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vendredi, 19 mars 2021

Tropiques criminels (saison 2)

   France 2 achève la diffusion de la deuxième saison de cette série policière "ultramarine", tournée en Martinique, et qui s'inspire un brin de Meurtres au paradis (dont la diffusion de la saison 10 va débuter en avril). Il y a un peu plus d'un an, j'avais parlé des débuts de la saison 1, intéressants, divertissants, sans plus.

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   L'intrigue est toujours construite autour de la périlleuse association de la capitaine Crivelli (Béatrice de La Boulaye, excellente) et de la commandante Sainte-Rose (Sonia Rolland, raide comme un I). Autant la première est bordélique, gouailleuse, joviale voire paillarde, autant la seconde est rigoureuse, austère voire ennuyeuse.

   Enfin, ça, c'était dans la saison 1. Les scénaristes ont eu l'intelligence de faire évoluer leurs principaux personnages féminins. La fantasque Crivelli a gagné en professionnalisme et cherche désormais une relation stable. La pointilleuse Sainte-Rose connaît quelques moments de faiblesse et aime s'abandonner dans les bras musculeux d'un amant inavouable.

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   ... Raté ! Ce n'est pas l'amant, mais le lieutenant Charlery, policier très bien implanté localement, qui seconde efficacement ses deux supérieures hiérarchiques. Il est interprété avec talent par Julien Béramis.

   L'épisode 7 est intitulé "Schoelcher", du nom d'une commune martiniquaise où se déroule une partie de l'intrigue. (Elle a pris ce nom à la fin du XIXe siècle, en l'honneur de l'un des acteurs de l'abolition de l'esclavage.) Le scénario, assez malin, conduit les enquêtrices à s'intéresser à la transsexualité...

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   Dans le huitième et dernier épisode de la saison ("La baie du Marin"), la commandante est au cœur de l'action : elle s'est fait enlever... sans que l'on sache, au début, par qui. La résolution de ce mystère ne manque pas de piquant (avec l'introduction d'hallucinations), même si cet épisode n'est pas exempt de clichés ni de maladresses dans le jeu de certains comédiens.

   Globalement, je trouve cette saison plus réussie que la précédente. Le duo d'actrices principales fonctionne très bien... et les vues de la Martinique sont belles.

lundi, 08 mars 2021

Qui est le raciste ?

   Le racisme est (depuis des années) une plaie, dans le football comme ailleurs. Je n'ose imaginer la rage et le sentiment d'humiliation des joueurs de couleur qui, lorsqu'ils sont balle au pied, entendent des "cris de singe" provenant des tribunes, ou qui voient une (peau de) banane jetée dans leur direction.

   Fort heureusement,  les choses semblent évoluer dans le bon sens. Que ce soit en Italie, en Angleterre ou en Belgique, des sanctions (certes légères) ont été prises contre des supporteurs racistes.

   Cependant, la volonté de bien faire peut parfois conduire à une situation ubuesque. L'affaire dite du match PSG-Basaksehir en est un bon exemple. Je pense que dans ce cas une hypersensibilité, alliée à de l'incompréhension et peut-être la volonté de faire pression sur l'arbitrage ont fait déraper la situation.

   L'un des arbitres roumains a été accusé d'avoir traité l'un des entraîneurs adjoints de Basaksehir de "négro" (sous-entendu "nègre"). La confusion vient de l'emploi du mot roumain "negru" :

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   Il désigne la couleur noire, a priori sans connotation péjorative. On retrouve cet usage dans la dénomination d'un pays, le Monténégro, étymologiquement "montagne noire". Même si cette manière de désigner une personne n'est pas d'une grande élégance, comme les arbitres s'exprimaient entre eux, en roumain, on peut penser qu'ils ne cherchaient à offenser personne, juste à communiquer rapidement une information.

   Cela n'a pas empêché le président du club turc de réclamer la radiation  à vie de l'arbitre roumain accusé d'avoir employé le mot "negru". En voilà un qui aurait dû tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de s'exprimer. En effet, il semblerait que, quelques minutes avant l'incident qui allait interrompre le match, l'entraîneur adjoint de l'équipe turque (Pierre Achille Webo) aurait traité les arbitres roumains de "gitans". Sympa, non ? Aucune sanction ne semble envisagée contre lui.

dimanche, 21 février 2021

Meurtres à Pont-l'Evêque

   Samedi soir, France 3 a diffusé un nouvel épisode inédit de la série Meurtres à... Celui-ci a été tourné (tout comme Meurtres à Albi) fin 2019, avant le début de la pandémie, mais en Normandie. L'intrigue, particulièrement tortueuse, s'appuie sur un trio d'acteurs principaux.

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   Arnaud Binard et Antoine Hamel incarnent deux frères officiers de gendarmerie, qui ne se parlaient plus depuis des années, mais que les nécessités de l'enquête vont rapprocher. Tous deux sont des habitués de la télévision française (et des séries policières). J'ai trouvé le premier plus convaincant que le second.

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   L'excellente surprise est la présence au générique d'Élodie Frenck, révélée au grand public dans le rôle de Marlène, la pulpeuse secrétaire du commissaire Laurence dans la saison 2 des Petits Meurtres d'Agatha Christie. Ici, elle interprète un personnage très différent, celui d'une greffière au tribunal local.

   L'intrigue tourne autour d'un ancien centre de détention, qui fut jadis surnommé la "Joyeuse Prison". Le célèbre bandit René la Canne y séjourna. Des événements dramatiques s'y sont déroulés autrefois, qui ont des répercutions au XXIe siècle. Il y est question de naissances illégitimes et d'adoption. (Je conseille aux téléspectateurs d'être particulièrement attentifs aux détails des histoires familiales, parfois très sinueuses.)

   C'est l'un des bons épisodes de la série, par ailleurs inégale.

jeudi, 03 décembre 2020

Quadruple affront

   Le matin, en partant au boulot, j'ai l'habitude de passer chez un marchand de journaux. En général, j'achète Centre Presse, parfois accompagné d'un autre journal ou d'une revue. Mais, aujourd'hui, mon regard fut attiré par la une de La Dépêche du Midi, consacrée au décès de l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing. Du coup, j'ai acheté un exemplaire du "journal de la démocratie"... et je me suis régalé.

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   Volontairement ou involontairement, le quotidien a bafoué à quatre reprises l'ancien président de la République. La première banderille se trouve dans le titre. Cet "AU REVOIR..." est une allusion transparente au dernier discours de VGE en tant que président (en 1981), conclu par une sortie théâtrale que beaucoup ont trouvée ridicule.

   Le deuxième trait vindicatif réside dans la manière de désigner VGE, à droite sur la Une numérique, en page 2 de l'édition papier. L'expression "président Giscard" dénie à VGE le droit d'être appelé "d'Estaing". La particule nobiliaire fut rachetée par son père et son oncle dans les années 1920... mais les spécialistes (notamment les généalogistes) sont plus que réservés quant à l'authenticité du lien de parenté qui existerait entre la famille Giscard et la branche (éteinte) d'Estaing.

   La volonté de La Dépêche de ne pas tomber dans l'idolâtrie posthume atteint un sommet dans le choix de la photographie de couverture. Le défunt est représenté très âgé (ce qu'il était)... mais avec les poils qui dépassent du nez ! Franchement, cette photo-là, il fallait la trouver !

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   Le quatrième affront se trouve en page 3 de l'édition papier, mais, là, il se retourne contre le quotidien. En effet, à côté de photographies et d'articles relatant certains épisodes de la vie de VGE figure, sur la colonne de droite, une série de repères chronologiques. C'est écrit petit et il y a fort à parier que la majorité des acheteurs du journal ne vont pas lire cette partie très attentivement.

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   Ils auraient tort. J'y ai appris quantité de choses que j'ignorais à propos de l'ancien président de la République. Ainsi, il aurait été conseiller municipal de Sainte-Féréole (en Corrèze), puis conseiller général et député... de la Corrèze. La confusion est à son comble quand on lit qu'en mai 1974, il a été nommé Premier ministre. En fin de colonne, les lecteurs un peu mous du bulbe (et qui ont continué leur lecture jusque-là) ont sans doute découvert le pot-aux-roses en voyant ceci "7 mai 1995-16 mai 2007 : Président de la république" ! C'est la chronologie de Jacques Chirac !!!

   TROP NULS FORTS LES JOURNALISTES DE LA DÉPÊCHE ! Quant à VGE, Chirac l'aura fait chier jusque dans la mort !

   Je termine par une anecdote personnelle. Il y a une quinzaine d'années de cela, après le décès de mon père, j'ai eu l'occasion de fouiller dans ses affaires personnelles. J'y ai retrouvé un objet insolite, dont mon paternel m'avait un jour reparlé, mais en m'affirmant qu'il l'avait sans doute perdu :

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   Cette antiquité patriotique remonte à la campagne de 1974. Mon père était à l'époque un ardent giscardien. Il avait voulu à tout pris assister à la venue du candidat VGE, en compagnie de son jeune garçon, qu'il avait même porté sur ses épaules à cette occasion. La légende familiale raconte que le pauvre gamin avait eu l'honneur de porter le couvre-chef montré ci-dessus... ce qui aurait incité le candidat Giscard à venir de ce côté-ci du public... et à serrer la main du garçonnet ! Mon père pensait que cela porterait bonheur à "son" candidat...

   En tout cas, je n'ai gardé aucun souvenir de cet événement traumatisant !

samedi, 28 novembre 2020

Une bonne loi

   Je veux bien entendu parler la loi relative à la sécurité globale, dont la première version a été récemment adoptée par l'Assemblée nationale. Dans certains médias, sur les réseaux sociaux et dans la rue, elle est caricaturée d'une manière qui laisse à penser que, soit les personnes ne l'ont pas lue (et répètent, tels des perroquets, la leçon qu'on leur a apprise), soit elles mentent sciemment.

   Pour se faire sa propre opinion, rien de tel que de consulter le texte brut, accessible ici. Téléchargeable en version pdf, il s'étend sur une cinquantaine de pages.

   Les premiers articles sont consacrés aux polices municipales (qui vont disposer de davantage de latitude pour réprimer les délits de voie publique liés notamment à la suralcoolisation, un véritable fléau de notre société, quoi qu'en disent les bien-pensants). La suite du texte vise à mieux encadrer le fonctionnement des sociétés de sécurité privées, un milieu où l'on peut croiser toute sorte d'individu...

   On en arrive aux trois articles les plus vilipendés, les numéros 21, 22 et 24. L'article 21 évoque l'usage qui pourrait être fait des images tournées par les "caméras-piétons" des policiers. Leur généralisation est prévue d'ici l'été 2021... et c'est une bonne chose, puisque ces dispositifs filme(ro)nt les interventions des forces de l'ordre et seront donc opposables aussi bien aux délinquants qu'aux policiers "baveurs". (Et cela incitera celles et ceux qui ont le coup de matraque facile à réfléchir avant de choisir la manière de réagir à une situation conflictuelle.)

   Mais, pour les opposants, le problème est que les images tournées par ces caméras pourront être utilisées contre des manifestants "indélicats", par exemple celles et ceux qui provoquent les forces de l'ordre en les insultant ou en les bombardant de projectiles divers, cherchant à faire naître un incident susceptible de "faire le buzz" après avoir été filmé, non pas par la police, mais par un ami judicieusement placé... et qui a tout loisir de monter les images pour leur faire dire ce qui arrange les provocateurs.

