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vendredi, 13 décembre 2024

Génération 1951

   Après avoir nommé le plus vieux Premier ministre de la Cinquième République (et celui qui a duré le moins longtemps : trois mois), Emmanuel Macron surprend à nouveau en désignant François Bayrou, né le 25 mai 1951, soit seulement quatre à cinq mois après Michel Barnier ! Les deux hommes sont en effet de la même année... et ils ne sont pas les seuls.

   Au cas où le président de la République envisagerait de se limiter à ce millésime pour désigner les chefs de gouvernement, voici quelles sont les possibilités qu'il lui reste (pour peu qu'ils/elles survivent jusqu'à une éventuelle démission de François Bayrou).

   En tête de liste figure le philosophe (et ancien ministre de l’Éducation nationale, comme François Bayrou) Luc Ferry, né le 3 janvier (1951). C'est l'aîné de la bande, plus âgé encore que Michel Barnier. Tous les autres sont plus jeunes...

   ... à commencer  par Catherine Trautmann, ancienne ministre de la Culture de Lionel Jospin, née le 15 janvier.

   Lui succède (dans l'ordre chronologique des naissances) Jean-Louis Borloo, né le 7 avril et qui fut plusieurs fois ministre, sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. L'âge excepté, il aurait un bon profil de chef de gouvernement transpartisan.

   Un peu plus jeune est Corinne Lepage, née le 11 mai (pile deux semaines avant François Bayrou !), qui fut ministre dans le gouvernement d'Alain Juppé (sous Jacques Chirac).

   L'été nous fait mettre la barre à gauche avec d'abord Claude Bartolone, ancien ministre de Lionel Jospin (comme C. Trautmann) et ancien président de l'Assemblée nationale, qui fut naguère approché par Emmanuel Macron. Il est né le 29 juillet...

   ... deux semaines avant son camarade Jean-Christophe Cambadélis, qui a vu le jour le 14 août. Longtemps député, il a dirigé le PS peu avant Olivier Faure.

   Ironie de l'histoire, "Camba" est né cinq jours avant l'un de ses futurs camarades trotskystes de l'OCI, un certain Jean-Luc Mélenchon. Bien que figurant dans la liste des candidats virtuels à Matignon, je doute fort que ce dernier y soit un jour nommé...

   Un autre natif du Maroc (de Casablanca, contre Tanger pour Mélenchon) est dans le même cas. En effet, Roger Karoutchi, né le 26 août (1951), encore sénateur, a récemment dû céder la place à plus jeune que lui, à la tête du groupe LR.

   D'autres personnes auraient pu figurer sur cette liste, si elles n'étaient pas décédées prématurément : Olivier Dassault et Marielle de Sarnez, alter ego politique de... François Bayrou.

   J'ajoute que cette année 1951 n'a pas donné naissance qu'à des figures du monde politique. De nombreux artistes connus (décédés ou encore vivants) font partie de cette "génération 1951". Du côté des dames, on trouve : Anjelica Huston, Lynda Carter (la première Wonder Woman), Bonnie Tyler, Marie-Anne Chazel, Rose Laurens, Tonie Marshall... et La Cicciolina !

   Du côté des messieurs, on a Jean-Pierre Bacri, Fabrice Lucchini, Gérard Jugnot, Jacques Villeret, Gilbert Montagné, Jean-Jacques Goldman, Jules-Edouard Moustic, Plantu, Enki Bilal, Sting, Mark Harmon (Gibbs !), Mark Hamill, Michael Keaton, Phil Collins et Robin Williams !

   Quel cru !

mercredi, 11 décembre 2024

En fanfare

   Je me suis décidé à voir ce film sur la foi notamment du bouche-à-oreille, très favorable. Quelque part entre La Vie est un long fleuve tranquille et The Full Monty, Emmanuel Courcol propose une comédie dramatique organisée autour d'une relation fraternelle, dans un univers musical assez varié.

   Au début, deux scènes m'ont fait un peu peur : celle au cours de laquelle l'un des héros annonce sa maladie à sa sœur, et celle où il s'emporte contre celle qu'il hésite désormais à appeler maman. Dans la première scène, c'est la comédienne qui interprète la sœur dont je trouve le jeu approximatif. Dans la seconde scène, l'emportement de Thibaut (Benjamin Lavernhe, pourtant excellent dans le reste du film) m'est apparu un peu factice. Peut-être est-ce un problème de montage. (On a peut-être coupé un morceau de la scène qui aurait rendu l'emportement plus logique.)

   Fort heureusement, la suite est de bien meilleure facture. Pour moi, le film devient passionnant à partir du moment où le frère (Jimmy) apparaît à l'écran. Il est incarné par Pierre Lottin, qui nous prouve une nouvelle fois qu'il a du talent. (Il faudrait toutefois veiller à ne pas le cantonner dans les rôles de "cassos" ou de quasi-délinquant.)

   Les interactions entre les deux comédiens interprétant les frangins sont excellentes, bien complétées par les seconds rôles nordistes. On dit les choses sans fard, parfois de manière très crue... et c'est très bien. C'est à la fois réaliste et drôle.

   L'intrigue évite ensuite un autre piège : le conte de fées. Bien des embûches sont placées sur le chemin de Jimmy et Thibaut. Tout cela est traité avec délicatesse et dans un réjouissant bain musical, qu'il soit classique avec Beethoven, Verdi, Ravel ou populaire avec Aznavour, Sardou ou Johnny.

   Comme beaucoup de spectateurs, j'ai eu les yeux qui piquent à la fin. C'est une belle histoire, pleine d'humanité (un poil caricaturale toutefois sur le devenir industriel de la région).

16:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 08 décembre 2024

Vaiana 2

   Disney pioche dans ses vieux pots pour nous sortir de (prétendues) nouvelles sauces. L'été dernier, cela a marché (au niveau des entrées) avec le décevant Vice Versa 2. Du coup, huit ans pile après les premières aventures de la plus charmante des Polynésiennes, la voilà de retour, avec (presque) les mêmes acolytes et de nouveaux méchants.

   La première partie de l'histoire fait alterner deux intrigues en apparence séparées. D'un côté, le demi-dieu musclé-obèse vit des aventures extraordinaires, où la magie est omniprésente. De l'autre, Vaiana et sa famille sont confrontées à des problèmes plus matériels, dont la solution ne peut venir que de l'organisation d'une nouvelle expédition, en groupe cette fois. L'adolescente constitue une équipe de choc : son amie architecte fantasque, un jeune mec baraqué (bientôt obèse) pas très fut-fut, un vieil agriculteur râleur... sans oublier, bien sûr, le petit cochon et le coq, dont la présence semble destinée à faire rire les plus jeunes des spectateurs, qui risquent de ne pas comprendre grand chose à l'intrigue.

   Visuellement, c'est du beau boulot, avec du mouvement, des couleurs et, parfois, du brio, comme lorsqu'apparaît la baleine mystique. C'est hélas assez rare. (De manière générale, la quasi-absence de la grand-mère nuit à la qualité de l'histoire.) J'ai trouvé l'ensemble un peu tapageur, le mouvement presque perpétuel tentant de masquer le creux des dialogues. Mais, bon, on ne s'ennuie pas...

   ... si l'on supporte les chansons. Je crois qu'elles occupent entre 15 et 20 minutes au total. La majorité sont chantées par Vaiana (Cerise Calixte dans la version française). C'est tout aussi pénible que dans le premier épisode, quelque chose entre le Aller plus haut de Tina Arena et le Libérée, délivrée de La Reine des neiges. (Encore aujourd'hui, on ne mesure pas à quel point cette chanson, écoutée à l'infini, à pleins tubes, par quantité de gamines, a traumatisé des millions d'adultes...)

   Fort heureusement, l'humour est là. Il passe notamment par Anthony Kavanagh, qui double Maui. J'ai aussi aimé certains détails croquignolesques, comme la "vague de cheveux"... et la présence ponctuelle de vomissures et muculences, produites par d'étranges créatures.

   A part cela, le scénario est assez convenu. Sur le fond, un esprit pointilleux pourrait trouver à redire à la représentation des différents peuples du Pacifique (à la fin). Alors que le peuplement de la région s'est effectué à partir de l'Asie du Sud-Est, les illustrateurs semblent avoir voulu insister sur la parenté entre Polynésiens et Afro-américains. Des considérations commerciales et, peut-être, une certaine vision américaine du monde, ont pesé sur l'animation.

21:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Law and order

   Il y a cinq ans était sorti en France Monrovia, Indiana, un passionnant documentaire de Frederick Wiseman, tourné dans l'Amérique profonde, celle qui votait (et qui vote toujours) massivement Trump. Cette fin d'année voit la reprise de trois de ses plus anciens films, celui-ci ainsi que Hospital (datant de 1970) et Juvenile Court (1973). Law and Order a été tourné en 1968 à Kansas City, dans l'extrême-ouest du Missouri.

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   C'était une année électorale, celle qui a vu la victoire de Richard Nixon, dont on nous propose un extrait d'un discours de campagne, à la fin. Dans cette partie, Nixon s'en prend sans le nommer directement à Robert Kennedy, le frère de JFK, en qui il voit son principal adversaire. Comme celui-ci a été assassiné en juin 1968, on en déduit que la scène est antérieure. (Ironie de l'histoire : l'un des fils du très progressiste "Bobby", Robert Francis Kennedy, devrait devenir secrétaire à la santé dans le nouveau gouvernement Trump...)

   Dans son discours électoral, Nixon pointe l'insécurité dont souffriraient les États-Unis. On ne s'étonnera donc pas que l'essentiel du film montre les forces de l'ordre en action. Comme Kansas City est une ville à forte population afro-américaine, on s'attend à ce que les relations entre les policiers, majoritairement blancs, et cette minorité soient l'objet de la plupart des scènes. Wiseman surprend un peu son public en choisissant de commencer par des scènes où les personnes interpellées sont souvent blanches. On nous y montre des policiers à la fois fermes et courtois, face à des personnes qui semblent souvent être des "cas sociaux".

   Les scènes d'intervention (pour lesquelles Wiseman semble avoir obtenu l'autorisation de tout filmer) alternent avec des entretiens avec des policiers. Wiseman a particulièrement suivi un jeune récemment  intégré aux forces de l'ordre. Il montre aussi deux policiers, chacun dans sa voiture, comparant les situations dans différentes brigades. On parle notamment de salaire. Beaucoup sont payés 500-600 dollars par mois (800 étant considéré comme une somme incroyable... à comparer toutefois au coût de la vie, en particulier en Californie, où les policiers semblent mieux payés qu'ailleurs). Ces 600 dollars correspondent à 3 700 francs de l'époque, le SMIG français étant compris entre 500 et 600 francs.

   La majorité des scènes montrent les policiers (blancs, mais aussi, surtout dans la seconde partie, noirs) au contact des populations afro-américaines. Dans les conversations de l'époque, celles-ci sont nommées Negro, un terme qui, aujourd'hui, est banni du discours public (considéré comme offensant, bien que moins que nigger)... mais qui, à l'époque, est d'usage courant (avant qu'il ne soit d'abord remplacé par Black). Les rares fois où l'on entend le mot nigger, c'est dans la bouche d'un délinquant... noir, qui insulte les policiers (blancs !) qui l'arrêtent. Cette séquence est l'une des plus marquantes du film. On y voit deux gars en uniforme, assez costauds, tentant de maîtriser un jeune homme (musclé) qui s'est embrouillé avec d'autres habitants (noirs) du quartier, qu'il menace. On sent que tout le monde essaie de faire bonne figure devant la caméra de Wiseman : les policiers n'exercent pas la plus grande force dont ils sont capables et le délinquant cherche à se présenter sous un jour favorable... quand il se contrôle.

