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samedi, 28 décembre 2019

Jumanji : Next Level

   Et c'est parti pour une séance de cinéma grand public, dans une salle presque comble, un soir de sortie en famille ! Deux ans après le succès du "reboot" Bienvenue dans la jungle, on retrouve les désormais jeunes adultes éparpillés aux quatre coins de l'Amérique à cause de leurs études.

   Cette introduction n'est d'ailleurs pas sans intérêt, puisqu'elle nous offre une présentation quasi sociologique des héros. Bethany la blonde est issue de la grande bourgeoisie, elle s'éclate à l'étranger. Mouse le Black a réussi à intégrer un prestigieux établissement grâce à ses aptitudes sportives. Martha la coincée suit un parcours classique et Spencer fait presque figure de prolo de la bande.

   Deux petits nouveaux complètent la distribution IRL ("dans le monde réel") : le grand-père de Spencer et son ancien associé, respectivement incarnés par Danny DeVito et Danny Glover, qui s'en donnent à coeur joie. Une fois la troupe parachutée dans l'univers du jeu vidéo, on retrouve avec plaisir Dwayne Johnson, Jack Black, Karen Gillan, Kevin Hart et une nouvelle, Awkwafina.

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   Les scénaristes ont repris le principe (source de nombreux gags) du décalage entre l'apparence du personnage dans sa "vraie" vie et l'aspect de son avatar. Ils ont même un peu corsé le jeu dans cette suite, en modifiant la répartition (par rapport au premier film)... et en introduisant une péripétie qui provoque des interversions d'apparence ! C'est excellent, d'autant que les acteurs se prêtent bien à l'autodérision, à commencer par Dwayne Johnson et son regard de tombeur ! J'aime aussi beaucoup le personnage interprété par Karen Gillan, certes construit pour allécher le public masculin hétérosexuel (c'est un décalque de Lara Croft). Mais l'actrice y ajoute un supplément d'âme qui lui donne encore plus de charme. (Comparez avec son interprétation de Nebula dans Les Gardiens de la Galaxie : vous serez saisis.)

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   Tous les ingrédients se combinent pour donner un film d'aventures très agréable, bourré d'humour et de rebondissements. On se fait nettement moins chier qu'à L'Ascension de Skywalker !

23:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 27 décembre 2019

Proxima

   Outre la proximité, le titre de ce film évoque une étoile (Proxima du Centaure), la plus proche de notre système solaire. C'est aussi le nom qui a été donné à la mission du spationaute Thomas Pesquet... que l'on voit d'ailleurs apparaître au cours du film !

   Au centre de l'histoire se trouve Sarah Loreau, une ingénieure aérospatiale appelée à remplacer l'un des trois astronautes de la mission. Elle est française et femme, ce qu'on va lui faire ressentir. Même si le propos est atténué dans le film, la réalisatrice dit s'être inspirée des témoignages des "femmes de l'espace", auxquelles il est rendu hommage à la toute fin. Dès son intégration à l'équipe, Sarah est confrontée au machisme de l'américain Mike (Matt Dillon), qui va se révéler moins crétin dans la suite de l'histoire. Le plus dur pour elle est l'entraînement sur la base soviétique russe. Le directeur du programme ne fait rien pour lui faciliter les choses.

   Les scénaristes non plus. Epaulée par le Suisse Jean-Stéphane Bron (L'Opéra, L'Expérience Blöcher, Cleveland contre Wall Street), Alice Winocourt (à laquelle on doit déjà deux superbes oeuvres : Augustine et Maryland) accumule les emmerdes sur le dos de son héroïne. C'est une mère célibataire (divorcée), dont l'ex-mari est (jusqu'à présent) peu investi dans l'éducation de leur fille. Celle-ci est de surcroît dyslexique (et dyscalculique, dysorthographique... n'en jetez plus !) et un peu caractérielle. Viscéralement attachée à sa mère, la petite redoute la moindre séparation et le fait bien comprendre à sa génitrice.

   J'ai trouvé que cela faisait un peu trop. L'héroïne a déjà bien assez de soucis comme cela sans qu'il soit nécessaire d'accumuler les guignes de sa vie personnelle. Mais, fort heureusement, cette héroïne est incarnée par Eva Green (vue cette année dans Dumbo), qui a visiblement payé de sa personne pour entrer dans ce rôle à la fois physique et mental. Aussi peu "glamour" le personnage de Sarah soit-il, Eva Green réussit à lui donner un charme fou (mais je ne suis peut-être pas objectif).

   A ceux que les difficultés de la spationaute ne passionneraient pas, l'aspect documentaire du film peut suffire. La réalisatrice a obtenu de tourner dans les lieux mêmes où travaillent celles et ceux qui contribuent au programme spatial, de Cologne à Baïkonour, en passant par la ville fermée de Star City. Comme dans ses films précédents, Alice Winocourt fait montre de son savoir-faire caméra à la main et surtout de son talent pour construire les plans. Avec un dispositif simple, sans effets spéciaux, elle réussit à suggérer l'angoisse, le mépris, la convivialité, bien aidée il faut dire par des acteurs épatants.

   Je recommande chaudement ce film "spatial" féministe, tourné par l'un de nos plus talentueux cinéastes.

Acusada (vidéo)

   L'été dernier, j'avais raté ce film argentin à sa sortie en salles. (Je crois qu'il n'est même pas arrivé jusqu'à l'Aveyron...) Cette information n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Du coup, la Mère Noëlle m'a apporté un bien beau cadeau, que j'ai pu déguster non pas dans le fauteuil d'une salle de cinéma, mais devant un petit écran, une fois n'est pas coutume.

   C'est à la fois un film de procès et un film sociétal. Il permet de suivre le déroulement des audiences du tribunal qui juge le meurtre d'une jeune femme, survenu deux ans et demi plus tôt. L'accusée est Dolores, son ex-meilleure amie, fâchée à mort avec elle depuis la diffusion d'une vidéo montrant ses ébats sexuels.

   L'affaire a défrayé la chronique. Les passions se déchaînent à nouveau à l'approche du procès, chacun.e ayant sa théorie sur le crime, les médias ne se privant pas de mettre de l'huile sur le feu. S'ajoute à cela un vernis de lutte des classes : la victime était d'origine modeste, tandis que l'accusée est issue d'une famille bourgeoise.

   La première qualité du film est la tension qu'il réussit à créer tout au long de l'histoire. Etant donné que des révélations vont survenir, on ne cesse de se demander dans quel sens va tourner l'enquête, qui continue en fait durant le procès. De surcroît, si certains personnages ont une idée bien arrêtée sur la (non) culpabilité de Dolores, d'autres sont dans la même expectative que les spectateurs, à commencer par les propres parents de l'accusée.

   Celle-ci ne fait rien pour arranger ses affaires. Elle ne se présente pas sous un jour sympathique... et elle a ses petits secrets. Mais que cache-t-elle réellement ? Sa culpabilité ? Celle de quelqu'un qu'elle protège ? Ou autre chose encore ?

   Outre pour ses mystères, le film vaut le détour pour la manière dont il dépeint le rôle des médias et des moyens de communication numériques, beaucoup plus efficaces pour ruiner la réputation d'un individu que pour faire jaillir la vérité.

   J'ajoute que c'est un film totalement dénué d'humour, assez sombre, y compris sur les relations entre jeunes adultes.

   Mais c'est un sacré suspens !

   Joyeux Noël !

00:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 26 décembre 2019

Les Incognitos

   Cette animation de la Fox parodie les films d'espionnage, le héros Lance Sterling étant un décalque (noir) de James Bond, en plus cool et plus moderne. Cela donne le ton du film, totalement décomplexé.

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   Le début est brillantissime. C'est une séquence montrant Sterling dans ses oeuvres, indomptable et arrogant, s'appuyant sur des qualités physiques exceptionnelles, des gadgets étourdissants... et un peu de chance. C'est donc spectaculaire et férocement drôle, vu ce qui arrive aux divers "méchants". Mais certaines péripéties réservent des surprises, en particulier quand une arme secrète fonctionne de manière inattendue...

   C'est au cours de cette mission que l'agent spécial se retrouve face à un redoutable ennemi, qui finit par lui échapper. Il doit se lancer à sa recherche, tout en étant lui-même poursuivi par ses anciens collègues... et transformé en pigeon !

   C'est dire si l'on est loin de l'univers aseptisé de Disney (qui a réussi à saboter la franchise Star Wars, entre autres). J'ose espérer que le rachat de la Fox par la tentaculaire entreprise de divertissement ne va pas nous priver de l'humour pipi-caca-vomi qui sied tant à ce genre de production.

   On retrouve donc Sterling en pigeon-espion, accompagné du jeune geek qui l'a transformé et de partenaires ailés plus ou moins inspirés (mais qui vont se révéler très utiles). L'intrigue fait évidemment l'éloge de l'entraide face à l'individualisme exacerbé. Cela regorge de péripéties plus ou moins loufoques, l'une des plus stupéfiantes étant... la ponte d'un oeuf !

   Ce film est un salutaire courant d'air frais dans une vague de sorties décembriennes très sentencieuses, voire poussiéreuses. C'est accessible aux petits comme aux grands... et c'est superbe à l'écran.

11:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 25 décembre 2019

Le Meilleur reste à venir

   Cette histoire d'amitié peut constituer un excellent film de Noël. Des sapins décorés sont d'ailleurs visibles à l'écran dans la première partie de l'intrigue. Auparavant, on nous a présenté les deux héros dans leurs oeuvres, dans le passé et aujourd'hui, puisque ce sont deux amis d'enfance.

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   A ma gauche se trouve César, le flambeur, le jouisseur, le généreux, l'immature, bien incarné par Patrick Bruel. A ma droite se trouve Arthur, brillant scientifique, divorcé, père d'une adolescente dont il tente de régenter la vie (pour son bien, évidemment). Le rôle semble avoir été écrit pour Fabrice Lucchini, impeccable, comme d'habitude.

