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samedi, 03 décembre 2011

Législatives 2012 en Aveyron : la gauche a-t-elle enclenché la machine à perdre ?

   Les forces de gauche s'y sont prises à l'avance : 6 mois avant la tenue des législatives (qui s'annoncent serrées), les principaux candidats sont déjà connus. On pourrait en conclure que l'opposition semble enfin faire preuve de professionnalisme, qu'elle a compris qu'une partie de la population attend qu'on lui propose une alternative crédible à la politique actuelle... ben pas forcément, en fait.

   C'est dans la première circonscription (dont le titulaire est l'UMP Yves Censi, que l'on commence à revoir dans le département depuis quelques semaines...) que les têtes d'affiche semblaient se bousculer. A droite, il est évident que le sortant va se représenter. Il reste à savoir si d'autres sensibilités du centre et de la droite vont avoir un porte-parole dans ce scrutin. A l'heure actuelle, il est impossible d'être afffirmatif.

   A gauche, deux rumeurs circulaient : la première évoquait l'attribution de la circonscription à un-e candidat-e PRG ; la seconde émettait l'hypothèse d'une candidature féminine pour le PS, comme ce fut le cas en 2002, avec Anne-Marie Cluzel, dont le résultat ne fut pas déshonorant. (Depuis, la dame semble s'être éloignée de la vie politique, peut-être pour des raisons personnelles.) L'incertitude augmentait en même temps que le nombre de prétendants issus du PS (visiblement pas décidés à laisser le PRG tenter seul l'exploit d'enlever le siège au fiston de l'ancien maire de Rodez) : aux Speedy Gonzalez Patrick Palisson et Jean-Louis Stadler se sont ajoutés Ludovic Mouly, Monique Bultel-Herment, Matthieu Lebrun... et même l'adjoint au maire de Rodez Maurice Barthélémy, selon Le Nouvel Hebdo de la semaine dernière.

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   Les adhérents du PS viennent de trancher : ce sera Mme Bultel-Herment, qui est passée devant Ludovic Mouly à la faveur du second tour. On s'est beaucoup réjoui, à droite et à gauche, de la féminisation des candidatures... mouais. Moi je vois surtout cela comme la confirmation que le PS a fait une croix sur la première circonscription (comme sur la troisième). Mme Bultel-Herment est trop identifiée à l'équipe municipale ruthénoise, pour le meilleur comme pour le moins bon. Ce n'est donc pas une candidature susceptible de faire le plein sur le Piton. Je ne vous parle même pas du Nord Aveyron...

   Yves Censi peut-il dormir sur ses deux oreilles et sa barbe mal taillée ? Pas sûr... Après tout, rien ne dit que la candidate socialiste sera présente au second tour. Cela va dépendre de la tournure que prendra la campagne de son camarade de Conseil municipal Stéphane Mazars, s'il se confirme qu'il portera les couleurs du PRG. En voilà un qui pourrait créer la surprise.

   Il faudra toutefois qu'il se sorte du marigot de la gauche, puisqu'à ces deux postulants, il faut ajouter Guilhem Serieys pour le Front de Gauche et Bruno Bérardi pour Europe-Ecologie/Les Verts. Et ce n'est pas fini...

   Dans la deuxième circonscription, le PRG, pourtant présent dans la zone, la joue confraternel et laisse la sortante Marie-Lou Marcel défendre les couleurs de la gauche modérée. Mais, contre elle, au premier tour, il y aura sans doute un candidat écolo (Jean-Louis Calmettes apparemment) et un du Front de Gauche. En cas de réélection de Nicolas Sarkozy et de présence d'un-e candidat-e UMP particulièrement pugnace, la partie pourrait être risquée pour la députée (élue de justesse en 2007) que l'on annonce un peu vite comme assurée d'être reconduite.

   Dans la troisième circonscription (celle de Millau), on sait enfin qui va incarner l'alliance PS-PRG-Europe-Ecologie/Les Verts : Marie-Thérèse Foulquier, maire de Saint-Jean-et-Saint-Paul (un village situé dans le canton de Cornus) :

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   J'ai déjà dit ce que je pensais de l'attribution (par la gauche) de la circonscription à une candidature EELV. Je ne connaissais pas le nom de la personne choisie. Il me semble l'avoir déjà croisée, notamment lors de la projection du film Les Brebis font de la résistance, au cinéma "Les Lumières de la ville", à Millau, en 2009. Après la séance, la réalisatrice avait répondu aux questions des spectateurs présents dans la salle. Plusieurs d'entre eux avaient apporté un témoignage sur ce qu'ils avaient vécu à l'époque de la lutte contre l'extension du camp militaire de La Cavalerie (bien restituée dans le récent documentaire Tous au Larzac). Je me demande si elle-même n'était pas intervenue. (Mais je la confonds peut-être avec quelqu'un d'autre.)

   Quoi qu'il en soit, la campagne sera difficile pour cette dame. En l'état actuel des choses, sans la victoire du candidat socialiste à la présidentielle, je ne vois pas comment Alain Marc pourrait être déboulonné.

vendredi, 02 décembre 2011

La diffusion des hebdomadaires aveyronnais

   En me rendant sur le site de la presse hebdomadaire régionale, j'ai réalisé que de nouveaux chiffres avaient été mis en ligne à propos de la diffusion des organes de presse payants. (Ne sont donc pas concernés par ce billet les hebdomadaires gratuits, comme Le Saint-Affricain.)

   D'abord, contrairement à ce qui est affirmé sur la page, la liste n'est pas complète, puisqu'il manque Le Villefranchois et Le Nouvel Hebdo. Il est possible que ce soit lié à la faiblesse de leurs ventes (moins de 1 000 exemplaires par semaine ?)... et, dans le cas du journal de Gérard Galtier, il est possible que les photocopieuses fassent du dégât.

   La diffusion du Bulletin d'Espalion est tombée à 5 970 exemplaires, alors qu'elle atteignait les 6 500 il n'y a pas si longtemps que cela. Est-ce lié au vieillissement du lectorat ? A la diminution des ventes dans la communauté aveyronnaise d'Ile-de-France ? Cela pourrait expliquer que la direction de ce journal ait jugé utile de tourner un petit film de présentation, que l'on peut visionner sur son site internet.

   Le Journal de Millau semble se porter aussi bien qu'auparavant. Sa diffusion est estimée à 6 300 exemplaires. Sa particularité est d'avoir récemment clôturé son site internet, alors que celui du Bulletin est soigneusement mis à jour. Honnêtement, je ne pense pas que cet état de fait suffise à expliquer l'évolution divergente de la diffusion des deux hebdos.

   Cela va un peu mieux pour Le Ruthénois, qui est passé de 1 500 à 2 000 exemplaires... mais cela reste évidemment assez faible. Il faut dire qu'il est tout jeune : le premier numéro est paru en mars 2010 ! (Et c'est un autre journal sans site internet !)

   Son "grand frère", Le Progrès Saint-Affricain, a vu sa diffusion s'émietter, pour se maintenir toutefois à 6 100 exemplaires, et ce en dépit du passage à la gratuité de son concurrent Le Saint-Affricain. Il me semble qu'entre les deux hebdos, la guerre fait rage. On en a un écho dans l'éditorial de cette semaine, signé Delphine Rouqette (en page 3 du gratuit) :

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   Je me trompe peut-être, mais il me semble qu'elle vise un autre journal local et l'un de ses journalistes en particulier.

   Le Progrès Saint-Affricain serait-il lui aussi en difficulté ? Je n'en sais pas plus. Je constate juste que son site internet est en reconstruction. La plus ancienne version, toujours disponible, n'est plus mise à jour depuis des lustres. La version qui lui a succédé n'est plus accessible en ligne.

11:41 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias

jeudi, 01 décembre 2011

Tous au Larzac

   Voilà donc ce documentaire consacré à la lutte des paysans des Causses contre l'agrandissement du camp militaire de La Cavalerie. Il est attendu depuis plus de deux ans : il était déjà en gestation au moment de la sortie de Les Brebis font de la résistance, en avril 2009.

   Ce film a été pour moi source de deux agréables surprises. Tout d'abord, même si les auteurs éprouvent une évidente sympathie pour les révoltés larzaciens, leur film se veut d'abord une histoire rigoureuse de la lutte et de son contexte. Ensuite, bien que cela dure presque deux heures, on ressent peu la longueur, ce qui est assez rare pour un documentaire. Je pense qu'un gros travail pédagogique a été fait au moment du montage, qui alterne différents entretiens, images d'archives et paysages magnifiques.

   Que les allergiques à José Bové se rassurent : il n'apparaît qu'au bout de 40 minutes et il n'est pas particulièrement mis en avant par rapport aux "historiques" du combat que sont par exemple Léon Maillé, Guy et Marisette Tarlier, Pierre et Christiane Burguière. Le rôle des femmes est mis en valeur, sans que cela soit ostentatoire.

   Ces deux heures se justifient tant la lutte (10  ans, au sens strict) fut, contrairement à ce qu'une lecture rapide des événements laisserait croire, longue, difficile, à l'issue incertaine. Les relations avec les commerçants de La Cavalerie et certains militaires furent très tendues. Une des bergeries fut même plastiquée. Vers la fin du film on comprend que, sans l'élection de François Mitterrand (dont la venue sur le Larzac fut peut-être le théâtre d'un complot policier) à la présidence de la République, les rebelles auraient sans doute fini par céder.

   Et pourtant, ils furent aussi pacifiques qu'inventifs (et drôles, parfois). Je reste épaté par la ténacité dont ces personnes ont fait preuve pour organiser les actions non violentes qui ont tant marqué leur époque. Pour que le film soit complet, il manque peut-être le point de vue des enfants de ces militants, dont la jeunesse a dû être marquée à la fois par l'enthousiasme de la lutte mais aussi les difficultés d'une vie quotidienne perturbée par un combat dont on avait du mal à voir la conclusion.

   Le film fait aussi le lien entre les luttes du passé et celles du présent. Ce n'est pas forcément la partie la plus convaincante, mais bon, l'ensemble mérite quand même le détour.

   P.S.

   Signe que les temps ont changé, le sénateur du Sud Aveyron (élu en 2008), Alain Fauconnier, un socialiste plutôt proche de la gauche de la gauche, s'est inquiété, dans une question posée au ministre de la Défense et des Anciens combattants (Alain Juppé, à l'époque), du devenir du camp militaire qui, quoi qu'on en dise, est pourvoyeur d'emplois dans la région...

dimanche, 27 novembre 2011

Jeanne captive

   On va dire : encore un film sur Jeanne d'Arc ! Cette fois-ci, en dépit du peu d'informations dont on dispose sur l'épopée johannique, le réalisateur, Philippe Ramos, a choisi de concentrer son attention sur trois moments seulement : le début de la captivité de Jeanne, alors aux mains des hommes de Jean de Luxembourg, le passage aux mains des Anglais, avant le procès, puis la dernière période, de l'après-procès au bûcher. 

   La première période est fondée sur un postulat sans doute faux : une supposée tentative de suicide de Jeanne, prise pour une nouvelle tentative d'évasion. Cette hypothèse était (et reste) la plus vraisemblable : la Pucelle avait déjà essayé de s'enfuir de son premier lieu de détention, le château de Beaulieu. Dans le film, elle se trouve, sauf erreur de ma part, dans le second lieu de détention, le château de Beaurevoir, dont il ne reste plus qu'une tour (Jeanne fut enfermée dans le donjon, aujourd'hui disparu). D'ailleurs, dans l'évocation de la tentative se suicide/évasion, le réalisateur se garde de faire figurer un élément : une corde bricolée à partir de draps et tapisseries, qui aurait cédé au cours de la tentative.

