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vendredi, 12 décembre 2014

Chemin de croix

   Pour dénoncer le catholicisme intégriste, le réalisateur allemand Dietrich Brüggemann a réalisé un film intégriste sur le plan formel : constitué essentiellement de plans fixes qui sont autant de plans-séquences (méticuleusement construits). Il a marqué le dernier festival de Berlin (où ont été aussi primés Black Coal, The Grand Budapest Hotel et Boyhood.) Les quatorze chapitres sont calqués sur les stations du chemin de croix.

   La première étape montre un prêtre assis aux côtés des enfants qui suivent le catéchisme. L'ambiance est studieuse, certains semblant toutefois plus investis que d'autres.

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   Même s'il y a moins de treize personnes à table et qu'il n'est pas question d'un repas, on ne peut s'empêcher de penser à la Cène. Sur le fond, on remarque très vite que le prêtre, au-delà d'une façade bienveillante, cache un redoutable propagandiste, qui veut faire de ses jeunes ouailles des catholiques de combat. (L'acteur qui l'incarne est criant de vérité.) L'héroïne, Maria, se montre particulièrement réceptive.

   C'est à l'occasion d'une promenade en famille que Maria sent qu'elle est chargée d'une croix. Tiraillée entre ses aspirations spirituelles et les désirs adolescents qui montent en elle, mal comprise par sa famille, elle se tourne vers la jeune fille au pair (une Française au tempérament indépendant).

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   La "chute" intervient dans le CDI de l'établissement où elle est scolarisée. Des exercices de mathématiques sont l'occasion d'engager la conversation avec un garçon de son âge, lui aussi catholique, mais issu d'une famille non traditionaliste. Cette séquence n'est pas la meilleure du film, mais elle met en place des éléments essentiels de l'intrigue.

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   Fort logiquement, la station suivante ("Jésus rencontre sa Mère") met en scène l'héroïne et sa génitrice, en voiture, lors du trajet qui les ramène à leur domicile. On comprend très vite que la plus perturbée des deux n'est pas la plus jeune... mais l'adulte a pour elle l'expérience, la force... et la fourberie. Elle conduit sa fille à se confesser auprès du prêtre vu au début. Cela nous vaut une scène magnifique avec, d'un côté, la voix de l'homme qui passe par une grille quasi opaque et, de l'autre, le visage très expressif de Maria. (Est-il besoin de préciser que Lea van Acken est formidable ?)

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   Très à l'écoute, le prêtre, à force de persuasion contraignante, pousse l'adolescente à tout révéler... et donc à s'exposer. L'aide que ce Simon de Cyrène moderne lui apporte va-t-elle la rendre plus heureuse ? Elle semble plutôt la couper des jeunes de son âge, comme on peut le constater dans la séquence du cours d'EPS.

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   Malicieusement, le réalisateur introduit aussi l'idée qu'il y a plus intégriste que la jeune catholique : les musulmanes voilées qui ont obtenu d'être dispensées, une idée qui a traversé l'esprit de sa mère, qui envisage même de l'inscrire dans un pensionnat rigoriste.

   La deuxième "chute" survient pendant un repas familial, un moment de la journée qui devrait être une joie, mais qui se transforme en torture psychologique :

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   La consolation pourrait venir de Christian, le garçon qui a su capter son attention. Mais l'héroïne semble avoir fait un autre choix. Son état de santé se dégrade, mais ce n'est pleinement visible qu'au cours de la cérémonie de confirmation, qui la voit "tomber" pour la troisième fois. C'est donc chez un médecin qu'elle est dépouillée de ses vêtements (une référence à la dixième station).

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   L'habileté du réalisateur est de nous faire comprendre le cheminement de la pensée du médecin. Au fur et à mesure qu'il interroge Maria et sa mère, il comprend quelle est la situation.

   La "station" suivante montre l'héroïne clouée, non pas sur une croix, mais sur un lit d'hôpital. A partir de ce moment, j'ai trouvé que cela devenait inutilement larmoyant et prévisible. Mais cela reste dans la logique de l'histoire. La mise en scène reste de qualité, avec une importance plus importante accordée au hors-champ, pour une raison que je me garderai bien de révéler :

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   L'avant-dernière "station" replace la mère au centre. Si, dans un premier temps, c'est sa bigoterie qui ressort, le vernis finit par craquer. C'est aussi la seule occasion de voir le père, un homme très effacé, exprimer un peu de désapprobation. L'histoire se termine poétiquement, avec une fleur et un peu d'élévation.

   Voilà. C'est incontestablement austère... mais Dieu que c'est brillant ! Et quels acteurs !

jeudi, 11 décembre 2014

Mr Turner

   Cela faisait un bail que je n'avais pas vu un film de Mike Leigh... depuis Secrets et mensonges, qui m'avait bien plu. Par contre, le visage de son acteur principal, Timothy Spall, m'est familier, puisqu'il est un des seconds rôles "disgracieux" les plus prisés du cinéma anglo-saxon.

   L'intrigue tourne autour des dernières années du peintre John William Turner, de son oeuvre comme de sa vie personnelle. On découvre aussi le petit monde des artistes britanniques, des peintres de différents calibres aux mécènes, en passant par les critiques.

   La réalisation est soignée, avec de nombreux plans magnifiques de la campagne ou du littoral. Cela a conduit certains à affirmer que la mise en scène s'inspirait des toiles de Turner. Dans le style, c'est faux. Les plans sont beaucoup plus limpides et réalistes que les toiles du maître, qui elles sont d'un aspect foisonnant et tourmenté.

   Ceci dit, à plusieurs reprises, on nous présente une scène qui a inspiré l'une des oeuvres de Turner, par exemple pour Le Téméraire (avec un bon commentaire du tableau) :

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   ... ou encore pour Le Négrier (anecdotes à la clé) :

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   J'ai aussi en mémoire un passage consacré à Pluie, vapeur et vitesse :

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   On découvre la manière de procéder du peintre, qui réalise des croquis au cours de ses nombreux déplacements et ne cesse de retoucher ses toiles. On n'est pas étonné de le voir très attentif à la lumière... et soucieux de se procurer les bons ingrédients pour fabriquer ses couleurs. Avec l'âge, son oeuvre devient de plus en plus tourmentée... ce qui déconcerte la jeune reine Victoria.

   Plus prosaïquement, on nous montre les rivalités qui opposent les peintres les plus en vue de l'époque. Notons que Turner a très tôt bénéficié du soutien de son père, un barbier-perruquier prospère qui s'est ensuite dévoué corps et âme au travail de son fils.

   Concernant celui-ci, Mike Leigh semble vouloir mettre en valeur le contraste entre sa laideur physique et la grâce de ses productions artistiques. Il en fait toutefois un peu trop à mon goût, se montrant très complaisant avec les défauts du héros.

   Cela nous amène à l'autre versant de l'histoire, le côté féminin. On peut lire ce film en négatif, comme un tableau accablant de la condition féminine au Royaume-uni, au milieu du XIXe siècle.

   Ainsi, on comprend à demi-mots que la mère de Turner, qui a souffert de troubles psychiques, a été "éloignée" du domicile familial pour ne pas perturber le génie créatif de son fils. Celui-ci ne s'est pas mieux comporté envers les femmes qu'il a "connues". Il a abandonné la mère de ses enfants et ses deux filles, qu'il refuse d'aider financièrement. Il semble fréquenter régulièrement des prostituées, pas que pour des raisons professionnelles. Au quotidien, en cas de poussée hormonale, la bonne à tout faire de la demeure est chargée de se plier à ses désirs. Elle a d'ailleurs complètement intériorisé sa soumission, se tuant à la tâche pour son employeur ingrat. Enfin, celui-ci se sent revivre aux côtés d'une charmante veuve, qui va tout naturellement se mettre à son service.

   Cela donne une oeuvre inégale, souvent très belle formellement, agrémentée de divers accents anglais que l'on s'est plu à faire revivre. Sur le fond, l'absence de point de vue critique du comportement du "héros" laisse subsister un malaise.

23:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, peinture

dimanche, 07 décembre 2014

Les Trois Soeurs du Yunnan

   Ce (long) documentaire, coproduit par la France, s'intéresse à la Chine de l'envers, pas celle de la côte Est qui brille. On se trouve ici dans le sud-ouest du pays, dans la province du Yunnan, encore très rurale.

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   Les trois soeurs sont des jeunes filles, qui vivent séparées de leurs parents. Le père est parti travailler à la ville. Quant à la mère, on finit par comprendre, à demi-mots, qu'elle a décidé de partir refaire sa vie. Mais les gamines ne sont pas seules. Dans le village de 80 familles, elles peuvent compter (un petit peu) sur leur tante, ainsi que sur le grand-père. Mais, au quotidien, c'est le système D qui domine.

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   A première vue, on pourrait croire que la grande soeur a deux petits frères : leurs vêtements conviennent à des enfants des deux sexes et leurs cheveux sont coupés courts. On comprend assez vite que c'est une stratégie pour éviter la prolifération des poux et, qui sait, peut-être pour contourner la loi sur l'enfant unique (plus souple dans les campagnes, mais tout de même).

   La première heure est riche d'enseignements... mais éprouvante. On suit le quotidien de la petite troupe, qui côtoie pas mal d'animaux (chat, chiens, chèvres, moutons, porcs, volailles diverses...), dans la boue et la saleté. C'est assez misérabiliste, mais cela permet de comprendre la précarité de leur situation... et l'énergie que déploient ces enfants dans la vie de tous les jours.

   En comparaison, la situation des cousins et des autres villageois que l'on croise est moins pire. Ils ont l'électricité et même la télévision, dont on peut constater la fascination qu'elle exerce sur les visages de ces bambins vivant loin de tout. L'école est lointaine, pas vue comme prioritaire par les adultes.

   On suit plus particulièrement l'aînée, qui assume le rôle de la mère au foyer, et qui est plus ou moins sacrifiée par le père quand il repointe le bout de son nez. Il n'est pas assez riche pour emmener ses trois enfants avec lui. Il choisit de laisser Ying avec le grand-père. La vie est vraiment dure pour cette préadolescente, qui ne se plaint pas, ne pleure jamais. Quel courage !... et quel contraste avec nos enfants trop gâtés !

   La troisième partie du film montre une étonnante réunion villageoise, qui commence par un banquet communautaire. Tout est passionnant, de l'arrivée des convives aux discussions d'après-repas, en passant par la préparation de la soirée. On y découvre des ruraux un peu plus riches, l'un des gamins possédant même un smartphone, qu'il se dépêche de cacher quand il remarque la caméra. Plus loin, un adulte se montre au contraire très fier de son nouveau gadget.

