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dimanche, 22 juin 2014

Edge of tomorrow

   Sorti (en France) la semaine du 70e anniversaire du débarquement de Normandie (tout comme le documentaire D-Day), ce film met en scène une autre tentative de libération de l'Europe, presque entièrement contrôlée par des extra-terrestres dont les formes empruntent à la fois aux arachnoïdes et aux céphalopodes.

   A cause d'un accident, le héros, censé être mort, revit la même journée, en essayant de la modifier. Au départ, l'antipathique personnage incarné par Tom Cruise ne pense qu'à sa pomme (sauver sa vie). Puis il se dit que ce serait sympa de sauver celle de ceux qu'il croise (le soldat obèse qui se bat cul nu... et surtout la superbe combattante incarnée par Emily Blunt, déjà très bonne dans Looper). Finalement, il va tenter de sauver le monde. C'est un peu caricatural mais, grosso modo, cela traduit assez bien le simplisme du scénario, qui n'est pas sans rappeler celui d'Un Jour sans fin.

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   La première partie est une très bonne comédie. Cruise s'est bien glissé dans le rôle du communicant lâche et égoïste, à qui il arrive un tas de bricoles désagréables. Les seconds rôles sont efficaces, avec notamment un Bill Paxton épatant en sergent sermonneur. Comme les deux acteurs principaux "assurent" et que les effets spéciaux déchirent, on passe un très bon moment.

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   Dans la deuxième partie de l'histoire, le personnage incarné par Cruise prend le dessus. A force de recommencer la même journée (des centaines de fois...), il devient un soldat aguerri, mais jamais le duo qu'il forme avec Rita n'arrive au bout de la mission. Par contre, petit à petit, des sentiments naissent entre eux... même si, à chaque fois, pour la jeune femme, c'est une nouveauté. (Le film reste toutefois très pudibond.)

   La dernière partie se déroule à Paris, de nuit. C'est spectaculaire à souhait, très joli à regarder, même s'il faut faire preuve d'un peu d'indulgence quant au scénario, qui abuse du "juste à temps" (tout comme, très récemment, X-Men - Days of Future Past).

   Notons que la France est très présente dans cette fiction états-unienne. Outre le fait qu'au coeur de l'histoire se trouve un débarquement dans notre pays, signalons que l'héroïne est surnommée "l'Ange de Verdun", en hommage à son apport décisif dans une bataille contre les envahisseurs. Il faut ajouter la séquence parisienne (certains monuments emblématiques "dégustent" grave... de manière virtuelle, fort heureusement !)... et un flash d'actualités, au cours duquel les spectateurs de la salle, parfois stupéfaits, ont reconnu... François Hollande ! (Il serait intéressant de savoir si, dans les versions du film distribuées en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni, par exemple, le président français est remplacé par un dirigeant local.)

   Même si la fin ultime m'a un peu déçu, je suis sorti de là très satisfait... et avec une forte envie d'uriner !

13:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema

samedi, 21 juin 2014

Le Rouergue et la généralité de Montauban au crépuscule du Roi Soleil

   L'événement de ce vendredi 20 juin était bien entendu cette passionnante conférence, donnée par l'universitaire toulousain Patrick Ferté, au Centre culturel départemental situé avenue Victor Hugo, à Rodez. Elle accompagne la sortie d'une édition commentée des mémoires rédigés pour l'instruction du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV destiné à lui succéder.

   Patrick Ferté a commencé par présenter le contexte de la création de ces documents. Rappelons que Louis XIV, né en 1638, a régné très longtemps (jusqu'en 1715). Il a vu mourir tous ses fils... et presque tous ses petits-fils d'ascendance légitime. (Le seul à lui avoir survécu est Philippe, duc d'Anjou... devenu roi d'Espagne sous le nom de Philippe V... et lointain ancêtre du nouveau roi Philippe VI, tout récemment félicité par le président François Hollande.)

   Au départ, sans doute pour pallier un éventuel décès précoce (ils étaient coutumiers à l'époque), c'est aux trois fils de Louis de France (le "Grand Dauphin") qu'était destinée la formation dispensée sous l'autorité de trois personnages : le duc de Beauvillier, l'abbé Fleury et Fénelon. Le premier était ce qu'on pourrait appeler un grand commis de l'Etat. (Il avait de surcroît épousé une fille de Colbert.) A une époque où Louis XIV ne pensait qu'à guerroyer, il a conseillé de signer la paix avec plusieurs des adversaires du royaume de France.

   D'après Patrick Ferté, il avait confié l'éducation de ses enfants à l'abbé Fleury, un érudit réputé pour son Histoire ecclésiastique et qui s'intéressait à la pédagogie. Pour les Rouergats, il fut l'abbé de Loc-Dieu (pendant plus de vingt ans), dont il ne se contenta pas de percevoir les revenus. Il aurait reçu ce bénéfice du roi, en récompense de l'éducation de l'un de ses bâtards, le comte de Vermandois (né de la liaison avec Louise de La Vallière).

   Il est sans doute moins nécessaire de présenter le troisième homme, ecclésiastique et écrivain réputé, dont le roman Les Aventures de Télémaque (qui était d'abord destiné aux trois princes) fut souvent réédité. Notons qu'il était devenu l'ami du duc de Beauvillier.

   C'est donc dans ce contexte que fut commandé un état du royaume. Une liste de 43 thèmes/questions fut adressée à chacun des intendants. Celui de Montauban (Le Pelletier de la Houssaye) avait en charge la plus vaste généralité du royaume, incluant le Rouergue, divisé en trois élections (Villefranche-de-Rouergue, Rodez et Millau). La forme de celles-ci ne laisse d'ailleurs pas de surprendre :

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   J'ai un peu "bricolé" la reproduction d'une carte datant de 1717, trouvée dans un (excellent) ouvrage collectif, L'Aveyron, une histoire, publié en 2000 :

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   Durant la conférence, pour faire simple, Patrick Ferté a déclaré que le découpage des élections suivait des lignes orientées nord/sud. On voit qu'en réalité, c'était un peu plus complexe : compte tenu des circonvolutions de la délimitation, Espalion, Calmont et Camboulazet, par exemple, dépendaient de Millau !

   Bref, les intendants se sont lancés dans la collecte d'informations, s'appuyant sur des érudits locaux et des correspondants dont nous ne savons rien. Le résultat a été très inégal d'une généralité à l'autre et même à l'intérieur d'une généralité (d'une élection à l'autre). Il semble que, pour le Rouergue, le travail ait été effectué très consciencieusement. Et pourtant, il en a été peu tenu compte, les rapports de ces intendants ayant été rapidement dénigrés et, par la suite, tenus pour quantité négligeable, y compris par des historiens de talent comme Pierre Goubert (qui, d'après P. Ferté, ne s'est pas appuyé dessus pour rédiger sa thèse sur le Beauvaisis).

   Le responsable est peut-être, selon P. Ferté, le comte de Boulainvilliers qui, au XVIIIe siècle, voulut publier une synthèse "mise à jour par ses soins" des rapports des intendants. Non seulement il dénigra le travail de ces derniers (sans doute pour se mettre en valeur), mais il commit une foule d'erreurs de transcription, aussi bien au niveau des chiffres que des lettres. Si bien que les historiens qui, plus tard, commencèrent par consulter son ouvrage (L'Etat de la France), attribuèrent aux intendants du règne de Louis XIV (souvent à tort) les erreurs commises par Boulainvilliers. P. Ferté a notamment cité le cas du nombre d'ovins dans l'élection de Millau : annoncé à 20 000 (en 1699) par Boulainvilliers, il était, selon le rapport de l'intendant, de 200 000, évaluation qui semble correspondre à la réalité de l'époque.

   Voilà pourquoi P. Ferté a trouvé utile de ressusciter deux textes oubliés, le mémoire de 1699 et son complément de 1713, rédigé par un érudit local, Cathala-Coture. En effet, à Versailles, on avait été visiblement un peu déçu par le premier rapport, très statistique, comportant peu d'anecdotes. Le second fut donc une commande précise. Il est beaucoup plus historique.

   En réalité, ce n'est pas deux mais trois textes (voire quatre) qui sont réédités. Durant ses recherches, Patrick Ferté a consulté tous les exemplaires existants du mémoire de 1699. Il y en a une cinquantaine. Tous sauf un se terminent de la même manière, inachevés. C'est finalement à l'Ecole vétérinaire de Lyon qu'il a trouvé un exemplaire intégral, comportant un tableau des conversions de protestants. (Précisons que le mémoire a été élaboré peu après la révocation de l'Edit de Nantes, prononcée en 1685.) Le livre se terminerait par une prose assez savoureuse sur les coutumes locales.

   La suite de la conférence a été consacrée au tableau économique du Rouergue qui se dégage de la lecture des deux mémoires. Sans surprise, l'agriculture domine. Les cheptels sont dénombrés avec une précision relative. Si j'ai bien compté, au total, les bovins sont un peu plus de 13 000 dans les trois élections... mais les ovins sont plus de 300 000, particulièrement nombreux dans la circonscription de Millau. La vigne n'est guère développée, la production totale étant trois fois plus faible que dans l'élection de Cahors, si mes souvenirs sont exacts.

   Au niveau de l'artisanat, c'est le textile qui occupe la première place. Dans l'ouest, les productions semblent de meilleure qualité. L'élection de Rodez pèse quantitativement, mais les produits ne sont pas réputés. Du côté de Millau, l'activité de ganterie n'apparaît pas à cette époque.

   Il est aussi question de l'exploitation du charbon, notamment à Aubin. L'auteur du mémoire se garde toutefois d'évoquer un récent (1692) conflit violent, lié au monopole d'exploitation du "charbon de terre" attribué, dans un premier temps, à la duchesse d'Uzès, avant de lui être retiré, notamment après deux meurtres non élucidés. Le mémoire statistique de 1699 comme le mémoire historique de 1713 n'évoquent pas plus les révoltes de "croquants" qui ont émaillé le XVIIe siècle. Pourquoi ennuyer les princes avec de telles horreurs ?

   L'intendant a aussi veillé à mette en valeur l'activité commerciale, qui intéresse au plus haut point le gouvernement, adepte du mercantilisme. On s'est intéressé à la capacité d'autosuffisance de chaque élection. On a relevé le dynamisme du commerce des étoffes... et des fromages, en particulier le Roquefort, qui a déjà excellente réputation à l'époque... et qui se vendait jusqu'à Paris ! P. Ferté a aussi évoqué le commerce des mulets, importés du Poitou, engraissés en Rouergue et revendus parfois jusqu'en Espagne (en Catalogne). C'était un secteur jugé stratégique (en période de guerre) et l'intendant y était très attentif.

   Les deux mémoires fourmillent de détails, proposant une estimation jugée assez fiable de la population de la province et des principales villes. En 1699, le Rouergue aurait été peuplé d'un peu moins de 230 000 habitants (80 000 dans l'élection de Villefranche, 85 000 dans celle de Rodez et 64 000 dans celle de Millau). Au niveau des villes, Villefranche-de-Rouergue rivalisait avec Rodez (6 000 habitants chacune), loin devant Millau (3 000 habitants), devancée même par Saint-Geniez-d'Olt (environ 3 500). P. Ferté a toutefois relativisé ces chiffres. Ils sont donnés avec plus ou moins de précision et, concernant les villes, il a quelques doutes sur les limites choisies.

   Outre les populations, les enquêteurs ont tenté de recenser tous les édifices religieux... et même les ponts. Il y en aurait 32 (ou 34, je ne sais plus) dans le Rouergue, à l'époque. Ils étaient tous en pierre.

   La conférence s'est achevée sur les conséquences de l'hiver 1708-1709, qui s'ajoutait à la guerre de Succession d'Espagne et autres calamités. Le royaume de France est à genoux et le Rouergue souffre particulièrement. Le froid a tué la plupart des noyers et des châtaigniers, privant la population d'un aliment de base et d'un produit commercialisable. Ce fut le cas aussi pour le safran, très présent alors dans l'ouest du département. Lorsque les chênes ont été frappés, c'est la nourriture des porcs qui a disparu. Là encore, furent touchées et l'alimentation des populations et l'activité commerciale, puisque les animaux étaient vendus du côté de Montpellier.

   Sous le règne de Louis XV, d'autres crises climatiques ont secoué la province, si bien que le conférencier s'est autorisé à conclure que le "siècle des Lumières" n'a pas été une période brillante pour le Rouergue.

   P.S.

   Aux amateurs de sensationnel, je signale que le second mémoire développe parfois des thèses étonnantes, comme celle de l'origine larzacienne des différentes dynasties qui ont régné sur la France (les Mérovingiens, les Carolingiens... et même les Capétiens !).

   P.S. II

   Le plan des deux tomes de l'ouvrage de Patrick Ferté est accessible en ligne, sur le site du CTHS.

lundi, 16 juin 2014

Le personnel du musée Soulages broie du noir

   C'est du moins ce que l'on peut conclure de la lecture d'un article paru dans le quotidien aveyronnais Centre Presse et intitulé "Petits tracas au musée Soulages". Selon le journal, il faut plutôt y voir la rançon de la gloire : c'est l'engouement suscité par le nouveau musée qui expliquerait que le personnel soit débordé, voire exténué.

   Pour preuve, la version papier du quotidien publie une photographie sur laquelle on voit une foule massée à l'entrée du musée, canalisée par des barrières, la légende mettant l'accent sur le succès de l'établissement :

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   En la voyant, j'ai immédiatement "tiqué". Cette image m'en rappelait une autre, un peu plus ancienne. En cherchant un peu, j'ai trouvé : il s'agit d'une photographie prise au moment de l'ouverture du musée, juste après l'inauguration par François Hollande. On peut la trouver dans un article daté du 1er juin dernier :

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   Attention toutefois. Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas exactement de la même photographie. En regardant les deux images de très près, on se rend compte que les personnes qui font la queue sont différentes. Elles ont dû être prises à quelques (dizaines de) minutes d'intervalles. L'axe est le même. Le temps semble identique : c'est ensoleillé, mais frisquet (plusieurs personnes sont même assez chaudement vêtues), loin des hautes températures actuelles. Par contre, à l'arrière-plan, dans le jardin d'enfants, on reconnaît, de dos, le même homme, aussi bien dans l'article récent...

