jeudi, 21 février 2013
L'Oscar du court-métrage d'animation 2013
Comme en 2011, la compétition s'annonce serrée. J'ai envie de classer les cinq nominés en trois catégories : les outsiders talentueux, les productions de renom... et mon préféré.
Les outsiders sont au nombre de deux. Les amateurs de cuisine moléculaire se délecteront à la vision de Fresh Guacamole, d'une indéniable habileté visuelle, mais à l'histoire un peu limitée :
Plus fouillé, Head over heels raconte la vie de ce vieux couple qui ne communique plus. La rupture du lien (malgré la poursuite de la cohabitation) est matérialisée par la mise en scène sur deux plans inversés :
Face à ces deux films, on trouve deux productions plus classiques, soutenues par de grosses machines.
Celle qui a suscité le plus de buzz sur la Toile est Paperman (sortie de chez Disney). Ce superbe noir et blanc évoque le début d'une histoire d'amour entre deux employés, l'homme semblant exercer une activité professionnelle particulièrement rébarbative. Mais, un jour, sur le quai d'une station de métro, un "accident" vient mettre un peu de couleur dans sa vie :
De son côté, la Twentieth Century Fox a produit The Longest Daycare (qui a été projeté en salle, en guise d'introduction à L'Age de glace IV). L'héroïne n'est autre que Maggie Simpson, dont l'ingéniosité va se révéler précieuse dans le monde impitoyable de la crèche locale :
Notons que ces cinq minutes sont bien plus drôles que la quasi-totalité des épisodes des Simpson que j'ai pu voir (pas énormément, vu que je ne goûte guère la série).
Mon chouchou reste toutefois Adam and dog, qui narre la rencontre entre le premier homme et ce qui pourrait être le premier chien. Le coup de la domestication est un peu facile, mais les sons comme les images sont vraiment splendides... et l'histoire nous ménage quelques surprises, le véritable héros étant le chien :
20:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 18 février 2013
Imprimer dans l'Aveyron
C'est une mini-polémique qui a vu le jour dans le département. A l'origine se trouve une information somme toute anodine : l'annonce de la parution d'un ouvrage évoquant le destin de descendants d'émigrés aveyronnais en Argentine. Les auteurs et les promoteurs du livre ont dû donner une conférence de presse, qui a suscité divers articles dont un dans le Bulletin d'Espalion et un autre dans Le Ruthénois :
Vous aurez remarqué que la photographie d'illustration est identique. Le contenu varie un peu. On constate une divergence au niveau des chiffres. Concernant la première vague d'émigrés, le Bulletin parle de 180 personnes, Le Ruthénois de 40. La vérité est entre les deux : 40 familles, soient 162 personnes en 1884. La suite des articles évoque principalement les descendants actuels, le Bulletin ajoutant un lien vers le site internet de l'association Rouergue-Pigüé.
Le Ruthénois se distingue par un point de vue critique. Présent sur la même page que l'article promotionnel, un billet du directeur de la rédaction Bruno Aufrère (Un livre "made in Spain") soulève quelques problèmes. Le patron de presse - imprimeur regrette que le livre soit imprimé en Espagne (du côté de Barcelone), alors qu'il traite d'une matière aveyronnaise... et qu'il existe quantité de professionnels compétents dans le département.
Bruno Aufrère se demande aussi si la publication du livre va bénéficier d'un soutien du Conseil général, ce qui, pour lui, serait injustifié si le livre n'est pas imprimé localement. Il évoque aussi une drôle de proximité. L'auteure des textes, Catherine Samson, présentée comme "journaliste indépendante", est la compagne d'un certain René Bécouze, conseiller relation-presse au Conseil général de l'Aveyron :
(C'est fou ce que je peux consulter l'organigramme du Conseil général ces jours-ci !)
L'auteur des photographies de l'ouvrage est Valentin Bécouze, fils du précédent. Après tout, pourquoi ne pas travailler en famille ? Il reste à savoir d'où viennent les financements.
Pour son précédent livre (fort intéressant), L'Aubrac, La race d'un pays de résistants, l'impression avait été effectuée à Villefranche-de-Rouergue (ou juste à côté, à La Rouquette), l'éditeur (Toute Latitude / Terres d'excellence) étant basé à Montauban :
(Signalons que le patron de cette petite maison d'édition n'est autre que Laurent Tranier, qui fut candidat aux législatives de 2012 sous la bannière UMP.)
Bruno Aufrère a peut-être pris la mouche parce que, par le passé, il est déjà arrivé que le Conseil général attribue une subvention (et appose son logo) à une publication d'intérêt local... imprimée ailleurs. Il cite le cas de l'excellent Dictionnaire de l'Aveyron, de Jean-Michel Cosson, lui aussi imprimé en Espagne :
D'autres ouvrages d'intérêt local, qui ne bénéficient toutefois pas d'un appui du Conseil général, ont été imprimés à l'étranger. C'est notamment le cas d'un autre très bon bouquin, dont j'ai parlé : Aveyron, le temps de la terre, issu de presses italiennes. De manière plus générale, les Editions du Rouergue (certes rachetées il y a quelques années par Actes Sud) impriment de moins en moins dans l'Aveyron. Les ouvrages (comme ceux de Daniel Crozes) sortent en général quand même d'une imprimerie française, mais parfois aussi d'une imprimerie étrangère, surtout si l'iconographie est abondante.
Des publications locales continuent pourtant de sortir des mains d'artisans rouergats, comme Châteaux et personnages du Ruthénois, de Gérard Astorg, façonné par un imprimeur de La Primaube. C'est le cas aussi des (semi) mémoires de Marc Censi (que je n'ai pas encore lus). Notons que l'ouvrage rédigé par l'ancien maire de Rodez a été imprimé à... Millau (par Maury) ! Shocking !
La palme de la "vertu aveyronnaise" (et de l'éclectisme) revient sans conteste à Roger Lajoie-Mazenc, dont tous les ouvrages que j'ai en ma possession ont été imprimés dans le département. L'Or noir pour un troupier (où il évoque son service militaire en Algérie) et Marianne d'Aveyron sont sortis de l'imprimerie (villefranchoise) Salingardes (aujourd'hui disparue), respectivement en 1961 et 1970. Les Gros Bonnets de l'Aveyron est issu d'une imprimerie située à Bel Air (en 1980). Pour L'Aveyron en République(s), c'est l'artisan primaubois déjà mentionné qui a été mis à contribution (en 2000). Pour Maires de famille (un de mes livres de chevet), retour à Villefranche-de-Rouergue avec Grapho 12. Le Sud n'a pas été oublié, puisque Les plus fameuses citations de l'Aveyron est sorti de chez Maury, au début de l'année 2012.
Je constate que je me suis un peu éloigné du sujet de départ.... le coup de sang de l'imprimeur Bruno Aufrère. Il faut dire que la situation est tendue dans ce secteur (comme dans d'autres). Ainsi, Grapho 12 a subi une profonde restructuration en 2011. Début 2012, Causses et Cévenne a mis la clé sous la porte. Pour l'imprimerie du Progrès (qui édite Le Progrès Saint-Affricain et Le Ruthénois), les affaires ne semblent pas si mal tourner que cela, puisque l'entreprise vient de récupérer l'impression du Journal de Millau, auparavant assurée par la SOMAP, à côté de Montpellier.
20:30 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : presse, médias, actualité
dimanche, 17 février 2013
De l'aligot "made in Groland"
L'émission de ce samedi 16 février fut percutante. Elle a démarré en fanfare avec une analyse de la situation au Mali. Ne reculant devant aucun danger, c'est Michael Kael, le reporter intrépide, qui a creusé le sujet :
Dans la foulée, un reportage a traité de la coopération militaire franco-grolandaise, une question qui a des implications pour le moins inattendues :
Comme la crise frappe les professions traditionnelles aussi chez nos voisins, il est intéressant de voir comment là-bas on essaie de reconvertir les travailleurs licenciés, sidérurgistes ou bien chauffeurs routiers de formation :
La partie sociétale du journal a aussi abordé la délicate question des places en maternité, de plus en plus rares, ce qui a des conséquences inimaginables :
Le domaine de la santé fut particulièrement à l'honneur, le reportage suivant traitant de l'automédicamentation, en liaison avec le développement d'internet :
Plus grave fut le sujet consacré à un chanteur pédophile, dont les tendances auraient pu être diagnostiquées par une étude rigoureuse de ses plus grands succès :
D'autres Grolandais se sont distingués par leur ingéniosité, qui leur a permis de considérablement s'enrichir dans un secteur fréquemment abordé par les médias ces dernières années :
Est enfin venu le "moment aveyronnais" de l'émission, à l'occasion d'une publicité pour la gamme de vêtements Patapouf, pour les obèses. J'ai quasi sursauté à l'écoute de ceci :
A l'écran, en même temps, on pouvait voir cela :
On remarquera que l'aligot est associé à des aliments très caloriques... et très "goûtus".
L'émission s'est achevée sur "les images venues d'ailleurs", parmi lesquelles une courte séquence montrant un homme politique français assez aisément reconnaissable à sa démarche :
00:02 Publié dans Aveyron, mon amour, Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, humour, médias, société
samedi, 16 février 2013
Comme un lion
Ce lion est un jeune Sénégalais, Mitri Diop, passionné de football, pour lequel il semble avoir des aptitudes (c'est un peu la vedette de son village). Pour l'incarner, le réalisateur Samuel Collardey (remarqué naguère pour son excellent documentaire-fiction L'Apprenti) a choisi un acteur non professionnel, habile au maniement de la balle, qu'il est allé chercher en Afrique :
Il vit avec sa grand-mère, sans que l'on sache ce qu'il est advenu de ses parents. La première partie du film nous montre quelques aspects de la vie au village (où l'on cause dans un wolof mâtiné de français), entre les gamins qui ne pensent qu'au foot et les (grands)mères qui gèrent l'économie locale. (Les hommes adultes sont peut-être nombreux à être partis dans une pirogue.)
Le film s'est inspiré d'une histoire vraie qui, hélas, s'est souvent produite ces dernières années : le trafic de jeunes joueurs africains, par des agents (européens et africains) véreux. On voit donc débarquer un prétendu détecteur de champions, ancien professionnel camerounais, qui va embobiner tout son monde... et escroquer la grand-mère.
La deuxième partie du film montre l'arrivée en Europe, où les ennuis vont s'accumuler pour le héros. Deux personnages vont jouer des rôles antagonistes : l'agent français, incarné avec brio par Jean-François Stévenin, et une jeune (et ravissante) Africaine pleine de répartie, Fatou. L'action se déroule dans l'agglomération parisienne, entre barres de HLM et foyers d'immigrés. On découvre le fonctionnement de la législation française.
La troisième partie est celle des occasions, ratées ou pas. On se retrouve dans le Doubs, entre Sochaux et Montbéliard. Mitri tente de s'intégrer au club de juniors entraîné par Serge, ancien jeune talent qui a mal tourné (interprété par l'excellent Marc Barbé, déjà vu dans Cloclo et L'Ennemi intime) :
Les scènes d'entraînement et de jeu sont vraiment bien filmées. On sent que Collardey connaît un peu le foot et qu'il a compris qu'il fallait mettre en scène la représentation du sport. Il n'oublie pas qu'il est documentariste : cette partie du film dresse un portrait social de la région de Montbéliard, entre fête de province (un mariage qui pourrait se tenir dans n'importe quelle petite ville de France) et travail à l'usine, la "Peuge".
On se rend compte que les deux protagonistes principaux ont leurs failles et, si l'intrigue tourne toujours autour du possible succès du jeune surdoué du foot (qui s'entraîne comme un malade), un coup de projecteur est donné sur la vie des anciens, pas assez riches pour vivre sur un grand pied et frustrés de la (relative) gloire perdue.
C'est donc un "petit" film remarquable, qui a l'intelligence de ne pas traiter du football que sur le mode sportif, dans un monde de mecs où les femmes jouent un rôle important.
