une manipulation. Je n'en dis pas plus... mais les héros ne sont pas au bout de leurs surprises.

   Difficulté supplémentaire pour les gendarmes : l'équipe n'est pas au complet. Il manque le sympathique lieutenant d'origine bretonne et la capitaine malentendante, si piquante quand elle veut. Sinon, on revoit quasiment tous les personnages principaux des sept saisons, pour une histoire dont on se doute qu'elle ne peut pas se conclure par un drame.

   Ce long épisode garde la saveur de la série aussi par ses pointes d'humour (soulignées par les instruments à cordes). On se chamaille et l'on cabotine dans cette grande famille gendarmesque. J'ai passé un très bon moment.

   P.S.

   Fait exceptionnel : cet épisode a été réalisé par Astrid Veillon, qui incarne la commandante Léa Soler.

dimanche, 31 décembre 2023

Les "Riton" 2023

   L'année sur le point de se terminer fut riche en plaisirs cinématographiques. Une cinquantaine de films m'ont particulièrement "emporté" (comme l'an dernier). Sur cette cinquantaine, une vingtaine furent (pour moi) particulièrement marquants. Il m'est impossible d'en extraire un podium, tant la qualité fut présente dans les salles obscures, dans des genres différents... et encore, je ne parle que des films que j'ai pu voir. J'ai en raté quelques-uns, pas toujours mauvais...

   Sans surprise, la catégorie des "films d'animation" est très fournie. Ce genre est devenu pour moi l'une raisons qui me poussent à me rendre dans les salles obscures.

- Riton du retour du Grand Maître : Le Garçon et le héron (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation mythologique : Pattie et la colère de Poséidon

- Riton de la mise en images de légendes populaires : La Maison des égarées

- Riton de l'adaptation d'un comic book : Spider-Man across the spider-verse

- Riton de l'animation picturale : Hokusai

- Riton de l'animation d'inspiration japonaise : Mars Express

- Riton de l'animation extra-terrestre : Mad God

- Riton de l'animation au ras des pâquerettes : Marcel le coquillage (un de mes films de l'année)

- Riton de l'animation qui met le nez des Français sur une partie de leur passé : Interdit aux chiens et aux Italiens

- Riton de l'animation qui élève : Elémentaire

- Riton de l'animation qui fait voyager : Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire

- Riton de l'animation qui fait bouger : Détective Conan : le sous-marin noir

 

   Voilà qui nous conduit aux films réalisés par de bons cuisiniers, qui ont compris que le public ne venait pas au cinéma pour se faire chier.

- Riton du film à la sauce tomate : John Wick IV

- Riton du film à la sauce napolitaine : Equalizer 3

- Riton du film à la sauce barbecue : Mayday

- Riton du film à la sauce harissa : Babylon (un de mes films de l'année)

- Riton du film à la sauce piquante : Les Gardiens de la galaxie 3

- Riton du film à la sauce moule-burnes : The Flash

- Riton du film qui "fait revenir" ses personnages : Indiana Jones 5

- Riton du film cuisiné à l'ancienne : Mission : impossible - Dead Reckoning I (un de mes films de l'année)

- Riton du film qui embroche : Les Trois Mousquetaires (D'Artagnan comme Milady, tous deux faisant partie de mes films de l'année)

 

   C'est souvent grâce à des films d'action ou de super-héros que j'ai ri. La comédie est un genre sinistré au cinéma. Elle rapporte de l'argent (parce qu'elle ne coûte pas très cher à produire)... mais elle m'emballe rarement. Dans ce naufrage (qui n'est pas que français), je distingue les œuvres suivantes.

- Riton du film de jeune con : Alibi.com 2

- Riton du film de vieux con : Testament (un de mes films de l'année)

- Riton de la comédie sociétale qui a fait grincer quelques dents : Une Année difficile

 

   Cela m'amène aux "films de genre" (plutôt polars ou thrillers), un type d’œuvre qui a lui aussi tendance à m'attirer dans les salles obscures.

- Riton du film sardonique : Sick of myself

- Riton du film dentaire : Earwig

- Riton du film mordant : Les Meutes

- Riton du film angoissant : Missing : disparition inquiétante

- Riton du film d'enquête : Marlowe

- Riton du film à choix multiples : Le Tourbillon de la vie

- Riton du film à choix unique : Soudain seuls (un de mes films de l'année)

- Riton du film à choix cornéliens : Les Ombres persanes (un de mes films de l'année)

 

   La fiction nous ramène souvent à la réalité. Celle-ci nous a été habilement présentée par plusieurs œuvres à caractère documentaire.

- Riton moyen-oriental révoltant : 7 hivers à Téhéran (un de mes films de l'année)

- Riton ukrainien accablant : Pierre Feuille Pistolet

- Riton américain intrigant : Reality (un de mes films de l'année)

- Riton écologiste à moitié rassurant : Les Gardiennes de la planète

- Riton germanique apaisant : Anselm : le bruit du temps

- Riton japonais réjouissant : La Famille Asada (un de mes films de l'année)

- Riton polonais émouvant : Promenade à Cracovie

 

   Les films historiques sont un prolongement naturel des documentaires. Ils ont été particulièrement variés cette année.

- Riton du film qui nous en apprend encore sur la Seconde Guerre mondiale : Natural Light (un de mes films de l'année)

- Riton du film  qui nous rappelle ce que fut la terreur stalinienne : Le Capitaine Volkonogov s'est échappé (un de mes films de l'année)

- Riton du film qui évoque de manière originale une dictature disparue : Chili 1976

- Riton du film qui montre un aspect inquiétant des démocraties libérales : La Syndicaliste

- Riton du biopic : L'Abbé Pierre

- Riton du film victimaire : Emmett Till

- Riton du film qui transcende une tragédie : Killers of the Flower Moon (un de mes films de l'année)

 

   Pour terminer ce palmarès, je vais distinguer des longs-métrages que je qualifierais de "délicats". Tous sont marqués par une certaine subtilité, toutefois pas mise en scène de la même manière.

- Riton du film terrestre : L'Improbable Voyage d'Harold Fry

- Riton du film aérien : The Lost King (un de mes films de l'année)

- Riton du film climatique : En plein feu (un de mes films de l'année)

- Riton du film de destinée : La Voie royale

- Riton du chant du cygne : Vivre (un de mes films de l'année)

- Riton du film de résurrection : Sur les chemins noirs (un de mes films de l'année)

- Riton du film sur les beautés simples de la vie : Perfect Days (un de mes films de l'année)

  

   Je n'ai pas placé par hasard deux œuvres "japonaises" en début et fin de palmarès. Ce sont deux des plus beaux films que j'ai vus ces dernières années. Ils ne seraient sans doute pas loin du podium, si je parvenais à en établir un.

20:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 décembre 2023

Les Trois Mousquetaires : Milady

   Sortie quelques mois après le premier volet, cette seconde partie de l'adaptation du roman d'Alexandre Dumas (père) met en avant le personnage de l'espionne de Richelieu, l'envoûtante, la machiavélique, la rebelle Milady de Winter, incarnée avec toujours autant de talent par Eva Green. (Allez, un César !)

cinéma,cinema,film,films

   Paradoxalement, ce personnage n'est pas si présent que cela. Cela confirme que les deux films n'en font qu'un, l'insistance mise sur tel ou tel protagoniste étant plutôt de pure forme : D'Artagnan occupe une aussi grande place dans le second volet que dans le premier.

   Toutefois, chaque apparition de Milady est déterminante. Dans le premier tiers de l'histoire, la séquence qui lui fait retrouver le cadet de Gascogne recèle son lot de surprises. Elle est surtout virevoltante. Plus tard arrive la scène que les connaisseurs de l'histoire attendent : le face à face avec Athos (différent du roman, la scène se concluant d'une manière qui ménage l'avenir). Un moment de grâce est atteint en Angleterre, où l'on découvre Milady sous un autre visage (pour la seconde fois, victime, pas uniquement bourreau), avec aussi une incroyable scène dans la grange.

   Les autres comédiens sont convaincants. François Civil m'a semblé plus à l'aise que dans le précédent opus, mais toujours moins marquant que Romain Duris, Pio Marmaï et Vincent Cassel, qui constituent un formidable trio. J'y ajouterais Marc Barbé et surtout Eric Ruf, impeccable en cardinal de Richelieu.

   C'est toujours aussi feuilletonnesque. Le film regorge de péripéties, de cascades, de trahisons. Les dialogues sont bien écrits, souvent "piquants". Sur le fond, c'est moins joyeux, plus noir que le premier volet, ce qui me convient. Sur le plan visuel, c'est peut-être encore meilleur. J'ai passé un excellent moment... et j'aimerais bien qu'il y ait une suite (vingt ans après ?), comme la fin semble le suggérer.

18:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 28 décembre 2023

Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire

   Cette animation espagnole louche sur les films noirs et l'ambiance à la Agatha Christie (le héros, l'inspecteur Sun, étant un double parodique -et arachnéen- d'Hercule Poirot).

cinéma,cinema,film,films

   Le pari des créateurs est de faire des araignées les personnages principaux de ce film... et donc de les rendre plutôt sympathiques... ainsi qu'une pléiade de bestioles qui n'ont pas toujours bonne réputation : mouches, crickets, cafards, puces, fourmis...

   Cela passe sans problème parce que l'image est de qualité. L'assemblage des corps d'insectes ou d'arachnoïdes et de visages humains fonctionne bien, avec des yeux particulièrement expressifs (une qualité qu'on retrouve d'habitude dans les productions Pixar). On peut ajouter que les dialogues sont nourris de jeux de mots en lien avec la nature des protagonistes.

   L'intrigue est très classique : un meurtre mystérieux est commis au cours d'un voyage en avion (entre Shanghai et San Francisco). Les passagers de très petite taille empruntent le même vol que les humains, mais dans une partie différente de l'aéronef, les deux mondes finissant parfois par se croiser, lors de scènes particulièrement enlevées.

   L'inspecteur Sun, au moins autant veinard qu'habile en déduction, va s'appuyer (au début bien malgré lui) sur une nouvelle apprentie, du genre "collante", une araignée sauteuse très futée. Leur association est sympathique et elle montre un duo amical en formation, l'adulte prenant de plus en plus en considération les initiatives de la jeune.

   L'enquête réserve son lot de mystères. Elle est menée au pas de charge par Sun et son acolyte, sur fond musical jazzy. On retrouve dans l'histoire des personnages typiques du roman noir : l'homme d'affaires richissime, la femme fatale, le détective, les employés plus ou moins fiables, le voyou quasi insaisissable, le patron un peu trop présent dans l'enquête... La galerie de suspects est étoffée. Un étrange complot semble être à l’œuvre...

   Cela dure moins d'1h30. C'est visuellement bien fichu et l'on ne s'ennuie pas. Les aspects un peu sombres de l'histoire sont gommés par la fin, qui rassurera les petits. Ce film est l'une des bonnes surprises de cette fin d'année 2023.

09:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 27 décembre 2023

Soudain seuls

   J'ai fini par voir cette histoire de couple, adaptée d'un roman de la navigatrice Isabelle Autissier (que je n'ai pas lu). Tournée en Islande, elle évoque le périple d'un homme et d'une femme dans le sud de l'océan Atlantique, jusque dans ces îles (argentines ou chiliennes) d'où, parfois, on peut voir le début de la banquise.

   Le début est sans surprise, balisé, mais bien joué. On sent que cela tangue un peu, sur le bateau comme dans le couple. Les péripéties du voyage contribuent à faire éclater la crise. Cela débouche sur une soirée, dans le refuge, au cours de laquelle on se dit ses quatre vérités / on cherche à être le plus vexant possible avec l'autre. En revanche, ce qui est moins vraisemblable, c'est la rapide succession des hauts et bas dans la relation. C'est peut-être le principal point faible de ce film : la réalisation et le montage ne sont pas parvenus à transmettre la possibilité de ces évolutions.

