dimanche, 11 août 2013
Un massacre méconnu
Dans la région Bourgogne, plus précisément le département de la Nièvre, le 18 juin 1940 n'est pas connu que comme la date du discours de Charles de Gaulle sur les ondes de la BBC. Le même jour débutait le massacre de 43 soldats africains de l'armée française, par l'armée allemande.
Depuis 1948, un discret monument commémore cette tragédie. Il a même été récemment restauré :
Au bas sont gravés les noms de ceux des soldats assassinés qui ont pu être identifiés. C'est l'Algérie qui fournit le contingent le plus important (11), deux à trois fois plus qu'un trio de territoires (Côte-d'Ivoire, Guinée et Maroc) et près de six fois plus qu'un autre trio :
Le monument se trouve sur le bord de l'une des principales rues de la commune de Clamecy. Celle-ci ne compte qu'un peu plus de 4 000 habitants, mais une batterie de grandes surfaces (notamment un Leclerc et un Auchan), autour de deux zones commerciales. Cette concentration est sans doute liée à la situation de la ville :
Pour s'en convaincre, il suffit d'observer les plaques d'immatriculation sur le parking de l'une des grandes surfaces. Dominent les véhicules 58 et 89 (de la Nièvre et de l'Yonne). Mais une part non négligeable est constituée de voitures immatriculées un peu partout en France... et au-delà. Parmi les conducteurs et passagers, combien connaissent cette histoire ? Elle est pourtant évoquée en un autre endroit de la commune :
L'estivant qui ne dédaigne pas la marche peut pousser jusqu'au centre-ville, où se trouve la collégiale Saint-Martin, de style gothique. Située en hauteur, elle se distingue aussi par la présence de gargouilles (que je trouve cependant moins réussies de celles de la cathédrale de Rodez) :
P.S.
Les violences auxquelles Clamecy fut confrontée ne sont hélas pas uniques. Un article paru en juillet dernier évoque les massacres de tirailleurs sénégalais commis en France métropolitaine, en 1940. Ainsi, en Eure-et-Loir, des soldats allemands s'en sont pris aux troupes coloniales, tentant même de les faire passer pour des barbares aux yeux des Français métropolitains. Du côté de Chartres, le préfet de l'époque (auparavant en poste dans l'Aveyron) s'opposa aux maneuvres de la Wehrmacht. Il est allé jusqu'à se trancher la gorge pour ne pas avoir à céder aux exigences allemandes. Il s'appelait Jean Moulin.
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vendredi, 09 août 2013
Corruption pétrolière
Il était une fois, dans un grand et beau pays nommé "les Etats-Unis d'Amérique" un homme politique conservateur, pas franchement antipathique, plutôt compassionnel même, qui se fit élire président sous la pression d'un lobby pétrolier. A la fin de son mandat, un énorme scandale éclata.
Bon, là, certains se disent : "Mais pourquoi diable vouloir nous parler encore de George W. Bush ?" Sauf que l'histoire dont il est question ici se passe dans le premier quart du XXe siècle. Le président est Warren G. Harding. Le scandale auquel il est fait allusion est désigné sous le nom de Teapot Dome. Il fait l'objet d'un excellent article du Monde, signé Alain Faujas et Jacques Trauman. Il s'insère dans l'une des passionnantes séries d'été qui agrémentent ce quotidien en juillet-août. (Il y a quelques semaines, la correspondante en Russie, Marie Jego, en a proposé une sur le lac Baïkal.)
Pour l'anecdote, sachez (d'après le site de la chaîne PBS) que le futur président magouilleur est né à proximité d'une petite ville nommée Corsica, dans l'Ohio ! Sachez encore qu'il avait placé le début de son mandat sous le signe du retour à la "normalité" !
Sur un plan plus général, l'administration Harding est connue pour avoir annulé une partie des mesures (notamment fiscales) prises par son prédécesseur, Woodrow Wilson. C'est aussi l'époque du retour du protectionnisme, de l'instauration de quotas d'immigration et de la signature de traités séparés avec les vaincus de la Première guerre mondiale.
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mercredi, 07 août 2013
Réserve parlementaire, cuvée 2012
Le quotidien Le Monde consacre un nouvel article, cette fois-ci à la réserve parlementaire de l'an dernier... en fait des six premiers mois : ce sont les députés de l'Assemblée nationale sortante qui ont tout dépensé... les coquins ! De l'article, on peut accéder à un moteur de recherche qui permet (malgré quelques bugs) de se concentrer sur un département, une commune ou un parlementaire. Les amateurs de drogue dure, qui ont du mal à occuper leurs soirées, peuvent se rendre sur le site du gouvernement et accéder à l'intégralité des subventions attribuées par les parlementaires. Le fichier compte plus de mille pages, où les communes bénéficiaires sont classées par ordre alphabétique, sans considération de département.
Comme le mois dernier (avec la réserve 2011), j'ai décidé d'éplucher les données concernant l'Aveyron. En utilisant les mêmes couleurs et figurés, j'ai construit une carte du même type. Voici le résultat auquel je parviens :
Sans surprise, le parlementaire qui a octroyé le plus de subventions est le député Yves Censi, avec un total de 189 990 euros (selon mes calculs), répartis entre neuf communes (en bleu foncé sur la carte). Elles sont toutes situées dans sa circonscription. Cela va de 6 000 euros (pour Florentin-la-Capelle) à 43 385 euros (admirez la précision) pour Saint-Côme-d'Olt. En général, cela représente entre 3 et 20 % du coût du projet. Pruines fait exception : deux projets ont été financés à 50 % par la réserve parlementaire du député.
L'autre élu UMP, Alain Marc, a distribué plus de deux fois plus qu'en 2011 (142 594 euros contre 63 500)... en deux fois moins de temps (6 mois au lieu d'un an). La préparation des élections législatives expliquerait-elle cette frénésie subventionniste ? Le député du Sud Aveyron a versé des sommes s'étalant de 4 000 à 25 000 euros, à 11 projets (les communes sont en bleu clair). En valeur, ce sont deux communes (Cassagnes-Bégonhès pour la communauté de communes Viaur-Céor-Lagast, Saint-Georges-de-Luzençon pour celle de Millau-Grands Causses) qui ont reçu le plus. Mais la somme représente moins de 2 % du coût de chaque projet. En proportion, Saint-Laurent-d'Olt et Sévérac-le-Château ont été mieux dotées : leurs projets ont été financés respectivement à 50 % et 48,7 % par la réserve parlementaire.
A côté de ces deux pachas, la socialiste Marie-Lou Marcel, élue de l'ouest du département, faisait figure de parent pauvre : elle n'a distribué que 15 000 euros (contre 21 000 en 2011). Comme l'année précédente, elle a partagé sa réserve en parties égales, trois de 5 000 euros en 2012. (Les communes sont en rouge sur la carte.) En pourcentage, c'est moins équitable : les projets de Sainte-Croix et Vailhourles ont été financés à moins de 3 %, celui de La Rouquette à 12,8 %.
La sénatrice PRG Anne-Marie Escoffier a versé presque la même somme en 2012 qu'en 2011 (33 000 euros, contre 32 500 l'année précédente). Trois communes (en rose sur la carte) en ont bénéficié. Sans surprise, on retrouve Rignac (projet financé à plus de 40 % par la réserve), chef-lieu de canton dont l'élue est... A-M Escoffier. Decazeville a touché une petite somme (6 000 euros), qui n'est qu'une faible contribution à son projet (3,1 %). Par contre, Espalion a reçu 25 000 euros, qui ont financé à 35 % l'aménagement d'un terrain de jeux. Déjà l'année précédente, cette commune avait touché une jolie somme de Gérard Larcher, à l'époque président du Sénat... et élu des Yvelines. Conclusion : soit la commune d'Espalion a la cote auprès des sénateurs, soit le maire Gilbert Cayron dispose d'un très bon carnet d'adresses (maçonniques ?).
Comme pour l'année 2011, le nom du second sénateur aveyronnais, Alain Fauconnier, n'apparaît pas dans la liste des donateurs. Comme en 2011, le maire de Saint-Affrique s'est rasé les jambes et a troqué le pantalon contre la jupe. Revoici donc la sénatrice bretonne Odette Herviaux, qui a distribué presque 140 000 euros dans le département. Les 25 communes bénéficiaires sont en orange sur la carte. (Pour la communauté de communes des Sept-Vallons, faute de précision, j'ai colorié Coupiac.)
On ne s'étonnera pas que 20 des 25 communes soient situées dans le Sud du département, terre d'élection d'A. Fauconnier. Toutefois, par rapport à 2011, un petit changement est survenu : trois communes situées à l'ouest (Balaguier-d'Olt, La-Bastide-L'Evêque et Saujac), deux au nord (Entraygues-sur-Truyère et Lacroix-Barrez), ont bénéficié de subventions. Globalement, les sommes vont de 1 000 à 26 500 euros. C'est Saint-Affrique (dont le maire est... Alain Fauconnier) qui a touché le plus, et de loin, la seconde commune la mieux dotée étant Saint-Jean-et-Saint-Paul avec 10 000 euros. Précisons que Marie-Thérèse Foulquier en est la maire. Rappelons qu'elle fut candidate aux législatives de 2012, soutenue (officiellement) par le PS et Les Verts.
En pourcentage, les projets qui ont bénéficié du meilleur soutien financier d'Odette Fauconnier (ou d'Alain Herviaux, je sais plus) sont ceux de Tauriac-de-Camarès (50 % du coût supporté par la réserve parlementaire), de Buzeins (47,4 %), de Saint-Affrique (46,5 %), de Lavernhe-de-Sévérac (46,2 %), de Verrières (de 40 %), de Millau (39 %)... et de Saint-Jean-et-Saint-Paul (37,4 %). Globalement, on remarque la prééminence des agglomérations de Saint-Affrique et de Millau.
Cependant, c'est de la fameuse "réserve ministérielle" (anonyme dans le document officiel) que proviennent les subventions les plus abondantes : 200 818 euros. Onze communes (hachurées en noir sur la carte) en ont été bénéficiaires, pour des sommes allant de 2 000 à 54 000 euros. Trois (Buzeins, Flavin et La Bastide-Solages) ont aussi touché une somme de l'un des parlementaires aveyronnais. Dix des onze communes sont situées dans la circonscription d'Alain Marc... étonnant, non ? Une seule se trouve en déhors. Il s'agit de Sébrazac, dont le maire est un certain Jean-Claude Anglars, qui est aussi vice-président du Conseil général. Les 49 818 euros reçus représentent 10,4 % du projet. On voit par là que la réserve ministérielle n'est pas aveugle ; elle est même sans doute téléguidée.
Les sommes versées vont de 2 000 à 54 000 euros. C'est la commune de Saint-Sernin-sur-Rance qui a reçu le plus. Les 54 000 euros ne représentent toutefois que 5,6 % du coût du projet. Précisons que le maire est Annie Bel, qui avait reconquis le canton pour le compte de la majorité départementale en 2011. Un article de La Dépêche du Midi a levé le voile sur l'origine du coup de pouce dont a bénéficié la commune. Il évoque la réserve parlementaire du député Alain Marc, mais il s'agit de la réserve ministérielle, qui a été "orientée" par le député.
En général, l'apport gouvernemental représente une part modeste du financement. Deux communes ont été proportionnellement un peu mieux dotées : Lapanouse-de-Cernon (projet financé à 19,6 %) et Saint-Jean-du-Bruel (projet financé à 18,2 %, correspondant à un apport de 30 000 euros).
Ce sera au moins un point positif pour le duo Hollande-Ayrault que d'avoir régulé ces pratiques inéquitables et obscures, qui ont trop longtemps permis à des potentats locaux de se bâtir un fief électoral grâce à l'argent des contribuables.
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lundi, 05 août 2013
Attractivité aveyronnaise
Deux publications m'ont conduit à m'interroger sur l'aura économique de l'Aveyron : une note de l'INSEE, du mois de juin dernier (centrée sur la région Midi-Pyrénées) et un article du Monde du 25 juillet : Comment la crise frappe les territoires français.
Avant d'aller plus loin, il faut visualiser l'unité d'étude : la zone d'emploi. Ce critère divise le département en trois parties, qui ont récemment évolué :
La zone ruthénoise, en vert, s'est agrandie du bassin decazevillois qui, jusque dans les années 1990, était inclus dans la zone figeacoise. La zone villefranchoise, quant à elle, s'est légèrement décalée vers l'ouest et le sud.
La note de l'INSEE présente d'abord l'évolution de l'attractivité des zones midi-pyrénéennes entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000. Voici quelle était la situation en 1999 :
En gris, la zone ruthénoise était classée comme étant dotée d'une faible attractivité productive et résidentielle. En clair : elle attirait peu les habitants et les entreprises. En vert foncé, la zone villefranchoise n'était pas mieux lotie au niveau productif, mais elle était dotée d'une forte attractivité résidentielle. De son côté, la zone millavoise n'était présentée que comme attractive sur le plan productif.
Voici ce qu'il en est une dizaine d'années plus tard :
Pour Rodez, rien n'a changé. Par contre, les deux autres zones (en vert clair) sont désormais classées comme moyennement attractives sur le plan résidentiel et faiblement sur le plan productif. Du côté de Villefranche, c'est l'attractivité résidentielle qui a baissé ; du côté de Millau, c'est l'attractivité productive... en dépit de tout ce qui a été claironné à l'époque par les élus sur "l'effet viaduc".
Si l'on réfléchit en terme de catégorie de population, on s'aperçoit qu'il y a sans doute un écart entre les retraités et les actifs. D'après la note de l'INSEE de juin dernier, l'Aveyron semble séduire les retraités :
La zone ruthénoise a un taux d'entrées de "séniors" supérieur de 0 à 50 % à la moyenne nationale. Les deux autres zones dépassent celle-ci de 50 % à 100 %. L'attractivité résidentielle vis-à-vis des retraités est donc assez bonne voire bonne dans les zones aveyronnaises, alors que leur attractivité résidentielle globale est faible ou moyenne. C'est donc que d'autres catégories de population (les jeunes actifs, par exemple) ont tendance à quitter ces territoires.
L'une des raisons est donnée par une autre note de l'INSEE, datant de 2012. Page 5 se trouve une carte des zones d'emploi midi-pyrénéennes, coloriées en fonction des types d'activités les plus importants. Voici ce qu'il en est pour l'Aveyron :
Les zones ruthénoise et millavoise (en gris) sont caractérisées par la domination d'une économie présentielle, "c'est-à-dire tournée vers la population présente, qu'elle soit résidante ou de passage", avec une bonne implantation de l'agroalimentaire. L'Ouest du département (en vert) se distingue par une forte présence industrielle, des secteurs de la métallurgie et de l'agroalimentaire en particulier.
L'article du Monde en montre les conséquences au niveau de l'emploi, pour les années 2008-2012 :
(Ceux qui ne peuvent accéder à l'article peuvent se diriger sur le site du quotidien ardennais L'Union, qui propose une carte similaire.)
