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jeudi, 31 janvier 2013

Zero Dark Thirty

   Le titre évoque un moment de la nuit, celui durant lequel on imagine que les Navy Seals ont pris d'assaut le refuge d'Oussama ben Laden, au Pakistan, en mai 2011.

   Le film était attendu pour ce qu'il était censé montrer. Il est d'abord intéressant par ce qu'il ne montre pas à l'écran. Cela commence par la référence aux attentats du 11 septembre 2001, présentés uniquement par voie sonore, avec un écran noir. N'oublions pas que la réalisatrice est américaine et que, pour son public national, ces événements constituent peut-être la plus terrible catastrophe humaine de l'histoire du pays. Il leur faudra encore un peu de temps pour réaliser que, dans d'autres pays du monde, des horreurs bien pires ont été perpétrées. Ce "noir" visuel nous pousse néanmoins à tendre l'oreille. L'un des coups de fils choisis est celui d'un jeune homme, qui tente de rassurer sa famille en précisant que, si un avion a bien percuté la tour n°1, lui se trouve dans la tour n°2... en sécurité.

   Le film, bien que minutieusement construit, fourmillant de détails, reste très évasif sur son personnage principal , l'agent de la CIA Maya (incarnée par Jessica Chastain, une nouvelle valeur sûre de Hollywood, déjà remarquée pour ses prestations dans L'Affaire Rachel Singer et La Couleur des sentiments). Quand bien même ce personnage est la fusion de plusieurs personnes réelles, on aurait pu nous en dire plus sur son passé. On comprend qu'elle a été recrutée très jeune par la CIA, en 2000 ou 2001. Vu l'obstination dont elle fait preuve dans la traque de ben Laden (et sa réaction tout à la fin, après la découverte de son cadavre), on en déduit qu'elle a perdu un ou plusieurs proches le 11 septembre 2001. L'actrice donne de la vraisemblance à ce personnage de moine-soldat au féminin, mais le scénario la dessert un peu.

   A ce propos, on notera que la caméra ne filme jamais entièrement le chef terroriste, et surtout pas en gros plan. Si l'on conçoit que ce n'est pas l'homme qui est le plus dangereux, mais les idées qu'il véhicule, c'est logique. On nous a aussi épargné la scène de largage du corps en pleine mer (si cela s'est réellement passé ainsi). De ce point de vue toutefois, le film se situe dans la lignée de la politique américaine, qui a voulu éviter de faire du terroriste une icône, mais qui est arrivée au résultat exactement opposé. La découverte de ben Laden dans le sac mortuaire m'a irrésistiblement fait penser à la mort d'Ernesto Guevara... joli paradoxe qui voit un révolutionnaire athée et un intégriste musulman devenir des figures christiques !

   Il n'est pas non plus question des trois plus terribles attentats antioccidentaux qui ont succédé à ceux du 11 septembre 2001 : Bali (en octobre 2002), Madrid (en mars 2004) et Londres (en 2005). On pourrait justifier ces omissions en précisant que leurs auteurs avaient des motivations plus nationales qu'internationales. On pourrait aussi relier ces oublis à ce que déclare Maya (dans le film) à l'un des pontes de l'espionnage yankee : tuer ben Laden désorganiserait le réseau d'Al Qaïda et réorienterait sans doute l'action de certains groupes vers des objectifs nationaux. En gros, les Etats-Unis seraient un peu plus peinards, alors que leurs alliés auraient davantage de soucis à se faire...

   Le film nous propose par contre de vivre du côté de la CIA deux attentats dont on a entendu parler, sans en saisir tous les enjeux à l'époque. Cela commence avec l'explosion d'un camion piégé à l'hôtel Marriott d'Islamabad, au Pakistan, en 2008. Présenté à l'époque comme une démonstration anti-occidentale de force, l'attentat semble avoir aussi eu des cibles très précises. Il en est de même avec celui de la base Chapman (en Afghanistan), en 2010. Dans le film, on le sent venir à des kilomètres. Ce manque de subtilité est contrebalancé par l'efficacité de la réalisation (Bigelow avait fait ses preuves avec Démineurs) et la qualité de l'interprétation.

   C'est assez révélateur de l'ensemble du film : un produit bien fichu, documenté, mais très ambigu sur le fond. Le cas de la torture est exemplaire. On nous montre de longues scènes d'interrogatoire ou de mise sous pression. On peut à la fois féliciter la réalisatrice pour sa volonté de montrer la fange dans laquelle certains de ses personnages se vautrent. Mais un mauvais esprit pourrait objecter que la réussite de la traque de ben Laden reposerait, au moins en partie (selon le film), sur ces séances de torture...

   Les amateurs de cinéma sont heureusement servis par plusieurs très bonnes séquences, comme la filature du messager de ben Laden, en pleine jungle urbaine pakistanaise (reconstituée en Inde !), détecteurs ultra-sophistiqués à l'appui. J'ai aussi particulièrement aimé la séquence de l'assaut du refuge pakistanais, filmé de nuit (avec une caméra spéciale) et dans un silence étouffant... à travers lequel, dans un premier temps, on ne perçoit que quelques bruits. Élément positif supplémentaire, le scénario se démarque ici de la version officielle de Washington, pour s'inspirer du récit d'un Navy Seal, ancien membre du commando, qui a révélé que ben Laden a été abattu alors qu'il ne représentait pas de menace directe pour les soldats. Cette expédition était donc bien une vengeance, pas du tout un acte de justice. C'est d'ailleurs l'impression qui se dégageait du titre originel de ce (très) long métrage, "For God and Country".

dimanche, 27 janvier 2013

Alcatraz, suite

   La chaîne NT1 poursuit la diffusion de cette passionnante série... en réduisant la voilure : cette semaine, sur les quatre épisodes programmés, seuls les deux premiers étaient inédits (contre trois samedi 19 janvier). Ils portent les numéros 8 et 10, mais ont été diffusés respectivement en neuvième et huitième positions. L'épisode 9 est programmé samedi prochain. Il est possible que les scènes violentes contenues dans l'épisode 8 aient incité la chaîne à modifier l'ordre de diffusion.

   La soirée a donc commencé avec Clarence Montgomery, l'histoire du seul prisonnier innocent d'Alcatraz, pour lequel l'emblématique et mystérieux directeur va se prendre d'affection :

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   C'est la gastronomie qui va rapprocher les deux hommes dans les années 1960 (notons que, dans la version originale, le directeur souhaite "Bon appétit" aux prisonniers... en français). Cependant, le détenu va être "cuisiné" d'une autre façon, ce qui explique son comportement, lorsqu'il réapparaît en 2012.

