dimanche, 27 novembre 2016
Une Vie
Après le très contemporain (et formidable) La Loi du marché, Stéphane Brizé change complètement de domaine en adaptant le roman de Guy de Maupassant. Cela sentait le film "de qualité française", un genre qui produit aussi bien de petites perles que de grosses bouses.
Dès le début, on comprend qu'on va échapper au pesant didactisme qu'on aurait pu redouter. Le montage donne naissance à une construction impressionniste, par petites touches. Le film ne suit pas un schéma préétabli, avec une introduction, une développement et une conclusion. Si le déroulement est globalement chronologique, certaines scènes sont intercalées et entremêlent les époques de l'intrigue.
Le principal code visuel est de l'ordre de la luminosité. Les scènes d'été, ensoleillées, sont en général celles du bonheur (la vie auprès des parents, la naissance de l'amour, les premières années d'un enfant...). Les scènes sombres, pluvieuses, froides, sont celles de la souffrance, du désespoir voire de la mort (la découverte de la première tromperie, le décès de la mère, le rejet du fils...).
Une fois que l'on a compris cela, on peut savourer le jeu des acteurs, tous formidables. Je distingue quand même Judith Chemla (que j'avais vue dans Camille redouble et Rendez-vous à Atlit), aussi crédible en jouvencelle naïve qu'en épouse déçue et en mère éplorée. (Un César serait le bienvenu.) On peut aussi signaler Clotilde Hesme et surtout Nina Meurisse, qui incarne la servante et sœur de lait de l'héroïne.
C'est donc un bel ouvrage, hélas un peu longuet et langoureux. Dans mon souvenir (de lycéen), le roman de Maupassant comportait quelques passages cocasses voire scabreux, visiblement passés ici à la trappe. Et je déconseille le film aux personnes dépressives : ce n'est pas avec cela que vous allez vous en sortir !
Mais c'est quand même un rappel utile de la (sordide) condition féminine en France au XIXe siècle. Même les femmes de la noblesse et de la haute bourgeoisie subissaient les pesanteurs sociales. On peut toutefois regretter que Brizé n'ait pas fait une lecture plus contemporaine du roman : dans l'histoire, ce sont quand même les employées qui en bavent le plus.
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jeudi, 24 novembre 2016
Alliés
Le titre est évidemment polysémique. D'un point de vue historique, il fait allusion à "l'alliance des démocraties" (avec l'URSS....) contre le nazisme, pendant la Seconde guerre mondiale. Brad Pitt incarne (de manière un peu pataude) un agent canadien des services britanniques, alors que Marion Cotillard propose une excellente composition, en résistance belle et indépendante, fréquentant les milieux huppés de la collaboration et gardant une part de mystère. Le titre annonce aussi un mariage... et une entente par-delà les préjugés.
La première séquence, au Maroc est visuellement superbe. On sent aussi les références au film Casablanca. Cependant, si les lumières et la photographie sont splendides, cela manque de rythme et (dans la version française), il m'a semblé que le travail de postproduction (sur les sons) était incomplet. Mais cela passe parce qu'il est question de la naissance d'un amour, entre deux belles personnes.
L'intrigue devient passionnante dans le cadre britannique. Ce n'est pas pour me vanter, mais j'ai senti le tournant arriver. Certes, le scénario n'est pas des plus imprévisibles, mais le jeu parfois très subtil de Marion Cotillard fait passer quelques messages, pour peu qu'on n'ait pas le nez rivé sur ses jambes ou son décolleté. L'histoire prend une teinte "Guerre froide", avec, me semble-t-il, un clin d'oeil anachronique des auteurs : dans son lit, un soir, Brad Pitt ne lit-il pas un roman de John le Carré ?
Plusieurs séquences sont particulièrement bien fichues : celle de la baston au Maroc, celle du Blitz, dans la banlieue de Londres et celle du petit séjour du héros dans un coin paumé du nord de la France, à la recherche du passé dissimulé.
Incidemment, le film assène quelques vérités méconnues sur la période de la guerre au Royaume-Uni. Pour certains marginaux et pour les femmes, le desserrement de l'étreinte sociale fut une bénédiction. On a aussi droit à une vision moins triomphaliste du rôle des aviateurs d'outre-Manche. Quant aux Français, ils découvriront peut-être avec stupéfaction que c'est aux services spéciaux britanniques que nombre de groupes de résistants devaient leur matériel.
La deuxième heure est constituée d'une irrésistible montée en tension. (J'ai fait un gros pipi après la séance.) La grande histoire se mêle à l'affaire d'espionnage et à l'intrigue amoureuse. C'est fort et cela culmine dans les derniers gestes de Marion Cotillard, vraiment épatante. On en oublie les faiblesses du début.
23:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 18 novembre 2016
Les Animaux fantastiques
J.K. Rowling a signé elle-même le scénario de l'adaptation de son roman, qui est une sorte de lointain prequel de la saga Harry Potter. L'action se déroule dans le New York de l'Entre-deux-guerres, formidablement reconstitué par le travail des décorateurs et des animateurs numériques. C'est le principal attrait de ce long-métrage, d'une grande beauté visuelle, nourri d'effets spéciaux parfois stupéfiants... à tel point que j'ai presque regretté de ne pas l'avoir vu en 3D.
J'ai dit "presque", parce que le port des horribles lunettes aurait sans doute contribué à accentuer un élément déplaisant, au niveau de l'image : son aspect souvent sombre. Certes, nombre de scènes se déroulent la nuit ou dans un monde souterrain (voire "dans" une valise !), mais il me semble qu'il y a quand même un petit problème d'éclairage. Cela n'entame guère le plaisir, si l'on a la possibilité de regarder le film sur un très grand écran.
L'histoire est un roman d'aventures féériques, où certains personnages rencontrent l'amour. L'amitié est aussi de la partie... et il y a des méchants à combattre. C'est bien ficelé et l'on ne s'ennuie pas. J'ai par contre été gêné par quelques petits détails. Certains dialogues m'ont paru artificiels, un peu sentencieux. L'intrigue se prend parfois un peu trop au sérieux et plusieurs acteurs "prennent la pose". Je présume que c'est ce qu'on leur a demandé de faire.
J'ai aussi été un peu agacé par le jeu d'Eddie Redmayne, qui incarne un mélange de savant distrait et de garçon maladroit. Ce sont deux figures éculées que le vieux cinéphile que je suis regrette de rencontrer à nouveau, sans le moindre apport original. L'acteur a de plus déjà incarné le jeune homme emprunté dans My Week with Marilyn.
Bref, c'est un bon divertissement, très dépaysant, avec quelques touches d'humour, mais pas l’œuvre flamboyante à laquelle je m'attendais.
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vendredi, 11 novembre 2016
La Fille inconnue
Cela fait un petit moment que j'ai arrêté de suivre les frères Dardenne. J'avais beaucoup aimé La Promesse, Rosetta et Le Fils, mais j'ai vite trouvé qu'ils peinaient à se renouveler. Du coup, je suis passé complètement à côté de la sortie de leur dernier film, pourtant présenté à Cannes cette année. Au départ, j'étais même venu voir autre chose !
Sans surprise, la thématique est sociale. L'héroïne Jenny est médecin généraliste. Elle achève un remplacement dans un quartier populaire, en attendant d'intégrer un cabinet plus chic... et plus rémunérateur. C'est une travailleuse acharnée, perfectionniste, qui ne passe rien à son stagiaire. Un événement inattendu va bouleverser sa mécanique quotidienne.
Je me suis attaché au personnage principal, bien interprété par Adèle Haenel. Elle donne vie à cette jeune femme dévouée, entière... mais pas toujours douée pour les rapports humains. Sa vie privée se réduit à queue de chique, son principal compagnon étant un célèbre smartphone qu'elle n'éteint jamais. Elle finit même par s'installer dans la studette aménagée au-dessus du cabinet médical. Pour elle, s'agit-il d'une descente ou d'un retour à l'essentiel ?
Le questionnement baigne dans une ambiance tendue, celle d'un quasi-polar, le médecin décidant de mener sa propre enquête (sur la jeune femme retrouvée morte). Elle en vient à croiser, volontairement ou involontairement, une galerie de suspects masculins : son propre stagiaire (qui ne revient plus au cabinet après le soir fatidique), un ado qu'elle suit (qu'un terrible secret semble tenailler), le copain de celui-ci mais aussi son père, sans oublier un entrepreneur (dont Jenny a jadis soigné la mère) et une bande de proxénètes locaux.
L'histoire est prenante parce que les acteurs sont bons. On retrouve quelques habitués des Dardenne, au premier rang desquels Olivier Gourmet et Jérémie Renier. Les cinéphiles reconnaîtront aussi Marc Zinga, remarqué naguère dans Qu'Allah bénisse la France et Bienvenue à Marly-Gomont.
C'est un bon film, au-dessus du niveau d'un épisode de série policière, mais ce n'est pas le chef-d'oeuvre qu'on serait en droit d'attendre des frères Dardenne. Traitant d'une thématique semblable, Médecin de campagne m'a davantage plu.
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jeudi, 10 novembre 2016
Le Ciel attendra
Ce film de femmes, sur des femmes, porté par des femmes, mêle documentaire, portrait de famille et mélo pour nous faire vivre le parcours pas si atypique que cela d'adolescentes françaises embrigadées sur la Toile par des propagandistes de l'islamo-fascisme.
Les auteurs (dont la scénariste Emilie Frèche, qui a travaillé sur 24 jours et Ils sont partout) ont voulu planter le décor d'un univers d'ados de la classe moyenne, rivées à leur smartphone ou à leur ordi portable... et travaillées par le manque de sens d'un monde devenu hyper matérialiste.
Au niveau du déroulement, c'est parfois un peu difficile à comprendre au début, parce que différentes trames narratives (et époques) se superposent. De surcroît, il faut un petit moment pour saisir qui connaît qui et qui est le parent de qui.
C'est parce que l'essentiel n'est pas là. On nous montre le cheminement de jeunes femmes qui se croient avisées (en tout cas plus que leurs camarades de lycée) et sont finalement assez crédules. Elles tombent dans le piège qui leur est tendu, notamment à l'aide de vidéos conspirationnistes.
