jeudi, 22 mai 2014
Nicolas Sarkozy, l'Europe... et (surtout) la France
L'ancien président de la République semble, depuis sa semi-retraite, affectionner les petits coups médiatiques. Il y a deux mois, en pleine campagne des municipales, il s'était "invité" dans Le Figaro, surtout pour répondre aux attaques d'ordre judiciaire. Cette fois-ci, dans Le Point, s'il profite de la campagne des élections européennes, c'est pour aborder le sujet de fond.
La photographie qui illustre la couverture est reproduite en pages intérieures. On y remarque un Nicolas Sarkozy serein, le visage marqué par une barbe de deux jours... C'est son côté rebelle ! Plus loin dans l'article, une autre photographie le montre en plein mouvement, à peine sorti d'un véhicule :
L'hyperactif ex-président est montré tenant nonchalamment deux téléphones en main, souriant, sans cravate et le ventre bien rentré. Conclusion : Nico tient la forme !
La tribune commence par une phrase qui semblera familière à beaucoup : "D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours senti viscéralement français." C'est la première partie qui me disait quelque chose. Une mienne connaissance m'a signalé une chanson de Jean-Jacques Goldman, Ton Autre Chemin, qui commence de la même manière. Mais le thème de la chanson me paraît trop éloigné de celui de la tribune.
Et puis... je me suis enfin rappelé qu'une autre chanson, de Barbara, démarre de façon similaire : "Du plus loin que me revienne - L'ombre de mes amours lointaines". Il s'agit de Ma plus belle histoire d'amour, qui se conclut par "C'est vous".
Mais les cinéphiles m'en voudraient de ne pas citer ce qui pourrait bien être la source (inconsciente ?) de Nicolas Sarkozy, à savoir un film de Martin Scorsese, Les Affranchis, dans lequel l'un des personnages déclare : "Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être un gangster."
Que déduire de cela ? Que cette tribune, au-delà du thème affiché (la construction européenne), est un cri d'amour lancé par l'ancien bad boy de la politique hexagonale à l'électorat français ? Poursuivons la lecture pour en avoir le coeur net.
Si le premier paragraphe exprime l'attachement profond de N. Sarkozy à la France et à l'Europe, il est curieux qu'il n'y soit fait aucune mention de l'origine hongroise de son père, par exemple. De par l'histoire de sa famille, l'ancien président est un incontestable produit de l'Europe. Mais la référence à un passé migratoire a peut-être semblé inopportune, surtout vu ce qu'il avait l'intention d'écrire sur Schengen.
La suite rappelle ce que certains lecteurs de France et d'ailleurs ont peut-être oublié, à savoir que la construction européenne a garanti au continent des décennies de paix, en se fondant sur la réconciliation d'ennemis dits héréditaires, la France et l'Allemagne. Au passage, les relectures successives (évoquées dans un autre article du Point, qui raconte la gestation du coup médiatique) ont laissé passer une bourde historique : "Rien qu'avec nos voisins allemands, nous nous sommes régulièrement combattus tous les trente ans, et ce depuis la bagatelle de trois siècles !" Voyons voir... J'ai eu beau chercher sur la page wikipedia consacrée aux guerres ayant impliqué la France, même en tenant compte de la division du territoire allemand en une kyrielle de principautés, je ne suis pas arrivé à trouver un affrontement franco-germanique tous les trente ans. La plume du nègre du président aura sans doute dérapé...
Pour revenir à la construction européenne, presque deux semaines après le 9 mai, il n'aurait pas été incongru que Nicolas Sarkzoy tire un coup de chapeau à d'illustres aînés comme Jean Monnet ou Robert Schuman. Mais, compte tenu de ce qu'il avait l'intention d'écrire sur le fonctionnement de l'Union européenne, cela a sans doute semblé inopportun.
La prose (ex)présidentielle se veut pédagogique quand elle évoque les conflits qui ensanglantent les territoires (en rouge) se trouvant aux portes de l'Union (en bleu) et les menaces qui en découlent :
On notera que si N. Sarkozy cite l'Afrique du Nord, la Turquie, la Syrie et l'Ukraine, il omet de parler de la Russie, principal élément perturbateur en Europe de l'Est. Quant à la liste des dangers, si elle évoque la faillite des Etats, les trafics et le terrorisme, elle omet d'évoquer explicitement l'intégrisme religieux... tout comme la financiarisation de l'économie. Il est certains lecteurs que l'ancien président n'a visiblement pas envie d'offusquer.
Sans surprise, N. Sarkozy se félicite que le fonctionnement de l'Union européenne bride les envies de changement de certains de ses adversaires politiques, qu'il ne nomme pas (mais on comprend de qui il s'agit). On remarque aussi un gros appel du pied à la droite souverainiste, qu'il s'agit d'empêcher de céder à la tentation du Front national :
"[...] il y eu et il y a encore des contresens et des erreurs qui sont commis par ceux qui font de l'Europe une nouvelle idéologie et qui voudraient qu'il y ait les intelligents d'un côté -comprenez les Européens (comprenons les fédéralistes)- et les populistes bornés de l'autre -comprenez les souverainistes. Ce clivage est absurde [...], il nous faut reconnaître, et surtout corriger, les graves erreurs qui furent commises au nom d'une pensée unique de plus en plus insupportable aux oreilles d'un nombre de Français chaque jour grandissant."
Je dois dire que j'ai été quelque peu interloqué de lire sous la plume de l'ancien président une dénonciation de la "pensée unique", même s'il y a en la matière sans doute un détournement de sens.
Juste après, il prend le temps de défendre la candidature à l'Académie française d'Alain Finkielkraut. C'est curieux. Même si celle-ci a suscité une assez forte opposition, elle n'a pas empêché ce médiatique imprécateur de rejoindre les Immortels. C'est là encore un signe envoyé, cette fois-ci aux "républicains", aux anciens souverainistes de gauche et à tous ceux qui estiment que la France est en déclin.
Dans la foulée, il s'en prend aux accords de Schengen, qu'il accuse à demi-mots d'être responsables de l'immigration incontrôlée qui se jette aux portes de l'Union. Cette fois-ci, le message est clairement adressé à l'électorat UMP qui serait tenté par le Front national. La parution de cette tribune aurait été souhaitée par les dirigeants de ce parti, pour mobiliser les troupes et tenter d'éviter un éventuel succès du mouvement frontiste aux élections européennes, comme les sondages l'annoncent.
Mais, au-delà de la politique politicienne, ce sont les propositions de Nicolas Sarkozy qui méritent l'attention. Il demande un renforcement de l'axe franco-allemand, en particulier sur le plan économique. Il propose (il n'est pas le premier) que l'on cesse de vouloir tout fait à 28 et que les pays de la zone euro accentuent leur intégration... sous la houlette des "poids lourds" de l'Union. Une pointe de gaullisme surgit quand il réclame de renationaliser certaines compétences, pour concentrer le travail communautaire sur un petit nombre de sujets vitaux : l'industrie, l'agriculture, le commerce, l'énergie, la recherche. D'un autre côté, les fédéralistes apprécieront que l'ancien président souhaite confier un rôle plus important en matière législative au Parlement... en rognant sur les pouvoirs de la Commission. Comme on le voit, il y a matière à débat.
P.S.
Dans ce numéro du Point, l'éditorial de Franz-Olivier Giesbert est consacré à l'Europe. Voici ce qu'on peut y lire, dans l'un des derniers paragraphes :
Victor Hugo, notre génie national, a écrit dans un drame romantique, Les Burgraves : "Il y a aujourd'hui une nationalité européenne comme il y avait au temps d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide une nationalité grecque." C'est tout aussi vrai aujourd'hui, au temps de Günter Grass, Yasmina Reza, Michel Tournier et Umberto Eco, qui, de notre Vieux Continent, s'adressent au monde entier. Sans parler d'Airbus, de Soulages et de Daft Punk. (C'est moi qui souligne.)
Dommage. La chute casse tout l'effet.
20:40 Publié dans On se Soulages !, Politique, Politique étrangère, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, médias, europe, sarkozy
mardi, 20 mai 2014
Article aveyronnais... ou national ?
Aujourd'hui, à la lecture du quotidien aveyronnais Centre Presse, certains se sont sans doute dit qu'il est des articles dont la sortie ne manque pas d'à-propos. En effet, un papier assez détaillé -et ma foi fort intéressant- y rappelle le tollé suscité jadis par l'installation des vitraux de Pierre Soulages dans l'église abbatiale de Conques.
L'auteur-e de l'article souligne l'évolution de l'opinion, sous-entendant qu'il en sera sans doute de même concernant le musée Soulages et que, d'ici une grosse dizaine d'années, les grincheux ne seront plus qu'une minorité. L'agacement ressenti à la lecture du papier a failli m'empêcher de remarquer qu'il n'est pas signé. En cherchant bien, on découvre qu'il a été conçu à partir d'une dépêche AFP :
C'est assez courant dans la partie du journal consacrée aux faits nationaux et internationaux. Je me suis d'abord dit qu'ici, un journaliste rouergat avait dû compléter ses informations avec celles parues dans une dépêche... jusqu'à ce que je tombe sur un article de L'Express, vieux de trois jours :
Dans les deux cas, l'illustration (une photographie de l'AFP) est identique, tout comme le texte, à l'intérieur duquel seuls quelques intertitres varient. Là où Centre Presse introduit "Une commande publique de Jack Lang qui passait mal", L'Express préfère mettre en valeur ces paroles : "Entrez, c'est magnifique". Plus bas, quand Centre Presse parle de "visiteurs tantôt réticents, tantôt conquis", L'Express évoque des "pèlerins frappés par l'émotion".
L'hebdomadaire national s'est visiblement contenté de publier la dépêche telle quelle, ce que sous-entend la mention figurant sous le titre, tandis que l'insertion de sous-titres semble suffire au quotidien aveyronnais pour s'affirmer coproducteur de l'article. Pour en connaître la véritable auteure, il faut se rendre sur le site de TV Monde. Il s'agit de Laurence Boutreux.
Intrigué, j'ai effectué de menues recherches complémentaires... et j'ai découvert que ce n'est pas la première fois qu'un tel procédé est utilisé, pour des articles de portée locale.
Ainsi, en avril dernier, c'est le portrait du premier maire aveyronnais originaire d'Afrique, Simon Worou (à Sainte-Juliette-sur-Viaur), qui a fait l'objet d'une coparution, d'abord dans Midi Libre (le "grand frère" de Centre Presse), le 10 avril :
... puis, le 13 du même mois, sur le site internet afriquessor.com :
Si le titre et la première photographie d'illustration diffèrent (et encore, celle de Midi libre figure aussi dans l'article africain, mais plus bas), notons que dans les deux cas, c'est José Torres qui a officié. Le texte lui est quasi identique. Seules varient quelques formules de localisation. Au début de l'article, la version africaine parle d'un "village du Sud de la France", quand la version aveyronnaise se contente d"un "village du Sud-Ouest". Un peu plus loin, la version africaine évoque "le département français de l'Aveyron", formule que l'on ne retrouve évidemment pas dans Midi Libre. En toute fin, la version africaine bénéficie d'un rajout à propos de la Bretagne : "dans l'ouest de la France", précision que Laurence Boutreux n'a pas jugé utile de faire figurer dans la version française.
Quand vient le tour de Centre Presse, le 17 avril, c'est à un article totalement inédit (signé Philippe Henry) que les lecteurs ont droit, avec des compléments. Ouf !
Mais la tentation était grande (et la pratique sans doute plus ancienne que ce que j'ai remarqué), si bien qu'au tout début du mois de mai, un autre sujet local a fait l'objet d'un traitement AFP. Cette fois-ci, tous les organes de presse ont pratiqué le copié-collé intégral de l'article intitulé "En Aveyron, la résistance s'organise contre l'éolien industriel". On l'a donc vu dans Le Nouvel Observateur, L'Express (de nouveau) et, bien entendu Centre Presse. Pour en connaître l'auteure, il faut se diriger vers Yahoo! actualités, alors que les trois journaux se sont contentés de la référence à l'AFP, sans plus de précision.
Remercions donc cette journaliste de l'intérêt qu'elle manifeste à notre département... et souhaitons que ses collègues aveyronnais fassent preuve de la même curiosité !
20:37 Publié dans On se Soulages !, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, journalisme, actualité
dimanche, 18 mai 2014
Soulages a-t-il bonne presse ?
Alors que l'inauguration du musée consacré à l'artiste se rapproche, les articles se multiplient, dans la presse locale, mais aussi nationale. Plus intéressantes que les papiers de commande, écrits à la va-vite, les anecdotes liées à la manière dont l'oeuvre de Soulages est perçue nous permettent de mesurer l'aura du peintre.
Ainsi, au détour d'un article du Monde, on apprend que Claude Perdriel, le (re)fondateur du Nouvel Observateur (qui vient de vendre l'hebdomadaire), collectionne avec son épouse les oeuvres de Soulages et de Matisse.