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   ... que dans l'article "ancien" :

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   Les files d'attente sont tout de même nettement moins impressionnantes aujourd'hui qu'à l'époque où la visite était gratuite !

   De surcroît, le stress des employés n'est peut-être pas tant dû à la surfréquentation du musée qu'au sous-effectif du personnel d'encadrement. L'article de Centre Presse le sous-entend, quand il évoque une personne en arrêt-maladie.

   Mais, quand on laisse traîner ses oreilles du côté des autres musées ruthénois (dont le personnel a été "mutualisé" avec le tombeau Soulages), on perçoit un autre son de cloche. On entend parler d'emplois du temps acrobatiques pour certains employés, qui jonglent avec plusieurs sites. (Ce n'est pas le cas de tout le personnel, bien entendu.) On entend aussi parler de restrictions budgétaires : il n'est un secret pour personne désormais que les coûts de fonctionnement du pôle muséal ont été sous-estimés. Résultat : on compresse le personnel... du moins tant que l'on maintient les trois musées ouverts. Une fois l'été passé, il sera toujours temps d'évoquer certains changements. Tout le monde pense (sans trop oser le dire) au musée Denys Puech, dont le succès est plutôt confidentiel...

   P.S.

   Si vous voulez faire des affaires, c'est le moment où jamais de vous précipiter à la boutique du musée, où c'est quasiment du libre-service !

   Quant aux oeuvres des collections permanentes, figurez-vous qu'elles ne sont pas assurées !

   P.S. II

   Finalement (toujours selon Centre Presse), ce sont les toilettes du musée qui semblent connaître la plus grosse affluence. Je me garderai bien d'en tirer des conclusions hâtives...

samedi, 14 juin 2014

Un groupe pas si facile que cela pour l'équipe de France de football

   En France, on s'est peut-être un peu vite réjoui du résultat du tirage au sort de la phase finale de la coupe du monde football 2014. Dans le groupe E, la France est opposée au Honduras, à la Suisse et à l'Equateur. Aucun des vainqueurs potentiels ne se trouve sur sa route immédiate. "Du tout cuit pour les huitièmes de finale", ai-je entendu à l'époque. Les récents succès de l'équipe tricolore en matchs de préparation ont fait ressurgir une armée de Footix dans notre pays. L'ancien fan que je suis regarde cela avec plus de recul.

   Commençons par le Honduras, l'adversaire de dimanche. A priori, il ne paie pas de mine. C'est seulement la troisième fois qu'il se qualifie pour une phase finale... mais la deuxième de suite. Même si, les deux fois précédentes (en 1982 et 2010), il n'a pas passé le premier tour, il dispose peut-être de la meilleure équipe que le pays ait connue.

   Le Honduras a en effet terminé troisième des éliminatoires de la zone Concacaf (qui regroupe les pays d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes), derrière les Etats-Unis et le Costa Rica... mais devant le Mexique (qui vient de battre le Cameroun 1-0, dans le groupe A) :

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   Dans son parcours, le Honduras s'est signalé par la qualité de ses attaquants, infligeant un cinglant 8-1 au Canada (avec de très jolis buts... même si la défense canadienne comptait sans doute plus de trous que les chaussettes d'un clochard). Plus tard dans la compétition, l'équipe centre-américaine s'est fait remarquer par un autre exploit : une victoire contre le Mexique, à Mexico. Rappelons enfin qu'il y a quatre ans, la Suisse n'était pas parvenue à vaincre le Honduras en phase de poules, perdant ainsi toute chance d'accéder aux huitièmes de finale.

   Voilà qui nous mène à nos voisins helvétiques. Il y a quatre ans, il avaient, dans un premier temps, fait forte impression, battant l'Espagne (futur vainqueur), avant de rater la suite de la compétition. Les observateurs avaient déploré la faiblesse de l'attaque suisse.

   La formation de 2014 semble avoir remédié (au moins partiellement) au problème, puisqu'elle a fini les éliminatoires avec la meilleure attaque (17 buts) de son groupe... et la meilleure défense : 6 buts encaissés en 10 matchs, dont 4 lors d'une rencontre épique contre l'Islande... et donc seulement 2 lors des 9 autres matchs. Ajoutons à cela que la Suisse est restée invaincue, remportant 7 rencontres et concédant 3 matchs nuls.

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   Des 7 victoires, on retiendra notamment celle remportée en Norvège (0-2), contre une équipe qui était beaucoup plus motivée que celle que la France a facilement vaincue en match amical à Saint-Denis.

   Passons au troisième adversaire des Bleus : l'Equateur. Comme pour le Honduras, c'est sa troisième participation à une phase finale de la coupe du monde, après 2002 et surtout 2006, édition au cours de laquelle les Sud-Américains avaient atteint les huitièmes de finale. Dans les conversations, c'est le pays dont le nom échappe le plus souvent à la mémoire des interlocuteurs. Tout le monde se souvient (en la redoutant, parfois) de la présence de la Suisse dans le groupe de la France. Minoritaires sont ceux qui ignorent le nom du premier adversaire, le Honduras, présenté (à tort ?) comme un "petit Poucet". Pour le troisième, l'utilisation d'un smartphone se révèle (souvent) nécessaire...

   Et pourtant. L'Equateur n'a pas eu besoin de recourir aux barrages pour se qualifier. Il a terminé quatrième de la zone Amérique du Sud, juste devant l'Uruguay :

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   Pour en arriver là, les Equatoriens ont réalisé plusieurs belles performances à domicile, battant notamment le Chili (4-0 !... Il vient de battre l'Australie 3-1, dans le groupe B), l'Uruguay (1-0)... et le Paraguay (4-1). C'est cette dernière équipe que la France n'est pas parvenue à vaincre en match amical, au début du mois, à Nice. Même si les conditions sont aujourd'hui différentes, ces quelques données devraient inciter les Bleus à prendre très au sérieux chacun de leurs adversaires.

   P.S.

   La rencontre de dimanche (contre le Honduras) aura une saveur particulière, au moment de l'écoute des hymnes nationaux. En effet, celui du Honduras contient un couplet entièrement dédié à la France... mais celle de la Révolution et de Georges Danton !

vendredi, 13 juin 2014

Il voulait devenir maire de Rodez

   Il va bien entendu être question de Christian Teyssèdre, auquel le journaliste Gérard Galtier consacre un livre, qui n'est pas une biographie au sens strict, plutôt le récit (nourri d'anecdotes) d'un parcours atypique :

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   Soyons clairs : si le bouquin contient, ici ou là, quelques critiques à l'égard de celui qui vient de se faire réélire maire de Rodez, le propos est globalement en empathie avec le personnage. Je pense que les deux hommes ont quelques points communs, notamment celui d'être, chacun dans leur domaine, des francs-tireurs.

   Christian Teyssèdre est un enfant du Faubourg, quartier moins bourgeois et plus frondeur que le sommet du chef-lieu aveyronnais. (Rappelons que Gérard Galtier s'y est présenté aux élections cantonales en 2011 et qu'il y a résidé, comme il l'avait précisé en réponse à l'un de mes billets.) A ceux qui ne le connaîtraient pas, le journaliste évoque l'épisode de la commune libre du Faubourg, dans les années 1930.

   Les amateurs de détails biographiques apprendront avec plaisir que le futur maire du Piton a effectué son service militaire dans l'infanterie de Marine (en tant qu'infirmier) et que, s'il a bien été reçu au concours d'entrée à EDF, il avait aussi réussi celui d'inspecteur de police !

   Le passage par EDF a visiblement joué un rôle non négligeable dans la carrière de Christian Teyssèdre. Il y a fait quelques rencontres (notamment celle d'Anne-Christine Her, aujourd'hui neuvième adjointe au maire), s'y est investi dans le travail syndical (à la CFDT)... et s'y est visiblement ennuyé, ce qui l'a peut-être poussé à s'engager en politique.

   Gérard Galtier s'attarde un peu plus sur les premiers pas du futur maire. Il a rejoint le PS, où il fait un peu tache. La plume se fait ici acerbe vis-à-vis de ces notables de gauche qui se sont très bien accommodés de la droite pendant des années, à Rodez et dans le reste de l'Aveyron. Il m'a semblé percevoir un poil de rage dans l'écriture de cette partie. L'auteur s'est longtemps battu contre l'ancien président du Conseil général, Jean Puech, qui, selon certains observateurs, a maintenu le département sous cloche (et sous son contrôle) pendant trois décennies.

   Mais c'est un autre élu de la "Majorité départementale" qui hérite nominalement de ses piques : Michel Astoul, qui fut l'adjoint de Marc Censi de 1989 à 2008. Gérard Galtier brosse un rapide portrait du cumulard, qui ne se représente pas sur le canton de Rodez-Est en 1998, où Christian Teyssèdre décide de se lancer.

   Les péripéties de la campagne sont contées par le menu détail, jusqu'aux recours en justice. Battu au second tour de seulement trente voix, le candidat socialiste a estimé que le journal de campagne distribué juste avant le premier tour de l'élection enfreignait le code électoral. C'est allé jusqu'au Conseil d'Etat, dont la décision, si elle déboute Christian Teyssèdre, reconnaît que la distribution du journal violait le code électoral, mais qu'elle ne suffit pas à expliquer la défaite du socialiste, pourtant de seulement trente voix ! Si on lit entre les lignes, le texte semble dire que la requête de Christian Teyssèdre aurait pu aboutir s'il l'avait présentée autrement.

   Ceci dit, cette affaire ne fut qu'une étape dans l'ascension politique du futur maire de Rodez. Son concurrent victorieux, Dominique Costes, n'a pas longtemps profité du mandat, puisqu'il a été battu en 2004 et qu'il a échoué aux municipales suivantes. Aujourd'hui recasé à la CCI, aux côtés de Manuel Cantos, il continue à faire de la politique (selon les mauvaises langues), mais de manière plus subreptice.

   La suite du livre de Gérard Galtier nous mène aux municipales de 2008 et à la victoire pas si surprenante que cela de la liste d'union de la gauche, dès le premier tour. L'auteur rappelle en effet qu'en janvier 2008, un sondage de l'IFOP avait donné la liste Teyssèdre en tête du premier tour... avec 51 % des voix. (En mars suivant, elle a finalement recueilli 52,5 % des suffrages exprimés.)

   Le livre décevra ceux qui s'attendaient à ce qu'il règle quelques comptes post-2014. (Il contient juste une phrase, en fin de volume.) Son propos s'arrête au début du premier mandat. Mais nul doute que, si le maire n'avait pas été reconduit cette année, la conclusion aurait été différente.

dimanche, 08 juin 2014

Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

   On a comparé cette comédie historique suédoise à Forrest Gump, le héros étant un homme ordinaire, pas particulièrement futé, mais qui va se trouver mêlé à une série d'événements importants, sans l'avoir voulu. Par contre, ici, on ne nous propose aucun trucage numérique faisant croire que le héros a rencontré des personnages réels. Ceux-ci sont incarnés par des acteurs.

   C'est un petit bijou pince-sans-rire, mais, attention, hein, pas aussi léger qu'une production anglaise. L'humour "à froid" est lesté de façon scandinave. Mais, quand on aime, c'est un régal !

   Mine de rien, l'enfance du héros est l'occasion de rappeler quelques vérités sur un pays qui n'était pas encore le paradis de la social-démocratie. Paternalisme, puritanisme protestant et cupidité faisaient des ravages. Le jeune Allan le vit bien, même s'il perd successivement son père et sa mère. Il s'est découvert une passion pour les explosifs, ce qui va le conduire à se venger, involontairement, d'un commerçant malhonnête.

   Sa vie sentimentale s'est arrêtée à peu près au moment où elle commençait, grâce à un médecin racialiste et eugéniste, comme la Suède et d'autres pays européens en ont connu dans l'Entre-deux-guerres.

   Allan a à peine le temps de s'insérer sur le marché du travail et de se faire ses premiers amis qu'il se retrouve embarqué dans la Guerre d'Espagne, où ses talents d'artificier vont trouver à s'exercer. Cela ne l'empêche pas, à la fin du conflit, de se retrouver à la table de Franco, auquel il a sauvé la vie dans des circonstances que je vous laisse découvrir. Au cours du banquet, le dictateur en vient à porter un toast au meilleur ami disparu d'Allan... qui était un communiste !

   Tous ces moments savoureux nous sont livrés par des retours en arrière. Le coeur de l'intrigue est l'époque contemporaine. Allan est centenaire, mais il n'a pas envie de célébrer ce siècle d'existence. Il met donc au point une spectaculaire évasion de la maison de retraite où il est parqué. Bruce Willis n'aurait pas fait mieux !

   Et puis, une chose en entraînant une autre, une intrigue drôle et primesautière se développe, chaque scène rebondissant sur la précédente. C'est de voir et entendre un gamin jouer avec des pétards qui a incité le papy à se faire la belle. C'est la bêtise d'un crâne rasé victime d'une "courante" qui le pousse à lui dérober sa valise pour partir Dieu sait où.

   Allan fait la rencontre d'un autre vieillard solitaire (beaucoup plus jeune que lui, ceci dit). Les deux pépés vont partir à l'aventure, lestés de cette valise qui semble susciter bien des convoitises. Le portrait du groupe de malfrats qui part à leur poursuite mérite à lui seul le détour.

   La petite troupe va s'agrandir d'un étudiant professionnel, d'une femme isolée... et d'un éléphant, qui va se révéler très utile !

