samedi, 01 février 2025
Une Nuit au zoo
Le titre de cette animation franco-belgo-canadienne fait immanquablement penser à La Nuit au musée. Il n'y est pourtant pas question de statues de cire qui prennent vie, à la fin du jour. Mais les pensionnaires du zoo vont connaître un destin comparable puisque, une nuit, après la fermeture de l'établissement, une irruption extra-terrestre va sortir tout ce petit monde de son endormissement... mais pour progressivement les transformer en zombies.
C'est bourré de clins d’œil aux films d'épouvante, de La Nuit des morts-vivants à Alien, en passant par Les Dents de la mer, le méconnu Critters... et même Madagascar (sans les à-côtés nauséabonds) : les héros de l'histoire forment une troupe hétéroclite d'animaux, qui vont devoir apprendre à collaborer pour s'en sortir. Ici, la girafe est remplacée par une autruche, le lion par un puma... et l'on a même un lémurien et une hippopotame, mais naine !
L'action est menée par le puma et une jeune louve au grand cœur, qui finit par rallier le grand costaud à son projet : sauver les animaux infectés, grâce à un procédé totalement abracadabrantesque (mais que je laisse à chacun le plaisir de découvrir).
Sur le fond, le film propose donc un double niveau de lecture, entre l'aventure d'une troupe qui doit (apprendre à) se serrer les coudes (pour les enfants) et les nombreux clins d’œil cinéphiles (destinés aux adultes). On a même droit, en cours de route, aux commentaires de Xavier (le lémurien), qui provoquent un effet de mise en abyme.
L'attelage m'a toutefois semblé bancal. Le côté un peu enfantin des relations entre les personnages empêche les adultes de s'y retrouver pleinement et l'aspect film d'horreur, bien qu'atténué par l'apparence des animaux zombifiés, risque de ne pas convenir au plus jeune public.
C'est dommage, parce que, sinon, cela constitue un honnête divertissement, avec une belle morale.
10:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 30 janvier 2025
Mufasa
A l'ère du développement durable et de la collecte sélective des déchets, les géants d'Hollywood se mettent au diapason et pratiquent un recyclage éhonté de leurs anciens succès. Et donc, cinq ans et demi après la nouvelle version du Roi lion, en voici la préquelle, elle aussi en animation numérique.
Pour être vraiment honnête, je dois dire que, dans une grande salle, sur l'écran, c'est souvent superbe. Paysages et animaux sont soignés (plus que les dialogues et les chansons en tout cas...), en particulier les félins... et donc je craque.
Derrière cette représentation de gros chats au comportement souvent anthropomorphe, il ne faut pas chercher trop de réalisme, même si, au niveau de l'animation, on a parfois l'impression que les auteurs ont regardé des documentaires animaliers.
Mufasa, le papa de Simba, a connu un destin semblable à celui de son fils. Il a été séparé de sa famille, victime de trahison, a rencontré l'amour en exil, au fur et à mesure qu'il se bâtissait une stature de roi de la jungle. Bref, rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est que les personnages féminins (principalement les lionnes) sont très présents dans l'histoire.
Cela dure quasiment deux heures, mais l'on ne s'ennuie pas, tant les péripéties sont nombreuses. Je trouve même que cela va un peu trop vite au début. J'aurais aimé qu'on nous laisse savourer davantage certaines scènes, avec ces magnifiques félins en mouvement.
Sur le fond, il question de famille, d'amitié, d'amour et de solidarité inter-espèces, avec des messages généreux, bien que parfois un peu cucul-la-praline. La beauté des images aide à supporter ces points faibles... ainsi que la médiocrité des chansons (entendues en version française).
P.S.
J'ai comme l'impression qu'on nous prépare une suite, centrée sur le personnage d'une jeune lionne...
20:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 27 janvier 2025
Vol à haut risque
Cela commence comme Ma Cabane au Canada en Alaska et cela continue sur un air de Y a-t-il un pilote pour sauver le témoin ?... Le nouveau film de Mel Gibson oscille donc entre thriller et comédie. On ne sait pas toujours s'il s'agir de premier ou de second degré... et cela vaut peut-être mieux.
Les trois quarts de l'histoire se déroulent dans un avion, un vieux Cessna dont on se demande s'il a vraiment besoin des péripéties qui se déroulent à l'intérieur pour risquer de s'écraser. J'ai trouvé ce huis-clos assez réussi, entre un pilote psychopathe, une US Marshall autoritaire et un témoin casse-couilles.
Cependant, Mark Wahlberg en fait trop dans le genre tueur impitoyable, dingo... et à moitié chauve ! (Mais qui est responsable de cette caractérisation ridicule ?) Même chose pour Topher Grace, l'horripilant comptable repenti d'un gang mafieux. En revanche, Michelle Dockery (déjà très emballante dans Downton Abbey II) est absolument délicieuse en policière autoritaire, tenace, mais tout de même un peu tenaillée par son passé. J'ai pris beaucoup de plaisir à la voir menotter... et frapper ces messieurs. Ils ont bien de la chance !
L'agent Madelyn Harris a donc fort à faire, entre un assassin complètement barré, un témoin au mental d'un gamin de dix ans, une patronne un peu à l'ouest (et suspecte), le patron de sa patronne lui-même aussi suspect... et un contrôleur aérien dragueur... mais dont elle a bigrement besoin pour tenter de mener l'avion à bon port.
L'intrigue est cousue de fil blanc, mais contient quelques moments spectaculaires et/ou cocasses. L'écrin alaskien de ce périple aérien est très joli... mais totalement virtuel : ça a été tourné à Las Vegas, dans un machin ultra-moderne.
Cela fait agréablement digérer un repas, en soirée, mais cela sera assez vite oublié.
23:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Jouer avec le feu
C'est dans une salle remplie de mamans et de grands-mamans que je me suis retrouvé pour voir ce film consacré à un papa formidable. Vincent Lindon a la cote auprès de ces dames et il est vrai qu'on lui a taillé un costume des plus séduisants : veuf inconsolable, papa poule pour ses fils déjà grands, cheminot caténairiste pointilleux, ancien militant syndical (sans doute CGT) et toujours militant de gauche, de la vraie, celle qui n'aime ni les racistes ni les patrons.
... et cela tombe bien (ou mal), puisque l'un de ses fils va se faire entraîner par une bande de crânes rasés aux idées courtes. Ce fils est incarné par un autre acteur formidable, Benjamin Voisin (qu'on a pu voir notamment dans Illusions perdues).
J'ai aimé ce début, où le réalisateur met en valeur le travail des ouvriers du train ainsi que la passion du football, capable de réunir dans les stades ouvriers et cadres, gauchos et fachos, noirs et blancs....
Le père se retrouve dans une situation que nombre de (grands)parents progressistes doivent connaître : voir une partie de sa progéniture contaminée par les idées haineuses, jusqu'à la violence extrême. Dans cette situation, le père est placé devant un dilemme : soit il essaie à tout prix de ramener son fils dans "le camp du bien", quitte à le perdre définitivement, soit il accepte sa dérive, l'espérant temporaire et se positionnant comme un refuge possible pour le jeune homme égaré.
La deuxième heure embarque le film dans une direction inattendue. Deux coups de théâtre font sortir l'intrigue des chemins balisés. Même si je trouve le trait un peu trop appuyé, je reconnais que cette histoire est forte, interprétée par des comédiens de premier plan.
19:19 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, france
mardi, 21 janvier 2025
Je suis toujours là
Cette phrase pourrait être prononcée par deux personnages de cette fiction à caractère documentaire. De prime abord, on pense au père de famille, ancien député brésilien (de gauche), ingénieur, qui disparaît au début des années 1970, suite à une arrestation à son domicile. Son absence se fait cruellement sentir, elle rend sa présence (en pensées et en photographies) plus cruciale que jamais.
Mais cette phrase pourrait tout aussi bien sortir de la bouche de son épouse, archétype de la grande bourgeoise qui, après des études universitaires (sans doute inachevées), s'est dévouée à l'éducation des (cinq) enfants et à la tenue de la maison familiale. Formidablement incarnée par Fernanda Torres (qui mériterait de recevoir une statuette en mars prochain), l'épouse un peu compassée doit prendre les rênes de la famille et sortir de sa zone de confort. On la croit dévastée (ce qu'elle est, dans un premier temps), mais elle va bigrement rebondir, de manière assez inattendue (pour qui ne connaît pas l'histoire de la personne qui inspiré ce rôle).
En attendant cette opiniâtre transformation, Walter Salles nous livre une première partie très enlevée. Avec une image d'aspect pelliculaire, des couleurs parfois un peu saturées et une entraînante musique d'époque (brésilienne, anglo-saxonne... et même française), le réalisateur ressuscite le début des années 1970, dans la classe moyenne progressiste de Rio. Les premières années de la dictature militaire semblent avoir peu frappé cette élite, qui s'estime (peut-être à tort...) intouchable. On gagne bien sa vie, on s'amuse et, parfois, on aide les mouvements armés qui s'opposent au régime. Tout cela est montré avec subtilité et une certaine fluidité dans la mise en scène. Les interprètes sont excellents.
Au bout d'un moment, cela se dégrade. Commence alors une sorte de thriller politique, là encore brillamment mis en scène, avec une étonnante économie de moyens. Salles parvient à camper des ambiances très différentes, sans effet tape-à-l’œil. On pense à certains films consacrés à la dictature argentine (comme Garage Olimpo, Buenos Aires 1977, Agnus Dei, Rojo, et, l'an dernier, They shot the piano player) ou à son équivalent chilien (Nostalgie de la lumière, Le Bouton de nacre ou, plus récemment, Chili 1976, dont l'héroïne est aussi une femme).
La fin a parfois désarçonné certains spectateurs. Elle nous fait faire un petit bond dans le temps, nous projetant à une étape de la vie où la mémoire du passé revêt une importance particulière. J'ai trouvé cette conclusion très émouvante et le film, globalement, remarquable. C'est mon premier coup de cœur de l'année 2025.
20:22 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
lundi, 20 janvier 2025
Un mystérieux résistant aveyronnais
Il a fait l'objet d'un article, aujourd'hui, dans Centre Presse. Il s'agit d'Antonin Rocamora, un illustre inconnu. Il s'était engagé très jeune, avant ses dix-huit ans (en sachant qu'à l'époque la majorité était fixée à 21...), dans la nouvelle armée française (celle dirigée par de Lattre de Tassigny)... et il est mort, quelques mois plus tard, il y a bientôt 80 ans, en Alsace, comme le précise la fiche qui lui est consacrée sur le site Mémoire des hommes :
Le lecteurs aveyronnais noteront la coquille concernant la commune de naissance, qui n'est pas « Anet le Château » mais Onet-le-Château.
En consultant les archives en ligne de l'Aveyron (partie recensements de la population), je n'ai pas trouvé trace du moindre Rocamora, dans la commune d'Onet, en 1931 comme en 1936.
La naissance dans cette commune-là ne fut peut-être que le fruit du hasard. Le nom Rocamora me semble d'origine espagnole. C'est peut-être dans le bassin (du côté d'Aubin) qu'on a des chances de trouver trace de la famille.