Le mois d'avril a vu l'actualité soulagienne devenir plus trépidante. De manière surprenante, c'est d'abord le cinquantième anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre la France et la Chine communiste qui a mis le nom de l'artiste à l'honneur. En effet, l'une des manifestations organisées a consisté en l'envoi de dix chefs-d'oeuvre (ou supposés tels) des musées nationaux français en Chine (où ils resteront jusqu'en juin). Renoir y côtoie Fragonard, Rigaud, Clouet, Georges de La Tour, mais aussi Léger, Picasso... et Soulages, à travers une oeuvre de 1950, sobrement intitulée "Peinture" :
Le concert de louanges s'est accentué à l'occasion de l'ouverture d'une double exposition des oeuvres de Soulages à New York, l'une dans la galerie Perrotin (de l'outrenoir sur des murs blancs), l'autre chez Dominique Lévy. Sur ce dernier site, la vidéo mise en ligne nous impose un commentaire dithyrambique, où il est d'ailleurs une fois question de l'Aveyron.
On peut couper le son et concentrer son attention sur les images : la caméra est mouvante, faisant apprécier les jeux de lumière sur les oeuvres, parfois filmées en très gros plan. Notons qu'un journal destiné principalement aux Français expatriés aux Etats-Unis a consacré un article élogieux à l'exposition.
En Aveyron, la presse quotidienne regorge de "papiers" sur Pierre Soulages ou son musée. On remarque que, si les critiques sont (pour l'instant) mises sous le boisseau, ce n'est tout de même pas l'enthousiasme qui semble avoir guidé les plumes. Les aficionados de Soulages ne pourront pas faire ce reproche au mensuel gratuit A l'oeil, exclusivement louangeur, l'un des articles du dernier numéro étant même titré "Pierre Soulages, Populaire !"
... Tout dépend auprès de qui. Pour justifier le titre, l'auteur-e de l'article rappelle les expositions prestigieuses et le montant des ventes de tableaux. C'est se limiter à une très petite frange de la population, encore plus étroite dans le second cas. Le marché de l'art est en grande partie spéculatif. Il n'est en aucun cas révélateur de la qualité d'une oeuvre, ni de son écho auprès de la masse de la population. Quant aux visiteurs des musées d'art contemporain, il faut rappeler que, s'ils sont plus nombreux que les acheteurs de tableaux, ils ne constituent qu'une infime part de la population. Difficile donc de parler de "popularité" à propos de Pierre Soulages.
Plus loin, dans la retranscription de l'entretien accordé par Benoît Decron (le conservateur du musée), on sent que le sujet provoque la gêne :
On notera que la question est ambiguë. Il pourrait s'agir d'une litote (du genre "Je ne te hais point", pour dire "Je t'aime"). Ici, il faudrait comprendre que le musée a suscité un fort sentiment de rejet de la part de la population. L'usage du passé signifie que, si un tel rejet a existé il y a quelques années, tel n'est plus le cas aujourd'hui. La réponse de B. Decron va dans ce sens, même s'il est plus mesuré dans son propos.
En réalité l'ouverture du musée approchant et l'existence de celui-ci étant incontournable, les Ruthénois (et les Aveyronnais), en bons pragmatiques, ont mis leurs critiques en sourdine... mais ils n'en pensent pas moins. Benoît Decron semble l'avoir compris. Il souhaiterait que les habitants s'investissent plus dans ce coûteux projet, qui leur a été imposé sans consultation.
Signalons que chez les marchands de journaux, depuis quelques jours, la presse magazine s'est enrichie d'un petit nouveau, Caracterres, dont le premier numéro fait sa Une... sur le musée Soulages :
Consécration ultime, c'est aussi le cas dans le dernier numéro de la revue L'Oeil, un mensuel consacré aux arts, qui avait déjà fait sa Une sur Soulages à l'occasion de l'exposition du Centre Pompidou, en 2009. Mais le diable vient parfois se nicher dans les détails. Est-ce le résultat d'une mise en page maladroite, ou de l'action d'un maquettiste facétieux ? Toujours est-il que la première page du numéro de mai 2014 prête à confusion :
Un coup d'oeil (!) trop rapide pourrait faire croire que le gros titre s'applique à la personne figurant sur la Une. Compte tenu du fait que Soulages est peut-être le seul artiste à se voir construire un musée de son vivant, cette mise en page n'est peut-être pas totalement fortuite.
Mais le coup de patte le plus sarcastique vient sans conteste d'une nouvelle publication satirique, uniquement numérique, La Dèche du Midi. Le dernier article mis en ligne est en plein dans le sujet, puisqu'il s'intitule "Le nouveau musée Soulages de Rodez se visite dans le noir complet". Même si l'auteur (qui signe sous le pseudonyme de Jean-Pierre Watt) n'est pas le premier à imaginer une "blind visit" du musée, je reconnais que la prose ne manque pas de saveur.
16:32 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture, peinture
Godzilla
Dieu a dit : "A la sueur de ton front, tu creuseras des trous, jusqu'à ce que tu retournes à la terre, puisque tu en es tiré, car poussière tu es et à la poussière tu retourneras." Aux Philippines, les hommes appliquent vachement les consignes de Dieu. (On est très catholique dans ce pays-là.) Le problème est qu'en creusant un gros trou, ils tombent dans un trou encore plus gros. Bien plus gros. Du genre qui a été creusé par une grosse bête que personne ne connaît. En se promenant dans le méga-gros trou, les personnages (et les spectateurs) ont l'impression de se retrouver dans le premier Alien.
Mais le problème n'est pas là. Il semblerait qu'une chose ait réussi à sortir du méga-gros trou. La preuve ? Elle a laissé une méga-grosse traînée sur la pente d'une montagne, le genre de traînée que même en Russie on met des années à creuser pour les Jeux olympiques. Et la traînée mène à l'océan Pacifique.
Acte II. Au Japon, on relève de fréquentes secousses, associées à des perturbations électromagnétiques. Rien d'extraordinaire, me direz-vous. Sauf qu'on se trouve dans une centrale nucléaire. Là, tout le monde commence à baliser. Les personnages (et les spectateurs) ont l'impression de (re)vivre Fukushima.
Notons que, comme le film est américain, le scientifique en chef n'est pas japonais. Pourtant, on a de bons acteurs, au pays du soleil levant. Ken Watanabe, par exemple. Les cinéphiles occidentaux ont notamment pu le voir dans Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima. Mais ici, on l'a gardé pour la deuxième partie du film, avec pour consigne d'alterner seulement deux expressions du visage. Les spectateurs se disent que Watanabe devait être à court de pognon pour payer ses impôts.
Les autres personnages se divisent en deux catégories. Ceux qui incarnent les militaires ont été recrutés sur leur aptitude à adopter le plus naturellement du monde la position repos, jambe écartées, mains derrière le dos et regard vide. Certains y réussissent très bien :
Aux autres, qui interprètent les civils, on a demandé de beaucoup écarquiller les yeux, crier et pleurer. Parfois en même temps. Parfois en courant devant un fond vert. C'est physique, comme rôle. Et mental. Pensez donc. Faire semblant d'avoir peur d'un fond vert. C'est pas donné à tout le monde.
Bon, c'est pas tout ça, mais faut quand même que la centrale nucléaire soit détruite. Pour faire pleurer dans les chaumières, on fait mourir l'épouse du grand-scientifique-américain-que-l-on-aurait-dû-davantage-écouter. Notons que cette épouse est incarnée par Juliette Binoche. Quelle faute de goût que de faire mourir Juliette Binoche avant la fin de la première demi-heure ! Ceci dit, elle aurait pu s'en sortir, si elle avait couru plus vite ! On voit bien que le nuage radioactif qui se trouve derrière elle avance à deux à l'heure. Mais, bon, les scénaristes ont voulu nous la jouer un peu comme dans Abyss et Mission to Mars.
Par contre, dès que l'on voit l'une des bêtes mutantes, on sent un nouveau le frisson d'Alien nous frôler. Sauf que... la grosse araignée ne boulotte que du radioactif. La chair des humains ne l'intéresse nullement. Mais, à l'occasion, elle ne se refuse pas d'en massacrer quelques dizaines. C'est méchant, une grosse bête mutante.
Quinze ans après la première catastrophe, la grosse bébête se casse du Japon et, comme des millions d'Asiatiques, elle va tenter sa chance aux States. En fait, elle (je devrais dire "il", puisque c'est un mâle) cherche à rejoindre sa copine, pour se faire un nid douillet avec plein de méchantes petites futures grosses bébêtes dedans. De son côté, la femelle s'échappe d'un dépôt de déchets nucléaires perdu en pleine cambrousse ricaine. En chemin, elle va écraser pas mal de bâtiments, zigouiller des centaines de soldats et faire dérailler un train. Presque sans faire exprès. Les spectateurs français se réjouiront de son passage à Las Vegas, qui la voit défoncer la Tour Eiffel de pacotille que les Yankees ont osé construire dans ce lieu de perdition.
Bon, là, vous vous dites que c'est pas possible, les États-Unis la Terre va disparaître sous l'action d'une horde de grosses bêtes pas gentilles. Eh bien non. Depuis le début, on nous a fait comprendre qu'une autre grosse bébête, peut-être moins méchante, est sortie de son sommeil et qu'elle se dirige aussi vers San Francisco.
Le héros va l'aider. C'est un djeunse, le fils du grand-scientifique-qu-on-aurait-dû-davantage-écouter (qui a fini par mourir à son tour). Il est devenu militaire, spécialisé dans le désamorçage de bombes. (Là, on se prend à regretter que la Kathryn Bigelow de Démineurs n'ait pas été aux commandes de ce film.) Après un séjour au Japon, le fiston se dirige vers San Francisco. Parce que les bébêtes y vont. Parce qu'il doit y convoyer une super-méga bombe atomique de sa race, capable d'exploser la tronche de toutes ces créatures malfaisantes... mais aussi de rayer de la carte une bonne partie de la région. Cela tombe mal, parce que l'épouse du héros et leur enfant vivent à San Francisco.
La suite est constituée de plusieurs grosses bastons entre bébêtes, les humains tentant de jouer un rôle pas trop ridicule dans l'action. Au milieu des foules hébétées, terrifiées et indisciplinées, on a glissé plusieurs enfants sages, dont des adultes gentils vont s'occuper.
Les effets spéciaux sont réussis. (Manque l'odorama, pour que l'on puisse capter l'haleine des grosses bébêtes, qui doit être infecte.) La musique est chouette, pile ce qu'il faut. Mais les dialogues sont vraiment à chier.
A vous de voir si cela vaut une place d'abonnement.
01:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 17 mai 2014
Les Aigles de sang
Il s'agit du premier tome des nouvelles aventures du Romain Alix, le héros créé jadis par Jacques Martin (un homonyme du présentateur de télévision). La série a été relancée (avec Valérie Mangin au scénario) par les éditions Casterman, sous le titre "Alix Senator", dont l'action se déroule à l'époque d'Auguste.
Au dessin, Thierry Démarez ne se montre pas manchot. Il nous gratifie de plusieurs jolies vues de la Rome antique, comme celle-ci :
Il m'a semblé moins habile dans la représentation des foules mais, lorsqu'il s'agit de mettre en valeur un petit nombre de personnages, son savoir-faire est évident. Notons que le premier épisode nous présente deux adolescents, Titus, le fils d'Alix, et son ami Khephren, qui n'est autre que le fils d'Enak, le compagnon (défunt) du héros.
L'histoire est assez simple. L'action se déroule en 12 avant JC, année qui a vu le décès de deux importantes personnalités du monde romain, à savoir Lépide (ancien membre du second triumvirat, en compagnie d'Octave et de Marc Antoine) et Agrippa, un brillant général qui servit la carrière du futur Auguste.
Les auteurs ont choisi de faire de ces décès le résultat d'un complot, qui fait intervenir des aigles dressés pour tuer. (Cet élément de l'intrigue ne sera pas sans évoquer Le Pacte des loups aux plus cinéphiles d'entre nous.) La violence n'est donc pas absente de cette BD... et c'est justifié, tant l'époque était parfois cruelle :
Sans être un chef-d'oeuvre, ce premier tome est une bonne "mise en bouche", qui donne envie de lire la suite des aventures du trio nouvellement constitué (les ados participent à l'enquête... bon coup de marketing, ça !).
J'ai d'autant plus savouré mon plaisir... que je n'ai pas payé cette bande dessinée. Je l'ai obtenue gratuitement à la librairie spécialisée Cubik (ex-Canal bd), qui se trouve dans un coin de la place du Bourg, à Rodez. Cela fait partie de l'opération "48 heures BD" : pendant deux jours (vendredi et samedi), on peut choisir un album parmi neuf titres (8 nationalement + 1 chez Cubik).
13:17 Publié dans Livre, Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, bd, bande-dessinée
samedi, 10 mai 2014
Girafada
C'est une sorte de conte, qui s'inspire d'une histoire vraie dans laquelle le réalisateur, Rani Massalha, a été impliqué, comme il le raconte dans le dossier de presse consacré au film.
Le contexte est celui de la deuxième Intifada, au début du XXIe siècle. Kalkiliya (aussi écrite Qalqiliya), est une ville frontalière, à la limite de la Cisjordanie et d'Israël. A proximité se trouvent aussi des colonies juives et des points de contrôle, qui empoisonnent la vie des Palestiniens. (Notons que le film a été tourné dans une autre ville de Cisjordanie, Naplouse.)