   La réalisation est austère, jouant sur les contrastes d'ombre et de lumière. C'est joli à regarder (les paysages vallonnés sont superbes), mais il faut accepter de rester parfois assez longtemps dans un état contemplatif. C'est toutefois plus supportable que dans un précédent documentaire du même réalisateur (Wang Bing) : A l'Ouest des rails, sorti en 2003, durait plus de neuf heures ! (J'ai encore le souvenir de grands moments de solitude dans la salle 1 de feu le cinéma Le Royal...)

00:57 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, films, film

samedi, 06 décembre 2014

90 minutes inside... le Carmel de Rodez

   Le 16 novembre dernier, la journée "portes ouvertes" de l'ancien Carmel, destiné à devenir le nouveau siège de l'évêché, devait être la première et dernière occasion de découvrir un lieu de réclusion spirituelle qui a fait gamberger bien des Ruthénois pendant des dizaines d'années. Devant le succès monstre (avec environ 1 200 visiteurs, sans compter ceux qui n'ont pas pu entrer et ceux que les longues queues ont découragés), il a été décidé de renouveler l'opération cette fin de semaine, samedi 6 et dimanche 7 décembre 2014.

   Malgré la pluie glaçante, la foule s'étirait encore aujourd'hui rue Combarel, attendant, disciplinée, l'ouverture des portes. On nous a fait entrer puis patienter dans un hall, qui nous a ensuite menés, par une courte mais intense ascension, jusqu'à la chapelle, où le responsable de la communication du diocèse (eh oui, cela existe) nous a reçus avec sympathie. Il a présenté un rapide historique des lieux (dans lequel il a omis de préciser que la carmélite parisienne qui était à l'origine de la fondation du couvent était une protestante britannique convertie).

   L'aspect actuel de l'intérieur de la chapelle remonte à l'époque qui a immédiatement suivi le concile de Vatican II. L'autel a été détaché du mur du fond, permettant au prêtre officiant de faire face aux fidèles. De plus, le sol de la partie réservée aux laïcs ayant été rehaussé de deux mètres, ceux-ci se sont retrouvés beaucoup plus proches des religieux qu'auparavant. Quant aux vitraux très "modernes" qui ornent les ouvertures de la bâtisse, ils sont l'oeuvre de moines de l'abbaye d'En Calcat, située dans le Sud du Tarn :

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   A la suite de cette présentation, le parcours guidé dans les immenses bâtiments a pu commencer. Très vite, nous sommes arrivés dans une petite pièce où se trouvait un étrange placard :

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   Ce confessionnal a vivement intrigué les visiteurs... et il aurait pu inspirer l'une d'entre elles, dont le téléphone portable a sonné peu de temps après... et qui, pas gênée, s'est mise à engager la conversation avec son interlocuteur : "Je suis dans le truc là... tu sais à Combarel..." Plusieurs visiteurs ont manifesté leur mécontentement et, curieusement, plus aucun téléphone n'a sonné pendant le reste de la visite. (On en avait déjà entendu deux ou trois au tout début, mais leurs propriétaires avaient eu la courtoisie de ne pas répondre à l'appel et de les éteindre.)

   Nous voilà arrivés dans l'oratoire (une pièce où l'on prie). Mon regard a été attiré par le plafond...

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   ... et par le sol, où l'on pouvait voir d'étranges étoiles métalliques, incrustées dans le superbe parquet (très bien entretenu par les religieuses) :

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   Désignent-elles un emplacement réservé à certaines religieuses, pendant la prière, ou bien sont-elles des marques laissées là par des artisans ? Les voies du Seigneur sont parfois diablement impénétrables. En tout cas, cette pièce va connaître quelques bouleversements, puisqu'elle est vouée à devenir le bureau de l'évêque. Une partie de l'enceinte donnant sur la rue Combarel devrait être abaissée pour permettre à la lumière d'atteindre cette partie du bâtiment. On est décidément aux petits soins pour Monseigneur !

   Toujours à l'étage, nous découvrons les cellules des carmélites (qui n'ont jamais été plus de 24), encore plus petites que des chambres d'étudiants... et au confort rudimentaire :

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   Notez, au pied du lit, la prise électrique, de conception très ancienne !

   Les recluses entraient au contact du monde extérieur au moyen de deux parloirs, l'un situé au rez-de-chaussée, l'autre, plus grand, à l'étage :

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   D'après la guide, la taille de l'ouverture était prévue pour permettre aux religieuses (qui étaient aussi couturières) de prendre les mesures des prêtres (sans franchir la limite !). On se demande comment elles pouvaient opérer quand l'ouverture était obstruée par une grille...

   Les carmélites pouvaient aussi recevoir des objets (notamment de la nourriture), qui entraient au couvent par le tour, une structure en bois qui pivote sur un axe, et qu'actionnait la bien nommée tourière :

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   Des objets sortaient aussi du couvent, en particulier des hosties, qui ont fait la réputation des carmélites de Rodez.

   Nous sommes descendus au rez-de-jardin, où l'on trouve les pièces consacrées à la vie quotidienne, au travail et à l'activité spirituelle. Elles sont d'un aménagement sobre, quelques meubles en bois se révélant d'une grande beauté. L'une d'entre elles va être profondément transformée : le réfectoire (dont l'équipement a déjà été récupéré par d'autres communautés), qui est destiné à devenir l'entrée du bâtiment rénové. D'autres salles se distinguent, comme le lavoir communautaire, où, visiblement, tout était fait à la main :

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   Au détour d'un couloir, on découvre deux pièces dans lesquelles l'architecture d'origine a été préservée. C'est tout ce qu'il reste de l'ancien hôtel de passe, racheté jadis par l'évêque André-Charles de Ramond-Lalande. L'une de ces pièces a servi de dépôt de charbon :

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   Nous finissons par arriver dans l'un des endroits les plus attendus de la visite : la cuisine ! C'est dans celle-ci que les dernières carmélites en place avant 2013 (elles étaient quatre) passaient une partie de leurs journées. Chez les visiteurs, c'est un peu la déception. Il n'y a rien de notable à évoquer, si ce n'est cette perforation du sol (il y en a d'autres notamment dans les couloirs). D'après la guide, il s'agissait de vérifier la composition du terrain et, pour les archéologues, d'effectuer quelques sondages, dans l'espoir d'une découverte fortuite, avant les travaux. Apparemment, il n'y a pas de cadavre dans le placard...

   D'ailleurs, nous ne descendrons pas davantage : nous ne verrons pas les caves, que l'on n'a pas souhaité montrer au public, pas plus que les combles, qui couvrent toute la surface de l'étage. La charpente (en bois) est paraît-il superbe, mais les conditions de sécurité ne sont semble-t-il pas réunies pour y faire passer plusieurs centaines de personnes, pas toujours disciplinées...

   La visite se termine dans une salle où nous est présenté le projet de transformation des lieux. Les services de l'évêché vont quitter leurs locaux historiques (propriété du Conseil général de l'Aveyron), trop grands, trop coûteux à entretenir. (On a parlé de 78 000 euros de frais annuels, dont peut-être 25 000 euros de chauffage !) Les intervenants sont Xavier Cazals (secrétaire général du diocèse) et le bien nommé Jean-Marc Levesque, l'architecte du projet.

   Cette pièce contient une curiosité : une maquette du site, qui date sans doute de ses débuts, dans la première moitié du XIXe siècle :

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   Cette visite (gratuite) mérite vraiment le détour. A la place de l'évêché, j'aurais demandé une petite contribution : la transformation des lieux (qui inclut la construction d'un nouveau bâtiment, pour stocker 1,5 kilomètre de rayons d'archives) va coûter 2,5 millions d'euros, 450 000 devant être fournis par les fidèles.

samedi, 29 novembre 2014

John Wick

   Le film démarre par une scène qui nous montre le héros (interprété par Keanu Reeves) gravement blessé. Puis commence un long retour en arrière. On nous présente d'abord cet homme ordinaire, calme, jeune veuf éploré, qui va subir une agression particulièrement violente.

   A partir de là, l'histoire s'emballe, parce que cet adulte bien sous tous rapports cache un passé des plus troubles. Face à des mafieux russes très méchants, il faut un gars capable d'être encore plus très méchant. C'est grosso modo l'arrière-plan philosophique de l'intrigue. Attention toutefois : il existe des personnages beaucoup plus redoutables, qui ont tendance à agir dans l'ombre. De prime abord, ils sont plutôt du côté des très méchants... mais rien n'est gravé dans le marbre.

   Vous avez compris : c'est un pur film d'action, qui ne fait pas dans la dentelle. Comme Keanu Reeves a suivi des cours d'arts martiaux, les bagarres sont spectaculaires... et très bien mises en scène, il faut le reconnaître. (De surcroît, il arrive à zigouiller ses adversaires en tirant dans à peu près toutes les parties du corps !) S'ajoute à cela l'atmosphère de la nuit, captivante. Les vues urbaines sont superbes.

   Cela fonctionne aussi parce que les seconds rôles sont incarnés avec beaucoup de conviction. Il y a tout d'abord l'adversaire en chef du héros, le père du jeune con, qui dirige un clan très puissant. Il est interprété par une vieille connaissance, Michael Nyqvist, que l'on a connu en France dans les premières adaptations des romans Millénium.

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   Ensuite, on trouve le meilleur pote du héros, un tueur à gages qui est soudainement très intéressé par le contrat mis sur la tête de son ami. Il a les traits de Willem Dafoe, qui s'est coulé dans le rôle à la perfection :

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   A signaler aussi, en "parrain de l'ombre", l'excellent Ian McShane, qui s'est récemment surtout fait connaître pour son rôle d'ecclésiastique tortueux dans Les Piliers de la Terre :

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   Du côté des dames, la distribution est moins généreuse. Beaucoup sont cantonnées à de la figuration (souvent en petite tenue). Se détachent deux personnages, l'un vivant, l'autre mort. Celle-ci est bien évidemment la défunte épouse du héros, présente dans ses souvenirs, ainsi que sur des photographies et des vidéos numériques. Elle est interprétée par Bridget Moynahan, jadis remarquée dans Lord of War, aujourd'hui sur le petit écran dans la série Blue Bloods. Mais c'est Adrianne Palicki qui occupe les premiers rangs dans ce film. Celle qui a souvent fait de la figuration dans des séries renommées incarne ici une redoutable tueuse, Miss Perkins :

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   Un soir, après le boulot, cela défoule bien. Ce n'est toutefois pas aussi réussi qu'Equalizer, autre film d'action sorti il y a peu et où le personnage principal, lui aussi confronté à la mafia russe, cache un passé trouble.

12:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, films, film

vendredi, 28 novembre 2014

Astérix - Le Domaine des dieux

   C'est Alexandre Astier qui s'est lancé dans l'adaptation de l'un des meilleurs épisodes de la célèbre série de bandes dessinées, un de ceux de la période Goscinny-Uderzo. Il en suit fidèlement la trame dans la première partie du film. On n'est donc pas dépaysé.