P.S.
Parmi les histoires qui ont inspiré Samuel Collardey, il y a sans doute celle d'un Camerounais de 20 ans, Stéphane, qui a eu un parcours encore plus chaotique que celui du héros du film.
P.S. II
L'association Foot Solidaire tente de protéger les jeunes joueurs des maquignons du football, qui s'enrichissent sur le talent et la crédulité d'autrui.
15:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 15 février 2013
The Master
De Paul Thomas Anderson, j'ai beaucoup aimé Boogie Nights, Magnolia et There will be blood. C'est un véritable auteur, capable de développer un univers original. Dans son dernier film, il s'inspire de la vie du fondateur de la secte scientologue, Ron Hubbard (dont le premier prénom Lafayette, est transformé en Lancaster), pour mettre en scène la relation trouble qui va naître entre deux hommes, le Maître et le disciple, incarnés par deux acteurs de poids, Philip Seymour-Hoffman et Joaquin Phoenix.
La première heure est un régal. On découvre des soldats américains désoeuvrés... et traumatisés par ce qu'ils ont vécu durant la Seconde guerre mondiale. Une séquence m'a particulièrement marqué : la construction et "l'entretien" d'une sculpture de sable de femme, sur une plage. En accord avec le désordre intérieur des personnages (dont le principal), la musique dysharmonique convient parfaitement à la première moitié du film.
Quell-Phoenix ne parvient pas à se réinsérer dans l'Amérique de la fin des années 1940. Photographe dans une galerie commerciale, il se fait virer à cause de ses sautes d'humeur. Travailleur saisonnier dans l'agriculture, il s'attire l'hostilité de certains ouvriers à cause de son alcool frelaté... parce qu'il faut dire que le monsieur est une véritable éponge. Cumulé à sa maladie mentale, son alcoolisme fait de lui un être instable par essence, qui semble voué au malheur.
La rencontre avec le gourou de la Cause est un tournant. Le tempérament peu ordinaire de Quell s'accommode très bien du fonctionnement étrange des groupes placés sous l'influence de Lancaster Dodd. Philip Seymour Hoffman est excellent... mais rendu trop sympathique à mon avis. Il est entouré d'une pléiade de femmes, toutes très bien jouées. Sans que cela soit trop montré, il est évident que sexe et pouvoir spirituel sont liés. Là encore une séquence est particulièrement forte, celle qui présente le héros, sous le coup d'une hallucination, voyant toutes les femmes nues lors d'une soirée. Un peu plus loin, la nouvelle épouse du Guide (Amy Adams, très bien) tente de reprendre le dessus sur son homme en le "finissant" à la main. Elle estime que le dernier ami de son époux occupe trop de place... et qu'il exerce une mauvaise influence, en raison du breuvage qu'il fabrique.
A partir du moment où la secte (et son gourou) décident de s'occuper de Quell (pour le "guérir"), l'ambiance retombe. C'est une grosse déception. Les scènes deviennent inutilement longues. Phoenix en fait des tonnes, façon actors studio. C'est à ce moment-là que je me suis souvenu que je l'avais pas tellement aimé dans La Nuit nous appartient. Pourtant, il y avait de l'idée dans cette opposition du gras et du maigre, du charismatique et de l'introverti, du réfléchi et de l'impulsif. Dans la seconde moitié du film, seule la séquence du désert (avec la moto) redonne un peu de souffle à l'ensemble. Mais Anderson ne parvient pas à terminer son film et l'on sort de là finalement dépité.
19:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 14 février 2013
Lincoln
Steven Spielberg enchaîne les films à gros budget ; Lincoln succède aux Aventures de Tintin et au Cheval de guerre. Par contre, il change de genre. Il s'agit ici d'une tentative de reconstitution historique, minutieuse, sans guère de spectacle. Et pourtant, en toile de fond se trouve la Guerre de Sécession, dont la conclusion pèse sur l'aboutissement d'un projet cher au coeur du président des Etats-Unis : le vote du treizième amendement, abolissant l'esclavage.
Les interprètes sont souvent excellents, à commencer par Daniel Day-Lewis, auteur une nouvelle fois d'une prestation remarquable. (Il me manquait depuis There will be blood.) Il campe à la perfection ce grand idéaliste à la morale inflexible, qui va devoir se faire plus dur et plus manipulateur pour parvenir à ses fins. Il va être aidé par les "gauchistes" de l'époque (appelés "radicaux"), qui vont accepter de modérer leur attitude. Dans ce groupe se distingue Thaddeus Stevens, incarné avec talent par Tommy Lee Jones. Ce personnage nous réserve des surprises... jusqu'à la toute fin !
Trois autres groupes épaulent le président : les proches, les républicains conservateurs (qu'il faut toutefois convaincre... voire tromper) et un trio d'employés véreux, chargés de faire basculer certains votes (chez les démocrates, dont l'écrasante majorité est contre le projet de Lincoln). Leurs interventions sont savoureuses... et rappellent qu'il est difficile d'envisager de faire de la politique à un haut niveau sans parfois se salir les mains. Le film aborde ces questions délicates, sans aller toutefois au fond des choses.
La description du processus parlementaire alterne avec les moments familiaux. Spielberg a voulu montrer que ce président si populaire, qui a marqué son temps, n'a pas été heureux. Il a perdu un fils, a vu s'effilocher son mariage. (Sally Field, qui joue l'épouse, en fait un peu trop à mon goût.) Les relations avec son fils aîné ne sont pas très bonnes non plus. (Dans le rôle, Joseph Gordon-Levitt m'a paru moins convaincant que dans Looper.)
2h30, c'est toutefois un peu long et, si certains morceaux de bravoure parlementaire méritent le détour, on aurait pu (dû) pratiquer quelques coupes. Notons que si le matériau est historique, le film peut aussi se voir comme un polar politique. La réalisation en est soignée, Spielberg semblant avoir été particulièrement attentif au placement de la caméra. Il est néanmoins desservi par une musique trop présente, qui a tendance à surligner. On a l'impression d'avoir déjà entendu des dizaines de fois certains passages. (John Williams nous a habitués à mieux.)
Bref, c'est plutôt un bon film, mais avec quelques défauts notables.
20:07 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
mercredi, 13 février 2013
Hiver nomade
Ce documentaire est consacré à une pratique qui ne cesse de décliner, la transhumance ovine (hivernale) en Suisse romande. On suit, sur une saison de quatre mois, deux bergers et leurs animaux de compagnie (ânes et chiens), dans leur périple professionnel.
Le berger en chef est un Français (corrézien de naissance), Pascal, la cinquantaine, autodidacte, débrouillard, paternaliste, charismatique, amoureux de la nature. Il dirige le troupeau de main de maître... et forme son assistante, Carole, une Bretonne pleine de courage, mais parfois un peu dépassée par les événements... et on la comprend.
Le film montre la dureté de la vie au quotidien face aux éléments : le froid, la neige (précoce cette année-là), la pluie. L'installation des bâches, le soir, est une étape-clé : elle va donner un peu de répit aux bergers, même si, en période de transhumance, on doit toujours rester sur le qui-vive. On apprécie d'autant plus certains petits plaisirs, comme ces huîtres dégustées au tournant de la nouvelle année.
Les humains sont très dépendants de l'aide que leur apportent les ânes et les chiens. Les premiers, pas toujours dociles, transportent leur "kit de survie". Ils sont fortement mis à contribution, au point que l'un d'entre eux doit être remplacé, en cours de transhumance.
Les chiens, eux, sont indispensables à la conduite et la surveillance du troupeau (qui atteint 800 têtes au plus haut)... mais certains canidés ont tendance à n'en faire qu'à leur tête. Le parcours est donc aussi l'occasion de parfaire leur dressage... et de commencer celui du dernier venu, qui a la chance de débuter le voyage dans la poche du vêtement ample de la bergère ! (Il est mignon tout plein.) On découvre certaines pratiques des bergers, comme le choix dans le troupeau de "poissons-pilotes", des moutons leaders, qui bénéficient d'une nourriture d'appoint et entraînent le reste du groupe là où les humains veulent les mener.
Entre les deux bergers, les relations sont parfois un peu tendues. Incontestablement, ils s'entendent bien, mais le "chef" voudrait bien que son assistante devance ses demandes. Elle aussi est un peu en formation. Ceux qui ont vu Entre les Bras ne seront pas étonnés que des proches soient parfois sans concession l'un pour l'autre dans le cadre de l'activité professionnelle.
La photographie est superbe. Il faut dire que le sujet s'y prête. On est dans les Alpes suisses, enneigées la majorité du temps. Avec les bergers, on goûte la quiétude des pâturages d'altitude. On apprécie le silence de la campagne. Les rencontres que l'on fait sont parfois enrichissantes, parfois sources de tension, comme celle de paysans locaux qui, sans le dire explicitement, font comprendre à nos héros qu'il faudrait qu'ils dégagent rapidement, sans empiéter sur leurs terres.
Notons que le périple est géré à distance par un patron (qui a constitué le troupeau). Il vient de temps à autre voir comment cela se passe sur le terrain... mais aussi pour récupérer des bêtes engraissées et les vendre après abattage.
Ce n'est pas long (1h25), c'est joli à regarder et on apprend des choses. Un film à découvrir, un peu comme Jon face aux vents, l'an dernier.
20:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 11 février 2013
Hypocrisie départementale, communale... et scolaire
La politique politicienne est de retour, si tant est qu'elle ait jamais disparu du premier plan. Quand vous greffez là-dessus un poil de corporatisme, cela donne une situation abracadabrantesque.
La question des rythmes scolaires, dans le primaire, fait l'actualité depuis un petit moment. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, propose une réforme qui rétablit la semaine de quatre jours et demi... à la fureur des syndicats d'enseignants, de certains délégués des parents d'élèves et d'élus locaux plutôt classés dans l'opposition. Les déclarations des uns et des autres, telles que la presse les a publiées, sont assez péremptoires, pas très développées. L'entretien que Jean-Louis Grimal, conseiller général du canton de Salles-Curan (et maire de Curan), a accordé au Ruthénois fait exception.
L'entrevue démarre pourtant mal, l'élu choisissant d'éluder le problème-clé, celui de l'intérêt des élèves :
"Je tiens tout d'abord à faire abstraction du bien-être de l'enfant. Ce n'est pas de mon domaine de compétence. Des chronobiologistes et des psychologues y ont travaillé."
A première vue, on pourrait saluer cet assaut de modestie de la part de l'élu local, qui évite de se prononcer sur un sujet qu'il ne maîtrise pas. En creusant un peu, on se rend compte que cette pudeur est peut-être plus intéressée qu'il n'y paraît. Cela fait une demi-douzaine d'années (au moins) que circulent des études condamnant la semaine de quatre jours. Depuis deux ans, le propos s'est fait plus pressant : cette organisation du temps scolaire, qui satisfait les parents et enseignants soucieux en priorité de leur week-end, ne convient pas du tout aux élèves en difficulté, qui souffrent d'un programme trop dense... Mais le système peut très bien fonctionner avec quatre jours d'école... pour les élèves qui ne sont pas en difficulté. Et les autres ? Il suffit de lire la presse pour constater qu'ils échouent au collège et qu'on les retrouve, plus tard, dans la charrette des 100 000 qui quittent le système scolaire sans rien. Si les études avaient conclu à l'avantage de la semaine de quatre jours, nul doute que Jean-Louis Grimal, bien que non spécialiste, aurait pensé à s'appuyer dessus.
La suite de son propos se veut budgétaire. Il a raison de regretter que l'Etat ait tendance à se décharger de certaines dépenses fondamentales sur les collectivités locales. (Cela ne date pas des socialistes... mais on n'entend les élus de droite que depuis 2011-2012...) La dotation compensatoire prévue par le gouvernement (de 50 à 90 euros par élève) ne devrait pas couvrir le surcroît de frais engagés par les communes, si l'on se fie à ce qu'affirme l'élu aveyronnais : il estime le surcoût à 250-300 euros par élève. Sauf que... l'association des maires de France l'évalue entre 50 et 150 euros par élève ! Voilà qui change pas mal de choses. Nombre de communes rurales (les plus pauvres, pas celles qui accueillent les périurbains en quête d'impôts locaux "allégés") devraient toucher 90 euros par élève (voire plus si le fonds de départ est augmenté, comme l'a sous-entendu Vincent Peillon).
