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mercredi, 27 juin 2018

Sans un bruit

   Je ne vais plus trop voir les films d'épouvante, sauf s'ils semblent se distinguer par un soupçon d'originalité (une denrée rare dans les productions de ce genre, qui, en général, se contentent de recycler du matériau ancien, avec un poil de technologie). Il y a deux ans, je m'étais laissé tenter par The Witch. Ici, outre l'argument principal (ne pas faire de bruit pour échapper aux monstres), c'est l'affiche qui m'a attiré, avec la charmante Emily Blunt (vue récemment dans Edge of tomorrow, Sicario et La Fille du train) et la jeune pousse Millicent Simmonds, remarquée dans Le Musée des merveilles.

   Autant le dire tout de suite, cette histoire, pour originale qu'elle soit, est nourrie de clichés. Certaines péripéties se voient venir à des kilomètres, comme le gamin avec son avion à piles, le coup du clou dans l'escalier ou encore l'usage qui va être fait d'un fusil. S'ajoute à cela une certaine tendance à abuser du "juste à temps".

   Et pourtant... j'ai trouvé cela prenant. C'est d'abord dû à la qualité de l'interprétation, celle d'Emily Blunt en tête. Millicent est aussi très bien, dans un rôle moins lisse que dans le film qui l'a révélée. C'est une pré-adolescente un brin rebelle, mal dans sa peau, mais qui va jouer un rôle clé dans l'intrigue.

   Cela se passe dans un futur proche. De redoutables extraterrestres (des sortes d'hommes arachnoïdes) ont débarqué aux Etats-Unis sur Terre... et ils ont bigrement faim. Ils sont rapides, cruels, carapaçonnés... mais aveugles. Ils se guident en se fiant à leur ouïe ultra-développée. C'est leur point fort... et cela pourrait devenir leur point faible.

   On suit une famille de rescapés (un couple avec trois gosses). Les parents sont très ingénieux. Ils ont développé une série de stratagèmes pour ne pas éveiller l'attention des envahisseurs omnivores. C'est là que naît la tension, parce qu'évidemment, il est impossible à une famille normalement constituée de vivre au quotidien sans produire le moindre bruit. Cette famille-là bénéficie quand même d'un atout : elle a appris à vivre avec l'infirmité dont souffre la fille aînée, ce qui lui a été d'une grande utilité lors du débarquement des visiteurs affamés.

   Au niveau du son, on a veillé à alterner les scènes quasi-silencieuses avec celles où l'on entend de la musique d'accompagnement et celles où l'on perçoit des bruits (plus ou moins naturels). Cela contribue à rendre le film facile à suivre.

   La conclusion est toutefois abrupte. Je suis un peu resté sur ma faim, d'abord parce que j'aurais aimé en savoir davantage sur les circonstances de l'arrivée des extraterrestres. Cela reste néanmoins un spectacle tout à fait correct.

00:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 26 juin 2018

Une année polaire

   Cette fiction à caractère documentaire est signée Samuel Collardey, auquel on doit notamment Comme un lion et L'Apprenti. Comme dans ce dernier film, le héros (ici Anders, jeune instit) joue son propre rôle, dans une histoire qui, si elle s'inspire fortement de la réalité, a été inventée par l'auteur.

   Le professeur des écoles danois, fils de paysans (peu désireux de prendre la suite de ses parents), décide de tenter sa chance au Groenland, où trois postes sont libres. On lui suggère de choisir celui de Nuuk (sur la côte ouest), le chef-lieu où se concentre un tiers des quelque 55 000 habitants du gigantesque territoire (et où l'on trouve toutes les commodités). Mais il lui préfère le village de Tiniteqilaaq, situé sur la côte est, la plus sauvage :

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   La rencontre est un petit choc culturel. Le jeune homme va en baver, entre des enfants récalcitrants, des parents absents (pour des raisons culturelles que l'instit va mettre du temps à comprendre), une population au mieux indifférente (qui le voit comme un colon)... et des conditions matérielles pas idéales. Il est un peu dans la situation d'enseignants français métropolitains, qui demandent une mutation outre-mer sans y être toujours bien préparés. Pour le public francophone, il est important de signaler que deux sous-titrages différents sont utilisés, le blanc pour la traduction du danois, le jaune pour celle du dialecte inuit.

   L'intrigue nous fait donc suivre le professeur des écoles, un bon gars, (trop) gentil, souvent maladroit, qui tente de s'acclimater à la vie du village. Le sentier n'est pas pavé de roses mais, parfois, le jeune homme reçoit un coup de main. C'est son implication personnelle et son empathie qui vont lui permettre de gagner progressivement sa place.

   Entre temps, on aura eu droit à de magnifiques vues du territoire, du ciel (ah, les aurores boréales...), de la neige, de la glace et de l'eau. (Je pense que c'est encore plus beau que dans Le Voyage au Groenland, sorti il y a un an et demi.) L'aspect documentaire est renforcé par la description d'activités traditionnelles : la chasse, la pêche, le dépeçage... et la conduite d'un traineau. L'une des plus belles séquences voit un groupe de personnages partir à la chasse, se faire prendre dans une tempête de neige, construire un igloo de fortune... et croiser une maman ours avec ses petits. J'ai aussi été particulièrement attendri par les chiens.

   Bref, c'est un très bon film, particulièrement rafraîchissant en ce début d'été.

13:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 25 juin 2018

Bienvenue en Sicile !

   Une fois n'est pas coutume, je trouve le titre français meilleur que l'original (At War for Love ou In Guerra per amore), que l'on pourrait traduire par "A la guerre par amour". Celui-ci fait allusion à l'histoire d'amour contrariée qui sert de squelette à l'intrigue, alors que le titre français évoque, sur le ton de la comédie, le débarquement des Américains en Sicile, en 1943.

   C'est donc d'abord une comédie à l'italienne, avec ses caricatures, son exubérance, sa joie de vivre (et cette langue si musicale). Arturo le charmeur sans le sou rêve d'épouser la belle Flora, que son oncle envisage de marier au fils de l'une de ses relations. On est dans le petit monde des Italo-américains new-yorkais, limite (voire franchement) mafieux. Or, à la même époque, les Alliés préparent l'opération Husky. Du côté américain, on compte s'appuyer sur les liens qui existent entre certains immigrés et le pays d'origine de leurs parents. D'ailleurs, le propre père de Flora vit encore là-bas. Sa bénédiction serait bien utile à Arturo pour empêcher le mariage arrangé par l'oncle. Mais le (possible) futur beau-père de Flora possède lui aussi des relations dans son pays natal. Il va tenter de contrecarrer le projet du rival de son fils.

   L'aspect comédie est renforcé par la truculence des villageois qui vont voir débarquer les Yankees. Il y a cet étrange duo, composé d'un aveugle et d'un boiteux, qui seront mêlés à la plupart des péripéties siciliennes. Il y a ce père de famille, dont le fils porte l'uniforme italien (fasciste) et qui garde religieusement une statue du Duce dans un placard. Une intense rivalité l'oppose à sa voisine qui, au moindre bombardement, sort mettre à l'abri une statue de la Vierge. Il est aussi souvent question d'ânes, des vrais, des symboliques... et ceux d'une chanson pour enfant, à laquelle un garçon est particulièrement attaché. C'est l'un des fils rouges de l'intrigue, avec une photographie d'amoureux (maladroitement) prise devant un pont new-yorkais. Cet ancêtre du selfie devient le running gag de l'histoire.

   Et puis il y a ces trognes de mafieux. Ah, pour sûr, ils sont gratinés ! Le chef local est une pourriture débonnaire et ventripotente. Ses sbires portent d'horribles moustaches et froncent les sourcils. Vous avez compris que l'on rit souvent à cette comédie... avant que le ton ne change, dans le dernier tiers de l'histoire. Celle-ci s'appuie sur des faits réels. Le gouvernement américain, soucieux de se ménager des soutiens sur place, a conclu un pacte avec le chef mafieux Lucky Luciano. Résultat : le débarquement allié s'est très bien passé (avec peu de pertes). En contrepartie, les conquérants du jour vont confier les clés du pouvoir à des truands, certains se parant des couleurs d'un nouveau parti tout propre, la Démocratie chrétienne.

   C'est l'une des forces de ce film (hélas passé quasi inaperçu) que de parvenir à mêler une bluette sentimentale (inspirée de la commedia dell'arte) et une réflexion politique sur un sujet qui a, aujourd'hui encore, un impact sur la société italienne.

samedi, 23 juin 2018

Manifesto

   C'est du cinéma expérimental. Le réalisateur a voulu mettre en scène une douzaine de textes littéraires engagés, des manifestes artistico-politiques. Pour cela, il a créé autant d'historiettes, dont l'héroïne est toujours incarnée par la même actrice, Cate Blanchett. Celle-ci s'est mise dans la peau d'une clocharde, d'une chercheuse, d'une employée de déchetterie, d'une mère ultra-conservatrice, d'une tradeuse, d'une punk, d'une présentatrice de télévision, d'une reporter, d'une chorégraphe, d'une marionnettiste, d'une oratrice funèbre, d'une organisatrice de soirées "prout prout" et d'une professeure des écoles.

   Chaque séquence se veut l'illustration du propos sur le fond, mais parfois aussi sur la forme. Ainsi, le discours marxiste dénonçant l'art bourgeois est plaqué sur une scène montrant une clocharde traversant un site industriel à l'abandon, d'autres femmes (âgées et riches) s'amusant à tirer des feux d'artifice à quelques pas de là. Mais la forme reste classique.

   La suite a de quoi déprimer. Les extraits des mouvements dadaïste, surréaliste et futuriste dépeignent un monde en pleine décrépitude, dont il faudrait quasiment faire table rase... et il m'a semblé que le film était parfois (volontairement ?) en contradiction avec ce qu'il défendait. Ainsi, à plusieurs reprises, il est dit qu'il ne faut plus faire référence aux oeuvres du passé... et voilà-t-y pas que, dans la séquence de la chercheuse, l'héroïne se retrouve dans une pièce dont le décor est composé de trompe-l'oeil géométriques, avec, au centre, un grand monolithe noir. (Il s'agit bien entendu d'une allusion à 2001, L'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick.) Ceci dit, il est quand même troublant que certains textes écrits il y a 80-100 ans fassent autant écho à notre époque.

   Vers la fin, il est question de Jean-Luc Godard et du Dogme (Lars von Trier). L'artiste est censé-e s'effacer derrière son oeuvre et ne pas la signer. Peu de temps après, on pourra constater que le générique de fin commence par les noms de Cate Blanchett et Julian Rosefeldt...

   En changeant de séquence, on passe parfois d'un extrême à l'autre, entre ceux qui finissent par affirmer que l'art n'existe plus et ceux qui pensent (pour différentes raisons) que tout peut être art. On en arrive fort logiquement à l'art conceptuel, mis en scène... et démonté au cours d'un faux journal télévisé, plein de malice, dans lequel l'éblouissante Cate incarne à la fois la présentatrice permanentée et la journaliste en extérieur, sous la pluie. Le but de la séquence est de dénoncer le toc, le prétentieux...

   Si on ne goûte guère les débats intellectuels autour de l'art et de sa place dans la société, on peut se contenter de jouir de la performance de l'actrice... surtout quand on sait que l'ensemble a été tourné en moins de deux semaines. Rien que pour cela, c'est un film à voir.

12:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 20 juin 2018

Avengers - Infinity War

   Je me suis finalement décidé à voir la grosse machine hollywoodienne, censée être le couronnement de dix ans de remise à jour de l'univers de super-héros marvelliens. J'ai raté plusieurs épisodes en cours de route (concernant Captain America, Spider-Man, Black Panther... et le précédent Avengers), mais j'ai pu suivre sans problème l'intrigue.

   C'est d'abord un bon film d'aventures, qui suit un schéma rôdé jadis par les productions Lucasfilm : la mise en parallèle de plusieurs fils narratifs, liés les uns aux autres, qui finissent par se rejoindre. L'un de ces fils est constitué par les pérégrinations de Thor (dont le personnage a acquis une épaisseur qui n'est pas que physique), en compagnie d'une partie des Gardiens de la galaxie (mes petits chouchous). L'autre partie de l'équipe va très vite se frotter au méga-hyper-giga-super vilain Thanos... avant de tomber sur Iron Man et Spider-Man, qui font cause commune avec Docteur Strange. De son côté, Hulk va retrouver Captain America et Black Panther (entre autres).

   Tout ce beau monde doit donc se coltiner Thanos et ses affidés. Je reconnais que ce personnage contribue à l'intérêt de l'intrigue. Ce n'est pas un vulgaire tyran génocidaire. Il a une conception "réaliste" (je dirais plutôt cynique) de la vie des peuples. En massacrer une partie permet de sauver l'autre. Il ne cherche même pas l'enrichissement ou l'accumulation de conquêtes féminines. Sur le fond, c'est effrayant, mais c'est mis en scène avec (une relative) subtilité.

   Le problème est que l'ensemble a beau être assaisonné d'humour, le gros du film est constitué de bastons plus ou moins numériques, parfois très proches du jeu vidéo. (Ce n'est pas un compliment.) De plus, certains acteurs ne m'ont pas paru très convaincants... au premier rang desquels je place Chris Pratt (le moins bon des Gardiens) et Mark Ruffalo (qui fait pitié). Et puis le vieux cinéphile que je suis en a un peu marre de ces dialogues creux dont l'objet est de faire comprendre aux spectateurs que le sort du monde dépend d'une boule de feu, d'une toile d'araignée ou d'un énorme pain dans la gueule...

   Ceci dit, comme c'est bien foutu, cela se regarde sans déplaisir... mais figurez-vous qu'il y a une suite ! Déjà, au cours du film, on comprend (notamment grâce à Strange) que ce que l'on voit n'est qu'une version de l'histoire. Il va donc falloir patienter un peu pour assister à la suite ou, si vous préférez, à la fin alternative, une trèèèèès longue fin, puisqu'elle promet de durer plus deux heures.

23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ciéma, cinema, film, films

mardi, 19 juin 2018

La Révolution silencieuse

   Cette "salle de classe silencieuse" (titre originel, en allemand) est celle de lycéens de RDA (l'Allemagne communiste), sur le point de passer leur Abitur (baccalauréat), en 1956. Un jour, par solidarité avec les Hongrois révoltés contre la domination soviétique, ils décident de se taire pendant deux minutes, en cours d'histoire. Ce battement d'ailes de papillons va déclencher une tempête politique.

   Ce n'est pas la première fois que le cinéma allemand se lance dans l'analyse de la période de Guerre froide. Les cinéphiles se souviennent de l'excellent La Vie des autres, en 2007. Plus récemment, on a eu droit à De l'autre côté du mur (dont l'actrice principale est présente ici) et D'une vie à l'autre. L'originalité du film est de se situer avant la construction du Mur de Berlin, quand seuls des contrôles policiers séparaient les deux parties de la ville.

   L'univers adolescent est bien restitué, montrant des garçons qui cherchent à voir des femmes nues et des couples qui se forment, avec la maladresse des premières amours et des malentendus. L'habileté du scénario consiste à intégrer l'aspect sentimental à l'intrigue politique. On est visiblement dans un lycée au recrutement populaire (et provincial), avec un public mélangé, puisque les enfants d'un vétérinaire et le fils d'un membre éminent du conseil municipal côtoient des rejetons d'ouvriers. Compte tenu de la relative uniformisation vestimentaire qui régnait à l'époque, il n'est pas facile de les distinguer à leur apparence.

   Les auteurs ont aussi voulu éviter le film uniquement à charge. D'un côté, ils montrent quand même que ce pays dirigé par d'anciens opposants au nazisme est devenu une prison pour une grande partie de sa population (la Stasi se comportant quasiment comme la Gestapo). D'un autre côté, les défenseurs du régime communiste (et contempteurs de la démocratie bourgeoise, assimilée au fascisme...) ont voix au chapitre. Concernant l'éducation, le propos n'est pas sans faire écho à notre époque, où se pose la question de la réussite scolaire des enfants des catégories populaires.

   Mais il s'agit surtout de l'histoire d'une rébellion pacifique, celle de lycéens en quête d'absolu, mais auxquels on va tenter d'imposer des préoccupations plus terre-à-terre. Le harcèlement moral qu'ils subissent est particulièrement bien mis en scène. (Le réalisateur, Lars Kraume, est aussi l'auteur de Fritz Bauer, un héros allemand, dans lequel joue celui qui incarne le père de l'un des lycéens) Cela fait remonter les vieilles histoires du passé, celui de l'Entre-deux-guerres (avec les allusions au Front Rouge, auquel a appartenu le père de l'un des élèves), celui de la Seconde guerre mondiale... et celui, plus récent, de la révolte ouvrière de Berlin-Est.

   C'est dire la richesse des thématiques abordées par ce film qui, de surcroît, s'inspire d'une histoire vraie. (Restez pendant le générique de fin.) Alors, même si c'est parfois un peu mélo, j'ai beaucoup aimé, tant les acteurs sont convaincants et l'arrière-plan historique soigné.

Se protéger de Facebook

   Si l'on n'est pas adepte de l'attitude radicale qui consiste à quitter définitivement le célèbre réseau social, il existe d'autres moyens de se prémunir de la présence envahissante de la firme transnationale. L'un d'entre eux est proposé par la fondation Mozilla, qui édite le célèbre navigateur Firefox.

   Depuis peu, elle propose une nouvelle extension, appelée "Facebook Container", qui met des bâtons dans les roues du système de pistage du réseau social, devenu expert dans l'exploitation des données personnelles que les internautes lui fournissent... gratuitement.

   Une fois installée, l'extension est visible dans la barre d'adresse, lorsque l'on se connecte au réseau social :

société,médias,

09:45 Publié dans Blog, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, médias

lundi, 18 juin 2018

La chapelle des brebis

   C'est d'un édifice peu connu des Ruthénois qu'il va être question : la chapelle Notre-Dame de Pitié, qui dépendait autrefois de la Chartreuse, dont les bâtiments ont été récupérés par l'Etat lors de la Révolution pour devenir ensuite, sous l'Empire, le siège du haras de Rodez, hélas fermé depuis l'an dernier.

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   Les touristes ont plus de chance de connaître l'édifice que les Ruthénois, puisqu'il fait partie du circuit patrimonial proposé aux visiteurs du chef-lieu aveyronnais (avec le numéro 29). Pour les locaux, le lieu est ouvert au moins le 13 de chaque mois. Pendant des années, c'est un employé municipal féru d'archéologie, Roger Trémouilles, qui a veillé sur l'édifice.

   Ce samedi 16 juin 2018, exceptionnellement, la chapelle a été ouverte au public, dans le cadre d'une manifestation agricole : la (mini-)transhumance des brebis du lycée agricole La Roque, situé sur la commune voisine d'Onet-le-Château.

   La première partie du trajet a mené les ovins du gué de Salelles (numéro 1 ci-dessous) à la place du Bourg (numéro 2), en passant par Layoule, le carrefour Saint-Cyrice, la rue Béteille et la place d'Armes.

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   Le parcours du petit troupeau (une cinquantaine de bêtes) ne fut pas de tout repos. Le long des berges de l'Aveyron, la tendance des brebis à se précipiter brusquement dans une direction inattendue était facilement gérable. C'est devenu un peu plus délicat dans la montée de la rue Béteille, où les passants et les riverains ont eu droit à un étonnant spectacle. (Un des animaux se serait blessé lors d'une bousculade à l'entrée d'une boulangerie-sandwicherie. Un peu de sang a coulé, mais ce serait sans gravité.)

   Arrivées place du Bourg, les brebis ont été parquées dans un enclos amovible, où elles ont rapidement été entourées d'une foule considérable... et mitraillées par les téléphones portables. Durant presque deux heures, elles ont pu se reposer et se désaltérer, pendant qu'une animation était proposée à proximité, avec des oies et des chiens de berger.

   C'est en fin d'après-midi que les brebis se sont remises en marche, direction l'avenue Victor-Hugo puis le chemin de la Boriette, où les attendaient de vertes prairies, jouxtant la chapelle Notre-Dame de Pitié (numéro 3 ci-dessous).

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   A l'intérieur de celle-ci, on peut voir un fort joli plafond étoilé (de style marial, je crois) :

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   Plusieurs statues sont également visibles, certaines plus anciennes que d'autres. Ainsi, l'une d'entre elles représente Jeanne d'Arc. C'est un modèle de série qui doit dater du début des années 1920, peu de temps après la canonisation de la Pucelle (et la création d'une seconde fête nationale, celle du patriotisme).

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   Une autre sculpture est beaucoup plus ancienne, puisqu'elle date du XVIe siècle. Il s'agit d'une Vierge à l'enfant, classée monument historique. Mais je ne me souviens pas si elle se trouvait dans la chapelle lorsque je l'ai visitée.

dimanche, 17 juin 2018

Le Cercle littéraire de Guernesey

   ... et de la tarte aux pelures de pommes de terre, puisque tel est le nom complet du club éponyme, composé d'habitants de l'île anglo-normande de Guernesey, qui fut occupée par l'armée allemande durant la Seconde guerre mondiale.

   Il y a donc un aspect historique à l'intrigue. Pour les Britanniques, l'Allemand est surtout vu comme l'envahisseur que l'on repousse ou celui que l'on va combattre en France. A Guernesey, la population restée sur place a dû cohabiter, tant bien que mal, avec un occupant qui a pu se révéler odieux... ou sympathique. C'est ce que l'on découvre à la suite d'une série d'allers-retours entre les années 1940-1944 et l'après-guerre.

   A Londres, une jeune écrivaine (Lily James, vue récemment dans Baby Driver), qui commence à rencontrer le succès, échange des lettres avec un habitant de l'île. Grâce à lui, elle découvre une partie de l'histoire des habitants, mais elle meurt d'envie d'en savoir plus, pensant de surcroît en faire le sujet d'un article. Dans le même temps, sa vie personnelle est sur le point de basculer, en compagnie du dévoué mais très pressant Mark, un riche et séduisant Américain.

   Le séjour de Juliet sur l'île va tout changer. Elle est d'abord surprise de ne pas être aussi bien accueillie que ce qu'elle escomptait. C'est l'occasion pour le réalisateur Mike Newell (auteur jadis de Quatre Mariages et un enterrement) de nous dresser le portrait ironique de la vie provinciale sur cette île reculée, avec un entrelacs de relations humaines complexes, ses petits secrets et ses jalousies rances.