   Entre temps, les retours en arrière nous auront montré le rôle capital joué par Allan dans la création de la bombe atomique, puis son action trouble pendant la Guerre froide. Etait-il un agent double, triple, quadruple ? Nul ne le sait... surtout pas lui ! Il a au moins profité de sa position pour sa saouler à volonté !

   Je me garderai bien de dire comment tout cela se termine. En tout cas, c'est pour moi la comédie à voir en ce moment.

22:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 07 juin 2014

Naissance d'un musée

   Il reste encore quelques heures pour voir le documentaire consacré par France 3 au musée Soulages, inauguré la semaine dernière par François Hollande.

   Cela commence par une visite du chantier (déjà bien entamé) par Pierre Soulages, entouré de professionnels du bâtiment, d'une grappe d'élus, d'une foule de privilégiés et d'une horde de journalistes. L'artiste se montre d'abord préoccupé par le volume des réserves, qu'il a peine à estimer... tout comme ses interlocuteurs. La conversation porte sur des m² et des longueurs de rail...

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   Sur l'image, à gauche, on reconnaît Ludovic Mouly (à l'époque président de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez), qui ne quitte pas Soulages d'une semelle, Martin Malvy (président du Conseil régional de Midi-Pyrénées), habile à se placer dans le champ de la caméra, et Christian Teyssèdre (le maire de Rodez)... qui a l'air de se faire chier (et on le comprend).

   La visite se poursuit en extérieur. Le peintre rencontre les ouvriers du chantier, juste le temps de serrer quelques louches :

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   Ici comme ailleurs, les entrepreneurs français ont recours à des sous-traitants ou de la main-d'oeuvre étrangère, avec l'exemple de cet ouvrier, à droite. Sa rencontre donne lieu à un échange "lolesque" :

- Qu'est-ce que vous êtes, vous ?

- Euh... portugais.

   Gêné, le patron de la boîte tente de rebondir en disant qu'il s'agit bien là d'un musée européen...

   On retrouve Pierre Soulages dans un entretien, dans lequel il raconte la genèse du projet de musée, au cours de discussions avec celui qui était à l'époque maire de Rodez : Marc Censi.

   Puis c'est au tour des architectes catalans d'avoir les honneurs de la caméra. Leurs explications sont censées mettre en évidence les liens qui existeraient entre l'architecture du musée et l'oeuvre de Soulages. Je n'ai pas été convaincu...

   Retour à Rodez, pour une séance de dédicaces. Des anonymes comme des vedettes locales viennent faire parapher leur exemplaire d'un ouvrage consacré à Soulages. Je trouve ce comportement de "groupie" infantile de la part d'adultes supposés intelligents. A moins que... cette signature ne soit considérée comme un investissement, qui rendrait l'ouvrage précieux. Ou alors c'est simplement l'expression de leur narcissisme : le "message personnel" de l'artiste les mettrait en valeur...

   A l'occasion de cette séance, Soulages rappelle involontairement combien il est attaché à la ville de Sète, où il est installé depuis des années... et où aurait dû être construit le musée consacré à son oeuvre ! Je pense que ce sont les Aveyronnais, plus que les Sétois, qui regrettent que cette occasion n'ait pas été saisie...

   On nous ramène ensuite au chantier. Le peintre s'enquiert de l'espace consacré aux expositions temporaires, qui doit être de 500 m². Mais cela ne colle pas avec ce qu'il voit du bâtiment. En fait, l'espace est divisé en deux salles, sur deux niveaux. Celle du dessus a un haut plafond (entre  7 et 8 mètres), alors que celle du dessous a moins de 5 mètres de hauteur, ce qui est présenté comme tout à fait "normal". Soulages rebondit sur le mot, avec esprit : "Une salle d'exposition normale pour des peintures normales... comme nous avons un président normal, ça c'est parfait tout ça !"

   La séquence suivante est consacrée à Conques et aux vitraux de l'église abbatiale. On y découvre un extrait d'un autre documentaire de Jean-Noël Cristini (aussi réalisateur de celui-ci). On nous présente un Soulages plus jeune (il a vingt ans de moins), au travail avec un assistant. Pour les aficionados du maître de l'outrenoir, c'est sans doute un moment d'anthologie, qui voit le génie créatif s'exprimer dans tout sa splendeur, avec notamment cette exclamation qui, j'en suis sûr, restera dans les mémoires : " Ce chatterton, c'est une trouvaille, hein ! "

   Au passage, signalons le crime de lèse-majesté commis par la chaîne publique qui, en plein documentaire, laisse passer les résultats du quinté !

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   Une longue séquence nous montre ensuite l'emballage, la réception puis le classement des oeuvres qui vont être installées au musée. On retrouve Pierre Soulages dans un entretien intéressant, où il évoque les peintures rupestres, nées dans la quasi-obscurité des grottes préhistoriques.

   On a ensuite droit à un autre moment de détente, avec les gesticulations autour du sens dans lequel exposer une oeuvre magistrale :

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   Soulages a du mal à se faire comprendre de son assistant... et aucun des deux ne sait vraiment dans quel sens regarder ce truc !

   Le film s'achève sur la mise en place des cartons de Conques, au musée ruthénois. On perçoit l'implication de l'artiste, mais on ne tente pas de nous faire comprendre quoi que ce soit sur les fameux vitraux...

   P.S.

   Arrivé en fin de rediffusion gratuite, le documentaire n'a pas suscité l'engouement sur le site tv-replay. Au bout de six jours et demi, à peine plus de deux cents personnes l'ont regardé, alors que la trilogie consacrée à l'histoire de l'électricité a été suivie par 2 500 à 3 500 internautes.

 

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   P.S.

   Pour ceux qui ont raté le film, France 3 a prévu une séance de rattrapage lundi 16 juin... à 8h45.

 

vendredi, 06 juin 2014

Maléfique

   Disney revisite Charles Perrault (cité au tout début du générique de fin)... pour les beaux yeux d'Angelina Jolie, qui a visiblement pris beaucoup de plaisir à incarner une "méchante"... sur un fond vert. L'idée de départ est excellente : nous conter non pas l'histoire de la belle au bois dormant, mais celle de la sorcière... qui n'en a pas toujours été une.

   Nous voilà embarqués dans le récit de la jeunesse d'une fée protectrice de sa contrée, menacée par les humains cupides et violents. A grand renfort d'effets spéciaux, on nous montre les impressionnants pouvoirs de la gamine puis de la jeune femme, le tout baignant dans une ambiance de merveilleux qui rappelle aussi bien certaines productions Disney que des classiques d'heroic fantasy.

   Je mets toutefois un bémol à mon éloge de l'aspect technique. A trois reprises, au moins, on sent le côté artificiel (recomposé si vous préférez) de certaines scènes. On perçoit l'aspect surimposition, par exemple quand la jeune Maléfique rencontre l'humain dont elle va tomber amoureuse, ou encore à la fin, quand Aurore (une blondasse insipide) retrouve son prince charmant (tout droit sorti d'un boys' band).

   Entre ces deux moments, l'histoire est tout à tour sombre et porteuse d'espoir. Elle est effroyable quand elle nous montre la "chute" de la fée. Elle est belle quand elle  évoque le lent changement qui s'opère à l'intérieur de celle-ci, au fur et à mesure qu'elle s'attache à la jeune fille qu'elle a pourtant maudite.

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   Angelina Jolie est parfaite dans le rôle-titre, anguleuse à souhaits, très expressive. Face à elle, Sharlto Copley assure davantage en roi décadent qu'en jeune homme arriviste. (Il était meilleur dans Elysium et surtout dans District 9.) Au niveau des seconds rôles, je retiens Sam Riley et surtout les trois petites fées chargées de la gamine, parmi lesquelles se distingue particulièrement Imelda Staunton... oui, la Dolorès Ombrage d'Harry Potter !

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   La partie animation est vraiment de qualité (si on laisse de côté les deux-trois scènes dont j'ai parlé plus haut). Les décors sont superbes et les personnages qui peuplent le monde de Maléfique sont très réussis. J'ai particulièrement apprécié le corbeau, compagnon de vengeance de l'héroïne, auquel il ne manque vraiment que la parole !

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jeudi, 05 juin 2014

The Homesman

   Ce nouveau film de Tommy Lee Jones joue à la fois sur les mythes (celui de la frontière, des pionniers) et sur l'histoire intime (celle d'une femme indépendante et pieuse, celle de couples qui partent en vrille et celle d'un vieil égoïste alcoolique).

   On peut tout de suite souligner la qualité de l'interprétation, en particulier celle d'Hilary Swank, qui porte littéralement le film sur les épaules. Habilement, Tommy Lee Jones se glisse dans le rôle du faire-valoir, accompagné par une brochette d'acteurs épatants, auxquels on peut ajouter, sur la fin, notre chère Meryl Streep, qui vient faire coucou en épouse de pasteur philanthrope.

   Évidemment, les deux individus que tout sépare vont petit à petit se rapprocher. La pionnière autoritaire s'adoucit, montre ses failles et le voleur goguenard se surprend à faire preuve d'un peu d'humanisme. Le chemin parcouru ensemble (avec les trois épouses rendues dingues par les conditions de vie du trou perdu où on les avait envoyées) n'est pas que matériel.

   Il faut dire que les héros ont intérêt à se serrer un peu les coudes. Le voyage relie le Nebraska (qui n'est à l'époque qu'un territoire) à l'Iowa (qui a obtenu le statut d’État quelques années auparavant) :

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   La région grouille de personnes sans foi ni loi et, parfois, les Indiens sont de la partie. Ce ne sont pas les moins dangereux.

   Tout ce petit monde semble se diriger vers une destination prévisible... eh bien non. Vers les trois-quarts du film, un événement inattendu survient, qui change la trame de l'histoire. Elle n'en devient que plus poignante... et forte.

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D-Day - Normandie 1944

   Sorti fort à propos, ce moyen-métrage (de 45 minutes environ) en 3D mêle rigueur historique et technologie de pointe. Plusieurs types d'images sont représentés. On trouve des vues aériennes de la Normandie, des images d'époque (je pense notamment aux abords des plages du Débarquement, avec la présence des dirigeables... c'est très joli en 3D), des scènes jouées et de l'infographie comme ces cartes montrées en plongée et que l'on voit s'animer au fur et à mesure que l'entreprise des Alliés réussit.

   C'est propre et bien fait. Le commentaire de François Cluzet s'insère parfaitement dans le film... mais, en dépit de ces qualités, je n'ai pas été emballé. D'abord, j'ai vraiment du mal avec ces lunettes 3D qui obscurcissent ce qui se trouve à l'écran. Ensuite, j'ai trouvé le contenu assez basique, voire banal. A ceux qui ont suivi jadis les cérémonies du cinquantième anniversaire, cela apparaîtra un peu fade. Mais c'est visiblement le (très) grand public que l'on a cherché à toucher.

lundi, 02 juin 2014

Insécurité et propagande à Toulouse

   Ce matin, comme pas mal de lecteurs, j'ai été quelque peu interloqué par un article de La Dépêche du Midi intitulé : "Deux étudiantes volées et agressées à la sortie d'une boîte de nuit". Ce n'est pas tant le fond (hélas assez courant dans la Ville rose) que la forme qui m'a interpellé. Regardons la photographie qui illustre l'article :

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   Elle n'a évidemment pas été prise sur le fait. Mais entre le moment de l'agression (le samedi) et celui de la mise en page de l'article (le dimanche), il y a eu suffisamment de temps pour réaliser un document d'illustration, comme il est précisé au bas de la photographie.

   On a donc choisi de représenter les deux étudiantes agressées comme deux bourgeoises... et l'agresseur comme un jeune homme à capuche, visiblement d'origine africaine. Or, l'article ne dit rien du physique des deux agresseurs, qui avaient le visage masqué. Soit les deux jeunes femmes ont quand même pu donner un début de description (et l'article ne le dit pas), soit c'est une extrapolation pure et simple.

   Ce nouveau fait divers s'insère dans la polémique sur la police municipale toulousaine. La sécurité fut l'un des sujets "chauds" de la récente campagne des municipales. Le candidat vainqueur, Jean-Luc Moudenc, en avait fait l'un de ses principaux arguments :

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   Dans son document de campagne, il compare le nombre de caméras de vidéosurveillance dans plusieurs grandes villes (dont Toulouse). Mais c'est sur le nombre de policiers municipaux (non cité dans le document) qu'a porté la polémique... encore aujourd'hui.

   En avril dernier, le nouvel adjoint à la sécurité, dans un article de La Dépêche du Midi, a avancé des chiffres qui sont depuis régulièrement repris... y compris par La Dépêche elle-même, il y a moins de trois semaines. (Comme le même chiffre a été cité dans deux articles différents, j'écarte la possible erreur de virgule d'un journaliste.)

   Refaisons les calculs. Tout d'abord, contrairement à ce qu'affirment les élus de la nouvelle majorité toulousaine, ce n'est 160 mais 175 agents que compte la police municipale à la fin de l'ère Cohen, aussi bien d'après La Gazette des communes que les statistiques gouvernementales.

   Si l'on divise par la population municipale de Toulouse en 2011 (qui est la population légale de 2014, selon l'INSEE), soit 447 340 habitants, on obtient 0,000 39 policier par habitant, soit 0,039 pour 100 habitants... ou 0,39 pour 1 000... ou 3,9 pour 10 000. C'est là qu'intervient l'erreur (involontaire ?). Le nouvel adjoint à la sécurité de Toulouse compare le nombre de policiers municipaux de Toulouse pour 1 000 habitants à celui de Lyon... pour 10 000.

   En effet, à la même date, la commune de Lyon comptait 326 policiers municipaux, pour une population municipale de 491 268 habitants. Cela nous donne un ratio de 0,000 66... soit 0,66 policier pour 1 000 habitants... et 6,6 pour 10 000.