   Cette réserve faite, force est de constater que le film "fonctionne" très bien. Il est centré sur l'attitude de Jeanne, souvent incompréhensible à ses geôliers ainsi qu'aux autres visiteurs... et peut-être aux spectateurs contemporains. P. Ramos nous trace le portrait d'une croyante fervente, et même d'une sainte.

   Le choix de l'actrice était donc crucial. Ce fut un bon choix. Clémence Poésy (la Fleur Delacour de Harry Potter, aussi remarquée dans Bons Baisers de Bruges) nous fait totalement croire à la foi qui anime cette jeune femme et, cerise sur le gâteau, elle est absolument ravissante (les vicelards esthètes raffinés peuvent même profiter de certaines séquences pour se rincer l’œil) .

   Dans la première partie, c'est sa relation avec le guérisseur (Thierry Frémont, excellent) qui est mise en scène... sous la forme d'un drôle de dialogue, puisqu'elle ne lui adresse (presque) jamais la parole. C'est un joli tour de force au niveau de la réalisation... portée par de brillants interprètes, jusque dans les seconds rôles.

   La deuxième partie voit intervenir les Anglais, plus ou moins respectueux de la demoiselle. La confrontation est plus dure, mais la jeune femme sort renforcée de sa précédente détention. Elle a décidé de parler désormais. On ne comprend toutefois pas bien comment elle a été amenée à se renier, avant de vite récupérer ses esprits. Par contre, on saisit parfaitement la volonté des Anglais de brûler la "sorcière" ou la "putain". Le réalisateur n'est cependant pas allé jusqu'à mettre en scène des tentatives de viol. Il se contente d'une version édulcorée du processus qui conduit Jeanne à être relapse, mais il la tourne bien.

   J'ai aussi aimé la manière dont est montré le doute que la Pucelle réussit à instiller dans l'esprit de nombre de ses adversaires. Il y a aussi la peur que la présumée sorcière inspire aux esprits faibles, qui la croient capable de moult maléfices.

   Reste la mise à mort, qui est l'occasion de découvrir l'entourage, la population. Le réalisateur met à l'image quelques habitants de Rouen, mais surtout les Anglais dans leur diversité, auxquels il oppose deux religieux : un moine (Jean-François Stévenin, correct) et un prédicateur illuminé (Mathieu Amalric, supportable). La toute fin m'a moyennement plu, avec ce jeune couple (qu'on a découvert peu auparavant) qui s'ébat. On a visiblement voulu contrebalancer la mort de la sainte par la naissance d'un amour. Mouais...  

   P.S.

   Le réalisateur et l'actrice principale ont participé, en compagnie d'un historien, à l'émission Les femmes, toute une histoire, le 13 novembre, sur France Inter.

vendredi, 25 novembre 2011

Retour sur le numéro de "L'Express"

   Ce matin, un auditeur attentif de la radio locale Totem a pu entendre deux énormes bévues durant la séquence "Revue de presse".

   C'est tout d'abord le présentateur qui s'est (volontairement ?) trompé en affirmant que le numéro spécial était sorti aujourd'hui vendredi, alors qu'il est en vente partout depuis mercredi, ce qui m'a permis d'en parler le jour-même. C'est peut-être une manière maladroite de camoufler son manque de réactivité...

   Par la suite, c'est le journaliste représentant L'Express, Michel Feltin, qui s'est emmêlé les pinceaux à propos de la date du basculement à gauche de la majorité municipale. A trois reprises, il a parlé de l'année 1988 (au lieu de 2008), ce que son interlocuteur aveyronnais a fini par rectifier à la fin de l'entretien téléphonique.

   Cette séquence nous en a appris plus sur la politique éditoriale de l'hebdomadaire national, qui a procédé à d'autres "décrochages régionaux" dans ce même numéro :

Régions 23 11 2011.jpg

   Pour les Aveyronnais curieux (ou sceptiques), j'ajoute la véritable "une" nationale :

Une nationale 23 11 2011 bis.jpg

   En guise de dessert, je propose une couverture un peu plus ancienne (elle date de juin dernier) :

Une Hollande-Teyssèdre.jpg

   Comme quoi, le choix des titres est une affaire délicate, qui nécessite des heures et des heures de réflexion...

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jeudi, 24 novembre 2011

Un député écolo dans l'Aveyron en 2012 ?

   C'est l'une des interrogations du moment dans le département. Déjà, le mois, dernier, la publication d'une étude prospective des législatives de 2012 avait provoqué des remous. Rappelons que cette étude prévoit, outre la reconduction d'Yves Censi et de Marie-Lou Marcel, le possible basculement à gauche de la troisième circonscription, celle de Millau.

   Le sortant, l'UMP Alain Marc, pouvait donc nourrir de légitimes inquiétudes. Mais tout cela, c'est sur le papier. Il reste à la gauche le plus difficile à faire : conquérir la majorité auprès des électeurs et, pour cela, présenter le(la) candidat(e) susceptible de rassembler le plus.

   On en était resté là lorsque fut signé un accord entre le Parti socialiste et EELV (Europe Ecologie Les Verts)... et, ô surprise, à la lecture d'un article du Monde, on découvrait que l'une des circonscriptions réservées par le PS à son encombrant allié était celle de Millau :

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    Un paquet de gens ont aussitôt pensé à un célèbre moustachu... mais José Bové a très vite déclaré qu'il ne serait pas candidat. A mon avis, il a bien fait. Il est certes très connu, il a le talent pour mener une campagne de cette envergure, mais il est trop clivant, pas assez rassembleur. Certains ont pensé à un "historique" de l'écologie aveyronnaise : Yves Frémion... qui a connu une belle série de gamelles électorales (la dernière aux cantonales 2008).

   Alors qui ? Léon Maillé, qui ne s'est pas si mal débrouillé que cela lors des cantonales 2011, à Millau-Ouest ? Mouais... Une autre personne ? Qui peut être l'oiseau rare ?

   Du coup, dans le Sud, certaines méchantes langues insinuent que le PS a déjà fait une croix sur cette circonscription, dont il estime qu'elle restera à droite.

mercredi, 23 novembre 2011

Rodez dans "L'Express"

   Ce mercredi, des Aveyronnais ont pu penser que la politique du chef-lieu suscitait l'intérêt de la France entière. Evidemment, il n'en est rien et, si la cité des Ruthènes fait la "une" de L'Express, c'est uniquement dans notre département (et peut-être les limitrophes, allez savoir).

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   Les "news magazines" sont coutumiers de ces couvertures locales, conçues pour faire vendre davantage de papier. A l'intérieur de l'hebdomadaire a été placé un petit cahier détachable de 8 pages, dont la première ressemble à ceci :

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   On commence par une double page titrée Un programme pas si commun, qui présente la situation politique générale sur le Piton, rappel de la conquête teyssèdrienne à la clé. Les pages suivantes analysent la mise en application des promesses du candidat Teyssèdre. Puisqu'on est dans la paraphrase historique, on peut se laisser à dire que, pour l'hebdomadaire centriste, le bilan est "globalement positif".

   Vient en premier la fiscalité, un point-clé pour l'équipe en place (après les années Censi qui avaient vu une croissance importante de la ponction fiscale locale). Le maire ne cache pas sa satisfaction et il rappelle l'évaluation louangeuse publiée cette année par le magazine Challenges.

   En terme de transport, les résultats sont aussi là, même si j'attends avec impatience de voir quels projets vont émerger au niveau de l'agglomération suite à l'adhésion de nouvelles communes, au premier rang desquelles Baraqueville. Il m'apparaît comme une évidence que la mise en place de dessertes cadencées Baraqueville - La Primaube - Rodez (par bus... mais pourquoi pas par train ?) serait un bon moyen de désengorger cet axe routier où circuler est devenu problématique à certains moments de la journée.

   L'élargissement de l'agglomération fait l'objet de remarques plus critiques. Et pourtant... C'est peut-être le début de la construction d'un territoire cohérent, qui pourrait regrouper entre 15 et 20 communes, et faire du Ruthénois un pôle d'attraction régionale.

   Le gros point noir reste le grand contournement de Rodez, dont la réalisation semble renvoyée aux calendes grecques. Sur ce sujet, je continue à penser que l'on n'a pas assez pointé les responsabilités de l'Etat et du Conseil général de l'Aveyron. L'accord tacite entre les services de la préfecture et la Majorité départementale pour enterrer le projet est à mon avis une connerie monumentale.

   La dernière page du mini-dossier est consacrée spécifiquement à l'opposition de droite, désunie... et pas franchement motivée. C'est un sujet de conversation sur le Piton, où les méchantes langues glosent sur l'absentéisme des élus des trois listes vaincues en 2008. Voyons ce qu'il en est.

   Grâce au site de la mairie de Rodez, on peut accéder aux comptes-rendus des séances du Conseil municipal depuis mars 2008 (l'An 1 de la Nouvelle Ere de Gauche Pitonnesque). Au début de chaque fichier figure la liste des présents et absents, excusés ou non. On peut donc se livrer à un petit calcul sur les 28 séances qui se sont tenues entre le 14 mars 2008 et le 21 octobre 2011.

   La palme de la non -présence revient à deux personnes, Hélène Boulet (seconde élue de la liste menée par Frédéric Soulié) et Jean-Philippe Murat (ex-numéro 3 sur la liste conduite par Jean-Louis Chauzy), qui n'ont assisté qu'à 5 des 28 séances ! Le second a peut-être souvent été retenu par des obligations professionnelles (et les difficultés de l'entreprise Drimmer). La première n'a pas été vue au Conseil depuis le 3 novembre 2008 !

   Derrière ces deux champions arrive l'une des têtes de liste de 2008, Frédéric Soulié, plutôt pugnace au début du mandat de Christian Teyssèdre, mais qui s'est progressivement effacé. Il n'a assisté qu'à 16 des 28 séances, dont 5 des 14 dernières.

   Lui succède un duo au profil similaire : Jean-Louis Chauzy et Bernard Saules, qui n'ont assisté qu'à 18 des 28 séances. Tous deux ont été plus assidus au début de la nouvelle mandature (J-L Chauzy n'a même manqué aucune des 9 premières séances), puis ont laissé leurs autres activités prendre le dessus. Si le président du CESER fait régulièrement parler de lui dans la presse et paraît toujours se soucier de l'avenir de Rodez, Bernard Saules semble la jouer plus perso. Il n'a de plus assisté qu'à 3 des 9 dernières séances dont le compte-rendu a été publié à la date où j'écris ces lignes. Il est vrai qu'entre le football, le Crédit agricole, le Conseil général et le Conseil municipal de Rodez, le bonhomme a largement de quoi s'occuper...

   Juste derrière se positionne Maïté Laur, ex-numéro 2 sur la liste Chauzy, qui a "séché" 9 des 28 séances.

   Il reste la bonne élève du groupe, Régine Taussat, qui n'a manqué que 5 des 28 séances. Que l'on partage ou pas ses opinions, on ne peut que la féliciter pour l'authenticité de son engagement politique. Qu'il me soit aussi permis de rappeler que, des "grands" candidats, elle fut la seule à émettre publiquement de fortes réserves sur le projet Soulages, s'engageant à consulter la population.