   Les personnages sont très bien campés, de la logeuse bigote au postier débonnaire, en passant par la veuve acariâtre, la vieille fille un peu fofolle et Dawsey, le charmant éleveur de cochons, qui ne laisse pas l'héroïne indifférente. Sur le groupe plane l'esprit de la plus rebelle de la bande, Elizabeth, dont l'absence est inexpliquée.

   Mêlant comédie romantique et drame historique, le film est subtil, emprunt de douceur. Il est furieusement moderne, parce que son intrigue suit les actions de deux femmes indépendantes, l'écrivaine et la rebelle, la Londonienne et la Guernesiaise, les hommes jouant un rôle plus secondaire. Il est toutefois d'un autre temps par la manière dont les sentiments sont exprimés (à entendre de préférence en version originale sous-titrée). C'est aussi un hommage à la littérature et à la lecture, à travers ces personnages ordinaires, qu'un festin de porc grillé va réunir, mais que la mort pourrait finir par séparer.

   C'est l'une des excellentes surprises du moment (avec Trois Visages).

19:55 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 16 juin 2018

Comment tuer sa mère

   Cette comédie franchouillarde est l'adaptation d'une pièce de théâtre, dans laquelle le rôle principal était interprété par Eva Darlan. Dans le film, c'est Chantal Ladesou qui reprend les rênes, avec un bel entrain, ma foi. Derrière la caméra se trouve David Diane, qui a notamment travaillé sur Babysitting (en tant que premier assistant-réalisateur). Comme on trouve aussi au générique Vincent Desagnat, Julien Arruti et Joséphine Drai, certains ont franchi le pas et parlé de "la bande à (Philippe) Lacheau", bien que celui-ci ne soit pas lié au film. (Il travaille actuellement sur une adaptation du manga Nicky Larson.)

   L'intrigue fonctionne sur la base d'une opposition, entre une mère égocentrique et méprisante (bref, castratrice) et des enfants complexés (à divers degrés), qui vont se rebeller. C'est incontestablement Chantal Ladesou qui s'en sort le mieux. Face à elle, en général, Desagnat tient la route, mais on ne peut pas en dire autant des deux autres. Je crois que le moins crédible est Julien Arruti. En fait, le problème vient que trop de scènes sont approximatives. Il aurait fallu réaliser plus de prises, faire davantage rejouer les comédiens... et améliorer certains dialogues.

   Ceci dit, je reconnais que le film contient quelques moments savoureux et des répliques qui font mouche. J'ai souri et parfois franchement ri. Mais c'est trop inégal, mal maîtrisé. Il reste toutefois une (contre)morale, que la mère tente d'inculquer à ses enfants : l'aîné chef d'entreprise perd sa vie à vouloir la gagner, la cadette se meurt dans une vie familiale peu épanouissante et le benjamin passe à côté du bonheur en se mentant sur son identité sexuelle.

   A tenter si vous êtes un-e inconditionnel-le de l'actrice principale ou un jour de Fête du cinéma.

12:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 15 juin 2018

Ocean's 8

   Steven Soderbergh a décidé de produire une version "féminine" d'Ocean's 11 (prolongé par Ocean's 12 puis Ocean's 13), avec tout plein d'actrices connues, du strass, des paillettes, des "pipoles", de la frime, de la bonne zique... et (surtout) des arnaques.

   La première partie raconte la formation de l'équipe, sous la houlette de Debbie, supposée sœur de Danny (Sandra Bullock, très à son aise, en dépit d'un visage dont certains traits ne sont pas sans évoquer Michael Jackson... après le bistouri), et de son acolyte Lou (Cate Blanchett, délicieuse en garçon manqué, portant pantalon et chevauchant moto). Chaque recrue est dotée de qualités particulières. Au niveau de la distribution, on a mélangé les femmes d'expérience (Helena Bonham Carter et Sarah Paulson) aux jeunes pousses talentueuses (l'inconnue Awkwafina et Rihanna, plus convaincante ici en hackeuse qu'en pin-up dans Valérian).

   La deuxième partie montre les préparatifs de l'arnaque... enfin, pas tous. Mais je me garderai bien de révéler ce qui est -provisoirement- caché aux spectateurs, histoire de préserver l'effet de surprise. Au niveau du scénario, on passera sur quelques facilités, indispensables si l'on veut que le "casse" se déroule bien (pour nos cupides héroïnes). C'est très bien filmé, par le réalisateur de Free State of Jones et de Pleasantville. Les dialogues claquent. (A Rodez, quelques séances sont proposées en version originale sous-titrée.) On ne s'ennuie pas.

   La troisième partie voit le projet se réaliser... pas tout à fait comme prévu d'ailleurs. Cela pimente un peu l'action, d'autant qu'un autre personnage féminin voit son rôle augmenter : il s'agit de Daphne Kluger, interprétée par la délicieuse Anne Hathaway.

   A l'image des films avec George Clooney, c'est brillant et clinquant, sans être enthousiasmant. On passe un bon moment, ce qui n'est déjà pas si mal.

22:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinema, film, films, cinéma

jeudi, 14 juin 2018

Trois Visages

   J'ai un faible pour le réalisateur Jafar Panahi. Quelque part entre Buster Keaton et Droopy, il réussit à mener sa barque, malgré les tracasseries des culs-bénis iraniens qu'il s'ingénie à titiller. Ces dernières années, on l'a vu à l'oeuvre dans Le Miroir et surtout dans l'excellent Taxi Téhéran.

   Le film présenté cette année à Cannes (où il a reçu le prix du scénario) se situe dans cette lignée. Panahi a tourné avec une économie de moyens : un ordiphone (utilisé par la jeune femme qui appelle au secours), une mini-caméra fixée à l'avant de la voiture et une autre, plus haut-de-gamme, manipulée par un technicien (ou Panahi lui-même).

   L'action se déroule loin de Téhéran (et de la police du régime des mollahs) dans le nord-ouest de l'Iran, où vit une population turcophone :

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   Pour un public peu attentif, cela n'a guère d'importance. Ceux qui tendent l'oreille s'apercevront que les sonorités changent selon la personne qui parle. Les villageois s'expriment majoritairement en turc, les citadins en farsi (persan). Le réalisateur est d'ailleurs originaire de cette région, berceau de sa famille.

   Cela conduit les spectateurs à se poser des questions. Est-ce bien une fiction qui se déroule sous leurs yeux ? Ne s'agit-il pas plutôt d'un documentaire ? Ou bien le réalisateur ne mêle-t-il pas les deux ? L'actrice principale, qui joue son propre rôle (celui d'une comédienne célèbre dans tout le pays, qu'une jeune femme a appelée au secours), se demande dans quelle galère elle s'est embarquée, d'autant plus qu'elle n'a pas la même vision des choses que Panahi. Elle en vient même à contester son expertise de la vidéo qui a été envoyée par téléphone, vexant le réalisateur, qui sort de la voiture et continue à pieds, boudeur !

   C'est la première séquence qui a tout déclenché. Une jeune femme (visage n°1) se filme dans un endroit isolé et vide son sac. Elle était sur le point de réaliser son rêve (intégrer la très sélective école des Beaux-Arts de Téhéran... une sacrée performance pour une fille de paysans azéris), mais voilà que sa famille et le village se liguent contre elle, la traitant d'écervelée. On veut la forcer à se marier très vite. La séquence, filmée au téléphone, est d'un réalisme troublant.

   La suite est une conversation en automobile, entre la fameuse actrice (visage n°2) et Panahi, dont la voix vient la plupart du temps du hors-champ. C'est beaucoup moins intéressant. Il convient cependant de ne pas négliger cette partie : l'image que l'on a du personnage de l'actrice va changer par la suite.

   C'est en s'approchant du village où habite la jeune femme que le duo fait diverses rencontres. Il y a tout d'abord un sympathique passant, qui lui fait utiliser un étrange code, à l'aide du klaxon de l'automobile. Il y a ensuite le grand-père accueillant, dont la famille semble célébrer un événement. Puis c'est au tour d'une vieille femme qui sent sa fin approcher... et qui commence à s'habituer à sa future nouvelle demeure...

   C'est à ce moment qu'on se rend compte que c'est trop bien joué pour être parfaitement naturel. Panahi et l'actrice sont accueillis comme des rois par des villageois qui croient d'abord qu'ils sont venus pour les aider à rétablir le gaz ! Dès qu'il est question de la jeune fille rebelle, les visages se ferment. Aussi bienveillants soient-ils, les villageois ont une vision traditionaliste de la société, l'étudiante en arts rejoignant l'actrice dans la catégorie des quasi-prostituées... même s'ils admirent la vedette du petit écran.

   Panahi et sa complice vont passer la nuit au village. Cela nous vaut un plan magnifique de la nuit tombant sur une misérable bicoque, où s'est réfugiée une ancienne actrice, mise au rancart après la Révolution islamique. On ne verra pas ce troisième visage, juste le personnage de dos, peignant dans un pré. Le fil est ainsi remonté, de la jeune "écervelée" à l'ancêtre qui a connu l'Iran au temps du Shah, la vedette actuelle permettant de tisser les liens.

   On comprend que c'est une histoire engagée, de nouveau en faveur de la liberté des femmes. Incidemment, Panahi règle quelques comptes. C'est notamment le cas dans la séquence nocturne au village. L'actrice vedette est allée au café local pour téléphoner à la production du film dont elle a quitté le tournage pour partir à la recherche de sa jeune fan. C'est le moment où réapparaît le grand-père du début. Il invite l'actrice à boire un thé. S'engage alors une discussion à la fois sociologique et surréaliste autour d'un... prépuce ! C'est subtil et délicieux... et cela débouche sur une critique du régime iranien. Le grand-père se désole que son acteur fétiche (Behrouz Vossoughi) ne soit pas accessible (il vit exilé aux Etats-Unis). Il ne comprend pas que Panahi ne puisse pas le joindre (il lui est interdit de quitter l'Iran).

   D'un point de vue visuel, le début m'est apparu assez cheap. Mais, dès que la caméra embarquée dans la voiture prend le dessus, les plans prennent une tout autre ampleur. Les vues nocturnes sont superbes. J'ai aussi encore en mémoire cette plongée sur la route sinueuse, où il peut se passer tant de choses.

   C'est un film superbe, foisonnant, caustique... qui aurait peut-être mérité la Palme d'or.

mercredi, 13 juin 2018

Un billet pour la cathédrale

   J'en ai appris une bien belle en lisant la presse aveyronnaise aujourd'hui (notamment La Dépêche du Midi) : la cathédrale de Rodez a son billet, d'une valeur de... 0 euro. Il s'agit bien entendu d'un gadget touristique, appelé aussi "billet souvenir", ce dernier mot figurant d'ailleurs à des dizaines d'exemplaires sur le billet en question :

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   En bas à droite figure la signature du chef d'entreprise qui a lancé l'idée de ce produit touristique, Richard Faille (auquel on doit aussi les médailles souvenirs, pour moi d'un intérêt moindre). L'objet est fabriqué en coton... et en France, d'après ce que garantit le site internet de l'entreprise.

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   D'ailleurs, le nom de l'imprimeur figure sur l'autre côté du billet. Il s'agit d'Oberthur Fiduciaire, lointain héritier de l'entreprise bretonne fondée au milieu du XIXe siècle, qui dut sa renommée aux tonnes d'almanachs et d'annuaires téléphoniques qui sortirent de ses locaux.