   Le scénario de cet excellent épisode semble puiser à de bonnes sources : Orange mécanique bien sûr, mais aussi I comme Icare (ainsi que les recherches de Stanley Milgram). Notons le contexte de ségrégation : les détenus blancs méprisent globalement les Noirs et certains de ceux-ci entendent militer pour leurs droits.

   Le second épisode diffusé samedi, Les Frères Ames, voit ressurgir un drôle de duo... et même un trio, puisqu'un autre échappé de 1963 les rejoint, dans un but bien précis.

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   L'histoire tourne autour de plusieurs mystères, liés aux clés du directeur. Certaines ouvrent un coffre, d'autres une pièce où il semble être le seul à se rendre. On apprend ainsi progressivement que les personnages de 1960-1961 n'en savent pas tous autant sur ce qu'il se passe au sein de la prison. En 2012, Hauser commence à avoir une petite idée de qui se cache derrière ces retours indésirables... mais quel peut être le mobile ?

samedi, 26 janvier 2013

Le Roi du curling

   Quelque part entre les Deschiens et Groland, cette comédie provinciale norvégienne pratique l'humour à froid... ce qui n'est guère surprenant dans ce pays spécialiste des sports d'hiver. Le curling est l'un d'entre eux. Pour les Européens de l'Ouest et du Sud, c'est une curiosité ethnologique, un peu comme le cricket ou le base-ball. Très populaire dans certains pays, on pourrait rapprocher sa pratique de celle de la pétanque ou des quilles chez nous : l'élite goûte peu ces activités sportives, alors qu'elles réclament beaucoup de concentration et d'habileté.

   Ici, le héros, Truls Paulsen, est un monomaniaque qui considère ce sport comme un art. La moindre contrariété peut le faire disjoncter. La première partie du film nous montre donc la déchéance du champion, qui entraîne avec lui les membres de son équipe. Les hommes ont tous (plus ou moins) du bide... et souvent des problèmes psychologiques. Truls est un obsédé du rangement, son numéro 2 n'arrive plus à dormir, un troisième ne pense qu'à observer des oiseaux et le quatrième membre de l'équipe, véritable érotomane, saute sur tout ce qui bouge.

   La deuxième partie du film montre ces gaillards en train de vivoter. On s'attarde tout particulièrement sur Truls, persécuté par sa mégère de femme. (Les séquences de salon, face à la télévision, valent leur pesant de cacahuètes !) Par contre, au boulot, on le ménage. Bourré de cachets, il fréquente un club de parole, où il rencontre un tas de dingos sympathiques... notamment un pépé atteint du syndrome de Tourette et une sorte d'artiste, très mignonne, qui va s'amouracher de lui... on se demande bien pourquoi !

   La troisième partie est celle de la renaissance. Afin d'y parvenir, Truls va devoir s'émanciper de la tutelle de sa femme, remédier au problème de sommeil de son second, récupérer l'ami des oiseaux et canaliser l'énergie sexuelle du dernier acolyte. Le nouveau championnat approche. L'équipe la plus dangereuse est menée par l'éternel rival de Truls, un gros vantard permanenté, qui se prend pour le roi du monde... et que l'acteur norvégien a visiblement pris un grand plaisir à incarner !

   Si le comique de situation basique (et un brin puéril) ne vous rebute pas, si vous avez apprécié un film comme Norway of life, ne ratez pas cette petite comédie, qui réussit à rendre passionnante une partie de curling !

22:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema

lundi, 21 janvier 2013

Alcatraz again

   Samedi 19 janvier, NT1 a diffusé quatre épisodes de la série fantastique, trois nouveaux et un déjà programmé la semaine dernière. La télévision de rattrapage permet de les visionner, au choix, en version originale sous-titrée (proposée dès le début de la mise en ligne) ou en version française (rajoutée à la demande d'internautes habitués à la viande prémâchée).

   Le cinquième épisode (Guy Hastings) tranche sur les précédents parce que, cette fois-ci, ce n'est pas l'un des anciens détenus mais un (ancien) gardien de la prison qui réapparaît 50 ans plus tard. Il connaissait bien le "tonton" de l'héroïne (incarné par Robert Forster), puisqu'il l'a formé à son arrivée à Alcatraz. Les relations sont désormais plutôt tendues entre les deux hommes :

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   On fait ainsi quelques découvertes sur la famille de l'enquêtrice Rebecca Madsen. Le mystère ne s'éclaircit pas pour autant, les rescapés de 1963 semblant ignorer comment ils ont pu traverser les ans sans dommage.

   Dans Paxton Petty, les risques courus sont encore plus grands : le détenu qui débarque est un ancien Marine, expert en explosifs, sans le moindre scrupule :

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   Les retours dans le passé nous permettent d'en apprendre plus sur l'assistante de l'enquêteur en chef du FBI, qui l'a rencontrée lorsqu'il était policier à San Francisco, elle-même officiant comme psychiatre dans la prison. Le problème est que si Hauser (interprété avec talent par le vétéran Sam Neill) a normalement vieilli, elle a gardé le physique de l'époque.

   La tension est à son comble dans Johnny Mc Kee, qui confronte nos héros à un chimiste, devenu un as de l'empoisonnement :

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   Son comportement, de prime abord incompréhensible, s'explique en fait par un profond traumatisme subi à l'adolescence. Cet épisode est aussi l'occasion de retrouver le premier prisonnier récupéré par les enquêteurs, Jack Sylvane. L'agent Madsen profite de toutes les occasions pour tenter d'en apprendre davantage sur son grand-père.

dimanche, 20 janvier 2013

Jean de la Lune

   Je suis un peu comme certains personnages adultes de ce dessin animé : j'avais oublié Jean de la Lune, alors que c'est une figure dont on m'avait parlé dans l'enfance. Mi-extraterrestre mi-humain, il se retrouve sur Terre, pour son bonheur comme pour son plus grand malheur.

   L'unique habitant de la Lune s'ennuie. Voilà pourquoi il quitte notre satellite pour gagner notre planète, où il va faire la connaissance d'enfants (qui ne peuvent s'endormir sans sa présence rassurante), d'un savant fantasque et génial (Ekla des Ombres) et d'un dictateur mégalomane, qui se fait passer pour son ami.

   Cette animation en apparence anodine brasse donc des thèmes importants : l'amitié, la nature, l'ambition, la servilité. Le fil rouge est une voiture américaine, que l'on voit partir d'un cinéma en plein air au début du film (et qui y retourne tout à la fin, je vous laisse découvrir pourquoi).

   On sent que Tomi Ungerer, marqué par les totalitarismes du XXe siècle, a voulu les dénoncer. Il croise le portrait sans concession du dictateur avec un rapide tableau de la société de cour qui l'entoure, l'accent étant mis sur son bras droit, un crétin servile. Une touche d'humour vient à chaque fois ridiculiser la grandiloquence de ces importants : un ours, utilisé comme trophée, statue ou carpette... mais toujours vivant, ce qu'il cherche évidemment à cacher !

   La fantaisie est de mise chaque fois que le scientifique Ekla est à l'écran. Un peu trop naïf, il se fait dans un premier temps manipuler, avant de contribuer au sauvetage du héros.

   L'animation est assez perfectionnée. De prime abord, cela ressemble à certaines productions françaises, avec un côté art-déco. Mais, dès que l'on s'intéresse aux mouvements des personnages, on se rend compte de la méticulosité du travail effectué. La musique d'accompagnement, très variée, est vraiment chouette.

   Petit bémol à mon enthousiasme : le rythme est un peu lent. On aurait pu pratiquer quelques coupes, pour aboutir à un film d'1h20 - 1h25, au lieu d'1h35.

   PS

   Sur le site dédié, on peut télécharger divers documents, notamment un dossier d'images à colorier, pour les enfants.

13:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 19 janvier 2013

Hypocrisie départementale

   La réformette des collectivités locales proposée par le gouvernement Ayrault continue de faire couler beaucoup d'encre. Un récent article de Midi Libre évoque la "fronde" de quatre présidents de conseils généraux ruraux : Haute-Loire, Aveyron, Cantal et Lozère :

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   Ainsi, de gauche à droite, on l'Altiligérien Gérard Roche, l'Aveyronnais Jean-Claude Luche, le Cantalien Vincent Descoeur et le Lozérien Jean-Paul Pourquier. Ces grands défenseurs de l'intérêt général lancent un appel qualifié de "républicain". L'article omet toutefois de préciser que ces quatre élus locaux se situent dans la même mouvance, l'UMP. C'est indéniable pour deux d'entre eux, V. Descoeur et J-P Pourquier, membres du parti de Jean-François Copé et François Fillon.

   C'est plus subtil pour G. Roche, membre de l'UDI. En 2011, il a été réélu conseiller général du canton de Fay-sur-Lignon. Comme Jean-Claude Luche dans l'Aveyron, il a utilisé la mention "majorité départementale". Le ministère de l'Intérieur, à l'époque, ne l'en a pas moins classé dans la catégorie "M", c'est-à-dire "autres candidats de la majorité présidentielle" (celle de 2011). Toutefois, aux sénatoriales de 2011, il a été élu sous l'étiquette "divers droite", opposé notamment à deux candidats UMP. A la haute assemblée, il siège dans le groupe de centre-droit, distinct de l'UMP.

   Cela nous mène à Jean-Claude Luche, un autre divers droite... qui a quitté (officiellement) l'UMP peu avant les cantonales de 2011, quand le bateau a commencé un peu trop à tanguer. Mais, en 2012, entre les deux tours de la présidentielle, lorsque Nicolas Sarkozy est venu tenir un meeting important à Toulouse, les élus aveyronnais de droite (inscrits ou pas à l'UMP) étaient au premier rang pour applaudir chaleureusement leur candidat.

   A l'époque, les quatre présidents de Conseils généraux ruraux n'ont pas fait preuve de la même pugnacité contre la réforme des collectivités territoriales, présentée à tort comme une source d'économies pour les finances publiques. C'était surtout un moyen pour la droite de reprendre le contrôle des régions et de verrouiller les majorités départementales.

   On peut regretter que la réforme proposée par les socialistes et leurs alliés soit d'une grande timidité,  qu'elle ne réduise pas le nombre d'élus locaux, pléthorique dans notre pays. Mais, pour les quatre mousquetaires du monde rural, c'est surtout l'introduction de la parité et le remodelage de la carte des cantons qui est à craindre.

   Quand bien même le nombre des conseillers ne changerait pas, le nombre d'élus de sexe masculin va fortement diminuer. Dans l'Aveyron, les mâles sont au nombre de 36, contre 10 représentantes de l'autre sexe. Ils occupent donc 78 % des postes. En Haute-Loire, le rapport est de 30 contre 5 (soit 85,7 % d'hommes). En Lozère, il est de 22 contre 3 (88 % d'hommes). Le pire est atteint dans le Cantal : 24 hommes pour 3 femmes (89 % de mâles dominants) !

   Comme je l'ai déjà écrit le mois dernier, compte tenu des moyens de communication modernes et de l'amélioration des réseaux routiers, en 2013, un territoire de proximité peut (et doit) avoir une taille plus grande qu'en 1850. Il reste à voir comment le redécoupage va être effectué.

   Derrière ces protestations, on entrevoit un combat d'arrière-garde d'élus de sexe masculin, opposés à l'actuelle majorité et accrochés à leurs "prébendes". Si cette réforme est insuffisante, elle prendra peut-être tout son sens lorsqu'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats sera votée.

   Quant aux élus locaux de droite, ils peuvent se rassurer. Je suis persuadé que la gauche va perdre les élections de 2014 et peut-être celles de 2015. Ils auront donc l'occasion de conserver et même de (re)conquérir de précieux mandats...

vendredi, 18 janvier 2013

Argo

   Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Alors que le film de Ben Affleck vient de recevoir deux Golden Globes ("meilleur film dramatique" et "meilleur réalisateur") et qu'il est sept fois nominé aux Oscar, certains cinémas ont eu la bonne idée de le reprogrammer... ce qui m'a permis de le voir, enfin.

   Même si l'essentiel de l'histoire se déroule à Téhéran, en Iran (les scènes correspondantes ayant été tournées en Turquie), un nombre non négligeable de séquences ont pour cadre soit Washington (et la Virginie), coeur du pouvoir politique états-unien, soit la Californie et Hollywood, coeur du pouvoir culturel yankee. On nous présente deux milieux très contrastés, l'un peuplé de types cassants et engagés dans des luttes d'influence, l'autre de branquignols plus ou moins doués, capables du meilleur comme du pire. Je vous laisse imaginer dans quelle catégorie il faut ranger la CIA... Cela nous vaut quelques moments savoureux, avec de vieux routiers comme John Goodman.

   Le coeur du sujet est la crise des otages. Les scènes de foule iranienne sont particulièrement réussies. Les précieuses anecdotes de tournage du site Allociné nous apprennent que des techniciens ont été mêlés aux figurants. L'impression de réalisme est grande... et, si l'on a déjà vu certaines images d'époque (notamment l'assaut contre l'ambassade américaine), on est frappé par la ressemblance.

   Viennent ensuite les moments plus intimistes, centrés sur les six réfugiés logés chez l'ambassadeur du Canada. C'est le prétexte à un beau portrait de groupe, avec des acteurs très bons, choisis aussi sans doute pour leur ressemblance avec les personnages qu'ils incarnent. (Je conseille de rester à la fin : on nous propose une intéressante comparaison entre les images réelles et certaines, issues du film.) On ne nous cache pas leurs faiblesses, leurs dissensions. Les spectateurs peuvent facilement s'identifier à ces individus qui ne semblent pas sortir de l'ordinaire. L'un d'entre eux, Marek Lijek, a récemment livré son témoignage.

   La dernière partie du film est construite sur le mode du suspens. Ben Affleck y abuse du just in time, que ce soit à propos d'un coup de fil à Hollywood, de la réservation des billets d'avion comme du décollage final, dans une scène dont on sait aujourd'hui qu'elle est complètement inventée. (On pourrait aussi reprocher au scénario d'éviter de dire clairement que l'ambassadeur du Canada, qui a sauvé la mise des six rescapés, était devenu un agent de la CIA.)

   Cela reste un bon divertissement, bien joué, qui manie de manière sensible la pâte humaine. Même s'il glorifie l'Amérique débrouillarde, il a l'honnêteté de ne pas cacher les sujets de mécontement des Iraniens, qui avaient des raisons d'en vouloir à Oncle Sam... et qui (exception faite de l'employée de maison de l'ambassadeur) sont dépeints de manière assez unilatérale dans ce film.

mercredi, 16 janvier 2013

De la neige à Rodez

   Cette fois-ci, ce n'est pas de la poudreuse et, comme les températures sont en baisse (on va se manger du -10°C cette nuit), on peut penser qu'elle va rester un peu en place. En cette fin d'après midi, le quartier de Layoule était plongé dans une brume laiteuse :

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   La vue est plus dégagée sur le Piton, où la cathédrale gagne encore en beauté :

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   De là, on atteint le jardin du Foirail, plongé dans la ouate :

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   Si l'envie vous prend de prolonger la balade, vous aurez plusieurs occasions de voir le viaduc de Bourran (et la voie ferrée au premier plan) :

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   Bravant le froid, le vent, la neige, les véhicules et leur pollution, on dépasse la gare, dont on a un aperçu quasi féérique des Quatre-Saisons :

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mardi, 15 janvier 2013

Tabou

   Depuis plusieurs semaines, il est beaucoup question du film (en noir et blanc) de Miguel Gomes, porté par le bouche-à-oreille des cinéphiles. Il est divisé en deux parties, placées dans l'ordre chronologique inverse.

   On commence donc par suivre la fin de vie d'une vieille dame qui a dû être belle, jadis. Elle perd un peu la tête, mais ne manque pas de caractère... ce qui ne simplifie pas le travail de son auxiliaire de vie cap-verdienne. Une voisine esseulée va se rapprocher d'elle. Il faut s'accrocher un peu pour s'intéresser à cette histoire de petits riens du quotidien. Ce long prologue, pas très bien joué (à l'exception de Laura Soveral, qui incarne l'héroïne), est pourtant nécessaire pour comprendre la suite.

   La seconde partie nous plonge plus de 40 ans en arrière, dans le monde colonial portugais, au Mozambique. A proximité du mont Tabou se sont installés des Blancs, servis par une pléiade de Noirs. Ah, le bon temps des colonies... Ne comptez pas sur ce film pour étudier les rouages de la domination européenne. Il est question de convenances sociales et d'amour (ce qui n'est pas sans rapprocher Tabou d'Anna Karenine, pourtant très différent sur la forme).

   La grande réussite de cette deuxième partie est d'avoir juxtaposé les images, muettes, les sons de l'Afrique, la musique dansante des années 1950-1970 et la narration d'un vieil homme qui fut un jeune amant fougueux. Bien que ne bénéficiant pas des dialogues, on comprend sans problème le déroulement de l'action. Les acteurs sont très expressifs et l'image d'une grande beauté. La musique, qui s'apparente à du twist américano-portugais, est entraînante.

   Le fond est un peu triste, mais c'est une belle histoire.

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lundi, 14 janvier 2013

Alcatraz

   Je suis tombé un peu par hasard (grâce à la télé de rattrapage) sur cette nouvelle série américaine, curieusement diffusée pour la première fois en France par la chaîne NT1 (sorte de sous-TF1 de la TNT). Je me suis lancé dans le visionnage du premier épisode pour quatre raisons :

1) Le principe de l'histoire (la réapparition d'anciens prisonniers 50 ans après, sans qu'ils aient vieilli)

2) La magie dégagée par cette prison emblématique

3) La boîte de production qui est à l'origine de la série (Bad Robot, de JJ Abrams, qui nous a livré Lost -bof- mais surtout Fringe... La musique d'accompagnement ressemble d'ailleurs furieusement à celle de sa grande soeur... et pour cause : Michael Giacchino a signé les deux !)

4) La possibilité de regarder les épisodes en version originale sous-titrée.... Bravo NT1 !

   Des procédés classiques sont à l’œuvre. A l'image de l'Olivia Dunham de Fringe, l'enquêtrice est une jolie blonde téméraire et tourmentée (son enfance est entourée de mystères). Elle est épaulée par un type sympathique et atypique, un obèse érudit génie de la BD (incarné par Jorge Garcia, un ancien de Lost). Évidemment, elle va travailler pour le FBI, en lequel elle n'a pas trop confiance. De curieuses expériences semblent avoir été menées sur l'île. Des retours en arrière récurrents sont chargés d'éclairer des pans du passé.

   Chaque épisode porte le nom de l'un des détenus disparus lors de la fermeture, en 1963, qui réapparaît de nos jours, travaillé par les mêmes pulsions destructrices qu'il y a 50 ans... et chargé (par on ne sait qui) de missions secrètes, dont on ne comprend pas -pour l'instant- les tenants et les aboutissants.

   Dans Jack Sylvane, on découvre la cruauté d'une partie du personnel pénitentiaire des années 1960. On assiste aussi à la formation de la petite équipe hétéroclite qui va mener l'enquête à notre époque. Accessoirement, on nous fournit une étrange information à propos du passé de l'héroïne Rebecca Madsen (Sarah Jones, épatante).

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   Dans Ernest Cobb, on suit la nouvelle carrière d'un sniper asocial et bourré de tics ; on se rend compte à quel point il a dû ruser dans son ancienne vie de prisonnier :

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   Dans Kit Nelson, il question de la réapparition d'un tueur d'enfant. Cela donne un petit côté Esprits criminels à cet épisode, qui révèle (en partie) le traumatisme subi par le coéquipier de l'enquêtrice durant son enfance. La meilleure séquence est toutefois située dans le passé : c'est l'entretien que le directeur de la prison a avec le criminel, dans une cellule du mitard éclairée -par intermittences- par une allumette craquée :

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   Le quatrième épisode, Cal Sweeney, nous présente un roi de l'arnaque, qui embobine aussi facilement les femmes qu'il pénètre les coffres. Cette virtuosité contraste avec un passé particulièrement tumultueux au sein d'Alcatraz, où il fut lui-même roulé dans la farine :

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   A vous de juger mais, franchement, depuis le lancement de Fringe, c'est la meilleure surprise que la télévision nous ait offerte.

dimanche, 13 janvier 2013

Anna Karenine

   C'est une nouvelle adaptation du roman de Léon Tolstoï, cette fois-ci par Joe Wright, un Britannique qui a aussi une formation théâtrale. C'est la principale originalité de ce film : il se déroule sur plusieurs plans, certains d'entre eux étant symbolisés par des décors de théâtre.

   C'est ce qui m'a longtemps fait hésiter. Finalement, c'est très réussi. Je redoutais un procédé trop conceptuel, associé à une esthétique cheap. C'est en fait brillamment mis en scène et les décords sont somptueux. Evidemment, le numérique est passé par là, qui facilite la transition entre scène de plateau et scène (supposée) d'extérieur.

   Du coup, on passe un très bon moment, au plaisir des yeux s'ajoutant la qualité du jeu des acteurs. On sent que Keira Knightley s'est beaucoup investie dans le rôle-titre. Je ne peux toutefois m'empêcher d'être irrité par ses moues d'enfant gâtée (et comme les gros plans sont légion...). On note qu'elle est souvent vêtue de noir ou de couleurs proches du rouge, alors que les femmes de la "bonne société" sont habillées de blanc ou de beige.

   D'autres interprètes féminines sont tout aussi remarquables : Emily Watson (appelée désormais à jouer les rombières), Kelly McDonald (à suivre), Ruth Wilson... et surtout Alicia Vikander, qui confirme tout le bien que l'on pensait d'elle depuis A Royal Affair.

   Je n'ai par contre guère apprécié l'interprétation du comte Vronski par Aaron Johnson. Certes, le personnage est censé être un peu falot par rapport à l'impétueuse Anna, mais je trouve sa composition trop convenue. Il était meilleur dans Albert Nobbs. Du côté masculin, c'est Jude Law qui impressionne. Il casse son image, incarnant un cocu magnifique, dévot à l'extrême.

   L'ensemble est très agréable. On peut se laisser porter par cette histoire d'amour tragique. On peut aussi s'intéresser au tableau de la société russe de la deuxième moitié du XIXe siècle. Les femmes y sont soumises à une étiquette rétrograde et les pauvres subissent la domination de l'aristocratie. Le tourbillon révolutionnaire ne s'est pas encore formé, mais on en distingue les prémices.

   De surcroît, l'intrigue croise habilement l'histoire de trois couples : Anna et Vronski, celui constitué par le frère d'Anna (un libertin impénitent) et son épouse (allègrement trompée) et celui, porteur d'espoir, que finissent par former Kostya et Kitty).

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samedi, 12 janvier 2013

Un discours palpitant

   C'est sans doute celui qu'a prononcé le président du Conseil général de l'Aveyron, Jean-Claude Luche, à l'occasion de la présentation de ses voeux pour l'année 2013. L'ai-je entendu pour pouvoir affirmer qu'il a passionné les foules ? Non. Je me suis fondé sur les photographies prises à l'occasion et rendues publiques. Deux d'entre elles ont attiré mon attention, celle publiée dans Le Ruthénois de cette semaine...

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   ... et celle mise en ligne sur le nouveau site du Conseil général (qui avait bien besoin d'un petit toilettage, ne serait-ce qu'au niveau de la présentation des élus) :

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   Commençons par cette deuxième image. On remarque que le couple Luche est placé au centre, à égale distance de deux "poids lourds" de la majorité départementale, le député Alain Marc et le maire de Sébrazac Jean-Claude Anglars. (Bien que ne la connaissant pas, je pense que la femme à l'écharpe est l'épouse de J-C Luche : elle était déjà présente à ses côtés dans la cathédrale de Rodez, lors de l'ordination du nouvel évêque.)

   Donc, de gauche à droite, on a : Alain Marc, Jean-François Gaillard (élu de Nant et pilier de la majorité), la préfète Cécile Pozzo di Borgo (dont on ne peut pas dire qu'elle ait fait preuve d'une grande hostilité à la majorité départementale depuis son arrivée dans l'Aveyron), Jean-Louis Grimal (élu de Salles-Curan et vieux routier de la politique aveyronnaise), Simone Anglade (élue d'Espalion qui, malgré sa grande taille, est masquée par son président), Alain Pichon (de Pont-de-Salars), Bernard Burguière (de Conques... et plus discret que nombre de ses collègues), Arnaud Viala (de Vezins-de-Lévézou), Annie Bel (de Saint-Sernin-sur-Rance), qui voisine Jean-Claude Anglars, derrière lequel il me semble distinguer Michel Costes (de Rieupeyroux), conversant discrètement avec peut-être Jean-Claude Fontanier (de Saint-Chély-d'Aubrac).

   Tout ce beau monde est au garde-à-vous, aux côtés de Jean-Claude Luche... quoique... En y regardant de plus près, il semble que J-F Gaillard et J-L Grimal fixent quelque chose sur leur gauche. On note aussi la joie profonde qui émane du visage d'Arnaud Viala. On comprend mieux en revoyant la photographie publiée dans Le Ruthénois :

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   Les propos du président du Conseil général ne semblent visiblement pas passionner l'élu de Vezins, plus intéressé par son téléphone portable (un smartphone, n'en doutons pas). Voilà qui paraît irriter J-L Grimal au plus haut point... mais il n'est pas le seul à s'en étonner.

   Vu la tronche de dix kilomètres que tire Arnaud Viala sur l'autre photographie, quatre possibilités s'offrent à nous :

1) La photo du site du Conseil général a été prise avant celle du Ruthénois ; c'est parce qu'il s'ennuyait ferme (et peut-être parce qu'il avait été contraint de s'habiller "classieux") qu'A. Viala faisait cette tête ; c'est donc pour rompre l'ennui qu'il s'est ensuite jeté sur son téléphone. (Hypothèse peu vraisemblable compte tenu de l'attitude de certains conseillers généraux.)

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2) La photo du Ruthénois a été prise avant ; A. Viala, en consultant ses messages, a appris une très mauvaise nouvelle, ce qui explique son air malheureux sur l'autre photographie. (Hypothèse un peu tirée par les cheveux.)

3) La photo du Ruthénois a bien été prise avant, mais, l'air malheureux d'A. Viala sur la seconde image s'explique parce qu'entre temps, il s'est fait rappeler à l'ordre pour son attitude négligée. (Hypothèse crédible.)

4) A. Viala ne s'est pas fait rappeler à l'ordre ; il a bien consulté ses messages, mais il continue à s'ennuyer. (Hypothèse féérique... mais après tout pourquoi pas ?)

   La photographie du Ruthénois nous permet de découvrir une autre partie de la troupe assemblée autour de Jean-Claude Luche. A posteriori, on se rend compte que, pour le site du Conseil général, "on" a choisi de "couper" les élus de gauche comme le sénateur Stéphane Mazars et le conseiller de Villefranche-de-Rouergue Eric Cantournet, quitte à exclure du cadre deux fidèles de Luluche : Jean-François Albespy (élu d'Entraygues-sur-Truyère) et Christophe Laborie (de Cornus).

   Aveyron, ton univers impitoyable !

vendredi, 11 janvier 2013

Z Minus n°4

   Ce numéro (celui de décembre-janvier) risque d'être le dernier : les ventes ne sont pour l'instant pas suffisantes. La société éditrice est en déficit. Bref, la situation est grave... et pourtant, ce périodique satirique est bourré de talent.

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   Cela commence dès la "une", avec un strip en bas de page consacré à un sujet brûlant, détourné avec un talent indéniable :

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   Les traditionalistes de tout poil devraient pourtant se réjouir que les homosexuels cherchent à se marier et élever des enfants : ils ont envie de faire les mêmes conneries qu'eux ! Mais il y a un gros non-dit que personne n'ose évoquer dans le débat. Dans l'esprit de beaucoup de gens, homosexuel (homme) = pédophile. Ce n'est pas tant le mariage qui rebute la population (qui y serait massivement favorable apparemment) que la possibilité d'adopter. Et pourtant... quiconque suit depuis un petit moment la chronique judiciaire peut constater que, bien au contraire, les auteurs d'abus sexuels sur les enfants sont des adultes hétéros (souvent d'ailleurs des membres de leur famille "génétique"). C'est donc plutôt aux hétérosexuels qu'il faudrait interdire d'avoir des enfants...

   Les amateurs de reportage BD seront servis dans ce numéro, avec une page consacrée aux opposants à l'aéroport de Notre-Dame des Landes. Un peu plus loin, Thibaut Soulcié en consacre un (émouvant) à un paysan de Sologne... son père.

   Souvent, une seule image suffit à tourner en dérision un sujet d'actualité dramatique, comme les assassinats à répétition en Corse :

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   Plus loin, en trois cases, Pakman marie les genres pour évoquer une tragique affaire d'abus sexuels dans une discipline sportive très médiatisée.

   Certaines productions jouent plus sur la recherche graphique, comme la mini-histoire de Mathieu Z, qui a pour cadre la conquête espagnole de l'Amérique.

   Il est bien évidemment très souvent question de cul, comme sur la page de Rémy Cattelain, intitulée "L'histoire à Régis". C'est toutefois un peu trop bavard à mon goût. Je préfère les productions chocs de Berth :

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   A mi-chemin des deux, on trouve des strips grand format, étalés sur une double-page. Il y est notamment question de la fin du monde... avec des connotations sexuelles, bien entendu.

   Dans le genre cradingue et dérisoire, j'aime aussi les aventures du pauvre Klebs, par Giemsi :

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   Dans le supplément "Le Chakipu", les amateurs d'humour macabre liront avec plaisir plusieurs historiettes ayant pour cadre la mort. J'ai adoré la parodie de film américain, dans laquelle un soldat n'en finit pas de mourir :

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   Je ne vous ai pas mis la fin. Pour la découvrir, courez acheter Z Minus !

13:33 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, humour, bd

jeudi, 10 janvier 2013

Deux légionnaires de plus

   Deux noms ont échappé à ma vigilance lorsque, la semaine dernière, j'ai épluché la liste des nouveaux promus aveyronnais dans l'ordre de la Légion d'honneur... et, pour l'un des deux, je suis (presque) impardonnable. Ma seule excuse est que je me suis concentré sur les nouveaux nommés, c'est-à-dire les chevaliers. Mon regard est passé très vite sur les plus haut gradés... ce qui m'a fait rater Catherine Painvin, créatrice jadis de Tartine et Chocolat (une chaîne de boutiques de vêtements pour enfants), aujourd'hui gérante d'un établissement de chambres d'hôte dans le village d'Aubrac.

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   Comme Christian Braley et Manuel Cantos, elle est nommée au titre de la "promotion du travail". C'est dans cette même catégorie que figure un autre nouveau chevalier aveyronnais, Michel Poux :

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   Je ne connaissais pas ce chef d'entreprise, fondateur de la SOFOP (Sud-Ouest Fabrication d'Outillages de Précision), société qui elle est assez renommée. Aujourd'hui, c'est son fils Grégory qui a repris le rênes de la boîte.

   Pour la petite histoire : quand le quotidien Midi Libre avait demandé à ses lecteurs d'élire celui qui était pour eux le chef d'entreprise emblématique de l'Aveyron, Grégory Poux avait été inclus dans les douze propositions :

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dimanche, 06 janvier 2013

Les Bêtes du Sud sauvage

   Ce film surprenant mêle deux registres : la chronique sociale (réaliste) et le conte (fantastique). L'histoire se déroule dans le Sud de la Louisiane, qui n'a pas totalement pansé les plaies de l'ouragan Katrina. Les héros évoluent dans le bayou, entre La Nouvelle-Orléans et le Golfe du Mexique. La pêche et l'élevage de poules sont les principales source d'alimentation.

   L'accent est mis sur les relations compliquées entre un père débrouillard et autoritaire et sa jeune fille, Hushpuppy, dont le tempérament cache une grande détresse : le manque d'affection, le père n'étant pas démonstratif et la mère n'étant plus là, pour on ne sait quelles raisons. Ces deux personnages sont incarnés (avec talent) par des acteurs non professionnels : l'homme était boulanger et la gamine a été sélectionnée parmi 4 000 candidates !

   Le quotidien est fait de crasse et de tensions. On se croirait dans le Tiers Monde. Les adultes picolent sec, mais ils n'ont pas l'alcool mauvais. Ils vivent leur petite vie, à l'écart de la grande Amérique. L'arrivée d'un ouragan bouleverse cette routine. On suit ceux qui sont restés, notamment le père et la fille, en plein conflit (le père a de plus en plus de mal à dissimuler sa maladie). On constate l'étendue des dégâts.

   Les scènes hyper-réalistes alternent avec des moments oniriques. Il semble que ce soit la petite fille qui imagine l'arrivée d'aurochs (plutôt des porcs sauvages, en fait). On se demande alors si les bêtes du titre sont ces animaux-là ou si ce n'est pas la métaphore des rapports humains (ou la vision que les autres habitants ont de la petite troupe qui vit dans son coin).

   Le monde réel rattrape nos héros. On veut faire leur bien malgré eux : les enlever de la zone dangereuse et les intégrer à la "civilisation". Le réalisateur prend clairement parti contre cette politique. Je l'ai trouvé un peu naïf dans sa présentation de la vie solidaire de ces nouveaux Robinsons.

   Les images n'en sont pas moins belles, que ce soient les vues du bayou que les scènes d'intérieur, avec les gros plans de la nourriture. La séquence la plus réussie est pour moi celle qui est liée à l'île-cabaret, où les enfants finissent par se rendre. Ils y découvrent une ambiance plus tendre, filmée dans des tons plus chauds.

   C'est donc globalement bien fichu mais, sur le fond, complaisant avec cette vie de pauvreté farouche qui offre peu de perspectives  d'avenir aux enfants.

15:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 04 janvier 2013

L'affaire DSK "inoubliable"

   Les téléspectateurs de TF1 ont peut-être ressenti un effet de "déjà vu" mercredi soir, lorsqu'ils ont regardé le troisième épisode de la première saison d'une nouvelle série américaine, Unforgettable ("Inoubliable", en français).

   En effet, la (charmante) enquêtrice épaule la police dans une affaire délicate. Dans la chambre d'un hôtel assez classieux, on a retrouvé un homme mort, en peignoir :

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   Voici ce à quoi ressemble l'arme du crime :

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   Bande de cochons... Je sais à quoi vous avez pensé ! C'est une oeuvre d'art, voyons !

   Dans un premier temps, la police pense que c'est une femme de chambre qui a fait le coup :

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   Sur cette image de la vidéosurveillance, on la voit sortir en courant de la chambre de la victime, bouleversée, la blouse défaite. Quand on finit par entendre son témoignage, le doute n'est plus possible :


   Ainsi, après New York, Unité Spéciale, une nouvelle équipe de scénaristes série s'est donc inspirée de l'affaire du Sofitel pour écrire l'intrigue de l'épisode d'une série policière.

   Plusieurs différences sont toutefois à relever. Tout d'abord, la "rencontre" entre les deux principaux protagonistes se termine de manière plus dramatique pour l'homme que pour la femme de chambre (qui a sans doute échappé au viol). De plus, la tentative d'escroquerie évoquée dans la suite de l'épisode (vision complotiste de l'affaire) ne porte que sur 200 000 dollars (à peine plus de 150 000 euros au cours d'aujourd'hui). L'homme était toutefois prêt à payer... comme celui dont on pense qu'il a fini par lâcher au moins 6 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites civiles. Si, dans les deux affaires, la jeune femme est aidée par un autre homme, il s'agit ici d'un Blanc. Notons enfin que la femme de ménage est originaire de République Dominicaine et non de Guinée, comme Nafissatou Diallo. (Aux Etats-Unis, les Hispaniques sont dans une situation proche des immigrés africains en France.)

   Revenons un peu sur cette nouvelle série, pour terminer. Elle est distrayante, sans plus. Les fans de FBI : portés disparus y retrouvent avec joie Poppy Montgomery, dont on peut souligner l'évolution. Dans FBI, elle incarnait une jolie et gentille blondasse, qui servait un peu trop de faire-valoir aux acteurs masculins, notamment à Anthony LaPaglia. Ici, elle tient le rôle principal... et elle est rousse :

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   Ce changement d'apparence me semble symptomatique des idées préconçues des scénaristes américains : la blondeur est associée, chez une femme, à un caractère plutôt effacé et la rousseur à un fort tempérament. On retrouve cette dichotomie dans une autre série (géniale, celle-là), Fringe, à travers les deux Olivia Dunham, incarnées par la même actrice (australienne, comme Poppy Montgomery, tiens donc !), Anna Torv :

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   L'Olivia de "notre" monde est la blonde, la complexée, la torturée. La rouquine est l'Olivia du monde parallèle, plus rentre-dedans... y compris avec les mecs.

   Il semble que les scénaristes d'Unforgettable se soient inspirés de ce personnage pour construire celui de Carrie Wells : atteinte d'hypermnésie, elle possède en quelque sorte un super-pouvoir, qui la rend très utile dans une enquête policière. Elle est aussi tiraillée par un drame de son enfance, qu'elle tente d'élucider. Reste qu'ici, les ambitions sont plus modestes : il n'est pas question de sauver le monde, juste d'élucider des meurtres.

jeudi, 03 janvier 2013

Cogan

   ... Killing them softly, en version originale ("Les tuer gentiment"). Brad Pitt incarne un tueur expérimenté, qui sert d'intermédiaire, d'entremetteur quand des situations compliquées se présentent. L'intrigue est limpide : un duo de jeunes cons veut se faire de la thune facilement. Il est engagé par un commerçant malin. Ils commettent l'erreur de braquer un tripot : les truands qu'ils ont dévalisés vont vouloir se venger.

   On suit donc la pente inexorable qui mène à l'exécution des trois voleurs. L'originalité du film est de nous montrer la genèse des contrats qui vont porter sur leurs têtes. On suit les négociations, puis les discussions entre acteurs de la vengeance. On aboutit enfin à quelques scènes violentes, mises en scène avec une grande minutie (marque de fabrique du réalisateur), de manière presque clinique. Il n'y a rien de trop dans ces moments sanglants, mais il ne manque rien non plus.

   On sent qu'Andrew Dominik (injustement encensé pour L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) a vu et apprécié les films de Quentin Tarantino. Mais il n'en a pas la verve, le souffle, même s'il ne manque pas d'habileté. Du coup, par moments, on se désintéresse de cette histoire de truands pour se pencher sur les rapprochements effectués avec le fonctionnement de l'économie américaine. (Des extraits de journaux télévisés sont régulièrement insérés dans le cours de l'action, ou simplement diffusés en fond sonore.)

   De manière assez attendue, le déclenchement de la crise financière (l'action se déroule pendant la campagne présidentielle d'octobre-novembre 2008) est montré comme le résultat de l'action de financiers voyous. Plus intéressant est le parallèle tracé dans l'autre sens. En effet, à cause du braquage des deux jeunes cons, c'est toute l'économie (clandestine) des tripots qui est menacée. Il faut d'urgence restaurer la confiance, quitte à s'en prendre à celui qui, bien que n'étant pas coupable, passe pour l'être aux yeux de la majorité.