   Dans le doute, faisons la même opération pour Montpellier. Elle comptait 130 policiers municipaux pour 264 538 habitants. Cela nous donne 0,000 49... soit 0,49 pour 1 000 et 4,9 pour 10 000.

   Conclusion : Olivier Arsac a cité des chiffres qui font apparaître exagérément faible le ratio de policiers municipaux à Toulouse par rapport aux autres grandes villes. Ainsi, l'écart entre Toulouse et Lyon n'est pas de 0,47 à 6 (une différence de 1 à 14 !), mais de 3,9 à 6,6 (une différence de 1 à 1,7 !).

   Signalons que cet écart (beaucoup plus faible en réalité que ce qui a été colporté dans les médias) n'est pas né de la gestion Cohen. On peut le constater à la lecture d'un rapport d'information sénatorial de 1998, dans lequel on peut trouver le tableau suivant :

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   A l'époque où feu Dominique Baudis officiait à la mairie, la police municipale comptait deux fois moins de personnel et le nombre d'agents pour 1 000 habitants était presque deux fois plus faible que sous Pierre Cohen. De plus, si l'on compare les ratios de Lyon et de Toulouse, on constate que l'écart (de 1 à 2,4) était plus important qu'en 2012. On peut faire la même remarque en comparant les ratios de Montpellier et Toulouse : l'écart était plus important en 1998 (1 pour 1,66) qu'en 2012 (1 pour 1,26).

   Même si, sous le mandat de Pierre Cohen, le centre-ville de Toulouse a souffert (et continue à souffrir) d'une indéniable insécurité nocturne, on ne peut pas l'expliquer par la politique d'embauche ou de non-embauche de policiers municipaux. La crise économique est passée par là, ainsi que la réduction des effectifs de la police nationale. (Merci, Chirac et Sarkozy !) On pourrait aussi longtemps causer de l'incivilité de nombre de jeunes adultes... Mais le choix de la municipalité Cohen de ne plus faire intervenir la police municipale la nuit (estimant que les missions accomplies à cette période sont du ressort de la police nationale) lui a sans doute coûté cher en mars dernier.

dimanche, 01 juin 2014

L'Ile de Giovanni

   Ce manga croise l'histoire japonaise avec une oeuvre de fiction, Train de nuit dans la voie lactée. C'était le livre préféré de la mère des héros (deux garçons, dont les prénoms sont inspirés de l'oeuvre). Il est devenu le leur et une source de rêveries (superbement matérialisées à l'écran).

   Mais l'action du film démarre en 1945. Nous sommes sur l'île de Shikotan, située au nord du Japon, juste à côté d'Hokkaido. La guerre finit par arriver sous la forme d'un bombardement américain... puis des bateaux soviétiques.

   L'animation (qui n'est pas d'une qualité exceptionnelle au niveau des personnages... ça ressemble à du manga "de consommation courante") est suffisamment habile pour permettre aux spectateurs de comprendre l'étonnement des Japonais (encore plus des enfants) devant ces grands soldats blonds (ou bruns) qui débarquent et prennent possession de l'île.

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   La suite de l'histoire montre les sentiments ambivalents des enfants qui, à l'image du reste de la population, souffrent des pénuries diverses, mais qui nouent une drôle d'amitié avec la fille du commandant, une jolie blonde tout aussi fascinée qu'eux par les trains. Cela nous vaut une scène magnifique autour d'un petit train électrique, de nuit, entre les deux parties de la maison, brièvement réunies. (C'est évidemment une métaphore de la situation des îles Kouriles, que la Russie contrôle toujours aujourd'hui.)

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   J'apprécie aussi que, bien qu'ayant vu le film en version française, on ait pris soin de laisser les dialogues russes, qui sont donc sous-titrés. Je vous assure que cela n'a nullement gêné les bambins présents dans la salle. De la même manière, on a permis à nos oreilles occidentales de profiter aussi bien des chants japonais que des russes, entonnés à l'école primaire, dans deux classes voisines.

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   L'histoire prend un tour tragique quand l'expulsion des habitants est décidée. Ceux-ci ne sont pas directement envoyés au Japon. C'est le début d'un périple, qui voit les garçons partir à la recherche de leur père, plus ou moins aidés par leur oncle, un drôle de type, franchement magouilleur, qui rappellera bien des personnages comiques aux amateurs de mangas.

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   L'histoire ne s'arrête pas aux années 1940. Une séquence nous montre certains des protagonistes, au début du XXIe siècle. C'est à la fois mélancolique et porteur d'espoir.

samedi, 31 mai 2014

Les Chèvres de ma mère

   Cette mère est Marguerite Audier, éleveuse de chèvres dans le Var, sur le plateau de Saint-Maymes, dans une ancienne commanderie templière créée au XIIe siècle, où elle et son compagnon tiennent aussi un gîte :

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   La fille n'est pas Anne-Sophie, l'agricultrice qui veut reprendre la ferme, mais la réalisatrice, Sophie Audier. Dans le passionnant dossier de presse accessible sur le site Jour2Fête, elle explique son parcours et pourquoi elle a choisi de ne pas succéder à sa mère. Il n'en est quasiment pas question dans le film, qui se concentre sur les relations entre la future retraitée et la future exploitante, qui veut s'installer avec son conjoint, qui élève des ovins. (On le voit un petit peu, en fin de film.)

   "Maguy" est une éleveuse atypique. Elle n'est pas issue du monde agricole et a débuté en 1973, à partir de rien. Elle et son compagnon sont sans doute d'anciens "babas cools", qui ont refusé le monde moderne et ses contraintes. La traite et la fabrication de fromages (réputés dans la région) se font donc à l'ancienne. L'un des intérêts du documentaire est de confronter les générations et les points de vue. A l'écran, on ne nous montre pas de conflit tranché, juste quelques divergences de point de vue. Les deux femmes semblent assez bien s'accorder.

   J'ai été particulièrement sensible à la qualité de l'image. Les paysages de montagne sont magnifiques et les bêtes sont très bien filmées. Chèvres, bouc, chevreaux, âne "passent bien" à l'écran... y compris la chatte dont, à un moment, rien ne laisse deviner la présence, avant que l'on entende son ronronnement grave, puis que l'on voie la pointe de ses oreilles ! Cet aspect bucolique ne masque cependant pas les difficultés de la vie paysanne dans ce milieu : entre la conduite du troupeau, les mises bas et le retour des loups, il y a de quoi s'inquiéter.

   Si les deux femmes sont calmes, c'est la plus ancienne, Maguy, qui s'affirme le plus dans le documentaire. On sent la femme de convictions, qui, patiemment, a su construire sa vie autour de son projet professionnel. La jeune Anne-Sophie a plus de mal à s'affirmer... d'autant qu'elle est filmée par la fille de l'agricultrice. Mais c'est dans la dernière partie du film qu'on la sent le plus en difficulté : les tracasseries administratives remettent en question son installation.

   Et puis il y a ce moment d'émotion intense, quand Maguy se sépare de la majorité de ses bêtes (elle en garde quelques-unes : les chèvres les moins bien conformées et le magnifique âne). On est ému avec elle.

   C'est vraiment un beau film.

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Fulgurances soulagiennes

   Ce vendredi après-midi, à Rodez, le spectacle n'était pas au musée, pas plus qu'au Café Bras, mais plutôt dans les rues de Rodez, et ceci bien avant que les manifestations programmées le soir ne commencent.

   La population du Piton s'est accrue de manifestants extérieurs à la ville, de policiers, de journalistes... et de touristes. C'est en écoutant certains d'entre eux s'exprimer que j'ai constitué le petit florilège suivant.

   On commence par une rue située à proximité d'un tabac-presse. Une jeune femme, qui doit consacrer des sommes importantes à améliorer son apparence, est au téléphone. Visiblement, elle ne voit aucun inconvénient à ce que la moitié de la rue comprenne sa conversation. Cela donne ceci :

- T'es où ?

- ...

- Moi ? A Rodez. Tu sais... Soulages !

- ...

- ?? Ta gueule !

-...

- Enculé !

   Je n'ai pas entendu la suite, mais je dois dire, qu'émerveillé par tant de classe, j'ai regretté de devoir m'éloigner. Bien m'en a pris. Voici ce que j'ai saisi peu après, en entrant dans un commerce :

- Il a pas des gènes allemands, Soulages ?

   Je pense que la personne, induite en erreur par la couleur noire, a dû confondre le chantre de l'outrenoir avec Hugo Boss...

   Sur le Piton, en fin d'après-midi, on a commencé à s'inquiéter devant le noircissement de l'atmosphère, alors que, plus tôt, la venue de François Hollande avait été accompagnée d'un soleil radieux. Ce thème constituant la matrice de nombre de conversations de bistrot, il n'est pas étonnant qu'elles aient subi l'influence de l'actualité :

- Tiens, regarde le ciel ! On dirait du Soulages !

   Enfin, quittant la vieille ville, je regagnai rapidement le Faubourg, espérant pouvoir passer entre les gouttes. Cela ne m'a pas empêché de capter une bribe de la conversation tenue par des personnes faisant le chemin inverse (sans doute en direction du flash mob) :

- Putain, finalement, c'est grand, Rodez !

- C'est surtout que ça monte !

   Un peu plus bas, au carrefour Saint-Cyrice, j'ai eu le loisir d'observer les plaques d'immatriculation des véhicules quittant le centre-ville. Aux côtés des nombreux 12 s'affichaient le 2A, le 15, le 10, le 69... et même une plaque en "E" ! (N'oublions pas que les concepteurs des boîtes à chaussures du Foirail sont originaires de Catalogne !)

vendredi, 30 mai 2014

Leçons d'harmonie

   C'est un nouveau film coup-de-de-poing qui traite de la jeunesse et de la violence à laquelle elle est confrontée. Récemment, on a pu voir Le Grand Cahier et j'espère qu'un jour ou l'autre, à Rodez (ou pas trop loin), on pourra voir au moins l'un des deux films sud-coréens qui traitent d'un sujet similaire.

   Ici, l'action se déroule au Kazakhstan, dans deux lieux différents : la ferme (où le jeune Aslan vit en compagnie de sa grand-mère, une paysanne pauvre) et le collège public, où sévit un racket sévère.

   Le héros est un gamin maigrichon et mutique. C'est donc un souffre-douleur tout désigné pour les gros blaireaux du collège. A la suite d'une plaisanterie bien crade, il est mis à l'écart. D'un côté, ça le retranche dans sa solitude. De l'autre, ça le protège des brimades quotidiennes. Le gamin se jette à corps perdu dans le travail scolaire, y voyant l'occasion d'apprendre de quoi mettre au point sa vengeance.

   Il se révèle doué en sciences... et habile de ses mains, lors des séances de travaux mécaniques. Il se fait même des amis... à leurs risques et périls.

   Les jeunes acteurs sont en général étonnamment bons, notamment les divers harceleurs et racketteurs (parce qu'il y a plusieurs groupes de racket...). Par contre, les dialogues ne m'ont pas paru d'une incroyable richesse. Le réalisateur Emir Baigazin est toutefois habile à transmettre l'information par le biais de l'image, du cadrage, de la mise en scène.

   Cela donne une oeuvre âpre, sur un monde cruel. Le gamin n'est pas tendre avec les animaux... en attendant mieux. Au collège, on se retrouve face à une hiérarchie parallèle, les adultes paraissant complètement à côté de la plaque. Et que dire des séances de cours... Est-ce vraiment ainsi que cela se passe ? Si tel est le cas, je plains les pauvres gamins !

   Dans la seconde partie, l'auteur nous gratifie de deux ellipses, qui nous épargnent deux moments particulièrement sanglants, mais qui jouent un rôle crucial dans l'intrigue. Tout le travail des scènes suivantes est de nous faire comprendre ce qui s'est réellement passé un soir, après les cours, puis une autre nuit, dans une cellule.

   C'est très fort... et pas du tout optimiste sur la nature humaine

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Soulages en BD

   Elle est intitulée Chercheur de lumière (une formule qu'a reprise un journaliste du Monde, dans son récent article consacré à l'ouverture du musée). Elle a été réalisée par des élèves du lycée Foch. Elle est parue il y a un peu plus de trois mois.

Couverture.jpg

   Sur un plan conceptuel, la bonne idée est de s'appuyer sur la biographie de Pierre Soulages pour (tenter d')expliquer son oeuvre. Chaque page ou double-page a été réalisée par un ou deux élèves... évidemment en noir et blanc.

   Fort logiquement, après avoir présenté leur rencontre avec l'artiste, les lycéens commencent par évoquer la genèse de l'inspiration de Soulages. Je trouve que Léa Poux montre assez bien la fascination pour les jeux d'ombre et de lumière :

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   Quelques pages plus loin, c'est dans un style qui oscille entre surréalisme et expressionnisme qu'est représentée l'action créative (par Sarah Calmettes) :

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   Si, d'un point de vue formel, je trouve cette partie très réussie (les dessins étant souvent de qualité médiocre... mais, bon, ce sont des adolescents), sur le fond, c'est assez pédant. Mais, comme les phylactères semblent rapporter des propos de Pierre Soulages, il est possible que ce soit à lui qu'il faille attribuer certaines expressions pompeuses.

   L'inspiration préhistorique aurait peut-être mérité un traitement plus approfondi. C'est une partie qui m'a plutôt déçu. On peut aussi rapidement passer sur l'extase exprimée par certains lycéens représentés dans la BD... (Cet ouvrage n'a évidemment pas pour but d'inciter à une réflexion critique sur l'oeuvre de Soulages. On est dans la promotion.)

   Contrairement à ce que certaines personnes malintentionnées pourraient croire, le peintre n'a pas choisi l'art abstrait par manque de technique. Il a bien été reçu aux Beaux-Arts, qu'il a rapidement quittés. Il a aussi peut-être renoncé à une possible carrière dans le rugby... Nul doute qu'il y aurait développé sa technique de l'oeil-au-beurre-noir !