Zoomons sur l'Aveyron :
C'est dans le bassin de Millau (en orange) que le nombre d'emplois a le plus baissé (entre 5 % et 10 % selon Le Monde, entre 4 % et 6 % selon L'Union). Dans le bassin de Rodez, la diminution est de moins de 5 % (entre 2 % et 4 %). O surprise ! Dans le bassin villefranchois, le nombre d'emplois a légèrement augmenté.
A posteriori, on comprend que les élus du Grand Rodez, de gauche comme de droite, aient soutenu des projets parfois dispendieux. Il leur sera beaucoup pardonné si le résultat est l'augmentation de l'attractivité du territoire et la création d'emplois, dans un contexte national difficile. L'année 2012 a d'ailleurs été particulièrement difficile pour le bassin ruthénois, qui apparaissait auparavant épargné par la crise, et dont le nombre de chômeurs a brusquement augmenté :
21:51 Publié dans Economie, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, médias, presse, actualité
jeudi, 01 août 2013
Des conducteurs de train indélicats
Actuellement, (presque) tout le monde est en train (!) de tomber sur le dos du conducteur du TGV espagnol qui a déraillé à l'entrée de la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est vrai que ce zigoto était au téléphone, alors que le train était lancé à plus de 150 km/h, à environ 4 kilomètres de son arrêt, juste avant une courbe connue pour être dangereuse...
Normalement, vu la vitesse à laquelle l'AVE (équivalent du TGV outre-Pyrénées) roulait, le chauffeur aurait dû se soucier de la décélération progressive. Mais il était au téléphone... avec un contrôleur (ce qui est interdit, sauf en cas d'urgence). Le motif de l'appel est le positionnement du train pour favoriser la sortie d'une famille dans une gare ultérieure, Pontedeume (qui précède de peu le terminus, Ferrol) :
J'en déduis que le train venait de Madrid, sur une ligne qui n'est que partiellement à grande vitesse :
A la négligence du conducteur s'ajoutent (selon Libération) deux facteurs techniques : l'écartement des voies (différent entre les voies traditionnelles espagnoles et les nouvelles voies à grande vitesse, de gabarit européen) et le contrôle automatique de la vitesse, qui ne pouvait pas fonctionner ici. Pour l'instant, personne n'ose évoquer une éventuelle défaillance du matériel, soit au niveau du train, soit au niveau des rails.
Mais les catastrophes ferroviaires ne surviennent pas qu'en Espagne. Les conducteurs indélicats existent aussi en Argentine, où l'on a décidé de filmer la cabine de tête des trains. Grâce à France TV, on découvre quelques spécimens gratinés. En voici un qui pique un petit somme au volant :
Mais le deuxième fait encore plus fort. On le voit successivement pianoter sur son téléphone portable...
... puis entamer la lecture d'un bouquin, le tout alors que le train roule, comme le confirme la vue située en bas à droite des images, qui correspond à ce que filme une caméra externe :
Le troisième de la bande s'est cru plus fûté que les autres ; il a décidé de carrément obstruer l'objectif de la caméra interne (il est sur le point de poser une veste dessus) :
Et dans l'Aveyron ? Il est vrai que les trains y circulent assez lentement et que l'on ne risque pas d'y voir un TGV avant longtemps. Cela n'empêche pas certains conducteurs d'en faire à leur aise, sur la ligne Rodez-Toulouse. Il y a plusieurs types de fautifs.
Dans la catégorie "ex-jeune branleur qui n'a pas fini de mûrir", il y a celui qui arrive à la bourre, à tel point que c'est le contrôleur (ou la contrôleuse... au fait, on dit "chef de bord" maintenant) qui lui a ouvert la porte et préparé la cabine. Du coup, le train démarre en retard, ce qui contraindra celui qui arrive en face à patienter davantage à l'une des gares intermédiaires. (N'oublions pas que, sur cette ligne, nous circulons sur une voie unique.) Au pire, il roulera un peu plus vite entre les arrêts, quitte à faire un peu tanguer le convoi.
Dans la catégorie "mon estomac d'abord", il y a celui qui ne démarre pas le train sans avoir emporté de quoi se sustenter non pas en fin de trajet, non pas à l'occasion d'un arrêt prolongé, mais pendant que le train roule. Ainsi, un jour, j'ai vu entrer dans la cabine du conducteur un drôle de personnage, muni d'un plat de pâtes, qu'il est allé jeter, vide, à Baraqueville. Trop dure, la life !
Dans la catégorie "je suis un drogué et je vous emmerde", il y a celui qui, pendant que le train roule, ouvre la fenêtre de sa cabine pour s'en griller une, peinard, permettant ainsi aux passagers assis derrière de profiter un peu de ces émanations cancérigènes.
Dans la catégorie "victime de la mode", il y a celui qui ne peut pas passer un quart d'heure sans consulter son téléphone portable, voire passer un coup de fil. Quand on est assis dans la voiture de tête, juste derrière la cabine du chauffeur, on entend parfois s'élever des voix, lorsqu'un contrôleur tape la discute avec le roulant. Mais il m'est arrivé d'entendre une seule voix, alors qu'aucun contrôleur n'était présent.
Ces écarts ne sont l'oeuvre que d'une minorité... et je conçois qu'il puisse arriver à chacun de fauter (personne n'est parfait). Mais, étant donné que ces conducteurs ont la vie de leurs passagers entre les mains, il serait bon qu'ils fassent preuve d'un peu plus de professionnalisme.
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samedi, 27 juillet 2013
A couteaux tirés
En lisant un article du quotidien La Montagne paru cette fin de semaine, on réalise que l'examen du projet de loi relatif à la consommation par la commission des affaires économiques du Sénat crée quelques tensions entre élus auvergnats et aveyronnais, à propos de la future IGP Laguiole.
Tout part de l'examen des amendements, notamment ceux portant sur le chapitre IV et l'article 23. Pour cela, il faut revenir un peu en arrière, lorsque l'Assemblée nationale a examiné le texte. Le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne a fait voter un amendement (le numéro 720) qui introduit une formule en apparence anodine dans un alinéa de l'article 23, concernant le futur cahier des charges de l'IGP :
Il est intéressant de lire la justification avancée par le député lorsqu'il a proposé cette modification (en compagnie de quatorze autres élus, tous membres du groupe Gauche Démocrate et Républicaine, comme lui) : "Il apparaît en effet indispensable que les conditions de création d’une indication géographique ne portent pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et d’une production de qualité existante pour un même produit. L’objectif est bien de développer l’emploi et non d’en supprimer." (C'est moi qui souligne.) Il est évidemment fait allusion à la production du bassin de Thiers.
Dans la foulée, André Chassaigne a soutenu deux autres propositions d'amendement, avant de les retirer. Le numéro 723 était dans le même esprit que celui qui a été adopté : la défense de la production de couteaux Laguiole par les artisans thiernois ("et qui ne porte pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et à la production d’un même produit.").
L'autre amendement retiré (le numéro 722) peut être considéré comme une petite attaque contre les couteliers aveyronnais. Il est question de l'organisme privé chargé de la défense d'une IGP. L'élu auvergnat aurait aimé qu'il figure que cet organisme soit jugé "représentatif de la profession concernée". Les couteliers aveyronnais ne formant qu'un groupe minoritaire, cela aurait conduit à inclure dans l'IGP leurs homologues thiernois, plus nombreux.
Le texte voté par l'Assemblée nationale arrive au Sénat début juillet. C'est la commission des affaires économiques qui effectue le gros du travail en amont, avant l'examen en séance plénière. Voici ce qu'est devenu le passage qui avait été modifié à l'instigation d'André Chassaigne :
L'insertion a donc été supprimée par un amendement présenté par les rapporteurs Martial Bourquin et... Alain Fauconnier, le maire de Saint-Affrique. En lisant le compte-rendu des débats de la commission, on découvre sans surprise que c'est bien Alain Fauconnier qui a présenté l'amendement. Il l'a justifié en déclarant que le passage concerné n'était qu'illustratif et que la définition d'une IGP prenait en compte bien d'autres éléments absents de l'article. (C'est plutôt au cahier des charges d'établir ces critères.)
L'histoire ne s'arrête évidemment pas là. Le texte élaboré par la commission sénatoriale va être discuté en réunion plénière, avant de repasser devant les députés, les deux assemblées devant voter le même projet. Comme, en cas de désaccord, ce sont les députés qui ont le dernier mot, si André Chassaigne réussit à réintroduire son amendement, celui-ci fera partie de la loi.
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lundi, 22 juillet 2013
Metro Manila
Ce polar social navigue quelque part entre La Cité de Dieu et Le Convoyeur (de Nicolas Boukhrief). Il démarre toutefois de manière assez conventionnelle. La première séquence (courte) se conclut par un acte de violence brute, qu'on n'arrive pas à relier à la suite de l'histoire (dans un premier temps). Puis, on découvre combien la vie est difficile pour les petits paysans philippins, condamnés à l'exode rural. Enfin, la capitale Manille nous est présentée comme une jungle impitoyable pour les faibles. C'est bien filmé (quoique trop esthétisant par moment), bien joué, mais un peu démonstratif.
Le film a commencé à m'emballer quand j'ai vu qu'il jouait avec nos nerfs, faisant se succéder phases d'espoir et de désespoir des deux héros, le couple de paysans, incarnés par des acteurs un peu trop beaux (la femme est particulièrement canon). Installés dans un bidonville, ils ont l'air de toucher le fond : ils manquent de nourriture et l'une des enfants est malade. Puis ils finissent par trouver un travail, chacun de leur côté. Dans les deux cas, ce n'est pas sans danger. Le summum est atteint une nuit, quand, chacun semble s'avilir dans son nouveau boulot, source pourtant d'indépendance financière.
Ainsi, on suit Oscar et la bande des convoyeurs de fonds, ainsi que son compagnonnage avec celui qui l'a introduit dans la boîte. De son côté, Mai fait l'expérience du monde de la nuit. Peut-on sortir de la pauvreté tout en restant honnête ? C'est l'une des questions centrales du film.
La dernière partie voit l'histoire basculer trois fois. Les aventures de certains convoyeurs rejoignent l'histoire d'un jeune homme qui est lié à la première séquence. C'est toujours aussi bien filmé et joué... et la pirouette scénaristique de la fin est la bienvenue. Cela reste néanmoins un film très noir.
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dimanche, 21 juillet 2013
Aya de Yopougon
Ce film d'animation de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie est l'adaptation des deux premiers tomes de leur bande dessinée. L'intrigue se déroule en Côte d'Ivoire, principalement à Abidjan (et Yamoussoukrou), à l'époque de Félix Houphouët-Boigny, au tournant des années 1970-1980. Quelques scènes d'époque sont d'ailleurs montrées à l'écran, lorsque les héros regardent la télévision :
L'ambiance est colorée, les dialogues très bien écrits. Certaines demoiselles savent comment remettre à leur place les mecs trop entreprenants ! Attention cependant : il faut parfois tendre l'oreille. Une fois que l'on est habitué à la prononciation, tout va bien. La musique est gaie, entraînante. Elle fait d'ailleurs partie de l'histoire, puisque l'endroit à la mode, où tous ceux qui ont un peu d'argent à dépenser se rendent pour se détendre, est un "maquis", sorte de boîte de nuit en plein air. On n'y fait pas que danser...
L'accent est mis sur les femmes, notamment les trois jeunes adultes :
A gauche, on peut voir Adjoua, la plus timide... mais à qui il arrive des aventures. Au centre se trouve Aya, à la beauté aussi entière que le caractère. Sérieuse et bonne élève, elle voudrait échapper au schéma traditionnel qui la condamnerait à tout abandonner pour suivre un époux. La troisième, Bintou, ne pense qu'à courir les mecs, croyant que c'est la bonne méthode pour "choper" le mari idéal.
Les autres femmes sont au second plan. Ce sont les mères, les maîtresses, les soeurs, les cousines. En général, elles sont dotées d'un caractère bien trempé !
Par contre, du côté des mecs, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Le plus gentil est un simple d'esprit, amoureux d'Aya, que celle-ci va aider à se prendre en main... sans céder à ses avances. L'héroïne croise d'autres mecs, plus délurés qu'Hervé, mais moins sympathiques. A gauche sur la seconde image, on peut voir le fils à papa, une vraie tête à claques, constamment ridiculisé dans le film. Tout à droite se trouve Mamadou, un beau gosse pas fiable pour deux sous.
On pourrait aussi parler des pères, autoritaires, alcooliques, infidèles... Bref, la gent masculine en prend pour son grade !
C'est donc une comédie, mais qui dit des choses sérieuses. Il y est question d'inégalités sociales, de corruption, mais surtout des relations hommes/femmes, véritable coeur de l'histoire.
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jeudi, 18 juillet 2013
Fringe, saison 5
TF1 s'est enfin décidée à diffuser l'ultime saison de cette excellente série de science-fiction. Les téléspectateurs de la chaîne en sont restés, l'été dernier, à la saison 4. Ceux qui ont fait un tour chez la petite sœur NT1 ont pu (re)voir les épisodes des trois premières saisons, en VF ou en VO sous-titrée.
La soirée a donc commencé avec Pensées transitoires. Un court résumé permet d'abord aux oublieux, ainsi qu'à ceux qui découvriraient la série, de se mettre dans le bain. L'action se déroule désormais en 2036. Les "observateurs", venus du futur, ont pris le pouvoir et asservi l'humanité :
L'enjeu de ce premier épisode est de reconstituer l'équipe scientifico-policière qui a mené les enquêtes au début du XXIe siècle. On se lance donc à la recherche d'espaces qui ont été jadis plongés dans l'ambre :
Celui qui semble avoir la solution est Walter Bishop, mais il lui faut reconstituer les morceaux du puzzle... tout en évitant les observateurs et leurs collaborateurs. Tâche ardue :
Le scénario "assure" et les interprètes sont toujours aussi bons. Les images proposées ci-dessus sont censées donner un aperçu du soin apporté à la photographie et à la mise en scène. C'est donc aussi un régal pour les yeux. Accessoirement, les amateurs de SF peuvent repérer des références à quelques classiques du genre.
Le second épisode s'intitule Le Plan. Il voit nos héros se faufiler dans des passages souterrains :
Là encore, la solution peut venir de quelque chose qui est piégé dans l'ambre :
Cet épisode met en scène des cas de conscience. On se retrouve dans une ambiance qui rappelle évidemment l'époque de la Seconde guerre mondiale et de la Résistance. L'histoire fait aussi écho à d'autres luttes pour l'indépendance.
Au cœur de ce questionnement se trouve Henrietta, la fille de Peter et Olivia, qui avait disparu à l'âge de trois ans. On ne sait pas trop ce qui s'est passé avant que son père ne la retrouve, mais on suppose qu'elle a été l'objet d'expériences de la part des observateurs. Ce personnage recèle une part de mystère. Elle s'avère encore plus intransigeante que ne le fut jadis sa mère :
Bref, c'est excellent et j'ai hâte de voir la suite.
