vendredi, 18 février 2011
Au-delà
A la base, les histoires de communication avec les morts, ce n'est pas trop mon truc. Mais c'est un film de Clint Eastwood... LE Clint, celui qui s'est bonifié avec l'âge, au point d'avoir enchaîné les très bons films (certains disent les chefs-d’œuvre) après 55 balais. Parmi les derniers, on trouve Mémoires de nos pères, Lettres d'Iwo Jima, L'Echange, Invictus et surtout Gran Torino.
Je me suis laissé traîner jusqu'à la salle... et je ne l'ai pas regretté.
Cela commence par une séquence ébouriffante sur le tsunami de 2004. Sur écran géant, avec son dolby machin chose, cela dépote ! Ensuite se développent les trois histoires, aux Etats-Unis autour du médium à côté de ses pompes (Matt Damon, brillant), au Royaume-Uni autour des jumeaux fusionnels et en France autour de la rescapée du tsunami, interprétée par Cécile de France.
La séquence la plus délicieuse est sans doute celle qui voit Matt Damon suivre des cours de cuisine... et rencontrer une sensuelle inconnue. C'est drôle et excitant à la fois... mais le bon vieux Clint va nous dynamiter cette bluette un peu trop prévisible.
Au Royaume-Uni se déroule l'histoire la plus forte, celle de ces frères séparés par un la mort et un accident con. Le jeune acteur est é-pa-tant ! On nous offre aussi une tranche de vie britannique qui n'a pas grand chose de réjouissant... La petite histoire rejoint la grande quand des terroristes entrent en action.
La partie française a été la plus critiquée. Il est vrai qu'on sent à plusieurs reprises qu'il aurait fallu faire rejouer certaines scènes, pour que les acteurs soient plus convaincants. On sourira à l'évocation de la mémoire de François Mitterrand, sur lequel la journaliste est censée écrire un ouvrage décapant. On ricanera un peu à la description des mœurs du petit monde intello-médiatique parisien. Dans cette partie, drame, déceptions et amour s'entrecroisent tout de même habilement.
C'est au Royaume-Uni que le fil va se dénouer. La fin est un peu convenue, mais cela passe.
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dimanche, 13 février 2011
Les Chemins de la liberté
C'est le nouveau film d'un réalisateur qui se fait assez rare au cinéma : Peter Weir. Il n'est pas du genre à travailler à la chaîne. Il est l'auteur d’œuvres qui allient savoir-faire, divertissement et réflexion. On lui doit La Dernière Vague, Witness, Le Cercle des poètes disparus, The Truman show (et aussi le contestable Master and commander).
Aussi étonnant que cela puisse paraître, aussi invraisemblables certaines péripéties peuvent elles sembler, l'histoire est vraie. Elle est tirée d'un récit, A marche forcée.
Deux choses m'ont attiré : le contexte historique et l'argument du film. Les héros sont des prisonniers du goulag stalinien (notamment des Polonais, mais il y a aussi des Russes, un Letton, un Yougoslave et un Américain) qui vont tenter de s'enfuir. La suite est leur longue marche dans le sud de la Sibérie, puis en Mongolie, puis en Chine, puis au Tibet... jusqu'en Inde. Tous ceux qui partent ne vont pas arriver, soit parce qu'ils meurent en chemin, soit parce qu'ils font le choix de ne pas continuer avec les autres.
En cours de route, une jeune femme se greffe sur le groupe de fuyards. Je ne sais pas s'il y a eu censure au niveau du scénario, mais je trouve étonnant qu'un beau brin de fille comme ça n'éveille pas de pensées cochonnes dans l'esprit de ces hommes en général jeunes. Je sais bien que les privations dont ils souffrent, ainsi que la fatigue extrême, ont sans doute eu raison (temporairement) de leur libido. Mais, tout de même, au moment de l'anniversaire, ils sont encore en forme, ils boivent de l'alcool... et il ne se passe rien. Des saints, moi j'vous l'dis !
Et pourtant. Dans le lot, on a un prêtre assassin, un truand (excellemment interprété par Colin Farrell), un Américain trouble (très bon Ed Harris), la Polonaise qui cache son jeu...
Les paysages sont magnifiques. Rien que pour cela, le film mérite d'être vu en salle. (Je pense qu'il perdra beaucoup de sa force à la télévision, un peu à l'image d'Avatar, que j'ai recommandé à des amis qui l'ont raté au cinéma... et qui ont été déçus en le regardant sur petit écran.) Les marcheurs invétérés seront particulièrement intéressés par la représentation des efforts du groupe. Ce n'est pas toujours réussi et il y a quelques ellipses dommageables. Ainsi, on ne nous montre quasiment rien du passage par la Chine.
Au niveau de la mise en scène et de la direction des acteurs, le bon alterne avec le moins bon. La séquence du début, avec les agents du NKVD, m'a fait craindre le pire (mais elle est peut-être mal doublée). Par contre, le film décolle lors de l'entrée au camp du goulag. La première partie de la fuite, dans le froid sibérien et la forêt, est inspirée. Le séjour autour du lac Baïkal constitue un intermède fort réussi, avant la terrible traversée du désert de Gobi.
Les deux heures et quart passent finalement assez vite.
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samedi, 29 janvier 2011
Arrietty, le petit monde des chapardeurs
C'est la nouvelle production du studio Ghibli, qui a créé tant de merveilles (dernièrement sorties en France : Nausicaä, de la vallée du vent et Ponyo sur la falaise ; mais on se souvient aussi de Princesse Mononoke et du Voyage de Chihiro, entre autres).
Cette fois-ci, Hayao Miyazaki, s'il est à l'origine du film, n'en a pas assuré la réalisation. Mais je rassure les amateurs : c'est toujours aussi réussi techniquement, avec des images parfois somptueuses.
Les petits bonshommes sont à la mode. Je pense que c'est un phénomène de civilisation. Les humains se voient aujourd'hui comme les maîtres de la planète (qu'ils sont en train de bousiller grave). De là peut se comprendre une certaine fascination pour les géants d'autres époques (les dinosaures), d'autres civilisations (les extraterrestres)... ou, à l'inverse, pour les petits personnages, porteurs de leçons.
Ici, les héros sont les membres d'une famille de chapardeurs : papa Chapardeur (un super bricoleur, très costaud physiquement), maman Chapardeur (qui ne chaparde pas, mais cuisine... ouais, pas terrible la répartition des tâches au sein du couple) et enfin Arrietty, fifille qui apprend à chaparder. Elle est évidemment intrépide.
La première partie du film nous fait découvrir le dédale de couloirs secrets dans lequel évoluent ces personnages, qui vivent sous le plancher mais se déplacent entre les murs, dans les meubles et partout où un petit espace leur permet de se faufiler. Il déploient des trésors d'ingéniosité pour vivre au quotidien et échapper au regard des humains...
... jusqu'au jour où arrive un garçon très malade, qu'Arrietty va prendre en affection. Mais il faut éviter les manoeuvres de la servante, qui traque toutes les bébêtes qui circulent dans la maison !
C'est un peu naïf, mais c'est frais et bien fichu. Et puis on ne nous bassine pas avec la "modernité". Dans cette maison, on ne regarde pas la télévision, n'a pas d'ordinateur et le seul téléphone est une antiquité (qui fonctionne toutefois). Le garçon n'est pas accro à une console de jeux vidéo... il lit ! Arrietty elle est avide de découvrir le monde.
Au niveau de l'animation (vraiment superbe, je le répète), on note, comme toujours dans les productions Ghibli, le grand soin porté aux animaux, au premier rang desquels on trouve le chat, un gros poussah très affectueux avec le garçon malade, mais hostile aux chapardeurs. Il y a aussi des insectes, des oiseaux et des poissons (avec une scène magnifique vers la fin).
La musique (plutôt jolie) est par contre un peu trop présente. On aurait pu aussi nous épargner certaines chansons (différentes, il me semble, dans la version française, celle que j'ai vue). Autre point faible : les dialogues, parfois excessivement explicites... mais on vise un public d'enfants, ne l'oublions pas.
16:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
dimanche, 16 janvier 2011
Cécile de France sur France Inter
Elle était ce dimanche l'invitée de Rebecca Manzoni, dans l'émission Eclectik. Je ne suis pas un inconditionnel de cette actrice mais, à chaque fois que je l'ai vue dans un film, j'ai aimé sa manière de jouer, que ce soit dans L'Auberge espagnole, Un Secret ou encore Soeur Sourire.
Dès le début, le décor est planté. L'actrice ne va pas la jouer glamour, plutôt authentique... Cela nous change des "cômédiennes" qui prennent la pose. Alors, elle boit une bière, avoue ne pas porter de godasses de pouf et, quand elle est chez elle, elle bricole.
Bon, on la croit à moitié quand elle dit ne pas se trouver particulièrement belle, ne pas être une "bombe" comme Laetitia Casta... Perso, je lui trouve bien plus de charme.
L'entretien est souvent drôle et on en apprend un peu sur le tournage de Au-delà, le nouveau film de Clint Eastwood, où elle incarne une journaliste-vedette. Elle revient aussi sur ses débuts, sur la manière dont elle conçoit le métier d'actrice.
Bref, une émission sympa, rafraîchissante.
