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dimanche, 08 février 2015

La Nuit au musée 3

   On retrouve Ben Stiller et sa bande de potes pour le troisième volet de leurs aventures (plus ou moins) délirantes. Cette fois-ci, le relais est passé d'un musée américain au British Museum de Londres. La séquence inaugurale (tout comme la finale) ne s'en déroule pas moins aux Etats-Unis. Elle pose le problème et s'achève par un beau bordel !

   Mais les meilleurs moments comiques sont réservés aux épisodes britanniques. Cela commence quand Larry (Ben Stiller, sobre, presque trop) découvre quels sont ceux de ses compagnons qui ont réussi à se joindre à lui. Par contre, l'introduction du personnage de la gardienne stupide n'est pas une réussite. Ses interventions sont en général assez bas de plafond et ne m'ont pas fait rire, sauf avec le Néandertal Laaa.

   Ce dernier est l'une des agréables nouveautés de ce volet. Il ressemble étrangement au gardien et le considère comme son père. Cela nous vaut plusieurs moments réussis, notamment un dans la cuisine du British Museum. Quant au personnage de Lancelot (bien interprété par Dan Stevens), il est doté d'un certain allant. Il apporte parfois une touche comique inattendue mais, comme les scénaristes l'ont utilisé pour faire rebondir l'intrigue, il a aussi un rôle négatif, ce qui rend son image moins lisible. (Il est un peu à l'image de l'opinion que les Américains ont de leurs cousins britanniques.)

   Les meilleurs gags sont liés aux personnages classiques. L'adorable et facétieux capucin Dexter, comme on a pu le voir dans la bande-annonce, sait utiliser ses liquides corporels fort à propos. Il est toujours aussi stupéfiant d'humanité dans sa gestuelle... et très émouvant sur la fin, quand il dit adieu au gardien.

   J'ai aussi beaucoup aimé retrouver les deux hommes miniatures (le cowboy et le légionnaire), incarnés avec gourmandise par Owen Wilson et Steeve Coogan, ce dernier très ambigu quant à sa sexualité... (Les spectateurs attentifs remarqueront les quelques allusions qui passeront au-dessus de la tête des bambins.)

   Comme les effets spéciaux sont chouettes (peut-être meilleurs que dans le premier volet) et la musique entraînante, on passe un bon moment et on est indulgent pour les faiblesses du film (notamment les dialogues). On peut aussi se passer de la leçon de morale familiale et se sentir plus touché par la prestation de Robin Williams en Théodore Roosevelt. A un moment de l'histoire, il demande au gardien, de manière prémonitoire, de les "laisser partir" (c'est-à-dire mourir). De retour aux États-Unis, il est le dernier personnage animé à se figer pour l'éternité.

   P.S.

   Le site officiel propose quelques jeux sympatoches.

12:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 07 février 2015

Souvenirs de Marnie

   Cette production du studio Ghibli (coproduite par Disney !) est signée Hiromasa Yonebayashi, un nom qui ne vous dit sans doute pas grand chose... mais sachez qu'il est le réalisateur d'Arrietty, un petit bijou d'animation sorti il y a quelques années. Auparavant, il a fait ses premières armes aux côtés d'Hayao Miyazaki : il a eu en charge les effets visuels du splendide Voyage de Chihiro.

   On retrouve la qualité de l'animation (même si l'on n'atteint pas tout à fait la virtuosité du maître Miyazaki). Soyez notamment attentifs aux mouvements, ceux des humains comme ceux des objets : par exemple, quand l'héroïne Anna tourne les pages de son cahier de dessins ou quand le couple qui l'héberge pour les vacances se trouve à table (les mouvements de baguettes sont rendus avec un réalisme stupéfiant). Ces dernières scènes sont tellement réussies qu'elles mettent en appétit ! Voilà donc un film à voir juste avant un bon resto.

   L'histoire semble hyper classique au premier abord : une orpheline de douze ans connaît des problèmes de santé et elle a du mal à s'intégrer à sa nouvelle école, où l'a inscrite sa mère adoptive. On l'envoie à la campagne, en bord de mer. C'est là qu'elle va faire des rencontres déterminantes. La plus importante d'entre elles est celle de Marnie, aussi blonde qu'Anna est brune, aussi intrépide qu'Anna est timorée.

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   Une belle amitié se développe, dans un contexte mystérieux. C'est le soir et la nuit que les deux enfants se rencontrent, lorsque le manoir isolé, où habite Marnie, s'illumine. Mais le jour, il semble abandonné.

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   On commence à se poser des questions. Anna est-elle atteinte d'une maladie mentale, ou bien quelque chose de surnaturel est-il à l'oeuvre dans cette zone marécageuse ? Qui est réellement Marnie par rapport à Anna ? Des indices nous sont donnés, en particulier dans quelques scènes très courtes, celles des rêves d'Anna.

   D'autres personnages vont contribuer à éclaircir le mystère : le pêcheur muet, l'aquarelliste âgée et la nouvelle voisine, une gamine à lunettes curieuse comme tout, qui introduit un peu d'humour dans cette histoire mélancolique. Y contribuent aussi les époux qui accueillent Anna, un duo bienveillant et assez truculent, dans la tradition de l'animation japonaise.

   Cela donne un ensemble hétéroclite, étrange, émouvant et drôle à la fois, sur un rythme qui m'a toutefois paru un peu lent.

12:33 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 06 février 2015

Taken 3

   Olivier Megaton et Luc Besson ont remis le couvert sur les aventures de l'ancien agent de la CIA Bryan Mills (le premier volet ayant été réalisé par Pierre Morel). Pour accompagner Liam Neeson, on retrouve, côté féminin, la charmante (mais parfois transparente) Maggie Grace et (au début uniquement) Famke Janssen, qui a eu l'obligeance de se libérer entre deux aventures des X-Men. Côté masculin, Leland Orser (un vétéran des séries télévisées) apporte une touche de fantaisie.

   Au niveau du casting (si on laisse du côté les méchants plus ou moins caricaturaux), la nouveauté est l'arrivée de Forest Whitaker, qui semble débarquer d'un épisode de Criminal Minds: Suspect Behavior (pour ceux qui connaissent).

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   Il incarne (habilement) un enquêteur atypique... mais les scénaristes ont veillé à ce qu'il ne prenne pas trop de place dans l'intrigue (tout comme les autres personnages "secondaires"). La vedette est et doit rester Liam Neeson.

   Le héros a un peu vieilli. S'il est en grande forme pour quelqu'un qui a dépassé soixante ans, à plusieurs reprises, on sent qu'il est un peu "juste" pour incarner une machine à tuer. Les scènes d'action n'en sont pas moins plaisantes, à commencer par la première poursuite, au montage haletant. Les bagarres sont assez convaincantes, si l'on supporte le fait que le héros ne soit touché par quasiment aucune balle des méchants, alors que plusieurs d'entre eux sont des professionnels aguerris.

   Autre point positif du film : les décors. J'ai particulièrement apprécié la tanière du héros et l'hôtel de luxe ultra-sécurisé où séjourne le chef mafieux. Ce bâtiment est d'ailleurs le théâtre de l'une des plus belles séquences. Les amateurs d'action pure apprécieront aussi l'introduction d'un avion, tout à la fin.

   Mais, même si on laisse de côté certaines invraisemblances, le film souffre d'un autre défaut : la médiocrité des dialogues (dans la version française), en particulier ceux qui accompagnent les scènes intercalées entre les moments d'action. Si l'on est indulgent, l'ensemble constitue un divertissement très correct, mais moins abouti qu'Equalizer, par exemple.

11:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 03 février 2015

Charlie's country

   Le pays de Charlie est l'Australie... enfin, c'est le nom que les colons venus d'Europe lui ont donné. Lui appartient au peuple d'origine, ces Aborigènes nomades, chasseurs-cueilleurs-pêcheurs, qui ont aujourd'hui souvent oublié qu'ils vivaient jadis en harmonie avec la nature.

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   On découvre d'abord notre héros dans sa vie quotidienne, toujours à joindre les deux bouts, bricolant de-ci, de-là, pas toujours dans la légalité... et prenant parfois un malin plaisir à rouler ces "White bastards" (je vous laisse le soin de traduire). On remarque d'ailleurs que lui et ses vieux potes (tout aussi barbus, chevelus... et grisonnants que lui) ne pratiquent aucune discrimination dans ce domaine, arnaquant aussi bien des trafiquants de drogue que des membres des forces de l'ordre.

   Pour des raisons que je vous laisse le soin de découvrir, Charlie décide de tenter le retour à la nature et à la terre de ses ancêtres. Cela ne se passe pas tout à fait comme il l'avait envisagé, d'autant plus qu'il n'est plus le jeune homme vigoureux qui était capable d'avaler des dizaines de kilomètres à la suite (à pieds, bien évidemment). Si vous ajoutez à cela une tendance un peu trop prononcée à la fumette, personne ne s'étonnera qu'un séjour en hôpital se profile à l'horizon.

   L'homme du bush va curieusement se fixer en ville et rejoindre une communauté d'aborigènes glandeurs et alcooliques, symboles de la décadence de son peuple. Le second choc arrivera bien vite. Il va conduire le héros dans un lieu encore plus éloigné de ses préoccupations quotidiennes. Superbe est la scène de la tondeuse, qui transfigure Charlie. Paradoxalement, cet épisode, marqué par la répétition et la monotonie des journées, va lui apporter un peu de paix. Une nouvelle étape s'amorce grâce à une fonctionnaire d'Etat, avec laquelle s'engage une série de conversations caustiques (notamment autour de l'alcool et de la fréquentation des personnes qui en consomment).

   Je laisse à chacun le soin de découvrir comment tout cela se termine.

   P.S.

   Attention, c'est un film un peu bizarre, qui évolue à son rythme. Le réalisateur Rolf de Heer avait déjà tourné avec l'acteur principal (et ici co-scénariste) David Gulpilil dans 10 canoës, 150 lances, 3 épouses. Le visage de ce dernier n'est de surcroît pas inconnu des cinéphiles, qui ont pu le voir dans des productions aussi diverses qu'Australia, Le Chemin de la liberté (à voir si vous en avez l'occasion) et même Crocodile Dundee !

00:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 01 février 2015

Queen and country

   John Boorman fait partie de ces réalisateurs qui ne cherchent pas à occuper les écrans à tout prix. Il n'a tourné qu'une vingtaine de films en cinquante ans de carrière (pas tous réussis, ceci dit). Les cinéphiles les plus âgés ont été marqués jadis par Délivrance. Leurs cadets ont été éblouis par Excalibur (qui a un peu vieilli).