   P.S.

   Les curieux pourront s'amuser à consulter d'anciens articles consacrés à Rodez, non pas par L'Express, mais par Le Point, en septembre 2008. Trois méritent particulièrement le détour :

- La ville au banc d'essai, qui traite de la transformation du centre-ville, des écoles, du logement social, de la RN 88 et du sport

- Christian Teyssèdre se lâche, un portrait plutôt flatteur du premier magistrat municipal

- Musée Soulages : la polémique, un papier pas suffisamment critique à mon goût

dimanche, 20 novembre 2011

Colorful

   C'est un manga, adapté d'un roman japonais. Il est "plein de couleurs" parce qu'il est souvent question de peinture, à travers l'atelier artistique d'un collège, où se rejoignent certains élèves de 3e. C'est aussi une allusion au tempérament des personnages principaux, à plusieurs facettes.

   Au départ, l'histoire ne semble pas alléchante : on ne voit pas le personnage principal, que l'on ne fait qu'entendre. Il croit qu'il est mort. Pas de chance ! Il va devoir intégrer le corps d'un autre garçon, qui vient de se suicider. Voilà qui n'est guère réjouissant. Mais je vous assure que la séquence du "purgatoire" est brillante, souvent drôle. Et l'on se demande qui peut être ce curieux "employé du Ciel", ce garçon en costume-cravate...

   La suite est la découverte de la seconde existence de celui qu'on appelle Makoto Kobayashi. Le réalisateur a tenu à nous montrer la vie quotidienne d'une famille de "Japonais moyens". La façade est jolie (ils ont une maison, un intérieur coquet à défaut d'être luxueux, deux garçons propres sur eux), mais le fond est moins joyeux : le père est un gentil ringard, un brin alcoolique, très pris par son boulot minable ; la mère, qui a eu des faiblesses pour son professeur de danse, est d'une insupportable soumission à la maison ; le frère aîné semble être un jeune homme égoïste et le rescapé Makoto est un enfant gâté.

   Il est surtout décalé par rapport à ceux qui croient le connaître. Il n'a que quelques semaines pour mener à bien sa "mission"... qu'il ne connaît pas, en fait. On sent qu'il doit "réparer" certaines choses. Pour cela, il doit découvrir pourquoi le garçon qu'il remplace s'est suicidé. Il mène donc une petite enquête. Ce qu'il découvre n'est pas toujours joli joli.

   Mais l'âme réincarnée se rebelle parfois. Il veut n'en faire qu'à sa tête. (N'oublions pas que c'est un gamin.) Comme celui qu'il remplace n'avait visiblement pas d'ami, il tente de s'en faire. Il va aussi découvrir sa "famille", les voir sous un autre jour. Une des belles séquences le voit partir à la pêche avec son "père". On peut relever aussi les scènes de repas, vraiment réussies... et qui donnent faim !

   Les Occidentaux seront stupéfaits de découvrir un collège où les garçons portent l'uniforme et les filles la jupe et de grandes socquettes. Mmmm... Les Occidentaux seront peut-être aussi surpris par le respect de certaines convenances, la politesse des protagonistes. Heureux Japon... Du point de vue scolaire, on apprend que les lycées prestigieux sont publics, alors que les bahuts privés semblent appartenir à deux catégories : ceux qui acceptent tous les collégiens, quels que soient leurs résultats, et ceux qui offrent une formation très spécialisée (en arts plastiques, par exemple).

   Le dessin est agréable à regarder. Ce n'est pas du niveau d'un film de Miyazaki, mais cela a été fait avec soin, surtout au niveau des décors. C'est un peu plus limite quand les mouvements se font rapides.

   La fin nous propose un petit retournement... auquel on peut s'attendre si l'on a été attentif. (C'est pas pour me vanter, mais j'avais "intuité" depuis le début !) Je trouve toutefois le film un peu complexe pour des petits. Dans la salle où je l'ai vu, quelques parents n'avaient visiblement pas lu grand chose à son sujet avant d'y emmener leurs bambins. En dépit de la qualité de l'image et de l'intérêt porté aux relations entre ados, certains ont assez vite décroché... et ils n'ont pas dû comprendre certains traits d'humour.

   On peut glaner plus d'informations sur le site dédié.

14:01 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 19 novembre 2011

Tintin et le secret de la Licorne

   Cette adaptation est construite à partir de deux albums, Le Crabe aux pinces d'or (qui voit la rencontre entre Tintin et le capitaine Haddock) et Le Secret de la Licorne. On comprend la logique qu'il y a derrière : cela constitue une sorte de matrice, dont vont découler les autres films (le prochain fera sans doute intervenir le professeur Tournesol). Mais l'attelage est un peu bancal : je considère Le Secret de la Licorne nettement supérieur au Crabe aux pinces d'or.

   Après, que les scénaristes aient réécrit une partie de l'histoire ne me choque pas. Leurs choix ne sont pas forcément mauvais. On notera tout de même que le récit (par Haddock) de la vie de son ancêtre intervient, dans le film, dans une phase de sevrage d'alcool, alors que dans la bande dessinée, il nourrit son récit de fréquentes gorgées de boisson fermentée...

   Mon principal regret est le traitement subi par le second album, dont l'intrigue est quelque peu rognée pour que l'ensemble rentre dans le format d'un film d'environ deux heures. Exit donc les frères Loiseau (ce qui évitera au film de susciter l'ire des antiquaires), remplacés par une habile histoire de vengeance à plusieurs générations de distance. L'épisode du voleur de portefeuilles est aussi un peu bâclé : dans l'album, il est traité avec un grand soin graphique... et beaucoup plus d'humour.

   J'ai par contre apprécié l'introduction précoce de la Castafiore dans l'univers de Tintin. Sa présence se justifie d'une manière que je ne peux raconter ici sous peine de déflorer un peu trop l'intrigue. C'est bien trouvé.

   Les séquences d'action sont particulièrement réussies. On a l'abordage de la Licorne par le bateau-pirate, un grand moment en 3D. On se laisse aussi volontiers porter par l'incroyable poursuite marocaine, à pieds, en moto, en voiture, en char, dans les airs... jusque dans l'eau. On retrouve le souffle d'Indiana Jones... mais ce n'est pas du Tintin.

   Le film commence pourtant très bien, avec un générique virevoltant, puis un hommage à Hergé dans la première séquence. (Regardez bien qui fait le portrait de Tintin.)

   Mon gros problème est que je n'ai pas trop aimé les voix françaises des deux personnages principaux (Tintin et Haddock), qui me sont apparus moins sympathiques et fantaisistes que dans la BD. Par contre, j'ai adoré Milou, qui se comporte comme un mélange d'Idéfix et de l'adorable cabot de The Artist.

23:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma

vendredi, 18 novembre 2011

Contagion

   Pour se mettre dans l'ambiance de ce film, il faut imaginer une suite virtuelle à L'Armée des douze singes : le scientifique fou a réussi à mettre en oeuvre son projet de dissémination des germes, et le monde va subir une terrible épidémie... sauf qu'ici la cause est accidentelle.

   C'est d'ailleurs l'un des intérêts du film : découvrir, au fur et à mesure que l'enquête épidémiologique progresse, le chemin pris par la contamination, jusqu'à parvenir à remonter au "moment zéro". Je trouve néanmoins que le scénariste n'a pas assez exploité cet aspect de l'histoire.

   C'est d'abord une tranche de vies (pas du niveau de Short Cuts toutefois), un film sur l'humain de base confronté à une catastrophe sanitaire. Certains se révèlent être médiocres, d'autres des salauds, d'autres encore des héros. Le paradoxe est que ces humains ordinaires sont incarnés par une brochette de vedettes : Matt Damon (au poil en Américain moyen), Kate Winslet (mon kiff perso), Laurence Fishburne (très bon), Gouinette Patrop (qui joue juste, dans un rôle difficile), Jude Law, en internaute justicier à la noix et Marion Cotillard, un peu transparente en technocrate de la médecine au grand coeur.

   Si le déroulé de l'intrigue n'a rien de transcendant, le traitement est rigoureux, soigné, efficace (didactique même, pensent certains spécialistes), sans recherche d'effet catastrophe. C'est très bien joué... et, face aux stars, c'est une actrice méconnue qui remporte le ponpon, avec le rôle-clé.

   Le soir, après un bon repas, cela permet de digérer agréablement. Sans plus.

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mercredi, 16 novembre 2011

L'Aligot Bar de Toulouse

   J'avais découvert son existence grâce à la presse locale, notamment un article de Midi Libre paru il y a quelques mois de cela. Mais je n'y avais plus trop repensé par la suite.

   Récemment, de passage à Toulouse, j'ai profité d'un moment de détente pour rechercher l'établissement. Il se trouve en plein centre-ville, à proximité immédiate de la célèbre place du Capitole, rue du Taur :

société,économie

   A première vue, cela ressemble à nombre de sandwicheries qui peuplent les rues de la capitale midi-pyrénéenne. On y trouve même des produits standardisés... et d'autres, estampillés Aveyron. (On peut télécharger la carte sur le site internet dédié, joliment fait ma foi.)

   J'ai bien entendu commandé un aligot-saucisse. La portion n'était pas excessivement généreuse. C'était bon, mais un peu neutre de goût. On a semble-t-il limité l'apport en ail pour ne pas offusquer les palais délicats. La saucisse était très bonne.

   Pour faire passer la chose, j'ai pris un peu de vin blanc... non aveyronnais. (Je me suis permis de signaler aux personnes présentes l'existence de bons petits vins locaux, qui viennent d'obtenir l'AOC.)

   Pour le dessert, je n'ai pas cherché à faire original ni "terroir". Je me suis rabattu sur une crêpe au nutella... delicieuse !

   Pendant que l'on mange, on voit défiler sur un écran un film publicitaire à la gloire de notre département chéri. Je me suis demandé si ce n'était pas celui qui est sorti en 2006. (Si certaines images étaient identiques, il m'a semblé toutefois que le film diffusé dans le petit resto est plus court. Je n'ai pu comparer ni la musique ni le commentaire, vu que le son était coupé - ou trop bas.)

société,économie

lundi, 14 novembre 2011

Un mythe s'effondre

   J'ai apris la nouvelle (renversante) en écoutant le "portrait chrono" que Tanguy Pastureau lui a consacré ce week-end. George Clooney... oui, le George Clooney, le beau gosse qui les fait tomber comme des mouches, l'acteur drôle et subtil, le réalisateur pas manchot, le producteur engagé, ce George Clooney-là est... un mec normal !

   L'information a été puisée à bonne source : le magazine Rolling Stone, réputé pour la rigueur de ses enquêtes approfondies. Le 9 novembre est paru un article dans lequel on apprenait notamment que le chéri de ces dames a eu son premier orgasme en montant à la corde. Voilà qui n'a rien de surprenant : Clooney ado était bien dans la norme, c'est-à-dire excité comme une puce !