Pour en savoir plus sur Cécile de France, on peut consulter son site internet, sur lequel on trouve notamment une bien belle galerie de photographies.
11:57 Publié dans Cinéma, Loisirs, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema, actualité, actualite
samedi, 15 janvier 2011
Le Président
Non, il ne va pas être question de François Mitterrand. Encore moins de Jacques Chirac ou de Nicolas Sarkozy. Je fais tout simplement référence au titre du documentaire réalisé par Yves Jeuland, qui s'appuie sur la campagne des dernières élections régionales pour tracer le portrait de Georges Frêche, qui lui a laissé une grande liberté pour le suivre dans ses déplacements.
Attention, cela commence fort. On se retrouve dans la voiture de Frêche, avec son équipe et la radio (ou plutôt le lecteur CD ?) passe une vieille chanson : C'est un mauvais garçon, dont les paroles du refrain font allusion à l'une des polémiques nées des déclarations intempestives du président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon :
C'est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C'est un méchant p'tit gars
Qui fait du dégâts
Si tôt qu'y s'explique
Ça joue du poing
D'la tête et du chausson
Un mauvais garçon
(Plus loin dans le film, l'arrivée de Georges Frêche à un meeting, lors de l'entre-deux-tours des élections je crois, est saluée par la chanson Ce Georges, un duo entre Olivia Ruiz et Salvatore Adamo qui a été utilisé sans l'autorisation des auteurs, ainsi qu'il est précisé dans le générique de fin.)
En raison de la conception du film, aucun des adversaires de Frêche n'a droit à la parole. C'est donc assez unidimensionnel. Quelqu'un comme Pierre Carles aurait pu puiser dans le matériau filmique de quoi concevoir un portrait à charge... mais on ne l'aurait jamais laissé faire. Yves Jeuland nous livre donc une vision empathique, en général favorable au "grand homme".
C'est d'abord très drôle, parce que Georges Frêche a la dent dure (et parfois à raison), parce qu'il a autour de lui une équipe très motivée, qui se lâche parfois devant les caméras. On peut aussi observer le ballet des courtisans.
Toutefois, on ne nous montre que rarement Frêche perdant le contrôle (ou faisant semblant de le perdre). Si on le voit bien s'en prendre à Arnaud Montebourg ou "casser" son ancienne adjointe Helène Mandroux (de manière assez injuste d'ailleurs), on nous épargne ses premières réactions contre les caciques du Parti socialiste. De manière générale, celui que son entourage appelle "président" est présenté comme un homme âgé, fatigué, handicapé par sa hanche, mais accroché au pouvoir comme un morpion aux poils pubiens.
Le montage nous prive aussi peut-être de quelques moments savoureux. Ainsi, on voit que Georges Frêche comme Hélène Mandroux sont venus assister au match de football opposant Montpellier à Marseille. Tous deux sont ensuite allés dans le vestiaire de l'équipe locale (la maire de Montpellier sans doute avec ses petits enfants). Hé bien on ne nous montre pratiquement rien !
Face aux journalistes, il est parfois mis en difficulté, comme sur RMC, mais la séquence est brève. Lors de sa venue à Canal +, la caméra s'éloigne vite du studio, pour s'intéresser au côté "backstage", mais il repart de là furieux après Jean-Michel Apathie. Il a par contre été brillant au téléphone face à Marc-Olivier Fogiel. Le montage (bien conçu) semble donc avoir choisi de valoriser Georges Frêche.
On comprend qu'on a affaire à une "bête" politique, un homme intelligent et cultivé, un comédien très sûr de lui, sans gêne. A plusieurs reprises, on le voit trôner comme un pacha, avec sa canne. Il manque l'arrière-plan, les regrets de ce juriste réputé, qui n'a pas fait la carrière nationale qu'il escomptait et qui s'est rabattu, décentralisation aidant, sur le Languedoc-Roussillon.
C'est aussi un bonimenteur de première, qui flatte son auditoire. Ainsi, alors qu'il est en train d'emballer un public de pieds-noirs, on sent la gêne dans son entourage. Et que dire de ses gros mensonges, sur sa jeunesse miséreuse et les sabots de son père ! A côté de cela, l'histoire des statues de la Place des Grands-Hommes (à Montpellier), c'est du pipi de chat !
Au final, ce film donne une très mauvaise image de la politique. La seule activité du président du Conseil régional semble être de signer de manière machinale des dizaines de papiers, sans même prendre le temps de les lire. Ses faits et gestes dépendent fortement de l'image que ses différents conseillers essaient de donner de lui, même si le bonhomme n'en fait parfois qu'à sa tête ! Et de la campagne des régionales, on ne retiendra quasiment aucun projet, aucun débat d'idées, juste des polémiques politiciennes et des propos clientélistes.
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vendredi, 14 janvier 2011
Le Frelon vert
The Green Hornet, comme on dit, dans la version originale... et même la version française ! C'est l'adaptation en long métrage d'une série très kitsch qui fit connaître un certain Bruce Lee. On peut en voir un extrait ici et un exemple de scène de baston là.
Un peu comme dans le cas de Batman (qui avait été adapté pour la télévision... au désespoir des fans de la BD), un réalisateur contemporain réputé pour son savoir-faire (ici Michel Gondry, dont on a pu apprécier, ces dernières années, La Science des rêves et Be kind, rewind) a été recruté par une major (ici Sony-Columbia) pour tourner une version "moderne" des aventures.
Le duo est composé du supposé "héros", un gosse de riche flambeur, bringueur et niqueur de poufs à la chaîne et de son acolyte, qui passe pour être son larbin, mais qui est en fait l'âme du groupe. Le problème est que cela ne fonctionne qu'à moitié, d'un point de vue scénaristique. On ne comprend pas pourquoi Kato, bourré de talents, inventif et capable de se défendre contre n'importe quoi, se lie à cet abruti de Brit Reid.
Même si ce dernier évolue au cours du film (on se charge de nous faire comprendre qu'il a bon fond), je le trouve insupportable, pénible. Toutefois, au second degré, il est intéressant d'observer les relations entre les deux personnages, l'Américain et l'Asiatique, qui témoignent d'un retournement du pouvoir, comme une métaphore du basculement de l'influence économique qui s'opère entre les Etats-Unis et la Chine, de nos jours.
Le film est regardable pour ses scènes de comédie, le "héros" étant souvent tourné en ridicule (tout comme le méchant d'ailleurs ; cela nous fait une belle paire de gamins attardés). On a cependant fait en sorte qu'il ne soit pas humilié : il ne prend pas une trop grosse branlée dans la bagarre qui finit par opposer les deux associés et aucun ne finit par coucher avec la délicieuse assistante (Cameron Diaz, en forme), alors qu'on sentait bien qu'elle en pinçait plutôt pour le karatéka chinois.
A cela il faut ajouter les scènes d'action, avec cette voiture vraiment tous terrains, encore mieux outillée que la Batmobile. De temps à autre, Gondry se la joue free style, mais la fantaisie est hélas la plupart du temps très encadrée.
A voir si vous n'avez rien de mieux à faire ou pour digérer tranquillement un bon repas. Mais sans plus.
23:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
mercredi, 12 janvier 2011
Les Tribulations d'une amoureuse sous Staline
Le titre polonais est Rewers, qui peut se traduire par "revers", "quittance"... ou "script". On a finalement bien fait de changer. Je trouve que les mots du titre français sont assez révélateurs de l'ambiance du film... et, une fois n'est pas coutume, la bande-annonce donne une bonne idée de l'ensemble.
C'est d'abord une comédie, dont l'humour est souvent "à froid". C'est très drôle, mais faut aimer. Parfois même, cela tombe dans le macabre... pour mon plus grand plaisir ! L'héroïne, Sabina, est une trentenaire célibataire coincée, que sa mère (une personne pleine de ressources qui ne va cesser de nous étonner...) désespère de marier. Les scènes du début, qui présentent le contexte familial (les deux femmes cohabitent avec la grand-mère, que l'on croit à l'article de la mort mais dont la santé connaît un spectaculaire rétablissement dès qu'une histoire de coeur pointe le bout de son nez) et le contexte professionnel.
Cela prend le tour d'une romance, façon films policiers américains des années 1950 (la musique, très jazzy, accentue cette impression... mais elle souligne aussi le côté cocasse de certaines situations). Sabina rencontre un bel et mystérieux inconnu, qui a l'allure d'un détective privé américain, mais qui a d'autres activités...
C'est aussi un film politique, sur la période "stalinienne" de l'histoire polonaise, quand, au début des années 1950, les communistes locaux achèvent de verrouiller la société, faisant prendre au pays un virage totalitaire. (Les images d'époques insérées dans certaines séquences sont très bien choisies.)
La grande majorité du film, qui se passe en 1952-1953, est tournée en noir et blanc (très chôli). Les mouvements de caméra sont habiles. Chaque scène est tournée avec un effort d'inventivité, ce qui a fait dire à certains critiques que le réalisateur Borys Lankosz en faisait trop.
Enfin, il y a une morale. Face à ce trio de femmes de caractère, passionnées d'opéra, les hommes ont intérêt à maîtriser leur consommation de vodka !
19:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
samedi, 01 janvier 2011
Les "Riton" 2010
Le passage d'une année à la suivante est l'occasion de faire son petit palmarès des films qu'on a aimés. Je m'y suis déjà livré pour les années 2006, 2007, 2008 et 2009. Pour 2010, j'ai décidé de donner un nom aux récompenses que je décerne : les Riton. Avouez que ça en jette autant que "César" ou "Oscar" !
- Riton du film le plus léger : Sumo
- Riton du film auquel on ne demande pas d'arrêter son char : Lebanon
- Riton du film consacré au conflit israélo-palestinien : Ajami
- Riton du film sur l'Irak : Green Zone
- Riton de la comédie anti-terroriste : We are four lions
- Riton du documentaire guerrier : Armadillo
- Riton du film illustrant le mieux les bassesses du genre humain : La Révélation
- Riton du film sur l'Afrique qu'elle est complexe : Lignes de front
- Riton du film le plus pervers : Disgrace
- Riton du film sur le nazisme : Marga
- Riton du mélo : Elle s'appelait Sarah
- Riton du film sentimental : Dans ses yeux
- Riton du film nostalgique : L'Illusionniste
- Riton du meilleur Disney de l'année : La Princesse et la grenouille
- Riton de la fiction animalière : Comme chiens et chats 2
- Riton du film de cul : Skin (dans Dirty Diaries)
- Riton du film de voleur : Fantastic Mr Fox
- Riton du documentaire sur les humains : Nénette
- Riton du film de "geek" : Summer Wars
- Riton du "biopic" : The Social Network
- Riton du film cérébral : Inception
- Riton du film de cinglé : Shutter Island
- Riton du film gore : Piranha 3D
- Riton du film poussant à l'anorexie : Food Inc
- Riton du film dérangeant : Vénus noire
- Riton du film sur la retraite à 60 ans : Mammuth
- Riton du film sur la crise financière : Cleveland contre Wall Street
- Riton du film de procès : 12
- Riton du roman-feuilleton : Millenium 2 et 3
- Riton du film divertissant : Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec
- Riton de la meilleure idée de film : Buried
- Riton du film qui laisse une trace derrière lui : Rubber
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jeudi, 30 décembre 2010
Inside Job
C'est un documentaire américain, long (1h50), consacré aux causes et aux conséquences de la crise financière de 2008-2009.
Une réelle volonté pédagogique anime le réalisateur (il a construit un plan grosso modo chronologique), qui connaît visiblement son sujet (et a tenu à le faire savoir aux spectateurs, vu la manière dont les entretiens sont montés) et qui a rencontré de nombreux acteurs de ce drame économique et social. Il est aussi intéressant de relever les noms de ceux qui ont refusé de le rencontrer (notamment Alan Greenspan).
A ces entretiens sont ajoutés des commentaires, des graphiques (certains d'entre eux peut-être tendancieux... faudrait que je revoie cela), beaucoup d'incrustations. On rentre vraiment dans le détail d'opérations financières complexes, que l'auteur réussit à rendre compréhensibles.
C'est qu'il a fallu animer ce film ! Seul le générique de début est un vrai moment de cinéma, sur la chanson de Peter Gabriel Big Time. Le reste est souvent intéressant, parfois ardu et/ou ennuyeux dans la forme.
Résultat ? On rit parfois (quand il prend en défaut ses interlocuteurs), on se désole et s'indigne souvent. En sortant de là on a envie de pendre les banquiers et les financiers (ainsi que quelques politiques) par les parties génitales !
Le pire est qu'au fur et à mesure que le film se déroule, on se rend compte que la "nouvelle" équipe dirigeante des États-Unis, celle qui entoure Barack Obama, est constituée (en partie) de vieux routiers du système injuste et corrompu qui a provoqué la crise... Il y a quelque chose de pourri au royaume de la finance, moi j'vous l'dis !
Ah, et nous, les Frenchies, on peut se délecter des paroles de deux de nos représentants : Dominique Strauss-Kahn (en tant que directeur général du F.M.I) et Christine Lagarde. Ils bénéficient d'un traitement favorable de la part du réalisateur. D.S.K. apparaît comme le mec au-dessus de la mêlée, qui avait tout compris mais qu'on n'a pas assez écouté. Cri-cri incarne la Politique au sens noble du terme, une sorte de vertu et de sens de l'intérêt général européens que les Américains auraient perdus. Reconnaissons que, de ce point de vue, le film manque un peu de finesse...
Sur le même sujet, j'ai préféré Cleveland contre Wall Street, qui prend la forme d'une fiction, tout en faisant preuve de rigueur dans l'analyse des causes de la crise.
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mardi, 28 décembre 2010
Une vie de chat
C'est donc le dessin animé "made in France" qui fait l'actualité. Le chat en question est l'animal domestique d'une enfant, dont la mère est commissaire de police. Mais, la nuit, le matou s'en va traîner les toits aux côtés d'un cambrioleur solitaire, prenant plaisir à faire enrager le chien du voisinage. De son côté, la mère cherche à coincer celui qui a tué son mari.
La "French touch" se voit au niveau du dessin (l'un des auteurs a travaillé sur La Prophétie des grenouilles et il y a une petite parenté avec Persepolis voire L'Illusionniste, même si ce dernier est, d'un point de vue formel, bien plus réussi)
Ainsi, les formes ne sont pas toutes réalistes, mais les mouvements sont gracieux (et le chat si joli à voir quand il se frotte auprès d'un humain). Les dialogues sont travaillés, chose pas si fréquente dans ce genre de production. Quant au scénario, il prend la forme d'un polar, effet auquel contribue fortement la musique, très agréable.
L'histoire a un fond noir : la commissaire a perdu son mari, assassiné, et l'on voit bien que la bande de truands à laquelle elle est confrontée ne plaisante pas. Les rapports humains sont plutôt tendus, au sein de la famille et au boulot. Heureusement, c'est un conte, donc tout cela devrait s'arranger, grâce au chat, grâce au voleur... et à un peu de chance.
Sur le site officiel, on peut trouver informations et bonus.
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samedi, 25 décembre 2010
Harry Potter et les reliques de la mort - partie 1
J'ai "sauté" une étape, puisque si j'ai vu tous les films adaptés des romans de J.K. Rowling jusqu'à Harry Potter et l'Ordre du Phénix, j'ai raté (volontairement) Harry Potter et le prince de sang-mêlé. Les échos qui étaient parvenus à mes oreilles n'étaient pas assez engageants et j'avais été quelque peu déçu par le dernier opus vu en salle.
C'est toujours le réalisateur David Yates qui est aux commandes. L'image est très belle et certaines scènes d'action méritent le détour, comme cette course-poursuite sur terre et dans les airs, au début du film. D'autres séquences sont particulièrement inspirées, comme celle qui se déroule au Ministère de la Magie, où il m'a semblé percevoir l'influence de Brazil, de Terry Gilliam. Notons que, de manière générale, l'ambiance est assez sombre, déprimante même parfois.
J'ai perçu aussi beaucoup de points communs avec la trilogie du Seigneur des anneaux. (On sait que J.K. Rowling a été marquée par la lecture de Tolkien.) Daniel Radcliffe prend de plus en plus des airs d'Elijah Wood... et ça me gonfle. Le coup du Horcruxe qui pervertit et affaiblit celui qui le porte fait immanquablement penser à l'anneau et les Elfes bondissants ne sont pas sans évoquer, par leur physique, le célèbre Gollum.
Ajoutez à cela des dialogues faiblards et une intrigue sentimentale très convenue (si Hermione joue, à mon grand plaisir, un rôle déterminant, on en fait cependant une pauvre ado anorexique amoureuse d'un crétin) et vous aurez une idée de la soupe que l'ensemble forme. On peut y goûter si l'on veut profiter de plusieurs bons moments de cinéma, mais le bilan est un peu décevant.
20:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
vendredi, 24 décembre 2010
Le Secret de la pyramide
Une fois n'est pas coutume, il va être question d'un "vieux" film : il est sorti en 1985. C'est une production Spielberg, donc c'est destiné à toute la famille.
Bon, à la base, on a imaginé ce que pouvait bien avoir été la jeunesse de Sherlock Holmes et du docteur Watson et dans quelles circonstances ils avaient pu se rencontrer. L'action a donc pour cadre le Londres de la fin du XIXe siècle, sous la neige (c'est un film de Noël). Nos deux héros en herbe sont scolarisés dans une institution prestigieuse et rigoriste.
Une série de meurtres mystérieux va mettre en branle notre fine équipe. Le jeune Sherlock est évidemment déjà un génie de la déduction, tandis que le jeune Watson est trouillard, mais dévoué.
Le film a aussi pour but incidemment de donner des explications plausibles au célibat acharné de Holmes adulte (il y a une peine de coeur là-dessous), à son goût pour le violon et la pipe. On apprend aussi pourquoi il en vient à porter un couvre-chef ridicule et un pardessus hors d'âge. Si l'on reste jusqu'au générique de fin, on comprend aussi quelle est la source de la rivalité qui l'oppose à Moriarty. L'histoire est donc remplie de clins d'oeil.
Le réalisateur lui a aussi donné un arrière-plan fantastique. L'intrigue nouée autour d'une secte égyptienne fait intervenir poison, phénomènes inexplicables, animaux étranges et labyrinthe mystérieux. Les effets spéciaux sont ma fois très réussis pour l'époque. (Et pour cause ! En lisant le générique, on apprend que c'est Lucasfilm qui en est responsable, plus précisément l'une de ses "divisions" : Pixar !) Le mélange de fantastique et d'ambiance dix-neuvièmiste donne quelque chose qui ressemble à ce qu'on a pu voir dans Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec.
