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mardi, 27 août 2019

La Chute du président

   Je crois que ce film constitue le troisième volet d'un triptyque commencé avec La Chute de la Maison blanche puis La Chute de Londres. (Pour former une tétralogie, je suggère un ultime opus intitulé La Chute de la reine.) Je n'ai évidemment pas vu les précédentes œuvres... et cela ne gêne aucunement la vision de ce volet.

   Le héros (Mike Banning) est un membre éminent du service de sécurité du président des États-Unis. Comme celui-ci a les traits de Morgan Freeman, on se dit que ce doit être un boulot sympa. Sauf que leur petite partie de pêche va tourner au massacre, au cours d'une séquence ma fois plutôt bien troussée.

   Auparavant, on nous aura présenté le héros dans une trépidante scène d'action, durant laquelle il convient de rester attentif. Une partie des personnages qui y figurent sont destinés à réapparaître dans l'histoire. Je n'en dirai pas plus, mais, franchement, c'est cousu de fil blanc. Au bout d'un quart d'heure, je savais qui allait trahir qui et qui était le grand méchant qui tirait les ficelles dans l'ombre. (Amateurs de 24 heures chrono s'abstenir...)

   Si l'on ajoute à cela que les dialogues semblent avoir été écrits par un collégien pas très doué et que les personnages féminins (à l'exception de l'enquêtrice en chef du FBI) sont purement décoratifs, on aura une idée du degré de subtilité atteint par l'intrigue. En clair, c'est principalement une histoire de couilles agrippées à des guns.

   Mais les scènes d'action sont bien faites. Les artificiers ont été particulièrement mis à contribution, que ce soit pour la séquence du lac, celle de la cabane ou encore celle du combat final dans l'immeuble. Gerard Butler (qui a pris un sacré coup de vieux depuis 300) n'a pas la prestance d'un Matt Damon ou d'un Bruce Willis, mais il s'en sort correctement... d'autant qu'il va recevoir l'aide de son vieux Daddy, incarné par... Nick Nolte. Encore faut-il que le fiston renoue le contact avec celui qui a quitté femme et enfant des années auparavant. Il finit par le retrouver dans sa cabane au Canada en Virginie-Occidentale (en Bulgarie, en fait), au cours d'une des plus belles séquences du film. Comme les scénaristes ont eu le bon goût de ne pas flinguer le personnage de Clay Banning, on va revoir la tronche ravagée de Nick Nolte à plusieurs reprises... jusqu'au générique de fin, qui contient une scène bonus, délicieusement drôle (plus drôle d'ailleurs que tout ce qu'on a pu voir dans les deux heures précédentes).

   Ce n'est clairement pas du niveau d'un Jason Bourne ou d'un Mission impossible (ni aussi spectaculaire que le récent Hobbes & Shaw) mais, en soirée, cela fait digérer très correctement.

22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 24 août 2019

La Mort d'Hitler

   C'est le titre d'une enquête historique, signée Jean-Christophe Brisard et Lana Parshina, publiée l'an dernier aux éditions Fayard et sortie en collection de poche il y a quelques semaines :

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   Ce livre, d'une lecture très agréable, revient sur les conditions de la mort du dictateur allemand ainsi que sur le trajet suivi par ses restes présumés, en Allemagne... et en URSS (puis Russie). C'est d'ailleurs à Moscou, dans trois séries d'archives (d'Etat, de l'armée et du FSB, ex-KGB) qu'ils ont effectué une grande partie de leurs découvertes. L'introduction appâte les lecteurs avec la photographie d'un morceau de crâne...

   Dans les premiers chapitres, les auteurs commencent par revenir sur les théories survivalistes farfelues, avant d'aborder ce qui va devenir le fil rouge de l'enquête : les zones d'ombre volontairement entretenues (pour différentes raisons) par les Soviétiques sur la mort d'Adolf Hitler... et la survivance d'une attitude d'obstruction aux demandes des chercheurs occidentaux. Les récentes tensions entre la Russie de Poutine et les gouvernements occidentaux n'arrangent pas les choses.

   Puis, les auteurs refont le récit détaillés des derniers jours d'Hitler, dans le bunker de Berlin. Je pense que les personnes qui ont déjà beaucoup lu sur le IIIe Reich n'apprendront pas grand chose. Pour les autres, ce sera une plongée dans la vie quotidienne d'un petit village urbain, peuplé de dignitaires nazis au bord de la crise de nerfs. Ces rappels sont toutefois essentiels à la compréhension des débats qui ont agité les historiens concernant la mort d'Hitler.

   L'autre grosse moitié du livre décrit les efforts parfois désespérés des auteurs pour accéder aux documents les plus importants sur cette époque-clé. Ce sont des textes, des photographies (prises à l'époque par les Soviétiques), des plans (parfois annotés par des nazis tombés entre les mains du NKVD)... et même des morceaux d'un meuble, celui sur lequel Hitler s'est suicidé.

   Cette enquête historique prend donc la forme d'un triple polar, le premier sur les circonstances exactes de la mort d'Hitler, le second sur le devenir de ses restes, le troisième sur l'épreuve d'obstacles supportée par les journalistes pour accéder aux sources. Une fois de plus, force est de constater qu'en 2016, il reste un fort parfum d'URSS dans la Russie de Poutine.

   Au bout du compte, la contribution de Philippe Charlier (le célèbre médecin légiste, qui a notamment enquêté sur Henri IV et Jeanne d'Arc) a été déterminante. Les auteurs finissent par avoir accès... aux dents d'Hitler, ainsi qu'à ce qu'il reste du crâne. Cependant, s'ils ont pu (dans des circonstances particulièrement rocambolesques) analyser correctement les dents, cela n'a pas été le cas du crâne. Aucun prélèvement ADN n'a pu être effectué. L'enquête a aussi permis de confirmer ce qu'il est advenu des corps d'Eva Braun et du dictateur.

   Au final, c'est un livre aussi intéressant par ce qu'il révèle de la Guerre froide que de la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est aussi, dans le dernier chapitre, une plongée dans la science médico-légale. Hitler s'est bien tiré une balle dans la tête (mais pas dans la bouche). Il est possible qu'il ait en plus pris du cyanure (associé aux mystérieuses traces bleues trouvées autour de ses dents), mais ce n'est pas certain.

mercredi, 21 août 2019

Thalasso

   Ce film est présenté comme une suite (lointaine) de L'Enlèvement de Michel Houellebecq, mais, franchement, il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour comprendre les détails de l'intrigue. Derrière la caméra, on retrouve Guillaume Nicloux, qui s'est distingué jadis par quelques bons films de genre (Le Poulpe, La Clef et, dans une moindre mesure, La Religieuse).

   On attend évidemment le face-à-face Houellebecq-Depardieu. On commence par suivre l'écrivain, sur le point de débuter sa cure de thalassothérapie. Il ne pète pas la forme, son foie va mal et ses poumons subissent les conséquences d'années de tabagisme. La confrontation entre l'écrivain dubitatif et l'organisation méticuleuse des services de la thalasso ne manque pas de saveur. Le plaisir s'accroît quand le "héros" trouve un "compagnon de lutte" (pour la boustifaille et la picole) en Gérard Depardieu. Les dialogues sont crus et certaines situations sont particulièrement cocasses (comme la séquence avec les boues d'algues).

   Cependant, l'histoire connaît plusieurs coups de mou, comme lorsque les deux pochtrons discutent de la mort et de la réincarnation. Cela ne s'améliore pas quand débarquent les bras cassés de l'épisode précédent (les anciens ravisseurs de Houellebecq), qui viennent solliciter son aide pour... retrouver la mère de famille, âgée de 80 ans, et qui a subitement tout plaqué. Certes, cela redonne du tonus à l'intrigue, d'autant que les acteurs sont assez convaincants... mais cela ne suffit pas à sauver certaines scènes, comme celle qui se conclut en prière juive, d'un ridicule consommé.

   Au second degré, il y a le jeu sur l'image des deux personnages principaux. Le film se présente comme un portrait intime, nous montrant comment Gérard et Michel sont supposés être "dans le privé"... sauf que, pour construire ses personnages, Nicloux s'est appuyé sur leurs déclarations publiques. Et voilà Depardieu qui proclame à nouveau son amour pour Poutine, tandis que Houellebecq vomit la démocratie libérale. Et je ne vous détaille pas le wagon de conneries proférées par différents personnages, à propos de la mort de Coluche, de François Hollande ou encore des Chinois. Les scénaristes ont toutefois veillé à ne pas tomber dans l'abject : aucun personnage ne profère le moindre propos antisémite (d'autant qu'un des membres de la bande est juif) ou raciste. Mais, quand, à la fin, apparaît un personnage noir, affublé d'un horrible strabisme, on ne peut pas s'empêcher de ressentir un malaise... Quant à la conclusion de l'histoire, elle est bâclée.

   Le cinéaste est totalement en empathie avec ses deux personnages principaux. Qu'on ne s'attende donc pas à les voir dépeints comme deux enfants gâtés de la République, qui ont connu célébrité, richesse et conquêtes féminines. Maintenant que vieillissants, ils bandent mou, ils ressentent l'approche inéluctable de la mort... et le risque de disparaître un jour ou l'autre de la mémoire publique (ce qui commence d'ailleurs déjà à se produire pour Houellebecq, au cours de la seule scène asticotant un peu l'un des deux personnages principaux).

   Mais je reconnais que les acteurs ont de l'abattage, un incontestable sens de l'autodérision, et que certaines scènes sont particulièrement drôles. A voir pour les amateurs/trices de comédies décalées.