   Auparavant, on a assisté à une scène plus gênante, pleine de sous-entendus : l'interpellation d'une jeune prostituée (noire). L'immeuble où elle "officie" héberge d'autres péripatéticiennes. Il est connu des services de police. L'intervention a été provoquée par la plainte d'un voisin. La jeune femme s'est barricadée, mais n'oppose pas de résistance physique. Au cours de l'interrogatoire qui suit, on comprend qu'elle a peut-être dénoncé auparavant le comportement inapproprié d'un policier (qui risque des sanctions). Il me semble avoir aussi déduit de certains échanges qu'il arrive qu'un policier "s'isole" dans une pièce avec une prostituée... Comme il n'y a aucun commentaire et que cela date de plus de cinquante ans, la scène n'est pas complètement limpide.

   Ailleurs, les policiers sont plus affables, serviables même. Ils prennent en charge un gamin perdu dans la rue, aident une dame âgée aux prises avec un chauffeur de taxi malhonnête et protègent une épouse en fuite d'un mari jaloux (et peut-être violent). Tout ce petit monde est afro-américain. J'ai été marqué par la courtoisie et le calme des policiers, qui ont visiblement été bien formés. A ce sujet, Wiseman a été autorisé à filmer une scène de briefing, au cours de laquelle les officiers rappellent à leurs troupes ce qu'il convient de faire et de dire et ce qu'il faut éviter à tout prix. On sent que la vague de "politiquement correct" ne s'était pas encore enclenchée outre-Atlantique !

   Je pourrais continuer comme cela longtemps, tant ce documentaire (pourtant court : 1h20) est riche. (Une séquence forte implique trois jeunes hommes noirs, dont deux armés, dans un magasin de vêtements. Une autre a pour "vedette" une prostituée âgée, au commissariat...)

   Je le recommande vivement.

samedi, 07 décembre 2024

La plus précieuse des marchandises

   Deux ans et demi après le foutraque Coupez !, Michel Hazanavicius revient sur les écrans avec un genre totalement différent de film. Il s'agit de l'adaptation d'une sorte de conte, écrit par Jean-Claude Grumberg, dont l'action a pour toile de fond la Seconde Guerre mondiale.

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   Mais, quand on n'a rien lu sur le sujet auparavant et qu'on s'est contenté de la bande-annonce, le début paraît mystérieux. Un couple de bûcherons vit chichement dans une forêt isolée, il y a des dizaines d'années, semble-t-il. La région est traversée par une unique voie ferrée, sur laquelle circulent des trains à vapeur, dans un sens comme dans l'autre.

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   Les couleurs et la texture de l'animation contribuent à accentuer l'ambiance à la fois de menace et d'étrangeté. Hazanavicius a choisi de ne pas tout dire dès le début, laissant la possibilité aux spectateurs qui ne connaîtraient pas cette histoire de la découvrir de manière cinématographique, par petites touches suggestives.

   Le peuple de bûcherons laborieux qui parcourt cette gigantesque forêt doit respecter les consignes des militaires présents dans les environs. Tous (ou presque) partagent la haine des « sans cœur » le surnom donné à la peuplade de « tueurs du Christ » qu'il ne faut surtout pas aider.

   C'est pourtant ce que va faire l'épouse du bûcheron, qui se désole de n'avoir pas d'enfant (ou d'avoir perdu le seul dont elle ait accouché). Un jour, de l'un des wagons de marchandises tractés par la locomotive fumante tombe un étrange petit paquet, enveloppé dans un châle blanc et bleu. La femme décide de s'occuper du petit être, à la fureur de son mari.

   La suite est à la fois une histoire de sentiments forts, d'amour, d'entraide, mais aussi de mort et de haine, parce que l'époque était terrible, et pas uniquement pour les familles qu'on envoyait dans ces camps installés en Europe de l'Est. J'ai apprécié que, tout en recourant à la douceur du conte, Hazanavicius ne cherche pas à dissimuler l'horreur de l'époque.

   L'intrigue familiale est ensuite complétée par une sorte de périple. Le film rebondit habilement, alors que l'histoire reste belle et terrible. Je suis resté scotché à mon siège du début à la fin, tout comme les autres spectateurs de la séance, adultes comme enfants. C'est peut-être aussi dû au talent des interprètes : Jean-Louis Trintignant avait prêté sa voix au conteur, tandis que les bûcherons sont interprétés par Dominique Blanc et Grégory Gadebois.

   Cette fin d'année 2024 aura décidément été riche en films d'animation de qualité, celui-ci formant avec Flow et Le Robot sauvage un remarquable triplé.

lundi, 02 décembre 2024

Les blaireaux du Palais Bourbon

   Alors que la dette publique française a dépassé les 3 200 milliards d'euros (soit 112 % du PIB), alors que le gouvernement français emprunte désormais à un taux plus élevé que celui de la Grèce, qui fut il n'y a pas si longtemps en quasi-faillite, alors que plus de 10 % des dépenses publiques (soit 52 milliards d'euros) sont utilisés (en 2024) au remboursement de la dette, au sein de l'Assemblée nationale semble en train de se former une incroyable coalition (celle qui risque de voter la censure du gouvernement Barnier) : l'alliance des extrêmes et de leurs affidés (LFI dominant la gauche et le RN la droite), pour refuser à la fois de diminuer les dépenses et d'augmenter les impôts.

   L'intérêt national et celui des générations futures est jeté aux orties par une majorité d'ambitieux et/ou d'imbéciles. Dans le meilleur des cas, conscients de l'état des comptes du pays, ils repoussent à leur (éventuelle) arrivée au pouvoir les réformes difficiles, choisissant de torpiller un septuagénaire sans ambition personnelle... mais qu'ils voient (peut-être) comme un rival plus jeune que Donald Trump, capable de la leur jouer comme Edouard Balladur jadis avec Jacques Chirac (ce dernier ayant quand même fini par être élu président, en 1995). Eh, oui, il n'est question que d'ambition personnelle...

   Dans le pire des cas, ce sont des incultes en économie, imaginant qu'à l'instar de ce qui s'est passé pendant la période Covid, ils pourront user de "l'argent magique", à volonté. C'est faire une double erreur. La première est que le contexte n'est plus le même. Dans la majorité des pays, l'économie s'est remise en marche... et la dette s'est réduite.

   La seconde erreur est de croire que l'appel aux créanciers est sans risque, sans contrepartie et sans limite. Or, plus de 50 % de notre dette publique est détenue par des "non-résidents", des banques et des investisseurs étrangers, qui pourraient très bien choisir, soit de prêter désormais à un taux de plus en plus élevé (ce qui semble être la tendance la plus récente), soit de se détourner de la France pour investir dans des pays réputés plus sûrs ou plus sérieux en matière de gestion.

   L'inconscience de certains de nos élus est bien croquée par l'un de mes caricaturistes préférés, Xavier Gorce, passé il y a quelques années du Monde au Point, et qui tient un blog sur lequel, du lundi au vendredi, un dessin est publié chaque jour. Voici celui daté de ce lundi :

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   Ici, il fait allusion au forcing des maires (par l'intermédiaire notamment des sénateurs), souvent aussi présidents d'intercommunalité, pour conserver le maximum de leur dotation d’État. Il faut dire que, comme l'a détaillé une étude parue en avril dernier, entre 1997 et 2022, l'emploi public a considérablement augmenté dans la FPT, contrairement à ce qui s'est passé dans la fonction publique d’État :

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   On me répondra que les transferts de responsabilités effectués par les gouvernements successifs de l’État vers les collectivités territoriales peuvent expliquer cette évolution... en partie.

   En observant attentivement le graphique ci-dessus, vous remarquerez qu'un regain de hausse s'est produit à partie de 2016. C'est à cette époque qu'est entrée en application la loi Notre, censée simplifier (un peu) le millefeuille territorial français (et mieux répartir les compétences entre les diverses collectivités territoriales). Concrètement, le nombre de régions a diminué (grâce à des regroupements) et toutes les communes ont été obligées de rejoindre une intercommunalité (communauté de communes, d'agglomération ou métropole), celle-ci de taille désormais plus importante (et donc issue de la fusions de plusieurs ex-intercommunalités). Logiquement, la suppression des doublons et les économies d'échelle auraient dû aboutir à une diminution de l'emploi public dans les collectivités... Pour cela, il aurait fallu que certains élus locaux renoncent à une certaine forme de clientélisme...

   Sur la caricature de Xavier Gorce, vous noterez le souci du détail, puisque l'indégivrable qui incarne le maire porte bien son écharpe conformément à la loi : de l'épaule droite au côté gauche, le bleu proche du cou.

   P.S.

   En guise de dessert, je vous propose le dessin de vendredi dernier, tout aussi sarcastique :

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dimanche, 01 décembre 2024

Flow

   J'ai enfin vu ce film réalisé en images de synthèse, dont le héros est un chat, errant dans un monde post-apocalyptique, où les humains ont disparu, et où ne subsistent que des animaux, sauvages comme domestiques.

   La catastrophe (peut-être d'origine climatique) ne doit pas être très ancienne, puisque la tanière de Flow est sans doute l'ancienne demeure de son maître, abandonnée... et parsemée de productions artistiques faisant référence aux félins. C'est ma fois assez original.

   La montée des eaux se poursuivant, Flow et d'autres animaux rencontrés en cours de chemin partent en quête d'un nouveau refuge. Le matou doit notamment s'accommoder de la présence de chiens, l'un d'entre eux, un labrador un peu stupide (mais gentil), étant particulièrement réussi.

   Concernant l'animation, je peux dire que c'est superbe sans être totalement réaliste. Le réalisateur, Gints Zilbalodis, assume le côté factice de ses personnages, même si, par leurs mouvements et leurs cris, il a essayé de les rendre les plus vraisemblables possibles. Ainsi, le plus souvent, Flow se déplace et se comporte comme un vrai chat, même si ses yeux ne ressemblent pas beaucoup à ceux de nos compagnons à quatre pattes.

   Une grande partie de l'intrigue se déroule sur un bateau, sorte de nouvelle Arche de Noé. Flow y côtoie notamment un chien, un lémurien, un gros rongeur (un capybara paraît-il) et un oiseau échassier, qui a rompu avec sa tribu d'origine.

   Vous l'aurez compris : les animaux sont des substituts d'humains, chacun étant doté d'un trait de caractère dominant. Le film véhicule un message d'entraide. Ceux qui, dans une vie "normale" se seraient soit entredévorés, soit battus pour l'accès à la subsistance, doivent collaborer pour survivre.

   C'est habilement mis en scène, parce que le film... ne comporte aucun dialogue. Le son y occupe donc une place très importante, entre les bruits d'ambiance et les différents cris des animaux. C'est l'une des grandes réussites du film, avec la beauté des images. Tout ce qui touche à l'eau est splendide et, globalement, on éprouve un plaisir contemplatif (qui pallie largement l'absence de dialogue). Dans la salle où je l'ai vu, les enfants n'ont pas moufté, captivés par l'histoire.

14:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 24 novembre 2024

Vera, force 13 !

   Presque un an jour pour jour après le début de la diffusion de la saison 12, la suivante est lancée ce dimanche soir sur France 3. En plus de nous permettre de retrouver l'inspectrice-cheffe Vera Stanhope et les paysages du Northumberland, cette programmation a le grand avantage de nous débarrasser des aventures insipides de policiers danois.