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   Vous remarquerez que la loi prévoit que ces enregistrements vidéo ne soient pas modifiables (pour éviter toute manipulation). Voilà une attitude déontologique que l'on espèrerait trouver du côté des éructeurs antiflics des réseaux sociaux.

   L'article 22 est consacré aux "caméras aéroportées", essentiellement placées sur des drones. Le texte contient des garde-fous, que les opposants ne semblent pas avoir lus. Le premier est qu'en règle générale, l'utilisation de ce dispositif doit être annoncée à la population.

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   La règle générale est celle qui s'appliquera durant les manifestations. Les exceptions (la non-annonce de la mise en place du dispositif) concernent les situations où il s'agit éviter de donner des informations à des délinquants (ou des terroristes) objets de poursuites.

   Un autre garde-fou est la destruction des images (si elles ne sont pas utilisées dans une procédure judiciaire) au bout d'un mois :

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   C'est déjà la règle qui s'applique déjà aux images issues des caméras de vidéosurveillance fixes. En résumé :

- la loi prévoit le même usage des images des caméras-piétons que celui des autres caméras

- les caméras-piétons fournissant les images intégrales des interventions policières permettront de faire le tri dans les déclaration des uns et des autres concernant de supposées bavures policières (ce que permettent déjà de faire, parfois, les images de caméras fixes)

- la généralisation des caméras-piétons incitera policiers comme civils à adopter un comportement moins agressif

   On termine par l'article 24, qui a été, lui aussi, victime de déformations :

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   Dès le début, il est indiqué que l'article ne peut pas être opposé à la liberté d'informer. Les diffuseurs d'images de policiers seront passibles de poursuites s'il est évident qu'ils cherchent à nuire. Au passage, vous noterez qu'il reste possible de photographier/filmer le numéro de matricule, ce qui laissera aux journalistes (professionnels comme amateurs) une grande latitude pour dénoncer d'éventuels comportements scandaleux de la part des forces de l'ordre.

   L'opposition à cette proposition de loi est donc le fait d'ignorants ou d'extrémistes, qui ne réalisent pas à quel point le travail des forces de l'ordre est, dans certaines parties de notre pays, sérieusement compromis.

Les nouvelles attestations

   Qu'elles soient numériques ou sous forme papier (imprimable à partir d'un document pdf ou texte), on peut les télécharger ici. Il y a même une version en anglais (pour les déplacements dérogatoires).

28-11-2020-attestation-de-deplacement-derogatoire.pdf

 

mercredi, 25 novembre 2020

20 kilomètres de liberté

   ... et trois heures pour décompresser. Profitant d'une (légère) décrue de la pandémie, le gouvernement a choisi de lâcher du lest et de rendre la vie quotidienne des habitants de ce pays un peu moins étouffante.

   A partir de ce samedi (28 novembre), il sera donc possible de sortir gambader jusqu'à vingt kilomètres de son domicile, pendant trois heures. En ce qui me concerne, ce n'est pas tant la distance qui importe que le temps pendant lequel je vais pouvoir (légalement) pratiquer mon sport préféré.

   Je me suis quand même amusé (à partir d'un simulateur accessible dans un article du Monde) à observer jusqu'où je serai susceptible de me rendre, sachant que je réside à Rodez :

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   Sans surprise (la commune de Rodez occupant une position relativement centrale en Aveyron), le rayon à l'intérieur duquel je pourrai évoluer exclut les départements voisins, mais aussi le bassin decazevillois (ce dont je me remettrai sans peine), les agglomérations de Millau, Saint-Affrique et Villefranche-de-Rouergue ainsi que l'Aubrac (ce qui me chagrine davantage).

   En zoomant sur la carte, j'ai pu constater que le vallon de Marcillac me sera accessible (chouette !), ainsi qu'une bonne partie du Lévézou (au sud-est du chef-lieu). En revanche, il ne faut pas compter pouvoir explorer le Ségala très en avant (jusqu'au Baraquevillois).

   C'est toujours mieux que rien, d'autant que, dans le département, certains de mes concitoyens adoptent parfois un comportement irresponsable. L'anecdote qui suit m'a été contée par un ami, dont un membre de la famille a été contaminé par le covid à l'issue... d'une partie de chasse. Je n'en ai pas trouvé trace dans la presse locale, curieusement silencieuse à ce sujet.

   Récemment, ce mois-ci, une brochette de chasseurs (une quinzaine ?) se seraient réunis pour partager leur passion (le motif le moins inavouable), lutter contre la prolifération de gibier (l'excuse invoquée)... et se taper une petite bouffe bien arrosée entre copains (sans doute l'objectif réel de cette sortie). L'équipée ne fut pas marquée par l'acharnement à respecter les consignes de sécurité visant à limiter la propagation du virus. En clair : les masques n'auraient pas été très visibles, les gestes barrières vaguement pratiqués et la distanciation sociale réduite à la portion congrue. Problème : l'un des participants (au moins) était porteur du virus. Résultat ? Une semaine plus tard, presque toute la troupe était contaminée, plusieurs membres étant placés sous assistance respiratoire. Voilà peut-être qui pourrait expliquer la curieuse discordance entre la décrue annoncée au niveau national et le petit pic constaté dans l'Aveyron. (Les chasseurs inciviques n'en sont sans doute pas les seuls responsables, puisque les forces de l'ordre ont aussi récemment dû verbaliser plusieurs groupes de jeunes ayant organisé des fêtes clandestines, alcoolisées et "chichonnisées").

dimanche, 15 novembre 2020

Le bluff de Jean-Luc Mélenchon

   La semaine passée, le chef de la France Insoumise a réussi à créer en emballement médiatique autour de l'annonce de sa candidature à la prochaine élection présidentielle. A la condition officielle (obtenir au moins 500 parrainages d'élus), il en a jouté une seconde : le soutien d'au moins 150 000 "citoyens".

   De prime abord, le nombre paraît élevé. En réalité, il était évident qu'il serait facilement atteint puis dépassé. À l'heure où j'écris ces lignes, on en est à plus de 171 000 soutiens :

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   150 000 signataires, ce n'est rien par rapport au nombre d'électeurs qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle de 2017 (plus de sept millions) :

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   J'en profite pour rappeler que c'est à cette occasion que le candidat LFI a peut-être raté le coche : il ne lui a manqué qu'un peu plus de 600 000 voix (quand même quatre fois plus que ce qu'il a exigé au titre d' "investiture populaire"...) pour se qualifier pour le second tour (dont je doute qu'il serait sorti vainqueur). Il avait mené une campagne percutante, profitant de l'effondrement du PS, de l'absence de candidat.e EELV et du retrait de François Hollande. Cela avait suffi pour attirer à lui une partie de l'électorat de gauche traditionnel (une autre partie s'étant portée sur Emmanuel Macron). L'erreur commise par LFI a été de miser presque exclusivement sur l'élan créé par la campagne de J-L Mélenchon, sans chercher à bâtir une alliance à gauche dès avant le premier tour.

   L'intérêt suscité par le leader de la France Insoumise n'est pas retombé. Son compte twitter est très suivi, par plus de deux millions de personnes (même si ce n'est pas lui qui l'alimente) :

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   Même sa chaîne Youtube pèse davantage que le soutien populaire qu'il a demandé, puisqu'elle compte plus de 470 000 abonnés (huit à neuf fois plus que ceux de la chaîne LFI) :

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   Bref, Jean-Luc Mélenchon n'a pris aucun risque en s'imposant le soutien de 150 000 personnes. De surcroît, au vu des informations demandées pour une signature, il est fort probable que certains de ces soutiens ne soient pas électeurs à la prochaine présidentielle, puisqu'on ne leur demande qu'un nom, un prénom, une adresse électronique et un code postal.

   Ceci dit, je trouve qu'ajouter aux parrainages d'élus le soutien de citoyens est une bonne idée. En revanche, il faudrait que ces soutiens soient des électeurs inscrits et que leur nombre soit plus important, entre 500 000 et 1 000 000, selon moi. Cela donnerait effectivement une assise démocratique aux candidatures, tout en écartant quelques farfelus.

   Un autre paradoxe est que cette annonce a été formulée sur TF1, une chaîne appartenant au groupe Bouygues, dont on ne peut pas dire qu'il jouisse d'une grande popularité auprès des dirigeants de LFI. Il en est de même de BFM TV, propriété d'un conglomérat à la tête duquel se trouve Patrick Drahi, mais où Jean-Luc Mélenchon se rend régulièrement.

   Il a raison de le faire, puisque ce sont des chaînes populaires, dont certains spectateurs sont des électeurs LFI... ou sont susceptibles de le devenir. Mais la diversité des personnalités politiques s'exprimant sur ces chaînes contredit l'affirmation qu'en France, dans les médias "traditionnels", le débat politique serait verrouillé et qu'un seul discours politique serait autorisé.

   Ainsi, cela fait plusieurs années que, principalement sur la Toile (par exemple ici), circule la dénonciation de la concentration des médias français, qui auraient les pieds et poings liés par neuf (ou dix) "milliardaires". L'affirmation est inexacte sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, les personnes possédant au moins une partie de médias jouant un rôle important en France sont bien plus que dix, comme on peut le constater sur un schéma publié par Le Monde diplomatique l'an dernier. De plus, la majorité de ces propriétaires sont plutôt des millionnaires que des milliardaires. Sur la forme, le fait qu'une personne richissime possède tout ou partie du capital d'un média n'implique pas nécessairement que les équipes de journalistes aient perdu toute autonomie. C'est très variable d'un journal à un autre. Les cas de censure me semblent au contraire assez peu nombreux. Néanmoins, je reconnais que la tendance à la concentration est réelle.

   Enfin, aux médias privés supposés à la botte d'une poignée de milliardaires (et donc en théorie de droite), on pourrait opposer les médias publics (en particulier les radios), où la parole "de gauche" est bien plus répandue (et même très répandue, si l'on ne considère que les radios). Mais le service public radiodiffusé est censé faire preuve de neutralité. Cela implique que ces médias (qui portent à gauche, comme on dit) se montrent critiques aussi bien à l'égard de la France Insoumise que de ses adversaires politiques. Or, ces dernières années, il me semble que les relations entre LFI et France Inter sont assez tendues, les néo-marxistes français supportant visiblement mal de ne pas faire l'unanimité dans "leur" camp.

dimanche, 01 novembre 2020

Des recherches qui en disent long

   J'ai déjà abordé le sujet en 2011 (lors du lancement d'une application téléphonique) et en 2012 (pendant la campagne présidentielle en France). La mort de l'enseignant Samuel Paty est l'occasion de vérifier la permanence de l'obsession (anti)juive d'une partie des utilisateurs du web francophone.

   Voici ce à quoi aboutit un début de recherche sur le plus célèbre des moteurs :

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   Passons à son ancien grand rival états-unien :

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   La comparaison avec le petit Frenchie n'est pas plus rassurante :

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   J'ai réalisé la même opération avec Bing et Duckduckgo. Je n'obtiens pas "juif" dans les premiers mots suggérés, mais "famille" et "origine", ce qui pourrait être une manière d'effectuer la même recherche. Ces suggestions sont proposées à partir des recherches précédentes. Il y a donc pas mal de personnes qui, quand elles ont effectué une recherche sur Samuel Party, ont voulu savoir s'il était juif.