   Mais le plus incroyable est à venir dans la suite de l'article. Le VRP du café-express des bobos (dont une publicité a fait l'objet d'un détournement "équitable"...) avoue raffoler... des pets, qui le font mourir de rire, à tel point qu'il a téléchargé une application flatulente sur son téléphone portable (qu'on imagine très chic). Il a même acheté des coussins-péteurs déclenchables à distance...

samedi, 12 novembre 2011

Une Vie avec Oradour

   Ce documentaire est consacré, comme son titre l'indique, au massacre d'Oradour-sur-Glane. Il n'est pas le premier (et sans doute pas le dernier). Le réalisateur a donc adopté une démarche originale, comme il l'explique dans le passionnant dossier de presse publié à l'occasion de la sortie du film : il suit l'un des deux derniers rescapés encore en vie, Robert Hébras (auquel Libération a récemment consacré un joli portrait). Celui-ci raconte donc cette journée comme il l'a vécue.

   D'autres témoins ont été sollicités. Au final, le film réussit le tour de force de raconter de manière objective un événement, à partir de visions subjectives.

   Ceux qui se sont déjà rendus dans le village en ruines (dont une reconstitution en images de synthèse a été réalisée) reconnaîtront certaines rues et certains bâtiments. A travers les descriptions du rescapé, on suit à la fois le déroulement du massacre et son parcours de survie.

   La deuxième partie du film est consacrée à l'après-guerre. Le village est reconstruit à côté, laissant les ruines en place. Il faut vivre avec la douleur, l'absence des êtres aimés. Les survivants se font passeurs de mémoire. On suit l'évolution de Robert Hébras, dont on comprend qu'il fut sans doute longtemps germanophobe, avant de pouvoir faire la distinction entre les criminels de l'époque et les Allemands d'aujourd'hui. A ce sujet, une séquence émouvante le montre en compagnie d'un groupe d'élèves venus d'Allemagne avec leurs enseignants. C'est l'un des très beaux moments du film.

   On peut aussi y dénicher quelques "perles", comme ces extraits d'un documentaire allemand (eh oui !) tourné il y a plus de vingt ans. On y voit un Robert Hébras plus jeune présenter une partie des ruines devant des journalistes venus d'outre-Rhin. On y voit aussi l'un des responsables du massacre, Heinz Barth, aujourd'hui décédé. Il se déclarait très surpris d'apprendre qu'il y avait eu des survivants...

   Cela nous amène au procès de 1953, qui a vu s'opposer deux mémoires des victimes : celle des habitants d'Oradour et celle des "Malgré-nous", Alsaciens et Mosellans engagés de force dans l'armée allemande (voire les SS) : 13 d'entre eux (dont un engagé volontaire) étaient membres de la troupe qui a perpétré le massacre.

   Pour complexifier le tout, ajoutons que, parmi les 642 victimes, figurent des réfugiés originaires d'Alsace-Moselle (n'oublions pas que ces deux territoires ont subi, en 1940, une nouvelle annexion allemande), notamment du village de Charly, situé à proximité de Metz. A sa demande, il obtint de changer son nom en Charly-Oradour.

   Même si le film est bien fichu, je pense que rien ne remplace la visite des lieux. L'accès aux ruines est gratuit. Sur certains bâtiments, des plaques apportent des éléments d'explication. Mais peut-être vaut-il mieux commencer par la visite du Centre de la mémoire, qui explique le contexte du massacre et élargit à toute la Seconde guerre mondiale (et au-delà).

vendredi, 11 novembre 2011

Ici on noie les Algériens

   C'est un documentaire consacré au massacre du 17 octobre 1961, à Paris. Ce n'est toutefois pas une enquéte exhaustive sur les tenants et les aboutissants de l'événement. Le film prend la forme d'un déroulé chronologique, qui s'appuie sur des documents d'époque et les témoignages de rescapés et de proches des victimes.

   Premier constat : c'est fou ce que l'on peut retrouver comme images d'archives ! Si, en France, le bilan de ce massacre a été longtemps occulté, force est de constater que la manifestation comme la répression, même atténuée, sont présentes dans les médias de l'époque.

   On pourra regretter que la réalisatrice (qui s'est auparavant intéressée aux massacres de Sétif) n'ait pas choisi de consacrer davantage de temps au contexte de la manifestation : la guerre d'Algérie finissante. Cela aurait permis de mieux cerner les motivations des autorités de l'époque. On se place tout de même dans une séquence hyperviolente, commencée le 8 mai 1945 (et à la Toussaint 1954 pour la guerre en tant que telle). N'oublions pas non plus que, pour l'Etat français, "l'affaire algérienne" est officiellement une série d'opérations de maintien de l'ordre, pas une guerre (dont l'existence n'a été reconnue qu'en 1999...).

   Les moments que j'ai trouvés les plus intéressants sont cependant les témoignages (contemporains) des femmes, sur le déroulement de la manifestation, la répression, leur vie sans leur mari, leurs démarches pour le retrouver. Certaines font même parfois preuve d'un humour étonnant. (On peut en lire d'autres sur un site dédié au 17 octobre 1961.)

   Reste que le film m'est apparu long. Il ne dure pourtant qu'1h30, mais je dois avouer que, durant la première partie, il m'est arrivé de piquer du nez ! C'est, je pense, une des limites du documentaire cinématographique. Un format de 45-50 minutes est plus adapté. Sauf exception, la télévision se prête donc mieux à sa diffusion. Pour maintenir l'intérêt sur une plus longue durée, il faut que le documentaire soit porté par une verve polémique talentueuse, ou qu'il soit d'une exceptionnelle qualité. Ce n'est pas le cas ici. C'est un travail intéressant, sans plus.

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dimanche, 06 novembre 2011

La Couleur des sentiments

   Ce n'est pas le titre d'origine, qui est The Help ("La Domestique" ou "La Femme de ménage"), directement inspiré du livre écrit par Kathryn Stockett, dont la biographie n'est pas sans ressembler à celle du personnage de Skeeter.

   Je pense qu'on a changé le titre pour que les spectateurs français adultes fassent le rapprochement avec le film de Steven Spielberg La Couleur pourpre (lui aussi adapté d'un roman). Dans les deux cas, l'action se passe dans le sud des Etats-Unis. Dans les deux cas, les Noirs sont confrontés à la ségrégation. Dans les deux cas, ce sont d'abord des histoires de femmes. La grande différence est l'époque : le début du XXe siècle pour La Couleur pourpre, les années 1960 pour The Help.

   C'est donc d'abord un film d'actrices, où les personnages masculins, fait exceptionnel, sont au second plan. Ma préférée est sans conteste Octavia Spencer, qui joue Minny Jackson, une employée à fort caractère, dont les pâtisseries sont renommées. Son gâteau au chocolat va occuper une place particulière dans l'intrigue...

   Du côté des Blanches, j'ai apprécié Jessica Chastain, dont le rôle de fofolle contraste fortement avec celui qu'elle a interpété dans L'Affaire Rachel Singer. Bryce Dallas Howard est aussi très bien en insupportable pétasse. Dans un rôle plus difficile (celui d'une mère non raciste, mais qui n'assume pas devant ses fréquentations très traditionnalistes), on peut noter la performance d'Allison Janney, récemment remarquée dans Life during wartime. Enfin, les plus âgés (ou cinéphiles) seront heureux de retrouver Sissy Spacek, qui n'est plus la jeune femme révélée par Carrie au bal du diable, mais une grand-mère caractérielle qui déteste sa fille.

   L'histoire tourne autour des relations entre les nounous noires et les enfants dont elles ont (eu) la charge. Ce sont finalement elles qui les élèvent, et non les mères biologiques, accaparées par l'organisation de goûters, de réunions ou de soirées... où toutes les tâches ingrates sont exécutées par les domestiques.

   C'est un aspect "quotidien", trivial, de la ségrégation qui joue le rôle de détonateur. En effet, alors que dans presque toutes les circonstances, les législateurs ont prévu de séparer les Blancs des autres, dans les maisons où travaillent les domestiques se pose la question de l'usage des toilettes (et même du papier hygiénique). Au départ anecdotique, le sujet va prendre des proportions inattendues... et franchement cocasses !

   C'est le passage par l'écrit qui met le feu aux poudres. L'étudiante blanche anticonformiste, de retour dans sa ville natale, constate qu'elle tranche sur l'opinion moyenne des gens de son milieu. Elle décide de donner la parole aux employées noires... avec les risques que cela comporte. Ce film est donc aussi un hommage à l'écriture, qu'elle soit sous forme journalistique ou romancée.

   Et l'amour dans tout cela ? Il est difficile à trouver aussi bien pour les Blanches que pour les Noires. Les hommes noirs sont singulièrement absents de cette histoire (à une exception près). Les rares fois où il en est question, les maris sont dépeints comme violents. Du côté des Blancs, le tableau n'est pas meilleur. S'ils ne frappent pas leurs épouses, les maris imposent quand même leur loi et, quand ils sont gênés, ils ont tendance à se défiler. Quelques (rares) figures viennent heureusement nuancer ce tableau peu réjouissant. (Signalons que le film a été réalisé par un homme !)

samedi, 05 novembre 2011

L'Exercice de l'Etat

   Ce titre étrange, sur lequel butent nombre de spectateurs, est (à mon avis) le résultat du téléscopage de deux expressions : "l'exercice du pouvoir" et "le service de l'Etat".

   A priori, on assimile l'exercice du pouvoir aux postes ministériels et le service de l'Etat aux hauts fonctionnaires. Mais, un bon ministre ne doit-il pas avoir le sens de l'Etat ? Un haut fonctionnaire n'exerce-t-il pas une partie du pouvoir ? D'où le mélange.

   Le film tourne autour de deux personnages principaux, le ministre, auquel Olivier Gourmet donne son corps et son tempérament, et le directeur de cabinet, incarné par un Michel Blanc d'une éblouissante sobriété.

   Le ministre est membre d'un gouvernement "PR". Il ne s'agit bien évidemment pas de feu le Parti républicain, devenu Démocratie libérale, qui s'est fondu dans l'UMP. Le PR est donc un avatar du parti présidentiel. Mais le héros n'en est apparemment pas membre... ou à moitié. On lui prête une sensibilité plus centriste. On pourrait le rapprocher du Parti radical valoisien ou, à la rigueur, du Nouveau centre.

   Le directeur de cabinet est sans aucun doute un ancien membre de l'ENA. (Jean-François Carenco a-t-il servi de modèle ?) Il en a la componction et les réseaux. C'est aussi incontestablement un gaulliste. L'une des plus belles scènes du film nous montre Michel Blanc en train de s'habiller au son du (superbe) discours prononcé par André Malraux lors de la panthéonisation de Jean Moulin.

   Gilles-Michel Blanc agit dans l'ombre. Il connaît presque tout le monde, dans le gouvernement et en dehors. Mais il n'utilise pas ces réseaux pour servir ses intérêts (contrairement à l'un de ses camarades de promotion, une fripouille que Didier Bezace est chargé de rendre sympathique). Il nous est présenté comme un quasi-moine-soldat républicain. L'opinion commune aurait pu conduire les scénaristes à faire de ce personnage quelqu'un de plus malfaisant. C'est au contraire, à mon avis, des puissants qui nous sont montrés, le plus honnête et le plus noble. Toute la haute fonction publique n'est hélas pas faite du même métal...

   Face à lui s'agite Bertrand Saint-Jean, un type sympathique, aux idées généreuses, bosseur, pas frimeur... mais quand même ambitieux et un peu hypocrite... "qualités" indispensables à qui veut aujourd'hui faire carrière en politique, semble nous dire le réalisateur... On n'est pas obligé d'adhérer au propos.