   La suite de la BD évoque son installation dans le Midi, sa rencontre de peintres contemporains d'avant-garde et ses premières expositions. Du brou de noix à l'outrenoir, on finit par arriver à Conques et ses vitraux. Rien ne particulièrement emballant là-dedans, si ce n'est le passage sur les outils de Soulages (par Claire Bailleau, qui s'est sans doute inspirée d'une photographie de Michel Dieuzaide) :

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   L'ouvrage se termine par un historique de la construction du musée, des premières idées jusqu'à son inauguration.

   Notons qu'il est vendu à un prix modique (10 euros). Bien que n'étant pas très intéressé par l'oeuvre de Pierre Soulages, je pense que c'est une initiative à saluer.

jeudi, 29 mai 2014

X-Men - Days of Future Past

   Bryan Singer a repris en main la franchise de super-héros, après quelques escapades plus ou moins réussies (son Walkyrie était correct, mais pas enthousiasmant).

   L'intrigue croise le passé (le début des années 1970) et le futur (un monde dominé par les sentinelles, dans lequel les mutants sont pourchassés sans répit). A l'écran, cela donne un contraste saisissant entre les séquences sombres (marquées par le noir, le marron, mais aussi les teintes bleutées et rougeâtres), et les séquences lumineuses (celles des années 1970), pourtant souvent violentes elles aussi, mais porteuses d'espoir.

   On retrouve donc à la fois certains vétérans de l'équipe (dans le futur), accompagnés de personnages inconnus de ceux qui ne lisent pas les comics (l'un étant incarné par Omar Sy)... et certains personnages des années 1970 (guidés par Wolverine), qui doivent s'allier à Magneto pour empêcher Raven/Mystique de commettre l'irréparable.

   Au départ, on est dans le film de super-héros, efficace, sans plus. Mais il prend une autre épaisseur à partir de la séquence qui montre la délivrance de Magneto. Au niveau de la mise en scène, c'est éblouissant. L'introduction du personnage de Vif-Argent (incarné par Evan Peters) donne un coup de fouet à l'histoire, qui prend aussi parfois un tour comique fort bienvenu.

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   Par contre, les scènes de dialogue qui font intervenir Charles Xavier ne m'ont pas emballé du tout. Comme dans X-Men - Le Commencement, j'ai un problème avec l'acteur James McAvoy (ou celui qui le double en français). Si l'introduction de temps morts dans l'action se justifie, je trouve qu'ils sont trop nombreux (ou qu'on fait trop durer certains d'entre eux). La dynamique du film aurait gagné à ce qu'il soit un peu plus "resserré".

   Au niveau de l'intrigue, on notera la grande place jouée par le personnage de Mystique, auquel Jennifer Lawrence prête sa plastique irréprochable... et peut-être sa souplesse, si elle n'a pas été doublée pour les scènes de bagarre (ce dont je doute).

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   Sur le fond, il est question de vengeance et de tolérance, un propos pas idiot, servi par une production à grand spectacle, qui culmine, en même temps, aux deux époques, pas deux séquences très réussies : l'utilisation d'un stade par Magneto et l'assaut mené par les sentinelles contre le dernier refuge des mutants. Même si le film abuse du "juste à temps", cela reste un très bon spectacle.

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dimanche, 25 mai 2014

Les Européens selon "Le Monde"

   Le quotidien "de référence" a justifié sa réputation ces dernières semaines, offrant à ses lecteurs une bonne couverture de la campagne des élections européennes et proposant une foule d'articles très utiles pour en comprendre les enjeux, aussi bien dans la rubrique "Europe" que dans la chronique des désormais incontournables "Décodeurs".

   Samedi, c'est un diaporama comparatif consacré aux populations des 28 pays membres qui a attiré mon attention. La deuxième diapositive traite de l'espérance de vie en bonne santé (à distinguer de l'espérance de vie tout court) :

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   Avec 62,6 ans, la France se situe dans le haut du panier, assez loin toutefois de Malte et de la Suède, mais au-dessus de la moyenne communautaire et même très au-dessus des pays baltes, de la Slovaquie et de la Slovénie.

   Ces chiffres sont toutefois à comparer avec ceux de l'espérance de vie à la naissance, qui est comprise entre 81 et 82 ans pour les Français (presque 79 ans pour les hommes et un peu moins de 86 ans pour les femmes). Vous en concluez comme moi que les 20 dernières années de la vie sont placées sous le signe de la maladie... 

   La troisième diapositive évoque la taille des Européens. Sans surprise, on lit que ceux du Sud sont plutôt petits, alors que ceux du Nord sont plutôt grands. Les Français (si l'on se fie à une étude de l'Institut français du textile) se trouvent entre les deux, autour de 170 cm de moyenne (hommes et femmes confondus).

   De la taille on passe au poids. De manière générale, c'est dans les pays d'Europe de l'Est et quelques-uns du Sud que le pourcentage d'obèses est le plus élevé. S'ajoute le Royaume-Uni, sorte d'enclave états-unienne au sein de l'Union européenne. Les Français s'en sortent très bien. Je suis par contre étonné que la proportion d'obèses soit plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Cela semble contredire une étude de l'INED, qui montre que l'IMC des Françaises est plus bas que celui des Français. Les deux informations sont conciliables si, dans la population féminine, il y a peu de personnes avec un IMC moyen et beaucoup aux extrêmes.

   La quatrième diapositive traite du prix du paquet de cigarettes. On ne sera pas étonné de découvrir que c'est dans les pays de l'Est qu'il est le plus bas :

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   On pourrait être tenté de conclure que, dans les pays où le prix du paquet est élevé, l'espérance de vie en bonne santé est plus grande (et vice versa). Mais la Suède et Malte déjouent les statistiques. Un seul élément ne suffit pas à expliquer les écarts.

   Parmi les diapositives qui ont particulièrement retenu mon attention, il y a celle des productions agricoles :

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   Les lecteurs français seront peut-être surpris d'apprendre que l'Allemagne est le premier producteur de lait de vache et le Royaume-Uni celui de coquilles Saint-Jacques. Si les Polonais ont la patate, la situation des Grecs est plutôt "coton", alors que les Italiens font un tabac. Certains se réjouiront que les Allemands soient, une fois n'est pas coutume, dans les choux et, si les Français se font un max de blé, ce sont les Espagnols qui ont la pêche.

   Enfin, pour tordre le cou à quelques idées reçues, je conseille les neuvième et dixième diapositives. La première montre clairement que c'est dans les pays les plus pauvres de l'Union que le pourcentage de propriétaires est le plus élevé :

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   L'Espagne, outre le fait qu'elle connaisse une crise grave, paie les politiques à courte vue de ses dirigeants (de gauche comme de droite), qui ont tout misé sur l'essor du BTP et l'accession à la propriété. On note que le pourcentage de propriétaires est le plus faible dans les pays les plus développés de l'Union. Eh, oui : l'argent engagé dans l'accession à la propriété, s'il renforce la bonne santé d'un secteur de l'économie, manque aux autres et ampute sévèrement la consommation intérieure.

   Le second document est un histogramme des jours de congés annuels. On ne peut en tirer aucune conclusion définitive, et c'est ça qui est surprenant :

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   Ainsi, dans les pays les plus "paresseux", on trouve aussi bien des économies en bonne santé (comme celles de l'Autriche ou de la Suède) et des économies en crise (celles de la Grèce et de l'Espagne). A l'opposé du classement, parmi les moins "paresseux", on trouve aussi bien l'Allemagne et la Belgique que la Roumanie et la Lettonie. C'est un petit pavé dans la mare des spécialistes autodéclarés qui ne jurent que par la suppression de jours de congé pour augmenter la productivité du travail.

Maps to the stars

   Le dernier film de David Cronenberg nous plonge dans le quotidien d'artisans plus ou moins prestigieux du rêve hollywoodien. Attention toutefois : ce n'est pas la satire cinglante que les frères Coen ou un Quentin Tarantino auraient pu réaliser. Ce portrait acrimonieux est nourri des obsessions de Cronenberg, ce qui fait du film une œuvre étrange, originale certes, mais pas franchement réjouissante.

   Disons tout de suite qu'un double inceste est au cœur de l'intrigue. S'ajoutent à cela la schizophrénie de certains personnages et l'ambition de "faire son trou" à Hollywood. Saupoudrez le tout de sourires de façade, de jalousie féroce et de culte de l'apparence et vous aurez une idée de l'ambiance dans laquelle baigne l'intrigue. Ah, j'ai failli oublier le rôle de l'alcool et des drogues diverses...

   Du côté de l'interprétation, il n'y a rien à dire : c'est impeccable. Julianne Moore vient de décrocher à Cannes un prix d'interprétation mérité. On la sent très "engagée" (y compris physiquement...) dans un rôle un peu ingrat, celui d'une ancienne vedette qui cherche à revenir sur le devant de la scène, malgré le poids des ans et ses angoisses existentielles.

   Étant donné ce que l'on voit à l'écran et ce que Cronenberg a imposé à son actrice principale, on peut se demander dans quelle mesure il n'y a pas une part personnelle dans son interprétation. Celle qui, ces dernières années, déplorait les ravages de la chirurgie esthétique chez ses collègues semble y avoir recouru au niveau des lèvres... La présence au générique de Carrie Fisher (qui fut la princesse Leia, dans Star Wars), dans son propre rôle, est aussi un clin d’œil au temps qui passe.

   J'ai été encore plus emballé par l'interprétation de Mia Wasikowska, remarquée il y a peu dans Albert Nobbs. Elle incarne une jeune femme psychologiquement fragile, rescapée d'un incendie qui l'a partiellement défigurée et dont les séquelles sont présentes sur son corps. (On reconnaît bien là Cronenberg.) Du coup, elle ne montre qu'une partie de son visage et de son cou, le reste étant soigneusement dissimulé aux regards... mais enrobé de telle manière (collants, gants longs...) qu'elle en est extrêmement désirable. (C'est le moment de signaler que les "costumes" ont été très bien choisis.)

   Sur le fond, l'histoire est assez ironique dans la première partie du film, avant que les aspects sombres ne prennent le dessus dans la seconde. Ni le coach personnel, ni les acteurs (jeunes comme vieux), ni les producteurs ne trouvent grâce aux yeux de Cronenberg.

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samedi, 24 mai 2014

Hold-up à Bruxelles

   Tel est le titre du dernier livre corédigé par José Bové et Gilles Luneau et sorti en librairie en février dernier :

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   Je ne suis pas particulièrement fan du député européen, mais j'apprécie son côté "fouteur de merde", parce qu'il veut faire avancer les choses (ce qui n'est pas le cas de tous ceux qui s'agitent devant les photographes et les caméras). Ce livre-là m'a d'autant plus intéressé qu'il n'est pas un simple plaidoyer pro domo d'un député sortant sollicitant à nouveau les suffrages des électeurs. En décrivant de l'intérieur le fonctionnement de la machine institutionnelle communautaire, il fait œuvre civique.

   Au cœur du premier chapitre ("Les agents doubles des biotechnologies") se trouve l'Efsa, l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Il est beaucoup question des conflits d'intérêts qui ont faussé les avis rendus par cette institution, et de son ancienne présidente, Diana Banati. L'affaire de la pomme de terre transgénique Amflora a cristallisé les oppositions. Le duo Bové-Luneau raconte la découverte de sa malhonnêteté et le processus qui va aboutir à son éviction à la manière d'un roman policier. On y découvre le rôle trouble d'un drôle d'institut, l'Ilsi (International Life Sciences Institute), inconnu du grand public alors qu'il est le plus important groupe de pression agro-industriel du monde.

   Le chapitre 2 ("Le plan fumeux du lobby du tabac") nous fait toucher du doigt l'importance du lobbying au sein des institutions bruxelloises. Cette fois-ci, on a l'impression de se retrouver dans un mauvais roman d'espionnage, qui voit un commissaire européen, John Dalli, être la cible d'un double complot, un mené par Philip Morris International (le célèbre cigarettier, bénéficiant de complicités au sein des institutions européennes), l'autre par des rivaux maltais de l'homme politique. Le plus cocasse dans l'histoire est que c'est un sujet en apparence anodin, le snus (du tabac à priser), qui a déclenché la tourmente. Bové se dépeint presque en Don Quichotte de la transparence face aux moulins à vent de l'industrie. Le récit n'en est pas moins passionnant. On y découvre un président de la Commission (José Manuel Barroso) au mieux incompétent, au pire manipulateur, et des hauts fonctionnaires européens adeptes du pantouflage et du mélange des genres.

   Avec le troisième chapitre ("Une PAC sous influence"), on entre dans le coeur de compétence du député, l'agriculture et le vote par le Parlement européen des orientations agricoles pour cinq ans. On découvre les méandres du travail en commission et les débats suscités, par exemple, par la volonté de limiter les subventions aux exploitations. Bové y raconte ses espoirs et sa déception. Au départ, il avait l'ambition de limiter à 100 000 euros (ce qui était déjà une très belle somme) les versements aux exploitations. Cela permettait de récupérer des milliards d'euros, destinés à bénéficier aux exploitations de taille plus modeste et à financer le développement rural. Il s'est vite rendu compte que sa proposition n'avait aucune chance de passer. Il trouvait que 300 000 euros étaient une limite trop haute. Il pensait transiger à 200 000 (l'équivalent de plus de 16 000 euros par mois !), mais une courte majorité a finalement préféré la proposition de la Commission Barroso. Les votes des députés allemands et français sont commentés.

   Bové signale au passage l'incohérence du Front national, qui prétend défendre les exploitants modestes, et dont les deux députés présents (B. Gollnisch et J-M Le Pen) ont voté contre le plafonnement. Quant à Marine elle était, ce jour-là comme tant d'autres, absente de l'hémicycle. En voilà une autre que nos impôts paient à ne rien faire...