Cette ville possède un zoo, qui survit tant bien que mal, grâce notamment à l'énergie d'un vétérinaire bien sous tout rapport (Yacine) : c'est un laïque, passionné par son travail, modéré dans ses propos et qui tente d'élever seul son fils unique. (On apprend plus tard pourquoi la mère est absente.)
Le film ne cache pas les tensions qui peuvent exister au sein de la population palestinienne. On les perçoit notamment au travers du regard du fils du vétérinaire, très bien joué par Ahmad Bayatra. Des Israéliens, on a une vision essentiellement négative, avec ces soldats du check point (un homme et une femme) assez désagréables, voire racistes. Même le collègue israélien de Yacine (interprété par Roschdy Zem, pas super à l'aise) est présenté sous un jour ambigu : on le voit au départ comme un jouisseur égoïste et il finit par aider son "ami"... quand on lui force un peu la main.
Dans cette histoire, la journaliste française joue un rôle non négligeable. Elle est évidemment charmante (elle a les traits de Laure de Clermont), évidemment propalestinienne... et l'on sent qu'entre elle et le vétérinaire de Kalkiliya pourrait naître quelque chose.
Mais il y a d'abord une girafe à sauver. Depuis la mort de son compagnon (à cause d'un bombardement... signalons que l'animal a fini empaillé), la femelle, enceinte, refuse de s'alimenter, au grand désespoir du fils du vétérinaire. La deuxième partie du film montre le périple accompli par l'improbable trio (le père, le fils et l'esprit critique) pour tenter de ramener en Cisjordanie un nouveau mâle (nommé Roméo !), "emprunté" à un zoo israélien.
Comme c'est un conte (ou une fable), l'histoire n'est pas que tragique. Elle ménage des moments d'humour, dès le début d'ailleurs, quand le gamin fait l'éloge des girafes, dont les excréments sentiraient très bon, au contraire de ceux des babouins, qui ont attrapé la diarrhée à force de manger des cacahuètes ! De temps à autre, le vendeur ambulant Hassan contribue lui aussi, par son regard décalé, à dédramatiser les événements.
C'est joli à regarder, avec de superbes paysages ruraux et un moment de grâce, lorsqu'une girafe franchit le mur de séparation (inachevé) entre les deux territoires. On la voit poursuivre sa déambulation dans les rues d'une ville... mais je me garderai bien de dire comment tout cela se termine.
23:08 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 09 mai 2014
D'une vie à l'autre
Ce film aurait pu s'intituler "quatre générations sous un même toit", puisqu'il met en scène les relations entre l'aïeule d'une famille norvégienne (qui vit plutôt recluse), sa fille (un femme mûre très organisée), sa petite-fille (assez perturbée) et le petit dernier, encore bébé. Le problème est que l'aïeule a eu, pendant la Seconde guerre mondiale, une relation avec un soldat allemand (mort ensuite sur le front russe) et que sa fille unique Katrine lui a été enlevée pour être envoyée dans un orphelinat du Lebensborn, en Allemagne.
La situation se complique parce que l'action se déroule en 1990. La chute des régimes communistes est-européens et la réunification allemande font ressurgir de vieilles histoires... et de vieux dossiers. Une association milite pour que les mères et les enfants jadis rejetés par le gouvernement norvégien soient indemnisés. Or, Ase et Katrine forment le seul couple mère-fille à s'être retrouvé, une vingtaine d'années auparavant. Mais les circonstances semblent floues.
A l'écran, on distingue les scènes "anciennes" (des années 1960) des scènes "actuelles" (de 1990) par le grain de l'image, volontairement dégradé pour les images du passé. Le montage est assez subtil, parce que, très tôt, il nous donne à voir des scènes dont on a du mal à comprendre toute la portée. On saisit quand même assez vite que la Stasi (la police politique de la RDA) a joué un rôle important dans cette histoire.
Ainsi, plus que sur la Seconde guerre mondiale, c'est sur la Guerre Froide que repose l'intrigue. On nous ménage des rebondissements, jusque dans le dernier quart d'heure. A ce moment de l'intrigue, l'une des scènes anciennes prend tout son sens.
Les acteurs sont très bons. On a beaucoup parlé de Liv Ullmann (qui incarne l'aïeule). J'ai été davantage marqué par l'interprétation de Juliane Köhler, dont le personnage à multiples facettes est au cœur de l'histoire.
Entre film d'espionnage, polar et drame familial, cette œuvre très forte mérite le détour.
P.S.
Sur le programme "Fontaine de vie" des SS, il existe un livre de Marc Hillel, assez ancien, mais riche en anecdotes. Il s'intitule Au nom de la race :
La première partie du livre aborde le programme nazi sous l'angle allemand. On entre dans le délire des conceptions racistes qu'il y a derrière la création du Lebensborn. A l'occasion, on apprend des choses sur la condition féminine sous le IIIe Reich. Ensuite, il est question des enfants issus de couples mixtes (le cas polonais est le plus développé). La dernière partie traite du devenir des enfants entre 1945 et le début des années 1970. Un cahier de photographies complète l'ouvrage, en fin de volume.
19:53 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
jeudi, 08 mai 2014
Le Saint Suaire de Rodez
C'est l'un des questionnements qui agitent les Ruthénois ces jours-ci. La cathédrale Notre-Dame est-elle l'objet d'une apparition du Christ, comme semble le suggérer une photographie, prise par des touristes de passage à Rodez et publiée dans le quotidien Centre Presse ?
Où se trouve cette apparition ? Eh bien, au plafond, si l'on se fie à ce que l'on voit sur la partie droite de la photographie : on est proche d'une croisée d'ogives. Une brève déambulation dans le magnifique édifice permet de déterminer l'endroit exact, situé au fond de la nef, à proximité de la place d'Armes, pas très loin de ce qui aurait pu être le narthex de l'église, si sa façade occidentale n'avait été intégrée aux remparts de la cité :
A l'intérieur, il faut se rapprocher de la rosace, comme on peut le voir sur un extrait de la visite panoramique de l'édifice :
Mais, en regardant ailleurs, on se rend compte que les taches d'humidité ont donné naissance à d'autres formes troublantes (toujours dans la partie occidentale de la nef, le point rouge représentant l'emplacement de la fameuse apparition) :
Mais ce n'est pas le seul visage mystérieux que contient la cathédrale. Je conseille aux visiteurs de s'attarder un peu sur les piliers. Sur l'un d'entre eux, sous un certain éclairage, on peut distinguer ceci :
Cela ne vous évoque rien ? Je reconnais que la photographie n'est pas de très bonne qualité, mais il est néanmoins évident que nous sommes en présence d'un visage humain, marqué par des blessures :
S'agit-il d'un martyr inconnu ? Mystère. Toujours est-il que des esprits semblent rôder dans l'église. L'un d'entre eux est même visible à côté de l'entrée nord :
Cette forme blanche ne laisse aucun doute. On peut même distinguer deux yeux, ainsi qu'une petite boule blanche en bas à gauche du fantôme. Serait-ce un boulet, auquel il ne manquerait qu'une chaîne ? Enfin, comment ne pas voir la gangue de grès qui englobe la forme : cet esprit sans doute maléfique, enveloppé de soufre, a été emprisonné dans les murs de la cathédrale, sous la surveillance du Très-Haut.
14:18 Publié dans Aveyron, mon amour, Presse, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, actualité, photographie, presse, spiritualité
mercredi, 07 mai 2014
Le Grand Cahier
C'est l'adaptation du roman éponyme d'Agota Kristof, le premier d'une trilogie consacrée à des frères jumeaux. L'action de ce film se déroule en Hongrie, pendant la Seconde guerre mondiale. Autant dire tout de suite que l'optimisme et l'hilarité ne sont pas au coeur de l'histoire, qui est extrêmement dure.
On ne sait pas beaucoup de choses du contexte. C'est celui de la fin de la guerre (les années 1944 et 1945), qui voit l'invasion de la Hongrie par les troupes de l'Allemagne nazie, dont elle était pourtant une alliée jusque-là. Deux parents décident d'envoyer leurs fils jumeaux à la campagne, chez leur grand-mère maternelle (qu'ils n'ont jamais vue). Le père est dans l'armée. C'est la mère qui va amener les enfants, avant de disparaître. Ils emportent avec eux diverses affaires, dont un cahier aux pages blanches, sur lequel leur père leur a demandé de raconter leur quotidien.
La suite est dure, très dure même parfois pour ces enfants, qui découvrent la complexité du monde des adultes. Aucun de ceux-ci ne semble respecter les préceptes qu'ils enseignent. Toutes les figures adultes se révèlent ambivalentes. Ceux qui paraissent gentils de prime abord (les parents, les clients d'un café, l'employée du curé, les "libérateurs" de l'Armée rouge) se montrent finalement plutôt égoïstes et indifférents au sort des gamins.
D'un autre côté, plusieurs figures hostiles font preuve d'un peu d'humanité. Il y a cet officier SS, au départ menaçant, qui semble beaucoup aimer les garçons... Il y a aussi la fille de la voisine, qui a un bec-de-lièvre. C'est une indécrottable voleuse, mais elle va aider les jumeaux. Il y a surtout la grand-mère, formidable personnage interprété par Piroska Molnar.
A partir du moment où les deux petits citadins se retrouvent chez la vieille bique, les scènes fortes, très dures, s'accumulent. Il y est question de la saleté, de la faim, du froid, de la violence physique, de la convoitise. L'espèce humaine n'en sort pas grandie... et les enfants non plus puisque, pour survivre dans ce monde de loups, ils décident de se faire loups à leur tour. Je vous laisse découvrir à quelles extrémités leur choix va les conduire.
D'un point de vue visuel, le film alterne de très jolies scènes naturalistes, en extérieur et en intérieur. S'ajoutent à cela les notations dans le fameux grand cahier, très bien rendues à l'écran. Ce qui n'était au départ qu'une suite de petites rédactions écrites de mains d'écoliers studieux devient un livre de vie, rempli d'objets, de matières diverses, qui s'animent plus ou moins à l'écran. Cela donne encore plus de force à cette histoire originale, très pessimiste sur le fond.
22:51 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
dimanche, 04 mai 2014
Les Amants électriques
Vu que récemment, je me suis "mangé" pas mal de films assez durs, il m'a paru nécessaire de prendre un bon bol de comédie déjantée. Voici donc le dernier film d'animation signé Bill Plympton, un fils spirituel de Tex Avery et de Robert Crumb. En France, on l'a découvert avec Mondo Plympton (en 1997), puis L'Impitoyable Lune de miel, Les Mutants de l'espace, Hair High et, plus récemment, Des Idiots et des anges. Les téléspectateurs d'Arte ont aussi pu voir de lui L'Art du baiser. Pour avoir une idée de son style, je conseille de visionner la bande-annonce de son dernier film.
Celui-ci nous narre de manière surréaliste la naissance d'un amour, puis la vie d'un couple que l'incompréhension mutuelle commence à fracturer. L'idylle démarre lors d'une fête foraine, où l'arrivée d'une superbe jeune femme trouble la gent masculine :
Cela nous vaut de superbes plans sous tous les angles. Le dessinateur maîtrise à merveille la géométrie et sa technique expressionniste crée de multiples effets comiques. C'est au niveau des auto-tamponneuses que le coup de foudre se produit. Un grand chapeau à ruban joue un rôle non négligeable dans l'affaire :
Succède à cela une période de passion, qui débouche sur le mariage et l'installation du couple dans une petite maison. (Oui, Bill a une vision assez conventionnelle des relations homme-femme.) Au niveau visuel, c'est saisissant, avec ces plans aériens, aux perspectives originales :
Mais ce bonheur n'a qu'un temps. Pour une raison que je me garderai bien de dévoiler, le mari va se mettre à tromper son épouse, dans la chambre 4 d'un hôtel sordide :
Furieuse, l'héroïne va dans un premier temps décider de supprimer le fautif (très belles scènes avec le tueur engagé, un cinglé de première), avant de trouver un moyen original de reconquérir son mari, grâce à l'intervention d'un magicien très spécial :
Tout cela se termine là où l'histoire avait commencé, aux anto-tamponneuses, le tout sur une musique signée par une Française, Nicole Renaud, une soprano qui vit à New York.
Cela donne 1h15 de doux délire, sur fond de romantisme.
00:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
samedi, 03 mai 2014
24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi
Le film se veut l'adaptation du livre coécrit il y a quelques années par Ruth Halimi (la mère de la victime) et Emilie Frèche (l'une des scénaristes). C'est à la fois une oeuvre coup-de-poing, engagée, et un film d'action, à suspens, même si l'on en connaît hélas la conclusion.
C'est d'abord sous cet angle que l'on peut analyser le film. Il faut en séparer deux scènes ratées, une au début (quand les soeurs apprennent l'enlèvement d'Ilan) et à la fin, lors de l'exhumation du corps (pour une raison que je vous laisse découvrir... c'est d'ailleurs le chapitre introductif du livre). Dans les deux cas, je trouve que c'est mal joué. On voit les soeurs crier et pleurer comme si leur frère était mort, alors qu'à ce moment de l'histoire, elles découvrent pourquoi il ne répond pas au téléphone depuis des heures. A la fin, on nous montre (une fois de plus) la douleur de la mère, au moment de la sortie du cercueil. C'est sans doute authentique, mais, comme cela fait déjà plus d'1h30 que l'on suit la maman (qui est le personnage principal du film), on a bien compris quelle tragédie c'est pour elle, on compatit, mais là, c'est un peu trop.