   Autour d'eux gravitent les huiles, les sous-fifres et les gens "normaux".

   On entraperçoit les "huiles" à plusieurs reprises. On retiendra tout particulièrement Stéphane Wojtowicz, très bon en président de la République. On nous a épargné le portrait d'un agité bling bling. On nous propose la vision d'un politique manipulateur... tout de même obsédé par la consultation de son téléphone portable.

   Voilà un objet dont le réalisateur a su faire un argument cinématographique. Presque tous les personnages sont équipés d'un "smartphone", qu'ils consultent le plus souvent possible (au point qu'au cours d'une réunion confidentielle, le Premier ministre prenne la peine d'interdire aux participants de le maintenir allumé). A intervalles réguliers s'affichent sur l'écran les textos reçus ou envoyés et les dépêches AFP. Ils contribuent à relancer l'action ou lui donnent une profondeur inattendue.

    Une remarque sur le style : c'est du cinéma de bonne facture, soigné, qui privilégie le réalisme... à quelques exceptions près : quelques moment oniriques (qui ont beaucoup excité la critique...) ont été intercalés. Ils ne sont pas inintéressants, mais n'apportent pas grand chose au film, selon moi.

    Pas très loin des dirigeants, on rencontre les sous-fifres, les intrigants. Le film ne met en lumière que certains d'entre eux, pas de manière très flatteuse. On doit distinguer l'entourage du président de la République et du Premier ministre, plus distant, de celui du ministre (plutôt hétéroclite), avec lequel on nous familiarise. (On peut s'amuser à essayer de trouver des correspondances avec l'ancien cabinet de Jean-Louis Borloo.)

   Enfin, à l'arrière-plan, se profilent les "gens du peuple" (90 % de la population tout de même !). Ils sont incarnés par des manifestants hargneux et un couple, dont l'homme devient chauffeur du ministre. La séquence la plus marquante est celle de la soirée durant laquelle le ministre, esseulé, partage le repas de ce couple et engage, à moitié ivre, un débat avec son hôtesse, qui lui "rentre dans le lard".

   Si cette séquence est formellement réussie, sur le fond, elle ne m'a pas beaucoup plu. Elle est construite sur un postulat favorable au ministre : le pauvre gars est tout seul, il n'a pas d'ami, mais voyons c'est un type bien qui veut servir son pays. On ne donne pas assez la parole aux vraies gens dans ce film. Il aurait pourtant été possible de tracer un parallèle entre la vie sans paillettes des Français moyens et celle de ceux qui évoluent dans le tumulte politico-médiatique.

   On perçoit clairement le parti-pris de la réalisation lorsque le ministre se trouve confronté à des manifestants (de la CGT principalement : on prend soin à ce que les drapeaux rouges soient visibles à l'écran), qui menacent de le bloquer. On ne saura pas vraiment pourquoi ces hommes et ces femmes se comportent ainsi, mais on est vraiment content que le ministre s'en sorte !

   C'est au second degré qu'une critique est émise. On peut ainsi analyser l'accident de voiture de manière métaphorique : de la même manière que le choix, par le ministre, d'un itinéraire non sécurisé conduit à la mort d'un personnage, la politique menée par le gouvernement détruit les vies de citoyens qui en subissent les conséquences. Mais faut vraiment aller chercher loin !

   Si l'on fait abstraction de ces limites, cela reste un très bon film, servi par une pléiade d'acteurs excellents.

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vendredi, 04 novembre 2011

Allah queue leu leu...

   ... tout le monde s'éclate, apparemment ! Et pourtant, à la base, il s'agit d'une tragique affaire : Charlie Hebdo insulté, Charlie Hebdo piraté, Charlie Hebdo incendié... mais Charlie Hebdo "libérationné", "libérationné" par lui-même, "libérationné" par le peuple journalistique... avec le concours des autorités de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière ! (Pour écouter l'auguste original, allez ici.)

   L'objet du courroux est le numéro qui porte cette couverture :

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   Signalons que mercredi matin, à 10 heures, il était introuvable à Rodez. Voilà un succès qui, s'il n'est pas, pour l'instant (attendons la réimpression), aussi important en volume, n'est pas sans rappeler la ruée qui s'était produite sur le numéro reproduisant les caricatures de Mahomet.

   Hébergés dans les locaux de Libération donc, les rescapés de Charlie ont bricolé un quatre-pages qui a servi ce jeudi de surcouverture au quotidien des bobos de gauche :

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   A l'intérieur, on trouve un peu de texte (pas super intéressant) et une brochette de caricatures, dont la meilleure est à mon avis celle-ci :

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   On peut en découvrir davantage sur le site internet du quotidien.

   D'autres organes de presse, qui prisent moins le dessin satirique, ont manifesté leur soutien. Le Monde publie les caricatures de son confrère, que je n'ai pas trouvé très inspirées. Plus intéressants sont les dessins de Cartooning for peace, en particulier celui-ci :

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   Plusieurs de ces oeuvres sont aussi visibles (parmi d'autres) sur le site de Courrier international (une publication du groupe Le Monde, faut-il préciser). J'aime beaucoup ce qu'a fait Kap :

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   Pour revenir à l'affaire, il faut préciser que, pour l'instant, on ne peut établir aucun lien direct entre l'incendie volontaire et les deux piratages du site internet de l'hebdomadaire satirique.

   Dans le premier cas, d'après un témoin (un chauffeur de bus ?), deux (ou trois) hommes en capuche auraient été vus, vers minuit ou une heure du matin. Au passage, ils avaient préparé leur coup, repéré les lieux, puisqu'aucun signe extérieur ne permettait d'identifier le siège de Charlie Hebdo, récemment déplacé.

   Plusieurs heures plus tard, c'est le site internet qui a été attaqué, à deux reprises. Signalons que ceux qui revendiquent l'une des attaques (des hackers turcs) se démarquent clairement de l'incendie criminel. C'est finalement leur attaque qui a été la plus efficace puisque, au moment où j'écris ces lignes, le site internet de Charlie Hebdo est toujours hors service, alors que le journal, dont les sauvegardes n'ont pas été détruites, va être réimprimé. Il a de surcroît bénéficié d'un bon coup de pub. Les incendiaires, quels qu'ils soient, n'ont finalement pas fait énormément de dégâts.

mercredi, 02 novembre 2011

De bon matin

   Jean-Pierre Darroussin incarne un cadre bancaire, la cinquantaine. Il gagne bien sa vie. Il vit dans une grande maison (dont on pense qu'il est propriétaire), dans une banlieue calme et verdoyante. Sa femme est belle, son fils lycéen a des projets.

   Sauf que... ce matin-là, Pierre Wertret s'est levé très tôt. Il laisse sa 407 (rutilante) au garage et se rend au travail à pieds, puis en bus. En arrivant, il sort un pistolet de son sac et abat deux de ses collègues. Il s'enferme ensuite dans un bureau (dont on va apprendre qu'il s'agit de son bureau, enfin de son dernier bureau).

   La suite est une série de retours en arrière, par touches impressionnistes. On comprend que l'ambiance au boulot s'était dégradée. Pierre est en conflit avec son supérieur hiérarchique (Xavier Beauvois, qui excelle à incarner cette petite enflure). Il regrette le départ de son précédent patron, qu'on a semble-t-il poussé vers la sortie... et dont il aurait bien aimé récupérer le poste.

   Les scènes de bureau sont vraiment très bonnes. On nous y montre ces petites rivalités, ces hypocrisies et ces signes plus ou moins perceptibles qui permettent de comprendre qu'untel est bien en cour, ou au contraire mis au rancart. On perçoit de l'intérieur le drame de ces employés bosseurs, fidèles, qui, une fois passée la cinquantaine, sont perçus comme des poids, des ringards.

   Même dans son couple le héros souffre. Sa femme, bibliothécaire investie dans l'humanitaire, n'a pas du tout le même vécu professionnel. Elle finit par le quitter. Reste son fils, adolescent finalement moyen, pas méchant mais plutôt velléitaire, loin donc de son opiniâtre père qui a dû se battre pour avoir tout ce dont lui profite.

   La réalisation est classique. C'est le montage qui est brillant. La succession des moments est porteuse de sens. C'est parfois proche de la virtuosité, comme lorsque le héros raconte ses débuts professionnels à un nouveau collègue et que, superposée à la voix de Darroussin qui raconte, s'affiche une scène dans laquelle on le voit plus jeune, moustachu, déambulant timidement entre les rayons d'une bibliothèque où travaille une femme à laquelle il veut se lier. Le procédé nécessite néanmoins un effort d'attention de la part du spectateur : c'est lui qui doit faire le lien entre ces morceaux qui, petit à petit, s'assemblent.

   On s'approche ainsi de la fin. Sentant son monde basculer, le héros tente de relancer sa carrière et sa vie personnelle. Il fait des démarches pour changer de travail, revoit son ancien patron, tente de se réconcilier avec un vieil ami avec qui il aimerait organiser un voyage en bateau. L'une de ces solutions finit-elle par s'imposer ? Je vous laisse le découvrir à la toute fin du film.

    P.S.

   Le réalisateur, Jean-Marc Moutout, nous avait déjà offert un film un peu dans la même veine : Violence des échanges en milieu tempéré. Depuis les années 1990, en France, on a pu voir dans les salles plusieurs (bons) longs métrages traitant du monde de l'entreprise, comme Ressources humaines (de Laurent Cantet), Extension du domaine de la lutte (de Philippe Harel) et Le Couperet (de Costa Gavras).

20:11 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

Une chanson de circonstance

   Aujourd'hui 2 novembre nous rendons hommage aux morts... chacun à notre manière. (Il y a même de fortes chances que cet hommage ait été rendu hier 1er novembre, jour de tous les saints, qui a l'avantage d'être férié.)

   L'auteure-compositrice-interprète GiedRé, qui a sorti un épatant CdVd l'été dernier, a marqué le coup à sa manière... très particulière.

   Sur Youtube (et sur son profil Facebook) a été récemment mis en ligne un nouveau titre : Le ver de terre.

   Bonne écoute...

mardi, 01 novembre 2011

Un modèle économique ? (2)

   C'est de nouveau au Monde que l'on doit un article intéressant sur les entreprises à la fois humaines et profitables, des PME en général. La semaine dernière, ce sont des Allemands qui ont été mis en valeur. Ce mardi, c'est une société française qui est à l'honneur, à travers un papier intitulé "Toiles de Mayenne résiste depuis son abbaye cistercienne".

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   Cette entreprise s'est concentrée sur un créneau : le tissu décoratif de qualité (mais pas de luxe). Elle s'appuie sur le savoir-faire d'une maine-d'oeuvre française en majorité et sur des machines qu'on essaie de faire durer.

   La gestion est donc rigoureuse. On ne table pas sur des profits gigantesques... et on les réinvestit dans l'entreprise. On remarque que la bonne santé de l'entreprise ne dépend pratiquement pas du marché international, ce qui pourrait devenir un handicap si les dirigeants tablent sur la croissance de l'activité. On remarque aussi que les descendants des fondateurs ont veillé à limiter l'arrivée d'investisseurs extérieurs, pas toujours soucieux du long terme.

   La politique salariale est audacieuse, depuis le XIXe siècle. Des maisons ont été construites pour les ouvriers, une école laïque ouverte (en 1835 !) pour leurs enfants... et ceux des dirigeants. Une prime d'intéressement généreuse (pouvant atteindre 30 % du salaire) a été mise en place.