Résumons : les communes rurales (qui avaient fortement adhéré à la semaine de quatre jours), si elles se débrouillent bien, devraient pouvoir compenser presque intégralement le surcoût financier de la réforme. Le surplus qui resterait à leur charge serait à comparer aux économies que le passage à la semaine de quatre jours avait permis de réaliser jadis. Il resterait le problème du recrutement des intervenants extra-scolaires, qu'il faudra convaincre de venir en zone rurale. Je pense que les titulaires d'un BAFA au chômage (ou en sous-emploi) doivent être assez nombreux. Peut-être les communes devront-elles songer à fonctionner collectivement, pour faciliter les recrutements.
L'autre clé du problème est le temps de travail des enseignants du primaire. La réforme Peillon va légèrement diminuer le temps de présence devant les élèves, en reconnaissant davantage le travail en dehors de la classe. Si, par rapport à 2008, les professeurs des écoles gardent une obligation de 24 heures de cours par semaine, les 108 heures annuelles supplémentaires (équivalant à 3 heures hebdomadaires) seront ventilées différemment, réduisant le nombre d'heures de soutien. On peut espérer que les 24 heures de cours vont être recentrées sur les apprentissages fondamentaux. Trop d'enfants sortent de l'école primaire sans maîtriser les bases, à commencer par la lecture et l'écriture. Je vous laisse imaginer ce que cela donne 10-15 ans plus tard, quand les adolescents et les jeunes adultes écrivent des CV et des lettres de motivation. Ne parlons pas de leur compréhension d'un mode d'emploi ou de leur capacité à remplir un bon de commande, ou à lire à contrat...
Ajoutons que, de 1991 à 2008, les élèves bénéficiaient de 26 heures de cours par semaine... et même de 27 heures, de 1969 à 1991, dont 10 heures de français et 5 heures de calcul ! Faites le compte : pour un nombre de semaines équivalent, 2 ou 3 heures de moins correspondent à un peu plus de 70 ou 100 heures par an... à multiplier par cinq (le nombre d'années de scolarité dans le primaire), soit 350 à 550 heures de moins.
Au-delà des débats sur les méthodes d'apprentissage, l'aspect quantitatif (les enfants d'aujourd'hui passent moins d'heures en classe) et distributif (un plus faible nombre d'heures est consacré aux fondamentaux, au bénéfice de ce que l'on appelait jadis les "disciplines d'éveil") de la scolarité permet de comprendre bien des choses.
A cela s'ajoute l'engagement plus ou moins grand des enseignants. Certes, les jeunes d'aujourd'hui doivent être plus difficiles à discipliner que ceux d'il y a 30 ou 40 ans. Mais combien d'entre nous avons pu constater que tel ou tel prof était particulièrement laxiste quant à la maîtrise de l'écrit ? Récemment, une collègue de travail m'a parlé d'un professeur des écoles, beaucoup moins choqué qu'elle par la kyrielle de fautes de français commises par son fils. Le prof lui aurait déclaré que tant qu'il arrivait à comprendre ce qu'il avait voulu dire, tout allait bien ! De même, il y a quelques années, je m'étais inquiété du cas de ma nièce, qui n'écrivait pas assez bien à mon goût (ainsi qu'à celui de sa mère). Figurez-vous que son enseignante ne prenait pas la peine de corriger toutes les fautes de son cahier ! Un changement de professeur (l'année suivante) a eu d'heureuses conséquences pour la jeune fille.
Mais revenons aux élus locaux hostiles à la semaine de quatre jours et demi. Ils sont issus en général de la classe moyenne, celle qui peut de permettre de financer des activités extra-scolaires pour ses enfants (ou petits-enfants)... et celle dont les rejetons sont moins touchés par l'échec scolaire. Pour ces enfants-là, l'étalement des cours sur 4 ou 5 jours a peu de conséquences. Mais pourquoi se soucier des autres, après tout ?
Dans la suite de l'entretien, Jean-Louis Grimal réaffirme ses réticences vis-à-vis de la réforme des collectivités locales et d'une loi interdisant tout cumul des mandats pour les élus nationaux. Plus nuancé que Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, il reconnaît certains mérites aux projets, mais, sur le fond, il me semble d'assez mauvaise foi quand il s'exprime sur le binôme homme-femme que chaque super-canton devrait désigner. Et je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'il dit sur l'enracinement des députés et sénateurs. Rien ne les empêche d'exercer, à titre bénévole (comme des milliers d'autres, qui n'ont pas la chance de percevoir une indemnité parlementaire), la fonction de conseiller municipal, un poste idéal pour garder à l'esprit les enjeux locaux. Et puis, entre deux séances à l'Assemblée ou au Sénat, ils peuvent revenir faire un tour dans leur circonscription, même si aucune élection n'est en vue... n'est-ce pas ?
21:36 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise, Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, france, société
dimanche, 10 février 2013
Wadjda
Première surprise concernant ce film : il cartonne à l'Utopia de Toulouse. J'ai dû faire la queue pour acheter la place et, lorsque la séance a commencé, la salle 1 (la plus grande) était presque pleine... de femmes ! Des (très) jeunes (venues avec leur maman) et des très âgées, qui ont parfois réussi à entraîner leur compagnon. L'un d'entre eux a d'ailleurs roupillé à côté de moi pendant une bonne partie du film !
Le début m'a un peu inquiété. J'ai redouté un film illustrant le "féminisme de salon", dénonçant les méchants islamistes qui empêchent les femmes de se maquiller et de porter des hauts talons. La jeune Wadjda apparaît comme attirée par ce qui choque les conservateurs : elle ne peut pas se séparer de ses baskets Converse, écoute de la musique occidentale, porte des piercings (discrets) et rechigne à ajuster le voile (quasi) intégral dans lequel l'idéologie fondamentaliste veut enfermer les femmes. Au quotidien, elle se fait taquiner par l'un de ses voisins, pas très sympathique de prime abord... et ses parents (appartenant visiblement à la classe moyenne) ne semblent pas beaucoup s'occuper d'elle.
Mais, au fur et à mesure que l'on découvre les personnages, que nous est révélée la vie quotidienne de certaines femmes saoudiennes, cela devient passionnant. C'est d'abord dû à l'interprète du rôle-titre. Cette petite Waad Mohammed est pétrie de talents et sait magnifiquement faire passer à l'écran l'ironie frondeuse que la réalisatrice Haifa Al Mansour a distillée dans l'intrigue.
Pourtant, la vie n'est pas drôle pour les femmes dans ce pays. Si, à l'intérieur de leur logement, elles évoluent dans les habits de leur choix, dès qu'elles sortent, elles doivent se soumettre à l'un des plus rétrogrades codes vestimentaires qui soient. Mais ce n'est pas tout. On sent la domination des hommes au quotidien : les femmes sont dévolues aux tâches ménagères et à la procréation. (C'est d'ailleurs parce qu'elle ne peut pas donner de fils à son mari que la mère de l'héroïne va devoir accepter qu'il prenne une deuxième épouse. Ajoutons que l'arbre généalogique familial ne mentionne que les hommes.) Elles n'ont pas le droit de vote et rencontrent de grandes difficultés pour exercer une activité professionnelle.
Les scènes d'école sont très réussies. On y voit le contraste entre la bigoterie imposée aux filles et leur désir de vivre la vie de leur choix (du moins pour les plus rebelles). La petite Wadjda réussit à se faufiler entre les gouttes. Elle y mène ses petites affaires... et n'hésite pas à monnayer ses services ! Suprême habileté, elle va faire croire à son nouveau zèle religieux, pour tenter de remporter un concours portant sur la connaissance et la récitation du Coran ! Pour cela, elle achète un DVD-quiz et s'inscrit à des séances de psalmodie. Son véritable but est de gagner suffisamment d'argent pour pouvoir acheter le vélo de ses rêves.
Trois beaux personnages entourent celui de Wadjda : sa mère, son voisin et la directrice de l'école. La première est sans cesse sur la brèche, entre un mari qui la délaisse, un travail qui l'éloigne de sa fille et un transporteur indélicat. (Elle fait un geste magnifique, pour sa fille, à la fin du film.) Le deuxième est finalement plus sympathique qu'il n'y paraît. On comprend rapidement qu'il en pince pour cette voisine anticonformiste, un peu chieuse sur les bords, mais qui a tellement de charme. La troisième est le personnage le plus ambigu. A l'intérieur de l'école, l'apparence qu'elle se donne pourrait la faire passer pour une parfaite occidentale. Et pourtant, c'est la plus acharnée à faire respecter le règlement, dans ses aspects les plus stricts. On finit par apprendre qu'elle eut une jeunesse sans doute tapageuse et que sa vie privée n'est peut-être pas aussi conforme à la morale islamique qu'on pourrait le croire.
C'est donc un film riche de contenu, avec un aspect documentaire, mais souvent drôle. La réalisatrice sous-entend que, pour les femmes de 30-50 ans, la cause paraît perdue, mais que si celles-ci se battent, l'espoir est permis pour la génération suivante.
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Alcatraz... fin ?
Comme la semaine dernière et la précédente, la programmation de ce samedi se découpe en deux épisodes inédits (les deux derniers de la première et -hélas- unique saison d'Alcatraz) et deux rediffusions de la semaine passée.
Garrett Stillman met en scène un braqueur de génie, capable de manipuler les autres... mais qui va se faire manipuler à son tour :
On apprend que l'un des anciens détenus, libéré dans des circonstances rocambolesques et devenu multimillionnaire, pourrait jouer un rôle crucial dans cette histoire.
Le mystère commence à s'éclaircir avec Tommy Madsen, dont le héros est le grand-père de l'enquêtrice. On approfondit notre connaissance de la personnalité du directeur de la prison... et, lorsque trois clés sont enfin réunies, on découvre ce qui se cachait dans la pièce secrète, à laquelle personne n'avait jadis accès :
On ne saura donc sans doute jamais la suite, notamment quel est le rôle de l'ancien taulard devenu riche, ni le projet secret monté par le directeur, ni le détail des méthodes supposées scientifiques mises au point par un autre personnage, découvert récemment.
A partir de la semaine prochaine, NT1 va rediffuser, en version multilingue là encore, les premières saisons de Fringe.
02:43 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, actualité, télévision
samedi, 09 février 2013
Soirée d'enfer grâce à la SNCF
- Dis-moi, tu es bien libre dès l'après-midi de vendredi ?
- Normalement, oui. Pourquoi ?
- Viens faire un saut à Toulouse. On se fera une bouffe... et il y a des films qui vont t'intéresser !
Quand on me prend par les sentiments... Je décidai donc d'emprunter le train pour la métropole midi-pyrénéenne. C'est là que mes ennuis ont commencé. Je m'étais pourtant renseigné : aucune grève n'était prévue vendredi 8 février. (Rassurez-vous, cela reprend dès dimanche soir...) Je me suis même enquis des horaires aménagés en cette période de travaux. Faute de pouvoir prendre le 16h31, je me suis rendu tranquillement à la gare de Rodez pour le départ de 18h24 :
Je suis arrivé un bon quart d'heure avant le départ... et pourtant, je n'ai pas pu monter dans le train ! Un agent de la SNCF en interdisait l'accès, les deux modestes wagons affrétés par la compagnie étant déjà pleins à ras bord. Comment était-ce possible ? N'avait-on rien prévu de plus pour un vendredi soir ? Il semblerait qu'un précédent convoi ait été annulé, pour une cause inconnue. (Une aile de pigeon s'était-elle coincée sur les rails, provoquant des angoisses insurmontables du côté du personnel roulant ? Un -énième- mouvement de grève s'était-il soudain déclenché, à cause d'une modification de planning obligeant certains personnels à travailler jusqu'à 20h30 au lieu de 20h15 auparavant ? Mystère.) Du coup, le volume de passagers s'est reporté sur la trajet suivant... le mien.
En dépit d'une différence de carrure qui jouait en ma faveur, j'ai résisté à la tentation de forcer le passage (sans doute un reste de l'éducation catholique que m'ont donnée mes parents, pas riches mais vertueux, ceci expliquant peut-être cela). Je me suis dirigé vers les guichets, où l'on m'a informé qu'un bus allait être mis en service sur le parking de la gare routière. Cerise sur le gâteau, ce bus était direct pour Toulouse ! Je me suis soudain senti revivre. Comme nombre d'usagers de la ligne Toulouse-Rodez, il m'est arrivé de devoir effectuer au moins une partie du trajet en bus. Ces dernières années, les compagnies ont mis en service un équipement assez confortable, qui atténue le désagrément de ce mode de transport. De surcroît, quand le trajet est amputé de certains arrêts, il peut être aussi rapide que le parcours en train. (Mais cela ne remplace pas le confort d'une voiture circulant sur des rails.)
J'ai assez vite déchanté. Tout d'abord, aucun bus n'était présent sur le quai annoncé. Je me suis donc rapproché d'un groupe qui semblait comme moi attendre le Messie. On a cru le voir venir en la personne d'un chauffeur qui s'est garé à l'entrée du parking. Pas de chance : il a déclaré n'effectuer qu'un trajet en direction d'Albi-ville. A-t-il reçu de nouvelles instructions par téléphone ou bien s'est-il renseigné à la gare, toujours est-il que, quelques minutes plus tard, il a dit effectuer tout le trajet, directement de Rodez à Toulouse. Alleluia ! La foule était prête à lui tresser des colliers de coquillages, voire à lui offrir une bouteille d'eau minérale ! Une meute de passagers grimpe finalement dans le bus, l'âme plus légère qu'auparavant.
Mais le mal rôdait, vicieux, prêt à frapper à nouveau. Dans la troupe hétéroclite qui s'était regroupée figuraient quelques individus qui n'allaient pas à Toulouse. Nouveau coup de fil du chauffeur, qui annonce finalement qu'il s'arrêtera dans toutes les gares ! La consternation se lit sur la majorité des visages des passagers, qui n'envisagent toutefois pas de se suicider en ce début de week-end.
Les transports en commun sont l'un des endroits où la population française se mélange encore. Dans ce bus se côtoyaient classes moyennes et populaires, hommes et femmes, jeunes et vieux, blancs et noirs. (Pour faire plaisir au gouvernement, je me dois d'ajouter : homos et hétéros.) La diversité s'est même étendue au monde animal, puisque l'un des passagers est monté portant une petite cage en plastique à l'intérieur de laquelle sommeillait un chat. Il fut suivi d'un jeune homme portant dans ses bras une sorte de Pinscher nain. Mais c'est un autre arrivant qui a retenu mon attention. J'ai eu du mal à identifier l'occupant d'une toute petite cage, transportée par une ravissante jeune femme. J'ai fini par distinguer une petite boule de poils sombres avec de grandes oreilles... un lapin ! Notons que cette ménagerie s'est tenue tranquille durant tout le trajet, le chien n'ayant jamais aboyé ni même couiné ! Cet exemple de civisme canin a quelque chose de réconfortant.
Vient le temps du départ. Calé dans un coin, j'attends que le bus ait pris la route pour sortir de quoi lire : j'y arrive quand le parcours n'est pas cahotique. Pas de bol pour moi : la lumière, que le chauffeur a laissée un temps allumée à l'intérieur du bus, est soudainement éteinte. Il semblerait qu'elle gêne le conducteur. Je grogne intérieurement.
A ce nouveau désagrément succède une bonne nouvelle : le bus ne passera pas par La Primaube, ce qui, en cette fin d'après-midi de vendredi, est particulièrement judicieux, tant la circulation peut être laborieuse dans cette direction. Je suis d'ailleurs assez agréablement surpris de la rapidité avec laquelle le véhicule s'est extrait de l'agglomération ruthénoise, au point que nous arrivons à Baraqueville en même temps que le train !
Cet arrêt, pas plus que les suivants, n'a servi à rien, puisque qu'aucun nouveau passager n'a gagné le bus entre Rodez et Toulouse. Par contre, il m'a semblé que quelques personnes étaient descendues du train à Baraqueville (et peut-être à La Primaube, si un arrêt y a été marqué)... Il y avait sans doute une ou deux places de libres !
Le bus est vite reparti pour Naucelle, où il est arrivé un peu après le train. Là encore, il m'a semblé que quelques places étaient disponibles dans le train. Elles étaient même pléthoriques dans celui qui venaient en sens contraire (de Toulouse) et qui comptait sept ou huit wagons. Que n'avaient-il été à Rodez une heure auparavant !
Une fois franchie (pour la seconde fois) la demi-barrière qui bloque la circulation à proximité de la gare de Naucelle, le bus s'est lancé à l'assaut de la route d'Albi de Carmaux. La nuit tombée rendait la succession d'automobiles empruntant la RN 88 assez jolie à regarder. Bercé par le roulement du bus, je commençai à m'endormir sur l'exemplaire du Ruthénois que j'avais acheté peu avant de quitter Rodez. Saurais-je un jour ce que Jean-Louis Grimal avait de si important à déclarer ? Dieu seul pouvait le dire.
J'ai émergé entre Carmaux et Albi. Il me semble que le chauffeur a annoncé que nous allions changer de bus, lui-même ne pouvant conduire au-delà d'une certaine heure, pour des raisons d'amplitude. A la gare d'Albi-ville, un nouveau bus nous attendait. Par curiosité, certains passagers ont jeté un oeil à l'intérieur du hall de la gare : notre train, en provenance de Rodez, était annoncé avec un retard de dix minutes !
La majorité des membres du groupe est donc montée dans ce nouveau véhicule, moins confortable que le précédent. Pour nous conduire à bon port, nous disposions d'un sympathique grand-père, un peu sourd et qui a failli partir d'Albi sans fermer les soutes à bagages !
Cette seconde partie du trajet fut la plus pénible, peut-être à cause de la lassitude. Il a fallu se taper toutes les petites gares entre Albi et Toulouse. A chaque fois, en arrivant, nous constations que les bâtiments étaient fermés et qu'aucune information n'était donnée. On nous avait visiblement oubliés... Ce n'est qu'à Saint-Sulpice-sur-Tarn que deux passagères sont descendues, dont la jeune femme au lapin. Au bout de trois heures d'un périple enthousiasmant, le reste de l'équipée s'est retrouvé en gare de Toulouse-Matabiau, sain et sauf.
Je suis donc arrivé en retard à mon rendez-vous toulousain, moi qui me pique de ponctualité !... et pis d'abord, c'était pas ma faute, hein ! Je dois reconnaître que j'ai quand même plutôt bien mangé et que j'ai pu voir deux films intéressants (dont je reparlerai bientôt) : Wadjda et Hiver nomade.
23:29 Publié dans Vie quotidienne, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société
lundi, 04 février 2013
Yves Censi et le "mariage pour tous"
Ce week-end, les débats ont été agités à l'Assemblée nationale, pour le début de l'examen du projet de loi sur "l'ouverture du mariage aux couples de personnes du même sexe". L'article 1 a fait l'objet d'échanges parfois houleux, qui ont débouché, samedi, vers 12h30, sur un premier vote d'une grande portée symbolique :
Regardez bien le nombre de suffrages : 346 exprimés sur 348 votants... et 575 députés ! (Deux sièges sont actuellement vacants.) Au vu du résultat, on se rend compte qu'en dépit de l'aspect "clivant" du scrutin, certains groupes n'ont pas fait le plein ce samedi. Sur les 343 députés de gauche et 225 de droite, 249 ont voté l'article 1 et 97 s'y sont opposés. Cela voudrait dire qu'en gros, les trois-quarts des députés de gauche étaient présents, contre moins de la moitié de ceux de droite. Comme c'est étrange !
... en fait, non : certains des députés manquants semblent avoir préféré arpenter les rues des villes de leurs circonscriptions, comme le Parisiano-aveyronnais Yves Censi, que l'on a vu samedi, en début d'après-midi, au centre de Rodez, dans la manifestation des opposants au projet de loi.
Comme l'a fait remarquer le quotidien Centre Presse, la place d'un député de l'opposition n'était-elle pas au Palais Bourbon ?
Ou alors, peut-être que le député (contrairement à nombre des papys qui ont battu le pavé ruthénois samedi) ne voyait pas d'inconvénient à ce que le premier article, celui qui valide le mariage entre personnes du même sexe, soit voté. (Ou bien il a voulu éviter de courir le risque que, plus tard, on lui reproche un vote contre, quand ce mariage sera entré dans les moeurs.) On peut supposer qu'il sera ostensiblement présent lorsqu'il s'agira de se prononcer sur l'adoption d'enfants ainsi que la gestation pour autrui, deux sujets qui font moins consensus dans l'opinion.
N'oublions pas non plus qu'Yves Censi songe à la mairie de Rodez... et pas qu'en se rasant. (Sinon, il y penserait rarement !) Il n'a pas raté l'occasion de montrer sa bobine dans le chef-lieu aveyronnais... ce qui a sans doute permis à nombre de passants de le voir en chair et en os pour la première fois depuis des années ! Mais je suis mauvaise langue...
22:17 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, société, france, mariage, mariage pour tous
dimanche, 03 février 2013
Alcatraz, encore
Samedi 2 février, NT1 a poursuivi la diffusion de l'unique saison de la série pénitentiaire de science-fiction, en reprenant l'ordre des épisodes quelque peu malmené la semaine dernière. Ajoutons que l'on peut toujours (re)voir ceux-ci en version originale sous-titrée sur le site internet de la chaîne. (A ce propos, je ne sais pas pourquoi, mais le replay rame depuis peu.)
La soirée a donc commencé avec l'épisode 9, Sony Burnett, qui voit revenir à notre époque un rançonneur de talent, un type plutôt gentil à la base, mais que la prison a transformé en loup. Il va chercher à se venger :
Quant à l'enquêtrice, Rebecca Madsen, elle est littéralement obsédée par le cas de son grand-père. Elle voudrait comprendre pourquoi, lors de la poursuite (vue dans l'épisode 1), alors qu'il avait la possibilité de s'échapper facilement, il avait fait demi-tour pour tuer son partenaire à elle.
Si certains ont trouvé l'épisode macabre, alors que dire du suivant, Webb Porter ? Les enquêteurs traquent un tueur au QI très élevé, passionné par la musique classique... et les cheveux longs. Victime d'un traumatisme particulièrement grave dans son enfance, il a bénéficié d'une thérapie innovante lorsqu'il était à Alcatraz, au début des années 1960 :
Dans cet épisode, comme dans les précédents, il faut souligner la qualité de l'interprétation et le travail effectué sur l'image. On ne peut que regretter que les deux épisodes inédits qui seront diffusés samedi prochain soient les derniers.
Les amateurs de paranormal ne seront toutefois pas abandonnés, puisqu'à partir du 16 février, NT1 va rediffuser la série Fringe, dont TF1 avait auparavant la primeur. Contrairement à sa grande sœur, NT1 programme les épisodes à partir de 20h50 et en version multilingue. Les aficionados vont donc pouvoir redécouvrir les aventures de la bande à Olivia Dunham et connaître le fin mot de l'histoire puisque, si tout va bien, aux quatre saisons déjà diffusées en France va s'ajouter la cinquième et dernière.
12:26 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, médias, télévision, culture
samedi, 02 février 2013
Django unchained
Dans son nouveau film, Quentin Tarantino pratique l'hommage, le calque et le retournement. Django unchained est donc formaté comme un western spaghetti. C'est particulièrement sensible au niveau des incrustations à l'écran et de la musique. Sergio Leone n'est pas loin, notamment dans un plan sur les yeux de Django-Jamie Foxx qui, de surcroît, est là pour régler de vieux comptes.
Cependant, à la différence de ses illustres devanciers, Tarantino choisit de placer au centre de l'action un Noir. Il pousse le vice jusqu'à montrer celui-ci châtiant d'immondes Blancs racistes. Voilà le retournement. Comme dans Inglourious Basterds, il réécrit l'histoire au profit des victimes.
La première séquence est une véritable merveille. Il y a tout : une ambiance nocturne chiadée, un souci du détail, aussi bien dans les scènes de dialogue que dans la baston (assez brève... ce n'est que la mise en bouche, voyons !). Et parlons-en, des dialogues (en vo sous-titrée, c'est mieux : on savoure les passages en français, entendus dans la seconde partie) : Christopher Waltz (qui confirme tout le bien que je pensais de lui déjà dans Carnage) se pourlèche les babines des répliques que lui a concoctées Tarantino. Le plaisir continue dans la bourgade de péquenots, qui nous montre une seconde fois le "docteur" Schultz dans ses oeuvres.
En dépit du titre, c'est donc bien le personnage incarné par Christopher Waltz qui est le héros de la première partie. Il mène l'action, tel un deus ex machina sorti de sa roulotte de dentiste (excellente trouvaille). Les plus belles répliques sortent de sa bouche. Mais, petit à petit, Django, au départ timoré et interloqué (mais ravi de sa nouvelle liberté), va prendre de l'assurance. Si la qualité des dialogues s'en ressent, l'action gagne en intensité : la sauce tomate jaillit davantage des corps (jusqu'à tapisser les murs) et l'on voit encore plus de cadavres propulsés ou déformés par la balle qui les atteint. On aura compris qu'il ne faut pas chercher trop de vraisemblance dans les scènes de baston. On est juste là pour prendre son pied.
Les bons esprits regrettent l'abus de violence gratuite... mais on est chez Tarantino. (N'y emmenez donc pas vos gamins !) Il n'est pas moins ambigu que dans ses précédents films. C'est évidemment bourré d'humour. Les drogués de mise en scène apprécieront particulièrement certains moments, comme le service de la bière (dans la première partie) ou "le spectacle d'intérieur", qui voit nos héros rencontrer un gros enculé efficacement interprété par Leonardo DiCaprio. Toutefois, côté acteurs, dans la seconde partie, c'est Samuel L. Jackson qui casse la baraque. Il joue une sorte d' "Oncle Tom" odieusement servile... machiavélique au fond.
Son arrivée à l'écran coïncide avec le retour des dialogues percutants. La parole, comme toujours chez Tarantino, permet de faire basculer l'action. Elle va d'ailleurs sauver la mise à l'un des héros et faire rebondir une nouvelle fois l'action, histoire que le film se conclue sur un ultime massacre.
Et les femmes, là-dedans ? On les voit peu. C'est étonnant, parce que Quentin nous avait habitué à des personnages féminins plus étoffés. Ici, elles jouent les utilités (comme dans les westerns spaghetti dont il s'inspire). On se pose néanmoins des questions sur la "femme masquée", qui fait partie de la troupe de soudards employée par Candie-DiCaprio. On la voit à l'occasion de la capture d'un évadé, dans le transport qui suit vers la propriété du maître, ainsi qu'à la fin, dans une baraque où s'entassent les employés : elle y visionne des images touristiques de la Grèce. Tarantino avait visiblement prévu de consacrer quelques scènes à ce personnage... Va falloir se ruer sur les bonus du DVD !
15:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 31 janvier 2013
Zero Dark Thirty
Le titre évoque un moment de la nuit, celui durant lequel on imagine que les Navy Seals ont pris d'assaut le refuge d'Oussama ben Laden, au Pakistan, en mai 2011.
Le film était attendu pour ce qu'il était censé montrer. Il est d'abord intéressant par ce qu'il ne montre pas à l'écran. Cela commence par la référence aux attentats du 11 septembre 2001, présentés uniquement par voie sonore, avec un écran noir. N'oublions pas que la réalisatrice est américaine et que, pour son public national, ces événements constituent peut-être la plus terrible catastrophe humaine de l'histoire du pays. Il leur faudra encore un peu de temps pour réaliser que, dans d'autres pays du monde, des horreurs bien pires ont été perpétrées. Ce "noir" visuel nous pousse néanmoins à tendre l'oreille. L'un des coups de fils choisis est celui d'un jeune homme, qui tente de rassurer sa famille en précisant que, si un avion a bien percuté la tour n°1, lui se trouve dans la tour n°2... en sécurité.
Le film, bien que minutieusement construit, fourmillant de détails, reste très évasif sur son personnage principal , l'agent de la CIA Maya (incarnée par Jessica Chastain, une nouvelle valeur sûre de Hollywood, déjà remarquée pour ses prestations dans L'Affaire Rachel Singer et La Couleur des sentiments). Quand bien même ce personnage est la fusion de plusieurs personnes réelles, on aurait pu nous en dire plus sur son passé. On comprend qu'elle a été recrutée très jeune par la CIA, en 2000 ou 2001. Vu l'obstination dont elle fait preuve dans la traque de ben Laden (et sa réaction tout à la fin, après la découverte de son cadavre), on en déduit qu'elle a perdu un ou plusieurs proches le 11 septembre 2001. L'actrice donne de la vraisemblance à ce personnage de moine-soldat au féminin, mais le scénario la dessert un peu.
A ce propos, on notera que la caméra ne filme jamais entièrement le chef terroriste, et surtout pas en gros plan. Si l'on conçoit que ce n'est pas l'homme qui est le plus dangereux, mais les idées qu'il véhicule, c'est logique. On nous a aussi épargné la scène de largage du corps en pleine mer (si cela s'est réellement passé ainsi). De ce point de vue toutefois, le film se situe dans la lignée de la politique américaine, qui a voulu éviter de faire du terroriste une icône, mais qui est arrivée au résultat exactement opposé. La découverte de ben Laden dans le sac mortuaire m'a irrésistiblement fait penser à la mort d'Ernesto Guevara... joli paradoxe qui voit un révolutionnaire athée et un intégriste musulman devenir des figures christiques !
Il n'est pas non plus question des trois plus terribles attentats antioccidentaux qui ont succédé à ceux du 11 septembre 2001 : Bali (en octobre 2002), Madrid (en mars 2004) et Londres (en 2005). On pourrait justifier ces omissions en précisant que leurs auteurs avaient des motivations plus nationales qu'internationales. On pourrait aussi relier ces oublis à ce que déclare Maya (dans le film) à l'un des pontes de l'espionnage yankee : tuer ben Laden désorganiserait le réseau d'Al Qaïda et réorienterait sans doute l'action de certains groupes vers des objectifs nationaux. En gros, les Etats-Unis seraient un peu plus peinards, alors que leurs alliés auraient davantage de soucis à se faire...
Le film nous propose par contre de vivre du côté de la CIA deux attentats dont on a entendu parler, sans en saisir tous les enjeux à l'époque. Cela commence avec l'explosion d'un camion piégé à l'hôtel Marriott d'Islamabad, au Pakistan, en 2008. Présenté à l'époque comme une démonstration anti-occidentale de force, l'attentat semble avoir aussi eu des cibles très précises. Il en est de même avec celui de la base Chapman (en Afghanistan), en 2010. Dans le film, on le sent venir à des kilomètres. Ce manque de subtilité est contrebalancé par l'efficacité de la réalisation (Bigelow avait fait ses preuves avec Démineurs) et la qualité de l'interprétation.
C'est assez révélateur de l'ensemble du film : un produit bien fichu, documenté, mais très ambigu sur le fond. Le cas de la torture est exemplaire. On nous montre de longues scènes d'interrogatoire ou de mise sous pression. On peut à la fois féliciter la réalisatrice pour sa volonté de montrer la fange dans laquelle certains de ses personnages se vautrent. Mais un mauvais esprit pourrait objecter que la réussite de la traque de ben Laden reposerait, au moins en partie (selon le film), sur ces séances de torture...
Les amateurs de cinéma sont heureusement servis par plusieurs très bonnes séquences, comme la filature du messager de ben Laden, en pleine jungle urbaine pakistanaise (reconstituée en Inde !), détecteurs ultra-sophistiqués à l'appui. J'ai aussi particulièrement aimé la séquence de l'assaut du refuge pakistanais, filmé de nuit (avec une caméra spéciale) et dans un silence étouffant... à travers lequel, dans un premier temps, on ne perçoit que quelques bruits. Élément positif supplémentaire, le scénario se démarque ici de la version officielle de Washington, pour s'inspirer du récit d'un Navy Seal, ancien membre du commando, qui a révélé que ben Laden a été abattu alors qu'il ne représentait pas de menace directe pour les soldats. Cette expédition était donc bien une vengeance, pas du tout un acte de justice. C'est d'ailleurs l'impression qui se dégageait du titre originel de ce (très) long métrage, "For God and Country".
21:22 Publié dans Cinéma, Histoire, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
dimanche, 27 janvier 2013
Alcatraz, suite
La chaîne NT1 poursuit la diffusion de cette passionnante série... en réduisant la voilure : cette semaine, sur les quatre épisodes programmés, seuls les deux premiers étaient inédits (contre trois samedi 19 janvier). Ils portent les numéros 8 et 10, mais ont été diffusés respectivement en neuvième et huitième positions. L'épisode 9 est programmé samedi prochain. Il est possible que les scènes violentes contenues dans l'épisode 8 aient incité la chaîne à modifier l'ordre de diffusion.
La soirée a donc commencé avec Clarence Montgomery, l'histoire du seul prisonnier innocent d'Alcatraz, pour lequel l'emblématique et mystérieux directeur va se prendre d'affection :
C'est la gastronomie qui va rapprocher les deux hommes dans les années 1960 (notons que, dans la version originale, le directeur souhaite "Bon appétit" aux prisonniers... en français). Cependant, le détenu va être "cuisiné" d'une autre façon, ce qui explique son comportement, lorsqu'il réapparaît en 2012.
Le scénario de cet excellent épisode semble puiser à de bonnes sources : Orange mécanique bien sûr, mais aussi I comme Icare (ainsi que les recherches de Stanley Milgram). Notons le contexte de ségrégation : les détenus blancs méprisent globalement les Noirs et certains de ceux-ci entendent militer pour leurs droits.
Le second épisode diffusé samedi, Les Frères Ames, voit ressurgir un drôle de duo... et même un trio, puisqu'un autre échappé de 1963 les rejoint, dans un but bien précis.
L'histoire tourne autour de plusieurs mystères, liés aux clés du directeur. Certaines ouvrent un coffre, d'autres une pièce où il semble être le seul à se rendre. On apprend ainsi progressivement que les personnages de 1960-1961 n'en savent pas tous autant sur ce qu'il se passe au sein de la prison. En 2012, Hauser commence à avoir une petite idée de qui se cache derrière ces retours indésirables... mais quel peut être le mobile ?
01:06 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : télévision, actualité, médias
samedi, 26 janvier 2013
Le Roi du curling
Quelque part entre les Deschiens et Groland, cette comédie provinciale norvégienne pratique l'humour à froid... ce qui n'est guère surprenant dans ce pays spécialiste des sports d'hiver. Le curling est l'un d'entre eux. Pour les Européens de l'Ouest et du Sud, c'est une curiosité ethnologique, un peu comme le cricket ou le base-ball. Très populaire dans certains pays, on pourrait rapprocher sa pratique de celle de la pétanque ou des quilles chez nous : l'élite goûte peu ces activités sportives, alors qu'elles réclament beaucoup de concentration et d'habileté.
Ici, le héros, Truls Paulsen, est un monomaniaque qui considère ce sport comme un art. La moindre contrariété peut le faire disjoncter. La première partie du film nous montre donc la déchéance du champion, qui entraîne avec lui les membres de son équipe. Les hommes ont tous (plus ou moins) du bide... et souvent des problèmes psychologiques. Truls est un obsédé du rangement, son numéro 2 n'arrive plus à dormir, un troisième ne pense qu'à observer des oiseaux et le quatrième membre de l'équipe, véritable érotomane, saute sur tout ce qui bouge.
La deuxième partie du film montre ces gaillards en train de vivoter. On s'attarde tout particulièrement sur Truls, persécuté par sa mégère de femme. (Les séquences de salon, face à la télévision, valent leur pesant de cacahuètes !) Par contre, au boulot, on le ménage. Bourré de cachets, il fréquente un club de parole, où il rencontre un tas de dingos sympathiques... notamment un pépé atteint du syndrome de Tourette et une sorte d'artiste, très mignonne, qui va s'amouracher de lui... on se demande bien pourquoi !
La troisième partie est celle de la renaissance. Afin d'y parvenir, Truls va devoir s'émanciper de la tutelle de sa femme, remédier au problème de sommeil de son second, récupérer l'ami des oiseaux et canaliser l'énergie sexuelle du dernier acolyte. Le nouveau championnat approche. L'équipe la plus dangereuse est menée par l'éternel rival de Truls, un gros vantard permanenté, qui se prend pour le roi du monde... et que l'acteur norvégien a visiblement pris un grand plaisir à incarner !
Si le comique de situation basique (et un brin puéril) ne vous rebute pas, si vous avez apprécié un film comme Norway of life, ne ratez pas cette petite comédie, qui réussit à rendre passionnante une partie de curling !
22:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema
lundi, 21 janvier 2013
Alcatraz again
Samedi 19 janvier, NT1 a diffusé quatre épisodes de la série fantastique, trois nouveaux et un déjà programmé la semaine dernière. La télévision de rattrapage permet de les visionner, au choix, en version originale sous-titrée (proposée dès le début de la mise en ligne) ou en version française (rajoutée à la demande d'internautes habitués à la viande prémâchée).
Le cinquième épisode (Guy Hastings) tranche sur les précédents parce que, cette fois-ci, ce n'est pas l'un des anciens détenus mais un (ancien) gardien de la prison qui réapparaît 50 ans plus tard. Il connaissait bien le "tonton" de l'héroïne (incarné par Robert Forster), puisqu'il l'a formé à son arrivée à Alcatraz. Les relations sont désormais plutôt tendues entre les deux hommes :
On fait ainsi quelques découvertes sur la famille de l'enquêtrice Rebecca Madsen. Le mystère ne s'éclaircit pas pour autant, les rescapés de 1963 semblant ignorer comment ils ont pu traverser les ans sans dommage.
Dans Paxton Petty, les risques courus sont encore plus grands : le détenu qui débarque est un ancien Marine, expert en explosifs, sans le moindre scrupule :
Les retours dans le passé nous permettent d'en apprendre plus sur l'assistante de l'enquêteur en chef du FBI, qui l'a rencontrée lorsqu'il était policier à San Francisco, elle-même officiant comme psychiatre dans la prison. Le problème est que si Hauser (interprété avec talent par le vétéran Sam Neill) a normalement vieilli, elle a gardé le physique de l'époque.
La tension est à son comble dans Johnny Mc Kee, qui confronte nos héros à un chimiste, devenu un as de l'empoisonnement :
Son comportement, de prime abord incompréhensible, s'explique en fait par un profond traumatisme subi à l'adolescence. Cet épisode est aussi l'occasion de retrouver le premier prisonnier récupéré par les enquêteurs, Jack Sylvane. L'agent Madsen profite de toutes les occasions pour tenter d'en apprendre davantage sur son grand-père.
02:55 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, télévision, médias
dimanche, 20 janvier 2013
Jean de la Lune
Je suis un peu comme certains personnages adultes de ce dessin animé : j'avais oublié Jean de la Lune, alors que c'est une figure dont on m'avait parlé dans l'enfance. Mi-extraterrestre mi-humain, il se retrouve sur Terre, pour son bonheur comme pour son plus grand malheur.
L'unique habitant de la Lune s'ennuie. Voilà pourquoi il quitte notre satellite pour gagner notre planète, où il va faire la connaissance d'enfants (qui ne peuvent s'endormir sans sa présence rassurante), d'un savant fantasque et génial (Ekla des Ombres) et d'un dictateur mégalomane, qui se fait passer pour son ami.
Cette animation en apparence anodine brasse donc des thèmes importants : l'amitié, la nature, l'ambition, la servilité. Le fil rouge est une voiture américaine, que l'on voit partir d'un cinéma en plein air au début du film (et qui y retourne tout à la fin, je vous laisse découvrir pourquoi).
On sent que Tomi Ungerer, marqué par les totalitarismes du XXe siècle, a voulu les dénoncer. Il croise le portrait sans concession du dictateur avec un rapide tableau de la société de cour qui l'entoure, l'accent étant mis sur son bras droit, un crétin servile. Une touche d'humour vient à chaque fois ridiculiser la grandiloquence de ces importants : un ours, utilisé comme trophée, statue ou carpette... mais toujours vivant, ce qu'il cherche évidemment à cacher !
La fantaisie est de mise chaque fois que le scientifique Ekla est à l'écran. Un peu trop naïf, il se fait dans un premier temps manipuler, avant de contribuer au sauvetage du héros.
L'animation est assez perfectionnée. De prime abord, cela ressemble à certaines productions françaises, avec un côté art-déco. Mais, dès que l'on s'intéresse aux mouvements des personnages, on se rend compte de la méticulosité du travail effectué. La musique d'accompagnement, très variée, est vraiment chouette.
Petit bémol à mon enthousiasme : le rythme est un peu lent. On aurait pu pratiquer quelques coupes, pour aboutir à un film d'1h20 - 1h25, au lieu d'1h35.
PS
Sur le site dédié, on peut télécharger divers documents, notamment un dossier d'images à colorier, pour les enfants.
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samedi, 19 janvier 2013
Hypocrisie départementale
La réformette des collectivités locales proposée par le gouvernement Ayrault continue de faire couler beaucoup d'encre. Un récent article de Midi Libre évoque la "fronde" de quatre présidents de conseils généraux ruraux : Haute-Loire, Aveyron, Cantal et Lozère :
Ainsi, de gauche à droite, on l'Altiligérien Gérard Roche, l'Aveyronnais Jean-Claude Luche, le Cantalien Vincent Descoeur et le Lozérien Jean-Paul Pourquier. Ces grands défenseurs de l'intérêt général lancent un appel qualifié de "républicain". L'article omet toutefois de préciser que ces quatre élus locaux se situent dans la même mouvance, l'UMP. C'est indéniable pour deux d'entre eux, V. Descoeur et J-P Pourquier, membres du parti de Jean-François Copé et François Fillon.
C'est plus subtil pour G. Roche, membre de l'UDI. En 2011, il a été réélu conseiller général du canton de Fay-sur-Lignon. Comme Jean-Claude Luche dans l'Aveyron, il a utilisé la mention "majorité départementale". Le ministère de l'Intérieur, à l'époque, ne l'en a pas moins classé dans la catégorie "M", c'est-à-dire "autres candidats de la majorité présidentielle" (celle de 2011). Toutefois, aux sénatoriales de 2011, il a été élu sous l'étiquette "divers droite", opposé notamment à deux candidats UMP. A la haute assemblée, il siège dans le groupe de centre-droit, distinct de l'UMP.
Cela nous mène à Jean-Claude Luche, un autre divers droite... qui a quitté (officiellement) l'UMP peu avant les cantonales de 2011, quand le bateau a commencé un peu trop à tanguer. Mais, en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, lorsque Nicolas Sarkozy est venu tenir un meeting important à Toulouse, les élus aveyronnais de droite (inscrits ou pas à l'UMP) étaient au premier rang pour applaudir chaleureusement leur candidat.
A l'époque, les quatre présidents de Conseils généraux ruraux n'ont pas fait preuve de la même pugnacité contre la réforme des collectivités territoriales, présentée à tort comme une source d'économies pour les finances publiques. C'était surtout un moyen pour la droite de reprendre le contrôle des régions et de verrouiller les majorités départementales.
On peut regretter que la réforme proposée par les socialistes et leurs alliés soit d'une grande timidité, qu'elle ne réduise pas le nombre d'élus locaux, pléthorique dans notre pays. Mais, pour les quatre mousquetaires du monde rural, c'est surtout l'introduction de la parité et le remodelage de la carte des cantons qui est à craindre.
Quand bien même le nombre des conseillers ne changerait pas, le nombre d'élus de sexe masculin va fortement diminuer. Dans l'Aveyron, les mâles sont au nombre de 36, contre 10 représentantes de l'autre sexe. Ils occupent donc 78 % des postes. En Haute-Loire, le rapport est de 30 contre 5 (soit 85,7 % d'hommes). En Lozère, il est de 22 contre 3 (88 % d'hommes). Le pire est atteint dans le Cantal : 24 hommes pour 3 femmes (89 % de mâles dominants) !
Comme je l'ai déjà écrit le mois dernier, compte tenu des moyens de communication modernes et de l'amélioration des réseaux routiers, en 2013, un territoire de proximité peut (et doit) avoir une taille plus grande qu'en 1850. Il reste à voir comment le redécoupage va être effectué.
Derrière ces protestations, on entrevoit un combat d'arrière-garde d'élus de sexe masculin, opposés à l'actuelle majorité et accrochés à leurs "prébendes". Si cette réforme est insuffisante, elle prendra peut-être tout son sens lorsqu'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats sera votée.
Quant aux élus locaux de droite, ils peuvent se rassurer. Je suis persuadé que la gauche va perdre les élections de 2014 et peut-être celles de 2015. Ils auront donc l'occasion de conserver et même de (re)conquérir de précieux mandats...
11:55 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, médias
vendredi, 18 janvier 2013
Argo
Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Alors que le film de Ben Affleck vient de recevoir deux Golden Globes ("meilleur film dramatique" et "meilleur réalisateur") et qu'il est sept fois nominé aux Oscar, certains cinémas ont eu la bonne idée de le reprogrammer... ce qui m'a permis de le voir, enfin.
Même si l'essentiel de l'histoire se déroule à Téhéran, en Iran (les scènes correspondantes ayant été tournées en Turquie), un nombre non négligeable de séquences ont pour cadre soit Washington (et la Virginie), coeur du pouvoir politique états-unien, soit la Californie et Hollywood, coeur du pouvoir culturel yankee. On nous présente deux milieux très contrastés, l'un peuplé de types cassants et engagés dans des luttes d'influence, l'autre de branquignols plus ou moins doués, capables du meilleur comme du pire. Je vous laisse imaginer dans quelle catégorie il faut ranger la CIA... Cela nous vaut quelques moments savoureux, avec de vieux routiers comme John Goodman.
Le coeur du sujet est la crise des otages. Les scènes de foule iranienne sont particulièrement réussies. Les précieuses anecdotes de tournage du site Allociné nous apprennent que des techniciens ont été mêlés aux figurants. L'impression de réalisme est grande... et, si l'on a déjà vu certaines images d'époque (notamment l'assaut contre l'ambassade américaine), on est frappé par la ressemblance.
Viennent ensuite les moments plus intimistes, centrés sur les six réfugiés logés chez l'ambassadeur du Canada. C'est le prétexte à un beau portrait de groupe, avec des acteurs très bons, choisis aussi sans doute pour leur ressemblance avec les personnages qu'ils incarnent. (Je conseille de rester à la fin : on nous propose une intéressante comparaison entre les images réelles et certaines, issues du film.) On ne nous cache pas leurs faiblesses, leurs dissensions. Les spectateurs peuvent facilement s'identifier à ces individus qui ne semblent pas sortir de l'ordinaire. L'un d'entre eux, Marek Lijek, a récemment livré son témoignage.
La dernière partie du film est construite sur le mode du suspens. Ben Affleck y abuse du just in time, que ce soit à propos d'un coup de fil à Hollywood, de la réservation des billets d'avion comme du décollage final, dans une scène dont on sait aujourd'hui qu'elle est complètement inventée. (On pourrait aussi reprocher au scénario d'éviter de dire clairement que l'ambassadeur du Canada, qui a sauvé la mise des six rescapés, était devenu un agent de la CIA.)
Cela reste un bon divertissement, bien joué, qui manie de manière sensible la pâte humaine. Même s'il glorifie l'Amérique débrouillarde, il a l'honnêteté de ne pas cacher les sujets de mécontement des Iraniens, qui avaient des raisons d'en vouloir à Oncle Sam... et qui (exception faite de l'employée de maison de l'ambassadeur) sont dépeints de manière assez unilatérale dans ce film.
23:15 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, histoire
mercredi, 16 janvier 2013
De la neige à Rodez
Cette fois-ci, ce n'est pas de la poudreuse et, comme les températures sont en baisse (on va se manger du -10°C cette nuit), on peut penser qu'elle va rester un peu en place. En cette fin d'après midi, le quartier de Layoule était plongé dans une brume laiteuse :
La vue est plus dégagée sur le Piton, où la cathédrale gagne encore en beauté :
De là, on atteint le jardin du Foirail, plongé dans la ouate :
Si l'envie vous prend de prolonger la balade, vous aurez plusieurs occasions de voir le viaduc de Bourran (et la voie ferrée au premier plan) :
Bravant le froid, le vent, la neige, les véhicules et leur pollution, on dépasse la gare, dont on a un aperçu quasi féérique des Quatre-Saisons :
19:13 Publié dans Aveyron, mon amour, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, photos, actualité, photographie
mardi, 15 janvier 2013
Tabou
Depuis plusieurs semaines, il est beaucoup question du film (en noir et blanc) de Miguel Gomes, porté par le bouche-à-oreille des cinéphiles. Il est divisé en deux parties, placées dans l'ordre chronologique inverse.
On commence donc par suivre la fin de vie d'une vieille dame qui a dû être belle, jadis. Elle perd un peu la tête, mais ne manque pas de caractère... ce qui ne simplifie pas le travail de son auxiliaire de vie cap-verdienne. Une voisine esseulée va se rapprocher d'elle. Il faut s'accrocher un peu pour s'intéresser à cette histoire de petits riens du quotidien. Ce long prologue, pas très bien joué (à l'exception de Laura Soveral, qui incarne l'héroïne), est pourtant nécessaire pour comprendre la suite.
La seconde partie nous plonge plus de 40 ans en arrière, dans le monde colonial portugais, au Mozambique. A proximité du mont Tabou se sont installés des Blancs, servis par une pléiade de Noirs. Ah, le bon temps des colonies... Ne comptez pas sur ce film pour étudier les rouages de la domination européenne. Il est question de convenances sociales et d'amour (ce qui n'est pas sans rapprocher Tabou d'Anna Karenine, pourtant très différent sur la forme).
La grande réussite de cette deuxième partie est d'avoir juxtaposé les images, muettes, les sons de l'Afrique, la musique dansante des années 1950-1970 et la narration d'un vieil homme qui fut un jeune amant fougueux. Bien que ne bénéficiant pas des dialogues, on comprend sans problème le déroulement de l'action. Les acteurs sont très expressifs et l'image d'une grande beauté. La musique, qui s'apparente à du twist américano-portugais, est entraînante.
Le fond est un peu triste, mais c'est une belle histoire.
22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 14 janvier 2013
Alcatraz
Je suis tombé un peu par hasard (grâce à la télé de rattrapage) sur cette nouvelle série américaine, curieusement diffusée pour la première fois en France par la chaîne NT1 (sorte de sous-TF1 de la TNT). Je me suis lancé dans le visionnage du premier épisode pour quatre raisons :
1) Le principe de l'histoire (la réapparition d'anciens prisonniers 50 ans après, sans qu'ils aient vieilli)
2) La magie dégagée par cette prison emblématique
3) La boîte de production qui est à l'origine de la série (Bad Robot, de JJ Abrams, qui nous a livré Lost -bof- mais surtout Fringe... La musique d'accompagnement ressemble d'ailleurs furieusement à celle de sa grande soeur... et pour cause : Michael Giacchino a signé les deux !)
4) La possibilité de regarder les épisodes en version originale sous-titrée.... Bravo NT1 !
Des procédés classiques sont à l’œuvre. A l'image de l'Olivia Dunham de Fringe, l'enquêtrice est une jolie blonde téméraire et tourmentée (son enfance est entourée de mystères). Elle est épaulée par un type sympathique et atypique, un obèse érudit génie de la BD (incarné par Jorge Garcia, un ancien de Lost). Évidemment, elle va travailler pour le FBI, en lequel elle n'a pas trop confiance. De curieuses expériences semblent avoir été menées sur l'île. Des retours en arrière récurrents sont chargés d'éclairer des pans du passé.
Chaque épisode porte le nom de l'un des détenus disparus lors de la fermeture, en 1963, qui réapparaît de nos jours, travaillé par les mêmes pulsions destructrices qu'il y a 50 ans... et chargé (par on ne sait qui) de missions secrètes, dont on ne comprend pas -pour l'instant- les tenants et les aboutissants.
Dans Jack Sylvane, on découvre la cruauté d'une partie du personnel pénitentiaire des années 1960. On assiste aussi à la formation de la petite équipe hétéroclite qui va mener l'enquête à notre époque. Accessoirement, on nous fournit une étrange information à propos du passé de l'héroïne Rebecca Madsen (Sarah Jones, épatante).
Dans Ernest Cobb, on suit la nouvelle carrière d'un sniper asocial et bourré de tics ; on se rend compte à quel point il a dû ruser dans son ancienne vie de prisonnier :
Dans Kit Nelson, il question de la réapparition d'un tueur d'enfant. Cela donne un petit côté Esprits criminels à cet épisode, qui révèle (en partie) le traumatisme subi par le coéquipier de l'enquêtrice durant son enfance. La meilleure séquence est toutefois située dans le passé : c'est l'entretien que le directeur de la prison a avec le criminel, dans une cellule du mitard éclairée -par intermittences- par une allumette craquée :
Le quatrième épisode, Cal Sweeney, nous présente un roi de l'arnaque, qui embobine aussi facilement les femmes qu'il pénètre les coffres. Cette virtuosité contraste avec un passé particulièrement tumultueux au sein d'Alcatraz, où il fut lui-même roulé dans la farine :
A vous de juger mais, franchement, depuis le lancement de Fringe, c'est la meilleure surprise que la télévision nous ait offerte.
20:49 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, actualité, médias
dimanche, 13 janvier 2013
Anna Karenine
C'est une nouvelle adaptation du roman de Léon Tolstoï, cette fois-ci par Joe Wright, un Britannique qui a aussi une formation théâtrale. C'est la principale originalité de ce film : il se déroule sur plusieurs plans, certains d'entre eux étant symbolisés par des décors de théâtre.
C'est ce qui m'a longtemps fait hésiter. Finalement, c'est très réussi. Je redoutais un procédé trop conceptuel, associé à une esthétique cheap. C'est en fait brillamment mis en scène et les décords sont somptueux. Evidemment, le numérique est passé par là, qui facilite la transition entre scène de plateau et scène (supposée) d'extérieur.
Du coup, on passe un très bon moment, au plaisir des yeux s'ajoutant la qualité du jeu des acteurs. On sent que Keira Knightley s'est beaucoup investie dans le rôle-titre. Je ne peux toutefois m'empêcher d'être irrité par ses moues d'enfant gâtée (et comme les gros plans sont légion...). On note qu'elle est souvent vêtue de noir ou de couleurs proches du rouge, alors que les femmes de la "bonne société" sont habillées de blanc ou de beige.
D'autres interprètes féminines sont tout aussi remarquables : Emily Watson (appelée désormais à jouer les rombières), Kelly McDonald (à suivre), Ruth Wilson... et surtout Alicia Vikander, qui confirme tout le bien que l'on pensait d'elle depuis A Royal Affair.
Je n'ai par contre guère apprécié l'interprétation du comte Vronski par Aaron Johnson. Certes, le personnage est censé être un peu falot par rapport à l'impétueuse Anna, mais je trouve sa composition trop convenue. Il était meilleur dans Albert Nobbs. Du côté masculin, c'est Jude Law qui impressionne. Il casse son image, incarnant un cocu magnifique, dévot à l'extrême.
L'ensemble est très agréable. On peut se laisser porter par cette histoire d'amour tragique. On peut aussi s'intéresser au tableau de la société russe de la deuxième moitié du XIXe siècle. Les femmes y sont soumises à une étiquette rétrograde et les pauvres subissent la domination de l'aristocratie. Le tourbillon révolutionnaire ne s'est pas encore formé, mais on en distingue les prémices.
De surcroît, l'intrigue croise habilement l'histoire de trois couples : Anna et Vronski, celui constitué par le frère d'Anna (un libertin impénitent) et son épouse (allègrement trompée) et celui, porteur d'espoir, que finissent par former Kostya et Kitty).
14:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 12 janvier 2013
Un discours palpitant
C'est sans doute celui qu'a prononcé le président du Conseil général de l'Aveyron, Jean-Claude Luche, à l'occasion de la présentation de ses voeux pour l'année 2013. L'ai-je entendu pour pouvoir affirmer qu'il a passionné les foules ? Non. Je me suis fondé sur les photographies prises à l'occasion et rendues publiques. Deux d'entre elles ont attiré mon attention, celle publiée dans Le Ruthénois de cette semaine...
... et celle mise en ligne sur le nouveau site du Conseil général (qui avait bien besoin d'un petit toilettage, ne serait-ce qu'au niveau de la présentation des élus) :
Commençons par cette deuxième image. On remarque que le couple Luche est placé au centre, à égale distance de deux "poids lourds" de la majorité départementale, le député Alain Marc et le maire de Sébrazac Jean-Claude Anglars. (Bien que ne la connaissant pas, je pense que la femme à l'écharpe est l'épouse de J-C Luche : elle était déjà présente à ses côtés dans la cathédrale de Rodez, lors de l'ordination du nouvel évêque.)
Donc, de gauche à droite, on a : Alain Marc, Jean-François Gaillard (élu de Nant et pilier de la majorité), la préfète Cécile Pozzo di Borgo (dont on ne peut pas dire qu'elle ait fait preuve d'une grande hostilité à la majorité départementale depuis son arrivée dans l'Aveyron), Jean-Louis Grimal (élu de Salles-Curan et vieux routier de la politique aveyronnaise), Simone Anglade (élue d'Espalion qui, malgré sa grande taille, est masquée par son président), Alain Pichon (de Pont-de-Salars), Bernard Burguière (de Conques... et plus discret que nombre de ses collègues), Arnaud Viala (de Vezins-de-Lévézou), Annie Bel (de Saint-Sernin-sur-Rance), qui voisine Jean-Claude Anglars, derrière lequel il me semble distinguer Michel Costes (de Rieupeyroux), conversant discrètement avec peut-être Jean-Claude Fontanier (de Saint-Chély-d'Aubrac).
Tout ce beau monde est au garde-à-vous, aux côtés de Jean-Claude Luche... quoique... En y regardant de plus près, il semble que J-F Gaillard et J-L Grimal fixent quelque chose sur leur gauche. On note aussi la joie profonde qui émane du visage d'Arnaud Viala. On comprend mieux en revoyant la photographie publiée dans Le Ruthénois :
Les propos du président du Conseil général ne semblent visiblement pas passionner l'élu de Vezins, plus intéressé par son téléphone portable (un smartphone, n'en doutons pas). Voilà qui paraît irriter J-L Grimal au plus haut point... mais il n'est pas le seul à s'en étonner.
Vu la tronche de dix kilomètres que tire Arnaud Viala sur l'autre photographie, quatre possibilités s'offrent à nous :
1) La photo du site du Conseil général a été prise avant celle du Ruthénois ; c'est parce qu'il s'ennuyait ferme (et peut-être parce qu'il avait été contraint de s'habiller "classieux") qu'A. Viala faisait cette tête ; c'est donc pour rompre l'ennui qu'il s'est ensuite jeté sur son téléphone. (Hypothèse peu vraisemblable compte tenu de l'attitude de certains conseillers généraux.)
2) La photo du Ruthénois a été prise avant ; A. Viala, en consultant ses messages, a appris une très mauvaise nouvelle, ce qui explique son air malheureux sur l'autre photographie. (Hypothèse un peu tirée par les cheveux.)
3) La photo du Ruthénois a bien été prise avant, mais, l'air malheureux d'A. Viala sur la seconde image s'explique parce qu'entre temps, il s'est fait rappeler à l'ordre pour son attitude négligée. (Hypothèse crédible.)
4) A. Viala ne s'est pas fait rappeler à l'ordre ; il a bien consulté ses messages, mais il continue à s'ennuyer. (Hypothèse féérique... mais après tout pourquoi pas ?)
La photographie du Ruthénois nous permet de découvrir une autre partie de la troupe assemblée autour de Jean-Claude Luche. A posteriori, on se rend compte que, pour le site du Conseil général, "on" a choisi de "couper" les élus de gauche comme le sénateur Stéphane Mazars et le conseiller de Villefranche-de-Rouergue Eric Cantournet, quitte à exclure du cadre deux fidèles de Luluche : Jean-François Albespy (élu d'Entraygues-sur-Truyère) et Christophe Laborie (de Cornus).
Aveyron, ton univers impitoyable !
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vendredi, 11 janvier 2013
Z Minus n°4
Ce numéro (celui de décembre-janvier) risque d'être le dernier : les ventes ne sont pour l'instant pas suffisantes. La société éditrice est en déficit. Bref, la situation est grave... et pourtant, ce périodique satirique est bourré de talent.
Cela commence dès la "une", avec un strip en bas de page consacré à un sujet brûlant, détourné avec un talent indéniable :
Les traditionalistes de tout poil devraient pourtant se réjouir que les homosexuels cherchent à se marier et élever des enfants : ils ont envie de faire les mêmes conneries qu'eux ! Mais il y a un gros non-dit que personne n'ose évoquer dans le débat. Dans l'esprit de beaucoup de gens, homosexuel (homme) = pédophile. Ce n'est pas tant le mariage qui rebute la population (qui y serait massivement favorable apparemment) que la possibilité d'adopter. Et pourtant... quiconque suit depuis un petit moment la chronique judiciaire peut constater que, bien au contraire, les auteurs d'abus sexuels sur les enfants sont des adultes hétéros (souvent d'ailleurs des membres de leur famille "génétique"). C'est donc plutôt aux hétérosexuels qu'il faudrait interdire d'avoir des enfants...
Les amateurs de reportage BD seront servis dans ce numéro, avec une page consacrée aux opposants à l'aéroport de Notre-Dame des Landes. Un peu plus loin, Thibaut Soulcié en consacre un (émouvant) à un paysan de Sologne... son père.
Souvent, une seule image suffit à tourner en dérision un sujet d'actualité dramatique, comme les assassinats à répétition en Corse :
Plus loin, en trois cases, Pakman marie les genres pour évoquer une tragique affaire d'abus sexuels dans une discipline sportive très médiatisée.
Certaines productions jouent plus sur la recherche graphique, comme la mini-histoire de Mathieu Z, qui a pour cadre la conquête espagnole de l'Amérique.
Il est bien évidemment très souvent question de cul, comme sur la page de Rémy Cattelain, intitulée "L'histoire à Régis". C'est toutefois un peu trop bavard à mon goût. Je préfère les productions chocs de Berth :
A mi-chemin des deux, on trouve des strips grand format, étalés sur une double-page. Il y est notamment question de la fin du monde... avec des connotations sexuelles, bien entendu.
Dans le genre cradingue et dérisoire, j'aime aussi les aventures du pauvre Klebs, par Giemsi :
Dans le supplément "Le Chakipu", les amateurs d'humour macabre liront avec plaisir plusieurs historiettes ayant pour cadre la mort. J'ai adoré la parodie de film américain, dans laquelle un soldat n'en finit pas de mourir :
Je ne vous ai pas mis la fin. Pour la découvrir, courez acheter Z Minus !
13:33 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, humour, bd
jeudi, 10 janvier 2013
Deux légionnaires de plus
Deux noms ont échappé à ma vigilance lorsque, la semaine dernière, j'ai épluché la liste des nouveaux promus aveyronnais dans l'ordre de la Légion d'honneur... et, pour l'un des deux, je suis (presque) impardonnable. Ma seule excuse est que je me suis concentré sur les nouveaux nommés, c'est-à-dire les chevaliers. Mon regard est passé très vite sur les plus haut gradés... ce qui m'a fait rater Catherine Painvin, créatrice jadis de Tartine et Chocolat (une chaîne de boutiques de vêtements pour enfants), aujourd'hui gérante d'un établissement de chambres d'hôte dans le village d'Aubrac.
Comme Christian Braley et Manuel Cantos, elle est nommée au titre de la "promotion du travail". C'est dans cette même catégorie que figure un autre nouveau chevalier aveyronnais, Michel Poux :
Je ne connaissais pas ce chef d'entreprise, fondateur de la SOFOP (Sud-Ouest Fabrication d'Outillages de Précision), société qui elle est assez renommée. Aujourd'hui, c'est son fils Grégory qui a repris le rênes de la boîte.
Pour la petite histoire : quand le quotidien Midi Libre avait demandé à ses lecteurs d'élire celui qui était pour eux le chef d'entreprise emblématique de l'Aveyron, Grégory Poux avait été inclus dans les douze propositions :
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dimanche, 06 janvier 2013
Les Bêtes du Sud sauvage
Ce film surprenant mêle deux registres : la chronique sociale (réaliste) et le conte (fantastique). L'histoire se déroule dans le Sud de la Louisiane, qui n'a pas totalement pansé les plaies de l'ouragan Katrina. Les héros évoluent dans le bayou, entre La Nouvelle-Orléans et le Golfe du Mexique. La pêche et l'élevage de poules sont les principales source d'alimentation.
L'accent est mis sur les relations compliquées entre un père débrouillard et autoritaire et sa jeune fille, Hushpuppy, dont le tempérament cache une grande détresse : le manque d'affection, le père n'étant pas démonstratif et la mère n'étant plus là, pour on ne sait quelles raisons. Ces deux personnages sont incarnés (avec talent) par des acteurs non professionnels : l'homme était boulanger et la gamine a été sélectionnée parmi 4 000 candidates !
Le quotidien est fait de crasse et de tensions. On se croirait dans le Tiers Monde. Les adultes picolent sec, mais ils n'ont pas l'alcool mauvais. Ils vivent leur petite vie, à l'écart de la grande Amérique. L'arrivée d'un ouragan bouleverse cette routine. On suit ceux qui sont restés, notamment le père et la fille, en plein conflit (le père a de plus en plus de mal à dissimuler sa maladie). On constate l'étendue des dégâts.
Les scènes hyper-réalistes alternent avec des moments oniriques. Il semble que ce soit la petite fille qui imagine l'arrivée d'aurochs (plutôt des porcs sauvages, en fait). On se demande alors si les bêtes du titre sont ces animaux-là ou si ce n'est pas la métaphore des rapports humains (ou la vision que les autres habitants ont de la petite troupe qui vit dans son coin).
Le monde réel rattrape nos héros. On veut faire leur bien malgré eux : les enlever de la zone dangereuse et les intégrer à la "civilisation". Le réalisateur prend clairement parti contre cette politique. Je l'ai trouvé un peu naïf dans sa présentation de la vie solidaire de ces nouveaux Robinsons.
Les images n'en sont pas moins belles, que ce soient les vues du bayou que les scènes d'intérieur, avec les gros plans de la nourriture. La séquence la plus réussie est pour moi celle qui est liée à l'île-cabaret, où les enfants finissent par se rendre. Ils y découvrent une ambiance plus tendre, filmée dans des tons plus chauds.
C'est donc globalement bien fichu mais, sur le fond, complaisant avec cette vie de pauvreté farouche qui offre peu de perspectives d'avenir aux enfants.
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vendredi, 04 janvier 2013
L'affaire DSK "inoubliable"
Les téléspectateurs de TF1 ont peut-être ressenti un effet de "déjà vu" mercredi soir, lorsqu'ils ont regardé le troisième épisode de la première saison d'une nouvelle série américaine, Unforgettable ("Inoubliable", en français).
En effet, la (charmante) enquêtrice épaule la police dans une affaire délicate. Dans la chambre d'un hôtel assez classieux, on a retrouvé un homme mort, en peignoir :
Voici ce à quoi ressemble l'arme du crime :
Bande de cochons... Je sais à quoi vous avez pensé ! C'est une oeuvre d'art, voyons !
Dans un premier temps, la police pense que c'est une femme de chambre qui a fait le coup :
Sur cette image de la vidéosurveillance, on la voit sortir en courant de la chambre de la victime, bouleversée, la blouse défaite. Quand on finit par entendre son témoignage, le doute n'est plus possible :
Ainsi, après New York, Unité Spéciale, une nouvelle équipe de scénaristes série s'est donc inspirée de l'affaire du Sofitel pour écrire l'intrigue de l'épisode d'une série policière.
Plusieurs différences sont toutefois à relever. Tout d'abord, la "rencontre" entre les deux principaux protagonistes se termine de manière plus dramatique pour l'homme que pour la femme de chambre (qui a sans doute échappé au viol). De plus, la tentative d'escroquerie évoquée dans la suite de l'épisode (vision complotiste de l'affaire) ne porte que sur 200 000 dollars (à peine plus de 150 000 euros au cours d'aujourd'hui). L'homme était toutefois prêt à payer... comme celui dont on pense qu'il a fini par lâcher au moins 6 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites civiles. Si, dans les deux affaires, la jeune femme est aidée par un autre homme, il s'agit ici d'un Blanc. Notons enfin que la femme de ménage est originaire de République Dominicaine et non de Guinée, comme Nafissatou Diallo. (Aux Etats-Unis, les Hispaniques sont dans une situation proche des immigrés africains en France.)
Revenons un peu sur cette nouvelle série, pour terminer. Elle est distrayante, sans plus. Les fans de FBI : portés disparus y retrouvent avec joie Poppy Montgomery, dont on peut souligner l'évolution. Dans FBI, elle incarnait une jolie et gentille blondasse, qui servait un peu trop de faire-valoir aux acteurs masculins, notamment à Anthony LaPaglia. Ici, elle tient le rôle principal... et elle est rousse :
Ce changement d'apparence me semble symptomatique des idées préconçues des scénaristes américains : la blondeur est associée, chez une femme, à un caractère plutôt effacé et la rousseur à un fort tempérament. On retrouve cette dichotomie dans une autre série (géniale, celle-là), Fringe, à travers les deux Olivia Dunham, incarnées par la même actrice (australienne, comme Poppy Montgomery, tiens donc !), Anna Torv :
L'Olivia de "notre" monde est la blonde, la complexée, la torturée. La rouquine est l'Olivia du monde parallèle, plus rentre-dedans... y compris avec les mecs.
Il semble que les scénaristes d'Unforgettable se soient inspirés de ce personnage pour construire celui de Carrie Wells : atteinte d'hypermnésie, elle possède en quelque sorte un super-pouvoir, qui la rend très utile dans une enquête policière. Elle est aussi tiraillée par un drame de son enfance, qu'elle tente d'élucider. Reste qu'ici, les ambitions sont plus modestes : il n'est pas question de sauver le monde, juste d'élucider des meurtres.
21:24 Publié dans Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, actualité, médias, télévision, femme