   Un autre basculement est à l’œuvre au cours de cette histoire. Au début, on nous présente un couple assez traditionnel : Ben est un homme d'action, un sensitif, qui aime vivre au contact des forces de la nature, tandis que Laura semble plus intellectuelle, plus réfléchie. Dans un premier temps, l'homme semble plus adapté à la survie dans le nouveau contexte, celui de l'échouage sur une île déserte, où l'on ne croise que des manchots. Petit à petit, on comprend que le rapport de force s'inverse. Laura s'endurcit ; la jolie et douce blonde du début se transforme en guerrière du quotidien. Les deux acteurs (Gilles Lellouche et Mélanie Thierry) sont formidables.

   J'ai aimé cette ambiance de bout du monde, ces paysages magnifiques et cette vie âpre, où les instincts primaires ont tendance à prendre le dessus sur l'éducation et le vernis de civilisation. La conclusion est belle, bien que, pour moi, invraisemblable.

 

ATTENTION !

DIVULGÂCHAGE !

POURQUOI JE TROUVE UNE PARTIE DE L'INTRIGUE INVRAISEMBLABLE.

 

   Dans la troisième partie du film, Laura part seule dans la montagne, en quête d'un poste de secours censé se trouver sur l'île, puisqu'elle est classée en zone naturelle. Le fait qu'au bout d'efforts intenses elle puisse parvenir à la base est bien rendu à l'écran... mais le fait qu'après ce périple de plusieurs jours, suivi d'environ une semaine de rétablissement (dans la base), elle parte à la recherche de Ben... et le retrouve vivant me paraît irréaliste. Quand elle l'a quitté, il ne lui restait que peu de réserves de nourriture... et il n'était pas en état de s'en procurer de nouvelles.

10:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 26 décembre 2023

Une Equipe de rêve

   Taila Watiti a embarqué une bande de potes à Hawaï, pour y tourner une fiction commémorant le parcours (réel) de l'équipe de football des Samoa américaines en 2011, lors des éliminatoires de la coupe du monde devant se dérouler au Brésil.

   Avant cela, on découvre l'humiliation subie par cette équipe, dix ans plus tôt, face à l'Australie (0-31). L'arrivée d'un nouvel entraîneur, européen, ancien joueur de haut niveau, caractériel, est censée remettre les Samoans sur de bons rails. Cet entraîneur est interprété par Michael Fassbender, qui s'en sort bien dans un rôle atypique pour lui.

   Le début est comique quand on constate la nullité faiblesse du niveau des joueurs. Non seulement ils disposent de peu de qualités individuelles, mais ils peinent à évoluer ensemble, sur le terrain. Ne parlons pas de leur peu d'acharnement à l'entraînement... Il faut dire que tout ce petit monde cumule deux ou trois emplois à côté, afin de pouvoir vivre sa passion du football.

   Bien évidemment, au départ, entre l'entraîneur et les joueurs, cela ne va pas fonctionner. Bien évidemment, par la suite, l'Européen psycho-rigide va s'adapter aux coutumes locales, tandis que, grâce à des méthodes d'entraînement peu conventionnelles, il va parvenir à faire de sa bande de bras cassés une équipe capable d'enfin défendre ses chances sur le terrain. Au passage, le coach va régler ses problèmes personnels, plus profonds qu'on ne l'image au départ.

   Compte tenu de la charge comique quelque peu dévalorisante qui pèse sur les joueurs (et certains autres habitants), je pense que ce film n'aurait pas pu voir le jour sous la houlette d'un réalisateur blanc. Le fait que Watiti soit un métis maori a dû jouer en sa faveur... en plus de sa réputation et de sa capacité à récolter les fonds, bien entendu. (Ceci dit, le gugusse, qui m'avait favorablement impressionné avec Thor : Ragnarok, m'a déçu avec Jojo Rabbit et Thor : Love and Thunder.)

   Du côté sociétal, il faut noter la mise en valeur d'un joueur transgenre, interprété par un acteur lui-même transgenre, Kaimana, très convaincant dans le rôle.

   Il ne faut pas se laisser décourager par l'introduction, durant laquelle un pasteur s'adresse à la caméra. Le réalisateur n'a pas pu s'empêcher de faire une apparition peu subtile dans son film. (N'est pas Hitchcock qui veut...) C'est le narrateur de l'histoire.

   La suite est de meilleure qualité, sans produire d'étincelle. On navigue entre Rasta Rockett et Meurtres au paradis, sans en atteindre le niveau.

Miss Fisher et le tombeau des larmes

   Hier, en deuxième partie de soirée, après Downton Abbey, France 3 a diffusé Miss Fisher et le tombeau des larmes, l'adaptation en long-métrage de la série Miss Fisher enquête. Cette production australienne, très plaisante, raconte les aventures d'une femme célibataire, libre et fortunée, farouchement indépendante, qui joue les détectives à l'autre bout du monde durant l'Entre-deux-guerres.

cinéma,cinema,film,films,télévision,télé

   L'intrigue de ce qui ressemble à un épisode double (censé, peut-être, conclure une série qui n'a pas eu droit à une quatrième saison) transporte les héros d'Australie au Royaume-Uni et (surtout) au Proche-Orient, plus précisément dans la Palestine sous mandat britannique. (Les téléspectateurs attentifs remarqueront que dans ce territoire ne semblent vivre que des Arabes et des Britanniques, sans aucune tension autre qu'une montée des revendications indépendantistes...)

   D'abord engagée pour sauver la nièce d'un cheikh d'un destin funeste, l'intrépide détective va tenter d'élucider la mort étrange de presque tous les habitants d'un village. En parallèle, une énigme pose problème aux héros (Miss Fisher et son commissaire chéri, quelque peu malmené dans cette histoire) : celle d'un mystérieux tombeau, entouré d'une malédiction.

   L'ambiance de la série est bien restituée, avec une touche d'Agatha Christie. Les personnages secondaires sont plutôt bien campés, même si l'on sent que l'attention de la scénariste comme du réalisateur s'est concentrée sur Essie Davis, toujours aussi pétillante dans le rôle principal... et quelle diversité de tenues, à la fois sexy et colorées !

   C'est rythmé, émaillé d'humour, bref, divertissant.

   P.S. I

   Les fans de la série regretteront que certains de ses personnages récurrents (comme Dottie et Collins) n'apparaissent que fugacement.

   P.S. II

   C'est visible en replay jusqu'au 2 janvier 2024.

lundi, 25 décembre 2023

Jeff Panacloc - A la poursuite de Jean-Marc

- Comment ça, tes gamins ne veulent pas aller au jardin public ? Ils ne vont tout de même pas rester plantés devant la télé ou les jeux vidéos ?

- Rien ne les oblige à faire tout comme les autres. Si certains veulent aller au parc, qu'ils y aillent !

- Si je peux me permettre... Il y aurait bien la solution d'une sortie ciné, pour tout le monde ou ceux qui ne vont pas au jardin public... C'est moi qui invite !

- Ça dépend de ce que tu les emmènes voir, Riton... pas un de tes film scabreux, j'espère !

- Euh... non. Je pensais aux Trois Mousquetaires - Milady.

- Trop violent.

- Ou alors Aquaman 2 ?

- Plutôt pour des ados, ça.

- Migration ?

- Déjà vu.

   La conversation risquait de s'éterniser. Il fallait proposer une solution de compromis, entre le film enfantin et l’œuvre plus mature.

- Et pourquoi pas Jeff Panacloc ? C'est tout public.

- C'est quoi, ça ? Une comédie améric...

- ... Maiiis non, voyons ! C'est l'histoire du ventriloque et de sa marionnette, un peu comme Tatayet autrefois.

   Et voilà comment on se retrouve dans une salle obscure avec deux préadolescents, ravis d'échapper à la promenade au jardin public.

   C'est le moment où le « tonton cinéphile » doit reconnaître qu'il a présenté le film de manière un peu biaisée. Par exemple, il a oublié de préciser que Jean-Marc (le singe-marionnette) est d'une abominable grossièreté, affectionnant les blagues scabreuses, souvent à connotation sexuelle. Le (jeune) public a été ravi...

   L'histoire est celle de la rencontre (fictive) entre Jean-Marc et son "maître", Panacloc donc. Celui-ci est un brave gars, pas très dynamique ni vraiment futé, mais dont le charme et la gentillesse ont séduit la fille d'un richissime industriel (interprété par un Nicolas Marié toujours aussi cabotineur). Au cours du film, l'un des personnages suggère que la dulcinée a peut-être aussi été conquise par le « gros engin » de son fiancé...

   Jean-Marc lui est une créature de laboratoire qui ne pense qu'à s'échapper et connaître la vraie vie. S'en suit une course-poursuite entre les deux héros et une bande de militaires psychopathes, la pire d'entre eux étant une lieutenante incarnée avec gourmandise par Claude Perron.

   La mise en scène de Pierre-François Martin-Laval ne va pas rester dans les mémoires (ce qui n'étonnera pas de la part de celui dont on ne retiendra comme œuvre peut-être que Fahim). Je relève surtout l'énergie des acteurs et les punchlines grossières qui sortent de la bouche peluchée de Jean-Marc. Le public a aussi beaucoup ri aux (prévisibles) mésaventures du précédent fiancé (qui ne désespère pas de retrouver son ancien "poste").

   Le film est tout à fait oubliable, mais l'on passe un bon moment.

 

   P.S.

ATTENTION ! PETIT DIVULGÂCHAGE !

 

   La conclusion du film pourrait sembler belle (et politiquement correcte) : le fiancé lâche la blanche fille de bourges (un peu cul pincé) pour épouser la charmante mécano (métisse), l'ex-fiancée se consolant dans les bras de son précédent prétendant, issu du même moule qu'elle. En gros, les prolos avec les prolos et les riches avec les riches. Bonjour la mixité sociale !

21:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 24 décembre 2023

Aquaman et le royaume perdu

   Il a fallu cinq ans à la Warner pour sortir la suite d'Aquaman. En cette période de fêtes, on imagine certains super-héros dégustant d'énormes escargots à l'ail... d'où, sans doute, le retour à l'écran des fourchettes géantes.

   Le début se veut disruptif. On y découvre un Aquaman marié (à Mera) et père de famille. Quand il ne remplit pas sa fonction de roi des Atlantes, il vit sur Terre, boit des bières avec son vieux papa... et s'occupe de son rejeton. Ce n'est pas la première fois qu'on nous présente un personnage héroïque confronté aux soucis du quotidien, mais le combat d'Aquadad contre le pipi d'Aquababy ne manque pas de saveur.

   La suite est plus classique... et bien mise en scène. On nous propose une séquence de "casse" (sous-marine) très enlevée et une autre d'évasion tout aussi réussie (en plein désert), avec un peu d'humour. Les effets spéciaux sont éblouissants et l'on prend plaisir aux retrouvailles des deux demi-frères.

   Dans cet épisode, l'Antarctique va jouer un rôle particulier. Une partie du début y fait référence et la fin de l'histoire va nous y ramener. C'est là que se trouvent les vestiges du septième royaume d'Atlantis, une localisation qui n'étonnera en rien les lecteurs de La Nuit des temps, de René Barjavel.

   Je n'ai en revanche guère apprécié l'un des arguments principaux du film : la lutte contre le réchauffement climatique provoqué par le méchant. La manière dont celui-ci s'y prend pour provoquer des catastrophes atmosphériques m'est apparue trop farfelue. Ceci dit, tout ce qui se passe sur l'île volcanique est plaisant à voir, entre les chamailleries des frères, la présence d'animaux fantastiques (dont un poulpe espion... assez facétieux) et le combat contre les vilains.