   Certes, depuis l'époque glorieuse de l'industrie textile française, le nombre d'ouvriers a fortement diminué et l'on sous-traite une partie de l'activité en Inde, Espagne et sans doute Europe de l'Est, mais le chiffre d'affaires a augmenté, les productions semblent s'être diversifiées et des magasins ont même été ouverts. Comble de la modernité : l'entreprise est présente sur la Toile !

   Pour en savoir plus, on peut lire aussi un article publié sur un site professionnel en 2006.

lundi, 31 octobre 2011

Another silence

   Les Français ne sont pas nombreux à le savoir, mais Marie-Josée Croze est canadienne (québécoise, pour être plus précis). Il n'est donc pas si étonnant que cela de la retrouver à l'affiche de cette coproduction internationale, tournée en anglais et en espagnol, et dont l'action se déroule au Canada puis aux confins de l'Argentine et du Chili.

   Cette fois-ci, l'abonnée aux seconds rôles occupe la tête d'affiche... pour mon plus grand plaisir, tant j'ai apprécié ses compositions dans des films aussi divers que Ne le dis à personne, Jacquou le Croquant, Le Scaphandre et le papillon ou encore Liberté.

   Signalons que le réalisateur, Santiago Amigorena, a auparavant écrit pour Cédric Klapisch : Le Péril jeune, Peut-être et Ni pour ni contre, bien au contraire.

   L'affiche (construite autour d'une image extraite de la dernière partie du film) pourrait tromper son monde. En effet, à la base, il s'agit de l'histoire d'une policière dont le mari et le fils sont assassinés, et qui décide de se venger.

   On pourrait donc imaginer que cette femme va être une sorte de décalque de l'inspecteur Harry ou de l'agent du NCIS Gibbs voulant liquider l'assassin de son épouse et de sa fille. Ce n'est pas tout à fait cela.

   Le début laisse beaucoup de questions en suspension. On ne sait tout d'abord pas quel est le mobile du double meurtre. Est-ce lié aux fréquentations du gamin ? Est-ce parce que la mère est policière ? Est-ce à cause de la profession du mari, que l'on ne découvre que plus tard dans le film ? Mystère. Même le passé de la jeune femme recèle des zones d'ombre.

   Tout est construit autour du personnage de Marie, une femme non pas furieuse, mais froide et déterminée. Il faut avoir perdu quelqu'un de cher ou avoir eu au moins une fois dans sa vie envie de vraiment tuer pour comprendre ce qu'elle peut ressentir. C'est d'ailleurs l'une des limites du film. Si l'interprétation de M-J Croze est irréprochable, le scénario et la mise en scène ne permettent pas tout à fait à quelqu'un d'extérieur d'entrer dans le personnage. Ceci dit, c'est peut-être voulu. Elle garde cet aspect irréductible, cette part d'étrangeté qui la rend si particulière.

   Du coup, ce qu'on prend parfois pour du courage n'est qu'une fuite en avant sans émotion. Bon, d'accord, la dame a les ovaires bien arrimées, n'hésitant pas à s'attaquer à tout type de truand. Mais on finit par comprendre qu'elle n'a plus peur de la mort, ayant perdu ses raisons de vivre.

   Elle part à la recherche de l'assassin et du commanditaire en Amérique du Sud. Cela nous vaut des scènes magnifiques tournées en Argentine et au Chili, dans des régions où les habitants sont majoritairement des Indiens. L'héroïne y fait des rencontres surprenantes et les paysages sont splendides. Dans une belle salle, sur un grand écran, c'est chouette !

   (Je mets un bémol à cause de la fin que, comme d'autres spectateurs, je n'ai pas appréciée, même si elle se comprend. Cela n'enlève rien à la qualité du reste du film.)

  

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Les Marches du pouvoir

   Le titre originel, The Ides of March ("Les Ides de mars") est à mon avis plus explicite : il fait allusion à l'assassinat de Jules César, notamment par Brutus, le fils de sa maîtresse. Cela invite le public cultivé à faire le parallèle entre le gouverneur Mike Morris (George Clooney lui-même, impeccable), favori des primaires démocrates (et considéré donc comme le futur président) et le général romain. Reste à savoir qui va trahir le candidat... ou s'il n'a pas un fils (adoptif).

   Comme le film a été conçu à la fin du second mandat de George W. Bush, l'intrigue prévoit un basculement électoral en faveur des démocrates. Le gouverneur est un vrai progressiste : il croit en la parole donnée, n'aime pas les tripatouillages, est un fervent promoteur des énergies renouvelables et s'oppose à l'aventurisme guerrier de l'administration sortante. Cerise sur le gâteau : il est beau gosse et semble très amoureux de sa femme, qui, bien entendu, est intelligente et compréhensive (très belle scène dans la voiture à la clé).

   La victoire semble lui tendre les bras. Il est soutenu par un conseiller en com' redoutable (et fidèle), incarné avec brio par Philip Seymour Hoffman (dont on a déjà pu admirer le jeu à maintes reprises, comme dans Good Morning England, La Guerre selon Charlie Wilson, 7h58 ce samedi-là...), épaulé par un jeune et brillant assistant aux dents longues (Ryan Gosling, l'étoile montante).

   Du côté de la distribution, il faut signaler la composition de deux autres acteurs : la jeune Evan Rachel Wood (révélée dans Whatever works) en fausse ingénue, fragile au fond, et Paul Giamatti, sorte d'homme à tout faire des seconds rôles hollywoodiens, excellent en adversaire retors.

   Le véritable personnage principal est le jeune conseiller, qui se retrouve au carrefour des intrigues, tantôt manipulateur, tantôt manipulé. C'est donc un bon thriller politique qui nous est offert. On vit de l'intérieur une campagne de primaires, avec ses enjeux sous-jacents.

   Sur le fond, le propos est assez cynique (à l'image de ce qu'on a pu voir, dans un contexte différent, dans Jeux de pouvoir), mais pas forcément désabusé. En cela, il s'accorde bien avec le titre français. Jusqu'où peut-on (doit-on ?) pousser les compromissions pour accéder au pouvoir ? Sur qui est-on prêt à "marcher" ? à s'appuyer ? Même si on trouvait déjà ce questionnement dans Bulworth (de et avec Warren Beatty) et Primary Colors, il est ici particulièrement bien maîtrisé, corseté par un scénario qui se concentre sur les enjeux politiques globaux et les choix individuels.

   Au niveau de la mise en scène, il n'y a rien à dire. C'est propre et maîtrisé, au service du propos. De temps à autre, Clooney se permet quelques effets. Cela m'a rappelé Good Night and good luck, sa deuxième réalisation. C'est peut-être un peu moins "léché", mais le fond du film est plus dense. A voir, donc.

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dimanche, 30 octobre 2011

Les Hommes libres

   Le titre pourrait faire référence aux "Français libres" qui se sont battus contre l'occupation allemande. Dans ce film il est question des Maghrébins vivant en métropole, certains s'étant engagés dans la Résistance, allant jusqu'à sauver des juifs.

   On voit qu'au-delà de la reconstitution historique (sur laquelle on peut émettre quelques réserves) et du film d'action, il va être question d'œcuménisme : face aux grands méchants nazis (et à leurs infâmes collaborateurs), des hommes de bonne volonté et de toutes origines ont su se rapprocher.

   Le centre névralgique du système (et du film) est la mosquée de Paris, dirigée par un recteur (son fondateur Kaddour Benghabrit) incarné avec bonhomie par l'incroyable Michael Lonsdale (dont on a récemment encore pu admirer le talent dans dans Des Hommes et des Dieux), qui donne son rythme au film.

   Le personnage moteur est le jeune Younes, d'abord trafiquant, qui manque de peu de basculer dans la collaboration, puis amoureux et résistant, de plus en plus engagé. L'un des intérêts du film est de montrer son évolution. Cet aspect est hélas gâché par l'interprétation. Je trouve l'acteur (Tahar Rahim) vraiment peu expressif, quasiment toujours dans le même registre. C'est peut-être voulu mais alors c'est un choix maladroit.

   Les seconds rôles sont brillamment interprétés. Il aurait peut-être fallu que l'officier allemand ait un accent plus prononcé : il parle un peu trop bien français.

   Le film mérite le détour aussi par la musique qu'on y entend, une musique "orientale", élaborée mais sans fioritures. Un tambourin, à demi extorqué puis revendu, joue un rôle dans l'intrigue.

   Restent ces Nord-Africains, authentiques résistants (le grand public sait, depuis Indigènes, qu'ils ont permis de refonder l'armée française dans les années 1941-1945), futurs combattants indépendantistes (algériens, mais aussi marocains...). Je pense que ce film, mieux que Hors-la-loi, fait comprendre que, pour un Maghrébin anticolonialiste, la lutte pour l'indépendance a été perçue comme la continuation du combat contre l'occupant nazi. A court terme, leur courage a été bien mal récompensé. Ce film apporte donc des éléments permettant de mieux comprendre une époque complexe... et il est plutôt bien fichu.

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samedi, 29 octobre 2011

Des politiques à l'ancienne

   L'anecdote figure dans Le Nouvel Hebdo de cette semaine. Vous pouvez donc passer sur les articles engagés en faveur de la majorité départementale, qui attaquent de manière un peu trop systématique (à mon avis) les élus de gauche (mieux vaut aller lire dans Le Ruthénois la page consacrée à l'entrée de Baraqueville dans le Grand Rodez, carte intéressante à la clé), pour passer page 3 à celui qui est signé Donato Pelayo : Choisir ses candidats.

   Il y est fait allusion à un élu héraultais d'origine aveyronnaise, aujourd'hui décédé. Il aurait été le seul de sa classe à échouer au Certificat d'Etudes. Il n'en a pas moins réussi une belle carrière politique, au prix de quelques "accommodements".

   L'article ne cite pas le nom de l'élu, mais j'ai quand même fini par trouver de qui il s'agit : René Couveinhes. Il a été député de l'Hérault entre 1968 et 1973, puis de 1986 à 1997, soit 15 ans au total (et non pas 24, comme il est écrit dans Le Nouvel Hebdo). Entre temps, il a exercé de nombreux mandats locaux, notamment celui de maire de La Grande Motte.

   Le voici tel qu'il était lors de son premier mandat :

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   Et le voici 25 ans plus tard :

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   On en apprend davantage sur lui grâce à une étude qui lui a été consacrée en 1995 : La stratégie de la discrétion.

   Il a fait partie de ces élus gaullistes "du terroir" (qu'on a pu qualifier de clientélistes), d'origine modeste, qui ont fait le succès de l'UNR, de l'UDR puis du RPR. Il a été comparé à Charles Pasqua, dont il se sentait "philosophiquement" proche. (On pense qu'il a été membre du SAC.)

   Il était donc d'origine aveyronnaise par ses parents, installés à Castelnau-le-Lez, où le papa (Augustin) tenait un café. L'étude semble indiquer qu'il a obtenu son Certificat d'Etudes, mais rien d'autre, contrairement à ce qu'il a prétendu par la suite.

Après le certificat d'études primaires, il fréquente le lycée Bérard jusqu'en classe de première et s'inscrit à la faculté pour obtenir la capacité en droit. Mais il n'y reste pas.