   Son prénom (Samuel) a visiblement incité certains à croire qu'il pourrait être juif... et pas protestant, alors que de nombreuses personnes connues portent ce prénom, de l'écrivain irlandais Samuel Beckett au footballeur camerounais Samuel Eto'o, en passant par l'acteur Samuel L. Jackson et Samuel Wilson, l'un des modèles d'Oncle Sam.

   Pourquoi diable sur le web francophone (et tout particulièrement en France) certains cherchent-ils à savoir si la victime d'un assassinat barbare était juive ? Peut-être parce que, comme il a montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, "on" présume qu'il était hostile à l'islam (ce qui n'a rien à voir), voire qu'il appartient à une communauté jugée (à tort) hostile à l'islam : les juifs.

   Quoi qu'il en soit, ces internautes en ont été pour leurs frais : Samuel Paty n'est pas juif... et on s'en branle ! C'était d'abord un type bien, victime de l'extrémisme religieux.

lundi, 26 octobre 2020

Jean-François Galliard sur France Inter

   Vendredi dernier, les auditeurs aveyronnais de la matinale de France Inter ont eu la surprise d'être cueillis, au réveil, par un entretien téléphonique entre la journaliste Laetitia Gayet et Jean-François Galliard, président du Conseil départemental de l'Aveyron.

   Je présume que l'entretien a été réalisé en direct... en tout cas, par moments, on a l'impression que l'élu aveyronnais a été pris au saut du lit, tant ses réponses sont approximatives ou convenues, marquées par un grand fatalisme.

   A la première question il aurait pu répondre que le nombre de cas détectés augmente, dans l'Aveyron comme ailleurs, d'abord parce qu'on teste un plus grand nombre de personnes. Et puis, tout est relatif. Rappelons qu'au moment de l'entretien, il n'y avait que quatre personnes en réanimation dans le département (5 aujourd'hui). Quant à la courbe des décès en milieu hospitalier (repassée en noir ci-dessous), elle est certes croissante, mais modérément :

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   C'est surtout dans les EHPAD que le bilan est catastrophique. Depuis le début du mois de septembre, plus de 90 % des décès aveyronnais dus au Covid-19 s'y sont produits. Et encore... dans le bilan total (des décès en milieu hospitalier), on pourrait retirer quelques cas de patients d'EHPAD, qui ont été envoyés à l'hôpital, où leur mort a été déclarée. Je suis conscient que le virus circule plus qu'avant, mais le problème aveyronnais n'est pas tant la transmission dans les lieux publics que la pénétration dans les EHPAD. Je constate qu'en dépit du choc qu'a constitué la révélation de l'ampleur de l'épidémie dans les établissements de Sévérac, Villefranche et Rodez, on persiste à punir l'ensemble de la population.

   Je rappelle qu'en une semaine, il n'y a eu qu'un seul décès lié au Covid-19.

   Dans sa réponse, J-F Galliard évoque bien le cas des EHPAD, mais sans rentrer dans le fond. Pourtant, la collectivité qu'il préside joue un rôle important dans la gestion de ces établissements... Il avance un autre argument (à mon avis) fallacieux : l'affluence touristique de cet été. Certes (comme je l'avais pressenti en mai dernier), l'été fut une réussite sur le plan de la fréquentation. Mais ce n'est pas celle-ci qui a provoqué la récente hausse du nombre de cas. Les touristes sont beaucoup moins nombreux dans le département depuis la mi-septembre. Même en tenant compte d'un délai de huit-dix jours (pour le diagnostic de la maladie), l'explication par le tourisme ne tient pas la route.

   Et puis il y a ce fatalisme "galliardin". Pourquoi l'Aveyron devrait-il être touché comme les autres ? Pas par nature. Peut-être parce que la population n'y est pas plus civique qu'ailleurs. Nos voisins lotois et cantaliens s'en sortent mieux que nous, pour l'instant :

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   Ceci dit, vu le faible nombre de places en réanimation dont dispose le Lot, il pourrait rapidement changer de catégorie. Quant au Cantal, il me semble mieux armé, ne serait-ce que parce qu'on y a augmenté le nombre de lits en réanimation.

   A ce sujet, Jean-François Galliard rate le coche quand la journaliste lui tend une perche à propos des "déserts médicaux". Il aurait fallu insister sur l'insuffisance de l'offre médicale dans notre département. À vouloir ne fâcher ni n'inquiéter personne, on débite de l'eau tiède.

samedi, 24 octobre 2020

Le train pour Albi

   Que l'on se rassure : le titre de ce billet n'annonce pas une nouvelle mouture d'un célèbre sketch de Chevalier et Laspalès. Quoique...

   De temps à autre, il m'arrive de prendre le train pour aller passer une journée à Albi, dans le département voisin du Tarn. Aujourd'hui, ce fut tout un périple.

   Souhaitant faire la grasse matinée, j'avais prévu de quitter Rodez à 10h23. En arrivant à la gare, environ un quart d'heure avant le départ du train, j'ai vite compris que mon transport allait être animé. En raison des "conditions climatiques", le train était annulé, remplacé par un bus menant les passagers jusqu'à Carmaux. Là, un train nous attendrait pour nous mener qui à Albi, qui à Gaillac, qui à Toulouse... (En apprenant cela, je me suis réjoui de ne pas avoir pris de petit-déjeuner : je suis souvent malade en bus.)

   Plusieurs passagers ont cherché à savoir quelles étaient ces "conditions climatiques" qui empêchaient notre TER de nous mener à bon port. Certes, la nuit précédente, il avait plu sur l'Aveyron et, en certains endroits, les rafales de vent avaient été violentes. Mais cela n'était rien comparé aux épisodes survenus les semaines précédentes.

   Dans un premier temps, on a parlé de branches qui obstruaient la voie, en plusieurs endroits. Nous finîmes par découvrir la vérité. L'obstacle insurmontable, capable de perturber l'horaire des trains du XXIe siècle, était... des feuilles mortes. Aveyronnaises, les feuilles. Bigre ! Sont-elles vraiment plus grandes et plus lourdes que les feuilles mortes des autres départements ? Ne seraient-elles pas transgéniques ? Mais que fait José Bové ?

   L'une des passagères (une dame âgée) n'en revenait pas. "Des feuilles mortes ! Autrefois, ça n'empêchait pas les trains de circuler !" J'aurais envie de lui répondre "Oui et non, madame". Tout d'abord, ce n'est pas la première fois qu'un train est annulé pour cause de présence de feuilles mortes. C'est même arrivé très récemment sur la ligne Oloron-Pau :

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   Leur accumulation à certains endroits (surtout si elles sont mouillées) peut se révéler dangereuse pour certaines motrices. Cependant, je n'ai pas pu ne pas remarquer que ce genre d'incident se produit en général en période de vacances scolaires... et plutôt le week-end. De là à penser que des cheminots peu consciencieux feraient jouer leur droit de retrait pour passer plus de temps en famille...

   A la gare routière (qui jouxte la gare SNCF de Rodez), un bus nous attendait. Il fut assez bien rempli, d'une foule disparate : des personnes âgées, beaucoup de jeunes (lycéens ou étudiants), un papa avec sa fille et une brochette d'adultes entre deux âges. Tout le monde portait un masque, même si certains jeunes l'avaient fait glisser vers le bas du visage... L'un des adultes est monté avec son chien, un Malinois, auquel il avait ôté la muselière... Il est allé s'installer seul dans un coin, au fond du bus.

   À 10h23 pétantes, le bus se mit en marche. Dans un premier temps, il lui a fallu s'extraire de Rodez, ce qui a pris une bonne dizaine de minutes : le samedi matin, il y a des embouteillages (modestes) à la sortie du chef-lieu aveyronnais !

   Alors débuta le périple omnibus : notre transport devait passer par chaque gare intermédiaire et donc entrer dans chacun des bourgs desservis par la ligne Rodez-Albi. De Rodez, nous gagnâmes une petite commune périphérique, Olemps, dont l'entrée est marquée par la présence d'un Super U. Lorsque nous quittâmes cette commune, nous vîmes un supermarché Lidl. L'entrée dans le bourg de La Primaube fut saluée par les colonnes d'Hercule communales : un Aldi à gauche et un Leclerc drive à droite. Au grand rond-point local, c'est un... Carrefour Market qui nous salua, avant que nous ne bifurquions vers la droite, direction Carmaux la gare de La Primaube.

   Il fallut quitter la route principale, emprunter une petite rue, qui nous mena à la halte SNCF (qui n'est plus vraiment une gare)... où personne ne descendit (bien sûr) et personne ne monta (on s'y attendait un peu). Le chauffeur est vite reparti. L'enjeu pour lui désormais était de parvenir à s'extraire de la petite rue pour s'insérer dans le flux de véhicules circulant sur la route principale. Fort heureusement, une conductrice eut la courtoisie de ralentir pour permettre au bus de tourner. L'espoir s'est mis à renaître dans les coeurs !

   Pendant cette première partie du trajet, le bus en son entier a pu profiter des conversations téléphoniques de l'une des passagères. C'était une jeune femme, membre d'un duo qui partait passer quelques jours à Albi (logeant dans un Airbnb). Toutes deux étaient maquillées et portaient des tenues assez moulantes, de couleurs vives. Visiblement, elles ne se rendaient pas à un séminaire consacré à La Critique de la raison pure.

   D'après ce que tous les passagers ont pu entendre, les deux jeunes Aveyronnaises devaient retrouver une copine dans le Tarn, ainsi que, peut-être, d'autres personnes. Nul doute que leur soirée festive respectera les règles de sécurité en vigueur...

   Entre temps, le bus a fini par atteindre l'étape suivante, la commune de Baraqueville, à l'entrée de laquelle nous fûmes accueillis par un Intermarché. Là encore, il fallut passer par une petite rue, de surcroît embouteillée par la camionnette d'un artisan qui avait trouvé pertinent de stationner au milieu de la chaussée... Heureusement, notre chauffeur était un habile homme. Nous arrivâmes à la gare de Baraqueville où, là encore, personne ne monta ni ne descendit. Le chauffeur poussa la conscience professionnelle jusqu'à se rendre dans la gare... où il ne put pénétrer : le samedi, elle est fermée le matin.

   Quelques minutes plus tard, nous étions enfin sur le chemin de Carmaux Naucelle, dernière étape aveyronnaise de la ligne ferroviaire. Cela roulait bien. Comme au sortir de La Primaube, nous avons pu admirer la campagne aveyronnaise, redevenue verdoyante grâce aux pluies tombées ces dernières semaines. Dans les prés broutaient paisiblement des troupeaux de bovins, majoritairement  de race limousine : nous étions sur le territoire du Veau d'Aveyron et du Ségala.

   Quand nous sommes arrivés, la gare de Naucelle était ouverte. Deux passagères sont montées dans le bus. Le propriétaire du chien profita de la pause pour vapoter un peu, à l'extérieur du bus. Nous avons fini par repartir, sur la deux fois deux voies, direction Carmaux. Mais nous n'étions pas au bout de nos peines. À l'avant du bus, la fille qui accompagnait son père ne se sentait pas bien. En dépit de sa présence d'esprit, le papa ne fut pas assez rapide : la gamine a eu le temps de garnir son pantalon d'une petite gerbe, avant qu'elle ne finisse de vider son estomac dans le sac plastique que son père lui a tendu. Celui-ci a ensuite sorti une bouteille de gel hydroalcoolique, pour tenter de limiter les dégâts du malaise de sa progéniture. Malheureusement, il n'est pas parvenu à masquer toutes les odeurs. Certains effluves, bien qu'atténués, se sont répandus dans la première moitié du bus. Je dois dire que j'ai senti des parfums bien plus capiteux... (Ce fut de nouveau l'occasion de me réjouir d'avoir "sauté" le petit-déjeuner.)