Entre ces deux moments, c'est un très bon film. C'est d'abord trépidant, avec une enquête à rebondissements, que l'on a oubliés même si l'on a suivi l'affaire il y a huit ans. L'action se déroule principalement dans la région parisienne, entre le douzième arrondissement (où habite la famille Halimi), le quatorzième (d'où sont passés certains appels téléphoniques) et les Hauts-de-Seine (les villes de Sceaux et Bagneux). Le corps de la victime a été retrouvé plus au sud, dans l'Essonne, à Sainte-Geneviève-des-Bois.
Les acteurs sont bons, qu'ils incarnent les membres de la famille, les policiers ou les ravisseurs. Du côté de la famille, il faut souligner la performance du couple (séparé) formé par Zabou Breitman et Pascal Elbé. La première a repris le rôle que devait tenir Valérie Benguigui, décédée l'an dernier. En elle, on a voulu peindre une mère aimante comme une autre, dévastée par cette affaire. A travers elle s'expriment aussi (ce que l'on retrouve dans le livre) les reproches de la famille à la police et à la justice. A ses côtés, Pascal Elbé est formidable de retenue. Il transmet admirablement l'inquiétude qui ronge le père, mais qu'il ne doit pas montrer : il est censé être un roc... et on lui a demandé d'être fort. A signaler aussi la bonne prestation de Syrus Shahidi, qui avait la difficile tâche de jouer Ilan Halimi.
Du côté des policiers, on nous peint une grande diversité de tempéraments. J'ai été moyennement convaincu par un acteur que j'aime pourtant beaucoup, Jacques Gamblin. Est-ce parce que l'on sait que le fonctionnaire de police s'est suicidé l'an dernier ? En tout cas, on nous le présente comme un homme calme et un peu dépressif. A ses côtés officie une psychologue (interprétée par Sylvie Testud), un personnage que l'on particulièrement "chargé" dans le film. On lui reproche d'avoir poussé à l'intransigeance.
Passons aux ravisseurs. J'ai trouvé excellente la prestation de Tony Harrisson en Youssouf Fofana. Il restitue parfaitement le côté mégalo et ordurier du chef de la bande. Le montage nous permet aussi de comprendre la manière dont les téléphones et les publiphones ont été utilisés, à la fois pour échapper à la surveillance policière et pour mettre la pression sur la famille d'Ilan Halimi. (Le film omet toutefois de préciser le rôle d'un informaticien, qui a permis l'existence de ce jeu du chat et de la souris par l'intermédiaire d'adresses internet bidons.) Les autres membres du gang paraissent être de petites frappes de banlieue, certains moins humains que d'autres. Le film ne s'attarde pas trop sur eux, alors qu'il aurait pu davantage charger la barque.
Il évoque aussi l'indifférence de la population du quartier où Ilan Halimi a été séquestré. Personne n'aurait rien vu ni entendu, ce qui semble visiblement impossible. Restent les appâts, dont les rôles sont bien rendus par des actrices inconnues. On mesure surtout l'inculture et l'absence de morale de ces jeunes, obsédés par l'argent vite gagné et gangrenés par des préjugés antisémites.
Cela nous mène au propos militant du film. Il dénonce la faillite de l'action policière et l'aveuglement de la hiérarchie face aux motivations des ravisseurs, qui n'étaient pas que crapuleuses. Dès le début, on nous fait bien comprendre que la victime a été choisie parce que juive (les magasins ont été repérés comme fermant lors du shabbat). Plusieurs tentatives similaires (mieux décrites dans le livre) ont eu lieu, que les enquêteurs découvrent au fur et à mesure. A chaque fois, les victimes potentielles des enlèvements étaient juives. On sent le désarroi de la mère lorsqu'elle réalise que la police ne tient pas compte de ce facteur essentiel. On perçoit aussi les regrets de ne pas avoir lancé dès le début un appel à témoin, puisqu'on disposait du portrait-robot de l'un des appâts et d'informations sur le déroulement de l'enlèvement et l'implication de certains individus (ils étaient une vingtaine au total, la liste complète étant accessible sur la page Wikipedia consacrée à l'affaire).
Au final, le film est éprouvant. On a une (petite) idée de ce qu'ont pu ressentir les proches de la victime. Comme le titre l'indique, cela a duré plus de trois semaines !... et le jeune homme aurait pu être sauvé. Même le chef de bande aurait pu être arrêté. L'une des scènes le montre contrôlé par des îlotiers, mais, comme ses papiers sont en règle (et que l'enquête demeure secrète), on le laisse partir. Juste avant, il vient d'échapper à une interpellation dans un cybercafé, où l'on a envoyé des policiers de l'arrondissement, pas au courant de l'affaire... et qui sont d'abord entrés dans l'immeuble voisin. Le livre explique davantage ces aspects, en mettant aussi le doigt sur la non prise en compte de la piste ivoirienne, qui aurait pu permettre d'identifier rapidement Youssouf Fofana. On a visiblement voulu éviter de trop accabler la police nationale. Le film ne dit donc pas qu'au commissariat de Bagneux, les policiers n'ont pas reconnu le chef du gang sur une photographie qu'on leur présentait... alors qu'il avait été incarcéré dans ces lieux quelques semaines plus tôt... et qu'il était fiché comme délinquant multirécidiviste.
L'histoire ne s'arrête pas à la mort d'Ilan Halimi. Elle se poursuit par la traque de ses meurtriers, enfin efficace. On ne nous mène pas jusqu'aux procès, l'appel se concluant à la fin de 2010.
P.S.
Depuis, certains des condamnés ont refait l'actualité. On a surtout entendu parler de l'appât, une jeune femme qui a connu une vie difficile... mais qui a visiblement acquis une certaine habileté à s'attacher les services de protecteurs. De son côté, Youssouf Fofana ne semble pas suivre le chemin de la réhabilitation. Sachez que la plupart des coupables sont déjà libres. D'après un article de La Dépêche du Midi, seuls 5 des 24 condamnés en première instance sont encore sous les verrous. Cela explique que l'une des soeurs d'Ilan Halimi ait pu croiser l'un des appâts récemment, dans le métro parisien...
P.S. II
Le sortie du film vient nous rappeler qu'il est des vérités que tout le monde ne trouve pas bonnes à dire. On sait que France Télévision n'a pas voulu financer le film. De plus, lors de la venue du réalisateur Alexandre Arcady dans l'émission "On n'est pas couché", l'un des chroniqueurs s'en est apparemment violemment pris au film... j'ai écrit "apparemment", parce que la séquence a été coupée au montage. Cet Aymeric Caron a tout l'air d'être l'un de ces imbéciles qui mélangent (volontairement ?) antisionisme et antisémitisme.
P.S. III
Sur le site allocine.fr, la sortie du film a donné lieu au même phénomène que pour celle de La Marche, il y a quelques mois de cela. Très vite, des internautes se sont précipités pour attribuer une très faible note au film, histoire qu'il apparaisse comme médiocre ou mauvais aux internautes qui consultent le tableau des étoiles avant d'aller au cinéma.
(capture d'écran réalisée le 3 mai 2014)
La très grande majorité de ces critiques n'est même pas argumentée... ce qui laisse soupçonner que leurs auteurs n'ont même pas vu le film. De plus, dans la plupart des cas, ils ne sont pas des habitués du site : ils y ont très peu contribué. On comprend bien quelles sont leurs motivations... De surcroît, quand on lit les commentaires, souvent, on retrouve le même reproche (tiens, tiens...) : ce serait un film "communautaire", sous-entendu, fait par des juifs pour les juifs. C'est exactement ce que dénoncent Ruth Halimi et Emilie Frèche dans le livre paru en 2009 : pour certains individus, dénoncer l'antisémitisme revient à prendre parti pour les juifs.
Au contraire, dénoncer l'antisémitisme qui a conduit au meurtre d'Ilan Halimi, c'est défendre, de manière universelle, les droits de l'Homme. Que certains des auteurs des actes de barbarie puissent être considérés comme des "victimes de la société" n'est en aucun cas une circonstance atténuante.
15:45 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, société
vendredi, 02 mai 2014
Les Vivants
Au coeur de ce film (partiellement autobiographique) se trouve la communauté dite des "Saxons de Transylvanie". Elle est composée (en partie) de descendants de migrants germaniques (plutôt issus de l'espace rhénan), installés dans l'actuelle Roumanie à partir du Moyen-Age. Le régime nazi a considéré ces populations comme des "Allemands ethniques" et nombre d'entre eux ont rejoint les rangs de la SS pendant la Seconde guerre mondiale.
Au début de l'histoire, l'héroïne, Sita, une jeune femme encore étudiante, qui fréquente des milieux de gauche, voire alternatifs, n'a pas conscience de tout cela. Elle sait que sa famille est originaire de Roumanie et que certains de ses ancêtres ont dû porter l'uniforme allemand. Mais, un soir, elle découvre une vieille photographie déchirée en petits morceaux. Peu après, son grand-père adoré tombe gravement malade et, en fouillant dans ses affaires, elle tombe sur un album-photo des plus intrigants.
Sita est amenée à (se) poser beaucoup de questions sur le passé familial. Son grand-père (à l'article de la mort) a-t-il combattu en Pologne ? Qu'était ce "camp d'entraînement" où il a stationné ? Quels sont ces prénoms inconnus qui figurent dans les documents familiaux ? Comme son propre père ne veut pas lui répondre clairement, Sita part à la recherche d'informations.
Sa quête va la mener en Allemagne, en Autriche, en Pologne et même en Roumanie, dans l'une des dernières séquences, assez émouvante. L'ensemble du film est d'ailleurs très prenant. La jeune femme découvre petit à petit un passé pas très reluisant et aussi une histoire familiale cachée.
Dans le même temps, sa vie sentimentale est bouleversée. Elle se fait larguer par le journaliste (marié) avec lequel elle entretenait une liaison et démarre une relation confuse avec un étudiant israélien. Les deux histoires s'entrechoquent et l'on sent que la jeune femme a du mal à tout gérer.
C'est un film très fort, très bien joué, accompagné d'une bonne musique
22:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, histoire
jeudi, 01 mai 2014
Real
"Réelle", l'action du film l'est, mais les deux personnages principaux communiquent de manière virtuelle, par ondes cérébrales, puisque l'un d'entre eux se trouve dans le coma. La plupart des scènes sont donc marquées par une sorte d'étrangeté formelle, qui vient s'ajouter à l'extraordinaire de la situation.
C'est joli à voir et intense au niveau des sentiments, ainsi que du questionnement. Que s'est-il vraiment passé pour que l'un des deux se retrouve dans le coma ? Quel est le lien avec la création des mangas ? De surcroît, l'expérience suivie a des conséquences sur la vie réelle de l'un des personnages.
Mais l'histoire ne paraît pas clairement compréhensible sans qu'un "truc" ne soit révélé. Peut-être parce que j'ai déjà vu pas mal de films, j'ai vite compris de quoi il retournait. Par contre, il m'a fallu près d'une heure pour comprendre le pourquoi. Il faut être attentif aux visions de l'un des personnages.
Le réalisateur aurait pu terminer son histoire au bout d'1h30. Mais il a voulu ajouter un nouveau coup de théâtre, qui fait davantage plonger le film dans le fantastique. Disons simplement qu'il est question d'un plésiosaure, que l'on voit d'abord en dessin, puis sur un collier, enfin dans la "réalité"...
En dépit de quelques longueurs (et d'une tendance au mélo un peu développée), ce nouveau film de Kiyoshi Kurosawa (auquel on doit notamment Shokuzai) est vraiment superbe. Le scénario est fouillé et la réalisation d'une grande virtuosité (elle n'est pas sans rappeler un film sud-coréen de Joon-ho Bong, The Host).
11:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 30 avril 2014
Dans la cour
Cette tranche de vie d'une copropriété parisienne sert de toile de fond à un film centré sur la dépression, ou du moins le mal de vivre. Catherine Deneuve incarne une (encore jeune) retraitée hyperactive, victime de ses obsessions. Gustave Kervern interprète un artiste raté, qui devient le concierge - homme à tout faire de l'immeuble.
On retrouve la "patte" de Pierre Salvadori dans quelques situations cocasses (autour d'un jet d'eau, des vélos à entreposer ou d'un chien à garder) et dans la tendresse générale dont il entoure ses personnages... enfin presque tous ses personnages.
Dans l'immeuble cohabitent des retraités, des couples avec enfants, un footballeur déchu, un urbaniste, un ancien syndicaliste CGT... Je trouve le film assez injuste avec l'époux de Mathilde (incarné par l'excellent Féodor Atkine, sous-utilisé, confiné dans un rôle de faire-valoir) et l'urbaniste, accablé de tous les maux parce qu'il essaie de faire respecter un semblant d'ordre.