   Cette partie du billet est illustrée de monuments européens (qui ont déjà eu droit à leur version du produit). On reconnaît, de gauche à droite, la Porte de Brandebourg (1), la Tour de Belem (2), le Colisée de Rome (3), la Tour Eiffel (4), la Sagrada Familia (5), le Manneken Pis (6) et, en filigrane, un demi-visage (7) faisant sans doute allusion à la Renaissance (à un tableau de Sandro Botticelli ou de Léonard de Vinci).

   C'est sympatoche et cela ne coûte que deux euros. Voilà une excellente (et parcimonieuse) idée-cadeau pour la Fête des Pères !

samedi, 09 juin 2018

Jurassic World - Fallen Kingdom

   Environ trois ans après l'opus précédent (qui fut extrêmement rentable, à défaut d'être un grand film), revoilà les dinosaures créées/ressuscités, avec un nouveau réalisateur aux manettes. L'île sur laquelle on avait laissé les gros lézards connaît une intense activité volcanique, signe de son proche effondrement (l'une des grandes réussites du film). La question est : que faut-il faire des dinos ?

   Mais, avant que l'on ne se lance dans cet intense débat existentiel (entre des bobos écolos et des militaires caricaturaux), une piquante introduction nous plonge dans un océan de références aux Dents de la mer. (Il est question d'humains qui explorent le fond marin et de gigantesques portes que l'on ferme... ou pas.) On sent à peu près tout arriver à dix kilomètres... sauf l'ultime péripétie, qui associe horreur et humour, la marque de fabrique de cet épisode très réussi sur le plan formel.

   Les effets spéciaux sont vraiment excellents (vus en 2D). Les grosses bêtes sont criantes de vérité et l'on  a parfaitement su gérer leurs interactions avec les acteurs en chair et en os. Notons que l'on a doté certains dinosaures d'attitudes qui les font ressembler à des mammifères. Je ne suis pas certain que cela soit conforme à l'histoire naturelle... mais, après tout, on n'est pas là pour rédiger une thèse de troisième cycle.

   Les spectateurs familiers du genre savent que les dinos (à l'image du grand requin ou des aliens) sont des succédanés de tueurs en série... d'autant plus que les derniers modèles "mis en service" réfléchissent aussi bien (voire mieux) que des bipèdes. C'est une nouvelle fois l'occasion pour les scénaristes de fustiger les apprentis-sorciers de la science... et les milliardaires sans scrupules. Dans une production grand public, ce n'est pas désagréable.

   Le problème est que les personnages humains sont peu convaincants C'est stéréotypé au possible. On retrouve le duo du précédent film, incarné par Bryce Dallas Howard et Chris Pratt, pas mauvais mais sans saveur. On leur colle une gamine entre les pattes... qui a dû être sélectionnée sur sa capacité à hurler de manière stridente. C'est in-sup-por-table ! De surcroît, on crée un faux suspens la concernant. A plusieurs reprises, elle échappe de justesse aux griffes du tout nouveau, redoutable et impitoyable Indoraptor. On sait bien qu'il ne va pas parvenir à la boulotter, hein !

   Reste à savoir qui, parmi les nombreux seconds rôles et figurants, va servir de pâtée pour dinosaure. C'est un aspect de l'histoire qui a retenu mon attention, d'autant plus que c'est brillamment mis en scène, avec un zeste d'humour. Cela suffit pour passer un bon moment... et attendre la suite, hyper prévisible compte tenu du geste irresponsable commis par l'une des protagonistes à la fin.

13:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 08 juin 2018

Des urnes (faussement) catalanes

   Bien qu'étant abonné au Monde, je rechigne un peu à lire le supplément du samedi, appelé "M Le magazine du Monde". La plupart des pages sont constellées de publicités chics et toc. Rares sont les articles réellement informatifs. Du coup, parfois, je me contente d'un survol... et il m'arrive de rater quelque chose.

   Je m'en suis rendu compte récemment, en classant de "vieux" journaux, avant de les apporter à la borne de collecte. J'étais passé à côté d'un article fort intéressant, "Les urnes catalanes qui venaient du Nord". En réalité, la journaliste Sandrine Morel (qui avait sans doute en tête le roman -ou le film- L'Espion qui venait du froid) aurait dû intituler son article "Les urnes catalanes qui venaient d'Orient".

   En  effet, à la lecture de son papier, on découvre que les urnes en plastique qui ont été utilisées lors du référendum d'indépendance du 1er octobre dernier ont été fabriquées en Chine et ont été débarquées en Europe dans le port de... Marseille :

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   De là, elles ont gagné la région de Perpignan (dans les Pyrénées-Orientales), plus précisément la commune d'Elne d'où elles ont ensuite été expédiées clandestinement de l'autre côté de la frontière franco-espagnole :

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   Cette commune était déjà apparue au détour d'articles traitant de la crise catalane. C'est en effet dans une imprimerie située à Elne qu'ont été édités les bulletins du référendum, transportés ensuite en Espagne par le col du Perthus, en empruntant la départementale 900, plus discrète que l'autoroute A9 qu'elle double.

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   Je vois dans cette histoire une nouvelle confirmation que l'un des effets de la mondialisation est de favoriser les replis identitaires, l'égoïsme sacré des bourgeoisies locales. Au passage, rappelons que, si le référendum a débouché (à l'issue d'une campagne médiatique outrageusement dominée, en Catalogne, par les partisans de l'indépendance) sur la victoire écrasante du "oui" (à 90 %), cela représente moins de 39 % des inscrits.

   Les élections législatives qui ont suivi ont confirmé la division des habitants de la Catalogne en deux camps quasiment équivalents : si les partisans de l'indépendance ont obtenu (de justesse) la majorité absolue des sièges, ils sont (légèrement) minoritaires en voix dans la Généralité. Si, en face, il n'y avait pas eu cet autocrate corrompu de Rajoy, mais un-e dirigeant-e pondéré-e et ouvert-e, la crise serait sans doute déjà résolue entre gens raisonnables.

   La composition du nouveau gouvernement, présidé par Pedro Sanchez, me semble encourageante. Mais cet exécutif va devoir naviguer entre de multiples écueils, puisqu'il ne dispose pas vraiment de majorité stable aux Cortes (élus en 2016).

mercredi, 06 juin 2018

Foxtrot

   J'ai enfin pu voir ce film, qui a débarqué à Rodez plus d'un mois après sa sortie nationale... Il est signé Samuel Maoz, auquel on doit l'excellent Lebanon, qui date de déjà presque dix ans. Sans surprise, le titre est à sens multiple : c'est le nom du poste de contrôle auquel des appelés du contingent israéliens sont affectés ; c'est évidemment aussi le nom d'une danse... et une métaphore de ce qui se passe (ce que l'on ne comprend pleinement qu'à la fin).

   L'histoire est divisée en trois parties, complétées par un court épilogue. L'appelé du contingent Yonatan est le héros de la deuxième partie, qui répond à la première, où l'on voit principalement ses parents, incarnés par deux acteurs chevronnés, Lior Ashkenazi et Sarah Adler (vue il y a trois ans dans Self Made).

   La première partie tourne autour du deuil. En dépit de quelques longueurs, j'ai été touché par le personnage du père, vraiment très bien interprété. Ce bloc de granit, peu expressif, masque des failles que la suite va nous faire découvrir. Vers la fin du premier tiers, un coup de théâtre survient, qui change le ton de l'histoire.

   C'est à travers le fils que l'on va découvrir l'une des failles du père. Un soir, dans le container rouillé (et instable) qui sert de caserne aux appelés du contingent, le jeune homme raconte à ses camarades une stupéfiante anecdote, qui permet de surcroît de comprendre l'hostilité manifestée (dans la première partie) par la grand-mère vis-à-vis de son père.

   Cette deuxième partie met en contact les soldats avec des Palestiniens (sans doute du Sud de Cisjordanie), qui empruntent une de ces routes réservées, dont l'armée israélienne garde la possibilité de bloquer la circulation. Dès la première scène, on comprend que c'est tendu entre les soldats et les adultes qu'ils contrôlent. L'abus de pouvoir n'est pas loin... mais c'est plutôt l'inexpérience et la maladresse qui sont à redouter.

   C'est dans cette partie que la réalisation est la plus brillante. Je n'ai jamais vu un vieux poste de radio aussi bien filmé. J'ai aussi en tête la scène qui se conclut par le surgissement d'une canette de bière. Les plans sont remarquablement construits et la lumière est superbe.

   Dans la troisième partie, on retrouve les parents, après une ellipse. Cette fois-ci, c'est sur la douleur de la mère que le réalisateur insiste. J'ai beau apprécier l'actrice, j'ai été moins touché. J'ai quand même aimé la scène qui voit intervenir une substance hallucinogène, à la grande surprise de la fille du couple qui débarque à l'improviste. Quant au père, il finit par faire une révélation qui éclaire les parties précédentes.

   C'est vraiment un très bon film, pas toujours facile d'accès, mais parfois virtuose au niveau de la mise en scène.

dimanche, 03 juin 2018

Opération Beyrouth

   Le Liban sert de cadre à ce thriller politique, qui est aussi un peu un film d'espionnage. Derrière la caméra se trouve Tony Gilroy, auquel on doit notamment Michael Clayton, mais que l'on connaît surtout comme scénariste des Jason Bourne (et de Rogue One).

   L'intrigue se déroule en deux temps, dans les années 1970 puis dans les années 1980. La première partie, assez brillante sur le plan formel, ressuscite la ville libanaise avant la guerre civile. A l'époque, on parlait du pays comme d'une petite Suisse du Proche-Orient. Voitures, vêtements et coupes de cheveux rétro sont de sortie...

   Mais le drame n'est pas loin, qui va transformer le héros d'agent gouvernemental vibrionnant en commercial alcoolique et désabusé. C'est ainsi que l'on retrouve Mason Skiles une dizaine d'années plus tard. Dans le rôle, Jon Hamm (vu récemment dans Baby Driver) est excellent, même s'il nous ressert une énième version du mec brillant qui a perdu ses illusions, porté sur l'alcool fort, barbe de trois jours et sourire engageant à la clé. Il le fait très bien, quelque part entre Jeffrey Dean Morgan et Robert Downey Jr.

   Il est entouré par une brochette de seconds rôles de très bonne qualité, avec Rosamund Pike et quelques vieux routiers comme Dean Norris, Shea Whigham et Jonny Coyne (ainsi que Leïla Bekhti, dans la première partie). A noter que, dans la version française, on n'a doublé que les dialogues en anglais, laissant les discussions en arabe sous-titrées.

   Le scénario, en béton armé, s'inspire (sans la suivre de trop près) d'une histoire vraie, celle de l'enlèvement du chef de poste de la CIA à Beyrouth, William Buckley. Mais les auteurs ont choisi de changer partiellement l'arrière-plan. Le conflit israélo-palestinien (et ses multiples ramifications) prend le dessus sur le contexte strictement libanais. Cela conduit à minorer le rôle du Hezbollah et de la Syrie (dirigée par Hafez el-Assad, le papa de Bachar).