   Arrivés à Carmaux (à 11h35), les passagers qui en avaient besoin ont récupéré leurs bagages dans la soute du bus et tout le monde s'est dirigé vers le train qui avait été mis en place. (C'est un train qui ne circule pas dans l'Aveyron et effectue quotidiennement le trajet Carmaux-Albi-Toulouse.)

   Nos aventures étaient-elles enfin terminées ? Confortablement installé dans une rame ni bruyante ni malodorante, je me suis mis à lire, en attendant le départ du train, qui n'a pas tardé. C'est alors qu'un éclair a fusé sur ma gauche, à l'extérieur. Le train s'est brutalement arrêté et j'ai entendu le conducteur s'en prendre violemment à une personne se trouvant sur la voie. La contrôleuse a rapidement débarqué et tout s'est expliqué. L'éclair en question n'était autre que le propriétaire du chien. Il avait profité de l'attente en gare de Carmaux pour se remettre à vapoter. Il m'est avis qu'il ne devait pas y avoir que du tabac dans sa cartouche, parce qu'il n'a pas entendu l'appel du départ. Lorsque le train s'est mis en route, il se trouvait dehors... mais son chien était dans le train !

   Finalement, tout s'est arrangé. Le jeune homme s'est confondu en excuses, le conducteur s'est calmé et la contrôleuse a conduit le jeune homme auprès de son chien. J'ai pu reprendre ma lecture.

vendredi, 23 octobre 2020

Une information faisandée dans "L'Hebdo"

   Le numéro 668 de l'hebdomadaire (supposé) satirique aveyronnais nous en raconte une belle : des journalistes suisses (un, en réalité) se seraient moqués de parlementaires français en mission au pays des banquiers (plus ou moins) coopératifs.

   Cela a attiré mon attention, parce que j'avais l'impression d'avoir déjà lu cela quelque part... et pas récemment. Problème : L'Hebdo ne cite pas sa source. Je l'ai retrouvée. Il s'agit du billet d'un blog tenu naguère par un Suisse, journaliste de formation, engagé depuis en politique (du côté libéral). Cela ne date pas d'hier, puisque le billet en question a été publié en... mai 2013 ! En France, c'était l'époque du début du quinquennat de François Hollande (et de l'enterrement de la promesse de taxer les plus riches à 75 %).

   En comparant la version parue dans L'Hebdo à celle du blog, on constate une différence au niveau du début de l'article. Cela me laisse penser que la version publiée par l'hebdomadaire aveyronnais n'a pas été puisée à sa source d'origine, mais sur un site qui en colporte une version légèrement retouchée. (En voguant sur la Toile, j'ai pu constater que ce genre de site penche nettement du côté de la droite extrême, une sensibilité qui semble très présente dans les colonnes de L'Hebdo ces derniers mois...)

   Pour bien comprendre le contexte de la venue des sénateurs français en Suisse, en 2012, il ne faut pas se limiter à ce blog, rédigé de manière polémique. Sur le site de la radio publique suisse, on apprend par exemple que cette venue n'était qu'une étape du parcours international de la commission sénatoriale, qui s'était aussi rendue en Belgique et au Royaume-Uni.

   Ces pérégrinations étaient liées à la rédaction d'un rapport, qui a été rendu public (en deux tomes) le 17 juillet 2012. Pour celles et ceux qui n'auraient pas envie de se plonger dans les centaines de pages relatant le travail de la commission sénatoriale, un résumé de six pages a été rédigé... mais je trouve qu'il donne très peu d'informations précises. Je conseille plutôt de se plonger dans les deux tomes, ou l'un des deux : le premier est une restitution organisée de l'ensemble des travaux, le second propose la retranscription de l'intégralité des auditions réalisées au Sénat.

   La composition de la commission rappelle aux ignorants que le travail de celle-ci fut bipartisan, même si les élus de gauche (à l'époque majoritaires au Sénat, pour peu de temps) ont été moteurs. Ainsi, le président de la commission était Philippe Dominati, élu du groupe Les Républicains, tout comme plusieurs autres membres, comme Francis Delattre et Louis Duvernois, qui ne se sont pas privés d'intervenir dans les travaux.

   Parmi les passages à savourer, je recommande, dans le second tome, les interventions des hauts fonctionnaires (français) chargés de lutter contre la fraude, le blanchiment, le financement du terrorisme. Il y est question des stratégies déployées par certains grands groupes (français, internationaux). On peut compléter par le témoignage du président de Citigroup France (un ancien de HSBC, aujourd'hui chez Lazard). Dans le domaine sportif, c'est le football qui était sur la sellette. L'audition de Frédéric Thiriez (président de la LFP) a été notamment l'occasion d'évoquer une combine pratiquée par le club d'Arsenal. En guise de dessert, je conseille la lecture de la séance au cours de laquelle ont été auditionnés deux anciennes gloires du tennis français : Yannick Noah et Guy Forget. Ils ont été très honnêtes dans leurs propos (et le premier pas ménagé par certains sénateurs). Les échanges avec les élus permettent de mieux comprendre la problématique des hauts revenus (temporaires) des sportifs professionnels.

   Eh, oui ! Contrairement à une idée reçue, les sénateurs (à tout le moins certains d'entre eux) bossent. Les rapports rédigés par les commissions sénatoriales sont souvent riches en informations... mais il faut prendre le temps de les consulter.

mardi, 29 septembre 2020

Scène(s) de gare

   J'ai récemment passé quelques jours dans une ville de Nouvelle-Aquitaine. Je me suis déplacé en train, profitant d'une des offres avantageuses de la SNCF. J'ai noté qu'à bord des voitures, les voyageurs respectaient en général bien les règles de sécurité... et ils avaient intérêt : en gare de Toulouse-Matabiau, une équipe de sécurité a débarqué à l'improviste, histoire de vérifier que tous les passagers portaient (correctement) le masque.

   L'anecdote que je vais narrer s'est produite au moment du retour. Je me dirigeais à pieds vers la gare, laissant mon esprit vagabonder au gré de mes pensées, lorsque je fus brutalement ramené à la réalité. Sur le trottoir d'en face marchait un jeune homme, dans la même direction que moi. Il parlait très fort, seul... muni d'une oreillette. Son accoutrement était caricatural : baskets de marque (visiblement neuves), survêtement à la mode, casquette (à l'effigie d'une métropole nord-américaine) disposée de travers. Je me suis demandé s'il était conscient de représenter une sorte de cliché ambulant. J'ajoute qu'il conversait au téléphone dans une langue étrangère (inconnue de moi), que je présumais africaine.

   Nous arrivâmes en même temps devant l'entrée de la gare. Divers panneaux et marquages au sol indiquaient dans quel sens pénétrer dans le bâtiment. Cependant, celui-ci était en travaux, ce qui perturbait considérablement la circulation des piétons, au point de rendre impossible le respect des consignes de sécurité en cas de forte affluence.

   C'est alors que le jeune homme (qui venait d'ajuster son masque) s'est tourné vers moi. D'une voix douce, dans un français impeccable, il m'a demandé comment faire pour arriver au quai. Je lui ai indiqué ce qui me semblait être la bonne marche à suivre. Il m'a remercié et nous sommes entrés dans la gare. Nous nous sommes séparés là, chacun voguant vers son destin.

   Je devais patienter un peu moins d'une heure avant de prendre mon train. Je me suis donc dirigé vers le buffet de la gare. La fréquentation de ce genre d'établissement expose à certains risques :  parfois c'est une gargote bas-de-gamme, bruyante, mal fréquentée, qui ne propose rien d'intéressant ; parfois c'est un établissement tout juste confortable, mais hors de prix. Comme il faisait chaud, je me suis installé sur la terrasse ombragée, prenant soin de mettre de la distance entre moi et un groupe bruyant. Bien calé dans mon coin, j'ai passé commande... et j'ai de nouveau laissé mon esprit vagabonder.

   Cette fois-ci, c'est un duo qui m'a ramené à la réalité. La terrasse du buffet donne sur le parking-minute de la gare. Deux agents de police sont arrivés pour vérifier si les véhicules stationnant là étaient en conformité. Cela a incité un client du buffet (installé à l'intérieur) à rapidement quitter l'établissement. Me doutant qu'il y avait anguille sous roche, j'ai discrètement tendu l'oreille.

   Cet homme âgé s'est approché d'un véhicule garé sur un espace réservé aux personnes handicapées. D'après ce que j'ai perçu de ses échanges avec les policiers, il n'avait pas mis en évidence la carte qui l'autoriserait à stationner à cet endroit. Il ne l'avait pas sur lui, mais il disposait d'un papier prouvant son état de santé. L'un des policiers a contacté son standard, sans doute pour effectuer plusieurs vérifications. Je pense qu'il a cherché à savoir si le véhicule n'était pas volé et si son propriétaire présumé n'était pas recherché.

   Dans la foulée, il a pu vérifier que cette personne avait bien le statut d'handicapée (apparemment suite à une opération lourde). Voilà qui semblait régler le problème... sauf que le conducteur n'a pas pu montrer un certificat d'assurance valide. Les policiers ont décidé d'immobiliser le véhicule et ont conseillé au conducteur d'appeler quelqu'un. Ils se sont approchés de la terrasse, se sont installés à l'ombre avec le vieil homme et ont proposé d'attendre avec lui. Dans le même temps, la serveuse du bar-buffet (qui était venue auprès de moi s'enquérir de la situation) a proposé de servir de l'eau aux fonctionnaires, qui ont poliment décliné.

   Je ne sais malheureusement pas comment cette histoire s'est terminée, puisque j'ai quitté peu après la terrasse, mon train ayant été mis en place. J'ai pu rapidement m'y installer et de là regagner mon Aveyron chéri.

jeudi, 17 septembre 2020

Bal des faux-culs à Béthune

   Lorsqu'hier mercredi l'entreprise Bridgestone a annoncé la prochaine fermeture de l'usine de production de pneus de Béthune (dans le Pas-de-Calais), nous avons eu droit à un splendide concert d'indignations, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, en passant par le gouvernement libéral dirigé par Jean Castex. Quelle belle bande d'hypocrites !

   Certes, d'un côté, il y a une puissante firme transnationale japonaise, qui contrôle l'américain Firestone depuis la fin des années 1980 et le français Speedy depuis 2016. Ce groupe est le plus gros vendeur de pneumatiques au monde, devant Michelin, Goodyear et Continental :

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   Cependant, la filiale française a vu sa situation se dégrader, ces dernières années, dès avant la crise provoquée par la pandémie de covid-19 :

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   A mon avis, il ne faut pas accorder trop de crédit au redressement du chiffre d'affaires en 2017-2018. Je pense que c'est lié au rachat de Speedy. Il faut plutôt s'inquiéter du creusement des pertes et ce, alors que le marché automobile français ne se portait pas si mal avant la période de confinement de 2020.

   Au niveau des pneumatiques, c'est dès 2019 que la situation s'était dégradée, tendance confirmée et même accentuée en 2020. Au conjoncturel (les conséquences de la pandémie) s'ajouteraient des causes structurelles, à la fois mondiales et locales.