Le résultat est le conflit avec les adultes, qui se retrouvent désemparés face au changement inattendu de leur progéniture, parfois découvert très tardivement. C'est un aspect particulièrement réaliste de l'intrigue, en particulier grâce au talent des actrices. Les deux mamans sont interprétées par Sandrine Bonnaire et Clotilde Courau. Les deux ados sont incarnées avec un incroyable charisme par deux révélations : Noémie Merlant et Naomi Amarger.
Même si je trouve que c'est un peu larmoyant par instants, l'ensemble forme un bon thriller sociétal, en prise sur notre époque.
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samedi, 05 novembre 2016
Mercenaire
Il a fallu presque un mois pour que ce film, dont l'acteur-vedette a été étudiant à Rodez (au lycée Monteil), soit programmé dans le cinéma du chef-lieu aveyronnais. D'ailleurs, le 7 octobre dernier, le quotidien Centre Presse, dans un bref article intitulé "Du XV à Aurillac à Cannes" regrettait l'absence du film des écrans aveyronnais :
Cap Cinéma s'est rattrapé mercredi dernier, en organisant une soirée spéciale, en présence de l'acteur principal, Toki Pilokio, actuellement joueur de rugby à Aurillac. Par contre, si l'on a raté cette occasion, il n'est pas facile de voir le film à Rodez, les autres séances ayant été programmées à des horaires propres à satisfaire uniquement les chômeurs, les retraités et les femmes au foyer.
Mais revenons à l'oeuvre. Le titre fait référence à la réplique d'un personnage, qui reproche son comportement au héros. Pourtant, à ce moment de l'intrigue, ce n'est pas à un mercenaire que fait penser Soane, mais plutôt à un domestique, tant on peut dire que sa situation n'a rien de mirobolant.
L'histoire commence en Nouvelle-Calédonie, où réside la plus importante communauté wallisienne du monde (plus qu'à Wallis-et-Futuna même, une collectivité d'outre-mer qui a tendance à se dépeupler). Toute la première partie (en dialecte sous-titré, la plupart du temps) est un tableau sociologique d'une communauté méconnue. On découvre la complexité des liens familiaux, la précarité et les rapports de force à l'oeuvre dans la sphère masculine.
La suite se déroule en France métropolitaine. Il arrive au héros un peu l'équivalent de ce que subit, dans le monde du football, le personnage principal de Comme un lion. Au départ, pour la plupart des Métropolitains, c'est un Maori. Personne ou presque ne semble être conscient de ses difficultés. Même dans la "communauté" wallisienne, il n'a pas que des amis. Mais il fait la rencontre de Coralie, une aventure d'un soir qui pourrait bien changer sa vie. Signalons la qualité de la composition de l'actrice Iliana Zabeth (dont certaines expressions du visage ne sont pas sans rappeler celui de Léa Seydoux), qu'on a vue récemment dans Les Cowboys.
Le jeune Wallisien ayant des aptitudes physiques et de la pratique (au rugby), il se fait remarquer et comprend qu'il a de l'avenir dans ce sport... à condition d'accepter certains "accommodements". C'est courageux de la part du réalisateur de montrer les travers d'un monde qu'on a tendance à idéaliser, en comparaison de l'univers de football. Notons que les scènes de match et d'entraînement sont très réalistes.
Pour Soane (le héros), cette aventure est initiatique. Il va devoir rapidement mûrir et régler ses problèmes, parfois de manière "virile". Rien n'est édulcoré, mais la mise en scène n'est pas racoleuse. Elle est bien servie par une musique et des chants parfois envoûtants.
Vraiment, si vous avez l'occasion de le voir, ce film est une découverte à ne pas manquer.
14:19 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, sports
vendredi, 04 novembre 2016
Snowden
Avec Olivier Pierre Oliver Stone aux manettes, Nicolas Cage dans la distribution et une chanson signée Peter Gabriel, on est dans le "film de gôche"... qui plus est coproduit par des Frenchies. Alors on peut se demander s'il était bien utile de consacrer un nouveau long-métrage à l'informaticien et lanceur d'alerte Edward Snowden, moins d'un an et demi après le documentaire Citizenfour. J'ai été d'autant plus inquiet qu'au début, lorsque nous sont montrées les premières scènes d'hôtel (datant de 2013), j'ai eu comme une impression de déjà-vu. (Stone semble avoir allègrement pompé sur le documentaire.)
Fort heureusement, la majorité de l'intrigue s'évertue à nous montrer d'où vient Snowden (sans remonter trop loin). L'action se déroule entre 2004 et 2013. On découvre un jeune homme, sans doute surdoué mais inadapté au système scolaire, plutôt conservateur et patriote de tempérament. Il cherche (vainement) à s'engager dans les forces spéciales puis se tourne vers la CIA... par conviction. Eh, oui. Pour nous, Européens, qu'un jeune Américain censé être éduqué (voire cultivé) puisse ambitionner sincèrement d'intégrer l'une des plus malfaisantes organisations du monde a de quoi stupéfier. C'est dire le bourrage de crâne qui a sévi (et qui sévit sans doute encore) de l'autre côté de l'Atlantique. On y croit d'autant plus que Joseph Gordon-Levitt s'est glissé à la perfection dans la peau du personnage.
Le scénario a choisi de contrebalancer l'intrigue politique par la description de la vie sentimentale du héros. Il rencontre une sorte d'intermittente du spectacle gauchisante... et canon, puisqu'elle a les traits (et les formes) de Shailene Woodley, en qui tous les ados reconnaîtront l'héroïne de Divergente. Le couple qu'ils forment, aussi charmant soit-il, m'a paru assez improbable.
De surcroît, on peut regretter le voile pudique posé sur les relations avec la Russie de Poutine, qui apparaît ici comme le sauveur du citoyen-engagé-rejeté-par-son-pays-d'origine. Cela aurait mérité une petite enquête, quitte à écorner un peu l'image du chevalier blanc de l'informatique.
Tout cela passe néanmoins en raison de la qualité de la mise en images. Stone se livre à quelques effets de distorsion et joue sur tout ce qui est vitré (ou à cristaux liquides). Certains plans sont visiblement là pour nous faire penser au Big Brother de 1984. Mais, surtout, il a réussi à intégrer à l'intrigue et à l'écran l'utilisation de l'informatique. (En lisant le générique de fin, on s'aperçoit que plusieurs sociétés ont contribué à la création de ces effets.)
C'est donc un film militant, plaisant, mais pas un chef-d'œuvre.
00:32 Publié dans Cinéma, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, politique
mardi, 01 novembre 2016
Cigognes et compagnie
Voilà un nouveau film d'animation pour lequel un adulte doit trouver une bonne excuse pour accompagner un ou plusieurs enfants. L'un des réalisateurs est un ancien de chez Pixar et le studio qui l'a produit a aussi donné naissance à La Grande Aventure Lego.
J'ai trouvé le début hilarant. On en voit une partie dans la bande-annonce (ainsi que quelques images inédites, qu'on ne retrouve pas dans le film). On part donc sur de bonnes bases, avec l'histoire de l'activité de livraison des cigognes et leur reconversion. La suite est une satire du monde entrepreneurial, plus précisément d'une société qui pourrait ressembler à UPS.
L'un des ressorts de l'intrigue est l'opposition de deux tempéraments. D'un côté, on a Hunter ("le chasseur" !), le patron cigogne... un rapace en fait. C'est une caricature de tycoon, un mec à poigne, très riche, arrogant, qui n'a pas hésité à marcher sur les autres pour réussir. Dans la version française, Hunter a la voix de Richard Darboix, qui double habituellement Harrison Ford.
Face à lui, Junior paraît un peu emprunté. Il semble destiné à lui succéder et, au départ, croit que la vie ne peut lui apporter que de bonnes choses. Mais il n'a pas la "trempe" de Hunter. En fait, c'est un chic type, mais il veut à tout prix rentrer dans les stéréotypes du héros viril et sans émotion. De ce point de vue, l'histoire est une leçon pour les petits garçons.
Les filles elles peuvent s'identifier au principal personnage féminin, Tulip. A l'origine, elle est le dernier bébé humain que les cigognes n'ont pas pu livrer. Elle a donc grandi au contact des volatiles et a développé une indéniable créativité... mais elle ne mesure pas toujours les conséquences de ses actes. Dans la version française, Bérengère Krief (vue récemment dans Adopte un veuf) lui donne toute sa fougue.
Le monde des cigognes est riche de personnages hauts en couleur. Se détache un pigeon un peu collant, assez ambitieux, mais (au début) pas très habile. Il est néanmoins mis en valeur dans une scène qui parodie Les Experts. On le remarque tout de suite à sa coupe de cheveux :
Cependant, alors que l'histoire démarre sur les chapeaux de roues et que les gags s'enfilent les uns aux autres, le rythme retombe. C'est notamment dû à l'introduction d'autres personnages humains, ceux de la famille. Le portrait est gentiment caricatural. Les parents sont des sortes d'autoentrepreneurs, obsédés par leur travail, au point de quelque peu négliger leur fils unique, qui s'ennuie tout seul. Celui-ci décide donc de "commander" un petit frère ! Branle-bas de combat chez les parents, qui vont bien évidemment changer d'attitude et se rapprocher de leur enfant.
Fort heureusement, l'intrigue rebondit avec la "naissance" du bébé, chez les cigognes. Les auteurs ont tout fait pour le rendre mignon. Il attendrit presque tous ceux qu'il croise... et c'est vrai qu'il a une belle bouille :
La rencontre avec une meute de loups est l'une des bonnes trouvailles du scénario. Ces redoutables animaux (d'une inventivité stupéfiante... je n'en dis pas plus) vont tomber eux aussi sous le charme du bambin. Désormais, ils ne traquent plus les héros uniquement pour les manger !
L'une des meilleures séquences voit intervenir d'autres personnages : des pingouins ! Allait-on nous servir une resucée de ceux de Madagascar ? Heureusement non. Ce sont les sbires de Hunter, mais ils aiment les bébés. Cela nous vaut une désopilante scène de combat quasi muette entre les héros et la petite troupe noire et blanche.
La fin de l'histoire est un peu trop consensuelle à mon goût, mais elle contient une scène qui mérite le détour : la rencontre de l'héroïne et des membres de sa (véritable) famille... Bon sang ne saurait mentir !