   Sur très grand écran, c'est vraiment joli à voir... et cela permet aux vieux cinéphiles de supporter l'impression de déjà-vu au niveau scénaristique. Je ne vais pas trop en dire, mais cela ressemble quand même bigrement au Seigneur des anneaux.

   Autre avantage de ce divertissement balisé : au contraire de nombre de ses semblables (qui nous embarquent pour 2h30-3h de bagarres numérisées), ce film de super-héros ne dure qu'1h50.

09:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 23 décembre 2023

Voyage au pôle Sud

   Jadis, avec La Marche de l'empereur, Luc Jacquet m'a procuré certaines de mes plus belles émotions cinématographiques. Six ans après le "tome 2" (L'Empereur), il revient avec un nouveau documentaire, mi-naturaliste mi-autobiographique, en forme de testament.

   Le début nous emmène en Amérique du Sud, de plus en plus au sud, jusqu'au détroit de Magellan... et au-delà. Ici, le choix du noir et blanc s'avère pertinent, avec ces paysages filmés comme si nous étions en des temps homériques... mais sans humain (à part le réalisateur, fort heureusement pas trop présent à l'écran).

   Cela se poursuit par le voyage en bateau et la rencontre avec la banquise... et des manchots papous, plus petits que leurs célèbres cousins. Jacquet sait que nombre de ses spectateurs attendent de retrouver ses "héros"... et il fait durer le plaisir, le coquin.

   Dans un premier temps, les animaux les plus présents à l'écran sont les phoques, filmés avec une évidente tendresse et un grand souci du détail. On les voit se prélasser sur la banquise, se gratter, se faire des câlins... et même rêver ! L'un des caméramans a réussi à capturer un moment extraordinaire, qui nous montre l'un de ces phoques sans doute en plein sommeil paradoxal. Celles et ceux qui ont déjà vu un chat rêver ne seront pas (trop) surpris.

   L'équipe montée autour du réalisateur est en quête d'une colonie particulière de manchots empereurs. Pour la trouver, il va falloir quitter le confort (relatif) du bateau pour s'aventurer un peu au-delà... mais le résultat en vaut la peine. Jacquet finit par tomber sur une tribu de sosies de Napoléon Bonaparte d'Apténodytes, bien plus expressifs que Joaquin Phoenix dans le dernier film de Ridley Scott.

   Le documentaire ne s'arrête pas là. Jacquet s'aventure dans l'intérieur du continent et conclut sur de superbes images... hélas en noir et blanc. Certains plans somptueux auraient mérité un peu de couleur (utilisée épisodiquement).

   Le film n'en constitue pas moins un salutaire bain de fraîcheur cinématographique.

17:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 20 décembre 2023

Perfect Days

   J'ai enfin pu accéder à la dernière fiction de Wim Wenders (qui m'a récemment enchanté avec son documentaire Anselm : le bruit du temps).

   Les dix premières minutes sont sans dialogue. On y découvre l'anti-héros, Hirayama, quinquagénaire taiseux, solitaire, qui vit dans un appartement modeste, aménagé (avec d'autres) dans ce qui ressemble à un ancien entrepôt. Très vite, on comprend qu'il a habilement tiré profit du moindre centimètre carré de son habitat. Chaque chose est à sa place.

   Le matin, il se réveille au bruit du balayeur. Il enchaîne le même rituel, qui le conduit du brossage de dents à sa camionnette de fonction, en route pour nettoyer les toilettes publiques de Tokyo.

   Une fois par semaine, cette succession d'actes habituels cède la place au jour de "repos", consacré au ménage, à la lessive, aux courses... et au développement des photographies prises avec un appareil argentique.

   Hirayama est consciencieux, méticuleux. Il nettoie avec soin les cabinets de toilettes, du sol au plafond, en passant par les glaces et les parois extérieures. (On notera toutefois que les "lieux", quand il les prend en charge, ne sont pas d'une saleté repoussante. Viens en France, mon gaillard, on verra si tu kiffes autant !)

   La mise en scène est d'une grande limpidité, ce qui ne signifie pas qu'elle soit insignifiante. A l'image de son personnage principal (interprété par Koji Yashuko, prix amplement mérité à Cannes), Wenders est parfois sur un nuage. Il réussit à rendre sa dignité aux gestes du quotidien et met en scène la beauté du simple (à moins que ce ne soit la simplicité belle).

   Ce personnage m'a un peu rappelé un facteur, que j'ai connu autrefois. On avait discuté de nos boulots respectifs et lui s'était déclaré content de son sort. Certes, il se levait très tôt le matin, mais il aimait l'ambiance des débuts de journée endormis. Il adorait faire sa tournée, discutant au passage avec les gens. Il terminait son travail en début d'après-midi ; il avait ainsi le reste de la journée à lui, sachant qu'il lui fallait se coucher tôt.

   Hirayama est de cette trempe. Après son travail, il va aux bains publics, boire un coup, se balade, lit un peu. C'est un habitué des commerces qu'il fréquente. Avec cette routine, il s'est constitué un triple cocon : celui de l'appartement, celui du travail et celui des loisirs. Tout cela est filmé avec empathie. On perçoit comme une petite musique du bonheur, rythmée par des titres anglo-saxons, souvent de style glam-rock.

   Bien que côtoyant des centaines de ses contemporains, le héros semble vivre sur une autre planète, sans télévision, ni ordinateur, ni smartphone, écoutant de vieilles cassettes, achetant des livres d'occasion, se déplaçant le plus souvent à bicyclette. Cette "sobriété heureuse" a visiblement séduit au moins autant que les qualités strictement cinématographiques du film.

   Et puis... cette rassurante petite routine va un peu se gripper. A cause de ce jeune collègue (IN-SU-PPOR-TABLE), paresseux et égocentrique. A cause de la nièce envahissante, qui compte sur l'oncle dont la famille a honte pour vaincre son mal-être. Il y a aussi de belles rencontres, comme celle de la petite copine du collègue, celle de la tenancière du bistrot et celle de son ex-mari. On attend (espère) aussi la rencontre avec l'auteur(e) du jeu glissé dans un recoin d'un cabinet.

   C'est beau, apaisant, parfois un peu agaçant (quand le petit con est à l'écran), parfois longuet. (Wenders étire un peu trop ses effets.) Mais c'est un film à nul autre pareil, d'un septuagénaire à l'apogée de son art, qui ne cherche à suivre aucune mode, aucun conformisme ambiant.

22:40 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 16 décembre 2023

Hunger Games - La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur

   Je n'ai lu aucun des romans de Suzanne Collins. J'ai fini par voir la quadrilogie d'origine (poussé par une mienne connaissance d'un âge moins avancé que le mien), mais je ne l'avais pas chroniquée. En gros, j'avais apprécié la mise en scène d'un régime totalitaire appuyé sur de la télé-réalité, mais les errements sentimentaux du personnage principal (interprété de surcroît par une actrice peu expressive au possible) avaient fini par me lasser.

   Je n'avais donc pas l'intention de rempiler avec ce préquelle... mais le bouche-à-oreille étant bon (voir notamment ce qu'en dit dasola), je me suis laissé tenter.

   Le début m'a fait un peu peur, parce que j'ai eu une impression de déjà-vu, avec la chanson en prime. Il ne faut pas le cacher : ce volet de la saga a un petit goût de The Voice. (Beurk...)

   Où réside l'intérêt ? Dans la formation intellectuelle et morale du futur dictateur Coriolanus Snow. On est 64 ans avant le temps du premier épisode sorti en salles et le jeune Snow, bien qu'issu d'une famille de l'élite, connaît une forme de déclassement social depuis le décès de son père. Il tente de s'élever par les études... mais c'est sa participation forcée (en tant que mentor) aux dixièmes Hunger Games qui pourrait lui servir de tremplin. Les choses se compliquent pour lui quand il commence à éprouver des sentiments pour sa "protégée", une semi-roulure du District 12 (celui de la future Katniss Everdeen... tiens, tiens), évidemment incarnée par une pure beauté.

   La suite est vraiment prenante. C'est un excellent film d'aventures, avec manigances, trahisons, coups fourrés, rebondissements, ruptures de rythme, de l'émotion, de l'action, du sang... et pas un poil de sexe. J'ai juste noté un gros temps mort, dans la troisième partie. On aurait pu et dû faire plus court... et un peu mieux travailler le profil psychologique du "héros". En gros, un jeune homme ambitieux, revanchard, privé de ses parents, connaissant un amour contrarié et ne devant sa survie qu'à la prise de décisions cornéliennes va devenir le maître du monde. (Je suis sûr qu'un jour ou l'autre, Hollywood va nous pondre un biopic pour nous expliquer qu'Adolf Hitler a connu une jeunesse difficile et, qu'au fond, c'était un type plutôt sympa. Quand on voit comment a été géré le récent scandale de l'université Harvard, on comprend qu'une partie de la supposée élite états-unienne commence à pourrir par la moelle.)

   Si on laisse de côté le fait qu'une future ordure fasse l'objet d'un film conduisant les spectateurs à éprouver de l'empathie pour lui, on peut se laisser aller à ces 2h30 divertissantes. C'est bien fichu.

 

   P.S.

 

ATTENTION !

 

DIVULGÂCHAGES

EN VUE !

 

 

   A plusieurs reprises, de petits détails sont insérés, soit pour préparer les épisodes suivants, soit pour relier de manière plus évidente ce préquelle à la saga d'origine.

   Ainsi, lorsque le couple de "héros" gambade dans les folles prairies de l'insouciance, la jeune Lucy Gray évoque sa fleur préférée, la katniss. Elle disparaît à la fin de cet épisode... et l'on ne peut pas croire que les scénaristes ne l'ont pas gardée sous le coude, ne serait-ce que pour accoucher. (Même si l'on n'a jamais vu les tourtereaux aller jusqu'à l'acte, il va sans dire qu'ils ont déjà joué au docteur...) Compte tenu de l'écart qui sépare ce film de la saga ayant pour héroïne Katniss Everdeen, il semble plausible d'imaginer qu'on va faire d'elle une descendante de Lucy et Coriolanus (une petite ou arrière-petite-fille ?). Le geai moqueur est-il apparenté à l'oiseau chanteur ? Le suspens est insoutenable...

21:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan

   Même si c'est peut-être principalement pour une raison commerciale, je trouve que la ressortie en salles du premier volet des aventures des mousquetaires est une excellente idée, le film étant tout de même conçu pour être d'abord vu au cinéma.

   Parmi les bonnes idées des scénaristes, il y a la volonté de s'émanciper un peu de la trame écrite jadis par Alexandre Dumas (et ses "assistants"...). Ainsi, dans le roman, le jeune d'Artagnan en route pour Paris ne croise pas aussi tôt le chemin de Milady. De même, Athos n'est pas enfermé à cause d'un complot contre sa personne... mais cela donne du tonus à un début d'intrigue qu'on croit connaître par cœur.

   C'est aussi dû au talent des acteurs. On sent notamment que Pio Marmaï et Romain Duris ont "kiffé" incarner respectivement Porthos et Aramis, de surcroît servis par de bonnes répliques. Vincent Cassel est ténébreux à souhait en Athos. Je trouve toutefois François Civil un ton en-dessous dans le rôle de d'Artagnan... mais la romance qui s'ébauche avec Constance Bonacieux est à la fois drôle et touchante, grâce sans doute au talent (et au charme) de Lyna Khoudri.

   Cela m'amène au principal personnage féminin (appelé peut-être à devenir le principal personnage tout court) : Milady, qui était déjà fascinante dans le roman et à laquelle Eva Green apporte sa beauté vénéneuse... mmm.

Milady 1.jpg

   Je ne voudrais cependant pas oublier les rôles secondaires (parfois déterminants dans l'intrigue) : Louis Garrel est très bon en Louis XIII, Marc Barbé impeccable en capitaine de Tréville... et Eric Ruf sulfureux en cardinal de Richelieu, un personnage particulièrement maltraité par Dumas, dont l’œuvre n'a pas grand chose d'historique. Celui qui, ici, est sur le point de devenir le principal ministre du roi, a consacré une grande partie de son labeur politique à lutter contre les factions et les complots, au service du royaume et non de ses intérêts propres.

   Fort heureusement, Dumas comme ses adaptateurs (contrairement à Ridley Scott) n'ont pas de prétention historique. Ils sont là pour nous divertir. On a donc droit à un foisonnement de péripéties, des complots, des poursuites, des enlèvements, des duels (sanglants quand il le faut...  ce n'est pas un film de Bisounours). C'est spectaculaire, enlevé (réalisation très efficace)... et joli à voir.

   J'ai beaucoup entendu parler du grain de l'image et de son aspect un peu sombre. Franchement, sur un grand écran, ce n'est aucunement gênant. (Évidemment, en téléchargement, cela doit moins "donner"...) Peut-être plusieurs scènes ont-elles été un peu moins éclairées pour masquer le fait que, dans certains plans (lors des combats à l'épée et de la poursuite à cheval), les acteurs ont parfois été remplacés par des doublures. Le procédé a d'ailleurs parfaitement fonctionné, puisqu'il est quasiment impossible de voir quand on a procédé à une substitution.

   Ce furent deux heures de grand spectacle, feuilletonnesque, et j'attends la suite avec impatience.

13:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 15 décembre 2023

Napoléon pour les nuls

- Dis tonton, pourquoi tu n'aimes pas ce film ?

- Eh bien, ma petite Apolline, tout d'abord parce qu'il est farci d'erreurs historiques... un comble pour ce qui se présente comme un biopic !

- Des erreurs... comme quoi ?

- Dès le début, dans la séquence sur Marie-Antoinette. Tu te rappelles ?

- Oui, elle a pourtant bien été guillotinée ?

- Oui, et en présence d'une foule hostile (voire hargneuse), ce que même des dirigeants révolutionnaires ont regretté. L'ex-reine de France a fait preuve à cette occasion d'une incontestable dignité... un beau contraste avec ce que fut son comportement passé.

- Alors, c'est vrai ?

- Pas totalement. Tout d'abord, d'après ce qu'on voit dans le film, elle aurait été exécutée dans la cour d'un château (Versailles ?)... alors que la scène a eu lieu à 30-40 kilomètres de là, en plein centre de Paris, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). De plus, quand elle a été conduite sur le lieu de l'exécution, ses cheveux avaient été coupés (pour éviter qu'ils ne gênent le tranchant de la guillotine)...

- C'est super glauque !

- Les gros plans faits (dans le film) sur la main du bourreau retenant les cheveux le sont encore plus... parce qu'ils sont historiquement faux !

- Et Napoléon, il était bien là ?

- Eh non ! A cette époque, il se trouvait déjà à Toulon. En revanche, la manière dont est mise en scène la prise de la ville (et le départ des Anglais) n'est pas très éloignée de la réalité.

- Il a bien utilisé des canons alors ?

- Oui.

- Comme sur les pyramides ?

- Pas du tout. Il n'a pas fait tirer sur ces monuments... Les canons de l'armée française n'auraient pas été capables, à l'époque, de faire de genre de dégâts.

- Et Joséphine, c'était bien sa meuf ?

- Ah, ça, oui. Il en a même été raide dingue à une époque. Sur la fin de sa vie, malgré les rancœurs et les reproches, il avait gardé des sentiments pour elle. Mais, contrairement à ce qui est montré dans le film, c'est lorsqu'il se trouvait à l'île d'Elbe (lors de son premier exil) qu'il a appris sa mort, pas en arrivant en France métropolitaine.

- Elle l'a trompé, non ?

- Oui !... et plus d'une fois... tout comme lui, d'ailleurs.

- Avec la fille que sa mère lui a présentée ?

- Oui, mais cela ne s'est pas passé comme dans le film. Celui-ci montre Letizia Bonaparte comme une entremetteuse, alors que la liaison entre Napoléon et la jeune noble est plus née du hasard que d'un plan visant à vérifier sa capacité à avoir des enfants.

- Ils ont bien eu un fils ?

- Oui et on l'a appelé Léon (sans "Napo" devant). Il paraît qu'il ressemblait physiquement à son père biologique... mais qu'il n'avait pas ses qualités intellectuelles.

- Dis tonton, Napoléon s'est bien remarié avec une Autrichienne et ils ont eu un enfant ?

- Oui Apolline. La relation de couple entre l'empereur et la jeune Marie-Louise (petite-nièce de Marie-Antoinette !), qui avait 22 ans de moins que lui...

- Le vieux cochon !

- Oh, on a connu pire, avant et après. Ceci dit, le couple se serait bien entendu. Leur fils, celui qu'on a surnommé "le Roi de Rome" puis "l'Aiglon", n'a pas vécu très longtemps. Né en 1811, Napoléon II, emprisonné par les Autrichiens, appelé désormais duc de Reichstadt, était de santé fragile. Il est mort en 1832.

- Et avec Joséphine, Napoléon n'a pas eu d'enfant ?

- Non, et le film le montre bien. Elle avait eu deux enfants de son premier mariage, avec Alexandre de Beauharnais... dont Hortense, qui a épousé un frère de Napoléon (Louis), dont elle a eu un fils... le futur Napoléon III !

- Mais c'est Dallas, ton histoire, tonton !

- Et tu ne sais pas tout. Figure-toi que Joséphine était plus âgée que Napoléon. Étant née en 1763, elle avait six ans de plus que lui, contrairement à ce que montre le film (au moment de la signature du contrat de mariage). Autre erreur : la représentation du sacre. C'est bien Napoléon qui a posé la couronne sur sa tête et sur celle de Joséphine, mais cela n'a pas provoqué de mouvement de surprise dans l'assemblée, puisque ce rituel avait été négocié et programmé avec les services du Pape Pie VII. En outre, Ridley Scott, qui ne veut présenter Napoléon que comme un restaurateur de monarchie, "oublie" la suite de la cérémonie, quand le nouvel empereur prête serment de fidélité aux valeurs de la Révolution et promet de conserver les propriétés acquises sur les biens de l’Église et de la noblesse (ce qu'on a appelé les "biens nationaux").

- Dis donc, il n'aurait pas quelque chose contre la France, ce Ridley Scott ?

- Tu poses une bonne question, Apolline. On avait eu la même impression avec son Robin des Bois, une nouvelle version de la légende. Rappelle-toi, tu l'as vu à la télé.

- Oui. D'ailleurs, c'était pas terrible.

- Ici, il n'y a quasiment aucun personnage français à sauver. Napoléon est un dictateur, un général sanguinaire, un mauvais mari, mauvais amant. Les Françaises sont des "femmes faciles" (gros cliché qui a la vie dure chez les Anglo-Saxons). Les révolutionnaires sont soit des barbares soit des corrompus. Louis XVIII est un abruti... Cela se ressent jusque dans la représentation des batailles.

- Elles sont pourtant impressionnantes.

- Je le reconnais... et c'est peut-être la seule raison d'aller voir ce film, en salle. Il est toutefois dommage que Scott ait "zappé" la campagne d'Italie, au cours de laquelle le jeune officier corse a fait des merveilles avec peu de moyens. Mais la mise en scène de la bataille d'Austerlitz, bien qu'émaillée d'inexactitudes, ne manque pas de souffle. De même la campagne de Russie, bien qu'écourtée à l'extrême, témoigne d'un réel savoir-faire. Quant à Waterloo, elle n'est présentée que d'un point de vue favorable aux Anglais, qui ont sans doute été sauvés sur le fil par les Prussiens, tandis que Napoléon, malade, était moins alerte que d'habitude... et qu'il n'a pas pu compter sur les renforts attendus.

- En clair, c'est pas si nul que ça, mais c'est plus du roman que de l'histoire.

- Tu as tout compris.

dimanche, 10 décembre 2023

Fremont

   Le titre de cette fiction un peu austère, en noir et blanc, fait référence à une ville californienne, située au nord de la célèbre Silicon Valley... mais où vivent (et travaillent) des personnes moins fortunées que les geeks qui transforment notre monde.

cinéma,cinema,film,films,femmes

   On y trouve paraît-il la plus importante communauté afghane des États-Unis, y compris l'héroïne de l'histoire, Donya, ex-traductrice pour l'armée d'Oncle Sam, qui a réussi à fuir son pays avant de finir entre quatre planches...

   En s'installant aux States, elle a préservé sa liberté, mais connaît une forme de déclassement social : elle est simple employée dans une usine de fabrication de cookies fortune, ces petits gâteaux d'origine chinoise, dont la coque contient un papier sur lequel est inscrite une courte formule, en général sujette à plusieurs interprétations.

   Cette entreprise appartient à un couple de Sino-Américains, l'époux étant le fils du fondateur. Il est bienveillant avec la nouvelle employée, peut-être parce qu'elle est jolie, peut-être parce qu'elle est sérieuse... peut-être parce qu'elle lui rappelle ses propres débuts. C'est une autre migrante asiatique, qui tente de faire son trou au pays de la libre entreprise. L'épouse est beaucoup moins amicale avec le "petit personnel", comme on va pouvoir s'en rendre compte tout au long du film.

   Celui-ci est constitué d'un montage de plans presque tous fixes, souvent en champ-contrechamp, dans un nombre limité de lieux : l'usine de cookies, les logements des employées, le cabinet du psychiatre, le restaurant communautaire... On respire un peu plus vers la fin, quand la jeune femme tente de forcer son destin... (Je n'en dis pas plus.)

   Le début n'est pas le plus agréable à suivre. Il faut s'habituer au style du réalisateur (qui mise beaucoup sur l'implicite, le non-dit)... et supporter la description d'un quotidien au départ peu épanouissant.

   Petit à petit, cela s'éclaire, non pas tant parce que la situation s'améliore soudainement, mais parce que Donya se prend davantage en mains. Le cinéaste introduit aussi de rafraîchissantes petites pointes d'humour. Tout d'abord, il y a les circonstances dans lesquelles l'héroïne va connaître une promotion, au sein de l'entreprise. Il y a ensuite la drôle de relation médecin-patiente qui se noue, à tel point qu'on finit par se demander qui analyse l'autre ! Il y a aussi la découverte des messages dans les petits gâteaux... et les conséquences insoupçonnées de la tentative effectuée par Donya. (On ne sait jamais entre quelles mains peut tomber "son" message...) Il y a encore le comportement du patron du petit resto, accro à une sorte de télénovela afghane, et qui donne des conseils à sa cliente régulière. Il y a enfin la réaction de la jeune femme, à la fin, délicieuse.

   La plus belle des rencontres n'est pas celle qu'elle avait prévue, et c'est à ce moment-là que la caméra se fait plus libre et que la vie de la jeune femme gagne en saveur.

   J'ai trouvé cela très beau.

   P.S. I

   En lisant Le Canard enchaîné de cette semaine, j'ai appris que la personne qui incarne Donya, Anaita Wali Zada, est une ancienne présentatrice de télévision, qui a dû fuir l'Afghanistan en 2021. Ses débuts d'actrice sont prometteurs.

   P.S. II

   Avec mon ticket d'entrée (pour la séance de ce film), j'ai reçu un cookie fortune, qui contenait le message suivant :

cinéma,cinema,film,films,femmes

   (Ce serait extrait d'une de ses œuvres : Discours sur les sciences et les arts.)

   Je crois qu'une puissance immanente m'incite à enfin parler d'un biopic qui ne m'a guère enchanté.

samedi, 09 décembre 2023

Migration

   Séance familiale et pop corn pour ce film d'animation du studio Illumination (celui auquel on doit, entre autres, les Minions). Il est réalisé par Benjamin Renner, auteur du Grand Méchant Renard et (surtout) d'Ernest et Célestine.

   Le bouche-à-oreille a dû faire son effet : personne n'est arrivé en retard, pour ne pas rater le court-métrage introductif, intitulé Mooned. On y retrouve l'un des protagonistes du premier Moi, moche et méchant... et quelques Minions, pour agrémenter le tout. Cela confirme la sortie prochaine de Moi, moche et méchant 4.

   Ensuite débute l'histoire de la famille canard (colvert), que le papa aimerait voir cantonnée à sa sécurisante mare, loin des dangers représentés par la forêt proche et le reste du monde, plus lointain. Ce film réussit à jouer sur le double niveau de lecture, l'un pour les enfants, l'autre pour les adultes. Ainsi, le couple de parents bat de l'aile (si j'ose dire), papa canard étant très casanier, alors que maman cane aimerait voyager, peut-être pour retrouver la fougue de leur relation naissante. De leur côté, sans surprise, les canetons (un mâle ado et une femelle plus jeune) rêvent d'aventure et sont inconscients des dangers.

cinéma,cinema,film,films

   L'animation est de toute beauté. On a soigné les plumages et les visages, avec de grands yeux expressifs... dotés d'impressionnants sourcils. (Il ne faut bien sûr pas s'attendre à un rigoureux traité d'ornithologie.) L'humour est présent, à travers le personnage de l'oncle (en général ridicule) et les réflexions de la benjamine, qui excelle à susciter le malaise chez son aîné. Dans la salle, jeunes et moins jeunes rient, pas forcément aux mêmes moments. (Les -pas trop- petits sont surtout sensibles aux gadins et coups de théâtre.)

   La famille finit par décoller, direction la Jamaïque... avec quelques détours. En chemin, nos héros vont croiser d'étranges hérons, des pigeons pas très propres (mais plus sympas qu'il n'y paraît), un perroquet, des congénères adeptes du yoga... Ils vont aussi découvrir New York, avec ses gratte-ciel, ses lumières et ses dangers. C'est évidemment une métaphore d'humains provinciaux débarquant dans la grande ville.

   Sans surprise, les jeunes vont faire des bêtises, les parents (tenter de) se rapprocher de leurs enfants. Tout ce petit monde vit ce voyage comme un roman d'apprentissage, dont ils sortiront transformés, meilleurs... à condition d'échapper au méchant de l'histoire : un cuisinier réputé de Big Apple, ignoble personnage qui ne s'exprime que par rugissements et borborygmes. C'est le principal point faible de l'intrigue, un discours anti-viande manichéen, qui avance avec de gros sabots.

   Le film n'en est pas moins un très agréable divertissement.

   En sortant de là, je suis allé au resto et j'ai commandé du confit de canard. Je me suis régalé !

22:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Pierre Feuille Pistolet

   Le titre de ce documentaire est un décalque du nom du jeu "pierre feuille ciseaux", auquel a été ajouté un élément : l'arme à feu, qui ne l'emporte toutefois pas systématiquement, comme on peut le constater quand on voit une jeune Ukrainienne y jouer avec le caméraman.

   C'est donc de la guerre en Ukraine (sa première année) qu'il est question dans ce huis-clos automobile. Le réalisateur polonais Maciek Hamela s'est lancé dans l'action humanitaire, transportant des réfugiés ukrainiens des zones (parfois très) proches des combats vers l'ouest du pays, voire la Pologne. Au volant de son Espace, il discute au téléphone ou avec ses passagers et les personnes qu'il croise au cours de ses "courses", des autoroutes asphaltées aux chemins de campagne.

   Le dispositif n'est pas sans rappeler celui de Taxi Téhéran (qui était une fiction), à ceci près qu'une seule caméra (me semble-t-il) filme les scènes et que le cinéaste évite en général d'apparaître à l'écran.

   Le montage introduit une intensité dramatique. Le début évoque les difficultés du quotidien et la douleur du départ chez des Ukrainiens ordinaires. Une gamine voudrait qu'on lui prête un smartphone, celui de sa mère ayant sa batterie épuisée... le grand frère gardant le sien pour lui. Un trio de ruraux se désole d'avoir dû abandonner son chien et son unique vache, Beauté, dont on apprend qu'elle est vraiment exceptionnelle, vu qu'elle mange tout ce qu'on lui donne ! D'autres passagers sont séparés des membres de leur famille, soit que les hommes se soient enrôlés (dans le véhicule, on ne voit quasiment que des femmes, des enfants et des personnes âgées), soit que les adultes aient laissé les anciens sur place, pour diverses raisons.

   Ces témoins de la guerre m'ont semblé parfois très proches. Ils pourraient être nos voisins. Indirectement, à travers les vêtements et les objets du quotidien, le film montre que la classe moyenne ukrainienne a un mode de vie occidental, même si le pays n'était (avant guerre) qu'émergent. D'autres habitants (en particulier les personnes âgées vivant à la campagne) m'ont plus fait penser à des Européens de l'Est ou des Russes tels qu'on se les représente.

   Le coffre de la voiture est bien rempli. Les passagers ont tenté d'emporter le maximum, parfois jusqu'au chat de la famille, telle cette femme qui demande au chauffeur de procéder à un arrêt, pour que le minou puisse faire ses besoins à l'extérieur... évitant ainsi d'empester le véhicule.

   Il y a aussi ce qu'on ne dit pas, mais qu'on voit à l'écran. De temps en temps, le caméraman tourne son équipement vers l'extérieur du monospace. On ne voit pas de cadavre, mais des soldats à un point de contrôle, des chars, des véhicules de l'armée, parfois impressionnants, parfois camouflés, parfois à moitié détruits.

   La deuxième partie du film introduit des passagers qui ont des histoires moins gaies à raconter. Il est question de deuil, de tortures infligées par les soldats russes. Pour les spectateurs, c'est parfois un peu difficile à suivre, parce qu'il faut faire l'effort de lire des sous-titres (pendant 1h20), et parce que certaines histoires sont terribles, quand bien même il ne s'agit que de mots.

   Notons que ce film est polyglotte. On y entend parler ukrainien, russe aussi me semble-t-il, polonais, anglais... et même français.

   Alors que, dans le cœur des indignés professionnels, l'Ukraine a été (depuis longtemps) remplacée par d'autres causes à la mode, il est urgent de voir ce film. La guerre, que l'état-major poutinien comptait boucler en moins d'une semaine, dure depuis près de deux ans. Sans doute plus de 200 000 personnes (tous bords confondus) ont été tuées, sans parler des blessés.

vendredi, 08 décembre 2023

Ça tourne à Séoul !

   Aux cinéphiles français, le titre hexagonal de ce long-métrage sud-coréen rappellera le Ça tourne à Manhattan de Tom DiCillo, un autre film dans le film sur les affres de la création cinématographique. Seul le contexte change : les États-Unis de la fin du XXe siècle sont remplacés par la Corée du Sud dictatoriale de 1970. Cela "épice" quelque peu l'intrigue, puisque l'équipe de tournage doit ruser avec la censure gouvernementale... au besoin à coups d'alcool fort.

   On comprend vite que l'esprit de sérieux n'est pas la marque de fabrique de cette production un peu foutraque, qui commence par nous montrer un nanard en cours de réalisation. De surcroît, on ne comprend pas pourquoi le scénario fait référence à la descente d'escaliers d'un personnage féminin (alors qu'il les monte)... pas plus que la mention d'un plan-séquence, la scène retournée étant d'évidence montée. Mais l'on sent bien que le personnage du réalisateur a l'ambition de conclure son œuvre ainsi. La manière d'y parvenir consiste l'un des attraits de cette comédie autocentrée, qui joue sur les codes du petit monde du cinéma.

   La suite est un puzzle de types de scènes. Celles en noir et blanc nous proposent la version du film de 1970 en tournage. Les autres sont en couleurs. Elles évoquent soit le tournage du film, soit le passé de certains personnages (qui ont des choses à se reprocher), soit les hallucinations du réalisateur, qui se bourre de cachetons et, dans ses rêves, imagine la manière de boucler son film.

   L'équipe a deux jours pour retourner la fin de l'histoire (en fait près de la moitié du film). Le cinéaste va bien entendu collectionner les emmerdes, entre une productrice autoritaire, des acteurs à l'égo surdimensionné, les histoires de cul des uns et des autres... et les aspirations des "sans grade", qui aimeraient bien capter une part de la lumière.

   Cela fonctionne parce que les acteurs sont bons. Je ne suis toutefois pas particulièrement impressionné par la prestation de Song Kang-Ho (vu notamment dans Parasite). Ce sont les comédiennes qui m'ont épaté. Toutes interprètent deux personnages : le rôle du film de 1970 en cours de tournage et le rôle qui leur est assigné par le film du XXIe siècle, l'un étant parfois très éloigné de l'autre. Trois d'entre elles sont des actrices qui jouent des actrices. Toutes sont formidables. Il faut y ajouter le duo de productrices : la tante (autoritaire et un brin manipulatrice) et la nièce (une groupie du cinéaste, prête à cogner pour lui... et rêvant secrètement de passer devant la caméra).

   C'est bien fichu, souvent drôle, mais un peu long. Il aurait fallu pratiquer quelques coupes. On sent quand même bien passer les 2h10. Mais l'ensemble constitue un indéniable plaisir de cinéphile.

23:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 02 décembre 2023

The Marvels

   Les héroïnes sont au nombre de trois, trois jeunes femmes (deux adultes et une ado) possédant des pouvoirs assez proches, bien que d'intensités différentes. On se dit que Disney-Marvel tente de renouveler le succès de Spider-Man : no way home, version féminine, avec le multivers en bonus.

   Le début est engageant : on découvre la plus jeune des trois, une Américaine dont la famille vient sans doute d'Asie du Sud (gros potentiel de spectateurs dans cette partie du monde). Elle est fan de comic books en général, de Captain Marvel en particulier. Du coup, à l'écran, quand son imagination s'emballe, on a comme un petit air de Spider-Man : across the spider-verse. De surcroît, la comédienne qui incarne Kamala Khan (Iman Vellani) a du tempérament et de la tchatche. C'est sans doute de sa bouche que sortent les répliques les plus intéressantes, souvent drôles, le reste des dialogues étant d'une affligeante platitude (sauf quand ça se passe au sein de la famille Khan).

   Dans des circonstances que je ne révèlerai pas, les trois jeunes femmes (Captain Marvel, sa nièce travaillant désormais pour Nick Fury et la petite Khan) voient leurs pouvoirs s'entremêler, l'une prenant la place de l'autre quand elles utilisent simultanément leur énergie vitale. Cela donne naissance à des situations cocasses, culminant dans une baston se déroulant à la fois chez les Khan, dans l'espace et un monde lointain. C'est un bon délire, qui va se renouveler deux fois. Lors du deuxième combat, le trio est mis en échec par la méchante (qui, dans la BD d'origine, est un homme). Lors du troisième, celles qui sont devenues des amies se sont entraînées et ont élaboré un plan. C'est bien mis en scène, judicieusement monté. On ne s'ennuie pas. Les effets spéciaux sont de qualité.

   Sur le fond, par contre, ça ne décolle pas trop. Il fut un temps où les super-héros luttaient contre les délinquants, sauvaient la veuve et l'orphelin. Point de tout cela ici. C'est trop trivial. Il faut que ce soit grandiose, intersidéral, que l'on sauve ou détruise des univers. Cet aspect-là m'a un peu saoulé, d'autant que je doute de la vraisemblance de certains présupposés physiques énoncés avec aplomb. Soit c'est trop compliqué pour moi, soit c'est complètement débile.

   Fort heureusement, l'intérêt est relevé par la quatrième super-héroïne de l'histoire... Goose, le chat (découvert dans le premier Captain Marvel). Le minou s'est attaché à Carol Danvers... et force est de reconnaître qu'il est parfois d'une grande utilité.

cinéma,cinema,film,films

   Enfin, quand je dis « il », la V.O. dit « she », pronom utilisé indistinctement en anglais pour désigner les boules de poils, quel que soit leur sexe. Figurez-vous que, d'une manière que je m'interdis de dévoiler, Goose va en quelque sorte avoir des petits... et que ceux-ci vont jouer un rôle capital dans le sauvetage des occupants d'une station spatiale. Cette séquence constitue l'un des meilleurs moments du film. Dans la salle, les petits et les grands rient.

   En revanche, je n'ai pas du tout aimé la partie se déroulant sur la planète aqueuse, dont les habitants parlent en chantant. Ce fut un supplice, à tel point que je soutenais presque la méchante venue leur piquer toute leur eau.

   Le final essaie de concilier tout le monde. La méchante n'est peut-être pas si méchante que cela. (Normal, me diraient les producteurs : elle est noire.) En fait, la responsable de tout est cette pauvre Carol Danvers. Quand elle est en forme, la blonde anorexique est capable de niquer un univers ou de détruire une intelligence artificielle, avec d'incommensurables conséquences. (Cela rappellera un peu le personnage du Phénix noir aux vieux lecteurs de comics.) Le politiquement correct hollywoodien est donc sauf : ce sont les femmes qui peuvent sauver le monde et, quand une catastrophe se produit, c'est la faute de la Blanche.

23:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

L'Abbé Pierre

   J'ai mis du temps à me décider à aller voir ce film. Je n'ai pas gardé un excellent souvenir d'Hiver 54 (la précédente tentative, avec Lambert Wilson) et, pour moi, l'abbé Pierre était devenu un vieil homme un peu gâteux, tenant des propos parfois nauséabonds. Le biopic sorti le mois dernier n'élude d'ailleurs pas cette part d'ombre, même si elle est rapidement évacuée.

   Avant d'en arriver là, les spectateurs vont suivre une vie extraordinaire, celle d'un homme d'engagement(s), interprété avec brio par Benjamin Lavernhe (César en vue, à mon avis). Il ressemble physiquement à son personnage et demeure crédible dans le rôle, quel que soit son âge. Mais le film ne serait pas aussi puissant si un autre personnage ne rayonnait pas à ses côtés, celui de Lucie Coutaz, la cheville ouvrière d'Emmaüs, la petite main de l'ombre, incarnée de manière stupéfiante par Emmanuelle Bercot (qui avait déjà croisé la route de Lavernhe dans De Grandes Espérances). Un troisième larron, un peu en retrait, complète ce duo : Michel Vuillermoz, dans le rôle de Georges Legay, ex-taulard suicidaire devenu un nouvel apôtre de la bonne cause.

   J'ai tout de même eu du mal à entrer dans le film. Le début ne m'a pas emballé, notamment tout ce qui touche à la ferveur du jeune apprenti religieux. Pour moi, l'histoire décolle à partir de la Seconde Guerre mondiale, avec une séquence particulièrement réussie autour de la Résistance, mise en scène sans tambour ni pathos. C'est aussi le moment où Henri Grouès rencontre Lucie Coutaz, dans des circonstances qui vont forger une amitié amoureuse de près de quarante ans.

   A la réalisation, Frédéric Tellier (auteur notamment de L'Affaire SK1) réussit son coup. Je n'aime pas du tout les scènes tire-larmes, dont tant de films, français comme étrangers abusent. En général, cela me paraît factice ou surjoué. Tel n'est pas le cas ici. Que ce soit pour décrire les conditions de vie dans la France de l'immédiate après-guerre ou celles du redoutable hiver 1954, le réalisateur reste mesuré, soignant ses effets. Il n'a pas besoin de plus pour bien faire sentir l'horreur de la mort d'un enfant, dans un vieux bus stationné dans un bois. Même l'intervention du ministre est présentée avec doigté.

   On retrouve cette veine, plus tard, quand on nous montre ce qui ressemble à un vieux couple, retiré des affaires. Ils sont touchants tous les deux et la conclusion de leur "histoire" est vraiment poignante.

   J'ai beau tiquer un peu face à l'héroïsation du personnage principal et l'aspect militant d'une partie de la fin (autour des migrants), je trouve ce film très beau, instructif... et utile.

vendredi, 01 décembre 2023

Testament

   Quatre ans après avoir clôturé sa trilogie autobiographico-sociétale (avec La Chute de l'empire américain), le Québécois Denys Arcand revient avec une comédie sociétale acide, que la critique bien-pensante (notamment celle du Monde) a détesté. Essayons de comprendre pourquoi.

   L'histoire a pour cadre un EHPAD une maison de retraite des aînés, dont la cuisine propose quantité de menus adaptés à toutes les allergies, tous les (dé)goûts, toutes les fulgurances à la mode. C'est un établissement plutôt haut-de-gamme, dont les résidents vivent dans des appartements privés. Le narrateur Jean-Michel est l'un de ces résidents, documentaliste à la retraite, septuagénaire du genre anar, libertaire, qui pose un regard goguenard sur son époque. (C'est évidemment un double du réalisateur.)

   L'une des rares fois où on le suit hors de sa résidence, il assiste à une remise de prix littéraires, dont il est le seul lauréat masculin, les récompenses étant quasi monopolisées par des femmes. Celles-ci sont censées représenter toutes les "catégories" à valoriser, puisqu'on rencontre une lesbienne, une Afro-américaine, une obèse, une musulmane (intégriste)... Bref, on nage en plein politiquement correct, à la sauce multiculturelle. Ce n'est pas leur talent littéraire que l'on a primé, mais le fait que les auteures appartiennent à telle ou telle catégorie de "personnes opprimées". La satire n'est pas d'une grande finesse, mais elle est diablement efficace : dans la salle, le public (majoritairement féminin) riait de bon cœur.

   L'hospice (comme il est appelé à une reprise, par une personne qui ne manie pas la langue de bois) n'est pas sans mystères. Ainsi, on se demande ce que peut bien faire Jean-Michel chaque semaine, pendant  une heure, lorsqu'il reçoit une sculpturale beauté blonde. On se dit aussi que l'apparence rigide de la directrice doit cacher quelques lourds secrets... et l'on se demande bien pourquoi la fresque qui orne la salle de musique de l'établissement suscite une telle polémique.

   Elle devient l'objet de la colère d'un groupe de jeunes activistes, qui prétendent représenter les "nations premières" du pays... alors qu'aucun d'entre eux n'en fait partie. Leur langage comme leurs manifestations sont rodés. Ce sont des habitués de l'agitprop, des enfants de la classe moyenne, inscrits à l'université, mais qui passent plus de temps à manifester qu'à étudier. Le portrait qui en est brossé par Arcand pourrait sembler exagéré mais, comme j'ai déjà eu l'occasion de croiser certains individus de cette espèce (en France), je n'ai pas eu l'impression qu'il grossissait le trait.

   Si le film se limitait à cette distrayante satire, il pourrait sembler anecdotique (bien que nécessaire, à une époque où de nouveaux curés de la pensée tentent d'imposer leurs interdits). Fort heureusement, Arcand y a aussi instillé de la tendresse, celle qui existe, de manière surprenante, entre le héros et sa "visiteuse", celle qui naît, de manière tout aussi étonnante, entre la directrice et le pensionnaire. Commence alors une autre histoire, celle d'une réconciliation familiale et du début d'une nouvelle vie, malgré l'âge avancé.

   Le cinéaste n'oublie cependant pas son projet initial. La troisième partie est le théâtre d'un délicieux retournement, au cours duquel on voit notamment une députée progressiste défendre avec la même conviction que dans la première partie une position presque antagoniste à la précédente... Bravo à la comédienne !

   Le film se conclut sur un triple clin d’œil. Le premier concerne le héros et sa nouvelle vie, qui a des conséquences sur ses opinions. Le second est une vision futuriste, qui ne manque pas de saveur. Le troisième est constitué par la chanson finale, qui renvoie de manière ironique à un dialogue du film.

   Je suis sorti de là d'excellente humeur !

jeudi, 30 novembre 2023

Mars Express

   Le titre de ce film d'animation français évoque la navette aérospatiale qui relie la Terre à Mars, où s'est implantée une colonie humaine, dans un environnement ultra-technologique. Cette navette est empruntée deux fois : au début par le duo de héros et à la fin par d'autres personnages.

   L'univers futuriste de cette histoire fait immanquablement penser à une pelletée de romans de science-fiction (notamment ceux d'Isaac Asimov), ainsi qu'au manga Ghost in the shell (l'animé japonais, pas le laborieux pompage hollywoodien sorti il y a quelques années).

   Différentes catégories de personnages évoluent dans l'histoire : des humains "classiques" (tous "augmentés"), des humains "restaurés", des androïdes purs et durs... et une nouvelle espèce, organique, créée par des chercheurs un peu dingos et que je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir.

cinéma,cinema,film,films

   Le duo de héros est composé d'un humain "restauré" multitâche et d'une détective privée humaine. Ce sont des amis de longue date et leurs chamailleries ne manquent pas de saveur. C'est l'occasion de signaler que ce film d'animation ne fait pas dans le sentencieux. Il est traversé de salutaires moments d'humour, qui agrémentent une intrigue assez inquiétante sur le fond.

   Tout commence avec un meurtre mystérieux. Dans le même temps, on voit certains personnages en traquer d'autres. L'enjeu est le déblocage des androïdes, une activité parallèle (illégale) qui a parfois des conséquences inattendues (les robots devenus "libres" se mettant à faire un peu tout et n'importe quoi). J'ai aimé ce début mystérieux, notamment parce que, dans un premier temps, on a vraiment du mal à caractériser certains personnages comme "bons" ou "méchants".

   Sur le plan visuel, c'est emballant, en particulier au niveau des décors en extérieur (en intérieur, c'est plus classique). Les personnages sont dessinés un peu à la manière des jeux vidéo, un soin particulier ayant été apporté à certains détails.

   Cela dure moins d'1h30, mais on a l'impression d'avoir suivi une fresque de grande ampleur. On ne s'ennuie pas une seconde... et l'on peut interpréter la fin de deux manières, soit comme un complot qui a réussi, soit comme une libération.

   Je recommande vivement.

09:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 29 novembre 2023

Vera is back !

   Les dimanches soirs de France 3 sont peut-être la case horaire la plus fréquentable de la télévision française. On y découvre d'excellentes séries étrangères, en général d'Europe du Nord (Royaume-Uni, Scandinavie, Allemagne...) ou du Canada. (J'attends avec impatience la nouvelle saison des Enquêtes de Murdoch.) Ces derniers temps, je me suis régalé avec Les Carnets de Max Liebermann (en septembre), Brokenwood (en octobre) et Professeur T (en novembre).

   La diffusion de la douzième saison des aventures de l'inspectrice-cheffe Vera Stanhope vient de débuter, et elle va s'étaler sur le mois de décembre, sur la chaîne publique.

télévision,télé,médias,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   Dimanche dernier était programmé le premier épisode, intitulé « A contre-courant ». Comme assez souvent dans cette série à l'arrière-plan sociétal, l'enquête policière se mâtine de portrait social (de manière beaucoup moins lourdingue que dans les séries françaises, en général). Ici, l'intrigue est particulièrement fouillée, entre fraude au travail, violence conjugale, vieille amitié qui tangue... La découverte du véritable motif du crime est une sacrée surprise.

   Les épisodes suivants, dont la diffusion est prévue chaque dimanche de décembre (jusqu'à Noël), sont déjà accessibles en ligne.

   Le 3 décembre est programmé « Un Homme d'honneur », une histoire elle aussi très forte, qui tourne autour des vétérans de l'armée, certains devenus sans-abri. Une association caritative semble être au cœur du mystère, qui fait aussi intervenir une famille recomposée, une escroquerie et diverses histoires d'argent. La résolution de l'énigme réclame des trésors d'ingéniosité.

   Le 10 décembre, ce sera au tour de « Au Nom de la loi », où la victime est un jeune et séduisant policier, avide de protéger ses concitoyens. L'enquête remet partiellement en question l'image idyllique de départ (ainsi que, globalement celle de la police locale), avant de s'orienter vers d'autres pistes, le fin mot de l'histoire étant ici plus facile à deviner. J'ai trouvé cet épisode bien construit, mais très triste, sur le fond.

   Le 17 décembre, « Une Soirée funeste » sortira les téléspectateurs de la routine de la série, puisque Vera Stanhope va devoir enquêter (un peu) sur sa propre famille (éloignée). Un soir de tempête, elle se retrouve bien malgré elle confrontée à un crime sordide. Pour démêler les fils, la policière explore les arbres généalogiques locaux. L'intrigue est sinueuse à souhait, passionnante, avec quelques savoureux moments d'humour.

   La saison se clôturera le 24 décembre par un épisode épatant, « Marée montante », dont l'action se déroule à proximité de la frontière écossaise, à Lindisfarne (dite aussi Holy Island), reliée au "continent" (la Grande-Bretagne) par une unique route submergée à marée haute.

télévision,télé,médias,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   Des événements qui se sont déroulés une quarantaine d'années auparavant vont ressurgir quand une vedette de la télévision, récemment suspendue pour une histoire de harcèlement, annonce qu'elle va publier un livre de souvenirs, révélations à la clé. C'est excellent, en particulier dans le dénouement, l'inspectrice, bien que manquant de preuves contre le coupable, parvenant à le faire avouer. Brenda Blethyn est une fois de plus formidable.

   P.S.

   La saison 13 est déjà dans les tuyaux, avec, en prime, le retour d'un important personnage masculin, présent dans les premières saisons.

mercredi, 22 novembre 2023

Complètement cramé !

   Cette expression qualifie à deux reprises le héros de ce film, le Britannique Andrew (John Malkovich... malkovichien !), la première fois, au début de l'histoire, dans la bouche de la cuisinière du manoir, la seconde, à la fin, dans la bouche d'un autre personnage.

   Andrew, très perturbé par le récent décès de son épouse, a du mal à comprendre pourquoi on le qualifie ainsi. Il est retourné en France, dans la propriété où il a jadis eu le coup de foudre pour la femme de sa vie. Il comptait s'y rendre en tant que client, mais, pour des raisons que je laisse à chacun le plaisir de découvrir, il va "faire le majordome". Sans surprise, Malkovich est d'une savoureuse onctuosité dans un rôle qui semble taillé pour lui.

   Les autres ne sont pas mal non plus. J'ai été particulièrement sensible au personnage interprété par Emilie Dequenne (vue cette année uniquement dans la mini-série Année zéro). Elle est la véritable cheville ouvrière du manoir, soucieuse du bien-être de son employeuse... et veillant à écarter les importuns.

   Sa tranquille solidité est perturbée par la présence d'un jardinier homme des bois, auquel Philippe Bas (l'ex-commandant Rocher de Profilage) prête son physique avantageux. Il incarne un type un peu frustre, mais gentil, au fond.

   Une jeune femme de ménage dépressive complète la liste du personnel, sous la houlette d'une châtelaine désargentée qui a les traits (liftés) de Fanny Ardant. J'ai été agréablement surpris par sa composition, celle d'une femme à la fois fière et compatissante.

cinéma,cinema,film,films

   Je ne peux pas clore la liste des protagonistes sans évoquer Méphisto, le chat de la cuisinière, la véritable vedette du tournage, qui a parfois fait tourner l'équipe en bourrique... et dont le personnage réserve une colossale surprise, à la fin !

   Le scénario est composite : on y trouve des lieux communs, des choses intéressantes mais déjà vues ailleurs... et quelques surprises, assez réjouissantes, ma foi. Les dialogues sont plutôt bien écrits, servis par de bons interprètes, qui se sont prêtés de bonne grâce à certaines situations cocasses.

   Sur le fond, chacun des personnages principaux a sa fêlure. L'arrivée du Britannique va jouer le rôle de catalyseur. Andrew s'évertue à améliorer la vie de ce qui ressemble de plus en plus à une nouvelle famille, tout en tentant de surmonter son propre chagrin. Malkovich est touchant (quand il n'est pas drôle) et les autres jouent bien leur partition.

   Ce film m'a fait du bien.

22:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 19 novembre 2023

Yôjinbô

   Ces dernières années, l’œuvre du cinéaste japonais Akira Kurosawa (décédé en 1998) connaît un regain d'intérêt en France. J'ai pu le constater en observant la programmation "patrimoniale" de certains cinémas du sud-ouest de la France et celle des cinémathèques (rétrospectives à celle de Toulouse en 2017 et celle de Paris en 2022).

   La "quinzaine japonaise" qui s'achève en Midi-Languedoc a été l'occasion de reprogrammer, outre des mangas (dont ceux d'Hayao Miyazaki), certains des films les plus marquants de Kurosawa. Ces dernières semaines, j'ai eu l'occasion de revoir Rashōmon (célèbre pour son intrigue criminelle à plusieurs voix) et Le Château de l'araignée (transposition captivante du Macbeth de Shakespeare dans le Japon médiéval).

   Sorti en France sous le titre Le Garde du corps (alors que Le Mercenaire ou Le Nervi aurait été un poil plus adapté), Yôjinbô, comme les deux précédemment cités, s'appuie sur la participation de l'acteur fétiche de Kurosawa, Toshirô Mifune, qui incarne un rōnin, c'est-à-dire un samouraï sans maître... mais pas sans valeurs.

cinéma,cinema,film,films

   Il débarque dans un bourg où dominent deux clans, qui s'affrontent... ou s'entendent pour contrôler les activités les plus lucratives de la région. Alors que l'action se déroule peu avant le début de l'ère Meiji (sans doute dans les années 1850-1860), l'un des dialogues du début, dans lequel un personnage se désole du comportement des "jeunes d'aujourd'hui" et de la course à l'argent facile qui change (en mal) la société traditionnelle, fait sans doute davantage écho à la situation du Japon au tournant des années 1950-1960 (cent ans plus tard, donc), qui amorçait une fulgurante croissance économique, doublée d'une modernisation sans précédent, le tout sous la houlette américaine.

   Très vite, l'étranger, redoutable sabreur, comprend qu'aucun des camps ne vaut mieux que l'autre... sans parler de l'autorité régionale, dont le représentant se révèle particulièrement sensible à la corruption. C'est donc tout seul... ou presque, que le rōnin en quête de cause va se muer en justicier, tentant de monter un clan contre l'autre. Ses tentatives de manipulation sont savoureuses à suivre, parce que, dans un premier temps, elles ridiculisent les sbires aux faciès menaçants, soit qu'ils se révèlent stupides, soit qu'ils apparaissent soudainement trouillards. Mais le fils de l'un des chefs, de retour de la ville avec une nouvelle arme (un révolver), va lui donner du fil à retordre.

   C'est filmé avec un incroyable brio. Kurosawa sait mettre à profit les contre-plongées et les prises de vue obliques. Il a de plus choisi de faire loger son héros dans une auberge d'aspect misérable... mais située au centre du bourg. A travers les planches amovibles qui masquent les ouvertures, on peut observer tout ce qu'il se passe sans être vu.

   Même si le film a un peu vieilli, il constitue un bon divertissement, avec finalement assez peu de moments d'action violente, mais pas mal de malice, des personnages parfois truculents et une musique d'accompagnement qui oscille entre le grandiose et l'ironique. On en vient presque à penser que le duo Leone-Morricone n'a pas inventé grand chose...

   P.S.

   Dans le cinéma où j'ai vu le film (le CGR Lapérouse, à Albi), la séance a été précédée d'une démonstration de sabre, accompagnée d'explications. Ce fut fort instructif... en tout cas plus intéressant que les bandes-annonces et plages de publicité, qui nous été épargnées !

01:04 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 17 novembre 2023

Astrid et Raphaëlle, force 4

   Depuis la semaine dernière, France 2 diffuse la nouvelle saison  de cette savoureuse comédie policière associant une commandante de police brute de décoffrage (Lola Dewaere) à une documentaliste autiste (Sara Mortensen, toujours formidable).

médias,télévision,télé,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   Par rapport à l'an dernier, on retrouve le duo avec une légère transformation physique : la policière semble avoir un peu minci et a adopté une coupe de cheveux au carré. Si vous ajoutez à cela le port de hauts mettant en valeur sa (généreuse) poitrine, vous obtenez un personnage plus sexy, mais toujours volcanique. (Pour la petite histoire : la production s'est adaptée au changement d'apparence de Lola Dewaere, qui n'était pas prévu à l'origine.)

   La semaine dernière ont été diffusés les deux premiers épisodes (disponibles pendant encore plusieurs mois sur France.tv). L’œil du dragon évoque la disparition d'un bijou fabuleux, qui n'est pas sans rappeler le célèbre diamant bleu faisant partie des Joyaux de la Couronne de France, volé en 1792. (A l'origine, il était accompagné d'une pierre rouge taillée en forme de dragon.) Cette aventure est aussi l'occasion de voir débarquer une nouvelle protagoniste, un agent d'assurances qui réserve quelques surprises... et va s'incruster dans l'équipe d'enquêteurs.

   En deuxième partie de soirée a été diffusé Les 1001 nuits, qui a pour arrière-plan l'immigration iranienne en France. L'énigme policière est particulièrement difficile à résoudre. En parallèle, la vie privée d'Astrid connaît quelques soubresauts : elle accepte de plus en plus de contacts avec Tetsuo, son amoureux... ainsi qu'avec son demi-frère, qui aimerait passer plus de temps avec elle qu'avec ses grands-parents maternels (le papy étant incarné par Philippe Chevallier)

   Ce soir est programmé un seul épisode inédit, intitulé 10 000 mètres (ou 30 000 pieds), qui est une histoire d'assassinat en vase clos, dans un avion. L'intrigue fait référence à des classiques du genre et donne l'occasion aux deux acolytes d'évoluer à distance l'une de l'autre.  L'enquête policière est des plus classiques, mais les péripéties de la vie quotidienne sont assez cocasses, en particulier tout ce qui touche au déménagement de Raphaëlle.

   Il faudra attendre la semaine prochaine pour que France 2 diffuse un épisode particulièrement passionnant, Immortel (déjà disponible sur le site de la chaîne publique). Un décès au départ d'apparence quasi banale va donner naissance à une enquête ardue, le scénario se révélant particulièrement retors. Sachez juste que, sur le fond, il est question de génétique...

   J'ai déjà "avalé" toute la saison (huit épisodes) et je vous garantis que la qualité ne faiblit pas. Cela se conclut par un double coup de théâtre, un concernant Raphaëlle, l'autre Astrid. Il semble déjà acté qu'une cinquième saison sera tournée... et c'est tant mieux !

dimanche, 12 novembre 2023

Professeur T

   Ce dimanche soir, France 3 commence la diffusion d'une nouvelle série britannique, Professeur T. Celle-ci est l'adaptation d'une série belge (Professor T), dont les téléspectateurs de TF1 ont déjà pu voir une autre déclinaison, française celle-là, sous le titre Prof T.

   Outre-Manche, on s'est évertué à angliciser le contexte, à commencer par le personnage principal, Jasper Tempest, éminent universitaire spécialiste de criminologie, à Cambridge :

télévision,télé,actu,actualite,actualites,actualité,actualités

   Dans le rôle, on retrouve avec plaisir Ben Miller, qui avait naguère enchanté nos soirées en incarnant le non moins rigide Inspecteur Poole, dans les deux premières saisons de Meurtres au paradis. Son personnage ressemble beaucoup à celui qu'il a interprété autrefois : brillant, maniaque, condescendant, de tendance solitaire... et torturé. (On comprend pourquoi au fur et à mesure des épisodes.)

   L'universitaire est amené à collaborer avec une équipe de la police criminelle, dirigée par une commissaire dont on découvre que c'est une vieille connaissance. Le groupe comprend aussi un capitaine alcoolique et deux jeunes lieutenants, l'une d'entre eux étant une ancienne étudiante de Tempest (jouée par Emma Naomi).

   Cela ne vous rappelle rien ? Au moins deux autres récentes séries policières ont été construites sur un schéma approchant. Il y a une dizaine d'années est sortie Perception, mettant en scène un duo composé d'un universitaire un peu spécial (schizophrène) et l'une de ses anciennes étudiantes, devenue enquêtrice. Plus récemment, on a eu droit à Instinct, avec là encore un spécialiste en criminologie (ex-agent de la CIA et homosexuel) et une jeune policière. Notons que, de plus en plus souvent, les scénaristes évitent de faire du duo (au départ mal assorti) un futur couple amoureux. Parfois se noue une simple relation amicale, parfois l'ébauche d'un lien père-fille... parce que, le plus souvent, le consultant est un homme plus âgé, le policier une femme jeune (toujours ravissante, forcément intelligente).

   Ce soir, trois des six épisodes de la première saison nous sont proposés. Anatomie d'un souvenir traite de viol et de la difficulté d'enquêter sur ce genre d'affaire. Le professeur T. nous est présenté de manière assez cocasse, en particulier quand il commence à donner un cours en amphithéâtre. J'ai beaucoup aimé ce lancement.

   Ensuite est programmé Un Poisson nommé Walter (clin d’œil au film Un Poisson nommé Wanda), durant lequel les policiers vont devoir élucider deux meurtres... qui ne sont pas ce qu'ils semblent être de prime abord. C'est très habile, avec le motif de la scène à double sens, une de celles du début que l'on revoit sous un autre jour vers la fin. Ce procédé est à l’œuvre dans d'autres épisodes.

   La soirée se conclut avec Règles d'or, centré sur une prise d'otages avec rançon... qui, là encore, n'est pas tout à fait ce qu'elle paraît. Même le brillant criminologue va éprouver des difficultés à tout démêler. Toutefois, les téléspectateurs qui ont l'habitude des intrigues criminelles ne trouveront pas celles proposées par cette série particulièrement complexes. C'est bien écrit, mais l'effort est porté ailleurs, sur la caractérisation des personnages et quelques effets de mise en scène.

   A noter, parmi les seconds rôles, celui de la mère de Tempest, incarnée avec fougue par Frances de la Tour, un visage familier des productions britanniques, aperçue par le passé (notamment) dans les adaptations de Harry Potter.

samedi, 11 novembre 2023

L'Enlèvement

   Le dernier film de Marco Bellocchio est consacré à ce qu'on a jadis appelé l'Affaire Mortara, du nom de cette famille italienne juive dont l'un des garçons a été enlevé, sur ordre des autorités religieuses, en 1858.

cinéma,cinema,film,films,histoire

   L'action démarre à Bologne, une ville du nord de l'Italie, mais qui, à l'époque, se trouve sous juridiction du Pape, celui-ci contrôlant un vaste territoire appelé "États de l’Église". Le prologue évoque l'année 1852, mais c'est à partir de 1858 que l'histoire s'emballe, en plein Risorgimento : la péninsule italienne, alors morcelée, commence à (re)faire son unité, s'inspirant davantage des idées de la Révolution française que du traditionalisme catholique.

   Il s'agit donc d'un film politique, qui dénonce le pouvoir temporel du Pape (celui-ci très bien interprété par Paolo Pierobon) et la suffisance d'un clergé sûr de détenir la vérité. On comprend sans peine que cette analyse ne se limite ni au XIXe siècle, ni à la religion catholique...

   C'est aussi un film spirituel, qui prône plutôt la compréhension entre les peuples et dénonce l'antijudaïsme du clergé. Il n'est cependant pas un film antireligieux : le point de vue des croyants fondamentalistes est amplement développé (afin, je pense, que l'on comprenne leur logique). C'est d'ailleurs la principale cause du malheur de la famille Mortara : chaque camp est sur ses positions, persuadé d'avoir seul raison.

   C'est enfin un drame familial, dans lequel la mère joue un rôle capital. Elle est incarnée par Barbara Ronchi (déjà remarquée dans Il Boemo), véritablement habitée par son rôle. Le paradoxe est que Bellochio la filme à la fois comme une mère juive traditionnelle et une figure mariale.

   J'ai toutefois trouvé la première partie trop longue, avec un peu trop de mélo. Je reconnais la qualité de la reconstitution historique ainsi que celle de l'interprétation, mais, franchement, parfois, cela manque de rythme. Bellochio aurait dû couper un peu dans ce matériau et développer l'aspect international de l'affaire, qui n'est évoqué que par des dialogues.

   Cela rebondit avec la séquence du procès, vraiment très bien, qui lance le film sur une dernière partie assez palpitante, toujours aussi bien interprétée.

   Du coup, en dépit de mes (petites) réserves, je recommande la représentation de cette histoire forte, un scandale qui fut retentissant à l'époque... avant de tomber dans l'oubli pour des dizaines d'années.

mercredi, 08 novembre 2023

Killers of the Flower Moon

   J'ai enfin pu voir (en version originale sous-titrée) le (très) long-métrage de Scorsese, consacré à l'affaire des meurtres d'Indiens Osage, aux États-Unis (en Oklahoma), dans l'Entre-deux-guerres.

   L'histoire marie l'immersion dans les traditions indiennes et la description d'une énorme série d'arnaques, assaisonnée de meurtres (plus ou moins) maquillés en accidents, suicides...

   Du côté des Osages, Scorsese met l'accent sur le personnage de Mollie (Lily Gladstone, une révélation), une jeune femme assez sûre d'elle, qui ne s'en laisse compter par personne... jusqu'au jour où un petit Blanc mal dégrossi réussit à capter son attention.

   Cet énergumène est incarné par Leonardo DiCaprio, que j'ai trouvé convaincant dans la première partie du film, avant que son jeu ne tourne à la caricature (avec menton proéminent). Dommage, d'autant qu'à l'origine, il devait incarner un personnage beaucoup plus positif, un agent du FBI naissant, qui débarque dans la contrée pour enquêter sur une série de morts suspectes.

   Scorsese a choisi de faire de King Hale le véritable (anti-)héros de l'intrigue... et, d'un point de vue cinématographique, il n'a pas eu tort, tant De Niro étincelle dans le rôle de cette fripouille manipulatrice, qu'il semble avoir pris grand plaisir à interpréter. Il est de plus bien servi par les dialogues. En revanche, les personnages d'Indiens hommes sont taillés à la hache. On n'a pas cherché à en faire émerger une figure positive charismatique, alors qu'il y avait pourtant le matériau, à travers notamment le groupe qui finit par se rendre à Washington.

   Scorsese aime les racailles de l'Amérique de l'envers comme il aime les mafieux. Cela nuit un peu à son intrigue, parce qu'il a visiblement répugné à faire tomber le King de son piédestal. Même emprisonné, celui-ci sort vainqueur par la parole et les manipulations. (De Niro est vraiment très fort dans la manière de faire ressortir cet aspect de son personnage.)

   Sur le plan visuel, on retrouve un cinéaste inspiré. On attendait bien sûr les grands espaces de l'Oklahoma... et ils sont magnifiés. J'ai été plus impressionné par la mise en scène de l'intime et des actions conspiratrices. Dans ces dernières, la ruse le dispute à la maladresse, voire la stupidité. Il est encore plus désolant que les Indiens en aient été victimes.

   Je doute toutefois que ce qui nous est montré à l'écran soit une représentation rigoureuse du passé. On entend par exemple un responsable indien parler, au début des années 1920, d'un "génocide" commis contre sa nation... à ceci près que le mot n'a été inventé qu'en 1944. On n'est pas non plus obligé de croire totalement à la version du personnage d'Ernest Burkhart que joue DiCaprio. L'un des nœuds de l'intrigue est constitué par son indécision, ses oscillations, entre d'un côté l'appât du gain (et la fidélité à son oncle) et, de l'autre, l'amour de plus en plus fort qu'il semble ressentir pour Mollie. Même si l'un des dialogues de la fin remet un peu les choses à plat, c'est (selon moi) de manière trop ténue : le vrai Burkhart était d'abord mû par la cupidité.

   Mais laissons à l'artiste sa liberté d'interprétation, d'autant qu'il rend un bel hommage aux Osages (notamment aux femmes). Le film est certes trop long, mais d'une incontestable beauté.

Saw X

   Lionsgate ressuscite John Kramer, le "tueur au puzzle", pour tenter de relancer la franchise du film d'horreur, après une petite escapade (il y a deux ans) du côté du "politiquement correct".

   En fait, ce bon vieux Johnny n'a pas ressuscité... puisque l'action se place entre celles de Saw I et Saw II... c'est-à-dire à l'époque des meilleurs films de la série. Le début nous montre le tueur en plein traitement contre son cancer, à l'hôpital où, parfois, il lui vient des envies de meurtre torture. C'est sympatoche, délicieusement cruel et cela nous fait patienter en attendant le gros œuvre, qui va mettre un petit moment à arriver.

   En effet, ensuite, on nous plonge dans un quasi-conte de fées. C'est très surprenant et cela présente Kramer sous un autre jour, notamment en raison des relations qu'il tisse, qui n'ont rien à voir avec sa mission sanguinairement rédemptrice. On espère se doute bien que cela ne va pas durer.

   Quand le tueur se remet à sa tâche, on nous balance du lourd. Les scénaristes se sont trituré les méninges... et je dois dire que le résultat (avec notamment deux retournements de situation) est plaisant à regarder... si l'on supporte le gore... vraiment gore... très très gore. Je recommande tout particulièrement la manière dont une infirmière et un médecin anesthésiste se font dézinguer...

   Même si j'ai senti venir le second twist d'assez loin, j'ai apprécié cette facétie scénaristique, qui relance l'intrigue... et les hectolitres coulis de sauce tomate. Je conseille aux spectateurs qui seraient tentés par l'aventure de ne pas quitter trop rapidement la salle. A la fin officielle du film, si l'on a bien suivi, Kramer n'a pas achevé sa vengeance. On nous a donc mitonné une petite scène post-générique en forme de clin d’œil. On a aussi laissé la porte ouverte à une nouvelle suite.

21:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films