   Au niveau international, le principal changement survenu ces dernières années est l'arrivée massive des pneus chinois en Europe (et Amérique du Nord). Entendons-nous bien : il  y a pneu chinois et pneu chinois. Le "pays du milieu" est peut-être devenu le premier pays de fabrication des pneus, certains de conception chinoise, d'autres de conception européenne, nord-américaine voire est-asiatique. (Ainsi, Michelin possède deux sites de production et un site de recherche & développement en Chine.)

   Récemment, ce sont les pneus de conception et de fabrication chinoises qui ont cassé les prix (ils sont de 30 à 50 % moins chers). Ils couvrent une large gamme de modèles et portent des noms de marque qui n'évoquent pas leur pays d'origine : Antares, Atlas, Goodride, Fortuna, Rockstone... Ils se vendent souvent sur la Toile, qui prend de plus en plus de place dans le marché du pneu (entre 10% et 20 % du total, selon les sources). Problème concernant ces produits bon marché : si, dans l'ensemble, ils sont d'une qualité acceptable en conduite sur sol sec, ils se révèlent souvent dangereux par temps humide ou en cas de freinage d'urgence. Sur ce point, les tests pratiqués par des équipes aussi diverses que celles de la RTBF, de L'Argus et d'Auto Plus convergent.

   Cela nous ramène aux indignations vertueuses du début. Ce n'est pas aux dirigeants de Bridgestone que devraient s'en prendre nos chers politiciens de tout bord... mais aux consommateurs français qui, depuis plusieurs années, torpillent sciemment la filière pneumatique nationale.

   S'ajoute à cela le contexte local. L'usine de Béthune serait la moins productive des sites européens dépendant de Bridgestone. Il aurait fallu la moderniser. Le Conseil régional des Hauts-de-France aurait contacté l'entreprise dans cette optique, en 2019. Bridgestone aurait décliné... signe qu'à l'époque, la décision de fermer l'usine était déjà prise ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, c'est une autre coïncidence qui m'a frappé : quelques mois avant de repousser l'offre du Conseil régional, Bridgestone avait proposé aux salariés de s'engager dans une procédure de modernisation... proposition qui fut largement rejetée par le personnel. Dans ce contexte, au vu de la concurrence internationale, on comprend que la direction n'ait pas considéré l'offre du Conseil régional avec beaucoup d'intérêt. Et puis, Xavier Bertrand pense tellement à la présidentielle, le matin en se rasant, qu'il n'est pas exclu que la démarche engagée par la collectivité qu'il préside n'ait eu d'autre but que de ménager sa possible candidature, en 2022.

   P.S.

   A lire, en complément, l'analyse (teintée d'humour) d'un professeur d'économie.

jeudi, 20 août 2020

La rafle des notables

   C'est le titre du dernier livre publié par la journaliste Anne Sinclair qui, depuis une dizaine d'années, se repenche sur son histoire familiale, qui n'est pas sans liens avec notre histoire nationale.

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   Cette vague d'arrestations massives de juifs de France est bien moins connue que celle dite du Vel d'Hiv, qui a été popularisée (entre autre) par le film La Rafle. En France, l'année 1941 a été marquée par les premières grandes vagues d'arrestations avec, en mai, la "rafle du billet vert" et, en août, la deuxième grande rafle parisienne.

   En comparaison de ces vagues (portant chacune sur environ 4 000 personnes), l'arrestation de 743 "bourgeois" juifs paraît de moindre importance. Elle n'en était pas moins annonciatrice de la suite. Tout d'abord, elle porta au total sur un bon millier de personnes, environ 300 juifs originaires d'Europe centrale et orientale s'ajoutant aux notables français. De plus, contrairement à ce qui a jadis été dit, ces arrestations ont été opérées par des policiers français, associés à des militaires allemands et parfois, des agents de la Gestapo. Une bien belle "collaboration"...

   Après une phase de regroupement à l'Ecole militaire, les détenus ont été envoyés du côté de Compiègne, dans le camp de Royallieu, au nord de Paris :

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   Parmi les "notables" arrêtés figurait Léonce Schwarz, le grand-père paternel d'Anne Sinclair, entrepreneur dans le textile. C'est l'aïeul qu'elle n'a pas connu, puisqu'il est décédé peu après la Libération, en 1945. L'un des intérêts du livre est le récit du sauvetage du grand-père, tombé malade pendant sa détention, ce qui lui a permis d'être envoyé à l'hôpital, d'où son épouse a réussi à le faire sortir avant qu'il ne soit renvoyé à Compiègne (et, de là, déporté à Auschwitz).

   Durant sa détention, le grand-père d'Anne Sinclair a pu côtoyer le frère de Léon Blum, le mari de Colette, le fils de Tristan Bernard, un ancien ministre de Clemenceau et une foule de polytechniciens, ingénieurs, juristes... L'écrasante majorité de ces "notables" était toutefois composée de commerçants et d'artisans.

   Le livre mérite aussi le détour par la description des conditions de détention. Certes, ce n'était ni un camp de concentration, ni un centre d'extermination, mais les prisonniers n'en ont pas moins subi d'effroyables privations, sans parler des vexations.

   Un petit cahier de photographies complète l'ouvrage.

   En complément, on peut lire le précédent ouvrage historique d'Anne Sinclair, consacré à la branche maternelle de sa famille qui, à la même époque, a pu fuir la France pour le Portugal puis les Etats-Unis :

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   Au centre de cet ouvrage se trouve l'autre grand-père d'Anne Sinclair, Paul Rosenberg, le marchand d'art audacieux, qui a soutenu les peintres "modernes" de son temps, au premier rang desquels Picasso. Au-delà de la saga familiale, le livre passionne aussi par la description du fonctionnement du marché de l'art peu avant et peu après la Seconde Guerre mondiale.

   P.S.

   Pour la petite histoire, sachez que le nom Sinclair fut à l'origine le pseudonyme pris par le père d'Anne quand, jeune homme, il rejoignit la France Libre. Pour éviter que sa famille ne soit victime de représailles de la part de l'État français ou de l'occupant allemand, comme bien des résistants, il adopta un nom d'emprunt, qu'il fut autorisé à conserver après la guerre.

vendredi, 10 juillet 2020

Tout Simplement Noir

   Dans les cinémas CGR, ce film a bénéficié d'une campagne de promotion très agressive. La bande-annonce a été complétée par des saynètes tournées à l'intérieur des salles, le personnage principal (JP) y jouant son propre rôle, celui d'un beauf loufoque et engagé.

   Je nourrissais donc quelques appréhensions avant d'aller voir ce film, même si la bande-annonce est assez alléchante, avec quelques exemples de "clash" bien choisis.

   Jean-Pascal Zadi (inconnu au bataillon, pour moi) incarne donc JP, un intermittent du spectacle qui n'arrive pas à percer. La situation des (hommes) Noirs en France le révolte. Du coup, il se lance dans l'organisation d'une marche revendicative. Suivi par une petite équipe de tournage, il va rencontrer diverses personnalités de la "communauté", pour le meilleur et pour pour le rire...

   Les influences sont diverses, à l'image de l'entourage de JP. Il y a du Spike Lee, du Michael Moore, du François Ruffin et peut-être du Pierre Carles. Je me dis qu'il a dû aussi voir C'est arrivé près de chez vous.

   Le résultat est une suite de sketchs presque tous réussis. Ils ont été écrits et tournés sur la base de l'autodérision. Le personnage principal se pose en rebelle, mais, au moins autant que son engagement, ce sont ses défauts qui vont ressortir au fur et à mesure de ses rencontres. Il n'est pas aussi "conscientisé" que les militants de la Ligue de défense des Noirs, pas aussi bon rappeur que Soprano, pas aussi bon acteur qu'Omar Sy... Mais tous ces "notables" ont accepté de figurer dans son film, d'y jouer leur propre rôle et de s'y faire égratigner. En échange, le héros JP leur sert soit de faire-valoir, soit de punching-ball... C'est bien foutu et je pourrais voir et revoir les séquences avec Claudia Tagbo, Soprano, Lucien Jean-Baptiste et Eric Judor (ces deux derniers nous livrant une formidable prestation).

   Les auteurs en profitent pour critiquer celles et ceux qui se cantonnent à du divertissement commercial, pas vraiment haut-de-gamme, mais qui leur permet de bien gagner leur vie. Notons que "JP" ne se place pas sur un piédestal : il se fait filmer dans une scène (avec son compère Fary) où on le voit accepter de renier ses principes en échange d'une somme à six chiffres...

   C'est l'une des grandes qualités de film : la finesse d'écriture, qui culmine dans trois scènes. Celle du dialogue avec les "soeurs" voit le petit macho noir se faire rappeler à l'ordre, avant qu'il ne berne son auditoire avec une référence à Nelson et Winnie Mandela dont personne ne semble percevoir l'ironie. Le coup de grâce vient lorsqu'après la rencontre, on voit l'une des intervenantes en pleine contradiction avec les propos qu'elle a tenus auparavant. Mais, si c'est au nom du métissage...

   La deuxième scène marquante est la réunion qui se tient chez Ramzy. Alors que le sujet de la discussion est l'union des minorités, très vite le communautarisme et les préjugés réciproques surgissent. Là, JP devient observateur et donne une petite leçon de républicanisme.

   La dernière scène finement écrite est la rencontre entre le héros et Omar Sy, qui finit par se produire. Quel contraste entre l'acteur populaire, richissime, bien dans ses chaussures de luxe baskets et l'artiste revendicatif qui, à part son couple, n'a rien réussi dans sa vie. J'ai trouvé particulièrement bien venu le retournement de situation qui s'opère : durant tout le film, il est régulièrement question d'Omar Sy, pas en bien (il est un peu le repoussoir du héros), mais ici, la vedette la joue modeste et renverse sans le vouloir toute la rhétorique de JP. Là encore, c'est très bien fichu.

   La seule limite que je poserais est la systématique représentation négative des forces de police. C'est je crois le seul sujet abordé dans ce film sans la moindre nuance. C'est dommage, mais l'ensemble n'en reste pas moins une intelligente et savoureuse comédie.

   P.S.

   Ne partez pas trop vite à la fin : vous risqueriez de manquer quelques "incrustes" de Jean-Pascal Zadi !

   P.S. II

   Comme pour La Marche, il y a sept ans, on assiste, sur le site allocine.fr, à un matraquage anti-Zadi. Dès avant la sortie du film, une volée de critiques aussi brèves qu'extrêmement négatives a été publiée, le plus souvent par des auteurs venant de créer leur compte... Les racistes de base restent mobilisés.

vendredi, 03 juillet 2020

Jean Castex et les élections

   Les portraits du nouveau Premier ministre se succèdent à un rythme effréné. Les adversaires politiques d'Emmanuel Macron ont tendance à le présenter plutôt comme un technocrate d'obédience sarkozyste, les "macronistes" comme un grand commis de l'Etat ancré localement.

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   Cet enracinement se trouve dans les Pyrénées-Orientales (même s'il est originaire du Gers), dans la commune de Prades. Depuis 2008, Jean Castex en était le maire. C'est d'un cheveu (24 voix) qu'il a remporté sa première victoire aux municipales (au second tour). A l'époque, il a évincé de justesse le maire sortant, le PRG Jean-François Denis.

   Il a dû donner toute satisfaction à ses administrés, puisque, six ans plus tard, en 2014, sa liste l'a emporté dès le premier tour, avec 70 % des suffrages exprimés. Son ancien adversaire PRG figurait pourtant sur la liste de gauche qui lui était opposée, mais en dernière position.

