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samedi, 01 mars 2014

Le cul entre deux chaises

   Telle est parfois la position du sénateur aveyronnais Stéphane Mazars (PRG), comme lorsque a été discutée la proposition de loi de son collègue saint-affricain (socialiste) Alain Fauconnier, visant à interdire la culture de maïs OGM en France. Ce jour-là, la motion d'irrecevabilité présentée par l'UMP (et annulant la proposition de loi) a été adoptée d'extrême justesse :

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   Première remarque : il y avait foule dans la Haute Assemblée (347 présents, c'est-à-dire tout le monde, l'un des sièges étant vacant me semble-t-il). Quand on analyse le détail du scrutin, on se rend compte qu'à gauche communistes, écologistes et socialistes ont unanimement rejeté la motion alors qu'à droite gaullistes et non inscrits (des divers droite) l'ont adoptée. Le vote a donc basculé en raison du vote des centristes de gauche et de droite, partagés sur le sujet.

   La gauche étant légèrement majoritaire au Sénat, c'est donc du côté du R.D.S.E. (composé de sénateurs des deux bords, ceux de gauche étant les plus nombreux) qu'il faut chercher les défaillances. La majorité des membres de ce groupe a rejeté la motion présentée par l'UMP (10 contre et 7 pour). Mais pas Jean-Pierre Chevènement, qui a joint sa voix à celles de la droite. Il a aussi manqué celle de Françoise Laborde, élue PRG de Haute-Garonne : elle s'est abstenue. Faut-il voir un lien avec la forte orientation céréalière de son département d'origine ?

   Quant à son collègue Stéphane Mazars, il n'a même pas pris part au vote. Pourtant, d'après le site nossenateurs.fr, il était présent ce jour-là (17 février 2014). Comme les radicaux de gauche n'ont pas adopté une attitude uniforme lors de ce scrutin, on peut en déduire que la non-participation est un choix de S. Mazars. Est-ce une attitude attentiste, se réservant pour le texte qui ne manquera pas de revenir de l'Assemblée nationale ? Est-ce de la prudence, au regard de sa terre d'élection ? Est-ce un réflexe de juriste, face à un texte qu'il a jugé peut-être mal ficelé ? On ne sait pas.

   Concernant le fondement juridique de la proposition de loi d'Alain Fauconnier, il y a débat. Contrairement aux élus UMP, le ministère de l'Ecologie estime qu'il y a des faits nouveaux qui peuvent justifier l'adoption d'un nouveau texte.

   Pour la petite histoire, la motion d'irrecevabilité (opposée au texte d'Alain Fauconnier) a été présentée par un sénateur normand, Jean Bizet, réputé très proche des défenseurs des OGM...

   N'oublions pas que les élections (municipales, européennes... puis sénatoriales) approchent à grands pas. Cela donne un coup de fouet à l'assiduité des élus, d'autant plus que, sur le sujet, une récente décision communautaire a provoqué un vif émoi, comme l'a rappelé Alain Fauconnier. Il n'est pas impossible non plus que les socialistes soient à la manoeuvre, coupant l'herbe sous le pied des écologistes et forçant l'UMP à apparaître comme pro-OGM à l'approche d'échéances cruciales...

   A suivre, donc.

jeudi, 27 février 2014

Un Eté à Osage County

   Au fin fond de l'Oklahoma, une matriarche frappée par le cancer profite de la disparition de son mari pour réunir les membres de la famille. Le repas de groupe, consécutif à des obsèques, constitue le coeur de ce film, au sein duquel se cache un secret de famille qui met du temps à se dévoiler.

   Mais cela commence de manière moins conventionnelle. On entend d'abord la voix du patriarche (incarné par Sam Shepard). On se demande ce qu'il peut bien vouloir dire en citant un écrivain... et puis, à la limite, on s'en fout, tant il est captivant. Ce n'est qu'à la fin de son monologue que l'on découvre à qui il s'adresse. Surgit ensuite son épouse, complètement à la masse (Meryl Streep, é-blou-i-ssante, comme on ne l'a jamais vue). Générique.

   L'histoire se poursuit avec l'arrivée progressive des membres de la famille. Mention spéciale à la soeur, Mattie Fae (Margo Martingale débordante d'énergie) :

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   Son mari est interprété par Chris Cooper, tout aussi excellent. Mais ce sont les personnages des filles qui vont attirer notre attention. L'aînée semble la plus forte. Elle est mariée à un gentil mou (végétarien de surcroît) et sa fille est une adolescente en pleine crise. Je vous présente Julia Roberts, pas très convaincante au début (en particulier quand elle s'adresse à sa progéniture, dans la voiture, juste avant d'arriver), mais de plus en plus marquante au fur et à mesure que l'intrigue progresse :

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   Comme elle est souvent filmée en gros plan, j'ai pu constater que sa lèvre supérieure hautement suspecte n'avait pas disparu. Ceci dit, dans la seconde partie du film, elle nous fait un sacré numéro, avec, à la fin du repas de famille, une prise de bec entre elle et sa mère, véritable moment d'anthologie. Plus prosaïquement, ceux qui ne connaissent l'actrice qu'à travers ses rôles fleur bleue seront surpris de l'entendre employer un langage très peu châtié... Je recommande tout particulièrement la petite causerie entre les trois soeurs, où il est question des surnoms donnés au sexe féminin. (Tout ceci est évidemment à savourer en version originale sous-titrée, fort heureusement disponible à Rodez.)

   La cadette est une gentille pétasse, incarnée avec conviction par Juliette Lewis. Elle rapplique en voiture de sport, escortée d'un gros blaireau qui m'a tout l'air d'un escroc... mais qui est prêt à l'épouser.

   La benjamine est la plus renfermée. Elle a les traits de Julianne Nicholson, une rouquine très douce que les amateurs de série policière ont découverte naguère dans New York, section criminelle (dans le rôle de Megan Wheeler) :

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   L'histoire est assez noire, triste sur le fond (la plupart des personnages ont en quelque sorte raté leur vie), émaillée d'éclairs d'humour sarcastique. Le film mérite le détour pour la performance des acteurs... et surtout des actrices. (Côté masculin, signalons aussi Benedict Cumberbatch -oui, Sherlock- dans un rôle à contre-emploi.)

   P.S.

   Une partie de la critique (notamment Le Monde) a été très dure envers ce film. Le fait qu'au cours du repas, l'époux et la fille de Barbara (tous deux végétariens invétérés) soient tournés en dérision n'est peut-être pas étranger à la répugnance éprouvée par certains commentateurs. Cela rappelle un peu l'éreintement dont Les Trois Frères, le retour, a été récemment victime. Le fait qu'un intermittent du spectacle y soit présenté comme un artiste raté avait peut-être incité certains critiques à tremper leur plume dans le vitriol...

19:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 26 février 2014

Ambiance du matin

   Les oiseaux de mon quartier se sont réveillés de meilleure humeur que moi, ce matin. Leurs vocalises faisaient concurrence au bruit des automobiles (qui ne roulaient pas à 50 km/h...), déjà perceptible... et à l'église du Sacré-Coeur, qui a eu l'obligeance d'indiquer l'heure :


lundi, 24 février 2014

Soulages, peinture criminelle ?

   Les téléspectateurs aveyronnais qui ont regardé TF1 jeudi dernier (20 février) ont eu une belle surprise lors de la diffusion de la seconde partie de l'épisode de la série R.I.S. intitulé Chute libre.

   L'un des enquêteurs de la police scientifique est en fuite, soupçonné d'avoir assassiné sa maîtresse, qui était fiancée à un entrepreneur en systèmes de sécurité, incarné par Christophe Malavoy. Celui-ci reçoit à son domicile le commandant du R.I.S., une ravissante femme très opiniâtre, Lucie Ballack (qui cherche à le confondre). Voici ce que l'on voit à l'écran lors de l'arrivée de  celle-ci :

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   L'entrepreneur incarne la haute société cultivée... et aussi le mâle sûr de lui, dominateur, prêt à tuer. Il n'est pas anodin qu'à côté des céramiques rares, de la sculpture massive et des meubles de prix figure une œuvre du maître de l'outrenoir... puisque son propriétaire est passé du côté obscur !

   P.S.

   Je sais que la période "brou de noix" (dont l'œuvre ici présente est caractéristique) est bien antérieure à celle de l'outrenoir... mais, bon, hein, faites pas chier !

samedi, 22 février 2014

La Grande Aventure Lego

   Petit garçon, j'étais plutôt Playmobil que LEGO. Mais bon, tout cela est loin... et je ne me sentais pas d'humeur à tenter l'expérience du film d'animation. Au vu des tout premiers extraits, je me demandais comment cela pouvait tenir la route. Il a fallu que je voie la bande-annonce (qui contient une brochette de gags) pour me décider.

   Très vite, on remarque que l'histoire suit des codes hollywoodiens : le héros (Emmet) est un gars ordinaire (ici un ouvrier du bâtiment) qui va se révéler extraordinaire. Il va s'enticher d'une bombasse (Cool-tag) qu'il va falloir conquérir. Il y a des méchants et des gentils bien identifiés... et la masse, qui a besoin d'un meneur.

   C'est aussi bourré de clins d'œil aux grands succès du cinéma : Le Seigneur des anneaux, Il était une fois dans l'Ouest, Star Wars (l'une des meilleures séquences), Batman, Matrix... C'est souvent parodique, à travers notamment les personnages de Batman (une grande gueule pas aussi balèze qu'elle le prétend) et Vitruvius le mage. (Je recommande tout particulièrement la scène du "code secret" pour entrer dans un univers mystérieux.)

   Visuellement, c'est foisonnant. C'est le résultat d'un gros travail, effectué image par image. Cela donne des architectures LEGO en construction, plus ou moins abracadabrantesques (je pense aussi aux différents modes de locomotion, construits au fur et à mesure qu'ils sont conçus). Les Transformers peuvent aller se rhabiller !

   On rit souvent... et sans vulgarité. Quand ils jurent, les personnages lâchent un gros "Crotte de bique !" ou "Mer... credi !", à la rigueur. Les parents comme les enfants apprécieront, à différents degrés. J'ai aussi adoré la séquence qui se déroule dans le cerveau du héros... ainsi que l'un des fils rouges de l'histoire : le "canapé à impériale", pour regarder la télé entre potes !

   Les spectateurs les plus âgés seront capables de décrypter un message contenu dans l'intrigue : la dénonciation d'un tyran économique, qui s'appuie sur une télévision abrutissante. Pour le tout venant, le film défend des valeurs philanthropiques (tout le monde peut s'amender) et familiales (le père et le fils peuvent jouer ensemble)... parce qu'il y a une petite surprise, introduite dans le dernier tiers de l'histoire. Elle constitue une nette rupture de ton, dans le rythme comme au niveau visuel. A ce moment-là, l'émotion prend le pas sur l'humour, avant que l'intrigue ne reprenne son cours.

   Par contre, je ne suis pas emballé par la musique, assez clinquante, à commencer par le "tube" du film : Tout est super génial, adaptation du Everything is awesome original. Au début, on en perçoit la portée parodique, mais, par la suite, il semble que les réalisateurs y croient un peu trop...

   P.S.

   En 2013, LEGO est devenu le deuxième fabricant mondial de jouets.

   Le succès des fameuses briques dépend d'un mode production dont les secrets sont jalousement gardés.

   La rivalité avec Playmobil semble avoir plutôt tourné à l'avantage des Danois que des Allemands.

15:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 21 février 2014

Les Trois Frères, le retour

   Au départ, je n'avais pas du tout l'intention d'aller voir ce film. Je suis fan du premier (ainsi que du Téléphone sonne toujours deux fois)... et j'avais peur de me retrouver devant un navet pondu pour palper facilement la thune des nostalgiques et autres gogos des salles obscures. Et puis... le bouche-à-oreille n'étant pas mauvais, un soir, après le boulot, un peu énervé par ma journée, j'ai tenté le coup.