En face, Catherine Deneuve donne toute sa mesure dans son personnage de femme perdue, pleine de bonne volonté. J'ai aussi apprécié Pio Marmai en pro de la combine. Chacun a une faille que l'histoire nous fait découvrir. Mais je trouve que le personnage d'Antoine est trop "chargé". En plus, Gustave Kervern ne la joue pas subtile...
Du coup, malgré l'intérêt de l'intrigue (et quelques effets de mise en scène, comme cette symphonie de bulles géantes, au début), on tourne vite en rond... sans compter que l'ambiance est plombée par les difficultés supposées insurmontables qui accablent le personnage masculin principal. Fort heureusement, le scénario ménage une porte de sortie pas trop désespérante, mais c'est au final un peu décevant, compte tenu de l'enthousiasme manifesté par la critique.
22:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
Publicité culinaire
Il n'a échappé à personne que, le premier avril dernier, Michel et Sébastien Bras ont ouvert le restaurant associé au (futur) musée Soulages, deux mois avant l'inauguration de celui-ci, alors que le jardin du Foirail est encore en plein travaux.
Force est de constater que cette ouverture a connu un certain retentissement. Les médias locaux et régionaux ont bien évidemment abondamment relayé l'information. On ne s'étonnera pas non plus que La Montagne, un voisin (peut-être le futur propriétaire de Centre Presse), s'en soit fait l'écho. C'est "remonté" jusqu'à la capitale. Le Parisien s'est contenté de reprendre une dépêche AFP, agrémentée de photographies de José Torres (qui travaille pour Centre Presse). De son côté, le critique gastronomique du Figaro a visiblement été emballé, alors que Le Monde évoque l'établissement ruthénois dans un article thématique consacré aux musées.
C'est pourquoi on peut se demander s'il était bien utile de rajouter, tout autour du Foirail, ces petits panneaux indiquant la direction à suivre pour arriver au fameux restaurant :
Quand on vient de la cathédrale, c'est dès l'entrée du jardin public que l'on se voit montrer "le droit chemin" (n°1) :
La pancarte est tantôt disposée de manière à faire face aux personnes qui viennent de la place d'Armes, tantôt disposée sur la droite, plutôt visible quand on remonte la promenade. Le plus cocasse est que, de prime abord, elle semble indiquer le chemin pour se rendre à un autre restaurant, Le Kiosque, qui doit sans doute un peu profiter du passage (et du nombre de places limité chez Bras). Les plus attentifs auront remarqué que la pancarte associe un établissement privé (le restaurant) à un musée public (Soulages).
Quand on continue la descente, quelques mètres plus bas (au cas où l'on aurait manqué le panneau précédent), voici ce que l'on peut voir (n°2) :
On comprend que l'entreprise Eiffage tienne à montrer qu'elle est responsable du travail effectué au jardin public (qui, lorsqu'il sera terminé, n'aura peut-être jamais été aussi beau). Plus curieux est l'affichage commun avec le restaurant.
En bout de promenade, à l'approche du cinéma et d'un autre restaurant (Au Bureau), on nous montre (n°3) qu'il faut bifurquer pour atteindre le Saint Graal (l'indication est aussi visible dans l'autre sens, quand on vient de l'Esplanade des Ruthènes) :
Quelques mètres plus loin, un quatrième panneau nous invite à laisser le cinéma et le restaurant sur notre gauche, pour nous engager sur le sentier qui mène au Café Bras (le musée est visible à l'arrière-plan) :
Enfin, en contrebas, du côté Nord (qui regarde l'Amphithéâtre), une dernière pancarte avait été placée le long des escaliers que l'on peut remonter pour atteindre le musée (cela correspond au numéro 5 du plan). Elle a disparu.
Au-delà du respect que l'on peut avoir pour le travail effectué par les Bras père et fils, je ne peux m'empêcher de penser que tous les restaurateurs aimeraient bien bénéficier de la même bienveillance signalétique...
12:22 Publié dans Economie, Loisirs, On se Soulages !, Société, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, économie, presse
mardi, 29 avril 2014
Divergente
Je me suis laissé entraîner dans ce truc. J'avais un peu peur de me retrouver devant une "bouse pour ados", bien enveloppée, certes, mais bousique quand même.
Le scénario ne ménage guère de surprises. On peut d'ailleurs s'amuser, quand on en a le temps (cela dure quand même plus de deux heures), à prédire les prochaines péripéties ou le destin de tel ou tel personnage. Les caractères sont d'ailleurs assez formatés. Seuls quelques individus sortent du lot, par leur originalité. C'est un peu le propos du film, dont l'héroïne est censée incarner le rejet du conformisme, celui de la société comme celui de ses parents.
C'est fort louable, mais le chemin qu'elle suit rappellera quantité de films à ceux qui ne sont pas nés de la dernière pluie. On a tout de suite compris que "Tris" n'allait pas suivre la voie de ses parents. On n'a pas mis plus longtemps à deviner qu'elle allait en baver grave chez les "Audacieux" et qu'après une période difficile, elle allait faire ses preuves et même se révéler un leader. Il n'est pas non plus besoin d'être très futé pour se rendre compte que le séduisant formateur (Quatre) en pince pour l'héroïne, qui elle-même n'est pas insensible à son charme. On pourrait continuer comme cela pendant un long moment...
Le film est rattrapé par ses qualités techniques. C'est du boulot très correct. L'image est bonne, les mouvements de caméra pas d'une grande inventivité mais efficaces. Les costumes comme les décors, sans renouveler le genre, font leur effet.
Du coup, même si les dialogues ne sont pas transcendants, on se laisse prendre à ce qui ressemble à un roman d'aventures. Les acteurs (surtout les plus âgés) ne sont pas maladroits. (Plus que par Kate Winslet, trop caricaturale dans son rôle de méchante, j'ai été marqué par Ashley Judd, qui interprète la mère de l'héroïne.) On laisse ainsi passer quelques incohérences scénaristiques (et l'abus de "juste à temps") pour profiter d'un peu de dépaysement.
P.S.
Aux jeunes spectateurs, on recommandera de lire l'excellent roman d'anticipation d'Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, autrement plus puissant que ce film.
21:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
Révolution
Il s'agit de la nouvelle série de science-fiction produite par l'inévitable J.J. Abrams. Sa diffusion vient de commencer en France, sur la chaîne NT1. Celle-ci a le bon goût de proposer de revoir les épisodes en version originale sous-titrée (comme pour Fringe).
Disons tout de suite que le scénario comme l'interactivité des personnages ne sont pas d'une grande originalité. On a puisé dans Lost (bof...) et la récente Alcatraz (hélas arrêtée au bout d'une saison). Des individus ordinaires sont confrontés à des événements extraordinaires, inexpliqués. Petit à petit, ils vont en apprendre les causes et, au fur et à mesure, les spectateurs découvrent leur passé grâce à des retours en arrière (la catastrophe initiale s'étant produite 15 ans auparavant).
Le premier épisode, Blackout, est en fait le pilote de la série. C'est une bonne idée. Il met en place des éléments clés de l'intrigue. Au niveau de la mise en scène, c'est ma foi plutôt inspiré, avec une chute d'avion spectaculaire et une impressionnante vision de voitures s'éteignant les unes à la suite des autres, sur une autoroute :
Puis, nous faisons un bond de quinze ans. Des rescapés de la catastrophe vivent (sans électricité, comme le reste de la planète) dans un village qui rappelle La Petite Maison dans la prairie. Arrive un groupe d'individus menaçants, appartenant à la Milice :
Ces personnages qui, de prime abord, incarnent le mal absolu, vont gagner en épaisseur au fur et à mesure que les événements passés vont ressurgir, par le biais des retours en arrière. On comprend aussi très vite qu'un objet est appelé à jouer un grand rôle :
C'est un pendentif, mais aussi une clé USB. On ne sait pas ce qu'il contient, ni à quoi il sert ou pourrait servir. Par la suite, on apprend qu'il en existe d'autres exemplaires.
L'épisode 2, La Captive, nous fait rencontrer le chef des "méchants", Sebastian Monroe, que l'on a en fait déjà aperçu dans le premier épisode. Il porte au bras un tatouage (un M stylisé) que ses sbires imitent. De manière évidente, il nous est présenté comme un fasciste :
L'un des personnages prend de plus en plus d'ampleur. Il s'agit de "Charlie" (Charlotte) Matheson, la fille de l'homme qui est sans doute responsable du chaos dans lequel la Terre est plongée... et qui a été assassiné. Elle a aussi perdu sa mère et se lance à la poursuite des miliciens, qui ont enlevé son frère asthmatique (je sais, ça commence à faire beaucoup) :
Autant le dire tout de suite : je n'aime ni le jeu de l'actrice ni son personnage, visiblement inspiré de l'héroïne de Hunger Games. C'est à la fois une tête à claques et une couineuse dont on tente d'expliquer le comportement actuel par les drames qu'elle a vécus. C'est lourd, tout comme la défense ostentatoire des "valeurs familiales", les seules sur lesquelles un monde civilisé puisse reposer. En gros, la gamine tente de se reconstruire une famille et exprime une compassion pour le genre humain que ne partagent pas certains de ses compagnons d'aventure.
Dans l'épisode 3, Sans Merci, on découvre un groupe de résistants (menés par un prêtre catholique... ben oui, on est aux States !). Ceux-ci ont fort à faire avec une unité de miliciens très très méchants :
On en apprend un peu plus sur l'oncle de "Charlie", Miles Matheson, ardemment recherché par le dictateur Monroe. C'est surtout une véritable machine à tuer, un mec qui a perdu ses illusions... et que la suite des aventures devrait faire (un peu) changer d'avis. Il est incarné par un spécialiste des seconds rôles, Billy Burke, qui est vraiment très bien.
On le retrouve au premier plan dans le quatrième épisode, Aux Abois, qui met aussi l'accent sur le personnage de Maggie, une blonde assez tenace, qui, depuis quinze ans, a tout fait pour tenter de retrouver ses enfants :
Parallèlement, on suit le frère cadet de Charlie, toujours prisonnier des miliciens dirigés par Tom Neville (Giancarlo Esposito, efficace dans le rôle). De leur côté, les héros, réfugiés dans un ancien parc d'attraction, se retrouvent confrontés à un vieux cinglé entouré de chiens d'attaque. Mais, comme pratiquement tous ceux qui ont souffert des conséquences de la catastrophe initiale, le vieux cinglé a peut-être ses raisons pour être devenu ainsi.
Au niveau des personnages principaux, il faut ajouter un milicien atypique, qui dit s'appeler Nate (mais c'est bidon). Ce beau gosse musclé a pour mission de ramener Miles Matheson (vivant) à Monroe, mais on sent qu'il en pince grave pour Charlie la pisseuse.
Le tableau serait incomplet sans le "guique" de service, Aaron, un ancien de Google qui était jadis pété de thunes. Ce spécialiste d'informatique sera sans doute très utile aux héros et, par son physique quelconque, il fédère une partie non négligeable de l'audience.
Je vais attendre un peu pour voir comment l'histoire tourne. Si cela s'oriente vers un Lost-bis ou si le pathos prend décidément le dessus, je laisserai tomber. Si le scénario tient ses promesses et si les aspects fantastiques de l'intrigue restent au premier plan, je me laisserai tenter...
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lundi, 28 avril 2014
Dancing in Jaffa
C'est un documentaire que j'ai beaucoup hésité à aller voir. Evidemment, le sujet (les enfants dans conflit israélo-palestinien) est casse-gueule. Mais, surtout, j'avais redouté le truc plein de bons sentiments, qui éviterait les points de friction.
... Eh bien j'avais tort ! C'est d'abord une histoire originale (et vraie), celle de Pierre Dulaine, un danseur de salon (plusieurs fois primé au niveau international), qui s'est lancé dans un projet un peu fou : faire danser ensemble des enfants israéliens et palestiniens (en fait des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens qui n'ont pas fui après la guerre de 1948-1949).
Située au sud de Tel-Aviv, Jaffa est une ville multiculturelle, judéo-islamo-chrétienne (que l'on a déjà vue en toile de fond de l'intrigue du film Ajami). L'un des intérêts du film est d'ailleurs d'interroger les identités. Certains enfants (ici comme ailleurs) ne font pas de différence entre "arabe" et "musulman", alors qu'une partie des Palestiniens sont chrétiens. De plus, à l'écran, on peut constater combien les enfants israéliens juifs sont physiquement différents les uns des autres, certains ressemblant plus aux petits Palestiniens.
Le grand mérite du documentaire est de ne pas masquer les difficultés rencontrées. La première a été de faire danser des enfants musulmans entre eux (filles et garçons). Aux préventions des parents (les mères étant les plus présentes à l'écran) se sont ajoutés les préjugés de certains enfants. Les voir rechigner à toucher leur partenaire est à la fois comique et stupéfiant. Notons que le projet a concerné des écoles juives, musulmanes et mixtes.
La seconde difficulté a été d'inculquer les bases de la danse à un jeune public, pas du tout familier de cet univers. La passion et l'humour de Pierre Delaine lui ont été très utiles... ainsi que sa maîtrise de l'arabe, puisque, derrière ce personnage classieux s'exprimant dans un anglais châtié se cache le rejeton d'un couple mixte, le père étant irlandais et la mère palestinienne, de Jaffa (avant la conquête israélienne). On voit les gamins étonnés devant une ancienne vidéo de leur professeur, en pleine action avec une autre danseuse professionnelle... qui n'était pas sa femme ! (Sur la Toile, on peut trouver une autre de ses prestations.)
