samedi, 28 novembre 2009
Un "libertador" vénézuélien méconnu
C'est à un article de Jean-Pierre Langellier, dans Le Monde daté du jeudi 12 novembre 2009, que l'on doit ce coup de projecteur. Il est situé en toute fin de journal (en avant-dernière page quand la dernière est occupée par une publicité), dans le tiers supérieur de la page. C'est un espace consacré soit à une analyse particulière soit à une petite chronique de l'un des correspondants étrangers du quotidien.
Ce libertador méconnu était Francisco de Miranda, auquel un site dédié à l'Amérique latine consacre une biographie en deux parties. (On peut aussi consulter le billet d'un blog sur le Venezuela.) La notice est accompagnée d'une illustration (la reproduction d'un tableau) représentant le personnage sur la fin de sa vie, sans doute à l'époque où il est revenu en Amérique latine se battre lui, le rejeton d'une prestigieuse famille ibérique, contre la domination des Espagnols.
On peut aussi tomber sur un tableau très "napoléonien" de Miranda, révélateur des idées politiques de son personnage (d'abord proche des Girondins, les rivaux des Montagnards de Robespierre), qui a aussi été très influencé par la philosophie des Lumières et la Révolution française. Il s'est d'ailleurs fait remarquer par son action au sein des armées de notre pays, notamment lors de la bataille de Valmy, en septembre 1792. Il en reste une trace aujourd'hui encore, sur place : une statue
Le texte de la plaque commémorative lui rend hommage :
Mais il est aussi intéressant de regarder de plus près cette statue :
Elle est identique à celle que l'on peut trouver dans le jardin de l'Amérique latine, à Paris. (Je me demande toutefois si, contrairement à ce que le site auquel renvoie le précédent lien affirme, la statue ne serait pas dans le VIIe arrondissement plutôt que dans le XVIIe.)
Elle me paraît être aussi la même que celle que l'on peut trouver à Londres (où Miranda a vécu, en bonne intelligence notamment avec le ministre William Pitt, d'après ses biographes) et qui date de 1977 :
Jusqu'à présent, la postérité a davantage retenu l'action de Simon Bolivar, un allié de Miranda qu'il a sans doute fini par trahir. Les deux trublions sont réunis à Valmy, où leurs statues se font face :
Vous remarquerez que celle de Bolivar est moins impressionnante que celle de Miranda... et pour cause : le premier, né en 1783, même s'il a un peu vécu en France métropolitaine, n'a joué aucun rôle dans la "geste" révolutionnaire. Cette statue-là est plus récente que celle de Miranda à Londres :
Il serait donc bon de savoir quelle est la plus ancienne représentation de Miranda. Si la statue de Valmy date de la même année que celle de Bolivar qui l'accompagne, cela veut dire que la statue de Londres est antérieure. Mais quid de celle du jardin de l'Amérique latine ?
Il est une autre figure indépendantiste latino-américaine qui est un peu tombée dans l'oubli, en France : celle du général San Martin. (En Amérique latine, il suscite la ferveur, un peu à l'image de Charles de Gaulle en France.) Du côté de Boulogne-sur-mer, toutefois, des efforts ont été fournis, avec un musée (évoqué par un blogueur passionné par l'Argentine) et la restauration de la statue équestre à son effigie.
Mais l'on sait moins qu'en raison des liens entretenus par l'Aveyron avec la région de Pigüé, une des places de Rodez (la bien nommée place de l'Argentine, à côté du musée Denys Puech) possède un buste du grand homme :
Il ressemble à celui que l'on peut trouver dans une ville uruguayenne (où, visiblement, il doit être possible de se procurer du Roquefort... contre espèces fortement sonnantes et trébuchantes !).
Sur celui de Rodez, le souci du détail a été porté à un point élevé, comme en témoigne l'écusson. Il est en forme de soleil (à l'image de celui que l'on trouve sur les drapeaux argentin et uruguayen) et comporte en son coeur un lama et une corne d'abondance :
Les trois éléments (animal, végétal et minéral) sont donc représentés, à l'image de ce que l'on trouve sur le drapeau péruvien. San Martin n'est pas loin serait à l'origine de cet emblème. La légende dit qu'à son arrivée au Pérou (ou avant une bataille), il aurait vu un vol de flamants roses, perçu comme un heureux présage. Le rouge et le blanc auraient donc été donc été choisis pour être les couleurs de la Légion péruvienne qu'il commandait... et, par la suite, celles du drapeau national.