Au final, on passe un agréable moment, visible par les petits et grands. L'animation est de bonne qualité sans être particulièrement brillante.
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dimanche, 30 octobre 2016
Mais que lui a-t-elle dit ?
C'est ce que se demandent tous les fans de la série Profilage (qui en est à sa septième saison). Jeudi dernier a été diffusé la seconde partie de l'épisode intitulé "Les adieux", qui a vu la dernière apparition de l'actrice Odile Vuillemin dans le rôle de Chloé Saint-Laurent.
A la fin de l'épisode, à l'aéroport, la psycho-criminologue se jette dans les bras du commandant Rocher et, pendant quelques instants, lui chuchote quelque chose à l'oreille, sans que les téléspectateurs puissent rien entendre. (Techniquement, soit on a coupé l'un des micros ou effacé le son, si cela a été tourné en prise directe, soit, en studio, cette partie du dialogue n'a pas été postsynchronisée.)
En tout cas, les suppositions vont bon train, puisqu'on n'entend que la réponse de Rocher : "Je sais". Alors ? Lui a-t-elle avoué son amour ou bien s'agit-il juste d'un petit jeu entre les deux acteurs ? Commençons par l'une des propositions les plus évidentes :
Ça, c'est si le geste de l'actrice (qui revient sur ses pas alors que Chloé et Rocher s'étaient déjà dit au revoir) est improvisé :
Cela pourrait être un propos plus intime :
Et pourquoi pas une blague ?
Ça, c'est ce que pensent nombre de fans de la série :
Terminons par la solution la plus simple, une sorte de pied-de-nez à l'emballement "buzzesque" :
00:07 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, actualité
vendredi, 28 octobre 2016
Jack Reacher : never go back
Matt Damon Tom Cruise est de retour en ancien Marine, véritable machine à tuer qui trace sa route sans garder la moindre attache. Qu'est-ce qui le pousse à s'arrêter ? L'injustice. Jack n'aime pas les méchants. Et il aime les gentils. Ça tombe bien, parce qu'il arrive des bricoles à Susan Turner, qui occupe le poste qui fut jadis celui de Jack. Serait-elle victime d'un complot ? Ni une ni deux Denzel Washington Tom Cruise se porte à son secours... avec ses méthodes quelque peu cavalières. (Quoi de plus normal pour un chevalier servant ?)
L'originalité de l'intrigue est que, dans le même temps, le héros découvre qu'il pourrait être le père d'une adolescente "désaxée", dont la mère peine à se sortir de la drogue. Pour nous éviter de trop cogiter, les scénaristes ont eu l'idée de fusionner les deux histoires. Du coup, voilà Bruce Willis Tom Cruise chargé d'une gonzesse et d'une gamine, alors qu'ils sont poursuivis par de redoutables tueurs.
On s'attache vite à cet étrange trio, composé d'un ancien commando limite autiste, d'une militaire féministe (super bien gaulée) et d'une adolescente en pleine crise, voleuse de surcroît. Evidemment, leurs défauts vont devenir des qualités et ceux que le destin a rapprochés vont apprendre à se connaître. Cela donne de bonnes scènes comiques, qui transportent les deux officiers expérimentés (et célibataires) dans un monde qu'il ne maîtrisent pas du tout : celui de la parenté. De surcroît, la jeune Samantha (Danika Yarosh, très bien) semble avoir hérité de la personnalité de son père présumé.
Une autre qualité de l'intrigue est la dénonciation du comportement de certains officiers et des contractuels de l'armée (ici en Afghanistan). Ensemble, ils constituent d'impitoyable adversaires, auxquels bien sûr Liam Neeson Tom Cruise va faire rendre gorge, au terme d'une enfilade de poursuites et de bagarres. D'un point de vue technique, c'est très bien fichu (avec un superbe final à La Nouvelle-Orléans)... et l'on a visiblement ciblé un public pas super bien doté en terme de neurones : une grande partie des rebondissements est hyper prévisible. Cela n'empêche pas de passer un bon moment.
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jeudi, 27 octobre 2016
La Fille du train
Ce polar est l'adaptation d'un roman de Paula Hawkins (que je n'ai pas lu). Il bénéficie d'une distribution très attrayante, surtout du côté féminin. L'intrigue tourne autour de trois femmes, dont on découvre progressivement les liens qui les unissent, parfois à leur insu. Au départ, on les voit par le regard de l'une d'entre elle, Rachel, l'héroïne alcoolique (Emily Blunt, très convaincante par son jeu, mal hélas pas très bien doublée en français). Chaque matin de la semaine, celle-ci prend le train qui la mène de sa banlieue à New York. Elle a pris l'habitude, à l'aller comme au retour, de s'installer du côté du train qui longe un lotissement, dont elle observe les maisons et leurs occupants. Deux attirent son attention : une superbe jeune femme et, à deux bâtiments de là, l'occupante d'une maison qu'elle connaît bien.
Il faut tout de suite dire qu'une partie de l'histoire est filmée en caméra subjective (accompagnée d'une voix off). On voit donc par les yeux de Rachel, parfois embrumés par les vapeurs d'alcool. C'est d'ailleurs l'une des originalités de l'intrigue, qui place en son centre une femme ravagée par la boisson, pour une raison qu'on finit par découvrir. Notons qu'une autre partie de l'histoire nous est montrée du point de vue de Megan, la nymphomane. Evidemment, les visions des deux jeunes femmes ne sont pas identiques.
Mais là ne réside pas le véritable suspense. Un soir, l'une des femmes disparaît. Rachel pense savoir pourquoi, en raison d'un détail qu'elle a perçu lors d'un passage du train. S'enclenche alors une double enquête, celle de la police, qui suspecte d'ailleurs Rachel, et celle de l'alcoolique, qui a presque tout oublié de la nuit fatidique, celle qui a vu la disparition de Megan.
L'intrigue prend la forme d'un puzzle, parce qu'on nous propose les regards de personnages différents et parce que le scénario est conçu sur la base des retours en arrière. Par petites touches, on nous fait découvrir ce qui s'est passé il y a six mois, quatre mois, deux mois, sept jours... pas forcément dans le "bon" ordre, mais à des moments opportuns. Le trajet en train qu'emprunte Rachel est lui-même un retour en arrière quotidien, retour vers son travail et vers sa vie passée. Il faut parfois un peu s'accrocher, mais, franchement, ça le mérite.
Au niveau de l'interprétation, Emily Blunt est bien accompagnée par Rebecca Ferguson (révélée par Mission impossible 5) et Haley Bennett (vue récemment dans Les 7 Mercenaires). Du côté des messieurs, on peut signaler Luke Evans (le plaisir de ces dames) et Justin Theroux. Dans les seconds rôles, on remarque la présence d'Allison Janney et de Lisa Kudrow (Oui ! Phoebe !).
Ajoutons pour terminer que le film a été réalisé par Tate Taylor, à qui l'on doit La Couleur des sentiments et Get on up. Il nous a bricolé un bon divertissement, qui vaut mieux que ce que la critique en a dit.
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mercredi, 26 octobre 2016
Kubo et l'armure magique
Je n'avais pas du tout entendu parler de la sortie de ce film d'animation américain. Quand j'ai appris qu'il était produit par le studio auquel on doit Coraline et Les Boxtrolls, j'ai tenté ma chance... et j'ai eu raison.
La première remarque que l'on peut faire est que, sur la forme, Disney-Pixar a désormais un rival de poids, qui confirme film après film la qualité de son travail. Dès le début, on est saisi par cette scène de navigation en pleine mer d'une mère et de son enfant, par une nuit de tempête. La suite n'est pas moins jolie, avec des plans magnifiques qui font notamment intervenir une guenon, dont l'apparence et les mouvements ont été particulièrement soignés.
Mais c'est au niveau des pliages (numériques, ici) que la virtuosité de l'animation est la plus criante. Le film est un vibrant hommage à l'origami, érigé en art au pays du soleil levant. Kubo devient rapidement un maître du pliage (à distance), d'abord quand il se produit en public avec ses contes animés, ensuite quand il met son pouvoir au service de sa quête. L'intrigue elle-même s'inspire des traditions japonaises (en particulier celle des samouraïs) et la mêle à l'univers des mangas : le jeune héros est à la recherche des pièces d'une armure (ce qui n'est pas sans rappeler Les Chevaliers du Zodiaque) et, vers la fin, il doit combattre un dragon maléfique. Fort heureusement, l'aspect traditionnel l'emporte sur les références au dessin animé industriel.
Nous voilà donc plongé dans un étourdissant roman d'aventures. Le garçon, qui a perdu ses parents, doit contrer les ambitions de son grand-père et de ses tantes, de véritables sorcières. Il va s'appuyer sur une drôle d'équipe, composée d'un samouraï de papier (muet, mais très expressif), d'une guenon magicienne et d'un soldat-scarabée gaffeur. Cet attelage hétéroclite ne va pas se former sans heurts, ce qui est source de nombre de gags savoureux.
L'action est très rythmée, la musique entraînante. On ne s'ennuie pas un instant. Et si certaines scènes sont de prime abord violentes, on a pris soin d'en ôter ce qui pourrait choquer des yeux innocents : la mort de personnages (bons comme méchants) n'est jamais montrée crûment. Soit elle fait l'objet d'une ellipse, soit elle est enrobée dans un effet visuel qui l'euphémise.
La salle où j'ai vu le film était pleine. Adultes comme enfants ont visiblement adoré !
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L'Odyssée
Il est des films qu'il vaut mieux aller voir avant d'avoir lu ou entendu les critiques professionnels, tant ceux-ci sont parfois de mauvaise foi ou ont le regard faussé par d'énormes œillères. L'émission de dimanche dernier du "Masque et la plume", consacrée au cinéma, en a été une bonne illustration. L'Odyssée a ouvert le bal, à la quatrième minute (après le courrier des lecteurs), jusqu'à la dixième. De la présentation de Jérôme Garcin à l'intervention de Pierre Murat, l'émission a accumulé les erreurs voire les contre-vérités à propos du film.