   La soirée commence donc par un épisode inédit, Délit de fuite, dont l'intrigue se déroule entre Newcastle et la petite ville fictive de Bentham, associée à un pont sur lequel est retrouvé le cadavre d'un jeune homme :

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   D'après un site créé par des cinéphiles installés au Royaume-Uni, il s'agit du pont de Wylan, autrefois traversé par une voie ferrée et aujourd'hui réservé aux piétons. Ce bourg se trouve à quelques kilomètres à l'ouest de Newcastle :

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   L'intrigue de cet épisode est particulièrement tortueuse, un poil sordide même. Le marché local est le lieu où se croisent tous les protagonistes, commerçants ou simples maraîchers. Chacun a ses petits secrets, qu'ils soient récents ou remontent à un passé lointain. Patiemment, Vera et son équipe vont démêler les fils de l'intrigue... en bénéficiant d'une aide inattendue, celle de l'ancien sergent Joe Ashworth, désormais lieutenant, et revenu au pays pour des raisons qu'on met du temps à nous dévoiler.

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   Dans cet épisode (et, semble-t-il, les suivants), il prend la place de... son remplaçant, le sergent Aiden Healy, parti pour l'Australie.

   Ce retour aux sources est aussi annonciateur d'une fin prochaine. A la saison 13 succèdera l'ultime saison (n°14). Brenda Blethyn n'est plus toute jeune. Pensez donc : elle a 78 ans, l'âge de Donald Trump !

   P.S.

   En deuxième et troisième parties de soirée, France 3 rediffuse deux très bons épisodes de la saison 11, Le Témoin idéal et La Voie de la guérison.

samedi, 23 novembre 2024

Gladiatornado

   Le fantôme de Russell Crowe / Maximus plane au-dessus de cette  (lointaine) suite tournée par Ridley Scott. L'acteur comme le personnage sont physiquement absents du film (pour une raison que celles et ceux qui ont vu Gladiator I connaissent), mais ils sont omniprésents dans l'ambiance et l'intrigue.

   On ne met pas longtemps à comprendre qu'Hanno le Nord-Africain, taiseux comme Maximus, doué pour le combat comme Maximus, blessé au bras comme Maximus, ayant perdu sa femme comme Maximus, n'est pas que le remplaçant du héros du premier opus : il est aussi son fils biologique, celui qui a échappé aux griffes de l'empereur Commode (qui ne l'était guère, comme me le souffle un collègue de travail espiègle).

   Le problème est que Paul Mescal, chargé de succéder à R. Crowe, n'a guère de charisme et peine à exprimer la moindre émotion authentique. Les heures passées sur le banc de muscu ne suffisent pas. C'est, pour moi, clairement une erreur de casting.

   Il se fait d'ailleurs voler la vedette par Denzel Washington, dans un rôle qui ne ressemble guère à ceux qu'on l'a vu récemment incarner... et ça fait du bien. L'un des rares intérêts de l'histoire est la narration de l'ascension de cet habile magouilleur, dont on ne sait jamais trop ce qu'il a réellement en tête. Par son action et son ambition, le personnage n'est pas si éloigné de ce que fut le véritable Macrinus, alors que la vie et le comportement des autres personnages historiques de l'intrigue sont la plupart du temps farfelus.

   Dans le premier Gladiator, Scott et ses scénaristes avait déjà tordu la vérité historique, pour en faire un levier de tension dramatique. Ainsi, Claudius Pompeianus, qui a sans doute inspiré le personnage de Maximus, était bien un glorieux général romain et il a bien eu un enfant avec Lucilla, fille de Marc-Aurèle... qu'il avait épousée. Il ne fut pas gladiateur.

   Dans cette suite abracadabrantesque, Lucilla est toujours en vie vers 200, alors que son frère Commode l'a fait assassiner des années auparavant. On n'est pas plus proche de la vérité historique avec les deux co-empereurs, deux frères, Geta et Caracalla. La première erreur est de présenter le premier aîné du second (alors que c'était l'inverse). La deuxième est de les montrer gouverner en accord, alors que ce ne fut pas le cas.

   Et puis il y a cette tendance sous-jacente, à systématiquement présenter les personnages homosexuels ou bisexuels comme des dépravés sans foi ni loi, ennemis du genre humain. Cela contraste vivement avec le camp du Bien, incarné par d'incontestables hétéros, mus par de beaux sentiments. (Je suis étonné que les professionnels de l'indignation sélective, si prompts à dénigrer le moindre supposé travers des hommes blancs, ne se soient pas insurgés contre la vision véhiculée par ce film.) Soit les auteurs (scénariste et réalisateur) sont pétris de préjugés, soit ils ont été trop dépendants de sources douteuses, qui caricaturent cette période de l'Empire romain.

   Ceci dit, même si le scénario et la caractérisation des personnages ne sont pas terribles, les scènes d'action, les décors et les effets spéciaux sont réussis. On comprend où sont passés les 250 (300 ?) millions de dollars de la production.

   J'ai aimé tout ce qui se passe au niveau du Colisée et des autres enceintes de combat, à la surface comme en sous-sol. Là, il y a du souffle, du rythme... même si, une fois de plus, les invraisemblances gâchent certaines scènes. Ainsi, l'introduction d'un rhinocéros, spectaculaire, n'est pas réaliste. C'est encore pire lors de la séquence de la naumachie. Il y en a bien eu quelques unes organisées au Colisée, mais pas avec des requins (qui auraient été bien en peine de nager dans une aussi faible profondeur d'eau). Les squales sont, comme les singes visibles au début de l'histoire, des créatures numériques, dont les évolution comme le comportement n'ont pas grand chose de naturel.

   Je ne voudrais pas avoir l'air de m'acharner, mais je dois signaler une autre énormité, entendue lors de l'introduction de la naumachie. Le présentateur affirme qu'elle commémore la bataille de Salamine (en 480 avant JC), qui aurait vu s'affronter Troyens et Perses. Or, ce sont les Grecs, notamment athéniens, qui ont vaincu les Perses à cette occasion ! Qu'une telle boulette ait pu passer le filtre des vérifications/relectures est la preuve d'une grande négligence.

   Bref, c'est techniquement réussi, mais, globalement, c'est du foutage de gueule.

14:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 20 novembre 2024

Le Choix

   C'est l'histoire d'un homme, un soir, pendant (environ) une heure, dans une voiture, dotée d'un téléphone, avec une destination précise (qu'on ne connaît pas au départ). Ce dispositif simple (simpliste diront certains) réunit (presque), de manière moderne, unité de temps, de lieu et d'action. Mais ce n'est pas une tragédie classique...

   ... et c'est la transposition en France, dans l'agglomération parisienne, de l'intrigue d'un film britannique, Locke (sorti en 2014), se déroulant principalement dans le Grand Londres. Parfois, la version française est un copié-collé, parfois un décalque intelligent : une entreprise allemande remplace une américaine, et Berlin, Chicago ; une Renault remplace une BMW, des ouvriers roumains des Hongrois...

   A quelques (rares) reprises, la version hexagonale s'écarte légèrement du modèle anglais. Ainsi, on nous a épargné le rhume qui frappe le héros de la version britannique. Surtout, dans la VF, l'écart d'âge qui sépare deux des protagonistes n'est pas du tout le même, pour la simple raison que, dans le film d'origine, le conducteur est incarné par Tom Hardy (à une époque où celui-ci faisait d'autres choix artistiques... et gagnait beaucoup moins d'argent), alors que l'adaptation française est portée par l'interprétation de Vincent Lindon (Joseph Cross).

   Si l'on met de côté quelques silhouettes entraperçues au tout début, c'est le seul acteur que l'on voit à l'écran. Il interagit avec les autres protagonistes uniquement par la voix. D'ailleurs, ce fut un plaisir d'entendre celles d'Emmanuelle Devos (l'épouse du héros) et de Grégory Gadebois (le supérieur hiérarchique de Joseph). En revanche, je trouve que Pascale Arbillot en fait trop dans le rôle de Béatrice.

   Au final, l'exercice de style tient la route, dans un bel emballage (les vues nocturnes d'une autoroute puis de la périphérie de Paris). Mais cela ne va pas plus loin.

23:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 17 novembre 2024

Venom - The Last Dance

   Ce troisième volet vient clore une série commencée en 2018. La scénariste des premiers épisodes se trouve désormais aux manettes. Comme le film repose essentiellement sur des effets spéciaux et des scènes de dialogue parfois comiques, visuellement, on ne voit pas la différence avec les précédents.

   La première partie est engageante. On retrouve l'étrange couple formé par Eddie et son symbiote à grosse voix. C'est toujours aussi cocasse. En parallèle, ce début introduit de nouveaux méchants, qui ont l'air extrêmement redoutables. On en apprend plus sur l'origine du symbiote.

   La meilleure trouvaille scénaristique est de situer une partie de l'action dans la célèbre Zone 51. C'est vers elle que se dirige une famille de beatniks complotistes (dont le père est incarné par Rhys Ifans), que va rencontrer notre double héros.

   Après, cela se gâte. On a visiblement voulu introduire plus d'émotion dans ce prétendu dernier épisode. (C'est donc moins violent que dans le deuxième volet.) Pour moi, cela fonctionne à moitié. Il y a aussi trop de clichés dans la représentation des scientifiques et des militaires, avec une opposition très schématique entre celle qui veut à tout prix préserver la vie extraterrestre et celui qui n'hésite pas à (faire) tuer quand il estime que la menace est trop importante. (Juno Temple et Chiwetel Ejiofor ont du mal à faire vivre leurs personnages.)

   Cela nous amène à cette menace, d'origine extraterrestre. Au départ, elle constitue une nouvelle source de péripéties. Mais, très vite, on nous fait comprendre qu'elle est quasi invulnérable. (Je vous rassure : les héros vont finir par en venir à bout.) On comprend bien avant les dernières scènes comment tout cela va se terminer.

   Je suis sorti de là assez mitigé.

11:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 10 novembre 2024

Transformers : le commencement

   Ce film d'animation est une préquelle de la série de films sortie jadis et naguère (le dernier en 2023) sous la houlette de Michael Bay, qui demeure présent en tant que producteur. Le mélange d'acteurs réels et d'effets spéciaux numériques a donc laissé la place à un visuel entièrement composé d'images de synthèse, en général très réussies d'un point de vue formel. (Le réalisateur, Josh Cooley, est l'auteur de l'excellent Toy Story IV.)

   L'objectif de cet épisode est de montrer comment quatre des protagonistes de la série ont acquis leurs pouvoirs et d'où ils sont partis. Deux d'entre eux sont à l'origine de super-potes. (C'est très surprenant quand on connaît la suite !) On a donc droit d'abord à une sorte de buddy movie, avec un duo a priori mal assorti : Orion Pax est un jeune foufou, un casse-cou ne rêvant que de gloire, tandis que D-16 est un robot studieux, respectueux des règles, plutôt introverti. J'ai trouvé malicieuse cette caractérisation, parce qu'elle implique que rien n'est écrit d'avance. Celles et ceux qui connaissent la série savent qu'Orion est destiné à devenir un leader charismatique, pondéré, tandis que D-16 va bigrement bifurquer...

   Il y a aussi un arrière-plan social à cette histoire, puisque les héros sont issus de la classe inférieure des robots, celle qui n'est pas dotée d'un cog, une source d'énergie qui confère aux machines "supérieures" le pouvoir de se transformer... et une plus grande force. Les robots bas-de-gamme eux sont voués aux tâches ingrates : dans la mine ou au traitement des déchets. Nous voici donc face à une histoire très américaine, avec un p'tit gars de la base qui va faire son trou dans le monde des puissants.

   Cette première partie est assez drôle, en raison des aventures rocambolesques que connaît le duo. On n'est pas loin de Rush Hour ou de L'Arme fatale... même si le déroulé de l'intrigue rappelle plutôt La Guerre des étoiles (en particulier les épisodes I et IV : La Menace fantôme et Un Nouvel espoir) : le futur élu est un outsider, qui va s'illustrer dans une course dans laquelle en théorie il n'a aucune chance et son monde bascule en raison d'une haute trahison, que personne n'a vu venir ; le tout est placé dans le cadre d'une histoire quasi mythologique, avec de prestigieux anciens, aux pouvoirs fabuleux. Cela rappelle évidemment l'univers des Jedi.

   Le duo devient assez rapidement un quatuor, avec l'ajout d'un jeune crétin (l'usine à blagues du groupe, celles-ci pas toujours du meilleur goût) et d'un personnage féminin badass, Elita (doublée par Scarlett Johansson dans la VO, Audrey Fleurot dans la VF). Comme le chanterait Michel, elle a « réussi l'amalgame de l'autorité et du charme ». J'ai particulièrement aimé la scène où l'on voit cette pugnace combattante mater une bande de gros durs, façon maîtresse d'école. (Cela m'a rappelé un passage du récent A toute allure, avec Eye Haïdera "officiant" dans la seconde classe d'un avion long-courrier.)

   Une fois le complot démasqué, les héros vont tenter de retourner la situation, qui semble pourtant désespérée. Comme c'est une préquelle, et que les quatre zigotos sont visibles dans les épisodes suivants, on se doute que la fin n'est pas tragique. La dernière partie est donc très prévisible et, selon moi, moins réussie sur le plan visuel : j'ai parfois eu l'impression de me retrouver devant un jeu vidéo.

   Mais, comme c'est globalement bien foutu, avec une belle morale, je suis sorti de là très satisfait... en ayant attendu jusqu'au bout, l'ultime scène post-générique, qui voit naître les Decepticons.

   PS

   Actualité oblige, on pourrait aussi faire une lecture politique de l'intrigue et de l'utilisation des couleurs. Certes, traditionnellement, les gentils Autobots ont les yeux bleus, tandis que les méchants Decepticons ont les yeux rouges. Mais, comme le film est sorti en pleine année électorale, il m'a semblé que certains éléments n'avaient peut-être pas été choisis au hasard...

 

ATTENTION :

 

DIVULGÂCHAGES

 

!!!

 

   En effet, au départ, Sentinelle, figure tutélaire des machines, est présenté comme un personnage positif, charismatique et bienveillant. C'est un progressiste, qui joue le rôle d'un guide : il définit ce qui est bien pour la communauté. On l'identifie à la couleur bleue.

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   Hélas, les héros finissent par découvrir que c'est un traître. Celui qui joue un rôle majeur dans cette découverte (et sa révélation ultérieure aux autres robots) est Orion Pax, un gars du peuple, pas très cultivé et du genre franc-tireur. Il est identifié à la couleur rouge.

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   Vous voyez où je veux en venir ? Peut-être que je surinterprète, mais je pense que des spectateurs états-uniens (en particulier républicains) de ce film pourraient y lire une métaphore de la (supposée) trahison des élites démocrates (les Bleus), accusées d'avoir abandonné le peuple, qui du coup a tendance à se tourner vers les Rouges, à savoir les républicains. Josh Cooley et ses co-scénaristes ont-ils voté Trump ?... à moins que ce ne soit plutôt Michael Bay, très anti-Biden. En tout cas, à la fin du film, le nouveau guide des Autobots, Optimus Prime, concilie les deux couleurs.

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A toute allure

   Cette comédie romantique a notamment pour cadre un sous-marin tactique (nucléaire) de la marine française, dans lequel Marco, un chef de cabine (steward) impulsif s'est infiltré pour... retrouver l'élue de son cœur, Marianne, une lieutenante caractérielle et farouchement célibataire.

   Au départ, rien ne destinait les deux tourtereaux à se revoir. Lui (Pio Marmaï, délicieusement farfelu) est un coureur de jupons, fêtard, entre deux ruptures avec son hôtesse de l'air préférée. Elle (Eye Haïdera, vue récemment dans Barbès, little Algérie, percutante) n'est pas du genre à s'amouracher et se complait dans l'accumulation des "coups d'un soir", lors des escales du sous-marin.

   Le scénario renverse un peu les rôles traditionnels. En effet, même si c'est l'homme qui part à la poursuite de la femme, au départ, c'est lui le romantique qui doit convaincre celle qui se refuse à l'amour.

   ... et c'est d'autant plus difficile qu'il faut échapper à la vigilance du commandant du sous-marin, un psycho-rigide traditionaliste interprété avec charisme par José Garcia. Dans un premier temps, Marco se fait passer pour un cuistot de secours... et il s'évertue à se rendre sympathique à tout l'équipage (de manière assez savoureuse, ma foi). Évidemment, tout cela manque de réalisme... et c'est assumé.

   Bien que pris par l'ambiance du film, je me demandais comment le cinéaste allait pouvoir tenir 1h25 en milieu confiné. Le scénario bascule dans la seconde partie, puisque l'intrigue sort un peu du sous-marin, avec une kyrielle de scènes roboratives. La troisième partie nous propose un nouveau basculement : la sous-marinière va, en quelque sorte, rendre la monnaie de sa pièce au steward.

   C'est une petite comédie, sans prétention, qui m'a fait passer un très bon moment.

   P.S.

   En fond sonore, on entend la reprise d'un "tube" des années 1980, interprété (à l'époque) par Richard Cocciante.

08:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 09 novembre 2024

Croquette, le chat merveilleux

   C'est une animation britannique (regardez où se trouve le volant, dans les véhicules), destinée davantage aux enfants qu'aux parents. Le héros est, au départ, un chaton abandonné, qui est recueilli par Rose, une jeune chercheuse spécialisée dans les abeilles. Malheureusement pour Croquette, qui pense avoir trouvé le foyer idéal, il épuise très vite les dernières de ses neuf vies.

   Coup de bol pour lui : au paradis des chats, on lui donne une seconde chance. Il va donc retourner sur Terre, pour neuf vies supplémentaires... mais pas sous la même forme. Il sera successivement :

un blaireau

un rat

un cafard

un perroquet

un chien

un poisson

un cheval

une abeille

   Si vous avez bien compté, cela fait huit réincarnations. Je laisse aux spectateurs le plaisir de découvrir la neuvième.

   C'est souvent drôle, soit au détriment de Croquette (auquel il arrive de cocasses aventures), soit au détriment de l'un des humains qu'il croise : le directeur de recherches de Rose ou le compagnon de celle-ci, un djeunse prénommé Larry, très satisfait de lui mais pas très porté sur l'hygiène corporelle. (J'ai trouvé ce personnage particulièrement agaçant, même s'il s'améliore au cours de l'histoire.)

   Ces réincarnations sont aussi pour Croquette l'occasion de changer sur le plan moral. Le matou gâté pourri par sa maîtresse, très égoïste, doit faire preuve d'altruisme. Le message à destination de la jeunesse est donc positif, puisqu'on peut légitimement penser que c'est au chat que les enfants vont s'identifier.

   Sur le fond, le propos est teinté d'écologie. La chercheuse veut lutter contre l'effondrement des colonies d'insectes, alors qu'un autre protagoniste souhaite son échec pour promouvoir sa solution biotechnologique... bien plus rémunératrice.

   Toutefois, au niveau de la caractérisation des personnages, deux éléments m'ont gêné. Le premier concerne Larry. Je pense qu'il correspond à l'image du jeune homme moderne "cool" dans la tête des animateurs (sans doute majoritairement de sexe masculin). On présume que la jolie, gentille et travailleuse chercheuse doit s'accommoder des défauts de Larry pour en faire son compagnon. Même si celui-ci évolue dans le bon sens (et accepte son chat), c'est surtout la jeune femme qui s'adapte à lui.

   L'autre élément gênant concerne le méchant de l'histoire, qui avance masqué... mais que les adultes n'auront aucune peine à repérer. On finit par découvrir qu'il fut un élève victime de moqueries, voire de harcèlement. Il a jadis été mis à l'écart et veut prendre une revanche sur la vie. Je ne suis pas certain que ce portrait psychologique corresponde au profil des prédateurs de la planète.

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 08 novembre 2024

Astrid et Raphaëlle, saison 5

   Une semaine après un médiocre épisode inédit (un croisement avec Alexandra Ehle, une série de moindre qualité), Astrid et Raphaëlle sont pleinement de retour sur France 2, pour la cinquième saison de leurs aventures. Ce vendredi soir, on nous a proposé un épisode double, la première partie étant intitulée "On ne meurt qu'une seule fois".

   J'ai apprécié de retrouver Sara Mortensen en documentaliste autiste, que les scénaristes ont l'habileté de ne pas faire évoluer à vitesse grand V (contrairement à ceux de la série américaine Good Doctor, qui m'a vite lassé). J'ai été moins convaincu par les péripéties de la grossesse de son acolyte qui, de surcroît, a tendance à se comporter comme une adolescente, alors qu'elle a plus de quarante ans.

   L'intrigue de cet épisode double est fouillée, avec un mystérieux tueur de la Mafia et l'intervention des services secrets, aussi bien français qu'états-uniens. Les références à d'anciens films (notamment les James Bond) ou d'anciennes séries (je pense au Bureau des légendes) sont nombreuses, avec un angle parodique. C'est ce qui m'a gêné. L'intrigue perd en vraisemblance, les interventions des espions étant souvent ridicules. De surcroît, je trouve qu'ils sont mal joués, y compris du côté français, avec un Aurélien Wiik très décevant. (Il était bien meilleur dans Meurtres en Berry.)

   Je rassure les fans de la série : les épisodes suivants (que j'ai tous vus) sont bien meilleurs. Ainsi, vendredi prochain sera diffusé "Mandala", dont l'intrigue a pour cadre un monastère bouddhiste. J'y ai retrouvé les qualités de la série : une enquête sur fond de mystère, la mise en scène du travail de déduction d'Astrid, de l'humour bienvenu... et, fait notable, une plus grande participation du personnage du commissaire, interprété par Jean-Louis Garçon.

   L'épisode 4, intitulé "Le Dernier des Aztèques", est passionnant. Il tourne autour de l'archéologie, de l'Amérique centrale... et du mythe de l'Eldorado. Au cours de l'enquête, Astrid est amenée à consulter le Codex Borbonicus, un somptueux manuscrit peint datant du début du XVIe siècle. (Je regrette toutefois que les dialoguistes n'aient pas fait préciser par la documentaliste qu'il vaudrait mieux appeler Mexicas ce peuple de la Méso-Amérique.)

   Changement total d'ambiance dans l'épisode 5 ("Le Baptême des morts"), qui nous transporte chez les Mormons. L'enquête policière est assez classique, avec notamment des secrets qui remontent du passé. J'ai apprécié qu'au passage les auteurs égratignent l'extrémisme religieux, qui n'est pas exclusivement mormon : certains comportements observés durant l'épisode existent dans d'autres communautés religieuses... En fils rouges de la saison, on a les relations de Raphaëlle avec sa mère (la policière étant montrée sous un jour plus mature), le possible mariage d'Astrid... et le retour d'un passé enfoui.

   "Loup y es-tu ?" est une fausse relecture des histoires de loup-garou. Dans cet épisode, le surnaturel se teinte fortement de social, avec l'évocation du sort de migrants et la défense des droits des femmes. Contrairement à ce qu'on peut constater dans nombre de fictions contemporaines (notamment françaises), je trouve que ces sujets sensibles sont amenés et traités avec une relative subtilité.