   Rebelote en 2020 : la liste du maire sortant a recueilli plus de 75 % des suffrages exprimés au premier tour.

   Entre ces deux échéances, Jean Castex a complété sa fonction municipale avec deux autres mandats. En 2010, il était tête de liste de la droite aux élections régionales (de Languedoc-Roussillon), dans les Pyrénées-Orientales. En 2015, en binôme avec Hélène Josende (autre maire divers droite du département), il a été élu conseiller départemental, au second tour, dans le nouveau canton "Les Pyrénées Catalanes", face à un binôme de gauche.

   La seule tache dans ce beau parcours électoral est son échec aux législatives de 2012. A l'époque, la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle avait suscité une "vague rose" aux législatives qui avaient suivi. Dans la troisième circonscription des P.O., Jean Castex avait été battu par la socialiste Ségolène Neuville. (Signalons qu'en 2017, celle-ci a été balayée au premier tour, devancée par ses concurrentes LREM et FN. Jean Castex n'était pas candidat.)

   D'après le quotidien L'Indépendant, en 2018, on avait songé à lui pour le poste de ministre de l'Intérieur.

mercredi, 17 juin 2020

L'infirmière "pacifique" et les loups de banlieue

   Peu importe son nom. Peu importe son âge. Peu importe sa situation familiale. Cette personne nous a été présentée comme une martyre de la violence policière, extraits vidéo à l'appui. La plupart du temps, ces extraits son tronqués (comme d'hab', ai-je envie de dire). Les ardents défenseurs de la manifestante "oublient" de nous montrer ceci :

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   ... ou encore cela :

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   ... encore moins ceci :

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   Dans la vidéo diffusée sur BFM TV, on voit même un autre manifestant (qui ne jette rien sur les policiers) lui faire une remarque, ce que la dame semble prendre très mal. Durant ces quelques minutes, elle est en pleine santé... et ne se plaint pas de son asthme.

   J'ai envie de rapprocher cet événement anecdotique des tensions intercommunautaires qui ont éclaté à Dijon, entre des personnes clairement identifiées comme "d'origine tchétchène" et d'autres, la plupart du temps présentées uniquement comme habitant un quartier populaire... l'expression n'incluant visiblement pas les habitants d'origine tchétchène... peut-être, dirons les mauvaises langues, parce qu'ils ne sont pas d'origine africaine.

   D'après l'un des articles du Monde, on comprend qu'il y a hostilité entre des jeunes d'ascendance maghrébine (certains trempant dans le trafic de drogues) et d'autres, d'origine tchétchène. Normalement, la police devrait régler ce genre de problème. Mais la mode est au dénigrement des forces de l'ordre. Dans certains quartiers, dès que des policiers tentent de faire correctement leur travail, on assiste à des levées de bouclier, du coup la hiérarchie conseille plutôt la "retenue"... et c'est l'anarchie qui menace.

   Cette fois-ci, c'est la population d'ascendance maghrébine qui aurait eu besoin de la protection de la police contre l'expédition punitive menée par des Tchétchènes. Ces derniers temps, on a beaucoup entendu crier au loup (contre les supposées violences policières) mais, quand le véritable loup se présente (des voyous lourdement armés, prêts à faire de gros dégâts), on se lamente du manque de réactivité de la même police, sur laquelle, les jours voire les heures précédentes, on crachait allègrement.

mercredi, 27 mai 2020

Le Canard délivré

   Deux semaines que j'attendais cela : le retour du Canard enchaîné chez les marchands de journaux. Déjà, durant la période de confinement (à partir de l'exemplaire daté du 25 mars), il avait fallu supporter de ne lire qu'un demi-numéro (quatre pages au lieu de huit).

   Le 13 mai, ô surprise, les présentoirs étaient vides... et le sont restés jusqu'à ce matin. La raison en est un mouvement de grève de l'inénarrable syndicat du Livre, mouvement qui a aussi frappé les quotidiens nationaux et les magazines.

   Comme les autres médias en ont très peu parlé (paralysés par la trouille qu'inspire ce syndicat aux méthodes qui n'ont pas grand chose à voir avec la démocratie), je conseille à ceux que le sujet intéresse d'aller lire une excellente enquête publiée il y a deux ans dans l'hebdomadaire Le 1. Vous y découvrirez peut-être avec surprise le montant des salaires de certains des employés de Presstalis... N'hésitez pas à aller en toucher deux mots à votre buraliste / marchand de journaux préféré. Nul doute qu'il aura des anecdotes croustillantes à vous distiller sur des personnes à l'utilité contestable, mais palpant 4-5000 euros par mois...

   Revenons à nos canetons. Ne voyant pas mon hebdomadaire préféré venir, je suis allé à lui, sur internet. J'ai payé pour le lire en ligne. Le journal n'est pas téléchargeable, il est juste consultable... et uniquement durant sa semaine de parution. On peut zoomer fortement sur les pages pour afficher les différents encadrés en grand. Mais, pour un vieux lecteur comme moi, attaché à la version papier, ce fut un calvaire. Je n'ai réussi à lire que trois pages, mal de crâne à la clé.

   Le numéro paru ce mercredi 27 mai ne contient pas d'article-enquête fracassant, mais les fulgurances satiriques (écrites comme dessinées) dont il est parsemé sont toujours aussi réjouissantes.

lundi, 06 avril 2020

Meurtres au paradis... géographique

   Ce soir, France 2 diffuse un nouvel épisode inédit (le quatrième de la saison 9) de la rafraîchissante série britannique (tournée en Guadeloupe, rappelons-le). Une fois n'est pas coutume, je trouve que le titre français ("La Lettre à Elise") est mieux choisi que l'original ("Pirates of the Murder Scene", que l'on pourrait traduire par "Les Pirates de la scène de crime"). Il fait allusion à un élément-clé de l'intrigue, qui va permettre aux enquêteurs de résoudre l'affaire.

   L'histoire est comme d'habitude bien construite, avec des mystères à éclaircir et une bonne dose d'humour, véhiculé notamment par le personnage de Ruby Patterson (la nièce du commandant), incarnée avec fougue par Shyko Amos, qu'il faut absolument suivre en version originale.

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   Ici encore, l'épisode mérite d'être suivi en raison de l'arrière-plan socio-culturel sur lequel il est construit. Il y a bien sûr (comme quasiment à chaque épisode) quelques expressions idiomatiques qui donnent de la saveur au propos. C'est l'occasion (pour les non anglophones) de découvrir le sens de "dead as a doornail" ("mort comme un clou de porte", adapté en "raide mort" dans la VF) qui, sans surprise, qualifie l'état d'un cadavre.

   Sur le plan géographique, on comprend à certains détails que la production a soigné le contexte. L'action se déroule en partie dans la commune (fictive) de Port-Royal. On est allé jusqu'à créer une localité portant ce nom, visible sur le smartphone de l'un des personnages :

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   On retrouve cette localisation un peu plus tard, avec un code postal, sur le permis de conduire d'un autre personnage :

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   Notons que, même s'il est rédigé en anglais, ce permis témoigne d'une organisation administrative française, avec un code postal (97635) typique de notre outremer. Il ne correspond toutefois à aucune commune de Guadeloupe (où les codes postaux sont en 97100), ni de Martinique (97200), ni de Guyane (97300), ni de La Réunion (97400), ni de Saint-Pierre-et-Miquelon (97500). Par contre, à Mayotte, les codes postaux sont en 97600. Mais, aucun ne correspond à 97635. On passe de 97630 à 97640 :

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  De plus, à ma connaissance, aucune commune de l'outremer français ne se nomme Port-Royal. En cherchant bien, on trouve, en Guadeloupe, celle de Port-Louis (dans le nord-ouest de Grande-Terre) et un lieu dit, Palais-Royal, plus au sud, aux Abymes :

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   Si l'on cherche un Port-Royal bien réel dans les Caraïbes, il faut regarder... en Jamaïque, ancienne possession coloniale britannique. L'actuelle capitale, Kingston, est construite à côté de l'ancienne, jadis une plaque tournante de la piraterie, et qui fut ravagée par plusieurs catastrophes naturelles. (Il est possible que certaines scènes de l'épisode 4 y aient été tournées, ce qui expliquerait la localisation "Port Royal" visible sur le smartphone.)

   Quant à l'île la plus ressemblante à Sainte-Marie, ce pourrait être Montserrat, située au nord-ouest de la Guadeloupe, et qui fut pendant des siècles l'objet de la rivalité entre la France et l'Angleterre. (Cet aspect a d'ailleurs servi de trame de fond à l'intrigue d'un épisode de la saison 5.)

   Pour terminer sur l'épisode 4, il faut dire qu'il amorce un nouveau changement dans la distribution. Un an après le départ de Joséphine Jobert, c'est au tour d'Ardal O'Hanlon de quitter la série. Je ne peux pas dire que je regretterai celui que je surnommais "Pépère". Je suis toujours d'avis que le meilleur acteur dans le rôle de l'inspecteur fut Ben Miller (en duo avec Sara Martins) durant les deux premières saisons. La semaine prochaine, si tout va bien, les téléspectateurs français découvriront un nouvel enquêteur, au tempérament très différent de celui de son prédécesseur.

mercredi, 25 mars 2020

La nouvelle attestation de déplacement

   Dans le cadre du renforcement du confinement de la population, le gouvernement a mis en ligne les nouvelles versions des attestations à présenter aux forces de l'ordre lors d'un contrôle.

   Comme le site "beugue" un peu (sans doute en raison de la grande affluence), je propose en téléchargement une version de l'attestation de déplacement dérogatoire (pas la professionnelle), qui inclut notamment les limites au déplacement quotidien autorisé : une heure maximum, dans un rayon d'un kilomètre autour du domicile :

attestation-deplacement 2.pdf

   Je pense que ces mesures sont nécessaires. Si l'on se fie à la courbe de l'évolution du nombre de victimes quotidiennes, nous n'avons pas encore atteint le pic, même si nous en sommes proches. Je pense que le confinement ne durera pas moins de quatre semaines.

   Bon courage à toutes et à tous !

mercredi, 18 mars 2020

Survivre en milieu confiné

   Purée, ce qu'il a fait beau, aujourd'hui, à Rodez ! C'est le printemps, un poil en avance, avec son soleil éclatant, ses prés verdoyants, ses oiseaux gazouillant... et les humains derrière leurs écrans.

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   Je fais partie de celles et ceux qui sont passés au télétravail, une nouvelle forme d'esclavage qui consiste à faire en sorte que des salariés se flinguent les yeux chez eux, sur leurs propres écrans d'ordinateur, en travaillant pour autrui.

   Certains y ont vu une occasion de changer de rythme de vie. Mouais, bof... En ce qui me concerne, le changement se traduit par 8 à 10 heures passées derrière l'écran, soit à lire ou préparer des documents, soit à "communiquer" à distance.

   Au tout début (dimanche-lundi), on a pu entendre, ici ou là, que la cohabitation forcée des couples pourrait déboucher, dans neuf mois, sur un mini baby boom. Le premier problème est que, si les deux membres du couple sont amenés se croiser plus que d'habitude, c'est souvent sous le regard de leur progéniture... C'est dans ces moments-là qu'on regrette d'avoir prévu "petit" pour le logement familial. Bref, plus qu'un surcroît de galipettes, le confinement pourrait provoquer à terme une explosion du nombre de divorces ou de séparations. C'est d'ailleurs ce qui se produit actuellement en Chine.