Commençons par l'animateur de l'émission, qu'on a connu plus inspiré. Sa détestation du film le conduit à commettre plusieurs approximations. Non, l'histoire ne commence pas lorsque Cousteau quitte la Marine nationale, mais avant. Il faut un petit moment pour en arriver là. Ce n'est pas non plus dès le début qu'on le voit porter le bonnet rouge (auquel on l'a par la suite identifié), mais bien plus tard dans l'histoire. Même chose pour l'achat de la Calypso, qui n'intervient qu'à l'issue d'un long processus. Quant à la fin, elle ne survient pas à la mort de l'un des fils, mais plus tard.
Xavier Leherpeur n'a pas fait preuve de plus de clairvoyance. Il a affirmé que la mort de Philippe constitue le noyau de l'intrigue et que le père et le fils ne se sont jamais réconciliés. C'est doublement faux. Si la mort du fils est l'un des moments-clés de l'histoire, c'est la relation du père avec l'ensemble des membres de la famille qui sert de base à l'intrigue. Et là, contrairement à ce que les critiques ont affirmé (notamment Danièle Heymann), on n'est pas du tout dans l'hagiographie. Le film dépeint en Cousteau un homme certes ingénieux et entreprenant, mais aussi profondément égoïste... et menteur. Le portrait est donc en nuances et c'est peut-être ce qui n'a pas plu à certains, qui auraient voulu que l'océanographe soit descendu en flèche.
Quant au personnage de l'épouse, il est bien interprété par Audrey Tautou, qui est bien meilleure que ce que les critiques en ont dit. Ils n'ont pas pris de recul vis-à-vis du personnage qu'elle incarne. L'actrice s'est fondue dans le rôle de cette femme d'abord passionnément amoureuse puis de plus en plus désabusée, à laquelle il ne reste que la Calypso et les voyages.
Autre point sur lequel porte la mauvaise foi des critiques : la qualité des images. Celle-ci est quand même reconnue par Danièle Heymann, qui contredit peut-être involontairement celui qui avait parlé juste avant elle. C'est bien filmé et les séquences aquatiques sont particulièrement réussies. Au début, il y a la découverte de merveilles sous-marines, avec un superbe effet lumineux. Plus loin, il y a (avec Pierre Niney) la séquence des requins, très attendue et qui ne déçoit pas. N'oublions pas non plus les scènes avec les baleines, qui, sur un grand écran, sont un véritable enchantement. C'est l'une des grandes qualités de ce film : consacré à un cinéaste de la mer, il est lui-même un hommage à ce monde magnifique menacé par les activités humaines.
Il convient de revenir aussi sur la distribution. Lambert Wilson est excellent dans le rôle principal. Même si, pour ceux qui ont connu le vrai Cousteau (par écrans interposés), il est évident que l'acteur n'est pas "JYC", il nous fait croire à son personnage. Surtout, il nous fait comprendre que l'homme était pétri de contradictions : c'était incontestablement un amoureux de la mer, et un inventeur, mais il avait soif de reconnaissance. Pour atteindre ses objectifs, l'ancien officier de marine était prêt à bien des accommodements, ce que le film montre parfaitement.
Les critiques du Masque se sont montrés là encore malhonnêtes (ou ignorants) en se gaussant du mauvais accent pris par Lambert Wilson, dont personne n'ignore qu'il maîtrise la langue de Theresa May à la perfection. Mais, tel n'était pas le cas de Jacques-Yves Cousteau. Si celui-ci s'exprimait sans difficulté en anglais, c'était avec un accent déplorable, ainsi qu'on peut le constater ici ou encore là (lors de son passage au Late Night with David Letterman, en 1990).
Notons que les seconds rôles sont eux aussi très bons. Je vais en étonner certains, mais j'ai été agréablement surpris par la prestation de Pierre MNiney, qui nous livre là une excellente composition. Il est vrai que le costume du fils rebelle et charmeur semble taillé pour lui. La scène de l'engueulade père/fils dans un bar-restaurant américain est remarquable, avec, de surcroît, un jeu sur les reflets.
Bref, nous sommes en présence d'un film grand public de qualité, victime d'un incompréhensible acharnement de la critique, chez laquelle les apriori idéologiques voisinent avec un poil d'incompétence.
PS
Si l'on voulait vraiment critiquer le scénario sur le fond, il faudrait lui reprocher les choix opérés dans les époques de la vie de Cousteau. Ainsi, comme l'intrigue démarre en 1948, on évite de parler de la période de la guerre (et de son frère aîné, furieusement antisémite et pro-nazi). A l'opposé, l'histoire s'arrête avant que la seconde famille de Cousteau ne prenne une part importante. (Aujourd'hui, c'est la deuxième épouse qui dirige la Fondation Cousteau et la Cousteau Society.)
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mardi, 25 octobre 2016
Agent Carter
La chaîne de télévision TMC vient de commencer la diffusion en France de la série Agent Carter, dont l'action se déroule juste après la Seconde guerre mondiale, dans l'univers Marvel. L'héroïne est Peggy Carter, la petite amie de Captain America, à l'époque décédé (en réalité congelé dans les eaux arctiques).
L'originalité de cette série est son aspect féministe avant-gardiste. L'héroïne est une femme d'action, rompue aux sports de combat comme à certaines techniques d'espionnage. Elle n'est pas sans charme non plus. Elle est interprétée par Hayley Atwell, déjà vue dans ce rôle dans les films qui tournent autour de Captain America ou des Avengers. Il y a une dizaine d'années, elle s'est fait connaître dans Le Rêve de Cassandre, de Woody Allen.
Autour d'elle, la production a réuni une galerie de personnages assez attachants. Il y a d'abord ceux qui font écho à l'univers Marvel : l'industriel Howard Stark (le père -et précurseur- de Tony, futur Iron Man) et son majordome-homme-à-tout-faire Jarvis (excellemment interprété par James D'Arcy) :
Ces hommes-là ont une grande estime pour Peggy Carter, au contraire de la plupart de ses collègues de l'agence SSR, qui voudraient la cantonner à du travail administratif. L'intrigue est très bien conçue puisque l'héroïne mène en fait ses enquêtes dans le dos de ses collègues, tout en profitant de leurs préjugés machistes. Cela donne lieu à plusieurs scènes savoureuses. Un de ses collègues sort du lot : le handicapé, revenu de la guerre avec une jambe en moins et qui semble "en pincer" pour Peggy. Le sérieux qu'il met dans son travail pourrait néanmoins gêner l'héroïne, tout comme l'action du principal agent masculin, un beau gosse arrogant qui n'hésite pas à user de ses poings :
Dans tout bonne histoire, il faut des méchants réussis. C'est le cas ici, avec les mystérieux tueurs professionnels, amputés du larynx, liés à cet insaisissable ennemi nommé Léviathan.
L'ambiance est donc à l'espionnage et à l'innovation technologique, ce qui n'est pas sans rappeler une autre série (futuriste celle-là), Fringe. Mais l'essentiel des références évoque plutôt les films noirs des années 1940-1950. Cette atmosphère, bien rendue par la photographie (très soignée), ajoutée aux détails concernant la vie quotidienne des femmes de l'époque, contribue à faire d'Agent Carter une très bonne surprise.
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lundi, 24 octobre 2016
Le Teckel
Au cinéma comme dans le théâtre classique, il existe deux types d'auteurs. A Pierre Corneille qui peignait les humains tels qu'ils pouvaient être, lorsqu'ils se dépassaient, s'opposait Jean Racine, qui les représentait minés par leurs passions ou leurs petitesses. Dans le cinéma contemporain règnent les Pierre Corneille, soit qu'ils mettent en valeur les aspects positifs de leurs personnages, soit qu'ils les fassent évoluer vers le meilleur. Tel n'est pas Todd Solondz, qui aime bien remuer la merde mettre en exergue la noirceur de l'humanité. Ici, c'est la vie d'un chien (plus exactement d'une chienne) qui est le prétexte à ses observations.
L'introduction se contente de montrer celui qui est peut-être le premier propriétaire du teckel en train de l'abandonner. La chienne n'est pas jolie, mais elle a une bonne bouille... et qu'est-ce qu'elle semble docile ! Un mec très riche et qui croit tout savoir décide d'en faire cadeau à son fils unique, qui se remet doucement d'un cancer.
Cela donne la meilleure des quatre historiettes qui composent ce film. L'humour sardonique de Solondz y est très présent. Je recommande tout particulièrement le moment où la mère (Julie Delpy, parfaite) tente de justifier auprès de son fils la stérilisation du teckel. Elle lui raconte l'histoire de "Croissant" (en français dans le texte), la chienne qu'elle avait quand elle était petite. Je me garderai bien de narrer le sort qu'a connu la pauvre bête (dont le nom n'a pas été choisi au hasard...). Tout ce que je peux dire est que cette scène éminemment burlesque a suscité un sacré malaise dans la salle de l'Utopia l'American Cosmograph de Toulouse où je l'ai vue. Il y avait certes un public de connaisseurs, mais il me semble qu'une partie de l'assistance ne savait pas trop à quoi s'attendre... Notons que cette séquence met en scène l'un des mantras de l'oeuvre de Solondz : les difficultés de communication entre parents et enfants... et la tendance des premiers à ne pas agir en conformité avec les règles qu'ils édictent pour les seconds. Les amateurs se réjouiront aussi de l'humour scatologique. Moi, j'ai kiffé !
La qualité chute avec la deuxième histoire. De nouveau abandonnée, la chienne est sauvée par une assistante-vétérinaire un peu à côté de ses pompes (très bien interprétée par Greta Gerwig, l'une des égéries du cinéma indépendant états-unien). Notre teckel vedette va enrichir sa connaissance de l'humanité au contact d'un drogué et d'un couple consanguin. Ici Solondz nous montre l'Amérique (blanche) d'en-bas (du plafond), qu'on n'a aucune envie de rencontrer.
Un interlude nous mène dans une université de seconde zone, où officie un scénariste has-been, incarné par Danny de Vito. Là, je pense qu'il y a une part d'autobiographie. Solondz, qui a réalisé peu de films et n'a pas retiré beaucoup d'argent de son activité de cinéaste, a sans doute dû accepter certaines tâches "alimentaires" pour survivre. Cette histoire dresse un portrait pathétique aussi bien du scénariste, enseignant médiocre, que des étudiants en cinéma, gosses de bourges prétentieux et creux. La chute, inattendue, est excellente !