   Le scénario nous prend par la main. On commence par nous re-présenter les trois lascars en situation. Pascal (Légitimus) est -en apparence- le winner de la bande, riche, distingué... et l'objet de la libido débordante d'une mystérieuse "Moss". Bernard (Campan) végète en tant qu'intermittent du spectacle, son seul titre de gloire consistant en une publicité canine... tandis que Didier (Bourdon) s'est encore investi dans une relation par pur intérêt pécuniaire... et mène une double-vie. L'ensemble est plaisant.

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   Cela devient franchement drôle quand, suite à leur rencontre chez le notaire, les lascars décident (pour une raison que je vous laisse découvrir) de vider leurs comptes en banque respectifs. Cela nous vaut trois scènes croquignolesques. Chacun a rendez-vous avec son conseiller financier. On y découvre un contexte familier, fait de bureaux impersonnels et d'affiches aux slogans trompeurs. C'est à ce moment qu'il faut être attentif, car, lorsque la caméra pivote légèrement, elle place une partie de chaque affiche derrière le corps de l'interlocuteur de chacun des héros, ne dévoilant qu'un texte tronqué, lourd de sous-entendus : "ici on vous nique", "on vous la met profond"...

   Évidemment, les retrouvailles des frères débouchent sur une série de catastrophes... et c'est un trio de losers qui se retrouve entassé dans une caravane de tournage... avec une petite surprise à la clé : la fille cachée de l'un d'entre eux, qui débarque à l'improviste ! Dans le rôle de la Beurette tchatcheuse, Sofia Lesaffre est au poil.

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   Ceci dit, de temps à autre, cela manque de souffle. Les dialogues, bien écrits, sauvent certaines situations. J'ai bien aimé entendre les héros se chambrer à tour de bras. Le reste de la salle riait aussi de bon cœur.

   D'autres séquences m'ont marqué. Il y a le moment où le trio est obligé de changer de caravane... pour se retrouver dans celle de l'héroïne de Joséphine, ange gardien. Pas subtil, mais efficace !

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   L'action part en vrille lorsque les héros prennent des substances hallucinogènes sans s'en rendre compte. Là encore, c'est un décalque de l'une des séquences du précédent film. D'autres clins d’œil émaillent l'intrigue, comme à l'hôpital, où l'une des infirmières s'appelle "Marie Thérèse"... J'ai aussi en mémoire le passage à la télévision. (Aujourd'hui, la télé-réalité a remplacé Le Millionnaire.) Plus tard, on revoit Bernard Campan et Didier Bourdon en couple, sauf que là c'est pour faciliter le mariage du fiston, déjà présent dans le précédent épisode... et qui a beaucoup grandi. Évidemment, rien ne se passe comme prévu, lors du dîner chez la future belle-famille, avec un Daniel Russo réjouissant de beauferie.

   Bref, ce n'est pas la comédie du siècle, mais, avec un peu d'indulgence, elle fait passer une bonne soirée.

00:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 19 février 2014

Ida

   Pologne, années 1960. Ida, jeune novice, est sur le point de prononcer ses voeux dans un couvent perdu au fin fond de la campagne. La mère supérieure la contraint à prendre contact avec sa dernière parente encore en vie, la soeur de sa mère, une magistrate communiste dont le mode de vie n'est pas à proprement parler un modèle de vertu catholique.

   Et puis, surtout... ces femmes sont juives. Un mystère plane donc sur ce qui est advenu aux parents d'Ida. On comprend vite qu'il s'est passé des choses tristes une vingtaine d'années auparavant... mais quoi exactement ? Voilà pour la partie enquête.

   Au quotidien, c'est la cohabitation entre les deux femmes qui constitue le coeur de l'action. Ida la pure ne quitte pas son vêtement de novice, même quand elle prend le risque inouï, un soir, d'aller écouter les joueurs de jazz... et de discuter avec le si séduisant saxophoniste. Wanda vit seule... et parfois accompagnée, jamais de la même personne. Elle fume comme un pompier, picole sec, écoute du classique à fond la caisse et tente d'oublier son mal de vivre dans le moindre bar ouvert le soir. Au boulot, c'est une procureure impitoyable. (Son personnage est inspiré d'une Polonaise qui a réellement existé : Helena Wolinska-Brus.)

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   Le style est épuré. C'est un peu comme si Robert Bresson avait rencontré Claude Lanzmann. Le noir et blanc est superbe, avec des cadrages soignés. En général, l'organisation est géométrique : la caméra est disposée de manière à ce que les objets signifiants et les acteurs forment des compositions. Cela se voit à peine, parce que c'est très bien joué et que la réalisation est fluide. J'ai été particulièrement sensible au jeu de l'actrice principale, Agata Trzebuchowska :

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   Cela réclame tout de même de l'attention. Cette heure vingt est tendue, sur le fil de rasoir. Il y a évidemment l'incertitude quant à la manière dont les parents (et le reste de la famille) ont été tués vingt ans auparavant. Il y a aussi le questionnement de la jeune femme, qui commence à douter. Le film se conclut d'une manière somme toute cohérente, qui fait écho à ce qu'a dit l'un des personnages au début de l'histoire.

21:34 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 18 février 2014

Broadchurch

   France2 vient de commencer la diffusion d'une mini-série britannique, Broadchurch. Dans cette petite ville littorale de l'Angleterre, un crime horrible est commis : l'un des enfants du couple Latimer est retrouvé mort, sur une plage.

   Le début du premier épisode nous présente une famille modèle, dont la suite de l'histoire va nous faire découvrir les failles cachées.

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   Ce matin-là, quand le père (plombier) part au boulot, il croise pratiquement tous les personnages principaux des épisodes à venir :

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   On nous présente assez vite les deux enquêteurs qui vont devoir coopérer pour démêler les fils de l'intrigue. A ma gauche, voici le lieutenant Ellie Miller, la régionale de l'étape, impulsive, émotive, mais très bien insérée dans la "communauté" :

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   A ma droite, voilà le nouveau capitaine, Alec Hardy (au costume presque aussi approximatif que la barbe), taraudé par un précédent échec professionnel, mais qui semble avoir la quête de vérité chevillée au corps :

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   L'histoire dénonce certains travers de la presse, qu'elle soit locale ou nationale... et suggère qu'il faudrait creuser du côté du fils de l'enquêtrice, le meilleur ami de la victime... et un garçon très cachottier.

   Le deuxième épisode voit l'action se concentrer sur la maison de la famille Latimer. Quelques secrets commencent à être révélés. Dans le même temps, on attire notre attention sur un mystérieux bungalow, le vendeur de journaux qui employait le gamin décédé et enfin le postier. Sont-ce de fausses pistes ?

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   L'ésotérique et le cocasse font irruption dans l'intrigue, avec un drôle d'installateur téléphonique, qui dit avoir des pouvoirs paranormaux... et qui est appelé à jouer un rôle grandissant :

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   Cependant, c'est la mère que l'on voit le plus souvent à l'écran. Filmée sous tous les angles, elle exprime une grande souffrance. Je trouve que l'actrice en fait un peu trop (depuis le premier épisode d'ailleurs).

   L'action gagne en intensité dans le troisième épisode, qui démarre sur la mise en cause du père du gamin décédé. On devine assez facilement de quoi il retourne. Les apparences sont-elles trompeuses ? En tout cas, il est un autre personnage qui paraît au moins aussi louche : la gérante du camping, qui semble ne rien vouloir faire pour faciliter la tâche des enquêteurs... et qui a sans doute elle aussi quelque chose à cacher :

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   Le fils de la policière Ellie est enfin interrogé par le capitaine, en présence de son père. Dans un premier temps, il donne le change face à ces deux adultes. Mais, quand la mère visionne l'enregistrement de l'interrogatoire, elle ne peut visiblement empêcher le doute de l'assaillir :

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   Les relations entre les deux enquêteurs peinent à s'améliorer. On sent que chacun fait quelques efforts en direction de l'autre, mais leurs univers restent par trop différents. L'épisode s'achève sur l'incendie d'une construction qui a pu jouer un rôle dans le drame qui bouleverse la petite ville côtière. A suivre...

dimanche, 16 février 2014

Philomena

   "Encore un film inspiré d'une histoire vraie !" vont déplorer certains. En réalité, le scénario est construit à partir de deux histoires, celle de l'Irlandaise Philomena Lee, fille-mère dans les années 1950, et celle du journaliste Martin Sixmith, qui va l'aider à retrouver son fils. Le tout est mis en scène par Stephen Frears, que l'on a plaisir à retrouver en pleine forme.

   Le grand intérêt du film est la confrontation de deux tempéraments qu'au départ on pense diamétralement opposés. Judi Dench (oscarisable) incarne à la perfection la vieille dame très digne, ancienne infirmière, catholique pratiquante (malgré tout ce qu'elle a vécu), amatrice de romans à l'eau de rose... et à cheval sur les principes.

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   Steeve Cogan interprète un journaliste anglais libre-penseur, issu de la gauche caviar (Tony Blair est au pouvoir, à l'époque) et habitué à un certain train de vie. Malheureusement pour lui, il est en pleine disgrâce. Écrire l'histoire de cette vieille dame n'est au départ qu'un moyen de continuer à exister, professionnellement parlant.

   La tension entre les deux personnages principaux naît du fossé socio-culturel qui les sépare mais surtout de leur attitude face à la religion. Philomena ne veut en aucun cas nuire au couvent où elle a pourtant tant souffert... et où un vent de modération (voire de modernité) semble avoir soufflé. Elle soupçonne par contre le journaliste de vouloir écrire un brûlot anticatholique et de ne la voir que comme un instrument.

   Petit à petit, les points de vue se rapprochent et la relation prend de l'épaisseur. Chacune des scènes de dialogues (à écouter en version originale sous-titrée) est un petit bijou d'humour ou d'émotion.

   A ce relationnel s'ajoutent les péripéties de l'enquête. Elle va mener nos héros aux États-Unis, où ils vont aller de découverte en découverte sur la vie d'Anthony (rebaptisé Michael par ses parents adoptifs). La catholique timide et conservatrice se révèle plus audacieuse et ouverte d'esprit que le journaliste ne l'avait pensé... et lui-même réalise qu'il a un lien avec cette histoire !

   A noter aussi la beauté et la force des retours en arrière, qui nous projettent dans l'Irlande des années 1950. Sophie Kennedy Clark, qui incarne Philomena jeune, est excellente.

   Dans la dernière partie du film, un ultime coup de théâtre ramène tout le monde en Irlande, pour une fin que je me garderai bien de révéler.

14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 15 février 2014

Jack et la mécanique du coeur

   Cette animation est née de l'imagination de Mathias Malzieu, l'âme du groupe Dionysos. On est d'ailleurs cueilli dès le début par... une chanson. C'est un clip vidéo, qui mêle scènes du film et vues du groupe de musiciens. C'est assez surprenant... et limite narcissique.

   L'histoire démarre ensuite... et il faut reconnaître que c'est un plaisir des yeux. L'animation est magnifique. On sent les influences de Tim Burton (celui d'Edward aux mains d'argent et des Noces funèbres), de Jean-Pierre Jeunet (celui de La Cité des enfants perdus et de L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet) et même du Hugo Cabret de Scorsese. Parfois, on nous offre une variation, par exemple celle qui ressemble à des pliages de papier. Il faut souligner la qualité du travail de la graphiste, Nicoletta Ceccoli.