   Vu que les dialogues occupent une part importante de "l'action", je conseille de voir le film en version originale. Les acteurs sont très bons. On retrouve une brochette d'habitués des seconds rôles (James Gandolfini, Richard Jenkins, Ray Liotta...). Le mélange du polar et de l'analyse politico-économique ne fonctionne toutefois qu'à moitié. C'est un peu trop verbeux.

13:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 01 janvier 2013

Une nouvelle légion de décorés

   Le Journal Officiel du 1er janvier 2013 contient une série de décrets prouvant que, sous la gauche comme sous la droite, on aime distribuer (et recevoir) les breloques. (La première promotion "hollandienne" remonte au 14 juillet 2012.) En cherchant bien j'ai trouvé, dans le quatrième décret, quatre noms qui ne sont pas inconnus des Aveyronnais.

   C'est page 3 que l'on trouve le premier d'entre eux,  Robert Garrigues :

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   Il est nommé chevalier sur le contingent du Premier ministre. Comme l'indique le texte, il dirige la DDCSPP de l'Aveyron. Auparavant, ce Villefranchois d'origine a été Directeur Départemental de la Jeunesse et des Sports.

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   Un peu plus bas, sur la même page, on remarque le nom de Christian Braley. Il est nommé chevalier au titre de la "promotion du travail".

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   Il a fondé une entreprise de retraitement des déchets. On lira avec profit le portrait que lui a consacré La Dépêche du Midi en décembre 2008.

   Quelques lignes plus loin, on tombe sur Manuel Cantos, président de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de l'Aveyron, ancien président du Tribunal de commerce, qui s'était fait connaître dans l'activité de blanchisserie, sur Decazeville.

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   Aujourd'hui, la famille Cantos s'est orientée dans le secteur des énergies renouvelables (éoliennes, centrales hydroélectriques, parcs photovoltaïques), sous la marque Ondulia, comme nous l'apprend un passionnant dossier publié dans la revue Systèmes solaires, le journal des énergies renouvelables.

   C'est page 22 que j'ai trouvé le quatrième nom, celui de l'ancien député (et maire de Villefranche-de-Rouergue) Jean Rigal :

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   Il est nommé chevalier de la légion d'honneur sur le contingent de la ministre de la Décentralisation, l'ex-sénatrice aveyronnaise Anne-Marie Escoffier, membre du Parti Radical de Gauche comme lui.

Les "Riton" 2012

   Pour la septième fois consécutive, je me suis efforcé de construire mon palmarès annuel. Il a fallu faire des choix parfois difficiles, tant le nombre de films qui m'ont plu est grand. J'ai gardé ceux qui m'ont laissé la plus forte impression, ou qui ont fait preuve d'originalité. Cela donne un florilège d'une cinquantaine de longs-métrages, que j'ai classés de la manière suivante.

 

   Dans la catégorie "film d'animation" :

- Riton du meilleur film pour adultes : Le Magasin des suicides

- Riton de la meilleure fantaisie historique : Zarafa

- Riton du meilleur conte : Le Jour des corneilles ex aequo avec Rebelle

- Riton du meilleur film transculturel : Couleur de peau : miel

- Riton de l'animation japonaise : Les Enfants Loups ex aequo avec La Colline aux coquelicots

- Riton du meilleur Burton : Frankenweenie

- Riton de la meilleure poursuite de série : L'Age de glace IV

- Riton de la pâte à modeler : Les Pirates, bons à rien, mauvais en tout

 

   Dans la catégorie "comédie" :

- Riton de la meilleure satire politique : The Dictator

- Riton du meilleur film antiaméricain : God Bless America

- Riton de la comédie la plus malsaine : Touristes

- Riton de la comédie sans complexes : 2 days in New York

- Riton de la comédie décalée : Adieu Berthe, ou l'enterrement de mémé

- Riton de la comédie farfelue : Camille redouble

- Riton de la comédie qui ne paie pas de mine : Radiostars

- Riton de la comédie nostalgique : Stars 80

 

   Dans la catégorie "film d'époque" :

- Riton du film de rebelles du peuple : Les Chants de Mandrin

- Riton du film de rebelles de l'élite : A Royal Affair

- Riton du film d'amour contrarié : Les Hauts de Hurlevent

- Riton du film "de qualité française" : Augustine

- Riton du film favorable au "mariage pour tous" : Albert Nobbs

- Riton du film clitoridien : Oh my God !

 

   Dans la catégorie "conflits contemporains" :

- Riton du film évoquant la guerre d'Espagne : Insensibles

- Riton du film évoquant la Seconde guerre mondiale : Aloïs Nebel

- Riton du film mettant à jour un aspect méconnu de la Shoah : Sous la ville

- Riton du film évoquant la Guerre Froide : La Dette

- Riton du film radioactif : La Terre outragée

- Riton du film eastwoodien : J Edgar

 

   Dans la catégorie "Proche et Moyen Orient"

- Riton du film choc : Incendies

- Riton de la comédie sociale drôlatique : La Vierge, les Coptes et moi

- Riton du film féministe : Les Femmes du bus 678

- Riton du polar islamique : Une Famille respectable

 

   Dans la catégorie "société actuelle" :

- Riton du film sur la crise financière : Margin Call

- Riton du film sur le troisième âge : Robot and Frank

- Riton du film sur l'émigration africaine : La Pirogue

- Riton du film sur les défis de l'intégration : La Désintégration

- Riton du meilleur biopic : Cloclo

 

   Dans la catégorie "documentaire" :

- Riton du film qui donne envie d'aller à l'opéra : Traviata et nous

- Riton du film qui a donné le goût du théâtre : César doit mourir

- Riton du film qui donne faim : Entre les Bras

- Riton du film qui donne envie de visiter la Scandinavie : Jon face aux vents

- Riton du film qui donne envie d'adopter un chat : Félins

- Riton du film qui donne envie de meugler : Bovines

 

   Dans la catégorie "polar - film d'action" :

- Riton du film sur la lâcheté : 38 témoins

- Riton du film sur les trafiquants de drogue : Miss Bala

- Riton du film de baston : Avengers

- Riton du film d'espionnage : Skyfall

- Riton du film d'anticipation : Looper

- FILM DE L'ANNEE : Bullhead

 

   Pour les amateurs de drogue dure :

- les Riton 2011

- les Riton 2010

- les Riton 2009

- les Riton 2008

- les Riton 2007

- les Riton 2006

17:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film