L'intensité remonte avec la dernière histoire, celle d'une grand-mère malade (et riche) qui reçoit sa petite-fille nécessiteuse (et conne). La mamie s'est attachée au teckel... davantage même qu'aux membres de sa famille. On retrouve l'humour sardonique de Solondz, teinté d'un peu de tendresse pour la vieille dame (qui n'a pas eu la vie si heureuse) et la jeunette, bien servie par la comédienne (Zosia Mamet, un nom à retenir). J'ai particulièrement aimé l'accueil que réserve la grand-mère à la donzelle accompagnée de son artiste de copain : à leur bonjour elle répond en réclamant sa potion anti-diarrhéique à son auxiliaire de vie ! Et je ne vous raconte pas la fin, qui en a fait bondir plus d'un-e dans la salle !
Le tout se conclut sur un clin d'oeil... et un aboiement de teckel !
Ce n'est pas le meilleur film de Solondz, mais c'est plus réussi que le précédent, Dark Horse.
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dimanche, 23 octobre 2016
Ma Vie de courgette
Courgette est le surnom du héros de ce film d'animation, un petit garçon prénommé Icare, qui entretient une relation fusionnelle avec le cerf-volant qu'il a construit (sans doute pour pallier l'absence de son père). C'est aussi un dessinateur. Il utilise ses facultés d'imagination pour transcender un quotidien pas tout rose.
Pour une raison que je ne révèlerai pas, Courgette se retrouve dans un orphelinat un peu spécial, où il va côtoyer d'autres enfants "en difficulté". Simon est le petit caïd de la bande. C'est aussi un enfant de drogués. Une des filles a été violée par son père, une autre a vu son géniteur trucider sa mère (avant qu'il ne se suicide), une troisième a été abandonnée...
Présenté comme cela, ça donne l'impression que l'intrigue est sinistre. Eh bien très peu, en fait. Certes, au départ, les gamins sont malheureux. Mais la plupart des choses sont dites avec les mots des enfants et certaines scènes sont émaillées d'humour. (Ah, la question du zizi qui explose !...) Les adultes qui s'occupent d'eux au foyer sont très attentionnés et la situation des personnages évolue. (Sur le fond, ça m'a un peu rappelé Ma Maman est en Amérique.)
La technique d'animation est celle du "stop-motion", qui implique une grande minutie (et beaucoup de patience). C'est réussi, à la fois vraisemblable dans les mouvements et joli à l'écran... et c'est visible par les petits comme par les grands. Dans la salle où je l'ai vu, les enfants ont été captivés pendant les 65 minutes de la projection.
PS
Le dossier de presse mis en ligne par la société de production est très intéressant.
22:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 22 octobre 2016
Fuocoammare
Voici donc ce documentaire italien, Ours d'or au dernier festival de Berlin, issu de plusieurs mois de tournage sur l'île de Lampedusa, située entre les côtes siciliennes, tunisiennes et libyennes et actuellement principale porte d'entrée des migrants sur le continent européen :
Sans aucun commentaire (mais pas sans point de vue), le réalisateur Gianfranco Rosi croise les vies en apparence séparées d'une famille de pêcheurs (la grand-mère, le père et le fils), d'un animateur radio, d'un médecin, d'un plongeur, de militaires italiens et de migrants africains. Le travail de montage est soigné, à tel point que l'on ne s'ennuie pas en 1h45.
Que montre le réalisateur ? Que les habitants de l'île sont assez pauvres. Certes, ils vivent dans leur maison (pas luxueuse), mais le produit de la pêche contribue à agrémenter un quotidien très frugal. Pour les jeunes, l'avenir n'est pas reluisant, alors que la vie sur place, au contact de la nature, peut s'avérer passionnante. L'auteur a eu la chance de rencontrer Samuele, un gamin qui s'exprime parfois comme un adulte, mais qui semble perdu dans ce drôle de monde. Sa plus belle réalisation est la construction d'un lance-pierre, qui devient une arme contre des cactus, des animaux... et peut-être un bus transportant des migrants. Le garçon n'est pas encore très à l'aise sur un bateau... et son travail scolaire semble très laborieux. Ça et les problèmes qu'il rencontre à son oeil gauche ont sans doute contribué à le faire mûrir un peu trop vite.
De leur côté, les militaires et les humanitaires qui tentent de gérer les flots de migrants sont moins causants. On note leur souci de traiter ceux-ci avec respect. On remarque surtout la crainte bactériologique qu'inspire l'arrivée de masses humaines issues d'un autre continent.
Un coup de projecteur est donné sur l'action d'un médecin, que l'on voit commenter la répartition des "passagers" sur l'un des bateaux de fortune. De la somme versée (1 500, 1 000 ou 800 dollars) dépend la place occupée sur le navire... et parfois la survie. Très dures sont les images des cadavres morts asphyxiés dans la cale d'une de ces embarcations.
Ceci dit, il ne faut pas attendre davantage de réflexion sur le sujet. On est dans le ressenti. Aucune image ne nous est proposée d'éventuels passeurs. Aucun des propos enregistrés ne fait allusion à ce douteux commerce, ce qui évite de poser la question de responsabilités africaines.
Si l'on accepte ces limites, on peut profiter pleinement de ce documentaire militant (qui n'est pas sans rappeler la fiction Mediterranea), bien filmé, qui propose des images parfois très belles d'une île restée un peu sauvage et sur les rives de laquelle se produisent bien des drames...
PS
Le dossier de presse, disponible sur le site du distributeur, est intéressant.
21:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 21 octobre 2016
Deepwater
C'est à Peter Berg (réalisateur, entre autres, du Royaume) qu'a été confiée la mise en scène de cette reconstitution de la catastrophe de 2010, provoquée par l'explosion de la plateforme pétrolière de BP (nommée Deepwater Horizon), en plein golfe du Mexique. Le film est centré (surtout) sur les hommes et (un peu) sur les femmes qui ont été directement touchés par la catastrophe. L'aspect écologique passe au second plan.
Les responsabilités des dirigeants de BP n'en sont pas moins directement pointées. C'est John Malkovich qui est chargé d'incarner le "méchant", le cadre supérieur âpre au gain, qui préfère se voiler la face si cela lui permet de réaliser des économies sur la sécurité. Face à lui se trouvent (principalement) deux employés de l'entreprise de forage sous-traitante de BP. Ils sont interprétés par Kurt Russel (impressionnant... et méconnaissable) et Mark Wahlberg.
Sur la plateforme (qui "flotte" sur l'eau !), ils sont entourés par une pléiade de seconds rôles, tous très bons. On note la volonté de mettre en valeur les métiers manuels (et ceux qui les exercent). Il y a un aspect documentaire dans l'intrigue, qui n'est pas déplaisant.
Le début met en place le "dispositif". On découvre la famille de Mike, avec sa ravissante épouse et sa fille futée. Cela donne lieu à une scène métaphorique (vue pour l'essentiel dans la bande annonce), avec une bouteille de boisson gazeuse. La gamine est formidable. On nous donne aussi un aperçu de la vie quotidienne du principal personnage féminin.
La suite fait monter la tension. On comprend que, sur la plateforme (partiellement reconstruite pour les besoins du film), les relations humaines sont parfois tendues, même si les gars aiment déconner. Mais, surtout, petit à petit, on sent la catastrophe se rapprocher.
L'intrigue suit donc le schéma classique des films du même genre. On pense évidemment à Titanic, la plateforme étant une sorte de gigantesque bateau qui va s'échouer en mer. On pense aussi à La Tour infernale, l'un des enjeux de l'histoire étant le sauvetage des employés , qui tentent d'échapper à un gigantesque incendie.
C'est bien filmé, spectaculaire à souhait, même si je trouve que plusieurs scènes d'explosion manquent de clarté. Peter Berg est un habile faiseur mais pas un génie. De surcroît, il nous laisse un peu sur notre faim. Le film dure à peine plus d'1h40, alors que les scènes d'exposition occupent toute la première partie. Alors, même si la suite est plutôt bien fichue, les amateurs d'action seront un peu déçus. On pourrait aussi regretter certains stéréotypes dans la représentation des personnages masculins (forcément virils) et féminins (forcément fragiles).
Bref, c'est un honnête divertissement, mais le film ne restera pas dans les annales.
12:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 19 octobre 2016
Brice 3
Jean Dujardin revient dans le rôle qui l'a révélé jadis, quand il faisait partie des "Nous Ç Nous". Le risque était que cette suite ne se justifie en rien. Le début nous replonge dans un univers familier, le moindre objet de la vie quotidienne du héros étant "bricisé". C'est mignon, mais cela a un air de déjà-vu. Auparavant, on nous a servi une séquence tournée en haute montagne, où l'esprit de dérision vient "casser" ce qui pourrait paraître sublime.
On a donc l'occasion de sourire, voire de rire. Et pourtant, ce début a nourri mes inquiétudes. Le rythme n'est pas maîtrisé avec, notamment, certains "blancs", qu'un montage un peu plus rigoureux aurait dû effacer.
Deux moments sont vraiment drôles : la venue de touristes asiatiques (à Nice) et la rencontre d'une bande de vrais surfeurs (sur la côte Atlantique). Elles permettent de mettre en valeur le côté pathétique du personnage de Brice. De surcroît, le méchant chef des surfeurs est incarné par Alban Lenoir (vu dans Antigang et Un Français), à propos duquel le générique de fin précise qu'il a pris six kilos de muscles en un temps record. On a donc soigné le casting, avec une brochette de mecs très baraqués et des wagons de bombasses en bikini, aux côtés des surfeurs comme dans le Pacifique.
Par contre, les retrouvailles entre Brice et Igor d'Hossegor sont complètement ratées. L'évolution ultérieure du personnage ne suscite pas davantage d'intérêt, Bruno Salomone étant hélas cantonné au rôle de faire-valoir. La partition de Clovis Cornillac est plus savoureuse. Le seul ami de Brice, à l'abondante pilosité, s'est mué en défenseur des autochtones contre le bétonnage touristique d'une île. (Ici ou là, quelques propos incidents ont une portée politique.) Si Cornillac est très convaincant en chevelu militant, la représentation des indigènes est cependant caricaturale au possible.