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mercredi, 17 juillet 2013
La promo du 14 juillet 2013
En se plongeant dans le Journal Officiel du 14 juillet, on tombe d'abord sur les décrets du président de la République portant sur les nominations et promotions dans l'ordre de la Légion d'honneur. C'est la quatrième fois que François Hollande se livre à l'exercice, après les promotions du 14 juillet 2012, du 1er janvier 2013 et du 29 mars 2013.
Comme il y a quatre mois, je vais m'intéresser aux élus, du moins à ceux qui sont présentés comme tels sur la liste. Deux se trouvent dans le deuxième décret, mais c'est dans le quatrième (le plus long) qu'ils figurent en presque totalité.
Parmi les 656 noms, j'ai repéré 61 élus, soit un peu plus de 9 % du total (encore plus qu'en mars dernier), alors qu'ils représenent moins de 1 % de la population française. A noter que la parité est presque respectée, avec 28 femmes (46 %) pour 33 hommes (54 %).
Politiquement parlant, c'est encore plus tranché. Je n'ai pas pu déterminer l'orientation politique de 3 des 61 élus. Il est reste donc 58. 50 appartiennent (ou ont appartenu) à des partis de gauche (42 rien qu'au PS), 8 sont classés à droite (5 à l'UMP, dont Roselyne Bachelot, qui n'avait jamais été décorée sous un gouvernement de droite). Les breloques ont donc été décernées à des élus du parti présidentiel dans plus des deux tiers des cas.
46 décorations concernent des chevaliers, 13 des officiers et 2 des commandeurs. Ces deux derniers (dont l'ancien maire de Cahors et ancien président du Conseil général du Lot Maurice Faure) sont de gauche, tout comme la quasi-totalité des officiers. L'exception à la règle est proche de nous, puisqu'il s'agit de Josseline Longépée, maire UMP de Quézac, en Lozère.
Passons à la répartition géographique des futurs décorés. Selon que l'on utilise le département ou la région comme base, l'impression visuelle varie. Le plus simple est de s'appuyer sur les régions métropolitaines. Toutes sauf la Corse ont au moins un élu dans la liste du 14 juillet.
J'ai laissé en blanc les régions qui comptent 1 ou 2 décorés. J'ai colorié en jaune les régions qui comptent 3 ou 4 décorés, en orange celles qui comptent 5 ou 6 décorés. L'Ile-de-France se détache en rouge, avec 11 décorés (tous de gauche). Les deux autres bastions du PS et de ses alliés émergent, avec la pointe nord et le Sud-Ouest de la métropole.
Voici ce que cela donne lorsqu'on affine la représentation, en s'appuyant sur les départements :
J'ai laissé en blanc les départements dont a priori aucun élu ne figure dans la liste. J'ai colorié en jaune les départements dont un élu est mentionné, en orange ceux dont deux élus sont mentionnés. En rouge, il reste les départements dont trois ou quatre élus figurent sur la liste.
Grosso modo, on retrouve l'importance du Sud-Ouest (le second Lotois étant Martin Malvy, promu officier), de la région parisienne et du Nord. En PACA, on s'aperçoit que ce sont les départements ruraux qui ont pesé. Par rapport à la carte précédente, on remarque le Finistère et le Bas-Rhin, ainsi qu'un axe Bourgogne-Rhône (un axe Rebsamen-Collomb, si vous préférez).
A mon avis, le Parti socialiste est déjà en train de préparer les municipales, et l'on en a des traces dans l'attribution de la Légion d'honneur. Comme le Nord et l'Hérault (en rouge aussi) sont deux des plus importantes fédérations du PS, il n'est pas étonnant que leurs élus soient surreprésentés dans les décorés.
Mais, dans l'Hérault, il faut gérer les séquelles de la division née à l'époque de Georges Frêche. Un article du Monde du 20 juin dernier évoquait les tensions autour du choix de la tête de liste PS pour Montpellier. La sortante, Hélène Mandroux (72 ans...), veut rempiler. Face à elle se dressent deux hommes.
Présenté comme son plus sérieux rival, Jean-Pierre Moure est maire de Cournonsec, une petite commune de la périphérie sud-ouest de Montpellier. Il est aussi conseiller général et surtout président de l'agglomération de Montpellier, où il a succédé à G. Frêche. Il s'est déjà déclaré candidat. Il a cependant contre lui d'être un beau cumulard, dont la gestion communale n'est pas exemplaire... et qui va devoir affronter une plainte touchant l'attribution de marchés publics au niveau de l'agglomération.
Le second rival socialiste de la maire sortante est Philippe Saurel, adjoint au maire de Montpellier, conseiller général, proche de Manuel Valls... et franc-maçon. Voilà pour le pedigree de l'animal, qui a déjà créé sa page Facebook en vue des municipales.
Et ce ne sont là que les principaux candidats socialistes. D'après France 3 Languedoc-Roussillon, d'autres ambitions se sont plus ou moins déclarées. On cite notamment le nom du président du Conseil général de l'Hérault, André Vézinhet (né à Rodez... en 1939). Tout ça, rien qu'au PS. Pourquoi tant d'empressement à s'investir dans la chose publique ? Peut-être parce que les études d'opinion (dont un sondage commandé récemment par la direction du PS) donnent les socialistes largement gagnants en 2014 dans la capitale de la Septimanie.
Cela nous ramène aux breloques décernées le 14 juillet. Parmi les quatre élus héraultais, on trouve André Vézinhet et Philippe Saurel (celui-ci sur le contingent du ministre de l'Intérieur...), ainsi que Sophie Boniface-Pascal, autre adjointe d'Hélène Mandroux. Visiblement, l'Elysée semble vouloir suivre de très près la constitution de la liste PS.
21:52 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, france, ps, parti socialiste
mardi, 16 juillet 2013
Hijacking
Ce film danois polyglotte évoque la piraterie en mer, avec l'exemple d'un cargo dont s'empare une troupe de Somaliens. Il alterne deux types de scènes, celles qui décrivent la vie sur le bateau et celles qui montrent le siège de l'entreprise danoise et l'action de son PDG (incarné à la perfection par Soren Malling).
Le début est faussement anodin. Sur le navire, on découvre les personnages du cuistot, du mécano et du capitaine. Ils naviguent vers Bombay. La mission est en voie d'achèvement. Ils communiquent à distance avec les proches restés au Danemark. Là-bas, on nous plonge dans une négociation délicate avec des Japonais. Le PDG danois est habile à la manœuvre. Comme ses costumes, il est impeccable, rigoureux et semble invulnérable. Sûr de lui et conscient de ses responsabilités, il décide de mener la négociation quand il apprend la prise d'otages.
Le réalisateur nous a épargné l'assaut... mais ce qui se passe hors-champ est souvent inquiétant. Que signifient ces coups de feu ? Que sont devenus les autres membres de l'équipage ? Si chaque moitié des personnages ignore ce que vit l'autre, le spectateur n'est pas omniscient pour autant. On remarque aussi qu'au fur et à mesure que l'on avance dans l'intrigue, les allers-retours entre les deux scènes se font moins nombreux, ce qui nous laisse parfois dans l'expectative. (Bien joué, le montage !)
La réalisation montre le renversement. Les Occidentaux sont devenus les proies des Africains... et le patron négociateur joue une partie plus difficile qu'avec les industriels japonais. Chacun, de son côté, veut faire plier l'autre. Il faut donc se méfier un peu de ce que l'on voit à l'écran, surtout du côté somalien. La prise d'otages elle-même est une mise en scène. Pour que les pirates parviennent à leurs fins, il faut qu'ils arrivent à manipuler leurs interlocuteurs danois. En Europe, la direction elle essaie de s'en tirer à moindre frais... et oriente les négociations en conséquence, avec l'aide d'un spécialiste de la gestion de crise. S'ajoutent à cela les relations avec les familles des hommes capturés, d'autant plus délicates qu'il faut choisir ce qu'on leur dit ainsi que la manière de le dire. Toutes ces scènes se déroulent en vase clos, dans des bureaux du siège de l'entreprise, et pourtant, c'est palpitant. Putain de scénario !
Sur le bateau, on constate qu'à la pénibilité physique s'ajoute le risque d'affaiblissement moral. De leur côté, les pirates semblent imprévisibles. Comme tous sauf un (le traducteur-négociateur, un personnage assez mystérieux) ne parlent que leur langue et que leurs propos ne sont pas sous-titrés, nous sommes placés au même niveau de compréhension que les otages.
Jusqu'au bout, l'histoire ménage des surprises. A plusieurs reprises, la tension se relâche pour tout à coup augmenter à nouveau. Souvent, c'est voulu... mais pas toujours.
C'est incontestablement le film coup-de-poing de ce début d'été.
22:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
Moi, moche et méchant (le DVD)
Séance de rattrapage, ce soir. Emballé par le deuxième volet des aventures de Gru et de sa petite famille, j'ai voulu voir ce que donnait le premier film. Comme le suivant, je l'ai visionné en version française.
Le début présente les deux univers qui vont se télescoper : l'orphelinat (avec les trois gamines) et les méchants (dont le héros). Cela démarre par une séquence qui tourne en dérision les touristes américains (avec un gag inattendu, celui de la pyramide) :
On découvre ensuite les deux vilains qui vont s'affronter. Le héros, Grut, aime bien commettre de mauvaises actions au quotidien. Il resquille scandaleusement dans un commerce, fait pleurer les petits garçons et a un tempérament manipulateur :
On comprend néanmoins assez vite qu'il n'est pas le méchant absolu... et qu'il a lui-même beaucoup souffert, notamment à cause de sa mère, qui continue d'ailleurs à lui pourrir la vie. (Celle-ci, absente du deuxième volet, devrait faire sa réapparition dans le prochain film : ce personnage de vieille bique atrabilaire possède un réel potentiel comique.)
Sur son chemin, il va trouver un nouveau super-délinquant, Victor/Vector, un jeune con qui croit tout savoir... et qui réussit, dans un premier temps, à lui niquer sa race :
Mais le vrai méchant de l'histoire est celui qui finance ces deux derniers, celui qui tire les ficelles : le banquier :
C'est en cela que Moi, moche et méchant est un film de son époque (2010). Avant 2008, on n'aurait sans doute jamais osé autant dénigrer cette profession dans un film grand public.
Cet univers cruel va entrer en contact avec des orphelines, pas très bien traitées dans l'institution qui les héberge. Elles vont être adoptées par Gru, qui veut les utiliser contre Victor.
Évidemment, l'arrivée des trois donzelles, aux caractères très différents, ne va pas sans perturber la vie bien rangée de Gru. C'est la source de nombreux gags. Notons que les Minions vont vite s'attacher aux nouvelles... et réciproquement. La séquence qui voit Gru basculer est celle de la fête foraine. Au moment où il songe à se débarrasser de l'encombrante marmaille, il va définitivement s'attacher à elle.
La suite ? Une série d'aventures débridées, à la recherche d'un fusil qui fait rapetisser puis à la conquête de la Lune. Mais c'est autour d'un spectacle de danse que l'intrigue va se dénouer.
Sur le DVD, parmi les bonus, on trouve trois petits films très drôles, dont les héros sont les Minions (que l'on voit moins dans le premier film que dans le deuxième, sorti cet été).
Changement de look montre l'armée de petits bonshommes jaunes aider les gamines à préparer la visite des services sociaux, qui cherchent à savoir si un père célibataire est bien apte à s'occuper de trois jeunes filles :
Le Jour de l'orientation aborde la formation de Minions ouvriers spécialisés. Cela se moque gentiment des vieux films d'entreprise :
Enfin, Banane, est une variation délirante sur la gourmandise des Minions, où l'on sent l'influence (entre autres) de Tex Avery et des Monthy Python :
Je pense que ces Minions sont en train de suivre la même voie que le Scrat de L'Age de glace, qui est passé du statut de pittoresque personnage secondaire au début à celui d'élément essentiel à l'intrigue dans les films suivants.
00:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 14 juillet 2013
Des parlementaires qui ne manquent pas de réserve
Le sujet a déjà été abordé sur le site Aligorchie. KaG a consacré deux billets à l'un des versants de la réserve parlementaire : les dons aux associations. De mon côté, grâce à un moteur de recherche accessible depuis un article du Monde, je me suis intéressé aux subventions accordées aux communes aveyronnaises en 2011. A partir de cela, j'ai tenté de construire une carte de synthèse :
J'ai matérialisé, d'un trait noir épais, la séparation entre les trois circonscriptions législatives. Ensuite, j'ai colorié (ou hachuré) les communes qui ont reçu une subvention issue de la réserve parlementaire. Quelles conclusions peut-on tirer de tout cela ?
En terme de données brutes, des cinq parlementaires aveyronnais en place en 2011, c'est incontestablement le député UMP Yves Censi (à l'époque membre de la majorité) qui a le plus distribué, avec un total de 170 000 euros. A l'autre bout se trouvait la députée PS Marie-Lou Marcel (alors dans l'opposition), avec un total de 21 000 euros. Eh, oui, les parlementaires n'étaient pas tous logés à la même enseigne !
Cependant, on verra plus bas que près de 700 000 euros ont été distribués dans le département en provenance directe de la "réserve ministérielle". On comparera la répartition de cette manne avec les subventions des parlementaires.
Commençons avec Yves Censi, élu de la première circonscription, qui s'étend grosso modo de Rodez à l'Aubrac. En 2011, il a accordé des subventions à 6 communes (coloriées en bleu foncé sur la carte), pour 8 projets. Trois de ceux-ci concernent la seule commune d'Alpuech (la plus au nord), pour un total de 10 000 euros. Toujours sur l'Aubrac, 33 000 euros sont venus aider à la construction d'un garage communal, à Prades. Pas très loin de là, c'est Saint-Geniez-d'Olt a aussi bénéficié d'un financement partiel venant du député. Les autres communes aidées (Montrozier, La Loubière, Palmas) sont plus proches du Grand Rodez, mais situées en dehors. Logiquement, comme les deux autres députés, Yves Censi a subventionné des projets montés par des communes situées dans sa circonscription.
Son collègue UMP Alain Marc, qui a distribué 63 500 euros, a davantage ventilé les subventions, entre 9 communes (en bleu clair sur la carte : Ayssènes, Camarès, Cassagnes-Bégonhès, Comps-Lagrand'ville, Compeyre, Coupiac, Creissels, Rullac-Saint-Cirq, Saint-Juéry et Villelaure). Les sommes sont moins inégales (entre 2 500 et 10 000 euros). Si elles excluent les deux villes gérées par le PS (Millau et Saint-Affrique), elles touchent néanmoins (me semble-t-il) aussi bien des communes qui votent à gauche que des communes qui votent à droite. Il faudrait comparer avec les années précédentes pour en tirer des conclusions plus fines. En tout cas, à un an des législatives, c'était habile de la part d'Alain Marc, dont la réélection a été en partie assurée par des voix de gauche.
La troisième députée, Marie-Lou Marcel, a divisé la part de sa réserve attribuée aux communes en quatre parties égales de 5 250 euros. Les territoires sont coloriés en rouge sur la carte. Ce sont ceux Grand-Vabre, La-Capelle-Balaguier, Moyrazès et Saint-Igest.
Viennent ensuite les sénateurs, tous les deux dans l'opposition en 2011. Ils ont donc bénéficié de sommes modestes. Anne-Marie Escoffier a distribué 32 500 euros à trois communes (en rose sur la carte) : Belcastel, Rignac et Villeneuve. Signalons que les deux premières sont situées dans le canton de Rignac, dont la conseillère générale est... Anne-Marie Escoffier.
Arrive donc le moment de s'intéresser aux subventions attribuées par Alain Fauconnier. O surprise ! Son nom est introuvable dans la liste des parlementaires et, quand on vérifie l'intégralité des projets aveyronnais qui ont bénéficié de la réserve, son nom n'apparaît toujours pas. Et pourtant... si vous avez regardé attentivement la carte du début, vous vous êtes rendus compte qu'une cinquième couleur, l'orange, apparaît assez souvent dans la moitié sud du département. Les communes que j'ai fait ressortir ainsi ont bénéficié d'une subvention sénatoriale, mais pas d'Alain Fauconnier. Le nom qui apparaît dans le moteur de recherche mis en ligne par Le Monde est Odette Herviaux.
Elle est sénatrice du Morbihan depuis 2001 et secrétaire du bureau de la Haute Assemblée depuis 2008. En 2011, elle a aidé 89 projets, dans 12 départements (dont deux outremer : la Martinique et la Guyane). Voici la répartition départementale de ses subventions en métropole :
En rouge figurent les départements les plus aidés (14 projets chacun). Sans surprise, on découvre que la sénatrice bretonne a été généreuse dans le Morbihan et les Côtes-d'Armor. Par contre, je ne sais pas pourquoi le Doubs a été aussi bien pourvu. Un peu derrière, on trouve (en orange) l'Ardèche et l'Aveyron (11 et 10 projets), puis (en jaune) la Haute-Garonne, l'Aude et la Côte-d'Or (6, 5 et 5 projets). Enfin, en beige, j'ai colorié le Nord et le Puy-de-Dôme, qui ont chacun obtenu une seule subvention (mais d'un montant élevé pour le premier).
Ce n'est donc sans doute pas un amour immodéré de l'Aveyron qui a conduit la sénatrice à y aider 10 projets, mais le fait que, membre du bureau du Sénat, elle disposait d'une somme bien plus importante que ses collègues. Cette attitude redistributive n'en est que plus louable. Mais revenons à l'Aveyron.
Les subventions de Mme Herviaux semblent avoir été quelque peu "téléguidées". (N'oubliez pas que les communes concernées sont en orange sur la première carte, celle qui figure en début de billet.) Les agglomérations de Millau et surtout de Saint-Affrique (dont le maire n'est autre qu'Alain Fauconnier) ont été privilégiées : Saint-Affrique seule a reçu 25 000 euros, Saint-Izaire 2 000, Versols-et-Lapeyre 3 000.
C'est le moment que choisit le petit malin au fond de la salle pour faire remarquer qu''il reste une couleur dont je n'ai pas parlé : le gris. Je l'ai attribué à Espalion, dont la restauration du Vieux-Palais a été financée presque à 50 % par Gérard Larcher, qui fut président du Sénat de 2008 à 2011. Faut-il y voir le résultat de l'action de Philippe Meyer, qui préside l'Association pour la renaissance du Vieux-Palais ?
Pour terminer, voyons un peu comment la fameuse "réserve ministérielle" a été attribuée dans le département. Les communes qui en ont bénéficié sont hachurées en noir sur la première carte. Elles sont au nombre de 15, pour 16 projets. Les sommes versées vont de 4 000 à 100 000 euros et sont le plus souvent comprises entre 20 000 et 40 000. La majorité des communes qui ont touché quelque chose sont situées dans la circonscription d'Alain Marc...
On remarque aussi que seules deux communes ont obtenu des financements de deux sources différences : Saint-Juéry et Saint-Geniez-d'Olt. Pour la première, je me demande si c'est dû aux relations de son maire, l'historien Christian Font. Concernant la seconde, il suffit de rappeler que Jean-Claude Luche (le président du Conseil général) en fut maire de 1995 à 2008 (il demeure premier adjoint) et qu'il en est l'indéboulonnable conseiller général depuis près de 20 ans.
Quand on regarde plus en détail les financements dont Saint-Geniez a bénéficié, on constate que les montants sont élevés. Ainsi, la réserve ministérielle a contribué pour 100 000 euros à des travaux de voirie et pour 100 000 euros supplémentaires à la reconversion de la salle polyvalente. Cela représente 29 % de l'ensemble des sommes attribuées à l'Aveyron par la réserve ministérielle. Pas mal, non ? De son côté, Yves Censi a versé 20 000 euros pour la réfection de la piscine du camping municipal. Si l'on ajoute à cela le fait que le canton de Saint-Geniez-d'Olt a été, de 2008 à 2011 (d'après Le Ruthénois), le plus important bénéficiaire des subventions du Conseil général (avec 345 000 euros), on réalise à quel point le manque de transparence dans l'attribution de divers financements (aussi bien locaux que nationaux) favorise les inégalités au sein du département.
18:18 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, actualité, médias, presse, france
samedi, 13 juillet 2013
Moi, moche et méchant 2
Je n'ai pas (encore) vu le numéro 1, mais j'ai été attiré par les petits personnages jaunes, le bouche-à-oreille (très positif) faisant le reste.
Cela démarre tambour-battant par trois séquences très différentes. La première se déroule au pôle Nord. Elle introduit le (vrai) méchant, qui avance masqué. Notons qu'elle contient un petit clin d’œil scatologique, sorte de marque de fabrique de cette animation qui, tout en suivant un schéma très conventionnel, se permet de temps à autre de franchir la ligne rouge.
La deuxième séquence se déroule chez le héros. Il est question de fêter l'anniversaire de la plus jeune des trois filles qu'il a adoptées. Au départ, tout a l'air "normal"... mais n'oublions pas que le personnel de service est composé de bonshommes jaunes, puérils et farceurs. Observez bien les jeux auxquels les enfants s'adonnent, pendant que les parents, en toute confiance, tournent le dos.
C'est aussi le moment où les questions existentielles émergent. L'une des filles voudrait avoir une maman et l'une des adultes présentes à la fête s'est mise en tête de caser Gru, le papa au grand nez. Tout cela passe au second plan quand il s'avère que la fée a du retard. Le père va trouver une solution des plus originales... et assez acrobatique. Sans trop dévoiler le gag, je peux quand même dire qu'à un moment, j'ai pensé à Marine Le Pen...
La troisième séquence met le héros en contact avec Lucy Wild, un agent très très spécial, qui se déplace dans une voiture modulable. C'est extrêmement drôle, avec des références à James Bond... sauf qu'ici c'est la dame qui utilise les gadgets. Dans la version française, Lucy a la voix d'Audrey Lamy... un excellent choix, tant elle colle bien au personnage.
Ainsi démarrée, l'histoire est sur de bons rails. D'autres séquences marquantes vont venir, comme un tableau de la machinerie installée au sous-sol de la maison de Gru. Les "Minions" (les petits bonshommes jaunes à un ou deux yeux) vont saluer dignement le départ du professeur qui travaillait pour Gru... avec des fusils à pet ! (Et encore, je ne vous raconte pas le gag qui ponctue ce moment d'anthologie : sachez qu'il est question d'une détonation supplémentaire...)
Après cela, on est embringué dans une histoire d'espionnage, où les références à James Bond sont mâtinées d'un peu de Gremlins et de Critters. Même si les gags ne sont pas aussi explosifs qu'au début, cela reste très divertissant.
Le rythme remonte dans les séquences terminales, avec notamment la guérison des "Minions", spectaculaire et drôle. Tout se termine en chansons, avec d'abord une séquence romantique, bercée par une (excellentissime) parodie de boys band par les Minions... avant qu'une nouvelle teuf ne démarre, au son des Village People !
Bref, c'est drôle et bien foutu... et plutôt pour les grands enfants que pour les petits.
21:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 12 juillet 2013
Ma meilleure amie, sa soeur et moi
Sur le thème "Un garçon, deux filles... combien de possibilités ?", Lynn Shelton s'exerce à la comédie romantique, avec pour cadre le Nord-Ouest des Etats-Unis : la ville de Seattle et une île des environs.
La première séquence nous met en contact avec un groupe de trentenaires, blancs, appartenant à la classe moyenne et réunis autour de quelques bonnes boissons, notamment du vin rouge. On est en plein cliché... sauf que cette petite réunion commémore la première année de la disparition de l'un des membres du groupe, Tom, peut-être le plus brillant de la bande.
Très vite, l'ironie prend le dessus, avec le discours à rebours du frère du défunt, un peu bourré. Voici Jack, le héros, intelligent, beau parleur, mais coiffé comme un dessous de bras, au chômage, de surcroît légèrement bedonnant. Il s'éclipse, à la fois honteux et très content d'avoir plombé l'ambiance. Sa meilleure amie va essayer d'arranger les choses. Voilà Iris, femme indépendante, compréhensive et bourrée de charme. Accessoirement, c'est l'ex-petite copine du défunt. Emily Blunt (remarquée dans Looper et, il y a quelques années, dans un épisode de la série Hercule Poirot) rayonne dans ce rôle de femme hypersensible, d'une (grande) beauté faussement ordinaire.
La scène qui voit la meilleure amie tenter de ramener Jack à de meilleures pensées est un délice d'humour et de complicité. A la différence de la précédente, très écrite (deux discours antagonistes se répondaient), celle-ci est en partie improvisée. On le sent particulièrement bien quand Mark Duplass (Jack) ne peut s'empêcher de lâcher un petit rot qui semble avoir surpris sa partenaire Emily Blunt. Mais cela passe très bien dans le dialogue... puisque je vous le dis !
Comme Jack déprime, Iris, dont la famille est pétée de thunes, lui propose d'aller méditer dans la propriété paternelle, située sur une île. Au passage, elle lui suggère de s'y rendre en vélo. Jack, qui continue à s'empiffrer de confiseries industrielles, ne semble pas avoir compris le message subliminal de la dame : profite de l'occasion pour faire disparaître tes bourrelets disgracieux ! (On ne va d'ailleurs pas tarder à les voir à l'écran.)
Sur place, le héros tombe sur la frangine lesbienne de sa meilleure amie, en pleine quête existentielle après la fin d'une grande histoire d'amour. Je vous présente donc le dernier membre du trio : Hannah, incarnée avec subtilité par Rosemarie DeWitt (vue récemment dans Promised Land). C'est le soir, les deux se connaissent sans s'être jamais rencontrés... Ils se découvrent donc autour d'une bonne bouteille de tequila. Arrive ce qui devait arriver : ils baisent. Je recommande la scène de coucherie, au cours de laquelle le héros n'est vraiment pas à son avantage.
Le problème est que la frangine et meilleure amie débarque à l'improviste le lendemain. Elle est ravie de retrouver sa soeur, perdue de vue depuis un petit moment, mais un peu désappointée tout de même. La suite nous réserve de beaux moments de marivaudage, quelques jolies scènes de dialogue au lit (entre les deux soeurs)... et un changement de ton, au bout d'1h10 environ. L'histoire devient plus sérieuse, tourne au mélo. Là, franchement, j'ai moins accroché. Mais cela reste une très bonne comédie... avec une Emily Blunt à croquer, rien que pour nous, les mecs !
21:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
Petits arrangements aveyronnais
Le dernier numéro du Ruthénois (désormais quinzomadaire) est disponible jusqu'au 18 juillet. Il contient une série d'articles intéressants, mais surtout un mini-dossier de quatre pages intitulé "Les Aveyronnais sont-ils les victimes des arrangements politiques ?"
Les papiers sont de Benoît Garret, qui fait partie de la rédaction du Progrès Saint-Affricain, si je ne m'abuse. Il est déjà arrivé que certains de ses articles se retrouvent dans Le Ruthénois. (L'an dernier, j'avais trouvé l'entretien mené avec Mme Escoffier excessivement complaisant.) Ici, le ton est plus incisif. Les informations concernent davantage le Sud du département que le Nord.
Les deux premières pages du dossier sont consacrées à la répartition des aides versées par le Conseil général aux communes du département. Il apparaît clairement que la majorité réunie autour de Jean-Claude Luche finance surtout des projets dans les cantons "amis". Notons que le détail des financements est accessible sur la page Facebook de l'hebdomadaire. (Il est divisé en quinze parties.)
Les données portent sur les années 2008-2011. Il semble donc qu'il n'y ait pas de rupture franche entre la gestion Puech et la gestion Luche. Il faudrait peut-être y regarder plus en détail.
Intéressons-nous aux cantons qui ont touché les sommes les plus importantes. En tête se trouve celui de Saint-Geniez-d'Olt (dont est issu Jean-Claude Luche), avec 345 000 euros. Il devance finalement d'assez peu le canton de Cornus, tenu par Christophe Laborie, vice-président du Conseil général (312 400 euros). La médaille de bronze est détenue par le canton de Saint-Sernin-sur-Rance, avec 303 500 euros. Traditionnellement, c'est un fief de la droite, qui l'a toujours détenu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale... sauf entre 2004 et 2011, quand le titulaire fut Claude Boyer (élu de justesse, en ayant profité de l'affaiblissement du sortant par une candidature sans étiquette au premier tour). On peut estimer que la majorité départementale a jugé capital de récupérer ce canton en 2011.
Sur les douze cantons qui suivent, un seul est détenu par la gauche, celui de Marcillac-Vallon. Il arrive en dixième position au niveau des subventions, avec 160 000 euros. Sur les quinze cantons les plus aidés par le Conseil général, treize étaient donc détenus par la majorité départementale. Parmi ceux-ci se trouvent Laissac, Camarès, Montbazens, Vezins-de-Lévézou, Bozouls... Rappelons qu'à l'époque, la majorité est assez mince : 25 élus contre 21 à l'opposition de gauche. Les cantons urbains ont été très peu aidés.
Page 6, la parole est à la défense : Jean-Claude Luche est interrogé par le journaliste... et l'on sent que la discussion a été tendue. Le président du Conseil général manie un peu la langue de bois, sous-entendant que l'argent est allé aux communes et cantons dynamiques... et donc que les élus de gauche défendent mal leur territoire.
D'un autre côté, la gauche agit-elle autrement là où elle est aux manettes ? Il faudrait effectuer la même analyse pour le département du Lot, par exemple... ou pour la Corrèze, tiens. Le Ruthénois ébauche une comparaison avec le Conseil régional de Midi-Pyrénées. J'ai aussi souvenir, il y a des mois de cela, d'un article du Petit Journal qui dénonçait l'inéquitabilité de la répartition des aides régionales aux villes.