   Le décor est planté de manière archi-classique : les Romains sont soit manipulateurs (dans la capitale), soir ridicules (dans les camps qui entourent le village gaulois) ; les Gaulois sont naïfs et querelleurs. Au cours d'une partie de chasse en forêt, arrivent à l'écran les objets de convoitise de ces gastronomes en braies : les sangliers.

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   Je les trouve très bien dessinés, alors que le graphisme des personnages humains m'a parfois un peu perturbé. Je ne saurais trop l'expliquer. Cela m'a paru artificiel. On finit par s'y habituer, grâce aux voix de doublage. Roger Carel est excellent en Astérix. J'ai aussi beaucoup apprécié Florence Foresti en Bonemine, l'acariâtre épouse du chef du village. (Elle a un petit côté Marthe Villalonga.)

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   Une autre bonne surprise de la distribution est la présence de Laurent Lafitte dans le rôle de Duplicatha, l'esclave pointilleux sachant argumenter :

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   Par contre, du côté des Romains, rien n'émerge. Les personnages sont fades. Jules César lui-même n'est guère réussi. (Il est nettement  plus intéressant dans la BD.) A signaler toutefois la présence d'un "Travaillerplus" et de Cubitus, un meneur de grève légionnaire, qui a la voix d'Elie Semoun.

   Pour le reste, on sent que les scénaristes ont eu du mal à "étirer" l'intrigue de l'album d'origine, qui doit tenir en une cinquantaine de minutes. Du coup, on modifie la suite, on maintient les esclaves sur place le plus longtemps possible et l'on fait même venir Jules César. Cela manque un peu de consistance, mais, heureusement, certaines scènes (notamment de baston) sont particulièrement enlevées, ce qui rehausse l'intérêt pour le film.

   Question humour, je suis moyennement satisfait. On a visiblement cherché à contenter et le public adulte, adepte des clins-d'oeil anachroniques, et le jeune public, plus touché par le premier degré (parfois trop enfantin). Du coup, dans la salle, on ne rigole pas tous aux mêmes moments. Ce n'est pas aussi réussi que certaines animations américaines (dernièrement Opération casse-noisette), qui savent particulièrement bien marier les deux niveaux de lecture.

   Sur le fond, ce n'est pas idiot, puisqu'il est question de l'appât du gain, qui fait oublier l'essentiel à bien des habitants du village. En ces temps troublés, ce n'est pas une leçon à négliger.

20:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, films, film

mercredi, 26 novembre 2014

Grizzly

   Ce documentaire animalier est une nouvelle production de Disneynature, à qui l'on doit notamment La Marche de l'empereur, Les Ailes pourpres, et Félins. Cela démarre fort, avec des vues de l'intérieur de la tanière de l'ourse, celle-ci accompagnée de ses deux oursons.

   Bientôt, on voit ce petit monde sortir de l'antre pour aller découvrir le vaste monde... et surtout trouver de quoi manger. C'est que ça boulotte, un ours ! Ceux-là sont particulièrement friands de saumon. L'objectif de la mère est d'emmener sa progéniture saine et sauve jusqu'à l'un des lieux de rassemblement de ces poissons.

   Sur un grand écran, c'est magnifique. Les animaux sont terriblement attendrissants et les pelages sont splendides.

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   En chemin, les oursons font l'apprentissage de la vie. On les voit s'amuser, prendre des risques ou faire preuve de maladresse. C'est mignon comme tout. Par contre, le commentaire n'est pas toujours au niveau. A la limite, il aurait mieux valu laisser uniquement les sons et la musique.

   D'autres animaux apparaissent à l'écran. Ils sont tout aussi bien filmés. Les ours cohabitent avec les oiseaux dans une relative indifférence. L'inverse n'est pas toujours vrai : le corbeau tente de profiter des restes de leurs prises, les mouettes apprécient les mêmes poissons et l'aigle pygargue est à l'affût, au cas où une carcasse traînerait dans le coin.

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   Plus dangereux est le loup, qui ne s'attaquera jamais à un adulte (surtout en bonne santé), mais qui s'offrirait bien de l'ourson au déjeuner (pour changer du saumon) :

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   Les images des poissons sont tout aussi saisissantes, prises avec des caméras de haute précision. On les voit sous l'eau et, jaillissant, tentant de remonter le cours des fleuves :

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   Ils sont tellement vifs que les ours comme les loups ont parfois toutes les peines du monde à s'en emparer. Cela nous vaut quelques moments comiques très réussis... Ah, oui, j'ai écrit "les ours", parce que nos héros vont entrer en contact avec certains de leurs congénères, pas forcément pour le meilleur. Notons que les combats d'ursidés sont particulièrement impressionnants :

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   Comme c'est un peu scénarisé, je me garderai de raconter la fin. Plusieurs éléments de suspens sont introduits, mais ce sont quand même les images, magnifiques, qui emportent l'adhésion.

22:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, films, film

dimanche, 23 novembre 2014

Le dessous des cacartes

   L'émission Made in Groland n'est pas une référence en matière géographique. C'est de nature, si j'ose dire, puisque le pays dont la vie quotidienne nous est comptée depuis des années se voit régulièrement attribuer des localisations fantaisistes, par exemple à la frontière germano-tchèque en décembre 2012, à la frontière tchéco-slovaque en mars 2013. A d'autres occasions (comme en avril 2011), les téléspectateurs attentifs avaient pu s'apercevoir que certaines cartes proposées comme "sérieuses" dans l'émission sont en réalité approximatives.

   Depuis peu, le sérieux semble de mise. Une nouvelle rubrique a fait son apparition, "Le Dessous des camemberts", qui parodie un programme d'Arte, Le Dessous des cartes. L'habillage visuel (très réussi) copie celui du modèle et Michael Kael singe l'animateur Jean-Christophe Victor, aussi bien dans la gestuelle et la diction qu'au niveau des vêtements :

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   Dans l'émission diffusée samedi 22 novembre, il a été question de surpopulation. On est parti d'un constat, l'augmentation de plus en plus rapide de la population mondiale. C'est globalement juste, mais certains chiffres m'ont fait "tiquer". La consultation d'un site de statistiques officielles permet d'accéder à des données légèrement différentes (qui ne remettent pas en question le propos du sketch) :

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   Plus loin, Michael Kael propose un petit calcul. Comme la population mondiale est d'environ 7 milliards d'individus (un peu plus en réalité), sur le territoire de quel pays pourrait-on faire tenir debout tous les Terriens, à quatre par mètre carré ? Un indice : si l'on divise 7 milliards par 4, on obtient 1 750 000 000 mètres carrés, soit 1 750 km².

   Outre ces considérations géographiques, Made in Groland mérite le détour pour ses messages publicitaires, l'un faisant la promotion d'un téléphone ré-vo-lu-tion-naire :

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   Mais la critique la plus acerbe vient de la parodie d'une publicité pour une banque, qui s'appuie sur la prestation d'un humoriste réputé :

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   A voir aussi les progrès de la robotique, qui permettent désormais de se passer des humains dans certaines fonctions intellectuelles :

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   Les jeunes téléspectateurs apprécieront le détournement d'une mini-série très populaire auprès des moins de 10 ans 15 ans 20 ans 30 ans. Cela s'appelle "SODO"... et c'est joué par les mêmes acteurs ! Les adultes souriront peut-être davantage à la caricature du retour du jeune converti au domicile familial, après des vacances super cools au Proche-Orient.

samedi, 22 novembre 2014

NCIS à Marseille

   Vendredi 21 novembre, M6 a diffusé un épisode inédit (en France) de la série NCIS, le 23e de la saison 11. On y voit l'agent DiNozzo partir dans la cité phocéenne pour retrouver la fifille d'un amiral, une insupportable pétasse qui fricote avec des gosses de riches peu fréquentables.

   Le décor est planté dès le début, avec une image factice, qui permet aux téléspectateurs de comprendre où l'action est censée se dérouler :

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   Pour ceux qui ne sauraient pas lire, un drapeau tricolore a été placé bien en évidence. Pour les plus cultivés, au loin, on a placé le monument emblématique de la ville, la cathédrale Notre-Dame de la Garde... une vue piquée directement sur Wikipedia :

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   L'épisode est un peu moins "cliché" que celui de la saison 7, dont l'action se déroulait (en partie) à Paris. Toutefois, on remarque que le policier qui arrête DiNozzo se prénomme Gérard et que sa supérieure, en bonne Française indépendante, fait du gringue à l'agent très spécial. On entend aussi chanter dans la langue de Molière, parfois avec un accompagnement d'accordéon.

   Plus sérieusement, cet épisode est l'occasion d'apprendre, si on l'ignorait, que la ville de Marseille est bien, comme le déclare DiNozzo, couverte par 1800 caméras de vidéosurveillance. Cela ne doit pas nous empêcher de profiter pleinement de l'intrigue, bourrée d'humour... et de rebondissements.

   P.S.

   Je n'ai pas compris l'acharnement de Ducky à préciser à DiNozzo (avant son départ pour la France) que le pourboire à verser devait être d'exactement 6 %. Dans notre pays, dans la restauration, il est inclus dans la note. Sinon, il est d'usage de verser entre 5 % et 10 %. D'où sort ce chiffre (6 %) cité à plusieurs reprises dans l'épisode ? Mystère...

On a grèvé

   Ce documentaire "social" est consacré à un petit groupe de femmes de ménage qui, épaulées par la CGT (et la CNT), se sont révoltées contre les conditions de travail qui leur étaient imposées par le groupe Louvre Hôtels (qui contrôle -entre autres- les chaînes Première Classe et Campanile) et le sous-traitant auquel ses dirigeants avaient confié l'entretien des locaux.

   Le réalisateur est en empathie avec les grévistes, toutes immigrées et presque toutes d'origine africaine. On met du temps à les découvrir ; le déroulement du film semble respecter le fil chronologique : au début, les femmes ne voulaient pas se livrer devant une caméra... et certaines ne l'auront toujours pas fait au bout de l'aventure.

   Du coup, le film démarre très petitement. Ce n'est pas très intéressant, mais on se rend quand même compte qu'elles sont peu nombreuses et bien seules. Ce n'est pas très bien filmé, mais certains plans sont construits de manière signifiante. Ainsi, au début, juste après qu'on a appris les mauvaises conditions salariales qui leur sont faites, la caméra s'attarde sur l'enseigne de l'hôtel, où s'affiche le prix (modéré) de la nuit... Cela concorde avec les réactions des jeunes femmes, l'une s'exprimant : "C'est pas Campanile, c'est Campanul !" Une autre, un peu désabusée, déclare : "C'est l'hôtel Première Classe, mais nous, on est la dernière classe."

   J'ai été touché par ces portraits, peut-être aussi parce que ma mère a commencé dans la vie en tant que femme de ménage (après le certificat d'études). Celles-ci ne sont souvent même pas allées à l'école. Très peu savent lire le français. Beaucoup portent un voile. Ma préférée est sans conteste Géraldine, une Camerounaise qui trime seule avec deux gosses, mais qui garde quand même le sourire (certes, pas sur la photo) :

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   Fort heureusement, l'humour vient au secours de leur cause. Quand elles sont en confiance, certaines ont la langue bien pendue. La musique vient aussi mettre un peu d'animation joyeuse dans cette toute petite manif. Malicieux, le réalisateur, au moment où l'on entend des rythmes africains, filme une affiche publicitaire qui annonce des concerts consacrés aux oeuvres de Mozart et de Beethoven. Dans le même genre, il s'amuse à cadrer l'une des femmes voilées avec, à l'arrière-plan, une publicité mettant en scène un mannequin beaucoup moins vêtu.

   De temps en temps, on voit des cadres de la CGT intervenir aux côtés des grévistes. A mon avis, on n'entre pas suffisamment dans le détail de la logistique de cette grève longue et des négociations finales. Dans un premier temps, la direction, royale, a proposé environ... quatre euros de plus, par mois. On apprend à la fin combien les employées ont obtenu... mais regardez bien de nouveau l'enseigne de l'hôtel...

   C'est un documentaire sympathique, pas toujours bien fichu, qui laisse un peu sur sa faim, mais qui mérite d'être vu.

vendredi, 21 novembre 2014

Le Sel de la terre

   Wim Wenders a consacré cet inclassable documentaire au photographe brésilien Sebastiao Salgado, connu notamment pour ses reportages en Afrique. Le film démarre par l'un de ses clichés les plus célèbres, pris dans la mine d'or de Serra Pelada, au Brésil. Le noir et blanc renforce l'impression d'avoir affaire à une fourmilière humaine, dans une scène qui pourrait être tirée d'une représentation de l'enfer. D'autres photographies l'accompagnent et, sous la voix calme et rocailleuse de Salgado, elles s'animent d'une histoire, celle d'hommes venus chercher fortune.

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   C'est donc un film à plusieurs voix, celle du photographe, celle de son fils (coréalisateur) et celle de Wim Wenders.

   On embraie assez vite sur une séquence animalière, tournée en Amérique du Nord. Les documentaristes rivalisent d'habileté pour tenter de s'approcher des morses et d'un ours magnifique. Ce passage par le présent (en fait le passé récent) a été jugé nécessaire pour expliquer la démarche du photographe, sur la carrière duquel la suite du film revient.

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   On voit Salgado en Nouvelle-Guinée, avec des populations "primitives" auxquelles il fait découvrir la photographie. Le retour au Brésil est l'occasion d'évoquer la période de dictature qu'a connue le pays. C'est aussi, pour le fils du photographe, un moment consacré au patriarche, son grand-père, dont l'exploitation agricole a longtemps été un petit paradis, désormais miné par la déforestation.

   La séquence la plus forte est pour moi celle consacrée à la famine en Afrique (dans les années 1980). Le regard se porte d'abord sur l’Éthiopie, puis sur les autres pays du Sahel. Les images sont très dures. Ces corps faibles, décharnés, précocement vieillis, m'en ont rappelé d'autres, ceux des détenus des camps de concentration. La douleur se marie parfois curieusement avec la grâce, comme sur cette image d'un groupe de personnes réfugiées au pied d'un arbre et baignées d'une lumière quasi biblique :

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   La suite n'est pas plus réjouissante, avec des reportages au Rwanda (pendant le génocide) et en ex-Yougoslavie. Après avoir assisté à tant de malheurs, Salgado a eu besoin de se ressourcer. Le Brésil ayant enfin échappé à la dictature, il a pu rentrer au pays et se lancer dans un projet un peu fou : rétablir l'écosystème de sa région d'origine, en y faisant planter des centaines de milliers d'arbres. Le résultat est impressionnant.

   Cela a coïncidé avec une inflexion dans sa carrière de photographe. Il a délaissé les sujets humains pour se consacrer à la nature. De superbes images nous font découvrir des ours, des lions des mers, des iguanes et des tortues des Galapagos.

   La beauté formelle des images s'étend jusqu'aux scènes qui montrent en gros plan le photographe âgé. Son visage anguleux et sa voix grave, quand il parle français avec l'accent portugais, ont quelque chose de fascinant.

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   Bref, c'est à voir !

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jeudi, 20 novembre 2014

Une finale 100 % suisse

   Pris individuellement, les articles parus ces dernières années sur la domiciliation de sportifs français n'étonnent plus. Lus à la suite les uns des autres, ils constituent une étonnante synthèse. La finale de la coupe Davis jette un singulier éclairage sur l'exil fiscal d'une "élite" bien française.

   Ainsi, l'équipe de France qui va tenter de remporter le saladier d'argent est composée de Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils pour les simples, Julien Benneteau et Richard Gasquet pour le double et Gilles Simon en remplaçant. Le capitaine est un jeune retraité des courts, Arnaud Clément. Les cinq joueurs font partie des trente meilleurs mondiaux (au classement ATP de la semaine). Seuls quatre autres joueurs français se trouvent dans les cent premiers : Jérémy Chardy (29e), Adrian Mannarino (44e), Edouard Roger-Vasselin (88e) et Paul-Henri Mathieu (95e).

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   Eh bien, s'il faut en croire des articles du Nouvel Observateur et du Dauphiné libéré, les cinq mieux classés résident tous en Suisse, à Neuchâtel (R. Gasquet et G. Simon), autour de Nyon (J-W Tsonga et G. Monfils)... et à Genève (J. Benneteau, le non-sélectionné P-H Mathieu, l'ancien joueur et capitaine Guy Forget... et même son successeur A. Clément, jusqu'à l'an dernier).

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   Sur la carte, aux villes de résidence des joueurs français (encadrées en bleu), j'ai voulu ajouter les villes de résidence de leurs adversaires suisses. Bâle est sans surprise le principal pôle, avec Roger Federer et Marco Chiudinelli, qui sera aligné en double. De son côté, Stanislas Wawrinka est un quasi-voisin des Frenchies, puisqu'il réside à Lausanne. Le quatrième larron, Michael Lammer, habite à proximité de Zurich.

   Du côté français, cela nous laisse trois joueurs classés dans les cent premiers : J. Chardy, A. Mannarino et E. Roger-Vasselin. Ce dernier réside (selon L'Equipe) à Boulogne-Billancourt. Quant à Mannarino, il préfère la banlieue Nord, avec Soisy-sous-Montmorency. Reste Jérémy Chardy, le mieux classé des trois, qui réside... en Belgique, à Liège ! Encore un effort, camarade !

La gaffeuse du tribunal

   C'est l'un des sujets de conversation du moment, sur le Piton. Comment diable une magistrate expérimentée a-t-elle pu se laisser aller à transporter jusqu'au tribunal où ils sont jugés deux des accusés dans l'affaire Jean-Ronald... d'autant plus qu'elle est assesseur suppléant dans le même procès ?

   Tout d'abord, on peut noter que les médias locaux ont fait preuve de plus ou moins de discrétion quant à l'identité de la magistrate. Pour les lecteurs de Centre Presse, elle demeure totalement inconnue, seule sa fonction étant mentionnée. L'article de Midi Libre auquel il renvoie ne donne guère plus de détails... à ceci près qu'il est illustré d'une capture d'écran réalisée (par le journaliste) sur le site de covoiturage qui est au coeur de cette histoire. On peut y lire sans problème le prénom et l'initiale du nom de la juge.

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   La fiche de renseignements de la conductrice indique qu'elle s'est inscrite à la fin du mois d'août dernier. C'est à ce moment qu'elle a dû apprendre qu'elle serait assesseur au procès de Rodez. Or, elle est affectée à Montpellier (voir plus loin). La perspective d'effectuer quinze à vingt trajets entre les deux villes (en deux mois) n'a pas dû l'enchanter. Les icônes révèlent qu'elle "discute selon l'envie", que la cigarette la dérange et qu'elle est susceptible d'accepter le compagnon animal d'une personne transportée.

   Comme c'est d'usage sur ce genre de site, les participants font l'objet d'une évaluation. Sa note n'est pas significative, puisqu'elle résulte de seulement deux avis. (Les conducteurs populaires sont évalués entre 4,5 et 5 sur 5.) Une question se pose : les deux accusés du procès de Rodez (qu'elle a transportés) vont-ils évaluer leur expérience en sa compagnie ?

   Si vous avez lu les articles auxquels mènent les liens du début, vous vous êtes rendu compte que la magistrate a, comme c'est la règle, monnayé le covoiturage. Cela m'a toutefois laissé perplexe. N'est-elle pas indemnisée par le ministère de la Justice pour les frais de déplacement occasionnés par sa participation au procès de Rodez ? (D'après RTL, oui.) Mais peut-être a-t-elle tout simplement renoncé à cette indemnisation.

   Dans cette affaire, les deux accusés ne sont pas tout nets non plus. Alors que, lorsqu'on effectue une rapide recherche, on peut trouver plusieurs propositions de covoiturage sur le même trajet (et des moins coûteuses), pourquoi les deux jeunes hommes ont-ils choisi celle de Magali J ? Serait-ce parce que, sur sa fiche de renseignements, elle a précisé sa profession ? De là à ce que cette histoire soit une "occasion" saisie par l'un des avocats de la défense pour tenter d'obtenir l'arrêt du procès (qui tourne plutôt mal pour la bande d'abrutis qui s'en est pris à Jean-Ronald en 2010), il y a un pas que je me garderai bien de franchir... mais ça discute, sur le Piton !

   De tous les organes d'information que j'ai consultés, un seul a révélé l'identité complète de la magistrate : La Dépêche du Midi. Cela m'a donné l'envie d'en savoir un peu plus sur elle (en faisant attention aux homonymies). Au vu de son âge, je pense qu'elle est la Magali J. qui a été déclarée admissible au premier concours d'entrée (l'externe) de l'Ecole Nationale de la Magistrature, en novembre 1992. En janvier 1993, elle a été nommée auditeur de justice (magistrat stagiaire). Elle a donc été reçue au concours. Vu que la formation dure un peu moins de trois ans, elle a dû faire partie (d'après Wikipedia) de la promotion "Alfred Dreyfus".

   Quelques années plus tard, en 2000, on la retrouve nommée au tribunal d'instance de Montpellier. Elle a poursuivi sa carrière sur place, au tribunal de grande instance puis à la cour d'appel, où elle a été promue récemment, en juillet 2013. Voilà qui explique sa présence en 2014 à Rodez, en cour d'assises.

   A ceux qui seraient curieux de connaître son apparence, je conseille de regarder les images prises de la Cour depuis l'ouverture du procès. Elle apparaît aux côtés des autres magistrats. (Ils sont quatre, trois titulaires -le président plus deux assesseurs- et la suppléante, semble-t-il.). Mais, la dernière semaine, elle a été remplacée (par une autre femme brune).

lundi, 17 novembre 2014

Un prof pas comme les autres

   Sous ce titre anodin se cache une comédie allemande, le plus gros succès de l'année 2013 outre-Rhin. Il faut imaginer un mélange entre l'humour germanique "basique" (chez nous, on dirait "franchouillard") et le genre "films d'ados", acclimaté d'Hollywood. Cela donne un ensemble... surprenant.

   Le héros est un quasi-prince charmant. Il a une belle gueule, du bagout, de l'imagination... mais c'est un saoûlard impénitent, qui rote en public, jure comme un charretier et, au début du moins, n'a aucun scrupule à faire étalage de son abyssale inculture. Dans le rôle, Elyas M'Barek en fait un peu trop, mais il déploie une énergie qui donne incontestablement du rythme à la comédie :

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   A ses côtés, on trouve d'abord une brochette de femmes séduisantes, qu'elles soient prostituées, strip-teaseuses ou enseignantes. Bien évidemment, toutes tombent plus ou moins rapidement sous son charme. Celle qui résiste le plus est sa collègue de lettres, qu'on nous présente d'abord comme un petit laideron coincé, mais qui va sortir de sa coquille... et se révéler très jolie. Dans ce rôle plus compliqué que le précédent, Karoline Herfurth assure :

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   Ces adultes, ainsi que leurs collègues, se retrouvent face à une meute d'adolescents à problèmes, certains particulièrement insupportables. Dans la première partie du film, on nous montre ces charmants bambins tourmentant les enseignants... y compris le héros, qui s'est fait engager comme remplaçant pour pouvoir récupérer le pognon planqué sous le gymnase. Le paradoxe est qu'il a dû arrêter ses études en 4e ou 3e !

   Comme il n'a aucune envie de se laisser marcher sur les pieds par une bande de petits cons mal élevés d'adolescents en recherche, il va employer les grands moyens. Et là, on sort du film démago pour ados. C'est assez jouissif pour les adultes qui ne supportent pas une certaine jeunesse, constituée d'enfants gâtés, qui croient que tout leur est dû et ne cherchent pas à se rendre utiles à la société.

   Et puis... l'histoire bascule à nouveau. Le délinquant commence à s'attacher aux gamins, qui trouvent que ce type bizarre les comprend mieux que les profs traditionnels. Dans l'établissement scolaire, il apporte un salutaire courant d'air et s'enrichit au contact de personnes qu'il n'a pas l'habitude de fréquenter. Le film véhicule un message positif, celui que tout le monde peut s'améliorer. Cela donne une fin un peu angélique mais, entre temps, on aura passé un bon moment, avec quelques séquences particulièrement hilarantes.

03:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 16 novembre 2014

Serena

   Ce film de Susanne Bier nous projette dans l'Amérique en crise (celle de 1929), mais pas en ville, principalement dans une zone d'exploitation forestière. Les têtes d'affiche sont deux acteurs qui "ont la cote" actuellement à Hollywood (et qu'on a déjà plusieurs fois fait tourner ensemble) : Bradley Cooper et Jennifer Lawrence.

   En dépit de quelques jolis plans, la première partie de l'histoire ne m'a guère passionné. On nous présente le héros et sa rencontre avec celle qui va devenir sa femme. C'est le début d'une love story entre deux personnages qu'on est censé croire hors normes. Ils sont beaux, généreux et un brin anticonformistes. Mon Dieu que tout cela est ennuyeux !

   Pour susciter un peu d'intérêt, la caméra s'attarde sur la plastique supposée irréprochable des deux principaux protagonistes (presque tous les autres personnages étant laids, comme par hasard). On aperçoit donc le torse musclé (mais non poilu) de Bradley... qui a toutefois des progrès à faire pour concurrencer le Brad Pitt de Fury. (Va falloir arrêter les hamburgers, mon gars !) On a aussi l'occasion de se rincer l'oeil lorsque Serena-Jennifer porte des tenues moulantes (et très coûteuses). On notera qu'elle seule reste resplendissante dans cet univers de saleté et de boue.

   Heureusement, l'intrigue rebondit vers la moitié du film. Le basculement intervient quand une amitié se rompt. Et là, cela devient intéressant. L'histoire glisse vers le thriller. Un personnage prend petit à petit de l'importance : Galloway, un repris de justice, très bon pisteur... et habile de ses mains. Il est excellemment interprété par Rhys Ifans, qu'on a pu voir dans Harry Potter et les reliques de la mort ainsi que dans Good Morning England !

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   La tromperie passe au premier plan et la violence connaît une sorte d'escalade, qui culmine dans une séquence de train (commencée en gare), d'une tension toute hitchcockienne. Je n'ai toutefois pas été totalement convaincu par la prestation de Jennifer Lawrence, dont le visage ne prend que deux (maximum trois) expressions. Pour jouer Mystique dans X-Men, c'est suffisant, mais, dans ce rôle complexe, elle semble atteindre ses limites (ou alors elle a été mal dirigée). En tout cas, elle est nettement moins bonne que Rosamund Pike dans Gone Girl.

   J'ai aussi tiqué à deux détails, certes pas capitaux, mais tout de même. L'héroïne tombe enceinte et l'on finit par voir son ventre arrondi... sauf que la prothèse ne trompe personne ! Même chose pour le cadavre du puma (les parties de chasse sont un élément clé de l'intrigue), visible à la fin, qui fait vraiment animal empaillé. On aurait quand même pu soigner davantage ces éléments !

   L'ensemble reste plaisant à voir et, si vous supportez la première partie du film, vous verrez que la seconde mérite le détour.

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samedi, 15 novembre 2014

Des nouvelles du drapeau

   Sur M6, la diffusion de la saison 11 de la série NCIS est sur le point de s'achever... et, comme le mois dernier, en regardant attentivement l'épisode 22 (programmé hier vendredi 14 novembre), les téléspectateurs ont pu remarquer la présence, dans le labo d'Abby, du drapeau israélien, associé au souvenir de Ziva David / Cote de Pablo :

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   Cette scène se situe dans la première moitié de l'épisode, quand l'agent Gibbs (à gauche sur l'image) débarque dans le laboratoire, en quête d'informations sur le décès d'un marine. On le revoit (le drapeau) dans la seconde moitié, à l'occasion de la venue de l'agent McGee (mal rasé... c'est l'un des running gags de l'épisode) :

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   Sur les deux écrans d'ordinateurs s'affichent des renseignements sur une jeune femme, une SDF pour laquelle Abby s'est prise d'affection. L'histoire est d'ailleurs marquée par la découverte, à deux pas des locaux du NCIS (à Washington), d'un quartier délabré où vivotent les exclus de la société... et parmi eux, d'anciens marines.

   Les épisodes rediffusés à la suite de celui-ci (inédit) m'ont permis de me rendre compte que la présence du drapeau israélien est plus ancienne que ce que je croyais. Auparavant, il me semblait qu'elle ne remontait qu'à la saison 10. Or, hier, j'ai pu constater la présence du petit objet dans deux épisodes de la saison 9, le premier :

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   ... et le deuxième :

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vendredi, 14 novembre 2014

La prochaine fois, je viserai le coeur

   Le titre est une citation de celui qui fut surnommé "le tueur de l'Oise", dans les années 1970. Cinéaste atypique, Cédric Anger a adapté cette histoire vraie pour le cinéma, en la transformant en thriller psychologique.

   Dès le début, on sait qui est le coupable. On le suit même immédiatement dans l'une de ses tentatives d'assassinat. La réalisation est au cordeau, la musique angoissante... et l'acteur principal (Guillaume Canet) excellent. (Au passage, bravo pour la coupe de cheveux !)

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   Le film tente de nous faire entrer dans la tête de l'assassin schizophrène, à la fois amateur d'ordre et fauteur de troubles, à la fois maniaque de propreté et fasciné par la boue, si respectueux des gens et pourtant sans considération pour la vie d'autrui.

   Quand on creuse, on le découvre raciste, mais capable d'altruisme. Il est bourré de phobies et l'on se demande s'il est impuissant ou homosexuel refoulé. A côté de cela, il aime s'occuper de son petit frère et, surtout, commence à nouer une drôle de relation avec la jeune femme qui repasse son linge (Ana Girardot, très bien). C'est le moment de signaler que les seconds rôles sont au poil, notamment Jean-Yves Bertheloot et toute la bande de gendarmes.

   Ce n'est pourtant pas du "cinéma de papa", qui ferait revivre le polar réaliste des Trente Glorieuses. La réalisation est tantôt d'une froide platitude, tantôt d'une inquiétante indétermination. Et, parfois, le film nous emmène là où on ne l'attendait pas, comme dans cette séquence en forêt, avec quatre gendarmes enfermés dans une voiture, en pleine nuit. La conclusion est des plus surprenantes.

   L'histoire n'est pas d'une franche gaieté mais, après Vie sauvage, voilà un deuxième film français en prise sur son époque et d'une belle radicalité.

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mercredi, 12 novembre 2014

Canailles Connection

   Ce film a été présenté comme le petit bijou de comédie qu'il ne faut pas manquer. On a réuni une brochette d'acteurs confirmés, surtout connus du public proche-oriental et des amateurs de cinéma d'art et essai.

   Au début, j'ai eu très peur. C'est très tape-à-l'oeil, bourré de clichés et, de surcroît, maladroit. Le pire est atteint lors du décès du père du jeune héros. On pourrait aussi trouver à redire à la manière dont les femmes sont représentées. On a ainsi droit à l'aide-soignante pulpeuse et aguicheuse. Quant à la mère du héros, elle nous est montrée comme jolie, pas très constante... et vite consolée de la mort de son mari. J'ai eu un peu mal pour Yaël Abecassis, déjà vue dans Va, vis et deviens et Survivre avec les loups.

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   Par contre, les personnages masculins sont plus valorisés, alors que certains d'entre eux n'ont pas un fond très reluisant. Au centre de l'attention, plus que le gamin, on trouve le grand-père, sans doute un ancien du groupe Stern (qui se balade toujours avec un flingue au côté), très bien interprété par Sasson Gabai, une vieille connaissance, puisqu'on a pu le voir à l’œuvre dans La Visite de la fanfare, Le Cochon de Gaza et Le Procès de Viviane Amsalem.

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   Lui, son petit-fils surdoué (qu'au départ il méprise) et une paire d'autres pépés vont former un très improbable gang de braqueurs de banques. Dans le lot se distingue Patrick Stewart (oui, le professeur Xavier des X-Men !), impayable en lord désargenté et grandiloquent.

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   Une fois le premier quart d'heure passé, l'histoire prend de l'épaisseur et l'on rit assez souvent. Mais il ne faut pas chercher plus loin.

mardi, 11 novembre 2014

Journaux de guerre n°13

   Le numéro paru le 7 novembre (pas un jeudi, contrairement à l'habitude) est principalement consacré au torpillage du paquebot Lusitania, déjà évoqué dans l'un des journaux fournis avec le numéro 10, il y a quelques semaines.

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   L'affiche de la semaine est britannique. Elle s'adresse aux Irlandais et tente de convaincre ceux qui sont à l'époque des sujets de George V de s'engager dans l'armée de Sa Majesté :

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   La présentation des journaux ne fait pas qu'analyser les causes et les conséquences de cet acte de piraterie. Elle s'attarde de manière plus générale sur la rivalité navale entre le Royaume-Uni et l'Allemagne.

   Le premier des quotidiens reproduits est La Petite Gironde du 25 mars 1915. En première page, de nombreuses photographies représentent des soldats britanniques. On peut aussi y trouver un article sur les retraits de naturalisations au XVIe siècle. Page 2, un entrefilet évoque l'exécution d'une femme (sans doute allemande) pour espionnage, à Nancy. Un peu plus loin, il est toujours question du "deuxième sexe" :

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   Un peu plus loin, un article évoque les bagarres entre dockers français et espagnols à Bordeaux. Les employeurs locaux ont choisi de faire venir sur place une main-d'oeuvre... marocaine, qui semble donner entière satisfaction.

   Le Sud-Ouest est décidément bien représenté dans ce numéro de Journaux de guerre, puisque le second quotidien de province est La Dépêche, du 11 mai 1915. On s'y intéresse notamment à l'attitude des dirigeants italiens et états-uniens, en particulier du président Wilson.

   Page 2, il est question de l'interdiction de la vente d'alcool dans la zone des armées. Cela rejoint les préoccupations qui perçaient, chez les civils, dans les journaux fournis avec le numéro 11. On s'inquiète aussi du sort de l'aviateur Roland-Garros, prisonnier en Allemagne. (Rappelons qu'il est décédé en octobre 1918.)

   Les Aveyronnais découvriront peut-être avec surprise que des prisonniers allemands s'étaient évadés de Millau. Enfin, les amateurs de numérologie seront ravis par un article qui spécule sur la date de la fin du conflit :

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   On termine avec un exemplaire de l'un des quotidiens les plus lus de l'époque, Le Journal, du 8 mai 1915. La première page est largement consacrée au torpillage du Lusitania. L'identité de quelques victimes célèbres est mentionnée. Sous le titre "Juste châtiment", on trouve un peu plus loin un encadré qui se réjouit qu'une attaque au gaz allemande se soit retournée contre ses instigateurs. Ce n'est pas le seul journal à se réjouir de ce genre de péripétie. C'est un moyen d'atténuer le choc qu'a constitué l'emploi de cette nouvelle arme, qui a finalement fait beaucoup moins de dégâts que les obus.

   Page 2, un long article évoque la situation financière du pays et les emprunts à contracter. Il est donc question des Etats-Unis, dont il est dit qu'ils n'ont pas encore l'habitude de prêter de l'argent aux Européens...

   En bas de page, on retrouve une figure familière, utilisée ici non pas de manière hostile, contre l'Allemagne, mais pour symboliser la bonne entente entre la France et l'Angleterre :

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   En Extrême-Orient, on commence à réaliser que le Japon, allié de la Triple Entente, mène une politique étrangère très "personnelle" et profite de la guerre pour s'implanter en Chine.

   En dernière page, on peut savourer deux caricatures nord-américaines qui se moquent de l'empereur Guillaume II. L'une d'entre elles (issue d'un quotidien québécois) est très "datée" :

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dimanche, 09 novembre 2014

De l'autre côté du mur

   Sortie en France de manière fort opportune 25 ans après la chute du Mur de Berlin, cette fiction (qui s'appuie sur des éléments autobiographiques) nous replonge dans l'Allemagne de la Guerre Froide, plus précisément dans LES Allemagnes de l'époque, la R.F.A. (libérale et proaméricaine) et la R.D.A. (communiste et prosoviétique).

   Le début de l'histoire contient deux ellipses. La première marque le passage, pour la petite famille, de trois à deux personnes. La seconde interrompt l'examen subi par l'héroïne à la frontière des deux Allemagnes. Que s'est-il réellement passé à la douane ? Qu'est-il arrivé à son conjoint soviétique, père du petit Alexej ?

   Le réalisateur nous maintient volontairement dans l'incertitude... parce que c'était ce que ressentaient les personnes à l'époque. On évitait de se livrer au premier venu... et même à des amis. Du coup, on ne sait pas ce que cache Nelly, la mère-courage au charme indéniable. (Jördis Triebel est formidable.)

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   On se demande de qui, parmi les connaissances qu'elle fait au foyer de réfugiés, il faut se méfier. Et elle-même, jusqu'à quel point est-elle fiable ? Ce n'est quand même pas pour rien que les services secrets ouest-allemands, épaulés par une antenne américaine, rechignent à lui donner un sauf-conduit.

   Dans le même temps, on suit la difficile adaptation du garçon (très bien interprété). En R.D.A., il faisait partie des Pionniers et avait déjà bien assimilé la rhétorique antifasciste. Il se retrouve face à des gamins plus riches et qui sont éduqués dans un contexte religieux. Il se fait quand même une copine, une adorable petite Russe, plutôt anticonformiste. Mais, au fond, on sent que ce que recherche vraiment le garçon est... un père.

   Ses relations avec les adultes sont à comprendre avec cet arrière-plan, tandis que sa mère cherche à se faire une situation et veut à tout prix éviter de (re)tomber dans les griffes de la Stasi est-allemande.

   Au niveau de la mise en scène, ce n'est pas particulièrement brillant. On peut quand même relever quelques scènes plus élaborées, qui font intervenir un personnage que l'on croit disparu : l'héroïne a-t-elle des hallucinations ou bien nous cache-t-on quelque chose ?

   Pour moi, ce film mérite le détour, parce qu'il réussit à insérer le vécu de personnes ordinaires dans un contexte géopolitique tendu, celui des années 1970.

   P.S.

   Notons que c'est la deuxième fois cette année (après le poignant D'une vie à l'autre) que le cinéma allemand évoque les années de Guerre Froide à l'aide d'un personnage principal féminin et mère de famille.

samedi, 08 novembre 2014

"Le trublion Eric Teyssedre"

   J'ai trouvé cette formule dans Le Journal toulousain du 6 novembre. Après bien des déboires, cet hebdomadaire "indépendant de droite" reparaît depuis septembre dernier. On peut notamment y lire la rubrique "Les petits bruits du Landernau", sous la plume de Thomas Simonian, le directeur de la publication (qui est aussi l'un des associés de la SCOP formée pour relancer le titre). Voici celle qui a été publiée jeudi :

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   A ceux qui ne connaissent pas en détail la (passionnante) vie politique aveyronnaise, signalons que le maire de Rodez (et président de la communauté d'agglomération du Grand Rodez) se nomme Christian Teyssèdre. Vice-président (toujours pas démissionnaire) du Conseil régional de Midi-Pyrénées, on sait qu'il pense succéder à Martin Malvy, le matin en se rasant. L'article semble accorder de meilleures chances aux deux autres personnalités de gauche mentionnées... même si, en 2015, il est fort possible que la droite récupère, au niveau régional, les bénéfices des erreurs de la gauche au plan national.

   Notre bon maire de Rodez n'a décidément pas de chance avec l'hebdomadaire toulousain. Il y a deux ans déjà, lorsqu'il avait été question de la succession de Martin Malvy, il n'avait même pas été cité parmi les candidats potentiels. (Les vedettes de l'époque sont aujourd'hui soit grillées, soit occupées à d'autres tâches.) Notons toutefois le progrès : d'inconnu, il passe à méconnu. Le succès du réaménagement du Foirail et la renommée du musée Soulages pourraient lui servir de tremplin pour 2015... mais il reste visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir... (Et puis, il est peut-être plus urgent de construire un Grand Rodez élargi, bien accepté par le voisinage.)

    P.S.

   Plus intéressant que l'encadré sur la course à l'échalote midi-pyrénéenne, le long article intitulé "Les médias toulousains en crise" mérite la lecture, ne serait-ce que pour comprendre les difficultés à faire vivre un journal hors de l'influence du patron de La Dépêche du Midi... et des principaux annonceurs.

vendredi, 07 novembre 2014

Interstellar

   Alors que ce que j'avais lu et vu du film ne m'avait pas particulièrement emballé, j'y suis allé quand même, parce que je n'ai encore jamais vu Christopher Nolan signer de "bouse". De Memento à The Dark Knight Rises, en passant par Insomnia, Batman Begins et Inception, il a toujours proposé quelque chose d'intéressant.

   C'est un bon film d'abord parce qu'il évite les travers de ceux qui l'ont précédé. Bien que complexe par l'intrigue, il évite d'être abscons, contrairement à 2001, L'Odyssée de l'espace. Bien que très réussi formellement, il évite d'être aussi stérilement contemplatif que Gravity. Bien que dramatique par moments, il évite d'être aussi cruel qu'Alien. Par contre, il n'innove pas. On retrouve du Nolan déjà digéré. Ainsi, l'une des planètes visitées rappellera, par son aspect, une étape de la conscience du héros d'Inception.

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   Le problème est que c'est diablement long. On aurait pu pratiquer des coupes à la fois dans la première partie (même si elle contient les éléments clés de la résolution de l'énigme) et dans la dernière heure. Et qu'est-ce que ça pleurniche ! Hommes comme femmes, quelle bande de chochottes ! On n'a visiblement pas laissé une grande marge de manœuvre aux acteurs, qui ne m'ont guère ébloui. Les robots m'ont paru bien plus intéressants ! J'ai quand même bien aimé la composition de Matt Damon, dans un rôle à contre-emploi. Ma préférée est sans conteste Jessica Chastain (remarquée dans L'Affaire Rachel Singer, Zero Dark Thirty et La Couleur des sentiments), qui incarne Murphy adulte.

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   A côté de cela, il y a un scénario très malin, qui fonctionne sur le mode du basculement ou du retournement (le twist si prisé à Hollywood depuis une vingtaine d'années). Certaines scènes du début ne prennent tout leur sens qu'à la lumière des derniers développements de l'histoire. Quand on a vu pas mal de films et de séries de science-fiction et quand on a lu des bouquins du même genre, on est quand même avantagé. Je ne vais rien révéler d'essentiel, mais soyez quand même attentifs à tout ce qui touche à l'espace-temps...

   Pour les spectateurs les plus lents, le dévoilement intervient au cours d'une scène d'une grande beauté formelle, qui nous transporte littéralement dans une autre dimension ! Petit bémol toutefois : la musique de Hans Zimmer, trop présente et qui souligne au stylo fluorescent là où il suffirait de suggérer de manière aérienne.

   Sur le fond, au-delà de la survie de l'espèce humaine (dont on finit par se désintéresser), c'est d'amour qu'il est surtout question. Il y a bien sûr l'amour hétérosexuel avec un grand A, mais il y a surtout (et c'est l'un des intérêts de l'histoire) l'amour père-fille, en particulier celui qui lie le héros Cooper à Murphy. Cela rend le film plus attachant et plus prenant, mais cela n'en fait pas un chef-d'œuvre pour autant.

23:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film, films

jeudi, 06 novembre 2014

Vie sauvage

   Cédric Kahn s'est donc lancé dans l'adaptation cinématographique de l'affaire Fortin, un exercice plutôt périlleux de prime abord, puisqu'il prétendait ne pas vouloir prendre parti. A la vision du film, on réalise que c'est inexact, mais cela n'empêche pas l'histoire d'être prenante.

   Techniquement, c'est habile. Alors que la caméra est le plus souvent objective (censée représenter le regard du cinéaste), on se rend vite compte qu'elle filme en empathie avec certains personnages. Au tout début, on ressent la crainte et la souffrance de la mère... mais brièvement. Rapidement, c'est la communion entre deux des trois garçons et leur père biologique qui prend le dessus. La caméra présente Xavier Fortin (Mathieu Kassovitz ex-cel-lent) comme une sorte de père rebelle moderne, à la fois passionné et débrouillard.

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   Après les épisodes de tension, on frôle le conte de fées naturaliste. Plongés en pleine "marginalitude", les gamins découvrent les chants au coin du feu, la chaleur de la vie communautaire et la communion avec dame nature. C'est bien filmé mais, franchement, c'est parfois agaçant.

   Fort heureusement, la focale change. Une ellipse nous projette une dizaine d'années plus tard. Les gamins sont devenus des ados et, si la caméra reste objective, il est évident que la réalisation adopte le point de vue des jeunes hommes. On découvre des aspects moins reluisants de leur vie au grand air (aspects qui devaient déjà exister auparavant, mais qui sont soudainement mis au premier plan). Le papa Robinson devient limite un vieux con qui radote. L'intrigue s'enrichit sur le plan psychologique.

   La dernière partie de l'histoire remet un peu la mère à l'honneur et laisse chacun libre de se faire son opinion. C'est vraiment bien joué, mais je suis quand même surpris d'avoir autant apprécié ce film.

22:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 04 novembre 2014

Ninja Turtles

   Sous ce titre bien de chez nous se cache ce que l'on appelle un reboot, le lancement d'une nouvelle série de films consacrés à un ou plusieurs personnages, qui ont déjà fait l'objet de plusieurs longs-métrages auparavant. Le cas qui nous intéresse, celui des tortues-ninja, est un peu particulier, puisque ces héros de BD américains ont connu une foisonnante existence à travers principalement des adaptations animées (certaines encore diffusées en France).

   Pour les non-initiés, précisons que le monde des tortues-ninja est un pot-pourri d'influences allant des comic book à La Guerre des étoiles, en passant par les films d'arts martiaux. Ainsi, le "père" et formateur des héros, le rat Splinter, a un petit air de maître Yoda :

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   Ses disciples forment une bande d'adolescents plus ou moins immatures, grands amateurs de pizza. Leurs obsessions comme leurs chicaneries sont la source de gags qu'ici j'ai trouvé réussis. On a de plus évité de nous en abreuver... parce que c'est d'abord un film d'action. Et je vous assure que ça déménage ! L'histoire commence "en douceur", sur un dock. Le sommet est atteint lors d'une descente acrobatique sur des pentes enneigées (une séquence qui frôle la virtuosité). J'ai aussi bien aimé les scènes d'égout, vraiment bien tournées.

   Par contre, l'interprétation n'est pas toujours au niveau. Globalement, j'ai trouvé bons les acteurs dont les mouvements et expressions ont été captés pour être incrustés dans les personnages animaliers. Je ne peux pas en dire autant des deux principaux alliés des tortues anthropomorphes, la journaliste et son soupirant :

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   Will Arnett incarne (poussivement) un gentil benêt, tandis que Megan Fox est visiblement surtout chargée d'exposer sa plastique quasi irréprochable. Heureusement, il y a William Fichtner, un habitué des seconds rôles (aperçu récemment dans The Homesman et Elysium), qui "fait le boulot".

   L'ensemble constitue un très honnête divertissement.

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samedi, 01 novembre 2014

Petite vacherie en passant

   Le diable se niche décidément dans les détails. Vendredi soir, parmi les épisodes de la série NCIS rediffusés par la chaîne M6, deux, assez anciens (faisant partie de la quatrième saison), mettaient en scène un trafiquant d'armes très très vilain, surnommé "la Grenouille" (en français dans le texte). Le personnage (René Benoit) est d'ailleurs français, jusqu'à la caricature.

   La première partie de l'épisode 23 nous le montre dans son jet privé, en compagnie de sa charmante assistante. Il est en train de lire un journal... mais pas n'importe lequel :

Grenouille 4-23.jpg

   Aux Etats-Unis, l'épisode a été diffusé en mai 2007. Le personnage de ce Français louche, à la fois raffiné et antipathique, a été créé l'année précédente. A l'époque, les relations franco-américaines ne se sont pas encore totalement remises de l'opposition des Froggies à l'intervention militaire yankee en Irak.

   Mais ce n'est pas le gouvernement français qui est visé ici. Ce sont les intellectuels de gauche, dont Le Monde diplomatique constitue le mensuel de référence. Quand on sait que les auteurs de NCIS sont plutôt d'obédience républicaine, on comprend qu'il ne s'agit pas ici d'un hommage. C'est de plus un moyen de caractériser le personnage du "méchant" : un type intelligent, cultivé... et plutôt progressiste.

   Il restait à savoir si c'était un exemplaire réel du mensuel tiers-mondiste qui avait été utilisé. En observant attentivement l'image, on arrive à lire le titre de deux articles : "Pologne parano" (à gauche, au-dessus de la photographie) et "Travailler plus pour gagner moins", à droite (!).

   Si vous avez suivi les liens ci-dessus, vous avez pu constater que les deux articles existent bel et bien et qu'ils datent d'avril 2007. Or, l'épisode 23 de la saison 4 de NCIS a été diffusé pour la première fois aux Etats-Unis le 8 mai 2007 (d'après Allociné). Il a sans doute été tourné quelques semaines auparavant, au mois d'avril... juste après la sortie du numéro du "Diplo". Voilà qui témoigne d'une belle réactivité !

   P.S.

   A ceux qui auraient l'exemplaire entre les mains, il reste à vérifier si les propos mis dans la bouche du trafiquant sont bien en rapport avec le contenu de l'un des articles du Monde diplomatique d'avril 2007, ou si c'est une manière d'appuyer le trait concernant le personnage, qui semble très intéressé par l'opéra et les ballets classiques.



    P.S. II

   Je me suis aperçu que je ne suis pas le premier à m'être intéressé à ce détail piquant... ce qui est fort logique, puisque l'épisode a été diffusé pour la première fois en France il y a plus de six ans :

http://l-esprit-de-l-escalier.hautetfort.com/archive/2008/08/24/la-grenouille-l-opera-de-paris-et-le-monde-diplomatique-fabl.html

La maison du Grand Luc

   Sous cette appellation mystérieuse se cache un bâtiment à la triste réputation : le siège de la Gestapo (en réalité le SIPO-SD), à Rodez, pendant une partie de la Seconde Guerre mondiale. Il en a été question dans le quotidien Centre Presse du lundi 27 octobre, dans une double-page consacrée à Arthur Fienemann. Dans l'article, l'historien aveyronnais Jean-Michel Cosson évoque la double vie de cet individu peu recommandable, d'abord adversaire implacable de la Résistance française, avant de se reconvertir dans les arts, où il s'est construit une situation. Il est mort en 1982, libre.

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   Pour mieux connaître le contexte local de l'action d'Arthur Fienemann durant le second conflit mondial, on peut lire un passionnant ouvrage, cosigné par Jean-Michel Cosson (encore lui !) et Stéphane Monnet, publié il y a un peu moins de dix ans aux éditions De Borée, et qu'on peut depuis peu se procurer à nouveau, chez les marchands de journaux, pour moins de quinze euros :

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   Arrivé à Rodez en 1943, Fienemann (qui se fait rapidement appeler "le Grand Luc") est officiellement interprète. Dans la réalité, il mène les interrogatoires sans ménagement, en compagnie du chef du SIPO-SD et il semble avoir joué un rôle décisif dans le massacre de Sainte-Radegonde du 17 août 1944.

   Le service de répression nazie, d'abord installé rue Saint-Cyrice (dans la "maison des Illustres", située à l'emplacement de l'actuelle MJC), a ensuite emménagé dans une villa se trouvant rue Grandet (pas très loin du siège actuel de la CAF, à quelques centaines de mètres du musée Denys-Puech). L'article de Centre Presse contient une photographie d'époque du bâtiment :

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   Je pense qu'il s'agit de la même que celle qui a été publiée dans le livre dont j'ai parlé plus haut, sauf qu'elle a été recadrée :

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   Sachez que la maison existe toujours. En voici une vue récente, prise avec un angle assez proche de celui de la photographie ancienne :

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   Le poteau électrique visible à gauche n'a pas changé. Par contre, le bâtiment du fond a été complété par des garages et un nouveau poteau (sur lequel la plaque de la rue est fixée) masque la vue, au premier plan.

   Il reste une incertitude, portant sur le numéro de l'immeuble. Dans le livre qu'il a coécrit, Jean-Michel Cosson parle du 15, rue Grandet (à trois reprises). Dans l'article de Centre Presse, l'emplacement exact n'est pas donné. Or, aujourd'hui, l'immeuble se trouve au numéro 23 :

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   Alors ? Y a-t-il eu une erreur dans la rédaction du livre paru en 2006, ou bien la numérotation de la rue Grandet a-t-elle changé entre 1943 et aujourd'hui ?

jeudi, 30 octobre 2014

Fury

   Cette "fureur" est celle de la Seconde Guerre mondiale... et c'est aussi le nom écrit sur le canon du char de l'équipage duquel nous allons suivre les aventures, pendant un peu plus de deux heures.

   Au tout début de l'histoire, il subit un petit renouvellement, l'un des membres ayant été tué. Voilà que débarque un jouvenceau doux comme un agneau (Logan Lerman, vu récemment dans Noé... pas super convaincant), qui va devoir cohabiter avec un Latino plutôt sympa (Michael Pena, un habitué des seconds rôles), un "Américain moyen" très porté sur la Bible (Shia LaBeouf, étonnamment bon), une racaille qui n'a pas peur de grand chose (Jon Bernthal, un peu caricatural) et le "papa" du groupe, un mec à la fois charismatique et mystérieux, incarné par un Brad Pitt très en forme.

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   Globalement, je trouve que le film se traîne un peu. Le montage manque parfois de rythme, même si certaines séquences sont particulièrement réussies. En tête, je place celles qui font intervenir des combats avec les chars. C'est spectaculaire sans qu'on soit tombé dans le tape-à-l'oeil. La tactique de combat est bien mise en scène. Je pense notamment à la première escarmouche (le traquenard). C'est peut-être poussé un peu trop loin plus tard, lors de l'affrontement avec le Panzer. L'histoire a au moins le mérite de présenter les Allemands comme des adversaires redoutables (les nazis étant dépeints comme des ordures), même si je trouve qu'ils tombent un peu trop facilement sous les balles et les obus yankees.

   Les scènes guerrières sont donc globalement plus abouties que celles qui montrent les soldats à l'arrière ou entre eux, dans le char, hors période de combat. (De ce point de vue, Lebanon, un film israélien aux ambitions plus modestes, était plus fort.) Je place toutefois à part l'entière séquence qui se déroule dans la ville allemande tout juste reconquise, avec ces deux femmes qui se retrouvent sous la domination et la protection du "papa" du groupe et du jouvenceau (qui, petit à petit, s'aguerrit). Cela nous vaut une scène extrêmement ambiguë, sur le fond comme sur la forme, puisqu'elle oscille entre tension criminelle et érotisme trouble. Les dames (et certains messieurs) jouiront du coup d'oeil sur le torse de Brad, qui a dû passer un paquet d'heures sur le banc de musculation. Mais la suite immédiate nous en apprend davantage sur le personnage que le reste du film. C'est donc un moment capital de l'histoire.

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   L'ensemble demeure néanmoins assez convenu. C'est très hollywoodien. On n'a pas osé montrer des soldats américains violant des Allemandes et la représentation du courage de ces hommes somme toute ordinaires n'est pas exempte de clichés. Quant à la séquence du dernier combat, si elle témoigne d'une réelle maîtrise au niveau de la mise en scène, elle n'est pas réaliste. Mais, comme c'est bien joué, bien filmé, on passe un agréable moment.

   P.S.

   Concernant le personnage interprété par Brad Pitt, je pense qu'il y a un sous-entendu. Il est germanophone et éprouve une haine tenace pour les nazis, en particulier les SS. Comme l'action se déroule à la fin de la guerre, on peut présumer qu'il est au courant des crimes perpétrés en Europe de l'Est. Il est sans doute lui-même originaire du continent, ou y a(vait) de la famille. Sans qu'on puisse rattacher son comportement aux valeurs chrétiennes, il est capable de citer des passages de la Bible (de l'Ancien Testament, si ma mémoire est bonne). Il est peut-être juif.

   Dans ce film, Brad Pitt incarne un superman presque ordinaire, désespéré au fond et qui, dans une guerre inhumaine, tente de suivre une voie humaine.

mardi, 28 octobre 2014

Journaux de guerre n°11

   La livraison de jeudi 23 octobre met l'accent sur le génocide des Arméniens par les Turcs (de l'Empire ottoman) :

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   Fort logiquement, l'affiche en couleurs de grand format qui accompagne ce numéro fait allusion au drame qui se joue, à l'époque, au Proche-Orient. Elle a été créée par le Comité de secours américain aux Arméniens et aux Syriens :

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   Le paradoxe est que les massacres qui se déroulent en Méditerranée orientale occupent une place relativement réduite dans les journaux français de l'époque... ou alors, leur portée n'est pas totalement perçue.

   On commence avec Le Petit Journal du 20 mars 1915. Il s'intéresse surtout aux opérations militaires qui se déroulent du côté du détroit des Dardanelles. On se pose aussi des questions à propos de l'attitude de deux pays neutres (la Grèce et la Bulgarie) voisins de ce nouvel allié de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie :

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   Parmi les articles anecdotiques dont la lecture peut s'avérer plaisante, je conseille celui qui est intitulé "Femme d'espion". Le plus cocasse se trouve page 4. Il s'agit d'un encart publicitaire dont j'ai parlé vendredi dernier.

   Passons à présent au Phare de la Loire, de Bretagne et de Vendée du 7 juin 1915. On peut y lire ce qui est présenté comme une lettre d'un instituteur (parti au Front) à ses élèves. Il y est notamment question des qualités et des défauts des soldats français. Le passage suivant m'a paru d'une singulière lucidité :

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   Page 2, on trouvera une foultitude d'informations intéressantes. Cela va de la nouvelle constitution danoise (qui octroie le droit de vote aux hommes et femmes âgés de plus de 25 ans) au commerce germano-argentin, en passant par le pavillon français de l'exposition de San Francisco et une affaire de faux-monnayage.

   Un autre quotidien régional nous est proposé cette semaine. Il s'agit de La Dépêche de Lyon du 30 septembre 1915. L'éditorial condamne "l'ignoble crime" commis contre les Arméniens. Comme dans Le Petit Journal, on s'interroge sur la position de la Grèce et de la Bulgarie. A ce sujet, je note un fort contraste entre ce que l'on peut lire page 1 et page 2 :

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   A plusieurs reprises, on perçoit les interrogations de la presse française, qui croit (à tort) que la germanophilie bulgare se limite aux cercles dirigeants (le roi étant issu de la noblesse allemande) et qui sous-estime le poids des tensions (et des ambitions) balkaniques.

   Le florilège se termine avec l'un des principaux quotidiens du pays, Le Matin, daté du 10 novembre 1915. Le premier article aborde la question de l'autorité religieuse du sultan ottoman, de nombreux musulmans habitant des territoires soumis aux pays de la Triple Entente. Le papier se veut rassurant. Plus exotique est la correspondance de l'envoyé spécial au Japon (pays qui a rejoint l'Entente), consacrée au statut de l'empereur-dieu Yoshihito (père de Hirohito) :

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   Plus loin, c'est d'alcool qu'il est question. Le ministre de l'Intérieur Louis Malvy (grand-père de l'actuel président du Conseil régional de Midi-Pyrénées) s'évertue à limiter la vente et la consommation d'alcool :

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   Précisons que pour les femmes (!) et les mineurs de moins de 18 ans (la majorité est à 21), l'interdiction est totale. Dans la prose du ministre, on sent l'envie sincère de protéger la santé publique, les forces vives de la Nation... et l'intégrité des foyers. Lui fait écho un entrefilet publié en dernière page, qui évoque les conséquences de la consommation chronique d'alcool :

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   Il y a encore bien d'autres petits trésors dissimulés dans ces journaux d'époque, qu'on lit toujours avec un grand plaisir.

 

lundi, 27 octobre 2014

La leçon de français de l'inspecteur Murdoch

   Elle nous a été donnée dimanche dernier, sur France 3, dans un épisode des Enquêtes de Murdoch, le septième de la saison 4, actuellement rediffusée en complément de la saison 7, qui occupe la première partie de soirée.

   Cette série canadienne (dont j'ai déjà parlé l'an dernier) mêle intrigue policière, contexte historique et découvertes scientifiques de la fin du XIXe siècle. Ici, il est question du cadavre d'un ancien ministre canadien, remontant à l'époque de la Guerre de Sécession (chez le voisin états-unien). Les deux principaux inspecteurs de la maréchaussée de Toronto (l'ingénieux Murdoch et l'impétueux Brackenreid) sont sur le coup :


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   Précisons que William Murdoch (à gauche sur l'image) est un catholique fervent. Cela pourrait sous-entendre une origine québécoise. (Le site de la chaîne de télévision CBC dit qu'il est né dans l'est du Canada : vu son nom, ce pourrait être en Nouvelle-Écosse ou au Nouveau-Brunswick.) L'acteur qui l'incarne, Yannick Bisson, est lui-même québécois. Quoi qu'il en soit, dans la version originale, c'est en anglais que la leçon de vocabulaire est administrée. Il faut croire que l'abus de langage (à propos du mot "conséquent") sévit dans les deux langues... et d'ailleurs je pense que c'est plutôt un clin d’œil (parmi les nombreux dont fourmille la série) à notre époque et non pas à celle de la série.

   A la fin de l'épisode, l'inspecteur principal Brackenreid prouve qu'il a bien assimilé les explications de son savant subordonné :



   P.S.

   Pour la petite histoire, sachez que, parmi les William Murdoch ayant réellement existé, il en fut un qui vécut un peu avant notre héros, aux XVIIIe et XIXe siècles. Il travailla pour James Watt et se révéla un brillant inventeur.

Opération Casse-noisette

   Opération rattrapage pour moi, puisque ce film d'animation est sorti en France en août dernier. Le cinéma de Rodez a eu la bonne idée de le garder au programme jusqu'aux vacances scolaires. Dans la salle, le public allait de moins de 7 à plus de 77 ans !

   D'un point de vue graphique, c'est très réussi. Je trouve les personnages principaux très beaux, notamment les deux écureuils-vedettes (et encore, les reproductions suivantes ne rendent pas justice au travail des illustrateurs, plus impressionnant sur un grand écran) :

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   Même le rat muet, indécrottable compagnon du héros, a été soigneusement travaillé :

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   Certes, tout n'est pas haut de gamme dans ce film. J'ai entendu des spectateurs tenter de le comparer à Ratatouille ou L'Age de Glace. On n'atteint pas ce niveau, sans que ce soit déshonorant.

   C'est souvent drôle, sans être hilarant. L'histoire mêle le comique de situation aux dialogues remplis de jeux de mots, pas toujours perceptibles par les enfants. Notons que les scénaristes ont pris soin de laisser de la place aux personnages secondaires, parmi lesquels je distingue les deux marmottes mâles, dont les éructations comme les flatulences sont redoutables...

   Tendez bien l'oreille... et vous reconnaîtrez peut-être une voix familière, celle de l'écureuil fanfaron, souvent grandiloquente. C'est la même personne (Guillaume Orsat) qui double Nathan Fillion... oui, Richard Castle !

   Sur le fond, il y a une morale. Le début met en scène une tension entre la collectivité, gérée d'une main de fer par le gros raton-laveur, et l'égoïste Roublard. L'histoire a pour but de rapprocher les points de vue. Comme les auteurs ont sans doute lu La Ferme des animaux (de George Orwell), ils se méfient d'une organisation collective qui semble servir les desseins de quelques-uns. Quant à l'initiative individuelle, si elle est valorisée, elle doit aussi être utile au bien commun.

   Cela rend cette production américano-sud-coréenne compatible avec les valeurs confucianistes qui imprègnent encore fortement les sociétés d'Asie de l'Est. On ne s'étonnera donc pas qu'une figure emblématique du "pays du matin calme" apparaisse dans le générique de fin... (Et restez jusqu'au bout... on nous prépare une suite !)

 

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