A partir du moment où les principaux personnages se retrouvent sur l'île, l'intrigue gagne en densité. Brice, "le roi de la casse", va découvrir l'existence d'un monde merveilleux... ainsi que d'un sérieux concurrent que, pour une raison que je ne peux pas révéler, il ne sait trop comment affronter. Le tournoi "Kasse contre Kasse" promet d'être un sommet... et il donne effectivement lieu à l'une des bonnes séquences du film, l'enjeu étant de trouver la faille de l'adversaire.
Mais l'intrigue est elle-même une gigantesque "kasse", qui tourne autour du personnage du narrateur, un vieillard à moitié sénile qui s'inspire visiblement de Little Big Man. Je suis sorti de là plutôt satisfait, mais pas franchement enchanté. Si le film contient quelques perles, il n'est pas suffisamment abouti. Quoi qu'il en soit, ne quittez pas la salle trop vite : le générique de fin est truffé de blagues, au sein desquelles se cache, parfois, une référence érudite.
P.S.
Signalons un aspect particulièrement déplaisant : l'omniprésence de marques publicitaires à l'écran. On s'attend bien sûr à rencontrer la célèbre virgule, mais, des produits d'hygiène à l'alimentation en passant par les objets technologiques, on n'échappe pas à la publicité déguisée.
22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 16 octobre 2016
Les Pépites
Le titre désigne des enfants cambodgiens, voués à travailler dans une décharge dans la banlieue de Phnom Penh (au Cambodge), et qui ont été "sauvés" par un couple de Français, Christian et Marie-France des Pallières. Une coïncidence malheureuse veut que le film sorte quelques semaines à peine après le décès de Christian, auquel est donc ici rendu un hommage posthume.
Le matériau cinématographique dont est constitué le film est assez varié. Il mêle des images d'un précédent documentaire (diffusé sur France 5) à d'autres plus récentes, tournées pour ce long-métrage (et de meilleure qualité plastique). S'y ajoutent des extraits de films familiaux anciens (sur le début des pérégrinations du couple) et d'autres, plus récents, visiblement tournés en caméra numérique. L'ensemble, disparate, est finalement très intéressant. Le réalisateur Xavier de Lausanne semble avoir été très soucieux de la qualité de l'image.
Dès le début, on est frappé par certaines images atroces, celles d'enfants, parfois très jeunes, évoluant dans cette décharge boueuse, sans aucune protection pour le visage, les mains ni les pieds. Beaucoup en ont été marqués à vie, malgré la sortie du cauchemar. Quand on nous livre leur témoignage, on est sidéré par la violence qu'ils ont endurée. Ce sont des victimes secondaires du génocide cambodgien (perpétré par les Khmers rouges) : la cellule familiale en est sortie anéantie, les parents adoptant des comportements indignes, y compris (surtout ?) ceux qui avaient eux-mêmes été victimes de violences. Quand ils ne sont pas abandonnés, les enfants sont donc régulièrement frappés (avec toutes sortes d'objets), certains ont même été vendus...
Fort heureusement, ces scènes à peines soutenables sont entrecoupées de moments plus apaisants, voire joyeux. Au début, on découvre le parcours atypique de la famille des Pallières, dont la demeure a été incendiée pendant la Seconde guerre mondiale. La précarité de la vie, qui au départ a pu être une faiblesse, est devenue une force pour ce couple de routards, parti sur les chemins d'Europe puis d'Asie, des chansons plein la tête.
On pourrait les prendre pour des soixante-huitards attardés, mais ils sont d'abord motivés par une intense foi chrétienne, un aspect de leur personnalité sur laquelle le film demeure silencieux. C'est dommage, parce que cela permet de mieux comprendre le ressort de leur action (entre indignation devant une situation intolérable et convictions profondes).
On est aussi étonnés, au début, de la quasi-vénération dont le couple fait l'objet, au Cambodge. Quand on découvre petit à petit l'ampleur de son action, on comprend mieux. Ils ont démarré en servant des repas aux gamins de la décharge. Cela s'est vite accompagné de notions d'hygiène et d'un début de scolarisation. De fil en aiguille, un petit empire humanitaire s'est bâti (autour de l'association Pour un sourire d'enfant), avec des cadres cambodgiens, nombre d'entre eux étant d'anciens enfants maltraités.
C'est donc un film à voir pour découvrir l'action de ce couple formidable (qui aurait mérité un prix Nobel), mais aussi les difficultés d'un pays considéré comme l'un des moins avancés du monde.
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vendredi, 14 octobre 2016
Miss Peregrine et les enfants particuliers
Deux ans après le décevant Big Eyes, Tim Burton revient avec un film d'aventures fantastiques, adapté d'un roman à succès. L'intrigue entremêle les époques, en particulier la Seconde guerre mondiale et l'année 2016. Le nœud du problème est la gestion d'une boucle temporelle : certains personnes revivent sans cesse le même jour, tout en en étant conscientes. Les peurs enfantines constituent un autre arrière-plan de l'histoire.
Mais c'est d'abord le merveilleux qui occupe l'écran. L'image est extrêmement soignée, tout comme les décors et les costumes. Les effets numériques donnent plus de chatoyance à certains plans, d'une grande beauté. On est à la frontière du conte et de la réalité, avec ces freaks, ces personnages hors-norme, certains gentils, d'autres méchants. (On met longtemps à comprendre quels sont les pouvoirs de deux d'entre eux, des jumeaux dont la tête est masquée en permanence... On n'est pas déçu quand on découvre pourquoi !)
Ils sont interprétés par de très bons acteurs, en particulier deux des adultes : Eva Green en protectrice intelligente et autoritaire, Samuel L. Jackson en méchant machiavélique, véritable figure diabolique... et protéiforme. J'ai été moins convaincu par le jeune homme qui incarne le héros, Jacob. Heureusement, les autres adolescents et les plus jeunes sont bien joués.
Les inconditionnels de Burton débusqueront les références à ses précédentes œuvres, la plus présente étant sans conteste Edward aux mains d'argent. Je me suis laissé gagner par la magie de l'intrigue et les péripéties auxquelles les héros sont confrontés. J'ai été touché par la naissance d'un amour. J'ai aussi apprécié les petites pointes d'humour (de la gamine à la force herculéenne à la charmante jeune femme dont l'haleine semble redoutable à l'un des méchants...).
Toutefois, il semble que Burton ait hésité entre un film pour adultes et une œuvre qui tente de se concilier tous les publics. Cela explique quelques maladresses, par exemple lorsqu'on nous montre Jacob ne parvenant pas à viser correctement le méchant avec son arbalète... alors qu'il touche assez facilement les Sépulcreux qui traquent ses nouveaux amis. Et puis il y a le temps fou qu'il perd dans la salle où sont enfermées des sortes de fées qu'il doit libérer avant que le méchant ne parvienne à pénétrer dans la pièce. Bien que celui-ci soit retenu par le souffle de la délicieuse Emma (sans doute le plus beau personnage de l'histoire), Jacob reste longtemps les bras ballants devant une cage géante.
Mais, pris dans les péripéties, on se laisse guider, d'autant que certaines scènes sont d'une grande puissance visuelle. Il y a la bataille contre les monstres, au cours de laquelle les enfants font preuve d'ingéniosité. Il y a surtout les deux séquences tournées autour du navire englouti, de pures merveilles qui contribuent à faire passer les deux heures comme un charme.
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vendredi, 07 octobre 2016
Voir du pays
C'est la réponse de l'une des soldates françaises quand on l'interroge sur ce qui l'a poussée à s'engager dans l'armée de terre. On découvre l'ensemble des personnages à l'occasion d'une escale à Chypre. Les troupes, qui reviennent d'Afghanistan, vont alterner debriefing et décompression dans un hôtel de luxe. Ces jeunes hommes et femmes, aux motivations diverses, vont côtoyer de riches touristes (britanniques et russes) oisifs, ainsi que quelques locaux (chypriotes), beaucoup moins fortunés.
Les réalisatrices nous proposent de beaux portraits, en particulier des femmes. Les personnages masculins m'ont paru un peu stéréotypés. Par contre, ceux de Marine, Aurore et Fanny sont plus fouillés, même si j'ai un peu tiqué devant l'interprétation de Soko (que j'avais pourtant adorée dans Augustine). Ici, peut-être mal dirigée, elle livre la composition d'une racaille de banlieue au féminin, dont on ne sait pas trop ce qu'elle fait là, ni comment elle a pu passer les tests de sélection de l'armée, présentés (abusivement ?) comme faciles à contourner. Ariane Lebed (déjà très bien en femme de chambre dans The Lobster) est beaucoup plus marquante, dans un rôle pourtant plus effacé.
L'autre intérêt est la tension créée par les rapports humains. Au centre se trouve un événement traumatique, qui s'est produit en Afghanistan. L'un des buts de l'escale (pour les officiers) est de crever l'abcès, notamment au moyen de reconstitutions s'appuyant sur la réalité virtuelle. Cela donne des séquences troublantes, vraiment originales.
Petit à petit, on réalise que chacun a ses petits secrets, qu'il essaie d'éviter de révéler. La tension monte et l'on se demande quelle va être l'étincelle. Cela viendra-t-il des jeunes femmes militaires, objets du désir de leurs camarades de combat, mais aussi convoitées par les Chypriotes ? Est-ce la rivalité entre les mecs, ces jeunes coqs qui peinent à se contrôler ? Le coup va-t-il partir du fait des relations avec les autres clients de l'hôtel ? Ou bien le déclencheur sera-t-il être le geste extrême de l'un des soldats névrosés ?
L'ensemble forme une histoire forte, de notre époque, servie par une bonne interprétation et une mise en scène très correcte.
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dimanche, 02 octobre 2016
La Taularde
L'intrigue s'inspire d'une histoire vraie, celle d'une femme qui a permis à son homme de s'évader, et qui s'est à son tour retrouvée en prison... sauf qu'elle n'est pas une criminelle endurcie. Ici, elle est prof de Lettres et a les traits (ravissants) de Sophie Marceau, que je crois n'avoir jamais vue aussi intense.