   Mais l'on peut parfaitement ignorer ces considérations et se contenter de suivre un excellent suspens, sur fond de manipulations et de corruption.

vendredi, 01 juin 2018

Solo : a Star Wars story

   Disney continue à exploiter le filon de La Guerre des étoiles, ici avec un épisode situé entre La Revanche des Sith et Rogue One, le précédent film dérivé de cet univers. On nous conte une partie de la jeunesse de Han Solo (adulte) et l'on nous révèle quelques-uns des secrets de la saga.

   Ainsi, on découvre pourquoi il s'appelle ainsi. On assiste à sa rencontre avec Chewbacca, l'un des meilleurs moments du film, plein d'humour... et avec une scène très "intime" entre les deux personnages... On apprend enfin dans quelles circonstances Solo a piqué le Faucon Millenium à Lando Calrissian (Donald Glover, très bien). On comprend aussi pourquoi Calrissian est viscéralement attaché au vaisseau... et l'on "vit" de l'intérieur l'exploit qui l'a rendu célèbre, une course spatiale au travers d'un impressionnant maelstrom.

   Les décors sont superbes (bien que pas toujours assez éclairés... je plains ceux qui l'ont vu en 3D). Les scènes d'action "dépotent" avec, en tête de liste, l'attaque du train double, virevoltante, comprenant l'intervention d'une bande de trafiquants concurrents de ceux auxquels Solo et "Chewie" se sont liés. (A noter l'excellente composition de Woody Harrelson, vu récemment dans La Planète des singes : suprématie et surtout 3 Billboards.)

   C'est aussi assez drôle, avec notamment l'apparition d'un nouveau droïde (de sexe féminin), L3-37, qui a noué une relation très spéciale avec son maître Calrissian... mais qui est prête à tout plaquer pour lancer la révolte des robots !

   Au niveau du sous-texte, je signale une dénonciation du pillage de l'Afrique par les firmes transnationales. (C'est suffisamment développé pour éviter d'avoir à se cogner l'intégralité de Black Panther.)

   Bref, on ne s'ennuie pas, même s'il faut reconnaître qu'Alden Ehrenreich n'arrive pas à la cheville d'Harrison Ford. Il n'est pas mauvais, mais son interprétation n'est pas enthousiasmante. Il est vrai que les scénaristes ont voulu nous le montrer en évolution. On le rencontre jeune homme, un peu naïf. On le voit devenir de plus en plus débrouillard, mais pas encore cynique. (L'histoire d'amour ne m'a cependant pas transporté.) Le film s'achève d'ailleurs sans que toutes les ficelles aient été tirées... et l'on aperçoit, peu avant la fin, une vieille connaissance.

   J'attends la suite !

16:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 30 mai 2018

Un héros peu ordinaire

   C'est un peu la vedette du moment... et c'est mérité. Le Malien Mamoudou Gassama, un "sans papiers" selon l'expression consacrée (un immigré clandestin / en situation irrégulière, disait-on autrefois), a accompli un geste que peu de personnes auraient (physiquement) pu réaliser, tout en ayant l'allure d'un jeune homme comme les autres (en tout cas, pas un fanfaron).

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   La vidéo de son exploit est visible, entre autres, sur le site du Monde. Cela donne une idée de la force et de l'agilité que celui que l'on surnomme Spiderman a dû déployer pour parvenir jusqu'à l'enfant. Cette témérité lui vient peut-être de son parcours de migrant, un périple qui l'a mené du sud-ouest du Mali (du village de Yaguiné) à Paris, en passant par le Burkina Faso, le Niger, la Libye et l'Italie :

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   Sur la carte, j'ai suggéré deux itinéraires entre la côte libyenne et l'Italie, ne sachant pas s'il a fait étape sur l'île de Lampedusa... et, aussi, parce que le jeune homme a eu besoin de deux tentatives pour réussir à "passer" en Europe.

   Ce n'est pas la première fois qu'un Malien se distingue en France par son comportement exemplaire. Souvenez-vous, en janvier 2015, un employé (musulman) du magasin Hyper Casher avait contribué à sauver la vie de plusieurs clients (juifs). Cet homme (Lassana Bathily) est originaire de la même région que Mamoudou Gassama (celle de Kayes), mais pas du même cercle (département) : celui de Yélimané pour Spiderman, celui de Kayes même pour L Bathily (si je ne m'abuse). Celui-ci, comme M Gassama, a été naturalisé français. Comme lui, il avait migré en France après un frère aîné.

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mardi, 29 mai 2018

Deadpool 2

   J'avais raté le premier en salles, à sa sortie... et je l'ai regretté. Un mardi soir, en sortant d'un autre film, j'avais discuté avec l'un des employés du cinéma de Rodez. Celui-ci était étonné que je n'aie pas vu Deadpool, tant il pensait que son humour déjanté me conviendrait. Il m'avait permis de jeter un oeil aux dernières minutes de l'ultime séance, ainsi qu'au générique. J'en avais été alléché, si bien que, quelque temps plus tard, je me suis procuré le DVD lors d'une opération prix réduit. J'ai kiffé.

   Dans ce numéro 2, j'ai retrouvé l'humour potache (très orienté cul), le second degré, les clins d'oeil au public... et l'ultra-violence. Ce n'est clairement pas un film pour les jeunes. Cette enfilade de déchirures, d'éviscérations, de décapitations, d'embrasements, d'écrasements, de démembrements arrosés à la sauce tomate en devient surréaliste. C'est franchement gore... et horriblement drôle.

   Et attention, n'arrivez pas en retard, sous peine de rater la délicieuse ouverture, avec une figurine de Wolferine (clin d'oeil à Logan). Suit un petit retour en arrière qui voit les grosses bastons sanguinolentes débarquer... et quel générique ! (Soyez attentifs aux incrustations...) L'une des bonnes surprises est la séquence carcérale, qui relie l'histoire à l'univers X-Men. Je recommande aussi tout ce qui se passe chez la vieille aveugle, en particulier la scène avec les jambes à peine repoussées... Mais le meilleur est le moment où le héros se constitue une équipe de frappadingues à peine moins atteints que lui. J'ai adoré la manière dont les scénaristes ont choisi de montrer les débuts approximatifs de cette équipe. C'est culotté... et hi-la-rant.

   Aux manettes se trouve David Leitch, auquel on doit, entre autres, John Wick. La distribution associe de vieux briscards comme Josh Brolin et de jeunes pousses comme Zazie Beetz, une révélation dans le rôle de l'ultra-chanceuse Domino. Le personnage est très bien écrit, mais l'actrice s'est visiblement coulée avec délectation dans le rôle. Au-dessus de la mêlée plane Ryan Reynolds (en pleine forme), qui s'est attribué la plupart des meilleures répliques.

   Pour ceux que les méga-grosses productions sentencieuses ont fini par lasser, Deadpool 2 propose une rafraîchissante variation sur le film de super-héros... à réserver toutefois à un public averti.

23:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 26 mai 2018

Mahmoud Abbas à pleins tubes

   Le président de l'Autorité palestinienne est de santé fragile (à 83 ans, cela se comprend). Beaucoup de personnes se posent des questions quant à sa capacité à diriger l'Autorité palestinienne. Il semble usé par les années passées au pouvoir (plus de treize) et discrédité auprès d'une partie des Palestiniens. Est aussi évoquée la corruption de son entourage.

   La photographie publiée par Wafa (l'Agence de Presse Palestinienne, équivalent de notre AFP) va rassurer ses admirateurs... ou pas :

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   Confortablement installé dans le fauteuil d'une chambre de l'hôpital situé près de Ramallah (en Cisjordanie), M. Abbas lit ou fait semblant de lire un journal arabe, qu'on lui a peut-être tout simplement mis entre les mains, pour réaliser la photographie.

   Le problème vient de la dernière page, celle de droite. (N'oubliez pas le sens de la lecture, en arabe.) On y  distingue une caricature, dont j'ai trouvé une version plus nette :

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   Elle représente un soldat de l'armée israélienne en train d'empoisonner un bébé arabe (sans doute palestinien). C'est visiblement une allusion à l'affaire Leïla Ghandour, dont on sait aujourd'hui qu'elle a été montée en épingle (peut-être de manière infondée) dans un but de propagande.

   Cependant, le soldat n'est pas en train de lancer une grenade lacrymogène (cause supposée -et contestée- du décès) sur une foule au sein de laquelle se trouve l'enfant. Il l'empoisonne à l'aide de biberons contaminés. Certains diront que la caricature fonctionne sur le symbole, le gaz lacrymogène pouvant être comparé à un poison. (Il est certes pathogène, mais, en théorie, pas mortel.) D'autres personnes y verront une énième version d'une rumeur antisémite, qui remonte au Moyen-Age et refait périodiquement surface, la pratique de crimes rituels (le meurtre d'enfants, à l'époque de la Pâque juive).

   Par une étrange coïncidence, l'homme qui tient le journal véhiculant ce cliché infondé a tenu des propos du même tonneau, il y a deux ans, avant de s'excuser quelques jours plus tard (reconnaissant le caractère infondé de la prétendue information). Cela ne semble hélas pas lui avoir servi de leçon, puisqu'il a récemment récidivé, dans le genre cliché antisémite.

   Ce sont des éléments qui accréditent l'idée que le choix du journal (pour la photo de l'hôpital) avec la caricature nauséabonde est conforme à ce que pense le président palestinien. Pourtant, pendant des années, il est passé plutôt pour un modéré. Il fut l'une des chevilles ouvrières des Accords d'Oslo... et il a dû se coltiner les frasques de Yasser Arafat.

   A la différence de celui-ci (né au Caire), il est né dans la Palestine mandataire, plus précisément dans le Nord, en Galilée, à Safed (aujourd'hui Tsfat, en Israël) :

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   Mahmoud Abbas est donc un authentique réfugié, puisque sa famille a quitté la région lors de la première guerre israélo-arabe, celle de 1948-1949. Mais le plus remarquable est qu'en 2012, l'ancien réfugié devenu président de l'Autorité palestinienne a reconnu que, s'il aimerait beaucoup revoir la ville de son enfance, il n'envisageait pas de retourner y habiter... ce qui lui a valu la haine des extrémistes qui ont fait du droit au retour (de surcroît déformé) leur fonds de commerce politique.

   Du coup, je suis partagé. Dans ses récentes interventions publiques, Mahmoud Abbas est peut-être tout simplement un homme âgé, fatigué, déçu de ne pas avoir pu achever son oeuvre (en partie à cause des gouvernements israéliens)... ou alors, ayant perdu toute lucidité, il est manipulé par son entourage.

vendredi, 25 mai 2018

La mère de Gaza

   Rappelez-vous. C'était il y a quelques jours, lors des manifestations de Gaza. Les médias occidentaux (parmi d'autres) se sont enflammés à la vue du bilan humain (une soixantaine de morts, tous palestiniens). Dans le tohu-bohu de la fumée, du sang et des larmes, une figure iconique a surgi :

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   Il s'agit de Mariam Ghandour, mère de la petite Leïla, qu'elle tient dans ses bras, morte. Très vite, l'armée israélienne a été accusée d'avoir provoqué le décès de l'enfant avec ses lancers de grenades lacrymogènes, près de la frontière avec Gaza. (Au passage, c'est une nouvelle confirmation que Tsahal a tenté d'éviter le recours à la force ultime, celle des armes à feu.)

   D'après le récit qu'on peut lire çà et là, ce n'est pas la mère qui a amené l'enfant à proximité d'un endroit extrêmement dangereux, mais son petit frère, qui l'a finalement confiée à la grand-mère. Il n'est jamais question du père de l'enfant. Curieux. (Il me semble qu'on peut le voir sur quelques photographies, notamment celles prises lors des funérailles.) De plus, on pourra être surpris par l'âge de la mère : 17 ans. Le bébé ayant 8 mois, sa mère était peut-être âgée de 16 ans à sa naissance. Pire : selon The New York Times, Mariam Ghandour avait perdu son fils aîné (dans un incendie accidentel) il y a deux ans. Elle pourrait donc être tombée enceinte de son "mari" à seulement 14 ans !!!

   Mais là n'est pas le problème. Très vite, des rumeurs ont commencé à circuler sur la Toile. Il y aurait anguille sous roche... non que la mort de l'enfant soir une fake news (ce drame s'est malheureusement produit), mais la cause du décès est sujette à caution. L'alerte a été donnée par un site militant (mais qui se veut rigoureux sur le plan journalistique). La confirmation vient du quotidien israélien (d'opposition) Haaretz, qui cite un médecin local (sous couvert d'anonymat, tant le sujet est délicat) :

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   En clair, le bébé était déjà malade (il souffrait d'un problème au coeur, selon The New York Times) et le médecin déclare qu'il ne croit pas que le gaz lacrymogène soit la cause de la mort. Peut-être a-t-il tort. On ne le sait pas. Cela n'a pas empêché l'immense majorité des commentateurs de relayer la propagande du Hamas, contribuant à détériorer encore l'image de l'armée israélienne. Sur les photographies, on remarque d'ailleurs que, parmi les civils qui s'empressent de manifester leur compassion en public, plusieurs en profitent pour prendre le bébé mort en photo... sans doute pas dans le but de l'exposer dans leur salon. Sur l'illustration du début, on croit voir une grand-mère tenir un smartphone personnalisé :

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   Cela m'a fait tout drôle. Le téléphone ne cadre pas du tout avec le style de la grand-mère... pas plus que la main qui le brandit, quand on regarde bien : elle est manucurée, jeune. C'est en fait celle de la personne qui se tient derrière la grand-mère, que l'on aperçoit sur une autre photographie, que j'ai trouvée (en très grand format) sur le site de Haaretz (et sur celui de La Dépêche du Midi) :

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   Qui est cette femme ? Pas une proche de la famille visiblement. Il est possible qu'elle travaille pour un média issu d'un pays musulman... ou, tout simplement, que ce soit une militante du Hamas. Cela nous ramènerait à la problématique soulevée par ces "marches du grand retour" : téléguidées en sous-main par le mouvement palestinien, elles ont mêlé militants politiques et gens ordinaires, soucieux d'exprimer leur désarroi.

   Les mêmes interrogations sont nées de l'observation des photographies prises lors des funérailles, notamment de celle-ci :

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   La personne se trouvant à gauche, très calme, semble davantage se préoccuper de fixer l'image du cadavre que de réconforter la mère pourtant très proche. Gageons que les réseaux sociaux palestiniens se sont rapidement enrichis d'un nouveau contenu marquant...

   Concernant les photographies publiées par la presse, on remarque la domination de celles issues de l'AFP (l'Agence France Presse). Celle figurant en tête de ce billet est de Thomas Coex. Celle publiée dans Haaretz est de Mahmud Hams. Toutes deux présentent une mater dolorosa, pleurant le décès de son enfant bien-aimé, à l'image de la Vierge après la crucifixion, comme on peut le voir sur de nombreux tableaux occidentaux, comme la Pietà du Vénitien Giovanni Bellini (au début du XVIe siècle) :

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   A travers les images publiées lors de ces troubles, on a visiblement cherché à guider le regard des lecteurs, sans que le fondement de l'accusation soit vérifié. On peut donc affirmer qu'il s'agit ici moins de journalisme que de propagande.

   P.S.

   Je conseille vivement la lecture entière de l'article du New York Times, dans lequel on apprend que l'un des oncles de la jeune mère était un militant de la Brigade des martyrs d'Al-Aqsa, une milice liée au Fatah (et donc à l'OLP et à l'Autorité palestinienne). L'oncle en question a été abattu par l'armée israélienne en 2006.

   P.S. II

   La petite Leïla vient d'être retirée (provisoirement) de la liste des victimes des récents événements à Gaza. C'est le signe que les autorités palestiniennes doutent... ou qu'elles ne peuvent pas contester les doutes émis par d'autres.

mardi, 22 mai 2018

Les manifestants de Gaza téléguidés

   Ce week-end, j'ai eu un peu de temps pour trier les journaux et lire à fond. Au détour d'un article du Monde, signé Piotr Smolar, je suis tombé sur une anecdote révélatrice des arrière-pensées des organisateurs des récentes manifestations palestiniennes à Gaza. Comme le passage se situe à la fin de l'article, dans la version numérique il n'est accessible qu'aux abonnés. En voici la version papier :

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   Vous ne le savez peut-être pas, mais Israéliens et Palestiniens se livrent une lutte féroce sur les réseaux sociaux. Ceux-ci sont un moyen peu coûteux d'atteindre un vaste public... et de répandre sa propagande. Concernant les récentes manifestations, on comprend que nombre de personnes qui se sont approchées de la clôture frontalière avaient l'intention, une fois de l'autre côté, de rejoindre les villages israéliens les plus proches.

   Dans un précédent billet, j'en ai évoqué deux, vraiment très très proches. La question est : qu'avaient prévu de faire ces personnes, une fois arrivées dans les villages israéliens ? Rappelons que, depuis plusieurs années (et encore très récemment, début mai), des activistes palestiniens franchissent (ou tentent de franchir) la frontière, portant sur eux une ou plusieurs armes blanches. L'armée israélienne le sait, tout comme les politiques qui lui donnent des ordres. Ils seraient très imprudents s'ils laissaient de potentiels agresseurs franchir la frontière. Quant au Hamas, il joue la politique du pire : sachant que les soldats israéliens feront feu sur les personnes qui approcheront la frontière, il y  envoie des civils, parmi lesquels se cachent sans doute des militants, qui comptaient profiter de l'agitation (et de la fumée provoquée par les incendies de pneus) pour s'infiltrer en Israël...

dimanche, 20 mai 2018

Ce que vaut la vie d'un Palestinien...

   ... pour le Hamas. Pourquoi cette question ? Eh bien parce que la mort (ou la blessure) d'un-e habitant-e de Gaza sous les balles israéliennes "rapporte" à sa famille. D'après The Times of Israël, les proches d'un Palestinien mort au cours d'un affrontement avec Tsahal reçoivent la bagatelle de 3 000 dollars !

   Cette information appelle plusieurs commentaires. Certains estimeront que c'est une somme ridicule, comparée à la perte d'un être cher. D'autres placeront en regard le PIB par habitant de la bande de Gaza qui, en 2011, culminait à 1 500 dollars... par an. C'est donc l'équivalent de deux ans de revenu qui est offert par le Hamas.

   Dans l'absolu, on pourrait accepter cette forme d'Etat-providence, qui vient au secours des citoyens dans le besoin. Si la personne décédée était le père d'une famille, c'est la survie de celle-ci qui est menacée. Le problème est que ce ne sont pas des citoyens ordinaires, mais des activistes politiques, voire pire : des auteurs d'attentat.

   L'autre problème qui se pose est que ce dispositif est connu des Gazaouis. L'article où j'ai trouvé l'information date de début avril 2018, soit un mois avant les affrontements violents qui défraient la chronique. Donc, les personnes qui, ces derniers jours, se sont dirigées vers les clôtures frontalières d'Israël ont agi en connaissance de cause. Cela ne rend pas la riposte israélienne totalement justifiable, mais cela permet de comprendre la tactique du Hamas, qui cherche à s'appuyer sur la mauvaise conscience occidentale et l'opinion arabo-musulmane.

   Le Hamas ne fait que poursuivre une politique engagée par son grand rival, le Fatah, qui dirige l'Autorité palestinienne (en Cisjordanie). D'après une déposition faite devant le Congrès des Etats-Unis, plusieurs lois palestiniennes, votées entre 2004 et 2013, ont instauré une série d'allocations pour les activistes et leur famille. Pour celles dont un membre a commis un attentat-suicide, il est prévu un versement d'environ 1 500 dollars. Au total, selon les sources, cela représente entre 140 et 170 millions de dollars par an, soit 7 à 10 % du budget de l'Autorité palestinienne. Rappelons que le premier bailleur de fonds de celle-ci est... l'Union européenne (20 à 30 % du total, selon les sources et les années considérées).

   Du coup, certaines familles de victimes d'attentats palestiniens se sont tournées vers la justice pour obtenir réparation... de l'Autorité palestinienne... et elles ont gagné (en 2015), devant un tribunal new-yorkais. Cela semble avoir donné des idées à une autre famille, qui vient de lancer des poursuites contre l'Autorité palestinienne et l'OLP, devant un tribunal de Jérusalem. Notons qu'ici, les victimes sont les membres d'une famille de colons installés (illégalement, selon le droit international) en Cisjordanie, à Itamar, qui se trouve au sud-est de Naplouse.

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mercredi, 16 mai 2018

Death Wish

   Le distributeur ne s'est pas donné la peine de trouver un titre prononçable pour les Français moyens. Il suffit qu'ils sachent que c'est un film d'action avec Bruce Willis (qui, outre-Altantique, les enchaîne à un rythme soutenu). Pour les vieux cinéphiles (et les téléphages), on pourrait se contenter de dire qu'il s'agit d'une nouvelle mouture du Justicier dans la ville, B. Willis succédant à Charles Bronson.

   Même si l'interprétation n'est pas démentielle (et le doublage perfectible), j'ai apprécié de retrouver des visages connus dans les seconds rôles. On commence avec la famille du héros : sa femme est incarnée par Elisabeth Shue (remarquée notamment dans Les Experts) :

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   Le père de celle-ci a les traits d'une vieille connaissance, Len Cariou, que l'on voit ces dernières années en patriarche d'une famille de flics dans Blue Bloods :

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   Enfin, dans le rôle du frangin, on reconnaît Vincent d'Onofrio :

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   Parmi les autres visages connus, je signale un vétéran des seconds rôles, à la télévision comme au cinéma : Dean Norris.

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   Le film démarre par une scène bien léchée (une vue aérienne de Chicago la nuit), sur fond de délinquance exacerbée. Par contraste, la séquence suivante présente le monde calme et feutré d'une riche famille de Blancs, le père étant chirurgien, la mère achevant un doctorat et la fille étant sur le point de partir à la fac (à New York). Tout cela n'est pas anodin. Le film étant assez orienté politiquement, il souligne volontairement le côté bobo de la famille du héros.

   On retrouve celui-ci en situation, aux urgences de l'hôpital de Chicago. On ne nous cache pas l'horreur de certaines situations et l'on nous montre un grand professionnel, précis et compassionnel, le serment d'Hippocrate chevillé au corps : il peut soigner successivement un policier et le délinquant qui vient de lui tirer dessus.

   Un événement traumatique va le faire évoluer psychologiquement. On nous y mène tout doucement et, ce soir-là, on sent la tension monter. Le réalisateur a quand même eu le tact de pratiquer une petite ellipse visuelle (au moment d'un meurtre)... mais l'on se rend rapidement compte que c'est pour maintenir un peu de suspens, puisque l'on va mettre du temps à découvrir qui des trois agresseurs a tiré les coups de feu mortels.

   Le pacifique Paul Kersey / Bruce Willis va progressivement se muer en loup. Et c'est là que le film fait preuve d'un peu d'habileté. Il ne se précipite pas dans les scènes attendues de vengeance. Il nous montre un gars un peu maladroit, qui hésite entre régler ses comptes et servir la société. Son travail aux urgences va lui être d'un précieux secours, parfois de manière inattendue.

   Dans cette version moderne du Justicier dans la ville, les smartphones, les réseaux sociaux, les radios populistes et les chaînes d'information en continu rythment la vie des personnages. C'est un portrait plutôt réussi de l'univers urbain contemporain... un portrait de droite, pro-gun, même si, dans l'une des scènes se déroulant dans l'armurerie, on nous fait comprendre que le contrôle des armes (et des acheteurs) est très laxiste.

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mardi, 15 mai 2018

PropaGaza

   L'approche du soixante-dixième anniversaire de la (re)création d'Israël a incité les dirigeants palestiniens (notamment ceux du Hamas, le mouvement islamiste qui domine la bande de Gaza) à accentuer les manifestations contre l'Etat hébreu.

   Parmi les revendications, il y a celle du "droit au retour" des réfugiés palestiniens, qui ont quitté la partie de la Palestine conquise par les sionistes au cours de la guerre de 1948-1949 (en hachures sur la carte ci-dessous).

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   Un premier problème surgit quand on recherche une estimation fiable du nombre de ces réfugiés. Les historiens sérieux avancent des chiffres de 700 à 800 000 réfugiés... mais, dans les médias français (comme Le Monde), on peut lire des estimations bien plus élevées, de l'ordre de 5 à 6 millions. D'où vient l'écart ? Pas vraiment de l'ajout d'une seconde vague de réfugiés, celle de 1967. Plutôt du fait que, pour les journalistes (et les associations palestinophiles), il faut inclure dans la liste les enfants, petits-enfants, neveux, nièces des réfugiés, alors qu'ils n'ont jamais mis les pieds sur la terre où ils sont censés "retourner" !

   D'autre part, une polémique récurrente agite les connaisseurs du dossier, concernant la cause de la fuite des Palestiniens en 1948-1949. Certains sont partis de leur plein gré (ou ont placé leur famille à l'étranger), quand ils ont compris que la situation se dégradait sur place. D'autres ont fui pendant le conflit, par peur d'être tués. D'autres enfin ont été chassés par les forces armées sionistes, qui ont détruit plusieurs villages. A ma connaissance, aucune étude sérieuse n'a été faite pour déterminer la part de chaque motivation. On en reste donc au niveau des accusations et des anathèmes. (Pour la petite histoire, j'ajoute qu'au cours du conflit de 1948-1949, à deux reprises, le principal dirigeant sioniste, David ben Gourion, a proposé d'accepter le retour d'une partie des réfugiés, 100 000 puis 200 000... des propositions sèchement refusées par des dirigeants arabes adeptes alors du tout ou rien et qui n'avaient pour objectif que foutre tous les juifs à la mer...)

   En dépit de l'aspect épidermique du sujet, je pense que, si des négociations sérieuses s'engagent un jour, un compromis pourra être trouvé entre les deux parties, pour peu que chacun y mette du sien, comme on avait pu le constater, en 2003, lors de la signature (informelle) des Accords de Genève. (Cette époque apparaît si lointaine, à présent...)

   Mais revenons à nos moutons. Les "marches du grand retour" sont une opération de propagande du Hamas, qui poursuit plusieurs buts. D'abord, je pense qu'il cherche à torpiller la célébration, par Israël, du 70e anniversaire. De manière plus hypocrite, les dirigeants islamistes essaient de détourner la colère et les frustrations de la population gazaouie (dont ils sont en partie responsables) contre les méchants Israéliens, accusés de tous les péchés. Il est vrai que la bande de Gaza est en train de devenir une enceinte de confinement de la population palestinienne : 2 millions de personnes (pour beaucoup au chômage) s'entassent sur un territoire grand comme deux fois Rodez agglomération, soit une densité de plus de 5000 hab/km² !

   Enfin, avec la complicité de médias incultes et complaisants, le Hamas cherche à faire porter le chapeau des violences à l'armée israélienne. La bande de Gaza est entourée, au niveau de ses frontières terrestres (avec Israël), par une barrière de sécurité, qui prend souvent la forme d'une simple clôture, comme ici :

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   Au passage, cette crise aura eu au moins le mérite, par les images qu'elle a contribué à diffuser, de faire comprendre que le gouvernement israélien n'avait pas encerclé la bande de Gaza par un gigantesque mur hermétique. Trop d'exagération tue l'exagération...

   Cette clôture/barrière de sécurité a pour objectif de protéger les habitants des villages israéliens proches de toute agression palestinienne. C'est le cas notamment du kibboutz Nahal Oz (encadré en bleu), situé à (presque) un jet de pierre de la frontière (soulignée en rouge):

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   Dresser la liste des avanies que les habitants de cette localité ont subies depuis des années nécessiterait la rédaction de plusieurs dizaines de billets. Limitons-nous aux dernières années, qui ont vu les Israéliens essuyer des attaques de roquettes et des Palestiniens s'infiltrer de l'autre côté de la clôture, grâce à de petits tunnels. (La dernière tentative -qui a avorté- remonte au 3 mai !) Les Français sont hélas désormais très au fait des ravages qu'un extrémiste armé d'un grand couteau peut provoquer...

   Tout récemment, c'est d'une autre joyeuseté que les Palestiniens de Gaza ont gratifié leurs voisins israéliens : des cerfs-volants et des ballons incendiaires, qui ont provoqué d'importants dégâts, notamment à Kfar Aza, voisin du kibboutz Nahal Oz :

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   Voilà pourquoi les soldats israéliens ont reçu l'ordre d'empêcher les Palestiniens d'approcher de la clôture de sécurité. Ces derniers jours, à l'incitation du Hamas (qui aurait promis de les payer pour ça !) plusieurs milliers d'entre eux se sont dirigés vers la frontière la plus proche des villages israéliens. Une fois la clôture franchie, qu'aurait fait cette foule de manifestants en arrivant dans la localité israélienne ? Vu les récents "incidents", l'armée ne pouvait pas prendre de risque. De surcroît (ce que nombre de médias français se sont gardés de préciser), les dirigeants palestiniens ont été avertis que les personnes qui s'approcheraient de la frontière risquaient fort d'être la cible des tireurs d'élite. Enfin (un élément là encore très souvent tu par les médias français), avant de tirer à balles réelles, les soldats israéliens ont envoyé des grenades lacrymogènes. Même si je suis d'accord avec le fait que ces nombreuses morts civiles sont inacceptables, que venaient faire à cet endroit dangereux des adultes avec des enfants, sinon passer pour des martyrs (et, peut-être, empocher le plus de primes possible du Hamas) ?

samedi, 12 mai 2018

Rampage - Hors de contrôle

   Le réalisateur de films à grand spectacle Brad Peyton (San Andreas, Comme chiens et chats 2) retrouve Dwayne Johnson (rescapé de Baywatch) pour une histoire rocambolesque, rehaussée par une batterie d'effets spéciaux.

   On commence par une séquence dans l'espace, au sein d'une station orbitale vouée à de mystérieuses recherches. Elle est sur le point d'exploser, mais là n'est pas le seul danger auquel une ravissante scientifique est exposée : elle tente d'échapper à une étrange et dangereuse grosse bébête.

   Bienvenu dans Aliens.

   Je ne vais pas révéler comment, mais sachez que cette catastrophe spatiale a des répercussions sur Terre, notamment dans un zoo, où un gorille adepte de la langue des signes va subir une étonnante métamorphose.

   Bienvenue dans La Planète des singes et dans King Kong.

   Dans le même temps, on suit une équipe de mercenaires. Ils ont de gros muscles, de grosses voix, des tatouages, des cicatrices et l'on sent que leur caleçon abrite des burnes de mammouth. Les voilà propulsés dans une forêt dense, où sévit une autre grosse bébête, qui a très faim.

   Bienvenue dans Predator.

   Une troisième bébête va jouer un rôle crucial dans l'intrigue. On ne la découvre que tardivement quand, émergeant de l'eau, elle se lance à l'assaut de Chicago, détruisant tout sur son passage... sauf si une autre grosse bébête l'en empêche.

   Bienvenue dans Godzilla.

   Brad Peyton connaît son affaire... et ses classiques. L'intrigue est sans réelle surprise, mais les scènes d'action sont bluffantes, avec d'excellents effets spéciaux. Ce n'est que vers la fin que, sur certains plans, on remarque l'utilisation d'un fond vert. (C'est d'ailleurs assez étrange, vu que, dans le reste du film, l'image est irréprochable.) C'est aussi à ce moment que j'ai remarqué le même phénomène que celui constaté dans Les Derniers Jedi : un changement de focale entre l'avant et l'arrière-plan, avec une légère déformation de l'image. Là aussi, cela se passe dans un plan qui associe des acteurs réels et un fond vert où l'on a incrusté des images animées, sans doute en 3D. (Mais j'ai vu le film en 2D.)

   Notons qu'entre deux bastons, on nous propose quelques scènes humoristiques. Elles sont presque toujours liées au gorille, prénommé George (et pourquoi pas Jean-Claude ?). Les interactions avec Dwayne Johnson sont souvent comiques (c'est lié à l'utilisation des doigts... je n'en dis pas plus !). D'un point de vue technique, le gorille est la créature la plus réussie : il est superbe et l'on est parvenu à lui faire exprimer des émotions.

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   De son côté, Dwayne Johnson est toujours aussi décontracté, avec cette pointe d'autodérision qui le distingue des gros bourrins dans son genre. Il est épaulé par quelques bons seconds rôles, comme Naomie Harris (remarquée naguère dans Skyfall et 007 Spectre... elle est aussi Tia Dalma dans Pirates des Caraïbes) et Jeffrey Dean Morgan (vu récemment dans la série Extant et surtout le film Desierto). Celui-ci semble avoir pris beaucoup de plaisir à incarner un agent secret hors norme, une sorte de cow-boy gouvernemental.

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   Cela m'amène à une dernière réflexion : c'est une fiction "de gauche", qui dénonce, non pas l'omniprésence d'un Etat supposé totalitaire (fantasme des libertariens), mais la puissance d'une firme transnationale, prête à tout pour arriver à ses fins. Du coup, je suis sorti de là assez satisfait.

   P.S.

   Au cours des combats urbains, on assiste à l'effondrement d'un gratte-ciel, provoquant la formation d'un énorme nuage de poussières. Pour un Américain, c'est une référence au 11 septembre 2001, une allusion déjà perceptible dans San Andreas. Ici, elle gagne en subtilité : la tour s'effondre du fait de l'action des trois monstres, qui sont, indirectement, des créations américaines, tout comme les tours new-yorkaises ont été détruites par des membres d'Al-Qaida, héritiers des djihadistes d'Afghanistan auparavant soutenus par la CIA...

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mercredi, 09 mai 2018

Everybody knows

   "Tout le monde (le) sait"... mais quoi ? Un secret de famille, qu'un spectateur doté de quelques neurones aura éventé au bout d'une dizaine de minutes. Le réalisateur Asghar Farhadi (auquel on doit notamment Une Séparation) a eu l'obligeance de lâcher très tôt un indice, au cours d'une scène qui fait intervenir une chiure d'oiseau. Soyez attentifs à ce que l'un des personnages principaux dit à l'autre...

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   L'intrigue repose sur trois caractères très marqués. Penelope Cruz est Laura, la fille cadette d'un agriculteur quasi-grabataire (et alcoolique), qui revient au pays (dans le sud de l'Espagne) pour assister au mariage de la benjamine. Force est de constater qu'à 44 balais, "Pene" est encore gaulée comme une déesse, les jeunettes de vingt ans peinant à rivaliser avec elle. Je regrette toutefois que le potentiel de l'actrice soit sous-utilisé par Farhadi.  Il la confine dans un rôle de belle pleureuse, alors qu'elle a prouvé par le passé qu'elle dispose d'une palette de jeu assez étendue.

   Du coup, c'est Javier Bardem qui attire la lumière... de manière paradoxale. Il incarne Paco, l'ex de Laura, le fils de l'ancien commis de son père, qui, à la force du poignet, s'est élevé socialement, au point de susciter quelques jalousies.

   Ricardo Darin (remarqué dans Les Nouveaux Sauvages et Dans ses yeux) interprète l'époux argentin de Laura, un type doux, compréhensif... et bigot. C'est peu de dire que le personnage est terne et monolithique. J'ai eu de la peine pour l'acteur, que j'ai connu autrement plus brillant.

   Fort heureusement, le scénario comme la réalisation sont de bon niveau. Farhadi a construit une intrigue complexe comme il les aime, avec ses ramifications familiales et sociales. Au niveau de la mise en scène, tout n'est pas réussi, mais il faut reconnaître que c'est quand même globalement très inspiré.

   L'histoire commence d'ailleurs par de fort jolis plans, au cœur du clocher du village. Elle se poursuit malheureusement par une enfilade de moments très convenus, que ce soit dans la voiture ou à l'arrivée des "Argentins" à l'hôtel familial. En dépit de la faiblesse de ces scènes, je pense qu'elles sont indispensables à l'intrigue. Farhadi en a besoin pour placer les pièces sur son échiquier, avant de les faire bouger.

   La séquence du mariage est incontestablement l'un des sommets du film. C'est aussi l'un des rares moments où percent l'humour et le bonheur. Dès qu'une disparition survient, on tombe hélas dans un mélo peu subtil. En même temps monte une incroyable tension. C'est évidemment lié à l'incertitude qui règne quant au sort de la personne enlevée. Mais c'est aussi un polar, qui invite les spectateurs à tenter de deviner qui est derrière ce qui ressemble à une machination. Le passé refait progressivement surface... et le monde actuel (avec ses problèmes sociaux) se fait douloureusement sentir. Franchement c'est mené avec brio et, même si la fin n'est pas emballante, le film tient globalement ses promesses.

 

ATTENTION !

LA SUITE RÉVÈLE

DES ÉLÉMENTS CLÉS

DE L'INTRIGUE !

 

   Le film est aussi une réflexion sur la paternité et le sens de l'existence. Au départ, on est tenté de penser que Paco a réussi dans la vie. Lui le fils d'un commis de ferme est devenu le gérant d'une florissante exploitation viticole. Il est respecté (et craint) à son travail. Il a épousé Béa, une femme ravissante, indépendante et intelligente. Mais l'enlèvement d'Irène lui fait comprendre qu'il lui manque quelque chose. C'est d'abord la paternité qu'il n'a pas pu exercer, Béa ne voulant pas d'enfant. C'est ensuite son amour d'enfance, Laura, qui lui a préféré un homme terne mais, à l'époque, beaucoup plus riche que lui. C'est enfin l'hostilité de la majorité des membres de la famille de Laura, qui ne lui pardonnent pas d'avoir réussi socialement, peut-être à leur détriment. De surcroît, on comprend à demi-mots que Paco est en train de développer une maladie grave. Cela peut expliquer son geste pour faire libérer sa fille. Le pire est que cela ressoude le couple Laura-Alejandro. A la fin, il a tout perdu, sauf l'honneur... et, peut-être, la reconnaissance de celle qui ne sait pas encore qu'il est son père biologique.

   Tout cet arrière-plan révèle aussi ce qui me semble être la mentalité patriarcale du réalisateur (déjà perceptible, me semble-t-il, dans Une Séparation). De manière générale, les personnages féminins sont dépeints comme émotifs et passifs, alors que leurs homologues masculins rationalisent et agissent davantage. (Au contraire, dans la vraie vie, combien de fois me suis-je retrouvé face à des hommes qui perdent leurs moyens face aux difficultés, alors que tant de femmes ont les "couilles" de les surmonter...) Paco est présenté comme victime des femmes, la belle Laura qui l'a quitté, l'a privé de sa fille et va contribuer à le ruiner, la caractérielle Béa qui a refusé d'avoir un enfant (et va le quitter à son tour) et enfin la comploteuse nièce de Laura qui est mouillée dans l'enlèvement.

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mardi, 08 mai 2018

Nous sommes l'Humanité

   J'ai eu l'occasion de voir ce documentaire engagé, tourné en Inde, plus précisément dans les îles Andaman, ce territoire d'outre-mer où (sur)vit un peuple premier, les Jarawas, qui a longtemps vécu sans le moindre contact avec le monde moderne.

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   On commence avec une scène de pêche, comme je n'en avais jamais vu. Le pêcheur est un jeune adulte, muni d'un arc et de seulement deux flèches. On le voit d'abord évoluer dans une zone humide à faible profondeur. Mine de rien, le gars est très habile.

   On enchaîne avec le témoignage d'un adulte plus âgé, qui se souvient d'un gigantesque tsunami, sans doute celui de 2004 (qui a été mis en scène naguère par Clint Eastwood, dans Au-delà). Si l'ampleur des vagues a incontestablement marqué les habitants de l'île, ils en ont cependant surtout gardé de bons souvenirs... pour une raison que je me garderai de révéler.

   Vient enfin le tour des femmes, ici des jeunes épouses. L'une d'entre elles semble n'avoir que 15-16 ans. A travers elles (et les hommes musclés très présents à l'écran dans la seconde partie du film), on comprend que le réalisateur a été marqué par la beauté de ce peuple, une beauté quasiment sans afféterie, le maquillage (à l'aide de glaise) constituant une notable exception, nous valant une séquence superbe, par la description du processus et par la manière d'en filmer le résultat. J'ajoute qu'un réel travail a été effectué sur les sons. Dans une grande salle, bien équipée, on se sent comme immergé dans la jungle.

   Les enfants constituent sans doute le groupe vedette du documentaire. On les voit très souvent, soit en compagnie des adultes, soit seuls, soit en bandes. On les voit s'amuser, faire des bêtises, tester, apprendre, dormir, manger... Visiblement, ils n'ont pas besoin de toboggan !

   Le film insiste sur la manière dont ce peuple se nourrit, en se contentant de puiser dans la nature les ressources qui lui sont utiles. Ce sont des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Ils prisent le cochon sauvage mais, celui-ci se raréfiant (notamment à cause du braconnage des Indiens), ils s'attaquent aux daims. On voit aussi un petit groupe tenter de se procurer du miel, dans une scène particulièrement acrobatique... et, hélas, coupée. Pour une raison que j'ignore, on ne nous a pas tout montré.

   Quand ils ne chassent ni ne pêchent ni ne cueillent, les Jarawas bricolent. Les femmes comme les hommes semblent habiles de leurs mains. On les voit travailler le bois et les feuilles. On s'aperçoit ainsi qu'ils disposent de quelques outils métalliques (fournis, d'après le site Allociné, par des gardes forestiers indiens) et d'objets en plastique, comme un seau et des bouteilles. Certaines femmes semblent particulièrement douées pour le maquillage, les visages devenant de véritables compositions artistiques, qui ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres des Aborigènes australiens.

   Le film se termine par les dégâts provoqués par l'intrusion du monde moderne. Les Jarawas l'appellent "l'autre monde", incarné par l'Inde émergente, perçue négativement. Pour le peuple d'Andaman, notre monde est surpeuplé, bruyant et sale... autant d'affirmations qu'il est difficile de contester. Leur île paradisiaque est convoitée par les chasseurs illégaux et les promoteurs touristiques. Ils subissent indirectement l'influence de la Civilisation, à travers les déchets qui aboutissent sur certaines plages. Notons que le documentaire ne se veut pas (totalement) angélique : le rejet du monde moderne peut prendre des formes violentes, comme le reconnaissent plusieurs hommes, fiers d'avoir tué des braconniers.

   Le réalisateur semble avoir été particulièrement touché par ce peuple, qu'il voit peut-être comme une humanité vivant une sorte de bonheur primitif, en harmonie avec la nature, loin du stress urbain, de la pression au travail, du consumérisme et des voisins mal élevés. Ces Jarawas sont une curiosité, dont le mode de vie est menacé d'extinction.

lundi, 07 mai 2018

Paul, apôtre du Christ

   Depuis une quinzaine d'années (et notamment La Passion du Christ, de Mel Gibson), on assiste, outre-Altantique, à une renaissance du péplum chrétien apologétique. Récemment, cela nous a valu une Résurrection du Christ et une Marie-Madeleine.

   Au centre de l'intrigue se trouvent deux personnages historiques, sur lesquels on sait peu de choses : Paul de Tarse et l'évangéliste Luc. Le premier est incarné avec une force stupéfiante par James Faulkner (un quasi-inconnu pour moi). Le second a les traits de Jim Caviezel (révélé au grand public par la série Person of interest).

   Le début nous plonge dans la Rome de Néron, peu après le gigantesque incendie, sans doute provoqué par l'empereur fou lui-même... mais attribué par sa propagande aux chrétiens qui commencent à peine à se développer dans la région. On a pris soin de nous faire toucher du doigt certains détails de la vie quotidienne du peuple de Rome... et des tentations qui s'offrent à l'homme vertueux.

   Ce contexte, comme le tableau qui est brossé des chrétiens persécutés est plutôt intéressant. Par contre, les élites romaines sont portraiturées de manière assez caricaturale. L'un des personnages principaux, qui dirige une prison, est interprété par une vieille connaissance à nous, Olivier Martinez. Il a la carrure du rôle mais, dès qu'il se met à parler, il devient moins crédible.

   Le film est porté par l'interprétation de Faulkner, qui a la lourde tâche d'incarner celui qui est parfois présenté comme le véritable fondateur du christianisme (Jésus n'ayant créé qu'une nouvelle secte juive autour de lui). Le paradoxe est que cet apôtre est un ancien persécuteur de chrétiens et qu'il était à la fois juif (Saül de son premier nom) et citoyen romain, un statut peu fréquent dans le jeune empire julio-claudien.

   Cela nous vaut quelques retours en arrière, qui nous montrent le jeune Saül, fanatiquement antichrétien. Habilement, le réalisateur y a glissé quelques visions prospectives, qui prennent tout leur sens dans l'épilogue. Le problème est qu'en dépit de la qualité de la photographie, le rythme est mal maîtrisé. De plus, les dialogues ne sont pas très bien écrits. Seul Faulkner/Paul est convaincant.

   Je pense que les fervents chrétiens apprécieront ce film, mais il risque de ne guère toucher les autres.

22:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films