L'étape suivante était de faire danser Israéliens et Palestiniens. Je pense que le film ne restitue pas tout le parcours du combattant, mais on réalise à quel point ce fut sans doute difficile. Si l'on considère l'ensemble du projet, très peu de garçons furent volontaires au début. La rencontre avec les enfants juifs provoqua de nouveaux départs, alors que le projet semblait prendre forme. L'engouement est venu, si bien qu'il a fallu procéder à une sélection des danseurs, dans la perspective d'un concours, qui opposerait, non pas Israéliens et Palestiniens, mais duos d'écoles, chaque couple étant mixte.
On comprend que la désignation des concurrents n'a pas obéi qu'à de stricts critères sportifs. On a choisi des profils et, parfois, on a fait oeuvre sociale, retenant les enfants dont la danse favorisait l'épanouissement. J'ai aussi été sensible au fait que la réalisatrice n'ait pas privilégié les gamins au physique le plus avenant. Les grassouillets, les mal fagotés, les disgracieux ont autant (voire plus) bénéficié de son attention que les autres.
C'est le moment de souligner que le film met l'accent sur trois enfants, une juive d'origine européenne ou nord-américaine, un musulman en situation précaire et une gamine, orpheline de père, dont la mère est une convertie. L'évolution de cette dernière élève est particulièrement saisissante. Le film nous la montre passer du statut de quasi-racaille à celui de danseuse épanouie, moins complexée par son corps et (en apparence) moins perturbée par l'absence de son père.
Le résultat du concours a pour nous finalement peu d'importance. C'est la démarche qui est à saluer. Mais on comprend qu'ici comme ailleurs, des parents ont placé des espoirs démesurés dans cette modeste compétition. Ce n'est pas le sujet principal du film, mais c'est l'un des éléments qui nous rapprochent de cette région du monde, où les enfants ne sont pas si différents des nôtres.
14:14 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 27 avril 2014
Khumba
C'est une création sud-africaine mais, aux yeux des spectateurs français, cela ne semblera pas différent des productions américaines. On y retrouve d'ailleurs une pincée du Roi Lion et une brouettée de Madagascar (la francophobie en moins... ouf).
L'histoire ne contient pas de réelle surprise et l'intrigue, si elle ménage des rebondissements, est assez convenue. Cela laisse aux adultes le temps d'apprécier les détails de l'animation. Sur un grand écran, le léopard Phango est impressionnant :
Il est borgne, ce qui déforme sa vision. Mais son odorat est exceptionnel, ce qui est rendu de manière remarquable dans le film. Les scènes subjectives, montrant comment le félin repère ses proies à leurs odeurs, sont superbes et font un peu penser aux Dents de la mer.
On a aussi visiblement été attentifs aux mouvements des animaux, en particulier ceux des zèbres. Regardez bien comment évoluent l'avant et l'arrière du corps de ces bêtes... c'est du grand art ! Et quelles coupes de cheveux !
Par contre, la galerie de personnages secondaires est plus ou moins emballante. Du côté des réussites, on peut signaler le troupeau de zèbres et les springboks (les vrais !), passionnés de mêlée mais assez crétins, au fond.
J'ai aussi bien aimé la mante religieuse et le lapin. Par contre, je trouve les lycaons très stéréotypés. De leur côté, les rats des rochers rappelleront bien d'autres personnages aux cinéphiles. C'est vraiment du déjà-vu. Mais le pire est l'autruche, caricature de tragédien sentencieux, pas drôle et la plupart du temps insupportable.
L'histoire véhicule des "valeurs" (le fait de s'accepter soi-même et le respect de la différence). Cela donne un chouïa de profondeur à ce film, qui se laisse regarder.
02:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 26 avril 2014
Les Bruits de Recife
L'action se déroule dans la capitale de l'Etat du Pernambouc, situé dans le Nord-Est du Brésil :
Au départ, on pourrait penser qu'il s'agit uniquement d'une fiction à caractère documentaire. On y découvre la vie des classes moyennes d'un quartier protégé. Plus que l'écart de niveau de vie entre ces habitants et les pauvres (représentés par le personnel de maison et les veilleurs de nuit), le réalisateur montre les tensions internes à ce groupe de privilégiés. Certains sont à peine sortis de la pauvreté, tandis que d'autres frisent la grande richesse.
Un bon travail a été effectué sur le son. Les différents bruits jouent un rôle dans l'intrigue, que ce soient les aboiements du chien (dont on ne verra jamais les maîtres), les claquements des diverses chaussures sur le sol, les pétards qui explosent, les voitures qui démarrent, s'arrêtent, font demi-tour et les télévisions, dont la principale utilité semble être de meubler le silence.
Parce que ce silence angoisse certains habitants, rendus paranoïaques par la violence (réelle, mais aussi fantasmée) qui règne dans le pays. C'est sur ce créneau porteur que surfent des agences de sécurité, l'une d'entre elles proposant ses services à la copropriété qui est au centre de l'histoire.
A l'opposé, d'autres habitants cultivent l'insouciance et la nonchalance, une attitude salutaire, surtout quand règne une chaleur étouffante. Chacun vaque à ses occupations, à ses amours... mais les tensions sous-jacentes risquent d'exploser. Cela nous mène au fond de l'histoire, qui est noir. C'est un polar social, dont on ne nous fait entrevoir les fils que très progressivement. C'est un peu long à se dénouer, mais le film n'en est pas moins assez original.
11:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 25 avril 2014
De l'importance du titre
La lecture de la presse peut s'avérer cocasse. Je n'y songeais pourtant pas ce matin, lorsque j'ai consulté, sur la Toile, la Une de l'édition ruthénoise de Midi Libre. Voici ce que l'on peut y voir :
Vu le sujet qui occupe l'essentiel de la page, je me suis demandé ce qu'il pouvait en être dans la version millavoise du quotidien montpelliérain... d'autant plus que, depuis plusieurs semaines, il n'existe plus de rédaction ruthénoise de Midi Libre, celle-ci ayant été fusionnée avec celle de Centre Presse. Voici donc la Une de l'édition de Millau du même jour :
Si la photographie, sa légende et le texte d'accompagnement sont identiques, les titres diffèrent, chacun étant rédigé selon le point de vue géographique du lectorat visé. Quant à l'article lui-même, inséré dans le second cahier (en "Région"), il ne varie pas d'un pouce d'une édition à l'autre. Sa version numérique est toutefois plus riche que la version papier.
Pour terminer sur les premières pages, on peut dire que les encadrés nationaux sont les mêmes, alors que les encadrés locaux varient. L'édition ruthénoise met l'accent sur un lycée privé, un barrage hydroélectrique du Nord Aveyron et une entreprise du Bassin, alors que l'édition millavoise met l'accent sur la sous-préfecture et le Larzac.
Quant à l'étude de l'association 40 millions d'automobilistes, elle ne me paraît pas avoir suivi une très grande rigueur méthodologique. Ses conclusions sont donc à prendre avec des pincettes.
23:44 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, presse, médias, journalisme
jeudi, 24 avril 2014
Les petits gars de la campagne
Attention, le titre est trompeur. Ce documentaire n'est pas consacré aux jeunes agriculteurs d'aujourd'hui. S'il propose une série de portraits de cultivateurs et d'éleveurs (rarement jeunes), il les insère dans un propos plus global, consacré à la Politique Agricole Commune.
Mariant images d'époque et scènes contemporaines, le film restitue de manière assez claire les principales étapes de la PAC. Il ne s'agit toutefois pas d'une analyse objective, à mon avis. Si on laisse de côté une courte mention (au début) et une phrase dans une intervention d'un ancien ministre, tout le reste des déclarations est négatif, dénigrant la PAC.
Le propos ne manque pas de force parce qu'il s'appuie sur des exemples concrets, ces agriculteurs de la Vienne et des Pyrénées dont la situation (passée et actuelle) est censée illustrer les aberrations de la PAC. C'est parfois très réussi sur le fond. C'est plus intéressant au niveau humain : les portraits de ces cultivateurs et de ces éleveurs sont bien troussés et l'image n'est pas dégueu. Certains moments sont plus marquants que d'autres, comme la mise bas d'une chèvre ou encore l'analyse bureaucratique de la situation de son exploitation par un paysan accompagné de son fils.
Du côté des politiques, on a droit à quelques piques convenues contre plusieurs dirigeants (actuels et passés). Au niveau syndical, la FNSEA en prend pour son grade, même s'il faut connaître un peu ce milieu pour s'en rendre compte. Son actuel président, Xavier Beulin (qui est autant agriculteur que moi gymnaste émérite) apparaît bronzé et cravaté à l'écran, tandis que l'un de ses prédécesseurs, Luc Guyau, se fait apostropher sans doute par des militants de la Confédération paysanne.
Le film ne nous montre cependant pas comment Guyau a répondu à ses détracteurs, de même qu'à l'inverse, il laisse les déclarations très libérales de Pascal Lamy (ancien directeur de l'OMC) sans réponse de la part de son interlocutrice d'ATTAC.
Quant à la PAC en elle-même, elle n'est pas analysée assez en profondeur. Si l'on comprend bien le tournant que représente le découplage des aides, les spectateurs lambdas auront une image déformée de ce qu'elle a apporté dans les campagnes et à l'économie française. Ceci dit, le film, par sa brièveté, donne envie d'en savoir plus. A chacun de se faire son opinion.
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mardi, 22 avril 2014
Le tatouage de Poppy
Il est bien entendu question de l'actrice Poppy Montgomery que, depuis l'an passé, les téléspectateurs français ont le plaisir de voir dans la série Unforgettable. TF1 a commencé à en diffuser la saison 2. Ce mardi soir, en regardant l'épisode 3, j'ai été intrigué par le poignet droit de l'actrice, quand on la voit parler au téléphone (vers la dix-huitième minute) :
Après quelques recherches, j'ai découvert qu'elle ne cache pas être marquée de plusieurs tatouages, celui du poignet droit faisant référence à l'homme qui a longtemps partagé sa vie, Adam Kaufman :
Sur cette photographie datant de quelques années, on reconnaît les lettres "am k", symboles des prénom et nom de son ancien petit ami. Le problème est qu'ils se sont séparés en 2011... et qu'en regardant bien (c'est-à-dire en retournant l'image extraite de l'épisode), on se rend compte que l'inscription a été modifiée :
Ma conclusion est qu'il s'agit de "Jackson", prénom du fils qu'elle a eu avec Kaufman. L'avantage de ce choix est que le "k" est réutilisable et donc qu'il n'a pas été nécessaire de "charcuter" entièrement l'ancien tatouage. Cependant, l'opération a dû être mal exécutée, puisqu'une partie du prénom du gamin est à peine visible à l'écran.
23:43 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, médias, actualité, télévision
lundi, 21 avril 2014
Elections communautaires
Dans les principales villes aveyronnaises, ce que l'on appelle parfois "le troisième tour des municipales" a réservé quelques surprises. Mais les situations du Grand Rodez, de Millau-Grands Causses et du Villefranchois diffèrent.
Commençons par le chef-lieu départemental. Si la victoire de la liste Teyssèdre aux dernières municipales est incontestable, une petite incertitude planait sur l'élection à la présidence de l'agglomération. On s'est livré à de savants calculs. Officiellement, le maire de Rodez ne disposait que de 16 des 51 voix. Il fallait leur ajouter celles des listes victorieuses à Olemps (2) et Sébazac-Concourès (2)... ainsi que celles des listes vaincues à Onet-le-Château (2) et Baraqueville (1). Cela donnait 23 voix acquises sur 51, la majorité des autres conseillers étant classés "divers droite".
Avant même que l'on apprenne que les maires des communes de l'agglomération s'étaient réunis à la demande de Christian Teyssèdre, il n'était pas nécessaire de réfléchir très longtemps pour arriver à la conclusion que le sortant réussirait sans peine à rallier à sa candidature une bonne partie des "divers" (notamment du côté du Monastère et de Sainte-Radegonde) avec lesquels il travaille depuis plusieurs années.
Mais tout vote à bulletins secrets comporte des risques (voir en fin de billet)... Le jour venu, trois candidats se sont présentés, Yves Censi et Bruno Bérardi briguant eux aussi les suffrages des délégués communautaires. Le résultat, sans appel (38 voix pour Christian Teyssèdre, 7 pour Yves Censi, 4 pour Bruno Bérardi et 2 bulletins blancs), a surpris. On a attribué aux "manoeuvres" du sortant sa très large victoire, alors qu'en 2013, il n'avait recueilli que 27 voix (contre 16 à Bruno Bérardi) :
Rappelons qu'en 2008 Ludovic Mouly (soutenu par le maire de Rodez) avait été élu avec 38 voix, contre 5 à Maïté Laur et 2 bulletins blancs :
En réalité, c'était couru d'avance, mais pour d'autres raisons. Compte tenu de la large réélection de Christian Teyssèdre, il serait apparu comme un détournement du vote démocratique que l'un des deux vaincus de la municipale revienne par la fenêtre de l'agglomération.