Il ne fait aucun doute qu'en 2010, quand les Argentins célèbreront le 200ème anniversaire de la naissance de leur pays, on reparlera de ce général San Martin.
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samedi, 21 novembre 2009
Hitler, les R.G. et "Le Monde"
Je ne sais pas si les collaborateurs du "quotidien de référence" s'inspirent de ce qu'ils trouvent sur la Toile pour leurs articles. Toujours est-il qu'un récent article du Monde (signé Thomas Wieder, a priori un mec sérieux), qui donne un coup de projecteur sur une fiche consacrée par les R.G. à Adolf Hitler, m'a semblé avoir tiré profit d'une note que j'avais consacrée à la chose.
En février dernier, j'ai signalé la parution d'un numéro du mensuel Sciences et avenir, dont un article évoquant les "trésors de l'armoire de fer" des Archives nationales. Thomas Wieder semble en avoir tenu compte dans l'article publié dans l'édition papier du vendredi 20 novembre 2009. Il a approfondi le sujet (alors que dans le magazine scientifique, la place de la fiche d'Hitler n'était qu'anecdotique), pour en tirer une petite étude de l'attitude de la police française vis-à-vis de l'Allemagne des années 1920.
Le photographie qui illustre l'article de la version papier est plus intéressante que celle de la version électronique (et bien plus grande que celle qui a été publiée dans Sciences et avenir) :
Comme ça, Thomas Wieder nous montre qu'il a effectué un vrai travail de recherche... et qu'il ne s'est pas contenté de recopier un magazine de vulgarisation, par exemple. Ceci dit, il aurait été honnête de sa part de signaler que le sujet avait déjà été abordé (certes moins en détail que dans son article) quelques mois auparavant.
En voguant sur le site commun au Nouvel Observateur et à Sciences et avenir, je suis tombé sur quelques perles concernant le dictateur nazi, qui ne cesse visiblement de faire l'actualité. Tantôt il est question de son crâne supposé, tantôt d'une campagne publicitaire (une de plus) utilisant son image. On s'est même naguère encore intéressé à ses burnes...
14:49 Publié dans Histoire, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, allemagne, presse
jeudi, 01 octobre 2009
Un livre épatant
Mercredi, en fin d'après-midi, j'ai profité du soleil caressant pour déambuler dans les rues de Rodez. J'ai poussé jusqu'à la Maison du livre, une excellente librairie, la 64e de France par son chiffre d'affaires en 2008, d'après le classement de Livres hebdo. (Son directeur, Benoît Bougerol, préside le Syndicat de la Librairie Française.)
En flânant dans les rayons, je suis tombé sur ceci :
C'est ce qu'on appelle un "livre-concept" : la forme du livre est liée au sujet qu'il traite. Ainsi, en 2008, pour les 40 ans de Mai68, les éditions Fetjaine (une filiale des éditions de La Martinière, connues pour le soin apporté aux ouvrages publiés... ainsi que pour les prix pratiqués, pas à la portée de toutes les bourses) avaient sorti un "livre-pavé". Je l'avais feuilleté en librairie et, peu convaincu, ne l'avais pas acheté. Par contre, l'exemplaire sorti (par le même éditeur) en 2009, pour les 20 ans de la chute du mur de Berlin, m'a convaincu. Ce "livre-brique" est en effet très réussi.
On peut en consulter quelques pages sur le site de l'éditeur. Le livre a été conçu comme une série de diapositives historiques, organisées autour de photographies d'époque, commentées avec concision et pertinence (malgré une ou deux petites choses sur lesquelles on pourrait chipoter). Les lecteurs avertis remarqueront la coquille de la page 11, dans le texte qui localise l'une des photos.
Certaines sont connues, comme celles qui montrent les débuts de la construction du mur :
Ici, l'armée est-allemande (dit la légende) surveille les travailleurs du bâtiment qui ont été réquisitionnés.
Le livre est intelligemment conçu : il remonte à 1945 et aborde donc le blocus terrestre de Berlin-Ouest de 1948-1949. A cette occasion, j'ai appris que les Américains avaient donné un nom de code aux opérations de ravitaillement aérien :
Il s'agit donc de l'opération Vittles ("Victuailles").
Après 1961, le mur prend de l'ampleur (il a petit à petit remplacé les barbelés initiaux) et finit par entourer complètement Berlin-Ouest, qui était enclavée dans l'Allemagne de l'Est, la R.D.A. :
Si, du côté est-allemand, approcher du mur était quasi impossible (le livre explique en détails pourquoi), du côté ouest, l'attitude était plus relâchée, parfois étonnamment :
Bref, un livre facile à lire, truffé d'anecdotes et d'illustrations judicieusement choisies... pour 16,90 euros !
22:41 Publié dans Histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, photo
dimanche, 27 septembre 2009
L'Affaire Farewell
"Farewell" est un nom de code, attribué à un officier du K.G.B. idéaliste, qui a décidé de trahir le régime soviétique pour mieux servir son pays. Comme il a été en poste en France, qu'il parle français et qu'il admire la culture française, c'est aux services secrets français qu'il s'adresse pour dévoiler les secrets de son organisation.
L'un des ressorts comiques (pas inventé) est que son "agent traitant" n'est pas un professionnel (c'est un ingénieur travaillant chez Thomson)... et c'est d'ailleurs pour cela qu'il n'a pas été repéré ! Guillaume Canet joue donc les candides au pays des Soviets, face à un Emir Kusturica impressionnant, tout de granite. L'autre fil rouge comique, en quelque sorte, est l'ampleur de la pénétration soviétique en Occident. Grâce à Sergeï Grigoriev (alias Farewell), Français puis Américains vont comprendre d'abord à quel point ils ont été bernés pendant des années, puis à quel point leur adversaire est finalement affaibli.
Les seconds rôles sont excellents. On a bien choisi les acteurs qui campent Mitterrand et Reagan. David Soul (oui, Hutch !) et William Dafoe sont parfaits en membres de l'administration américaine. Les femmes sont très bien aussi, même si l'on doit noter qu'elles sont au second plan. Cette histoire d'espionnage est d'abord une affaire de burnes !
Christian Carion, bien que né à Cambrai, n'a pas tourné que des bêtises ! J'avais préféré son Une Hirondelle a fait le printemps à Joyeux Noël, film tout à fait honorable mais plus inégal que le précédent. J'ai retrouvé dans L'Affaire Farewell des qualités entrevues dans ces deux derniers. Carion nous propose quelques très belles scènes "en pleine nature", notamment sous la neige. En intérieur, il manie avec dextérité les contrastes, jouant sur les visages des protagonistes pour accentuer une atmosphère particulière. C'est d'abord un film à suspense, même si les initiés connaissent déjà la fin. C'est aussi un film d'espionnage : on n'apprendra cependant rien d'étourdissant sur les techniques mises en oeuvre, les deux héros étant finalement assez basiques dans leur relation clandestine... et, pour tout dire, maladroits.
Il faut, pour terminer, évoquer la musique d'accompagnement. Elle est formidable et signée Clint Mansell, illustre inconnu pour moi, mais qui a une bonne cote dans le métier apparemment.
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samedi, 26 septembre 2009
L'armée du crime
C'est le nouveau film de Robert Guédiguian, consacré aux résistants du "groupe Manouchian", du nom du meneur, d'origine arménienne. On peut penser que l'histoire personnelle du réalisateur, né à Marseille d'une mère allemande et d'un père arménien, a pesé sur le choix du sujet. L'engagement politique des protagonistes a sans doute contribué à lui rendre leur cause sympathique : ils sont tous communistes, militants ou sympathisants... parfois peu orthodoxes (l'un des propos du film est de montrer que les dirigeants communistes clandestins n'ont pas ménagé les membres du groupe, dont la réussite s'est parfois construite contre les ordres venus d'en haut).
C'est aussi une histoire de familles, celles que l'on perd (exterminée par les Turcs pour Manouchian, par les nazis pour les membres juifs de son commando), celle que l'on se crée. On retrouve là le style Guédiguian, appuyé sur des séquences de repas qui mettent en scène cette fraternité basée sur la proximité idéologique et la convivialité. Ces scènes d'intérieur font partie des mieux jouées. Je pense notamment à celle au cours de laquelle interviennent deux policiers français (qui se demandent un peu où ils débarquent)... qui finissent par porter un toast à Philippe Pétain !
On appréciera aussi le soin apporté à la description de certains aspects matériels de la lutte clandestine, comme l'impression de tracts, les changements de "planque" ou la difficulté de se procurer armes et munitions. Les scènes violentes sont très réalistes, sans que l'on en rajoute inutilement (on a ainsi une vision concrète des traitements indignes infligés par les flics collabos... mais on aurait pu montrer bien plus horrible).
On pourra aussi penser que le style est un peu appuyé et que, un peu trop souvent, le film baigne dans un sentimentalisme gauchisant déplacé. Ceci dit, j'ai apprécié le souci d'éviter l'héroïsation de la violence. Simon Abkarian (découvert dans Chacun cherche son chat, très bon dans Le Chant des mariées, mais dont le talent a surtout éclaté dans J'ai vu tuer Ben Barka ; en tendant l'oreille, on reconnaît sa voix dans celle du père de l'héroïne de Persepolis) excelle à rendre les contradictions du personnage, poète de tempérament, mais victime de l'histoire qui va se transformer en justicier (et apprendre à bien tirer au pistolet... sur une affiche représentant Pétain !... moment croquignolesque). La séquence montrée comme celle du premier attentat est vraiment bien pensée de ce point de vue-là (avec retour sur les lieux et vision des victimes).
Le reste de la distribution est irréprochable. J'ai retrouvé avec plaisir Virginie Ledoyen dans un vrai rôle... même si j'estime que le personnage féminin le plus réussi du film est Monique, brillamment interprétée par Lola Naymark (à mon avis, on reparlera de cette pulpeuse rouquine). Côté masculin, c'est Robinson Stévenin (découvert dans Mauvaises fréquentations) qui rayonne, même si les autres ne déméritent pas.
En dépit de toutes ces qualités, le film est un peu poussif. Il peine à démarrer et l'on sent bien que Guédiguian n'est pas aussi à l'aise dans la réalisation des scènes d'extérieur. Quelque chose pourra aussi étonner certains spectateurs : plus qu'une monographie de ce groupe de résistants communistes, ce long-métrage est une dénonciation implacable de la collaboration sous toutes ses formes. Les comédiens incarnant les policiers et hauts fonctionnaires français sont remarquables, des plus âgés (comme Darroussin) aux plus jeunes (comme Yann Tregouët). Aux images de fiction se superposent parfois les extraits (authentiques) de Radio Paris, notamment les éructations du sinistre Philippe Henriot.
Guédiguian nous offre un panorama assez noir des Parisiens sous l'occupation, nombre d'entre eux (par antisémitisme, anticommunisme primaire, cupidité, ambition, petitesse...) se faisant les auxiliaires zélés de la bête immonde.
Le film s'achève sur cette célèbre "affiche rouge" qui, curieusement, n'a pas été utilisée pour le promouvoir :
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mardi, 21 juillet 2009
Une info mal connue sur une photo très célèbre
Il est question des premiers pas humains sur la Lune, en juillet 1969. Tout le monde a vu cette photographie, parfois tronquée, qui montre un astronaute quasi au garde-à-vous devant le drapeau des Etats-Unis (qui n'est pas en train de voleter : il est rigide et déformé, soit dit en passant), à proximité du module lunaire (surnommé "Eagle", me semble-t-il).
Tout le monde (ou presque) croit que c'est Neil Armstrong, dont on peut vaguement distinguer le visage qui, à l'intérieur du casque, s'est tourné vers l'objectif. C'est ainsi que la photographie est souvent légendée, y compris, par exemple, tout récemment, sur le site du Monde (alors que la même image est correctement annotée dans Le Monde 2 daté du samedi 18 juillet 2009).
Que nenni ! On peut par exemple s'en rendre compte en se rendant sur l'excellent site de l'ancien magazine Life, où l'on peut avoir accès à nombre de photographies passionnantes. Lisez la ligne des crédits : "Photo : Neil A. Armstrong" Ce n'est donc pas lui qui est devant l'obectif, mais Edwin "Buzz" Aldrin, le plus célèbre "second" de l'histoire de la conquête spatiale.
Pour en savoir plus, je vous conseille l'ouvrage d'Olivier de Goursac, Lune, paru récemment aux éditions Tallandier. En voici la couverture :
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samedi, 06 juin 2009
Le Voyage de Primo Levi
Primo Levi était un Italien juif, déporté à Auschwitz, où sa compétence scientifique (il était chimiste) lui a sans doute sauvé la vie : il a travaillé dans le troisième camp, celui dit de Buna-Monowitz (comportant une usine de caoutchouc). Il raconte cela dans son plus célèbre livre : Si c'est un homme.
Mais le film que j'ai vu traite d'un autre aspect de sa déportation : le périple accompli en Europe entre sa libération, en janvier 1945, et son retour en Italie, plus de huit mois plus tard. Ce voyage est le sujet d'un autre livre de Primo Levi : La Trève, qui a été adapté au cinéma en 1997 par Francesco Rosi (avec John Turturo).
L'originalité de ce Voyage est d'être un parcours contemporain sur les traces de Primo Levi. Au début, une carte dynamique décrit le parcours chaotique de l'ancien déporté, qui va être celui du film. Des images d'archives (montrant le plus souvent Primo Levi) sont insérées entre les séquences tournées au XXIème siècle.
Tout commence donc par Auschwitz, pour se poursuivre en Europe de l'Est, revenir en Europe centrale et finalement aboutir en Italie du Nord. Je dois dire que le résultat est très inégal. Si le début est assez fort, le suite, qui se déroule en Pologne et en Ukraine, est assez décevante... et mal filmée. Je ne sais pas si c'est dû à la copie du film ou au fait qu'il ait en partie été tourné en vidéo numérique, mais c'est assez laid à regarder. De surcroît, je ne vois pas trop ce que le 11 septembre 2001 vient faire là-dedans. Montrer Ground zero n'apporte rien ; c'est plutôt même, à mon avis, un facteur de confusion pour le spectateur moyen.
L'intérêt remonte au moment du retour en Europe centrale, notamment à l'occasion du passage par l'Autriche et l'Allemagne. Les auteurs nous mènent dans une réunion électorale... celle d'un parti néo-nazi !
L'image est beaucoup plus soignée dans la dernière partie du film, qui se déroule en Italie. Le parcours de Primo Levi est mis en parallèle avec celui d'un autre Italien emporté dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale : Mario Rigoni Stern. Pour bien apprécier ce passage, peut-être faut-il un peu connaître le sujet. C'est d'ailleurs une remarque que l'on pourrait étendre au film : si cette période de l'histoire vous intéresse, vous y trouverez de l'intérêt, sinon, vous risquez d'être fortement déçu-e-s, au vu de la faible qualité cinématographique.
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dimanche, 31 mai 2009
Des documents de base sur le nazisme
Quand même ! C'est fou ce qu'on peut trouver comme trucs intéressants sur la Toile ! La première "pépite" que je vous propose est un film de propagande très connu des historiens, peu du grand public. Son auteur est (était) une authentique cinéaste : Leni Riefenstahl, qui fut d'abord encensée avant d'être fortement critiquée. Un site lui est consacré, sur lequel vous pourrez lire sa biographie, en anglais et en allemand. Pour une vision moins angélique, on peut consulter un article du Monde diplomatique d'octobre 2002.
Le film dont elle est l'auteure a pour titre Le Triomphe de la volonté (Triumph des Willens dans la langue de Goebbels). Il date de 1934. Il dure 1h44. Ne le cachons pas : c'est une apologie du nazisme débutant. Je trouve étonnant qu'il soit visible, dans sa version originale sous-titrée en français, sur google videos. Pour un Français du XXIème siècle, c'est un témoignage intéressant de la fascination que pouvait exercer le régime hitlérien : même si c'est une mise en scène, il ne faut pas rejeter comme fausses toutes les séquences où la foule apparaît en liesse. Un bon régime totalitaire sait aliéner les masses. De manière peut-être plus traditionnelle, on notera la volonté de maîtrise qui ressort du film. Aux vues architecturales structurées s'ajoutent les scènes de groupes, où tout paraît souvent si géométrique...
Pour compléter cette séance, que demander de mieux qu'une petite lecture ? Le Québécois Jean-Yves Dupuis a eu l'idée de republier la traduction en français de Mein Kampf, en format pdf (et remise en forme). Tout un chacun a donc le loisir de télécharger le tome 1 (précédé d'un pertinent "Avertissement au lecteur") et le tome 2. Cette réédition fait en fait partie d'un plus vaste projet, dit Bibliothèque électronique du Québec, qui vise à republier des textes tombés dans le domaine public. (Par contre, je ne sais pas trop quoi penser du personnage : soit il a la manie de la persécution, soit sa vie a été, par moments, un véritable enfer !)
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dimanche, 24 mai 2009
Un aspect méconnu de la Seconde guerre mondiale
Il s'agit des viols commis par les soldats américains dans la deuxième moitié de la Seconde guerre mondiale, en Europe. (Ne vous leurrez pas, les Japonaises ont aussi "dégusté".) Ces viols ont été commis d'abord au Royaume-Uni, sans doute aussi en Italie (et pas que par des Américains : certaines unités françaises se sont aussi rendues coupables de ce forfait, notamment après la bataille de Monte Cassino) puis, un peu plus nombreux, en France métropolitaine, dès les lendemains du Débarquement, enfin, encore plus nombreux, en Allemagne (même si, de ce point de vue, on ne semble pas atteindre l'horreur des viols systématiques perpétrés par les soldats de l'Armée rouge en 1945). J'en ai pris connaissance grâce à un livre de J. Robert Lilly :
Ce livre est aujourd'hui disponible en collection de poche, dans la Petite Bibliothèque Payot. On peut avoir un aperçu assez détaillé dans un excellent article de J. Robert Lilly et François Le Roy, paru dans la revue Vingtième siècle, en 2002.
Un documentaire a été tiré de ces recherches. (Merci France 3 !) On peut en voir deux longs extraits aux adresses suivantes :
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mercredi, 20 mai 2009
La coucougnette du dictateur
La monorchidie, vous connaissez ? Non ? Eh bien sachez que ce terme désigne le fait, pour un individu de sexe masculin, de ne posséder qu'un testicule. Oui... le pauvre ! J'ai une pensée émue pour tous ces anonymes, ces "n'a-qu-une-couille" qui déploient des trésors d'imagination pour dissimuler une infirmité qui pourrait faire d'eux la risée du quartier.
Je ne sais pas si cela va les consoler, mais des types très connus ont souffert de ce handicap. J'ai ainsi récemment appris que c'était le cas de Francisco Franco :
Une blessure par balle, reçue dans le "bas ventre", au Maroc, en 1916, serait la cause de l'infirmité. On reconnaît là la pertinence de la Providence Divine qui, pour châtier ceux (espagnols comme français, soit dit en passant) qui "pacifiaient" le Maroc à coups de massacres (et encore, on a vu pire avec la guerre du Rif, dans les années 1920), a cruellement frappé celui qui allait devenir leur chef (Franco n'est devenu général qu'en 1926, à l'issue de la guerre du Rif où il s'est distingué... aux yeux des dirigeants espagnols de l'époque).
Mais le plus célèbre des "n'a-qu'une-burne" est sans conteste Adolf Hitler, dont on a parfois dit qu'il était né ainsi. C'est, depuis des années, un sujet de controverse, que les historiens spécialistes du nazisme répugnent à traiter. Faute d'historien, on peut se tourner vers le site internet d'un quotidien de référence (!) outre-Manche, le Sun :
Ironie de l'histoire, c'est à peu près dans les mêmes circonstances (et à la même époque) que Franco que le futur dictateur allemand perdit une partie de sa virilité, lors de la bataille de la Somme, en 1916.
Et vive la France !
12:26 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
jeudi, 19 février 2009
Adolf Hitler repéré par les R.G.
Oui, nos bons vieux Renseignements généraux (aujourd'hui intégrés à la D.C.R.I., la direction centrale du renseignement intérieur, où ils ont en fait fusionné avec feue la D.S.T.) ont eu à l'oeil le futur dictateur. On en a la preuve dans le numéro de mars 2009 de Sciences et avenir, dont voici la couverture :
Un article est consacré aux "pépites" des Archives de France, dont le mensuel a eu l'exclusivité. On découvre d'abord avec quel luxe de protection des documents précieux sont conservés. Parmi ceux-ci donc, on trouve la fiche rédigée par les R.G. en 1924. A l'époque, il vient de sortir de prison après son coup d'Etat raté de 1923 et les Français occupent une partie de l'Ouest de l'Allemagne... d'où sans doute les recherches effectuées sur quelques personnages réputés remuants. Voici la fiche en question :
Je vous laisse le soin de découvrir, dans le magazine, le contenu de cette fiche. Je me contenterai de relever une étrangeté, au début. Regardez bien... Vous ne voyez pas ? Bon, je vais vous aider :
Il s'agit des prénoms. Jamais je n'ai lu ou entendu que l'ex-caporal portât un autre prénom qu'Adolf (orthographié ici à la française). D'où vient ce "Jacob" ? Sans doute d'une erreur d'un agent des R.G.. Mais comment s'est-elle produite ? (Je ne vais pas vous ressortir les élucubrations fumeuses de quelques esprits faibles qui se sont évertués à faire croire que l'un des grands-pères d'Hitler était juif, ce qui pourrait expliquer le choix du second prénom...).
Vous remarquerez aussi que le profession officielle d'Hitler semblait être journaliste, même si la fiche le classe parmi les agitateurs démagogues (pour le compte de plus puissants que lui), le qualifiant même de "mussolini allemand".
Pour terminer sur le prénom, deux anecdotes piquantes. La célébrité de cet Adolf semble avoir dissuadé les parents de nommer leur progéniture ainsi :
http://tf1.notrefamille.com/v2/services-prenom/prenom.asp...
... en France, du moins, parce qu'aux Etats-Unis, on peut décidément rencontrer tous les types de tarés :
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/ameriques/20081...
http://www.lematin.ch/actu/monde/hitler-perturbe-gouter-a...
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/6171...
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lundi, 18 août 2008
Une représentation originale de Jeanne d'Arc
Quand vient l'été, c'est l'heure pour les brocantes de débarquer. A la base, je ne suis guère passionné par la chose. Quand ce sont de vraies brocantes, je trouve que les professionnels qui y participent se foutent un peu du monde (tant sur la qualité qu'au niveau des prix). Quand ce sont des vide-greniers, j'ai en général pitié des étalages des exposants. Mais, entraîné par un membre de ma famille qui aime regarder les meubles plutôt anciens, j'ai pris l'habitude de déambuler entre les rayons plus ou moins bien présentés.
Parfois, je fais une découverte (à prix raisonnable, cela va sans dire). La semaine dernière, j'ai donc dégotté des cartes postales à l'effigie de la Pucelle. Je vous montre la plus originale :
Je n'avais jamais vu la petite (1m60 sans doute) Jeanne représentée ainsi. Je ne connais pas l'auteur de ce dessin. Peut-être a-t-il eu à l'esprit une légende encore vivace dans un coin de Lorraine (mais totalement infondée) : Jeanne ne serait pas morte sur le bûcher. Elle se serait ensuite appelée Claude des Armoises. Ah la la... encore un bon moyen de se faire de la thune en vendant du papier vite imprimé !
P.S. du 30 juillet 2012
Cette illustration est une reproduction partielle, inversée, du tableau (anonyme) dit des échevins d'Orléans (de 1581) :
D'après un article de 2002 (Jeanne aux panaches romantiques), le dessin serait d'un certain Baillard et la lithographie aurait été exécutée par un certains Delpech.
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jeudi, 01 mai 2008
Petit dérapage antisémite au "Monde"
Abonné à la version papier du "quotidien de référence", je n'en épluche qu'une partie chaque jour. C'est plus tard que j'achève la lecture de chaque numéro. Ce n'est donc qu'hier que j'ai terminé celui du vendredi 25 avril. J'y ai trouvé un article consacré au centenaire de la naissance d'Herbert von Karajan, considéré (à juste titre, à mon humble avis) comme l'un des plus grands chefs d'orchestre de tous les temps.
Karajan a adhéré au parti nazi après l'arrivée de celui-ci au pouvoir. (Et même plus tôt qu'on ne l'a longtemps cru : dès avril 1933, comme l'a révélé un article du Monde du 25 février 2008.) Cela lui a été longtemps reproché... à raison. Les spécialistes tendent à penser qu'il a procédé ainsi davantage par opportunisme (et même carriérisme) que par adhésion idéologique. S'il apparaît ne pas avoir été un fanatique antisémite, il est par contre incontestable qu'il était, à cette époque (les années 1930-1940), un jeune con talentueux et arriviste, qui a profité de l'exclusion des juifs pour lancer sa carrière. Sous la plume de Renaud Machart (du Monde), cela donne : "Le jeune Salzbourgeois apprendra le métier méthodiquement, à l'ancienne, dans de petites structures provinciales, prendra sa carte au parti nazi pour ne pas se fermer les portes qu'il souhaitait franchir [...]". Admirez la litote ! Ce journaliste a du mal à admettre qu'on puisse être un grand chef d'orchestre et un sale type. Du coup, il atténue le carriérisme et l'insensibilité du personnage.
Mais le pire est à venir. Croyant bien faire (toujours pour défendre Karajan), R. Machart ajoute une parenthèse à la phrase précédente :
"(mais sa seconde femme, épousée en 1942, avait du sang juif)". Il faut d'abord préciser au journaliste qu'Anita Gütermann, épousée en 1942, ne fut pas la seconde mais la deuxième épouse du chef d'orchestre, puisque, après leur divorce en 1958, il s'est de nouveau marié, avec un mannequin français, Eliette Mouret, une jeunette de 19 ans.
Mais le problème n'est pas là. Ce journaliste utilise le vocabulaire des antisémites pour exprimer la judéité de la deuxième épouse de Karajan. Qu'est-ce qu'un "sang juif" ? Est-il moins rouge qu'un "sang non-juif" ? Est-il d'une autre couleur ? On nage en plein délire ! De surcroît, quand on apprend que ladite épouse n'avait qu'un seul de ses quatre grands-parents juif, on se demande ce que ce journaliste a dans la tête.
14:13 Publié dans Histoire, Musique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
jeudi, 07 février 2008
Les Faussaires
Dans une guerre, tous les coups sont permis pour faire chuter l'ennemi... y compris la fabrication de fausse monnaie. Je connaissais les manœuvres des nazis entre 1940 et 1945, mais j'ignorais qu'ils avaient utilisé des déportés juifs dans cette "entreprise".
Le film, construit à partir d'une histoire vraie, tourne autour d'un faux-monnayeur juif (brillamment interprété par Karl Markovics), qui nous est d'abord présenté dans son contexte berlinois de 1936. La séquence du bar est très enlevée... et riche de sens : elle offre une vision contrastée de la société allemande en général et des juifs en particulier. Il finit par être arrêté. Déporté à Mauthausen, il est recruté par un officier SS qui n'est autre que le policier qui l'a naguère interpellé.
La déportation est montrée à travers le regard de ces relatifs privilégiés : imprimeurs, photograveurs, graphistes... par la bande, on est donc informé de ce qui se passe dehors... y compris dans la partie du camp où sont détenus les autres, qui ne bénéficient pas d'un lit douillet. L'une des forces du film est de nous faire percevoir les contrastes dans la situation des déportés ainsi que leurs divergences d'opinion : faut-il saboter ou pas ? jusqu'où s'abaisser pour survivre ?
L'image joue elle aussi sur les contrastes, avec des scènes situées à Monaco (ach, on aime pien fotre pognon, t'où qu'il fienne !), à Berlin et dans le camp de Sachsenhausen (à l'intérieur de l'imprimerie ou à l'extérieur). Les auteurs semblent avoir été particulièrement sensibles aux salles de bains et cabinets de toilettes (et il y a une scène de douche...). On a aussi travaillé le son, lorsque le héros est concerné : sa perception des choses est transmise au spectateur. Tour à tour, les scènes peuvent donc être joyeuses, angoissantes, troubles. Pas mal du tout.
A noter que ce Salomon Sorowitsch n'était pas que faussaire : doué pour le dessin, féru d'innovation picturale, il aurait pu mener une carrière artistique.
19:10 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 21 septembre 2005
Un citoyen est mort
En 1989, Simon Wiesenthal avait publié Justice n'est pas vengeance. Une autobiographie (éditions Robert Laffont). Ce livre m'avait beaucoup intéressé quand je l'avais lu, quelques années plus tard (je l'avais déniché chez un bouquiniste). Wiesenthal y décrit par le menu sa traque des anciens nazis (Eichmann bien sûr, mais aussi Mengele, sur les activités duquel l'auteur revient en détail...), nombreux à s'être enfuis en Amérique du Sud... ou à n'avoir pas été poursuivis dans leur pays d'origine : des seconds couteaux ont refait carrière, jusque dans le parti social-démocrate autrichien ! (Ou encore en R.D.A. : durant la guerre froide, chaque camp a pas mal "recyclé"). A ce propos, le livre est une mine d'informations sur l'implication d'Autrichiens dans les rouages du régime nazi (une anecdote concerne le père de Jörg Haider... nul ne peut être tenu pour responsable des actes de son père, mais reconnaissons qu'il est des filiations qui sont aussi "intellectuelles"...) ou sur l'indulgence (pour ne pas dire autre chose) dont ont bénéficié nombre de criminels après la seconde guerre mondiale.
13:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)