   L'intrigue repose sur un quiproquo. A l'issue d'un examen médical, il s'avère que l'un des deux hommes souffre d'un cancer incurable. La question est : lequel ? Chacun est persuadé que c'est l'autre. L'immature décide de s'installer chez son meilleur seul ami pour le soutenir dans ses derniers mois. Le psychorigide accepte la cohabitation et les défis que les hommes se lancent, pour adoucir la fin de vie de son ami.

   Pour entrer pleinement dans le film, il faut accepter une invraisemblance : que les deux héros soient de la même génération... et qu'ils soient quinquagénaires (ce qui fait donc deux invraisemblances !).

   Une fois ce présupposé accepté, on peut profiter des nombreux moments de comédie. L'alchimie fonctionne bien entre les deux comédiens, dont la complicité culmine dans une scène de restaurant qui fait réagir dans la salle !

   Le dernier tiers de l'histoire est plus dans l'émotion. Un personnage féminin apparu plus tôt (une rescapée du cancer au charme certain) joue un rôle croissant dans l'intrigue. A la fin, comme beaucoup dans la salle, j'ai été ému.

   Ce n'est pas un "grand" film, mais une jolie histoire, qui se conclut sur une définition de l'ami, la personne "qui vous connaît vraiment, et vous aime quand même".

11:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 24 décembre 2019

Autour de "Star Wars"

   La sortie de L'Ascension de Skywalker a été l'occasion, pour nombre de médias, de lancer des numéros spéciaux, tant sur papier que sur support numérique. J'ai déjà parlé sur ce blog d'un petit bouquin passionnant. On peut compléter ses informations en écoutant deux programmes de France Inter.

   En format court, on a la chronique matinale de Rebecca Manzoni, Pop & Co, dont quatre numéros ont été consacrés à la saga créée par George Lucas. Le 14 décembre dernier, il a été question de la version française des premiers films. Le 15 décembre, la chroniqueuse a traité la question des langues et des voix dans les films, avant d'aborder le bruitage, le 16 décembre. La série s'est conclue le 17 décembre, par un sujet sur la musique d'accompagnement (que l'on doit à John Williams).

   En format long, je recommande l'émission France Inter +, diffusée tard le soir, en semaine. Quatre numéros ont été consacrés à la saga. Pour moi, le plus intéressant est le premier, qui raconte la naissance de La Guerre des étoiles, sa sortie repoussée et la réception critique, en France.

L'Ascension de Skywalker

   Le titre du neuvième épisode de la saga est à la fois trompeur et révélateur du fond de l'histoire. Il est trompeur parce qu'il incite le public à penser que ce qu'il a présumé dans les précédents épisodes (que l'héroïne Rey est la fille biologique de Luke) va être confirmé. Mais il annonce quand même une "ascension" (au sens religieux du terme) à la fin de l'histoire.

   Dès le fameux générique de début, on informe les spectateurs de ce que les moins stupides avaient déjà deviné à l'audition de la bande-annonce : l'ex-empereur Palpatine est de retour, 36 ans après sa disparition dans Le Retour du Jedi... et, autant le dire tout de suite, de la même manière que Le Réveil de la Force avait abondamment puisé dans l'épisode IV, L'Ascension de Skywalker pompe allègrement l'épisode VI. Le problème est que, si, dans l'épisode VII, on pouvait se réjouir que la nouvelle trilogie démarre sur de meilleures bases que la prélogie des années 2000, au bout de trois nouveaux films, je suis assez consterné du manque d'imagination des scénaristes. Ainsi, comme Luke dans Le Retour du Jedi, Rey, en entrant dans une pièce sombre, va être confrontée à sa pire crainte. Comme dans l'épisode VI, le nouveau Jedi se retrouve opposé à l'empereur, qui tente d'abord de le/la convertir... et là encore, un Skywalker vient en aider un "autre"... Enfin, sans que rien ne le justifie vraiment dans l'intrigue, on voit Lando Calrissian venir refaire un petit tour, tout comme les Ewoks. On sent que Billy Dee Williams est tout content d'être là, mais, franchement, c'est une potiche. (Mark Hamill m'a aussi fait un peu pitié.)

   Cela nous mène à un autre problème posé par le film. Visiblement, on a voulu faire figurer à l'écran le maximum de personnages d'origines différentes et des deux sexes. Eh, oui, le space opera est entré à l'ère du "politiquement correct". La conséquence est que presque aucun personnage n'est fouillé, les interactions entre eux sont réduites à l'essentiel. Et pourtant, il y avait de quoi faire avec les duos Rey/Ben, Rey/Finn et Poe/Zorri. Tout cela n'est que survolé. De surcroît, les personnages des droïdes sont sous-utilisés. (Mon petit doigt me dit que certains de ces personnages -Zorri et les stormtroopers déserteurs- vont faire l'objet de films dérivés...)

   Par contre, au niveau de l'action, on est servi. Mais, là aussi, c'est maladroit. Je trouve que cela va trop vite. Certaines des péripéties auraient dû être davantage expliquées. Ne parlons pas des invraisemblances, comme ces vaisseaux sortis de nulle part dont le seul canon est capable de détruire une planète entière, comme seule pouvait le faire l'étoile de la mort. Qui plus est, cette force colossale est détruite presque aussi facilement qu'elle semble avoir été créée... (Il me semble qu'on a pratiqué des coupes pour éviter que l'ensemble ne dépasse les 2h30.) Néanmoins, je trouve que deux séquences sont assez réussies. La première a pour cadre une lune d'Endor, où se trouvent des débris de la seconde étoile de la mort. Là, il se passe quelque chose, tout comme, plus tard, dans le repaire de Palpatine, sur la planète Exegol. Il faut souligner l'excellent travail des décorateurs/illustrateurs. Les ambiances sont très bien restituées (j'ai vu le film en projection 4K). Et puis, dans ces scènes, il y a la présence de Daisy Ridley.

   Une fois de plus, le personnage de Rey porte le film sur ses épaules. Il est vraiment bien écrit et l'actrice est épatante. On sent bien que dans le duo symbiotique qu'elle forme avec Kylo Ren, elle est le membre dominant. Mais le coup de la double résurrection est de trop. Là encore, on sent les faiblesses scénaristiques. Les auteurs savaient qui ils devaient garder vivant à la fin de l'histoire. Le problème était le comment, tout en respectant le cahier des charges de l'intrigue...

   Bref, c'est long, bruyant (la musique est omniprésente : il était impossible d'entendre ses voisins bouffer leur pop-corn !) et assez prévisible. On est loin du niveau de la première trilogie.

10:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 23 décembre 2019

Star Wars : 350 anecdotes

   La sortie de ce livre est fort opportune, juste avant que l'épisode IX ne soit diffusé dans les salles françaises. Il contient une foultitude de détails, certains connus, d'autres moins. L'auteur Chris Pavone s'est livré à un impressionnant travail de compilation. L'ensemble est bien écrit, facile à lire... et constitue le cadeau de Noël idéal (et pas cher : 10 euros) pour les fans de la série.

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   Beaucoup d'anecdotes évoquent la création de l'habillage visuel ou sonore des films. Ceux qui l'ignoreraient découvriront qu'avant l'ère du numérique, on bidouillait beaucoup. (On continue encore...) Ainsi, le son des sabres-lasers est constitué d'un mélange du bruit fait par le moteur d'un projecteur de cinéma et d'interférences micro. Pour la petite histoire, je signale que la premier sabre-laser à sortir du "canon" (bleu/rouge) est celui de Mace Windu, interprété par Samuel Jackson. Celui-ci avait exigé de disposer d'un sabre personnalisé... violet !

   Sans surprise, les références au monde des samouraïs abondent. Le terme Jedi est d'ailleurs un décalque du japonais "Jidai Geki", qui désigne, au pays du soleil levant, un genre théâtral, cinématographique et télévisuel.

   Au niveau des sons, sachez que le cri d'un monstre marin est en réalité la déformation du... rot du bébé de l'un des membres de l'équipe. Autre détail croustillant : dans l'épisode VII, c'est le ronronnement d'un chat qui a été utilisé pour exprimer l'usage de la Force. Un dernier bidouillage, pour la route : dans l'épisode I, le public de la course est représenté à l'aide de cotons tiges !

   Passons aux personnages principaux. Sachez que Chewbacca a été inspiré à George Lucas par son... chien, un Malamute d'Alaska nommé... Indiana ! (Le livre regorge d'ailleurs de réflexions sur les liens entre Lucas et Spielberg). Sa fourrure est faite de poils de yak et de mohair.

   Autre second rôle emblématique de la saga, R2-D2 bénéficie de plusieurs notes dans le livre. On y apprend l'origine de son nom ("Reel 2 Dialog 2"), les tourments de l'un des acteurs (nain) chargé de mouvoir le robot de l'intérieur (un jour, il a été oublié par l'équipe partie déjeuner) et le pourquoi de ses "bips" qui semblent tellement choquer C-3PO.

   J'ai gardé mon préféré pour la fin. Sous ses identités successives, Dark Vador a été interprété (physiquement et vocalement) par onze acteurs différents tout au long de la saga... le pire étant peut-être Hayden Christensen, dont la carrière a d'ailleurs périclité après le tournage de la prélogie. Signalons que le masque qui apparaît à la fin de celle-ci a été créé par un Français, Martin Rezard. Je pense que personne ne sera étonné d'apprendre que cet objet culte est inspiré d'un masque samouraï, le pectoral lui trouvant son inspiration dans l'Ancien Testament. Le masque a rencontré un tel succès qu'il a inspiré une gargouille de la cathédrale de Washington !

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   Bonne lecture !

Millennium Actress

   On doit ce film d'animation au Japonais Satoshi Kon, auteur, entre autres, des superbes Perfect Blue et Paprika. Mort précocement en 2010 à l'âge de 46 ans, il n'a hélas pas eu le temps d'étoffer une cinématographie qui, par ce que j'en ai vu, a de quoi rivaliser (en qualité) avec celle d'Hayao Miyazaki.

   L'action se déroule dans les années 1990, puisqu'on nous dit que l'actrice en question, qui a dépassé 70 ans, est née l'année du grand séisme du Kanto, en 1923. Faites le compte : 1923 + 70-75 = 1993-1998. Dans certains des retours en arrière, on la voit enfant sous le régime militariste qui a conduit le Japon au fond du gouffre, en 1945.

   Le fil rouge est le reportage qu'un duo de journalistes (l'un d'entre eux fan de l'actrice depuis des années) obtient de tourner chez la comédienne âgée. Un petit cadeau va lancer la série de confidences et, dans la foulée, une vague de scènes bourrées de références.

   On découvre l'actrice jeune, de ses débuts à ses derniers succès dans les années 1960, avant qu'elle ne se retire du métier, pour des raisons qui restent longtemps mystérieuses. Cette actrice a joué aussi bien dans des romances, que dans des films de samouraïs, de science-fiction ou de guerre. La grande habileté du scénario est d'avoir entremêlé la vie de l'actrice et ses rôles.

   Au niveau de la mise en scène, il faut signaler un procédé cocasse : les deux journalistes contemporains sont insérés dans les retours en arrière qui illustrent les instants de la carrière et de la vie de la comédienne.

   A l'origine de cette carrière se trouve un coup de foudre, en pleine période de dictature. Ici, les rôles traditionnels sont renversés : c'est l'amoureuse qui part à la recherche de son aimé. C'est follement romanesque, un brin désuet. J'ai adoré.

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dimanche, 22 décembre 2019

Un été à Changsha

   Ce polar chinois, premier film du réalisateur Zu Feng, a pour cadre une ville de l'intérieur du pays, en pleine expansion, où, l'été, règnent des températures caniculaires :

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   Cela commence par la découverte de morceaux d'un cadavre, celui d'un jeune homme disparu. Ce crime va faire remonter à la surface d'autres histoires, de la mort (accidentelle ?) d'une enfant à diverses tromperies conjugales, en passant par le suicide d'une petite amie délaissée (auquel va répondre un autre suicide, ainsi que plusieurs tentatives).

   Cette accumulation pourrait laisser croire que le film est sinistre. C'est inexact. C'est d'abord une enquête prenante, celle menée par un duo de flics atypiques, l'un plutôt sanguin (et pas très propre), l'autre du genre taiseux :

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   On sent que le réalisateur connaît ses classiques, occidentaux comme orientaux. Cela nous vaut quelques bonnes scènes de comédie, l'une des meilleures étant, pour moi, la poursuite drôlatique entre un flic blessé et un délinquant un peu gras du bide...

   Cependant, petit à petit, ce sont les relations sentimentales qui prennent le dessus sur l'intrigue policière. Dans cette grande ville en construction, les habitants deviennent de plus en plus anonymes. Les personnages principaux appartiennent à la classe moyenne, mais ne semblent pas très heureux. Le scénario s'ingénie à les faire se croiser ; ceux qui semblent destinés à se rencontrer ne vont pas forcément concrétiser et ceux que tout semble opposer de prime abord peuvent très bien finir ensemble. Comme dans la vie.

   Pour un premier film, je trouve que l'auteur réussit à mêler les thématiques avec un certain brio. A découvrir.

23:42 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 21 décembre 2019

J'ai perdu mon corps

   Le titre verbalise la pensée d'une main, que l'on découvre au début de l'histoire coupée de son corps d'origine. Ce film est donc la quête menée par cette main, qui commence par une évasion rocambolesque, le tout en images d'animation.

   Quel choc que ce film ! L'intrigue est racontée du point de vue de la main, considérée comme un être vivant, qui voit, qui ressent... et se souvient. C'est par son intermédiaire que l'on va découvrir les dessous de l'histoire, de l'enfance du possesseur de la main à... une fin que je ne raconterai pas. Deux types de retours en arrière nous sont proposés : ceux de l'enfance, en noir et blanc, et ceux du jeune adulte urbain, colorés.

   On découvre ainsi petit à petit la vie de Naoufel, fils de musiciens, dont le destin semble tracé : il sera concertiste... ou pas. Nous le retrouvons livreur (maladroit) de pizzas puis apprenti menuisier. Notons que les retours en arrière nous sont proposés quand la main entre en contact avec un objet qui lui évoque le passé, ou quand elle revient sur les lieux où a vécu Naoufel. Le périple de la main n'est pas sans danger. C'est une sorte de petit animal fragile, qui fait quelques mauvaises rencontres : des rats, un pigeon, un chien. Les animateurs la font se mouvoir tantôt comme une main réelle, tantôt comme un corps humain entier. C'est vachement bien fait !

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   Une lumière est apparue dans la vie tristounette de Naoufel : la bibliothécaire Gabrielle, rencontrée dans des circonstances improbables. Cette romance est ma foi plutôt bien menée. En terme d'émotion, je place quand même au-dessus du lot la séquence chez la mère au bébé, une pure merveille.

   La seule limite que je poserais à mon enthousiasme est une petite tendance au pathos, dans la scène de l'accident de voiture puis, enfin, quand on nous montre la perte de la main. Je trouve que le réalisateur joue un peu facilement avec les nerfs des spectateurs, d'autant que l'on sait ce qu'il va se passer.

   La fin est ouverte : l'auteur n'a pas voulu trancher entre le drame et le conte de fées, même si l'on sent qu'il penche plutôt d'un côté. Je vous laisse le soin de deviner lequel.

21:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 18 décembre 2019

Vic le Viking

   En début de soirée, pendant qu'une batterie de djeunses faisait la queue pour aller voir l'épisode IX de ce-que-vous-savez, j'ai pu rapidement gagner une salle confidentielle et me plonger dans un bain de jouvence. Dans les années 1970-1980, sous ce titre, les téléspectateurs français ont pu découvrir une série d'animation bon enfant, dont le générique a marqué les mémoires.

   Ici, visuellement, cela tranche. C'est du numérique et, ma foi, plutôt bien torché. Soyez attentifs notamment à tout ce qui est aquatique. C'est vraiment très bien fait.

   Au niveau de l'intrigue, il y a de la recherche, avec une mystérieuse épée et la quête de la porte de la cité d'Asgard. Cependant, c'est traité de manière assez superficielle. On a visiblement visé le jeune public, avec une histoire facile à suivre, sans beaucoup de fioritures, et qui se conclut rapidement (au bout d'à peine 1h20).

   Le film n'en est pas moins bardé de références. Les fans d'Astérix trouveront que le village viking a un petit air de bourg gaulois, avec ses habitants prompts à la bagarre, un gros lard qui mange autant qu'Obélix et un petit malin accompagné d'un animal dégourdi (ici un mystérieux écureuil). Il y a aussi cette scène, vers la fin, qui voit papa Viking mettre une branlée à ses adversaires, comme s'il venait de prendre une dose de potion magique.

   L'autre versant de l'intrigue puise dans la mythologie nordique... et sa réinterprétation par Marvel. On ne sera donc pas étonné de croiser un certain Loki... et même Thor.

   Concernant le personnage de Leif Erikson, je m'attendais à des développements sur l'exploration du nord-ouest de l'océan Atlantique et ce parce que, dès la bande-annonce, j'avais vu apparaître à l'écran une carte faisant allusion à des voyages en Islande et au Groenland :

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      De ce point de vue-là, il ne faut rien attendre du film. Le récit se cantonne au niveau mythologique, avec un humour plutôt destiné aux enfants. La morale aussi a été conçue pour eux : les jeunes héros vont faire leurs preuves devant leurs aînés et une famille disloquée va se reconstituer.

   Ce n'est ni indigne ni enthousiasmant, mais cela peut divertir des gamins qui s'intéressent à ce genre d'histoire.

21:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 16 décembre 2019

Brooklyn Affairs

   Cet hommage aux polars des années 1940-1950 est signé Edward Norton, qui interprète le rôle-titre ("L'Orphelin de Brooklyn", dans la version originale), celui d'un homme sympathique et maladroit, atteint du syndrome Gilles de la Tourette. Cela nous vaut quelques incongruités et grossièretés, à intervalle régulier, mais aussi de beaux moments d'émotion.

   Le début met en valeur le patron d'une agence de chauffeurs-détectives privés, incarné par Bruce Willis. Ce vétéran de la Guerre du Pacifique a pris en mains, une dizaine d'années auparavant, une bande d'orphelins auxquels il a donné leur chance, en plus de quelques leçons de vie. Pas de bol pour lui : il a les yeux plus gros que le ventre et se met à dos des types très dangereux. On tombe dans une histoire de chantage et de corruption, sur fond de tensions "raciales".

   C'est l'une des réussites de ce film que d'inclure dans l'intrigue des personnages afro-américains, qui, en général, ne figuraient qu'au second plan (voire étaient totalement ignorés) dans les polars d'il y a soixante ans. Norton est bien aidé par une superbe et convaincante actrice principale, Gugu Mbatha-Raw, dont on a déjà pu apprécier le talent dans Seul contre tous, Miss Sloane et Free State of Jones. C'est elle la véritable femme fatale de l'histoire, et non la veuve (blanche) du détective assassiné. Et c'est une femme fatale diplômée en droit ! Modernité quand tu nous tiens...