On pourrait aussi s'appuyer sur la récente décision de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, de rétablir certains tribunaux de grande instance qui avaient été supprimés par la réforme de Rachida Dati. Les communes de Saumur, Saint-Gaudens et Tulle récupèrent leur TGI. Trois autres villes (Dole, Guingamp et Marmande) obtiennent la mise en place de chambres détachées, ce qui a été refusé à Millau. Est-il étonnant de constater que 5 des 6 communes qui récupèrent quelque chose sont gérées par des majorités de gauche ? (A contrario, cela veut aussi dire que le pouvoir sarkozyen a eu tendance à supprimer des tribunaux dans des villes gérée par ses opposants...) La sixième, Saumur, est située dans le Maine-et-Loire, un département assez vaste (bien que plus petit que l'Aveyron), mais ne disposant plus que d'un seul TGI (à Angers) pour près de 800 000 habitants.
La dernière page du mini-dossier du Ruthénois aborde l'arrière-plan des élections législatives de 2012, en particulier dans la troisième circonscription, qui a vu la réélection d'Alain Marc, alors que la gauche semblait en mesure de l'emporter. L'article évoque les divisions du camp "progressiste" et une éventuelle entente secrète entre le sénateur-maire de Saint-Affrique, le socialiste Alain Fauconnier, et le député UMP sortant. Il oublie d'évoquer la franc-maçonnerie. Sur ce sujet, il vaut mieux se reporter au chapitre 18 du livre d'Hugues Robert, Presse Business, histoire critique d'une presse bien française.
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jeudi, 11 juillet 2013
Cumul mon amour ! (2)
Il va encore être question de la loi sur le cumul des mandats (dont j'ai parlé hier). Le détail des votes des députés est accessible sur le site de l'Assemblée nationale.
Sans surprise, on constate que la socialiste Marie-Lou Marcel a voté le texte, tandis que ses collègues UMP Yves Censi et Alain Marc l'ont rejeté. A toutes fins utiles, rappelons que ce dernier est aussi vice-président du Conseil général de l'Aveyron, un cumul que la nouvelle loi interdit. Quant à Yves Censi, il ne cache pas vouloir conquérir la mairie de Rodez, ce qui, en cas de succès, le placerait aussi en situation de cumul prohibé... à partir de 2017.
De manière générale, les députés de gauche ont voté la loi et ceux de droite l'ont rejetée. Si l'on y regarde de plus près, on est amené à nuancer. Tous les écologistes (bravo !), la presque totalité des socialistes et la majorité des élus du Front de Gauche ont voté le texte. Mais les chevènementistes et la majorité des radicaux s'y sont opposés.
A droite, personne ni à l'UMP ni à l'UDI n'a voté la loi, mais quelques téméraires se sont abstenus. Ils ne sont que trois à l'UMP, dont le Toulousain Jean-Luc Moudenc et Thierry Solère, une jeune pousse des Hauts-de-Seine, qui a battu Claude Guéant en 2012... et qui avait été mêlé à la "vendetta" organisée contre Patrick Devedjian (qui a rejeté le texte). A l'UDI, 30 % des députés se sont abstenus. (Ne vous emballez pas : cela ne représente que 9 personnes !) Parmi eux, on trouve Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre Hervé Morin et le Tarnais Philippe Folliot. L'ont-ils fait par conviction ? Ont-ils vu là l'occasion de se distinguer de la masse et d'afficher leur pseudo-centrisme ? C'est difficile à dire. On en saura peut-être plus quand le texte reviendra du Sénat.
En poursuivant la lecture de la liste, on arrive aux députés non inscrits. Les deux élus d'extrême-droite (Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard) ont voté la loi !
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Le Roi et l'oiseau
J'avais gardé de ce dessin animé "de qualité française" (signé Paul Grimault et Jacques Prévert) un souvenir lointain, agréable. Sa ressortie en salles, après restauration, m'a donné l'occasion de le voir sur grand écran. L'histoire nous est présentée par l'un des personnages principaux, une sorte de grand toucan endimanché, gouailleur et courageux :
Son ennemi est le monarque qui vit dans le château visible à l'arrière-plan. A travers ce personnage, les auteurs ridiculisent la monarchie absolue et les régimes totalitaires du XXe siècle. Sur le fond, ils montrent l'obéissance obséquieuse et craintive des sous-fifres, l'omniprésence de la police ainsi que le culte de la personnalité qui entoure le souverain (aussi odieux que maladroit au tir). Sur la forme, on rit du trône tout-terrain, de l'aspect physique du tyran ainsi que de sa démarche.
Cette histoire est aussi un conte. Le château est donc un élément important de la mise en scène, avec ses ascenseurs qui n'en finissent pas, ses pièces secrètes, ses trappes et ses oubliettes où attendent, affamés, des lions mélomanes.
Un grand soin a été porté à l'animation des personnages, en particulier des animaux. J'ai beaucoup aimé le chiot du tyran, très souple dans ses mouvements... et beaucoup plus affectueux que son maître. Les oisillons sont aussi très réussis. Par contre, au niveau des félins, on note quelques maladresses. Il faut dire qu'en trente ans, la technique a fait de sacrés progrès. D'autres moments, parfois brefs, m'ont marqué, comme celui qui voit un morceau de muraille s'animer, révélant un policier camouflé !
Une histoire d'amour (un peu nunuche) est au coeur de l'intrigue : un ramoneur et une bergère vont devoir surmonter bien des difficultés pour vaincre la jalousie et le désir de domination du roi.
Cette intrigue se drape dans le merveilleux : les deux amoureux sont issus de tableaux voisins, dont ils s'échappent, tout comme le roi, qui évince son modèle et prend le contrôle du royaume ! Les auteurs donnent aussi un aperçu du peuple miséreux qui vit sous la férule du tyran.
Toutefois, c'est davantage la dénonciation d'une forme de modernisme qui perce dans l'histoire. La technologie a asservi les ouvriers, qui travaillent à produire des représentations du tyran (scène hilarante avec les tableaux, lorsque deux prisonniers décident de "se lâcher"). L'invention la plus extraordinaire, le robot géant, est un outil de domination... et de destruction.
Le salut vient de l'imagination, de l'inventivité, de l'art. Il est beaucoup question de peinture dans ce film, celle-ci étant cependant montrée comme trop soumise aux desiderata des puissants. La sculpture est abordée à travers un joli personnage de cavalier, dans une séquence qui baigne dans le merveilleux. La musique est davantage présente, en guise d'accompagnement mais aussi comme élément scénaristique. Elle sauve la vie des héros dans des circonstances que je vous laisse découvrir.
J'ai finalement beaucoup aimé cette réédition, d'une qualité visuelle plus grande que ce à quoi je m'attendais.
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mercredi, 10 juillet 2013
Cumul mon amour !
Les socialistes ont fini par s'y mettre. Ils ont mis le temps, ils se sont montrés très timides, mais ils ont accouché d'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats. Attention toutefois : votée par l'Assemblée nationale, elle doit encore passer devant le Sénat, dont les membres semblent majoritairement hostiles aux principes de bon sens que le texte contient.
Rappelons tout d'abord qu'il s'agit d'une promesse du candidat Hollande, contenue dans l'engagement numéro 48 (au passage, je conseille à ceux qui ont joué la surprise quand le gouvernement a mis au programme le mariage homo de lire l'engagement numéro 31) :
"J’augmenterai les pouvoirs d’initiative et de contrôle du Parlement, notamment sur les nominations aux plus hauts postes de l’État afin de les rendre irréprochables. Je ferai voter une loi sur le non-cumul des mandats. Je renforcerai la parité entre les femmes et les hommes en alourdissant les sanctions financières contre les partis politiques qui ne la respectent pas. J’introduirai une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale."
Le formulation était vague, contrairement à ce qui est écrit dans d'autres articles. J'aurais aimé que le gouvernement aille plus loin, mais, pour l'instant, il faut se contenter de la loi que vient de voter la majorité absolue des députés. Le principe est simple : à partir de 2017, on ne pourrait plus être député (ou sénateur ou député européen) ET maire, adjoint, (vice) président de Conseil départemental, de Conseil régional ou d'un établissement intercommunal (genre la Communauté d'agglomération du Grand Rodez).
Le diable se niche dans les détails... et dans ce qui n'est pas écrit. Cela veut donc dire que l'on pourra être parlementaire et conseiller départemental ou régional, mandats qui sont rémunérés. Les parlementaires pourront aussi rester conseillers municipaux ou intercommunaux, ces fonctions étant très souvent (mais pas toujours) bénévoles. Voilà qui ruine l'un des arguments des opposants (comme le sénateur Stéphane Mazars, qui s'est récemment exprimé dans les colonnes de Centre Presse), qui prétendent qu'un parlementaire déconnecté des réalités locales fait du moins bon travail. Grâce à cette loi sur le non-cumul, les parlementaires pourront garder un pied en province. (Selon moi, on aurait dû seulement tolérer les fonctions de conseiller municipal ou intercommunautaire... ou alors interdire le cumul des indemnités.) Notons que la loi ne change rien aux règles actuelles de cumul des mandats locaux.
Il va être intéressant de suivre le passage au Sénat. En effet, d'après Le Monde, le texte a été voté par la grande majorité des députés PS, Verts et Front de Gauche, alors que ceux du PRG ont plutôt voté contre (en compagnie de l'UDI et de l'UMP). Quelle va être l'attitude des sénateurs radicaux du groupe RDSE (dont S. Mazars) ?
Le piquant dans cette affaire est que les récentes péripéties de la vie politique ruthénoise ont conduit le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, qui est aussi (depuis mars 2013) vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, à s'emparer de la présidence de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez. A droite, on avait déjà "Cumuluche". Faudra-t-il désormais aussi parler de Christian "Excèdre" ?
Blague à part, cette loi sur le cumul des mandats, bien que positive, n'en est pas moins révélatrice du conservatisme des élus de gauche comme de droite et du manque d'autorité de l'exécutif parisien. On a déjà pu le constater à propos de la transparence des richesses. Rappelez-vous : en avril dernier, tous les membres du gouvernement avaient dû publier leur déclaration de patrimoine. Ce fut indéniablement un pas important, mais, à la lecture desdites déclarations, il était clair que certains ministres avaient rusé. (Sur ce sujet, je conseille les articles que Donato Pelayo a signés, les 19 et 26 avril ainsi que le 3 mai 2013, dans Le Nouvel Hebdo.)
En dépit (entre autres) de l'affaire Cahuzac (et de ses conséquences électorales), beaucoup de députés ont persisté à s'opposer à l'application de la transparence à leur patrimoine. La loi votée fin juin par l'Assemblée (actuellement examinée par le Sénat) est pourtant modérée dans son ambition. Si la déclaration concerne un grand nombre d'élus (ainsi que des hauts fonctionnaires), la publicité du contenu est interdite : le citoyen lambda pourrait consulter mais pas révéler publiquement ce qu'il a lu...
Nos parlementaires sont décidément bien cachottiers... Certains jouent un peu plus franc-jeu, comme Stéphane Mazars. Dans l'entretien publié dans Centre Presse, il affirme : "Je gagne mieux ma vie en étant avocat que sénateur !" Examinons la chose. L'an dernier, j'ai salué sa décision de renoncer à ses émoluments d'adjoint au maire de Rodez. Du coup, il ne touche plus que son indemnité de sénateur, soit environ 5 500 euros nets par mois... auxquels il faut ajouter environ 6 000 euros d'I.R.F.M. (Indemnité Représentative de Frais de Mandat)... non soumise à l'impôt sur le revenu.
Comparons aux revenus des avocats. En 2008, en moyenne, il s'agissait d'environ 6 200 euros par mois. Mais, comme les écarts sont énormes dans la profession, il peut être utile de comparer avec le revenu médian, celui qui sépare en deux groupes égaux les membres de la profession : 3 800 euros. Je pense que les revenus du sénateur aveyronnais se rapprochaient plutôt du premier chiffre, ce qui explique qu'il affirme gagner (un peu) plus en exerçant sa profession... si l'on ne compte que l'indemnité de base (6 200 euros contre 5 500). Ou alors, il gagnait vraiment très très bien sa vie et ses revenus dépassaient le cumul des deux indemnités, soit 11 500 euros par mois. Bigre ! Voilà que je me mets à regretter de ne pas porter la toge !
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lundi, 08 juillet 2013
Les Stagiaires
Le duo Vince Vaughn / Owen Wilson est de retour, dans une comédie a priori taillée sur mesure pour l'équipe de choc de Serial noceurs (avec Vaughn en producteur et scénariste). La première séquence démarre moyennement, mais elle contient un gag politiquement très incorrect : il est question de la fille d'un client, à propos de laquelle celui-ci ne tarit pas d'éloges. On finit par découvrir que c'est un petit boudin obèse... et noir. Ce n'est pas très gentil, mais j'ai bien ri quand même !
Le problème est que la suite est nettement moins drôle. Que ce soit le licenciement du duo de vendeurs, la séparation de Billy (Vaughn) avec sa femme (une scène particulièrement mauvaise), la candidature des deux chômeurs (séquence de web-cam très médiocre) ou encore leurs débuts au "Googleplex", tout sonne faux. Les dialogues sont mal écrits, les acteurs maladroits, malgré l'abattage dont certains font preuve.
Et puis... il y a cette épreuve de quidditch (eh oui, les "guiques" sont des enfants d'Harry Potter), qui voit un retournement survenir. De manière très américaine, les losers du débuts commencent à muer en winners. Plus prosaïquement, l'un des héros demande à son ami, son quasi-frère, de lui passer de la glace sur les parties génitales...
La deuxième séquence marquante est la soirée dans une boîte "chaude" à la mode, où l'équipe de bras cassés va retremper son moral. On s'y alcoolise, on s'y décoince, on s'y fait des confidences... et l'on s'y bagarre. Tout cela est bien rythmé. On y trouve néanmoins la confirmation que c'est un film de mecs. Les femmes entrevues dans cet antre sont toutes des bombasses pas farouches pour deux sous, de surcroît plus légèrement vêtues que les intellos canons du Googleplex. Il se trouve toujours au moins un joli minois pour kiffer grave l'un des héros. C'est lors de cette soirée que l'un d'entre eux fait l'expérience de l'éjaculation précoce plurielle...
Mais, que voulez-vous, il faut bien attirer le public dans la salle... D'ailleurs , y avait que des djeunses à ma séance... à part moi, bien sûr, présent pour encourager les deux quadras sur le retour. Notons que certains des seconds rôles "googliens" sont très réussis : la manager Dana (sur laquelle Nick/Owen a flashé) et le directeur du recrutement Chetty.
La seconde moitié du film fait l'éloge du travail d'équipe. Les individus qui la composent ne sont pas les plus brillants de ceux qui concourent pour être embauchés par le nouveau Big Brother américain, mais, ensemble, ils arrivent à être plus efficaces que les autres. N'oublions cependant pas qu'au bout du bout, il est question de commerce, c'est-à-dire de pognon : la nouvelle économie comme l'ancienne cherche les meilleurs moyens de ramasser la thune.