   Par contre, l'histoire est plutôt triste, à réserver à des enfants assez grands. On retrouve un peu l'ambiance des romans de Charles Dickens, voire de Victor Hugo. Mais le macabre n'est ni joyeux ni porteur d'espoir, il est mélancolique. On m'a dit qu'à travers le film, Malzieu chercherait peut-être à faire le deuil de son histoire avec Olivia Ruiz (qui prête sa voix à l'héroïne Miss Acacia). Bof...

   Signalons la qualité des voix assurant les seconds rôles : Rossy de Palma, Dani, Jean Rochefort et Grand Corps Malade. Du côté de la bande son, je n'ai pas grand chose à dire. C'est meilleur que dans un Disney, mais je ne suis pas particulièrement emballé par les chansons. Disons que c'est supportable. Le film est à voir pour la beauté des images et l'inventivité de certaines scènes.

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mercredi, 12 février 2014

L'Union européenne contre la démocratie ?

   L'information révélée dès hier par les médias a de quoi inquiéter sur le fonctionnement de l'Union européenne : une mesure (la culture d'un nouveau maïs OGM) pourrait être autorisée alors que la grande majorité des pays membres s'y opposent. Comment est-ce possible ?

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(Centre Presse, 12 février 2014)

   Il faut d'abord comprendre la procédure de vote au sein du Conseil de l'Union européenne qui, en fonction du sujet abordé, réunit les 28 ministres du domaine concerné. Les décisions courantes sont prises à la majorité qualifiée. Tous les ministres n'ont pas le même poids, qui dépend du nombre d'habitants du pays qu'ils représentent.

   Ainsi, les ministres allemand, français, britannique et italien, qui représentent chacun entre 60 et 81 millions d'habitants, disposent de 29 votes. A l'opposé, le ministre maltais, qui représente moins de 500 000 habitants, ne dispose que de 3 votes. Vous noterez toutefois qu'on a "limé" les écarts, pour ne pas trop avantager les représentants des pays les plus peuplés : la France a beau être 120 fois plus peuplée que Malte, son ministre dispose d'un pouvoir de vote qui n'est même pas dix fois plus important que celui de son homologue maltais. En gros, les six pays les plus peuplés sont un peu désavantagés, alors que les 22 autres bénéficient d'un pouvoir de vote un peu (voire beaucoup) plus important que ce qu'il serait si l'on suivait la stricte logique démographique.

   Mardi, pour faire passer le refus du nouveau maïs OGM, il aurait fallu réunir 260 voix (la majorité qualifiée) sur les 352 que compte le Conseil. Regardons cela en détail :

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   En jaune sont mis en valeur les pays dont les ministres ont voté contre l'autorisation du maïs OGM. Ils sont 19 au total (sur 28 membres de l'Union européenne), totalisant 210 votes. Il en a donc manqué 50.

   En face, en bleu, se trouvent les pays dont les ministres ont voté pour l'autorisation du maïs OGM. Ils ne sont que 5, totalisant seulement 77 votes (presque trois fois moins que leurs adversaires). C'est pourtant leur position qui risque de s'appliquer. Notons que ces pays sont tous dirigés par des coalition de droite ou de centre-droit... et, que, l'Espagne mise à part, ils ne promeuvent pas la culture des OGM sur leur propre sol. En clair : ils ont voté pour que les OGM puissent être cultivés... dans les autres pays de l'Union européenne ! Bel exemple de solidarité !

   Cependant, quelle que soit l'hypocrisie de ces dirigeants, ils n'ont pas pesé bien lourd dans ce vote. Ce sont les abstentionnistes qui l'ont fait basculer. Dans le tableau, je les ai laissés sur fond blanc. Ces quatre pays (dont deux fondateurs de la C.E.E. en 1957) cumulent 65 votes. Leur apport au groupe majoritaire aurait permis de rejeter l'autorisation du maïs OGM.

   Signalons que (d'après un article du Monde) dans deux d'entre eux est déjà cultivé un autre maïs OGM (celui de Monsanto). Il s'agit du Portugal et de la République tchèque, entourés en noir sur la carte ci-dessous :

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   Alors, quelle va être la suite ? La Commission européenne pourrait décider d'autoriser la culture du nouveau maïs OGM, mais elle doit aussi tenir compte du fait que le Parlement européen a voté un avis (non contraignant) s'y opposant... et que les élections européennes approchent. Elles auront lieu en mai et leur résultat influera sur la composition de la nouvelle Commission européenne, qui devrait être désignée en octobre 2014...

samedi, 08 février 2014

Minuscule

   Sous-titré "La vallée des fourmis perdues", ce film d'animation est l'adaptation d'une mini-série que je ne connaissais pas. Les décors y sont bien réels (sauf exception), puisque les prises de vue ont été tournées dans deux parcs naturels nationaux : les Ecrins et le Mercantour. Ont été surimposées les évolutions des personnages de synthèse, les insectes (et quelques autres).

   D'abord, contrairement à ce qu'indique le titre, ce ne sont pas les fourmis les héroïnes, mais la jeune coccinelle, qui va devenir grande, découvrir le monde, apprendre à se défendre... et se faire des amis. Si le scénario est limpide, il ménage suffisamment de rebondissements pour garder en éveil les adultes, pendant que les enfants suivent ça avec délectation.

   C'est l'une des réussites de ce film : les deux niveaux de lecture. Les bambins s'intéressent à l'histoire basique, émaillée de gags et d'émotion. Les adultes tendent l'oreille pour capter les allusions, principalement sonores : les personnages ne parlent pas, mais les bruits qu'ils font sont porteurs de sens... et parfois d'odeur !



   Tout part d'un pique-nique champêtre, qu'un couple d'humains abandonne subitement en raison des contractions que subit la femme, enceinte. Les restes de leur repas vont faire le délice d'une foultitude d'animaux, notamment la coccinelle et les fourmis. Le monde en apparence paisible de cette vallée va se révéler être digne des jungles urbaines contemporaines.

   Les personnages principaux sont bien campés. Il y a la jeune coccinelle (sans doute mâle), plutôt impulsive voire imprudente. Il y a les fourmis noires, de prime abord organisées militairement, mais un peu branquignoles au fond... alors que les fourmis rouges symbolisent le mal. La réalisation les présente comme un groupe fasciste. N'oublions pas non plus les mouches moqueuses, une vraie bande de délinquants. Plus étonnante est l'araignée des bas-fonds, qui va adopter un comportement quasi maternel à l'égard d'un intrus.

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   Les scènes d'action renvoient à de "vrais" films. Acrobatique est l'épisode aquatique, qui voit une canette de boisson (pas tout à fait vide) poursuivre une boîte à sucre... et la coccinelle échapper à un gros poisson. Epique est l'attaque de la fourmilière noire par les Rouges (avec un petit côté Kingdom of Heaven). Libératrice est la seconde séquence où le héros affronte les mouches... intervention d'une 2CV à la clé !

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   L'humour est renforcé par l'un des choix graphiques : attribuer d'assez gros yeux aux personnages. Il n'en sont que plus expressifs. Le tout est soulignée par une musique qui rappelle celle des films hollywoodiens. Très bon choix !

   Bref, aux petits comme aux grands, Minuscule procure un plaisir majuscule !

   P.S.

   Le site internet dédié est sympa.

11:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 07 février 2014

Jacky au royaume des filles

   Cette comédie repose sur le principe du renversement de situation. Dans ce royaume, les femmes dominent, portent des tenues militaires ou de motard, alors que les hommes sont sous leur domination et contraints de porter un tchador.

   L'effet comique des premières scènes montrant ces hommes sous cloche est incontestable, d'autant plus que le côté infantilisant de cette domination est mis en valeur par le comportement des garçons. J'ai bien ri à les voir gambader dans les rues du quartier.

   On est aussi rapidement cueilli par une scène "choc"... tournée à la force du poignet ! C'est drôle, mais inabouti : à la fin, on devrait voir une ou plusieurs taches, ce qui n'est pas le cas ! Ce manque de réalisme est l'image du reste du film qui, s'il joue sur la gaudriole, n'ose pas aller au bout de sa démarche.

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   On peut y percevoir une kyrielle d'influences, de Cendrillon à Made in Groland, en passant par Les Misérables et Soleil vert. On n'a pas franchement tranché entre la satire et la fable moralisante. C'est un peu trop "gentil" à mon goût... et l'interprète principal (Vincent Lacoste) est trop fade. C'est particulièrement visible quand il se retrouve face à de grosses pointures, comme Charlotte Gainsbourg (excellente, bien que pas toujours bien servie par les dialogues) et surtout le couple formé par Noémie Lvovsky et Didier Bourdon, une révélation dans ce rôle de matrone, auquel le tchador sied particulièrement. (A signaler aussi quelques caméos plaisants, l'un avec Emmanuelle Devos, l'autre avec Valéria Golino.)

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   On a toutefois veillé à ce qu'aucune allusion ne soit faite à la religion musulmane. C'est à ce genre de détail qu'on réalise qu'il s'agit d'une satire de gôche. Néanmoins, je dois reconnaître que les scènes qui font évoluer les hommes en groupe sont particulièrement réussies. Il y a celle, quasi onirique, qui montre la réunion des prétendants, intégralement vêtus de blanc... et fiers de leur laisse, qu'ils espèrent voir choisie par l'héritière du trône.

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   Il y a aussi la manifestation devant le palais, bien tournée, où l'on retrouve l'un des personnages les plus équivoques de l'histoire : un parent du héros, qui monnayait auparavant ses charmes à ses nombreuses "cousines"... et qui fait partie de la Résistance. On sent que Michel Hazanavicius a pris plaisir à incarner ce rebelle au slip bien rembourré.

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   D'autres scènes, qui s'apparentent à des sketchs, sont bien vues, comme celles tournées dans l'épicerie. La première voit la fille de la propriétaire mater les jambes du héros quand il soulève son tchador pour extraire des billets de ses grandes chaussettes ! La seconde est plus sexuelle...

   Cela aurait pu devenir la comédie satirique de ce début d'année, mais l'ensemble est mal fagoté. On a visiblement eu du mal à relier le tout et à faire durer l'histoire. Je n'ai pas non plus apprécié la novlangue utilisée dans ce royaume. De plus, si la musique (jouée à la guitare) est bonne, elle manque cruellement à certaines scènes, qui tombent à plat.

   Si vous avez du temps à perdre et un peu d'indulgence, vous pouvez tenter l'aventure, pour la dizaine de bons moments que ce film contient.

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dimanche, 02 février 2014

Réexister

   Le cinéma decazevillois La Strada a eu l'exclusivité de la diffusion de ce film tourné en 3D, mi-documentaire mi-fiction. Il raconte la (re)découverte du Nord de l'Aveyron par le petit-fils d'un Decazevillois, devenu entrepreneur dans le BTP du côté de Lyon. On nous le montre tirant le diable par la queue et, la quarantaine venue, se posant des questions sur sa vie. Il décide de se lancer sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

   Habitant Lyon, il est logique qu'il emprunte la via podiensis, partant du Puy-en-Velay et passant par l'Aubrac et Conques. On n'assiste pas à la première partie de son cheminement, qui le mène jusqu'aux portes de l'Aveyron. On le suit de l'arrivée au village d'Aubrac jusqu'à Conques. Le parcours est prolongé jusqu'à Figeac puis Cahors.

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   Dès le départ, les images sont saisissantes. La 3D se révèle un excellent choix pour filmer des scènes urbaines, à Lyon. On voit différents éléments architecturaux se détacher... et la scène qui se déroule en voiture, avec passage dans un tunnel, est bluffante.

   Le passage sur l'Aubrac est évidemment magnifique. Les paysages sont splendides et l'on remarque l'attachement du réalisateur, Jérôme Gardes, à filmer les animaux, que ce soient les vaches, les grenouilles ou les insectes.