22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 17 août 2019

La cathédrale de Rodez en lumière(s)

   Je pense que, lorsqu'on fera le bilan de l'été 2019 à Rodez (et dans l'Aveyron), le petit spectacle (gratuit) de son et lumières proposé à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame apparaîtra comme l'une des plus grandes réussites. Et pourtant, depuis la fin du mois de juin, il y a eu pléthore d'événements propices à susciter l'engouement du public.

   Ce spectacle, intitulé "Digital Supernova 2019", a été créé par Miguel Chevalier et mis en musique par Jacopo Baboni Schilingi et Adam Bernadac (en alternance). Il n'a pas bénéficié d'une publicité extraordinaire... mais le bouche-à-oreille en a fait un immense succès. La preuve ? Alors que l'ouverture de la porte Sud de l'église (donnant sur la rue Salvaing) intervenait à 20h30 (la porte Nord restant verrouillée), un bon quart d'heure avant, la file d'attente commençait à s'allonger. Voici ce que cela donnait ce soir au plus fort de l'affluence :

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   Heureusement pour moi, je suis arrivé avant que la file ne déborde de la place Adrien-Rozier. Mais, quand, au bout de trois quarts d'heure, j'ai enfin pu pénétrer dans l'édifice, l'affluence était à son comble. Au passage, je signale que la foule était globalement disciplinée, même si quelques individus mal élevés ont tenté et (parfois) réussi à gagner du temps en s'infiltrant par le passage du Chapitre. A l'entrée, deux vigiles demandaient l'ouverture des sacs.

   A l'intérieur de l'église, le spectacle était presque partout. Les images étaient projetées sur la rosace, la voûte de la nef (sur toute sa longueur) et sur l'orgue monumental, situé au-dessus de l'entrée Nord (sur sa droite quand on regarde la rosace). Au sol, les visiteurs s'entassaient dans une relative harmonie, qu'ils soient debout, assis voire... couchés ! Certains étaient dans le recueillement, d'autres en mode touriste compulsif (le smartphone greffé à la main...), d'autres encore profitaient du spectacle en poursuivant une discussion familiale...

   Je pense que le meilleur emplacement est une place assise, au croisement de la nef et du transept : parfois, au-dessus de ce point précis, était projetée une animation différente de celle que l'on pouvait voir sur le reste de la voûte de la nef. Celle-ci s'est garnie d'animations numériques évoquant l'infiniment grand... jusqu'à l'infiniment petit. Cela allait d'un ciel étoilé à une structure atomique, en passant par une explosion stellaire et un enchevêtrement de poutres métalliques vivantes, donnant l'impression de se trouver sous une Tour Eiffel en mouvement !

   Sur la rosace s'affichait (fort logiquement) une animation circulaire, où l'on pouvait reconnaître là encore un environnement spatial comme un monde intracellulaire. Etoiles, structures moléculaires, sortes de ruches, acides aminés, brins d'ADN (?)... Le tout en perpétuel mouvement, à l'image de la vie.

   N'oublions pas l'orgue, qui n'avait pas qu'une fonction musicale. Il a lui aussi servi d'écran de projection, bien que cela soit moins élaboré que sur la voûte ou la rosace. Il s'est successivement garni de couleurs unies et de tapisseries numériques pailletées. Pour moi, le moment le plus impressionnant fut celui où j'ai eu l'impression que l'orgue, éclairé de blanc, battait comme un coeur.

   Quant à la musique, c'était un mélange de composition numérique et de chants religieux. J'ai trouvé l'ambiance proche de celle du new age.

   Demain dimanche aura lieu la dernière série de projections, de 20h30 à 22h30, au rythme d'environ une tous les quarts d'heure (en boucle). C'est une animation que je recommande chaudement à celles et ceux qui seraient de passage à Rodez.

   P.S.

   Quelques photographies sont visibles sur la page Facebook de l'office de tourisme ruthénois.

 

Lune rouge

   C'est le titre du dernier album des aventures de Guy Lefranc, sorti fort opportunément 50 ans après le succès de la mission Apollo XI :

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   On le doit à Christophe Alvès et François Corteggiani, le duo qui était déjà à l'oeuvre il y a quelques années sur Le Principe d'Heisenberg, dont l'intrigue se déroule partiellement dans l'Aveyron.

   Ici, on est en pleine Guerre froide. Le héros journaliste va partir à la recherche d'un scientifique disparu... et collaborer avec la CIA, puisque les "méchants" de l'histoire sont les communistes soviétiques et nord-coréens, auxquels vont s'ajouter les Chinois, qui commencent à se la jouer perso. Sur son chemin, Guy Lefranc va de nouveau croiser un vieil ennemi à lui...

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   Les lecteurs qui ont un minimum de culture BD verront les ressemblances avec les albums d'Hergé (Objectif Lune et On a marché sur la Lune)... et avec la série Blake et Mortimer, en particulier au niveau du style du dessin (mais aussi avec la résurrection de l'antagoniste principal, sorte de décalque d'Olrik). C'est bien fichu, documenté pour donner un peu de vraisemblance à une histoire abracadabrantesque : en 1959, même avec l'aide des Soviétiques, les Nord-Coréens n'avaient pas les moyens de monter le projet qui est décrit dans l'album. Celui-ci est finalement davantage révélateur des préoccupations du début du XXIe siècle, avec l'émergence de la puissance chinoise et le développement de l'arme nucléaire par le régime de Kim Jong-un.

   Cela se lit néanmoins avec plaisir, en raison de la propreté du dessin et des rebondissements qui parsèment l'intrigue.

jeudi, 15 août 2019

Once upon a time... in Hollywood

   ... et en version originale sous-titrée, à Rodez, dans une grande salle copieusement garnie. Tarantino fait recette, pour ce qui est à la fois un hommage (parfois ironique) au Hollywood de sa jeunesse, mais aussi une fresque "tarantinesque".

   L'hommage se ressent à l'écran. Tarantino a filmé comme le garçon et l'adolescent qu'il a été voyait les gigantesques enseignes lumineuses, les voitures décapotables et les jeunes femmes (surtout les jambes). J'ai été étonné de l'importance occupée par les bagnoles au début de l'histoire, qui ne m'a donc pas super emballé.

   Cet hommage s'étend au travail des acteurs... et de certaines petites mains. Quentin se moque gentiment de leurs travers, mais il est soucieux de décrire le quotidien d'un comédien, ici Rick Dalton, très bien incarné par Leonardo DiCaprio, crédible à la fois quand son personnage joue mal et quand il joue bien. La scène avec la gamine prise en otage, dans le saloon, est superbe... (Retenons le nom de cette actrice en herbe : Julia Butters, remarquable dans son premier face-à-face avec DiCaprio, dans la scène de lecture.)

   Cependant, même si Dalton occupe le devant de la scène du début à la fin du film, le véritable personnage principal est pour moi Cliff Booth, sa doublure-cascade homme à tout faire, auquel Brad Pitt prête son charisme. Attention mesdames : quand Cliff/Brad répare l'antenne du toit, il se met torse nu... La comparaison entre les deux héros est le plus souvent source de comique : l'un vit dans une villa, l'autre dans une vieille caravane ; le premier se fait conduire dans une Cadillac rutilante, le second, quand il ne pilote pas celle-ci, roule dans une vieille Volkswagen etc.

   Le troisième pôle est Sharon Tate, interprétée par Margot Robbie, qui a déjà éclaboussé de son talent des films comme Moi, Tonya et Marie Stuart, reine d'Ecosse. Ici, elle est chargée de rendre vie à Sharon Tate, une actrice alors "émergente" devenue l'épouse du réalisateur Roman Polanski. On découvre une jeune femme aimable et un peu naïve, ravie de se découvrir sur un grand écran et des réactions qu'elle suscite dans le public. Tarantino profite d'une soirée (à laquelle participe le couple Polanski) pour lancer quelques piques, la plus acérée étant sans doute celle qui est censée viser Sharon Tate. L'un des invités déclare que l'actrice est attirée par un seul type d'homme, qui paraît ne pas avoir plus de douze ans. Je pense que tout Hollywood a compris que la remarque visait plutôt son époux...

   Tous ces personnages vont croiser, à un moment ou un autre, au moins l'un des membres de la "famille Manson", cette tribu de hippies dégénérés qui a commis d'horribles massacres à l'époque. Il est évident que ce fait divers a été intégré à l'intrigue écrite par Tarantino, mais on ne sait pas comment. Je pense qu'une partie du public est venue uniquement pour cette partie de l'histoire.

   En attendant la dernière demi-heure fatidique, on peut se délecter des aventures de Cliff le cascadeur. Il s'embrouille avec Bruce Lee dans une scène délicieuse, qui ridiculise l'idole des films d'arts martiaux. On le voit aussi s'occuper de sa chienne Brandy, un staffordshire très bien dressé (et redoutable... mais je n'en dis pas plus), qui a obtenu la Palm Dog à Cannes cette année. Le marivaudage avec "Pussycat", l'une des adeptes de Manson, est bien mis en scène. Enfin, notre doublure préférée est au coeur de la séquence la plus flippante, celle qui le voit revenir au ranch où étaient autrefois tournés des westerns, mais qui est désormais occupé par la bande de Charles Manson. Là, Tarantino fait preuve de brio dans la sobriété.

   On attend évidemment la fin, avec les nervis de Manson qui débarquent dans les beaux quartiers. On en a pour son argent (avec un petit quart d'heure de bravoure), mais là encore Tarantino surprend. Même s'il s'inspire de faits réels, il ne fait pas œuvre de documentariste. Ce n'est pas la première fois qu'il manifeste son désir de réécrire l'histoire... et c'est très bien ainsi.

23:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Mystère des pingouins

   Un matin, en se rendant à l'école, le jeune Aoyama croise... des pingouins (appelés "penguins" dans la version originale japonaise, qui ne fait pas la différence avec des manchots). Démarre alors une incroyable enquête, menée par ce gamin obstiné, très bon élève et sûr de lui. Il va d'abord s'appuyer sur l'assistante du dentiste, une charmante jeune femme dont il est secrètement amoureux. Celle-ci semble avoir un lien particulier avec les pingouins...

   Très vite, un autre mystère surgit : l'apparition d'une gigantesque bulle d'eau opaque, dans une clairière située au coeur d'un bois quasi impénétrable. Celle-ci semble aussi avoir un lien avec les pingouins. Aoyama tente de résoudre cette énigme-ci en compagnie de son meilleur ami et d'une camarade de classe très douée, excellente joueuse d'échecs... et amoureuse de lui (ce dont il ne se rend pas compte).

   L'intrigue est foisonnante, bien mise en images, même si le résultat n'est pas aussi impressionnant que dans Les Enfants de la mer, Maquia ou encore Wonderland. C'est du fantastique poétique... ou de la poésie fantastique. Au passage, comme les héros sont des élèves de fin de primaire, on a droit à une plongée dans l'univers scolaire japonais, avec ses problèmes de harcèlement. Mais ce n'est pas montré de manière caricaturale. L'histoire s'étire suffisamment pour laisser place à l'évolution de certains personnages.

   Le plus étonnant est le lien qui se noue entre Aoyama et la jeune assistante (qui semble beaucoup plus compter à ses yeux que sa propre mère, que l'on voit surtout s'occuper de sa soeur cadette). Elle le fait progresser aux échecs et l'aide dans son enquête, en particulier pour ses expériences. (Le gamin est féru de sciences.) On notera que, dans ce film, on ne voit ni ordinateur ni téléphone portable... mais une télévision à écran plat est présente, à l'école. Cela indique que l'on n'est ni tout à fait dans le passé, ni dans le présent, mais plutôt dans un monde imaginaire, parallèle.

   A l'arrière-plan (pour les adultes), on remarque qu'il est question d'harmonie (perdue, à retrouver). Je pense que le film est nourri de références au yin et yang, ne serait-ce qu'à travers les éléments en noir et blanc présents à l'image (pourtant en couleurs) : les pingouins et les jeux d'échecs, auxquels on peut ajouter l'opposition entre la nuit et le jour. Celle-ci est déterminante pour comprendre comment apparaissent les pingouins et leur pendant maléfique, les Jabberwocks. Concernant les échecs, on remarque que les parties montrées à l'écran (au café, dans la salle de classe ou lors d'un pique-nique) opposent systématiquement un personnage féminin à un personnage masculin.

   Tout cela pour dire que, même si ce n'est pas l'animation la plus virtuose sortie cet été, elle est d'un très grand intérêt en raison de son scénario fouillé et de ses différents niveaux de lecture. J'ai trouvé la fin très émouvante.

11:44 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 11 août 2019

Face à la nuit

   Cette coproduction franco-taïwanaise est construite sous forme de puzzle inversement chronologique : l'histoire est divisée en trois grandes parties, chacune séparée de la suivante/précédente par un laps de temps plus ou moins long. C'est en remontant le temps que l'on comprend certains des éléments des séquences ultérieures. Du coup, celles-ci prennent parfois un double sens, celui que l'on perçoit a priori et celui qui émerge avec la vision de ce qui s'est passé des années auparavant.

   La première partie se déroule en 2049, dans une grande ville (sans doute Taipei) où la technologie a envahi tous les aspects de la vie quotidienne... et même le corps humain, puisque tous les habitants de la cité sont dotés d'une puce dans le poignet et que toutes les transactions passent par leur "smartphone". Ce polar d'anticipation est très réussi, à ceci près qu'il témoigne d'une vision phallocrate du monde : le réalisateur a utilisé ses (ravissantes) actrices comme du bétail, peut-être pour mieux montrer la marchandisation du corps humain... mais je n'ai pas trop senti le recul critique. De surcroît, le personnage principal, un vigile d'une soixantaine d'années, est antipathique, violent. On le voit tuer un vieil homme, se payer une jeune prostituée et manifester ensuite une grande hostilité envers son épouse, qui veut divorcer.

   C'est en remontant une trentaine d'années auparavant qu'on comprend la cause du meurtre, le recours à la prostituée comme la haine qu'éprouve le héros. On le découvre alors jeune policier, travailleur et pointilleux, pas du genre à marcher en dehors des clous. Mais, dans son commissariat, tout le monde ne voit pas les choses de la même manière. Cette seconde nuit va transformer sa vie : lui qui d'habitude ne fait pas de pause rentre inopinément chez lui et par la suite, il se lie avec une jeune kleptomane (d'origine française), qui est sans doute le modèle des prostituées clonées que l'on a vues dans la partie se déroulant en 2049. Là encore, j'ai été un peu irrité par la vision de la société. (L'un des personnages féminins trouve étrange que la prostitution soit illégale, par exemple.) Mais le vent de liberté qui se met à souffler sur cette nuit m'a convaincu.

   Une quinzaine d'années plus tôt, le futur policier n'était pourtant qu'un petit délinquant, un voleur de deux-roues qui se fait coincer une nuit, en même temps qu'une prostituée (encore une !) membre d'un gang. La cavale simultanée des deux est bien mise en scène. A partir du moment où ils se retrouvent menottés côte-à-côte, les deux fuyards découvrent qu'ils ne sont pas des inconnus l'un.e pour l'autre. Le personnage de la prostituée est particulièrement émouvant.

   Le film ne se conclut pas sur cette séquence, puisqu'il remonte une dernière fois (brièvement) en arrière, à l'époque où le héros était un petit garçon, peut-être le seul moment de sa vie où il a connu un bonheur insouciant. Le reste du film montre comment un type ordinaire et malchanceux a gâché sa vie.

   Si le scénario comporte quelques faiblesses, la réalisation est particulièrement soignée. Je pense que Wi-ding Ho s'inspire sans oser le dire de Wong Kar-waï. Il y a une réelle parenté dans leurs manières de filmer la ville, la nuit. Et je pense que l'année à laquelle se déroule la première partie est une référence à peine masquée au 2046 du maître hongkongais.

21:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 août 2019

Rapides et furieux

   Je ne suis pas, mais alors pas du tout adepte de la série de films Fast and Furious. Des histoires de bagnoles qui roulent vite, avec des gros bras pas subtils et de jolies potiches... bof. Mais, dans cet opus, David Leitch se trouve aux manettes. C'est le réalisateur de John Wick (le premier), d'Atomic Blonde et de Deadpool 2. C'est une garantie de savoir-faire, confirmée par une bande-annonce alléchante.

   Le scénario associe deux balèzes qui se sont jadis affrontés : Luke Hobbs (Dwayne Johnson, plus musclé que jamais) et Deckard Shaw (Jason Statham, qui tente d'avoir une expression et demie sur le visage). Le début les présente en mode "écran partagé", du lever à la soirée en boîte, chacun évoluant dans un milieu différent. C'est drôle et cela annonce la ribambelle d'insultes que les deux acolytes (qui vont devoir travailler ensemble) se balancent à intervalle régulier au cours de l'histoire.

   Je reconnais que les dialoguistes ne se sont pas trop foulés. On se traite de "tête de pine" ou encore de "face de cul", parmi d'autres joyeusetés. C'est Hobbs/Johnson qui semble le mieux servi. Quand il se présente à un groupe de méchants qu'il s'apprête à corriger, il annonce la couleur : "Je suis le distributeur de branlées." Un peu plus tard, quand il rencontre le gros méchant de l'histoire, il lui déclare, après avoir écarté plusieurs mercenaires sans ménagement : "Et maintenant, je vais t'apprendre la vie"...

   Problème pour lui : ce méchant est un ancien commando, censé être décédé, ressuscité par la magie de technologies ultra-modernes. Le transhumanisme existe déjà et c'est Idris Elba qui en bénéficie. Il est devenu capable de mettre une raclée aussi bien à Hobbs qu'à Shaw, séparément. Les deux têtes de lard vont mettre du temps pour comprendre que c'est en unissant leurs efforts qu'ils ont une chance de venir à bout du tueur quasi indestructible.

   Un autre personnage vient compliquer l'affaire... une femme ! Pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de Hattie Shaw, la soeur de Deckard, qui a l'air (presque) aussi bornée que son frangin... mais on lui pardonne volontiers, parce qu'elle est incarnée par la pétillante Vanessa Kirby, vue notamment dans le dernier Mission : impossible (mais qui donne un autre aperçu de son talent dans un épisode de la série Hercule Poirot : "Une mémoire d'éléphant", qu'on peut actuellement revoir -en version originale sous-titrée si on le désire- sur le site MyTF1). La charmante demoiselle a subtilisé un dangereux virus, que les méchants veulent récupérer, quel qu'en soit le prix.

   Il ne faut pas se le cacher : le principal intérêt du film réside dans ses séquences d'action. La première est une ébouriffante poursuite en plein Londres, avec motos, voiture de luxe et camions. Chapeau, les cascadeurs ! La seconde se déroule sur le site d'une centrale nucléaire désaffectée (censée se trouver en Ukraine). Là aussi, ça dépote. Mais on sent qu'on nous réserve le meilleur pour la fin, dans les îles Hawaii Samoa, dont est originaire Hobbs (tout comme D. Johnson d'ailleurs). Ici, on va se battre "à l'ancienne" (old school, dans la V.O.), la famille du héros fournissant bras, véhicules, carburant... et même matériel informatique ! La poursuite avec l'hélicoptère est trépidante à souhait.

   Dans une grande salle, on prend son pied, sans se poser de question.

   P.S.

   Ne partez pas trop vite : trois petites scènes ont été insérées dans le générique, les deux premières faisant intervenir un collègue de Hobbs (incarné par Ryan Reynolds), la troisième marquant les retrouvailles animées des deux têtes d'affiche.

15:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 09 août 2019

Une Grande Fille

   Cette périphrase désigne Lya, "la girafe", un grand brin de fille (mesurant sans doute plus d'1m90) un peu spécial : il lui arrive régulièrement de tomber en catalepsie, n'émettant plus qu'un petit sifflement. Elle est comme cela depuis qu'elle est allée au Front. L'histoire démarre en 1945, à Leningrad (redevenue aujourd'hui Saint-Pétersbourg), juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'URSS en sort certes victorieuse, mais ravagée dans toute sa partie occidentale, ayant perdu quelque chose comme 25 millions d'habitants. Les rescapés tentent de survivre, alors qu'ils manquent de presque tout, à commencer par la nourriture.

   La reconstitution de l'époque est soignée, tant au niveau des décors (principalement intérieurs) que des vêtements. Mais le principal intérêt du film réside dans les aventures des deux héroïnes, deux amies qui se sont connues au Front et que la fin de la guerre va réunir à nouveau.

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   Autant Lya est grande, blonde et introvertie, autant Masha est petite, brune (auburn) et expansive, avide de goûter à la vie. On se doute bien que ces deux jeunes femmes, qui ont achevé leur adolescence durant la guerre, ont dû en voir des vertes et des pas mûres. Pour l'une d'entre elles, il faut attendre un déjeuner glaçant chez de potentiels futurs beaux-parents pour avoir la révélation du détail de ce qu'elle a subi... mais dit avec des mots choisis.

   C'est la marque de fabrique de ce film, dans lequel les personnages n'osent en général pas exprimer les choses frontalement. N'oubliez pas que nous sommes dans l'URSS stalinienne, avec le NKVD (futur KGB) qui veille. De surcroît, quand on est une jeune femme, on a intérêt à cacher certaines choses, y compris à sa meilleure amie.

   Voilà pourquoi les plans ont tendance à s'étirer : c'est par la gestuelle, le comportement, les intonations des personnages que l'on peut déduire leurs pensées. Presque chaque scène est nourrie de sous-entendus. Cela peut donner l'impression que ce long film (2h15 environ) est parfois ennuyeux... eh bien pas du tout ! C'est d'abord dû au talent des deux actrices, Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina. C'est aussi en raison de l'intensité des scènes qui les mettent en relation avec des soldats blessés (elles sont devenues aides-soignantes dans un hôpital militaire), où un spectateur français retrouvera un peu de l'ambiance de La Chambre des officiers et des Fragments d'Antonin. L'intrigue prend même les allures d'un petit thriller, avec pour enjeu la maternité.

   J'ajoute que la mise en scène est habile (ce que l'on croit voir au début n'est pas tout à fait la vérité), avec une tendance à filmer les protagonistes du dessus, en gros plan, plan serré ou plan large. Le cadre est méticuleusement organisé, avec un joli travail au niveau des éclairages. Cela contribue à faire de ce film exigeant une petite merveille de sensibilité, à ne pas rater s'il passe près de chez vous.

jeudi, 08 août 2019

C'est quoi cette mamie ?!

   Cette grand-mère qui suscite tant de questions est Aurore, incarnée par Chantal Ladesou (qu'on a déjà vue dans un premier rôle, l'an dernier, dans l'oubliable Comment tuer sa mère). Autant le dire tout de suite : le film repose presque entièrement sur ses épaules, même s'il se place dans la continuité de C'est quoi cette famille ?! (Plus de 700 000 entrées pour un coût de production de 6 millions d'euros... cela explique la mise en chantier d'une suite.)

   La génération suivante, celle des parents, est représentée par des caricatures de personnages, le plus souvent résumés à un trait de caractère, de surcroît hypertrophié. J'ai eu de la peine pour Julie Depardieu, Philippe Katerine et Lucien Jean-Baptiste. Thierry Neuvic n'est pas très à l'aise non plus, même si le couple séparé qu'il forme avec Julie Gayet fonctionne assez bien. De temps en temps, Claudia Tagbo sort du lot, quand elle ne cachetonne pas.

   Je craignais le pire quant aux personnages des enfants... eh  bien je dois reconnaître qu'ils ne sont pas si mal réussis que cela. Ce sont des (pré)ados à peu près normaux, dont on a accentué certains aspects de la personnalité. Contrairement aux parents, on n'a pas envie de les jeter par la fenêtre (sauf peut-être le rappeur à la noix, au début).

   Évidemment le comique surgit de la confrontation entre la grand-mère libertaire, parfois très "politiquement incorrecte" dans ses propos, et les petits-enfants faux rebelles, assez conformistes, au fond. (Les scénaristes ont veillé à ce que cette famille recomposée élargie intègre des "minorités visibles"... et même sexuelles.)

   Le scénario est cousu de fil blanc, mais, franchement, pour les scènes avec Chantal Ladesou, le film mérite le détour. On sent l'influence de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ? En France, il existe désormais un créneau pour les comédies populaires hyper-balisées et "socialement ouvertes".

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mercredi, 07 août 2019

Les Faussaires de Manhattan

   Le titre français est plus explicite que celui d'origine (Can you ever forgive me ?), qui est aussi celui du livre autobiographique écrit par la vraie Lee Israel, en référence à l'écrivaine Dorothy Parker, l'une des personnes dont elle a écrit de fausses lettres.

   Les faussaires en question forment un duo d'inadaptés. La tête pensante est Lee Israel, une quinquagénaire obèse, alcoolique et solitaire, qui vit avec sa chatte Jersey et peine à boucler ses fins de mois. Elle n'en est pas moins une fine connaisseuse de la littérature américaine. Elle fait la rencontre de Jack Hock, dandy vieillissant et inconstant, homosexuel charmeur et cocaïnomane. Cet attelage improbable va faire des étincelles.

   Le film est donc à double tranchant. C'est d'abord un portrait de femme seule, dont le talent n'est pas reconnu à sa juste valeur. C'est aussi une comédie d'avant l'ère internet, quand fabriquer de fausses lettres relevait d'un artisanat d'art... et du système D. La manière dont cette petite bonne femme et ce vieux beau vont duper une brochette de pédants cultureux est savoureuse. Mais, au fond, c'est du mal de vivre dont il est question.

   Les acteurs sont éblouissants. Celles et ceux qui ont vu Melissa McCarthy cachetonner dans Les Flingueuses ou SOS Fantômes auront du mal à la reconnaître ici, tant la transformation est saisissante. Quant à Richard E.Grant, on a l'impression qu'il a joué ce rôle toute sa vie.

   C'est l'une des bonnes surprises de cet été 2019, décidément très riche sur le plan cinématographique. (Et ce n'est pas fini...)

23:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 06 août 2019

Comme des bêtes 2

   Trois ans après le premier volet des aventures de nos animaux domestiques préférés, ils reviennent, toujours sous la direction de Chris Renaud (également réalisateur de Moi, moche et méchant 1 et 2). L'introduction nous présente les changements survenus entre temps : la maîtresse de Max a rencontré un homme (sympa), s'est mariée avec lui et a eu un enfant, un garçon que le chien va apprendre à aimer. Comme ce schéma narratif n'est pas vraiment novateur, il est traité assez rapidement.

   Le coeur de l'histoire voit s'entrecroiser trois fils narratifs. Dans le premier, Max et toute sa petite famille vont passer des vacances loin de New York, chez un oncle du mari. C'est l'occasion pour nos citadins purs jus de découvrir les bienfaits de la campagne et de se confronter aux "vraies valeurs" de la vie. Pendant ce temps, dans Big Apple, la copine de Max va devoir s'infiltrer dans l'appartement d'une petite vieille, infesté de chats. Enfin, une autre partie de la bande tente de secourir un (superbe) tigre blanc, maltraité par le propriétaire d'un cirque ambulant.

   Le rythme est enlevé, les plaisanteries fusent. Certaines scènes sont particulièrement réussies, comme celle qui voit Max découvrir les sons de la campagne, la nuit tombée. Il y a encore une course-poursuite mêlant le lapin et quatre loups, en pleine fête foraine. Je me garderai aussi de raconter la métamorphose du spitz allemand (Gidget, doublée par Dorothée Pousséo dans la VF), qui essaie de se faire passer pour un chat. Enfin, quand la mémé s'en mêle, on peut dire que ça file à pleins tubes !

   L'animation est très correcte. Les petits apprécieront peut-être plus que les grands, mais cela ne dure qu'1h25. On passe un bon moment, sans prise de tête... et nos chérubins reçoivent une petite leçon de courage et de persévérance.

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Cartes postales aveyronnaises

   Pour moi, l'été est la saison des vide-grenier et des brocantes. Même si je ne les fréquente plus autant qu'il y a dix-quinze ans, je m'y promène encore, de temps à autre. De passage récemment en Dordogne, j'y ai fait quelques découvertes intéressantes.

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   La plus ancienne est cette vue de Sévérac-le-Château (aujourd'hui située dans la commune nouvelle de Sévérac-d'Aveyron, la plus vaste du département), datant au plus tard (d'après le cachet des PTT figurant au dos) de 1905. Les familiers des lieux remarqueront que les abords de la cité médiévale sont moins bâtis qu'aujourd'hui...

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    De 1908 (au plus tard) date cette vue du viaduc ferroviaire du Viaur, sur lequel passe la voie ferrée reliant Rodez à Carmaux (et, au-delà, à Albi et Toulouse). Ce viaduc a été inauguré en 1902. Son histoire mouvementée est bien racontée dans le livre de Max Assié, publié il y a environ deux ans aux éditions Bleu pastel :

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   On peut y trouver des photographies plus anciennes encore, notamment de la période de construction du viaduc (1895-1902)... et même la reproduction d'une carte postale datant de l'année de son inauguration.

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   Je termine par peut-être la plus étonnante de mes trouvailles, une carte postale représentant une vue du camp militaire du Larzac, datant (au plus tard) de 1911. (Elle a été envoyée -peut-être de La Cavalerie- à une personne habitant le Tarn-et-Garonne.) Précisons que ce camp a été ouvert en 1902. Il devint célèbre dans les années 1970, lorsque son projet d'extension suscita la vigoureuse opposition des paysans du cru, qu'ils fussent néo-ruraux ou ancrés ici depuis des générations. Par la suite, il est devenu centre d'entraînement de l'infanterie au tir opérationnel (CEITO). Aujourd'hui, il est le "port d'attache" de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère.

Pour les soldats tombés

   Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson est à l'origine de ce documentaire sur les soldats de l'Empire britannique pendant la Première Guerre mondiale. Le titre fait référence au million de morts (outremer inclus), mais, durant le film, on entend les voix de dizaines de rescapés, enregistrées il y a parfois des années. Ces voix accompagnent un montage d'images d'époque colorisées et sonorisées de manière moderne. On sent que le cinéaste a dû voir au moins l'un des films de la série Apocalypse.

   Cependant, contrairement au travail réalisé par les Français, ce film-ci ne se présente pas comme une leçon d'histoire. Certes, les témoignages sont proposés dans l'ordre chronologique, de la déclaration de guerre au retour au pays, mais ils sont très peu (voire pas du tout) contextualisés (pas plus que les images). Du coup, l'accumulation peut lasser les spectateurs pas emballés par le fait de lire des sous-titres pendant plus d'une heure et demie. Ce documentaire est clairement destiné au public anglo-saxon.

   Il n'en est pas moins intéressant. A ceux qui en ont déjà vu d'autres, il n'apprendra pas grand chose... sauf peut-être qu'en 1914, le Royaume-Uni ne connaissait pas le service militaire. Le contingent envoyé en France fut d'abord constitué des militaires de carrière et de volontaires. C'est en 1916 que la conscription fut introduite.

   Les images, pour étranges qu'elles apparaissent avec cette colorisation artificielle, n'en sont pas moins souvent saisissantes. Il est important que les spectateurs réalisent à quel point cette guerre fut dégueulasse. Les soldats ont vécu dans des conditions que l'on qualifierait aujourd'hui d'inacceptables, entre la saleté, la faim, la soif, les rats, les poux et le bruit insupportable des canonnades. Rien que pour cela, ce film est utile. Il ne laisse pas non plus de côté la souffrance animale, l'exemple des chevaux étant le plus mis en valeur.

   Pour moi, les parties les plus intéressantes sont situées à la fin. Il y a tout d'abord la séquence consacrée aux relations entre les soldats britanniques et les prisonniers allemands, qui furent peut-être moins tendues que celles entretenues par les Français avec leurs adversaires directs. Il convient toutefois de se méfier des reconstitutions a posteriori.

   Plus forte encore est la séquence finale, qui va du contexte de l'annonce de l'Armistice au retour au pays, avec ses désillusions. C'est peut-être le passage le plus novateur, qui conclut intelligemment le film.

lundi, 05 août 2019

Wonderland, le royaume sans pluie

   Ce royaume est celui d'un monde parallèle, dans lequel l'héroïne Akané va se retrouver embarquée (en compagnie d'une commerçante un peu fantasque) par un alchimiste guindé (Monsieur Hippocrate) et son assistant lilliputien.

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   Auparavant, on aura goûté au monde réel, celui d'une fille unique d'un couple dont l'épouse est restée au foyer. (On ne verra jamais le père.) A l'école, les relations entre élèves sont parfois compliquées. Heureusement, il y a le chat Gorobeh (avec coucougnettes apparentes) qui la câline... ou lui pète à la figure !

   Ce film d'animation japonais est foisonnant, tant au niveau des images que de l'intrigue. (Le réalisateur, Keiichi Hara, s'est fait connaître par Colorful et Miss Hokusai.) L'ambiance s'inspire visiblement de l’œuvre de Miyazaki, mais aussi de Tolkien et sans doute des contes de fées européens. Quand j'aurai ajouté que le monde parallèle subit une redoutable sécheresse, qui menace la vie de tous ses habitants, vous aurez compris que les préoccupations environnementales ne sont pas absentes de ce film visible par tous, mais sacrément élaboré.

   L'habileté de l'animation se voit aux jeux d'ombre et de lumière, aux reflets, aux couleurs, en particulier dans les scènes de repas. Je suis sorti delà bigrement affamé !

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   Dans le monde parallèle, on croise des oiseaux et poissons géants (superbe scène nautique à la clé), d'énormes moutons capables de mettre en échec un petit char, des magiciens, des forgerons... et un étrange individu, Zang, mi-squelette, mi-robot, dont on ne découvre que tardivement la véritable identité.

   C'est romanesque à souhait, très bien dessiné, avec de l'humour (ah, les chats douaniers...), de multiples rebondissements... et c'est peut-être moins hermétique que le non moins superbe Les Enfants de la mer, sorti il y a quelques semaines.

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vendredi, 02 août 2019

Ça ne sent pas bon du côté de Viviez

   Cette commune du bassin decazevillois, située au nord-ouest de Rodez, est riche de son passé industriel. Quelques fleurons ont survécu à la crise industrielle qui a frappé ici comme ailleurs. Parmi ces fleurons figure la S.A.M. (société aveyronnaise de métallurgie), un sous-traitant automobile. En grande difficulté ces dernières années, elle a été rachetée en 2017 par le groupe chinois Jinjiang. Son PDG s'est engagé à limiter la casse sociale et à investir près de 20 millions d'euros dans le site aveyronnais.

   Aujourd'hui, on apprend, dans un article de Centre Presse, que la direction envisage d'externaliser une partie de l'activité. Les investissements promis il y a deux ans se font attendre. Dans le même temps, la société gérant un autre site racheté par Jinjiang (en Lorraine) fin 2017, où d'importants investissements avaient là aussi été promis, vient d'être déclarée en cessation de paiements.

   Cela pourrait être considéré comme une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le site aveyronnais. D'un côté, il y a l'espoir de récupérer l'activité de l'usine lorraine (ce qui avait été déjà envisagé lors du rachat de 2017). De l'autre côté, il y a la crainte que Jinjiang ne soit en train de liquider ses filiales françaises. L'article de La Dépêche (auquel mène le lien précédent) évoque le démontage de machines "obsolètes". Si j'étais salarié de cette entreprise, je prendrais garde à ce que, pendant la fermeture estivale, Jinjiang ne déménage tout ce qui l'intéresse et que les personnels ne se retrouvent face à des bâtiments vides au retour de leurs congés...

jeudi, 01 août 2019

Cécile Duflot sur France Culture

   Quand elle était ministre de François Hollande, je n'étais pas un grand fan de Cécile Duflot (remarquée -entre autres- par une énorme bourde géographique). Mais je n'appréciait pas plus les attaques personnelles dont elle avait été la cible, par exemple en raison de ses choix vestimentaires...

   A l'heure actuelle, (provisoirement ?) retirée de la vie politique, elle dirige Oxfam France. C'est à ce titre qu'elle était l'invitée des Masterclasses d'Etienne Klein. Je suis tombé dessus en voiture... et, à ma grande surprise, j'ai aimé.

   Dans cette émission, Cécile Duflot a parlé de son parcours, de ce qui l'a construite politiquement. Franchement, qu'on aime ou pas le personnage, c'est intéressant.

   La discussion est devenue plus pointue lorsqu'il a été question du changement climatique, un sujet cher au coeur de l'ancienne ministre. En face, Etienne Klein avait du répondant, s'appuyant plutôt sur des notions scientifiques, alors que son interlocutrice argumentait surtout au niveau politique et sociétal. Ce n'était pas rébarbatif du tout, d'autant que les deux interlocuteurs ont le sens de l'humour... et de l'autodérision.

lundi, 29 juillet 2019

Crawl

  Cette "nage libre" est celle que pratique l'héroïne Hailey... dont le prénom (dans la version originale) est une allusion au chanteur Bill Haley, auquel on doit, entre autres, le titre See you later alligator... que l'on entend à la fin du film. (Dans la version française, le prénom est prononcé "Allie" !)

   Hailey tente de faire sa place au sein de l'équipe nationale de natation, mais elle est juste derrière les toutes meilleures. Elle est fâchée avec son ancien entraîneur, qui n'est autre que son père, divorcé d'avec sa mère et en difficulté financière.

   Là-dessus débarque un méga-ouragan, du genre à pulvériser les maisons de Floride. Comme le papounnet ne répond pas au téléphone, Hailey brave tous les dangers pour le retrouver... et le sauver. Problème supplémentaire : le coin est infesté d'alligators, certains s'étant même échappés d'un parc naturel.

   Très vite, Hailey va se faire mordre par une grosse bébête... mais elle ne se laisse pas faire. Comme elle a les ovaires bien arrimés, elle se fait un garrot de fortune, comme une grande. Elle a de qui tenir : son papa, lui aussi blessé, insère l'un de ses outils à côté de son tibia brisé et fabrique une attelle en grinçant à peine des dents. On pense évidemment à Instinct de survie, dans lequel une autre jolie blonde se recousait la cuisse après une morsure de requin.

   Comme vous pouvez le constater, ce petit thriller estival recycle pas mal de vieilles recettes. Mais il est réalisé par Alexandre Aja, auquel on doit La Colline a des yeux, Mirrors et Piranha 3D. C'est bien foutu, avec de superbes alligators numériques. Même si je trouve que les deux héros échappent parfois de manière invraisemblable aux prédateurs qui les poursuivent, je reconnais qu'il y a de la mise en scène derrière, avec quelques jolies trouvailles (comme la scène de la douche).

   Comme dans tout bon film d'horreur, les tueurs exercent une sorte de justice immanente et les péripéties vont rapprocher les personnes auparavant brouillées. C'est relativement bref (moins d'1h30) et suffisamment saignant pour faire passer un bon moment.

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dimanche, 28 juillet 2019

The Operative

   Ce film d'espionnage a pour cadre le Moyen-Orient, plus précisément les relations compliquées entre l'Iran, Israël et certains pays européens. Le personnage de l'héroïne Rachel est inspiré de plusieurs agents du Mossad. L'épisode de l'insertion d'un logiciel espion israélien dans le système informatique du programme nucléaire iranien est lui aussi inspiré de faits réels.

   Nous voici plongés dans un polar cérébral (pas nourri de bastons, contrairement à Anna). La psychologie des personnages est au cœur de l'intrigue. Il est difficile de savoir ce que pensent au fond Rachel, son superviseur, les cadres du Mossad et le séduisant Farhad, la nouvelle "cible" de Rachel. Notons que le film comporte quelques moments de tension plus basiques, comme l'excellente séquence du retour clandestin en Iran.

   A l'image de ce qu'on a pu voir récemment dans So long, my son, l'histoire nous est racontée sous la forme de plusieurs trames chronologiques entremêlées. (Pour s'y retrouver, je conseille d'être attentif à la coiffure de Rachel et à la barbe de Thomas.)

   C'est le moment de parler des acteurs, bons dans l'ensemble. Une personne se détache très nettement du lot : Diane Kruger, qui confirme tout le bien que je pense d'elle (même en laissant de côté les effets de son charme incommensurable). Elle est au moins aussi épatante que dans Infiltrator et In The Fade. Le jeu de l'actrice se marie parfaitement avec la mise en scène pour nous faire toucher du doigt tantôt la joie, tantôt les doutes qui la travaillent. On en vient même à se demander si l'apprentie-espionne n'a pas fini par duper tout son monde. Il faut dire que la dame possède une petite tendance à la mythomanie.

   Bref, cette histoire polyglotte (anglaise, allemande, française, hébreue, kurde, farsie, y compris dans la version doublée) d'une espionne débutante s'éprenant à la fois de l'Iran et d'un Iranien m'a beaucoup plu, le tout baignant dans une atmosphère trouble très bien campée.

samedi, 27 juillet 2019

Rodez en Ligue 2, chapitre 1

   Hier vendredi et aujourd'hui samedi se sont déroulés neuf des dix matchs de la première journée de Ligue 2 masculine de football. Pour Rodez, c'était le baptême du feu... à Toulouse, au stadium, même si, pour la chaîne Eurosport, ce n'est pas aussi clair :

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   Mais, pour les joueurs du club ruthénois, l'essentiel était de réussir cette entame de saison, dans un lieu certes éloigné du camp de base de l'équipe, mais incontestablement un beau stade et devant un public chaleureux, bien que clairsemé.

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   D'après les données provisoires mises en ligne par la lfp (ligue de football professionnel), la rencontre Rodez-Auxerre n'arrive qu'en huitième position (sur neuf) en terme d'affluence, avec 2 727 spectateurs, pour une moyenne (de la journée) de 6 422, allant de 2 557 (pour Clermont-Châteauroux) à 17 731 (pour Le Mans-Lens). L'affluence toulouso-ruthénoise n'a rien d'indigne, même si elle est très nettement au-dessous de la moyenne des matchs de la saison passée (6 845 personnes). Du côté ruthénois, on espère que ce bon début, cumulé au retour prochain dans un stade Paul-Lignon refait à neuf, permettra de doubler (au moins) le nombre de spectateurs (sans pour autant atteindre la moyenne de Ligue 2).  En National, le RAF attirait en moyenne 2 000 à 3 000 personnes, avec quelques pointes à 5-6000. A suivre donc.

   P.S.

   Cerise sur le gâteau : c'est l'attaquant ruthénois Ugo Bonnet qui a inscrit le premier but de la saison (à la première ou deuxième minute, selon les sources), devançant de peu l'Ajaccien Gaëtan Courtet (qui a ouvert le score à la cinquième minute).

vendredi, 26 juillet 2019

Le Roi Lion

   Je fais sans doute partie de la minorité des spectateurs adultes de ce film à n'avoir jamais vu le dessin animé sorti il y a 25 ans (ni en salle, ni à la télévision, ni sur ordinateur). Je crois qu'à l'époque, je m'étais détourné des films d'animation, avant que des œuvres japonaises (Ghost in the shell, Princesse Mononoké) ne me réconcilient avec le genre.

   Je ne peux donc pas confirmer (ou infirmer) le décalquage plan par plan de l’œuvre de 1994. Toujours est-il que cela commence (me semble-t-il) de la même manière, avec un lever de soleil qui permet de faire connaissance avec le monde de la savane. C'est très réussi.

   Je pense que Jon Favreau (déjà auteur du Livre de la jungle il y a trois ans) emporte l'adhésion quand il montre à l'écran les animaux réalisés en images de synthèse, en particulier les félins :

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   Il y a des gentils et des méchants, ces derniers (Scar et les hyènes) bien campés, les féliformes étant aussi sources de gags. Les voix françaises ont été bien choisies et contribuent à la réussite du film, à travers notamment les personnages secondaires comiques : l'oiseau, le suricate et le phacochère, ce dernier présentant la particularité de lâcher régulièrement des gaz particulièrement odorants. (La scène qui montre le petit Pumbaa au niveau du point d'eau est un délice.)

   Le reste est sans surprise. Même sans connaître l'intrigue d'origine, on sait dès le départ qu'il va arriver un truc au père, que le fils va faire des bêtises et que les lionnes vont se montrer courageuses (et redoutables). Si les scénaristes n'ont pas osé aller jusqu'à proposer l'intronisation d'une reine de la savane, on peut quand même se réjouir de la présence de deux personnages féminins valorisants (en particulier celui de Nala).

   Dans une grande salle, on profite pleinement de la qualité visuelle de l'animation, le principal atout de cette production hyper-balisée, "familiale" (aucun mâle n'étant doté de "coucougnettes" visibles)... et qui va contribuer à remplir davantage encore les poches de Disney.

09:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 24 juillet 2019

7 millions !

   C'est l'intitulé d'une exposition (sous-titrée "Les soldats prisonniers dans la Grande Guerre") visible au Mémorial de Verdun (où je m'étais déjà rendu il y a trois ans) jusqu'au 20 décembre prochain.

   Ce nombre en lui-même est une information méconnue : les morts au combat (9-10 millions) ne sont pas beaucoup plus nombreux que ceux qui ont connu la captivité pendant... et même après le conflit.

   Si la capture d'adversaires est un fait sans doute aussi ancien que la guerre, la massification du phénomène remonte clairement à la Première Guerre mondiale. Le début de l'exposition nous apprend toutefois que le phénomène connut un premier pic pendant le conflit austro-prussien de 1870-1871. (Hors d'Europe, c'est lors de la Guerre de Sécession que l'emprisonnement de soldats ennemis pris de l'ampleur : il toucha environ 400 000 personnes, les deux camps confondus.)

   L'année 1914 constitue une rupture à bien des égards. Le conflit qui se déclenche prend la forme d'une guerre de mouvement très meurtrière. Les unités se sont beaucoup déplacées, faisant parfois de nombreux prisonniers... dont les gouvernements ne savaient pas trop quoi faire. Des centaines, des milliers de camps sont peu à peu ouverts. La gestion de ces masses humaines est l'objet de beaucoup d'attention : on pense à les utiliser pour la propagande... et chaque gouvernement sait que le traitement de ses soldats prisonniers de l'ennemi dépend de la manière dont lui traitera les captifs adverses. Un autre acteur s'intéresse quasi immédiatement aux prisonniers : le Comité international de la Croix-Rouge.

   Des camps sont apparus principalement en Europe (surtout en Allemagne et Russie, ainsi qu'en France, Autriche-Hongrie -notamment à Mauthausen...), mais aussi en Afrique du Nord (il y en a eu un par exemple à Sétif, bien avant que cette contrée ne devienne tristement célèbre), en Asie occidentale (dans l'Empire ottoman), jusqu'en extrême-Orient, au Japon (en particulier sur l'île de Shikoku). Dans la pièce son projetées des photographies de prisonniers et des vues de camps, sous différents angles, prises un peu par partout.

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   Dans la salle suivante, il est question de "vivre au camp" (de prisonniers). La situation était variable selon l'époque, le pays et le commandant du camp. Certains ont veillé à traiter correctement les détenus, d'autres ont été de véritables sadiques. La question la plus importante (après l'alimentation des soldats) était le travail des prisonniers. Avant guerre, des conventions avaient été signées, qu'il a fallu dans l'urgence adapter (et faire respecter). Par exemple, Français comme Allemands ont dû renoncer à faire travailler leurs détenus à proximité du Front.

   On connaît la vie quotidienne dans ces camps grâce aux témoignages des détenus. Plusieurs d'entre eux sont particulièrement exploités dans l'exposition, notamment ceux de Maxime Bourrée et André Warnod :

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   On découvre aussi l'action de la Croix Rouge... et celle des familles, qui pouvaient envoyer des colis (à condition de savoir où l'envoyer, ce qui était une autre histoire). L'exposition aborde aussi la question des détenus malades et les tentatives d'évasion. On peut citer un exemple célèbre : Charles de Gaulle, alors capitaine, fait prisonnier lors de la bataille de Verdun, et qui a par la suite tenté cinq fois de s'évader.

   A l'image de ce qui se fait dans le reste du Mémorial, l'exposition mêle les supports les plus variés : affiches, textes, vidéos, sons (enregistrés par les Allemands, qui ont recueilli des témoignages quasi ethnographiques, en anglo-écossais, basque, breton, sicilien, yiddish...) et animations numériques. S'y ajoutent quelques très bonnes cartes, comme celle présentant l'ensemble des camps. Il y a aussi celle qui montre le rayon d'action d'un camp de prisonnier allemand, dont les détenus sont envoyés travailler parfois assez loin (une sorte de préfiguration du fonctionnement des futurs camps de concentration nazis).

   La dernière salle est consacrée à l'histoire et l'action de la Croix Rouge. On y trouve notamment la biographie de quelques figures du mouvement, ainsi qu'une grande tablette, à partir de laquelle on peut faire des recherches sur le site du cicr, qui, à l'image du ministère de la Défense avec mémoire des hommes, a mis en ligne les fiches de tous les soldats prisonniers qui figuraient dans ses archives. Impressionnant.

   Cette expo mérite vraiment le détour.

lundi, 22 juillet 2019

Des climatiseurs pas si miraculeux que cela...

   Avec le deuxième épisode caniculaire estival qui se profile, le nombre de publicités pour les produits rafraîchissants risque à nouveau d'exploser, avec, dans le lot, du bon, du moins bon, voire du (presque) pas bon du tout.

   Aujourd'hui, sur le site du Monde, a été mis en ligne un article dénonçant "l'arnaque au climatiseur" et, à travers lui, l'essor d'un commerce malhonnête, celui de produits chinois très bas-de-gamme par des sociétés commerciales polymorphes, difficiles à cerner.

   Les climatiseurs qui servent d'amorce à l'article sont de petits cubes proposés à la vente depuis au moins l'an dernier. A l'époque, le magazine Que choisir en avait fait une critique acerbe. Il faut dire que l'objet était en plus vendu pour la "modique" somme de 50 euros !

   Cela explique peut-être pourquoi, il y a quelques semaines, il est réapparu sur les dépliants publicitaires des magasins Action, une chaîne de "bazar discount" concurrente des Foir'fouille, Gifi et autres Noz :

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   Vous pouvez constater que le prix a considérablement baissé, puisqu'on est passé de 50 à environ 12 euros. Au niveau du fonctionnement, il n'y a pas d'amélioration par rapport aux critiques formulées l'an dernier. Certains usagers recommandent de placer le cube dans une petite cuvette ou sur une serviette-éponge pliée en quatre (il fuit !). Il a une (petite) efficacité si l'on verse de l'eau fraîche dans son réservoir et si l'objet n'est pas placé très loin de soi : sur un bureau auquel on est installé pour travailler ou sur une table de chevet à côté du lit. Mais il est assez bruyant...

dimanche, 21 juillet 2019

Pan sur le bec !

   Récemment, en lisant mon hebdomadaire favori, je me suis rendu compte que l'un des rédacteurs du Canard enchaîné (voire deux) avait commis une boulette en parlant de la Turquie. La montée des tensions entre le pays dirigé d'une main de fer par Recep Tayyip Erdogan et les Etats-Unis (à propos de l'achat de missiles russes) a beaucoup inspiré les journalistes français, y compris les caricaturistes du Canard. Mais c'est dans un article et un entrefilet de la rubrique "Vite dit !" (tous deux situés page 8) que l'erreur s'est glissée :

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   Si la Turquie est bien l'un des membres les plus anciens de l'OTAN (depuis 1952), elle ne fait pas partie des fondateurs de cette organisation, créée en 1949. L'entrefilet du bas fait référence à un article du Monde qui, s'il qualifie la Turquie de "Pilier oriental de l'OTAN depuis 1952", n'évoque jamais ce pays comme étant l'un des fondateurs de l'Alliance atlantique.

   Je sens que l'équipe de rédacteurs va se faire offrir (si ce n'est déjà fait) une double tournée de vin turc !

samedi, 20 juillet 2019

Des fresques rue Béteille

   L'une des principales rues de Rodez (qui mène à la cathédrale) bénéficie de travaux visant à la rendre plus lumineuse, plus vivable, moins irrespirable. (Elle est quotidiennement traversée par d'importants flux automobiles.) Voilà pourquoi, après avoir racheté plusieurs immeubles, la mairie les a détruits, dans l'objectif d'instaurer une "trouée verte" entre la rue Béteille et le boulevard qui la surplombe, au-delà d'une série de pâtés de maisons.

   En attendant l'achèvement de ce projet, une parcelle enherbée longeant la rue a été dotée de deux fresques. La plus petite se voit dans le sens de la montée (celui de la circulation automobile) :

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   Sur un pan de mur, l'artiste Andréa Mattoni a reproduit un détail du Joueur de flûte, de Nicolas Tournier, un peintre français du XVIIe siècle, décédé à Toulouse :

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   Au passage, j'ai souligné l'accidentelle proximité de deux oeuvres de "street-art", l'une des deux s'apparentant davantage à un dégueulis d'illettré.

   Pour voir la seconde fresque, il faut descendre la rue Béteille. Il faut donc être un.e piéton.ne, ce qui n'est pas pour me déplaire. Là aussi, il s'agit d'une oeuvre d'Andréa Mattoni. Là encore, l'artiste n'a reproduit qu'un détail d'un tableau (toujours de Nicolas Tournier), Les Joueurs de dés :

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   Il est d'ailleurs étonnant de constater à quel point l'observation du détail d'un tableau, coupé de son contexte, peut en changer l'interprétation.

   Pour en savoir plus sur la méthode de l'artiste, il faut s'approcher des fresques. C'est très facile pour la première, puisqu'elle jouxte un trottoir :

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   Le peintre a tracé un quadrillage sur le mur, reproduisant sans doute celui qui se trouvait déjà sur une version papier de la toile. C'est par contre peu visible sur la grande fresque, de surcroît moins accessible. Mais, sur une photographie publiée la semaine dernière dans Centre Presse, on peut apercevoir la trame du quadrillage, alors que l'oeuvre est en cours de réalisation:

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   C'est original... mais pas inédit. Le récent diptyque L'Oeuvre sans auteur met en scène un jeune peintre, Kurt Barnert, qui découvre son style à l'aide d'une méthode très ressemblante. Sa vie s'inspire d'un artiste qui a bel et bien existé. Il s'agit de Gerhard Richter, dont les oeuvres sont visibles sur la Toile. Certaines d'entre elles, comme Portrait de Schmela et Famille au bord de la mer, ont clairement inspiré les tableaux que l'on voit dans le film de Florian Henckel von Donnersmarck.

   P.S.

   L'apparition de ces fresques s'insère dans une série de manifestations liées au "Siècle Soulages". C'est tout de même un beau paradoxe que, pour célébrer l'un des maîtres de l'art abstrait, on subventionne la création d'oeuvres figuratives rendant hommage à un peintre classique !

Les légionnaires du 14 juillet

   La liste des récipiendaires a été publiée (en plusieurs parties) au Journal Officiel. Bien qu'affectant de rompre avec l'Ancien Monde, Manu Macron en a gardé quelques oripeaux. Concernant les médailles, on remarque toutefois que la liste semble moins longue que sous ses prédécesseurs, que le nombre de femmes y est élevé et qu'on y trouve moins de "pipoles", même si ceux-ci n'en sont pas absents.

   D'ailleurs, ce sont ceux que l'on remarque le plus vite. Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale deviennent grands officiers, Costa Gavras, Françoise Fabian et... Jean-Michel Jarre sont eux promus au grade de commandeur, tandis que Marie-Claude Pietragalla et Claude Perdriel deviennent officiers. Le spationaute Thomas Pesquet devient chevalier.

   L'approche des élections municipales explique peut-être l'importance du contingent de politiques, dont je ne vais relever que quelques exemples marquants. On remarque que la dernière fournée reste dans le ton du "en même temps", nommant des personnalités de gauche et de droite, avec peut-être un léger avantage en faveur de la seconde sensibilité.

   A droite, on peut commencer avec Maurice Gourdault-Montagne (nommé commandeur), un ambassadeur certes, mais qui travailla étroitement avec plusieurs personnalités gaullistes, notamment le président Jacques Chirac, dont il fut le conseiller diplomatique. L'accompagnent Bernard Accoyer (officier) et un régiment de chevaliers : Luc Chatel, Valérie Pécresse (sur le contingent du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, à la tête duquel elle fut sous Nicolas Sarkozy), Axel Poniatowski, Jean Arthuis, Michel Voisin... et une certaine Eliane Barreille, vice-présidente LR du Conseil régional de PACA, une sarkozyste qui a appelé à faire barrage au FN en 2017. Elle a été nommée sur le contingent du ministère de l'Intérieur... et elle est réputée proche de Christian Estrosi. Vous avez dit Nice ?

   A gauche se détache l'ancien Premier ministre de François Hollande Jean-Marc Ayrault (commandeur). Il est accompagné par deux "officiers" (Claude Bartolone et Michel Charrasse) et un bataillon de chevaliers : Robert Hue, Laurent Cathala (maire de Créteil), Sophie Pantel (présidente du Conseil départemental de Lozère) et... Christian Teyssèdre, le maire de Rodez, nommé sur le contingent du ministère de la Cohésion des territoires.

   Les lecteurs aveyronnais de cette liste ont intérêt à ne pas interrompre ici la découverte des promus. Un peu plus bas, sur le contingent du ministère de l'Agriculture, on découvre le nom de Marie-Thérèse Lacombe, veuve du syndicaliste agricole Raymond Lacombe et elle-même très engagée dans la défense du monde rural et de la reconnaissance du rôle que les femmes y jouent.

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vendredi, 19 juillet 2019

Tiananmen 1989, nos espoirs brisés

   Cette bande dessinée paraît 30 ans après le printemps de Pékin et sa répression par le gouvernement communiste chinois. Elle est coscénarisée par l'un des rescapés du mouvement étudiant rebelle, Lun Zhang. Les dessins sont d'Ameziane :

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   Comme c'est une BD historique, mais que le public français ne connaît pas forcément très bien les événements qui se sont déroulés à l'époque, au début, une double-page présente rapidement les principaux protagonistes, qu'ils soient membres du mouvement étudiant, intellectuels contestataires ou cadres du parti communiste.

   L'histoire nous est racontée de deux manières. Soit Lun Zhang s'adresse directement au lecteur, sous sa forme dessinée, soit l'on voit l'illustration de ses propos, un peu sous la forme d'un film noir, avec une incontestable volonté de sortir du cadre classique de la BD documentaire.

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   Comme il s'agit d'une tragédie (l'échec de l'instauration d'une démocratie libérale en Chine), l'action est découpée en actes. Le premier conte la jeunesse du narrateur et l'ouverture économique de la Chine après la mort de Mao Zedong.

   L'acte II aborde les débuts de la révolte étudiante, suite à la mort d'un cadre du PC réputé réformateur. L'acte III évoque la radicalisation du mouvement et le lancement des grèves de la faim (un aspect souvent oublié aujourd'hui). On nous montre un mouvement rebelle massif, mais où apparaissent des dissensions. De son côté, le pouvoir communiste hésite encore sur la stratégie à suivre.

   L'acte IV montre un début de durcissement de le part du pouvoir. Les étudiants tentent de rester mobilisés. L'acte V, souvent dessiné sur fond noir, est consacré à la répression du mouvement et à la fuite des rescapés.

   C'est une belle leçon d'histoire, riche en détails, avec des images parfois poignantes, qui rendent hommage à des jeunes avides de vivre libres.

jeudi, 18 juillet 2019

Chez Adolf

   Le premier tome de cette bande dessinée, intitulé sobrement "1933", vient de paraître aux éditions Delcourt. il est signé d'un trio : Rodolphe (pour le scénario), Ramón Marcos (pour les dessins) et Dimitri Fogolin (pour la colorisation).

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   Le narrateur est le personnage principal (l'homme barbu portant chapeau et lunettes, sur la couverture), Karl Stieg, un enseignant (apolitique) d'un collège pour garçons. Célibataire, il jouit d'une bonne réputation et loge dans un appartement situé juste à côté d'une brasserie, où il a ses habitudes.

   Le début de l'histoire voit celle-ci changer de nom. Son propriétaire, prénommé Adolf, trouve porteur de transformer "Les Joyeux Amis" en "Chez Adolf". S'il éprouve de la sympathie pour le nouveau chancelier, il n'est pas un nazi militant. D'ailleurs, quand le boycott des juifs est lancé, il accepte d'en recevoir dans son établissement.

   Ce volume ambitionne de nous montrer la montée en puissance du régime nazi qui, petit à petit, va quadriller toute la société allemande et se révéler de plus en plus menaçant. De son côté, Karl est amené à faire des choix : adhérer ou pas au parti nazi ? faire le salut hitlérien ou pas ? donner un coup de main (ou pas) à ses voisins juifs ? tolérer (ou pas) la propagande nazie sortant de la bouche de certains de ses élèves ? sauver la mise (ou pas) à sa (charmante) collègue militante antinazie ? (Ce dernier choix va embarquer le héros dans une aventure nocturne rocambolesque à souhait.)

   Le style du dessin est classique, sans copier la "ligne claire" hergéenne ou les albums de Blake et Mortimer. (On peut feuilleter les premières pages ici.)

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   J'ai aimé l'ambiance de polar, mêlée à la description de la vie quotidienne des protagonistes. Deux tomes sont à venir, le suivant se déroulant en 1939. J'ai hâte de les découvrir.

L'Oeuvre sans auteur (1 et 2)

   Présenté en France en deux parties (d'une durée d'environ 1h30 chacune), l'ensemble forme en réalité un seul film d'un peu plus de trois heures... qu'on ne voit pas passer. Le réalisateur est Florian Henckel von Donnersmarck, que tout cinéphile digne de ce nom connaît comme étant l'auteur de La Vie des autres. Y figurait déjà Sebastian Koch, qui incarne ici un médecin nazi autoritaire, froid et sûr de ses compétences.

   L'intrigue s'étale entre 1939 (qui marque le lancement du programme de stérilisation des "populations indésirables", en Allemagne) et le début des années 1960, juste après la construction du Mur de Berlin et avant les procès qui vont faire (re)découvrir aux Allemands l'étendue et l'atrocité des crimes commis en leur nom des années auparavant. (Voir à ce sujet Le Labyrinthe du silence.) Il est question de l'émergence d'un grand peintre, de sa jeunesse sous le IIIe Reich à son explosion dans la RFA de Konrad Adenauer.

   Pendant le premier quart d'heure (de la partie 1), j'ai eu un peu peur. J'ai trouvé certaines scènes mal jouées, comme celles montrant l'excentricité de la jeune (et ravissante) Elisabeth ou encore la remise du bouquet à Hitler. De plus, même si je suis très sensible à la beauté de Saskia Rosendahl (remarquée dans Lore), j'ai trouvé un peu facile de la part de ce cochon de réalisateur de profiter de la moindre occasion pour nous exposer la plastique quasi parfaite de l'actrice. J'ai aussi été gêné par ce qui pour moi est une invraisemblance historique : quand Elisabeth emmène son neveu à l'exposition sur "l'art dégénéré", elle porte une robe légère, qui ne permet pas d'ignorer l'absence de soutien-gorge !

   Le film devient prenant à partir du moment où Elisabeth est emmenée dans le "centre gynécologique" dirigé par "Herr Professor" Seeband, incarné par Sebastian Koch avec une époustouflante (et glaçante) maîtrise. Ce gynécologue est conscient d'être un excellent médecin (sur le plan scientifique). Sur le plan humain, c'est autre chose. Dans son bureau se déroule une scène capitale pour la suite : elle pose des éléments qui, plus tard, vont relier plusieurs personnages sans qu'ils en soient conscients (mais les spectateurs attentifs, oui).

   C'est là que la grande Histoire rencontre la petite. Henckel en profite pour évoquer l'Aktion T4, dans un mélodrame qui montre comment des vies d'Allemands ordinaires vont être brisées. Ainsi, dans la famille d'Elisabeth, on a le privilège de mourir à cause des nazis ou sous les balles soviétiques ou encore sous les bombes anglo-américaines. (Une scène se déroule à Dresde en février 1945.)

   La séquence suivante est tout aussi passionnante. On y retrouve le médecin nazi, piégé par l'occupation soviétique de la partie orientale de l'Allemagne. Il risque gros, mais il peut encore compter sur sa formation médicale, qui pourrait lui sauver la partie. La scène de l'accouchement est formidablement mise en scène.

   Après une ellipse, on retrouve notre désormais ancien nazi, transformé en notable de la RDA (communiste). Le petit garçon du début (qui va longtemps refouler certains souvenirs) est devenu un apprenti peintre. Il va se lier à une autre Elisabeth qui, coïncidence troublante, ressemble bigrement à sa tante disparue (la couleur de cheveux exceptée). Elle est incarnée par Paula Beer (encore plus souvent nue). Le couple qui se forme va rencontrer un terrible adversaire sur sa route : le gynécologue, qui ne peut plus se montrer aussi ouvertement dominateur qu'autrefois, mais qui va se révéler habile manipulateur...

   Au niveau artistique, Henckel veut montrer que nazis comme communistes ont une vision étriquée de la création. Les régimes totalitaires méprisent la liberté créative et veulent instrumentaliser les artistes à leur profit. C'est le moment où l'on bascule de la première dans la seconde partie.

   Celle-ci est, dans un premier temps, davantage centrée sur Kurt, dont le talent s'affirme. On le voit d'abord en RDA, où il se plie à la doctrine officielle du réalisme socialiste. Pour des raisons que je me garderai bien d'évoquer, à l'issue d'un assez long processus, il finit par "exploser" en RFA. J'ai trouvé remarquable le récit de son apprentissage dans le milieu d'avant-garde de Düsseldorf. C'est le moment de signaler l'excellente composition d'Olivier Masucci en professeur d'arts plastiques, capable de captiver un auditoire... ou de le faire réagir. Les plans qui montrent les peintres en action sont très réussis (et parfois empreints d'ironie, comme lorsque le jeune héros découvre les efforts pathétiques des apprentis artistes pour faire original). Le summum est atteint quand Kurt trouve enfin son style. Un déclic se produit, qui voit de nouveau la grande Histoire fusionner avec la petite.

   En dépit de quelques défauts mineurs, j'ai été emballé par ce film, à la fois mélo, chronique sentimentale (sensuelle), leçon d'histoire et essai pictural.