J'ai aussi bien aimé la séquence du dîner, qui se veut atypique (avec un petit côté Quatre Mariages et un enterrement).
Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que la fin est attendue, consensuelle. C'est donc un divertissement (juste) acceptable, à condition d'être (très) indulgent pour le début.
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samedi, 06 juillet 2013
Le Congrès
C'est le nouveau film d'Ari Folman, cinéaste israélien révélé au grand public par Valse avec Bachir. Le long-métrage dont il va être question mêle les scènes avec des acteurs réels à d'autres, animées (le procédé de rotoscopie a été utilisé, comme par exemple dans A Scanner darkly et Aloïs Nebel).
La première partie fait intervenir les acteurs réels, principalement Robin Wright et Harvey Keitel. Il faut passer outre les deux premières scènes du film, mal jouées, mal dirigées. La première voit Keitel faire la leçon à une actrice sur le retour (Robin Wright, censée interpréter son propre rôle). Curieusement, dans sa filmographie, il n'est pas fait mention de la série qui l'a rendue célèbre, Santa Barbara... La deuxième scène tourne autour du fils handicapé. Elle est aussi maladroite, un peu exagérée.
Ce n'est qu'ensuite que le film démarre vraiment. La conversation entre la mère et ses deux enfants est bien rythmée et l'enchaînement d'événements qui va mener l'héroïne à accepter un drôle de contrat se suit sans déplaisir. La scène-clé est bien évidemment celle qui voit l'actrice jouer son dernier rôle, pour le scanneur qui va l'enregistrer pour l'éternité...
La seconde partie du film est presque entièrement sous la forme animée. On fait un bond de 20 ans. Tout semble aller mieux pour l'ex-actrice, dont l'avatar numérique est devenu célèbre, alors qu'elle coule des jours plus paisibles avec son fils, dont la santé est néanmoins toujours chancelante. Elle se rend à un congrès futuriste, où rien ne va se passer comme prévu. Je vous en laisse découvrir les péripéties, entre frustration artistique, argent-roi, tentation dictatoriale et révolution.
Après une nouvelle ellipse, on retrouve l'héroïne sortant d'une cryogénisation de 20 ans. Elle cherche à comprendre et surtout à retrouver son fils. L'intrigue bascule parce que le monde a changé. On tombe en pleine science-fiction : l'humanité est divisée en deux groupes. La majorité préfère vivre dans l'illusion créée par la consommation d'une drogue, pendant que l'autre partie de la population, plus lucide, vit à l'écart mais n'est pas forcément plus heureuse. Cela reste toutefois l'histoire d'une mère, même si le tableau de l'humanité que l'on nous dresse (pendant le moment où l'animation s'efface) est assez apocalyptique.
On a souvent présenté ce film comme une réflexion sur le cinéma mais, dans sa seconde partie, il traite plutôt de la société en général, de son goût pour les drogues et le virtuel, tendances dans lesquelles il voit une menace pour notre monde.
Malgré quelques longueurs et maladresses, cela reste un film très original, tant sur la forme que sur le fond.
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vendredi, 05 juillet 2013
Man of Steel
Ce reboot de la saga Superman commence par une séquence se déroulant sur la planète Krypton. De l'avis de beaucoup de spectateurs comme du mien, c'est le meilleur moment du film. L'ambiance y est plutôt heroic fantasy. Cela fait aussi un peu penser au Prometheus de Ridley Scott (dans ce qu'il avait de bon). On pourrait donc regretter que ce premier film n'ait pas été un prequel. Il y a avait de la matière et les acteurs sont assez bons, en particulier Russel Crowe que, par la magie d'une technologie très évoluée, on revoit à plusieurs reprises, plus tard dans l'histoire. Ses apparitions sont l'une des rares sources d'humour de ce pensum de 2h25.
Cela se gâte à partir du moment où l'action se déroule sur Terre. Fort heureusement, le scénario n'est pas strictement linéaire. Ainsi, on voit d'abord Clark Kent en jeune adulte, avant de le redécouvrir enfant, à plusieurs occasions. Le montage, habile, fait se succéder des scènes qui se répondent ou se complètent. Pour faire monter la sauce, on a fait appel à une pléiade d'acteurs confirmés. A ce jeu-là, le petit Superman gagne le gros lot, avec deux papas qui déchirent : Russel Crowe sur Krypton et Kevin Costner sur Terre. Avec une telle ascendance, le garçon ne pouvait que bien tourner !
Pour les seconds rôles, on a puisé dans les séries télévisées : Les Experts (Laurence Fishburne, qui a fait ses preuves ailleurs), New York - Unité spéciale pour les victimes (Christopher Meloni, encore dans un rôle "viril"), Criminal Minds : Suspect Behavior (Michael Kelly) et A la Maison Blanche (Richard Schiff, vu aussi ailleurs).
Dans ce monde de mecs très musclés et très burnés, les femmes sont assez effacées. Du côté des "gentils", seule Amy Adams (vue récemment dans The Master) a un rôle un peu tonique... mais pas trop. Du côté des méchants, les amateurs de femme en cuir apprécieront le jeu d'Antje Traue, qui a un petit air de Noomi Rapace. A plusieurs reprises, on la voit ridiculiser des militaires un peu trop fiers de leurs pénis de substitution.
Parce que figurez-vous que ce n'est pas un film va-t-en-guerre. Papa Kent (Kevin, donc) a tenté d'inculquer la non-violence et la responsabilité à son fils adoptif. Les militaristes sont tournés en dérision dès le début de l'histoire terrestre, lorsque Loïs Lane apostrophe des officiers (il est question de longueur...), dans le grand nord canadien. Le scénario penche visiblement pour l'humanisme contre les partisans des solutions radicales.
Cependant, à l'écran, lorsque l'action se déroule en pleine ville, on ne voit pas souvent le héros se préoccuper des dégâts collatéraux. De surcroît, les militaires n'ont pas hésité une seconde à utiliser des armes de guerre au coeur de New York Metropolis (dont certains plans font écho au 11 septembre 2001). Cela fait partie des quelques incohérences du film. Si l'on est pris dans le feu de l'action, cela passe. Si l'on est moins captivé, on peut trouver que, vu le pognon mis dans les effets spéciaux (et la longueur des crédits au générique de fin), on aurait pu fignoler un peu plus le scénar.
Reste la chorégraphie des bastons. La première séquence s'apparente à du jeu vidéo, avec des méchants encarapaçonnés et bondissants. Et va-z-y que je te flanque un gros pain qui te fait traverser cinq immeubles d'un coup ! La seconde séquence voit le méchant faire mu-muse avec la cape de Superman... qui finit par le tuer, non mais. Faut pas jouer avec les affaires des autres !
Malgré d'indéniables qualités, ces scènes d'action n'arrivent pas au niveau de ce que l'on peut voir dans Avengers. Le film n'en est pas moins un divertissement tout à fait regardable.
P.S.
Les spectateurs attentifs auront remarqué qu'au cours d'une scène de combat, un véhicule au nom d'une certaine entreprise a été projeté. Ce clin d'oeil semble annoncer l'arrivée d'un nouveau méchant...
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jeudi, 04 juillet 2013
Le Joli Mai
Ce documentaire de Chris Marker (et Pierre Lhomme) a droit à une seconde vie, 50 ans après sa sortie. D'après le dossier de presse disponible sur le site du distributeur Potemkine, au moment de sa restauration, le film a été remonté selon les souhaits du réalisateur. Cela donne une oeuvre étonnante, de près de 2h20, consacrée aux Parisiens croisés en mai 1962.
Cela commence fort, avec un vendeur-repasseur de costumes grande gueule, qui ne pense qu'au pognon et se plaint de sa femme :
A l'image de presque toutes les autres personnes montrées à l'écran, il se montre très réservé dès qu'il est question de l'actualité immédiate, en particulier de la guerre d'Algérie. Le plus étonnant est que, lorsqu'il évoque la possibilité de faire sauter ses contraventions, il mentionne les noms de deux politiques situées aux extrêmes, le communiste Maurice Thorez et l'ex-poujadiste Jean-Marie Le Pen (eh oui, déjà !).
Ensuite, on rencontre un cafetier, qui a pas mal bourlingué, mais c'est la séquence tournée place de la Bourse qui m'a le plus marqué. Marker commence par interroger deux adolescents en costume, avant d'être interrompu par un courtier moustachu qui semble jaloux qu'on ne donne pas la parole aux adultes. Suit un début de conversation entre des vieux routiers de la finance, qui font le lien entre la récente nomination de Georges Pompidou au poste de Premier ministre et la banque Rothschild.
Et voilà qu'on nous présente des inventeurs. L'innovation est déjà au coeur de l'époque. Il est notamment question d'automobile, avec un intervenant fier d'avoir créé une sorte de stabilisateur... démonstration à la clé, sur un circuit, caméra à bord ! On notera le souci du détail du caméraman, qui, alors que s'exprime l'inventeur, détourne l'objectif de son visage pour suivre les pérégrinations d'une araignée sur son costume !
Petit à petit, on se rend compte que le travail de montage (images et son) a dû être considérable. On en a encore la preuve avec la séquence des amoureux, tout timides et tout gentils, sur les mains desquels la caméra s'attarde. Mais, au final, ils semblent enfermés dans leur bulle, un peu égoïstes peut-être.
Ah, oui, j'oubliais : entre les entretiens, on peut entendre des textes dits par Yves Montand, dont une chanson nous est proposée à l'entracte. La musique d'accompagnement du film est de Maurice Legrand.
Le couple d'amoureux nous est rpésenté en alternance avec une séquence de mariage, où les adultes mûrs se défoulent un max, pendant que les jeunes époux semblent un peu engoncés (surtout la mariée). On voit notamment une honorable mère de famille s'enfiler du champagne au goulot et ensuite montrer à quel point elle kiffe la life !
Plus conceptuelle est la conversation avec deux ingénieurs, qui voient loin en terme d'organisation du travail. Cependant, ceux-ci ne se rendent pas compte que, si l'on peut réaliser les mêmes tâches plus rapidement, ce n'est pas forcément du temps de loisir que vont gagner les salariés, mais aussi du chômage... Cette séquence est émaillée de clins d'oeil, avec des gros plans de chats, animaux que Chris Marker aimait tout particulièrement.
D'autres bestioles apparaissent à l'écran, comme les colombes prisées par la bourgeoisie. Mais c'est à une chouette que le caméraman s'intéresse tout particulièrement. Dans une scène étonnante, on voit l'un de ces rapaces se laisser tendrement caresser, comme le ferait un chat... saisissant !
L'une des séquences d'intérieur fait intervenir des jeunes femmes de la "bonne société". A l'image d'autres intervenantes, elles tiennent des propos qui ont de quoi faire bondir les moins ardentes des féministes. Si l'on ajoute à cela la répartition sexuelle des rôles qui est visible à différentes occasion, on réalise à quel point la France était à l'époque un pays patriarcal.
A l'occasion, on est aussi étonné par certains personnages, comme cette costumière agoraphobe, qui vit repliée sur elle, dans son appartement, en compagnie de son chat qu'elle habille comme une poupée :
A l'autre bout de la société, les pauvres vivent parfois dans des conditions insalubres. Je crois avoir entendu, dans le commentaire du début, qu'environ 20 % des logements n'avaient pas d'électricité et 12 % d'eau courante... De véritables bidonvilles existent, plutôt en banlieue il est vrai. Pour y remédier, on construit de grands ensembles.
Un autre portrait marquant est celui du garagiste peintre. On sent chez lui l'influence du surréalisme, du cubisme et d'un artiste comme Fernand Léger, même s'il affirme ne s'inspirer de personne. Je trouve qu'il parle assez bien de ses toiles. Mais la vision en noir et blanc ne leur rend pas honneur.
Et puisque les passants rencontrés dans la rue ne veulent pas trop parler politique, Chris Marker a suscité des entretiens qui donnent la parole à des personnes que l'on n'entend jamais en France à l'époque.
L'un d'entre eux est présenté comme étant un Dahoméen (on dirait aujourd'hui un Béninois), avec ses initiales. Il est beau gosse et s'exprime très bien en français :
Ayant connu l'Afrique Occidentale Française et différentes régions de métropole, il compare le comportement des Français qu'il a rencontrés, les pires étant pour lui les coloniaux. Il raconte sa surprise devant les "Français moyens" qui peuplent la métropole... et sa rage devant la version de l'histoire qui est enseignée. Il ne semble toutefois pas habité par la rancoeur.
Tout aussi passionnante est la séquence avec un jeune Franco-algérien. (N'oublions pas que les Accords d'Evian ont été signés en mars 1962.) Là encore on nous propose un "bon client" : un type intelligent, calme, qui présente bien :
Cet entretien est passionnant à deux niveaux. Il montre le conflit qui peut naître, au sein d'une usine, quand un ouvrier "français de souche" jalouse le "basané" qui a plus de qualification que lui... mais qui finit par partir. Ensuite, le jeune homme raconte une histoire bien pire, qui l'a placé sous la poigne d'agents de la DST. A cette occasion, on a un aperçu des baraquements précaires dans lesquels loge la population immigrée.
Notons que les seules images qui n'ont pas été tournées en mai 1962 évoquent les événements de Charonne et la seconde manifestation qui a suivi.
Histoire d'alléger un peu l'ambiance, Marker nous offre aussi de "belles images" de la capitale, quelques-unes prises de nuit. Cela ne l'empêche pas de conclure par une séquence moins joyeuse, consacrée aux prisons :
Voilà. Au départ, vu la longueur du film, j'étais un peu réticent à aller le voir. Mais c'est finalement un documentaire de grande qualité, tant au niveau des images que sur le fond. C'est foisonnant, parfois drôle, parfois terrible.
P.S.
La ressortie de ce film donne à l'aspect climatique une profondeur inattendue. En effet, mai 1962 fut un mois pourri, avec une température moyenne de 12,5 °C et un faible ensoleillement.
17:07 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, société
mercredi, 03 juillet 2013
Le musée Soulages ? Connais pas !
Un peu par hasard, je suis retombé sur un article du supplément "culture" du Monde, publié le 16 mai dernier et intitulé : La France aime-t-elle ses architectes ? L'auteure, Christine Desmoulins, s'y interroge sur la faveur dont semblent jouir les professionnels étrangers auprès des collectivités locales qui se sont lancées dans de grands travaux culturels. Je me suis dit : voyons voir ce qu'elle dit du musée Soulages, dont les architectes sont les Espagnols du cabinet RCR.
La double-page du journal contient six photographies : une du Louvre-Lens, une du théâtre de Saint-Nazaire, une du centre de création de Tours, une des Archives nationales de Pierrefitte, une de La Poste de la rue du Louvre (à Paris) et une du futur parc des expositions de Toulouse. Première surprise : le seul musée en construction consacré à un artiste vivant "qui a la cote" n'a pas été retenu pour illustrer l'article, en dépit de sa supposée audace conceptuelle. Je me suis dit qu'il devait en être question dans le texte de l'article.