Pour contester le sortant, il aurait fallu que l'un des maires "divers droite" de l'agglo se présente contre lui. Dans l'état actuel des choses, deux personnes auraient pu endosser le costume de rival : Jean-Philippe Keroslian et Jean-Philippe Sadoul. Mais le premier, à peine élu à Onet-le-Château, a très vite fait savoir qu'il n'était pas intéressé... surtout si on lui laissait la première vice-présidence. De plus, il s'entendrait assez bien avec le maire de Rodez (qu'il a peut-être connu jadis à EDF...). Restait Jean-Philippe Sadoul, triomphalement réélu à Luc-La Primaube. Membre de l'UDI, le parti de Jean-Claude Luche (qui voulait faire tomber Christian Teyssèdre), il semble avoir d'abord tenu compte des réalités locales... et il a peut-être surtout pensé à l'implantation du futur parc des expositions.
A Millau-Grands Causses, la messe était dite pour la gauche : elle avait perdu la commune centre, elle allait perdre la direction de l'intercommunalité. Mais qui, à droite, allait succéder à Guy Durand ? Le nouveau maire de Millau, Christophe Saint-Pierre, a fait campagne sur le non-cumul... et il a dû tenir compte des ambitions de son colistier, Daniel Diaz (neveu d'un ancien maire de Millau). Le duo avait par contre sous-estimé l'indépendance d'esprit des autres élus de droite de la communauté, nombre d'entre eux étant de surcroît nouveaux venus dans l'assemblée.
Sur 48 élus, 20 sont de Millau. 14 de ces 20 sont issus de la liste Saint-Pierre/Diaz, les deux listes vaincues se partageant équitablement les 6 autres. La droite millavoise a pensé qu'il serait facile de gagner une dizaine d'élus à sa cause. La réunion des maires a été un premier signal négatif, confirmé par l'élection jeudi 17 avril de Gérard Prêtre. C'est un maire "périphérique" (celui de Saint-Georges-de-Luzençon), qui "a la carte" (il est membre de l'UMP) et qui a la confiance des élus locaux (il était le premier vice-président sortant et a travaillé six ans avec la gauche). Il a recueilli 31 des 48 votes, contre seulement 14 à Daniel Diaz. Le candidat millavois n'a donc visiblement recueilli que les voix des membres de sa liste. Cela veut donc dire qu'aucun élu communautaire périphérique n'a voté pour lui, son adversaire ayant sans doute rallié ce type de suffrage.
Il reste les autres voix millavoises, celles de la liste socialiste et celles de la liste Ramondenc, un divers droite qui a ratissé large aux municipales, mordant sans doute un peu sur l'électorat de gauche et récupérant un vote contestataire qui n'a pas trouvé d'autre moyen de s'exprimer. Pendant la campagne municipale de Millau, les échanges ont été assez durs entre les membres des listes Saint-Pierre et Ramondenc. Le refus de fusionner de ce dernier (au second tour) a été très mal pris, en face. A la communauté de communes, il y a fort à parier que les trois membres de liste Ramondenc ont voté Prêtre. Les élus socialistes auraient voté blanc.
Les élus communautaires ont donc rejeté l'arrangement conclu entre les deux meneurs de la liste vainqueur à Millau. Peut-être que, si Christophe Saint-Pierre avait été candidat, il aurait été élu. Mais il aurait trahi une promesse de campagne... ce qu'il a d'ailleurs à moitié fait, puisqu'il est quand même devenu premier vice-président de la communauté de communes, devant Daniel Diaz, dont le rejet en troisième position (une place certes honorifique, mais qui n'est pas celle qu'il briguait) est une nouvelle claque. Toutefois, les élus millavois restent globalement dominants. Toutes ces péripéties semblent avoir été avant tout des questions de personnes.
Passons à Villefranche-de-Rouergue. L'incertitude était plus grande quant à la présidence de la communauté de communes. Le sortant était Patrice Couronne (un divers gauche en place depuis 2001), qui souhaitait ne plus être que conseiller municipal de Morlhon-le-Haut, la commune dont il était maire. Cela risquait de fragiliser sa position à la communauté, d'autant plus qu'il a été le moins bien élu des conseillers de Morlhon.
Il avait pour rivaux le battu de Villefranche, Eric Cantournet (PRG), et son vainqueur, Serge Roques (UMP), qui avait tardé à se déclarer. Je pense qu'il y a eu beaucoup d'agitation en coulisses, à gauche comme à droite. A gauche, Patrice Couronne voulait rassembler les élus de la périphérie (qu'il connaît bien) autour de lui. Cela devait lui permettre d'être désigné dès le premier tour et d'éviter ainsi de voir les Villefranchois éventuellement se liguer contre lui (17 des 35 conseillers venant de la commune centre). Surprise le jour du vote : si P. Couronne arrive en tête, il n'obtient pas la majorité absolue, avec 17 voix, contre 13 à Serge Roques et 5 à Eric Cantournet, qui a récupéré le vote d'un conseiller rural. Au second tour, la gauche fait bloc et Couronne l'emporte avec 21 voix contre 13 à Serge Roques, l'un des conseillers (peut-être celui qui avait voté Cantournet au premier tour) choisissant de voter blanc. Logiquement, au vu du score étriqué, la désignation des vice-présidences aurait dû permettre de réconcilier tout le monde, gauche et droite, ville et campagne. Eric Cantournet et ses colistiers sont exclus du partage... Voilà qui semble être une nouvelle séquelle des querelles à gauche, notamment entre socialistes et radicaux, dont j'ai parlé récemment.
L'hebdomadaire Le Villefranchois (favorable à Serges Roques) a rendu compte de ces tractations en insistant sur l'échec du candidat radical de gauche, dans un article intitulé "Comment Eric Cantournet s'est fait rouler... (Drame en trois actes et un épilogue de tragédie grecque)"
J'attire votre attention sur la fin de l'article, particulièrement orientée. L'auteur regrette que la présidence ait échappé à Villefranche-de-Rouergue, à cause selon lui de l'attitude d'Eric Cantournet. Mais pourquoi aurait-il dû voter pour son adversaire municipal, alors qu'à Rodez comme à Millau, la présidence n'a pas été un enjeu communal mais communautaire ? Qui plus est, depuis le temps que la présidence est exercée par un maire d'une autre commune, Villefranche n'a pas eu vraiment à en souffrir. Alors, parler d'une décision "lourde de conséquences pour les Villefranchois" n'est pas très honnête. Un esprit mal intentionné serait tenté de voir dans la fin de l'article l'expression de la volonté d'affaiblir la position du principal opposant à Serge Roques, dans la perspective des élections à venir (les départementales en 2015, les législatives en 2017 et les municipales en 2020)...
Terminons par une note d'humour. La communauté de communes du Plateau de Montbazens nous en fournit l'occasion. Une seule personne était candidate à la présidence : Jacques Molières, tout juste élu maire de Montbazens. (Claude Catalan ne se représentait pas). Il pensait que ce ne serait qu'une formalité. O surprise ! A l'issue du premier tour, quelqu'un a bien rassemblé la majorité absolue des suffrages exprimés, mais c'est Antoine Stouff (13 voix) et non Jacques Molières (12 voix). Précisons que le premier, adjoint au maire de Roussennac (et agriculteur, comme son adversaire du jour), n'était pas candidat, mais avait semble-t-il exprimé une vision du fonctionnement intercommunal légèrement différente de celle de Jacques Molières.
Depuis, c'est un peu la pagaille dans la région. On a annoncé puis démenti la démission d'Antoine Stouff. Des pressions se sont-elles exercées sur lui ? Rappelons que Jacques Molières, président de la Chambre d'agriculture (fonction qui lui laisserait du temps libre...), est réputé proche du président du Conseil général, Jean-Claude Luche. Le retrait annoncé de deux élus locaux (Claude Catalan, maire et président de l'intercommunalité, et Gisèle Rigal, conseillère générale) lui offrait une belle occasion de se constituer un petit fief électoral. Ce modeste vote à bulletins secrets sonne comme une éclatante rebuffade.
P.S.
Dans les semaines qui viennent, on attend que Christian Teyssèdre applique sa première promesse : démissionner de la vice-présidence du Conseil régional de Midi-Pyrénées, comme il s'y est encore engagé dans Le Ruthénois du 4 avril dernier :
15:38 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, médias
samedi, 19 avril 2014
Jeanne d'Arc mène l'enquête
Les scénaristes de la série Perception se sont montrés particulièrement facétieux dans l'écriture de l'épisode 5 de la première saison. Le duo d'enquêteurs formé par l'agent du FBI et l'universitaire en vient à se quereller à propos de la religion. Il faut dire que l'affaire qu'ils ont à traiter est des plus délicates, puisqu'elle les a mis au contact d'un jeune homme qui est considéré comme une sorte de prophète.
La médaille dont parle la charmante Kate Moretti pourrait ressembler à ceci :
... ou bien à cela :
Dans la suite de l'épisode, l'universitaire athée et schizophrène qu'est Daniel Pierce commence à avoir de drôles de visions. La première fois, c'est dans les bureaux du FBI, dans la salle d'observation, pendant que son ancienne élève interroge un suspect :
Cela continue à l'hôpital, peu après l'admission d'un jeune homme qui vient sans doute d'être victime d'une tentative de meurtre :
C'est à un autre moment crucial que l'apparition refait surface (seulement aux yeux du héros), alors que l'identité de l'assassin est sur le point d'être découverte :
On a droit à un dernier clin d'oeil à la fin de l'épisode :
Les auteurs ont été assez habiles pour ménager la chèvre et le chou, pour contenter les scientistes et les croyants invétérés. Il est décidément vraiment dommage que M6 ait décidé de déprogrammer cette série, avant même la fin de la première saison, dont il ne restait que trois épisodes à diffuser. Elle a sans doute souffert d'un mauvais positionnement dans la grille. Elle n'était peut-être pas faite pour être diffusée à 20h50 mais, surtout, en face, elle avait une série populaire sur la Une (Alice Nevers) et un concurrent de meilleure qualité sur France 4 : Sherlock.
23:14 Publié dans Jeanne d'Arc, Télévision | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, femme, christianisme, spiritualité, cinema, film
Babysitting
Comme son nom ne l'indique pas, c'est une comédie française, qui puise à la fois dans la tradition nationale (les films avec Louis de Funès, mais aussi Le Jouet de Francis Veber ou encore Mon Idole de Guillaume Canet) et dans les comédies djeunses américaines (d'American Pie à Projet X, en passant par Road Trip). Autant dire qu'il ne faut pas y chercher trop de subtilité. Les personnages sont volontairement caricaturaux... et c'est très bien comme ça !
On commence avec le héros Franck (interprété par Philippe Lacheau, le coréalisateur).
Ce charmant garçon est une "victime de la life". Il végète dans un emploi de réceptionniste, parce qu'à bientôt trente ans il n'a pas réussi à percer dans la bande dessinée, sa véritable passion. (Notons que les croquis que l'on nous donne à voir sont très jolis.) Plutôt timide, il a laissé filer une ancienne collègue de travail, dont il est raide dingue. Cerise sur le gâteau : ses deux meilleurs potes sont deux boulets qui n'arrêtent pas de le chambrer.
Passons donc au meilleur ami, Sam, le "bogosse" dragueur fou, interprété par Tarek Boudali :
C'est sans doute la révélation masculine de ce film. Cet acteur sait jouer à la fois de son corps et des expressions de son visage. Il est tour à tour triomphant et dépité, enjôleur et insensible. Les scènes qui le font intervenir sont souvent drôles.
Son comparse Alex est tout d'un bloc : c'est le crétin de base, qui n'en loupe pas une. Livreur épouvantable, il "trouve" une caméra numérique (qui n'arrivera jamais à destination). C'est à travers elle que l'on suit environ la moitié de l'histoire.
Ce trio masculin est complété par un improbable duo. Alice David incarne avec conviction Sonia, la bombasse pas conne que les mecs s'arrachent. Il faut dire qu'elle n'est guère désavantagée par son physique :
Elle est accompagnée par son cousin Ernest, un grand échalas gaffeur, doté d'une moustache vraiment horrible. Le personnage (joué par Vincent Desagnat), assez pitoyable au départ, va complètement partir en vrille, pour notre plus grand plaisir.
Il faut aussi présenter la "famille d'en face", les grands bourgeois. Le père, Gérard Jugnot (qui assure le taf, sans plus), est un chef d'entreprise égocentrique. Clotilde Courau est beaucoup plus intéressante dans son interprétation de l'épouse, à la fois pétasse et mère inquiète. Elle lui donne une épaisseur inattendue. Le troisième membre de la famille est leur enfant, Rémi (Enzo Tomasini), un sale petit con de sa race enfant perturbé par le peu d'affection témoigné par son père.
Le début du film est un peu plan-plan. On peut juste signaler la scène qui met le héros aux prises avec sa collègue du standard, une jeune métis qui s'exprime comme un mec de banlieue. Drôle au départ, la scène semble s'éterniser... jusqu'à ce que l'on apprenne à qui parlait la réceptionniste !
La suite de l'histoire est plus intéressante. De nombreuses scènes reposent sur des gags assez basiques, mais, parfois, la touche finale leur donne un goût bien plus relevé. (Je pense notamment à la traversée d'un bois, qui réserve quelques surprises...) Soyez attentifs aux poissons et aux cigares ! D'autres moments sont tout simplement drôles, comme la libération du perroquet ou la scène du baiser, à la fête foraine, dans la baraque obscure...
Au niveau de la mise en scène, c'est très correct. J'ai même trouvé la séquence de la "grosse teuf" assez entraînante : les héros reviennent dans la maison avec le gamin et découvrent que, loin d'avoir quitté les lieux, les "invités" sont encore plus nombreux qu'avant et que la fête a pris un tour quasi orgiaque.
Sur le fond, c'est gentillet. Il n'y a rien de révolutionnaire dans ce film, juste de quoi passer agréablement 1h20.
P.S.
Le début du générique de fin présente les acteurs principaux façon Surra de Bunda, en écho à l'une des bonnes scènes du film, qui voit le héros, menotté sur une chaise, devenir tout rouge !
Plus loin dans le générique, les remerciements sont rédigés de façon parodique... et les spectateurs attentifs dénicheront une référence à l'Aveyron.
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mercredi, 16 avril 2014
Clochette et la fée pirate
Cette nouvelle production Disney (sur laquelle a veillé John Lasseter... oui, celui de Toy Story et de Cars) fait dans la tradition, assaisonnée d'une toute petite pincée de modernité.
L'histoire a pour cadre le monde des fées, peuplé de jeunes femmes aux silhouettes impeccables (et aux tenues suggestives) et de quelques individus de sexe masculin pas particulièrement gâtés par la nature. Deux héroïnes partagent l'affiche : la gentille (et insipide) Clochette et Zarina la rebelle, l'aventurière :
La seconde multiplie les expériences, notamment avec la poudre des fées. Elle tente d'inventer de nouvelles recettes... et commet de sacrées bévues. L'une d'entre elles, plus énorme que les autres, la pousse à quitter son joli monde. Quand elle revient, elle a changé physiquement... et moralement : elle n'est plus du côté de ses anciennes amies. Elle a rejoint une troupe de pirates et semble très proche de l'un d'entre eux, un jeune homme avenant, dont je ne peux révéler l'identité :
L'histoire est archiclassique : un enfant/adolescent, par maladresse ou caprice, commet une grosse erreur, qu'il ne sait comment réparer. L'aide de ses amies va contribuer à arranger les choses. Mais, d'ici là, les scénaristes ont mis sur le chemin des petites bonnes femmes une brochette de péripéties ma foi assez drôles.
La première est un sort jeté aux poursuivantes de Zarina : leurs pouvoirs sont échangés, ce qui donne lieu à plusieurs scènes cocasses très réussies. Certains des meilleurs moment font intervenir un bébé crocodile a-bso-lu-ment craquant :
C'est de surcroît très joli à regarder. Les couleurs sont vives et, dès que la poudre de fées entre en scène, les effets sont superbes. Au niveau de l'animation des personnages, ce n'est toutefois pas aussi bon que dans les animations pour "grands" que j'ai pu voir.
L'histoire se poursuit sous la forme d'un récit d'aventures, avec un brin de fantastique. C'est hyper prévisible, plein de bons sentiments, mais réalisé avec soin. Les petits comprennent tout et les grands ont largement le temps de savourer certains détails.
16:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 13 avril 2014
Perception
Jeudi dernier, M6 a commencé à diffuser cette nouvelle série américaine. Elle fonctionne sur des recettes éprouvées (un duo homme-femme aux tempéraments très différents, des intrigues policières ménageant des surprises et un poil d'étrangeté), voire des clichés. Mais, franchement, c'est bien fichu et "ça passe".
Le premier épisode nous fait découvrir le héros, un universitaire spécialiste des neurosciences, Daniel Pierce :
De prime abord, c'est un original. Il porte des vêtements peu courants, une éternelle barbe de trois jours, des cheveux dont l'ordonnancement est assez problématique et il a besoin d'écouter très fort de vieilles cassettes de musique classique pour se concentrer. Ah, j'oubliais : il a des visions, parce qu'il est schizophrène. (Il est évidemment incarné par un beau gosse.)
Il va faire équipe avec une ravissante agent du FBI, prénommée Kate, qui n'est autre que l'une de ses anciennes étudiantes, jadis secrètement amoureuse de lui :
Dans sa vie quotidienne, Pierce est assisté par une sorte d'étudiant au pair, Max Lewicki, un gars plein de bonne volonté, qui peine à gérer les frasques de son employeur :
Dans ce premier épisode, il est question de la mort d'un employé d'un groupe pharmaceutique. Si vous le regardez, vous comprendrez ce qui fait rire ce malade atteint d'aphasie, quand il regarde George W. Bush ou Bill Clinton :
Dans le deuxième épisode, il est question de la disparition d'une épouse, le mari souffrant d'un handicap l'empêchant de reconnaître les visages :
L'intrigue fait intervenir des Russes, des Ukrainiens... et de mystérieuses taupes. C'est de nouveau une "vision" schizophrénique qui va aider le consultant à résoudre l'affaire :
Dans le troisième épisode (dont l'intrigue rappellera quelque chose aux fidèles d'Esprits criminels), l'équipe du FBI tente d'attraper un violeur tueur en série qui "reprend du service" après des années de mise en sommeil. Le temps joue un rôle important dans cette histoire, tout comme dans l'une des visions du héros :
Le quatrième et dernier épisode de la soirée est des plus réussis. Il met en scène un terroriste adepte des énigmes et recourant à l'anthrax pour mener à bien une mystérieuse vengeance. Sachez que l'intrigue fait référence à la Résistance française et aux communications secrètes avec les Britanniques :
Au cours de l'épisode, un homme gravement malade est interrogé par le biais d'une IRM, dans une séquence particulièrement bien conçue :
Voilà. Cela ne mange pas de pain, mais c'est bien interprété. Les personnages sont attachants et une pincée d'humour vient régulièrement assaisonner les intrigues policières parfois macabres.
01:34 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, télévision, médias
samedi, 12 avril 2014
Apprenti Gigolo
Voilà un film qui a désarçonné une partie de la critique bien-pensante. John Turturro a-t-il réalisé une nouvelle oeuvre très personnelle ou s'est-il fait le porte-parole d'un Woody Allen désormais incapable d'assurer la mise en scène d'un long métrage ? La réponse est quelque part entre les deux.
C'est d'abord une comédie ironique et graveleuse, qui voit un homme ordinaire devenir l'étalon classieux de ces dames, toutes origines confondues. La première partie montre comment ce fleuriste taciturne, solitaire, au mitan de sa vie, va se lancer, sous l'influence d'un vieux libraire fauché et libidineux (Woody himself, assez bien portant, ma foi), dans un "service à la personne" très spécial.
Je précise que je ne suis pas du tout partisan de la prostitution (masculine comme féminine). Mais là, difficile de ne pas être emporté par la fantaisie de l'intrigue.
Le paradoxe de cette histoire est que, si, en théorie, c'est le prostitué qui est l'objet et le client le sujet, ici, Turturro-Fioravante reste le maître de ses employeuses, auxquelles ils apporte orgasme et réconfort. De plus, ce n'est pas le corps du gigolo qui est filmé avec convoitise, mais celui des clientes (fort bien d'ailleurs). Cela reste donc un film de mec, ce qui a peut-être agacé une partie de la critique.
Il faut souligner le jeu impeccable des actrices. Sharon Stone est parfaite en troublante quinqua, à la fois timide et audacieuse, avide de connaître le grand frisson avec un homme plus attentionné que son richissime mari (un passionné d'alpinisme qui ne la fait pas grimper au septième ciel... soyez attentif à l'aménagement de l'appartement de la dame !).
Elle forme un drôle de couple avec une Hispanique chaude comme la braise... et à la poitrine opulente. On sent que Sofia Vergara n'a pas détesté ce rôle d'icône érotique.
Vanessa Paradis vient compléter le trio. Elle incarne une veuve juive orthodoxe, confinée dans son "devoir maternel"... et diablement triste. Pour bien comprendre la progressive évolution de ce personnage, il faut être attentif aux détails de sa coiffure, de ses vêtements... et à ses collants !
C'est la très bonne surprise de ce film. Même si j'ai toujours quelques problèmes avec certaines expressions de son visage, j'ai trouvé lumineuse la prestation de l'actrice française, dont le duo avec Turturro fonctionne bien. Trois séquences m'ont particulièrement marqué. La première est celle de la rencontre et du massage interrompu, à la fois touchante et magnifique par sa mise en scène. La deuxième est celle du repas, avec une démonstration de découpe du poisson assez étonnante. La troisième est celle du rendez-vous dans le jardin public, émouvante et pleine de promesse.
La veuve et ses nouveaux amis doivent toutefois se montrer prudents. Dans le quartier (juif) où vit Avigal patrouille une sorte de vigile communautaire, qui a des vues sur la veuve. Dans ce rôle, Liev Schreiber est un régal de gros balourd orthodoxe.
Cela nous mène au sous-thème de l'histoire : le communautarisme. John Turturro n'a pas oublié qu'il a tourné avec Spike Lee. Son film nous présente différents quartiers de New York, du ghetto noir et hispanique aux zones feutrées où s'est réfugiée la grande bourgeoisie anglo-saxonne, en passant par le quartier juif. Ce n'est pas le propos principal du film, mais, ici et là, il lance quelques pistes de réflexion.
12:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 11 avril 2014
Noé
Darren Aronofsky s'est lancé dans un projet un peu fou : adapter une partie du récit de la Genèse, en le mâtinant de fantastique et de considérations contemporaines. Cela donne un mélange étonnant, une sorte d'heroic fantasy biblique, tourné dans l'Etat de New York et en Islande.
Au départ, j'ai eu très peur. On nous assène des sentences pompeuses, sur une musique appuyée et les acteurs m'ont paru surjouer. Mais, à partir du moment où Noé (Russel Crowe, de plus en plus convaincant dans le rôle au fur et à mesure que l'histoire progresse) a ses "visions", j'ai été "pris".
C'est un film "inspiré", dans tous les sens du terme. Le réalisateur donne vie à des mythes, qu'il restitue à sa manière, dans un style captivant. Il y a bien sûr les visions de Noé, à la fois retours en arrière (sur la Faute et les premiers hommes) et préfigurations de la catastrophe à venir.
Il y a aussi cette formidable invention des Veilleurs, créatures de roches, dans lesquelles sont emprisonnées les âmes d'anges déchus. (Ils sont sans doute inspirés des Nephilim bibliques.) Une seule des scènes les faisant intervenir est inaboutie : celle qui montre l'un de ces gardiens marcher aux côtés de la famille de Noé. On ne le voit pas, mais on sent bigrement la présence de l'écran vert. C'est beaucoup plus réussi dans les autres scènes, notamment celle qui voit les géants discuter de l'aide à apporter (ou pas) à Noé.
Et que dire de la séquence de combat, digne du Seigneur des anneaux, qui montre les Veilleurs s'opposant à l'armée (et la foule) humaine conduite par un roi égocentrique, symbole des péchés de son espèce ! Dans un autre genre, l'arrivée massive d'animaux de toute sorte (destinés à repeupler le monde après la catastrophe) est tout aussi impressionnante. Enfin, la séquence du déluge comblera les amateurs de grand spectacle.
La première partie adopte le point de vue de Noé. L'humanité est montrée comme pétrie de violence, motivée par des sentiments égoïstes (la satisfaction immédiate des désirs, la volonté de dominer, le goût de la violence). Elle est une menace pour la planète. C'est là que la réflexion rejoint notre époque. Le mode de vie adopté par l'humanité actuelle ne voue-t-il pas la Terre à sa perte ? Pour que celle-ci vive, ne vaudrait-il pas mieux que l'espèce humaine disparaisse ?
La scène nocturne, durant laquelle Noé, qui cherche de futures épouses pour deux de ses fils, s'introduit dans le camp des humains, vient en complément. Elle montre des hommes et des femmes plongés dans un enfer digne des descriptions de Dante. Elle précède de peu un moment-clé, qui voit mourir un personnage que Noé aurait peut-être pu sauver. A partir de là, la réalisation se détache (un peu) de lui et (à la sainte horreur des fondamentalistes), elle le montre en train de se muer en chef de secte. Russel Crowe restitue parfaitement l'évolution du personnage.
A ses côtés, on trouve une brochette de bons acteurs, à commencer par Anthony Hopkins, délicieux en Mathusalem papy gâteau... très puissant et malicieux au fond.
Touchante est la composition de Jennifer Connelly (que je n'avais pas vue au cinéma depuis Blood Diamond). Je trouve que le couple qu'elle forme avec Crowe-Noé fonctionne bien.
Je suis plus partagé sur le jeu d'Emma Watson (que j'ai naguère tellement aimée en Hermione Granger). Elle est pleinement convaincante en amoureuse infertile, plus agaçante en mère éplorée... mais, après tout, elle fait ce qu'on lui dit de faire.
C'est de nouveau un film de bonne facture (injustement ?) descendu par une grande partie de la critique. Certes, il n'est pas parfait, mais c'est un spectacle réussi, l'oeuvre d'un réalisateur inspiré dont on n'est toutefois pas obligé de partager toutes les idées.
13:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film