   L'intérêt retombe un peu lorsque sont insérées des scènes de dialogues, plus ou moins réussies. Cela manque un peu de naturel, aussi bien à Conques que lorsque le héros rejoint des membres de sa famille du côté de Decazeville.

   C'est toutefois le moment où le film prend une autre dimension. A la contemplation paysagère et à la méditation philosophique succède un tableau du "pays noir", qui rend hommage au passé ouvrier et surtout mineur de la région. Des mini-fictions évoquent l'épopée du charbon et les principales luttes des prolétaires locaux. Ont été reconstituées la fusillade d'Aubin (1869) et la défenestration de Watrin, dans le cadre de la grève de 1886.

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   Le titre se comprend au regard des deux thématiques développées dans le film. Dans un monde de moins en moins compréhensible, l'attachement au terroir et la fidélité aux luttes sociales donnent du sens à l'existence. Un propos généreux, servi par de belles images (et une musique bien choisie), mais qui aurait mérité de s'appuyer sur une interprétation plus convaincante.

   P.S.

   Trois séances sont encore programmées : lundi 3 février, à 15h et 20h30 ; mardi 4 février, à 18h30.

samedi, 01 février 2014

Dette ou pas dette, telle est la question

   La présentation des voeux et l'approche des élections municipales sont source de propos parfois agressifs des uns et des autres quant à la gestion des collectivités territoriales aveyronnaises. A Rodez, c'est le bilan de l'équipe Teyssèdre qui est en question. Mais la tenue des comptes du Conseil général fait aussi l'objet de l'attention publique. Après tout, les élections départementales ne sont pas si éloignées que cela (mars 2015)... et certains observateurs pensent que la majorité qui gère le Conseil général est actuellement - discrètement - à la manoeuvre (de conserve avec le député Yves Censi) pour faire basculer le Grand Rodez du "bon" côté. La constitution de listes d'opposition aux équipes sortantes, à Olemps et Sébazac-Concourès, n'est sans doute pas le fruit du hasard.

   Intéressons-nous donc aux comptes des collectivités. La loi impose leur publicité et, vu l'enjeu qu'ils représentent (de surcroît dans un pays très endetté), des analyses comparatives ont été pratiquées. Que dit la droite ? Que le département de l'Aveyron est géré en "bon père de famille" et que l'équipe Teyssèdre conduit Rodez à sa ruine. Que dit la gauche ? Que Jean-Claude Luche n'a pris la mesure de la crise et que Rodez est un modèle de gestion rigoureuse.

   Commençons par la commune de Rodez. La droite pointe son fort endettement (852 euros par habitant fin 2012, selon le site decomptes-publics.fr), bien plus important que celui du département (725 euros par habitant fin 2013, d'après ce que l'on peut lire dans La Dépêche du Midi). Cependant, ne faudrait-il pas plutôt comparer chaque collectivité avec celles de sa catégorie ? Ainsi, les communes de la strate de Rodez sont bien plus endettées (1 066 euros par habitant). A l'inverse, le département de l'Aveyron est plus endetté que ceux de sa catégorie : 639 euros par habitants contre 529, en 2011, toujours d'après decomptes-publics.fr.

   On pourrait aussi s'amuser à mettre en regard les statistiques des autres départements midi-pyrénéens. Dans trois d'entre eux (le Gers, le Tarn et le Tarn-et-Garonne), la dette par habitant est plus élevée que dans l'Aveyron (avec respectivement 703, 776 et 826 euros par habitant en 2011). Dans les quatre autres (Ariège, Haute-Garonne, Lot et Hautes-Pyrénées), elle est plus basse (98, 572, 599 et 458 euros par habitant). En croisant les critères "dette", "investissements", "fonctionnement" et "impôts locaux", on arrive à un classement, où l'Aveyron se situe dans la catégorie moyenne, moyenne basse même. Il n'y a donc ni motif de glorification, ni raison de dénigrer excessivement la gestion départementale.

   Il y a bien un point qui rapproche la commune de Rodez du Conseil général : l'évolution de l'endettement. A Rodez, celui-ci a augmenté de 14 % en trois ans... mais de près de 34 % pour le département de l'Aveyron ! Et comme, entre 2011 et 2013, on est passé de 639 à 725 euros par habitant, une nouvelle hausse de 13 % s'est ajoutée aux précédentes, dans l'Aveyron. Dans les deux cas, je pense que cela peut s'expliquer (au moins en partie) par la volonté de ne pas augmenter brutalement les impôts locaux (déjà plus élevés que la moyenne de la strate, pour les deux collectivités). Du coup, on emprunte. A terme, il va falloir rembourser le capital avec les intérêts (ce qui alourdit la note), mais la facture est étalée dans le temps... ce qui est bien pratique quand vient le temps des élections.

   La situation de l'Aveyron n'est donc pas si bonne que cela, sa solvabilité n'étant notée que 2 sur 10. Pour améliorer celle-ci, il faudrait augmenter les ressources du Conseil général. Rendez-vous après les élections de 2015 pour la hausse des impôts... et peut-être une petite saignée dans les effectifs de la fonction publique territoriale.

   Même motif même punition en perspective pour Villefranche-de-Rouergue. Le maire sortant Serge Roques ne cesse de clamer sa fierté d'avoir maintenu une pression fiscale faible (ce dont l'hebdomadaire Le Villefranchois se réjouit dans le numéro de cette semaine). A y regarder de plus près, c'est juste concernant la taxe d'habitation (plus faible de cinq points que dans les communes comparables), mais le foncier bâti est presque autant imposé qu'ailleurs... et le foncier non bâti beaucoup plus. De surcroît, Villefranche est assez fortement endettée (plus de 1 000 euros par habitant) et l'augmentation de la dette y est plus rapide que dans les communes de la même strate. Etant donné que les charges en personnel y sont déjà bien plus basses que la moyenne, il est évident qu'après les municipales, les Villefranchois vont se faire administrer une petite ponction fiscale.

   Mais revenons à l'Aveyron. Le département a un profil atypique. Sa population y est plus âgée que la moyenne : en 2010, les 65 ans et plus représentaient 24 % du total, contre 18 % au plan national. L'INSEE fournit des chiffres aussi pour les 60 ans et plus, qui représentent 32 % de la population aveyronnaise... mais seulement 25 % de la population française. Cela permet de comprendre pourquoi l'Aveyron était (en 2012) le troisième département pour les aides versées aux personnes âgées. C'est une dépense fixe considérable (171 euros par habitant par an, contre 62 euros pour Paris, par exemple), qui n'est pas amenée à baisser dans un avenir proche (sauf si de nombreux actifs viennent s'installer dans l'Aveyron).

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   Par contre, selon la même source, le département dépense peu pour le RSA : 56 euros par habitant, contre 236 en Seine-Saint-Denis (et plus de 600 à la Réunion). C'est évidemment dû au taux de chômage relativement bas, comparé à ceux des autres départements. (Au passage, on appréciera la discrétion des statisticiens, qui ont négligé de faire figurer dans le tableau les taux des DOM, supérieurs à 20 %.) On comprend l'angoisse des membres de la majorité de Jean-Claude Luche, quand on ils constaté l'augmentation de ce taux. (Il a atteint 8,1 % fin 2013.) Si cette tendance se maintient, les finances départementales seront gravement menacées.

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   Dans cette perspective, on peut comprendre la politique menée par Jean-Claude Luche : investissement et compétitivité sont deux clés pour favoriser la création d'emplois. (Ah, si la RN 88...) Il estime que chaque euro dépensé concourt à faire baisser le chômage (ou à en limiter la hausse)... et que cela coûte moins cher que de verser le RSA. Quant au développement de l'attractivité du département, il est nécessaire pour en faire augmenter le nombre d'actifs, sur lesquels repose notre système fiscal.

vendredi, 31 janvier 2014

Le Vent se lève

   Pour le public cinéphile français, ce titre évoque un film de Ken Loach consacré à la guerre d'indépendance irlandaise. C'était une traduction approximative du titre d'origine. Ici, le Japonais Miyazaki fait explicitement référence à la fin d'un poème de Paul Valéry.

   De manière générale, l'ambiance culturelle de l'histoire est assez cosmopolite, puisque le héros japonais (qui va mettre au point le chasseur Zéro de sinistre mémoire en Asie du Sud-Est et en Océanie) admire un inventeur italien, alors que les industriels japonais de l'Entre-deux-guerres cherchent à imiter les succès allemands. Cela nous vaut plusieurs séquences en Allemagne, avant et après la prise de pouvoir par Hitler. Sans que ce soit trop explicite, on sent tout de même que le héros est inquiet de la montée de l'intolérance et de la violence.

   C'est le paradoxe de cette histoire : un jeune ingénieur talentueux et pacifiste va contribuer à faire de l'armée japonaise (ici la marine) l'une des plus efficaces machines de guerre de l'époque.

   A cette trame se superposent deux fils conducteurs : la passion pour la technologie et l'amour naissant entre le héros et la fragile Naoko. A l'image d'autres auteurs de mangas japonais, Miyazaki tient en très haute estime les concepteurs et les inventeurs. Dans ce film, le héros est présenté comme un artiste dans son genre. Le dessin est au service de ce projet. On retrouve la "patte" Miyazaki dans la fluidité des mouvements et le souci du détail. La virtuosité est plus rare. Elle est perceptible dans la mise en scène du travail de l'ingénieur, en particulier lorsqu'on nous le montre en train de dessiner. Je n'avais jamais vu auparavant une animation capable de rendre aussi bien compte des mouvements du bras et de la main.

   Par contre, l'histoire d'amour m'a beaucoup moins accroché. Elle est trop mélancolique à mon goût. On sent un peu trop souvent le poids de la fatalité. Cela n'empêche pas certaines scènes d'être enjouées, mais cette apologie des petits riens du quotidien amoureux manque de relief. (J'en profite pour préciser que ce n'est absolument pas un film pour les petits. Dans la salle où je l'ai vu, des parents inconscients - ou égoïstes - avaient emmené des marmots de 5-6 ans... qui ont vite décroché. Ceux âgés d'une dizaine d'années sont restés attentifs.)

   Pour moi, ce n'est pas le meilleur Miyazaki. Il lui manque le souffle de Nausicaä, de Princesse Mononoké, du Voyage de Chihiro, qui sont d'authentiques chefs-d’œuvre. Mais cela se laisse regarder sans déplaisir.

   P.S.

   Je pense que Miyazaki est conscient d'avoir réalisé un film qui n'est pas à la hauteur de ses plus grandes réussites. Il le dit même indirectement dans Le Vent se lève, par l'intermédiaire de Gianni Caproni (l'ingénieur italien). Le mentor du héros affirme à celui-ci qu'il faut pleinement tirer profit de sa période la plus créative, censée durer dix ans. Je pense qu'à travers l'ingénieur, Miyazaki parle de lui en tant qu'auteur de films d'animation. (Ce serait la période 1992-2001, qui a vu la création de Porco Rosso, Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro... On pourrait prolonger jusqu'à 2004 et la sortie du Château ambulant.)

19:10 Publié dans Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

jeudi, 30 janvier 2014

Réserve parlementaire (suite)

   A deux reprises, déjà, grâce à des articles du Monde, j'ai pu analyser l'utilisation communale de la réserve parlementaire des élus aveyronnais, en 2011 et en 2012. Cette fois-ci, l'information est parue dans Centre Presse, qui a signalé la publication, par l'Assemblée nationale, des données concernant l'usage de ces sommes par les députés. Voici la localisation des bénéficiaires des largesses des trois députés aveyronnais l'an passé :

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   La première remarque qui s'impose est que chaque élu a distribué la manne exclusivement dans les communes de sa circonscription législative.