Attention toutefois (ici je m'adresse aux fans de Sophie), on n'est pas du tout dans le glamour. On prend les trente premières minutes en pleine gueule, de la fouille d'entrée aux premières bagarres. Le début (comme d'autres moments) n'est pas sans rappeler Présumé coupable, lorsque le héros (incarné par Philippe Torreton) subit sa première fouille. La mise en scène diffère toutefois. La détenue est à l'arrière-plan, le pubis masqué par une table, tandis que la gardienne est au premier plan, habillée, sûre d'elle... et tutoyant la détenue. Le rapport de subordination est en place.
Ceci dit, le portrait des gardiennes est nuancé. Il y a les autoritaires, les conciliantes et les démagos (ou peureuses). En face, souvent, elles ont affaire à des garces, que l'enfermement et la promiscuité peuvent transformer en fauves.
C'est un autre intérêt du film (même si le propos n'est pas nouveau) : montrer comment ce lieu de réclusion, censé rendre meilleures ses "locataires", les dégrade, tout comme il détruit à petit feu certaines gardiennes. A travers elles, on mesure la misère du système pénitentiaire, avec le manque d'effectif, les pénuries matérielles et, parfois, la perte de motivation. C'est le grand talent de la réalisatrice Audrey Estrougo que de faire se croiser ces destins en apparence si dissemblables.
Et puis il y a ces moments de comédie, si précieux, qui redonnent de l'espoir aux détenues comme aux spectateurs. Mais, très vite, l'intrigue reprend le dessus : aux conditions d'incarcération difficiles s'ajoute l'incertitude quant à l'attitude du conjoint de Mathilde/Sophie, qui a disparu. C'est donc sur les épaules du fils, à peine adulte, que repose la survie de l'héroïne. Cela nous vaut quelques scènes touchantes... et une limite dégueulasse, à l'occasion d'un parloir. Elle est hélas assez vraisemblable. Elle illustre bien le caractère documentaire de cette fiction, qui repose d'abord sur les rapports humains. Toutes les actrices sont formidables et l'aspect huis-clos des scènes de cellule est très bien rendu.
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samedi, 01 octobre 2016
Ivan Tsarevitch et la princesse changeante
Le titre est celui de l'un des quatre contes qu'a mis en images Michel Ocelot, cinq ans après Les Contes de la nuit et surtout dix ans après Azur et Asmar. On y retrouve la même fascination de l'auteur pour l'Orient, un Orient qui peut prendre la forme de l'orthodoxie russe, de l'islam perse ou d'un monde imaginaire.
L'intrigue recourt au même procédé narratif que le précédent film d'Ocelot. Dans une ville moderne, dont on ne distingue que des immeubles aux fenêtres allumées (qui progressivement vont s'éteindre), un vieil homme, entouré d'un garçon et d'une fille, crée des histoires illustrées, en s'appuyant sur différentes traditions, et en modernisant certains aspects, à la demande des enfants.
"La Maîtresse des monstres" raconte comment, grâce aux conseils d'un rat avisé (mais un peu colérique), une enfant va s'extraire du monde souterrain où elle et ses congénères sont retenus par des monstres en apparence invincibles. L'histoire est un appel à surmonter ses peurs... et un tableau peu valorisant des adultes !
"L'Ecolier-sorcier" met aux prises un orphelin et un machiavélique magicien, qui lui propose un emploi, mais lui cache quelque chose. J'ai beaucoup aimé cette histoire, qui emprunte un peu au duel entre Merlin et la sorcière dans Merlin l'enchanteur. C'est aussi l'un des deux contes au cœur duquel se trouve la naissance du sentiment amoureux.
"Le Mousse et sa chatte" est mon préféré, parce que le jeune héros y vit une relation quasi fusionnelle avec un adorable sac-à-puces, sur le point de donner naissance à une portée de chatons. Le problème est que le duo se trouve sur le navire d'une bande de pirates, pas des plus sympathiques. Leur arrivée en Inde va changer le cours de leur vie. Sur le plan visuel, c'est de surcroît magnifique.
"Ivan Tsarevitch et la princesse changeante" clôt cette série, avec une histoire pleine de rebondissements, qui semblera quelque peu familière aux lecteurs de Charles Perrault et des frères Grimm. C'est à la fois beau et touchant.
Il faut donc se précipiter à une séance avant que le film ne soit déprogrammé. Il ne dure qu'une heure (et bénéficie d'un tarif réduit). Hélas, il n'attire pas les foules.
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vendredi, 30 septembre 2016
Les 7 Mercenaires
A Hollywood, la mode semble être aux remakes et au reboots. Ce mois-ci, après le péplum Ben-Hur, c'est au tour d'un monument du western de passer à la casserole. On n'a visiblement pas voulu surcharger le film d'effets spéciaux. On a misé sur du classique : des coups de feu et des cascades. Aux manettes, on trouve Antoine Fuqua, qui nous a régalés avec Equalizer, il y a deux ans.
Le réalisateur semble avoir voulu travailler avec des acteurs qui lui sont familiers. Outre Denzel Washington, la distribution comprend Ethan Hawke et Vincent d'Onofrio (l'ex-inspecteur Goren, qui n'arrive plus à maigrir). Un autre mercenaire crève l'écran : Martin Sensmeier, qui incarne un Indien. Par contre, Chris Pratt m'a gonflé en dragueur alcoolique.
Pour faire un bon western, plusieurs ingrédients sont nécessaires. Il faut bien entendu des duels au flingue. Ne pas oublier d'engager des "gueules" d'acteurs... et, surtout, il faut un bon gros méchant. Peter Sarsgaard s'est glissé avec délectation dans le rôle d'une pourriture de sa race d'un homme d'affaires aux méthodes peu conventionnelles, Bartholomew Bogue.
L'une des premières séquences voit le "méchant" venir faire sentir sa domination aux habitants d'une bourgade qui seraient tentés de se révolter. Elle est excellente. Elle donne le ton de la lutte qui va suivre, âpre et sans concession.
La deuxième séquence marquante arrive bien plus tard dans l'histoire. Entre temps, on a assisté au recrutement successif des sept crapules qui vont se mettre au service des citadins opprimés (contre espèces sonnantes et trébuchantes). J'ai beaucoup aimé leur arrivée en ville et la première confrontation avec des hommes de main de Bogue. A ce moment-là, l'esprit de Sergio Leone flotte sur le film (des plans des yeux à la musique de fond... hommage ou plagiat, je vous laisse le soin de choisir).
On attend évidemment l'affrontement final, durant lequel la poudre parle. Les défenseurs se montrent ingénieux et l'intrigue ménage pas mal de rebondissements. Ces citadins mal armés ne sont pas sans rappeler les chrétiens menés par Balian (dans Kingdom of Heaven) ou encore ces rebelles réfugiés dans un temple qu'ils vont transformer en forteresse (dans A Touch of Zen).
C'est donc spectaculaire et souvent brut de décoffrage. Cependant, en dépit du talent des acteurs, on n'atteint pas la splendeur des chefs-d'oeuvre de Sergio Leone. Il manque un peu de poésie et d'humour. On pourrait aussi faire la liste des facilités que s'autorise le scénario. On sait immédiatement quel citadin va se faire tuer par Bogue. On comprend aussi qu'un des mercenaires risque de quitter la bande... tout en sachant qu'il va ensuite revenir. Et que dire de ces sept tireurs d'élite, qui font mouche à chaque coup, tandis que leurs adversaires, pourtant tueurs chevronnés, peinent à provoquer la moindre égratignure !
Quant au principal personnage féminin, il est certes moderne dans son attitude (c'est tout le contraire d'une femme soumise), mais elle passe les trois quarts du film à se balader dans une robe outrageusement (délicieusement ?) décolletée, sans que cela suscite plus que quelques vagues regards concupiscents. On est décidément bien respectueux des dames dans cette ville de gangsters et de chercheurs d'or !
Pour se consoler, on peut chercher à deviner quel est le secret de l'un des mercenaires, la raison qui fait qu'il n'est pas motivé que par l'argent dans cette affaire... ou l'on peut se contenter de jouir du spectacle créé par ces hommes en armes qui, sous la houlette d'Antoine Fuqua, se balancent quantité de dragées...
23:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 29 septembre 2016
Frantz
Quand on n'est fan ni de François Ozon ni de Pierre MNiney, il faut de solides raisons pour se décider à aller voir ce film. La première est l'originalité de l'histoire. (Je ne connais ni la pièce de théâtre ni l'adaptation réalisée jadis par Ernst Lubitsch.) La seconde est le choix (artistique et économique) du noir et blanc. Seuls deux instants en couleurs encadrent le film, au tout début et à la fin. C'est évidemment porteur de sens.
La mise en scène est soignée. On sent le réalisateur sûr de son art. Certains moments sont particulièrement inspirés, comme le voyage en train de l'héroïne qui, par la fenêtre, voit les dégâts de la guerre encore visibles plusieurs années après, en France. (Le coup du reflet dans la vitre est superbe.) Saisissante aussi est la scène qui se conclut par une Marseillaise collective, dans un café parisien. Ozon est toujours habile à entremêler l'image et le son, chacun portant l'autre, à son tour.
Du côté des acteurs, ce n'est pas Pierre Niney qui m'a impressionné, mais Paula Beer, impeccable en fiancée éplorée, touchée à nouveau par l'amour et devenue audacieuse par obligation. Grâce à son jeu tout en retenue, elle fait passer quantité de choses. A ses côtés, les seconds rôles assurent, parmi lesquels on relève Johann von Bülow, remarqué récemment dans Elser, un héros ordinaire et Le Labyrinthe du silence. Ernst Stötzner est excellent en père du soldat décédé.
L'intrigue ménage plusieurs rebondissements. Il y a tout d'abord le secret que le soldat français venu en Allemagne garde en lui. (Je pense que n'importe quel spectateur devine très vite de quoi il s'agit.) Il y a ensuite le retournement de situation, avec l'Allemande qui décide de partir en France. Ce périple constitue pour moi le meilleur de l'histoire. L'héroïne va découvrir un autre monde... et en apprendre sur le passé de son défunt fiancé.
Cela pourrait former un excellent film si le rythme n'en était pas si languissant. On sent l'heure cinquante passer, moi je vous le dis ! Mais c'est bien joué et remarquablement réalisé.