   L'intrigue de l'épisode 7 ("On achève bien les jockeys") évolue dans le monde hippique... et nous replonge dans le passé d'Astrid. C'est l'occasion de retrouver une jeune comédienne talentueuse, Sylvie Filloux, qui incarne Astrid jeune.

   La saison se conclut avec "Un Mariage et quatre enterrements", un nouvel épisode au titre en forme de clin d’œil (ici au film Quatre mariages et un enterrement). Cela commence comme chez l'inspecteur Colombo, puisqu'on voit l'assassin organiser son meurtre. Mais la suite nous réserve quelques surprises, avec notamment le retour d'une vieille connaissance de nos héroïnes (hélas toujours aussi mal interprété). L'histoire se termine sur un cliffhanger... ce qui nous laisse sur notre faim... mais annonce forcément une saison 6 !

The Substance

   Prix du scénario au dernier Festival de Cannes, ce film états-unien a été réalisé par une Française, Coralie Fargeat, qui en est aussi la scénariste. L'intrigue mêle la science-fiction à l'étude sociétale et au gore.

   Dans un avenir proche, il devient possible de vivre en symbiose avec un clone de soi, plus jeune, en alternance une semaine sur deux. Cette possibilité semble être proposée à des personnes vieillissantes, ou qui se considèrent comme telles. Pour que l'alternance fonctionne, il faut suivre des règles draconiennes... que bien évidemment les clients finissent par ne plus respecter.

   Un questionnement féminin (mais qui peut aussi concerner les hommes) est au cœur de l'histoire : passé un certain âge, est-on encore "bonne" à quelque chose ? Doit-on se résigner à vieillir ? Fargeat prend pour exemple le monde du spectacle, à travers l'animatrice d'une émission télévisée dédiée au bien-être, mais, au cours du film, d'autres personnages, annexes, sont montrés comme étant eux aussi victimes d'une sorte de dictature de l'apparence.

   Dans le rôle d'Elisabeth Sparkle, Demi Moore est excellente. D'abord présentée comme une quinqua sexy, elle apparaît très vite (filmée en très gros plan) comme une femme certes séduisante, mais sur le corps de laquelle les effets de l'âge se font cruellement sentir. De la part d'une comédienne qui a longtemps été une icône de beauté (et qui a eu -discrètement- recours à la chirurgie esthétique), c'est assez courageux.

   Son clone jeune (Sue) est incarné par Margareth Qualley, qu'on a beaucoup vue ces derniers temps, dans Drive-away Dolls (pas son meilleur rôle), Pauvres Créatures et Kinds of kindness. Ce personnage est filmé de manière extrêmement suggestive. Si cela avait été fait par un homme, je pense que la vision transmise aurait suscité des remarques critiques. En effet, si le projet est de dénoncer l'exploitation du corps des femmes, le résultat est très complaisant avec leur représentation hypersexualisée. La cinéaste semble, comme son personnage principal, fascinée par les corps féminins voluptueux, minces et fermes. Sa mise en scène, loin de susciter un regard critique, à mon avis, conforte l'idée qu'être jeune et bien gaulée est ce qu'il y a de mieux pour une femme. C'est tout de même gênant, vu le projet de départ.

   Le même regard complaisant est à l’œuvre dans la partie gore de l'intrigue. Cela se sent dès la "naissance" du clone, qui n'est pas créé en laboratoire, mais à l'issue d'une sorte de mue... totalement invraisemblable : l'enveloppe d'origine (humaine) libère un nouvel être... et conserve toute sa capacité à faire revivre l'individu d'origine !

   D'autres péripéties me sont apparues tout aussi farfelues. Ainsi, le personnage d'Elisabeth, qu'on voit à un moment dans la quasi-impossibilité de marcher, retrouve soudainement toute sa vigueur pour transporter un corps. De la même manière, Sue, à qui l'on a inséré les trois quarts d'une dose de potion létale, parvient à se réveiller pour, quasi immédiatement, se lancer dans une bagarre démentielle... Je pourrais aussi ajouter l'absence d'allusion au moindre paiement (pour la procédure de clonage), tout comme la disparition de la femme de ménage d'Elisabeth, dès que celle-ci s'engage dans sa dangereuse démarche. Cette absence sert (miraculeusement) le déroulement de l'intrigue, mais elle n'est pas expliquée.

   ... et pourtant, concernant cette femme de ménage, il y a une scène très signifiante, quand on la voit travailler dans le superbe appartement de la vedette de télévision, tandis que celle-ci découvre dans le journal qu'on cherche à la remplacer. Alors que la riche quinquagénaire, encore sexy, se désole de sa situation, elle ne voit pas la femme plus grosse, au visage mois attirant, effectuer un travail beaucoup moins rémunéré que le sien, auquel elle se consacre sans doute depuis des années. Je m'attendais à ce que le film explore cette inégalité de classe... eh ben non. On reste au niveau de ce qu'on appelle parfois le "féminisme à paillettes".

   S'ajoute à cela le fait que, pour développer son histoire, la scénariste a besoin que ses personnages principaux se comportent comme des imbéciles. C'est une faiblesse que l'on trouve dans nombre de films d'horreur, qui ont visiblement inspiré Coralie Fargeat. Ceci dit, je dois reconnaître que certaines scènes gores sont bien conçues, notamment celles situées vers la fin. Mais cet incontestable savoir-faire, qui s'appuie sur un montage efficace et des décors bien choisis, ne suffit pas, pour moi, à sauver un film un peu trop cliché et un peu trop "clipesque".

10:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 06 novembre 2024

L'euro bulgare

   Je me suis récemment déplacé loin de l'Aveyron, pour des raisons familiales. Au retour, j'ai fait une pause dans une boulangerie proposant un espace de restauration. J'ai réglé ma commande avec un billet, glissé dans une caisse automatique. Dans un premier temps, je n'ai pas prêté une attention particulière aux pièces qui composaient le rendu de monnaie. Plusieurs avaient le même aspect, celui de pièces de deux euros. Ce n'est que bien plus tard, sur une aire d'autoroute, au moment de régler un café, que j'ai pris conscience que, parmi mes pièces de deux euros, une sortait du lot.

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   L'objet est bien bicolore (et bimétallique : composé de cuivre et nickel), mais il s'agit d'une pièce de monnaie bulgare qui, au taux de conversion actuel, vaut... seulement un euro. J'ai donc été escroqué de la même somme, par la caisse automatique de la boulangerie ! Voyons ce qui se trouve à l'avers :

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   La personnalité représentée est Païssii de Hilendar, un moine (orthodoxe) et historiographe bulgare du XVIIIe siècle (1722-1773), à une époque où la Bulgarie n'existait plus, passée depuis la fin du Moyen-Age sous la domination ottomane. (Païssii a d'ailleurs contribué à la "Renaissance bulgare", un mouvement qui allait déboucher sur l'indépendance de la Bulgarie.)

   Le risque de confusion est accentué par le fait que la Bulgarie, bien partie pour devenir le 21e État membre de la zone euro (peut-être en 2025), a déjà prévu la frappe de nouvelles pièces, la future de 2 euros ressemblant trait pour trait à celle de 2 leva :

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vendredi, 01 novembre 2024

Bambi

   Il s'agit d'un film en prises de vue réelles... mais ce n'est pas Disney qui en est à l'origine, malgré la tendance, ces dernières années, à retourner les classiques de l'animation avec de véritables acteurs (par exemple, Dumbo, ou Le Livre de la Jungle).

   En France, le lancement de ce faux documentaire a beaucoup misé sur la présence de Mylène Farmer (au commentaire). Les cinéphiles seront peut-être plus intéressés d'apprendre que le réalisateur, Michel Fessler, s'est d'abord fait connaître en tant que scénariste, sur des documentaires-fictions comme L'Odyssée de l'espèce, Le Sacre de l'Homme, AO. Il a aussi participé à l'aventure de La Marche de l'empereur et du Chêne (deux œuvres remarquables).

   Ici, l'histoire du roman de Felix Salten est traitée sous la forme documentaire. On y voit bien l'enfance de Bambi, la découverte de son environnement, la rencontre d'un lapin, d'oiseaux divers, d'un raton laveur (un sacré numéro, celui-là)... et les conséquences de la présence humaine (systématiquement négatives).

   Outre le remplacement de l'animation par des images réelles, la principale différence est qu'ici les animaux ne parlent pas. Le commentaire, la mise en scène (les animaux ayant été soit filmés dans leur milieu naturel, soit "guidés"... ce qui n'a pas plu à tout le monde) et le montage construisent l'histoire, celle de la naissance, des apprentissages et des débuts de la vie d'adulte du faon.

   Comme chez Disney, on a un peu édulcoré ce qui est montré à l'écran : on ne voit pas la mise-bas (juste la biche avant et le faon à peine né), pas plus que la mort de la mère (suggérée par les sons et la réaction des autres personnages). Comme chez Disney, la représentation des comportements animaux est anthropomorphisée, même si le procédé de filmage renforce l'impression de réalisme.

   Du coup, je suis sorti de là partagé : la qualité des images est indéniable, mais l'histoire (trop soulignée par la musique) est clairement destinée aux enfants.

   P.S.

   A l'occasion de cette sortie, j'ai appris que le roman d'origine a été censuré par les nazis, qui y ont vu une dénonciation déguisée de l'antisémitisme.

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jeudi, 31 octobre 2024

Juré n°2

   Quatre ans après un excellent "film de droite" (Le Cas Richard Jewell), Clint Eastwood est de retour en Géorgie (État qui a mis en place une avantageuse politique d'incitations financières en faveur du cinéma).

   Ici encore, il va être question d'un individu lambda, un petit Blanc de la classe moyenne, qui risque d'être "broyé par le Système". On a donc droit à une sorte de variation sur le même thème, incluant un dilemme moral, le genre de question délicate que notre bon vieux Clint aime se coltiner.

   A la base, on nous propose un nouveau film de procès, de la constitution du jury au verdict final, en passant par les à-côtés (en particulier les débats au sein du jury). Les cinéphiles penseront inévitablement à Douze Hommes en colère, de Sidney Lumet. Cette impression sera accentuée par le résultat du premier vote au sein du groupe de jurés : 2 contre 10, le héros étant évidemment l'un des deux "moutons noirs", qui va tenter de convaincre les autres...

   ... sauf qu'ici il n'est pas motivé par le seul souci de justice. Il est directement concerné par cette affaire, sans que quiconque le sache au sein du tribunal. Eastwood pimente donc le polar judiciaire et s'éloigne ensuite de son auguste aîné pour traiter l'intrigue à sa manière.

   Au cœur de celle-ci se trouve un dilemme moral : le juré n°2 (Nicholas Hoult, ma foi plutôt bon) doit-il révéler ce qu'il sait, même si cela doit l'incriminer ? Est-il certain de ce qu'il a vu le soir de la mort de Kendall Carter (interprétée par une certaine Francesca Eastwood... eh oui, Fifille !) ?

   En attendant de résoudre ce problème éthique, Eastwood nous fait découvrir une galerie de personnages assez bien caractérisés. Le jury est multiethnique et le réalisateur joue avec les préjugés que les spectateurs pourraient avoir sur certains personnages. Par exemple, que cache l'acrimonie visible entre un juré noir et un juré blanc ? Pourquoi le retraité de la bande semble-t-il en savoir plus que les autres ? Les jeunes et certaines femmes très apprêtées sont-ils aussi superficiels qu'on pourrait le croire ?

   Le procès est aussi le lieu de l'affrontement entre deux anciens camarades d'études (qui furent peut-être un peu plus que cela...) : l'avocat commis d'office et la procureure. Le premier (Chris Messina)  apparaît comme un juriste compatissant, la seconde (Toni Collette, formidable malgré ses tailleurs pantalons portés avec des talons hauts) nous est présentée comme une ambitieuse, très rigide. A travers elle, Eastwood règle-t-il quelques comptes personnels ? La vision est cependant plus nuancée que ce qui transparaissait dans Le Cas Richard Jewell. Certes, la procureure est en campagne (peut-être pour devenir State Attorney, en gros la cheffe du Parquet de l’État de Géorgie), mais son ambition doit tout de même se plier aux impératifs de sa fonction. Elle fait passer le procès avant sa campagne et, quand un doute émerge, elle est prête à se remettre en question et à relancer l'enquête. Loin de la caricature, Eastwood réussit son principal personnage féminin, d'une épaisseur inattendue.

   C'est le cas aussi de l'épouse du héros, une professeure des écoles en congé maternité (elle est sur le point d'accoucher). Au cours du film, on apprend que l'histoire de ce couple est plus complexe que ce qu'il semble de prime abord. Le héros lui-même a un passé (que l'on ne tarde pas à découvrir), les révélations concernant le couple étant distillées au cours de l'intrigue.

   Les interactions entre les membres du jury révèlent aussi certains présupposés eastwoodiens. Des citoyens ordinaires, avec leurs compétences respectives et leur intégrité, font mieux le job que les professionnels impliqués dans l'affaire : des policiers pressés d'arrêter le premier suspect venu, une procureure incitée à rapidement conclure un procès qui peut lui servir personnellement et un médecin légiste qui enchaîne les autopsies, quitte à relâcher sa vigilance.

   Le dilemme moral est particulièrement crucial à la fin, y compris après l'énoncé du verdict. Une scène montre deux personnages assis côte à côté, sur un banc. La question à propos de laquelle leurs avis divergent est la suivante : la justice est-elle la vérité ? Derrière ce questionnement se trouve évidemment Eastwood le libertarien, pour lequel la défense des droits individuels doit primer sur l'application stricte de la loi, pourtant censée protéger ces mêmes droits. Néanmoins, le film ne se conclut pas de manière tranchée, puisque la toute dernière scène laisse la porte ouverte à (au moins) deux interprétations.

21:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 30 octobre 2024

Monsieur Aznavour

   Et c'est parti pour un biopic à la française, consacré à celui qu'on a parfois considéré comme "le Sinatra français". L'hommage est rendu par deux personnes qu'on pourrait penser plus proches des "musiques urbaines" que de la variété traditionnelle : Mehdi Idir et Grand Corps Malade. Ce serait méconnaître les points communs entre le crooner français et certains rappeurs contemporains : une ascendance immigrée, une jeunesse modeste voire pauvre, des débuts artistiques critiqués, une forte envie de reconnaissance et un certain goût pour les achats dispendieux, voire clinquants. Concernant Grand Corps Malade, il faudrait ajouter l'amour de la langue française et un talent indéniable pour la manier.

   Pour incarner celui qui fut une star internationale, Tahar Rahim a cherché le plus possible à se faire oublier derrière le personnage. On peut admirer les efforts... tout en constatant que cela se voit trop. Quasiment à chaque scène, on a l'impression que l'acteur nous dit : « Admirez ma performance. » Du coup, cet aspect-là m'a laissé plutôt froid, d'autant plus que, durant la première heure, Tahar Rahim se fait voler la vedette par... elle

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   Marie-Julie Baup (vue ces dernières années dans Délicieux et L'Esprit de famille) étincelle en Édith Piaf... et la production s'en est peut-être rendu compte, puisque ce personnage est totalement passé sous silence à partir du moment où Aznavour tente de prendre seul son envol.

   C'est pourtant cette première heure qui m'a le plus intéressé. Grâce à des retours en arrière, on revit l'enfance pauvre (mais pleine de chaleur humaine) de la famille (arménienne) Aznavourian. On suit plus tard le jeune Charles pendant l'Occupation, pendant qu'un autre génocide est à l’œuvre. Ce n'est pas toujours très bien joué, la mise en scène est parfois plan-plan mais, grosso modo, jusqu'à l'épisode québécois (inclus), il se passe quelque chose.

   Après, le film s'enlise. Pourtant, il est servi par les chansons les plus connues de l'artiste, mais le déroulé de sa vie, pourtant riche en péripéties, manque de saveur. Rahim cabotine toujours autant et, autour de lui, l'ambiance a comme un air de déjà-vu.

   Du coup, on sent bien les 2h15. Pour moi, l'émotion a du mal à passer, sauf quand les succès d'Aznavour sont intégrés à l'intrigue.

   P.S.

   J'ai au moins appris un truc pendant la vision de ce film : la reprise (en sample) du titre Parce que tu crois par un certain... Dr Dre. D'autres artistes a priori éloignés de l'univers d'Aznavour se sont inspirés de ses chansons, comme on a pu l'entendre récemment sur France Inter.

mardi, 29 octobre 2024

Challenger

   Ce film de boxe est une comédie douce-amère, au centre de laquelle se trouve une sorte de Rocky Balboa picard, un boxeur amateur qui n'a jamais perdu un combat... sans en avoir gagné aucun ! En effet, dans la vie comme sur un ring, Luka Sanchez (Alban Ivanov, épatant) a la faculté de savoir encaisser un max, la plupart du temps sans rendre de coup... et pourtant, il a une sacrée gauche (une "fausse patte" qui n'est pas sans rappeler celle de Rocky, dans le premier film de la franchise).

   Cela commence comme le portrait d'un loser sympathique, commis de cuisine dans un restaurant quelconque, moqué par ses collègues, méprisé par sa patronne. Il n'y a guère que son amie Stéphanie (Audrey Pirault, extra !) pour le supporter... dans tous les sens du terme : opératrice de centre d'appel, fan de boxe et gameuse de choc, elle joue le rôle de manageuse pour un pugiliste que (presque) personne ne cherche à affronter. Le premier combat organisé se révèle une belle surprise !

   Mais, heureusement pour Luka, le destin va (enfin) croiser sa route. Dans sa région évolue un pro qui ambitionne un jour de défier le champion d'Europe. Ce pro est un gros blaireau (façon footeux arrogant ou rappeur bling bling), coaché par un duo de pieds-nickelés qui mérite le détour : Soso Maness et David Salles. Le trio qu'ils forment est joyeusement pathétique.

   Dans des circonstances que je me garderai de révéler, Luka se retrouve propulsé au premier plan de l'actualité, défiant le champion d'Europe qui, jusqu'à présent, a remporté tous ses combats par KO.

   La célébrité toute neuve de notre héros est l'occasion pour le réalisateur (Varante Soudjian) de brocarder certains des travers contemporains : la quête effrénée de vedettariat, le rôle des influenceuses, l'appât du gain... et un certain goût pour les fringues moches et voyantes.

   Cette seconde partie n'est pas traitée que sur le mode de la dérision. Luka va vraiment s'entraîner pour le match, sous la houlette de l'ancien adversaire de son père, un ex-champion complètement psychopathe, incarné avec une évidente gourmandise par Moussa Maaskri. Dans le même temps, on se pose des questions sur la relation entre Luka et sa manageuse.

   L'apogée est atteint lors du combat final, filmé avec un incontestable savoir-faire et un grand souci de réalisme. Face à Luka/Alban se trouve le redoutable Joshua, incarné par Jonas Dinal, à l'impressionnante musculature. Certains spectateurs seront surpris d'apprendre qu'il n'est pas un boxeur recruté spécialement pour ce rôle, mais un authentique acteur, qui a suivi un entraînement draconien (tout comme Ivanov, d'ailleurs).

   Cette "petite" comédie est une excellente surprise.

22:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 27 octobre 2024

Barbès, little Algérie

   Cette fiction à caractère autobiographique a pour cadre un quartier du nord de Paris (essentiellement  dans le XVIIIe arrondissement), quartier qui porte le nom d'un militant républicain du XIXe siècle, Armand Barbès. Pour les touristes et les Provinciaux de passage, le nom Barbès évoque surtout une station de métro : Barbès-Rochechouart. Le quartier est réputé multi-ethnique, à tel point que, lorsque, comme l'auteur de ces lignes, il vous est arrivé, il y a des années de cela, de vous balader dans les rues proches de la station de métro, il a fallu attendre longtemps avant de croiser une autre personne "blanche" !

   Dans la première partie, le réalisateur veut mettre en valeur cette diversité (de moins en moins maghrébine, de plus en plus subsaharienne, à ce qu'on m'a dit). Il le fait de manière très maladroite, avec des acteurs visiblement souvent non-professionnels... et ça se sent (en particulier au niveau de l'interprète principal). De ce naufrage je sauverai toutefois Adila Bendimerad (qui incarne une commerçante au caractère affirmé), Eye Haïdara (dans le rôle d'une mère de famille indépendante) et Khaled Benaissa (qui interprète Préfecture, sorte de Huggy-les-bons-tuyaux franco-algérien).

   Sur le fond, je suis aussi très partagé. La première demi-heure est clairement marquée par une ambiance anti-flics. Français d'ascendance africaine, étrangers en situation régulière et immigrés clandestins sont (presque) tous montrés comme victimes de violences policières. Il est vrai que les forces de l'ordre n'ont pas la tâche facile : poursuivre les auteurs de vol, lutter contre le trafic de drogues... et faire respecter horaires de confinement et port du masque (ambiance covid).

   C'est dans ce domaine que la mise en scène est particulièrement farfelue : les personnages portent ou pas de masque, pratiquent ou pas les fameux gestes barrières, parfois lors de la même scène, sans que leur comportement obéisse à la moindre logique. Il  y a clairement défaillance au niveau de la direction d'acteurs.

   Toutefois, je trouve qu'au fur et à mesure que le film avance, le propos s'affine. Le héros, qui, au début, cherche à se procurer rapidement de quoi s'adonner à la fumette, finit par éviter le petit monde des trafiquants. Il est montré par le réalisateur comme un homme cherchant à faire le bien, un "bon musulman". Je commençais à redouter que cela ne tourne au conte de fées... lorsqu'une rupture de ton est intervenue. Elle a beau être assez mal jouée, elle redonne du tonus à l'intrigue et de la profondeur à ce portrait de quartier.

   Au final, c'est tout de même décevant. Les belles idées ont besoin de qualités professionnelles pour donner de bons films.

samedi, 26 octobre 2024

Les grosses bites d'Ethiopie

   Si, en juin dernier, on m'avait dit : cette année, à Rodez, « l'été s'ra chaud », j'aurais pensé qu'on m'annonçait une période caniculaire, pas la nouvelle exposition temporaire du Musée Fenaille, visible pendant encore une semaine.

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   Du VIIIe au XVe siècle, en certaines parties de l'Éthiopie, ont été érigées de grandes stèles, soit à forme humaine (anthropomorphes), soit en forme de phallus (ithyphalliques, terme dont je recommande l'usage pour briller dans les dîners).

   Mais, avant d'en arriver là, au sous-sol du musée ruthénois, il faut passer par la pièce où sont évoqués les modes de vie, avec notamment une grande paroi vitrée derrière laquelle sont disposés divers objets de la vie quotidienne, qu'elle soit religieuse ou profane. Cette partie est absolument passionnante... et inattendue.

   Beaucoup d'objets ont été fabriqués à partir de substances animales : ivoire d'éléphant, cuir de chèvre, corne de bovidé, dents de léopard. On peut ainsi voir un magnifique bouclier, en cuir de buffle :

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   Je recommande aussi un chapelet dont les perles sont issues de dents d'hippopotame, un appui-tête en corne de buffle, une amulette en parchemin, un ex-voto réalisé à partir de pattes d'un céphalopode (incroyable)... ou encore cet objet :

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   Il s'agit bien d'un crucifix, dont la branche principale possède un bout arrondi pour servir de... cure-oreille ! Était-ce pour mieux entendre la parole divine ? Mystère...

   Dans les salles suivantes, il va enfin être sérieusement question des stèles, dont certaines ne sont pas sans rappeler celles qui sont exposées au dernier étage du musée Fenaille : les fameuses statues-menhirs, qui sont toutefois bien plus anciennes. (Elles remontent à l'Âge du bronze, il y a 4000-5500 ans.)

   Pour être honnête, je dois signaler qu'en plus des deux "familles" mentionnées plus haut, on distingue aussi les stèles dites historiées, les stèles à épées, les stèles tambours et les stèles "au masque". Certaines semblent avoir été implantées de manière quasi isolée, d'autres sont forcément liées à une occupation humaine, à travers une nécropole. (Le documentaire -précédemment diffusé sur Arte- projeté dans l'auditorium du musée permet de suivre plusieurs campagnes de fouilles.)

   Au niveau des conclusions, il convient de rester prudent, mais il semblerait que les stèles phalliques soient plus anciennes que les anthropomorphes (certaines des premières ayant même été réutilisées pour fabriquer les secondes : les cultes ont évolué). Ces dernières sont plus souvent associées à une nécropole ou au moins une tombe. Peut-être que les premières, symboles de fertilité, ont d'abord servi à marquer le territoire d'une communauté d'agriculteurs, alors que l'apparition des secondes a coïncidé avec la formation de groupes villageois plus étoffés, aux pratiques plus élaborées... mais ce ne sont que des suppositions.

   Dans la dernière salle d'exposition, il est toujours question des stèles, mais aussi d'éléments matériels de la vie quotidienne, notamment tout ce qui touche au café. L'analyse se prolonge jusqu'à notre époque, qui voit des objets en plastique (fabriqués en Chine) remplacer parfois les productions de l'artisanat traditionnel.

   C'est donc une exposition à voir, avant de se lancer dans la (re)découverte des collections du musée, dans les étages supérieurs.

vendredi, 25 octobre 2024

L'aire de l'IG "couteau de Laguiole"

   Le feuilleton de la création de l'indication géographique pour le célèbre couteau français a connu de nouveaux rebondissements ces dernières semaines.

   Pour rappel : depuis le début du XXIe siècle, les fabricants français dénoncent la contrefaçon, le marché étant inondé de produits bas de gamme, fabriqués au Pakistan ou en Chine (et importés par des sociétés... françaises). 2013 a vu les débats parlementaires tourner autour du projet de loi consacré à la consommation, qui a débouché sur davantage de possibilités de créer des IG pour des produits non alimentaires, à condition, bien sûr, qu'elles soient rigoureusement territorialisées.

   Depuis, deux projets s'opposent, celui mené par des couteliers de Thiers (appuyés par certains assembleurs aveyronnais... qui sont peut-être leurs clients) et celui mené exclusivement par des couteliers aveyronnais, certains procédant à pratiquement toutes les étapes de la fabrication sur place (en gros : La Forge, Honoré Durand et Benoit l'Artisan).

   En 2022, la première manche a été remportée par le CLAA (l'association dominée par les Auvergnats). Mais, en juillet dernier, la Cour d'Appel d'Aix a donné raison à leurs adversaires aveyronnais. Mais la messe n'est peut-être pas encore dite, puisque le CLAA compte se pourvoir en cassation.

   En attendant, l'INPI a publié le cahier des charges de l'appellation aveyronnaise, ce qui a incité le quotidien aveyronnais Centre Presse à consacrer un article à l'aire géographique de l'appellation. C'est là que le bât blesse... parce que la liste de communes (24 au total) publiée par le quotidien est erronée !

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   Elle comprend bien 24 noms... mais deux communes sont mentionnées à deux reprises : Castelnau-de-Mandailles et Prades-d'Aubrac. Voici la carte à laquelle on aboutit à partir de cette liste :

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   En vert sont coloriées les communes de l'aire IG (selon Centre Presse). J'ai marqué en rouge la commune de Rodez (le chef-lieu départemental). Comparons avec la carte figurant dans le cahier des charges officiel :

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   Vous remarquerez que le petit trou blanc figurant sur la précédente n'apparaît plus ici, puisqu'il y a bien 24 communes coloriées, incluant donc Campouriez et Saint-Amans-des-Cots.

   Mme Franco aurait dû se relire plus attentivement.

mardi, 22 octobre 2024

Exposition sur Pigüé

   Jusqu'au mercredi 30 octobre, la mairie de Rodez héberge (au premier étage) une petite (mais fort intéressante) exposition consacrée à la ville fondée jadis, à la fin du XIXe siècle, par des Aveyronnais émigrés en Argentine. Le 5 décembre prochain, cela fera 140 ans.

   En douze panneaux (clin d’œil à l'Aveyron ?), on nous présente l'histoire de cette fondation... en fait en treize panneaux, puisqu'une introduction a été ménagée, avec le plan de l'exposition et quelques informations préliminaires.

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   On y trouve notamment l'écusson de la ville, qui fait allusion à ses richesses agricoles, celles qu'ont développées les immigrants aveyronnais, le bourg central étant lui plus artisanal et commercial.

   Les premiers panneaux insistent sur le rôle de deux personnages : Clément Cabanettes, l'initiateur du projet, et François Issaly, arrivé un peu plus tard et qui devint son bras droit. Il a survécu plus de vingt ans à Cabanettes (mort avant d'avoir atteint 60 ans) et, surtout, il a laissé un impressionnant journal intime (composé de plusieurs milliers de pages), dont un florilège a été édité il y a une dizaine d'années. (Un exemplaire est consultable à la médiathèque de Rodez.)

   La suite de l'exposition ne cache pas les difficultés de la traversée puis de l'installation. Il fallut rejoindre les lieux, au départ assez isolés. (Plus tard, les Aveyronnais ont obtenu qu'une ligne de chemin de fer soit prolongée jusqu'à Pigüé.)  Les deux premières années furent particulièrement ardues.

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   L'un des panneaux détaille la composition du premier groupe de migrants, partis de Bordeaux sur le Belgrano. Aujourd'hui encore, une relative incertitude règne sur le nombre exact de personnes ayant participé au trajet. Entre le nombre prévu et le nombre réel de partants, il y aurait eu une déperdition, les autorités françaises rechignant à laisser notamment partir des hommes jeunes qui n'étaient pas encore à jour de leurs obligations militaires. (Nous sommes en 1884.) La traversée a duré plusieurs semaines et il semble qu'il y ait eu quelques naissances... ou bien que certains enfants en bas âge n'aient pas été déclarés au départ. Bref, on nous parle d'une quarantaine de familles (40 ? 47 ?) et de 143 à 180 personnes, presque toutes aveyronnaises d'origine. Les rares exceptions sont des personnes originaires du Cantal (Jussac), de Lozère (Nasbinals) et des Pyrénées (Basses comme Hautes). Quant aux Aveyronnais, ils venaient des communes en rouge ci-dessous :

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(cliquer sur la carte pour l'agrandir)

   Comme j'ai colorié toutes les communes de la même manière quel que soit le nombre de personnes parties dans le premier convoi, la superficie élevée de certaines d'entre elles les fait injustement ressortir : très peu venaient de la région de Millau (au sud-est). Les gros contingents sont partis de la zone Bozouls-Espalion (au nord-est de Rodez), d'une partie de la vallée du Lot et d'un arc de cercle rural situé au sud de Rodez.

   (Les lecteurs aveyronnais qui observeront attentivement cette carte remarqueront que je n'ai que partiellement colorié les communes de Baraqueville et Conques-en-Rouergue -qui n'existaient pas à l'époque, les passagers du Belgrano venant précisément de Vors et de Saint-Cyprien-sur-Dourdou.)

   La fin de l'exposition évoque l'entraide (matérialisée par la création d'une société de secours mutuel) ainsi que les liens maintenus tant bien que mal avec la France métropolitaine et l'Aveyron.

   (Je signale que les panneaux informatifs alternent avec des tableaux évoquant les migrations actuelles...  bof.)

   L'accès à l'exposition est gratuit, aux horaires d'ouverture de la mairie de Rodez.

dimanche, 20 octobre 2024

The Apprentice

   Le titre de ce demi-biopic de Donald Trump fait allusion à quelque chose qu'on ne verra pas dans ce film : la période (2004-2015) durant laquelle il a animé une émission de télé-réalité, au cours de laquelle il s'est rendu célèbre par la formule : « You're fired ! »  (Vous êtes viré !).

   En revanche, on suit bien les débuts du fils d'un magnat de l'immobilier, dans les années 1970-1980. C'est une sorte de roman de formation, qui voit un gosse de riche, au départ timide et plutôt respectueux des règles, devenir un requin des affaires. Dans le rôle de Trump, Sebastian Stan (le Soldat de l'hiver chez Captain America) est assez convaincant... moins toutefois que le vrai Trump, qui est lui-même acteur de sa vie. Pas facile d'imiter le modèle sans le caricaturer.

   La véritable révélation (dans tous les sens du terme) de ce long-métrage est Jeremy Strong, qui incarne Roy Cohn, considéré comme le mentor -je dirais même le Pygmalion- de Trump : il l'a façonné, avec un mélange de rudesse et de tendresse (une tendresse plus sentimentale que paternelle, Cohn étant homosexuel).

   La première partie est pour moi la plus intéressante, bien que la moins spectaculaire : on y découvre un Donald Trump Jr emprunté, cherchant à se faire un prénom. Son père avait d'abord misé sur son frère aîné, qui l'a déçu. Lui-même n'avait au départ rien d'un entrepreneur charismatique. Ne se droguant pas, ne buvant pas d'alcool, croyant au grand amour, respectant la loi, le jeune homme ne ressemble guère moralement à celui qui est devenu, des années plus tard, président des États-Unis. La manière dont l'avocat véreux, ami de la Mafia, à l'occasion maître-chanteur, va lancer la carrière de Trump est fort bien mise en scène (par l'auteur des Nuits de Mashhad)... et ruine la légende que ce dernier a tenté d'imposer. Si le gosse de riche est devenu multi-millionnaire, c'est en mentant, en trichant, en corrompant, en trahissant voire en volant.

   L'autre facette intéressante de cette première partie est la formation du couple qu'il forme avec Ivana, très bien interprétée par Maria Bakalova. Elle est certes très belle, mais elle tranche sur le profil classique des chasseuses de mari riche : elle compte mener sa propre carrière et veut conclure un mariage d'amour. Les débuts sont filmés comme une comédie romantique, avant que les choses ne se gâtent.

   C'est d'ailleurs au sein de la relation de couple que le renversement se fait sentir en premier. A la flamme des débuts a succédé une relation de convenance, qui vire au sordide lors de la scène de viol conjugal.

   A partir de ce moment, on comprend que, non seulement l'élève n'a plus besoin du maître, mais qu'il l'a dépassé, tout comme il avait auparavant pris le dessus sur son frère aîné puis sur son propre père, dont il estime avoir éclipsé le succès.

   Je trouve néanmoins que la peinture du Trump triomphant est moins novatrice que celle du débutant. J'aurais aimé quelque chose de plus cinglant : je pense que des partisans de Trump pourraient apprécier ce film, qui retrace la success story d'un winner sans scrupule, qui obtient l'argent, les jolies femmes et la célébrité, en attendant le pouvoir.

23:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Brokenwood, saison 9

   France 3 achève ce dimanche soir (presque un an après la saison 8) la diffusion de la neuvième saison de cette série policière néo-zélandaise atypique.

   Introduit par une reprise de Born to be wild, l'épisode programmé en première partie de soirée (la suite consistant en des rediffusions) s'intitule La Mariée était en cuir (Motorcycle Mamas dans la version originale, toujours aussi savoureuse). Les cinéphiles noteront que les traducteurs ont voulu faire un clin d’œil à un film de François Truffaut.

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   Au cœur de l'histoire se trouve une bande de motardes, toutes anciennes détenues. L'homme que l'une d'entre elles devait épouser est retrouvé mort le matin du mariage. Les suspects sont nombreux, au sein de la bande comme à Brokenwood même. L'enquête, bien menée, à son rythme, réserve des surprises... et quelques moments cocasses. Cela conclut agréablement une saison à la hauteur des précédentes.

   Sur le site de France Télévisions, on peut (re)voir les cinq autres épisodes composant la saison 9.

   Le premier, intitulé Brokenwood, le musical, se déroule dans le milieu de la comédie musicale, avec ses aspirations et ses ridicules. Il aborde un délicat sujet de société (qui continue hélas de défrayer la chronique) et, développe, en parallèle, un aspect de la vie personnelle du lieutenant Chalmers, tout en traitant, par la bande, de la place des Maoris.

   Le deuxième épisode, On ne choisit pas sa famille, baigne dans les secrets intimes et les faux-semblants. On y croise plusieurs personnages rencontrés les saisons précédentes. L'intrigue est assez tordue, avec un petit côté Agatha Christie.

   Le troisième épisode, Les Petites Sœurs de Sainte-Monica, nous plonge dans l'ambiance d'un couvent dont les pensionnaires ont fait vœu de silence... jusqu'à ce que l'une d'entre elles soit assassinée. Cela fait un peu déjà-vu, mais l'histoire est traitée avec délicatesse et ironie. Les nonnes réservent pas mal de surprises... et les enquêteurs rivalisent d'esprit pour créer, en anglais, des jeux de mots à propos des bonnes sœurs (en jouant sur la sonorité none).

   Le quatrième épisode, Comme chien et chat, traite de l'assassinat d'une vétérinaire. Chiens, chats, chevaux et ... une tortue (celle du commerçant ambulant Frodon), sont au programme. Au-delà de l'aspect criminel, ce volet est particulièrement marqué par le côté décalé propre à la série : plusieurs habitants sont vraiment bizarres... sans forcément représenter un danger.

   Le cinquième épisode se démarque de l'ensemble. Intitulé En plein cœur, il déroule deux histoires en parallèle. D'un côté, on suit le commandant Shepherd dans sa quête de la signature des papiers du divorce par sa précédente épouse, qui vit dans un coin reculé de Nouvelle-Zélande (ce qui est la moindre de ses étrangetés). Pendant ce temps, une fois n'est pas coutume, son équipe enquête sans lui, sur une affaire des plus mystérieuses : le décès, dans un motel, d'un homme, d'un arrêt cardiaque provoqué par un fragment de balle, entré dans son corps par... le périnée. Durant cet épisode, la médecin-légiste (d'origine russe, et désespérément amoureuse du commandant) s'en donne à cœur joie.

   J'ai été ravi d'apprendre que la dixième saison a déjà été diffusée aux antipodes. Nous aurons donc l'occasion de suivre (le plus tôt possible, j'espère) les nouvelles aventures de la fine équipe néo-zélandaise.

   P.S.

   L'intrigue de lépisode 5 a la particularité de tourner autour d'un périnée, une partie de l'anatomie dont il est très rarement question dans les fictions. La dernière fois que j'en avais entendu parler, c'était dans l'adaptation cinématographique (délicieusement grossière) d'Alerte à Malibu.

   Les Français qui ont un peu de mémoire se rappelleront qu'au début du mandat de Nicolas Sarkozy (2007-2012), on a beaucoup glosé sur le périnée présidentiel...

samedi, 19 octobre 2024

Megalopolis

   Le titre est un peu ambigu. De prime abord, il désigne New Rome, le projet ambitieux (démesuré ?) d'un architecte démiurge... mais il s'applique tout aussi bien à l'actuelle ville de New York et, par métonymie, à l'ensemble des États-Unis. Francis Ford Coppola se demande si son pays, celui de la liberté et de la créativité, n'est pas sur le point de sombrer sous le poids des manigances politiques et de l'appât du gain.

   Pour sa démonstration, il compare New York à la Rome antique, pas celle du Bas Empire, réputé décadent, mais celle de la République finissante, qui vit se côtoyer Jules César, Crassus, Cicéron, Catilina ou encore Clodius Pulcher. Négligeant toute vraisemblance historique, Coppola réattribue les noms à sa guise, allant jusqu'à fusionner César et Catilina (pour en faire son héros).

   En outre, le cinéaste cède à son péché mignon : faire de belles images. Du coup, l'aspect dénonciateur passe au second plan, enseveli sous les paillettes et les évolutions de personnages féminins à la cuisse légère...ment vêtue. (L'hyper-sexualisation de ces charmantes jeunes femmes n'a visiblement posé aucun problème à la critique bien-pensante.)

   En gros, voici le tableau : un conflit éclate entre le maire de New York et l'architecte visionnaire. Le premier (incarné par Giancarlo Esposito, sorte de Morgan Freeman d'occasion) est un politique à l'ancienne, qui compose avec le système, accepte la corruption, tout en cherchant à améliorer la vie quotidienne de ses concitoyens. Le second (interprété par Adam Driver, qui semble parfois se demander ce qu'il est venu faire ici) veut renverser la table et créer une ville totalement nouvelle, futuriste, quitte à déloger les habitants modestes. Il est soutenu par un banquier philanthrope (Jon Voight, qui fait peine à voir).

   A la fois dans l'ombre et sous les projecteurs (côté paillettes), Clodio Pulcher profite de la life et attend son tour. Shia LaBeouf fait bien le job, je trouve.

   Les personnages féminins ont davantage retenu mon attention. La plus intéressante est sans conteste Wow Platinum, une vipère arriviste, prête à vraiment tout pour arriver à ses fins. (Très bonne prestation d'Aubrey Plaza qui, de surcroît, n'est pas désagréable à regarder.) Elle croise la route de la fille du maire, Julia, qui se cherche, tant sexuellement que politiquement. Dans la première moitié du film, ce personnage est vraiment intéressant (parce qu'il fait preuve d'indépendance) ; par la suite, Julia passe au second plan, s'affadit.

   Je trouve que globalement, la caractérisation des personnages ne permet pas de réellement s'attacher à eux. Leurs interactions manquent de naturel, les dialogues étant de surcroît trop explicatifs ou démonstratifs. Résultat : on s'ennuie devant ce qui est censé être un tableau de maître, mais ressemble à de l'art pompier.

20:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 18 octobre 2024

Le Robot sauvage

   Ce robot est en fait une robote (Rose), échouée sur une île peuplée d'animaux sauvages, avec lesquels elle va s'évertuer à sympathiser. Pas facile quand (au début du moins) on ne comprend pas leur langage et quand on est considérée comme un monstre menaçant.

   Cette amorce est particulièrement emballante, avec beaucoup de traits d'humour, destinés à la fois aux adultes et aux enfants. C'est l'une des grandes réussites de ce film d'animation que d'avoir construit une histoire à la fois limpide et complexe, accessible à différents publics.

   Techniquement, c'est d'une qualité impressionnante... et c'est encore plus apparent quand, comme moi, on a vu le film sur un très grand écran. Les mouvements des animaux sauvages sont d'une incroyable fluidité, alors que ceux que la robote, moins  naturels, plus élaborés, sont parfois sources de gags. (Le réalisateur, Chris Sanders,  est l'auteur des Croods et de L'Appel de la forêt.) J'ai aussi été très sensible aux couleurs, à la luminosité. Le film sollicite chez son public sa capacité d'émerveillement. Ce n'est pas si fréquent.

   De plus, l'histoire n'est pas cucul-la-praline. Il est certes question d'amour, d'amitié, d'entraide, d'inadaptation, de parentalité, des éléments basiques mais intégrés de manière habile à l'intrigue. Cerise sur le gâteau : si la nature est magnifiée par les images, elle est bien représentée comme cruelle. Le souci d'un certain réalisme l'a emporté sur le politiquement correct à la Disney. (Ça tombe bien : on est chez DreamWorks.)

   On rit (surtout dans la première partie), on profite des péripéties... et l'on s'émeut aussi (plutôt dans la seconde partie). Je n'ai pas la larme facile, mais, franchement, ce film m'a pris aux tripes. C'est un formidable vent de fraîcheur dans un océan de productions trop aseptisées. De surcroît, la version française est excellente, avec notamment Sara Martins dans le rôle de la robote.

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dimanche, 13 octobre 2024

L'Heureuse Elue

   Cette comédie sociétale est signée Frank Bellocq, le Franki Ki de Groland, connu pour être le créateur de la série Soda. On sait donc dès le départ que le raffinement ne risque pas d'être la qualité majeure de ce film.

   On semble avoir beaucoup misé sur l'interprète principale, Camille Lellouche, qui incarne une sorte de virago qui jure comme un charretier. Fiona est d'origine populaire, ex-apprentie coiffeuse devenue chauffeuse VTC. Sa rencontre avec un beau gosse de riches va produire des étincelles.

   Celui-ci est incarné par Lionel Erdogan, sorte d'Ashton Kutcher à la française. Benoît s'est mis dans une situation inextricable, dont il pense pouvoir se sortir en dupant ses parents ; il fait passer Fiona pour sa fiancée, espérant ainsi récupérer au passage le financement du mariage.

   L'histoire est bien lancée, avec les (gros) problèmes de Benoît et sa quête de fiancée de location (Fiona n'étant pas son premier choix). Le réalisateur mise sur l'effet de contraste : entre la prolo cash, qui jure, qui rote, qui pète (et qui vomit), et la famille de Benoît, des grands bourgeois coincés en vacances à Marrakech, cela ne peut que mal se passer.

   Mais la petite Cendrillon des cités réserve quelques surprises. Elle semble (presque) capable de se faire passer pour un mannequin, à tout le moins pour une personne distinguée. Son tempérament pourrait aussi se révéler utile pour résoudre certains problèmes familiaux.

   En face, la distribution est de qualité : Michèle Laroque, Gérard Darmon, Clémence Bretécher et Amaury de Crayencour ont parfaitement endossé leur costume. La première incarne une cheffe d'entreprise qui mène sa famille à la baguette. Le second est un époux et père aimant, pas emballé par le régime qu'on lui fait subir. La troisième est une petite vipère et le quatrième un connard de première. On est dans la caricature, mais bien faite, je trouve.

   Sans surprise, le séjour à Marrakech ne va pas se passer comme prévu. A plusieurs reprises, cela dérape... et l'on rit.

   Comme cette comédie se veut familiale, la peinture ironique des protagonistes se teinte de tendresse. Au cours de ce week-end, ils vont tous (plus ou moins) s'amender, grâce notamment à Fiona, qui, sous ses airs de poissonnière, est une jeune femme honnête au grand cœur.

   Cela dure à peine 1h30 et l'on passe un bon moment.

15:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films