   Peu importe après tout. Il s'est bien implanté dans l'Hérault et a grimpé les échelons au sein de l'UDR. Il obtient l'investiture en 1968 et profite de la vague gaulliste. Mais il est battu en 1973... par un certain Georges Frêche. Les deux candidats ont misé sur le vote des rapatriés, mais Frêche a joué sur l'antigaullisme de l'extrême-droite pour en récupérer les voix au second tour, qu'il a remporté de peu.

   René Couveinhes s'est ensuite davantage investi au niveau local, avant de redevenir député. Pour la petite histoire, on peut ajouter qu'il a mis le pied à l'étrier de son fils Philippe (à la mairie de La Grande Motte), qui a cependant été rapidement évincé, avant de décéder prématurément.

   Du coup, c'est un autre politique local qui tente de récupérer l'héritage, Jean-Pierre Grand, dont il est aussi question dans l'article du Nouvel Hebdo. Il n'y est pas nommément désigné, mais on peut deviner assez facilement de qui il s'agit : l'un des députés héraultais (de droite donc) à être maire, ancien attaché parlementaire. Outre la commune qu'il gère (Castelnau-le-Lez), il a en commun avec son illustre prédécesseur l'absence de références scolaires. Cela ne l'a pas empêché de "réussir" en politique, mais c'est un profil qui devient rare.

   La boucle est bouclée quand on fouille un peu son profil d'élu (les anciens mandats locaux). On y découvre qu'il a un autre point commun avec René Couveinhes : les attaches aveyronnaises. En effet, avant de se faire élire à Castelnau-le-Lez, il a été conseiller municipal à La Cavalerie, dans le Sud de l'Aveyron.

vendredi, 28 octobre 2011

Copié (presque) collé

   Cette semaine, il a beaucoup été question de la venue en Aveyron de la secrétaire d'Etat chargée de la famille, Claude Greff. Je ne vais pas m'attarder sur les polémiques diverses soulevées par sa visite et la politique de l'Etat en matière d'accueil de la petite enfance. Je me suis plutôt intéressé à la manière dont la presse locale a rendu compte de sa visite, notamment à Espalion.

   C'est aujourd'hui vendredi que j'ai réalisé que les articles parus dans La Dépêche du Midi (le 25 octobre) et le Bulletin d'Espalion (le 28 octobre) sont quasiment identiques. Seuls diffèrent les titres... et une phrase, qui ne figure que dans le quotidien :

Claude Greff a souligné les attraits d'un tel équipement qui permet «une mutualisation des moyens autour de la petite enfance».

   On note aussi quelques nuances de détail. Le Bulletin précise que le nombre d'allocutions (c'est-à-dire de discours...) a été de sept et que l'avion (en retard) venait de Paris. (Et vive le développement durable !) La Dépêche ne prend pas la peine de donner toutes les fonctions occupées par Jean-Claude Anglars (la moitié du journal y passerait).

   Qu'est-ce qui peut expliquer une telle similitude ? Comme les articles ne sont pas signés (et les photographies pas créditées), on peut penser qu'il s'agit du communiqué de presse officiel, distribué par les organisateurs de la cérémonie aux gentils envoyés spéciaux (s'il y en a eu).

   C'est donc au niveau des photographies que les deux journaux se distinguent... Pas tant que cela, en fait. Proximité oblige, le Bulletin en publie deux (+ une troisième dans le diaporama de la page Actualité du site internet ; elle se trouve en "une" de la version papier). La première est visible (en petit) sur la version numérique de l'article. En voici la version papier :

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   Elle a été prise pendant l'un des fameux discours, celui de Gilbert Cayron... qui a l'air d'ennuyer grave Jean-Claude Luche, tandis qu'Yves Censi est en train de mater un truc visiblement bien plus intéressant (une jolie paire de jambes ?) au fond de la salle.  

   J'ai encadré l'un des deux élus dont le nom n'est cité par aucun organe de presse. Il s'agit de Guilhem Serieys, qui représentait le Conseil régional (qui a quand même mis 135 000 euros dans une garderie du Nord Aveyron). Il fait donc partie des sept personnes qui se sont exprimées. On peut d'ailleurs retrouver le texte de son allocution sur son blog.

   Une seconde photographie est visible dans la version papier du Bulletin :

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   (Je l'ai un peu raccourcie sur les côtés pour que certains détails soient plus apparents. Les marmots que j'ai "coupés" me pardonneront.)

   La mise à l'écart de l'élu régional (sur une liste tarnaise, j'en conviens) est plus apparente ici (on l'a placé en bout de ruban et J-C Anglars lui tourne ostensiblement le dos)... mais les lecteurs de La Dépêche en ont été privés, puisque la photographie publiée dans le quotidien, prise à peu près au même moment, exclut Guilhem Serieys (tout comme Jean-Claude Anglars et Simone Anglade, ce qui, convenons-en, est proprement scandaleux) :

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jeudi, 27 octobre 2011

Une obsession très française ?

   Il y eut d'abord le scandale soulevé par une application de l'iPhone, "Juif ou pas Juif ?"... conçue par un juif (sans doute dans une optique communautariste), mais dont beaucoup d'associations ont pensé qu'elle pourrait être détournée par des antisémites. (Une question basique subsiste : qu'est-ce qu'être juif ? Si l'on se fonde uniquement sur les rites religieux, bon nombre de personnalités présumées juives risqueraient de disparaître de l'application...)

   Cette affaire est entrée dans sa phase judiciaire... et l'on a des retours sur la manière dont l'application est utilisée hors de France. Tout cela ne sent pas très bon...

   Mais l'on avait déjà eu un aperçu des préjugés de nombre d'internautes francophones à travers un précédent article du Monde, en février dernier, consacré aux mots clés tapés sur les moteurs de recherche internet.

   Sur Google par exemple, avant même qu'on ait fini d'écrire sa requête, on nous propose des formules pour achever notre recherche - et maintenant, on a même des solutions qui s'affichent alors qu'on n'a pas appuyé sur la touche enter ("entrer").

   Voici donc ce que l'on obtient avec l'exemple utilisé par le quotidien pour l'application iPhone :

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   Cela n'étonnera pas grand monde, mais on arrive à peu près au même résultat quand on effectue une recherche sur l'actuel président de la République :

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   Et pourtant, il faut attendre que le "z" soit écrit pour que le complément "juif" soit proposé. Sinon, voilà ce que l'on obtient :

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   On pourrait en conclure que ce sont les internautes qui écrivent le mieux le nom du président (avec un "z" et pas un "s") qui cherchent en priorité à savoir s'il est juif... ce qui est faux, contrairement à une légende tenace. Si l'un des grands-pères de Nicolas Sarkozy a bien été juif (avant de se convertir au catholicisme), le reste de la famille est catholique d'origine. Mais, pour les antisémites, c'est une "tache" indélébile... (Notons toutefois que les internautes semblent d'abord désireux de connaître l'altitude à laquelle culmine le chef de l'Etat.)

   Continuons dans le délire, tant qu'on y est. Prenons le cas du présentateur du journal télévisé le plus populaire de France :

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   En fait, cette orientation de recherche nous en apprend davantage sur les personnes qui l'effectuent que sur l'objet de leur questionnement. Pour ces antisémites, une personnalité des médias est forcément juive... (Dans le cas qui nous concerne, il est possible que l'on soit face à des "islamo-gauchistes" : leur cible est une personnalité de droite, soutien de Nicolas Sarkozy.)

   Jusqu'à ce pauvre François Fillon qui est soupçonné d'avoir le bout du zizi découvert en permanence :

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   A partir de là, on peut s'amuser, essayer de pousser la logique à ses limites. J'ai donc choisi une personnalité dont le nom est fréquemment associé à un mot commençant par la lettre "j" :

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   Eh oui ! Même l'ancien judoka, promoteur de l'opération "pièces jaunes" en compagnie de l'épouse du prédécesseur de N. Sarkozy, est "soupçonné" d'en être ! On voit là quels sont les préjugés de certains internautes : ici comme dans le cas Fillon, c'est le pouvoir (sarkozyen) qui est associé aux juifs.

   Cela va tellement loin qu'une autre personnalité, à propos de laquelle ses adversaires politiques ont plutôt cherché à prouver qu'elle était musulmane, est soupçonnée par les internautes antisémites francophones d'être juive :

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   Précisons toutefois que si l'on tape la recherche sans le "j", c'est le complément "musulman" qui est proposé. Dur, dur, pour un président protestant !

  

mercredi, 26 octobre 2011

Un modèle économique ?

   Voici un bien étrange article, publié dans Le Monde daté de dimanche 23 - lundi 24 octobre 2011, accessible uniquement aux abonnés en ligne. Il a pour titre La crise ? "Quelle crise ?", répondent, pour le moment, les PME allemandes.

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   La journaliste, Cécile Boutelet, s'est intéressée au sort d'entreprises situées dans le Bade-Wurtemberg, à Künzelsau pour être précis :

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   A la base, rien ne destinait ces entreprises à devenir florissantes. Elles sont implantées dans un canton rural, entre des collines, pas tout près des grands centres urbains. On est dans l'Allemagne (de l'Ouest) profonde, où l'on parle un dialecte germanique particulier.

   On y trouve pourtant des P.M.E. très dynamiques, pour plusieurs raisons (soulignées par moi dans l'article ci-dessus).

   Alors que les secteurs d'activité pourrait sembler peu porteurs de prime abord (l'une des boîtes fabrique des vis, des systèmes de montage), on a mis l'accent sur l'innovation. On investit les profits et on sollicite la participation des employés, à l'image de ce qui se fait aussi au Japon. Du coup, l'entreprise a déposé quantité de brevets. On s'est aussi très tôt tourné vers l'exportation, pour s'assurer des débouchés.

   Le patronat est du genre paternaliste, à l'ancienne. Ainsi G. Sturm (qui dirige EBM Papst) conduit lui-même sa voiture, continue à fréquenter les habitants moins fortunés que lui dans la chorale locale. La proximité affichée vis-à-vis des employés a son revers, diront certains : le chef n'aime pas trop les intermédiaires, les syndicats, inexistants. En échange, on préserve l'emploi (c'est assez répandu chez un type de dirigeants d'outre-Rhin, les grands comme les petits ; on a ainsi vu il y quelques années Volkswagen privilégier la réduction du temps de travail  aux licenciements). Les employés ne semblent pas mécontents.

   L'autre particularité de ces entreprises performantes est de se méfier du capitalisme financier. Elles évitent tant que faire se peut de recourir aux banques et ont refusé la cotation boursière. Cette attitude n'est pas sans rappeler celle du groupe Bosch, dont l'usine castonétoise est le poumon économique du Grand Rodez. (La dernière journée portes ouvertes s'est déroulée le dimanche 19 juin 2011.)

mardi, 25 octobre 2011

The Artist

   Voilà un film ambigu. C'est une production française, tournée par un réalisateur français (Michel Hazanavicius, déjà remarqué pour OSS 117, Rio ne répond plus), avec pour acteurs principaux deux Français... mais tout le reste est américain : les seconds rôles (notamment le valet, dont le visage a traversé nombre de films et séries télés depuis une quarantaine d'années), les figurants (très bons), les références cinématographiques (du muet comme du parlant), les lieux de tournage, le distributeur (Warner Bros)... ainsi que la langue dans laquelle s'expriment tous les acteurs (ce qui est facilement observable, tant le nombre de gros plans est important).