Sinon, c'est assez violent, pour un film familial. On ne nous cache rien de la mort horrible des victimes de meurtre comme des méchants. De ce point de vue, on constate la segmentation qui s'est opérée dans le cinéma commercial depuis 25 ans. On a séparé la production destinée spécifiquement au jeune public, d'où sont bannis violence et sexe, de celle destinée aux ados et préados, où ces deux ingrédients (surtout le premier) sont par contre très présents.
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mardi, 21 décembre 2010
Rubber
"Caoutchouc" que ça veut dire... De la gomme en fait, celle dont on fait les pneumatiques... car le "héros" de ce film est un vieux pneu !
Les avis sont partagés à son sujet. Est-ce le nanard de la fin 2010 ? Est-ce un petit bijou appelé à devenir culte ? Je reconnais que je penche plutôt pour la deuxième solution, même si le film n'est pas sans défaut.
Bon, à la base, on a un pneu abandonné, qui semble encore bon pour le service. Cet objet est personnifié par le réalisateur. On voit "battre" son pouls. Il rêve, aime regarder la télé (de jeunes femmes en collants ou des courses automobiles... un vrai beauf, quoi !) a soif (hélas, il ne rote pas quand il a bu... grosse déception), ressent du désir pour la conductrice incarnée par la délicieuse Roxane Mesquida (déjà vue dans Sheitan et tout récemment dans Kaboom, où elle incarne une sorcière possessive). Il peut aussi se mettre en colère... avec des conséquences fort regrettables pour l'objet de son courroux.
Une des très bonnes séquences du film, au début, voit le pneu débuter sa carrière de tueur en série. Il agresse successivement des objets qui lui barrent la route (une canette, une bouteille), puis de petits animaux (un lièvre, un corbeau)... en attendant mieux.
C'est évidemment bardé de références, aux Dents de la mer, à Psychose, à La Nuit des morts-vivants...
Le réalisateur joue aussi sur la mise en abyme : le film met en scène des spectateurs venus là assister à un spectacle bien particulier. Évidemment, ils ne savent pas qu'ils font eux-mêmes partie du show. Cela nous vaut de délicieux clins d’œil et des allusions au cinéma, à ceux qui bouffent pendant les films (dans certaines salles...), à l'écriture des dialogues (moment tordant qui voit Roxane Mesquida commenter sans prendre de gants le texte merdique qu'on lui fait dire pour attirer le pneu dans un piège !).
Cela se termine de manière inattendue... façon George Romero.
Seul défaut du film : les quelques longueurs (il a fallu étirer l'idée de départ pour en faire un long-métrage) et le côté bavard de certaines scènes. Mais, vu les qualités du reste, cela passe.
P.S.
Le site dédié est sympa.
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lundi, 20 décembre 2010
We are four lions
"Nous sommes quatre lions", en bon français. C'est le titre d'une comédie noire, à l'humour macabre, dont les héros sont d'apprentis-djihadistes, une bande de pieds-nickelés qui suscite (souvent) le rire et (parfois) l'effroi.
Le réalisateur britannique a fait de la bande un échantillon de la mouvance extrémiste musulmane. Il y a Omar le volubile, sorte de "beurgeois" frustré, dont l'épouse porte le voile, qui voit dans l'acte terroriste une protestation politique... et un moyen d'entrer dans l'histoire. En face, Barry incarne le militant borné, prêt à tout pour lancer la guerre sainte. Tous deux sont campés par des acteurs excellents.
Entre les deux chefs, trois gugusses ne savent pas trop où ils en sont. Deux d'entre eux sont des simples d'esprits, l'un limite SDF, l'autre jeune homme trop confiant dans son meilleur ami. Le cinquième membre de cette fine équipe est un djeunse plutôt occidentalisé, pour qui le djihad est un truc plutôt "cool".
Le séjour des deux copains en Afghanistan vaut son pesant de harissa. Au départ, on ne sait pas trop qui a souffert de leur maladresse... restez donc jusqu'au générique de fin pour l'apprendre.
L'essentiel du film est consacré à la préparation d'un attentat à Londres. Après maintes discussions, le choix se porte sur le marathon. Nos terroristes du dimanche vont donc tenter de se mêler à la foule, bardés d'explosifs dissimulés dans des déguisements aussi imaginatifs que voyants...
Le style est corrosif. Le réalisateur ne fait pas dans la dentelle, quitte à ce que certains moments tombent à plat. Mais on rigole, c'est parfois "héneaurme"... parfois effrayant, tant on voit où la connerie humaine peut mener.
Ce n'est absolument pas une thèse politique ou sociologique, juste un moment de franche rigolade... aux dépens d'intégristes, mais aussi d'Occidentaux en général assez crétins.
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dimanche, 19 décembre 2010
Armadillo
C'est un documentaire danois, consacré à une unité de l'armée danoise envoyée en Afghanistan dans la cadre de l'ISAF (les forces de l'OTAN dépêchées sur place pour lutter contre les talibans). Le tout début du film nous présente certains membres de l'unité, au Danemark, ainsi que leurs proches. Très vite, l'action se déplace en Afghanistan, dans le Sud, dans la province du Helmand :
Armadillo est le nom de la base, où les Danois cohabitent avec des Britanniques (qu'on ne voit pratiquement pas). Le réalisateur a filmé les scènes se déroulant à l'intérieur du camp. Très vite, on remarque qu'en extérieur, les soldats portent une mini-caméra au sommet du casque ou sur le côté. Quand on sait que le périmètre de sécurité ne s'étend pas à plus de mille mètres de la base, on comprend que des précautions aient été prises.
Pourtant, au début, c'est plutôt l'inaction qui domine. Les talibans évitent l'affrontement direct et préfèrent se déplacer la nuit. Ils contrôlent en fait le terrain (qu'ils connaissent mieux) par la peur (ou la confiance) qu'ils inspirent. Cela m'a rappelé un article paru début décembre dans Le Monde (La "sale guerre" afghane à Salavat, village rétif aux appels de l'OTAN").
Face à cet ennemi quasi invisible, les jeunes soldats danois sont omniprésents à l'écran. On a voulu nous montrer la différence des tempéraments. On sent leur fierté d'être là, leur envie de "bien passer" à l'image.
Au départ, on nous les montre au contact avec les habitants du coin. Le rôle des traducteurs est vital. On sent la méfiance réciproque... et parfois l'étonnement, comme lorsque les Afghans découvrent que l'un des soldats danois a des traits asiatiques (il est sans doute d'origine coréenne).
Evidemment, cela va devenir plus sanglant. Je vous laisse découvrir dans quelles circonstances. Notons que les événements ont eu des répercussions jusqu'au Danemark.
C'est un documentaire fort, très bien fichu (avec, en général, une belle qualité d'image), qui rappelle des fictions réalisées sur l'Irak notamment, comme Green Zone, Démineurs ou Redacted.
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jeudi, 16 décembre 2010
Princesse Raiponce
Ce nouveau Disney est une adaptation d'un conte des frères Grimm. L'histoire a toutefois été profondément modifiée pour qu'elle cadre avec "l'esprit Disney". J'ai donc eu un peu peur au début. Je peux tout de suite vous rassurer : c'est la plus mauvaise partie du film.
L'histoire démarre vraiment avec l'arrivée du voleur chez la donzelle à la tignasse magique. Mais les personnages les plus intéressants sont deux animaux : Pascal le caméléon (un cousin de la coccinelle de Gotlib) et Maximus, magnifique cheval-policier, un personnage bâti sur le modèle des chiens ou félins vus dans d'autres animés. Dès que l'une de ces deux bestioles apparaît à l'écran, cela devient drôle voire hilarant.
Du côté de l'image, c'est soigné, parfois chiadé, mais pas démentiel. C'est joli à regarder (notamment la scène des lanternes) et certaines séquences sont emballantes (en particulier la course-poursuite entre la taverne et le barrage).
Les amateurs de dessins animés constateront que la maison Disney recycle parfois les fonds de cartons (plutôt des fonds de disque dur, aujourd'hui). La bande de brigands de l'auberge n'est pas sans rappeler ce qui a été vu dans La Planète au trésor. La séquence du début au cours de laquelle la fausse mère (la sorcière, très bien doublée par Isabelle Adjani dans la version française) se lance dans une plaidoirie musicale pour convaincre sa captive que la vie au-dehors est horrible est un quasi-décalque du one-man-show du sorcier vaudou dans La Princesse et la grenouille. En étant un peu plus attentif, on pourrait aussi retrouver des éléments de Il était une fois.
Bref, quand on supporte les chansons doublées en français (trop souvent du sous-Lorie) et quelques facilités scénaristiques, on passe un agréable moment, sans plus.
23:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
mercredi, 01 décembre 2010
Entre nos mains
C'est un documentaire, signé Mariana Otero, consacré à une entreprise textile placée en redressement judiciaire. Certains salariés ont l'idée de monter une SCOP pour tenter de sauver la boîte... tout en restant indépendants des "patrons" et financiers.