   Queen and country est une oeuvre autobiographique. Le réalisateur ressuscite ses débuts dans l'âge adulte, à une époque où le Royaume-Uni est engagé dans la guerre de Corée (aux côtés des Etats-Unis) et où la jeune Elisabeth II est sur le point de succéder à George VI.

   La famille du héros est assez originale. Elle vit sur une petite île fluviale, à laquelle on ne peut accéder que par barque, après avoir sonné une cloche. Si le père incarne une autorité martiale traditionnelle, on comprend peu à peu que la mère n'a pas tout à fait respecté les règles que la bienséance impose aux épouses bourgeoises de son époque. C'est encore pire au niveau de la fille aînée (Vanessa Kirby, délicieuse). Cette gredine délurée s'est déjà fait engrosser deux fois (dont une à 17 ans... My God !) et vit désormais seule... enfin sans compagnon officiel.

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   J'ai trouvé toutes les scènes de famille très réussies. Elles sont tournées pour la plupart de jour, sous une lumière magnifique. Accessoirement, c'est dans le contexte familial que le héros va entrer en contact avec le monde du cinéma : des studios de tournage se trouvent à proximité et il arrive que des scènes soient tournées sur l'île. Bill est aussi un ardent cinéphile, amateur des oeuvres d'Alfred Hitchcock et emballé par la virtuosité d'un réalisateur japonais jusqu'alors inconnu (Akira Kurosawa), auteur du superbe Rashomon.

   Sa vie bascule avec sa convocation pour le service militaire. Si l'influence de grands films de guerre américains est perceptible à l'écran, Boorman veille à mener cette partie de l'intrigue à sa façon, c'est-à-dire avec humour et tendresse. C'est d'abord une histoire d'amitié entre Bill le grand timide et Percy le rouquin audacieux, celui-ci incarné par Caleb Landry Jones, remarqué il y a deux ans dans Antiviral.

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   Les deux compères vont tenter de contourner le règlement strict de la caserne, épaulés par un vieux renard vaguement handicapé, interprété (avec talent et enthousiasme) par Pat Shortt. Une horloge sert de fil rouge à l'histoire. Je n'en dirai pas plus... Signalons aussi l'excellente composition de David Thewlis en sergent-major Bradley. C'est un habitué des seconds rôles, que l'on a pu voir notamment dans Harry Potter et Cheval de guerre.

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   L'autre versant de l'histoire est constitué des débuts amoureux des deux jeunes hommes. Percy engage les manoeuvres d'approche auprès de deux spectatrices d'un concert de musique classique, pendant que Bill ne pense qu'à sa mystérieuse inconnue, si chic... mais inaccessible. Les pérégrinations des deux compères sont assez drôles, avec notamment une histoire de téton collé à une vitre qui vaut son pesant de cacahuètes !

   Je pense qu'au travers de tous ces éléments, John Boorman a voulu montrer comment il s'était construit comme homme et comme (futur) cinéaste. Mais on peut se contenter de regarder le film comme une chronique douce-amère d'une Angleterre qui n'existe plus.

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samedi, 31 janvier 2015

Into the Woods

   Walt Disney revisite les contes de fées, à la mode comédie musicale... mais pas sous la forme d'une animation. De vrais acteurs ont été requis, accompagnés d'une foultitude d'effets spéciaux.

   Une intrigue principale (un couple de boulangers auquel une sorcière promet une grossesse -et donc un enfant- s'ils travaillent pour elle) est placée à l'intersection de plusieurs histoires, celle du Petit Chaperon rouge, celle de Cendrillon, celle de la Princesse Raiponce et celle de Jack et le haricot magique.

   Cela marche parce que les décors comme les effets spéciaux sont très bons. J'ai retrouvé avec plaisir l'ambiance de mystère et de féérie des histoires de mon enfance. Mais ce n'est pas tout à fait dans l'esprit acidulé des anciennes adaptations de chez Disney. Les contes d'origine sont plus cruels que celles-ci et l'on en a tenu compte (ainsi sans doute que des réflexions de Bruno Bettelheim). Ce sont de bonnes leçons de vie.

   Du coup, il y a un paquet de second degré dans ces historiettes. Le Petit Chaperon rouge, sous ses dehors de gentille fille obéissante, n'est qu'une immonde goinfre, dont le visage angélique cache une redoutable voleuse. Quant aux deux princes charmants (celui de Cendrillon et celui de Raiponce), ils se livrent à un duel vocal assez inattendu, en tenues moulantes... et je ne vous dis pas ce que devient par la suite l'un d'entre eux.

   Globalement, je trouve quand même que les personnages féminins sont les plus réussis. A tout seigneur, tout honneur, voici donc Meryl Streep, éblouissante en sorcière-mère-poule :

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   Face à ce monstre sacré (qui, de surcroît, sait pousser la chansonnette... à écouter en V.O. sous-titrée), on aurait pu croire que les autres actrices auraient du mal à exister. C'est le cas pour quelques-unes d'entre elles, mais d'autres se débrouillent très bien, à commencer par la délicieuse Emily Blunt (rappelez-vous, dans Lopper et Edge of tomorrow...) :

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   Cette épouse (presque) soumise au début, va petit à petit s'affirmer et jouer un rôle déterminant dans l'achèvement de l'entreprise de son mari. Audace suprême, vers la fin, elle ose faire passer son plaisir avant son devoir.

   La troisième actrice marquante de cette superproduction est Anna Kendrick, à qui a échu la lourde tâche d'incarner Cendrillon. Elle s'en sort très bien, alors que l'intrigue, qui se poursuit après la traditionnelle conclusion de chacun des contes, fait évoluer son personnage de manière assez inattendue, mais très contemporaine :

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   A leurs côtés, il faut signaler Lilla Crawford en Petit Chaperon rouge (dont on reparlera sans doute) et le trio qui incarne la belle-mère et les demi-sœurs de Cendrillon.

   Face à cette brochette de talents en jupons, les mâles font pâle figure. il n'y a guère que Johnny Depp en Grand Méchant Loup qui tire son épingle du jeu. Mais les princes comme le gamin sont insupportables, trop monolithiques et stéréotypés dans leur jeu. Et que dire de James Corden, chargé sans doute d'incarner l'Américain moyen, un peu enveloppé, un peu idiot, un peu macho, mais pas mauvais gars au fond...

   Mais ce n'est pas le plus gros défaut du film. Je veux bien entendu parler des chansons. Si quelques-unes sont assez bien troussées, la plupart sont sans intérêt et ralentissent inutilement l'intrigue. C'est vraiment dommage, parce que l'emballage est superbe et certaines prestations d'actrices méritent vraiment le détour.

22:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 30 janvier 2015

L'Affaire SK1

   Ce polar est consacré à la traque du "tueur de l'Est parisien", Guy Georges. Il a été tourné de manière à nous présenter le travail des enquêteurs et l'engagement des avocats de la défense. Le tueur lui-même est surtout un objet d'étude dans le film : on ne le voit jamais commettre l'un des assassinats. Quant à l'action de la justice, elle n'est qu'esquissée. Je reviendrai plus loin sur ces deux derniers points.

   Les acteurs sont très bons, même Raphaël Personnaz, qui ne m'avait pas trop convaincu dans Le Temps des aveux. Il retrouve d'ailleurs Olivier Gourmet, qui ne déçoit pas. Du côté des flics, il faut aussi signaler Michel Vuillermoz et Thierry Neuvic, pour les hommes, et Chloé Stéfani, pour les femmes. Du côté des avocats, Nathalie Baye comme William Nadylam sont très bien.

   Mais la véritable "perle" de la distribution est Adama Niane, qui incarne Guy Georges de manière stupéfiante :

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   Pour les "vieux" dans mon genre, ce film est l'occasion de constater à quel point la France a changé en une vingtaine d'années. Le téléphone portable n'y occupait qu'une place marginale... et les commissariats étaient sous-équipés en matériel informatique.

   Sur le plan de l'intrigue, il n'y rien à dire. C'est propre et bien fichu. Alternent à l'écran les moments de tension et les séquences de "décompression". La sauvagerie des assassinats n'est que suggérée, par l'intermédiaire des cadavres des jeunes femmes.

   C'est aussi la principale limite du film. Et ce n'est à mon avis pas involontaire. On a voulu éviter que les spectateurs ne jugent le tueur à partir des meurtres qu'il a commis. Le film "lui donne sa chance" (d'autant plus qu'il est très bien interprété). Il est presque tout le temps calme. A deux reprises seulement, il s'énerve un peu. Quand on voit l'état dans lequel il a laissé les corps et quand on entend les extraits des rapports de police ou des médecins légistes, on a peine à croire qu'il s'agisse du même homme. A cela s'ajoute la grande place laissée aux arguments des avocats, qui ont longtemps cru ou fait semblant de croire à l'innocence de leur client. On finit par nous servir un propos sociologisant, faisant du monstre uniquement le produit de notre société. Allez dire cela aux familles des victimes...

   Certains spectateurs pourront aussi s'étonner que l'aspect "ethnique" de l'affaire soit escamoté. Guy Georges est un métis, fils d'un soldat noir américain et d'une Française blanche, qui l'a abandonné. Or, dans sa "carrière" de violeur et tueur en série, il ne s'est attaqué qu'à des jeunes femmes blanches...

   Enfin, si le film pointe les dysfonctionnements de la police, il passe très rapidement sur l'étonnante indulgence (incompétence ?) de la justice, qui a, à plusieurs reprises, rapidement laissé libre un individu déjà identifié comme extrêmement dangereux. La lecture de la fiche Wikipédia qui lui est consacrée est à cet égard éclairante.

   A ceux qui l'ignoreraient, précisons que ce tueur considéré comme irrécupérable est libérable, en théorie, à partir de 2020. Il aura 58 ans...

 

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dimanche, 25 janvier 2015

108 Rois-Démons

   Cette coproduction franco-belgo-chinoise adapte une légende du "pays du milieu". Dans des décors animés sont insérés les évolutions des acteurs, dont on a capturé les mouvements. Le résultat est parfois surprenant, mais de qualité sur le plan visuel.

   L'histoire part sur des bases classiques : l'assassinat d'un empereur et l'arrivée au pouvoir d'un régent comploteur. Le prince héritier va devoir échapper à la mort qu'on lui promet. Dans le même temps, l'ancien chef de la garde impériale se retrouve mis au ban de la société, mais il va faire d'étonnantes rencontres.