   Du coup, aller chercher le pain est devenu l'un des actes les plus importants de la journée (après un séjour prolongé -et solitaire- dans la salle de bains). Chaque jour, je profite de ce moment exaltant pour marcher un peu, histoire de me vider la tête. Conformément aux prescriptions gouvernementales, j'ai sur moi la fameuse attestation (téléchargeable ici) pour justifier mon déplacement. (Dans ce cas, il faut cocher "déplacements pour effectuer des achats de première nécessité".)

attestation_de_deplacement_derogatoire.pdf

   Aujourd'hui, j'ai d'ailleurs été contrôlé par des policiers, qui ont fait s'arrêter (à un endroit stratégique de Rodez) les piétons comme les automobilistes. L'un d'entre eux m'a confirmé qu'il n'était pas nécessaire d'imprimer chaque jour une nouvelle attestation, si notre déplacement a le même motif. Il faut par contre modifier la date sur le papier, par exemple en utilisant du "blanco".

   Mais le plus beau restait à venir. L'un des policiers qui pratiquait le contrôle m'a révélé que, un peu plus tôt dans la journée, lui et son collègue sont intervenus auprès... d'un groupe de boulistes. Les mecs étaient sortis prendre l'air et se côtoyaient sans vergogne ! Ah ben, bravo !

lundi, 16 mars 2020

Le retour de "Meurtres au paradis"

   Ce lundi soir, France 2 commence la diffusion de la saison 9 de la série britannique (tournée en Guadeloupe, rappelons-le). L'an dernier, le public avait appris le départ de l'actrice Joséphine Jobert, dont on pensait qu'elle serait remplacée par Aude Legastelois, apparue dans quelques épisodes. Celle-ci figure bien dans la nouvelle saison, dans un rôle pour l'instant supplétif. L'autre petite nouvelle, l'agent Ruby Patterson (incarnée par Shyko Amos), est chargée de dynamiser l'intrigue par sa puissance comique :

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   Le premier épisode, intitulé "Meurtre en deux parties" réutilise les recettes qui ont fait le succès de la série : des paysages superbes, une musique entraînante, une intrigue correcte sans être hyper-compliquée... et quelques situations savoureuses. Cette fois-ci, il faut quand même reconnaître qu'on comprend très vite ce qui se cache derrière le mystère, surtout si l'on est familier de l'univers d'Alfred Hitchcock.

   Du coup, on peut davantage s'intéresser au contexte et aux dialogues. Je recommande de suivre ceux-ci dans la version originale, en anglais certes, mais parsemée de mots et expressions français. On peut aussi s'amuser à analyser le travail des doubleurs, qui ont fort à faire avec les expressions idiomatiques. Ainsi, dans ce premier épisode, l'une des scènes voit le sergent Madeleine Dumas évoquer ses déboires sentimentaux, avec son supérieur, Jack Mooney :



podcast

   Dans la version originale, Mooney conclut sa réponse par "Bob's your uncle !" (Bob est votre oncle), ce qui, dans ce contexte particulier, pourrait se traduire par "L'affaire est dans le sac !" ou "C'est comme si c'était fait !" Le sergent répond que son oncle s'appelle "Pierre" (pas Bob), laissant croire à Mooney qu'elle ne connaît pas cette expression.

   Pas facile à rendre en français, tout ça ! Les traducteurs se sont creusé les méninges, avec aussi en tête l'idée qu'il fallait que les répliques collent à peu près aux mouvements des lèvres des personnages. Voici le résultat :



podcast

   Dans la version doublée, Jack Mooney conclut sa réplique par "Y a pas d'lézard !", ce à quoi sa subordonnée répond qu'elle en a vu plein... Bien joué !

   Dans la foulée, la chaîne diffuse l'épisode 2, intitulé "L'enfant terrible". Cette fois-ci, c'est une artiste-peintre qui est assassinée, apparemment à l'aide d'un poison, mais dont il semble impossible de comprendre comment il a pu lui être administré.

jeudi, 12 mars 2020

Des Hommes

   Je suis tombé par hasard sur ce documentaire, consacré à l'ancienne prison des Baumettes, à Marseille (la nouvelle étant déjà entrée en service). En 1h20, le film ne vise pas l'exhaustivité. On nous propose de suivre principalement des détenus du bâtiment central, ainsi que quelques-uns (fragiles psychologiquement) placés à l'écart des autres. Plusieurs membres du personnel ont aussi droit aux honneurs de la caméra.

   Tourné en immersion, ce documentaire ne s'appuie sur aucun commentaire, ni le moindre dialogue entre les journalistes et les personnes filmées. Il s'agit d'un montage, celui de "scènes de vie", la parole étant longuement laissée aux détenus. Ces derniers ont été choisis parmi les "petits délinquants". On ne suit aucun criminel sexuel, aucun tueur ni aucun caïd de la drogue.

   Ce sont des hommes jeunes, pour la plupart d'origine modeste, certains n'ayant pas connu leurs parents. L'un d'entre eux est dans la situation inverse : c'est son père qui semble l'avoir entraîné dans une combine... et sa réinsertion dépend d'une initiative prise par sa soeur !

   On découvre des cellules assez petites, où logent un ou deux détenus. C'est assez vieillot, sans tomber en ruine. Aux Ruthénois cela rappellera peut-être l'ancienne prison du Piton (située dans le quartier Combarel), qu'il était à l'époque impossible de visiter. Depuis, comme à Marseille, les détenus ont été envoyés dans une structure plus moderne, mais en périphérie de Rodez (à Druelle).

   Notons que toutes les cellules visibles à l'écran sont dotées d'une télévision, certaines même d'un petit frigo. Par contre, l'isolation phonique est visiblement déplorable (tout comme sans doute l'isolation thermique... mais c'est moins crucial à Marseille qu'à Rodez).

   Je pense que le but des journalistes est de montrer que la plupart des détenus sont des hommes comme les autres, qui n'ont pas eu la chance de naître dans la "bonne" famille ou le "bon" quartier. En fonction de la personne qui se trouve à l'écran, on est plus ou moins d'accord. Mais l'ensemble n'en constitue pas moins une formidable tranche de vie. On ne s'ennuie pas un instant.

dimanche, 19 janvier 2020

Rodez en tête !

   ... mais pas de la Ligue 2 ! Non, dans ce billet, il va être question d'un autre classement, peut-être bien plus important pour l'ensemble des habitants : celui des villes et villages où il fait bon vivre. Il a été établi par une association, villes et villages où il fait bon vivre, à partir de plus de 180 critères. Une synthèse des résultats est proposée par le Journal du dimanche :

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   Sur la carte ci-dessus, vous remarquerez que les communes sont classées par strate de population. Ainsi, dans la catégorie "grandes villes" (peuplées de plus de 100 000 habitants), c'est Annecy qui arrive en tête. Dans la strate suivante, c'est Bayonne. Dans la strate 20 000 - 50 000 habitants, la lauréate est... Rodez !

   Au niveau du classement global (toutes communes de plus de 2 000 habitants confondues), Rodez arrive à la... douzième place ! (Aux non-Aveyronnais qui liraient ce billet, je rappelle que le numéro départemental correspondant à l'Aveyron est le 12.)

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   Concernant les critères, on remarque qu'ils ont été pondérés, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas été mis sur un pied d'égalité. Les auteurs de l'étude les ont coefficientés à partir de résultats d'études d'opinion (portant sur ce qui compte le plus dans la vie quotidienne, aux yeux des personnes interrogées). La qualité de vie et la sécurité arrivent largement en tête, ce qui avantage une commune comme Rodez :

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   Joint à l'article, un document détaille le contenu des critères, ce qui nous mène aux fameux 182 points sur lesquels ont été fondés les divers classements. A noter que l'un d'entre eux est consacré aux villages.

samedi, 21 décembre 2019

Le coup de com' de Carole Delga

   La semaine dernière, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe en Aveyron. La présidente du Conseil régional de Midi-Languedoc, Carole Delga, avait décidé de renommer Jacques-Chirac le lycée agricole d'Onet-le-Château ! (Concrètement, elle a fait voter une décision en ce sens par la Commission permanente du Conseil régional, une "armée mexicaine" qui réunit 52 des 158 conseillers régionaux...)

Commission permanente.pdf

   Rappelons toutefois que le souhait de donner le nom de l'ancien président de la République à un lycée de la région a été annoncé par Carole Delga dès la mort de celui-ci, en septembre dernier. Le premier problème est que, dans cette annonce, elle a précisé que l'établissement serait situé dans l'ouest de la région, une zone géographique où l'on a du mal à placer l'Aveyron :

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   Le deuxième problème est que Carole Delga a déclaré vouloir contacter les deux établissements auxquels elle songeait, dès son retour du Japon. Or, une mienne connaissance au fait de ce qui se passe au lycée La Roque (le lycée agricole situé à Onet-le-Château) m'a affirmé que personne dans l'établissement n'avait été mis au courant du choix de Carole Delga, pas même le directeur ! Voilà qui est cavalier... surtout que, dès le 14 novembre dernier, dans son discours inaugural de l'assemblée plénière, la présidente avait déclaré qu'un "grand lycée agricole" allait s'appeler "Jacques-Chirac".

   Cet événement suscite deux autres questions. La présidente de la région a-t-elle le droit de faire ce qu'elle a annoncé et pourquoi s'est-elle risquée à une décision aussi abrupte ?

   La réponse à la première question est : oui, sous certaines conditions. Depuis la décentralisation des années 1982-1986 (sous le premier septennat de François Mitterrand), le pouvoir de nommer les établissements scolaires publics est passé du gouvernement aux collectivités territoriales : le conseil municipal pour les écoles, le conseil départemental pour les collèges et le conseil régional pour les lycées (agricoles inclus). La décision de la commission permanente n'est donc pas infondée. La logique voudrait qu'elle soit suivie d'un vote de l'assemble plénière du Conseil régional. Celle-ci vient de se réunir, jeudi 19 décembre. Dans le descriptif des délibérations, je n'ai pas trouvé trace du projet de Carole Delga. Aurait-elle été gagnée par une soudaine prudence ? (Ou bien peut-être que ce genre de mesure ne nécessite pas un vote de l'ensemble des élus.)

   Il se pourrait qu'elle ait eu écho des réactions suscitées par sa décision. Tant du côté du personnel du lycée, que des (anciens) élèves et des parents, c'est, au minimum, de l'incompréhension qui a surgi, voire de la colère. Il y a celles et ceux qui se sentiraient insultés que l'établissement porte le nom d'un élu qui, pour sympathique qu'il ait été, s'est quand même révélé une sacrée fripouille durant sa carrière politique. Il y aussi ceux (peut-être plus nombreux) qui, quoi qu'on pense de Jacques Chirac, sont attachés à la dénomination "La Roque", qui était déjà celle de l'établissement quand il était privé, l'Etat ayant eu la sagesse de ne pas la modifier lors du passage au public à la fin des années 1970.

   De surcroît, le lycée a son mot à dire dans le changement de nom, tout comme le maire d'Onet-le-Château d'ailleurs. Tous deux doivent être consultés par le Conseil régional. Or, jusqu'à présent, on ne trouve trace de cette consultation prévue par la loi dans aucun compte-rendu des réunions du Conseil municipal d'Onet. Quant au lycée La Roque, il a vu son conseil d'administration se réunir il y a quelques semaines avec, logiquement, un représentant du Conseil régional... qui n'a soufflé mot du sujet. Peut-être n'était-il pas au courant non plus... Si Carole Delga persiste dans sa décision, elle va donc devoir soit attendre la prochaine réunion de ce conseil d'administration (l'an prochain, en pleine campagne des régionales ?), soit demander sa convocation extraordinaire, avec un vote à la clé, vote qui pourrait ne pas lui être favorable.

   Cela m'amène à la deuxième question, celle des motifs de cette décision de renommer le lycée agricole. En septembre dernier, après l'annonce de Carole Delga, des informations ont "fuité" dans la presse. Le nom de Jacques-Chirac pourrait être donné à l'un des cinq lycées en construction dans la région. Ceux de Haute-Garonne tenaient la corde, en particulier celui de Gragnagues. Prévu pour ouvrir à la rentrée 2020, il pouvait parfaitement s'insérer dans la campagne des élections régionales, qui doivent se tenir en 2021.

   Le problème est que, si l'inauguration n'intervient qu'en septembre 2020, la présidente de région se sera peut-être fait couper l'herbe sous le pied par le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, présidé par Renaud Muselier (LR), qui considère devoir toute sa carrière à Jacques Chirac. Je ne doute pas qu'il soit sensible à l'idée de Camille Galtier, membre de LR comme lui, et partisan de donner le nom de l'ancien président à un lycée de Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

   Dans cette course à l'échalote, le choix du lycée La Roque par Carole Delga est peut-être tout simplement le moyen trouvé pour être la première à inaugurer un "lycée Jacques-Chirac"... en France, puisqu'il en existe déjà un au Maroc.

   De très mauvaises langues suggèrent qu'il existe un autre motif au choix d'appeler "Jacques-Chirac" l'un des lycées de la région. Ce serait, pour Carole Delga, un moyen de se présenter comme une élue proche du peuple, en opposition à certaines élites, en particulier celles qui soutiennent le président Macron et le gouvernement Philippe.

   Dans ce gouvernement figure Nicole Belloubet, ministre de la Justice. Il se murmure qu'en 2021, elle pourrait se lancer dans la course aux régionales, à la tête d'une liste LREM... contre Carole Delga. Le plus cocasse dans cette histoire est que les deux femmes sont d'anciennes collègues, puisqu'elles ont été vice-présidentes du Conseil régional de Midi-Pyrénées, sous la présidence de Martin Malvy. J'ai d'ailleurs retrouvé une photographie (publiée en 2010, dans le n°37 du magazine régional) sur laquelle on reconnaît Carole et Nicole :

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   A l'époque, Mme Belloubet était la première vice-présidente, à laquelle on promettait la succession de M. Malvy. Mme Delga était la quinzième. Souvenirs, souvenirs...

   P.S.

   Du côté de la Corrèze, c'est le collège de Meymac qu'il est question de rebaptiser.

vendredi, 06 décembre 2019

Une tirade d'anthologie

   Depuis bientôt un mois, TF1 a entrepris la diffusion de la deuxième saison de la série Balthazar, dont j'ai déjà parlé l'an dernier. Je trouve que la recette -très classique- fonctionne vraiment bien. Tomer Sisley est toujours aussi bon en expert médico-légal à la fois charmeur et érudit, tenaillé par l'assassinat de son épouse, qui n'a jamais été élucidé. A ses côtés, Hélène de Fougerolles a vu son personnage de capitaine de police s'étoffer un peu. Sa vie personnelle prend plus de place à l'écran. Cela m'amène à la scène d'anthologie située dans le sixième épisode, intitulé La Dette :


podcast

   Curieusement, dans les séries françaises, les parents sont très souvent montrés complaisants avec les travers de leurs enfants adolescents, comme s'il fallait leur passer tous leurs caprices. Ici, l'héroïne vide son sac. Elle qui sacrifie une part de sa vie privée pour servir le bien commun en a marre d'être prise pour une bonniche par son mari infidèle (et démago avec les enfants, semble-t-il) et ses rejetons ingrats. J'ai a-do-ré ! (La fin de l'épisode montre une évolution, consécutive au coup de gueule du capitaine.)

   Question humour, l'épisode précédent, intitulé Face à la mort, bien qu'assez lugubre, contient une saynète tragi-comique qui plaira aux admirateurs de l'acteur principal. Cette scène est censée se dérouler à l'époque où le médecin était interne, au cours d'un bizutage qui a mal tourné. Pour rajeunir Tomer Sisley, on lui a fait porter une horrible perruque :

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lundi, 11 novembre 2019

OPJ Pacifique Sud

   C'est le titre de la nouvelle série quotidienne de France Télévisions, dont la diffusion est programmée à partir de ce lundi 11 novembre sur France Ô... une chaîne dont la disparition est prévue dès 2020. Je pense qu'à terme, on envisage de faire basculer cette série sur une autre chaîne, par exemple France 3. En effet, cet été, France Télévisions a signé un "pacte pour la visibilité des Outre-mer", dans lequel il est prévu (entre autres) la diffusion, sur une "grande" chaîne, d'un feuilleton mettant en valeur le monde ultramarin.

   Celui-ci a pour cadre la Nouvelle-Calédonie, mais l'équipe (paritaire) de héros est multiculturelle :

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   La commandante (n°1 ci-dessus) est d'origine réunionnaise, Jackson (n°2) le nouveau lieutenant est un Antillais de Paris, Kelly (n°3) est une authentique Kanak, tandis que Gaspard le capitaine (n°4) est sans doute un Caldoche, qui a dû passer un peu de temps en métropole. Le but est visiblement de fédérer le public le plus large possible, quitte à sous-représenter les Blancs.

   Le premier épisode, d'une durée de 27 minutes, met en place le schéma narratif et présente les principaux personnages. Si les paysages calédoniens sont magnifiques et la musique plutôt bonne (une rareté à signaler au niveau des séries françaises), on n'évite pas les clichés : la commandante est une mère célibataire (ceci dit veuve et pas divorcée) confrontée à une ado tête-à-claques, le capitaine est un quasi-baba-cool en tongs et le nouveau lieutenant est à la fois tourmenté et psycho-rigide. (Il est évident que sa mutation sur le Caillou cache un douloureux secret.)

   On peut ajouter à cela quelques invraisemblances. Je passe rapidement sur la principale : il me semble qu'en Nouvelle-Calédonie, c'est la gendarmerie qui est chargée des enquêtes criminelles. Mais, compte tenu des événements du passé, il a sans doute paru judicieux aux scénaristes de choisir un autre contexte pour ses héros. Les vrais problèmes viennent du déroulement de plusieurs scènes. Que le nouveau, Jackson, soit taciturne et cassant est vraisemblable, mais certaines de ses répliques (et ses refus de répondre) ne passeraient pas aussi facilement dans la réalité. Il en est de même de l'altercation qui oppose la fille de la commandante à une autre lycéenne. Il n'y a visiblement aucune suite au niveau de l'établissement scolaire et la mère lâche l'affaire trop vite.

   Bref, ce n'est pas super-bien joué, mais cette histoire de meurtre dans l'usine de nickel recèle sa part de mystère. Pour l'instant, on n'est clairement pas au niveau de Meurtres au paradis.

samedi, 02 novembre 2019

Le Roman des Goscinny

   La récente sortie de La Fille de Vercingétorix (par le duo Conrad-Ferri) est une invitation à se replonger dans les aventures plus anciennes d'Astérix et Obélix, en particulier celles scénarisées par René Goscinny (1926-1977), auquel un roman graphique a été consacré. Il est paru cet été. Je viens d'en achever la lecture.

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   La couverture annonce parfaitement le contenu du livre. On y voit, de profil, René Goscinny et sa fille Anne, qui ne s'est jamais remise complètement de la mort précoce de son père, qu'elle a de surcroît assez peu connu : elle avait neuf ans quand il est décédé.

   Elle en a d'ailleurs beaucoup voulu au cardiologue qui avait fait pratiquer un test d'effort sur son père, au coeur fragile. Cela permet de comprendre les rares séquences dessinées sur fond rose, qui montrent une Anne Goscinny plus jeune, avide de vengeance.

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   Mais la majorité de cette bande dessinée nous est présentée soit sur fond jaune, soit sur fond bleu. Les chapitres dessinés sur fond jaune montrent l'oeuvre en construction, notamment les discussions entre Anne Goscinny et l'auteure Catel, à laquelle on doit, entre autres, une biographie en images d'Olympe de Gouges. L'artiste est face à un dilemme : soit elle continue à privilégier les projets concernant les femmes, soit elle se lance dans ce travail sur René Goscinny qui, quoiqu'homme, a bercé sa jeunesse et inspiré son travail. Elle a fini par dire oui à la fille du scénariste et a eu accès aux archives familiales.

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   Cela lui a permis de construire les séquences sur fond bleu, dans lesquelles on voit René Goscinny s'exprimer à la première personne et raconter l'histoire de sa vie.

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   Ceux qui l'ignoreraient apprendront que la famille de Goscinny est composée majoritairement de juifs ayant fui l'Europe de l'Est antisémite. Les parents de René n'ont d'ailleurs échappé au génocide que parce que, dans l'Entre-deux-guerres, ils sont partis s'installer en Argentine, un pays alors riche en opportunités, en particulier pour un ingénieur comme Stanislas (le père).

   Très tôt, le jeune René se révèle un boute-en-train, plutôt bon élève. Mais il est assez vite atteint par le virus du cinéma (notamment Laurel et Hardy) puis de la bande-dessinée. Il se fait la main en reproduisant des planches déjà publiées ou en caricaturant des personnages célèbres.

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   Ce n'est pas l'un des moindres intérêts de ce livre que d'y trouver des reproductions de documents authentiques, la plupart de la main de Goscinny. Ce n'était pas un dessinateur maladroit, l'un de là.

   Après le décès de son père, c'est aux Etats-Unis que René tente de percer dans son hobby. Fort heureusement pour nous, il n'a pas réussi. Mais il a côtoyé les fondateurs de Mad. A la fois dessinateur et scénariste à ses débuts (et même souvent homme à tout faire), René va petit à petit se spécialiser dans l'écriture de scenarii, où son imagination fertile et son humour ravageur vont faire merveille.

   Le succès n'est venu qu'en Europe, une fois qu'il s'est associé à plusieurs dessinateurs très talentueux, comme Sempé, Morris et Uderzo. Le livre ne nous raconte que les tout débuts, à savoir la rencontre entre Goscinny et tel ou tel acteur de l'histoire de la bande-dessinée francophone (souvent belge, rappelons-le), ainsi que les premières productions.

   Pour qui s'intéresse un tant soit peu à l'histoire en général et celle de la bande dessinée "française" en particulier, c'est un ouvrage indispensable.

samedi, 26 octobre 2019

La voix d'Alfred Dreyfus

   On peut l'écouter sur le site de la BNF, dans le thème "Archives de la parole". L'extrait, qui dure environ deux minutes, a été enregistré en 1912. On peut y entendre le plus célèbre condamné à tort de l'histoire lire un extrait de ses mémoires. Il y évoque l'année 1906, en particulier la remise de sa légion d'honneur, qui bénéficia d'un cadre officiel (une bien modeste compensation aux souffrances qu'il avait endurées). Il fait un petit bilan de l'Affaire qui l'a concerné au premier chef.

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   J'ai trouvé cette référence dans un passionnant petit livre d'Alain Pagès, L'Affaire Dreyfus, Vérités et légendes, aux éditions Perrin :

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