   Le chapitre suivant ("Insecticides : le goût de la victoire") est l'occasion de se regonfler le moral. Mais ce ne fut pas sans mal. Les auteurs y dénoncent les méthodes de voyous employés par certains grands groupes agrochimiques (bien aidés par les partisans de l'agriculture intensive...). Cette fois-ci,  le "bien" a triomphé du "mal".

   Plus inattendu est le chapitre consacré au Maroc ("Le Maroc, banc d'essai européen du libre-échange"). A la lecture, on comprend que Bové, qui sentait qu'on lui avait tendu un piège en lui confiant la rédaction d'un rapport sur les relations commerciales (agricoles) entre l'Union européenne et le Maroc, a pris plaisir à jouer l'empêcheur de tourner en rond, mettant sur la sellette la question du Sahara occidental, dont personne ne voulait entendre parler. C'est savoureux mais aussi instructif sur le comportement prédateur de certains Européens et Marocains, qui ne visent que l'enrichissement d'une minorité, au détriment de la masse des agriculteurs des deux pays. Les auteurs relient aussi le projet d'accord UE-Maroc aux politiques libérales soutenues par différentes institutions internationales (OCDE, FMI...). (Pour un point de vue totalement différent, vous pouvez écouter un sujet diffusé sur RFI, qui présente la coopération économique franco-marocaine uniquement sous un jour favorable.)

   Dans le chapitre 6 ("La bataille du gaz de schiste, ou comment garder le pouvoir sur son cadre de vie"), les lecteurs qui ont suivi cette affaire n'apprendront pas grand chose, à part sur le contexte polonais, avec des témoignages touchants. Bové et Luneau ont l'honnêteté de préciser que, pour les Polonais, s'émanciper du fournisseur russe est un enjeu important. Mais de là à accepter le saccage de l'environnement...

   Le septième chapitre ("La grande bataille du libre-échange avec l'Amérique du Nord") aborde un sujet qui défraie la chronique, celui du projet de traité entre l'Union européenne et les États-Unis, négocié par la Commission européenne dans une relative opacité. (Décidément, vivement que Barroso "dégage" !) Bové et Luneau relient ce projet aux négociations commerciales déjà engagées avec le Canada, qui pourraient servir de modèle. Le prochain Parlement européen aura à se prononcer dessus. D'où l'importance des élections de ce dimanche 25 mai.

   Le livre s'achève sur des propositions ("Refonder l'Europe"), organisées selon trois axes. Bové prône la constitution de listes paneuropéennes, pour une partie des députés. Il souhaiterait augmenter les ressources propres de l'Union, sans recourir aux dotations des pays membres. Une taxe sur les transactions financières lui paraît appropriée. Enfin, contre les politiques de rigueur, il en appelle à la relance économique.

   Il reste à savoir si les élections de dimanche vont donner naissance à une majorité sensible à ces propositions.

Conversation animée avec Chomsky

   C'est le genre de film qui réunit des publics aux motivations diverses. Il y a ceux qui viennent voir la nouvelle oeuvre de l'un des cinéastes les plus doués de sa génération (l'auteur de Eternel Sunshine of the spotless mind, de La Science des rêves et de Be kind rewind). Il y ceux (pas très nombreux, à mon avis) qui sont arrivés là portés par le souffle de la linguistique générative... et puis il y a tout une mouvance contestataire, qui a trouvé en lui un intellectuel indépendant, devenu une sorte d'icône de la gauche de la gauche. C'est sans doute la frange la plus importante de son public.

   A l'Utopia de Toulouse où j'ai vu le film, la salle était pleine... et pleine de jeunes adultes à la coiffure approximative et aux vêtements colorés. De temps à autre, un keffieh apparaissait autour d'une gorge.

   J'ai eu peur.

   Heureusement, ceux qui étaient assis autour de moi étaient sages et assez propres. J'ai donc pu profiter pleinement du film. Et il faut dire qu'une certaine concentration est nécessaire pour suivre à la fois les méandres de la pensée chomskyenne et les délires graphiques de Michel Gondry. En général, l'image est constituée d'une scène réelle, qui est intégrée à une animation plus ou moins foisonnante.

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   Il y a bien sûr un lien entre les inventions de Gondry et ce que Chomsky est en train de raconter. J'ai en mémoire le moment où il parle de son enfance et de sa scolarité dans un établissement novateur (un peu du genre de ceux du système Freinet, je pense). Comme il s'est révélé être un élève doué, on lui a fait sauter une classe. A l'écran, cela donne un jeu de cubes comme les enfants en manipulent tant. Sur chacun d'entre eux est inscrit l'une des lettres du mot "school" (école, en anglais). On voit l'un des cubes passer au dessus de l'autre !

   A un autre moment, il est question d'astronomie et même d'astrologie. Chomsky évoque divers scientifiques, notamment Isaac Newton. Gondry choisit de nous dessiner le visage du physicien, tel qu'on le connaît en Occident, avec sa perruque à rouleaux... et il fait se mouvoir des planètes tout autour... voire à l'intérieur des rouleaux !

   Notons que le réalisateur s'adresse régulièrement à son public. Il exprime ses doutes, explique sa méthode et se lance parfois dans un petit cours d'animation :

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   Il est finalement peu question de la politique contemporaine dans ce film. C'est plutôt la vie personnelle de Chomsky que Gondry a choisi d'illustrer. L'homme révèle adorer ses enfants et petits-enfants qui, depuis le décès de son épouse, constituent sa meilleure raison de vivre. On sent par contre l'homme engagé déçu par l'évolution du monde contemporain.

   L'une des gageures était de rendre intelligibles les recherches en linguistique de Chomsky. Franchement, je ne pense pas avoir tout compris. C'est parfois assez ardu et j'avoue que, de temps à autre, j'ai moins prêté l'oreille pour jouir du spectacle déployé à l'écran.

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   Je pense que Gondry atteint quand même son but quand il prend l'exemple de la phrase "The man who is tall is happy." et de sa transformation en interrogation "Is the man who is tall happy ?". L'illustration permet de comprendre pourquoi la phrase ne se structure pas en mots indépendants mais en groupes de mots. D'après Chomsky, l'enfant qui veut passer à la forme interrogative choisit naturellement de déplacer le second "is" de la phrase et pas le premier. Il a suivi une logique structurelle et pas de proximité.

   Au final, cela donne une oeuvre ambitieuse et un peu foutraque, qui nécessite sans doute deux visions pour bien en comprendre tous les ressorts. (On surveillera la sortie en DVD.)

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vendredi, 23 mai 2014

Le Dernier Pharaon

   C'est le titre du deuxième tome des nouvelles aventures d'Alix. Comme le premier (Les Aigles de sang) m'a plu, j'ai décidé d'acheter la suite... et je n'en suis pas mécontent.

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   Dans cet album, je trouve que le dessinateur Thierry Démarez exprime davantage son talent, dans une variété de situations assez plaisante à regarder. On y retrouve bien entendu quelques scènes romaines, d'extérieur comme d'intérieur (celles-ci parfois dans des tons "chauds" vraiment superbes), mais l'essentiel de l'action se déroule en Egypte, ce qui nous vaut plusieurs vignettes quasi documentaires (les plus impressionnantes étant celles consacrées aux temples).

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   Dans cette aventure, le sénateur est accompagné des deux jeunes hommes découverts dans l'épisode précédent (Titus et Khephren). L'intrigue va nous en apprendre plus sur le passé du héros et celui de son ancien compagnon Enak.

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   L'histoire tourne toujours autour du mystérieux complot visant à renverser Auguste. Il semble avoir des ramifications étendues. Il est aussi question d'un personnage historique que tout le monde croit mort... je n'en dis pas plus. L'enquête menée par le trio et quelques alliés inattendus va les mener dans un temple caché, où bien des mystères vont s'éclaircir...

jeudi, 22 mai 2014

Nicolas Sarkozy, l'Europe... et (surtout) la France

   L'ancien président de la République semble, depuis sa semi-retraite, affectionner les petits coups médiatiques. Il y a deux mois, en pleine campagne des municipales, il s'était "invité" dans Le Figaro, surtout pour répondre aux attaques d'ordre judiciaire. Cette fois-ci, dans Le Point, s'il profite de la campagne des élections européennes, c'est pour aborder le sujet de fond.

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   La photographie qui illustre la couverture est reproduite en pages intérieures. On y remarque un Nicolas Sarkozy serein, le visage marqué par une barbe de deux jours... C'est son côté rebelle ! Plus loin dans l'article, une autre photographie le montre en plein mouvement, à peine sorti d'un véhicule :

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   L'hyperactif ex-président est montré tenant nonchalamment deux téléphones en main, souriant, sans cravate et le ventre bien rentré. Conclusion : Nico tient la forme !

   La tribune commence par une phrase qui semblera familière à beaucoup : "D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours senti viscéralement français." C'est la première partie qui me disait quelque chose. Une mienne connaissance m'a signalé une chanson de Jean-Jacques Goldman, Ton Autre Chemin, qui commence de la même manière. Mais le thème de la chanson me paraît trop éloigné de celui de la tribune.

   Et puis... je me suis enfin rappelé qu'une autre chanson, de Barbara, démarre de façon similaire : "Du plus loin que me revienne - L'ombre de mes amours lointaines". Il s'agit de Ma plus belle histoire d'amour, qui se conclut par "C'est vous".

   Mais les cinéphiles m'en voudraient de ne pas citer ce qui pourrait bien être la source (inconsciente ?) de Nicolas Sarkozy, à savoir un film de Martin Scorsese, Les Affranchis, dans lequel l'un des personnages déclare : "Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être un gangster."

   Que déduire de cela ? Que cette tribune, au-delà du thème affiché (la construction européenne), est un cri d'amour lancé par l'ancien bad boy de la politique hexagonale à l'électorat français ? Poursuivons la lecture pour en avoir le coeur net.

   Si le premier paragraphe exprime l'attachement profond de N. Sarkozy à la France et à l'Europe, il est curieux qu'il n'y soit fait aucune mention de l'origine hongroise de son père, par exemple. De par l'histoire de sa famille, l'ancien président est un incontestable produit de l'Europe. Mais la référence à un passé migratoire a peut-être semblé inopportune, surtout vu ce qu'il avait l'intention d'écrire sur Schengen.

   La suite rappelle ce que certains lecteurs de France et d'ailleurs ont peut-être oublié, à savoir que la construction européenne a garanti au continent des décennies de paix, en se fondant sur la réconciliation d'ennemis dits héréditaires, la France et l'Allemagne. Au passage, les relectures successives (évoquées dans un autre article du Point, qui raconte la gestation du coup médiatique) ont laissé passer une bourde historique : "Rien qu'avec nos voisins allemands, nous nous sommes régulièrement combattus tous les trente ans, et ce depuis la bagatelle de trois siècles !" Voyons voir... J'ai eu beau chercher sur la page wikipedia consacrée aux guerres ayant impliqué la France, même en tenant compte de la division du territoire allemand en une kyrielle de principautés, je ne suis pas arrivé à trouver un affrontement franco-germanique tous les trente ans. La plume du nègre du président aura sans doute dérapé...

   Pour revenir à la construction européenne, presque deux semaines après le 9 mai, il n'aurait pas été incongru que Nicolas Sarkzoy tire un coup de chapeau à d'illustres aînés comme Jean Monnet ou Robert Schuman. Mais, compte tenu de ce qu'il avait l'intention d'écrire sur le fonctionnement de l'Union européenne, cela a sans doute semblé inopportun.

   La prose (ex)présidentielle se veut pédagogique quand elle évoque les conflits qui ensanglantent les territoires (en rouge) se trouvant aux portes de l'Union (en bleu) et les menaces qui en découlent :

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   On notera que si N. Sarkozy cite l'Afrique du Nord, la Turquie, la Syrie et l'Ukraine, il omet de parler de la Russie, principal élément perturbateur en Europe de l'Est. Quant à la liste des dangers, si elle évoque la faillite des Etats, les trafics et le terrorisme, elle omet d'évoquer explicitement l'intégrisme religieux... tout comme la financiarisation de l'économie. Il est certains lecteurs que l'ancien président n'a visiblement pas envie d'offusquer.

   Sans surprise, N. Sarkozy se félicite que le fonctionnement de l'Union européenne bride les envies de changement de certains de ses adversaires politiques, qu'il ne nomme pas (mais on comprend de qui il s'agit). On remarque aussi un gros appel du pied à la droite souverainiste, qu'il s'agit d'empêcher de céder à la tentation du Front national :

"[...] il y eu et il y a encore des contresens et des erreurs qui sont commis par ceux qui font de l'Europe une nouvelle idéologie et qui voudraient qu'il y ait les intelligents d'un côté -comprenez les Européens (comprenons les fédéralistes)- et les populistes bornés de l'autre -comprenez les souverainistes. Ce clivage est absurde [...], il nous faut reconnaître, et surtout corriger, les graves erreurs qui furent commises au nom d'une pensée unique de plus en plus insupportable aux oreilles d'un nombre de Français chaque jour grandissant."

   Je dois dire que j'ai été quelque peu interloqué de lire sous la plume de l'ancien président une dénonciation de la "pensée unique", même s'il y a en la matière sans doute un détournement de sens.

   Juste après, il prend le temps de défendre la candidature à l'Académie française d'Alain Finkielkraut. C'est curieux. Même si celle-ci a suscité une assez forte opposition, elle n'a pas empêché ce médiatique imprécateur de rejoindre les Immortels. C'est là encore un signe envoyé, cette fois-ci aux "républicains", aux anciens souverainistes de gauche et à tous ceux qui estiment que la France est en déclin.