   L'intrigue est retorse. Au centre se trouvent des projets immobiliers, avec, à la manoeuvre, en coulisses, un redoutable promoteur, William Randolph, qu'on ne s'étonnera pas de voir incarné par Alec Baldwin. C'est une sorte de mélange du magnat William Randolph Hearst (celui de Citizen Kane) et du roi de l'immobilier William H Reynolds. Mais les scénaristes ont eu l'habileté de lui donner sa chance, dans les dialogues. Le personnage défend mordicus son point de vue de bâtisseur sans scrupules, même si, au bout du compte, les spectateurs dotés d'une once de moralité pensent que c'est une belle ordure.

   Une fois le patron de l'agence de détectives trucidé, ce sont ses employés qui reprennent le flambeau, avec une implication variable. C'est Lionel le détraqué au grand coeur qui se révèle le plus tenace à ce jeu, notamment parce qu'en raison de son handicap, ses interlocuteurs ont tendance à le sous-estimer.

   J'ai écrit plus haut qu'une fraude immobilière était au coeur de l'histoire. En réalité, c'est un secret de famille, inavouable à l'époque. Voici donc un polar fort bien écrit, très joliment filmé, plein d'humanité et d'amour pour New York. Les 2h30 passent comme un rêve.

18:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 14 décembre 2019

Docteur ?

   Michel Blanc nous revient dans une comédie signée Tristan Séguéla (oui, le fils de Jacques...), dont l'action se déroule le soir du réveillon de Noël. Le héros est un vieux médecin parisien alcoolique, qui rencontre (dans des circonstances rocambolesques) un livreur UberEats (incarné par Hakim Jemili). La nuit qu'ils vont passer ensemble va les transformer.

   Il n'y a pas de surprise dans cette comédie balisée... mais ce n'est pas un mal. Le contenu du film correspond bien à ce que l'on voit dans la bande-annonce, à ceci près qu'il manque l'aspect grave de l'intrigue, qui touche à la vie personnelle du docteur Mamou Mani.

   On attend donc avec impatience les séquences du patient constipé et de la femme enceinte, deux réels moments d'anthologie, où éclate le talent d'Hakim Jemili. Avec Michel Blanc, l'osmose est parfaite. On peut ajouter une pléiade de seconds rôles plaisants, parmi lesquels je distingue Solène Rigot (aperçue il y a trois ans dans Saint Amour)... et Chantal Lauby... pourtant invisible à l'écran !

   Le film démarre sur une séquence inédite, la visite du docteur chez un couple dont le bébé n'arrête pas de pleurer. Elle est très drôle et permet de comprendre la lassitude du médecin. Une autre source de gags est la récurrence du "client casse-couilles", interprété par Franck Gastambide (vu l'an dernier dans Taxi 5). On le rencontre à trois reprises, dans trois circonstances différentes.

   Voilà. Cela dure moins d'1h30. C'est drôle, mignon (et même émouvant lors de l'accouchement). On sort de là ragaillardi.

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samedi, 07 décembre 2019

Seules les bêtes

   Ce polar ruralo-urbain est l'adaptation d'un roman de Colin Niel (que je n'ai pas lu). L'énigme prend la forme d'un puzzle en cinq parties, chacune développant des aspects de l'intrigue en suivant un personnage différent. Ce sont les recoupements des cinq parties qui livrent la solution d'un mystère, celui de la disparition d'une femme, sur le Causse Méjean, en Lozère.

   Pour apprécier pleinement ce film noir, il faut accepter, dans un premier temps, de ne pas tout comprendre... et, plus tard, il faut avoir la modestie d'accepter que ce qu'on croyait avoir compris au départ n'était pas la réalité.

   La première partie est centrée sur Alice (Laure Calamy), employée souriante d'une mutuelle, qui sillonne les routes du canton pour faire remplir la paperasse à des personnes isolées... et aussi pour leur tenir compagnie, prêter une oreille attentive à leurs plaintes. A l'occasion, elle se tape l'un des paysans du cru, Joseph (Damien Bonnard, qu'on voit beaucoup ces temps-ci, notamment dans J'accuse). De retour chez elle, elle tente de faire bonne figure face à son mari Michel (Denis Ménochet, excellent), autre paysan taiseux, complètement investi dans son travail. C'est Alice qui découvre la voiture vide d’Évelyne Ducat, une bourgeoise récemment installée dans un ancien corps de ferme restauré. Un jour, le mari d'Alice disparaît à son tour.

   La deuxième partie est filmée du point de vue de Joseph. On commence à mieux comprendre l'arrière-plan de certaines scènes vues précédemment. On y découvre aussi l'une des conclusions de l'intrigue.

   La troisième partie met en scène Marion, une jeune serveuse sétoise, qui s'engage dans une relation fougueuse avec Évelyne. Nadia Tereszkiewicz en fait peut-être un peu trop face à une Valeria Bruni-Tedeschi souveraine (mais un peu empâtée).

   La quatrième partie, intitulée "Amandine", nous révèle une partie des clés. Elle est liée à l'introduction du film, une scène énigmatique se déroulant dans une ville d'Afrique francophone. On apprend qu'il s'agit d'Abidjan, en Côte-d'Ivoire. Qu'est-ce qui peut bien relier de jeunes Africains à des ruraux lozériens ? Je vous laisse le soin de le découvrir. En tout cas, sachez que Dominik Moll (rappelez-vous, Harry, un ami qui vous veut du bien) s'y montre aussi habile à filmer la jungle urbaine ivoirienne que les solitudes enneigées lozériennes.

   La dernière partie est centrée sur la personne qui a tué, dont je me garderai bien de révéler le nom ici. On revoit quasiment tout le film sous un angle différent. Pour les spectateurs, c'est à la fois déstabilisant et jubilatoire. Les scènes ont été tournées de manière à être aussi vraisemblables, quel que soit le point de vue adopté. C'est de surcroît très bien joué, du côté français comme du côté ivoirien.

   La conclusion nous ramène d'Afrique en Lozère, en compagnie de deux personnages vus auparavant. L'auteur a visiblement voulu montrer que, directement ou indirectement, tous les protagonistes de cette histoire sont liés entre eux, une ravissante jeune Ivoirienne semblant se retrouver (bien involontairement) à la croisée des chemins. C'est peut-être un peu too much, mais cela boucle la boucle de manière habile.

   Ne ratez pas ce polar français atypique, en prise sur la société actuelle.

18:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 05 décembre 2019

Chichinette, ma vie d'espionne

   Ce court documentaire (1h25) a été pour moi l'occasion de découvrir l'histoire de cet étonnant bout de femme (mesurant 1m50, selon une ancienne carte d'identité visible à l'écran), née Marthe Hoffnung à Metz juste après la Première Guerre mondiale, résistante puis espionne une vingtaine d'années plus tard.

   La première partie du film nous fait découvrir la nonagénaire entre voyages et conférences avec, en parallèle, sa "vie d'avant" (la Seconde Guerre mondiale). On fait la connaissance d'une petite fille juive, plutôt rebelle, qui n'aimait pas l'école et se destinait au métier d'infirmière. Elle est d'ailleurs tombée amoureuse d'un futur médecin.

   Le déclenchement d'un nouveau conflit avec l'Allemagne incite la famille à se replier sur Poitiers. Pour les parents de Marthe, la vie devient plus compliquée, parce qu'ils ne parlent quasiment qu'allemand, vu qu'ils ont vécu toute leur jeunesse en Lorraine annexée. Marthe elle est parfaitement bilingue, une aptitude qui va lui sauver la vie et permettre d'en sauver d'autres.

   Mais la guerre est d'abord source de douleurs, avec l'arrestation puis la déportation de la soeur aînée de notre héroïne, puis la mort de son amoureux, engagé lui aussi en résistance. Quant à Marthe, grâce à des faux papiers sur lesquels ne figure pas la mention de sa judéité, elle passe entre les gouttes.

   Si cette histoire ancienne s'avère passionnante, la vie actuelle de l'arrière-grand-mère de 96 ans (le film a été tourné en 2016) ne manque de sel non plus. Comme elle aime à le préciser, dans son couple, Chichinette a vu la relation s'inverser. Pendant toute sa vie professionnelle, elle a assisté son époux américain (médecin). Depuis que son histoire a été rendue publique, à sa retraite, c'est elle qui mène la danse, l'époux prévenant s'étant transformé en majordome de l'icône de la Résistance.

   C'est en fin de film que l'on découvre son principal fait d'armes, en Allemagne, en avril 1945. Sa maîtrise de l'allemand, son courage et son sang-froid lui ont permis de rendre de considérables services aux armées alliées qui progressaient en territoire germanique.

   C'est à la fois un vibrant morceau d'histoire et une magnifique leçon de vie.

   P.S.

   Il est regrettable qu'il ait fallu attendre si longtemps pour rendre un hommage filmé à cette courageuse française. Il est encore plus étonnant que ce long-métrage soit une production... allemande !

mercredi, 04 décembre 2019

La Famille Addams

   Je suis fan des films de Barry Sonnenfeld, sortis au début des années 1990, petits bijoux d'humour noir mordant, servis par des acteurs épatants. Ici, on nous propose une nouvelle version de l'histoire de cette gothiquissime famille de psychopathes, en images d'animation.

   Le début raconte en quatrième vitesse le mariage de Gomez et Morticia, la rencontre de la créature de Frankenstein et leur installation dans un ancien asile devenu le manoir le plus sinistre de la région. Suivent les naissances de Mercredi et Pugsley. De cette entame menée sur les chapeaux de roue, il faut retenir le réveil et la préparation de Morticia, une merveille d'ironie.

   La suite repose sur une trame hyper-balisée. Le premier arc narratif concerne les relations des habitants du manoir avec ceux d'une ville nouvelle pour classes moyennes. Au départ, chacun ignore l'existence de l'autre. Leur rencontre va (évidemment) provoquer des étincelles. C'est aussi l'occasion pour les auteurs de se moquer du monde "banlieusard", c'est-à-dire, aux Etats-Unis, du mode de vie de la classe moyenne conformiste. C'est assez savoureux, même si l'on peut regretter que Tim Burton ait finalement renoncé à ce projet. Nul doute que l'auteur d'Edward aux mains d'argent aurait su croquer férocement cet univers de carte postale.

   Le second arc narratif concerne la cérémonie de maturité de Pugsley, dite du sabre. Quand il ne tente pas d'assassiner son père ou d'échapper aux sévices de sa soeur aînée, le gamin se prépare à surmonter ce rite de passage, dans lequel il faut sans doute voir un décalque très osé de la bar mitzvah.

   Car il y a bien un propos politique derrière cette histoire rocambolesque. La manière dont les Addams sont attaqués puis chassés, au début de l'histoire, fait sans doute écho aux persécutions antisémites de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Un peu plus tard, au cours d'une fête, on entend une musique au violon qui évoque immanquablement le folklore juif d'Europe centrale.

   Aux spectateurs inconscients de ce sous-texte, le film propose aussi une lecture morale du monde contemporain. La superficialité (addiction aux réseaux sociaux, excès de la vidéo-surveillance, surmédiatisation par le biais d'une émission de télé-réalité, recours à la chirurgie esthétique...) est dénoncée, tout comme certains travers comportementaux, comme le harcèlement à l'école. La fin (consensuelle) est censée démontrer qu'avec un peu de tolérance, des personnes très différentes peuvent vivre en harmonie.

   Entre temps, on aura pu savourer une kyrielle de gags, principalement visuels, hélas, un peu noyés dans le tourbillon d'une intrigue qui avance vite et de manière un peu simpliste. Au niveau visuel, c'est du travail propret, sans génie. Cela dure environ 1h20 et, franchement, je suis sorti de là détendu.

   P.S.

   Compte tenu de l'aspect morbide de certaines scènes, ce film est à déconseiller aux tout-petits. C'est plutôt destiné à des pré-adolescents, de la fin du primaire au début du collège... ainsi qu'aux (très) grands enfants nostalgiques.

   P.S. II

   L'un des deux metteurs en scène est Conrad Vernon, coréalisateur de Shrek 2, Monstres contre aliens et Madagascar 3.

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dimanche, 01 décembre 2019

A couteaux tirés

   Soit un riche patriarche, un brin autoritaire, ayant eu quatre enfants et quelques petits-enfants. Tout ce joli monde (sauf l'un des fils, précocement décédé) convoite une part de l'héritage... au point de donner un "coup de pouce" à Mère nature ? Un matin, après qu'il s'est disputé avec presque tous les membres de la famille, ledit patriarche est retrouvé mort, apparemment suicidé.

   Démarre alors une drôle d'enquête de police, puisque les inspecteurs sont épaulés (puis, petit à petit, dirigés) par un mystérieux détective, embauché par on-ne-sait-qui. Outre les membres de la famille (y compris l'arrière-grand-mère quasi mutique), sont interrogés les employés de maison et une étrange infirmière, d'origine latino-américaine.

   Quand j'aurai ajouté que le détective porte un nom francophone (Benoit Blanc - à prononcer Blanque), vous aurez compris qu'un parfum d'Agatha Christie flotte sur ce polar ironique, bigrement malin, tourné dans de superbes décors, avec une distribution de rêve (Daniel Craig, Jamie Lee Curtis, Chris Evans, Michael Shannon, Toni Collette, Don Johnson, Christopher Plummer...).

   Au centre du jeu va se retrouver cette étrange (et ravissante) infirmière. Elle est incarnée par Ana de Armas, un petit canon qu'on a aperçu dans Blade Runner 2049. Elle apporte une touche "américaine" à l'intrigue d'inspiration britannique. Cette fille d'immigrée clandestine souffre d'un trouble psycho-somatique : quand elle ment, elle est prise de violents vomissements. Cela "corse" agréablement certaines scènes, puisque, la demoiselle connaissant sa faiblesse, elle a appris à la surmonter... temporairement. L'un des jeux intellectuels qu'offre ce film est de deviner si et quand l'infirmière va relâcher brusquement le contenu de son estomac.

   Pour les spectateurs peu enclins à ce genre de divertissement immature, il reste l'énigme policière. On se rend rapidement compte que (presque ?) tout le monde ment. La simple succession des interrogatoires des membres de la famille nous révèle leurs contradictions, un effet qui s'accentue par le contraste entre l'image et le son : lorsque l'un des protagonistes raconte sa version de la soirée précédente, à l'écran s'affiche une scène qui très souvent ne concorde pas avec ce que le personnage est en train de déclarer aux enquêteurs.

   Le scénario est vraiment bien construit. On nous propose plusieurs fausses pistes mais, pour qui sait voir et entendre, l'identité de la personne coupable finit par s'imposer avant même que le détective ne nous dévoile toutes les ficelles, dans une séquence à la Hercule Poirot. C'est d'ailleurs l'une des rares limites que je mettrais à mon enthousiasme : Daniel Craig est un acteur trop physique pour être totalement crédible dans le rôle d'un enquêteur cérébral. L'autre limite est la durée du film, supérieure à deux heures. Paradoxalement, c'est au début que cela se ressent. Le réalisateur Rian Johnson (à qui l'on doit Looper et Les Derniers Jedi) prend un peu trop de temps à mettre en place son dispositif. Mais l'ensemble n'en constitue pas moins un très agréable divertissement.

13:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 novembre 2019

Adults in the room

   Le titre reprend une formule utilisée par le personnage de Christine Lagarde. Dans l'histoire, celle qui est à l'époque directrice du FMI (aujourd'hui présidente de la BCE) fait office de Madame Loyale, autorité bienveillante qui tente de concilier les contraires... tout en restant du côté du manche. La formule fait allusion au manque présumé de maturité des hommes qui s'affrontent au cours des réunions ayant pour but de résoudre la crise grecque (en réalité les conséquences de la crise financière de 2007-2008 sur l'Union européenne).

   Costa-Gavras nous livre une oeuvre engagée, sous forme de théâtre politique. La musique, omniprésente, souligne les moments dramatiques, cocasses... et a peut-être aussi pour mission de pallier le manque d'action à l'écran. Bien que le film soit long (il dure plus de deux heures), je trouve que le résultat est globalement réussi, sur la forme.

   C'est dû à la qualité de l'interprétation, en particulier celle de Christos Loulis, incroyable de charisme en Yanis Varoufakis (le ministre des Finances grec). Le réalisateur fait la part belle à ce personnage, ce qui d'ailleurs fait perdre à son histoire une partie de sa crédibilité. Face à lui, il faut souligner la performance d'Ulrich Tukur en Wolfgang Schäuble, l'omnipotent ministre allemand, ancien rival d'Angela Merkel qui, bien que cloué sur un fauteuil roulant, terrorise la moitié de l'Eurogroupe. Si l'acteur est excellent dans le rôle, je trouve que la représentation du ministre allemand est plutôt caricaturale. On peut faire la même remarque à propos du président (de l'époque) de la BCE, Mario Draghi, un ex de Goldman Sachs qui, à l'usage, s'est révélé beaucoup plus subtil qu'on ne l'avait craint (et qui a sans doute grandement contribué à sauver l'euro... mais c'est peut-être justement là que le bât blesse pour certains abrutis de base).

   C'est pire encore concernant d'autres personnages majeurs : le Premier ministre grec lui-même, Alexis Tsipras, est dépeint en type mou et influençable. Costa-Gavras est trop dépendant de sa principale source (le bouquin de Varoufakis, qui a rompu avec son ancien partenaire de Syriza). Concernant les représentants français, les spectateurs hexagonaux qui ne sont pas nostalgiques de la présidence Hollande apprécieront de voir Michel Sapin (le ministre des Finances) caricaturé en hypocrite veule et Pierre Moscovici présenté en notable suiviste (avec une bonne composition d'Aurélien Recoing). Des flèches encore plus acérées sont destinées au président de l'Eurogroupe de l'époque, le ministre néerlandais des Finances (travailliste) Jeroen Dijsselbloem, présenté comme un type suffisant... et un véritable laquais de l'Allemagne. C'est là que l'on mesure (quand on connaît un peu le contexte) la partialité du film (et aussi du livre, je présume). Rien ne nous est dit des difficultés avec lesquelles se débat le gouvernement néerlandais, à l'époque, difficultés qui peuvent (en partie) expliquer l'attitude du ministre dans les réunions européennes.

   De manière générale, je trouve que le film porte d'énormes oeillères, se contentant de véhiculer le point de vue de Varoufakis, en passant très vite sur les errements des précédents gouvernements grecs (dont les élus de Syriza, qu'ils le veuillent ou non, doivent gérer l'héritage). Je trouve que les enjeux européens ne sont pas suffisamment expliqués. Ils auraient permis de comprendre l'attitude de certains des acteurs majeurs de ces négociations... mais cela aurait peut-être quelque peu diminué l'éclat de l'auréole varoufakienne.

   Au final, on se retrouve avec un film à la dramaturgie élaborée, mais très orienté.

   P.S.

   La séquence conclusive, qui comprend un ballet métaphorique, est complètement ratée.

vendredi, 29 novembre 2019

Joyeuse retraite !

   On ne va pas se mentir. C'est de la comédie française hyper-balisée, avec des clichés, des facilités, de la "gauloiserie"... et une fin prévisible, consensuelle. Néanmoins, le film n'est pas inintéressant, pour plusieurs raisons.

   La première tient à une actrice, qui vole la vedette aux deux têtes d'affiche (Thierry Lhermitte et Michèle Laroque, qui cachetonnent comme c'est pas permis). Je veux parler de Nicole Ferroni, plus connue comme chroniqueuse sur France Inter. Ici, elle incarne la fille des héros, une directrice d'EHPAD en pleine crise de couple, une battante qui tente de tout gérer au mieux.

   Au départ, on la découvre dans le personnage de Cécile, plutôt à contre-emploi. Plus loin, le scénario lui réserve un véritable moment de bravoure, dans une scène savoureuse avec la directrice d'école. Elle est un peu moins convaincante en épouse séparée qui se cherche, mais sa présence contribue grandement à l'intérêt du film.

   J'ai aussi apprécié quelques-unes des scènes centrées sur les grands-parents, notamment la période couvrant l'accueil de leur gendre (jusqu'à ce qu'ils croient en être débarrassés) et, surtout, la visite de la maison par une famille de potentiels acheteurs. Même si certaines scènes sont quelconques, même si les dialogues sont souvent poussifs, j'ai éclaté de rire à plusieurs reprises tant certains moments sont cocasses.

   C'est parfois joliment tendre, quand il est question de l'arrière-grand-mère, censée être mourante (Judith Magre, d'une revigorante énergie), ou quand les enfants sont à l'écran. Il y a même un soupçon de subtilité à propos du "départ" des personnes âgées, certains des protagonistes comprenant systématiquement ce terme au sens figuré (celui du décès), alors que deux des personnages ne pensent qu'à une chose : filer au Portugal !

   Voilà. Cela ne mange pas de pain. Au niveau de la réalisation, c'est très scolaire, avec une tendance à étirer inutilement certaines scènes. Mais on sort de là détendu.

dimanche, 24 novembre 2019

Tropiques criminels

   Quelques semaines après la poussive OPJ Pacifique Sud, France Télévisions lance une nouvelle série ayant pour cadre l'outremer (plus précisément la Martinique) et cette fois-ci destinée au prime time, la case phare de la programmation. Autant le dire tout de suite, ce sont d'abord les clichés qui sautent aux yeux : le commissaire est une caricature de fonctionnaire "domien" (pas méchant bougre, mais assez lâche), la commandante est un mannequin, la capitaine une pochtronne gouailleuse et le lieutenant un beau gosse empathique.

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   Le premier épisode (L'Anse d'Arlet) montre l'arrivée en Martinique de la (rigide) commandante métropolitaine d'origine antillaise et ses premières confrontations avec sa subordonnée un brin bordélique. En dépit des clichés, j'ai aimé, parce que chacune des actrices (Sonia Rolland et Béatrice de la Boulaye) s'est parfaitement coulée dans son rôle. Les dialogues sont plutôt bien écrits et certaines situations assez cocasses.

   Cette première enquête met les policières au contact d'adolescentes qui font des bêtises, certaines petites, d'autres énormes. L'insertion de thèmes sociétaux dans les intrigues n'est pas trop maladroite. Le deuxième épisode (La Cherry) aborde la question du harcèlement sexuel (et de la jalousie). Le duo (qui devient un quatuor avec les partenaires masculins) fonctionne de mieux en mieux. On voit aussi un autre thème prendre de l'importance, celui de la famille martiniquaise de la commandante.

   Comme c'est bien filmé et que la musique est entraînante, j'ai trouvé l'ensemble distrayant, sans plus (mais meilleur que les aventures de l'équipe néo-calédonienne).

samedi, 23 novembre 2019

Le Code du tueur

   Je ne connaissais pas cette mini-série britannique, créée en 2015, dont France 3 vient de rediffuser les trois épisodes, visibles pendant encore quelques jours en replay. D'une façon légèrement romancée, elle raconte l'émergence de la police scientifique moderne, à travers l'utilisation de la preuve ADN.

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   Le premier épisode met en parallèle le début d'une enquête sur le viol et le meurtre d'une adolescente (aux environs de Leicester, en 1983) et les recherches d'Alec Jeffreys. Dans son petit laboratoire, cet universitaire tente de séquencer l'ADN, au départ plutôt dans le but de retracer les filiations. La mise en scène montre bien à quel point ce travail pionnier fut ardu. Dans le même temps, à quelques kilomètres de là, le commissaire David Baker (un flic besogneux et compatissant, à l'ancienne) piétine dans son enquête, en dépit des moyens déployés. Dans le rôle, David Threlfall est excellent.

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   L'épisode s'achève alors que le scientifique est sollicité dans une affaire d'immigration. Les spectateurs comprennent aussi qu'on a affaire à un tueur en série, dont on ne nous montre quasiment rien, principalement l'ornement intérieur de sa voiture :

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   Le deuxième épisode est celui où l'action progresse le plus. D'un côté, la police pense avoir mis la main sur un suspect crédible, mais pour un seul des deux meurtres. C'est le moment où le commissaire et le scientifique entrent en contact. L'analyse ADN semble capable d'innocenter un accusé comme de dénicher le vrai coupable dans une foule de suspects. Le suspens est bien entretenu à propos de l'identité du tueur.

   Le troisième épisode est celui du dénouement. Au départ, les policiers pensent que le test ADN pratiqué à grande échelle va leur donner la clé de l'énigme... mais l'on nous ménage quelques rebondissements. Celles et ceux qui sont familiers des enquêtes criminelles ne seront pas surpris de découvrir le stratagème utilisé par le coupable pour tenter d'échapper à la police. J'ai aussi apprécié que l'on ne s'attarde pas sur la personnalité du violeur. Le film s'attache surtout aux familles des victimes et au quotidien des héros. Ajoutons que les seconds rôles sont campés avec beaucoup de réalisme et que l'ambiance des années 1980 est parfaitement restituée.

   L'ensemble est une belle réussite.

lundi, 18 novembre 2019

Koko-di koko-da

   Ne rigolez pas, c'est bien le titre d'un film suédois sorti cette semaine sur nos écrans... et disponible en version originale sous-titrée au CGR de Rodez ! Saperlipopette ! C'est ce qu'on pourrait appeler un objet cinématographique non identifié. Le titre fait référence à une comptine, dont la récurrence coïncide avec les drames qui scandent l'histoire. Les "vieux" cinéphiles penseront au Singing in the rain d'Orange Mecanique. Le film est aussi nourri d'allusions à l'univers lynchien, à Un Jour sans fin... et au Projet Blair Witch.

   Le début montre un moment de bonheur, un anniversaire fêté en famille... qui se termine mal. Ce n'est pas très bien joué, mais c'est indispensable pour comprendre la suite. On retrouve deux des personnages trois ans plus tard, dans une voiture, en partance pour du camping sauvage. On voit vite que le couple est en capilotade. Mais le pire est à venir.

   A plusieurs reprises, les campeurs vont vivre quasiment la même scène. Seul le début ou la fin varie. Parfois l'action démarre un peu en amont. Parfois, elle se poursuit plus en aval. Le principal protagoniste change aussi : tantôt l'époux, tantôt l'épouse (vraiment pas gâtée par le scénario). Là-dessus intervient un trio infernal, constitué d'un vieillard faussement distingué, d'une jeune gothique complètement barrée et d'un grand balèze attardé mental. Quand je vous aurais dit que ce sont les personnages de la fameuse comptine, vous aurez une idée du merdier dans lequel les spectateurs se trouvent plongés... et ne croyez pas que la conclusion de l'histoire apporte des éclaircissements ! (Il faut plutôt chercher du côté des scènes de théâtre d'ombres.) Je vais donc me lancer. Attention, divulgâchage(s) !

PREMIÈRE TENTATIVE D'EXPLICATION : LA PSYCHOLOGISANTE

   C'est celle vers laquelle semble tendre l'intrigue : les deux époux ne se sont pas remis de la perte de leur fille. Incapables de communiquer, ils sont tenaillés par la culpabilité, qui se traduit par des cauchemars, les premiers étant ceux de l'homme, les suivants ceux de la femme.

DEUXIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : LA DIABOLIQUE

   Le couple est mort (ou pas) et se retrouve dans l'un des cercles de l'Enfer, matérialisé par la clairière où la tente est dressée. Les tortures physiques symbolisent les tortures morales qui les taraudent. Le trio qui vient systématiquement (tenter de) les dézinguer est un groupe de démons.

TROISIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : L'HORREUR FANTASTIQUE

   Les campeurs sont tombés dans un bois hanté par un trio de tueurs en série maléfiques. Tant qu'ils ne trouvent pas la solution à leurs problèmes, ils subissent le sort prévu.

QUATRIÈME TENTATIVE D'EXPLICATION : LA RATIONNELLE HORRIFIQUE

   Le trio cherche à se venger des occupants de la voiture, parce que, sans même s'en rendre compte, ils ont renversé l'un de leurs animaux de compagnie (celui que le grand costaud tient dans ses bras dans chaque épisode). En y repensant, il me semble qu'au début du trajet en voiture menant le duo dans la forêt, on perçoit comme un petit choc, auquel personne ne prête attention, mais qui qui nous est peut-être présenté de manière plus explicite à la fin.

FAITES VOTRE CHOIX !

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dimanche, 17 novembre 2019

Midway

   Trois ans après Independence Day - Résurgence, Roland Emmerich est de retour avec un nouveau blockbuster, consacré aux débuts de la guerre du Pacifique, entre le Japon et les États-Unis.

   Les origines du conflit entre ces deux pays sont à peine effleurées. Si l'on souligne la dépendance de l'Empire du soleil levant aux matières premières américaines, si l'on évoque la montée en puissance de l'armée japonaise (sans expliquer l'étendue de l'impérialisme nippon, plus ancien que ce qui est dit et qui s'étendait bien au-delà de la Chine), on a quand même du mal à comprendre pourquoi une attaque aussi secrète que brutale a été déclenchée sur Pearl Harbor.

   Ne boudons pas notre plaisir. La séquence consacrée à cet événement traumatique (pour les Américains) est très spectaculaire. Elle permet de surcroît de mettre en scène certains des principaux personnages (qui ont bel et bien existé) et qui ont par la suite joué un rôle important dans la bataille de Midway.

   Cependant, si les moments d'action sont parfaitement maîtrisés (en particulier les plans aériens), les scènes de dialogues sont médiocres, pour ne pas dire mauvaises. Certains acteurs, comme Woody Harrelson et Dennis Quaid, s'en sortent mieux que d'autres, confinés dans un rôle caricatural. (Et voir Ed Skrein mâcher des chewing-gums pendant plus de la moitié du film m'a particulièrement insupporté.) Ne parlons pas des personnages féminins, réduits à de jolies potiches, se lamentant pour leur chéri parti au combat. (Cet aspect des intrigues n'a jamais été le fort d'Emmerich.)

   Au niveau de la représentation des Asiatiques, on a fait preuve d'un peu de subtilité. Une main est tendue aux alliés chinois (à l'époque). Mais, surtout, l'ennemi japonais est décrit comme puissant et divers dans ses opinions et comportements. (Clint Eastwood est -fort heureusement- passé par là...) Toutefois, dans l'esprit des auteurs, si les Japonais sont aussi redoutables, c'est parce qu'ils ont beaucoup appris... des Américains ! (On oublie de préciser que, depuis l'ère Meiji, les Japonais se sont inspirés des Occidentaux en général, des Allemands en particulier.)

   J'ai aussi aimé que l'on ne présente pas les opérations de l'armée américaine comme des promenades de santé menées par des héros infaillibles. Leurs offensives peuvent foirer et les bombes ne touchent pas systématiquement leur cible. Cela renforce le suspens et donne du crédit à l'intrigue.

   Le déroulement proprement dit de la bataille de Midway est un véritable feu d'artifice. Les amateurs de film de guerre risquent l'éjaculation précoce. Les autres spectateurs se contenteront de profiter d'un bon spectacle, mais souvent caricatural dans le traitement des personnages.

samedi, 16 novembre 2019

Le Mans 66

   James Mangold (réalisateur, il y a deux ans, de l'étonnant Logan) s'est lancé dans l'audacieuse entreprise de reconstitution des 24 heures du Mans de 1966, théâtre de la rivalité entre Ford et Ferrari. La course (spectaculaire) et ses à-côtés occupent les trois derniers quarts d'heure du film.

   Auparavant, on aura fait connaissance avec les deux héros, Carroll Shelby, l'ancienne gloire des circuits reconvertie en vendeur de voitures (Matt Damon, très bien, comme d'hab') et Ken Miles, mécanicien de talent, pilote inspiré... et vraie tête de lard (Christian Bale, oscarisable).

   Le début nous plonge dans une édition antérieure des "24 heures", celle remportée par Shelby, en 1959. Comme dans le reste du film, Mangold a voulu mettre en scène la reconstitution la plus réaliste possible, s'appuyant davantage sur les cascades que sur les effets numériques. Sur un très grand écran, le résultat "en jette". Les spectateurs avisés remarqueront la qualité du montage.

   Fort heureusement, il n'est pas nécessaire d'être expert en mécanique automobile pour suivre les développements de l'intrigue. On n'impose pas aux spectateurs néophytes trop de débats d'experts, même si je pense que, dans certaines scènes, la connaissance d'un minimum de vocabulaire technique n'est pas inutile.

   Sur le fond, le scénario raconte une victoire à l'américaine, avec sa part d'ombre. Le succès est lié à l'association du Big Business (le PDG de Ford et ses cadres horripilants) et des p'tits gars d'en-bas, entrepreneurs modestes qui n'ont pas fait d'études supérieures... mais qui ont les compétences et les tripes pour mener à bien un fabuleux projet : mettre au point une voiture de course capable de battre les bolides de Ferrari.

   Au niveau des personnages, j'ai une nette préférence pour Ken Miles, dont Bale nous livre une interprétation vraiment exceptionnelle. Vivant aux Etats-Unis, le pilote-mécano d'origine britannique était resté accro au thé... et il méprisait les voitures Ford ! Toutes les scènes qui font intervenir Christian Bale sont réussies. Je ne pense pas qu'aux séquences de course. Une fois n'est pas coutume, dans ce genre de film, la représentation de la vie familiale fait montre d'un peu de subtilité. L'épouse de Miles n'est pas une potiche. Elle aussi s'y connaît en mécanique et, quand elle veut tirer les vers du nez de son mutique époux, elle sait faire un usage peu conventionnel du break familial ! J'ai aussi aimé les moments père-fils, assez touchants. J'ai encore en mémoire une très belle scène de nuit, sur une piste d'entraînement.

   En comparaison, Damon (qui fait globalement bien le job) m'a parfois énervé avec son chapeau de cowboy (Shelby était texan), ses lunettes teintées et sa manie de mâcher du chewing-gum. Néanmoins, les interactions avec Bale/Miles fonctionnent bien, avec, en particulier, une bagarre de potes qui s'achève sur une pelouse, au milieu des restes de courses et du contenu d'une poubelle...

   Les seconds rôles sont tous réussis, qu'ils soient américains ou italiens. On peut signaler Tracy Letts en Henry Ford II et Josh Lucas, qui incarne l'enfoiré de vice-président de la firme automobile.

   En 2h30, on passe par un peu tous les états, entre l'ombre et la gloire, la joie et la tristesse, l'amour et la haine, la force et la faiblesse. Je ne peux pas en dire trop mais c'est quand même un bel hommage qui, sur la fin, m'a ému.

14:57 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 13 novembre 2019

J'accuse

   Epaulé par l'écrivain Robert Harris, Roman Polanski nous livre donc sa vision de l'affaire Dreyfus, dans un film centré non pas sur la principale victime de l'injustice, mais sur l'officier Georges Picquart, qui, bien que convaincu au départ de la culpabilité du capitaine juif, a mené, au péril de sa carrière, une contre-enquête qui a contribué à faire éclater la vérité.

   Sur un tel sujet, le risque était de se retrouver face à un film lénifiant, "qualité France", au cours duquel une pléiade d'acteurs connus viendrait faire son petit numéro devant la caméra, avant de s'en aller. Polanski (qui s'est offert un caméo dans une scène de concert de musique de chambre) a tiré profit de l'angle d'attaque original du roman d'Harris, qui nous fait suivre l'histoire dans les pas de Picquart.

   L'action démarre dans la cour de l'Ecole militaire, au moment de la cérémonie de dégradation de Dreyfus. Le réalisateur y fait preuve de sa maîtrise habituelle des espaces et du champ/contrechamp. C'est surtout l'occasion de camper le personnage de Picquart (Jean Dujardin, comme on l'a très rarement vu), qui avait de solides préjugés antisémites. (C'est d'ailleurs la principale limite que l'on pourrait trouver à l'histoire, qui semble montrer que ces préjugés ont progressivement disparu, ce qui n'était peut-être pas le cas chez le véritable Picquart.)

   La suite nous met en contact avec un univers d'hommes, celui de l'armée et de son service de renseignement, peuplé à la fois d'individus pétris de rectitude et de quasi-racailles. Considéré comme fiable, l'antisémite (modéré) Picquart se retrouve à la tête d'une unité de contre-espionnage, où il envisage très vite de mettre un peu d'ordre. Il ne s'y fait pas que des amis. Par dessus le marché, certaines de ses certitudes vont vaciller.

   C'est la grande réussite à la fois du scénario et du montage que de faire découvrir progressivement au public les dessous de la machination dont est victime Dreyfus, par le biais notamment de retours en arrière, véritables plongées dans la mémoire de Picquart. Le film devient un véritable polar. Picquart enquête, en s'appuyant sur des policiers parisiens. La surveillance qu'il met en place pour piéger le véritable coupable (Esterhazy) est très bien mise en scène. (Les spectateurs technophiles du XXIe siècle souriront peut-être devant la rusticité des moyens dont disposaient les espions de l'époque.)

   Quasiment tous les acteurs (dont une floppée provenant de la Comédie française) sont formidables. La musique d'Alexandre Desplat colle parfaitement à l'intrigue. Il reste la question du pourquoi. Pourquoi retourner un film sur cette célèbre affaire ? D'abord, parce qu'il n'est pas inutile de raviver quelque peu la mémoire des Français. Du côté de Polanski, on sent qu'a joué la crainte provoquée par le retour d'un certain antisémitisme. On en perçoit l'écho dans une scène de rue, un autodafé qui prend le tour d'une petite "nuit de cristal". Les spectateurs instruits de l'histoire de la IIIe République ne s'étonneront pas de l'apparition de ce "moment antisémite". Les autres feront le lien plutôt avec la période nazie. (Contrairement à ce que j'ai pu lire ou entendre ici et là, Polanski n'a absolument pas orienté le film dans le sens d'un plaidoyer pro domo. Ce genre de considérations est ici totalement hors-sujet.)

samedi, 09 novembre 2019

Retour à Zombieland

   Je n'ai pas vu le film d'origine (Bienvenue à Zombieland), mais, compte tenu de ce qui est montré dans sa bande-annonce, je pense pouvoir affirmer que cette suite recycle les mêmes recettes. Alors pourquoi "refaire le match", dix ans plus tard ? Pour la thune, bien entendu (le premier volet a été hyper rentable), un objectif d'autant plus accessible que deux des acteurs principaux (Emma Stone et Jesse Eisenberg) sont, depuis dix ans, devenus des vedettes d'Hollywood.

   Le début est encourageant, avec, dès le générique, la mise en action de l'emblème de la Columbia... (Je ne vous dirai pas comment !) Cela se poursuit avec une bien belle baston, avec effets numériques et tout et tout. (Le réal, Ruben Fleischer, était déjà aux manettes sur Venom.) Nos héros semblent particulièrement doués pour dézinguer d'horribles zombies, principalement avec des armes à feu. Ceux-ci ont l'obligeance de venir mourir à leurs pieds, parfois en croquant, au passage, un personnage secondaire.

   Le problème est, qu'après cette intro tonitruante, ça bande mou. On se mange des tunnels de dialogue sans intérêt. Visiblement, les scénaristes ont été chargés de creuser l'aspect "famille dysfonctionnelle" en construction... mais cela ne prend pas. Entre le père de substitution (Woody Harrelson, qui s'en sort plutôt bien) fan d'Elvis, le vrai/faux couple formé par Stone et Eisenberg et l'ado qui fait sa crise, on aligne les clichés. (De surcroît, j'ai trouvé Eisenberg étonnamment mauvais.)  Le pire est atteint quand débarque une blondasse idiote qui, bien entendu, va se révéler un (tout petit) peu moins conne qu'au départ, et qui a un grand cœur. Rendons quand même hommage à Zoey Deutch, qui fait ce qu'elle peut pour incarner ce personnage éculé.

   J'ai repris espoir quand est apparue Nevada, interprétée par Rosario Dawson, qui redonne du tonus à l'intrigue. On la retrouve d'ailleurs avec plaisir dans la séquence finale, très réussie. Le film s'achève donc sur une bonne note. Mais, franchement, une grosse moitié est à jeter.

15:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 30 octobre 2019

Abominable

   C'est l'un des films d'animation proposés aux spectateurs adultes et enfants en cette période de congés scolaires. Même s'il comporte des scènes comiques, il joue moins sur l'humour qu'Angry Birds 2 et La Ferme contre-attaque.

   L'intrigue mêle le merveilleux à l'admiration pour la nature. Cela peut paraître paradoxal pour une production DreamWorks, mais je pense que les auteurs ont été influencés par des longs-métrages de chez Disney-Pixar... plutôt pour le meilleur. (La réalisatrice Jill Culton a d'ailleurs débuté chez Pixar.)

   J'ai vu le film dans une grande salle et je reconnais que l'image est, en général, jolie. Concernant la musique, je suis plus partagé : les morceaux interprétés au violon sont assez chouettes, mais la musique d'accompagnement est très moyenne. Je profite de l'occasion pour signaler une bourde relevée dans la rubrique "secrets de tournage", sur Allociné :

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   C'est évidemment d'un instrument datant de plus de 300 ans (et non 3 000) que les musiciens ont pu jouer...

   L'intrigue est classique. L'héroïne est une enfant unique de Shanghaï, dont le papa est décédé, et qui rêve d'accomplir un périple, en hommage à son père. Elle fait la rencontre d'un drôle de Yéti, dont on finit par comprendre que c'est un jeune mâle : il aime se goinfrer, rote de manière effroyable... et fait des bêtises. Le début nous présente d'autres jeunes citadins chinois du XXIe siècle : un petit gros attiré par la malbouffe et une bande d'abruti.e.s fasciné.e.s par leurs ordiphones...

   Les aventures que vont vivre l'héroïne, le petit gros et le bogosse superficiel vont les faire mûrir... et nous faire découvrir une partie de la Chine, à tel point que l'on pourrait considérer le film comme un très long spot publicitaire pour le "pays du milieu". C'est de plus idéologiquement orienté, puisqu'il n'est dit nulle part que l'Everest se trouve à la frontière du Népal et du Tibet. Seule la Chine est mentionnée... Mais les protestations les plus vives ont été émises en Asie du Sud-Est, en raison de la présence (sur la carte murale située dans l'abri de l'héroïne) de la fameuse "ligne en neuf traits", expression de l'impérialisme chinois, dont les revendications maritimes empiètent considérablement sur les zones économiques exclusives de ses voisins.

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   Ci-dessus, on remarque que les tirets (que j'ai surlignés en rouge) incluent l'île (indépendante) de Taïwan dans le territoire chinois, sans même parler des espaces maritimes des Philippines, du Vietnam, de l'Indonésie et de la Malaisie...

   Si l'on fait abstraction de ces considérations géopolitiques, on peut profiter du spectacle entraînant et d'une histoire sympathique. Notons qu'il est affirmé à plusieurs reprises qu'une espèce sauvage (comme le Yéti) a vocation à vivre dans son environnement naturel (donc loin des humains).

   J'ai quand même tiqué devant un autre biais idéologique : les personnages positifs sont tous des Chinois et les méchants ont quasiment tous une tête d'Occidental. Moralité ? Le soft power chinois est en marche, et DreamWorks lui sert de cheval de Troie !

mardi, 29 octobre 2019

Fahim

   Ce film, que certaines mauvaises langues qualifient d' "immigrationniste", est inspiré d'une histoire vraie, celle de Fahim Mohammad, jeune sans-papiers bangladais... et joueur d'échecs prodige. Réalisé par Pierre-François Martin-Laval, il bénéficie de la présence au générique d'Isabelle Nanty et Gérard Depardieu.

   La première partie de l'histoire plante le décor au Bangladesh. On n'est pas du tout dans un film français. Les scènes ont été tournées en langue locale. C'est assez bon dans la manière de décrire un pays en développement. La famille de Fahim n'est ni riche ni miséreuse... mais son père milite dans les rangs de l'opposition. Le départ est vécu comme un déchirement et, hélas, mis en en scène avec beaucoup de pathos.

   La filière suivie pour arriver en France métropolitaine n'est pas décrite dans le détail. On saura juste que le père et le fils sont d'abord passés en Inde (en graissant quelques pattes).

   Le ton de la comédie l'emporte quand le gamin entre au contact d'un prof d'échecs aussi obèse que grande gueule. Dans le rôle, Depardieu est vraiment bon (meilleur encore que dans Thalasso). Les camarades de jeu de Fahim sont aussi bien campés. Le gros point faible est le personnage d'Isabelle Nanty, qui incarne une sorte de Mère Teresa laïque... et qui en fait des tonnes.

   Entre deux séances de cours (ou de parties) d'échecs, on découvre à travers les pérégrinations du duo les difficultés rencontrées par les migrants en France. La plus surprenante est liée au comportement étrange du traducteur employé par la préfecture ! (Précisons tout de même qu'on nous présente des migrants pétris de qualités : le fils est une sorte de surdoué, le père un modèle de pudeur, travailleur de surcroît et la mère restée au pays est une musulmane non voilée.)

   Bref, même si l'on ne partage pas tous les a priori qui ont guidé la création de ce film, on peut quand même savourer ce quasi-conte de fées.

   P.S.

   Il y a un mois et demi, Le Parisien a publié (sous la plume d'Agnès Vives) un excellent article (incluant un podcast très complet) revenant sur l'ensemble du parcours de Fahim, avant et après le film.

   P.S. II

   Il faut savoir "rendre à César, ce qui appartient à César". A sa toute fin, le film évoque l'action d'un ancien Premier ministre, celui qui était en poste en 2011, mais sans le nommer. A ceux qui ne maîtriseraient pas l'histoire récente de la Ve République, je conseille d'aller jeter un œil à un article du Figaro.

lundi, 28 octobre 2019

Terminator - Dark Fate

   Quelques semaines après l'ultime (?) prestation de Sylvester Stallone en John Rambo, c'est au tour d'Arnold Schwarzenegger de refaire un tour de piste sur nos écrans, dans l'un de ses rôles emblématiques. Mais les spectateurs doivent faire preuve de patience avant de voir débarquer le vétéran à l'écran.

   La première demi-heure est trépidante à souhait. Elle associe cascades spectaculaires et effets spéciaux numériques bluffants, pour un grand spectacle... ultraviolent. La (demi) nouveauté est que, dans cet opus, ce sont les femmes qui sont aux manettes. Linda Hamilton (brute de décoffrage... j'adore) revient incarner Sarah Connor, épaulée cette fois-ci par une humaine "augmentée", venue du futur (Mackenzie Davis, excellente). Toutes deux doivent protéger la jeune Dani Ramos (Natalia Reyes, une révélation) des griffes du nouveau méchant envoyé du futur, un Terminator ultime dernière génération, aussi redoutable que peu émotif (Gabriel Luna).

   Ne nous voilons pas la face. Il s'agit d'abord d'un divertissement pour ados et adultes. On y remarque donc quelques grosses ficelles. Il n'est pas vraisemblable que ces trois femmes réussissent à échapper à leur insubmersible poursuivant aussi longtemps. Qui plus est, le scénario abuse du "juste à temps". Enfin, j'ai trouvé trop schématiques certaines oppositions. Au début, la blonde Grace (l'humaine augmentée) paraît impitoyable et forte, en comparaison de la faible et pleurnicharde Dani. Évidemment, celle-ci va prendre du poil de la bête, tandis que sa gardienne va laisser entrevoir quelques faiblesses. (Mais les retours en arrière sont dans l'ensemble bien fichus.)

   De la même manière, la haine que Sarah Connor éprouve pour le "vieux" Terminator va petit à petit se transformer en respect. Il faut dire que l'ancien modèle a acquis un vernis d'humanité (un aspect déjà développé dans Terminator Genisys). On a réservé à Schwarzy quelques belles répliques et des scènes parfois assez cocasses. Aux fans de la première heure, je signale qu'on lui fait dire (dans la version originale) "I won't be back", LA phrase d'anthologie étant prononcée par un autre personnage, féminin.

   Cela m'amène aux retouches apportées au schéma d'origine. L'intrigue est clairement plus féministe... et favorable aux minorités hispaniques. Le grave danger qui guette les États-Unis le monde développé ne vient pas des migrants, mais de la fuite en avant technologique associée à un esprit belliqueux. (Non, mais, franchement, Hollywood est un véritable repaire de gauchistes !)

   L'ensemble constitue donc un très bon spectacle, non dénué de sens.

23:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films