Seize villes (et une vingtaine de projets, tous réalisés par des architectes étrangers) y sont cités. On ne s'étonnera pas d'y trouver Paris et des métropoles comme Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Nice et Lyon. A l'échelon inférieur, on rencontre Narbonne, Annecy, Besançon, Lens, Caen, Tours, Saint-Nazaire (liée à Nantes) et Saclay (dans la banlieue parisienne, tout comme Pierrefitte d'ailleurs). Même Saint-Dizier est mentionnée... mais pas Rodez !
Au niveau des projets, il est aussi bien question de musées que d'un palais de justice, un quartier d'habitation, un théâtre, une médiathèque (!), une gare TGV ou encore un parc des expositions. Là non plus, pas un mot sur le musée Soulages... et pourtant, je suis d'avis qu'une partie des projets figurant ci-dessus ont coûté (bien) moins que les 30 millions d'euros du chantier ruthénois.
Avis à ceux qui croient que c'est l'aménagement du siècle, qui va faire de Rodez l'un des phares de la culture hexagonale voire européenne...
00:06 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture
mardi, 02 juillet 2013
L'Attentat
Cette adaptation du roman de Yasmina Khadra mêle petite et grande histoire, celle d'un couple que l'on croyait fusionnel et celle du conflit israélo-palestinien. L'intrigue tourne autour de deux Arabes israéliens (communauté déjà mise à l'écran dans le récent Héritage), le chirurgien bien intégré à la société de Tel Aviv et sa ravissante épouse, un modèle de femme moderne. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si celle-ci ne disparaissait pas le jour d'un attentat-suicide aux conséquences duquel le chirurgien est confronté.
Le tableau du début est bien léché, quasi idyllique. Seul un coup de fil à peine entamé introduit un peu de dysharmonie. L'arrière-plan de cet appel nous est expliqué en fin de film... et donne une profondeur supplémentaire à son intrigue.
La suite nous montre le mari à la recherche de la vérité, alors que l'enquête de police piétine. Lui l'Arabe intégré se retrouve confronté à l'intolérance de certains Israéliens... et il découvre petit à petit le fanatisme de certains Palestiniens. La violence de leurs revendications et les difficultés de leur vie quotidienne (notamment à Naplouse) contrastent avec le mode de vie luxueux et la modération dont le chirurgien Amine fait preuve. Signalons la performance de l'interprète Ali Suliman (déjà vu dans Le Royaume, Zaytoun et surtout Paradise Now) ainsi que celle de sa partenaire, l'Israélienne Reymonde Ansellem, que les habitués des films du Proche-Orient ont remarquée dans Lebanon et surtout 7 minutes au paradis.
Ce personnage nous est principalement présenté par des retours en arrière, très bien conçus et insérés dans l'intrigue. On découvre petit à petit une histoire que l'on ignorait, celle de l'indignation d'une femme libre (qui n'est pas sans rappeler, par certains aspects, l'héroïne d'Inch'Allah).
Au final, on prend une sacrée claque dans la figure. De surcroît, le film a l'intelligence de ne pas tenter de répondre à toutes les questions. Il me semble toutefois plutôt pessimiste sur le conflit proche-oriental.
00:50 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 24 juin 2013
A Villeneuve-sur-Lot, le FN progresse... un peu... beaucoup ?
En analysant les résultats définitifs du second tour de l'élection législative partielle, on constate que le candidat du Front National, Etienne Bousquet-Cassagne, a gagné un peu plus de 7 000 voix entre les deux tours. Son score n'a pas doublé, comme il a été dit un peu rapidement. Il a tout de même augmenté d'un peu plus de 80 %. C'est un indéniable succès et la preuve que le choix "marketing" opéré par les dirigeants FN a été bon... pas suffisamment toutefois pour permettre l'élection d'un troisième député représentant la droite nationale.
Commençons par le succès du jeune candidat. Il est arrivé en tête dans 3 des 14 cantons de la circonscription (en brun sur la carte) : Laroque-Timbaut, Monclar et Sainte-Livrade. Il a été battu de justesse dans quatre autres (en bleu très clair) : Cancon (de 5 voix), Penne-d'Agenais (de 2 voix), Prayssas (de 5 voix) et Villeneuve-Sud (de 13 voix, écart minime pour un canton urbain). Il a été un peu plus nettement distancé dans quatre cantons (en bleu ciel) : Beauville, Monflanquin, Villeneuve-Nord et Villaréal. Enfin, il a été nettement dominé dans 3 cantons (en bleu foncé) : Castillonnès, Fumel et Tournon-d'Agenais :
Qu'est-ce qui peu expliquer ce succès (relatif : il a tout de même été battu) ? On peut souligner l'augmentation de la participation entre les deux tours, passée de 45,72 % à 52,47 % des inscrits. Il faut toutefois en retrancher les bulletins blancs et nuls : 1 640 au premier tour... 5 624 au second ! Une partie de l'électorat de gauche s'est visiblement déplacée, mais pour ne pas choisir. Résultat ? L'augmentation du nombre de suffrages exprimés est faible : on est passé de 32 748 à 33 840, soit une progression d'à peine 3 %. On peut en conclure qu'aucun des deux candidats présents au second tour n'a suscité d'engouement. Le vainqueur et le vaincu ont respectivement recueilli 24 % et 21 % des suffrages exprimés. Voilà une première explication du relatif succès du candidat FN : son adversaire n'est pas particulièrement aimé dans la région.
Il est ensuite intéressant de comparer les résultats des deux tours, canton par canton. Je me suis amusé à mettre en valeur ceux où le candidat FN était arrivé en tête dès le premier tour :
Eh, oui, surprise, ils sont nombreux ! Attention toutefois, il ne s'agit que d'une majorité relative, Etienne Bousquet-Cassagne ayant recueilli entre 27 % et 32 % des suffrages exprimés dans les cantons coloriés en brun. On remarque que c'est dans ce groupe que se trouvent les trois cantons qui lui ont accordé la majorité absolue au second tour. Mais pourquoi pas les autres ?
On remarque que ce sont presque tous des cantons où le candidat FN a été battu de justesse. A Villeneuve, il faut peut-être y voir le résultat d'un sursaut de mobilisation de l'électorat du centre et de droite : c'est la circonscription de celle qui a mené l'opposition à Jérôme Cahuzac, Florence Graneri, la suppléante de Jean-Louis Costes. Nombre d'électeurs de gauche semblent aussi avoir répugné à accorder leur vote à un candidat étiqueté Front National.
Quant aux cantons les moins lepénistes, ils se distinguent par au moins l'une de ces deux caractéristiques : soit ils font partie du fief du candidat UMP, maire, conseiller général de Fumel... et président de la communauté de communes du Fumélois-Lémance (et un cumulard de plus !), soit ils ont placé le candidat FN en troisième position lors du premier tour (Fumel, Monflanquin et Tournon-d'Agenais). La majorité des voix qui s'étaient portées sur les candidats de gauche semble donc avoir choisi plutôt l'UMP que le FN.
Cela n'efface pas la performance réalisée par Etienne Bousquet-Cassagne, mais cela relativise sa progression. Elle est notable, mais encore insuffisante (et trop dépendante de l'abstention à gauche) pour pouvoir emporter une élection sans l'intervention d'une triangulaire.
22:41 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, ps, médias, presse
dimanche, 23 juin 2013
L'aqueduc romain de Rodez
Les 7, 8 et 9 juin derniers ont été organisées les journées de l'archéologie. Dans chaque département, diverses animations ont été proposées, mettant en valeur le patrimoine local. A Rodez, il était prévu qu'une unité de légion romaine (composée de bénévoles, s'appuyant sur la recherche historique) fasse plusieurs démonstrations. Le temps exécrable l'a malheureusement empêché. Du coup, les soldats sont restés à l'intérieur du musée Fenaille, où étaient proposés des ateliers expliquant tel ou tel aspect de la civilisation romaine. Les gamins que des parents avisés avaient emmenés sur place ont vite oublié la pluie...
Les plus âgés pouvaient aussi se rabattre sur une double conférence, consacrée aux aqueducs construits par les Romains pour apporter l'eau aux cités de Rodez et de Cahors.
Yves Blanc a présenté un exposé rigoureux consacré à l'aménagement aveyronnais, qui date du Ier siècle après JC. Long d'environ 24 kilomètres, il aurait relié le lieu-dit Vors (commune actuelle de Baraqueville) au centre de Rodez, situé à une douzaine de kilomètres à vol d'oiseau.
La différence de distance s'explique parce que le tracé de l'aqueduc (en partie souterrain) a suivi les courbes de niveau. C'est la gravité qui faisait s'écouler l'eau, sur une pente en général assez faible (un peu plus d'un mètre par kilomètre, si je ne m'abuse). Signalons que, d'après Google Earth, le hameau de départ culmine à 2 476 pieds, soit environ 755 mètres.
On estime que le débit était approximativement de 22 000 mètres cubes par an, ce qui était plus que suffisant pour alimenter une population estimée entre 6 000 et 8 000 habitants. Cet aménagement imposant n'en a pas moins fini par être abandonné, oublié.
Sa redécouverte survient au XIXe siècle. On la doit notamment à des érudits locaux, réunis depuis 1836 dans la Société des arts et lettres de l'Aveyron (aujourd'hui Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron). Yves Blanc a cité deux d'entre eux, Félix-Hippolyte de Monseignat et Etienne-Joseph Boissonnade, particulièrement actifs en 1840-1841. Pour en savoir plus sur eux, je me suis plongé dans le Dictionnaire de l'Aveyron, de Jean-Michel Cosson :
J'ai un doute concernant l'identité du premier, puisque deux hommes ont porté les mêmes nom et prénoms, le père et le fils. Le père fut président du Conseil général de l'Aveyron. L'article donne deux années différentes pour son décès : 1840 et 1849. Je pense que c'est la première qui est juste. Né en 1764, beau-frère du général Béteille, il était trop âgé à l'époque. C'est donc sans doute son fils, qu'on trouve parfois prénommé Hippolyte-Marie-Félix, qui a joué un rôle dans la redécouverte de l'aqueduc romain. Il a été député de l'Aveyron sous la Monarchie de Juillet.
Etienne-Joseph Boisonnade était l'architecte départemental, nommé sous la Restauration. Certaines de ses initiatives, destinées à moderniser l'espace bâti aveyronnais, ont suscité des polémiques. Il a été révoqué sous le Second Empire.
C'est pourtant à cette époque que la redécouverte de l'ancien aqueduc va permette la construction d'un réseau rénové (à partir de 1853), sous l'impulsion de l'ingénieur Romain. Dans la première portion du tracé, il réemploie les tunnels antiques (avec une nouvelle maçonnerie), dont il n'utilise qu'une partie de la hauteur. C'est à partir du lieu-dit La Boissonnade (commune de Luc - La Primaube) que le tracé diverge par rapport à l'ancien. Achevé en 1857, il a donné lieu à une imposante cérémonie, place de la Cité, où, d'après Jean-Michel Cosson, un bassin avait été aménagé. Moins de trois ans plus tard, il avait disparu, remplacé par la statue de Monseigneur Affre, qui trône toujours sur la place. Une arrivée d'eau subsiste, dans un coin : une cabine de toilettes publiques (gratuites). (Ceux que l'histoire des rues de Rodez intéresse peuvent se précipiter à la Maison du Livre, où l'ouvrage de J-M Cosson auquel mène le lien précédent est disponible pour moins de 10 euros !)
Il reste néanmoins une trace de cet aménagement : la fontaine Gally, dite aussi "Naïade de Vors". C'est une œuvre du sculpteur Denys Puech. A l'origine, en 1882, elle se trouvait boulevard Gambetta, comme on peut le voir sur de rares photographies subsistant de l'époque. L'une d'entre elles est reproduite dans l'ouvrage de J-M Cosson. Une autre se trouve dans un autre petit bouquin fort intéressant, Mémoire en images, Rodez :
Cet aqueduc moderne a connu le même destin que l'antique. Il a été abandonné (sans doute vers 1890) et, en partie, oublié. La municipalité de l'époque a choisi d'alimenter la population ruthénoise à partir des eaux du Lévézou. En 1904 a donc été inaugurée une fontaine, place du Bourg :
Cette "Naïade de Vernhes" a évincé la statue de Lebon, qui a retrouvé sa place après la Seconde guerre mondiale, les nazis s'étant emparés de la naïade pour en récupérer le bronze. L'eau arrive toujours en cet endroit, où une borne publique a été aménagée.
Quant à l'aqueduc du Second Empire, on ne connaît plus l'intégralité de son tracé, de même que l'on n'a pas encore retrouvé les vestiges de la dernière portion de l'aqueduc antique, en partie aérienne. Pour parvenir à Rodez, il lui fallait franchir une vallée, vraisemblablement par un système de siphon inversé :
Il reste toutefois quelques traces des constructions romaines, parfois à peine visibles. Comme il fallait pouvoir entretenir la structure souterraine, des regards avaient été aménagés il y a 2 000 ans, à peu près tous les 100 mètres. On peut en voir un à Vors.
En se rapprochant de Rodez, ce sont les fondations d'anciens piliers qui ont été mises à jour à l'occasion de travaux. On sait aussi que l'aménagement du contournement de La Primaube avait permis de faire des découvertes. Sinon, il faut prendre un peu de hauteur... et utiliser plutôt Géoportail que Google Earth. A Malan (commune d'Olemps), tout près de La Boissonnade dont j'ai parlé plus haut, on peut encore distinguer les traces des anciens piliers :
Un peu épuisé par autant d'érudition, je dois avouer que j'ai été moins attentif pendant la conférence de Didier Rigal, sur l'aqueduc de Cahors. J'ai quand même remarqué des similitudes avec celui de Rodez, notamment le doublement de la distance entre le parcours à vol d'oiseau et celui suivi par l'aqueduc : 16 et 31,5 kilomètres. Là encore, les ingénieurs romains ont choisi de suivre les courbes de niveau, se permettant parfois, plus tard, de "couper" pour raccourcir le trajet.
Mais, contrairement à ce que l'on observe dans l'Aveyron, la structure lotoise est quasi-exclusivement aérienne, et de pente moyenne plus faible. D'autre part, le débit offert par l'aqueduc lotois était moindre que celui de son équivalent aveyronnais : 11 000 mètres cubes par an, pour une population estimée à 5-6 000 habitants. L'archéologue a émis l'hypothèse que c'est l'acheminement de l'eau qui a déterminé la fondation de la ville romaine, alors qu'à Rodez, l'oppidum gaulois est bien plus ancien. Il est même possible que la première implantation urbaine ait été localisée aux Balquières, dans la plaine (à Onet), avant qu'il ne soit décidé d'aménager le Piton.
Comme son équivalent rouergat, l'aqueduc de Cahors a été achevé au Ier siècle après JC, mais il a peut-être été commencé (et achevé) plus tôt, sous le règne d'Auguste. La construction pourrait s'être étendue de -15 à +15. Selon Didier Rigal, il serait logique que la main-d’œuvre ait été locale et de statut libre (ou semi-libre). Mais cet aspect de la question est encore mal connu.
Faute d'entretien régulier (et de main-d’œuvre ?), les aqueducs romains ont fini par s'effondrer, au moins partiellement, peut-être aux IVe et Ve siècles. Les matériaux ont été réutilisés dans d'autres constructions, publiques ou privées. Il a fallu attendre près de deux millénaires pour que l'on redécouvre ces ouvrages et le talent qu'il avait fallu déployer pour les réaliser.
17:54 Publié dans Aveyron, mon amour, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : culture, histoire
samedi, 22 juin 2013
People Mountain People Sea
Ce film chinois (primé à Venise en 2011... pas facile d'obtenir un bon créneau de sortie quand 80 % des écrans sont occupés par une minorité de bouses) s'inspire d'un fait divers survenu en 2008. Un jeune coursier motocycliste se fait assassiner dans une carrière. La police enquête, mais semble peu efficace. Du coup, le frère aîné, besogneux et taciturne, va tout lâcher pour tenter de retrouver le coupable... et de lui faire la peau.
L'action se déroule dans le Sud de la Chine, principalement dans la province de Guizhou et à Chongqing :
Le héros va suivre plusieurs pistes, qui vont le conduire en divers endroits. Il va d'abord enquêter en ville. Le rural découvre donc la Chine "moderne", celle où règne le chacun pour soi, où l'aisance côtoie la grande pauvreté, où le mensonge et la corruption sont monnaie courante. Au début, il se fait avoir, mais il va vite apprendre...
Il se rend aussi dans plusieurs régions rurales. Il a du mal à se procurer des informations et semble toujours rater de peu celui qu'il recherche. A l'occasion, il reprend contact avec des personnes qu'il a connues autrefois. Il se fait de plus en plus prédateur pour parvenir à ses fins.
La dernière partie se déroule dans une mine de charbon illégale (mais très bien organisée). Le frère aîné s'y fait engager et l'on découvre des conditions de vie et de travail qui rappellent la France XIXe siècle. Les mineurs sont complètement "encadrés" par les patrons, dont la hantise est le coup de grisou... et la propension qu'ont les employés à vouloir fumer, y compris au fond de la mine ! La mise en scène m'est apparue particulièrement efficace dans cette partie du film, avec notamment les scènes de douche et celles de dortoir.
A l'image du héros, le film est en général mutique, taiseux. Quelques dialogues ont été insérés pour nous tenir au courant de la progression de l'intrigue et des liens qui existent entre certains personnages. C'est donc assez difficile à suivre et très dur sur le fond : la Chine est devenue un pays impitoyable pour ceux qui n'ont pas de combine pour profiter du système. L'individualisme a souvent remplacé les solidarités collectives. Pour survivre, le héros devient un loup parmi les loups. Il a toutefois un geste d'humanité (qu'on ne comprend qu'après coup) lorsqu'il touche au but.
22:57 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 20 juin 2013
Shokuzai
A l'origine, c'est une mini-série télévisée en cinq épisodes (signée Kiyoshi Kurosawa), qui a été transformée en deux longs métrages pour le cinéma. Le titre signifie "pénitence". Les personnages principaux ont tous au moins une faute grave à expier. Le scénario emprunte la voie du polar pour dénouer les fils d'une intrigue à base sentimentale, mais qui débouche sur une série de drames. C'est aussi un portrait de femmes dans le Japon d'aujourd'hui, les hommes n'en sortant (en général) pas grandis.
Le premier film est sous-titré "Celles qui voulaient se souvenir". La première séquence se déroule il y a quinze ans. Dans une petite ville de province, quatre gamines se lient d'amitié avec une petite nouvelle, fille d'un riche entrepreneur local et d'une dame très belle et très classe. L'une des filles va se faire assassiner de manière sordide... mais les quatre copines, traumatisées, sont incapables d'aider la police. Furieuse, la mère leur a extorqué une promesse.
Cette séquence démarre de manière anodine. On est rassuré par ce Japon calme et ordonné, ces enfants bien élevés. La tension monte soudainement. On est pris à la gorge.
15 ans plus tard, Sae est devenue une ravissante jeune femme. (Notons que les quatre actrices sont excellentes... et fort jolies, ce qui ne gâche rien.) Elle a refoulé sa féminité et sa sexualité. Elle se contente de son petit boulot dans un centre de soins et se dépêche de rentrer chez elle le soir.
Cet épisode la voit rencontrer un mec qui va se révéler aussi tordu qu'elle, pour d'autres raisons. Sachez seulement que des poupées traditionnelles françaises sont au coeur de l'intrigue. L'image de luxe est d'ailleurs associée à notre pays, puisque le principal personnage masculin roule dans une Peugeot haut de gamme. Incidemment, on nous montre que la vie d'une épouse qui a dû abandonner son travail n'est pas des plus réjouissantes. Cet épisode explore une piste quant à l'identité du tueur. On y croise aussi la mère de la victime (comme dans les parties suivantes, d'ailleurs), toujours habillée de sombre... et très classe. (On devine qu'elle doit porter quelques productions made in France.)
De son côté, Maki est devenue institutrice dans sa ville. C'est une femme énergique, investie dans son travail... et, elle aussi, célibataire (malgré sa jolie paire de seins).
On sent toutefois que quelque chose pourrait se nouer avec ce prof de sport sympathique, tolérant, aimé des élèves. Elle par contre est redoutée pour son niveau d'exigence scolaire et son autoritarisme. Cette séquence est particulièrement riche. Elle explore la psychologie d'un personnage féminin qui a choisi de lutter, ses motivations, ses craintes. Elle nous montre aussi la mentalité d'une ville de province, avec une vue intérieure de la vie d'une école, les parents d'élèves étant montrés comme un groupe pas forcément commode, auquel les enseignants doivent manifester du respect. Face à celle qui ne dévie pas de sa route, les autres personnages apparaissent bien versatiles.
Le second film est sous-titré "Celles qui voulaient oublier". C'est paradoxalement dans cette partie que la quête de la mère va le plus progresser. La première séquence traite du cas d'Akiko, fille-ours qui rejette le monde et les codes qu'il impose aux femmes.
Le retour de son frère va déclencher sa mutation. On la voit en possible jeune femme de son époque, le temps d'une sortie avec la belle-fille du frangin, dont elle va s'attribuer la protection. On sent la suite venir à des kilomètres, puisque c'est en prison que l'héroïne de cette séquence raconte son histoire à la mère. On nous propose une nouvelle piste dans la recherche du tueur, tout en développant un peu les mêmes thèmes que dans le cas de Maki.
La solution de l'énigme commence à apparaître dans la séquence consacrée à Yuko. Celle-ci est devenue fleuriste.
Le magasin qu'elle vient d'ouvrir porte un nom français, Le Ciel, écrit en caractères latins. On entr'aperçoit d'autres inscriptions dans notre langue (comme "Studio"). Et là je me rends compte qu'il va falloir que je vous cause du "franponais" un de ces quatre... Mais revenons à notre histoire. Contrairement aux trois autres, Yuko ne semble pas traumatisée par ce qu'elle a vécu. Elle se contrefiche de la promesse faite quinze ans auparavant. Elle essaie de vivre sa vie... et ce n'est pas forcément facile. Elle aussi est célibataire, mais semble avoir été liée à un policier. On réalise qu'elle aussi a été touchée par le drame. Elle est en quête de protection, d'autant plus que son patron la harcèle. Le réalisateur a choisi de ne pas rendre ce personnage sympathique. Elle peut se révéler particulièrement cynique.. mais elle va nous mener au tueur.
Une séquence supplémentaire règle les comptes et nous propose plusieurs révélations. On découvre bien entendu la personnalité du tueur et, par ricochet, le passé de la mère de la victime. Le polar s'accélère un peu, alors que le rythme de ce second film est particulièrement lent. Il aurait fallu pratiquer des coupes dans ces 2h30 ! La fin est à mon avis marquée par trop de grandiloquence.
Ces deux films n'en sont pas moins remarquables par leur richesse scénaristique et l'ampleur psychologique de l'histoire. S'y ajoute un indéniable savoir-faire en matière de réalisation. J'ai en mémoire un repas entre Sae et son prétendant. La scène est filmée de l'extérieur du restaurant. A l'écran s'entremêlent la vue de l'intérieur et le reflet de ce qui se passe derrière la caméra, à l'extérieur. La position et les déplacements des actrices sont aussi soigneusement choisis. Dans la quatrième histoire, on voit se retourner, de manières opposées, la mère et la jeune femme qu'elle est venue interroger, à l'hôpital, dans un superbe mouvement synchrone qui n'apparaît pourtant pas artificiel. Plus loin, c'est l'arrivée de la mère dans l'école privée qui nous vaut un plan magnifique. Elle, cachée derrière un bâtiment, se trouve en bas à gauche du cadre, alors que l'homme qu'elle recherche (et qui se sent épié) apparaît en haut à droite. A la toute fin, je recommande aussi la scène qui se déroule dans un bâtiment désaffecté. C'est vraiment brillant.
12:51 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 17 juin 2013
Poussée du FN à Villeneuve-sur-Lot ?
Les médias se sont peut-être enflammés un peu vite quand ils ont obtenu les premiers résultats de l'élection législative partielle de la troisième circonscription du Lot-et-Garonne (celle de Villeneuve-sur-Lot).
En pourcentage des suffrages exprimés, d'après le quotidien Sud-Ouest, le candidat du Front National Etienne Bousquet-Cassagne arrive clairement en deuxième position, avec un résultat de 26,04 %. Cela correspondrait à 11,38 % des inscrits... ce qui est peu. J'ai calculé que cela fait 8 554 voix. Comparons avec les scrutins précédents.
En 2012, dans la même circonscription, le FN avait investi Catherine Martin. A l'issue du premier tour, celle-ci était arrivée en troisième position (avec 7 566 voix, représentant 15,71 % des exprimés mais seulement 9,90 % des inscrits). Elle avait été nettement devancée par Jérôme Cahuzac et Jean-Louis Costes, qui avaient recueilli respectivement 22 572 et 13 006 voix. Pour la partielle de 2013, la commerçante de Villeneuve-sur-Lot a été gentiment écartée, au profit du jeune homme dont nous allons parler. Visiblement, elle "a eu les boules", puisqu'elle a refusé d'en être la suppléante. (Ce rôle a échu à Géraldine Richard.) En guise de lot de consolation, elle devrait être tête de liste FN aux municipales de 2014, à Villeneuve-sur-Lot.
Passons à présent au "bébé Marine". Il n'a pas le profil des "archéos" du FN. L'un des sites officiels du parti nous le présente comme un jeune "normal", plutôt marqué à droite certes, mais sans excès. On notera son passage par des établissements secondaires privés. Son nom n'est pas inconnu dans le département, puisque son père, Serge Bousquet-Cassagne, est l'un des piliers du syndicat agricole la Coordination rurale... et il vient d'être élu à la tête de la Chambre d'agriculture. Le choix du jeune Bousquet-Cassagne est donc tactiquement très réfléchi : l'étudiant a un profil moins clivant que Catherine Martin ; par son âge, il incarne le renouveau... tout en étant issu d'une famille connue dans les campagnes.
Il s'est présenté à une élection pour la première fois en 2011, aux cantonales, à Tonneins (où il habite). Il souhaitait faire aussi bien qu'Eddy Marsan, candidat FN sur le même canton en 1998 (et qui fut l'époux de Catherine Martin). A l'issue du premier tour, celui-ci était arrivé deuxième, derrière le maire (socialiste) de Tonneins, avec 20,2 % des voix. Au second tour, il avait culminé à 38,05 % des suffrages. Dans le même temps, Catherine Martin livrait bataille à Villeneuve-Sud. Arrivée troisième, elle avait pu se maintenir au second tour, sans améliorer son score (environ 18 % des suffrages). Déjà à cette époque, Jérôme Cahuzac l'avait emporté, haut la main.
En 2011, Etienne Bousquet-Cassagne n'est arrivé qu'en troisième position, avec tout de même 26,11 % des suffrages exprimés, mais moins de voix qu'Eddy Marsan 13 ans plus tôt (1 228 contre 1 293). Il lui a manqué 13 voix pour pouvoir se maintenir au second tour. Dans le même temps, Catherine Martin, à Villeneuve-Sud, se qualifiait pour le second tour (elle était en deuxième place à l'issue du premier), où elle était battue, mais en ayant recueilli près de 40 % des suffrages exprimés.
Cela nous ramène aux législatives de 2012. Etienne Bousquet-Cassagne était bien candidat, pas dans la circonscription de Villeneuve-sur-Lot (échue à Catherine Martin, comme on l'a vu), mais dans celle de Marmande (la numéro 2, celle de Villeneuve étant la numéro 3), dont dépend le canton de Tonneins (entouré en marron) :
Le jeune candidat FN est arrivé en troisième position, recueillant 8 572 voix, correspondant à 17,93 % des suffrages exprimés... mais seulement 11,03 % des inscrits (il fallait atteindre les 12,5 % pour pouvoir se maintenir au second tour). Son aventure s'est donc arrêtée là.
Quelles conclusions en tirer ? Tout d'abord que, sur la circonscription de Villeneuve-sur-Lot, le jeune Bousquet-Cassagne a fait mieux que la candidate traditionnelle du FN : environ 1 000 voix. Ensuite qu'il ne peut se maintenir au second tour que parce qu'il est arrivé en deuxième position et donc parce que l'électorat PS est resté à la maison. Rappelons que le candidat FN ne dépasse pas la barre des 12,5 % des inscrits. Qui plus est, en analysant l'historique des résultats du FN dans le Lot-et-Garonne, on se rend compte que les scores y étaient déjà élevés avant la promotion du jeune homme, qui ne progresse pas par rapport à sa précédente candidature aux législatives (certes, dans une autre circonscription). Enfin, on constatera qu'au FN comme dans les autres partis, il existe une tentation bureaucratique et un poids de la com', qui ont eu pour conséquence d'écarter une candidate bien implantée au profit d'un semi-parachuté (un voisin toutefois).
C'est seulement si Etienne Bousquet-Cassagne parvient à augmenter significativement son score au second tour que l'on pourra parler de réussite pour le Front National. D'ici là, on peut se contenter de pointer l'immense désaveu qui touche le PS, dont le candidat recueille trois fois moins de voix que J. Cahuzac un an plus tôt. Cela ne profite pas pour autant à l'UMP, qui a présenté le même candidat qu'en 2012 (Jean-Louis Costes), qui perd lui plus du quart des voix obtenues un an plus tôt.
13:44 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, actualité, ps, médias, presse