   Dans la foulée, il s'en prend aux accords de Schengen, qu'il accuse à demi-mots d'être responsables de l'immigration incontrôlée qui se jette aux portes de l'Union. Cette fois-ci, le message est clairement adressé à l'électorat UMP qui serait tenté par le Front national. La parution de cette tribune aurait été souhaitée par les dirigeants de ce parti, pour mobiliser les troupes et tenter d'éviter un éventuel succès du mouvement frontiste aux élections européennes, comme les sondages l'annoncent.

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   Mais, au-delà de la politique politicienne, ce sont les propositions de Nicolas Sarkozy qui méritent l'attention. Il demande un renforcement de l'axe franco-allemand, en particulier sur le plan économique. Il propose (il n'est pas le premier) que l'on cesse de vouloir tout fait à 28 et que les pays de la zone euro accentuent leur intégration... sous la houlette des "poids lourds" de l'Union. Une pointe de gaullisme surgit quand il réclame de renationaliser certaines compétences, pour concentrer le travail communautaire sur un petit nombre de sujets vitaux : l'industrie, l'agriculture, le commerce, l'énergie, la recherche. D'un autre côté, les fédéralistes apprécieront que l'ancien président souhaite confier un rôle plus important en matière législative au Parlement... en rognant sur les pouvoirs de la Commission. Comme on le voit, il y a matière à débat.

   P.S.

   Dans ce numéro du Point, l'éditorial de Franz-Olivier Giesbert est consacré à l'Europe. Voici ce qu'on peut y lire, dans l'un des derniers paragraphes :

Victor Hugo, notre génie national, a écrit dans un drame romantique, Les Burgraves : "Il y a aujourd'hui une nationalité européenne comme il y avait au temps d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide une nationalité grecque." C'est tout aussi vrai aujourd'hui, au temps de Günter Grass, Yasmina Reza, Michel Tournier et Umberto Eco, qui, de notre Vieux Continent, s'adressent au monde entier. Sans parler d'Airbus, de Soulages et de Daft Punk. (C'est moi qui souligne.)

   Dommage. La chute casse tout l'effet.

 

mardi, 20 mai 2014

Article aveyronnais... ou national ?

   Aujourd'hui, à la lecture du quotidien aveyronnais Centre Presse, certains se sont sans doute dit qu'il est des articles dont la sortie ne manque pas d'à-propos. En effet, un papier assez détaillé -et ma foi fort intéressant- y rappelle le tollé suscité jadis par l'installation des vitraux de Pierre Soulages dans l'église abbatiale de Conques.

   L'auteur-e de l'article souligne l'évolution de l'opinion, sous-entendant qu'il en sera sans doute de même concernant le musée Soulages et que, d'ici une grosse dizaine d'années, les grincheux ne seront plus qu'une minorité. L'agacement ressenti à la lecture du papier a failli m'empêcher de remarquer qu'il n'est pas signé. En cherchant bien, on découvre qu'il a été conçu à partir d'une dépêche AFP :

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   C'est assez courant dans la partie du journal consacrée aux faits nationaux et internationaux. Je me suis d'abord dit qu'ici, un journaliste rouergat avait dû compléter ses informations avec celles parues dans une dépêche... jusqu'à ce que je tombe sur un article de L'Express, vieux de trois jours :

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   Dans les deux cas, l'illustration (une photographie de l'AFP) est identique, tout comme le texte, à l'intérieur duquel seuls quelques intertitres varient. Là où Centre Presse introduit "Une commande publique de Jack Lang qui passait mal", L'Express préfère mettre en valeur ces paroles : "Entrez, c'est magnifique". Plus bas, quand Centre Presse parle de "visiteurs tantôt réticents, tantôt conquis", L'Express évoque des "pèlerins frappés par l'émotion".

   L'hebdomadaire national s'est visiblement contenté de publier la dépêche telle quelle, ce que sous-entend la mention figurant sous le titre, tandis que l'insertion de sous-titres semble suffire au quotidien aveyronnais pour s'affirmer coproducteur de l'article. Pour en connaître la véritable auteure, il faut se rendre sur le site de TV Monde. Il s'agit de Laurence Boutreux.

   Intrigué, j'ai effectué de menues recherches complémentaires... et j'ai découvert que ce n'est pas la première fois qu'un tel procédé est utilisé, pour des articles de portée locale.

   Ainsi, en avril dernier, c'est le portrait du premier maire aveyronnais originaire d'Afrique, Simon Worou (à Sainte-Juliette-sur-Viaur), qui a fait l'objet d'une coparution, d'abord dans Midi Libre (le "grand frère" de Centre Presse), le 10 avril :

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   ... puis, le 13 du même mois, sur le site internet afriquessor.com :

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   Si le titre et la première photographie d'illustration diffèrent (et encore, celle de Midi libre figure aussi dans l'article africain, mais plus bas), notons que dans les deux cas, c'est José Torres qui a officié. Le texte lui est quasi identique. Seules varient quelques formules de localisation. Au début de l'article, la version africaine parle d'un "village du Sud de la France", quand la version aveyronnaise se contente d"un "village du Sud-Ouest". Un peu plus loin, la version africaine évoque "le département français de l'Aveyron", formule que l'on ne retrouve évidemment pas dans Midi Libre. En toute fin, la version africaine bénéficie d'un rajout à propos de la Bretagne : "dans l'ouest de la France", précision que Laurence Boutreux n'a pas jugé utile de faire figurer dans la version française.

   Quand vient le tour de Centre Presse, le 17 avril, c'est à un article totalement inédit (signé Philippe Henry) que les lecteurs ont droit, avec des compléments. Ouf !

   Mais la tentation était grande (et la pratique sans doute plus ancienne que ce que j'ai remarqué), si bien qu'au tout début du mois de mai, un autre sujet local a fait l'objet d'un traitement AFP. Cette fois-ci, tous les organes de presse ont pratiqué le copié-collé intégral de l'article intitulé "En Aveyron, la résistance s'organise contre l'éolien industriel". On l'a donc vu dans Le Nouvel Observateur, L'Express (de nouveau) et, bien entendu Centre Presse. Pour en connaître l'auteure, il faut se diriger vers Yahoo! actualités, alors que les trois journaux se sont contentés de la référence à l'AFP, sans plus de précision.

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   Remercions donc cette journaliste de l'intérêt qu'elle manifeste à notre département... et souhaitons que ses collègues aveyronnais fassent preuve de la même curiosité !

dimanche, 18 mai 2014

Soulages a-t-il bonne presse ?

   Alors que l'inauguration du musée consacré à l'artiste se rapproche, les articles se multiplient, dans la presse locale, mais aussi nationale. Plus intéressantes que les papiers de commande, écrits à la va-vite, les anecdotes liées à la manière dont l'oeuvre de Soulages est perçue nous permettent de mesurer l'aura du peintre.

   Ainsi, au détour d'un article du Monde, on apprend que Claude Perdriel, le (re)fondateur du Nouvel Observateur (qui vient de vendre l'hebdomadaire), collectionne avec son épouse les oeuvres de Soulages et de Matisse.

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   Le mois d'avril a vu l'actualité soulagienne devenir plus trépidante. De manière surprenante, c'est d'abord le cinquantième anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre la France et la Chine communiste qui a mis le nom de l'artiste à l'honneur. En effet, l'une des manifestations organisées a consisté en l'envoi de dix chefs-d'oeuvre (ou supposés tels) des musées nationaux français en Chine (où ils resteront jusqu'en juin). Renoir y côtoie Fragonard, Rigaud, Clouet, Georges de La Tour, mais aussi Léger, Picasso... et Soulages, à travers une oeuvre de 1950, sobrement intitulée "Peinture" :

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   Le concert de louanges s'est accentué à l'occasion de l'ouverture d'une double exposition des oeuvres de Soulages à New York, l'une dans la galerie Perrotin (de l'outrenoir sur des murs blancs), l'autre chez Dominique Lévy. Sur ce dernier site, la vidéo mise en ligne nous impose un commentaire dithyrambique, où il est d'ailleurs une fois question de l'Aveyron.





   On peut couper le son et concentrer son attention sur les images : la caméra est mouvante, faisant apprécier les jeux de lumière sur les oeuvres, parfois filmées en très gros plan. Notons qu'un journal destiné principalement aux Français expatriés aux Etats-Unis a consacré un article élogieux à l'exposition.

   En Aveyron, la presse quotidienne regorge de "papiers" sur Pierre Soulages ou son musée. On remarque que, si les critiques sont (pour l'instant) mises sous le boisseau, ce n'est tout de même pas l'enthousiasme qui semble avoir guidé les plumes. Les aficionados de Soulages ne pourront pas faire ce reproche au mensuel gratuit A l'oeil, exclusivement louangeur, l'un des articles du dernier numéro étant même titré "Pierre Soulages, Populaire !"

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   ... Tout dépend auprès de qui. Pour justifier le titre, l'auteur-e de l'article rappelle les expositions prestigieuses et le montant des ventes de tableaux. C'est se limiter à une très petite frange de la population, encore plus étroite dans le second cas. Le marché de l'art est en grande partie spéculatif. Il n'est en aucun cas révélateur de la qualité d'une oeuvre, ni de son écho auprès de la masse de la population. Quant aux visiteurs des musées d'art contemporain, il faut rappeler que, s'ils sont plus nombreux que les acheteurs de tableaux, ils ne constituent qu'une infime part de la population. Difficile donc de parler de "popularité" à propos de Pierre Soulages.

   Plus loin, dans la retranscription de l'entretien accordé par Benoît Decron (le conservateur du musée), on sent que le sujet provoque la gêne :

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   On notera que la question est ambiguë. Il pourrait s'agir d'une litote (du genre "Je ne te hais point", pour dire "Je t'aime"). Ici, il faudrait comprendre que le musée a suscité un fort sentiment de rejet de la part de la population. L'usage du passé signifie que, si un tel rejet a existé il y a quelques années, tel n'est plus le cas aujourd'hui. La réponse de B. Decron va dans ce sens, même s'il est plus mesuré dans son propos.

   En réalité l'ouverture du musée approchant et l'existence de celui-ci étant incontournable, les Ruthénois (et les Aveyronnais), en bons pragmatiques, ont mis leurs critiques en sourdine... mais ils n'en pensent pas moins. Benoît Decron semble l'avoir compris. Il souhaiterait que les habitants s'investissent plus dans ce coûteux projet, qui leur a été imposé sans consultation.

   Signalons que chez les marchands de journaux, depuis quelques jours, la presse magazine s'est enrichie d'un petit nouveau, Caracterres, dont le premier numéro fait sa Une... sur le musée Soulages :

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   Consécration ultime, c'est aussi le cas dans le dernier numéro de la revue L'Oeil, un mensuel consacré aux arts, qui avait déjà fait sa Une sur Soulages à l'occasion de l'exposition du Centre Pompidou, en 2009. Mais le diable vient parfois se nicher dans les détails. Est-ce le résultat d'une mise en page maladroite, ou de l'action d'un maquettiste facétieux ? Toujours est-il que la première page du numéro de mai 2014 prête à confusion :

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   Un coup d'oeil (!) trop rapide pourrait faire croire que le gros titre s'applique à la personne figurant sur la Une. Compte tenu du fait que Soulages est peut-être le seul artiste à se voir construire un musée de son vivant, cette mise en page n'est peut-être pas totalement fortuite.

   Mais le coup de patte le plus sarcastique vient sans conteste d'une nouvelle publication satirique, uniquement numérique, La Dèche du Midi. Le dernier article mis en ligne est en plein dans le sujet, puisqu'il s'intitule "Le nouveau musée Soulages de Rodez se visite dans le noir complet". Même si l'auteur (qui signe sous le pseudonyme de Jean-Pierre Watt) n'est pas le premier à imaginer une "blind visit" du musée, je reconnais que la prose ne manque pas de saveur.

Godzilla

   Dieu a dit : "A la sueur de ton front, tu creuseras des trous, jusqu'à ce que tu retournes à la terre, puisque tu en es tiré, car poussière tu es et à la poussière tu retourneras." Aux Philippines, les hommes appliquent vachement les consignes de Dieu. (On est très catholique dans ce pays-là.) Le problème est qu'en creusant un gros trou, ils tombent dans un trou encore plus gros. Bien plus gros. Du genre qui a été creusé par une grosse bête que personne ne connaît. En se promenant dans le méga-gros trou, les personnages (et les spectateurs) ont l'impression de se retrouver dans le premier Alien.

   Mais le problème n'est pas là. Il semblerait qu'une chose ait réussi à sortir du méga-gros trou. La preuve ? Elle a laissé une méga-grosse traînée sur la pente d'une montagne, le genre de traînée que même en Russie on met des années à creuser pour les Jeux olympiques. Et la traînée mène à l'océan Pacifique.

   Acte II. Au Japon, on relève de fréquentes secousses, associées à des perturbations électromagnétiques. Rien d'extraordinaire, me direz-vous. Sauf qu'on se trouve dans une centrale nucléaire. Là, tout le monde commence à baliser. Les personnages (et les spectateurs) ont l'impression de (re)vivre Fukushima.

   Notons que, comme le film est américain, le scientifique en chef n'est pas japonais. Pourtant, on a de bons acteurs, au pays du soleil levant. Ken Watanabe, par exemple. Les cinéphiles occidentaux ont notamment pu le voir dans Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima. Mais ici, on l'a gardé pour la deuxième partie du film, avec pour consigne d'alterner seulement deux expressions du visage. Les spectateurs se disent que Watanabe devait être à court de pognon pour payer ses impôts.

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   Les autres personnages se divisent en deux catégories. Ceux qui incarnent les militaires ont été recrutés sur leur aptitude à adopter le plus naturellement du monde la position repos, jambe écartées, mains derrière le dos et regard vide. Certains y réussissent très bien :

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   Aux autres, qui interprètent les civils, on a demandé de beaucoup écarquiller les yeux, crier et pleurer. Parfois en même temps. Parfois en courant devant un fond vert. C'est physique, comme rôle. Et mental. Pensez donc. Faire semblant d'avoir peur d'un fond vert. C'est pas donné à tout le monde.