   La grande réussite de cette animation est la caractérisation des personnages. Le prince héritier est au départ un gamin obèse et capricieux, un fils unique qui n'est pas sans évoquer ceux qu'on appelle "les petits empereurs" dans la Chine contemporaine. Un vieux sage (un peu magicien), le Maître Céleste (qui a des airs du Yoda de Star Wars) va le sauver et le remettre dans le droit chemin, à coups de bâton sur le crâne s'il le faut. La deuxième partie du film, qui met en scène cet improbable duo, est souvent très drôle.

   On en vient rapidement à s'intéresser à une bande de marginaux qui va se constituer autour de Tête-de-Léopard... Oui, tous ont un surnom "qui claque", comme Tourbillon-Noir, Vipère-Jaune, Mort-Prématurée ou encore Scorpion-de-Fer. Cette troupe hétéroclite m'a fait penser aux compagnons de Robin des Bois.

   Quant au principal personnage féminin (Vipère-Jaune), il semble s'inspirer de l'une des protagonistes du Secret des poignards volants (de Zhang Yimou), qui manie à la perfection de longs rubans de tissu. Se joint à la troupe une gamine à l'imagination débridée, qui va apprendre à écrire (au pinceau) et devenir la narratrice de l'histoire.

   L'intrigue est bien construite, ménage des rebondissements. A intervalle régulier, on nous sert de bonnes scènes d'action. Mais ce sont surtout les pointes d'humour qui m'ont plu. Les marginaux se chambrent souvent et les enfants (pas trop caricaturaux, c'est à signaler) sont sources de gags. Et, comme les personnages des "méchants" (principalement le régent et son bras droit à la mémoire défaillante) sont eux aussi réussis, on passe un bon moment.

   P.S.

   Le public francophone appréciera de voir le mouvement des lèvres des personnages correspondre aux répliques qu'ils prononcent, phénomène suffisamment rare dans le monde de l'animation pour être signalé.

11:53 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 21 janvier 2015

Festival Télérama 2015

   Du 21 au 27 janvier, les cinémas qui ont noué un partenariat avec l'hebdomadaire culturel "de référence" permettent de (re)voir (à tarif réduit) quelques bons et moins bons films d'art et essai de l'année écoulée. (Ce sont les seize préférés des critiques maison.)

   Le numéro sorti ce mercredi contient la liste des cinémas partenaires. En Aveyron, il s'agit uniquement de La Strada, à Decazeville, et du Cap Cinéma de Rodez. Et encore, seule une partie des films est proposée aux spectateurs rouergats. Ainsi, il faut sortir du département pour trouver une salle (re)programmant le superbe Ida (un concurrent sérieux de Timbuktu dans la course à l'Oscar du film en langue étrangère).

   Heureusement, à Rodez comme à Decazeville, The Grand Budapest Hotel est disponible, en version originale sous-titrée. Il vient de décrocher neuf nominations aux Oscar 2015. A cette occasion, j'ai découvert avec étonnement que l'entraînante musique qui accompagne le film est l'oeuvre du Français Alexandre Desplat, qui "a la cote" à Hollywood.

   Il avait d'ailleurs déjà travaillé sur les précédents longs-métrages de Wes Anderson (Fantastic Mr Fox et Moonrise Kingdom). En consultant sa filmographie, j'ai pu constater qu'il avait contribué à l'habillage de nombre de films que j'ai beaucoup appréciés.

   Aux spectateurs de The Grand Budapest Hotel, je conseille donc de ne pas quitter la salle trop vite. Le générique de fin est un festival de balalaïkas et, dans sa seconde partie, il est agrémenté d'un personnage animé, dont je me garderai bien de décrire les évolutions à l'écran.

samedi, 17 janvier 2015

Invincible

   Si le titre français du nouveau film d'Angelina Jolie est bien choisi, il n'est toutefois pas aussi pertinent que l'original, Unbroken. Il donne bien la tonalité de l'histoire, celle du fils d'immigrés italiens que rien ne va briser, que ce soit le racisme des gamins de son âge, l'action de la police (contre ce voleur à la tire), le talent de ses adversaires en course, la faim, la soif, les blessures, les requins... et même la fixation sadique qu'un commandant de camp fait sur lui.

   La première heure est construite sur des allers-retours entre la période de guerre dans le Pacifique (au début des années 1940) et la jeunesse du héros. A l'écran, c'est magnifique. Dès le début, on est cueilli par ce plan aérien où, petit à petit, on commence à distinguer les bombardiers qui se détachent des nuages. A plusieurs reprises, on constate le très grand soin apporté à la photographie. La qualité de la mise en scène est aussi visible au niveau de la construction des plans. Les scènes sportives sont bien fichues, mais ce sont les scènes de camp qui sont les plus impressionnantes. La réalisatrice varie les angles de prise de vue et certains mouvements de caméra sont particulièrement judicieux. Je pense notamment au moment où les prisonniers, qui viennent de changer de camp, attendent, alignés dans la cour et entendent les pas du directeur, qui descend les escaliers de son logis.

   Il y a donc plusieurs films dans cet Invincible. Certains seront surpris de voir que les années 1930 ne sont présentées que sous l'angle nostalgique. (Et la crise, alors ?) Le passage par les Jeux de Berlin est aussi ambigu : c'est surtout un moment d'émerveillement pour le jeune homme, qui va se faire un nom en battant le record du dernier tour du 5 000 mètres. (Pour la petite histoire, sachez que c'est un petit-fils de Zamperini qui incarne le porteur de la flamme olympique !) On ne nous dit toutefois pas qu'il a terminé huitième de la finale, remportée par un duo d'increvables Finlandais. On ne montre pas non plus sa rencontre avec Adolf Hitler. Il est vrai que cela aurait perturbé le propos du film et que cela ne révèle rien sur le personnage. Plus tard, devenu soldat, il a prouvé qu'il ne se laissait pas acheter. (Aux curieux, je recommande un article de Slate, qui confronte le scénario du film à ce que l'on sait de la vie de Louis Zamperini.)

   Nous voilà projetés dans la guerre du Pacifique. Les scènes de combat aérien sont "chouettes". (Signalons la qualité des effets spéciaux, particulièrement visibles à cet instant, mais tout aussi efficaces -et plus discrets- à d'autres moments.) Angelina Jolie tire un bon parti des possibilités offertes par un bombardier. Vient ensuite la séquence de l'errance en mer. Trois des onze membres de l'équipage ont survécu à l'accident. Si ce n'est pas la partie du film la plus rythmée, elle n'est pas la moins intéressante. On se demande ce qui, de la faim, de la soif, de la tempête, des Japonais ou des requins est le plus dangereux. D'un point de vue physique, on voit la santé des personnages se dégrader : au-delà d'un style assez hollywoodien, le souci de réalisme est présent.

   Il est même omniprésent dans la troisième partie, celle de l'emprisonnement, au Japon. Les survivants vont passer par un camp de la jungle avant de rejoindre ce que l'on peut sans conteste appeler un camp de concentration. Ils vont y découvrir le sadisme du commandant Watanabe (très bien interprété par un musicien japonais, Miyavi). On sent qu'Angelina Jolie a vu et apprécié Le Pont de la rivière Kwaï et Furyo. J'ai cependant trouvé que certains effets étaient trop appuyés, en particulier dans la séquence de la poutre, un grand moment que je me garderai bien de raconter.

   Zamperini (incarné avec conviction par Jack O'Connell) devient une figure quasi christique. Au cours de la guerre, il s'est converti et cela a influé sur sa vie ultérieure. Cela contribue à renforcer le côté extraordinaire du personnage. Non seulement il était doté d'une santé et d'une volonté de fer, mais il a été capable de prendre du recul sur ce qu'il vivait.

   C'est un film à voir.

mercredi, 14 janvier 2015

Captives

   L'intrigue entremêle principalement deux époques : celle à laquelle l'enfant a été enlevée et celle qui voit ses parents et la police se rapprocher de la vérité sur ses ravisseurs, huit ans plus tard.

   Attention toutefois : ce n'est pas présenté de manière linéaire et, cerise sur le gâteau, on a ajouté des scènes qui se situent chronologiquement entre les deux époques. Cela donne un puzzle scénaristique qui, s'il nécessite de la part des spectateurs un réel effort d'attention, contribue à accentuer l'aspect dramatique de l'histoire.

   C'est servi par une excellente distribution, composée principalement d'habitués des seconds rôles et des séries télévisées. La plus connue est Rosario Dawson, récemment vue dans Sin City 2. Elle incarne une pugnace enquêtrice de la brigade des mineurs, qui va bénéficier de l'aide d'un flic de base, plutôt "rugueux" dans ses méthodes de travail.

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   Mais c'est le couple de parents formé par Mireille Enos et Ryan Reynolds (remarqué dans l'excellent Buried) qui m'a le plus marqué. La mère n'a plus de vie depuis la disparition de sa fille... d'autant que quelqu'un semble s'amuser à jouer avec ses nerfs. Quant au père, il pense encore pouvoir retrouver la gamine après toutes ces années, mais ne fait aucune confiance à la police, qui l'a d'abord considéré comme le suspect principal.

   L'ambiance est tendue, sur le fil du rasoir. La musique est au diapason. On perçoit bien la souffrance psychologique des parents et l'on a une idée précise du pouvoir de nuisance dont disposent les "méchants" (un peu trop machiavéliques à mon goût cependant). Au bout d'un moment, on comprend que les allers-retours entre le présent et le passé convergent vers la résolution de l'énigme, que je me garderai de révéler.

   Si l'on aime le style "polar glacé", je conseille vivement.

19:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 12 janvier 2015

Exodus : Gods and Kings

   Ridley Scott est de retour avec une superproduction hollywoodienne. Ses dernières œuvres m'ont un peu laissé sur ma faim, de l'agaçant Robin des Bois au très réussi American Gangster, en passant par les corrects (sans plus) Prometheus et Mensonges d'Etat.

   L'une des premières séquences confirme, s'il était nécessaire, le savoir-faire du réalisateur dans les scènes d'action. Il est question de la bataille de Qadesh, qui opposa les Egyptiens aux Hittites. Le tout est servi par une pléiade d'acteurs connus, Christian Bale se détachant nettement du lot dans le rôle de Moïse. Par contre, on ne peut que regretter le choix de Joel Edgerton pour incarner Ramsès. D'autres personnes avaient été pressenties. Dommage... d'autant plus que le doublage n'est pas très réussi.

   Ceux qui ont vu Les Dix Commandements ne seront pas surpris par le déroulement de l'intrigue. Scott introduit toutefois une nouveauté qui a produit son petit effet : la présence d'un enfant, qui parle comme un adulte et que Moïse est le seul à voir (ainsi que les spectateurs, bien sûr). Cette incarnation divine est une excellente idée, d'autant plus qu'elle commence à apparaître à Moïse après qu'il a été victime d'un accident (avec plaie à la tête). Le scénario joue sur les deux tableaux, tentant de satisfaire aussi bien les croyants que les sceptiques.

   Cela se vérifie lors de la grande séquence de la mer Rouge. On peut interpréter le retrait des eaux aussi bien comme un phénomène naturel que comme le résultat d'une intervention divine. La suite est plus classique, mais elle a été précédée d'une éblouissante scène de poursuite en chars égyptiens, à flancs de montagne.

   Tout aussi impressionnante est la représentation des dix plaies d’Égypte. Cela constitue un véritable morceau de bravoure, une des plus belles réussites visuelles de ces derniers mois. Toujours aussi habile, Ridley Scott présente ces catastrophes comme des punitions divines mais, par la voix de l'un des personnages, il en propose aussi une explication rationnelle (ce en quoi il rejoint certains scientifiques).

   Ces moments épiques sont entrecoupés d'intermèdes intimes. Au palais, les scènes sont assez convenues, plutôt clinquantes, mais convaincantes. On retrouve avec plaisir la délicieuse Golshifteh Farahni (naguère étincelante dans Syngué Sabour) en reine Nefertari. Les péripéties qui se déroulent dans la ville du vice-roi Hegep sont plus palpitantes. Moins vraisemblable est par contre l'intrigue conjugale, qui vise le public "familial".

   Malicieux, au moment où il est question de la remise des Dix Commandements, Ridley Scott abandonne la surenchère numérique pour donner une version somme toute sobre de la gravure du texte sacré. C'est un peu à l'image du film, une grosse machine bien huilée dans laquelle le réalisateur a introduit quelques grains de sable personnels.

   Un soir, pour se détendre, dans une grande salle (après avoir vidangé la vessie), c'est idéal.

23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 janvier 2015

Night Call

   La première partie du film nous présente ce drôle de rôdeur nocturne, un jeune homme solitaire, aux traits émaciés, qui s'exprime doucement et de manière presque obséquieuse... mais qui ne recule pas devant un acte illégal. Jake Gyllenhaal (récemment vu dans Enemy et Source Code) excelle à incarner ce quasi-raté, avec son improbable coiffure (il doit se peigner les cheveux à l'eau... et ne pas se les laver régulièrement).

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   Il semble végéter dans ses combines à la petite semaine quand, une nuit, il arrive par hasard sur les lieux d'un accident. A sa grande surprise, un quidam filme les événements, avant d'appeler une chaîne de télévision pour lui proposer les images... moyennant rémunération. Lou Bloom a la révélation : voilà sa vocation !

   La deuxième partie de l'histoire nous le montre dans ses premiers pas de "crash reporter" free lance... L'intrigue prend de l'épaisseur, dénonçant la course à l'audience et aux images chocs des chaînes de télévision. Dans le même temps, on suit ce nouvel auto-entrepreneur, énième incarnation de Rêve américain... et de ses dérives : Lou a intériorisé l'ultralibéralisme ambiant et en reproduit le schéma avec son employé.

   Celui-ci est incarné par Riz Ahmed, une vieille connaissance des cinéphiles, puisqu'il était l'un des principaux acteurs de deux très bons films engagés : The Road to Guantanamo et We are four lions, une comédie satirique sur un groupe d'apprentis djihadistes occidentaux.

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   Mais c'est avec une femme que les relations du héros vont être les plus albiguës. Rene Russo incarne avec un talent fou la directrice de l'info d'une petite chaîne californienne. Entre eux deux, c'est un peu la dialectique du maître et de l'esclave. On se demande qui dépend le plus de l'autre. Au départ, c'est évidemment le néo-reporter qui est dans la dépendance de la patronne. Puis la situation évolue, avec pour point d'orgue une fantastique séquence de restaurant. Mais la situation n'est pas figée...

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   Lou est ambitieux... et pas maladroit avec une caméra. La suite de l'histoire nous montre ses progrès. Il comprend que, pour battre ses concurrents (il n'est pas le seul à marcher sur les plates-bandes de la police pour se faire du blé), il lui faut sortir des sentiers battus. Le film prend une autre dimension quand le héros décide de ne plus se contenter d'attendre qu'un accident ou un fait divers se produise. La dernière partie de l'intrigue, toute en montée de tension, tourne autour d'un duo de cambrioleurs ultra-violents. Cela nous vaut notamment une superbe poursuite automobile, dans les rues de Los Angeles (très bien filmée de nuit).

   A voir absolument... et c'est sans doute l'un des meilleurs films de  2014, qui aurait figuré en bonne place dans mon palmarès si je l'avais vu plus tôt !

10:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 09 janvier 2015

Cours sans te retourner

   Bien qu'adaptée d'un roman, l'intrigue s'inspire d'une histoire vraie, celle d'un gamin juif de Pologne, séparé de ses parents au cours de la Seconde guerre mondiale, et qui a surmonté d'incroyables épreuves pour arriver à s'en sortir.

   C'est d'abord destiné aux enfants... et cela se sent. Les effets sont appuyés (ne parlons pas de la musique...) et, pour les vieilles bourriques dans mon genre qui ont déjà vu pas mal de films sur un sujet approchant, cela manque d'originalité au niveau de la mise en scène.

   Que reste-t-il de tout cela ? Eh bien les anecdotes (avec pas mal de rebondissements) et la prestation de certains acteurs. J'ai trouvé très belles les scènes faisant intervenir la mère de famille esseulée qui va recueillir le gamin. Comme, de surcroît, elle a les traits (et le charme...) d'Elisabeth Duda, cela passe très bien. Subtile aussi est la partie du film qui voit le jeune héros s'installer définitivement (?) à la campagne, où il sembler trouver une seconde famille.

   L'histoire brosse un tableau nuancé de la Pologne des années sombres. On sent chez le réalisateur la volonté de montrer que, si une partie des catholiques se sont comportés comme de gros enculés vis-à-vis des juifs, d'autres ont été de véritables héros, mettant en danger leur vie (voire celle de leurs proches) pour sauver des civils victimes d'une des pires oppressions que le monde ait connue.

   C'est quand même globalement maladroit... et parfois extrêmement cliché, notamment quand on suit une bande de gamins réfugiés dans les bois. Cela tourne presque au documentaire sur les scouts. Enfin, j'ai été très gêné par l'une des dernières séquences, lorsqu'un homme de la ville (juif) vient chercher le gamin dans son dernier refuge. La manière dont c'est mis en scène est vraiment très très ambiguë...

   P.S.

   A la fin, on nous montre l'homme dont la vie a inspiré le roman puis le film. Très âgé, il habite aujourd'hui en Israël. Ce procédé a tendance à se généraliser dans les films biographiques consacrés à des anonymes dont le destin a été bouleversé par le cours de l'histoire. (On a pu le vérifier récemment dans A la vie.)

   C'est peut-être aussi un moyen de désarmer le scepticisme de certains spectateurs, échaudés par la tromperie dont Survivre avec les loups avait été l'objet.

15:27 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 04 janvier 2015

Coming Home

   Je n'avais pas vu un film de Zhang Yimou depuis La Cité interdite, qui m'avait laissé sur ma faim. Mais, la présence au générique de Gong Li et le contexte de la Révolution culturelle m'ont incité à tenter l'expérience.

   L'histoire se divise en deux temps principaux. La première partie prend place sans doute à la fin des années 1960, alors que la Révolution culturelle fait rage. L'époux de l'héroïne (un "intellectuel bourgeois") s'est échappé de son lieu de déportation et tente de reprendre contact avec elle et avec sa fille, qui ne l'a plus vu depuis ses trois ans. La reconstitution est soignée et le cinéaste réussit à mettre en scène l'encadrement de la population par le Parti communiste. Un véritable chantage est exercé sur la fille, qui voudrait devenir danseuse. Deux séquences sont particulièrement marquantes : celle du retour de l'époux, un soir de pluie, et celle de la gare, trop mélo toutefois.

   Le deuxième époque s'étend sur la fin des années 1970 et le début des années 1980. L'ambiance a changé dans le pays. L'époux (Chen Daoming, très bien) est de retour mais il s'aperçoit très vite que sa femme est victime d'une amnésie sélective (dont on ne découvre la véritable cause que beaucoup plus tard). Si la répétition des scènes de gare est un peu lassante (l'héroïne attend toujours le retour de son époux, qu'elle n'a pas reconnu), l'insertion dans l'intrigue de la lecture des lettres non envoyées est une très bonne idée. La qualité du jeu des acteurs est particulièrement perceptible dans la scène du piano, que je me garderai bien de raconter.

   L'histoire se poursuit jusqu'à l'époque récente. Si les effets mélodramatiques sont trop appuyés à mon goût, l'ensemble se laisse voir sans déplaisir.

15:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 03 janvier 2015

Nature

   Après le succès de Sur la terre des dinosaures, qui, en France, avait attiré environ 500 000 spectateurs l'an passé, la BBC s'est à nouveau lancée dans le long-métrage documentaire.

   Tournées dans plusieurs pays d'Afrique, les images mettent en scène les habitants de différents milieux naturels. Cela commence par la forêt tropicale, où l'on découvre divers insectes, en particulier les fourmis noires, très voraces. Mais c'est sur les gorilles que l'attention se porte le plus longtemps. Ils sont superbement filmés... et si proches des humains :

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   Une autre séquence marquante est celle qui a été filmée autour d'un grand lac, où se réunissent chaque année des milliers de flamants. En consommant une algue spécifique, ils vont petit à petit rosir. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à un autre documentaire (superbe), Les Ailes pourpres.

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   Plus loin, c'est le désert (celui du Namib) qui est mis à l'honneur. On y suit un caméléon et un lézard qui tentent d'attraper différentes proies. Le second rencontre beaucoup de succès auprès du jeune public en raison de la chorégraphie qu'il exécute avec ses pattes, tant le sable est chaud. Il doit cependant se méfier du calme apparent du désert, qui cache parfois un prédateur comme la vipère :

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   Du désert, on passe aux plaines arides, où évolue une faune plus imposante : les éléphants... et les lions. De manière assez classique, les pachydermes sont présentés sous un angle positif, en famille. La quête de l'eau et de la nourriture motive leurs déplacements. Ils sont surveillés de près par les gros matous (hélas pas aussi bien mis en valeur que dans Félins). Les femelles sont évidemment les chasseuses. Elles s'occupent aussi des petits :

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   Du côté des cours d'eau, on rencontre des ruminants, les gnous, qui doivent choisir entre la soif qui les tenaille et le danger qui les menace au bord de l'eau : une attaque des crocodiles (très impressionnants).

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   Des cours d'eau, on passe aux mers et océans, avec des images toujours aussi superbes (même en 2D). On suit différents groupes d'animaux, les plus photogéniques étant les poissons-lions :

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   Ce n'est pas nouveau nouveau (notamment pour ceux qui ont vu Océans), mais c'est un grand plaisir des yeux et le commentaire dit par Lambert Wilson n'est pas trop envahissant. De surcroît, on nous annonce régulièrement quelle espèce apparaît à l'écran.

   La dernière partie africaine du documentaire nous emmène sur le mont Kenya où, dans la même journée, l'hiver succède à l'été. Les plans "minéraux" sont magnifiques. J'ai aussi trouvé très touchants les singes velus qui peuplent ces lieux particulièrement ventés. L'une de leurs principales activités consiste à mutuellement s'épouiller.

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   Le film aurait pu s'arrêter là. Mais non, il a fallu qu'on nous balance des enfants à l'écran. On en voit donc plusieurs s'amuser, l'été, sur une place garnie de jets d'eau. C'est le type même de la fausse bonne idée : alors que la plupart des séquences animales nous ont précédemment démontré la préciosité de la ressource en eau, le documentaire s'achève sur un exemple de gaspillage (sans le dénoncer, bien sûr) ! C'est vraiment dommage, parce que cela donne l'impression que pour les auteurs, la possibilité de faire de belles images est plus importante que la préservation de cette incroyable biodiversité.

17:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema, cinéma, film, films

jeudi, 01 janvier 2015

Les "Riton" 2014

   L'année écoulée fut, elle aussi, riche en aventures cinématographiques. Là encore, plutôt que d'administrer le sempiternel palmarès en dix films (une aberration cinéphilique inventée pour tenir dans un petit article de presse), je propose un florilège de ce qui m'a le plus plu, dans les salles obscures.

   Dans la catégorie "les (bonnes) comédies embellissent notre vie"

- Riton du film romantique aux dialogues incisifs : Magic in the Moonlight

- Riton de la meilleure comédie allénienne : Apprenti Gigolo

- Riton de la comédie transalpine (de cheval) : Palerme

- Riton de la révélation comique française : Babysitting

- Riton de la comédie populaire : La Famille Bélier

- Riton de la comédie équine : Des chevaux et des hommes

- Riton de la comédie scandinave : Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (un bon candidat au titre de meilleur film de l'année)

- Riton de la comédie sociale britannique : Pride

- Riton de la comédie familiale : Paddington

 

   Dans la catégorie "les animations sont parfois bien mieux conçues que les films"

- Riton de l'animation humoristique : Minuscule

- Riton de l'animation parodique : La Grande Aventure Lego

- Riton de l'animation jouant sur plusieurs niveaux de compréhension : Les Boxtrolls

- Riton du Disney de l'année : Maléfique

- Riton de l'animation pour "grands" : Patéma et le monde inversé

- Riton de l'animation qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles : Les Fantastiques Livres volants de M. Morris Lessmore

- Riton de l'animation musicale : Le Piano magique

 

   Dans la catégorie "certains documentaires sont faits pour être vus au cinéma"

- Riton du documentaire intello et déjanté : Conversation animée avec Chomsky

- Riton du documentaire animalier : Grizzly

- Riton du documentaire conceptuel : Shirley

- Riton de l'hommage photographique : Le Sel de la Terre (une des plus belles réussites visuelles de l'année)

- Riton du documentaire biographique : A la recherche de Vivian Maier (un de mes coups de coeur)

- Riton du documentaire agricole : Les Chèvres de ma mère

- Riton du documentaire spirituel : Le Temps de quelques jours

- Riton du documentaire proche-oriental : Dancing in Jaffa

 

   Dans la catégorie "fictions en prise sur leur époque"

- Riton de la fable orientale : Girafada

- Riton du film israélien : Bethléem

- Riton du film qui dérange : 24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi (Ce n'est certes pas un chef-d'oeuvre, mais encore moins un navet... et, à ma connaissance, il n'a pas été programmé à Rodez.)

- Riton de la dénonciation poétique de l'islamo-fascisme : Timbuktu

- Riton du film sur la cruauté du monde actuel : White God (un autre bon candidat au titre de meilleur film de l'année)

- Riton du film sur les conséquences de la perte des valeurs : Terre battue

 

   Dans la catégorie "films à caractère historique"

- Riton du film dénonçant l'exploitation de l'homme par l'homme : 12 Years a Slave

- Riton du film dénonçant l'exploitation de la femme par la femme : Philomena

- Riton du film dénonçant l'exploitation des enfants : Le Grand Cahier (un film très dur, mais incontestablement l'un des meilleurs de l'année 2014)

- Riton du film évoquant un aspect méconnu de la Seconde guerre mondiale : Les Vivants

- Riton de la plus belle épure philosophico-historique : Ida (mon 2e ou 3e film de l'année écoulée, en concurrence avec White God, mais quand même derrière celui dont je parlerai plus loin)

- Riton du film de Guerre Froide : D'une vie à l'autre

- Riton du film balkanique : Circles (encore un potentiel "meilleur film de l'année")

 

   Dans la catégorie "films de genre"

- Riton du western : The Salvation

- Riton du film de frontière : The Homesman

- Riton du film de l'outback : The Rover (sans doute dans le top 10, lui aussi)

- Riton du film de vendetta : Blue Ruin

- Riton du film de baston : Equalizer

- Riton du polar pervers : Gone Girl (aurait pu être le film de l'année, s'il avait été un peu plus resserré... et si le personnage principal avait été interprété par un meilleur acteur que Ben Affleck)

- Riton du film au scénario le plus délicieusement alambiqué : Enemy

- Riton du thriller français : La prochaine fois, je viserai le coeur (avec Guillaume Canet bien parti pour le César du meilleur acteur)

- Riton du thriller culinaire : Amours cannibales

 

   Dans la catégorie "films inclassables"

- Riton de l'aventure familiale : Vie sauvage (avec Mathieu Kassovitz, un concurrent sérieux pour G. Canet)

- Riton de la fiction expérimentale : Boyhood

- Riton de la crise existentielle : Chemin de croix (une des "grandes claques" de l'année)

- Riton du film inspiré : Noé

- Riton du portrait de famille : Un Eté à Osage County

- Riton du portrait hollywoodien : Maps to the stars

- Riton du portrait d'adolescents : Leçons d'harmonie (pas loin du top 10)

 

   Et enfin, voici, inclassable parmi les inclassables, le meilleur film de l'année 2014 (pour moi), excellent aussi bien au niveau du scénario que des dialogues, de la mise en scène, de la photographie et du jeu des acteurs... voici donc... The Grand Budapest Hotel.

 

   Archives :

- les Riton 2013

- les Riton 2012

- les Riton 2011

- les Riton 2010

- les Riton 2009

- les Riton 2008

- les Riton 2007

- les Riton 2006

15:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 31 décembre 2014

Les Pingouins de Madagascar

   Je me demande si le public français est le seul à avoir été induit en erreur par le titre. Étant donné qu'une partie de l'action se passe en Antarctique (au début) et que cette séquence initiale est une parodie de La Marche de l'Empereur, il est évident que, pour leurs créateurs, les héros sont des manchots et pas des pingouins. Problème : en anglais, les premiers sont nommés penguins...

   Ce "Penguins Origins" n'en est pas moins savoureux. Il m'a mis dans de bonnes dispositions, alors que j'étais sorti assez mécontent de Madagascar 3. Cerise sur le gâteau, à un moment, le Commandant avoue en avoir marre de la chanson-vedette associée au film qui les a fait connaître (I like to move it...).

   Hélas, très vite, cet effort d'autodérision est ruiné par une pique francophobe (sorte de marque de fabrique de certaines productions DreamWorks...). Ainsi, lorsque les manchots tentent de prendre le bon avion pour retrouver le méchant, ils se retrouvent à bord d'un vol à destination de Paris. Cela suscite une réaction de rejet du Commandant, qui déclare : "Là-bas, ils vont nous plumer avec leurs impôts !" Quand la connerie états-unienne rejoint la mentalité beauf...

   Heureusement, on nous a épargné ce genre de saillie dans la suite des événements. Le film prend la forme d'une parodie de James Bond, avec des séquences d'action à gogo, notamment une poursuite démentielle à Venise. On appréciera aussi la représentation caricaturale des super-espions (visiblement des agents de la CIA)... finalement moins efficaces que notre bande de branquignols en noir et blanc.

   J'ai beaucoup aimé le second degré des dialogues et les ruptures de ton, comme lorsque le chef des méchants tente de communiquer avec les espions, après avoir piraté leur système de transmission.

   Le problème est qu'une bonne partie de l'humour comme de l'intrigue passe au-dessus de la tête de la marmaille que des parents inconscients ont emmenée voir ce film. En dépit des cascades et des nombreux gags "basiques", c'est plutôt destiné à des enfants déjà bien éveillés. Et 1h30, c'est finalement un peu long pour ce produit dérivé.

23:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 30 décembre 2014

Quand vient la nuit

   Michael R. Roskam s'est fait remarquer en 2012 par le formidable Bullhead (dont on retrouve d'ailleurs l'acteur principal, Matthias Schoenaerts, dans un rôle plus secondaire). Il a gagné son ticket pour Hollywood. Il est ici chargé de l'adaptation d'une nouvelle de Dennis Lehane (dont l'un des romans a inspiré naguère le Shutter Island de Martin Scorsese).

   L'action se déroule dans les bas-fonds de New York, là où sévit la pègre tchétchène. Chacun des personnages principaux a quelque chose à cacher. Il y a Marv, le gérant du bar dont il a jadis perdu la propriété. Sous ses airs bonhommes se cache un homme blessé. Dans son dernier rôle, James Gandolfini est impeccable.

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   A ses côtés se trouve son cousin Bob (Tom Hardy, un acteur à suivre). C'est un gars taciturne, modeste, qui ne cherche pas d'histoire. De prime abord, on pourrait même le prendre pour un demeuré. Un soir, il trouve un chiot dans une poubelle. Cette découverte va changer sa vie.

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   Le chiot lui permet de faire la connaissance de Nadia, une serveuse à peine plus causante que lui, et qui semble avoir un lourd passé. Noomi Rapace excelle à restituer la combinaison de force et de fragilité de son personnage.

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   Et puis il y a Eric, ce petit truand que l'on soupçonne d'avoir dézingué un mec, il y a environ dix ans. Il est un peu dingo et très arrogant. On le croit capable de tout... et c'est Matthias Schoenaerts qui s'y colle. Il faudrait aussi parler des mafieux tchétchènes, des policiers qui comptent les coups entre les truands et des employés du coin, qui viennent se saouler chez Marv.

   Petit à petit, les secrets de chacun sont révélés. L'intrigue se complaît toutefois un peu trop à laisser ses personnages patauger dans la merde des bas-fonds. Cela donne un film très noir, avec un poil d'optimisme. L'ambiance est bien campée, les acteurs très bons. Du coup, dans la salle, le public est saisi... même le groupe de djeunses que j'ai eu la surprise de voir débarquer. Comme quoi, ça vaut le coup de programmer un polar art et essai, à Rodez, en version originale sous-titrée !

23:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

White God

   Certains spectateurs se trompent lorsqu'ils donnent le titre de ce film. Influencés par son contenu (et peut-être par un reste de dyslexie), ils demandent une place pour White Dog. L'histoire tourne donc autour des chiens, des mauvais traitements que différents humains leur font subir... et de leur révolte. De ce point de vue, le propos est assez proche de ce qui était dit dans une animation des années 1980, The Plague Dogs.

   Mais ce "dieu blanc" est aussi tout simplement l'homme blanc, celui qui se croit supérieur aux autres. A l'image du procédé utilisé dans La Planète des singes, les chiens sont des substituts d'humains considérés comme inférieurs et traités comme tels.

   La première séquence (saisissante) montre la ville de Budapest, vide, et une meute de chiens qui semble poursuivre une jeune fille à vélo. On se croirait dans un film d'horreur de George Romero. Mais, dans un premier temps, on ne sait pas comment la séquence se conclut.

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   Le retour en arrière permet de donner plus d'épaisseur à l'intrigue. S'y greffe une histoire familiale, dans la Hongrie contemporaine. La vie quotidienne est difficile, y compris pour l'enseignant, contraint de travailler dans un abattoir pour préserver son niveau de vie. Son épouse l'a quitté pour un mec plus jeune et visiblement plus friqué. Elle lui amène leur fille Lili. (En fait, elle s'en débarrasse pour trois mois...) Entre la gamine, élevée hors de Hongrie, à l'occidentale, et le père traditionaliste, c'est un peu le choc des cultures... d'autant plus que la gamine apporte avec elle un chien, nommé Hagen. La père n'aime visiblement pas ce genre d'animal et, de surcroît, ceux qui ne sont pas de "race pure" doivent être livrés aux autorités, ce qu'une voisine pète-sec se charge de lui rappeler.

   Comme on peut le constater, la vie est triste dans ce Budapest de fiction. Même à l'école de musique, où la gamine espère s'épanouir (elle joue de la trompette), l'ambiance n'est pas des plus amicales. Heureusement qu'elle a son chien, mignon tout plein. Mais elle va le perdre.

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   A partir de là, le film se poursuit du point de vue des animaux (qui ne parlent pas ; on reste dans une optique réaliste). Le gentil Hagen va découvrir à quel point les humains peuvent être fourbes et cruels, ne pensant qu'à leur intérêt immédiat. Cela va des agents de la fourrière au sans-domicile-fixe, en passant par les types louches qui organisent des combats de chiens. Certaines scènes sont à la limite du soutenable, à tel point que j'ai vu des spectateurs quitter la salle (et pourtant, c'était à l'ABC de Toulouse, où les gens sont sensés savoir ce qu'ils viennent voir).

   Précisons tout de suite que ces scènes sont simulées. Dans le générique de fin (comme dans le dossier de presse, téléchargeable sur le site du distributeur Pyramide), il est clairement précisé qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage. Techniquement, outre quelques effets spéciaux, le réalisateur a fortement usé du champ-contre-champ et de scènes coupées, le montage et l'imagination des spectateurs faisant le reste. C'est dire l'efficacité de la mise en scène.

   Les "acteurs principaux" canins ont été très bien dressés et guidés sur le tournage. (Luke et Body, qui incarnent Hagen, ont d'ailleurs reçu la Palm Dog 2014, à Cannes, où le film a décroché le prix "Un Certain Regard".) Le résultat est impressionnant. Le dernier tiers du film montre la révolte des chiens et la vengeance de Hagen, qui incarne désormais une sorte de tueur en série. Je me garderai bien de révéler comment tout cela se termine. L'intrigue ménage encore quelques surprises.

   C'est un film à voir si vous en avez l'occasion et, pour moi, c'est l'un des meilleurs de 2014.

14:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 28 décembre 2014

Amours cannibales

   Le film commence par un plan large (fixe au départ), celui d'une station service, isolée, la nuit. Seuls les éclairages artificiels nous permettent de distinguer les détails. On ne perçoit  les sons que de manière étouffée. C'est joli à voir... et, au bout d'un petit moment, on comprend ce qu'a voulu montrer le réalisateur... mais je n'en dirai pas plus.

   La scène est à l'image de l'ensemble du film. C'est soigné sur le plan de la mise en scène, mais cela nécessite un petit effort (et de la patience) de la part des spectateurs. De surcroît, la réalisation colle au personnage principal (je n'ose écrire "le héros"), Carlos. Il est brillamment interprété par Antonio de la Torre, aperçu jadis dans Entre les jambes et Volver, plus marquant récemment dans Balada triste.

   Ce tailleur méticuleux est filmé méticuleusement, dans son activité professionnelle comme dans sa vie privée. Il habite Grenade (en Andalousie), est toujours célibataire à quarante ans passés... sans être homosexuel. Il lui arrive d'éprouver du désir pour une femme mais, quand il veut "consommer", c'est au sens propre : il la tue puis la découpe en steaks, qu'il déguste le soir, seul dans sa cuisine. (Précision : il ne semble pas aimer la viande saignante, ni grillée ; ses steaks ont l'air d'être cuits à point.)

   Sa routine est bousculée par l'arrivée d'une nouvelle locataire à l'étage du dessus. Puis c'est au tour de sa sœur jumelle, moins entreprenante, mais tout aussi désirable (Olimpia Melinte, très bien dans les deux rôles). La deuxième partie de l'histoire raconte l'étrange relation qui se noue entre les deux êtres, sur fond d'enquête policière.

   Tout va se jouer dans le chalet que le tailleur possède dans les montagnes, sans doute les cordillères Bétiques. (C'est la confirmation que, décidément, my tailor is rich !) Comme Manuel Martin Cuenca est habile, il conclut son film de manière inattendue.

   A voir si vous aimez les aventures cinéphiliques.

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samedi, 27 décembre 2014

La French

   Le titre fait évidemment référence à la "French Connection", cette bande de racailles trafiquants qui a sévi dans la région de Marseille, principalement dans la première moitié de la Ve République. On pourrait craindre que ce polar ne verse dans l'héroïsation de ces délinquants sans scrupule, mais on nous a aussi présenté le film comme étant un hommage au juge Pierre Michel. C'est sur cette ambiguïté (relative) que le scénario a été construit.

   ... et franchement, même si l'on sait que l'histoire a été quelque peu "tordue" pour les besoins du film, cela fonctionne super bien. On commence avec une scène piège, qui en annonce une autre, vers la fin. Je suis sûr que beaucoup de spectateurs ont pensé qu'on allait leur servir un grand retour en arrière. Il n'en est rien. C'est un petit clin d'oeil du réalisateur, qui n'est pas malhabile. Les poursuites en voiture, les scènes de bar, de commissariat, sans oublier les planques... tout est bon.

   Cependant, parfois, Cédric Jimenez cède à la facilité, comme quand il nous présente le principal laboratoire d'héroïne : on arrive au moment même où une boîte de paëlla est fermée... et c'est la dernière du carton, qui est immédiatement déposé dans un van qui, ô surprise, est complet... et donc on en ferme aussitôt la porte latérale ! C'est un beau plan-séquence... et une hérésie scénaristique ! Mais la pire scène, convenue et maladroite, est celle qui voit l'épouse du juge (Céline Sallette, au demeurant très bien dans le reste du film) "sentir" ce qui vient d'arriver à son époux et se précipiter sur les lieux. On comprend que la véritable épouse Michel n'ait pas apprécié : non seulement le film ravive des souvenirs très douloureux (d'autant plus que l'un des assassins vient d'être libéré), mais surtout, cette scène est complètement inventée.

   Comme l'image est soignée, que la musique est chouette et que le montage est assez nerveux, on ne voit pas les 2h15 passer. Même si je trouve que le film est complaisant avec les mafieux, il rend hommage au justicier intègre que fut Pierre Michel. Les acteurs sont excellents, en particulier Jean Dujardin et Gilles Lellouche. Les seconds rôles (flics comme truands) ne sont pas en reste. A signaler la performance de Féodor Atkine en Gaston Defferre (avec des airs de Jean-Claude Gaudin !) et Benoît Magimel en petite frappe aux goûts vestimentaires douteux. Cela donne un très bon polar, et je pense que c'est comme cela qu'il faut le regarder.

   P.S.

   Parmi les documents d'archives insérés dans le film, il y a des extraits de journaux télévisés, l'un d'entre eux évoquant le passage de François Mitterrand à Carmaux, au cours de la campagne présidentielle de 1980-1981.

   P.S. II

   Une anecdote people, pour terminer. Dans le film, Mélanie Doutey incarne l'épouse de de Gaëtan Zampa, interprété par Gilles Lellouche, avec lequel elle a longtemps vécu... et dont elle s'est séparée en 2013, peu avant le début du tournage de La French.

21:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 26 décembre 2014

Le Chant de la mer

   Je me suis laissé tenter par cette animation irlandaise parce que j'avais apprécié la précédente oeuvre de son créateur (Tomm Moore), Brendan et le secret de Kells. On retrouve d'ailleurs la même "patte" : un graphisme simpliste en apparence, parsemé d'éblouissants jaillissements.

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   L'histoire peut se suivre à plusieurs niveaux. Pour les enfants, il est surtout question d'un garçon qui perd sa maman et doit s'occuper de sa petite soeur muette Maïna. A l'histoire "classique" se superpose une trame "merveilleuse", avec intervention d'êtres dotés de pouvoirs magiques, l'un d'entre eux n'étant autre que la petite soeur, qui se révèle être une Selkie (une sorte de fée), menacée de mort. Le scénario mêle habilement une légende celte à l'histoire familiale. Cela peut paraître complexe pour des enfants mais, dans la salle où je me trouvais, je n'ai vu qu'un garçon "décrocher". Quant aux parents, ils comprennent plus ou moins vite que les êtres de légende sont des projections des personnages de l'histoire (ainsi la sorcière correspond à la grand-mère et le géant transformé en rocher au père).

   Cela se regarde sans déplaisir, mais je n'ai pas été conquis. C'est un peu trop destiné aux enfants à mon goût et les chansons ne m'ont pas du tout emballé. Mais les gamins de la salle ont aimé. C'est l'essentiel.

   P.S.

   Les spectateurs aveyronnais seront attentifs à certains détails, en particulier à ces créatures pétrifiées après que la sorcière les a débarrassées de leurs émotions. Elles ressemblent bigrement à des statues-menhirs...

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   P.S. II

   Pour plus d'explications, il faut consulter le dossier de presse, téléchargeable sur le site du distributeur Hautetcourt.

22:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Timbuktu

   C'est le film dont tous les cinéphiles parlent, d'abord parce que le djihadisme (qui est au coeur de l'intrigue) occupe depuis des mois le devant de l'actualité, ensuite parce qu'il vient d'être retenu dans la présélection des Oscar du meilleur film en langue étrangère (avec huit autres longs métrages).

   Timbuktu est à la fois un film militant et un film d'art et d'essai. L'action se déroule dans la ville malienne de Tombouctou (dont la dénomination en langue touareg a donné son titre au film), après la conquête par les djihadistes en majorité arabes. Si l'on ajoute à cela la présence de population bambara, on a une idée (simplifiée) de la mosaïque ethnique de la cité (et du Mali).

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   Le portrait de ces djihadistes est globalement à charge, mais de manière caustique. Le plus flagrant est leur inculture religieuse. Ils ne se comportent pas en bons musulmans (en particulier : ils convoitent les femmes) et, face au savant de la ville, un érudit pacifique, leurs arguments ne pèsent pas lourd sur le plan intellectuel... mais ils ont la force avec eux. On sent chez le cinéaste mauritanien la volonté de montrer à un public non africain qu'il existe un "bon islam" et que celui-ci est la première victime des agissements des djihadistes. (Notons que son propre pays n'est pas exemplaire de ce point de vue.)

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   L'histoire met en scène les conséquences de la mise en place d'un pouvoir totalitaire dans la cité. La liste de ce qui est "haram" (interdit) ne cesse de s'allonger, du tabac à l'alcool, en passant par la musique, le football et "l'indécence vestimentaire" des femmes. Cela nous vaut plusieurs scènes ubuesques, comme celle de la marchande de poissons, qui tente de faire comprendre à un abruti de djihadiste qu'il lui est impossible d'exercer son métier avec des gants ! On a aussi beaucoup parlé de cette scène de jeu, qui voit une bande de gamins mimer une partie de football... sans ballon. J'ai aussi été marqué par la "traque de la musique". Dans les ruelles étroites de la vieille ville, il n'est pas facile de déterminer d'où viennent ces sons tabous, parfois si fascinants.

   Le réalisateur a choisi de mettre l'accent sur une famille "de classe moyenne", un couple d'éleveurs touaregs, parents d'une adorable petite fille. Ils sont censés incarner l'islam tranquille de ces nomades... une société patriarcale, toutefois : l'épouse est au service de l'époux, qui décide seul du devenir de la famille. Aux spectateurs observateurs, le réalisateur a destiné quelques éléments de critique sociale. Dans ce couple, c'est l'épouse Satima qui est la plus mûre, la plus intelligente. Kidane est un quasi-bobo, qui aime jouer de la guitare et fait trimer pour lui un gamin qui devrait plutôt aller à l'école. De surcroît, c'est l'époux qui refuse de partir et qui fait basculer le destin de la famille en tentant de résoudre "à sa manière" le conflit qui l'oppose à un pêcheur. Là encore, sa femme avait raison... et c'est elle qui fait preuve d'un grand courage, à la fin.

   Un autre "caractère" féminin joue un rôle non négligeable dans l'histoire : la folle Zabou, qui semble avoir tous les droits... un personnage haut en couleurs qui existe réellement !

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   Abderrahamane Sissako semble vouloir dire que la plupart des djihadistes sont des hommes perdus, ce en quoi on peut le trouver un peu indulgent. Il évite de tomber dans le manichéisme, ne fait pas des victimes des personnes extraordinaires. Ce sont des gens simples, qui veulent juste vivre leur vie. Eux sont représentés enveloppés de couleurs, tandis que leurs persécuteurs sont environnés de teintes tristes.

   C'est le moment de souligner la qualité de la mise en scène (et de la photographie). Les vues du désert sont superbes, tout comme les scènes d'ensemble, qui témoignent d'un art de la composition. Les acteurs comme les objets ne sont pas placés au hasard. Attention toutefois : c'est une oeuvre personnelle, dont le rythme peut déconcerter, tout comme le recours fréquent au symbolisme.

   P.S.

   Pour en savoir plus, on peut télécharger l'un des dossiers disponibles sur le site du distributeur, Le Pacte.

   P.S. II

   Pour un point de vue plus critique (et africanocentré), on peut se rendre sur le site Rue89, dont l'une des journalistes a consacré un long billet au film.

00:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, films, film

jeudi, 25 décembre 2014

A la vie

   C'est le toast que portent trois femmes encore jeunes, dans la salle à manger d'un appartement qui a vue sur une plage de Berck, dans le Pas-de-Calais, en 1962. Ce sont des rescapées d'Auschwitz, qui se retrouvent ensemble pour la première fois depuis 17 ans.

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   On ne sera donc pas étonné de voir le film débuter par une séquence de camp. On nous montre un aspect méconnu de la déportation : les marches de la mort. Cette séquence introductive n'en fait pas trop : l'intrigue se concentre sur la vie après.

   On retrouve l'héroïne, incarnée par Julie Depardieu, en 1945-1946, en France. Cela nous vaut un joli tableau d'époque, en milieu populaire... et communiste. Le PCF est à l'époque le premier parti de France. Tout une micro-société s'est créée autour des institutions du Parti, avec notamment la "Fête de l'Huma".

   Le bond suivant nous emporte à l'époque qui va constituer l'arrière-plan de la majorité du film : le début des années 1960. Là aussi, la reconstitution d'époque, avec les vêtements, les voitures et la musique, est soignée. Les "anciens" ressentiront un petit pincement au coeur face à ce monde disparu. Les trois rescapées nous sont alors présentées en détail.

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   Hélène est une sainte laïque. Elle s'est fait un devoir d'épouser un rescapé des camps, quoi qu'il lui en coûte. Elle milite ardemment pour le Parti. Elle est incarnée par Julie Depardieu, dans un rôle à contre-emploi, où elle n'est pas toujours à l'aise.

   Les deux autres sont mieux campées, que ce soit Lili la féministe néerlandaise (Johanna Ter Steege, impeccable) ou Rose la bourgeoise sensuelle installée au Canada (Suzanne Clément, géniale).

   A ce trio féminin répond un trio masculin, désuni. Hippolyte Girardot joue le compagnon très spécial de l'héroïne. Mathias Mlekuz interprète le militant communiste sincère, un gars franc, serviable... mais pas très futé. Benjamin Wangermee a le privilège d'incarner le maître-nageur, fonction hautement stratégique en zone touristique côtière. En plus, il s'occupe des enfants... mais il est gaulliste !

   Nous voilà avec tous les ingrédients d'une comédie de moeurs, mais c'est le sérieux qui domine. Si l'on rit assez souvent, il est d'abord question des tourments intérieurs des trois femmes. Chacune porte en elle un secret remontant à la guerre... et tient à cacher quelque chose concernant sa "vie d'après". La rencontre va libérer les vieux fantômes et les rendre toutes plus fortes.

   Si la réalisation est académique, elle est servie par une bonne lumière, de bons éclairages. Les tonalités sont chaudes. Quant à l'histoire, elle pourrait paraître ennuyeuse (ou triste) au premier abord, mais j'ai quand même passé un bon moment. Les scènes sont bien tournées. Beaucoup ont un charme inexplicable qui m'a séduit.

   A la fin, un court extrait vidéo nous montre les personnes dont la vie a inspiré le film.

Le Temps des aveux

   Régis Wargnier (qui réalisa jadis Indochine) est revenu dans l'ancienne colonie française, mais, cette fois-ci, dans la partie cambodgienne, pour tourner une adaptation du livre écrit par l'ethnologue français François Bizot, Le Portail. (Précisons que l'auteur de l'article du Monde auquel renvoie le lien précédent est le coscénariste du film.)

   L'action se déroule d'abord en 1971, donc avant la prise de pouvoir par les Khmers rouges. L'ethnologue (soupçonné d'être un agent de la CIA) est capturé par ceux-ci. A l'image des autres détenus, il va devoir rédiger ses "aveux", reconnaître ses supposées fautes. Le film donne à voir un système coercitif en construction. Le plus étonnant est que, la plupart du temps, c'est dans le calme qu'une violence extrême est appliquée. L'histoire illustre le décalage entre la vision des Occidentaux (et du chercheur, pourtant amoureux de la culture khmère) et la sècheresse idéologique des communistes cambodgiens.

   Le film a été tourné en khmer et en français, d'abord parce qu'il met en scène deux types de population, mais aussi parce qu'il y a un pont culturel entre certains cadres khmers et la France : les futurs dirigeants communistes sont passés par Paris. Le héros ne les croise pas, mais communique avec le chef du camp, surnommé Douch (ou Duch) qui, bien que militant inflexible, contempteur de l'Occident impérialiste, a gardé en mémoire des poèmes écrits dans la langue de Voltaire. C'est peut-être pour cette raison qu'il épargne "le camarade Bizot". Une étrange relation se noue entre les deux hommes.

   Au niveau de l'interprétation, j'ai trouvé les Cambodgiens très convaincants, en particulier Kompheak Phoeng, l'interprète de Douch... et qui fut son traducteur lors de son procès ! Je n'ai pas toujours été emballé par la prestation de Raphaël Personnaz : je trouve qu'il joue toujours sur le même ton (comme dans Quai d'Orsay, d'ailleurs). Au niveau des seconds rôles, signalons la présence d'Olivier Gourmet (à voir absolument dans Terre battue), très bon en ambassadeur français.

   Le film se laisse regarder sans déplaisir parce qu'il est bien interprété et parce que l'image est soignée. A certains, il apportera la saveur du dépaysement. Il est surtout une pierre ajoutée à l'histoire du génocide cambodgien. Il a d'ailleurs été produit par Rithy Panh, réalisateur du formidable documentaire S21, la machine de mort khmère rouge (consacré au camp qu'a dirigé par la suite le fameux Douch).

12:39 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 22 décembre 2014

Terre battue

   C'est le titre du film réalisé par Stéphane Demoustier (le frère d'Anaïs, l'actrice). L'action se déroule dans le Nord-Pas-de-Calais, d'où est originaire le metteur en scène. Coïncidence supplémentaire, le héros, incarné par Olivier Gourmet, est cadre supérieur dans la grande distribution, un peu comme le fut son propre père. L'intrigue s'inspire aussi de l'affaire Fauviau, qui a été adaptée dans un sens que je me garderai bien de révéler.

   L'ambiance n'est pas sans rappeler plusieurs bons films sociétaux français, comme L'Emploi du temps (de Laurent Cantet), Le Couperet (de Costa Gavras) et De bon matin (de Jean-Marc Moutou). Le héros, Jérôme, va se retrouver aux prises avec le système, alors qu'il est en pleine crise de couple. Lui le meneur, qui s'est fait tout seul, sans diplôme, qui a épousé une superbe architecte, avec laquelle il a eu un fils adorable, au talent prometteur, risque soudain de tout perdre.

   L'histoire est assez originale mais, en plus, la réalisation est bonne. Je ne me souviens pas avoir vu les zones commerciales aussi bien filmées dans le cinéma français. Même les scènes de tennis sont plus que correctes, avec des garçons qui savent jouer. On nous montre des échanges parfois assez longs, certains conclus au filet. Le savoir-faire est indéniable.

   Au niveau des acteurs, c'est inégal. Gourmet s'est coulé dans le rôle, comme il sait si bien le faire. Il est nettement plus convaincant que Valeria Bruni-Tedeschi, pas très crédible en mère attentionnée. Des seconds rôles je retiens Jean-Yves Berteloot (vu récemment dans La prochaine fois, je viserai le coeur), Vimala Pons... et tous les enfants, bien dirigés.

   L'histoire évolue  comme une montée de tension, avec quelques moments de décompression, jusqu'à l'acte transgressif, lui-même suivi d'une rechute. C'est bien fichu et, mine de rien, cela fait réfléchir sur la vie et le sens que l'on peut lui donner.

22:59 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 20 décembre 2014

Le Hobbit 3 : la Bataille des Cinq Armées

   Ces cinq bandes de blaireaux vaillants combattants sont les nains, les humains, les elfes, les orques et les wargs (ou les gobelins... en fait, peu importe). On attend évidemment leur confrontation, dans ce dernier opus qui est la suite immédiate de La Désolation de Smaug.

   Le film commence donc tambour battant avec l'attaque de la cité lacustre par le dragon déchaîné. C'est très spectaculaire, très tendu et parfois drôle. Le problème est que l'ambiance retombe après cette superbe séquence... et qu'il me semble qu'on a fait du remplissage en attendant de nous balancer la méga grosse bataille de sa race.

   Le scénario, comme dans les précédents volets, entremêle les intrigues. Cela contribue à relancer l'intérêt du spectateur un peu assoupi mais, franchement, il y a trop de longueurs. il aurait fallu couper dans plusieurs scènes de dialogues.

   On a tenté de creuser un peu la psychologie de certains personnages. A travers Thorin et le trésor du dragon, c'est la cupidité ainsi que l'ambition dévorante qui sont dénoncées. L'or et la pierre magique exercent la même influence pernicieuse que le "précieux" dans Le Seigneur des anneaux. Comme dans la précédente trilogie, les peuples sont divisés avant de finalement unir leurs forces contre le mal. Comme dans la précédente trilogie, les elfes viennent donner un coup de main, semblant invincibles... et perdent pas mal des leurs dans le combat. Comme dans la précédente trilogie, les "méchants" sont très moches, très nombreux et d'apparence redoutable... mais ils finissent par se faire massacrer.

   Evidemment, à intervalles réguliers, des allusions à la suite de l'histoire sont insérées. On aperçoit donc Sauron, pas encore assez puissant pour revenir d'outre-tombe (grâce à la sublime Galadriel... ohhh Caaaate !). On revoit Saroumane, pour l'instant du "bon côté" et, à la fin, on entend parler du fils d'un homme, sans doute extraordinaire, qui pourrait être un allié utile au cas où les temps deviendraient encore plus troublés.

   Le morceau de bravoure est bien entendu l'enchaînement des combats de la troisième partie du film. Y a pas à dire, c'est bien fichu, mais, à la longue, c'est un peu lassant et je n'aime pas trop cette héroïsation de la violence guerrière.

   Cela reste un bon divertissement, un peu trop long toutefois (on sent bien les 2h20).

22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 19 décembre 2014

Le Septième Fils

   C'est de l'heroic fantasy... et une nouvelle adaptation d'une série de romans pour djeunses. On y croise des sorcières, des monstres et des humains. Les personnages sont en général peu fouillés, mais quelques-uns sont bien interprétés.

   Il y a d'abord Julianne Moore, en sorcière captivante et venimeuse, ex-amoureuse éconduite :

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   Du côté masculin, il faut signaler la performance de Jeff Bridges, en magicien traqueur alcoolique et rigolard, source de la plupart des gags qui émaillent l'histoire :

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   Les seconds rôles sont moins réussis. Alicia Vikander, remarquée il y a deux ans dans Royal Affair et Anna Karenine, fait ce qu'elle peut. Les jeunes hommes que l'on voit à l'écran ont visiblement été recrutés plutôt sur leur physique que sur leur talent d'acteur. Il faut donc se "fader" les insipides Kit Harington (déjà vu dans Pompéi) et Ben Barnes.

   Si l'on ajoute à cela que l'intrigue ne recèle guère d'originalité (c'est souvent du déjà vu), on se demande ce qui peut bien mériter le détour dans ce machin à la mode. Eh bien, je réponds à ma propre question : les effets spéciaux. Ils sont épatants. On a voulu nous en mettre plein la vue et, franchement, c'est chouette. Et puis, retrouver des éléments de merveilleux, même s'ils ne sont pas nouveaux nouveaux, n'est pas déplaisant.

   Enfin, comme le film ne se prend pas trop au sérieux, j'ai passé un agréable moment, 100 minutes qui valent bien 7 ou 8 heures d'adaptation pontifiante de Tolkien.

23:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 18 décembre 2014

La Famille Bélier

   D'Eric Lartigau, je n'avais vu que Prête-moi ta main, une jolie comédie romantique. J'ai évité les suivants. C'est la présence de Karine Viard (un César, vite !) et François Damiens (déjà très bon dans Je fais le mort) au générique qui m'a incité à tenter l'aventure. Il faut reconnaître que ce duo excelle à incarner le couple de sourds anticonformistes, agriculteurs qui fabriquent leur fromage et amants ardents, dont les ébats sonorisent la maison... et sont la cause de visites chez le gynécologue. Cela nous vaut plusieurs scènes au comique épais... mais qu'est-ce qu'on rigole ! Signalons le tour de force réalisé par les acteurs, totalement crédibles quand ils utilisent la langue des signes.

   Ces "monstres" écrasent un peu les deux enfants... qui pourtant s'en sortent bien. C'est un véritable sourd qui incarne le gamin en plein âge bête. Mais c'est surtout Louane Emera qui illumine le film. Elle EST l'héroïne Paula, une "entendante" complexée, qui vit une adolescence délicate (très bonnes scènes de lycée), s'appuyant sur une meilleure amie délurée (Roxane Duran, remarquée dans Augustine et Michael Kohlhass).

   On la découvre au début du film, casque vissé sur les oreilles, pédalant avec ardeur. C'est l'un des rares moments où la musique anglo-saxonne est à l'honneur, le reste du film mettant au premier plan les oeuvres de Michel Sardou, sur lesquelles vont plancher les membres de la chorale du lycée, dont Paula, au départ inscrite uniquement pour se rapprocher du beau Gabriel (une caricature de djeunse).

   J'ai été agréablement surpris par la qualité de la mise en scène. La séquence du début, sur le vélo puis dans le bus, est particulièrement enlevée et l'interprétation des chansons (notamment lors des répétitions) est vraiment montrée de manière cinématographique. Par contre, certaines scènes souffrent d'un gros défaut technique. Je ne sais pas ce qui s'est passé au niveau du cadrage, mais, à plusieurs reprises, en particulier quand, dans le même plan, certains personnages sont assis et d'autres debout, le haut de l'image coupe la tête d'un ou plusieurs d'entre eux. Ce n'est qu'un détail, mais c'est gênant.

   Mais revenons à nos moutons Bélier. Le père se met en tête de se présenter aux municipales, contre le sortant, l'archétype du cumulard magouilleur populiste. A la clé, quelques très bons moments autour de la campagne électorale. C'est aussi une histoire de famille : pas facile de laisser grandir sa fille chérie et surtout de la voir aimer de plus en plus ce monde des entendants que l'on redoute et que l'on méprise.

   Le salut vient du chant. On redécouvre certains "tubes" de Sardou (Je vole, Je vais t'aimer, La Maladie d'amour, La Java de Broadway...) et, à un moment, vers la fin, le réalisateur tente de nous faire comprendre comment ils sont perçus par les sourds et malentendants. Aux visages des autres spectateurs ainsi qu'à la vue de leur fille, rayonnante, les parents comprennent qu'il se passe quelque chose et, un peu plus tard, le père demande à Paula de rechanter "pour lui", de manière à ce qu'il puisse ressentir cette émotion artistique. Ils sont tous les deux assis dans l'herbe. C'est pour moi la plus belle scène du film.

   Pour l'adolescente, l'histoire est compliquée, parce qu'il faut gérer ses parents hors norme, ses études, les connasses du lycée, son amour naissant... et ses nouvelles aspirations. C'est le moment de souligner la très bonne composition d'Eric Elmosnino en professeur de chant à la fois aigri et généreux.

   Cela donne un ensemble particulièrement hétéroclite, entre comédie romantique, satire sociale et étude de moeurs. Cela fait vraiment plaisir de voir un film français de cet acabit.

22:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films