22:52 Publié dans Aveyron, mon amour, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : historie, occitanie, actualité, actualite, actu, actualites, actualités
dimanche, 19 janvier 2025
Personne n'y comprend rien
Le titre est une citation de Nicolas Sarkozy, lors d'un entretien télévisé au cours duquel il se défend des accusations portées contre lui. Les journalistes de Mediapart le "prennent au mot". Devant la caméra de Yannick Kergoat, ils ont pour objectif de rendre intelligible l'ensemble de ce qu'on peut appeler "le dossier Kadhafi", auquel ils ont déjà consacré un livre. L'avertissement du début comme le texte qui s'affiche à la fin (qui évoquent la présomption d'innocence) sont à considérer avec recul. Je pense que ce sont des précautions pour éviter des poursuites, le film étant un brûlot à charge, qui sort à point nommé, quand débute un nouveau procès de l'ancien président de la République.
Pour que cette heure quarante consacrée à des magouilles politico-financières ne soit pas trop austère, un dispositif audiovisuel a été mis en place. Le cœur du documentaire est constitué d'entretiens face caméra, dans ce qui ressemble à un appartement bourgeois du centre de Paris. Ces séquences sont croisées avec des archives télévisuelles, des extraits d'articles... presque tous de Mediapart (exceptionnellement du Monde ou de Libération, où a jadis travaillé Laske). Sur les affaires Sarkozy, il manque notamment les enquêtes du Canard enchaîné... mais, étant donné les mauvaises relations qu'entretient Laske avec sa direction, cette absence n'est guère étonnante.
A ce matériau de base sont ajoutés des documents issus des dossiers judiciaires, notamment des écoutes téléphoniques et des relevés de textos.
Enfin, de manière très pédagogique, une frise chronologique se déroule au bas de l'écran, pour situer tel ou tel événement dans l'historique des affaires politico-judiciaires.
C'est donc assez passionnant à suivre et cela nous fait revivre un pan de l'histoire de la Ve République, de la deuxième cohabitation (1993-1995) au début des années 2020. Outre Nicolas Sarkozy, les principales cibles des auteurs sont Claude Guéant et Brice Hortefeux, auxquels il faut ajouter Thierry Gaubert, "Mimi" Marchand, ainsi que les (troubles) intermédiaires Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri.
C'est dans l'utilisation des déclarations de ces deux derniers que l'on sent le plus l'orientation du film. Les journalistes ont choisi de considérer comme fiables les propos qui vont dans le sens de la condamnation de N. Sarkozy et tentent plutôt de démonter les affirmations qui vont en sens contraire. C'est peut-être la partie la moins convaincante du film. Le reste est assez accablant, mais fondé sur très peu de preuves tangibles. Le propos s'appuie bien sur des recoupements (principalement de déclarations), mais on aboutit plutôt à un faisceau de présomptions.
Ainsi, la seule preuve matérielle d'un versement d'argent reliant la Libye à l'entourage de Nicolas Sarkozy est un virement (en deux temps) de 440 000 euros, destiné à Thierry Gaubert, par l'intermédiaire de Z. Takieddine (plus précisément d'une de ses sociétés). Mais rien dans le film ne permet d'affirmer que cette somme, reçue par ce familier de N. Sarkozy, a un lien avec sa campagne présidentielle. Comme le précisent les auteurs du documentaire, Gaubert était de lui-même devenu proche de Z. Takieddine, indépendamment de sa relation avec le futur président de la République. Le versement, incontestablement originaire de Libye, pourrait avoir servi à autre chose.
Du coup, celles et ceux qui n'aiment pas l'ancien président trouveront que le film démontre implacablement sa culpabilité. Celles et ceux qui l'apprécient trouveront que la démonstration repose sur des bases fragiles. Pour moi, le financement de la campagne présidentielle de 2007 demeure toutefois incontestablement entaché de malversations... mais, si les avocats de N. Sarkozy se débrouillent bien, cela pourrait ne déboucher que sur la condamnation des "fusibles", en particulier Claude Guéant.
Une zone grise demeure inexpliquée : pourquoi le camp sarkozyste, qui semblait jusqu'en 2010 si proche du dictateur libyen, a-t-il aussi brutalement retourné sa veste ? (C'était avant que ne sortent les enquêtes.)
10:22 Publié dans Cinéma, Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, politique, france, médias, presse, journalisme
samedi, 18 janvier 2025
Hiver à Sokcho
Réalisée par un Franco-Japonais, cette adaptation d'un roman évoque la rencontre de l'Orient et de l'Occident, à travers un métissage franco-(sud-)coréen. L'action se déroule dans une petite ville de province, Sokcho, à proximité de la Corée du Nord.
Cette localisation est l'occasion, pour le réalisateur, de placer l'une de ses séquences aux alentours de la célèbre DMZ, zone démilitarisée qui sert de frontière entre les deux Corée... et qui se visite (sous certaines conditions).
Le début est assez emballant, avec des plans en panoramique ou en travelling, qui présentent le paysage (urbain comme rural) de manière inspirée. Le souci esthétique ne conduit cependant pas le réalisateur à nous livrer une carte postale de cette région : le dessinateur Yann Kerrand (Roschdy Zem, qu'on déjà vu bien meilleur ailleurs) semble débarquer dans une province reculée et loge dans l'une des plus mauvaises chambres d'un hôtel médiocre.
J'ai d'ailleurs été agacé par ce personnage. C'est un Français plutôt mal élevé, un peu mufle sur les bords (et peut-être aussi au milieu), avec un côté "artiste" qu'on a trop exagéré à mon goût. J'ai davantage apprécié la composition de Bella Kim en jeune femme entre deux mondes, trop française pour être considérée par certains de ses concitoyens comme une compatriote pur jus et trop coréenne pour pouvoir passer pour une authentique Française.
A travers son personnage, on nous fait aussi toucher du doigt la pression sociale qui pèse sur les jeunes femmes. Au-delà d'un certain âge, il faut être mariée et il convient de se plier aux canons modernes de la beauté. Le problème est que, quand on voit la comédienne (que je trouve ravissante), on se dit que certaines réflexions sont hors-sujet, ou bien révèlent la bêtise des personnes qui les profèrent, complètement bouffées par la banalisation du recours à la chirurgie esthétique dans ce pays. En revanche, rien ne nous est dit des difficultés qu'a pu rencontrer la mère à élever seule sa fille, de surcroît issue d'une union avec un étranger.
Pendant la majorité du film, le doute demeure sur le personnage de Yann Kerrand : est-il ou pas le père de Soo-Ha ? Qu'est-il réellement venu faire dans ce bled ? Et la jeune femme, que cherche-t-elle en se rapprochant de lui ?
La résolution de ces pseudo-énigmes n'est guère passionnante. En revanche, de nombreuses scènes font preuve d'un véritable sens de la mise en scène, avec une habile utilisation des grands espaces (une plage, un pont urbain) comme des ambiances confinées (une chambre d'hôtel, une minuscule salle de bains). Les scènes de repas sont de plus très alléchantes, faisant un peu penser à L'Odeur de la papaye verte, de Tran Anh Hung.
Du coup, je suis sorti de là mitigé. La forme est réussie, mais je trouve que le fond manque de substance ; il est de plus parfois abordé de manière maladroite.
19:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Conclave (le roman)
Quand j'ai évoqué le fait que Conclave, le récent film d'Edward Berger, était l'adaptation d'un roman éponyme, j'ai, presque toujours, provoqué la surprise chez mes interlocuteurs. Pourtant, le bouquin a connu le succès lors de sa sortie en France. Il a bénéficié d'une édition de poche en 2016 et il est ressorti depuis, avec une nouvelle couverture (liée au film). C'est la précédente édition que je me suis procurée, à la fin de l'année dernière :
L'auteur, Robert Harris, est un ancien journaliste, reconverti dans le roman historique, genre dans lequel il a connu le succès (un succès mérité selon moi). J'ai lu plusieurs de ses livres et je n'ai jamais été déçu. Parmi ceux-ci, je conseille notamment Fatherland, Enigma et Archange.
L'adaptation cinématographique est assez fidèle au roman. Parmi les différences, il en est une qui est d'importance : le personnage principal (le Doyen). Dans le film, il s'agit du cardinal Lawrence (un Britannique), interprété (avec talent) par Ralph Fiennes. Mais, dans le roman, ce personnage est italien et s'appelle Lomeli. Cela donne une sensibilité légèrement différente à certaines scènes, selon qu'on les a lues ou vues filmées.
La trame de l'intrigue est grosso modo la même. J'ai préféré le roman en raison des détails supplémentaires qu'il fournit (notamment sur les scrutins). Je trouve aussi qu'il est plus évocateur, sur le plan visuel, quand il est question des déplacements des cardinaux ou des tableaux présents au Vatican. (C'est peut-être dû aussi au talent de la traductrice, Natalie Zimmermann.)
Quand on a vu le film avant de lire le roman (ce qui est mon cas), on repère, à intervalle régulier, les indices disséminés par l'auteur pour annoncer l'ultime coup de théâtre, qui est le même dans les deux œuvres. Du coup, je trouve que la révélation finale est moins abrupte dans le roman que dans le film... et, donc, pour moi, moins grotesque.
(Il serait intéressant de connaître l'opinion de personnes qui ont lu le roman avant, pour savoir si leur ressenti est le même.)
10:52 Publié dans Cinéma, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, roman, littétarure, livre, livres
dimanche, 12 janvier 2025
Columbo au féminin
J'ai récemment découvert une nouvelle série policière, Elsbeth, dont la diffusion a débuté mercredi dernier, sur TF1. Dans le jargon télévisuel, elle est qualifiée de spin-off, c'est-à-dire qu'elle est dérivée d'une autre série... deux, en fait : The Good Wife et The Good Fight (dont je crois n'avoir jamais vu le moindre épisode).
Le personnage principal est une avocate, qui a quitté Chicago pour New York, afin de "chaperonner" les enquêteurs de la police criminelle, dont la réputation a été entachée par plusieurs scandales. On apprend assez rapidement qu'une autre mission lui a été (discrètement) assignée : vérifier si la direction de la Crim' n'est pas corrompue.
Cette avocate ne paie pas de mine, de prime abord. Avec sa bonne humeur, son côté excentrique et ses sacs improbables, elle est, tout comme son auguste devancier à l'imperméable fatigué, régulièrement sous-estimée, voire méprisée. Mais la dame a de la ressource : calée en droit, très observatrice et ne lâchant jamais une affaire, elle veille à coincer les criminels.
Un autre point commun entre les aventures de la néo-New Yorkaise et celles de l'inspecteur californien est le fait qu'on connaisse le coupable dès le début. On nous montre le crime en train de se commettre (plus ou moins adroitement) et, en général, on en connaît le mobile. Le reste de l'épisode est consacré à la manière dont la consultante va orienter les enquêteurs (parfois pas très subtils... surtout quand ce sont des hommes) dans la bonne direction, pour finalement confondre l'assassin. (Je l'ai écrit au masculin parce que, jusqu'à présent, je n'ai vu que des hommes blancs hétéros dans le rôle des criminels. J'espère qu'à ce niveau, un peu plus de diversité -et, n'hésitons pas à l'ajouter, de réalisme- sera visible dans les épisodes suivants.) A noter aussi l'ébauche d'une relation de "sororité" (émaillée d'humour) entre l'avocate et une policière afro-américaine. Pour l'instant, on ne nous baratine pas avec sa vie privée (forcément compliquée, si elle est l'héroïne d'une série policière)... et c'est tant mieux.