   Bon, c'est pas tout ça, mais faut quand même que la centrale nucléaire soit détruite. Pour faire pleurer dans les chaumières, on fait mourir l'épouse du grand-scientifique-américain-que-l-on-aurait-dû-davantage-écouter. Notons que cette épouse est incarnée par Juliette Binoche. Quelle faute de goût que de faire mourir Juliette Binoche avant la fin de la première demi-heure ! Ceci dit, elle aurait pu s'en sortir, si elle avait couru plus vite ! On voit bien que le nuage radioactif qui se trouve derrière elle avance à deux à l'heure. Mais, bon, les scénaristes ont voulu nous la jouer un peu comme dans Abyss et Mission to Mars.

   Par contre, dès que l'on voit l'une des bêtes mutantes, on sent un nouveau le frisson d'Alien nous frôler. Sauf que... la grosse araignée ne boulotte que du radioactif. La chair des humains ne l'intéresse nullement. Mais, à l'occasion, elle ne se refuse pas d'en massacrer quelques dizaines. C'est méchant, une grosse bête mutante.

   Quinze ans après la première catastrophe, la grosse bébête se casse du Japon et, comme des millions d'Asiatiques, elle va tenter sa chance aux States. En fait, elle (je devrais dire "il", puisque c'est un mâle) cherche à rejoindre sa copine, pour se faire un nid douillet avec plein de méchantes petites futures grosses bébêtes dedans. De son côté, la femelle s'échappe d'un dépôt de déchets nucléaires perdu en pleine cambrousse ricaine. En chemin, elle va écraser pas mal de bâtiments, zigouiller des centaines de soldats et faire dérailler un train. Presque sans faire exprès. Les spectateurs français se réjouiront de son passage à Las Vegas, qui la voit défoncer la Tour Eiffel de pacotille que les Yankees ont osé construire dans ce lieu de perdition.

   Bon, là, vous vous dites que c'est pas possible, les États-Unis la Terre va disparaître sous l'action d'une horde de grosses bêtes pas gentilles. Eh bien non. Depuis le début, on nous a fait comprendre qu'une autre grosse bébête, peut-être moins méchante, est sortie de son sommeil et qu'elle se dirige aussi vers San Francisco.

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   Le héros va l'aider. C'est un djeunse, le fils du grand-scientifique-qu-on-aurait-dû-davantage-écouter (qui a fini par mourir à son tour). Il est devenu militaire, spécialisé dans le désamorçage de bombes. (Là, on se prend à regretter que la Kathryn Bigelow de Démineurs n'ait pas été aux commandes de ce film.) Après un séjour au Japon, le fiston se dirige vers San Francisco. Parce que les bébêtes y vont. Parce qu'il doit y convoyer une super-méga bombe atomique de sa race, capable d'exploser la tronche de toutes ces créatures malfaisantes... mais aussi de rayer de la carte une bonne partie de la région. Cela tombe mal, parce que l'épouse du héros et leur enfant vivent à San Francisco.

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   La suite est constituée de plusieurs grosses bastons entre bébêtes, les humains tentant de jouer un rôle pas trop ridicule dans l'action. Au milieu des foules hébétées, terrifiées et indisciplinées, on a glissé plusieurs enfants sages, dont des adultes gentils vont s'occuper.

   Les effets spéciaux sont réussis. (Manque l'odorama, pour que l'on puisse capter l'haleine des grosses bébêtes, qui doit être infecte.) La musique est chouette, pile ce qu'il faut. Mais les dialogues sont vraiment à chier.

   A vous de voir si cela vaut une place d'abonnement.

01:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 17 mai 2014

Les Aigles de sang

   Il s'agit du premier tome des nouvelles aventures du Romain Alix, le héros créé jadis par Jacques Martin (un homonyme du présentateur de télévision). La série a été relancée (avec Valérie Mangin au scénario) par les éditions Casterman, sous le titre "Alix Senator", dont l'action se déroule à l'époque d'Auguste.

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   Au dessin, Thierry Démarez ne se montre pas manchot. Il nous gratifie de plusieurs jolies vues de la Rome antique, comme celle-ci :

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   Il m'a semblé moins habile dans la représentation des foules mais, lorsqu'il s'agit de mettre en valeur un petit nombre de personnages, son savoir-faire est évident. Notons que le premier épisode nous présente deux adolescents, Titus, le fils d'Alix, et son ami Khephren, qui n'est autre que le fils d'Enak, le compagnon (défunt) du héros.

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   L'histoire est assez simple. L'action se déroule en 12 avant JC, année qui a vu le décès de deux importantes personnalités du monde romain, à savoir Lépide (ancien membre du second triumvirat, en compagnie d'Octave et de Marc Antoine) et Agrippa, un brillant général qui servit la carrière du futur Auguste.

   Les auteurs ont choisi de faire de ces décès le résultat d'un complot, qui fait intervenir des aigles dressés pour tuer. (Cet élément de l'intrigue ne sera pas sans évoquer Le Pacte des loups aux plus cinéphiles d'entre nous.) La violence n'est donc pas absente de cette BD... et c'est justifié, tant l'époque était parfois cruelle :

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   Sans être un chef-d'oeuvre, ce premier tome est une bonne "mise en bouche", qui donne envie de lire la suite des aventures du trio nouvellement constitué (les ados participent à l'enquête... bon coup de marketing, ça !).

   J'ai d'autant plus savouré mon plaisir... que je n'ai pas payé cette bande dessinée. Je l'ai obtenue gratuitement à la librairie spécialisée Cubik (ex-Canal bd), qui se trouve dans un coin de la place du Bourg, à Rodez. Cela fait partie de l'opération "48 heures BD" : pendant deux jours (vendredi et samedi), on peut choisir un album parmi neuf titres (8 nationalement + 1 chez Cubik).

samedi, 10 mai 2014

Girafada

   C'est une sorte de conte, qui s'inspire d'une histoire vraie dans laquelle le réalisateur, Rani Massalha, a été impliqué, comme il le raconte dans le dossier de presse consacré au film.

   Le contexte est celui de la deuxième Intifada, au début du XXIe siècle. Kalkiliya (aussi écrite Qalqiliya), est une ville frontalière, à la limite de la Cisjordanie et d'Israël. A proximité se trouvent aussi des colonies juives et des points de contrôle, qui empoisonnent la vie des Palestiniens. (Notons que le film a été tourné dans une autre ville de Cisjordanie, Naplouse.)

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   Cette ville possède un zoo, qui survit tant bien que mal, grâce notamment à l'énergie d'un vétérinaire bien sous tout rapport (Yacine) : c'est un laïque, passionné par son travail, modéré dans ses propos et qui tente d'élever seul son fils unique. (On apprend plus tard pourquoi la mère est absente.)

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   Le film ne cache pas les tensions qui peuvent exister au sein de la population palestinienne. On les perçoit notamment au travers du regard du fils du vétérinaire, très bien joué par Ahmad Bayatra. Des Israéliens, on a une vision essentiellement négative, avec ces soldats du check point (un homme et une femme) assez désagréables, voire racistes. Même le collègue israélien de Yacine (interprété par Roschdy Zem, pas super à l'aise) est présenté sous un jour ambigu : on le voit au départ comme un jouisseur égoïste et il finit par aider son "ami"... quand on lui force un peu la main.

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   Dans cette histoire, la journaliste française joue un rôle non négligeable. Elle est évidemment charmante (elle a les traits de Laure de Clermont), évidemment propalestinienne... et l'on sent qu'entre elle et le vétérinaire de Kalkiliya pourrait naître quelque chose.

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   Mais il y a d'abord une girafe à sauver. Depuis la mort de son compagnon (à cause d'un bombardement... signalons que l'animal a fini empaillé), la femelle, enceinte, refuse de s'alimenter, au grand désespoir du fils du vétérinaire. La deuxième partie du film montre le périple accompli par l'improbable trio (le père, le fils et l'esprit critique) pour tenter de ramener en Cisjordanie un nouveau mâle (nommé Roméo !), "emprunté" à  un zoo israélien.

   Comme c'est un conte (ou une fable), l'histoire n'est pas que tragique. Elle ménage des moments d'humour, dès le début d'ailleurs, quand le gamin fait l'éloge des girafes, dont les excréments sentiraient très bon, au contraire de ceux des babouins, qui ont attrapé la diarrhée à force de manger des cacahuètes ! De temps à autre, le vendeur ambulant Hassan contribue lui aussi, par son regard décalé, à dédramatiser les événements.

   C'est joli à regarder, avec de superbes paysages ruraux et un moment de grâce, lorsqu'une girafe franchit le mur de séparation (inachevé) entre les deux territoires. On la voit poursuivre sa déambulation dans les rues d'une ville... mais je me garderai bien de dire comment tout cela se termine.

vendredi, 09 mai 2014

D'une vie à l'autre

   Ce film aurait pu s'intituler "quatre générations sous un même toit", puisqu'il met en scène les relations entre l'aïeule d'une famille norvégienne (qui vit plutôt recluse), sa fille (un femme mûre très organisée), sa petite-fille (assez perturbée) et le petit dernier, encore bébé. Le problème est que l'aïeule a eu, pendant la Seconde guerre mondiale, une relation avec un soldat allemand (mort ensuite sur le front russe) et que sa fille unique Katrine lui a été enlevée pour être envoyée dans un orphelinat du Lebensborn, en Allemagne.

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   La situation se complique parce que l'action se déroule en 1990. La chute des régimes communistes est-européens et la réunification allemande font ressurgir de vieilles histoires... et de vieux dossiers. Une association milite pour que les mères et les enfants jadis rejetés par le gouvernement norvégien soient indemnisés. Or, Ase et Katrine forment le seul couple mère-fille à s'être retrouvé, une vingtaine d'années auparavant. Mais les circonstances semblent floues.

   A l'écran, on distingue les scènes "anciennes" (des années 1960) des scènes "actuelles" (de 1990) par le grain de l'image, volontairement dégradé pour les images du passé. Le montage est assez subtil, parce que, très tôt, il nous donne à voir des scènes dont on a du mal à comprendre toute la portée. On saisit quand même assez vite que la Stasi (la police politique de la RDA) a joué un rôle important dans cette histoire.

   Ainsi, plus que sur la Seconde guerre mondiale, c'est sur la Guerre Froide que repose l'intrigue. On nous ménage des rebondissements, jusque dans le dernier quart d'heure. A ce moment de l'intrigue, l'une des scènes anciennes prend tout son sens.

   Les acteurs sont très bons. On a beaucoup parlé de Liv Ullmann (qui incarne l'aïeule). J'ai été davantage marqué par l'interprétation de Juliane Köhler, dont le personnage à multiples facettes est au cœur de l'histoire.

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   Entre film d'espionnage, polar et drame familial, cette œuvre très forte mérite le détour.

   P.S.

   Sur le programme "Fontaine de vie" des SS, il existe un livre de Marc Hillel, assez ancien, mais riche en anecdotes. Il s'intitule Au nom de la race :

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   La première partie du livre aborde le programme nazi sous l'angle allemand. On entre dans le délire des conceptions racistes qu'il y a derrière la création du Lebensborn. A l'occasion, on apprend des choses sur la condition féminine sous le IIIe Reich. Ensuite, il est question des enfants issus de couples mixtes (le cas polonais est le plus développé). La dernière partie traite du devenir des enfants entre 1945 et le début des années 1970. Un cahier de photographies complète l'ouvrage, en fin de volume.

jeudi, 08 mai 2014

Le Saint Suaire de Rodez

   C'est l'un des questionnements qui agitent les Ruthénois ces jours-ci. La cathédrale Notre-Dame est-elle l'objet d'une apparition du Christ, comme semble le suggérer une photographie, prise par des touristes de passage à Rodez et publiée dans le quotidien Centre Presse ?

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   Où se trouve cette apparition ? Eh bien, au plafond, si l'on se fie à ce que l'on voit sur la partie droite de la photographie : on est proche d'une croisée d'ogives. Une brève déambulation dans le magnifique édifice permet de déterminer l'endroit exact, situé au fond de la nef, à proximité de la place d'Armes, pas très loin de ce qui aurait pu être le narthex de l'église, si sa façade occidentale n'avait été intégrée aux remparts de la cité :

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   A l'intérieur, il faut se rapprocher de la rosace, comme on peut le voir sur un extrait de la visite panoramique de l'édifice :

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   Mais, en regardant ailleurs, on se rend compte que les taches d'humidité ont donné naissance à d'autres formes troublantes (toujours dans la partie occidentale de la nef, le point rouge représentant l'emplacement de la fameuse apparition) :

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   Mais ce n'est pas le seul visage mystérieux que contient la cathédrale. Je conseille aux visiteurs de s'attarder un peu sur les piliers. Sur l'un d'entre eux, sous un certain éclairage, on peut distinguer ceci :

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   Cela ne vous évoque rien ? Je reconnais que la photographie n'est pas de très bonne qualité, mais il est néanmoins évident que nous sommes en présence d'un visage humain, marqué par des blessures :

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   S'agit-il d'un martyr inconnu ? Mystère. Toujours est-il que des esprits semblent rôder dans l'église. L'un d'entre eux est même visible à côté de l'entrée nord :

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   Cette forme blanche ne laisse aucun doute. On peut même distinguer deux yeux, ainsi qu'une petite boule blanche en bas à gauche du fantôme. Serait-ce un boulet, auquel il ne manquerait qu'une chaîne ? Enfin, comment ne pas voir la gangue de grès qui englobe la forme : cet esprit sans doute maléfique, enveloppé de soufre, a été emprisonné dans les murs de la cathédrale, sous la surveillance du Très-Haut.