   Concernant Yves Censi (auquel a été associé un bleu mat), l'année 2013 a marqué une nette évolution. Certes, le Nord Aveyron et la région de Bozouls-Espalion sont toujours privilégiés. Mais le député semble avoir soudainement découvert que la majorité des habitants résident dans le Grand Rodez. L'approche des élections municipales aurait-elle eu une incidence sur la ventilation des subventions ? On n'ose le croire.

   Toutefois, quand on regarde les chiffres dans le détail, on réalise que le changement est moins grand qu'il n'y paraît. Yves Censi a disposé de 150 000 euros, répartis sur 36 projets (ayant reçu de 1 000 à 20 000 euros). La moyenne est d'un peu plus de 4 100 euros. 11 des 36 projets ont décroché plus que cette somme. Or, si on laisse de côté la subvention exceptionnelle accordée au RAF, c'est à des communes "nordistes" que sont allées les sommes les plus importantes : 20 000 euros à Lassouts, 15 286 euros à Lacalm, 10 000 euros au Nayrac et 9 000 à Cantoin.

   Le profil des aides d'Alain Marc (auquel est associé un bleu clair) est légèrement différent. Le député du Sud n'a semble-t-il disposé que de 124 500 euros, répartis sur 54 projets (avec une moyenne de 2 300 euros par projet). L'écart entre les subventions est beaucoup moins grand que chez Yves Censi, puisqu'elles s'étendent de 1 000 à 7 000 euros. 18 projets dépassent cette moyenne. (Je n'ai toutefois pas pu tout localiser, l'attribution de certaines subventions manquant de précision.)

   Force est de constater que le secteur du BTP est cher au coeur du député. Les projets les plus importants portent sur la réfection de bâtiments ou des travaux routiers. Voilà qui se rapproche étrangement de l'un des principaux domaines d'intervention du Conseil général. Curieuse coïncidence, Alain Marc en est le président de la commission des infrastructures routières. Ou comment l'argent de la réserve parlementaire sert à consolider un mandat de conseiller général... On aura aussi remarqué que le député ventile davantage ses subventions. D'un côté, on peut dire qu'il ne favorise personne outrageusement. De l'autre, on se demande si ce n'est pas une tactique pour se faire un maximum d'obligés... et pouvoir se montrer à un grand nombre d'inaugurations !

   La manière dont Marie-Lou Marcel (à laquelle est associée la couleur rouge) a utilisé la somme qui lui était allouée est encore légèrement différente. En 2013, elle a disposé de 130 000 euros (à peine plus qu'Alain Marc... et surtout nettement moins qu'Yves Censi, qui est pourtant dans l'opposition). 21 projets ont été financés, en moyenne à 6 200 euros (de 1 500 à 15 000 euros). Seuls sept d'entre eux ont bénéficié de subventions supérieures à la moyenne.

   D'un côté, on peut constater que la députée préfère financer moins de projets, mais les aider davantage que ses collègues. D'un autre côté, on remarque que les cantons de Baraqueville (avec Castanet, Pradinas et Sauveterre) et de Capdenac-Gare ont été particulièrement bien dotés. Précisons que le conseiller général de Baraqueville (conseiller municipal de Sauveterre-de-Rouergue) est Didier Mai-Andrieu, l'une des voix de l'opposition de gauche au sein de l'hémicycle départemental. Pas très loin de là se trouve la commune de Quins, qui a reçu 13 000 euros pour la rénovation d'une salle d'animation... et dont le maire Jean-Pierre Mazars (conseiller général de Naucelle) est classé à gauche.

   On ne s'étonnera pas de voir Capdenac-Gare en tête des communes subventionnées (pour un aménagement d'intérêt collectif, reconnaissons-le). Le maire (Stéphane Bérard) comme le conseiller général (Bertrand Cavalerie) sont des "valeurs sûres" de la gauche ouest-aveyronnaise, le second étant même l'ancien attaché parlementaire de Marie-Lou Marcel. Tout comme Didier Mai-Andrieu, il a parrainé François Hollande pour la présidentielle de 2012.

mardi, 28 janvier 2014

Gros Dégueulasse Academy (2)

   Voilà une thématique que je pourrais enrichir quasi quotidiennement, tant les occasions d'observer les conséquences de l'incivisme de certains de mes contemporains ne manquent pas. Je profite que le quotidien aveyronnais Centre Presse me tende la perche. Voici en effet ce que l'on peut lire aujourd'hui, dans la rubrique "Pitonnerie" :

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   La bien nommée rue de la Gare relie le quartier du Faubourg (en particulier l'avenue Durand de Gros) à celui de la gare SNCF (plus précisément l'avenue Maréchal Joffre) :

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   Je serais moins indulgent (ou hypocrite) que Centre Presse. Il ne s'agit pas de "cadeaux empoisonnés", mais d'une ébauche de décharge sauvage, due à la fainéantise de certains Ruthénois. Voici ce que j'ai pu observer en décembre dernier :

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   En gros, les blaireaux qui renouvellent un élément du mobilier, ou dont les enfants ont grandi, ou qui ne veulent pas se charger au moment de déménager, profitent de la proximité d'un centre du Secours Populaire pour éviter un passage en déchetterie...

   P.S.

   L'entrée du local fut débarrassée après Noël... Elle ne tarda pas à être de nouveau encombrée de déchets divers...

vendredi, 24 janvier 2014

12 Years a Slave

   Ces douze années d'esclavage sont celles subies par Solomon Northup, un Noir américain de l'État de New York... et surtout, au départ, un homme libre, dans les années 1830. C'est l'occasion pour Steve McQueen de nous proposer un (court) portrait inattendu d'une Amérique non esclavagiste, vers le milieu du XIXe siècle. C'est indirectement un éloge de la ville multiculturaliste. Les scènes urbaines sont d'ailleurs très réussies, notamment l'un des retours en arrière qui nous montre le croisement de deux destins noirs (celui d'un homme libre bien inséré socialement et celui d'un esclave sous la coupe de son maître).

   Mais il faut reconnaître que l'ensemble est assez académique, avec une musique de Hans Zimmer que l'on a l'impression d'avoir déjà entendue cent fois. On retrouve heureusement la "patte" du réalisateur de Hunger dans les scènes intimistes, en particulier celles qui font intervenir deux personnages. Le cadrage est excellent, les jeux d'ombre et de lumière maîtrisés et les dialogues bien écrits. Les mouvements de caméra sont mesurés et, m'a-t-il semblé, bien dosés.

   Le paradoxe est que l'acteur qui se détache n'est pas celui qui incarne le personnage principal. Chiwetel Ejiofor est presque éclipsé par Michael Fassbender, excellent en esclavagiste alcoolique, veule et libidineux. Ajoutons que les seconds rôles sont très bons... et je m'en voudrais de ne pas signaler aux dames que Brad Pitt (qui coproduit le film) fait une apparition marquante, en charpentier canadien anti-esclavagiste. Comme, à Rodez, le film est projeté en version originale sous-titrée, cela permet aux oreilles habituées à sa voix de doublage de découvrir les véritables intonations de l'acteur.

   L'intrigue n'est pas strictement linéaire. Divers retours en arrière sont introduits, à plusieurs moments. Je dois reconnaître que c'est habilement fait. Sur le fond, le scénario ne verse pas dans le manichéisme. Si le racisme et la violence des esclavagistes sont fermement dénoncés, on a fait l'effort de nuancer le portrait des Blancs, introduisant des personnages sudistes plus ou moins sympathiques (avec une bonne prestation de Benedict Cumberbatch) et proposant des figures positives parmi les Yankees. Avis toutefois aux âmes sensibles : à plusieurs reprises, des Afro-américains sont victimes des délices de la corde ou du fouet. L'une des séquences les plus marquantes voit le héros s'opposer à un employé de l'un de ses maîtres... et devoir attendre sa délivrance pendant un bon petit moment.

   En dépit de quelques longueurs, cela reste un bon film, qui évoque un aspect méconnu d'une histoire déjà maintes fois représentée sur grand écran.

jeudi, 23 janvier 2014

Un expert du couteau Laguiole ?

   Au cours du septième épisode de la douzième saison (la onzième en réalité) des Experts Las Vegas, on voit Raymond Lansgton (alias Laurence Fishburne) s'installer en salle de repos pour y ouvrir tranquillement son courrier. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que, pour ce faire, il s'était muni d'un coupe-papier dont l'aspect ne m'était pas inconnu :

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   Même si les plans sont courts, on distingue à plusieurs reprises la forme caractéristique d'un couteau Laguiole avec mouche et inscription gravée sur la lame. L'aspect de celle-ci (légèrement crantée, semble-t-il) me fait toutefois soupçonner une contrefaçon.

   Toujours est-il que c'est avec cet outil que l'enquêteur scientifique ouvre un courrier qui lui est adressé par un horrible tueur en série :

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   C'est là que, pour la seconde fois, mon attention fut éveillée. Il y a une erreur de raccord, puisque, dans le plan précédent, on a clairement vu Langston, qui venait d'ouvrir l'enveloppe, déposer celle-ci et le couteau sur la table basse située derrière lui (sur sa gauche) pour pouvoir lire la lettre sans en faire tomber l'objet qu'elle contient :

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   Pour s'en convaincre, il suffit de réécouter attentivement la version sonore du passage. On entend le déchirement de l'enveloppe, la sortie de la feuille puis le bruit sec et métallique que fait le couteau que l'on pose sur la table :




   Juste après, on le revoit avec le couteau dans la main gauche quand il déchire la lettre (ce qui n'est guère pratique... mais il est en colère) :

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   Nouvelle bévue, quelques secondes plus tard. Quand Sara Sidle entre dans la pièce, Langston n'a plus le couteau à la main. On le distingue à l'arrière-plan, là où il a été posé dans l'une des versions de la scène qui a été tournée.

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   Au montage, on a visiblement associé des images d'au moins deux versions différentes, sans se rendre compte de la boulette. Ce genre d'erreur est rare dans une série où un certain perfectionnisme est de mise, tant au niveau de l'écriture du scénario que de la réalisation.

   En tout cas, c'est la quatrième fois qu'en un an et demi le célèbre couteau aveyronnais fait de la figuration dans une enquête policière. Rappelez-vous, en juin 2012, c'est (déjà dans Les Experts) entre les mains de Sara Sidle qu'il apparaissait. En septembre 2013, c'est dans un épisode de la série Profilage qu'il a joué un rôle non négligeable. Enfin, en novembre dernier, on l'a aperçu entre les mains du capitaine de police Kader Cherif. A qui le tour ?

23:30 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, médias

mercredi, 22 janvier 2014

Un site inutile... finalement pas inintéressant

   Je l'ai découvert après avoir écouté Les Souris Ne Mordent Pas, l'émission pour "guiques" de la radio CFM (une sorte de De quoi j'me mail pour jeunes... et surtout sans publicité). Son nom est une question en anglais : howmanypeopleareinspacerightnow. ("Combien de personnes se trouvent dans l'espace à cet instant précis ?") La réponse varie en fonction du moment auquel on se connecte au site.

   Voici la réponse à laquelle je viens d'aboutir :

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   Si l'on pense à faire défiler la page, les noms des six occupants de l'espace apparaissent :

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   On remarque que trois (dont le commandant) sont russes, deux américains et un japonais. Ce sont tous des hommes. Les trois premiers de la liste sont là depuis environ quatre mois. Les trois autres sont arrivés un mois et demi après.

   Ils se trouvent tous sur la Station Spatiale Internationale (l'ISS pour les Anglo-saxons). On peut en savoir plus en se rendant sur un site lié à la Cité de l'espace de Toulouse... ou, pour les anglophones, en choisissant celui de la NASA.

   Cerise sur le gâteau. Le premier site ("enjoyspace"... qui est francophone) propose de suivre en temps réel l'ISS, dont on voit une image fictive se déplacer au-dessus des océans et des continents (à 350-400 km d'altitude, dans la thermosphère) :

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mardi, 21 janvier 2014

Un autre discours palpitant

   Le Bulletin d'Espalion paru jeudi dernier est décidément d'une grande richesse. J'ai déjà parlé de la manière dont l'opposition de la majorité départementale au redécoupage cantonal est traitée dans l'hebdomadaire. Il a aussi été question du discours du premier adjoint de Saint-Côme-d'Olt.

   Quelques pages plus loin, c'est la présentation des voeux du maire de Bozouls, Jean-Luc Calmelly, qui occupe deux pleines pages, illustrées de trois photographies. C'est la plus grande d'entre elles qui a attiré mon regard. Elle montre l'assistance (nombreuse) lors du discours du maire :

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   Au premier rang se trouve le député de la première circonscription (dont fait partie Bozouls), Yves Censi. A le regarder, on le sent captivé par les propos du maire... puisqu'il est concentré sur l'écran de son téléphone portable. Il faut dire que ce dernier ne l'a pas cité dans son discours, au contraire d'Arnaud Viala, qui partage avec Yves Censi une certaine dépendance vis-à-vis de son smartphone...

   P.S.

   On peut feuilleter le Bulletin pour d'autres raisons. Je recommande par exemple l'article traitant d'un impôt méconnu, le "commun de paix". On lira aussi avec profit la demi-page consacrée aux chènevières et celle qui évoque les Jeux olympiques d'hiver.

dimanche, 19 janvier 2014

Belle et Sébastien

   C'est le prototype du film intergénérationnel : les plus vieux ont assisté à la première diffusion de la série originale ; les gens comme moi ont vu le dessin animé japonais et les plus jeunes vont être attirés par le gros chien et le héros, un gamin de leur âge.

   Si les paysages sont magnifiques et l'histoire prenante, on aurait toutefois dû travailler davantage les dialogues. Certains sont réussis, comme ceux qui montrent les personnages en train de se charrier. Mais que Tchéky Karyo a du mal à sortir son texte ! Par moment, j'ai eu mal pour lui. Après, il y a le gamin. On aime ou on n'aime pas. Margaux Chatelier est plus vraisemblable, dans le rôle d'Angelina.

   Si l'intrigue est assez bien construite, certains éléments manquent de vraisemblance, ou sont "téléphonés". Par exemple, je ne sais pas dans quelle rivière la chienne se baigne, mais sachez qu'après un seul passage, le poil tout crado devient d'une blancheur éclatante ! (Je conseille aux riverains de courir y faire leur lessive.) Plus tard dans le film, l'un des personnages vient en avertir d'autres du danger qui les menace. On se demande comment il a pu s'éclipser de son groupe... et à quoi il carbure, pour avoir réussi à rejoindre aussi facilement les passeurs, partis longtemps avant lui. Pour couronner le tout, juste après l'avalanche (joliment filmée), voilà le grand-père et le gamin qui débarquent au même endroit ! On sent aussi venir gros comme une maison l'accident avec le pont de glace...

   Quant au contexte historique (la Seconde guerre mondiale), il n'est qu'un décor. N'y cherchez pas une présentation fine des rapports humains à l'époque. De manière symbolique, les nazis sont aux humains ce que sont les loups aux moutons. Aucun Français ne collabore et, comme nous nous sommes aujourd'hui réconciliés avec l'Allemagne, l'un des personnages est chargé d'incarner une vision humaniste de nos voisins d'outre-Rhin. (Il le fait d'ailleurs assez bien.)

   Bref, si vous avez un peu de temps à perdre et que vous êtes sensibles aux beaux paysages ainsi qu'aux animaux de haute montagne, ce film peut vous satisfaire.

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samedi, 18 janvier 2014

Propagande départementale

   Le président du Conseil général de l'Aveyron, Jean-Claude Luche, multiplie les sorties contre la réforme des cantons du gouvernement Ayrault. Ces jours-ci, il profite de la moindre cérémonie pour dire tout le mal qu'il en pense... et pour faire peur aux habitants des communes rurales, suggérant que l'agrandissement des cantons va déboucher sur une nouvelle saignée dans les services publics locaux. Les arguments sont régulièrement resservis, par exemple ce vendredi dans La Dépêche du Midi.

   J-C Luche pointe l'éloignement des futurs conseillers départementaux. Soyons sérieux. Les contours des actuels cantons ont été très majoritairement dessinés au début du XIXe siècle, époque à laquelle l'automobile n'existait pas. Aujourd'hui, tout le monde se déplace en voiture et les actuels conseillers généraux (tout comme leurs administrés) ne se privent pas de l'utiliser, pour figurer sur la moindre photographie d'inauguration comme pour aller effectuer des achats en grande et moyenne surface. Il est donc légitime d'augmenter la taille des cantons... surtout s'ils sont moins peuplés.

   En m'appuyant sur les populations légales de 2011 (d'après l'INSEE) et les statistiques fournies par l'abbé Féral, dans son livre Géographie du département de l'Aveyron (publié en 1873), je me suis intéressé à l'évolution de la population de quelques cantons, choisis pas tout à fait au hasard :

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   Dans la deuxième colonne, j'ai écrit 1872, parce que je pense que l'abbé Féral a dû utiliser les résultats du recensement de cette année-là. (A l'époque, l'Aveyron comptait un peu plus de 400 000 habitants.) Dans la troisième colonne, j'ai noté la population totale, et non la population municipale, pourtant sans doute plus proche de la réalité. On peut donc penser que la population réelle des cantons en 2011 était un peu plus faible que ce qui est écrit.

   Pour tous les cantons, la chute est énorme. A l'exception de Montbazens, tous ont vu leur population divisée par plus de deux... et même par plus de trois pour Cornus. Dans le même temps, les cantons urbains se sont considérablement renforcés, au niveau démographique. Ainsi, en 1872, la commune de Rodez comptait à peine plus de 12 000 habitants, si bien qu'elle était associée (intégralement) à Druelle, Le Monastère, Luc, Moyrazès, Olemps, Onet-le-Château, Saint-Radegonde et Vors (à l'époque pas encore réunie à Baraqueville)... l'ensemble regroupant aujourd'hui plus de 50 000 habitants !

   Jean-Claude Luche aurait dû aussi tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler de "surreprésentation de l'urbain par rapport au rural". Si l'on se fie à la carte des nouveaux cantons rendue publique fin 2013, dans le Nord Aveyron, cinq cantons (Mur-de-Barrez, Sainte-Geneviève-sur-Argence, Laguiole, Saint-Chély-d'Aubrac et Saint-Amans-des-Côts) vont être fusionnés en un, appelé "Aubrac-Carladez". Faut-il préciser que quatre des cinq actuels conseillers généraux font partie de la majorité départementale ? En 2015, les couteaux (de Laguiole ou d'ailleurs) risquent d'être de sortie... Ce nouveau canton compterait entre 10 500 et 10 800 habitants, soit moins que la moyenne de 12 035 fixée pour le département. On est dans la fourchette +/- 20 % (9 628 - 14 442).

   C'est tout de même encore très inférieur à la population des cantons urbains, comme celui de Saint-Affrique (plus de 12 500 habitants) ou le futur nouveau canton de Villefranche-de-Rouergue, qui comptera près de 13 500 habitants. La réforme du gouvernement de gauche maintient une inégalité en faveur des territoires ruraux, même si elle est nettement moins prononcée qu'auparavant. (Rappelons qu'actuellement, le canton le moins peuplé, celui de Saint-Chély-d'Aubrac, compte moins de 900 habitants, contre plus de 23 000 pour celui de Rodez-ouest !)

   Au crédit de Jean-Claude Luche, on peut porter la dénonciation de la forme "bizarre" de certains nouveaux cantons du Sud Aveyron, en particulier "Tarn et Causses" et "Causse-Rougier". C'est le résultat d'un jeu de dominos : comme on n'a pas touché au canton de Saint-Affrique (dont l'ancien élu est le sénateur Alain Fauconnier... il n'y est sans doute pour rien, mais on a dû vouloir lui faire plaisir...), il a fallu créer artificiellement plusieurs cantons atteignant la limite démographique fixée. Celle-ci est à mon avis trop élevée. Il y a un peu plus d'un an, je m'étais amusé à réfléchir sur des modifications opérées sur une base de 6 000 habitants, qui était sans doute un peu basse.

   On aurait aussi pu faire preuve d'un peu plus d'imagination dans le choix des noms. Je ne partage toutefois pas l'opinion de ceux qui trouvent absurde l'appellation "Aveyron et Tarn" pour un canton où ne coule que l'une des deux rivières. Il a été nommé ainsi en référence à sa position frontalière, à la lisère du département du Tarn.

   Tout cela nous amène aux manifestations de masse organisées par les élus de la majorité départementale. Cette semaine, le Bulletin d'Espalion s'est fait le relais de l'une d'entre elles :

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   On notera le sens de la nuance dans le choix du titre : "La résistance s'organise". Bigre ! Mais contre quel ennemi redoutable ces téméraires Gaulois se rebellent-ils ? Ont-ils pensé à enfiler des gilets pare-balles, à se munir d'une armure ? L'article ne le dit pas.

   Par contre, la légende de la photographie parle de mobilisation des élus du Nord Aveyron. Un simple coup d'oeil au cliché suffit pour se rendre compte que, si mobilisation il y eut, elle ne fut pas générale : les rangs des manifestants sont clairsemés. De surcroît, on a rempli les trous avec ce qu'on a pu, puisque l'on remarque la présence, à la droite de Jean-Claude Luche, d'Arnaud Viala et de Christophe Laborie, respectivement élus de Vezins-de-Lévézou et de Cornus, cantons où, comme chacun sait, souffle le bon air pur de l'Aubrac !

   Que font-ils là ? On peut penser que Luluche leur a demandé de mouiller le maillot pour la Grande Cause Départementale. A regarder la carte des nouveaux cantons de plus près, on se dit qu'il y a sans doute une autre raison :

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   J'ai entouré en noir le territoire actuel de trois cantons : Montbazens (à l'ouest), Vezins-de-Lévézou (au centre-est) et Cornus (au sud). Christophe Laborie a effectivement de quoi s'inquiéter, puisque sa circonscription d'origine va se retrouver englobée dans une nouvelle, très vaste... et riche en concurrents. Il en est de même pour Arnaud Viala : l'incohérence géographique est moindre, mais la concurrence risque d'être plus rude, avec des élus bien en place, comme Alain Pichon à Pont-de-Salars, Jean-Louis Grimal à Salles-Curan... et surtout Alain Marc à Saint-Rome-de-Tarn.

   Quant à Gisèle Rigal, élue de Montbazens (entre Renée-Claude Coussergues et Vincent Alazard sur la photographie), elle peut regretter l'éclatement de "son" canton. Mais l'opération n'est pas scandaleuse. La partie sud est rattachée au Villefranchois, suivant la logique des voies de communication. La partie nord est rapprochée du Capdenacois, ce qui n'est pas incohérent.

   L'engagement politique du Bulletin d'Espalion se vérifie un peu plus loin, quand il est question de la gestion de la commune de Saint-Côme-d'Olt. Il est de coutume que les gazettes locales se fassent l'écho des cérémonies de voeux et des bilans dressés par les élus en place. Il est beaucoup plus rare qu'elles publient l'intégralité d'une intervention. Il s'agit ici de celle de l'adjoint aux finances, Gérard Soulier, dont voici un extrait :

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   Ces derniers temps, cette petite commune a été agitée par de vifs débats. Ils ont porté sur le coût et le financement des travaux autour d'une place, ainsi que sur le choix de l'équipe municipale de renoncer aux sources du Guzoutou pour rejoindre le syndicat des eaux de Montbazens-Rignac. Dans son intervention, l'élu municipal veut montrer que la commune est bien gérée et que l'équipe dirigeante a respecté la loi.

   Toutefois, quand on lit dans le détail, on s'aperçoit qu'il utilise les chiffres qui l'arrangent. Ainsi, il compare la situation financière de la commune tantôt à la moyenne départementale, tantôt à la moyenne des communes de la même strate. Quand il est question des taxes, c'est la moyenne départementale qui est prise comme référence. Il se trouve que, lorsqu'on compare avec les communes de la même strate (regarder la troisième colonne du tableau), l'écart est plus faible. Il reste malgré tout en faveur de Saint-Côme, où les taux de la taxe d'habitation et de la taxe sur le foncier bâti sont bas. Par contre, sur le foncier non bâti et au niveau des entreprises, la fiscalité est plus lourde que la moyenne.

   De même, quand il est question de la capacité d'autofinancement de la commune, l'élu cite les données qui vont dans son sens (l'évolution d'un indice sur deux ans), mais "oublie" de comparer les chiffres globaux avec ceux des communes de la même strate :

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   En gros, la capacité d'autofinancement est deux fois plus faible à Saint-Côme. L'écart est cependant moins élevé si l'on prend en compte la C.A.F. nette, ce qui confirme que la commune est peu endettée (en 2012). De surcroît, depuis 2009, sa C.A.F. a augmenté, un peu moins rapidement toutefois que dans les communes de la même strate.

   Qu'en conclure ? Que Saint-Côme est très dépendante d'un financement extérieur, si elle a le moindre projet un tant soit peu ambitieux. A l'image de nombreuses communes rurales aveyronnaises, elle doit prier pour décrocher une subvention départementale ou quelques miettes de la réserve parlementaire d'un-e élu-e aveyronnais.

   Vous allez me demander : pourquoi diable consacrer autant de place à une commune somme doute très modeste, où les problèmes, certes pas inexistants, ne semblent pas dramatiques ? C'est lié à la personnalité de la maire, Nathalie Auguy-Périé. Celle-ci a décidé de ne pas rempiler à Saint-Côme, pour se présenter à Rodez, sur la liste menée par Yves Censi. Les mauvaises langues diront que la gauche cherche à ternir son bilan municipal, alors que la droite le défend becs et ongles.

   C'est le moment que choisit le petit malin du fond (appelons-le Kévin) pour se faire remarquer. "A-t-elle déménagé à Rodez pour pouvoir s'y présenter ?" Cher Kévin, sache qu'elle n'a pas eu besoin d'emménager à Rodez, puisqu'elle y réside déjà et qu'elle y travaille aussi depuis des années. On peut d'ailleurs la croiser de temps à autre avenue Victor Hugo... ce qui n'est pas le cas d'Yves Censi, qui fréquente beaucoup plus les rues de la capitale française et, à la rigueur, certains villages du Nord Aveyron, dès lors qu'un photographe de la presse locale s'y trouve. Gageons que dans les semaines à venir, le député va (re)prendre goût au bitume ruthénois...

   Je vais encore plus te surprendre, mon cher Kévin. Mme Auguy-Périé pourrait très bien ne pas habiter Rodez et s'y présenter aux élections municipales. Il suffirait qu'elle y possède ou loue un bien, pour lequel elle paierait des impôts locaux. (Le code électoral dit qu'il faut être inscrit "au rôle des contributions directes" de la commune.) C'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle elle est maire de Saint-Côme, où elle ne réside pas. Une propriété familiale, peut-être ?

   "Mais alors", reprend Kévin, "pourquoi change-t-elle de commune pour les élections, si elle ne déménage pas ?" C'est une excellente question, mon garçon. Il faudrait la poser à la dame. Plusieurs hypothèses circulent. A Saint-Côme, certaines méchantes langues la soupçonnent de fuir un scrutin loin d'être gagné, notamment à cause des récentes polémiques (évoquées plus haut). Rappelons qu'en 2008, elle fut plébiscitée. A Rodez, d'autres affirment que des raisons personnelles entrent en ligne de compte, des enfants qui grandissent, la volonté de limiter les déplacements automobiles etc. D'autres encore soulignent les amicales pressions des caciques de la droite locale, qui peinent à établir une liste décente pour servir les ambitions d'Yves Censi. Enfin, on évoque son profil, plutôt consensuel : femme, modérée, travailleuse et discrète, elle ne fera pas d'ombre à sa tête de liste.

mercredi, 15 janvier 2014

De l'utilité de "Closer"

   La "presse poubelle" peut-elle jouer un rôle civique ? Cette question, en apparence extravagante, me semble tout à fait pertinente dans le cadre des révélations du magazine Closer sur la liaison de François Hollande avec Julie Gayet.

   Comme dans le cas de François Mitterrand et de sa fille adultérine Mazarine, la petite "élite" médiatico-politique parisienne était au courant, pendant que le bon peuple pensait que "Pépère" continuait de passer ses nuits aux côtés de la volcanique Valérie Trierweiler.

   Un spectateur attentif du Grand Journal, présenté par Antoine de Caunes, a pu avoir la puce à l'oreille en décembre dernier, quand l'animateur a posé une drôle de question à l'actrice, son partenaire Stéphane Guillon trouvant la situation visiblement très cocasse. La réaction de Julie Gayet est elle-même fort instructive. D'abord gênée, elle réussit à détourner la conversation (sur les municipales et la candidature d'Anne Hidalgo... avec laquelle on avait jadis prêté une liaison à l'actuel locataire de l'Elysée).

   Mais il semble que la relation soit plus ancienne que cela. Aujourd'hui, sur le site du Monde, a été mis en ligne un article consacré au photographe qui a pris les "clichés présidentiels". L'auteur y fait référence à une conversation remontant à janvier 2013, dans laquelle le paparazzi évoquait déjà la fameuse liaison.

   Certains vont jusqu'à affirmer que la relation est née avant même l'élection de François Hollande. L'actrice l'avait soutenu pendant la campagne des primaires (en septembre - octobre 2011), puis à la présidentielle de 2012, comme le rappelle un article du Parisien :

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   Prenez le temps de regarder et d'écouter l'extrait vidéo mis en ligne par le quotidien. Le ton de la voix comme le langage corporel ne laissent pas de doute : en avril 2012, l'actrice est devenue une amie très très proche.

   On a donc assisté au bal des faux-culs, aux éructations de nouveaux pères-la morale, stigmatisant le comportement de François Hollande, n'hésitant pas à le comparer parfois à Silvio Berlusconi... Soyons sérieux.

   Comparons-le plutôt à ses prédécesseurs. De Gaulle était d'une autre époque. Né au XIXe siècle, il a, toute sa vie, été guidé par un sens de la discipline que l'on ne retrouve que rarement aujourd'hui. Il n'est pas impossible que son engagement politique ait été un moyen de sublimer ses pulsions sexuelles.

   Ses successeurs ont été très portés sur les galipettes extra-conjugales. Giscard-d'Estaing comme Mitterrand et Chirac avaient contracté des mariages qui étaient surtout des arrangements de façade. Ils ont multiplié les conquêtes, tout en préservant (plus ou moins) la vitrine de respectabilité. C'étaient de sacrés hypocrites !

   Finalement, Hollande ressemble plus à Sarkozy. (Ils sont d'ailleurs de la même génération, nés respectivement en 1954 et 1955.) Ils se sont longuement liés à des femmes par amour... et, la cinquantaine atteinte, ils ont cherché à refaire leur vie. Le comportement privé de l'actuel président n'est peut-être pas un modèle, mais c'est celui d'un bourgeois citadin du XXIe siècle qui, les cheveux gris venant, tombe comme par hasard dans les bras d'une pépée plus jeune d'une vingtaine d'années.

   Le problème se pose à un autre niveau. La liaison présidentielle a-t-elle débouché sur une décision d'où le favoritisme n'est pas absent ? Le Canard enchaîné de cette semaine (dont les premiers numéros ont été distribués mardi soir) a soulevé un beau lièvre, en page 2 :

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   Est-ce pour plaire à François Hollande que la candidature de Julie Gayet a été proposée, en décembre dernier, pour nomination au jury de la Villa Médicis ? (Au passage, précisons que la fonction, essentiellement honorifique, ne rapporte pas grand chose à ceux qui l'exercent.)

   Depuis que l'information circule, la tension est montée d'un cran. L'hebdomadaire satirique affirme que c'est la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui a eu l'idée. Celle-ci dément... et le directeur de l'Académie de France à Rome (nom officiel de la Villa Médicis) est -curieux hasard- immédiatement  monté au créneau pour assumer la décision.

   C'est là que cela devient cocasse. Le haut fonctionnaire est censé être à l'origine de la mesure. Pourtant, alors que l'arrêté de nomination de Julie Gayet n'a pas encore été signé par la ministre, un communiqué de la Villa Médicis l'avait annoncée officiellement, avant d'être supprimé. Cela serait-il possible sans -au moins- l'aval d'A. Filippetti ?

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(Félicitons Le Monde pour avoir retrouvé et rendu accessible ce précieux document.)

   J'ajoute que, personnellement, je n'ai rien contre l'actrice, que j'avais découverte dans les années 1990 (dans Delphine 1, Ivan 0 et Select Hôtel), et que j'ai revue avec plaisir dans la comédie grand public Quai d'Orsay.

   Cette affaire nous amène à nous poser d'autres questions, certaines abordées dans un récent article du Monde. La sécurité du président est-elle bien assurée ? La révélation de sa liaison a-t-elle été orchestrée par la droite ? (Closer est la propriété du groupe Mondadori, dont l'actionnaire principal est Fininvest, holding présidée par une certaine Marina Berlusconi, qui a succédé à son célèbre papa.)

   Cela me ramène à la question du début. Le Canard enchaîné (et, à sa suite, une brochette de journaux français) aurait-il évoqué le soupçon de favoritisme portant sur la nomination de Julie Gayet au jury de la Villa Médicis si la liaison de celle-ci avec François Hollande n'avait pas été révélée ? Dans le numéro paru mercredi, Erik Emptaz rappelle la position de l'hebdomadaire satirique quant à la vie privée des politiques. Certes. Mais quand cela déborde sur la vie publique ? Jusqu'à la semaine dernière, il était impossible au Canard enchaîné de parler de cette nomination sans révéler la liaison. Le magazine Closer aura donc rendu service à la démocratie s'il permet (involontairement) de rendre plus efficace la protection du premier personnage de l'Etat, tout en évitant une nomination de complaisance.

mardi, 14 janvier 2014

Couteau pâtissier (2)

   Il y a un peu plus de quatre ans, je vous avais entretenus d'une boulangerie-pâtisserie ruthénoise, où il m'arrive de trouver mon bonheur. Récemment, en passant devant la vitrine, j'ai remarqué la présence d'un objet chocolaté qui avait déjà naguère attiré mon attention :

DSCN4315.JPG

   Cette fois-ci, il était accompagné d'un petit frère, replié sur lui-même :

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      En dégustant la seconde confiserie, je m'aperçus qu'entre les plaques chocolatées avait été placé un peu de mousse au cacao... Dé-li-cieux !

lundi, 13 janvier 2014

Le Loup de Wall Street

   On peut voir ce film de deux manières. On peut partir du principe qu'il s'agit d'une farce et l'on s'embarque dans une comédie immorale de trois heures. On apprécie la performance des acteurs, au premier rang desquels Leonardo DiCaprio, excellent aussi bien en novice de la Bourse qu'en escroc sans vergogne et en idole déchue, quand son empire s'effondre. Matthew McConaughey et Jean Dujardin nous offrent aussi de beaux numéros. La caméra est tenue de main de maître (notamment dans les scènes de groupe, en intérieur, vraiment remarquables) et les dialogues, riches en grossièretés, se savourent sans retenue.

   Ou alors on se dit que, quand même, Scorsese aurait pu introduire davantage de réflexion et de second degré et que son film est décidément trop en empathie avec les pourritures qu'il prétend dénoncer. Le propos est d'abord extraordinairement misogyne : les femmes sont soit des putes soit des salopes, la moins maltraitée étant la plus âgée, la tante de la seconde épouse du héros, incarnée par Joanna Lumley :

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   Les rares scènes où elle dialogue avec DiCaprio sont très réussies et quand on regarde attentivement le grand écran, on se dit que ce visage ne nous est pas inconnu :

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   Il s'agit de Purdey, la cinquième partenaire féminine de John Steed dans la série Chapeau melon et bottes de cuir. Si Joanna Lumley avait incarné une version plus moderne que Linda Thorson, elle n'avait pas fait oublier Diana Rigg, l'irremplaçable Emma Peel.

   Rien de tout cela chez Scorsese, qui considère les actrices comme de la chair à canon. On assiste ainsi à une scène qui suscite le malaise. Dans l'histoire, l'une des employées accepte 10 000 dollars pour se faire tondre en public, à charge pour elle ensuite de se faire poser des implants mammaires. Il se trouve que l'actrice se fait effectivement raser le crâne. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour figurer dans un film du Maîîître !

   D'autre part, si je comprends qu'il faille faire figurer à l'écran certaines des nombreuses prostituées dont les personnages principaux ont profité, pourquoi les filmer aussi péjorativement ? Presque aucune n'a droit à la moindre ligne de texte, sauf pour souligner qu'elles sont soumises aux désirs de ces messieurs. Là encore, les actrices sont chosifiées, retenues uniquement sur des critères physiques, ce qui n'est pas le cas des acteurs masculins...

   C'est donc un film putassier, diablement bien fait, mais qui, au fond, témoigne surtout de la fascination éprouvée par Scorsese pour les voyous, quels qu'ils soient, du moment qu'ils sont pleins aux as et qu'ils s'éclatent à donf.

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samedi, 11 janvier 2014

Mandela, un long chemin vers la liberté

   Si le décès de Nelson Mandela est survenu à propos, il faut savoir que la sortie du film s'est plutôt faite dans le contexte du vingtième anniversaire de son élection à la présidence de la République, en 1994. Eh, oui ! Quatorze ans avant Barack Obama, un pays dominé par des Blancs chrétiens avait élu un Noir à sa tête.

   La comparaison avec les Etats-Unis est d'ailleurs implicite à plusieurs moments de l'histoire. C'est particulièrement évident lors de la mise en place de l'apartheid, qui évoquera aux spectateurs les moins incultes la ségrégation états-unienne. De la même manière, la vie du jeune Mandela, avocat charmeur au départ pas très impliqué dans la politique, n'est pas sans rappeler celle de la bourgeoisie noire de la même époque, de l'autre côté de l'Atlantique.

   Sans surprise, ce biopic commence par évoquer (rapidement) l'enfance et l'adolescence du héros, dans des scènes "ethniques" très inspirées.  Cependant, on ne nous dit pas clairement qu'il appartenait à l'aristocratie africaine : alors qu'il est issu d'une lignée royale xhosa, on nous présente la famille d'origine comme un clan rural très modeste.

   L'hagiographie est (un peu) contrebalancée par le côté "homme à femmes" du jeune Mandela, d'abord soucieux de profiter de la vie... et pas toujours très correct avec les dames, y compris sa première épouse.

   Il manque cependant dans le portrait intellectuel du héros les références à Gandhi. On a beau nous le montrer d'abord comme un avocat non-violent, on "oublie" de préciser qu'à l'université, il s'est beaucoup intéressé à la démarche de cet autre avocat, hindou, qui, quelques dizaines d'années auparavant, s'était illustré en Afrique du Sud. Néanmoins, la présence à ses côtés d'un militant d'origine indienne fait référence aux discriminations dont souffrent, bien avant la mise en place de l'apartheid, tous les non-Blancs de l'Union sud-africaine. Dans le film (en version originale), on entend les racistes désigner les Noirs et les Indiens par les doux noms de boy et coolie.

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   Idris Elba incarne très bien ce Mandela jeune qui, dans un premier temps, pense que le monde lui ouvre les bras, avant de s'engager sans mégoter dans la lutte, d'abord pacifique, puis armée. Il est cependant moins convaincant en vieillard : il est beaucoup trop imposant physiquement, alors que "Madiba" était sorti de prison très amaigri. 

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   De ce point de vue, il ne fait pas mieux que Dennis Haysbert dans Goodbye Bafana, même s'il a réussi à copier la démarche du vieil homme. Dans un autre contexte, le Morgan Freeman d'Invictus était meilleur.

   La véritable révélation de ce film est Naomie Harris, qui incarne Winnie Mandela, un personnage complexe, qu'elle réussit à rendre vraisemblable quel que soit son âge. On avait déjà remarqué l'actrice dans Pirates des Caraïbes et dans Skyfall. Ici, elle étincelle. La version originale m'a même permis de constater qu'elle parlait anglais non pas comme la Britannique qu'elle est, mais comme une Africaine (ou une Antillaise). On suit son évolution, de la jeune femme amoureuse à la révolutionnaire sans scrupule, en passant par la militante engagée et la mère opprimée par une dictature raciste. Elle apporte de l'épaisseur à une histoire un peu trop linéaire.

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   La seconde moitié du film montre quand même que, si Mandela a atteint le statut d'icône, ce ne fut pas une partie de plaisir. A partir du moment où il se trouve en prison, sa lutte prend une autre forme, tandis que ceux qui sont dehors deviennent de plus en plus violents. Les dissensions entre les Noirs, visibles dans la dernière partie, ne sont cependant pas suffisamment expliquées.

   J'ajoute une invraisemblance : la faible évolution physique du personnage de l'un des gardiens, qui va suivre Mandela dans ses lieux de détention. Alors que le chef africain se voûte et grisonne, lui reste quasiment le même pendant environ trente ans !

   Cela reste un film très agréable à regarder : les quelque deux heures et quart sont passées sans que je m'en rende compte.

vendredi, 10 janvier 2014

Passage de témoin au "Nouvel Hebdo"

   Le numéro 314 de l'hebdomadaire satirique aveyronnais contient une information qui est pour moi une surprise : l'éloignement de Gérard Galtier, au profit de Philippe Angles, qui n'est autre que le fils du fondateur de L'Hebdo, l'ancêtre du "petit jaune" aveyronnais.

   C'est annoncé en première page, avec deux papiers, l'un signé par l'ancien directeur, l'autre par le nouveau.

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   Dans son article, Philippe Angles rend hommage à son prédécesseur... tout en parlant de "retour aux sources". Considèrerait-il que Gérard Galtier s'en était éloigné ? En tout cas, la volonté affichée d'indépendance est bienvenue... et l'on aura bientôt l'occasion de vérifier si elle est respectée.

   De son côté, le ressusciteur du "Parti d'en rire" retrace l'histoire de l'hebdomadaire satirique. (Pour en savoir un peu plus sur la cuisine interne, on peut aussi consulter le chapitre 2 du livre d'Hugues Robert, Presse Business.)

   A lire aussi dans le numéro paru vendredi 10 janvier un article à cheval sur les pages 1 et 2, qui évoque la future création d'une aire de services sur la RN 88, à proximité du viaduc du Viaur... mais du côté tarnais.

   Plus loin, Donato Pelayo pointe les "scandaleuses reconversions des politiques", contribution dans laquelle certains lecteurs découvriront peut-être que la moralité publique peut être chancelante des deux côtés du Rhin.

   Inquiétant est aussi le billet signé "C.J.", qui relate un épisode mettant en évidence le mauvais fonctionnement du service des premiers secours.

   Tout cela ne nous explique pas pourquoi Gérard Galtier prend du champ. Est-ce un départ à la retraite ? Pourtant, il assure ne pas complètement quitter le journal, au moins dans un premier temps. De surcroît, fin décembre et début janvier, il a publié quelques portraits de personnalités aveyronnaises dans La Dépêche du Midi.

   Aurait-il l'intention de jouer un rôle dans les prochains scrutins locaux ? Ces derniers mois, à deux reprises (sous la plume de KaG puis du Petit Mitron ; je laisse de côté les commentateurs aigris), le site Aligorchie a fait état d'un rapprochement avec le maire de Rodez... plutôt sur la base de spéculations que de réelles preuves. Néanmoins, il semble que, depuis 2013, Gérard Galtier décoche moins de flèches en direction du premier magistrat du Piton (sans pour autant épargner certains élus de gauche aveyronnais). Accessoirement, on peut se demander si le changement de direction (au Nouvel Hebdo) va avoir une incidence sur la publication (interrompue) du feuilleton consacré à l'ascension de Christian Teyssèdre.

   P.S.

   Il y a quelques années, il m'avait semblé percevoir une petite inclination pour Jean-Claude Luche. Je n'ai jamais lu de réaction outragée à ce sujet... comme quoi, certaines indignations sont sélectives.

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Week-end of a champion

   Plus de quarante ans après, ce documentaire de Roman Polanski est ressorti en salles, augmenté d'un "post-filmum" contemporain, qui le voit dialoguer avec l'ancien champion du monde de formule 1, Jackie Stewart, qui est au coeur de l'histoire.

   La première partie est l'occasion de découvrir les préparatifs du grand prix de Monaco ainsi que les craintes éprouvées par les organisateurs et certains pilotes quant aux conditions météorologiques. Caméra à l'épaule, le réalisateur suit le sportif dans ses déplacements quotidiens, faisant toucher du doigt sa grande popularité. Mais la séquence la plus marquante est la reconnaissance du parcours, en petite voiture de golf (!), avec Stewart, Polanski et un cadreur (ou Frank Simon, le coréalisateur). La caméra est toujours judicieusement placée dans cet environnement exigu, si bien qu'avec les commentaires du pilote, on comprend mieux les subtilités et les difficultés du circuit urbain.

   Viennent ensuite les séances d'essai. Une caméra embarquée dans la monoplace de Stewart nous fait découvrir la course sous un jour particulier. C'est impressionnant. D'autres prises de vue, à partir des trottoirs ou des balcons monégasques, enrichissent la séquence. S'y ajoutent les précieux commentaires du pilote qui, quand il pense ne pas être écouté par ses concurrents, révèle toute sa science de la course. On découvre aussi le rôle des compagnes des pilotes (pour ceux qui en ont une régulière...). La pluie contrarie la deuxième séance... et suscite des inquiétudes, notamment chez Stewart, plus dominateur sur terrain sec.

   La troisième partie est consacrée aux courses proprement dites. En guise d'amuse-gueule, les formule 3000 ouvrent le bal, avant que vrais pros ne se déchaînent. Alors que ce film est une antiquité et que, depuis, les retransmissions télévisées ont fait de gros progrès, je trouve que Polanski réussit à rendre vivant et passionnant un sujet somme toute très futile. Le suspens règne quant au déroulement du grand prix... ainsi qu'au niveau de la météo.

   La nouvelle fin du film montre deux vieillards confortablement assis, dans la même chambre d'hôtel où ils se trouvaient des années auparavant. Stewart y révèle son passé d'enfant en échec scolaire. Longtemps, il a dû cacher sa dyslexie, y compris à sa compagne. Ceux qui ne le savaient pas découvriront aussi l'incroyable enchaînement de hasards qui a permis l'ascension du champion. Plus tristement est évoqué le sort des trop nombreux pilotes victimes d'accidents mortels dans les années 1960-1970.

   Ce documentaire est une curiosité, qui m'a agréablement surpris.

19:38 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film