Dans le premier épisode, Bienvenue à New York, on voit l'avocate débarquer dans la mégapole, des étoiles plein les yeux. Elle a fort à faire dès sa première participation à une enquête : le coupable (que personne sauf elle ne suspecte) est un acteur connu, aussi professeur de théâtre, qui a coutume de coucher avec certaines de ses étudiantes, qui ont la moitié de son âge. Derrière l'aspect criminel se profile une dénonciation de certaines mœurs du show business.
Le deuxième épisode, De la télé à la réalité, a pour cadre une émission très populaire (dont la policière afro est une fan absolue). J'ai trouvé le scénario un peu trop gentil avec ce genre de programme, mais l'enquête est bien menée et l'allant de la comédienne principale (Carrie Preston) emporte le morceau.
Il reste à savoir si ce schéma va tenir la distance. Dans Columbo, outre le jeu de Peter Falk (et le talent de Serge Sauvion, sa voix française), c'est la présence d'invités prestigieux (dans le rôle des assassins) qui faisait le sel de certains épisodes. Je n'en avais pas moins été assez rapidement lassé. C'est le risque ici aussi.
17:11 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, télé, médias
samedi, 11 janvier 2025
Panda
TF1 vient de commencer la diffusion de la deuxième saison de cette série française, que l'on peut qualifier de comédie policière. Ses ingrédients sont puisés à deux sources : la tradition des enquêtes à deux et l'univers (réel ou supposé) du chanteur Julien Doré, qui incarne le héros éponyme, Victor Pandaloni, surnommé (par apocope) Panda.
La partie la moins novatrice est cette énième version d'un duo d'enquêteurs au départ mal assortis mais qui, inéluctablement, vont finir par se rapprocher. Ophélia Kolb (qu'on voit beaucoup à la télévision) fait bien le job dans la peau d'une capitaine tenace, un peu rude de prime abord. A ses côtés, Julien Doré (Panda) occupe la place habituelle du consultant un peu "décalé".
En fait, il s'agit d'un ancien flic, qui a tout laissé tomber... mais qui pourrait reprendre du service. Sa rencontre avec la policière (dans le premier épisode de la saison 1) ne manque pas de saveur (voir ci-dessus). Celle-ci pense d'abord n'avoir à faire qu'au gérant baba-cool d'une paillote quelconque.
Il faut dire que Panda est assez déconcertant. Très branché méditation et non-violence, ce végétarien ne se déplace qu'à vélo, porte des sandales d'une célèbre marque germanique, ne possède pas d'ordinateur ni de smartphone... mais il va reprendre goût à la traque des criminels.
Le scénario comme la mise en scène jouent de l'image de Julien Doré, qui lui-même sait faire preuve d'autodérision. Je pense qu'à plusieurs reprises, certaines péripéties font référence à des détails de ses chansons.
Le duo de protagonistes est complété par des seconds rôles plutôt bien campés. Si je suis moyennement convaincu par Gustave Kervern en commissaire, je trouve Hélène Vincent remarquable en maman de substitution, ancienne braqueuse qui veille désormais sur Panda... et son fils adoptif, un djeunse assez agaçant. J'aime aussi beaucoup le personnage de la médecin-légiste (une petite coquine...) ainsi que celui du subordonné des enquêteurs, un certain Stan, reconnaissable à son horrible coupe-mulet (qui, dans un pays normalement constitué, devrait lui valoir plusieurs années de prison). Il est interprété par Maxence Lapérouse, que l'on a pu voir dans César Wagner (tout comme Ophélia Kolb, d'ailleurs).
Les intrigues sont correctement écrites, émaillées d'humour. C'est de plus bien filmé, avec de belles images de la Camargue. J'ajoute que la musique s'insère parfaitement dans l'ensemble. On la doit à Adrien Durand.
En replay, sur TF1+, on peut actuellement (re)voir l'intégralité de la saison 1, ainsi que les deux premiers épisodes de la saison 2 : Le Chant des sirènes, dont l'intrigue "aquatique" semble avoir été écrite pour coller le plus possible à Julien Doré, et Un Mariage, un enterrement, qui, en parallèle d'une enquête autour d'un enterrement de vie de jeune fille qui s'est mal terminé, explore davantage les relations entre les deux policiers (Panda et Lola).
Cela ne révolutionne pas le genre, mais, cela fait passer un bon moment.
16:43 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, télé, médias
vendredi, 10 janvier 2025
Criminal Squad : Pantera
Pour profiter pleinement de ce film d'action moulé à la louche, roulé sous aisselles, il n'est pas nécessaire d'avoir vu le premier volet, sorti il y a sept ans.
En revanche, je conseille de choisir une séance en version originale sous-titrée, le plurilinguisme des dialogues contribuant au sel de l'intrigue. Pensez donc : les deux "héros" sont citoyens états-uniens (parlant donc l'anglo-américain, leurs tentatives dans d'autres langues se révélant en général pathétiques), ils vont s'associer avec de redoutables braqueurs originaires des Balkans (parlant le serbo-croate... et sans doute inspirés de la bande des Pink Panthers), se retrouver confrontés à une mafia italienne (pudiquement appelée Octopus...), le tout se déroulant d'abord à Anvers (avec quelques Flamands, pas roses du tout), puis à Nice (en fait aux Canaries, mais bon, on va pas chipoter...).
Du coup, on entend souvent causer dans la langue de Molière François Bayrou, par d'authentiques acteurs francophones... et par d'autres, s'exprimant dans ce qu'on appelle parfois "le français de Hollywood", qui peut passer pour du français pur jus aux oreilles d'un public anglo-saxon qui n'est jamais venu en vacances dans l'Hexagone.
Deux braquages sont au cœur de l'intrigue. Le premier n'est qu'un avant-goût, mais il est efficacement mis en scène. Toutefois, avant qu'on nous serve le plat de résistance de ce film (la séquence du second braquage, vraiment très réussie), il faut attendre un peu et supporter plusieurs scènes plus ou moins bien jouées/dirigées. On a ainsi droit à quelques idées reçues sur les Frenchies (en retard à leurs rendez-vous, bouffeurs de croissants, obnubilés par le football et pas très futés). Quelques traits d'humour font mouche, mais le bilan global est plus que mitigé.
C'est un peu à l'image de la distribution. Gerard Butler (qui coproduit le film, notamment avec le rappeur 50cent...) ne cesse de décliner physiquement. Resplendissant jadis dans 300, il avait encore de l'allant dans La Chute de Londres, beaucoup moins dans La Chute du président et Mayday. Il est désormais proche de la clochardisation. Le réalisateur Christian Gudegast filme avec putasserie gourmandise l'ancien héros qui a perdu de sa superbe... et qui doit désormais compter au moins autant sur son intellect que sur son physique. C'est pas gagné...
Fort heureusement, il est bien entouré. Plusieurs seconds rôles sont incarnés par des vedettes de MMA, musculeuses et teigneuses comme il faut... la plus redoutable étant pourtant Jovanna, une organisatrice aussi séduisante qu'intelligente et déterminée, interprétée par Evin Ahmad, peut-être la révélation de ce film, où elle fait chavirer le cœur de quelques gros bras (sans parler de ceux des spectateurs masculins de la salle).
Complot, faux-semblants, cascades, gadgets numériques et poursuite en voiture sont au programme. On ne s'ennuie pas... mais l'on se désole de l'ultime coup de théâtre, aussi invraisemblable qu'inutile.
22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 05 janvier 2025
Le retour de César Wagner
Ce mois de janvier voit le retour sur France 2 du plus atypique des capitaines de police français, dont j'ai découvert les aventures il y a deux ans. La chaîne publique nous propose des rediffusions et, surtout, deux épisodes inédits.
Vendredi 3 janvier, nous avons eu droit au dixième volet de ses aventures, intitulé Les Raisins de la Koehler, un jeu de mots entre le titre du roman de Steinbeck et le nom de famille de la supérieure hiérarchique de Wagner, la commissaire, interprétée par Joséphine de Meaux (actuellement à l'affiche d'Un Ours dans le Jura). L'enquête policière met en cause des cousins de celle-ci, l'un d'entre eux étant interprété par Bruno Solo (qui en fait un peu trop en vigneron bourru).
L'intrigue est assez tortueuse... et comique. Olivia Côte (Élise) est toujours aussi savoureuse en médecin-légiste déjantée et les T.O.C. du capitaine sont assez bien mis en scène, avec une nouveauté dans cet épisode : l'utilisation d'une montre connectée, dont le capitaine pense qu'elle l'aidera à gérer son stress. C'est une source régulière de gags... et l'objet va jouer un rôle dans la résolution de l'énigme.
Vendredi prochain, 10 janvier, sera diffusé Hors jeu, le onzième épisode. Son intrigue a un fond assez sinistre, fait de harcèlement dans le milieu sportif. S'y mêle un aspect cocasse : le concours de morts bizarres qui oppose les légistes de France et de Navarre. S'ajoute à cela un contexte très délicat pour Élise : son père est frappé par cette saloperie d'Alzheimer.
Dans le rôle, j'ai eu le plaisir de revoir Rufus et j'ai trouvé Olivia Côte très touchante, dans un autre registre que celui de la gaudriole. J'ai été d'autant plus touché que je suis passé par là. Il est terrible de voir une personne que l'on aime changer complètement de personnalité, puis dépérir de manière inéluctable.
Au-delà de certains aspects macabres, sans que je puisse trop l'expliquer, je trouve que la série distille une bonne humeur communicative, à laquelle contribue sans doute une agréable musique d'ambiance.
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samedi, 04 janvier 2025
Six jours
Au début de l'histoire, ces six jours sont ceux qu'il reste à la police pour boucler une enquête criminelle (ou, du moins, trouver de nouveaux éléments permettant d'obtenir le prolongement du délai) avant que la prescription ne soit atteinte. Aujourd'hui, le délai a été porté à trente ans mais, à l'époque, il ne courait que sur dix ans.
Une partie du film est donc constituée d'une course contre la montre, celle que mènent un commandant de police obstiné (Sami Bouajila, impeccable) et la mère d'une enfant (Julie Gayet, surprenante), une cadre sup' qui n'a pas coutume de renoncer. A cette trame principale se mêlent des événements s'étant déroulés dix ans auparavant... et d'autres, se produisant, à l'inverse, des mois plus tard. C'est l'occasion de souligner la qualité du montage, à deux niveaux. D'une part, il croise habilement les époques, celles-ci étant identifiables sans peine. D'autre part, à certains moments, une scène est volontairement coupée pour que nous n'en connaissions pas immédiatement la conclusion. Cela provoque un effet de suspens et nous oblige à nous poser des questions quand on voit une scène ultérieure, sans savoir exactement comment la précédente s'est achevée.
Vous me sentez emballé par ce film (et c'est le cas)... et pourtant, au début, j'ai eu très peur. La première séquence m'est apparue trop mélo, larmoyante, avec une grosse musique pour souligner le drame. De surcroît, j'avais du mal à comprendre précisément comment un personnage pouvait être décédé. Il convient toutefois d'être très attentif à ce qu'on nous montre, parce que nous allons revivre cette séquence à deux reprises. Du point de vue d'une femme, on passe à celui d'un homme (qui revit ce moment traumatique), puis à celui d'un troisième personnage, vers la fin.
C'est donc une histoire très bien conçue, bien filmée (par l'auteur d'Insensibles), même si l'on a parfois un peu abusé de la pluie (ce qui peut s'expliquer par le fait que l'intrigue est inspirée de celle d'un film sud-coréen). Les acteurs sont épatants. Bouajila et Gayet sont (efficacement) épaulés par des figures de la fiction télévisuelle : Marilyne Canto, Manon Azem (une ex de Section de recherches), Philippe Resimont, Dimitri Storoge, Yannick Choirat, Gilles Cohen.
Je ne vais pas trop en rajouter, mais sachez que l'intrigue comporte une sorte de twist et que celui-ci est porteur de sens. Comme dans le récent Juré n°2 d'Eastwood, à un moment, certains personnages se demandent si la morale est compatible avec le strict respect de la loi. Même si leurs histoires sont différentes, ces deux films mettent en scène de manière convaincante un dilemme moral. Cela permet à ce modeste polar d'attendre un niveau inattendu. C'est l'excellente surprise de ce début d'année 2025.
23:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Sarah Bernhardt, la Divine
Ce faux biopic entrelace plusieurs périodes marquantes de la vie de la célèbre comédienne, en particulier 1896 (avec la journée hommage organisée en son honneur) et les années 1914-1923, les dernières de son existence tumultueuse. Diverses allusions à d'autres époques (notamment les années 1870 et 1880) parsèment l'intrigue, afin de brosser un portrait sensé être fidèle d'une femme hors du commun.
Pour l'incarner, il fallait une actrice d'exception : Sandrine Kiberlain, entourée d'une fine équipe empruntée à la Comédie française, à laquelle l'héroïne a d'ailleurs appartenu.
Derrière la caméra se trouve Guillaume Nicloux, qui nous a ravis l'an dernier avec Dans la peau de Blanche Houellebecq. Hélas, la plupart du temps, son talent n'est guère perceptible... à part dans la scène du début, qui n'est pas ce qu'elle semble être de prime abord. La suite est beaucoup plus conventionnelle, comme un film de commande.
Je suis aussi partagé à propos des dialogues. On a certes ménagé de nombreuses saillies au personnage principal (qui n'avait pas la langue dans sa poche et faisait souvent preuve d'une déstabilisante franchise), mais, trop souvent, on place des répliques littéraires dans la bouche d'acteurs qui ont l'air engoncé dans leurs beaux habits. (Ces tenues, tout comme les décors, flamboyants, sont toutefois à porter au crédit du film.)
Concernant le fond, là encore je ne suis guère enthousiasmé. J'ai eu l'impression qu'on juxtaposait des épisodes, plus précisément des rencontres : Sarah Bernhardt et la Guerre de 14, Sarah Bernahrdt et l'Affaire Dreyfus, Sarah Bernhardt et Victor Hugo, Sarah Bernardt et Edmond Rostand, Sarah Bernhardt et Sacha Guitry, Sarah Bernhardt et Emile Zola (à propos duquel le film affirme -de manière erronée- que c'est la comédienne qui l'aurait poussé à écrire son J'Accuse !)... Je pense qu'on a aussi exagéré la place occupée par sa liaison avec Lucien Guitry (très bien incarné par Laurent Lafitte, ceci dit).
La volonté de faire l'éloge d'une femme libre, intellectuellement et sexuellement, est tout à fait respectable, mais le résultat, sans être déshonorant, est un peu "pompier".
16:03 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
vendredi, 03 janvier 2025
Un Ours dans le Jura
Comme le déclarent assez vite deux des protagonistes de cette histoire, il n'y a pas d'ours dans le Jura... ou plutôt il n'y en a plus, depuis le milieu du XIXe siècle. Et pourtant... la première séquence nous présente un plantigrade d'assez grande taille, ma foi... en tout cas assez grand pour foutre la trouille aux humains qu'il croise. L'effet domino provoqué par sa présence, croisée avec celle de trois groupes d'humains, est efficacement mis en scène et monté.
Cela m'a mis dans de bonnes dispositions... et heureusement, parce que la suite n'est pas sans défauts, ni invraisemblances. Ainsi, quand Michel, le père de famille (Dubosc, plus ou moins convaincant) raconte ce dont il est responsable, il ne veille pas à ce que son fils n'entende pas. Plus loin, d'un plan à l'autre, son épouse (Laure Camaly, excellente) porte ou ne porte pas de gants, à un moment où c'est particulièrement crucial. Je pourrais aussi parler d'un téléphone portable, qu'une personne montre à un gendarme et qu'elle semble oublier de reprendre quand elle quitte le poste...
Néanmoins, globalement, la mécanique du rire fonctionne. Une ambiance à la Fargo règne dans cette partie du Jura, dont les habitants ne sont pas particulièrement futés... et où l'on prend parfois quelques libertés avec le respect strict de la loi. Compte tenu de la place que prend le personnage de Cathy (qui a les couilles que semble avoir perdues son mari), j'ai aussi pensé à Bonne conduite, où Laure Calamy s'était déjà distinguée.
Les autre seconds rôles sont en général bien campés. Emmanuelle Devos nous gratifie d'une jolie prestation en tenancière du Cupidon, un établissement pour adultes consentants... et les truands sont particulièrement redoutables, interprétés par des acteurs qui ont des tronches patibulaires (mais presque). Poelvoorde incarne un major de gendarmerie à la fois dépressif et débonnaire... mais le personnage de sa fille est vraiment agaçant (même si sa petite aventure nocturne ne manque pas de saveur). De manière générale, je trouve qu'on nous représente des parents plutôt laxistes avec leurs enfants. Quant au curé, je l'ai trouvé joué de manière appuyée (à l'image de certaines scènes d'ailleurs). Dubosc vise le comique de base, il ne fait pas dans la dentelle... et cela fonctionne.
Le film se veut aussi rassembleur sur certains thèmes. Ainsi, le couple formé par Cathy et Michel bat de l'aile et cette aventure va le ressouder. Dans le même ordre d'idée, les gendarmes sont dépeints comme bienveillants, notamment avec les migrants clandestins, qui sont tous des gars gentils. Enfin, le "pognon de dingue" récupéré dans le sac de sport va susciter beaucoup de convoitises... et finir par "ruisseler" sur le village. (On notera toutefois que certains bénéficiaires se lancent dans des achats qui n'ont pas grand chose à voir avec la subsistance.)
Au final, j'ai passé un bon moment, mais cela ne restera pas dans les mémoires.
P.S.
Aux spectateurs qui restent jusqu'à la fin, on propose une scène supplémentaire, qui voit le retour d'un protagoniste du début (indice : il s'appelle Valentin)...
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 02 janvier 2025
Irrational
J'ai récemment découvert cette série américaine (sur ma box mais les épisodes sont aussi accessibles sur le site de M6).
C'est un procedural, c'est-à-dire une série policière dont les épisodes suivent une certaine routine, chacun présentant une affaire complète (et, a priori, résolue à la fin). On a droit à un énième duo d'enquêteurs a priori mal assortis (ils ont divorcé l'un de l'autre) : Marisa, une gradée du FBI et Alec, un professeur de psychologie comportementale dans une université (fictive) de Washington DC. (Ses locaux sont ceux d'une fac de Vancouver, au Canada.) On pense à d'autres séries, associant des duos improbables. La plus proche (parmi celles que je connais) me semble être Perception.
La première saison compte onze épisodes, liés par un fil rouge : la réouverture d'une enquête ancienne, à propos d'une explosion dans une église, au cours de laquelle Alec a été gravement brûlé. Le traumatisme subi lui a fait oublier une partie des faits.
Alec est incarné par Jesse L. Martin (à gauche ci-dessus), que les amateurs de série policière connaissent bien : pendant une dizaine d'années, il a incarné Ed Green, l'un des principaux inspecteurs de New York, Police judiciaire.
Son personnage est en partie inspiré de quelqu'un de réel (à droite ci-dessus) : Dan Ariely, un chercheur en psychologie et analyse comportementale, qui a connu un grand succès avec le livre C'est (vraiment ?) moi qui décide, dont le titre d'origine, Predictably Irrational, a inspiré celui de la série. J'ajoute qu'il a été lui aussi marqué dans sa chair par une explosion (accidentelle). Ici s'arrêtent les ressemblances, les scénaristes ayant tenu à construire un personnage différent... notamment par la couleur de peau. (Personne n'a hurlé à "l'appropriation culturelle", ce qui aurait peut-être été le cas dans la situation inverse : un acteur blanc incarnant un personnage réel noir de peau.) Une grosse moitié des protagonistes est afro-américaine (ce qui est cohérent vu que l'essentiel de l'action se déroule dans l'agglomération de Washington).
A priori, je suis client de ce genre de programme, si le scénario est bien écrit et si les personnages ont du tempérament, le tout assaisonné d'humour. C'est le cas ici. Jesse L Martin est très bien en psychologue avisé, mais un peu torturé par ses vieux démons. Dans la VF, il est doublé par l'excellent Frantz Confiac. Au quotidien, il côtoie sa jeune sœur, informaticienne de génie (homosexuelle et un peu excentrique), ainsi que ses deux assistants à la fac, deux étudiants parmi ses plus brillants. Il enquête donc aux côtés de son ex... et du nouveau petit ami de celle-ci. Débarque aussi en cours de saison une spécialiste de la protection rapprochée, ancienne du MI 6... et excessivement charmante.
Les intrigues mêlent mystère, humour, charme et questions de société, sans que cela soit introduit de manière lourdingue. Cela ne vise pas le chef-d’œuvre, mais fait passer de bons moments. La première saison se termine sur un coup de théâtre, donnant très envie de voir la suite.
23:00 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, télé, médias
mardi, 31 décembre 2024
Les "Riton" 2024
Voici venu le temps des rires et des chants des palmarès en tout genre. Comme le veut la tradition inaugurée il y a 18 ans (comme le temps passe...) sur ce blog, je vais proposer mon palmarès cinématographique de l'année écoulée. Pas plus que pour les précédentes promotions, je n'ai pu effectuer un choix limité à un podium, ni même à dix films.
Cette année 2024 a été marquée, pour moi, par un retour gagnant de la comédie. C'est d'ailleurs l'une d'entre elles (que je n'inclus pas dans ce palmarès), qui arrive en tête des entrées, en France : Un p'tit truc en plus.
Riton de la comédie malpensante : Dans la peau de Blanche Houellebecq
Riton de la comédie misanthrope : Dîner à l'anglaise
Riton de la comédie incisive : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant (un des films de l'année)
Riton de la comédie mordante : Le Procès du chien
Riton de la comédie sépulcrale : Beetlejuice Beetlejuice (un des films de l'année)
Riton de la comédie qui tombe à l'eau : A toute allure
Riton de la comédie qui tombe à pic : The Fall Guy (un des films de l'année)
Riton de la comédie casse-gueule : Le Deuxième Acte
Riton de la comédie sans queue ni tête : Daaaaaali ! (un des films de l'année)
2024 fut aussi un bon cru pour les polars, plus ou moins déjantés.
Riton du polar (presque) sans queue : Drive-away Dolls
Riton du polar "burné" : LaRoy (un des films de l'année)
Riton du polar au masculin : A Man
Riton du polar maternel : Sons
Riton du polar de gonzesses : Santosh (un des films de l'année)
Riton du polar juridique : Le Fil
Riton du polar historique : Le Tableau volé
Cela m'amène tout naturellement aux films à caractère historique, peu nombreux dans ce florilège, mais marquants.
Riton du film antiraciste subtil : Chien blanc
Riton du film anti-communiste efficace : Rendez-vous avec Pol Pot
Riton du film archi-mémoriel : Une Vie
Riton du film extra-concentrationnaire : La Zone d'intérêt (un des films de l'année... peut-être même LE film de l'année, pour moi)
2024 a aussi vu la sortie en salles de plusieurs documentaires particulièrement bien conçus.
Riton du biopic féminin : Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres
Riton du biopic matriarcal : Bye bye Tibériade
Riton du biopic musical : They shot the piano player
Riton du biopic sociétal : Hospital (un des films de l'année, à classer avec Law and order et Juvenile Court)
Riton du biopic générationnel : La Ferme des Bertrand (un des films de l'année)
De nombreuses fictions, françaises comme étrangères, ont abordé des thèmes sociétaux, avec plus ou moins de talent et de subtilité. Voici celles qui m'ont marqué :
Riton de la famille déconstruite : En fanfare
Riton de la famille persécutée : Le Dernier des Juifs
Riton de la femme persécutée : La Jeune Fille et les paysans
Riton de l'oubli de la persécution : Memory
Riton des persécuteurs stupéfiants : Blink Twice
Riton des persécuteurs en uniforme : Heroico
Riton du coupable moral : Juré n°2 (un des films de l'année)
Certaines bonnes fictions ont l'apparence de documentaires :
Riton d'une société moyen-âgeuse : Chroniques de Téhéran (un des films de l'année)
Riton du juridisme européen : Une Affaire de principe
Riton d'une société injuste : Si seulement je pouvais hiberner
La catégorie des films d'animation demeure une valeur sûre, même si, pour moi, ce ne fut pas une année particulièrement enthousiasmante, certaines œuvres très attendues ayant déçu.
Riton de l'animation féérique : Krisha et le Maître de la forêt
Riton de l'animation maléfique : La plus précieuse des marchandises (un des films de l'année)
Riton de l'animation passéiste : Détective Conan : l'étoile à un million de dollar
Riton de l'animation futuriste : Mon Ami Robot
Riton de l'animation catastrophiste : Le Robot sauvage
Riton de l'animation survivaliste : Flow
Riton de la suite réussie : Kung Fu Panda IV
Je termine par une brochette de films inclassables, tous de grande qualité.
Riton du feuilleton à l'ancienne : Le Comte de Monte-Cristo (un des films de l'année)
Riton du petit nouveau de la galaxie : Kraven the Hunter
Riton du Marvel le plus jouissif : Deadpool & Wolverine (un des films de l'année)
Riton brillant et déjanté : Pauvres Créatures (un des films de l'année)
Si j'ai bien compté, cela fait 46 très bons films, parmi lesquels je distingue quinze œuvres particulièrement emballantes, seule peut-être La Zone d'intérêt se plaçant au-dessus du lot.
Archives "ritonnesques" :
- les "Riton" 2023
- les "Riton" 2022
- mes César pour 2021
- les "Riton" 2020
- les "Riton" 2019
- les "Riton" 2018
- les "Riton" 2017
- les "Riton" 2015 : non décernés
- les "Riton" 2014
- les "Riton" 2013
- les "Riton" 2012
- les "Riton" 2011
- les "Riton" 2010
- les "Riton" 2009
- les "Riton" 2008
- les "Riton" 2007
- les "Riton" 2006
18:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 29 décembre 2024
Juvenile Court
Ce documentaire clôt la trilogie Il était une fois l'Amérique, de Frederick Wiseman. Après avoir passé une partie de l'année 1968 à Kansas City, pour Law and order et 1969 à New York, pour Hospital, le réalisateur s'est rendu (en 1972) dans l'ouest du Tennessee, à Memphis, pour y suivre l'activité du tribunal pour enfants. (J'ai le fol espoir de voir un jour en salles Welfare, sorti en 1975, qui complète les trois précédents.)
Le documentaire nous montre le travail de différentes catégories de personnes. Il n'a filmé qu'un seul juge des enfants, un type droit, un peu terne, soucieux à la fois de protéger la société et de préserver les intérêts des mineurs. Parfois, cela semble assez facile (quand les cas sont limpides). Parfois, c'est particulièrement complexe. Le magistrat travaille en étroite collaboration avec des policiers, des procureurs, des avocats, des assistantes sociales (dont une vraiment très très jolie... et douce avec ça), des médecins, des psychiatres, des membres d'associations. On assiste par exemple à un entretien préliminaire, au cours duquel trois des cinq personnes présentes dans le bureau s'expriment : le juge bien sûr, mais aussi le psychiatre et l'assistante sociale. Il s'agit de déterminer le profil du mineur dont il est question, ainsi que d'évaluer l'ambiance familiale dans laquelle il évolue.
Les mineurs dont il est question sont soit les victimes, soit les auteurs des méfaits... mais il arrive qu'un primo-délinquant soit aussi une victime. On ne nous le dit pas, mais on peut le déduire du montage des différents entretiens, y compris les interrogatoires par le juge, qui précèdent une éventuelle audience. Dans son bureau se succèdent Noirs comme Blancs, davantage de garçons que de filles. Celles-ci sont en général plutôt des fugueuses, ou des voleuses, voire des droguées, soupçonnées de se livrer à la prostitution. Cette question se pose notamment pour une gamine de onze ans (!!!), visiblement peu surveillée par ses parents, sa mère ne vivant officiellement que de l'aide sociale... mais, comme l'un des adultes s'enquiert d'éventuels rapports sexuels, on est amené à se poser diverses questions. (La gamine pourrait déjà ne plus être vierge -à onze ans...- et sa mère pourrait tirer l'essentiel de ses revenus d'une prostitution occasionnelle...) Plus tard, on voit aussi une petite fille accompagnée de sa mère, qui accuse un garçon, chargé de garder ses enfants, de s'être livré à des attouchements sur sa fille.
Les faits reprochés aux mecs sont en général plus graves : agression sexuelle, vol à main armée, consommation et vente de drogues... Tous les types de famille semblent touchés, puisque, lorsqu'on voit les parents, il apparaît que certains d'entre eux sont issus de la classe moyenne (voire aisée).
Ceci dit, dans les séquences qui nous sont proposées, tout le monde (ou presque) est bien habillé (les costumes des policiers semblant de moins bonne facture que ceux du juge et des avocats). Peut-être est-ce dû au fait que les acteurs de ces procédures ont été au préalable informés qu'il allaient être filmés. Sinon, c'est peut-être lié à la solennité des lieux. Presque toutes les scènes ont été tournées dans l'enceinte du tribunal, un bâtiment qui en impose.
Il n'est d'ailleurs pas composé que de l'accueil et de la salle d'audience. De multiples bureaux ont été installés (sans doute dans les étages). Je crois avoir remarqué la présence d'une infirmerie, d'un vestiaire (pour habiller les enfants en cas de besoin)... et même d'un salon de coiffure ! D'autres images nous montrent des chambres de ce qui ressemble à un internat.
Cela nous amène à ce que risquent les mis en cause. Ce peut être juste un rappel à la loi ou une mesure éducative. Le plus souvent, on parle d'un placement en famille d'accueil ou de l'envoi dans un centre de redressement. La prison n'est évoquée qu'exceptionnellement et les intervenants sont en général d'accord pour estimer qu'elle n'est pas la solution pour leurs "clients", sauf ceux qui semblent sur le point de devenir des criminels endurcis.
Contrairement aux eux précédents films, assez brefs (1h20-1h25), celui-ci s'inscrit dans la durée (2h25). S'il aborde une assez grande diversité de cas, Wiseman a suivi particulièrement certains d'entre eux, presque du début à la fin : la jeune fugueuse, le drogué récidiviste touché par la foi, le babysitteur pervers, le chauffeur du braqueur de commerces.
C'est passionnant. Je recommande vivement.
20:47 Publié dans Cinéma, Histoire, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Ernest Cole, photographe
Ce documentaire retrace la vie du photographe sud-africain, connu pour avoir été l'un des premiers à révéler, par ses images, le fonctionnement du régime raciste d'apartheid mis en place en Afrique du Sud, après la Seconde Guerre mondiale. Le commentaire du réalisateur Raoul Peck est dit à la première personne, comme si Cole racontait sa propre histoire.
La première partie est pour moi la plus intéressante. A l'aide d'images d'époque, on nous fait découvrir l'Afrique du Sud au sortir de la guerre, avec ses villes modernes où les Noirs et métis ne sont autorisés à circuler que s'ils ont un permis de travail... et avec ses bidonvilles, où sont concentrés les "indésirables", à commencer par la famille de Cole. Son quartier a d'ailleurs été détruit à l'occasion d'une opération immobilière.
Une partie des photographies qui nous sont proposées sont celles prises par le jeune homme. Elles sont complétées par d'autres et par des extraits de films, soit d'actualité (quand un dirigeant du Parti National est concerné), soit de reportage (je pense notamment à certaines vues urbaines). Je trouve que la profusion est trop grande. On n'a pas souvent l'occasion de s'arrêter aux détails de ce qui nous est montré, sauf à une ou deux occasions, quand telle photographie est décryptée. Si ce procédé avait été plus souvent reproduit, le film aurait été passionnant.
La deuxième partie évoque la vie de Cole après son départ d'Afrique du Sud, en Europe puis aux États-Unis. Il y publie le recueil de photographies qui va le rendre célèbre, House of Bondage... et qui rend tout retour impossible dans son pays d'origine, tant que l'apartheid y persistera.
Cette période nord-américaine voit Cole s'intéresser tout particulièrement à la cohabitation entre Blancs et Noirs, à une époque où le pays sort de la ségrégation. Il a beaucoup pris en photo les couples mixtes. Il a aussi voulu documenter les conditions de vie des Afro-Américains aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Là encore, la profusion d'images (la plupart non commentées) finit parfois par nuire au film. En général, quand les photographies ne sont pas de Cole, c'est précisé, tout comme leur source. C'est rarement le cas des extraits filmiques.
La dernière partie est consacrée à la déchéance de Cole, qui finit dans la misère, complètement démoralisé, ne prenant plus de photographie. Les causes de cette déchéance ne sont pas bien expliquées. Le réalisateur avance le mal du pays. Il réfute tout dépendance à une drogue. La fin de vie d'Ernest Cole conserve une part de mystère (il est mort d'un cancer à quarante-neuf ans)... tout comme le parcours de centaines de ses négatifs, que l'on croyait disparus, et qui ont été retrouvés dans le coffre d'une banque... suédoise.
Le documentaire mérite le détour, surtout pour sa première partie, mais, vu la manière dont le film a été encensé, je m'attendais à mieux.
11:02 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 28 décembre 2024
Saint-Ex
J'ai fini par aller voir cet hommage à Antoine de Saint-Exupéry, réalisé par Pablo Agüero, auquel on doit, entre autres, Eva ne dort pas et Les Sorcières d'Akelarre. J'ai retrouvé dans ce film-ci les qualités techniques des précédents : un certain souffle dans la mise en scène et une photographie parfois bluffante, en particulier lorsqu'on nous propose des vues de la Cordillère des Andes.
Hélas, très vite, j'ai constaté des invraisemblances dans le déroulement des scènes. Ainsi, Guillaumet (Vincent Cassel, très bien) le mentor de Saint-Ex (Louis Garrel, tout droit sorti d'une publicité pour une marque de luxe), parvient à se poser sur une île minuscule... et à redécoller, en surcharge, avec deux hommes et... un phoque à bord !
Un autre problème se pose au niveau des gros plans tournés lorsque les pilotes sont en altitude. En général, ils se trouvent (au minimum) à 3-4000 mètres et volent à plusieurs centaines de kilomètres/heure. Leur casque de cuir devrait donc être solidement fixé à leur visage et celui-ci soigneusement recouvert... mais l'on aurait alors du mal à reconnaître les personnages. On a donc décidé de les "démasquer".
Je trouve aussi extrêmement caricaturale la caractérisation du duo d'aviateurs. Saint-Exupéry, alors âgé de trente ans, est présenté comme un adolescent attardé, irréfléchi et imprudent. Ne parlons pas non plus du soin avec lequel il traite son carnet de notes, dont des feuilles volantes s'échappent sans qu'il prenne la peine de les ramasser. Les spectateurs attentifs pourraient aussi s'amuser à relever quelques faux-raccords, notamment au niveau du port des gants.
Je ne vais pas (trop) m'acharner, parce que j'ai quand même pris du plaisir à voir ces vues aériennes, de jour comme de nuit, à suivre le condor, à observer les reflets dans la glace. C'est quand même un bel ouvrage, rabaissé par ses incohérences.
Les lecteurs de Saint-Exupéry peuvent aussi s'amuser à chercher les références à ses œuvres (presque toutes rééditées en collection de poche, chez Folio Gallimard). Le scénario s'appuie principalement sur Terre des hommes (qui relate, entre autres, le périple de Guillaumet), mais on y trouve aussi de la substance prélevée à Vol de nuit... et, bien entendu, quelques allusions au Petit Prince.
Conclusion : lisez Saint-Exupéry.
P.S.
L'histoire de l'épave du dernier avion piloté par Saint-Ex est elle-même très romanesque.
00:27 Publié dans Cinéma, Histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, livres, romans, histoire, littérature
jeudi, 26 décembre 2024
Planète B
Ce film militant est une dystopie, qui imagine, en 2039, une France (et une Europe) dictatoriale, ultra-policière, anti-immigrés... et sale (se limitant à ce qui ressemble à certains quartiers de Paris ou Marseille). Ce contrôle quasi total s'exerce à l'aide des technologies de pointe : identification oculaire, reconnaissance faciale, QR code, sandwich jambon-beurre, réalité virtuelle, drones de surveillance...
Ça, c'est la planète A, où de gentils black blocks organisent de sympathiques attentats contre les méchantes télécommunications et leur vilains cerbères policiers. Au cours d'une "opération", l'héroïne Julia (Adèle Exarchopoulos, très bien) est faite prisonnière et se retrouve sur ce qui est appelé la "planète B". Autant la première est marquée par le plastique et le métal (un choix sans doute destiné à camper une atmosphère futuriste), autant la seconde, baignant dans une ambiance méditerranéenne (ou tropicale), est constituée de bois. Cette dissonance matérielle, alliée à des jeux de lumière et à un bon travail sur les décors, suffit à nous plonger dans l'étrangeté... une étrangeté de surcroît rapidement menaçante.
Dans des conditions que je m'interdis de révéler, Julia va entrer en contact avec l'autre héroïne de l'histoire, Nour, femme de ménage dans une étrange base secrète... et surtout ancienne journaliste, qui a fui le Moyen-Orient. Souheila Yacoub campe efficacement ce personnage qui réussit à passer sous les radars... et pourrait avoir un rôle déterminant.
Sur le fond, l'intrigue s'inspire des idées qui circulent au sein de la gauche radicale, ce qui n'empêche pas la réalisatrice, de temps à autre, de faire preuve de nuance. Je pense notamment à tout ce qui touche à l'un des CRS (et à sa famille) et aux tensions qui émergent entre les rebelles emprisonnés, les convictions de chacun ayant leurs limites...
Aude Léa Rapin réussit à boucler son histoire en deux heures. L'un des ingrédients de la fin m'a toutefois paru invraisemblable (le choix opéré par l'une des protagonistes), mais je pense qu'il s'explique par un sous-entendu : alors que l'intrigue met en scène la naissance d'un lien de sororité (de plus en plus fort), du point de vue de l'une des deux femmes, il semble que cela devienne sentimental (mais, comme c'est très allusif, cela passe au-dessus de la tête d'une partie du public).
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mercredi, 25 décembre 2024
Jamais sans mon psy
A ma grande surprise, la salle était assez copieusement garnie pour cette comédie populaire descendue par la critique. Le public adolescent était peut-être là pour Baptiste Lecaplain et Rayane Bensetti, les personnes âgées pour Christian Clavier, alias Olivier Béranger.
Clairement, celui-ci porte le film. Il y enfile à nouveau le costume de grand bourgeois condescendant, déjà vu dans la série des Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu et, plus récemment, dans Cocorico. J'ai trouvé qu'il n'en faisait pas des caisses. Au passage, son personnage (et celui de ses meilleurs amis) permet d'égratigner une partie de la profession médicale : le psy prend tout de même 180 euros de l'heure !
Dans le rôle de Damien, le patient puis le (peut-être) futur gentil gendre, Lecaplain fait le job en jeune homme déconstruit. Sa relation avec Béranger fait un peu penser à Mon beau-père et moi.
Le début est marrant, avec les problèmes psychologiques de Damien puis sa rencontre avec le meilleur ami (sourd) de sa dulcinée. Un quiproquo va naître autour de la langue des signes et de l'activité de Damien, en prison, où il a fait travailler les détenus sur du George Michael ! (Les succès de celui-ci, en solo ou avec le groupe Wham!, constituent la bande sonore du film.)
C'est moins bien ensuite, dans la villa. J'ai certes été amusé par les procédés utilisés par le psy pour éloigner ce nouveau prétendant de sa fille unique chérie (tous les pères me comprendront), mais cela manque de tonus.
Pour relancer le rythme, le scénario fait intervenir les meilleurs amis d'Olivier, puis l'ex de la fille, interprété par Bensetti. Celui-ci est pleinement investi dans son rôle (assez antipathique) et la production lui a même réservé un petit moment de gloire, mais son interprétation d'une chanson en play-back est tellement visible que cela en est gênant.
Plus marrantes sont les interventions de Thomas VDB, une sorte de guérisseur montagnard, fan de fromages et d'alcool artisanal.
Bon, voilà, cela ne va pas plus loin. On sait d'où l'on part et où l'on va sans doute nous mener. Mais cette comédie modeste, parfois un peu bas-de-gamme, m'a détendu (et elle ne dure qu'1h30).
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mardi, 24 décembre 2024
Kraven the Hunter
Ambiance masculiniste (grosses voix, gros muscles, gros guns...) pour ce film de super-héros, issu de la galaxie Marvel, mais adapté par la Columbia, pas par Disney (ce qui a son importance). Ici, pas (trop) de "politiquement correct", mais de l'action et des sentiments forts.
La première séquence nous montre le héros dans ses œuvres, en prison, en Russie. Il n'est pas tout à fait ce qu'il prétend être... mais je n'en dirai pas plus. Au niveau de l'ambiance, on pense un peu à Black Widow.
La suite est un long retour en arrière, pour comprendre d'où vient Kraven le chasseur, Sergeï Kravinov de son vrai nom. Son papounet est un chef mafieux sans foi ni loi, interprété par Russell Crowe. Sergeï a un frère, Dimitri, plus "artiste" que lui. Popov Crowe les élève à la dure, les éloignant de leur mère (qu'il a peut-être fait zigouiller), voulant en faire de véritables prédateurs, au sens propre comme au figuré. Il ne pouvait pas prévoir que la séance de chasse programmée en Tanzanie allait changer l'un de ses fils à jamais.
Cette séquence africaine est l'occasion de découvrir le principal personnage féminin de l'histoire, Calypso. Ravissante, courageuse et humaniste, elle est incarnée par la délicieuse Ariana DeBose, repérée notamment dans le West Side Story de Spielberg et le récent Argylle.
Des années plus tard, on retrouve l'adolescent mourant devenu un redoutable tueur. Comme il s'en prend à ces enflures de braconniers, aux connards de trafiquants et aux salopards de tueurs de la mafia, on ne peut que saluer son action de salubrité publique, même si elle s'éloigne quelque peu (par les méthodes) de celle d'une jeune et brillante avocate... qui ressemble bigrement à la jeune femme qui a jadis sauvé Sergeï.
Sur la forme, c'est une grande réussite. Dans certains plans subjectifs, on a réussi à intégrer la nouvelle vision des choses que possède le héros, grâce aux transformations qui se sont opérées en lui. Rapide, précis et impitoyable, il est comme une nouvelle version de Wolverine. C'est dire... et ce n'est donc pas destiné au jeune public, tant c'est violent.
Sur le chemin de Kraven vont se dresser deux redoutables adversaires, eux aussi dotés de super-pouvoirs. La manière dont il réussit à les vaincre, aidé par Calypso, est ma foi assez brillamment mise en scène. JC Chandor (repéré jadis avec Margin Call) ne s'embarrasse pas de subtilités et son principal interprète (Aaron Taylor-Johnson, vu récemment dans Bullet Train), musculeux à souhait, s'est parfaitement coulé dans le rôle.
J'ai passé un excellent moment, tout comme les dames qui m'accompagnaient, l’œil luisant devant la plastique d'Aaron. (Riri, va falloir que tu te remettes sérieusement au sport !)
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Harriette Potter à l'école des Barbie
J'ai failli commencer ce billet en écrivant que Wicked est le nouveau film de Noël de chez Disney. On y trouve du merveilleux (notamment des magiciennes), des paillettes, du rose, des animaux qui parlent (une ourse, un bouc...), une romance... et des chansons... à ceci près que ce film n'est pas une production Disney, mais Universal. Il n'en respecte pas moins les codes du genre, y compris au niveau de la "modernisation" des personnages : la foule d'étudiant(e)s comprend des Blancs, des Noirs, des Asiatiques, des gros, des sveltes et des maigres, des bien et mal coiffés, des hétéros et des homos.
C'est plutôt épatant au niveau des décors, des costumes et des effets spéciaux. Je dois aussi reconnaître que les chorégraphies sont très réussies, quand bien même elles illustrent des chansons horripilantes (entendues en version originale).
Outre ces chansons, plusieurs choses m'ont agacé, à commencer par deux des personnages principaux. La fée Galinda (incarnée par Ariana Grande, qui semble faite pour le rôle), est une insupportable pétasse, une caricature de blonde superficielle, qui ne pense qu'à devenir encore plus populaire. (C'est là que je me suis dit que l'absence de téléphone portable nuisait au caractère narcissique de nombreux personnages.) Le pire est qu'elle fait l'objet d'une admiration quasi unanime. Les autres étudiants (des moutons bouffés par le système) semblent encore plus crétins qu'elle...
... à l'exception notable d'Elpheba, l'un des rares personnages un peu consistants de cette histoire. Elle est interprétée par Cynthia Erivo, qui fait très bien le job (tout comme la gamine chargée de l'incarner jeune), mais qui est hélas trop âgée pour le rôle, ce qui, malgré les retouches numériques et les couches de maquillage, se voit assez souvent à l'écran.
Complète ce duo d'adversaires devenues copines un dernier arrivant, le beau gosse de la fac, un prince aussi creux qu'un coquillage moisi, qui chante son désir de ne rien foutre dans la vie, à part claquer le pognon de ses parents faire la fête. Ce programme hautement démagogique recueille un franc succès, jusque dans la bibliothèque de l'école de magie. Voilà donc les modèles que l'on propose à notre jeunesse...
On me rétorquera que Galinda comme le prince connaissent un début d'évolution, celui-ci se mettant curieusement à réfléchir, ce qui suscite la stupeur chez ses proches. (C'est l'un des rares gags du film). Galinda elle se veut plus gentille... à condition que cela la rende plus populaire.
Dans cette meringue fric et toc s'insinue toutefois un fil narratif à contre-courant de ce "meilleur des mondes". Un mouvement anti-animaux qui parlent grandit et ceux-ci petit à petit disparaissent. Seule Elpheba semble s'en soucier, jusqu'au moment où l'apprentie magicienne rencontre le maître du monde merveilleux : le Magicien d'Oz. Sans en dire trop, je peux dire que Jeff Goldblum, tout comme Michelle Yeaoh, apportent un peu de finesse dans un jeu des acteurs globalement caricatural. (Mais je pense que les personnages ont été écrits comme ça.)
Du coup, dans sa troisième partie, le film prend un tour plus intéressant et invite au final ses spectateurs à se méfier des apparences. Mais, avant cela, il faut se fader les deux heures du début... le tout (2h40) constituant la première partie d'un diptyque, la seconde devant sortir l'an prochain sur nos écrans.
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lundi, 23 décembre 2024
La Guerre des Rohirrim
- Alors, Henri, ça donne quoi cette préquelle du Seigneur des anneaux façon animation japonaise ?
- Sur le fond ou sur la forme ?
- Ça fait une différence ?
- Ben, oui.
- Bon, ben d'abord la forme, alors. Ça a tout de même été réalisé par Kamiyama, qui a travaillé sur des dérivés de Ghost in the shell !
- J'ai été déçu par l'animation. Les décors sont moches, les mouvements des animaux (notamment rapaces et chevaux) manquent de réalisme. C'est plus réussi au niveau des humains, mais leur apparence a (pour moi) un côté vintage : j'ai parfois eu l'impression d'être replongé trente à quarante ans en arrière, dans un vieux manga. Ce n'est pas déplaisant, mais l'animation a fait d'énormes progrès depuis !
- Tu as trouvé cela cheap ?
- Pas exactement. Plutôt maladroit, ou caricatural. Certes, on n'a mis "que" trente millions de dollars pour produire ce film (soit cinq fois moins que pour Vaiana 2 et presque sept fois moins que pour Mufasa), mais les Japonais nous ont déjà prouvé par le passé (et récemment avec Godzilla Minus One) qu'ils pouvaient réaliser des prodiges avec des moyens contraints.
- En gros, tu t'es fait chier !
- Eh ben, non, en fait. Le scénario est assez élaboré, même s'il débute de manière archiclassique, avec une histoire de rivalité entre familles nobles, et mariage à la clé. Le déroulé global est lui-même très prévisible, puisqu'on passe de la phase "puissance et gloire" (dans l'eau trouble d'un regaaaaaard) à la chute (en deux temps), puis à la résurrection (en plusieurs étapes). Mais c'est rythmé, avec pas mal d'action et de nombreuses péripéties intermédiaires, des châteaux-forts, des animaux fabuleux, un passage secret, de la magie, de l'héroïsme, des trahisons... un peu d'ailleurs comme dans les films de Peter Jackson.
- On voit bien les liens avec la trilogie d'origine ?
- Plus ou moins. Il est bien question des royaumes de Rohan et du Gondor, de la Terre du milieu, d'Isengard... et un tout petit peu du Mordor. On découvre aussi l'origine du nom du Gouffre de Helm. Du côté des personnages, on retrouve principalement Eowyn. On aperçoit quelques orques (qui collectent des anneaux...) et, très tard dans l'histoire, un mage qui, dans la version originale, a la voix de Christopher Lee (reconstituée par intelligence artificielle ?). A la toute fin, c'est le nom d'un autre magicien qui est mentionné : Gandalf.
- J'ai lu et entendu qu'on avait "modernisé" l'univers, notamment en accordant plus d'importance aux femmes dans l'action. T'en penses quoi ?
- Ben d'abord, dans les films d'origine, les personnages féminins ne sont pas absents, ni même impuissants. Mais il est vrai que la "communauté de l'anneau" est d'abord une bande de mecs. Ici, la princesse Hera est clairement l'héroïne de l'histoire, bien épaulée par Eowyn. Mais les autres protagonistes (en particulier Helm Hammerhand et Wulf, le grand méchant... loup ?) sont des mecs avec de gros muscles et de grosses burnes voix. J'ai aussi apprécié que l'on ne fasse pas de l'héroïne une énième "brindille" d'office capable de foutre une raclée à une bande de soudards hyper-entraînés. On constate une évolution du personnage... qui, de surcroît, n'a pas pour principale ambition de trouver "l'homme de sa vie". Son destin est autre, et il est beau.
- Bon, finalement, t'as aimé !
- Je n'ai pas détesté. L'intrigue est suffisamment feuilletonesque pour retenir l'attention. Si l'on s'habitue à la tessiture de l'image et aux mouvements de certains personnages, on passe plutôt un bon moment. Mais sans plus.
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dimanche, 22 décembre 2024
Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres
Ce documentaire allemand revient sur le parcours et la personnalité de celle qui fut une réalisatrice d'avant-garde... et un soutien du régime nazi, une image dont elle a ensuite tenté de se défaire.
Le montage alterne des passages d’œuvres de Riefenstahl (qui constituent souvent, il faut le reconnaître, les plus beaux moments du film) et des extraits d'archives, surtout d'entretiens que la cinéaste a accordés tout au long de sa (longue) seconde vie, à la radio, au téléphone ou à la télévision. Du coup, le résultat n'est que partiellement chronologique, puisqu'il alterne principalement des déclarations des années 1970, 1980, 1990 et des images des années 1920, 1930 et 1940.
Parmi les œuvres dont des extraits nous sont proposés, il y a La Lumière bleue, la première réalisation de Riefenstahl, qui y est aussi actrice. On y trouve les ingrédients de la future documentariste à succès : l'originalité des prises de vue, la qualité des images, un certain talent pour filmer les corps humains et l'espace qui les entoure. Riefenstahl aimait les corps jeunes et musclés, en particulier ceux des hommes... quelle que soit leur couleur de peau. Celles et ceux qui ont vu Olympia (Les Dieux du stade), consacré aux JO de 1936 (à Berlin), savent qu'elle y a mis en valeur tous les types d'athlètes, hommes comme femmes, blancs comme noirs (même s'ils n'étaient à l'époque pas très nombreux), avec une préférence évidente pour les hommes blancs.
Par son montage, Andres Veiel s'évertue à placer Riefenstahl devant ses contradictions, voire ses mensonges. Très tôt, elle a été proche de dirigeants nazis, qui l'ont rapidement intégrée au "premier cercle" (les intimes d'Hitler et de Goebbels). Avec Magda Goebbels (l'épouse du chef de la propagande hitlérienne), elle a fait parfois office de "première dame" (avant que ne débarque Eva Braun). Les images d'époque contredisent lourdement les affirmations d'après-guerre de Riefenstahl, qui a prétendu n'avoir fait que son travail et avoir même, souvent, été forcée de collaborer avec le régime. La dame âgée finit toutefois parfois par relâcher sa vigilance et l'on nous la montre, revisionnant des images tournées dans les années 1930, se réjouissant de la qualité du travail technique (ce qui est fondé), négligeant l'aspect propagande du film, pourtant évident.
Le documentaire de Veiel se fait un peu plus nuancé sur la période de la Seconde Guerre mondiale. Il évoque en détail ce qui s'est passé à Konskie en 1939. Devenue correspondante de guerre officielle, la cinéaste veut filmer une scène en Pologne envahie. Mais un groupe de travailleurs forcés (juifs) est présent dans le cadre. Elle demande à ce qu'on les enlève de là. Les soldats allemands ne font pas dans la demi-mesure : ils les exécutent... Le film montre qu'elle en a été choquée (et a demandé ensuite à être retirée du front Est), mais elle a quand même été à l'origine du massacre. Plus tard, elle a utilisé des détenus tziganes pour son nouveau film Tiefland, sans guère se préoccuper de leur sort. C'est là plus révélateur de son tempérament : être cinéaste, quoi qu'il en coûte, le reste important peu.
Un autre aspect intéressant du documentaire concerne les relations que Riefenstahl a entretenues avec des hommes de pouvoir. Elle est devenue une intime d'Hitler, à tel point que, lorsque les services secrets occidentaux ont eu à gérer son cas, après-guerre, ils l'ont parfois qualifiée de "possible maîtresse" du Führer. (C'est lisible -en allemand- sur l'un des documents écrits montrés dans le film.) Elle fut aussi un temps très proche de Goebbels (comme celui-ci l'a noté dans son journal). Il était réputé coureur de jupons. Il est probable qu'il y ait eu quelque chose entre Leni et lui. Mais j'ai trouvé la cinéaste sincère quand, de manière plus ou moins allusive, au cours d'un entretien ultérieur, elle essaie de dire que Goebbels l'a violée. En revanche, elle est resté attachée toute sa vie à Albert Speer, l'architecte en chef d'Hitler. Il était bel homme, élégant, cultivé, amoureux des arts. On sent qu'il a existé une grande proximité entre eux. Après guerre, à plusieurs reprises, elle lui a demandé conseil (notamment pour la publication de ses mémoires).
Le documentaire passe plus rapidement sur les travaux de Riefenstahl postérieurs à la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, il n'évoque pas sa nouvelle passion pour les mondes marins. Il fait le choix d'aborder ses séjours en Afrique, plus précisément au Soudan. Les (superbes) photographies prises à l'époque ont relancé la carrière de la cinéaste, avant que ne ressurgissent les polémiques liées à son passé. Veiel évoque l'épisode africain avec quelques idées en tête : montrer que Riefenstahl est toujours aussi fascinée par les corps masculins musclés... et qu'elle fait preuve de ce qu'on pourrait qualifier de "maternalisme autoritaire" avec les Soudanais. Elle n'en fut pas moins une authentique défenseure de leur civilisation.
Ce n'est qu'après la mort du dernier compagnon de la cinéaste que des documents inédits ont été transmis aux archives publiques. On y a découvert quelques "perles" qui ont justifié le tournage de ce film-ci, sur une personne dont le grand talent a été dévoyé.
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samedi, 21 décembre 2024
Hospital
Ce documentaire de Frederick Wiseman constitue le deuxième volet de la trilogie Il était une fois l'Amérique. Il y a deux semaines, j'ai déjà vu Law and order. J'espère que je pourrais attraper le dernier volet à l'occasion des fêtes de fin d'année.
Un an après le premier volet (en 1969 donc), Wiseman se trouve à New York, dans un grand hôpital public. C'est le début de la présidence du républicain Nixon... et l'occasion de faire un état des lieux du système de santé, après les réformes sociales lancées par John Kennedy et son successeur Lyndon Johnson (sa Great Society, parfois éclipsée par l'aura de son prédécesseur).
Avis aux âmes sensibles : on démarre dans le dur, avec le début d'une opération. Les médecins se préparent avec minutie, avant qu'une femme ne se fasse ouvrir le ventre... On passe ensuite à une séquence poignante. On y découvre une jeune femme noire, qui n'est pas une patiente, mais sa fille. Filmée en gros plan, elle est vraiment touchante. J'ai aussi été littéralement frappé aux tripes par le cas de cet homme âgé, travailleur modeste, souffrant du diabète, dont on découvre la dentition pourrie, lui-même finissant par comprendre qu'il a sans doute un cancer de la prostate.
Dans ce service d'urgences, les médecins et infirmières sont très majoritairement blancs. (On aperçoit à deux-trois reprises un médecin noir et, furtivement, un interne sans doute sikh.) En revanche, la majorité des patients sont afro-américains... et pauvres. Faute d'argent et d'accès à un médecin traitant, ils utilisent les urgences comme certains patients d'aujourd'hui, en France (mais eux trop souvent par convenance personnelle).
Comme dans Law and order, j'ai été impressionné par le calme et le professionnalisme des personnes agissant sous l'oeil de la caméra de Wiseman. Même si celui-ci ne s'autorise aucun commentaire ni même aucune intervention dans le déroulement de l'action, on sent, par son montage, qu'il a voulu rendre hommage aux agents de ce service public.
Cela ne l'empêche pas d'en pointer certains dysfonctionnements. Ainsi, quand on voit un jeune médecin s'entretenir au téléphone avec l'administration d'un autre hôpital new-yorkais, on comprend que l'une des patientes que l'on vient de nous montrer, arrivée dans un état grave (souffrant d'hémorragie) a été refusée par l'autre établissement. La raison avancée est le manque de place... mais ce n'est pas la première fois qu'elle est invoquée. Comme ladite patiente est afro-américaine, on se demande s'il n'y a pas autre chose derrière cela. (A l'époque, le pays est en pleine déségrégation, avec, ici et là, des réticences à peine masquées...)
Un autre épisode marquant concerne un patient schizophrène, que le psychiatre de l'hôpital voudrait éviter de faire interner : il est capable de se débrouiller au quotidien, chez sa mère... à condition que quelqu'un l'y ramène. Le psychiatre essaie de convaincre une employée des services sociaux de résoudre ce petit problème. Au bout du fil, la personne semble traîner des pieds... pas emballée à l'idée de changer ses habitudes.
Enfin, je ne peux pas ne pas parler du cas de cet enfant en bas âge, tombé du balcon de l'appartement de sa grand-mère, celle-ci incapable de s'occuper de lui. Les parents semblent être aux abonnés absents. Un examen médical confirme que le gamin, tombé d'une hauteur de cinq mètres (!), n'a aucune blessure décelable. Mais les infirmières se sont prises d'affection pour le garçon, calme et un peu éberlué. On sent de leur part un véritable élan du cœur. Ne serait-il pas possible de lui faire passer la nuit, en sécurité, dans le service pédiatrie ? Consultée par téléphone, la responsable de cette unité apparaît très procédurière... et pas très appréciée de ses collègues (qui la qualifient de « vieille bique »).
D'autres enfants, non visibles à l'écran, se trouvent en situation délicate. Âgés de sept, neuf et dix ans, ils ont été laissés seuls au domicile d'un employé de bar, qui semble en très mauvais état mais voudrait quitter l'hôpital, même non soigné, pour retourner chez lui. La mère s'est barrée et lui (comme tant d'autres) ne semble pas avoir les moyens de payer son traitement.
Certaines séquences sont plus attendues : l'hôpital accueille de jeunes drogués (dont un que je qualifierais de "roi du vomi"), une femme sans doute victime de violences conjugales et un délinquant qui a été "planté" par un concurrent. Tout cela est filmé de manière neutre, parfois frontale.
Au-delà des souffrances physiques et des accidents de la vie, Frederick Wiseman a réussi à saisir la détresse morale de ces éclopés de la société. Pour certains, le seul réconfort vient de la salle de prière, où se retrouvent patients, proches et membres du personnel. Aide-toi et le ciel t'aidera...
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samedi, 14 décembre 2024
Conclave
A Rome, le Pape meurt soudainement, mais il était malade depuis plusieurs mois. L'élection de son successeur doit être rapidement organisée, sous la supervision du Doyen du Vatican (impeccablement interprété par Ralph Fiennes).
Deux camps principaux semblent devoir s'affronter : les "libéraux", héritiers d'un souverain pontife progressiste (mais divisés entre plusieurs candidats possibles) et les "conservateurs", nombreux chez les cardinaux italiens, dont une frange envisage de revenir sur le concile de Vatican II. Un candidat africain vient perturber le jeu : sa désignation symboliserait le renouveau, mais il affiche des positions traditionalistes sur le plan des mœurs. D'autres personnages vont entrer dans la danse, jamais -bien sûr- par ambition personnelle, mais pour servir au mieux la Très Sainte Église.
C'est donc un énorme panier de crabes en soutane qui va se retrouver confiné pendant plusieurs jours, croisant de temps à autre les petites mains du Vatican, si croyantes, si discrètes et si serviables : les religieuses.
L'intrigue, qui prend la forme d'un polar politico-sociétal, mêle donc plusieurs thématiques : ambition personnelle, corruption, sexisme, homophobie, dialogue inter-religieux, tension entre tradition et modernité ...
L'histoire est nourrie de rebondissements, mais feutrés. Ici, on ne s'affronte pas à coups de hallebarde sur le crâne, mais par la parole (l'argumentation comme les insinuations), l'influence voire l'intimidation (confraternelle, bien entendu). Parfois, on est proche du billard à trois bandes (au niveau de certaines manipulations).
C'est passionnant à suivre. Les acteurs sont bons, les dialogues bien écrits et la mise en scène assez inventive. Edward Berger multiplie sans ostentation les angles de prise de vue, toujours justifiés pour mettre en valeur tel détail (une bague, un bulletin de vote) ou telle organisation générale (les cardinaux en promenade durant une pause ou statiques dans la salle de vote). Les plans sont construits avec minutie.
Le suspens n'est toutefois pas insoutenable. Avant la fin du premier quart d'heure, j'étais quasiment certain de la personne qui allait remporter le scrutin et j'avais misé sur une salle en particulier pour un rebondissement tardif. Mais l'intrigue est suffisamment riche en surprises pour contenter tout le monde... avec un ultime coup de théâtre (inspiré d'une légende médiévale), qui m'a bien fait rigoler, mais qui n'est guère crédible.
23:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Il était une fois Michel Legrand
Ce documentaire tente, en un peu moins de deux heures, de rendre compte de la vie artistique du compositeur franco-américain, décédé en 2019. Grosso modo, le plan est chronologique : l'enfance est (brièvement) abordée au début, la vieillesse et la mort à la fin. La première partie du film n'en montre pas moins le musicien âgé, encore excellent pianiste à quatre-vingts ans passés.
Même si j'ai trouvé l'ensemble un peu long (surtout sur la fin), le film regorge de bons moments, mis en valeur par un montage efficace, qui croise de nombreuses images d'archives avec des entretiens réalisés plus récemment... et, surtout, des extraits des compositions de Legrand. Ce bain musical, à la fois classique et jazz, est réjouissant, d'autant que la plupart des airs sont connus : même sans le savoir, nous avons vécu dans un environnement musical en partie créé par Michel Legrand.
J'ai bien aimé la séquence qui évoque ses années de formation, notamment auprès de la redoutable Nadia Boulanger. Assez jeune, celui qui pouvait envisager une brillante carrière dans la musique classique s'est tourné vers la chanson populaire (pour laquelle il fut arrangeur), le jazz (qui lui ouvrit des perspectives) et le cinéma (son second coup de cœur, après la musique). L'homme était éclectique, puisqu'il a travaillé aussi bien pour la Nouvelle Vague que pour les comédies musicales et des films plus commerciaux... pas toujours de grandes réussites selon son propre aveu.
L'un des intérêts de ce documentaire est de proposer (hélas à de rares reprises) une analyse de l'artiste créateur, grâce notamment à des enregistrements (audio) précieux et quelques extraits de reportages.
Notons que, si le film est globalement à la gloire du musicien (le chanteur m'intéressant nettement moins), il ne masque pas le caractère exigeant et ombrageux du personnage. Il est à l'image d'autres "Géants", sans doute doués à la naissance, mais qui ont développé ce don grâce à un travail acharné. Le degré d'excellence atteint les rend peu tolérants à l'égard de la médiocrité ou de "l'assez bon".
Toutefois, le film passe pudiquement sur les raisons qui ont poussé Legrand d'abord à demander la naturalisation américaine, puis à renoncer volontairement à toute allégeance française. Le sous-entendu est que c'était cohérent avec le tour pris par sa deuxième vie, outre-Atlantique (où il est devenu une référence pour de nombreux artistes américains)... mais je me demande s'il n'y a pas aussi des raisons fiscales là-dessous.
Le plus important reste la musique, dont le documentaire nous propose de beaux extraits (avec un son de qualité). Croisés avec des passages de films plus ou moins restés dans les mémoires, cela donne un divertissement assez emballant, qui retrace indirectement un pan de l'histoire culturelle française.
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