18:41 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 24 septembre 2016
Iqbal, l'enfant qui n'avait pas peur
J'avais raté ce film d'animation lors de sa programmation à Rodez. Il faut dire qu'il n'avait bénéficié que de trois ou quatre séances, pas souvent placées à un horaire convenable pour un actif. Heureusement, le film, placé sous le patronage de l'UNICEF, tourne beaucoup dans la région. Et c'est parti pour une séance de rattrapage !
Le début m'a fait un peu peur. J'ai trouvé qu'on en faisait trop au niveau du pathos... et l'animation n'est pas exceptionnelle. Le résultat ressemble un peu à ce qu'on a pu voir dans Adama, mais en moins bien. Toutefois, on finit par s'y habituer, d'autant plus que l'intrigue, linéaire, est entrecoupée de quelques scènes fantasmagoriques, qui apportent un peu de merveilleux à une histoire assez triste.
Comme on s'adresse d'abord au jeune public, on a atténué les malheurs que subit le garçon (qui a réellement existé)... et l'on arrête l'histoire avant son assassinat, ce qui lui donne une conclusion positive.
J'ai été captivé à partir du moment où le héros se retrouve chez le marchand de tapis esclavagiste. On découvre la bande de gamins kidnappés (ou vendus...), contraints de tisser des tapis pour le compte du couple qui dirige les lieux. Celui-ci est une bonne trouvaille, qui rappellera au public français les Thénardier créés par Victor Hugo. Ils sont inquiétants à souhaits, même si certaines des scènes qui les font intervenir sont drôles. Pour s'en sortir, les enfants vont devoir faire preuve d'imagination, surmonter leurs peurs... et rester solidaires les uns des autres.
C'est une belle histoire, terrible parfois... et une petite leçon de vie pour certains enfants gâtés de l'Occident, qui pensent que le monde est vraiment trop tynjuste quand on sanctionne leurs caprices.
20:59 Publié dans Cinéma, Proche-Orient, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 22 septembre 2016
War Dogs
Dans les duos d'ami(e)s, l'un(e) est souvent le(la) dominant(e), l'autre le(la) dominé(e). Dans le cas qui nous occupe, de prime abord, on serait tenté de penser que c'est le beau gosse David qui a le dessus sur son meilleur pote Efraim, grassouillet et mal fringué. Sauf que le premier végète dans l'activité de massage pour homme (source de situations délicates pour un hétérosexuel sans compromission), alors que le second semble avoir "fait son trou" et palpe bien plus de thunes que son ancien camarade de classe.
La relation est assez convenue, d'autant plus que David le bogoss vit avec une créature intelligente et désespérément belle (Ana de Armas, qui a dû arrêter de compter les demandes en mariage depuis bien longtemps). Mais, dans le rôle d'Efraim, Jonah Hill (qu'on a pu voir récemment dans Django unchained, Le Loup de Wall Street et Ave, César !) est excellent. Il incarne avec un plaisir évident ce type abject, faux dévot (juif), faux vendeur de couvertures et surtout faux meilleur ami. Il n'hésite même pas à truander des truandeurs professionnels... c'est dire le culot (et l'inconscience) du personnage ! Il est de plus très bien doublé en français.
Le fond de l'histoire est pourtant déplaisant. Le scénario (qui s'inspire de faits réels) transforme en héros un duo d'opportunistes sans scrupules, poussés essentiellement par l'appât du gain. C'est une nouvelle illustration des petits malins qui font la nique aux gros (un peu comme dans The Big Short)... à ceci près qu'ici il est question de vente d'armes et de la mort de centaines de milliers de personnes. La mise en scène ne prend presque aucun recul avec les personnages principaux, se contentant de présenter l'un des deux comme plus moral que l'autre. Et je ne parle pas de l'apologie de la consommation de drogues diverses...
Cela donne un film inégal, parfois inventif (chaque séquence étant introduite par une citation de l'un des personnages, le jeu étant de deviner qui va l'énoncer), souvent drôle, mais un peu malsain.
23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 21 septembre 2016
Le Fils de Jean
Philippe Lioret est un cinéaste qui se fait rare. Il a fallu attendre cinq ans après le formidable Toutes nos envies pour que sorte sa nouvelle réalisation. Entre temps, l'auteur de Welcome a produit une autre pépite du cinéma hexagonal, Un Français.
L'histoire tourne autour d'un mystère, celui du père biologique de Mathieu, un jeune commercial français, séparé de son épouse. Le jeune homme (Pierre Deladonchamps, très bien) ne l'a jamais connu et ne sait pratiquement rien de lui, sa mère ayant toujours refusé de lui en parler. Pourtant, un jour, un étrange coup de fil arrive du Québec, avec la nouvelle du décès de son géniteur (Jean), qui lui aurait laissé quelque chose. Intrigué, le jeune homme décide de se rendre sur place.
Là-bas, le mystère s'épaissit : le corps du défunt est introuvable (il a disparu dans un lac)... et Mathieu découvre qu'il a des demi-frères, qui ignorent son existence. Au Québec, son guide est Pierre, le meilleur ami de Jean, avec lequel se noue une relation de méfiance teintée d'estime réciproque.
Lioret joue donc sur le registre de l'incertitude : celle de la mort du père et celle de la vérité à révéler (ou pas). Entre temps, le jeune Français découvre a posteriori quelle fut la vie de ce Jean qui lui lègue un tableau... et il rencontre l'entourage familial, qui ne sait pas toujours qui il est réellement. Et puis il y a cette histoire de tableau... L'argent se met de la partie... et Mathieu n'est pas au bout de ses surprises.
J'ai un peu traîné les pieds pour aller voir ce film, mais je ne regrette pas du tout d'avoir succombé. Lioret nous conte une belle histoire de paternité(s), nimbée d'un mystère fort bien mis en scène. Les interprètes sont bons, avec Gabriel Arcand très touchant dans le rôle de Pierre, et deux femmes très attachantes : la fille de Pierre, incarnée par l'appétissante Catherine de Léan, et sa mère (l'épouse de Pierre), interprétée par Marie-Thérèse Fortin, vraiment épatante. J'ai notamment en tête la scène où elle découvre le fin mot de l'histoire. Elle nous fait tout comprendre, sans quasiment s'exprimer, épaulée par une mise en scène totalement maîtrisée.
20:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 18 septembre 2016
Free State of Jones
Le titre fait référence à une tentative utopique, celle de fonder, en pleine guerre de Sécession, un Etat libre, dans lequel cohabiteraient Noirs et Blancs, les premiers esclaves en fuite, les seconds soldats sudistes déserteurs. Ce n'est pas une fiction, puisque cette tentative a été menée à bien.
On commence par une séquence de guerre, avec une bataille de tranchées, ses morts et ses blessés. En une dizaine de minutes, le réalisateur Gary Ross nous fait toucher du doigt l'horreur de la guerre, une guerre différente de celles qui l'ont précédée : quasi industrielle, elle annonce déjà la Première guerre mondiale. La mise en scène est brillante. Ames sensibles s'abstenir.
La suite montre le héros prendre du recul, au départ pour rendre hommage à un gamin tué au combat. Le soldat devenu brancardier en a marre de la boucherie... et il se rend compte que lui, le fermier pauvre, risque sa vie pour que les grands planteurs esclavagistes conservent leurs privilèges.
Les acteurs sont bons, très bien dirigés. Dans ce genre de production, qui recourt à quantité de figurants, on est parfois indulgent avec le jeu de certains d'entre eux, lorsque les mouvements d'ensemble sont réussis, sous la houlette des acteurs principaux. Ici, on a l'impression que tout le casting s'est évertué à donner le meilleur de soi.
En tête d'affiche, il y a Matthew McConaughey... impressionnant. (A Rodez, on peut même l'entendre en version originale sous-titrée.) Sa barbe lui donne un petit air de Christian Bale... mais, surtout, qu'est-ce qu'il est bon ! Un deuxième Oscar est-il en vue ?
A ses côtés l'on trouve notamment Gugu Mbatha-Row, un nom qui ne vous dit sans doute pas grand chose, mais qu'on risque de beaucoup entendre à l'avenir. On l'a déjà remarquée dans Seul contre tous. Ici, elle incarne l'esclave domestique, qu'on croit privilégiée par rapport à ceux qui courbent l'échine dans les champs de coton, mais qui est soumise aux "appétits" de son maître... Ce beau personnage s'implique dans une révolte clandestine, tout en apprenant à lire. Il lui arrive aussi de chaparder dans la maison de ses "propriétaires". Dans une scène, on la voit s'emparer discrètement d'un objet brillant. C'était pour l'offrir au héros, Newton Khight... et, ô surprise, il s'agit d'un petit couteau pliable, aux formes caractéristiques... un Laguiole ? Est-ce possible au début des années 1860, dans le Mississippi ?
L'un des personnages principaux est un marais, celui dans lequel les esclaves en fuite et les soldats déserteurs vont se réfugier et y acquérir une véritable autonomie, à la fois matérielle, militaire, intellectuelle et politique. On a l'impression de se trouver dans un entre-deux, une sorte d'univers parallèle où les lois du vrai monde ne s'appliquent pas. Le film ne cache cependant pas les difficultés de la petite nation, certains soldats sudistes déserteurs peinant à se débarrasser de leurs préjugés racistes.
La part la plus inattendue de l'histoire est celle qui se déroule après la guerre. Le changement, c'est maintenant ! ont dû penser les anciens esclaves. Dans un premier temps, il apparaît que plus jamais rien ne sera comme avant. Mais les élites blanches esclavagistes n'ont pas renoncé, et c'est une nouvelle guerre, plus sournoise, qui se déclenche dans les Etats du Sud, avec l'émergence du Ku Klux Klan. Le héros tente de s'y opposer.
Notons que les séquences des années 1860-1870 sont parfois entrecoupées de scènes se déroulant plus de soixante-dix ans plus tard, en pleine ségrégation. Petit à petit, on appréhende certaines des conséquences les plus absurdes de la mise en place d'une politique raciste... et l'on découvre le devenir de certains des descendants du héros.
C'est pour moi un très beau film, qui prend son temps, servi par des acteurs impeccables.
13:09 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire