dimanche, 19 juin 2022
Le Chemin du bonheur
Il semble bien tortueux pour le héros de cette histoire, Saül, restaurateur bruxellois juif, dragueur, généreux et dingue de cinéma, dont il est une encyclopédie vivante. Nous sommes en 1987 et ce fringant quinquagénaire, célibataire sans enfant, va voir sa vie bouleversée pour deux raisons. La première est le film que son jeune employé chilien (fils d'une réfugiée politique) veut réaliser sur la période de son enfance, pendant la guerre. La seconde est l'entrée dans son restaurant (et dans sa vie) d'une nouvelle cliente, belle, énigmatique, fuyante... et projectionniste de cinéma !
Cette histoire vaut surtout le détour pour l'abattage de Simon Abkarian, qui est de toutes les scènes se déroulant dans les années 1980. Il fait montre de son talent, dans presque tous les registres. Mais son personnage est un peu "trop" : trop généreux, trop tombeur, trop érudit (que de citations de films !)... trop "secrètement" torturé. J'ai trouvé les scènes se déroulant dans son "delicatessen" souvent kitsch, surjouées, en dépit des nombreux invités prestigieux (comme Michel Vuillermoz, Mathilda May et Brigitte Fossey, celle-ci très mal utilisée). Je fais aussi partie des spectateurs qui ont été gênés qu'Eric Caravaca interprète deux personnages : celui de l'acteur vedette en 1987 (fils de Brigitte Fossey) et celui du père adoptif du jeune héros, au début des années 1940.
En revanche, les séquences anciennes, situées entre 1937 et 1945, sont plutôt bien fichues, bien que parfois jouées de manière trop appuyée. Au vu de la qualité de la distribution, je pense que le problème se situe au niveau de la direction d'acteurs. Ceci dit, l'insertion de ses séquences est à mon avis bien pensée. En fonction du moment où elles sont placées, elles évoquent tantôt les souvenirs du Simon âgé, tantôt l'adaptation possible du scénario en cours d'écriture, tantôt le long-métrage en train d'être tourné (dans la dernière partie de l'intrigue).
Au passif du film, je place la manière différente dont les rescapés du génocide en gèrent le souvenir, plus de quarante ans après. C'est maladroitement mis en scène... et l'on sent venir de très loin la révélation concernant Hannah.
Enfin, j'ai relevé quelques anachronismes. Ainsi, évoquant le génocide des juifs, Saül utilise à plusieurs reprises le terme Shoah. Certes, l'étonnant (et formidable) documentaire de Claude Lanzmann était sorti en 1985 et il avait très tôt suscité un grand écho. Mais il a fallu pas mal d'années pour que son titre finisse par remplacer, dans le langage courant, d'autres manières de nommer le génocide. De plus, j'ai été étonné que, dans le film, des critiques de cinéma se plaignent de voir « encore » un film sur l'extermination des juifs. A l'époque, ceux-ci n'étaient pas si fréquents. C'est plutôt une attitude typique du XXIe siècle... pas forcément acceptable : un bon film reste un film à voir, quel que soit son sujet, même s'il a déjà été abordé à de multiplies reprises, sous divers angles. Malheureusement, Le Chemin du bonheur ne rentre pas dans cette catégorie.
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samedi, 18 juin 2022
Petite Fleur
C'est l'histoire d'un couple franco-argentin qui s'installe à Clermont-Ferrand, au moment de la naissance de son premier enfant. Lui (argentin) est un dessinateur qui a connu un certain succès, mais qui peine à rebondir. Elle (française) est journaliste et ne se voit pas en mère au foyer. Le couple est assez "ardent", très bien campé par Daniel Hendler et Vimala Pons.
La situation se complique pour José (le dessinateur), qui se retrouve au chômage et, de plus en plus, dans le rôle de père au foyer. Il a du mal à l'accepter, puis il découvre les joies de la paternité active. C'est assez cocasse, mais là n'est pas le meilleur du film. Il faut attendre l'arrivée à l'écran d'un étrange voisin, Jean-Claude, un cadre sup' dandy, esthète, amateur de jazz et de vin chic... et, accessoirement, victime du défoulement de José. Dans le rôle, Melvil Poupaud est excellent.
La trouvaille scénaristique majeure est la "résurrection" perpétuelle de ce personnage, sans que cela lui paraisse anormal. Il ne semble pas non plus tenir rigueur à José de la petite habitude qu'il prend : le zigouiller chaque semaine, le même jour (mais de manière à chaque fois différente), sachant que ce rituel annonce une soirée réussie avec sa compagne, de retour du boulot... et totalement ignorante de ce qu'il se passe dans le voisinage. (Notons que, contrairement à ce qui se produit dans Un Jour sans fin, le héros ne revit pas sans cesse la même journée.)
La mise en scène est taquine, nous faisant croire par certains plans que ce à quoi on s'attend va se produire, faisant durer le plaisir l'attente... Le doute est aussi instillé quant à la nature de « l'amitié » qui finit par se nouer entre José et Jean-Claude.
A cette première partie très emballante succède une seconde, sur un autre ton. Un personnage sulfureux entre en scène : Bruno (Sergi Lopez, très bien), sorte de gourou adepte des thérapies de groupe... un peu escroc sur les bords. Le personnage féminin regagne alors en importance (pas tout à fait celle qu'il avait au début, avant que José ne rencontre son voisin) et l'on se demande où le scénario est en train de nous entraîner...
Je ne dévoilerai pas la fin, mais sachez que celle-ci donne sans doute la clé du rôle de Jean-Claude. Quant au titre du film, il est bien évidemment une référence au tube de Sidney Bechet, dont on entend plusieurs versions (dont une par Henri Salvador et une par Benjamin Biolay). Je ne révèlerai pas non plus ce que signifie l'irruption de ce morceau dans l'intrigue, à plusieurs reprises...
C'est pour moi une très bonne surprise, un film qui tranche au niveau du style et du ton... et ce n'est pas qu'un jeu de mots !
P.S.
Si j'ai bien lu le générique de fin, les dessins que l'ont voit José réaliser sont l’œuvre de Mathieu Burniat.
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vendredi, 17 juin 2022
Le concours continue !
Les résultats du premier tour des élections législatives ne cessent de susciter des commentaires (plus ou moins profonds). Cette année, il me semble que le nombre de candidatures atypiques/farfelues (rayer la mention inutile) est plus important que d'habitude. L'une des « minimares » publiées dans le dernier numéro du Canard enchaîné affirme en avoir relevé 14, exemples à l'appui :
Le premier, Nicolas Muller (candidat du Mouvement de la ruralité, ex-CPNT) semble s'être un peu emmêlé les pinceaux dans la gestion de sa campagne (qui n'a visiblement pas rencontré le succès).
Le deuxième, Olivier Roussel, est resté un inconnu pour la quasi-totalité des habitants de sa circonscription. Il semble que ses bulletins aient été absents des bureaux de vote parce qu'il n'avait pas les moyens d'en financer l'impression. (Pourquoi se présenter à l'élection, alors ? Il aurait fallu y songer avant.)
La troisième, Annie Chassain, étiquetée « divers gauche », est arrivée dernière dans la quatrième circonscription de Charente-Maritime. Au second tour, le député sortant Raphaël Gérard (LReM) est opposé à un candidat RN. Bien que celui-ci le talonne, la candidate Nupes arrivée troisième s'est refusée à toute consigne de vote, d'après la recension effectuée par Le Monde. (On ne s'étonnera pas d'apprendre que cette candidate Nupes est membre de LFI...)
La quatrième, Élisa Moré, étiquetée « régionaliste », s'est elle aussi présentée dans une circonscription (vosgienne) qui verra un candidat de la « Majorité présidentielle » affronter un RN au second tour. Mais, là, la candidate Nupes éliminée, Charlotte Moreau, sans appeler à voter Ensemble, a déclaré que le vote RN était exclu.
Toujours dans Le Canard enchaîné, un peu plus bas, sur la même page, il est question d'un autre de ces « candidats à 0 voix » :
Son cas rappelle celui de l'Aveyronnais Thierry Noël, qui avait adopté la même attitude... avec le même résultat (1 seule voix recueillie... mais 0 espérée). Les deux hommes ne sont toutefois pas de la même sensibilité politique, comme on peut l'apprendre dans le dernier numéro de L'Agglorieuse, l'hebdomadaire satirique de Montpellier :
La démarche de Jean-Luc Duret est bien expliquée dans un article de L'Est Républicain.
Je termine ce florilège par un cas déjà présent dans un article auquel menait un lien inséré dans l'un de mes précédents billets. Ce cas est cité dans le même numéro de L'Agglorieuse, avec une perspective "historique" :
En faisant des recherches sur ce candidat, je suis tombé un billet de blog qui évoque le binôme qu'il formait avec son suppléant... Bruno le Gaulois ! Soit cette candidature est une farce, soit le gars m'a l'air bien allumé !
... ou alors, il y a anguille sous roche, me suggère le petit malin assis au fond de la classe, près du radiateur climatiseur. En effet, dans la quatrième circonscription de l'Hérault, l'un des principaux candidats n'était autre que... Sébastien Rome (Nupes-LFI). En ajoutant à la liste (déjà bien fournie) une candidature farfelue, presque homonyme, aurait-on cherché à détourner de Nupes les suffrages d'électeurs mal renseignés ou un peu trop prompts à saisir le premier bulletin dont l'intitulé ressemble à celui pour lequel ils sont venus voter ? Ce serait tomber un peu vite dans le complotisme. Notons toutefois qu'une situation similaire (plus caricaturale encore) s'est produite dans la neuvième circonscription de Paris, où les électeurs ont eu à choisir entre treize prétendant(e)s... dont deux Sandrine Rousseau. Cela n'a pas empêché la candidate Nupes-LFI d'arriver largement en tête.
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mardi, 14 juin 2022
Des candidats à 0 voix
Hier, j'ai reparlé du cas du candidat aveyronnais qui n'a recueilli qu'une voix, au premier tour des législatives, dans la troisième circonscription de l'Aveyron. Eh bien, certains ont fait encore mieux ! Voici ce sur quoi je suis tombé ce matin en lisant Midi Libre :
(Je sais : la photo est dégueulasse.)
Vous noterez que, contrairement à son homologue aveyronnais, ce candidat semble avoir veillé à ce qu'aucun bulletin imprimé à son nom ne figure dans les bureaux de vote. Sa démarche n'en est pas moins étrange... et un peu méprisante pour l'exercice du suffrage universel.
En cherchant un peu, j'ai trouvé d'autres cas de "candidat sans voix", notamment quatre en Bretagne. Les raisons de leur "bulle électorale" ne sont pas les mêmes...
... Mais le phénomène est encore plus développé que ce que je croyais, en Midi-Languedoc : on y compterait dix candidats "sans voix" et sept ayant recueilli moins de dix suffrages (dont l'Aveyronnais Thierry Noël).
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lundi, 13 juin 2022
Le candidat à une voix
Hier, j'ai ironisé à propos d'un candidat écologiste de la troisième circonscription de l'Aveyron. Celui-ci n'a obtenu qu'une seule voix au premier tour des élections législatives. Aujourd'hui, en lisant Centre Presse, j'ai découvert que, non seulement la seule voix qui s'est portée sur lui n'était pas la sienne... mais qu'il avait pour objectif de n'en recueillir aucune !
Je confirme que c'est dans bien dans la commune de Nant (située dans le Sud-Est de l'Aveyron, aux confins du Gard et de l'Hérault) que Thierry Noël (qui n'y réside pas) a obtenu sa seule voix :
La démarche de ce partisan de la décroissance m'apparaît quelque peu contradictoire. Sa candidature, quand bien même elle n'avait vocation à recueillir aucun suffrage, a eu pour conséquence l'impression de bulletins (et peut-être de professions de foi). Pas terrible comme bilan carbone (sans parler du gaspillage de papier et d'encre) !
D'autre part, je ne suis pas certain que la seule et unique personne à avoir voté pour lui l'ait fait par adhésion à ses idées tout en méconnaissant son souhait de finir à 0. Il n'est pas impossible qu'un mauvais esprit résidant à Nant ait voulu ainsi l'empêcher de réaliser son pari. (« C'est le genre de connerie qu'un sale type comme toi pourrait faire » m'a déclaré une personne qui me connaît bien.) Je rassure ce monsieur : je vote à Rodez et j'y ai dimanche dernier exprimé un suffrage qui ne va peut-être pas dans le sens de ses aspirations profondes.
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dimanche, 12 juin 2022
Aveyron : la Nupes bien placée... mais sans député ?
C'est l'un des enseignements que l'on peut tirer des résultats du premier tour des élections législatives, dans le département de l'Aveyron. Voyons ce qu'il en est dans le détail.
Dans la première circonscription (qui s'étend de Rodez à l'Aubrac), le sortant LReM Stéphane Mazars est sans surprise arrivé en tête... et même très largement, recueillant presque deux fois plus de voix que son principal concurrent (un jeune Nupes que, dans le coin, on s'est mis à surnommer "le roi du paracétamol"...).
Toutefois, par rapport à 2017, Stéphane Mazars a perdu environ 12% des voix qui s'étaient portées sur lui. C'est peut-être l'effet de l'abstention (et c'est beaucoup moins que nombre de ses collègues de la majorité présidentielle). En comparaison, la chute de la droite est bien plus importante : - 45 % pour Magali Bessaou par rapport à Yves Censi. (Les t-shirts près du corps n'ont pas suffi...)
Paradoxalement, alors que, dans les jours qui viennent, on risque de nous présenter le score de Léon Thébault (Nupes) comme une performance, en comparant celui-ci avec ceux de l'ensemble des candidats de gauche (opposés à Stéphane Mazars) en 2017, on s'aperçoit qu'il y a plutôt baisse, en nombre de voix : 8922 contre 9597 (répartis entre cinq candidats, ceci dit). La baisse de 7 % ressemble plutôt à une stagnation, surtout si l'on tient compte du contexte de l'abstention (passée, en gros, de 42 % à 46 %). Néanmoins, pour un jeune homme de 21 ans, se qualifier pour le second tour à son premier essai reste une prouesse.
La vraie progression spectaculaire a été réalisée par l'extrême-droite. En cinq ans, le FN-RN a gagné plus de 2000 voix (+ 67 %). La progression est même de 110 % si l'on inclut les suffrages qui se sont portés cette année sur Reconquête. On sait donc où sont passées une partie des voix de droite qui ont manqué à la candidate LR (pourtant soutenue par les caciques locaux).
Dès l'annonce de résultats partiels sur la deuxième circonscription, on a pu lire et entendre sur divers médias des déclarations triomphalistes de l'extrême-gauche. En effet, le candidat Nupes arrive en tête... mais pas aussi largement que certaines estimations le laissaient présager. Le score de l'extrême-gauche est toutefois en nette progression par rapport à 2017 (+ 28 % si l'on compare avec les suffrages obtenus par LFI et les écologistes, à l'époque : 10534 contre 8228). L'ensemble de la gauche (en incluant tout le PS et le PRG) est aussi en progression (de 12795 à 14369, soit + 12 %).
Cependant, la question se pose du devenir des voix qui se sont portées sur Eric Cantournet au premier tour. Celui-ci a refusé l'union sous domination LFI. Son électorat est sans doute écartelé entre la Nupes et LReM. Celle-ci sera présente au second tour, avec un candidat qui a recueilli 45 % de voix de moins que sa prédécesseure en 2017. (Gros désaveu pour Anne Blanc.) Mais le principal déçu de ce premier tour est sans doute André At (LR), finaliste théorique il y a cinq ans, et qui a vu son score baisser de 27 %. Je doute fort que ces électeurs-là se tournent vers le candidat Nupes.
Ici encore la plus forte progression est celle du RN : + 51 % par rapport à 2017 (en comptant uniquement les suffrages RN : 3212 et 4865), + 89 % en incluant les suffrages qui se sont portés sur Reconquête. Dans cette circonscription-là, lors de la dernière présidentielle, j'ai constaté une certaine porosité entre une partie des électorats de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen. La haine du macronisme sera-t-elle le ciment de la victoire électorale de Nupes ?
Tant qu'on est sur l'extrême-droite, je signale l'échec cinglant du candidat des Patriotes dans cette circonscription (753 voix... soit 2 %). L'ophtalmologue s'est bien mis le doigt dans l’œil jusqu'au coude...
Terminons par la troisième circonscription, orpheline d'Arnaud Viala, qui semble avoir eu raison de s'approprier le fauteuil de président du Conseil départemental : le candidat LR Christophe Saint-Pierre (ancien maire de Millau) termine troisième et est éliminé. Par rapport à 2017, LR a recueilli 53 % de voix en moins (6818, contre 14525) ! On peut penser qu'une partie s'est reportée sur l'extrême-droite : le candidat RN a progressé de 73 % en voix par rapport à 2017... et l'extrême-droite de 111 % si l'on inclut les suffrages qui se sont portés sur Reconquête. La droite aveyronnaise s'est donc fait siphonner une partie de son réservoir électoral par les marinistes et les zemmouriens, ce qui devrait inciter ses dirigeants à quelques remises en question.
Le second tour opposera les candidats Nupes et LReM. Le premier réalise une progression de 36 % par rapport aux voix obtenues par les candidats de gauche en 2017 (10493 contre 7742). En revanche, le candidat LReM a rassemblé 26 % de voix de moins que son prédécesseur en 2017 (9741 contre 13122)... mais il est peut-être mieux placé pour l'emporter. Je pense que le candidat Nupes dispose de peu de réserves. Je ne crois pas à un sursaut des abstentionnistes d'ici au second tour... mais je peux me tromper. La principale question est le devenir des voix du RN. Dans cette circonscription-là (fortement marquée par l'implantation militaire), je vois mal des électeurs attachés au respect de l'ordre voter pour un candidat membre d'un parti dont certains dirigeants tiennent des propos anti-flics.
Je ne voudrais pas terminer ce billet de manière trop acrimonieuse. Voilà pourquoi je signale aux amoureux du détail croustillant la dernière place, dans la troisième circonscription. Elle est occupée par un écologiste indépendant (qui s'était déjà présenté en 2015 et 2017), qui a recueilli... une voix (qu'on présume être la sienne) ! Mes amitiés à la famille et aux proches du candidat.
23:11 Publié dans Aveyron, mon amour, Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : occitanie, politique, elections législatives 2022, france, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
Jurassic World III
Il aura fallu attendre quatre ans pour voir la conclusion de la trilogie... et de l'ensemble de la saga, puisqu'une partie de la distribution de Jurassic Park a été appelée à la rescousse : Laura Dern et Sam Neill, que viennent compléter B.D. Wong et Jeff Goldblum, déjà présents dans les deux trilogies.
A la fin de Fallen Kingdom, on avait laissé les héros avec un beau bordel : tout plein de dinosaures relâchés dans la nature. L'histoire commence quelques années plus tard, dans un monde où les humains tentent de vivre avec la présence de ces grosses bébêtes reconstituées. Cela donne à ce début un tour tantôt cocasse, tantôt poétique, tantôt menaçant. C'est bigrement bien foutu... mais ce n'est pas la séquence introductive prévue à l'origine !
Une autre surprise est la découverte de la famille recomposée formée par Claire (Bryce Dallas Howard), Owen (Chris Pratt) et la jeune Maisie (qui, rappelons-le, est un clone). Celle-ci est en pleine crise existentielle, au moment de l'adolescence qui plus est... bref, la gamine sage et prodigieuse s'est transformée en casse-couilles que ses parents super-intelligents ne savent pas trop comment gérer. Il leur faut de surcroît la protéger, contre des scientifiques rapaces qui ont engagé des hommes de main.
Je ne sais pas si c'est voulu par la production, mais les deux vedettes incarnant les parents ont l'air d'avoir pris un petit coup de vieux par rapport aux premiers films. Ce sont désormais des quadras, Bryce s'étant un peu empâtée (plus question de piquer un sprint en chaussures à talons en pleine jungle), Chris apparaissant un peu moins punchy.
Sur le fond, l'intrigue joue sur des idées à la mode, de la lutte antispéciste à la dénonciation des grandes firmes de biotechnologies. L'une d'entre elles sait se présenter sous un jour reluisant... alors que ses intentions réelles sont plus obscures.
Pour des raisons différentes, les groupes de héros vont chercher à pénétrer dans la sorte de Googleplex de l'entreprise, dont le dirigeant semble être un double de Steve Jobs. Ce n'est pas l'une des moindres invraisemblances de l'histoire que de voir un si petit nombre de personnes (certaines très âgées) parvenir à déjouer les systèmes de surveillance les plus perfectionnés pour, finalement, foutre en l'air un complexe ultramoderne !
Pour apprécier pleinement ce film, il faut donc laisser un peu de sa raison au vestiaire. Sinon, on risque d'à peine frissonner lorsqu'on verra de vilaines grosses bêtes (avec de grandes dents) tenter de boulotter les héros... qui s'en sortent presque toujours "juste à temps". On risque aussi de ricaner méchamment lors du méga affrontement final (entre deux puis trois monstres), les protagonistes humains en réchappant tous comme par miracle !
Mais, franchement, dans une grande salle, bien équipée, c'est un sacré spectacle ! Les effets spéciaux sont excellents. Les interactions entre les acteurs et les créatures numériques (ou animées) sont très bien rendues à l'écran. C'est cependant bruyamment mis en musique. (Michael Giacchino, qu'as-tu fait de ta subtilité ?)
J'ai vraiment passé un bon moment, tout en étant conscient de ne pas voir un chef-d’œuvre.
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mardi, 07 juin 2022
Tandem "soulagien"
La chaîne France 3 diffuse actuellement la sixième saison de la comédie policière Tandem, dont les héros (un couple d'officiers de gendarmerie divorcés, mais qui continuent à travailler dans la même brigade) sont incarnés par Astrid Veillon et Stéphane Blancafort.
J'ai découvert cette série à sa quatrième saison, pendant le premier confinement. Je lui suis resté fidèle, contrairement à d'autres (françaises comme américaines) qui, pour moi, se sont essoufflées. J'aime le mélange d'intrigue policière et de comédie familiale, pimentées parfois d'un poil d'Histoire ou de légendes locales.
Dans le cinquième épisode de la sixième saison (diffusé ce mardi soir, sous le titre "Cœur de pirate"), ce ne sont pas les démêlés des héros qui ont le plus retenu mon attention, mais une anecdote concernant deux personnages secondaires : à gauche Thomas (le fils des gendarmes qui, au grand dam de ses parents, effectue un stage dans la brigade), à droite Célestin (un enquêteur zélé mais un peu casse-couille, qui essaie toujours de se faire bien voir de la hiérarchie). Le premier ne sait comment attirer l'attention de Nour, la cousine d'une collègue de son père. Il joue la carte culturelle :
Le second se propose de lui donner des conseils. Voici ce qu'on entend au cours de l'épisode :
Donc, draguer une fille en lui proposant d'aller voir une expo Soulages, c'est un peu ringard (en tout cas, sûrement intello)...
Au niveau culturel, l'épisode ne manque pas d'intérêt, puisqu'il est question du trésor du pirate Barberoussette... non, pas Barberousse. Barberoussette (alias Gaspard Dot) a bien existé et il n'a pas laissé que de bons souvenirs dans la région. Ah, j'aime quand, au cours d'une enquête, il est question d'archéologie (comme dans le troisième épisode de la saison 4) ou des Templiers (dans le onzième épisode de la saison 3) !
22:37 Publié dans On se Soulages !, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, cinéma, cinema, film, films
lundi, 06 juin 2022
Evolution
De Kornel Mundruczo j'avais bien aimé (il y a quelques années) White Dog. L'idée de traiter d'un sujet à travers trois personnages issus de la même famille, à trois époques différentes, m'a incité à aller voir Evolution.
On est cueilli par la première séquence, qui dure environ vingt minutes, dont plus de quinze sans le moindre dialogue. L'action démarre dans une pièce vide, aux parois maculées, le plafond parcouru de tuyaux se terminant, à intervalle régulier, par une sorte de pommeau de douche. On ne nous dit ni où ni quand on se trouve. (A la toute fin de la séquence, c'est devenu évident, sans qu'aucun nom ni aucune date n'aient été indiqués.)
Un groupe d'hommes d'âges différents entreprend de nettoyer cette mystérieuse pièce, parois incluses. Aucun déchet n'est visible à l’œil nu... et pourtant, au bout d'un moment, chaque homme finit par extraire quelque chose d'un endroit de la pièce... jusqu'à la découverte finale. Cette séquence, très bien mise en scène, justifie à elle seule d'aller voir le film... mais je ne cache pas qu'on pourrait se passer de la suite, nettement moins brillante.
Une ellipse nous projette en Allemagne, des dizaines d'années plus tard. Une femme âgée peine à survivre dans un appartement en mauvais état. De plus, elle commence à montrer les symptômes de la maladie d'Alzheimer. L'arrivée de sa fille arrange et complique tout. Entre les deux femmes, il y a un passif, celui du passé. Le passé qui est encore très présent chez la mère... et qu'elle a placé tel un fardeau sur les épaules de sa fille. En théorie, cela pourrait donner quelque chose d'intéressant. Mais c'est mal filmé (sous prétexte de mettre en scène la confusion) et surtout excessivement bavard... pas facile de suivre du hongrois sous-titré !
Une nouvelle ellipse nous conduit quelques années plus tard. Au cœur de la troisième historiette se trouve un personnage cité dans la précédente, un (pré)adolescent mal dans sa peau et victime de harcèlement. Il ne trouve du réconfort que dans le macabre (l'univers des zombies) et en compagnie d'une camarade d'école, qui elle aussi a un profil particulier. Cette dernière est le personnage le plus intéressant, le garçon étant un enfant gâté par sa mère (et sa chambre un véritable dépotoir, où surnagent nombre d'équipements qui ont dû coûter un bras à sa génitrice). Entre difficultés scolaires et renaissance de l'antisémitisme, cette partie se perd un peu, concluant sur un message certes positif (l'amour rapproche les gens de cultures différentes), mais mis en scène avec des moufles.
Je trouve que les critiques professionnels ont un peu survendu ce film.
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dimanche, 05 juin 2022
J'adore ce que vous faites
Et c'est parti pour une comédie "à la française", signée Philippe Guillard, qui a déjà dirigé Gérard Lanvin dans Le Fils à Jo et Papi-Sitter. L'intrigue s'inspire sans trop le cacher de L'Emmerdeur et surtout du Boulet (déjà avec Gérard Lanvin), cité au cours de plusieurs dialogues. On ne doit donc pas s'attendre à une originalité folle.
Gérard Lanvin est dans son propre rôle, celui d'un acteur vieillissant, ancienne gloire des salles obscures pour laquelle les bons rôles se font de plus en plus rares. Une occasion se présente avec le tournage de la partie française de l'intrigue d'un film américain consacré au Débarquement de Provence (celui d'août 1944).
Au départ, tout semble bien "se goupiller" pour l'acteur. Il va jouer dans une superproduction, est logé dans une villa de standing et s'entend bien avec le réalisateur états-unien. Petit à petit, tout se dégrade... à commencer par l'ambiance à la villa. Y contribue fortement un employé de l'entreprise d'entretien de piscines, "Momo", un gentil lourdaud, d'autant plus envahissant que lui et sa famille (à l'exception d'un beau-frère ou d'un cousin) sont des fans absolus de... Gérard Lanvin. Ses maladresses contribuent à compliquer l'existence du comédien, qui, dans son travail, n'aime rien tant que la rigueur et l'absence de surprise.
Dans le rôle de Momo, Artus est très bon. On dirait que cela a été écrit pour lui. Il a de l'allant, du bagout et n'a pas peur du ridicule. Comme Lanvin a volontiers adopté le costume de psychorigide qu'on a cousu pour lui, l'association des deux fonctionne bien, sans faire toutefois d'étincelles.
Sans surprise, on passe de la phase découverte et amusement, à celle de l'agacement, puis de la colère, de la rupture avant que, bien entendu, une réconciliation ne survienne. Il n'y a pas grand chose à attendre de ce côté-ci.
Sur le fond, l'histoire n'est pas si idiote que ça. Elle rappelle aux vedettes du cinéma populaire que, derrière leur célébrité et leur confort pécuniaire, il y a des spectateurs parfois d'origine très modeste, auxquels ils ont apporté un peu de bonheur. Leur affection, aussi maladroitement exprimée soit-elle, n'est pas méprisable. La scène qui se passe chez la mère de Momo (avec Lanvin) est à cet égard très réussie.
Je ne vais pas en rajouter. Ce n'est pas la comédie du siècle, mais un honnête divertissement.
P.S.
Le générique de fin contient un clin d’œil aux circonstances dans lesquelles le film a été réalisé : le président Emmanuel Macron y est remercié pour avoir attendu (que s'achève) le dernier jour de tournage pour confiner les Français !
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Compétition officielle
Le fait que ce film sorte juste après la tenue du dernier Festival de Cannes n'est évidemment pas le fait du hasard. Il propose une vision assez ironique du petit monde du septième art et, dans sa dernière partie, il contient une scène se déroulant au cours d'un festival de cinéma.
Sans surprise, le titre est à double sens. A la compétition entre les films s'ajoute celle entre les acteurs, en particulier deux "mâles alphas" aux carrières et aux tempéraments très différents.
A gauche se trouve Félix, le beau gosse, mondialement connu, idole d'une partie de la jeunesse, coureur de jupons. A droite se trouve Ivan, qui participe à des productions plus confidentielles, mais dont le talent est salué par la profession. Il donne des cours de théâtre, sans doute pour compléter ses revenus.
Leur association est due à un milliardaire, propriétaire d'un gros groupe pharmaceutique et désireux de laisser une trace dans l'Histoire. Il sent que son "œuvre" économique ne va pas faire de lui un héros de l'humanité. Alors quoi ? Construire un pont ?... et pourquoi pas financer un film ?
Ni une ni deux, une brillante réalisatrice est engagée, les droits d'un roman achetés et les deux meilleurs acteurs du pays approchés. Tout les sépare et pourtant tous deux ont intérêt à ce que le projet réussisse : en dépit de ses fanfaronnades, Félix est conscient de ne pas avoir joué dans d'impérissables chefs-d’œuvre et Ivan crève (secrètement) d'envie de toucher enfin le grand public qu'il affirme mépriser. Dans ces deux rôles, Antonio Banderas et Oscar Martinez sont excellents. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu le premier aussi bon. Le second est connu des cinéphiles pour sa participation aux Nouveaux Sauvages, à La Conspiration des belettes et à Citoyen d'honneur, déjà sous la direction de Mariano Cohn et Gaston Duprat.
C'est donc un film d'acteurs, durant lequel chacun a droit à ses morceaux de bravoure. L'habileté des auteurs est d'entremêler fiction et réalité. Les répétitions finissent par déborder sur la vie privée qui, de son côté, rejaillit sur la préparation du film. Les répliques sont souvent à double sens...
A ce duo masculin il faut ajouter la délicieuse, la pétillante, la frappadingue, l'incontrôlable réalisatrice, incarnée avec entrain par Penélope Cruz, en pleine forme, belle, fine et cinglée. Elle va en faire voir de toutes les couleurs aux deux mâles dominants !
On attend avec impatience certaines scènes, comme celle du baiser, celle des récompenses ou celle du rocher. On s'intéresse aussi au sous-texte. Il y est évidemment question des "deux cinémas", celui d'auteur et celui grand public. On s'interroge aussi sur la trace qu'on va laisser derrière soi, qu'on soit PDG, comédien, réalisatrice ou auteure de livres pour enfants. L'intrigue semble sous-entendre que tout cela n'est que vanité. C'est donc assez drôle, mais pas aussi sarcastique que ce à quoi je m'attendais. J'ai quand même passé un bon moment.
00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 01 juin 2022
Utama, la terre oubliée
Ce petit film bolivien met en scène un vieux couple d'éleveurs de lamas vivant de manière traditionnelle dans une région reculée du pays, dans le Nord aride... de plus en plus aride. Ils n'ont ni l'eau courante ni l'électricité et se nourrissent principalement de galettes de céréales. Entre eux, ils parlent plus le quechua que l'espagnol. Leur fils unique est parti s'installer en ville (à l'image de la majorité des habitants du coin). C'est le petit-fils Clever (hispanophone strict) qui revient les voir, à la fois par amour pour eux et pour les inciter à prendre une importante décision.
Même si le contexte est différent, j'ai trouvé que ce film résonnait étrangement avec L’École du bout du monde. Dans les deux cas, un jeune citadin un peu imbu de lui-même se rend dans un village reculé. Dans les deux cas les villageois vivent dans une grande précarité. Dans les deux longs-métrages, les réalisateurs filment avec talent et empathie ces gens de peu, attachés à leurs traditions.
Utama se distingue toutefois de l’œuvre bhoutanaise sur plusieurs points. Il est d'abord plus militant, ce qui explique que la fiction l'emporte sur l'aspect documentaire, à tel point que, parfois, la mise en scène verse dans l'invraisemblance. On sent que le réalisateur veut nous faire plaindre le couple, notamment à travers la question de l'eau. Mais il se plante quand il montre le tonneau où aboutit la gouttière du toit : alors que la cabane est située en plein soleil, aucun couvercle n'est posé sur le tonneau (d'où sans doute la perte régulière d'une partie du précieux liquide). Pire : alors que les deux paysans semblent se contenter d'une toilette sommaire, obsédés par la réserve d'eau douce, un matin, on voit le grand-père se verser trois grandes rasades puisées dans le tonneau, juste pour se nettoyer le visage. Ce gaspillage évident se justifie par la volonté de réaliser un superbe plan, très signifiant : il faut qu'il y a ait assez d'eau dans la cuvette pour qu'on y voie le reflet du condor, au-dessus de la tête du grand-père.
Incontestablement, Alejandro Loayza Grisi est un habile formaliste. Ses plans sont souvent très inspirés, comme cette vue de l'unique rivière du coin, qui apparaît comme une artère de sang zébrant une étendue de peau séchée.
Beaucoup de choses tournent autour du patriarche Virginio. C'est l'un des irréductibles du village, persuadé que les dieux vont tôt ou tard faire revenir la pluie et qui persiste à vouloir vivre à la dure, en harmonie avec son territoire, refusant de quitter la région. Son petit-fils a beaucoup de mal à le comprendre. Chacun va petit à petit faire un pas vers l'autre. Cela ne se fait pas tout seul... et c'est mis en scène avec subtilité.
L'autre beau personnage est celui de la grand-mère, Sisa, en apparence soumise à Virgilio, mais qui semble être la seule à pouvoir l'influencer. Après la séance, j'ai été stupéfait d'apprendre que les deux personnages âgés étaient interprétés par des comédiens non professionnels. Ils sont épatants !
Je recommande donc ce film, certes (pour moi) moins abouti que L’École du bout du monde, mais qui représente une belle expérience cinématographique.
20:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 28 mai 2022
Les Folies fermières
C'est l'histoire d'un paysan (Alban Ivanov, sobre) qui, au bord de la faillite, décide de lancer un "cabaret à la ferme" (le premier de France). Pour cela, il a besoin de recruter et d'entraîner une troupe d'artistes. Il va s'appuyer sur le savoir-faire d'une gogo danseuse en délicatesse avec son patron (Sabrina Ouazani, très impliquée dans le rôle).
Présenté comme cela, le film donne l'impression d'être une version rurale de The Full Monty. C'est pas faux. Mais c'est aussi une histoire vraie. L'exploitation est située dans le Tarn (pas très loin de Toulouse). L'histoire a été quelque peu retouchée et relocalisée dans le Cantal, entre Mauriac et Aurillac.
Qu'est-ce qui a changé entre l'original et la fiction ? L'orientation de l'exploitation. Le Tarnais David Caumette pratique le polyélevage, avec semble-t-il une dominante viande. Sur la plaquette téléchargeable sur son site internet, il mentionne les races Blonde d'Aquitaine, Limousine et Aubrac. Dans le film, même si le héros cite à un moment une race locale (la Salers), les animaux de la ferme sont exclusivement des Montbéliardes, à partir du lait desquelles sa mère fabrique sans doute du fromage (du Cantal). Le film n'évoque pas le fait que l'éleveur se soit d'abord lancé dans la transformation et la vente directe, avant de se tenter l'expérience du cabaret.
Soyons clairs : l'intrigue est cousue de fil blanc... surtout si l'on connaît un peu l'histoire d'origine. On sait gré aux scénaristes de n'avoir toutefois pas écrit un conte de fées moderne. L'éleveur rencontre de fortes oppositions (notamment celle de son grand-père) et le film ne cache pas la situation précaire de certains agriculteurs. Cela reste néanmoins un feel good movie, avec pas mal d'humour.
Cela passe aussi parce qu'une brochette de bons comédiens a été recrutée : outre ceux incarnant les deux personnages principaux, il faut citer Michèle Bernier (mère du héros), Guy Marchand (le grand-père réac), Bérengère Krief (l'ex qui en pince encore pour le héros) et puis toutes celles et ceux qui incarnent les seconds rôles, très authentiques.
Pour moi, Sabrina Ouazani sort clairement du lot. Je ne dis pas cela parce qu'elle se balade la plupart du temps en tenues moulantes et "aérées". Elle a du tempérament, du charisme... et puis, oui, merde, du charme aussi ! (Et je pense qu'elle a dû effectuer un gros travail physique, en amont, pour le rôle.)
Avec ce film, l'Aveyronnais que je suis se trouve en terrain familier : voir des Cantaliens petit-déjeuner à la charcuterie, au fromage et au vin rouge n'est pas exotique. (Amis Rouergats, soyez attentifs au couteau utilisé par l'un d'entre eux...)
Bon voilà. Cela n'a rien d'extraordinaire, mais c'est une honnête comédie, centrée sur un beau projet. Elle apporte une touche d'espoir et de gaieté dans un monde parfois tristounet.
P.S.
Restez pour le générique. Vous y verrez des images tournées dans la ferme tarnaise, à Garrigues.
23:27 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
L'Ecole du bout du monde
Sorti à l'international sous le titre Lunana : a yak in the classrom, ce film bhoutanais (coproduit par la Chine, semble-t-il) est une curiosité géographique, mais ce qu'il dit a vocation universelle.
Le Bhoutan est ce petit pays coincé entre la Chine et l'Inde, à l'est du Népal. Le village de Lunana (où se déroule presque toute l'action du film) est situé au nord-est de la capitale, Timphu, au sud du Tibet dont la population pourrait être originaire. Quand le jeune instituteur Ugyen apprend qu'il est nommé dans ce village, dont l'école est réputée être la plus inaccessible du pays, il songe à démissionner. Ce citadin, qui n'a pas l'air très ardent au travail, pense surtout à jouer de la musique (avec sa guitare) et à chanter des tubes anglo-saxons. Il envisage sérieusement d'émigrer en Australie, pour y faire carrière.
La première partie de l'histoire nous présente ce personnage, assez antipathique. Il est narcissique, ne dit ni bonjour ni merci et vit l’œil rivé sur son smartphone, quand il n'écoute pas la musique enregistrée dessus.
En attendant son visa pour émigrer en Australie, il va prendre son poste, au printemps, au terme d'un périple de plusieurs jours, en compagnie de deux éleveurs, descendus du village pour ramener le précieux instituteur, attendu là-bas comme le Messie.
Ce voyage initiatique est le premier choc subi par le héros. Il entre en contact avec des populations très pauvres, au mode de vie ancestral. Tout le monde ne porte pas de chaussures, on mange des choses bizarres... et l'on se torche le cul avec des feuilles d'arbre. Au fil des étapes suivies par l'équipée, des incrustations nous donnent des informations sur l'altitude (qui croît régulièrement) et la population.... qui a tendance à subir le mouvement inverse, des quelque 100 000 habitants de Timphu à la cinquantaine de Lunana.
Le nouvel instituteur découvre des enfants avides d'apprendre (en dépit des conditions matérielles difficiles) et des villageois prêts à se couper en quatre pour lui simplifier la vie. Jusqu'à la fin de l'automne, il s'investit de plus en plus dans son travail... mais je ne dirai pas jusqu'où nous emmène l'intrigue.
C'est donc une histoire assez balisée, très prenante malgré tout. Les paysages bhoutanais sont superbes et l'on sent de la part du réalisateur la volonté de mettre en valeur le mode de vie de ces paysans montagnards. Les acteurs sont bons et certaines trognes d'enfant sont adorables, à commencer par celle de la déléguée de classe, Pem Zam, qui s'attache de plus en plus au nouveau "Maître". De son côté, celui-ci découvre la vie des villageois... et croise une ravissante chanteuse. La musique va rapprocher tout ce petit monde, y compris le maire, un vieil homme dévoué au service public, mais brisé par un drame familial.
Je recommande vivement ce film, qui fait l'éloge des gens modestes, du "vivre ensemble" et de l'envie d'apprendre / de transmettre.
P.S. I
Conformément au titre anglo-saxon, on finit bien par voir un yak dans la salle de classe. (L'animal joue un rôle clé dans le village, ne serait-ce que par l'apport vital que constituent ses bouses, une fois séchées.) Au sens métaphorique, ce yak désigne le nouvel instituteur.
P.S. II
Le village de Lunana s'est lancé dans le tourisme !
18:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 27 mai 2022
Coupez !
Ce film de Michel Hazanavicius est le remake du japonais Ne coupez pas ! (sorti en France en 2019). Il est construit exactement de la même manière : la première partie est un plan-séquence d'environ une demi-heure, qui montre l'irruption d'authentiques zombies sur le tournage d'un film d'horreur (mise en abyme 1)... ce qui est en réalité le scénario du véritable film (mise en abyme 2), dont on nous explique ensuite la genèse. Hazanavicius a donc tourné un film sur un film évoquant l'irruption de zombies sur le tournage d'un film de zombies... vous suivez toujours ? C'est la mise en abyme 3.
La première partie est une bouse. C'est (volontairement) mal filmé, mal joué (on comprend plus tard pourquoi), avec les événements qui dérapent. Curieusement, dans ce magma à prétention cinématographique, Romain Duris et Bérénice Bejo surnagent, lui en réalisateur au taquet, elle en reine de la hache...
La deuxième partie n'est qu'un peu plus emballante. On nous raconte la naissance du projet et les difficultés rencontrées, notamment lors des répétitions. Je pense que le réalisateur en profite pour régler quelques comptes avec des professionnels du monde du cinéma (producteur casse-couilles, acteur qui se la pète, technicien poil-dans-la-main...).
C'est dans la troisième partie que cela devient fendard. On découvre pourquoi les acteurs ont l'air de si mal jouer et pourquoi certaines scènes de la première partie semblaient si mal fagotées. Notons qu'Hazanavicius a eu abondamment recours aux fluides corporels (vomi, diarrhée et giclées de sang). J'ai aussi follement apprécié certaines répliques, du jeu de mots "Je veux Ken" à "Pourritures de Zombies ! J'vais vous fendre le cul !", déclamé avec tellement d'élégance par Bérénice Bejo.
Même si je n'ai pas boudé mon plaisir, je regrette qu'il faille attendre aussi longtemps pour vraiment profiter du film. La version japonaise était plus courte. Bien que moins "léchée" sur le plan formel, elle était plus tonique.
22:49 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 26 mai 2022
Détective Conan - La Fiancée de Shibuya
Sous ce titre débarque en France l'un des plus gros succès en salles au Japon, adapté d'un manga et d'un animé très populaires. A celles et ceux qui ne connaîtraient pas la série d'origine, une partie du début du film présente les principaux personnages. (Sinon, voir ici.)
Conan n'est pas le véritable nom du héros, qui s'appelle en réalité Shinichi. Celui-ci a été laissé pour mort par les hommes de main d'une mafia locale. En fait, il a muté. Son esprit de jeune homme (17-18 ans) se retrouve emprisonné dans le corps d'un garçon d'école primaire ! Le choix du prénom Conan est évidemment un clin d’œil au créateur de Sherlock Holmes. D'autres allusions au roman policier britannique classique sont disséminées dans le film.
Ce long-métrage a une intrigue particulièrement élaborée. Un mystérieux criminel sévit, aussi bien en Russie qu'au Japon. C'est un spécialiste des explosifs. Il semble actuellement s'en prendre à des policiers, pour une raison mystérieuse, presque autant que son identité. Du côté japonais, la brigade criminelle entre en concurrence avec la Sécurité intérieure (l'antiterrorisme, dirait-on chez nous). Conan est proche de certains des policiers ou de leur famille (en particulier la fille d'un enquêteur, dont il est secrètement amoureux... mais qui ignore tout de son état).
C'est donc d'abord un polar, sur fond technologique, avec de grandes pincées d'humour bon enfant. Les personnages ont de grands yeux étoilés et l'on rougit facilement dès qu'il est question de sentiments. On est donc bien dans la tradition de l'animation populaire grand public... mais sans que la violence soit édulcorée. On n'est pas chez Disney.
Au niveau de l'animation, c'est du bon travail, certains décors étant particulièrement réussis. C'est plein de rebondissements et (cerise sur le gâteau) on y croise des Russes, des gentils et des méchants. La résolution de l'énigme va nécessiter la collaboration des Japonais et de ces Moscovites, qui, de prime abord, ont plutôt tendance à se regarder en chiens de faïence.
Quant aux amoureux du Japon, ils retrouveront dans les décors des quartiers de l'agglomération de Tokyo, en particulier celui de Shibuya, dont certaines des rues principales forment un gigantesque symbole du yen... un élément clé de l'intrigue.
14:19 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 25 mai 2022
Les Crimes du futur
Cela fait un petit moment que je ne vais plus voir systématiquement les films de David Cronenberg (seulement deux des huit derniers, dont Map to the stars). Et pourtant, c'est l'un des cinéastes qui me donna jadis furieusement envie de fréquenter les salles obscures, avec Videodrome, The Dead Zone, La Mouche, Faux-Semblants... jusqu'à Crash. J'ai retenté ma chance ici... et j'ai retrouvé avec plaisir les qualités du cinéaste, mais aussi certains de ses défauts.
Le début est emballant, faussement anodin... jusqu'à ce que l'extraordinaire se produise. Cela, avec une économie de moyens et une mise en scène sobre. On découvre un garçon sur une plage, à proximité d'une villa décrépie, d'où sa mère l'interpelle. Elle craint que le gamin n'avale une cochonnerie sur la plage. Qui n'a jamais assisté à une telle scène ? Pourtant, quelques minutes plus tard, quand on retrouve le gosse dans la salle de bains, on est stupéfait par ce qu'on le voit grignoter... La scène suivante, tout aussi anodine au départ, voit Cronenberg briser l'un des tabous de notre civilisation. Je n'en dis pas plus.
A la suite d'une ellipse, on se retrouve plongé dans une tout autre ambiance. Au cœur de l'histoire se trouve désormais un étrange duo (et même un couple), qui rappelle ceux formés par un magicien et son assistante. Mais Viggo Mortensen et Léa Seydoux incarnent des personnages bien plus complexes. Lui a la faculté de faire pousser des organes inconnus en son corps. Elle est une championne de la chirurgie, dont elle fait un spectacle... contre rémunération, bien sûr.
La première fois qu'on la voit "intervenir" sur le corps de son partenaire, on ne sait pas trop ce qu'elle lui fait "subir". Il faut attendre la première "performance" du duo pour tout comprendre. Âmes sensibles s'abstenir... surtout que la suite est encore plus "gore"...
Dans ce monde futuriste, où des fauteuils vivants programmables rendent de grands services, certains humains voient leur corps se modifier, à cause d'étranges mutations. D'autres choisissent de recourir à la chirurgie "inesthétique". Je laisse à chacun le plaisir de découvrir, outre le résultat, parfois, la manière de procéder. Le tout sous les yeux de cultureux avant-gardistes... et de policiers infiltrés.
Eh, oui. "Cronnie" a greffé une intrigue policière à son délire sociétal. Du coup, il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant d'accorder sa confiance, tant les protagonistes semblent habiles dans l'art de la dissimulation. L'un des sommets du film est atteint lors de la "performance d'autopsie", qui révèle un secret. Dans la foulée, je m'attendais à une autre scène marquante, transgressive. Le réalisateur conclut bien son histoire sur un mano a mano, mais celui-ci m'a déçu.
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Taupe Gueune - Ma Veurique
Outre le fait de voir Tom Cruise résister aux affres du temps, ce film est une cure de jouvence pour celles et ceux qui, comme moi, ont vu le premier à sa sortie en salle, en... 1986. Scénaristes comme réalisateur ne s'y sont pas trompés : une partie de l'intrigue, certains personnages, décors et même des plans entiers sont des références (voire des calques) du premier opus.
... et ça marche ! J'ai aimé la mise en bouche sur Danger Zone (interprété par Kenny Loggins). Je préviens toutefois les fans : même si l'habillage musical s'inspire fortement du film de 1986, on n'a pas recyclé tous les titres de la bande originale. On n'entend donc pas Take my breath away... et c'est cohérent, puisque Kelly McGillis ne fait pas partie de la distribution. Je rassure les amateurs d'histoire sentimentale : l'aviateur croise la route d'une barmaid très bien conservée elle aussi : Jennifer Connelly. En revanche, j'ai trouvé assez convenue l'intrigue secondaire, la relation Maverick - Goose (fils). Dès le départ, on sent tout venir à des kilomètres.
Le principal intérêt du film réside dans ses scènes d'avion. On est servi dès le début de l'entraînement des pilotes, avec comme instructeur le héros en personne. Super Maverick, (presque) toujours aussi incontrôlable, va donner une leçon aux jeunes cracks de l'aviation US, une bande de crâneurs plutôt antipathiques au départ. (Politiquement correct oblige, la troupe est un véritable melting pot d'hommes et de femmes de différentes origines.)
Le but de la formation intensive est de désigner, parmi la bande d'aviateurs, quels sont ceux qui vont participer à une mission hautement risquée : le bombardement (illégal...) d'une installation nucléaire dans un pays montagneux qu'on présume situé au Moyen-Orient. Les spectateurs états-uniens penseront sans doute à l'Iran. (Notons toutefois qu'aucun individu identifiable issu de "l’État voyou" n'est visible à l'écran.) Cependant, comme (dans la version originale), il est question d'un manquement aux règles de l'OTAN et que l'ennemi semble disposer de vieux coucous américains, je suis tenté de penser à la Turquie.
Quoi qu'il en soit, très vite dans l'histoire, on comprend qui sera le chef d'équipe de cette mission impossible. Cela nous mène tout droit à la dernière partie du film (pour moi la plus brillante) : la mission. Évidemment, celle-ci ne va pas se dérouler comme prévu... mais les fringants pilotes d'Oncle Sam vont faire preuve de courage, d'ingéniosité et de solidarité. Les scènes d'avion sont impressionnantes. Signalons que derrière la caméra se trouve Joseph Kosinski (qui a déjà dirigé Tom Cruise, dans Oblivion). J'ajoute que le scénario ménage suffisamment de rebondissements pour qu'on ne s'ennuie pas un instant.
Si l'on supporte la vision positive de l'interventionnisme militaire américain, ce film constitue un excellent divertissement.
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samedi, 21 mai 2022
Junk Head
Ce film d'animation (réalisé image par image ou, si vous préférez, en stop motion) est une dystopie japonaise, dans laquelle les amateurs de mangas (ainsi que les autres cinéphiles) dénicheront des références à plusieurs succès nippons (et américains) de la fin du XXe ou du début du XXIe siècle.
Attention : ce n'est pas destiné au jeune public (pas avant dix ans, au moins). L'histoire est sombre, un peu à l'image de L'Île aux chiens, de Wes Anderson (même si le sujet est différent).
Le héros (Parton) est une sorte d'humain augmenté. Il vit dans le monde d'en-haut, celui qui bénéficie d'une technologie très évoluée, à tel point que les humains sont désormais immortels... mais ils ne peuvent plus procréer.
C'est l'objet de la mission du héros, qui part en exploration dans les mondes inférieurs. La première strate à passer est celle d'une sorte de police des frontières. Ses agents sont vêtus de bandelettes, un peu comme des momies... et ils ont tendance à tirer sur tout ce qui bouge.
Au-dessous se trouvent les strates inférieures, peuplées d'être vivants dont certains semblent avoir conservé la capacité à procréer. La première partie de l'histoire montre la découverte de ce milieu par Parton qui, de surcroît, a perdu la mémoire dans des circonstances que je ne révèlerai pas.
Cet enfer souterrain (qui comporte plusieurs cercles, toujours plus profonds) est peuplé de mutants, les Marigans, décalques ratés d'humains qui considèrent le nouveau venu comme un déchet... ou comme un dieu. Ils vivent sous la menace d'étranges créatures, mélanges d'humain et d'animal... et surtout cannibales. Cela devient donc sanglant à l'occasion... et drôle, l'arrière-plan sombre étant souvent entrecoupé de moments comiques assez réussis.
En bas règne la loi de la jungle, même si ,en certains endroits une forme d'organisation régulée persiste, comme dans ce monde dirigé par des créatures féminines, chargées de superviser l'entretien d'un système de chaudière. Presque tous les personnages s'expriment dans un sabir incompréhensible, entre borborygmes et crachouillis.
Le héros, amnésique ou pas, fait preuve d'empathie et réussit à se faire des amis... à commencer par un improbable trio, des sortes de pingouins humains. De prime abord, on ne les prend pas très au sérieux. Mais ils nous réservent quelques surprises...
On peut prendre cela comme un film d'aventures ou comme une réflexion sur notre monde, à travers une histoire post-apocalyptique, animée avec un soin, une méticulosité impressionnants.
21:45 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 17 mai 2022
Ma Famille afghane
Ce film d'animation tchèque, réalisé par une femme (Michaela Pavlatova), est adapté d'un roman écrit par une travailleuse humanitaire, tchèque aussi (Petra Prochazkova). L'action se déroule au début du XXIe siècle, dans un Afghanistan (partiellement) contrôlé par les Américains et libéré de la tutelle des talibans.
Cela explique qu'une jeune Tchèque, tombée amoureuse d'un réfugié afghan, ait décidé de le suivre au Moyen-Orient, n'ayant plus rien qui la retient dans son pays natal. Sur place, en dépit du changement de régime, on s'attend tout de même à un choc culturel, qui se produit, mais ce n'est qu'une étape dans cette fiction à caractère documentaire, qui présente la vie d'une famille de l'intérieur, avec ses traditions, ses contraintes et un bel appétit de vivre.
L'héroïne se rend rapidement compte que, bien que les talibans aient été vaincus, la mentalité patriarcale reste solidement implantée, y compris dans l'esprit de certains de leurs adversaires afghans. Son beau-frère et la famille de celui-ci incarnent l'archaïsme des mœurs, tandis que le grand-père, la belle-sœur et la nièce sont ouverts à la modernité.
Le portrait de l'époux est plus nuancé. Nazir est un homme doux, pacifique, très amoureux de sa blonde épouse. Mais, de retour en Afghanistan, il subit l'influence de la mentalité dominante... et sent peser sur lui le regard de ceux qui se demandent s'il est "un vrai homme". L'amour que lui et et Herra se vouent sauve le couple, qui doit traverser de multiples épreuves.
L'une d'entre elles est la fondation d'une famille. Herra se découvre stérile, une calamité dans un pays où la virilité d'un homme se mesure à l'importance de sa progéniture. Le couple de héros va néanmoins élever un enfant, un garçon handicapé rejeté par sa famille d'origine, doté d'un tempérament très indépendant. (Dans la version originale, le titre My Sunny Maad est une allusion à cet enfant.)
Sur le plan technique, l'animation n'a rien d'extraordinaire. Le film vaut surtout pour son aspect documentaire. Mais il arrive après bien d'autres, comme Parvana et Les Hirondelles de Kaboul (autres films d'animation), ou encore Le Cahier, Wajma, une fiancée afghane, Syngué Sabour (des fictions) et le documentaire Nothingwood, qui en disaient autant (voire plus) sur la société afghane.
J'ai l'air de faire la fine bouche, mais j'ai tellement entendu parler du film en bien que j'ai été déçu par la projection. De surcroît, je ne trouve pas l'héroïne très intéressante. Pour moi, elle fait un peu trop souvent de mauvais choix.
21:40 Publié dans Cinéma, Histoire, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, fille, femme, femmes
dimanche, 15 mai 2022
Le Roi cerf
C'est le premier long-métrage d'animation que signe Masashi Ando, mais celui-ci a beaucoup d'expérience dans ce domaine. Il a travaillé sur Le Voyage de Chihiro (de Miyazaki), Miss Hokusai (de Keiichi Hara). Surtout, il a été directeur de l'animation sur Paprika (du très doué Satoshi Kon, hélas, prématurément décédé) et, plus récemment, sur Your Name (de Makoto Shinkai).
Tout ça pour dire que les amateurs de manga sont en terrain connu. Le style semble familier (à tel point que, parfois, on se croirait chez Miyazaki) et l'animation est de grande qualité. La faune a été l'objet d'un soin particulier : cerfs, chevaux, loups, renards, aigles sont très réussis. Outre ces moments "bucoliques", j'ai aussi apprécié les scènes oniriques, fantastiques, qui témoignent d'un incontestable savoir-faire.
L'intrigue est feuilletonnesque. On est dans le Japon médiéval, avec un empereur et de grands féodaux, le territoire d'Aquafa étant passé sous la domination de Zol. La première séquence se déroule dans une gigantesque mine de sel, véritable enfer à ciel ouvert qui rappelle la prison-puits du Dark Knight Rises.
C'est à ce moment-là que le surnaturel jaillit, sous la forme d'une meute de loups que rien ne semble pouvoir arrêter. Tous les occupants de la mine vont périr, soit des morsures des animaux, soit d'un mal mystérieux qu'ils véhiculent...
... En fait , il y a deux survivants, dont le héros (ça tombe bien !), Van, qui fut autrefois un valeureux chevalier, défenseur d'Aquafa. Il a survécu à la morsure du chef de meute mais, désormais, il est doté de pouvoirs mystérieux. De plus, il a accès à un monde fantasmagorique, par lequel il entre en contact avec une sorte de sorcier.
Van semble avoir une mission... mais il veille surtout à s'occuper de Yuna, une adorable gamine qui le prend pour son père. Celui qui avait perdu goût à la vie depuis la mort des membres de sa famille décide de s'occuper d'elle.
Dans le même temps, dans la citadelle de Zol, on s'inquiète des ravages de la peste lupine... qui épargne les habitants d'Aquafa. Comment est-ce possible ? Existe-t-il un remède capable de sauver les habitants ?... et, n'y a-t-il pas une manipulation derrière l'expansion de ce mal sélectif ? C'est à ces questions que le médecin Hohsalle doit trouver les réponses. En compagnie de son garde, il part à la recherche de Van, à la suite d'une traqueuse dont la mission comporte une part secrète. Dans le même temps, l'empereur de Zol approche (par les airs). Un complot est à l’œuvre, en coulisse...
Je n'en dirai pas plus. Outre les qualités formelles, il faut relever la richesse du scénario (inspiré d'un roman). On n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer. C'est toutefois un peu compliqué (et violent) pour les tout-petits.
Sur le fond, le film fait l'éloge d'une médecine scientifique contre le charlatanisme religieux et, surtout, il est un chant d'amour d'un père pour sa fille.
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vendredi, 13 mai 2022
The Northman
Loin, très loin, dans l'Atlantique Nord, vit un peuple farouche, habile navigateur et surtout redoutable guerrier. Un jour de 895, par une mer démontée, de frêles drakkars sont de retour au pays, chargés de butin. A la tête de ses troupes, le roi regagne sa demeure, couvert de gloire et de richesses... mais blessé. Heureusement pour lui, une blondissime épouse botoxée l'accueille avec tendresse, en compagnie du jeune héritier du trône, Amleth.
La joie des retrouvailles se ternit rapidement, car la perfidie rôde. Le roi sent ses jours comptés, même s'il ne soupçonne pas la traîtrise dont il va être la victime. Il a juste le temps d'initier son fils à ses devoirs de guerrier, à coups de rots et de pets.
Hélas, hélas, trois fois hélas ! Le jeune Amleth ne peut empêcher l'inévitable. Il parvient toutefois à s'échapper. La force qu'il déploie dans le maniement des avirons aurait pu lui ouvrir la voie des Jeux Olympiques... si ceux-ci avaient été organisés à l'époque. Il doit se contenter de devenir un soudard, une brute épaisse pratiquant le pillage et le meurtre, laissant le viol à ses compagnons d'armes. Entre deux crimes de guerre, il a des visions étranges. Un jour, il sent qu'est venu le temps de se venger.
Ni une ni deux, voici l'invincible combattant se faisant passer pour un esclave et profitant d'un convoi commercial pour regagner son île. Là-bas, personne ne le reconnaît... et il va de surprise en surprise. Dans son malheur, il a du bol : il croise une jeune et jolie sorcière, qu'impressionne son grand glaive bien dur. Du coup Amleth, devenu Bjornulf, se demande s'il doit écouter sa tête ou sa bite.
La résolution de ce terrible dilemme survient dans un gigantesque sauna naturel. Les deux principaux antagonistes, après avoir passé des heures sur le banc de muscu, vont s'y affronter à poil, sans se couper le zizi.
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mercredi, 11 mai 2022
The Duke
Ce duc est celui de Wellington, l'un des plus redoutables adversaires de Napoléon Bonaparte, connu notamment pour son rôle dans la bataille de Waterloo. Son portrait a été réalisé par Francisco Goya. L'objet constitue un bien patrimonial de grande importance outre-Manche, si bien qu'en 1961, les élites britanniques se sont mobilisées pour empêcher son départ aux États-Unis. Cependant, quelques semaines plus tard, le tableau fut volé à la National Gallery.
C'est à ce moment-là qu'entre en jeu un drôle de lascar, Kempton Bunton, un chauffeur de bus retraité, progressiste et gouailleur, qui a repris du service dans une compagnie de taxi pour arrondir ses fins de mois, son épouse Dorothy continuant, malgré son âge avancé, à faire la bonniche dans une famille bourgeoise.
Ces personnages sont incarnés par deux acteurs formidables, Jim Broadbent et Helen Mirren. Le premier, habitué des seconds rôles, est sans doute moins connu du public français. On a toutefois pu le voir dans Cloud Atlas, la saga Harry Potter et plus récemment dans Paddington 1 et 2. La seconde confirme qu'elle peut décidément tout jouer, de la reine d'Angleterre (dans The Queen) à la femme de ménage, en passant par la mère d'un truand dans Hobbes & Shaw.
Ce vieux couple a l'air bancal, de prime abord : il y a beaucoup de mensonges et de non-dits entre eux. Mais c'est aussi une histoire d'amour qui dure, depuis des décennies. Entre eux, les répliques fusent. Ils m'ont faire rire... et ils m'ont touché, à travers la douleur qu'ils éprouvent en repensant au décès de leur fille.
Bien que désespéré au fond, Kempton essaie de prendre la vie du bon côté et de faire bouger les choses. Au début de l'histoire, on le voit lancer une croisade contre le paiement de la redevance par les retraités et les vétérans de l'armée. Il va jusqu'à rendre son poste de télévision inapte à recevoir la BBC pour justifier son refus de payer la taxe ! C'est vraiment savoureux.
Le procès est aussi l'occasion d'assister à quelques moments de bravoure. Les dialogues (à savourer de préférence en V.O. sous-titrée) sont vraiment bien écrits ... et servis par des comédiens hors pair. Je ne dirai pas comment tout cela se termine. Sachez toutefois que le film a pris quelques libertés avec l'histoire réelle qui l'a inspiré.
P.S.
A la fin, nous avons droit à un clin d’œil cinéphilique, puisque, moins d'un an après avoir été volé, le tableau est apparu dans un célèbre film de fiction... que les héros sont allés voir au cinéma !
23:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 04 mai 2022
Doctor Strange in the multiverse of madness
Il a fallu attendre plus de cinq ans après la sortie du premier Doctor Strange pour voir débouler la suite dans les salles obscures. Aux manettes se trouve désormais Sam Raimi, qui a jadis réalisé ce que j'estime être les meilleures adaptations cinématographiques de Spider-Man (avec Tobey Maguire)... dont le dernier volet des aventures (coïncidence ?...) fait lui aussi intervenir le "multivers".
C'est (avec l'inventivité graphique des décorateurs et des spécialistes des effets spéciaux) l'un des atouts de ce long-métrage, qui met le héros en contact avec d'autres versions de lui-même. (Conclusion : notre univers a la chance de posséder le "meilleur" Doctor Strange... cool, non ?)
J'ai eu un peu peur au début : on découvre notre Stephen avec la coupe de cheveux d'un hipster en train de faire de la gymnastique devant un fond vert, en compagnie d'une adolescente dont on sent qu'elle va nous lui casser les pieds pendant deux bonnes heures. Tous deux sont opposés à un méchant très très méchant.
... mais ce n'est pas le principal antagoniste qu'il va leur falloir vaincre. Plus forte que la créature démoniaque est... une sorcière, dont les pouvoirs, déjà bien grands, sont démultipliés par l'usage d'un grimoire maléfique... Faut pas faire chier la dame ! Dans le rôle, Elizabeth Olsen a la chance d'incarner deux versions très différentes d'elle-même. L'actrice s'en sort bien, même si la séquence de la "maman grizzli" (quand la sorcière a pris possession du corps d'une mère de famille en apparence inoffensive) frôle le ridicule.
La première baston (avec la grosse bébête monoculaire) est la plus réussie. Les autres scènes m'ont semblé répétitives, un peu stéréotypées. Et puis ce personnage prêt à foutre en l'air des centaines d'univers parallèles pour avoir le plaisir de vivre avec les enfants qu'elle n'a pas pu avoir dans notre monde.... comment dire... c'est quand même très limite au niveau du scénario... et je ne parlerai pas de l'intervention d'un groupe d'Illuminati... un des plus mauvais moments du film.
En revanche, les effets spéciaux sont bluffants. J'ai vu cela dans la plus grande salle du cinéma ruthénois et, franchement, ça dépote. J'ai particulièrement aimé la scène qui montre deux personnages traverser plusieurs univers parallèles, ainsi que la bagarre (musicale...) entre deux versions de Strange. Sur le plan visuel, certains plans déjantés rappellent des scènes d'Inception. Vers la fin, une dernière bonne surprise nous est proposée avec la résurrection d'une version de Strange (grâce à un dreamwalking, un état second permettant de prendre possession d'un corps à distance). Sam Raimi s'est rappelé qu'il avait commencé sa carrière en réalisant des films de zombies (Evil Dead) !
Comme vous pouvez le constater, il y a à boire et à manger. Notons que les producteurs semblent vouloir profiter des longs-métrages sortis en salle pour "booster" les séries-maison, comme WandaVision et Loki, auxquelles certains événements font allusion. On sent aussi, de manière appuyée, la volonté de Disney de se plier aux règles du "politiquement correct". Désormais, les films de super-héros sont peuplés de "minorités visibles" et de femmes d'action (ce dont je ne me plains pas)... mais c'est à se demander si le mâle blanc hétérosexuel n'est pas en voie de disparition outre-Atlantique !
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L'Affaire Collini
Cette fiction à caractère documentaire est adaptée d'un roman de Ferdinand von Schirach (que je n'ai pas lu). Tout commence (croit-on) en 2001, à Berlin, où un industriel allemand renommé, Hans Meyer, est assassiné dans un hôtel par un inconnu.
L'opinion est choquée. Beaucoup de questions se posent quant à cet assassinat (dont on ne voit l'exact déroulement qu'à la fin, pour des raisons que je laisse à chacun le loisir de découvrir). On finit par apprendre que le meurtrier est un Italien vivant en Allemagne. Qu'est-ce qui a motivé son geste ? La Mafia est-elle impliquée ?
L'avocat commis d'office de Fabrizio Collini se pose les mêmes questions. Son client, mutique, ne veut rien dire. Pour Caspar Leinen (issu d'un couple mixte germano-turc), l'affaire comporte un gros enjeu : c'est la première fois que ce jeune avocat va plaider aux Assises. De surcroît, il est confronté à un conflit de loyauté. En raison d'une erreur d'identification de la victime, il n'a pas compris dès le départ qu'il devait défendre l'assassin d'un homme qu'il connait, un homme auquel il doit beaucoup... et dont il a fréquenté la petite-fille.
Cerise sur le gâteau : au tribunal, Caspar va affronter le redoutable avocat de la partie civile, Richard Mattinger, juriste réputé, qui fut son prof de fac (en droit pénal) et, à vrai dire, sans doute son mentor.
Petit à petit, le mystère s'éclaircit concernant les motivations de Collini. Son avocat se fait enquêteur, s'appuyant sur une petite équipe hétéroclite : un autre jeune avocat, une employée de pizzeria... et son propre père, libraire, qu'il n'avait pas revu depuis des années. Cette affaire est l'occasion pour Caspar de faire le point sur sa vie privée... et de faire des choix décisifs.
On suit le déroulement de la procédure pas à pas. Le film, pas très brillant sur le plan de la mise en scène, détaille le fonctionnement de la procédure criminelle. L'action culmine dans le procès, entrecoupé de pauses. On sent l'influence des films américains, même si, ici, la sobriété l'emporte sur le brio.
A l'arrière-plan se trouve la Seconde Guerre mondiale, plus précisément les années 1943-1945. Les Alliés anglo-franco-américains progressent dans la péninsule italienne, où ils ont débarqué à l'été 1943. Dans le même temps, Mussolini a été renversé par le roi et une partie des élites locales. Libéré sur ordre d'Hitler, il n'est plus à la tête que d'un État fantoche, la République de Salo. Désormais, la partie nord de l'Italie est occupée par les troupes allemandes, auxquelles s'opposent des résistants italiens, notamment communistes.
Le film alterne trois trames temporelles : celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale, celle de la jeunesse de Caspar (dans les années1980-1990) et celle de l'année 2001. J'ai bien aimé l'effet de miroir entre certaines scènes se déroulant à deux époques différentes. C'est pertinent et techniquement bien fichu.
Plusieurs événements semblent avoir inspiré l'intrigue. Le public français cultivé pensera au massacre des Fosses ardéatines, mais, hélas, d'autres tueries se sont déroulées à la même époque, comme celle de Cibeno. Je pense aussi que les auteurs avaient en tête l'action du "boucher de Gênes".
Même si les scènes se déroulant dans les années 1940 sont parfois un peu trop appuyées, elles ont le mérite de rappeler des événements importants. Elles évoquent aussi la complexité de la situation de l'époque, avec notamment le rôle de l'interprète italien. Les acteurs de la partie contemporaine (2001) sont remarquables.
Sur le plan historique, le film s'appuie aussi sur un aspect méconnu (que j'ignorais), un texte de loi dont la révélation du contenu joue un rôle décisif dans le procès.
Quelques années après Le Labyrinthe du silence et Fritz Bauer, un héros allemand, le cinéma d'outre-Rhin prouve de nouveau qu'il est capable de regarder avec intelligence et honnêteté le passé trouble de son pays.
09:54 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, allemagne
mardi, 03 mai 2022
Downton Abbey II
Je crois n'avoir jamais regardé un seul épisode de la série en entier... et je n'ai pas souvenir d'avoir vu le premier film. (Je ne l'ai pas chroniqué, mais il n'est pas impossible que je l'aie vu. En tout cas, je n'en ai gardé aucun souvenir.) Même si l'on ne connaît pas la série, se plonger dans ce long-métrage a comme un goût de déjà-vu pour les cinéphiles. On pense aux films de James Ivory (Retour à Howards End, Les Vestiges du jour), aux aventures d'Hercule Poirot (incarné par David Suchet) ou encore à Gosford Park (coécrit par Julian Fellowes... créateur de la série Dowton Abbey).
J'ai saisi l'occasion d'une séance en version originale sous-titrée. J'avais envie de me "rincer les oreilles" avec de l'anglais classique. Cela m'a aussi permis de remarquer que l'on parle une autre langue dans ce film : le français. En effet, l'intrigue a pour cadre deux propriétés : le château anglais où résident les Crowley et une résidence en France, sur la Riviera (comme disent les Britanniques), du côté de Nice.
Tout tourne autour de la matriarche, la comtesse de Grantham, interprétée avec gourmandise par Maggie Smith (une formidable actrice, vue il y a quelques années dans The Lady in the van). On apprend qu'elle vient d'hériter d'une demeure dans le Sud de la France, demeure qu'elle souhaite donner à l'une de ses arrière-petites-filles. Les raisons pour lesquelles un marquis français (dont elle affirme se souvenir à peine) a préféré léguer cette résidence à une aristocrate britannique plutôt qu'à sa propre famille sont mystérieuses. C'est l'un des secrets que l'intrigue va révéler.
A l'invitation du fils du marquis (dont la mère est jouée par Nathalie Baye), une partie de la petite troupe de Downton Abbey se lance dans un périple français (notamment en train bleu) pour se rendre dans ladite demeure. Quelques domestiques les accompagnent, le plus gros restant dans le château anglais, où s'installe une équipe de tournage américaine, qui va quelque peu perturber le fonctionnement de l'antique demeure.
L'un des atouts du film (et de la série, je suppose) est la richesse des personnages, aussi bien membres de la famille que de la domesticité. Cela laisse la place à de multiples intrigues secondaires, servies par une brochette d'acteurs et d'actrices de qualité.
Il serait trop long de relever ici le nom de toutes celles et ceux qui m'ont marqué. Je distingue toutefois Michelle Dockery, qui incarne Mary Talbot, petite-fille de la matriarche, veuve puis remariée à un aventurier qui la délaisse. Elle personnifie le charme, la délicatesse mais aussi la fermeté, quand il le faut. Je trouve que la comédienne a une classe folle !
Du côté des domestiques, c'est Sophie McShera qui sort du lot. Elle interprète Daisy Parker, une cuisinière que la venue de l'équipe de tournage met dans tous ses états... surtout qu'elle va devoir s'occuper de la vedette féminine de la troupe.
J'ai lu ici et là qu'il ne se passerait pas grand chose durant les deux heures que dure le film. Quelle erreur d'appréciation ! Certes, il ne faut pas s'attendre à des rebondissements extraordinaires, ni à des cascades explosives. Mais, dans les relations entre personnages, beaucoup de choses évoluent. Je pense que certains spectateurs ont été perturbés par le style de nos amis britanniques. On dit beaucoup de chose par sous-entendu, euphémisme, voire litote. C'est l'art de l'understatement, à savourer de préférence en version originale.
Mine de rien, cette tranche de vie, située à la fin des années 1920, en dit long sur la vie, l'amour, l'amitié, la fidélité, les espoirs et les craintes des uns et des autres. Du côté des aristocrates, on comprend que la réputation joue au moins autant que la fortune. Contre une vie confortable, les femmes ont échangé leur liberté, même si les choses commencent à changer durant l'Entre-deux-guerres. Du côté des domestiques, on dépend terriblement du bon vouloir des employeurs, quand bien même ceux-ci seraient relativement éclairés.
J'ai aussi apprécié le choc des cultures avec l'équipe de cinéma. Certains de ses membres sont chargés de personnifier une sorte d'exubérance décontractée, qui doit d'adapter aux us et coutumes du manoir... dont les occupants sont divisés quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de ces intrus. Les spectateurs apprécieront aussi la mise en scène des questionnements concernant le passage du muet au parlant (déjà vu dans The Artist, ceci dit). Bien entendu, cette équipe de cinéma faisant elle-même partie d'une fiction, le scénario joue de la mise en abyme pour faire passer quelques messages à la profession...
Notons que le scénario prend soin de faire évoluer les personnages, du majordome à l'actrice vedette, en passant par la (encore jeune) lady ou l'enseignant désargenté.
J'ai passé un très bon moment, savourant à intervalle régulier les répliques bien senties. J'ai aussi été ému, dans la dernière partie, à l'occasion d'une scène, autour d'un lit. Même si la toute fin est trop sentencieuse à mon goût, je recommande vivement ce film.
10:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 30 avril 2022
Becker, Londres... et la France
Ce samedi soir, en famille, nous avons regardé le JT de France 2. (Quelqu'un reprend des carottes râpées ?) Une grosse moitié fut consacrée au conflit russo-ukrainien. (Tu m'as bien dit saignante, ton entrecôte ?) Mon attention fut attirée par un sujet plus anecdotique, sans doute placé juste après pour faire retomber la tension. (Dis donc, Riton, tu ne vas tout de même pas finir la bouteille de rouge tout seul ?) Il était question des ennuis judiciaires de l'ancien champion de tennis allemand Boris Becker. (Marcel, pousse-toi, je ne vois pas la tête du tennisman !)
Ce ne sont pas les ravages du temps sur le physique de l'ex-athlète d'exception qui m'ont intéressé, mais le symbole figurant à l'entrée du tribunal londonien. (Mais non, c'est pas en Allemagne ; il est jugé à Londres parce qu'il habite le Royaume-Uni... depuis au moins dix ans d'ailleurs !)
Sur les armoiries britanniques figure la devise du royaume... en français : "Dieu et mon roi". C'est un lointain héritage de la conquête normande, la noblesse continentale ayant imposé sa langue outre-Manche. (Riton, arrête de faire ton malin... et passe-moi les frites !) La formule, qui serait due à Richard Coeur-de-Lion, est devenue la devise officielle au XVe siècle.
Mais la "francitude" de la monarchie anglaise ne s'arrête pas là. Une seconde formule figure sur les armoiries : "Honi soit qui mal y pense". Son origine remonterait elle aussi au Moyen Age, toujours à l'époque de la Guerre de Cent-Ans, mais au XIVe siècle. L'anecdote (peut-être apocryphe) se déroule à la cour du roi Edouard III et voit la naissance de l'Ordre de la Jarretière. (Bon, ça me saoule cette histoire de tennisman malhonnête... on pourrait pas plutôt parler de l'affaire PPDA ?)
Comme quoi, on peut trouver son bonheur dans un journal télévisé grand public.
22:05 Publié dans Histoire, Société, Sport, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, sport, sports, tennis, médias, presse, journalisme, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
vendredi, 29 avril 2022
Le Stade
Ce documentaire en noir et blanc... et rouge (pour les incrustations) nous raconte la deuxième partie de la saison 2020-2021 de ce club de rugby "mythique", de mars à juin 2021. Je pense rien dévoiler aucun secret en rappelant que ce fut une saison exceptionnelle, conclue par un titre européen et le titre national, remportés tous deux contre la même équipe en finale (La Rochelle).
A l'arrière-plan se trouve la pandémie de covid-19 : on voit des personnes porter (plus ou moins rigoureusement) un masque, des stades vides de public, un effectif rarement au complet, que ce soit pour cause de maladie ou de blessure.
C'est l'un des mérites de ce film que de ne pas cacher la brutalité de ce sport, certes davantage réglementé qu'autrefois, mais désormais pratiqué par des immeubles ambulants, des boules de muscles dont il vaut mieux ne pas croiser le chemin. Certains regretteront le temps où un "quinziste" musclé sec pouvait faire office de demi ou d'ailier. Au très haut niveau, aujourd'hui, cela ne semble plus possible. Quelques scènes nous font entrapercevoir la quantité d'efforts à fournir par les athlètes pour acquérir la masse musculaire requise. On ne nous dit cependant rien de leur régime alimentaire.
La première partie relate principalement le début de la phase finale du championnat de France. La seconde est concentrée sur la Coupe d'Europe, notamment l'exploit réalisé en huitième de finale : la victoire en Irlande, face au Munster, jamais obtenue auparavant. A côté de certains moments épiques (très bien filmés, même si je regrette le faible nombre de vues du dessus), la finale (contre La Rochelle) laisse un goût d'inachevé, sur le terrain comme à l'écran. Mais, dans ce match, l'essentiel était de gagner.
La fin du documentaire souligne les difficultés à terminer la saison... mais, comme tous les bons clubs français sont allés très loin dans les coupes européennes, en juin, tout le monde est fatigué et les effectifs sont rarement au complet.
A l'issue de cette plongée dans la vie du club, on comprend qu'outre les efforts physiques, la répétition des schémas tactiques, l'habileté d'une équipe d'entraîneurs (autour du charismatique Ugo Mola) et le travail sur le mental, il a fallu... de l'argent. Ces dernières années, le premier budget (annuel) du Top 14 oscille entre trente et cinquante millions d'euros (39 millions pour la saison 2021-2022). Voilà une information qui fera sourire les spécialistes de football : le PSG qatari s'appuie sur un apport annuel de 620 millions d'euros, le budget du Stade toulousain correspondant à celui d'Angers ou de Brest, l'un des quatre derniers...
On peut faire le même type de remarque à propos des salaires des joueurs (hors contrats publicitaires personnels). Dans le Top 14, c'est le Sud-Africain Handré Pollard (qui a sans doute de lointaines origines françaises) qui est le mieux payé (1,19 million par an), le Français touchant le plus étant Antoine Dupont (du Stade toulousain), avec 600 000 euros. C'est à comparer à ce que gagnent les footeux (les trente mieux payés), de 300 000 à 3 millions d'euros ... par mois (3,246 millions pour Lionel Messi cette saison).
Pour apprécier pleinement ce documentaire, je pense qu'il faut quand même s'intéresser un peu au rugby... ou au physique des joueurs !
15:24 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, occitanie, sport, sports, toulouse, toulousains, toulousain
mercredi, 27 avril 2022
Un Talent en or massif
Nicolas Cage coproduit ce film autoparodique, consacré à un acteur encore célèbre, qui connut naguère son heure de gloire, mais se contente désormais d'aligner les productions plutôt bas-de-gamme, qui ne lui assurent plus le même train de vie qu'auparavant. Du coup, le gars, que son épouse vient de quitter, se sent vieillir, à cours de moyen... sous le regard de sa fille adorée qui semble le trouver de plus en plus ringard. (La séquence liée à l'anniversaire est particulièrement pathétique.)
Le début est vraiment savoureux. Cage (dont je me suis toujours demandé s'il aurait eu la même carrière s'il n'avait pas été un Coppola) est très bon en has been, qui enchaîne les déconvenues. Notons toutefois qu'à intervalle régulier, il se ménage quelques scènes qui témoignent de son talent. Le meilleur intervient quand il dialogue avec la version jeune de lui-même, incontestablement plus fringante.
Pour échapper à la lose, Cage (le personnage) accepte la proposition d'un milliardaire espagnol douteux... qui se révèle être un fan. Entre les deux hommes naît une drôle de complicité (qui tend vers une bisexualité non assumée). La mise en scène maintient longtemps le doute quant à savoir lequel en cache le plus à l'autre.
Bien évidemment, cette histoire de fête d'anniversaire va déraper, d'autant que Cage (le personnage) est prié de faire l'agent secret (pour de vrai) pour la CIA. Cela devient du grand n'importe quoi, les spectateurs étant censés laisser leur souci de vraisemblance au vestiaire.
Bref, l'acteur sur le retour et papa bedonnant (re)devient un homme d'action, épaulé par des compères à peine moins amateurs que lui. Quand on supporte Cage (et sa moumoute) et qu'on accepte le principe de dérision, on suit avec plaisir des péripéties dont on se doute qu'elles ne peuvent pas mal finir.
Ce sera assez vite oublié, mais j'ai passé un bon moment.
P.S.
Sans être aussi dithyrambique que certains personnages du film, je partage néanmoins leur affection pour le film Paddington 2, l'un des running gags de l'intrigue.
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lundi, 25 avril 2022
Contrastes aveyronnais
Le second tour de l'élection présidentielle française n'a pas donné lieu à beaucoup de surprises... mais l'interprétation des résultats a parfois manqué de rigueur.
Si l'on se fie aux chiffres publiés sur le site du ministère de l'Intérieur, le civisme est globalement resté de mise en Aveyron, neuvième département du pays en terme de participation : 77,45 % (contre 71,99 % à l'échelle nationale). La palme revient au Gers, avec un taux de participation de 78,95 %, devant les Côtes-d'Armor, la Lozère, l'Ille-et-Vilaine... Au premier tour, sauf erreur de ma part, l'Aveyron était en sixième position, avec 80,03 % de participation.
Au niveau des suffrages exprimés, la victoire d'Emmanuel Macron est claire et nette, avec environ 60 % des bulletins. C'est toutefois en forte baisse par rapport à 2017 : le futur président avait obtenu près de 73 % des suffrages et surtout 109 000 voix, contre 90 000 dimanche dernier. Entre temps, Marine Le Pen est passée de 27% à 40 % et de 41 000 à 60 000 voix.
C'est à Castelmary, petite commune située aux confins de l'Aveyron et du Tarn (Rodez étant coloriée en noir sur toutes les cartes), qu'Emmanuel Macron a obtenu son meilleur score départemental : 75,68 %. Le contraste est saisissant avec Mirandol-Bourgnounac, la commune tarnaise voisine (en bleu sur la carte ci-dessus), où Marine Le Pen a obtenu 50,46 % des suffrages exprimés. Pas très loin de Castelmary se trouvent Bournazel (dans l'ouest du département), avec 74,87 % et Mounes-Prohencoux (plein sud), où le président sortant a obtenu 74,45 % des voix. Au passage, ces résultats sont en contradiction avec certains commentaires (y compris de responsables du RN, jamais avares de désinformation) : de nombreuses communes rurales ont placé Emmanuel Macron largement en tête. A l'inverse, parmi les communes (minoritaires) qui ont voté majoritairement pour Marine Le Pen, on trouve des communes du bassin (urbain) decazevillois : Aubin, Cransac et Viviez.
Néanmoins, en pourcentage, c'est dans une toute petite commune rurale (située à la frontière de l'Hérault et du Tarn) que la candidate du RN a réalisé son meilleur score : Arnac-sur-Dourdou (qui, du coup, porte bien son nom) : 84,62 % pour Marine Le Pen, soit... 55 des 65 suffrages exprimés. La notion de raz-de-marée est ici toute relative.
Je termine par une autre curiosité des résultats aveyronnais : l'égalité parfaite (100 voix chacun) à Florentin-la-Capelle, une commune limitrophe de l'Aubrac (où il a été aussi dénombré 26 bulletins blancs et 4 nuls).
P.S.
Dans l'Aveyron, entre le premier et le second tour, Marine Le Pen est passée de 34 357 à 59 789 voix, soit une progression de 74 %. Dans la grande majorité des communes du département, cette progression fut moindre (le plus souvent comprise entre 40 et 70 %). Ainsi, à Rodez, entre les deux tours, le score de Marine Le Pen n'a augmenté "que" de 64 % (de 1626 et 2760 voix).
Dans le bassin decazevillois, on peut faire d'autres constatations. A Aubin, la candidate d'extrême-droite a progressé de 80 % entre les deux tours. A Cransac, de 88 %. A Decazeville, de 78 % (mais, dans ce dernier cas, cela n'a pas suffi à faire passer Marine Le Pen devant Emmanuel Macron). J'ai oublié de préciser que, dans ces trois communes, au premier tour, c'est Jean-Luc Mélenchon qui était arrivé en tête (parfois largement).
Se pose donc la question de l'attitude des électeurs mélenchonistes du premier tour. Certains ne se sont pas déplacés (d'où l'augmentation de l'abstention, indéniable mais pas spectaculaire). D'autres ont voté blanc/nul (d'où la forte augmentation du nombre de bulletins de ce type). Mais d'autres, aussi voire plus nombreux, ont visiblement fait le choix du pire... alors que le candidat de LFI avait exclu cette possibilité. Il est fort possible qu'une partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon se contrefiche de ses consignes de vote (ce qui est tout à fait leur droit). (C'est d'ailleurs sans doute aussi le cas de celles et ceux qui viennent des partis de la gauche de gouvernement, qui ont "voté utile" au premier tour -c'est-à-dire Mélenchon plutôt que Jadot, Roussel ou Hidalgo- mais qui vont peut-être réintégrer le bercail à l'occasion des législatives.) Je n'ose imaginer qu'il y ait une autre explication, à savoir que des cadres LFI auraient officiellement rejeté le vote Le Pen au second tour, tout en l'encourageant secrètement, localement...
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