   Cela nuit-il à la qualité du film ? Non. C'est d'abord un somptueux noir et blanc. Un gros travail a été fait sur l'ombre et la lumière... encore plus sur les reflets. Un grand nombre de scènes voit débouler dans le cadre un ou plusieurs miroirs, avec lesquels le réalisateur s'amuse à instiller de l'humour, de la tension ou tout simplement de la profondeur. Ce travail atteint un sommet visuel dans une scène où le héros renverse le contenu de son verre sur une table... superbe ! On appréciera aussi l'effet de superposition du reflet de George Valentin / Dujardin dans la vitrine d'un prêteur sur gage.

   L'intérêt du film réside aussi dans l'histoire, comique, romantique et tragique, qu'il raconte. On commence par une suite de séquences à la gloire de la vedette du muet, où Jean Dujardin cabotine pour jouer un acteur cabot ! Il est comme de bien entendu accompagné d'un véritable cabot... le chien Uggy. Ce Russel Terrier est absolument adorable. Il sauve plusieurs fois la mise à son maître, imprudent et orgueilleux à l'excès. Pour sa performance, le canidé a même reçu la Palm Dog au dernier festival de Cannes !

   Vient ensuite la descente aux enfers de l'acteur-vedette, pendant que la petite nouvelle, à qui il  a mis le pied à l'étrier, devient une star du parlant. Le chassé-croisé entre les deux trajectoires, s'il n'est pas nouveau, n'en est pas moins réussi.

   Enfin, comme le film se veut une illustration de ce à quoi il rend hommage, il s'agit d'une histoire d'amour naissant, contrarié par le passage du muet au parlant et la crise des années 1930. C'est classique et émouvant. Le fait que ce soit la femme qui connaisse le succès donne un côté "moderne" à l'histoire.

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dimanche, 23 octobre 2011

Vers des législatives serrées en 2012 ?

   Dans son édition datée du mercredi 19 octobre, Le Monde a commenté les résultats d'une étude réalisée par l'Observatoire de la vie politique et parlementaire (que l'on peut retrouver aussi sur le site vielocale-viepublique). Cet article est illustré par une carte des circonscriptions, avec leur possible orientation. En voici la version papier (région parisienne et outre-mer exclus) :

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   Cela a dû demander un gros travail d'analyse. La méthodologie n'est toutefois pas parfaite parce que, même si l'on a croisé les résultats des dernières élections locales et nationales, on n'a pas tenu compte du résultat des municipales dans les communes peuplées de moins de 3 500 habitants. Alors, même si les choix de ces électeurs sont pris en compte dans les autres scrutins, on peut légitimement penser que le vote rural a été légèrement sous-évalué.

   Au fait, pourquoi cette étude, si tôt ? Parce que la nouvelle carte des circonscriptions est désormais connue. Le 24 février 2010 est paru au Journal officiel le texte de la loi fixant la délimitation de ces circonscriptions, ratifiant l'ordonnance du 29 juillet 2009. Et, en avril 2011, est paru le texte de la loi ratifiant le mode d'élection des députés des Français de l'étranger.

   L'Aveyron n'est pas touché par ces modifications. Mais, en gros, à partir d'avril dernier, les observateurs de la vie politique française ont pu commencer à faire tourner les machines...

   Intéressons-nous à présent aux résultats projetés. En général, je me méfie beaucoup de ce genre de démarche. La réalité du terrain contredit souvent le travail de bureau dans ce domaine... et les électeurs sont parfois imprévisibles. Et puis tant de choses peuvent changer d'ici mai 2012 !

   En gros, quel que soit le vainqueur du scrutin présidentiel, l'étude prévoit une poussée de la gauche aux législatives, ce qui fait dire aux journalistes que l'on pourrait se retrouver face à une cohabitation, avec un président de droite (si Nicolas Sarkozy est réélu) et une majorité parlementaire de gauche, ou bien avec un président de gauche (si François Hollande est élu) face à une majorité de centre-droit au Palais Bourbon (si le PS et ses alliés ne parviennent pas à remporter suffisamment de sièges aux législatives qui suivront la présidentielle).

   Qu'en est-il à propos de l'Aveyron ? Zoomons sur la carte :

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   Les situations s'annoncent très contrastées dans les trois circonscriptions. Sans surprise, l'étude voit la première (qui va de Rodez au Carladez et à l'Aubrac) rester ancrée à droite. On imagine sans peine que le sortant Yves Censi aura le vent en poupe si Nicolas Sarkozy est reconduit. Sa réélection pourrait s'avérer plus délicate si François Hollande l'emporte et, à mon avis, s'il prend l'envie à un-e candidat-e centriste crédible de tenter sa chance, une partie de l'électorat nord-aveyronnais étant orpheline de la démocratie-chrétienne.

   Du côté de la gauche, le panier de crabes des candidatures ne fait pas bonne impression. On peut voir cela comme un signe de vitalité démocratique, mais aussi comme une nouvelle illustration de la "course à l'échalote". J'y ajoute cette réflexion : certaines candidatures ne me paraissent pas crédibles. N'y voyez pas du mépris vis-à-vis des personnes qui se sont manifestées, mais un constat effectué à partir des résultats des dernières élections cantonales, où deux des socialistes ont essuyé une cuisante défaite : Patrick Palisson à Estaing (où il a recueilli moins de 13 % des suffrages exprimés au premier tour) et Jean-Louis Stadler (qui a légèrement dépassé les 17 % à Saint-Amans-des-Côts). Même si cette élection était très locale, il n'est pas stratégique de désigner comme candidat aux législatives quelqu'un qui a pris une telle veste deux ans auparavant. A Rodez même, certains croient dans les chances de Ludovic Mouly, le président (temporaire ?) de la Communauté d'agglomération. En cas de victoire de F. Hollande, peut-être, à la rigueur. D'autres misent sur une femme, ruthénoise adjointe au maire... Monique Bultel-Herment pour ne pas la nommer. Sur l'agglomération, elle pourrait rallier une majorité, mais je pense que dans le reste de la circonscription elle suciterait plutôt le rejet. Pour que la gauche gagne, il lui faudrait un-e candidat-e qui ait à la fois des attaches sur le Grand Rodez et le Nord Aveyron, quelqu'un de relativement neuf en politique et qui incarne une gauche moderne. Mais peut-être que le P.S. n'a pas envie de faire chuter Yves Censi...

   A l'opposé, la circonscription de Villefranche-de-Rouergue est donnée comme acquise à la gauche. En cas de victoire de F. Hollande, on peut penser que la réélection de Marie-Lou Marcel (ex-soutien de Martine Aubry à la primaire) sera favorisée. En cas de second mandat de Nicolas Sarkozy, rien ne sera joué. Certes, son principal adversaire de droite dans la circonscription, Serge Roques, ne semble pas avoir le vent en poupe, mais il a déjà prouvé qu'il avait de la ressource et, sans lui, les dirigeants locaux de l'UMP doivent pouvoir trouver un jeune loup de la droite, bien implanté localement, qui saura jouer sa carte à fond.

   La circonscription qui paraît être la moins solidement arrimée à un camp est celle de Millau. L'étude la classe dans la catégorie de celles qui seraient gagnables par la gauche. Pourtant, en 2007, l'UMP (radical) Alain Marc a été facilement élu : au premier tour, il lui avait manqué moins de 300 voix (selon mes calculs) et au second, il a largement distancé sa rivale socialiste, une parachutée de prestige qui ne faisait pas l'unanimité dans son propre camp. En face, l'UMP l'avait jouée fine, en remplaçant le sortant, le vieux routier Jacques Godfrain, par son suppléant, plus modéré, plus "terroir". La tactique fut payante. Mais en 2012 ? Peut-être faut-il comprendre la récente parution, dans Le Saint-Affricain, d'un reportage à la gloire d'Alain Marc comme le premier jalon de la campagne électorale.

  

samedi, 22 octobre 2011

Un Monstre à Paris

   Cette nouvelle production d'Europa Corp nous ramène dans le Paris du début du XXe siècle (un peu à l'image de ce que l'on a pu voir dans Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec), plus précisément en 1910, l'année de la grande inondation qui a frappé la capitale. (On voit à plusieurs reprises un morceau d'un célèbre Zouave...)

   Le film commence par une introduction assez longue... et c'est tant mieux. Au lieu de nous jeter immédiatement dans l'action, on prend le temps de nous présenter les personnages qui vont jouer un rôle dans cette histoire. Il y a ce projectionniste de petite taille, timide, amoureux de la caissière, qui elle-même en pince secrètement pour lui. Il y a Raoul la grande gueule inventive... secrètement amoureux de la chanteuse Lucille, que sa mère tente de pousser dans les bras du préfet arriviste et arrogant. Ajoutez à cela un babouin qui a des airs de Jacques Balutin (incontestablement mon personnage préféré, très drôle), et le tableau sera presque complet.

   Presque... parce qu'il manque le personnage principal, né d'une drôle de réaction chimique, à la fois monstre et merveille. -M- lui prête sa voix et son talent musical, censé se marier à celui de Lucille - Vanessa Paradis. Du coup, si l'on croit se trouver face à un dessin animé classique, on imagine que la belle chanteuse et le monstre vont, à l'issue de péripéties rocambolesques, former un couple harmonieux.

   Eh bien... pas tout à fait. Le film ne suit pas la ligne traditionnelle du conte de fées. Le "monstre" Francoeur est une sorte de révélateur. Son arrivée va bousculer la vie des personnages principaux et les obliger à faire des choix, à se déclarer. Les masques vont tomber. (Au passage, j'ai apprécié que le méchant très méchant soit incarné par un type qui présente bien, qui a du succès... et qui s'avère être une belle ordure.)

   L'animation est réussie, que ce soient les décors du Paris 1910 (le film, soutenu par la mairie de Paris, joue sur le côté "carte postale") ou les mouvements des personnages. Sur un grand écran (en deux dimensions), c'était joli à voir. Attendez-vous aussi à ce qu'une séquence (très enlevée) ait pour cadre le plus célèbre monument de la "Ville lumière".

   Je mets toutefois un bémol à mon enthousiasme. La chanteuse Lucille se produit dans un théâtre, sans micro... et c'est le filet de voix de Vanessa Paradis qui sort de sa bouche. Vu le contexte, ce n'est pas très crédible, quand on est un adulte limite vieux con râleur dans mon genre. Mais, bon, il fallait bien reconstituer le couple -M- / Paradis... alors qu'une chanteuse à voix aurait été plus adaptée au rôle. Ceci dit, la bande son n'est pas désagréable à écouter.

    J'ai aussi remarqué quelque chose au niveau du mouvement des lèvres des personnages. Il faudrait que je revoie le film pour vérifier si c'est systématique, mais il me semble que l'animation est adaptée à l'anglais. Ainsi, lorsque l'héroïne dit "d'accord", j'ai eu l'impression que ses lèvres formait plutôt "all right", de même "earth" quand elle a dit "terre". Bon, je n'ai pas trop creusé, parce que j'avais envie de bien profiter du film, mais cela me turlupine tout de même. (On pourrait s'amuser à imaginer quels artistes vont donner leur voix dans la version anglophone... à moins que l'on ne juge le couple français suffisamment "bankable" ?)

   Cela reste un divertissement réussi, visible par tous (et ne partez pas trop vite... le générique de fin réserve une ou deux surprises). Le site internet est lui aussi très sympa.

22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film