Ce film se place évidemment dans la lignée de Les LIP, l'imagination au pouvoir (un extrait ici), mais aussi du moins connu Rêve d'usine (extraits ici).
Ces portraits d'ouvrières, de commerciaux, de secrétaires sont attachants. La "sauce" a toutefois du mal à prendre. 1h30 de docu économico-social, même illustrant un combat original, c'est long. Et il manque une partie de l'arrière-plan. Il aurait ainsi fallu davantage creuser du côté des clients de l'entreprise, qui semble avoir abandonné les petits et moyens détaillants, pour se concentrer sur les grandes surfaces (Leclerc, Auchan et Cora, si je ne m'abuse). Il aurait aussi fallu aller voir du côté de chez Cora, qui déréférence les produits de l'entreprise, condamnant à terme la SCOP.
A l'écran, si les tranches de vies sont intéressantes, je trouve quand même que c'est plutôt l'inaction qui règne dans l'usine. Est-ce dû aux choix de la réalisatrice ? Est-ce voulu, pour montrer la perte d'activité ? On ne le sait pas.
J'ai donc été un peu déçu.
17:54 Publié dans Cinéma, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma, économie
samedi, 27 novembre 2010
Buried
C'est un nouveau produit de la rencontre entre l'Espagne (le réalisateur Rodrigo Cortés et une partie de l'équipe technique) et Hollywood, incarné ici par l'unique acteur physiquement présent à l'écran, Ryan Reynolds (un beau gosse, rien que pour vous, mesdames).
Cependant, d'autres acteurs ont contribué à ce film, par leur voix. Ils interviennent par le biais du téléphone portable du héros, prisonnier d'un cercueil en bois, sous terre... pas trop loin de la surface toutefois : il capte des réseaux de téléphonie (faut accepter d'y croire...) et, au cours du film, on entend distinctement un appel à la prière et les conséquences d'un bombardement aérien.
C'est donc un huis-clos bien spécial, puisque l'unique décor est l'espace exigu du cercueil. Bon, en fait, il y a plusieurs cercueils, qui ont permis au réalisateur de varier les angles et d'introduire un peu d'action dans ces quelques mètres cubes. Mais, pour le film, on fait semblant de croire que c'est comme ça.
Cela commence (après un générique chiadé) par un noir complet. On tend donc l'oreille et l'on comprend que le héros se réveille et découvre sa situation. La lumière finit par arriver, d'abord grâce à un briquet à essence (au réservoir ma foi très fourni), puis à des néons souples portatifs. Régulièrement, l'entrée en action du téléphone donne un éclairage particulier à une scène. C'est très bien fichu. C'est filmé en gros plan ou en plan rapproché, selon ce que le metteur en scène veut montrer. Paradoxalement, alors que dans la plupart des films le plan rapproché est lié à une scène plus intime, ici, comme il alterne avec les gros plans, il est plutôt synonyme d'action.
Notre héros enterré, camionneur en Irak, a quelques objets avec lui : le "smartphone" (un Blackberry, je dirais... ou un Motorola l'imitant), un flacon d'alcool, le briquet à essence, les tubes de néon, des cachets, un canif et une lettre. Il a été enlevé.
Si le personnage du ravisseur irakien est construit de manière sommaire, un plus grand soin a été apporté aux Américains avec lesquels le prisonnier est amené à entrer en contact. Je recommande tout particulièrement la meilleure amie de sa femme... scène de comédie à la clé ! Dans la catégorie "plus gros enculé de la planète", le directeur du personnel de l'entreprise qui emploie le héros mérite un oscar... Je vous laisse découvrir pourquoi.
Au départ, je trouvais le principe du film excitant, mais je me demandais comment le réalisateur allait faire pour tenir 1h35. Je me suis reposé la question au bout d'une demi-heure.... et finalement, ça marche, d'abord parce que derrière il y a un scénario béton, qui ménage des rebondissements, ensuite parce que les dialogues téléphoniques sont très bons, enfin parce que la mise en scène déchire.
C'est vraiment un film à ne pas manquer !
P.S.
Quelques informations supplémentaires sont disponibles sur le site dédié.
11:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
jeudi, 25 novembre 2010
Nostalgie de la lumière
C'est un documentaire chilien, tourné principalement dans le désert d'Atacama, un des endroits les plus arides du Globe... mais aussi l'un des meilleurs postes d'observation possibles de notre univers. C'est pourquoi le Very Large Telescope européen y a été implanté... et c'est aussi pourquoi la nouvelle grosse bite européenne, E-ELT (European Extremely Large Telescope) va y être installée à son tour.
Je n'avais pas trop cherché à en savoir davantage sur le film. Du coup, je m'attendais à un documentaire original, sur un lieu méconnu, un peu à l'image d'un excellent reportage paru dans Le Monde du week-end il y a quelques mois de cela.
Le début du film va dans ce sens. Le site scientifique nous est présenté de manière quasi anatomique, le tout enrobé d'images, réelles ou de synthèse, de l'espace, des galaxies, des nébuleuses lointaines. C'est assez réussi sur le plan formel, mais je dois avouer que j'ai un peu piqué du nez.
Fort heureusement, la trame bifurque. Ainsi, on apprend qu'un camp de prisonniers du régime de Pinochet se trouvait dans la région. Ce que sont devenus les détenus ? On ne sait pas trop... ou plutôt, on sait qu'ils sont morts. Quant aux corps... On finit par voir les restes d'une femme, encore enchaînée aux pieds, les mains liées, figée dans une posture. L'arrivée soudaine de cette image provoque un choc.
Le réalisateur veut relier l'activité astronomique à l'histoire contemporaine du Chili. Dans les deux cas, il est question du passé. Dans les deux cas, il est question de calcium ! (Je vous laisse découvrir pourquoi.) Il trouve des liens plus forts. L'un des scientifiques, allemand, n'est autre que le fils d'une Chilienne qui s'était réfugiée en Allemagne.
A partir de là, le film est passionnant. On suit ces mères, épouses, sœurs, qui cherchent les restes des corps des disparus, dont les dépouilles avaient été déterrées en catastrophe par les militaires pour être jetées dans l'océan ou réenterrées en catimini dans ce trou du cul du monde.
Patricio Guzmán, dont la filmographie est marquée par l'histoire troublée du Chili, réalise un film "minéral", où l'astronomie se mêle à l'archéologie (on fouille le sol aussi à la recherche des restes des premiers habitants de la région, arrivés il y a des milliers d'années). L'une des scènes les plus réussies débute par un plan de matériaux (des roches) issus de l'espace... et l'on finit par s'apercevoir que la texture du dernier objet filmé en gros plan est celle d'un crâne humain, celui d'une victime. Nombre de dépouilles n'ont toujours pas été identifiées.
On assiste même à la découverte de corps, traités avec le plus grand soin par les chercheurs.
L'une des dernières séquences est particulièrement bouleversante. Elle nous présente l'histoire d'une rescapée, qui doit à la mort de ses parents d'être toujours en vie. (Allez voir le film pour connaître les détails.) Il se trouve qu'elle est devenue... astronome, activité qui répond à son questionnement personnel et dans laquelle elle trouve de quoi combler le vide qui l'habite.
C'est un film vraiment original, très écrit, qui surprend agréablement pour peu qu'on prenne la peine d'y entrer.
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vendredi, 12 novembre 2010
Vénus noire
C'est le quatrième long-métrage d'Abdelattif Kechiche, auteur de La Faute à Voltaire, L'Esquive et de La Graine et le mulet. Ce cinéaste engagé, au style vif, s'est intéressé à la vie de Saartjie Baartman, qui fut surnommée "la Vénus hottentote". On pourrait s'attendre à un film historique à visée documentaire (donc plutôt ennuyeux), mais c'est un véritable portrait de société(s) que nous livre le réalisateur, à travers l'histoire peu commune de cette femme. Cela m'a rappelé, dans un autre genre, Gangs of New York, de Scorsese.
Kechiche a construit son film autour de deux séquences "scientifiques", la première montrant, après la mort de la jeune femme, la conférence tenue par Georges Cuvier à son sujet, la dernière exposant les traitements administrés au corps de la défunte, permettant son analyse scientifique. D'où le postulat : réduite à l'état de bête curieuse durant sa vie, la Vénus noire est restée un objet après sa mort.
Ensuite, cela démarre fort avec une séquence située à Londres. On assiste à l'intégralité du spectacle de foire dont elle est la vedette. Juste après, on découvre l'envers du décor, qui n'est d'ailleurs pas ce que l'on croyait forcément. Kechiche jette immédiatement le trouble. Bien qu'il ait choisi de clairement dénoncer l'attitude esclavagiste et le voyeurisme des Européens, il laisse entendre que la jeune femme y trouve son intérêt, même si elle s'est fait "rouler" par ses prétendus associés. La caméra est près des corps, des regards et s'éloigne un peu pour filmer les groupes, que ce soit dans un théâtre, dans un bar ou dans un salon. C'est très bien fichu, quel que soit le type d'éclairage retenu.
L'un des moments forts est la séquence du tribunal, où cette ambiguïté concernant le statut de la Vénus est toujours présente. Le problème est qu'elle s'exprime peu, ne parlant véritablement que l'afrikaner (un peu l'anglais et un tout petit peu le français sur la fin). Les acteurs, qu'ils soient britanniques, flamands ou français, sont tous excellents. Je pense qu'on a beaucoup puisé dans le vivier théâtral, avec profit.
Kechiche joue avec les spectateurs, puisqu'ils nous rend complices de ce spectacle d'avilissement, celui de Sarah Baartman, mais aussi celui de Yahima Torres, l'actrice qui incarne avec brio cette femme peu expressive mais aux talents artistiques indéniables. Dans quelle mesure ne sommes-nous pas venus voir un film, mais un "monstre" (ou du moins sa représentation) ? Peut-on comparer les spectateurs de cinéma à ces masses qui se pressaient aux spectacles de foire ?
Les effets de surprise sont bien préparés. Cela nous vaut quelques superbes moments de cinéma, l'un dans le théâtre anglais, quand la Vénus décide de sortir de son rôle de "sauvage" pour interpréter une berceuse, l'autre dans un salon parisien, quand, avec sa "goura", elle entame un dialogue musical impressionnant avec le violoniste de la soirée.
Le changement de protecteur (elle passe sous la coupe de celui interprété par le fantastique Olivier Gourmet) voit l'héroïne commencer sa descente aux enfers. Les salons de classieux deviennent libertins... pour finir dans la prostitution, puis la mort. L'une des scènes de maison close vient encore nous rappeler un thème cher à Kechiche : le poids de l'Europe dans le malaise africain, ce groupe de prostituées pluriethnique étant là pour satisfaire les caprices tarifés de Blancs européens riches. On remarque néanmoins que le réalisateur n'est pas tombé dans la charge outrancière et ménage, à chaque étape de la vie de Sarah Baartman, une place pour la nuance, introduisant des personnages humanistes, se permettant même d'affiner le portrait des exploiteurs, les rendant humains... trop humains hélas.
Si les 2h40 ne vous ont pas épuisés, restez pendant le générique de fin, pendant lequel nous sont proposés deux extraits vidéo, datant de 2002. Le premier montre les circonstances du vote, à l'Assemblée nationale française, de la loi de restitution de la dépouille. Le second a été tourné en Afrique du Sud, au moment des obsèques nationales organisées en l'honneur de l'enfant du pays.
L'histoire se décline en bande dessinée (dont l'auteur, Renaud Pennelle, joue un personnage dans le film), où figure la partie africaine de la vie de la Vénus :
L'auteur a récemment été invité sur France Culture, pour parler de son œuvre, des conditions de sa réalisation.
Si vous vous documentez sur la question, vous verrez que, bien que le film dure 2h40, il n'a pas épuisé son sujet. Kechiche a notamment décidé de ne pas développer le contexte africain de son histoire, que l'on peut découvrir dans un passionnant article de la revue L'Histoire, de février 2003.
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema, histoire
vendredi, 05 novembre 2010
Kaboom
C'est un film de Gregg Araki, qui s'est fait un nom dans le cinéma "underground-mais-pas-trop" à travers des oeuvres comme The Doom Generation, Nowhere et, plus récemment Smiley Face.
Ici, la parodie de teen-movie est mêlée au fantastique, le tout sur fond de revendication bisexuelle. Les mecs sont tous des beaux gosses musclés et aucune graisse superflue n'est à signaler côté actrices. (J'en pince un peu pour la copine homo au caractère affirmé.) C'est dire que, même si l'humour du début porte (avec quelques moments vraiment très drôles), la fascination pour le "beau" formaté finit par lasser, d'autant plus que le scénario est mal exploité. Cette histoire de secte méritait mieux et la fin apocalyptique a été visiblement choisie faute de mieux.
L'intrigue est cependant intéressante parce qu'elle montre un renversement. (Certains personnages ne sont pas ce qu'ils paraissent...) Elle incite ainsi à se méfier des apparences, alors que la réalisation leur rend plutôt un culte.
Bon et puis perso, je ne suis pas emballé par les histoires de mecs qui "flashent" sur d'autres mecs...
19:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinéma, cinema
lundi, 01 novembre 2010
The Social Network...
... "Le Réseau social", en bon français. Mais, comme cela n'a pas dû sembler porteur au distributeur, on a laissé le titre anglais, alors qu'il aurait été si simple de le remplacer (par exemple) par "La Naissance de Facebook". C'est donc un film de David Fincher, qui a travaillé avec le créateur de la série A la Maison blanche.
C'est d'abord un film de scénariste et de dialoguiste, ma foi fort réussi. La première scène donne le ton du film : le héros n'est pas à l'aise avec les filles, mais il a la répartie facile. Lui et sa future ex-copine rêvent d'intégrer l'un des clubs très fermés où se retrouve la "crème" de l'élite estudiantine.
Les dialogues sont excellents (à entendre en version originale sous-titrée de préférence, donc), de nombreuses répliques font mouche. Les (jolies) femmes sont presque toujours des objets de conquête, un élément de la parure du jeune doué qui réussit. Le film montre très bien que, dans la nouvelle comme dans la "vieille" économie, il s'agit de se faire un max de pognon, de dominer les autres, quitte à leur passer sur le corps. On retrouve le mythe du self-made man, avec ce Mark Zuckerberg censé être parti de rien et devenu milliardaire en quelques années.
Cependant, le milieu familial de celui-ci nous est caché. Or, il est issu de la bourgeoisie américaine, (les parents exercent tous deux une profession médicale) de la banlieue (pas pauvre) de New York. Mais il n'appartient pas au gratin, celui des patriciens de la côte Est. Cela n'en fait pas un prolétaire pour autant.
Du coup, il n'est finalement pas si antipathique que cela, ce Mark (interprété avec brio par Jesse Eisenberg). D'accord, c'est un "geek", asocial, qui s'habille comme un plouc, mais l'appât du gain n'est pas sa motivation première. Et puis, il en pince quand même pour la fille du début.
C'est là que l'histoire est très forte. Cet immense réseau est né au moins en partie d'une déception sentimentale... et de la beauferie des mecs, pour qui comparer les filles et leur attribuer une note est top délire. Ensuite, il a suffi de l'attrait de la nouveauté, savamment entretenu, et du désir profond des jeunes de se constituer une "tribu", pour qu'il devienne "hype" d'être inscrit sur le réseau. Je trouve que Fincher, même s'il n'insiste pas dessus, arrive bien à montrer la futilité de la chose. Quand on pense que ces gens-là vont d'ici quelques années, jouer un rôle majeur dans l'économie, la politique ou les médias, on peut légitimement s'inquiéter.
Sous une forme léchée, Fincher dit des choses très dures : les meilleurs amis du monde en viennent à s'escroquer, se poursuivre en justice (les procédures de médiation donnent son architecture à l'histoire telle qu'elle nous est représentée) et, pour gagner, il faut être un peu (beaucoup ?) un enfoiré, à l'image du créateur de Napster, bien campé par Justin Timberlake.
Tout le monde en prend pour son grade : les élites traditionnelles, imbues d'elles-mêmes, les jeunes, présentés comme égocentriques et superficiels, le grand public, perçu comme une masse captive. Et le jeune héros, bien que devenu riche et célèbre, a peut-être laissé passer le bonheur.
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samedi, 30 octobre 2010
Fin de concession
C'est le nouveau film de Pierre Carles, journaliste engagé, critique des media de masse, mais au ton dégagé. Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, le premier quart d'heure revient sur les "faits d'armes" de ce trublion du petit écran, relégué aujourd'hui dans les rares salles obscures qui passent ses films.
Il est toujours question de la dénonciation des connivences entre monde politique, milieux économiques et media, ici à travers l'exemple initial de la privatisation de TF1, en 1987. Carles s'appuie sur des images souvent inédites (en tout cas pour moi), notamment celles montrant la préparation de l'audition des représentants du groupe Bouygues. On voit le rôle joué par Bernard Tapie (déjà !) qui, soit dit en passant, est vraiment excellent, le meilleur de la bande, qui n'est pas très fringante à l'oral.
De là, Pierre Carles essaie de rebondir et de rencontrer les acteurs de l'époque, plus de 20 ans après. Le problème est qu'il est désormais très connu. Du coup, beaucoup refusent de le rencontrer (Tapie finit par être très franc au téléphone), l'esquivent (comme Jacques Chancel, excellent fil rouge de la dégonfle), ou se préparent : on sent bien que Jean-Marie Cavada a anticipé son entrevue. Le réalisateur en vient même à se grimer (légèrement) et se présente sous l'identité vaguement travestie de Carlos Pedro (et non Carlo Pierro, comme il est écrit dans la critique parue dans Le Monde) pour pouvoir accéder à certains personnages.
Du coup, le film peut paraître moins réussi que l'excellent Pas vu, pas pris. A l'époque, Carles faisait merveille en faux ingénu, une sorte de Socrate contemporain, qui finissait par mettre ses interlocuteurs face à leurs contradictions, leurs lâchetés.
On n'est plus dans le cadre de l'opposition David contre Goliath. Pierre Carles est devenu quelqu'un avec qui compter dans le monde des media, même s'il n'a pas obtenu la reconnaissance officielle. Et puis... ses adversaires ont vieilli. (Carles aussi : il est désormais grisonnant !) Le réalisateur, encore dans la force de l'âge, est en position de force face à Etienne Mougeotte voire Michèle Cotta, qu'il décide d'épargner. A un moment, il se demande même dans quelle mesure il n'a pas été récupéré par le système. (Peut-être aurait-il fallu enquêter davantage, préparer encore plus les entretiens.)
Fort heureusement, Pierre Carles a du recul et le sens de l'humour. Le film est donc fortement imprégné d'autodérision. On rit beaucoup, souvent aux dépens du réalisateur, aussi aux dépens de ses victimes. Celles-ci sont cependant très habiles. En 2009, il est difficile de piéger les vedettes de l'information... et certaines d'entre elles, telle Elise Lucet, assument d'avoir les ailes rognées. Contrairement à Pierre Carles, elles ont accepté de faire des concessions, pour travailler pour le petit écran.
Le constat final est donc désabusé : l'activisme n'a pas payé, puisque les menteurs et les fraudeurs (ou leurs successeurs) sont toujours en place et que l'information de masse semble verrouillée par les puissants, avec certaines soupapes de sûreté toutefois. On pourrait être moins pessimiste, juger qu'on ne nous montre que ce qui va dans le sens du propos initial et estimer que, d'après les sources sur lesquelles s'appuie Pierre Carles, il existe en France de nombreux journalistes qui font du bon travail, même s'ils ne sont pas les plus connus.
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mardi, 26 octobre 2010
Des Hommes et des Dieux
C'est seulement un mois après sa sortie que ce film est arrivé à Rodez... et je ne vous raconte pas la queue qu'il fallait faire pour le voir dès son arrivée ! Il fait recette auprès du troisième âge, notamment des croyants peu habitués aux salles de cinéma. Cela m'a un peu rappelé l'ambiance autour du Grand Silence (joli film, soit dit en passant).
Les deux "fils rouges" de l'action sont les travaux quotidiens des moines et les relations entretenues avec les villageois algériens (musulmans). Dans ce dernier cas, c'est le médecin du groupe (interprété par l'inénarrable Michael Lonsdale) qui joue le plus grand rôle, devenant même, parfois, conseiller sentimental. Les autres donnent aussi des coups de mains, dans d'autres domaines. Chacun accepte la foi de l'autre. Bref, s'il n'y avait pas eu la période coloniale, on pourrait parler d'idylle franco-algérienne.
Les acteurs sont épatants, ceux qui incarnent les moines comme ceux qui jouent les villageois... sans oublier ceux qui interprètent les terroristes du GIA. A ce sujet, Xavier beauvois laisse la porte ouverte à toutes les interprétations concernant la mort des moines.
Le succès rencontré par ce film est ambigu. D'un côté, on pourrait penser que son oecuménisme a plu dans cette période d'affrontement des cultures. D'un autre côté, il est possible que certains spectateurs se sentent, aujourd'hui en France, dans la position des moines de Tibéhirine de l'époque, assiégés. L'islam peut être perçu comme une menace. En tout cas, il est mal connu. Plus largement, l'évocation de la foi sincère de ces vieux chrétiens a suscité l'intérêt.
Le film semble vouloir montrer qu'ils ne cherchaient pas la mort (sauf peut-être un ou deux). Ils ont perçu comme étant leur mission de maintenir les liens avec les villageois algériens et d'exercer la charité. En cela, ils donné un témoignage de leur foi. C'est le sens originel du mot "martyre".
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jeudi, 21 octobre 2010
Elle s'appelait Sarah
... "Elle n'avait pas huit ans / Sa vie c'était douceur, rêves et nuages blancs / Mais d'autres gens en avaient décidé autrement"..." Oui, comme vous sans doute, le titre de ce film a évoqué pour moi ces paroles de la chanson de Jean-Jacques Goldman, Comme toi.
Je ne sais pas si c'est voulu mais, dans la chanson comme dans le film (tiré du roman éponyme de Tatiana de Rosnay), il est question d'une petite fille juive victime de la déportation pendant la Seconde guerre mondiale.
Cependant, le film, assez habilement, entrecroise deux histoires, celle d'un couple contemporain, en crise (aucun des deux n'étant juif) et celle d'une famille arrêtée lors de la rafle du Vel d'Hiv'. Le début rappelle d'ailleurs certaines scènes de cet autre film, sorti l'an passé, La Rafle. La parenté est très forte quand l'action se déroule à l'intérieur du vélodrome et quand il est question de l'attitude des policiers et gendarmes français.
Toutefois, ce film est à mon avis supérieur sur le plan cinématographique, ne serait-ce que par les choix de mise en scène du réalisateur. Une partie est montrée au niveau du regard des enfants. Certains plans, notamment ceux filmés du dessus, ont une charge émotionnelle assez forte.
L'intrigue se noue autour d'un appartement, propriété de la belle-famille de l'héroïne (incarnée à merveille par Kristin Scott-Thomas, vraiment épatante d'engagement, de trouble et de sensibilité). On finit par comprendre que ce logement a été acquis en août 1942... Julia a-t-elle raison de soupçonner le pire ? Qu'est-il arrivé au petit frère qui avait été caché dans le placard de la chambre ? Sarah a-t-elle survécu ? L'enquête à la fois professionnelle et personnelle de la journaliste franco-américaine réserve bien des surprises...
Même si l'on peut regretter quelques facilités (et une fin que l'on voit venir à 10 kilomètres), l'ensemble est prenant, bien fichu et, franchement, j'ai été plusieurs fois très émouvé.
18:20 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
samedi, 16 octobre 2010
Cleveland contre Wall Street
Quand on habite l'Aveyron, il faut vraiment être particulièrement motivé pour voir ce film, sorti à la fin du mois d'août, et auquel je n'ai pu avoir accès (en salle) que tout récemment.
Les gérants de salles ont été frileux et pourtant, il traite d'un sujet qui a fait les gros titres en 2008-2009 : la crise des subprimes. L'un des intérêts du film est d'ailleurs de fournir au spectateur un peu perdu des éléments clairs de compréhension du problème, venant de partisans comme d'adversaires de ce procédé financier.
La construction du film est expliquée en introduction. (On peut trouver des informations plus détaillées sur le site du film, dans un entretien réalisé avec le metteur en scène, Jean-Stéphane Bron.) A la base, il y a la colère de victimes des expropriations (souvent noires) et de leurs voisins, à Cleveland, dans l'Ohio. Une association s'est montée et un avocat s'en est approché. La municipalité de Cleveland, dont les finances souffrent particulièrement en raison de cette crise, décide de prendre le taureau par les cornes. L'idée naît de poursuivre en justice les banques qui ont poussé à la signature de ces emprunts aux taux confiscatoires puis mis en œuvre leur titrisation. C'est donc une nouvelle version du pot de terre contre le pot de fer, ou de David contre Goliath.
Le problème est que le procès ne vient pas. Les banques font tout ce qu'elles peuvent pour empêcher sa tenue. Du coup, le réalisateur pense à tourner ce procès de manière fictive, en demandant aux protagonistes de jouer leur propre rôle. Pour les victimes, cela semblait facile. Mais il a fallu aussi dégotter un juge, un avocat pour les parties civiles, un pour la défense des banques... et désigner huit jurés.
Le résultat est vraiment intéressant. Dans la première partie du film, on entend les témoignages de victimes et celui d'un shérif, qui procédait aux expulsions. C'est évidemment émouvant, d'autant plus que le réalisateur a eu l'intelligence d'alterner les scènes de tribunal avec des moments capturés en dehors, dans les couloirs, dans les rues de la ville voire dans les maisons. On assiste même à la vente aux enchères de la demeure de l'un des témoins.
La manière dont le déroulement du procès est rendu est efficace. On nous propose l'interrogatoire puis le contre-interrogatoire des témoins, principalement ceux des parties civiles (les victimes des expulsions). Je pense aussi que le réalisateur a choisi de valoriser ce que chacun avait dit. On ne voit donc pas tout ce qui a été tourné, mais plutôt les meilleurs moments.
Il faut aussi reconnaître à Jean-Stéphane Bron un réel souci d'impartialité : l'avocat des banques n'est pas dénigré... et en plus il est très bon !
Je distingue trois moments particulièrement forts dans ce film. Le premier se place quand vient témoigner à la barre un gérant d'immeubles, ancien courtier... et même ancien dealer (activité dont il reconnaît qu'elle l'a bien aidé dans son métier suivant !). C'est le personnage qui a été choisi pour figurer sur l'affiche. Il s'appelle Keith Taylor et je trouve qu'il a su expliquer simplement le déroulement au quotidien de cette grosse arnaque.
Le deuxième moment fort intervient lorsque témoigne un informaticien, concepteur du logiciel qui a servi aux banques à monter ce qu'il faut bien appeler leur escroquerie. C'est d'autant plus intéressant que le type n'est pas un rebelle, qu'il croit encore dans le système, mais qu'il l'estime dévoyé.
Enfin, on dégustera la séquence qui voit venir à la barre un ancien conseiller de Ronald Reagan, un néolibéral pur sucre. Son contre-interrogatoire n'est pas mené par l'avocat officiel des parties civiles (que, de manière générale, je n'ai pas trouvé très bon) mais par une prof de Droit qui réussit le tour de force de tirer les vers du nez à ce vieux briscard... qui ne s'en rend pas compte !
Restent la délibération du jury et le verdict. Dans un film de procès, je m'amuse toujours à estimer, dès le départ, quelle pourra être la position des jurés. Évidemment, c'est extrêmement subjectif, surtout qu'au début on ne connaît rien d'eux, si ce n'est leur apparence. Hé bien, c'est terrible à dire, mais, à la fin, j'ai retrouvé la grille de séparation du départ. Sachez que le verdict s'est joué à une voix près et que tous ont d'excellents motifs pour justifier leur vote.
11:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
mercredi, 06 octobre 2010
Piranha 3D
De temps à autre, il est bon de rompre avec la monotonie du tout-venant commercial et de se tourner vers des oeuvres plus ambitieuses, quasi philosophiques, à même de répondre à nos questionnements existentiels... Naaaan, je décooooonnne !
Ce petit bijou de mauvais goût fonctionne selon un principe simple. En première partie, on nous montre avec délectation (et pas forcément de recul, c'est l'ambiguïté de ce genre de production, qui se complait dans ce qu'elle prétend dénoncer) des jeunes (aucun obèse, faut pas déconner non plus) assez insupportables : ils sont cons, ils se croient super beaux, ils se la pètent grave. Ami djeunse hétérosexuel, cette séquence est pour toi, puisqu'elle est illustrée par de nombreuses poitrines proéminentes... et pas forcément naturelles. (Le jour où tu veux regarder ce film, pense à envoyer ta copine voir le dernier Twilight.)
Cette première partie n'est pas techniquement irréprochable. Dans certaines scènes, on sent le manque de naturel de ces danseurs, censés être en plein délire. Les clichés que l'on retrouve ne sont pas forcément pris au second degré (c'est variable).
La deuxième partie est la plus gore, avec les piranhas qui se déchaînent. On en a eu un aperçu en introduction, avec Richard Dreyfus en victime expiatrice (petit clin d'oeil aux Dents de la mer). Mais la dernière demi-heure voit le sang gicler abondamment, les membres disloqués, les corps mâchouillés. J'aime tout particulièrement le moment qui voit deux gars tenter de sortir de l'eau une fille attaquée par les bestioles... et dont le corps se rompt en deux ! Pas mal aussi le coup du réalisateur porno (obsédé par les nichons jusqu'à son dernier souffle...) qui se fait bouffer la bite !
Le réalisateur, le Frenchie Alexandre Aja (déjà remarqué pour La Colline a des yeux et Mirrors), a truffé son film d'allusions à des classiques, comme Les Dents de la mer, Alien (dans la séquence dans la grotte sous-marine notamment), Brain Dead (l'officier de police noir qui "fait le ménage" à coups d'hélice de hors-bord n'est pas sans rappeler la fin "à la tondeuse à gazon" du chef-d'oeuvre de Peter Jackson)... et même Titanic ! (Le podium sur lequel se déroule le concours minable de T-shirts mouillés s'effondre un peu à la manière de l'arrière du célèbre bateau dans le film de James Cameron.)
On reste aussi dans les codes du genre. La catastrophe ou le monstre a une fonction immanente : punir les pécheurs, les vilains, les désobéissants... et révéler à eux-mêmes les héros. Cela ne mange pas de pain et contribue à rendre Piranha tout à fait recommandable.
PS
On nous prépare une suite !
10:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
dimanche, 03 octobre 2010
Le Bruit des glaçons
Dans ce film de Bertrand Blier, les glaçons sont une sorte de fil rouge. Présents dans le seau où trempe en permanence une bouteille de vin blanc, ils accompagnent le héros cancéreux (Jean Dujardin, en pleine forme, si j'ose dire) dans presque tous les actes de la vie quotidienne. Le bruit qu'ils font est aussi, je pense, une allusion au mouvement de la vie... jusqu'à la toute fin, que je ne révèlerai pas.
La grande originalité du film est d'incarner le cancer, en la personne d'Albert Dupontel (et de quelqu'un d'autre...), parfait dans le rôle. Les dialogues qui ont été écrits pour ce personnage sont particulièrement savoureux. On retrouve le Blier des Valseuses notamment. C'est donc un film parfois très cru, éventuellement provocateur, sur un sujet sensible.
On sent néanmoins que le réalisateur a eu du mal à tenir le rythme, qui fait alterner moments "calmes", entre tendresse et ironie, et vagues de tempête, parfois très violentes, souvent très drôles. Certaines scènes semblent trop longues, même si l'on a visiblement coupé au montage. Paradoxalement, ce film de moins d'1h25 (en durée effective) peut paraître parfois long... et parfois trépidant.
Les acteurs sont tous bons. Outre les deux mastodontes, on doit noter les prestations d'Anne Alvaro et Myriam Boyer, dans des rôles très différents.
Sur le site internet, en plus des extraits, on peut accéder à un making of pas extraordinaire, mais sympa. (j'adore la séquence des gifles !)
14:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
jeudi, 30 septembre 2010
Soldat de papier
Ce film russe a pour objectif de montrer les dernières semaines précédant l'exploit de Youri Gagarine, en 1961... du point de vue de l'un des médecins de l'équipe de cosmonautes. L'action se déroule sur deux sites : Moscou et la région de Baïkonour, au Kazakhstan (situé en U.R.S.S., à l'époque), où se construit le cosmodrome.
Le problème est qu'à trop vouloir faire preuve d'originalité, le réalisateur n'aboutit qu'à rater son sujet et susciter l'ennui. La première cause en est ce personnage principal, enfant narcissique qui a mal grandi, objet de vénération mais finalement creux... et qu'est-ce qu'il cause ! Il nous assène des tirades de banalités pseudo-philosophiques dont on se contrefiche !
Les deux héroïnes sont mieux campées. Il y a l'épouse officielle, la citadine, l'éduquée, la sophistiquée et l'autre, la maîtresse de province, plus rustre (mais tout aussi jolie).
Du point de vue de la mise en scène, le film souffre d'un gros défaut : la volonté d'introduire le plus possible d'éléments saugrenus dans une trame en apparence limpide. Cela ne tient pas la route, cela fait "faux", fabriqué (mal). Du coup, l'histoire perd beaucoup de sa force.
C'est en plus assez maniéré, avec des incohérences, comme ce héros qui, retrouvé après une nuit d'errance, est rasé de près, avec des vêtements quasiment impeccables, malgré la boue provoquée par la débâcle...
Il reste quelques (trop rares) moments de vrai cinéma (en particulier quand les personnages principaux ferment leur gueule), comme cette promenade à bicyclette sur la terre gorgée d'eau.
19:25 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
mercredi, 29 septembre 2010
La Rivière Tumen
Le titre fait référence à un cours d'eau, un fleuve en réalité (bravo au traducteur qui a sans doute mal interprété le mot "river"...), qui sert de frontière entre la Chine, la Corée (du Nord) et la Russie :
Ici, il est question de la partie du fleuve séparant la Corée du Nord de la Chine. L'action se déroule l'hiver, quand le cours d'eau est gelé. Des centaines de Nord-Coréens tentent de franchir cette frontière : la Chine est pour eux un Eldorado, moins dur politiquement que leur pays natal... et surtout plus prospère.
Plusieurs éléments placés dans le cadre sont là pour nous rappeler cette différence : dans ce village chinois loin de tout, les familles ont le téléphone (fixe), la télévision et les enfants sont plutôt bien vêtus. Ceci dit, cette relative aisance est principalement due à l'argent gagné par les adultes qui sont partis travailler en ville, en Chine mais surtout à l'étranger (ici en Corée du Sud). Parfois, un peu de trafic vient mettre du beurre dans les épinards...
Une forme de solidarité se met en place : certains villageois acceptent d'aider les "voisins" coréens, qui font pitié. Mais, ici comme ailleurs, l'arrivée de ce flot de migrants provoque des tensions.
La mise en scène est simple d'apparence. Le réalisateur semble apprécier les plans fixes, parfois agrémentés d'un panoramique. Tout est donc dans la composition des plans, ce qu'on y montre, ce qu'on n'y montre pas. Ainsi, alors que la caméra est centrée sur la soeur du héros (muette depuis la mort de son père), l'apparition, discrète, dans un coin, d'un petit nuage caractéristique nous apprend que le grand-père est dans la pièce d'à côté, en train de fumer sa clope. De la même manière, on comprend ce qui s'est passé dehors, à la sortie de l'épicerie locale, quand on regarde, dans la scène suivante, le bras de l'un des protagonistes... et l'attitude des autres personnages envers lui.
Bref, beaucoup de choses sont dites par les images. Elles sont d'ailleurs parfois superbes, avec ces paysages enneigés, gelés. Les dialogues sont là plutôt pour faire émerger une tension ou la résoudre. Les moments forts sont souvent placés au niveau des repas, très ritualisés. C'est fou comme ce coin de Chine m'a fait penser au Japon (et le réalisateur s'est à mon avis inspiré du cinéaste nippon Ozu).
Le film vaut le déplacement pour le tableau qu'il propose de la vie villageoise (jusqu'au traditionnel cocufiage...) et la description des relations compliquées qui se nouent avec les migrants. Les jeunes garçons, au moins, ont le football pour sympathiser... d'autant que l'un des Coréens est un as du dribble !
Le rythme général n'est pas trépidant, mais j'avoue que j'ai été emballé !
19:39 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma