mercredi, 04 mai 2011
Un stage si discret
Les moins jeunes n'ont pas connu cela : les lycéens du XXIe siècle (y compris ceux de section générale) sont amenés à effectuer des stages au cours de leur scolarité. C'est l'occasion pour nombre d'entre eux de découvrir un milieu professionnel ou un métier vers lequel ils envisagent de s'orienter. Voilà qui ne mériterait pas de commentaire particulier si ce n'est que, parfois, il peut arriver qu'un parent et / ou un journaliste fasse un peu de zèle.
Le mois dernier, les lecteurs de la presse aveyronnaise ont ainsi eu la surprise de lire des articles consacrés à un seul lycéen stagiaire, qui n'est autre que le fils de l'un des vice-présidents du Conseil général. Cela a commencé le 1er avril (eh non, ce n'était pas un canular) dans le Bulletin d'Espalion et Midi Libre (avec le même texte, illustré par la même photographie). Cerise sur le gâteau : dans le Bulletin, l'article était annoncé en première page ! C'est dire l'importance qu'il lui accordait... ou que l'on a voulu qu'il lui accordât. (Oui, je me suis fait un petit kif subjonctif imparfait.)
Cet article n'étant pas signé (et étant identique dans l'hebdomadaire et le quotidien), deux hypothèses s'offrent à nous : soit il a été écrit par un correspondant local (proche de la famille du jeune homme ?) qui travaille pour les deux journaux, soit il est l'oeuvre d'un membre de la famille (ou d'un proche), qui a accompagné le jeune homme à Paris (et accessoirement pris la photographie), avant de livrer sa prose aux journaux susmentionnés, qui se sont empressés, tant la qualité du texte était grande, d'en assurer la publication.
Moins d'une semaine plus tard, c'était au tour de La Dépêche du Midi et du site Aligorchie de se pencher sur cette affaire.
Et voilà qu'un organe de presse national s'intéresse à la chose. Le site internet du Monde a mis en ligne aujourd'hui un article consacré au stage du jeune homme (il paraît dans l'édition papier datée du 5 mai... qui ne sera disponible chez les marchands de journaux que demain jeudi donc) :
La journaliste Mattea Battaglia rappelle qu'il est scolarisé dans ce qui est peut-être le lycée (privé) le plus classieux du département, aux excellents taux de réussite aux examens... mais se garde bien d'évoquer son recrutement.
Contrairement à ses collègues aveyronnais, Mattéa Battaglia présente rapidement le papa du jeune homme et évoque (tout aussi rapidement) les réactions que ce stage privilégié a suscitées sur la Toile.
Pour terminer, signalons qu'au Monde, Guillaume Anglars aurait déclaré lire très régulièrement le "quotidien du soir" et Le Figaro, alors que, selon La Dépêche, c'est le premier qu'il lit avec assiduité, Le Figaro et L'Humanité venant en second, en alternance. Faut-il en conclure que le jeune homme a modulé ses propos en fonction de son interlocuteur ou que les journalistes ont retenu de ses déclarations ce qui les arrangeait ?
16:21 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société
John Rabe
Cet Allemand est le héros éponyme d'un film historique qui a pour cadre le massacre de Nankin, commis en 1937-1938 par les soldats japonais tentant de conquérir la Chine.
John Rabe est ce que l'on appelle un "juste", un simple citoyen qui a contribué à sauver des milliers de vies, celles de Chinois (surtout de Chinoises) qu'il a décidé d'abriter dans une zone de sécurité délimitée dans la ville de Nankin et, au départ, destinée aux populations européennes présentes sur place, que les Japonais n'ont pas attaquées.
Le film est de facture très classique : la réalisation est propre, sans fioritures. L'image est soignée. Les acteurs sont bons. La musique est par contre un peu trop présente, donnant un ton parfois trop mélodramatique. Cela se comprend quand on sait que ce massacre est, pour les Chinois, un peu l'équivalent d'Auschwitz pour les Européens.
Le paradoxe est que l'un des instigateurs du sauvetage de dizaines de milliers de Chinois est un employé de Siemens, membre du NSDAP (et fervent adepte du Führer... on est en 1937)... oui, un nazi, mais pas un fanatique, ainsi que le film prend soin de le préciser. On notera d'ailleurs un aspect consensuel du scénario, qui fait en sorte que chaque "communauté" présente au moins un ou deux éléments positifs (même les Japonais). A John Rabe s'oppose donc la personne envoyée par Berlin pour lui succéder, un nazi pur sucre qui sert de repoussoir.
Les séquences de violence alternent avec d'autres, plus intimistes, ou avec des moments plus enlevés, spectaculaires, comme cette scène qui voit le déploiement d'un gigantesque drapeau nazi pour protéger les réfugiés chinois. Cela ne manque pas de souffle.
Le massacre est donc montré du côté européen (le film s'articule autour du journal écrit par John Rabe, publié seulement à la fin du XXe siècle), ce qui fait que, même si on a droit à quelques scènes détaillant les horreurs commises par les soldats japonais, on reste à mon avis en dessous de la vérité. (Comme je l'ai entendu dire dans une émission de La Marche de l'histoire, les Japonais ont commis les mêmes crimes que les nazis durant la Seconde guerre mondiale, à l'exception des chambres à gaz.) Ces scènes n'en restent pas moins très fortes, choquantes, comme celle de l'exécution de plusieurs centaines de prisonniers chinois en pleine campagne ou celle du viol de l'une des élèves de l'école européenne.
On a réservé une place assez importante aux acteurs chinois, même si, globalement, ce ne sont que des seconds rôles. Le personnage le plus présent à l'écran est celui de Langshu, cette lycéenne passionnée de photographie, dotée d'un physique propre à faire chavirer les cœurs... Côté japonais, le portrait qui est tracé du prince impérial (oncle de l'empereur) est particulièrement gratiné. Il n'est peut-être hélas même pas caricatural.
Tous les acteurs, européens, chinois et japonais, sont excellents. Le souci du réalisme a poussé le réalisateur à les faire s'exprimer dans leur langue, même s'ils communiquent entre eux en anglais. Côté allemand, Ulrich Tukur (qu'on avait remarqué notamment dans Amen, Le Couperet de Costa Gavras et La Vie des autres) est remarquable en John Rabe. On retrouve aussi avec plaisir Daniel Brühl (révélé par Good bye, Lenin !). Steve Buscemi surprend agréablement en chirurgien anglais alcoolique farouchement antinazi.
Le film s'achève par des compléments biographiques sur les personnages incarnés à l'écran.
13:42 Publié dans Chine, Cinéma, Histoire, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma, histoire
lundi, 02 mai 2011
Moi, Michel G, milliardaire, maître du monde
Sous la forme d'un documentaire (à l'image bien léchée), cette fiction nous propose le film qui ne se fera sans doute jamais, celui de la vie d'un "grand patron" dynamique, filmée au quotidien par un réalisateur de gauche sans concession.
Ce chef d'entreprise, remarquablement interprété par François-Xavier Demaison (déjà remarqué pour sa performance dans C'est l'histoire d'un mec), a des airs de Bernard Tapie (pour le côté vulgaire et sans état d'âme) et de Jean-Marie Messier (avec une pincée de Vincent Bolloré) : l'acteur a réussi à prendre certains de leurs tics d'expression, notamment lors de la séquence de l'entrevue du journal télévisé. Demaison fait croire à son personnage, le défend par sa manière de jouer : ce n'est pas un portrait exclusivement à charge, même si l'on sort de là avec une bien piètre opinion des "patrons voyous".
Le réalisateur a aussi donné leur chance aux autres personnages "négatifs", les grands fauves du petit monde politico-économique français. On peut même s'amuser à essayer de mettre des noms sur les visages : Guy Bedos campe sans doute un mélange de l'ancien PDG de la Générale des Eaux, Guy Dejouany, et de Claude Bébéar, ex-PDG d'AXA. L'inévitable Alain Minc se cache derrière l'un des acteurs etc.
J'ai bien aimé le personnage de l'épouse sans complexe du héros. Le portrait qui est fait d'elle est très acide mais, là encore, l'actrice (Laurence Arne, efficace) a eu la possibilité de lui donner un peu d'épaisseur.
Face à cette brochette de requins on trouve le documentariste "engagé", Joseph Klein, alias sans doute Pierre Carles. C'est notamment perceptible dans les séquences où le cinéaste est filmé au téléphone, une marque de fabrique du style Pierre Carles. Le début du film est particulièrement évocateur : Klein réussit finalement à obtenir l'accord de Ganiant-Demaison (eh oui, le héros s'appelle Ganiant !), ce à quoi Pierre Carles n'est pas arrivé avec Tapie dans Fin de concession.
On ne nous cache pas le risque de connivence, d'autant plus que l'homme au centre du documentaire joue sur la proximité, la familiarité et s'appuie sur ses supposées failles (il a un petit côté Sarkozy finalement). Le réalisateur se paie même le luxe de faire parfois passer son documentariste redresseur de torts pour un petit goujat.
Mais c'est d'abord et surtout une comédie. Et on rigole ! L'humour réside dans les dialogues, ciselés, et dans le comique de situation. Le patron est souvent mis devant ses contradictions, entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Il proclame aussi sans honte quelques énormités (qui ont choqué une partie du public -sans doute de gauche - de la salle où je me trouvais), avec un cynisme fort réjouissant. Enfin, il y a les animations, limite infographies, dont le réalisateur émaille les séquences. Certaines transforment quasiment le "héros" en personnage de manga (genre Le Collège fou fou fou... enfin, pas tout à fait quand même). Une est particulièrement réussie, qui voit s'afficher à l'écran les liens qui unissent plus ou moins secrètement les invités d'une réunion mondaine où l'on vient causer pognon.
Cerise sur le gâteau : le scénario fait oeuvre de pédagogie sur les arcanes du gouvernement d'actionnaires.
C'est peut-être le meilleur film français sorti récemment et il ne bénéficie hélas pas de la diffusion qu'il mérite...
22:04 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma, politique
dimanche, 01 mai 2011
Source Code
En bon français, il aurait fallu traduire le titre par Code Source. Trop d'anglicisme tue l'anglicisme...
On a souvent comparé ce film à L'Effet papillon (que je vous recommande) : l'argument scénaristique est la modification du passé, le tout avec un arrière-plan sentimental. Une référence à l'excellent L'Armée des douze singes aurait été plus judicieuse : la propulsion du héros (du moins d'une partie de lui) dans le passé a pour but d'éviter une catastrophe. Ceci dit, les deux références sont pertinentes (on aurait même pu en ajouter une troisième : Retroaction) : le film oscille entre le tragique (il semble impossible de modifier le passé) et le romantisme (les sentiments peuvent-ils passer la barrière du temps... et du numérique ?).
Le héros, très bien interprété par Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Le Jour d'après, Jarhead, Zodiac), est un soldat américain, à l'origine en opération en Afghanistan, qui se retrouve mêlé à un projet scientifique novateur. En gros, c'est un cobaye involontaire, utilisé pour déjouer un attentat terroriste, que le spectateur comme le héros est amené à vivre plusieurs fois.
Ce soldat est donc "envoyé" (je n'en dis pas plus pour préserver un peu de mystère) dans l'esprit d'une des victimes de l'attentat, qui voyageait en compagnie d'une amie (un vrai petit canon... l'intrigue aurait sans doute été bouleversée si, à sa place, on avait mis une personne de 120 kg dotée d'un bec-de-lièvre).
Il n'a que huit minutes pour, non pas déjouer l'attentat, mais trouver la bombe et le terroriste. Au fur et à mesure que le film avance, on comprend pourquoi il ne dispose que de huit minutes et pourquoi on n'attend pas de lui qu'il déjoue l'attentat. A chaque fois, au bout des huit minutes, il quitte la scène de la tragédie et se retrouve dans son caisson, en liaison avec une capitaine qui a l'air d'en pincer un peu pour lui. On lui laisse peu de temps pour récupérer (on pense qu'un deuxième attentat est en préparation), avant de le renvoyer vivre à nouveau la même scène, qu'il essaie donc à chaque fois de modifier.
La base scénaristique est excellente... et le suspense bien maintenu : l'identité du véritable terroriste n'est pas facile à deviner et la fin de l'histoire n'est pas tout à fait prévisible. (Moi, j'aurais été encore plus tordu, mais bon, hein, faut viser le grand public.) Attention toutefois, ce n'est pas un chef-d'œuvre : la tension tragique est moins aboutie que dans L'Armée des douze singes et je dois reconnaître que le scénario de L'Effet papillon était un peu plus virevoltant. J'ajoute que la version française n'est pas démente. Mais cela reste un très bon film, qui n'a hélas pas bénéficié d'une bonne diffusion en France. Quand je vois la brochette de bouses qui occupe les écrans ruthénois, j'enrage !
14:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
vendredi, 29 avril 2011
La cascade de Salles-la-Source
Salles-la-Source est une charmante commune d'environ 2 000 habitants, située à proximité de Rodez, au nord-ouest de l'agglomération :
Dans le département (et au-delà), elle est réputée pour sa cascade, très pittoresque, dont le site peut faire l'objet d'une petite randonnée.
Cette cascade est plus ou moins spectaculaire, selon le débit des sources qui l'alimentent... et selon les prélèvements effectués par un producteur (privé) d'électricité. C'est l'objet de la polémique qui agite la région depuis plusieurs années. Une association, " Ranimons la cascade ! ", s'est créée pour préserver le site naturel de l'exploitation industrielle. Régulièrement, la presse se fait l'écho de ses initiatives. Elle est soutenue par la mairie, dont un communiqué est paru ce vendredi dans Centre Presse :
L'arrêt de l'exploitation est réclamé, alors que la préfecture veut maintenir la production d'électricité, tout en préservant le cadre de la cascade :
Le 2 février dernier (toujours dans Centre Presse), la préfète avait détaillé la position de ses services sur la question, en réponse au président de l'association "Ranimons la cascade !". J'ai souligné plusieurs passages qui me paraissent importants. En rouge, j'ai mis en valeur plusieurs aspects de la position préfectorale. Il paraît évident que la préfète n'envisage pas un instant l'arrêt de la petite centrale hydroélectrique. C'est donc sur le versement (par l'exploitant) d'une redevance que travaille son administration. Signalons que ledit exploitant ne verse plus rien depuis plus de cinq ans... On notera aussi que la préfète admet que la personne qui a conduit l'enquête publique s'avouait pas tout à fait compétente sur certains points...
En vert j'ai souligné les passages évoquant l'action du Conseil général, dont on parle peu dans cette affaire. Et pour cause... Jean-Claude Luche et sa majorité ont roupillé sur ce dossier : leur réponse a été déclarée favorable (à l'exploitant de la mini-centrale) parce qu'ils n'ont pas rendu d'avis dans le temps imparti ! Par contre, les fonctionnaires du Conseil général, eux, se sont mouillés... en faveur de l'exploitant. Signalons (mais c'est sans doute un hasard) que la commune de Salles-la-Source est située dans le canton de Marcillac-Vallon, dont l'élue, Anne Gaben-Toutant, n'appartient pas à la "Majorité départementale"...
J'ai aussi encadré (en bleu) un paragraphe qui expose les désagréments provoqués par un débit trop important de la cascade. C'est un temps aujourd'hui lointain... Reste à en déterminer un débit minimal, alors que le renouvellement de la concession précise que l'exploitant pourra accroître la production d'électricité hydraulique... et donc sans doute diminuer le débit de l'eau alimentant la cascade.
Cette histoire est remontée jusqu'aux oreilles d'un journaliste du Canard enchaîné qui, dans l'édition du 20 avril dernier, a évoqué l'affaire :
Si la fin de l'article a pu déplaire aux sympathisants de "Ranimons la cascade !", le reste du papier apporte un arrière-plan historique sur lequel il n'est pas inintéressant de revenir.
Que dit l'ami coin-coin ? Que le détournement de l'eau des sources remonte aux années 1920. De 1921 à 1930, Amédée Vidal fut sénateur de l'Aveyron... et plus que cela. C'était une sorte d'archétype du notable de la IIIe République : il avait une formation d'avocat et possèdait du terrain, dans l'Est du département. S'ajoutait à cela une activité industrielle : une filature, à Salles-la-Source, pour laquelle je pense qu'il devait déjà recourir à l'eau des sources. En 1928 donc, il obtient de pouvoir utiliser l'eau pour alimenter sa centrale hydroélectrique.
Voyez le beau paradoxe géographique : ce sénateur aveyronnais fut aussi maire, conseiller d'arrondissement puis conseiller général... de Peyreleau (à proximité de Millau), alors qu'il était possessionné juste au sud de l'Aubrac (à Saint-Laurent-d'Olt) et qu'il avait développé une activité industrielle à proximité de Rodez ! Cela donnait ceci :
(Sur la carte, j'ai colorié en violet le territoire de la commune de Rodez.)
Du côté de Salles-la-Source, Amédée Vidal n'était de surcroît pas privé de soutien. En 1930, le Conseil municipal avait autorisé l'occupation du domaine public (un point qui fait aujourd'hui encore débat). Dans cette région, plusieurs représentants de la famille Gaffier ont exercé des responsabilités. Edouard Gaffier a été député de Rodez et président du Conseil général de l'Aveyron. Deux de ses neveux, Bernard et Henri, se sont succédé au poste de 1er adjoint à la mairie de Salles-la-Source, entre 1945 et 1959. Or, il se trouve qu'Edouard Gaffier n'était autre que... le cousin germain (par alliance) d'Amédée Vidal. (Je tire ces informations de l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille, les têtes couronnées de la démocratie.) Comme le monde est petit ! (D'après un livre publié en 1924, accessible sur Google books, Amédée Vidal avait épousé une fille Gaffier, qui devait donc être la cousine germaine d'Edouard.)
L'actuel maire de Salles-la-Source, en place depuis 2008, ne semble pas lié à cette fratrie, alors que l'exploitant de la mini-centrale, Jean-Gérard Guibert, est, selon Le Canard enchaîné, un descendant d'Amédée Vidal. La montée de l'opposition à la mini-centrale serait-elle liée à la perte d'influence d'une famille dans la commune ? Il est difficile de conclure.
Il est aussi évident qu'il est question de gros sous. L'entreprise dirigée par Jean-Gérard Guibert, la "Société hydroélectrique de la vallée de Salles-la-Source - Etablissements Amédée Vidal", a réalisé, en 2009, un résultat net de 19 000 euros, pour un chiffre d'affaires de 206 000, soit plus de 9 % ! (L'excédent brut d'exploitation se montait lui à 42 000 euros.) A titre de comparaison, le dernier bilan chiffré de L'Epi du Rouergue (entreprise bien connue des Aveyronnais) fait apparaître un résultat net de 190 000 euros, pour un chiffre d'affaires de 11 930 000, soit environ 1,6 %.
Il n'est pas impossible non plus que la politique partisane se greffe sur l'affaire. Il me semble que, à tort ou à raison, les dirigeants de l'association "Ranimons la cascade !" sont classés plutôt à gauche, alors que la préfète (récemment promue officier de la légion d'honneur) et l'entrepreneur, à tort ou à raison, sont étiquetés plutôt à droite.
Bref, pour le citoyen de base, au-delà de l'aspect patrimonial et touristique de la cascade, les soubassements de la controverse ne sont pas suffisamment éclairés.
23:28 Publié dans Aveyron, mon amour, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, écologie, environnement, presse
jeudi, 28 avril 2011
Rango
C'est un film d'animation qui ne sort pas des studios les plus réputés (Pixar, Disney ou DreamWorks). Aux manettes, on trouve un habile faiseur, Gore Verbinski, pas connu cependant pour sa maîtrise du film d'animation. (C'est le réalisateur des trois Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl, Le Secret du coffre maudit et Jusqu'au bout du monde.)
Le personnage principal est un caméléon qui ne change pas de couleur... et dont on ne connaît pas le véritable nom ! (Ben oui, "Rango" est un pseudo qu'il prend dans un bar, je vous laisse découvrir dans quelles circonstances.)
La première séquence est déroutante, verbeuse... et le spectateur attentif comprend qu'il s'agit d'une mise en abyme. Elle est un peu à l'image du film, très "second degré", pas toujours facile à saisir pour les bambins, d'autant plus que les dialogues sont écrits dans un langage plutôt relevé pour un public enfantin... sauf quand il y a des injures.
Après cette introduction à moitié réussie, le film enchaîne les séquences emballantes : la lutte avec l'aigle du désert, le passage au saloon (où notre héros se révèle un mythomane de premier ordre... dommage que l'on ne l'ait pas fait doubler par Franck Dubosc), une poursuite par des Walkyries-chauves souris (si, si), entre autres.
L'intrigue se met en place, sur fond d'injustice et de spéculation. Eh oui, le scénario est bon ! Ajoutez à cela une animation très soignée (pas aussi virtuose que dans les meilleurs Pixar toutefois) et des "caractères" bien trempés (de la biquette qui se fige au vieil oiseau-Indien, en passant par les taupes délinquantes et le super-serpent-qui-siffle-sur-nos-têtes), et vous obtenez un mélange réussi.
Les cinéphiles peuvent aussi s'amuser à repérer les inévitables références aux westerns de légende. On a puisé dans les productions de Sergio Leone (dont l'un des acteurs fétiches incarne "l'Esprit de l'Ouest"), ainsi que dans des classiques comme Le Train sifflera trois fois. Quentin Tarantino semble aussi avoir été mis à contribution... et Gore Verbinski se permet même de s'autoparodier, puisque le surgissement des taupes ressemble à s'y méprendre à l'une des scènes de Pirates des Caraïbes !
Bref, c'est un honnête divertissement, formellement soigné, pas idiot sur le fond.
13:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
mercredi, 27 avril 2011
L'Assaut
C'est le nouveau film de Julien Leclercq, remarqué il y a quelques années pour un polar de science-fiction de bonne facture, Chrysalis.
Ici, il est question du détournement de l'avion d'Air France par quatre terroristes du GIA, à la Noël 1994. La prise d'otages s'était terminée par un assaut victorieux des hommes du GIGN. Le personnage principal, Thierry, est incarné sobrement et efficacement par Vincent Elbaz. (Notons que le vrai Thierry a livré une narration de l'assaut tel qu'il l'a vécu et qu'il est au cœur d'un documentaire qui a été diffusé sur LCP.)
Le réalisateur nous offre quatre visions de l'histoire : celle des terroristes, celle des hauts fonctionnaires français qui suivent la crise, celle des membres du GIGN (présentés comme des héros) et celle de l'épouse de l'un d'entre eux. Des images d'époque ont été ajoutées : elles avaient été diffusées dans les journaux télévisés. (Un caméraman s'était démené comme un beau diable pour ramener des images de l'assaut.)
C'est très bien joué. Tous les acteurs, arabophones comme francophones, sont convaincants. Je mettrais juste un bémol sur le personnage de l'épouse, systématiquement montré comme faible, au bord des larmes. Mais, bon, il n'est pas facile d'être l'épouse d'un commando d'intervention.
Le souci de réalisme est omniprésent. (Pour le scénario, on a puisé dans un bouquin paru en 2010, que les auteurs sont venus présenter sur TV5.) Grâce à une utilisation pertinente des sons (du bruitage notamment), on se retrouve même régulièrement dans la tête du héros. On n'apprend cependant pas grand chose sur le fonctionnement du GIGN. (Pour cela, mieux vaut visionner un documentaire de 2008.) Tel n'est pas le but du film, bâti sur la tension : même si on sait à peu près de quelle manière cela s'est terminé, on ne se remémore pas forcément tous les détails de l'affaire... le nombre de victimes notamment.
Nombre de séquences sont spectaculaires. La réalisation est pêchue, nerveuse, parfois caméra à l'épaule. (Dans une grande salle, ça en "jette".) Cela rappelle le style de Paul Greengrass. La presse l'a noté, faisant référence au dernier (grand) film de ce metteur en scène, Green Zone, alors qu'il aurait été plus judicieux de rappeler l'excellent Vol 93. En effet, au-delà du film d'action maîtrisé, le propos est de pointer le fait que, dès 1994, des intégristes musulmans ont conçu un attentat spectaculaire contre un symbole occidental : la Tour Eiffel.
Le principal manque du film est l'absence du contexte algérien : la guerre civile qui ensanglante le pays mais aussi les relations complexes entretenues par la France avec son ancienne colonie. Voilà ce qui aurait permis de faire un "grand" film. Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant.
Néanmoins, le succès commercial n'est pas tout à fait au rendez-vous. Je pense que c'est lié à l'ambiance qui régnait en France au moment de la sortie, pas très bien choisie. On était en pleine campagne des élections cantonales, avec un débat mal orienté sur l'islam et la laïcité. Une partie de la critique (celle qui a descendu le film) n'a peut-être pas apprécié une évidence rappelée par L'Assaut : ces terroristes étaient des hommes jeunes, des idéalistes, mus par une foi profonde (un aspect que l'on retrouve dans le Vol 93 de Greengrass).
A ce détournement avorté a succédé une série d'attentats, en France, en 1995-1996.
14:15 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
mardi, 26 avril 2011
A Rodez, bonjour les vélos !
Ce n'est un secret pour personne : le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, est un grand amateur de cyclisme. Il arrive qu'on le voie, le week-end, pratiquer son sport de prédilection. Il s'est démené pour faire venir le Tour de France et soutient d'autres manifestations en liaison avec la pratique du vélo.
Le buzz du moment tourne autour d'une mesure décidée par la mairie : la subvention de l'achat de vélos électriques. Le 23 avril dernier, les quotidiens régionaux, La Dépêche du Midi et Midi Libre, abordaient le sujet, juste après l'annonce faite par la municipalité.
Il est fort possible que quelques Franciliens en vacances dans le département aient fait remonter l'info puisque, quelques jours plus tard, des médias nationaux se sont emparés de l'affaire. Cela a commencé, le 25 avril, par une dépêche AFP... qui a été largement copiée.
Premier copieur : le site de France24 qui, au moins, cite sa source. Le gag est qu'il reprend la photographie illustrant la dépêche AFP, en remplaçant la légende par... le premier paragraphe de la dépêche, qui se retrouve donc deux fois dans l'article !
Deuxième copieur : France 3 Midi-Pyrénées, dont le site internet propose un article signé Michel Pech... qui n'est que la copie conforme de la dépêche AFP ! A moins que ce journaliste ne travaille pour les deux médias, il s'agit d'un plagiat, la source n'étant pas mentionnée. Seule l'illustration diffère :
Troisième copieur : Midi Libre lui-même, dans un second article, du 26 avril. Cette fois-ci, même si l'on sent que le (la) journaliste a "tapé" dans la dépêche AFP, il y a eu effort de réécriture. On a aussi choisi une illustration plus pertinente.
De son côté, Centre Presse du même jour se contente d'ironiser sur le faible nombre d'adeptes du pédalage en centre-ville :
On apprend donc qu'un journaliste de France Info était présent pour réaliser un sujet (déjà abordé en 2009 par la station). C'est pourtant dans le journal de 13 heures de France Inter de ce mardi 26 que j'ai entendu un petit reportage (où l'on entend des points de vue critiques) consacré au sujet. (Je pense que le journaliste doit travailler pour les deux radios.) Signalons que France Inter est, en terme d'écoute, la deuxième radio du département, après l'indéboulonnable Totem.
Cela fait tout de même beaucoup de bruit pour une mesure somme toute anecdotique.
17:32 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse
dimanche, 24 avril 2011
Légion d'honneur, mon amour !
La nouvelle promotion de civils décorés nous réserve de belles surprises. Le Monde s'est intéressé à quelques figures médiatiques. La consultation de l'intégralité des listes publiées au Journal Officiel du 24 avril permet de tirer des conclusions.
La légion d'honneur est d'abord un moyen de panser les plaies de quelques victimes du suffrage universel (les électeurs sont si ingrats...) ou de virés du gouvernement, qui ont l'amabilité d'accepter. Ainsi, Claudie Haigneré (deux fois ministre de Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2005) et Raymond Soubie (ancien conseiller notamment de Nicolas Sarkozy) sont élevés à la dignité de grand officier. Dans le même genre, on a Xavier Darcos (ministre délégué de Jean-Pierre Raffarin, ministre de plein exercice de François Fillon), qui devient commandeur.
Moins connus sont les dizaines de chefs d'entreprises (signalons toutefois le cas de Marc Senoble, nommé chevalier), de praticiens hospitaliers, de dirigeants d'associations à qui l'on attribue le précieux hochet. La justice, bien que malmenée par le pouvoir exécutif, n'est pas oubliée. Cela va jusqu'au procureur général près la Cour d'Appel d'Amiens, qui devient officier par la grâce du ministre dont il dépend. Gageons qu'il saura conserver une totale indépendance dans l'exercice de ses fonctions.
Il est aussi frappant de constater que l'appartenance à un organisme de contrôle du pouvoir exécutif semble favoriser l'obtention de la précieuse médaille. Le cas le plus emblématique est celui de Pierre Steinmetz, membre du Conseil constitutionnel (où il a été nommé par Jacques Chirac), élevé au grade de commandeur. Cela me semble particulièrement déplacé alors que le Conseil a régulièrement à se prononcer sur des textes de loi parfois très controversés.
Tout aussi malvenues me paraissent :
- l'élévation au grade de commandeur d'un président de chambre de la Cour des comptes
- la promotion au grade d'officier de conseillers maîtres à la Cour des comptes (sur le contingent du Premier ministre)
- la nomination de la présidente et d'un conseiller d'une section de Chambre régionale des comptes
On remarque aussi quelques nominations "paillettes" : l'un des ténors (de droite) du barreau de Paris Francis Szpiner, devient commandeur, tout comme l'inoxydable Yvette Horner. Parmi les sportifs connus, les gens du Sud-Ouest relèveront la nomination d'un jeune retraité, le rugbyman Fabien Pelous.
Chaque promotion réserve quelques surprises. Ainsi, le maire de Bastia (radical de gauche) Emile Zuccarelli, ancien député, ancien ministre sous Pierre Bérégovoy et Lionel Jospin, devient officier. On est encore plus surpris de retrouver sur la liste des nouveaux chevaliers Claude Poperen (le frère du socialiste Jean), longtemps communiste, ancien dirigeant de la CGT !
Il me reste à aborder le cas des Aveyronnais (au sens large). Pierre Soulages est élevé à la dignité de grand officier (il était devenu commandeur sous François Mitterrand... quand je vous dis que le snobisme n'est ni de gauche ni de droite...) :
La préfète du département, Danièle Polvé-Montmasson (page 11 du décret), devient officier (comme sa collègue du Tarn, pour qu'il n'y ait pas de jaloux). On peut ajouter à cette liste deux papys de la politique aveyronnaise (page 12 du même décret), l'ancien sénateur et maire de Sévérac-le-Château Bernard Seillier (le souverainisme mène à tout, même aux médailles en chocolat) et l'ancien vice-président du Conseil général René Quatrefages. L'une de ses collègues, encore en activité, va recevoir la même décoration : Renée-Claude Coussergues, élue du canton de Sainte-Geneviève-sur-Argence (page 3 du décret : elle figure sur le contingent du Premier ministre, contrairement à ses anciens collègues, nommés sur le contingent du ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales).
Tout ce beau monde va donc rejoindre Jean-Claude Luche, nommé en janvier dernier. Il ne fait aucun doute que le gouvernement identifie clairement la "Majorité départementale" aveyronnaise à la majorité présidentielle... et vice versa. Les étiquettes politiques, masquées pendant la campagne des récentes élections cantonales, sont déjà en partie ressorties.
15:53 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, actualite
"Gasland"... et la France
J'ai vu une version raccourcie du film (d'une durée d'environ trois-quarts d'heure, le double pour la version intégrale), projetée lors de réunions d'information (elles se sont multipliées ces dernières semaines dans le Sud du Massif Central).
L'auteur, Josh Fox, n'était sans doute pas destiné à s'engager dans un combat de ce type. (Apparemment, il travaille dans le milieu du théâtre.) Comme il l'explique au début, c'est parce qu'il a été contacté par une entreprise qui exploite les gisements de gaz de schiste qu'il s'est renseigné... et qu'il est devenu farouchement opposé aux procédés industriels mis en oeuvre.
Dans la lignée des (bons) documentaristes polémiques américains, il fait le lien entre pouvoir politique et lobbying économique. Le paradoxe est que, si c'est bien sous la présidence républicaine de George W Bush que les entreprises du secteur ont obtenu des facilités d'exploitation, c'était en contradiction avec la législation protectrice de l'environnement (notamment de l'eau), mise en place sous un autre président républicain, Richard Nixon (qui ne fut pas que le poseur de micros du Watergate... il avait cependant dû composer avec un Congrès démocrate). On retrouve l'influence de Michael Moore quand le réalisateur nous montre les difficultés qui se sont présentées à lui quand il a voulu rencontrer des représentants des industriels.
Vient ensuite la description des procédés mis en oeuvre. N'étant pas biochimiste, je n'ai pas pu apprécier toute la poésie des noms qui nous sont débités. Reste que quelques-uns d'entre eux évoquent plutôt des produits toxiques. A cela s'ajoute la description, pédagogique, de l'hydrofracturation. Elle nécessite des quantités pharaoniques d'eau... sans parler de son transport. (Au passage, signalons qu'au niveau du sous-titrage, on semble avoir eu des problèmes à convertir les gallons en litres...)
Mais la partie la plus touchante du film est celle qui propose les témoignages de ceux qui subissent déjà les conséquences de l'exploitation des gaz de schiste. Josh Fox s'est rendu en Pennsylvanie, puis dans l'Ouest des Etats-Unis, notamment au Texas et au Colorado... et ce qu'il nous montre fait frémir.
Les humains comme les animaux (dont les poils tombent) deviennent malades. Cela semble dû à la consommation de l'eau. A la pollution de l'eau s'ajoute celle de l'air. Dans les régions très rurales (où la densité est inférieure à cinq habitants par kilomètre carré), il n'existe souvent pas de système public d'adduction d'eau. Les habitants sont donc conduits à forer leur propre puits pour accéder à une source souterraine. Ce sont ces sources qui sont contaminées. Cela nous donne les scènes les plus spectaculaires du film, avec cette eau du robinet qui prend feu au contact de la flamme d'un briquet...
Les défenseurs des industriels ont d'ailleurs tenté de démonter cet argument... ce dont on retrouve une trace dans l'une des interventions de la ministre de l'Ecologie (du Développement durable, des Transports et du Logement), Nathalie Kosciusko-Morizet, lors du débat qui s'est tenu le 29 mars 2011 à l'Assemblée nationale (voir dans le dernier quart du compte-rendu). Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'il ne faut pas oublier que la ministre est polytechnicienne, même si elle a choisi une spécialisation en biologie. Pour être honnête, il faut ajouter que c'est son prédesseur, Jean-Louis Borloo, qui a signé les permis d'exploration qui font polémique en France.
Dans notre beau pays, on se soucie beaucoup de la question énergétique. Les élites qui nous gouvernent, au-delà d'un discours désormais très convenu sur le développement durable, semblent surtout préoccupées par le nucléaire et les énergies fossiles. On croit que la France en est dépourvue. C'est une erreur, comme on peut le constater sur le site du ministère du Développement durable. Si, pour l'instant, c'est l'exploitation des gisements "classiques" d'hydrocarbues qui a été privilégiée, de nombreux permis d'exploration ont été accordés... et d'autres sont envisagés.
L'Aveyron est concerné à deux niveaux. Le Sud-Est du département (tout comme la Lozère, le Gard et l'Hérault) est menacé par le permis de Nant (du nom d'une commune aveyronnaise) :
On remarque que, concomitamment à ce permis, d'autres ont été accordés, pour le Gard seul et pour l'Ardèche (celui de Villeneuve-de-Berg). Comme aux Etats-Unis, les régions touchées sont, en général, à faible densité de population. Ce sont des groupes puissants qui ont obtenu les permis : une filiale de Total (Total Gas Shale Europe), GDF-Suez et surtout Schuepbach Energy LLC, une entreprise texane qui utilise les procédés mis au point par Halliburton... et qui visiblement n'a pas l'intention de renoncer (du moins, pas sans d'appréciables compensations).
Sur un blog de sensibilité écologiste, on peut trouver une carte plus précise du territoire aveyronnais concerné par le permis de Nant :
Mais une autre partie du département est menacée : le Quercy, inclus dans ce qui pourrait devenir le permis de Cahors :
Des questions restent posées. Est-il possible d'exploiter ces fameux gaz de schiste sans provoquer les dégâts montrés dans le film Gasland ? Accorder un permis d'exploration n'est-il pas une manière de se lier les mains, ceci devant forcément déboucher sur un permis d'exploitation ? Les citadins qui nous gouvernent ont-ils l'intention de s'asseoir sur la qualité de vie des ruraux ?
Notons qu'en Seine-et-Marne, terre d'élection de piliers de l'UMP comme Christian Jacob et Jean-François Copé, l'exploration est menée par une société "indépendante", Toreador Ressources Corporation, dont le vice-président se nomme Julien Balkany (demi-frère de Patrick Balkany...) et dont l'un des principaux dirigeants est un autre Français, polytechnicien, énarque, ancien de Total : Bernard de Combret.
Affaire à suivre...
12:24 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : film, cinema, cinéma, ecologie, environnement
vendredi, 22 avril 2011
Waste Land
C'est un documentaire consacré à l'artiste brésilien Vik Muniz, plus précisément au projet qu'il a réalisé avec des catadores, des trieurs de déchets issus des favelas, qui travaillent à Jardim Gramacho, dans ce qui a la réputation d'être la plus grande décharge du monde, à Rio de Janeiro.
Le film commence par nous présenter l'artiste, que je ne connaissais pas. Il est lui-même issu d'une famille pauvre... et a failli ne jamais pouvoir développer son art : il s'est pris une balle dans la cuisse après avoir tenté de séparer deux types en train de se bagarrer ! Dans son malheur, il a eu de la chance : il a été indemnisé, ce qui lui a permis de partir aux Etats-Unis. Là, après quelques galères, il a "fait son trou" : il est devenu l'un des artistes contemporains les plus côtés. En gros, maintenant, il est pété de thunes. Il a bâti sa réputation sur sa capacité à créer de véritables oeuvres d'art à partir d'objets de récupération. Franchement, les oeuvres qu'on nous présente à l'écran sont bluffantes !
La deuxième partie du film est consacrée à la décharge et à ceux qui y travaillent. C'est un formidable documentaire social (qui en dit long sur les inégalités au Brésil), d'où émergent quelques personnalités fortes et attachantes, filmées de près : elles vont participer au projet de l'artiste.
C'est fou ce que l'on peut trouver dans une décharge. L'une des "vedettes" du lieu a fondé une association et récupère les livres jetés (parfois à peine lus après leur sortie en librairie !). Il a créé une bibliothèque gratuite pour les gens du coin. Il se cultive aussi : il a lu Le Prince de Machiavel.
La peinture n'est pas absente des tas de déchets : au détour d'une fouille, on trouve une reproduction de Marat assassiné, de David (rapidement commenté ici)... ce qui donne une idée à Viktor Muniz.
On nous montre à la fois la difficulté (et la dangerosité... sans toutefois aborder la question des maladies qu'ils peuvent attraper) du travail des "récupérateurs" et leur dignité. On pourrait même parler de leur beauté. C'est que, comme pour un film, il y a eu un casting. Les hommes choisis ne sont pas des beaufs et les femmes ont toutes du charme... et ont connu un parcours cahotique. Notons que la musqiue d'accompagnement (composée par Moby) n'est pas désagréable.
Vient ensuite la phase de réalisation des oeuvres. Durant son passage dans la décharge, Vik Muniz et son assistant (sans doute moins philanthrope que lui) ont pris quantité de photographies. Certaines sont sélectionnées pour servir de support à l'oeuvre. Les images vont être reconstituées sur le sol d'un hangar, à l'aide de produits de récupération. De surcroît, l'artiste fait participer les modèles à la création. A la fin, le résultat est pris en photographie du dessus. C'est saisissant.
La dernière partie du film montre la réception des oeuvres et le devenir des modèles, qui se verraient bien quitter la décharge et ce travail finalement peu reluisant. Tous n'ont pas connu un destin favorable...
P.S.
Le site dédié est sympa.
Plus encore que le site, je recommande la brochure de présentation éditée en partenariat avec Amnesty international.
09:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
lundi, 18 avril 2011
Robert Ménard et le F.N.
C'est l'une des polémiques du moment, qui voit certains membres de l'intelligentsia médiatique (de gauche) s'en prendre parfois violemment à celui qui fut l'un des leurs, Robert Ménard.
L'ancien directeur de Reporters Sans Frontières n'est plus en odeurs de sainteté depuis qu'il fait cavalier seul. A-t-il franchement viré de bord ? A-t-il quitté les rivages ensoleillés de la Vraie Croyance (de gôche) pour le côté obscur de la Force médiatique (de droite, voire pire) ? Autant dire tout de suite que le débat ne vole pas haut, à l'image de ce que l'on a pu voir récemment sur France 2.
Dans cet extrait, il est question des propos de Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur. Robert Ménard se trouve face à Edwy Plenel, (directeur de Médiapart, qui fut en pointe dans l'affaire Bettencourt), un ancien pote qui se refuse à le tutoyer en public désormais... et qui ne le laisse pas en placer une. En bon marxiste, Plenel cause structures économiques et sociales. Il laisse volontairement le reste de côté. (C'est un mode de pensée, peut-être hérité du trotskysme, qui a déjà coûté cher à Lionel Jospin en 2002 : il a cru que ses seuls résultats économiques lui vaudraient une élection facile, négligeant les mentalités et le vécu quotidien de ses concitoyens.)
Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce que dit Ménard : le Front national n'a, pour l'instant, pas tant changé que cela (il a juste été toiletté pour les besoins des caméras)... mais il est plus influent aujourd'hui qu'il y a 20 ans, c'est sûr. Dans l'extrait de l'émission d'Yves Calvi, Plenel n'argumente pas, il dénigre... et finit par balancer à R. Ménard ses déclarations en faveur de la peine de mort. (Pour les gens de gauche, c'est une ignominie qui ne peut se comparer, pour les conservateurs, qu'aux gestes que commettent ceux qui traînent dans la boue les Saints Sacrements de Notre Sainte Mère l'Eglise.) Comme si les électeurs de gauche étaient aussi rebutés par la peine de mort que cela... Nos bons intellectuels devraient un peu plus fréquenter les cafés et les marchés, ils en entendraient de belles.
Sur le plateau, personne ne défend Robert Ménard, qui doit en plus répondre aux attaques d'Ariane Chemin, qui, bien que plus courtoise, n'argumente pas davantage. Signalons que la journaliste est une ancienne du Monde, qui officie désormais au Nouvel Observateur, qui a descendu en flamme le dernier bouquin de Ménard, Vive Le Pen !... sauf que, dans la critique de Marie Guichoux, il n'est pratiquement jamais question du contenu du livre. Par contre, on a droit à une relecture de la biographie de R. Ménard... et le moins que l'on puisse dire, c'est que les attaques ne sont pas d'une excessive subtilité.
On est allé chercher dans le passé du journaliste et dans ses déclarations récentes tout ce qui pouvait le relier à l'extrême droite. C'est donc un portrait à charge qui évoque, ô surprise, l'enfance du bonhomme. Ben oui, figurez-vous que son papa en pinçait pour l'Algérie française : c'était un sympathisant de l'OAS. Bon, le môme avait 8-10 ans à l'époque et, devenu adolescent, il a milité à l'extrême-gauche, mais, hein, bon sang ne saurait mentir. C'est vraiment dégueulasse comme procédé. (Incidemment, les Rouergats seront ravis d'apprendre que la famille de pieds-noirs, après son départ d'Algérie, s'est installée à Brusque, charmant village du Sud de l'Aveyron :
On sent qu'il y a volonté de démolir le bonhomme et d'éviter que son bouquin ne connaisse le succès. Il est venu aujourd'hui le présenter sur RTL, la station de radio qui l'emploie (pas très déontologique tout cela...) : il y tient des chroniques (pas trancendantes) et intervient régulièrement dans une émission de commentaire de l'actualité (brouillonne et tapageuse).
Après tout, je vais peut-être acheter ce bouquin.
22:34 Publié dans Politique, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, médias, presse, société, france
samedi, 16 avril 2011
"Le Nouvel Hebdo" numéro 171
L'éditorial de Gérard Galtier est consacré à la mise en place du nouvel exécutif départemental. Il y pointe les contradictions de la gauche mais aurait pu insister davantage sur la fin de la fiction des "sans étiquette", massivement soudés à la "Majorité départementale". On remarque aussi que Jean-Claude Luche a verrouillé le Conseil : les vice-présidents sont désormais majoritairement des proches ; l'influence de Jean Puech se fait moins prégnante. Le risque est que Jean-Claude Luche ne reproduise le mode de fonctionnement de son prédécesseur.
L'un des principaux articles concerne les turbulences à la tête de la MJC ruthénoise. Apparemment, plusieurs possibilités sont envisagées pour remplacer l'actuel directeur... et l'une d'entre elles n'est pas sans m'étonner : "Avec l'un, le maire pourrait, dit-on, la faire fermer à un blog qui le dérange"... Serait-ce une manière détournée de désigner l'un des responsables d'Aligorchie ?
Une fois n'est pas coutume, le journal s'en prend à l'un des proches de Jean-Claude Luche, l'inévitable Jean-Claude Anglars, peut-être le roi du cumul dans le département. Le Nouvel Hebdo ne s'est pas intéressé à l'affaire Guillaume Anglars, mais plutôt à l'appétit jamais assouvi du vice-président du Conseil général, dont je suis persuadé qu'il pense un jour succéder à J.-C. Luche.
Les derniers soubresauts des élections cantonales sont abordés à travers trois exemples. Il est surtout question de Mur-de-Barrez. La semaine dernière, l'ancien conseiller général Bernard Monzie a publié une longue tribune dans le Bulletin d'Espalion, où perce une forte inquiétude pour le canton, non pas en raison de l'élection d'un conseiller de gauche (Daniel Tarrisse), mais à cause de la future entrée en application de la loi sur les territoires (initiée et votée par la droite).
Le non-dit porte sur l'argent : dans le département, de nombreux cantons jalousent la relative aisance financière du Carladez, qui repose sur les redevances versées par EDF... De là à penser que les élus de Brommat ne voudraient pas partager avec les cantons voisins...
On perçoit aussi l'écho des dernières cantonales dans le petit article consacré à la commune de Saint-Léons, située dans le canton de Vezins-de-Lévézou. Certains conseillers municipaux seraient entrés "en résistance" contre le maire Olivier Monteillet... qui s'était présenté contre le conseiller général sortant Arnaud Viala. S'agit-il de règlements de compte ?
Enfin, dans un entrefilet consacré à la commune de Naucelle il m'a semblé reconnaître la "patte" de Bernard Mazars, sèchement battu en mars dernier par le sortant Jean-Paul (Mazars lui aussi). Il me paraît n'avoir pas encore digéré sa défaite.
On trouve encore d'autres choses dans ce numéro du Nouvel Hebdo, à commencer par la traditionnelle volée de bois vert administrée à la tête de turc du journal, Fabrice Geniez, le maire d'Onet-le-Château. On lira aussi avec profit la réponse (pas trop énervée) du maire de Rodez au courrier d'un lecteur concernant l'îlot Bonald.
Le journal s'achève par deux conseils de lecture. Le premier livre, en souscription (il sortira le mois prochain) est consacré à la grève des gantiers de Millau en 1911. Le second (déjà en vente), La Bataille de Carmaux, traite de la résistance dans le Tarn et l'Aveyron.
01:21 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, presse
vendredi, 15 avril 2011
Bernard Saules hyperactif
Le nouveau conseiller général de Rodez-Est et conseiller municipal (d'opposition) de Rodez ne cesse de faire parler de lui. Cette semaine, il a les honneurs du Ruthénois (numéro 59) qui, en page 2, relève un hommage très particulier :
C'est en lien avec la dernière séance du Conseil municipal de Rodez (du 8 avril dernier), qui a vu le maire de la commune du Piton, Christian Teyssèdre, rendre un hommage croc-en-jambes à celui qui est censé se trouver à la tête de l'opposition (page 2 du compte-rendu) :
Il est des félicitations qui valent bien des coups de poignard...
Mais il est difficile d'accuser le maire de Rodez d'être tombé dans l'attaque personnelle. Son intervention, sans doute ironique, ne faisait que rappeler un fait établi : Bernard Saules n'est guère assidu aux séances du Conseil municipal de la commune qu'il ambitionne de gérer.
Le 8 avril, il était donc "excusé" : il a argué d'un rendez-vous professionnel.
Cependant, lors de la séance précédente, celle du 25 février, il n'était pas là non plus, sans que la moindre excuse ait été avancée... et pour cause : il avait séché la séance pour s'envoler vers Paris. On avait ainsi pu le voir dans le public de l'émission Téléfoot du dimanche suivant...
... Et il était aussi absent de la séance précédente, celle du 17 décembre 2010 (apparemment avec une excuse : un mot des parents, peut-être ?).
Que l'on se rassure, il était bien présent le 15 novembre... mais pas le 20 septembre 2010, là encore avec une excuse.
Sur les cinq premières séances de l'année 2010, deux se sont déroulées sans Bernard Saules : celles du 9 avril et du 5 juillet. En 2009, il avait été plus assidu, même s'il n'avait pas assisté à toutes les séances. En 2010, son taux de présence est tombé à 50 %. En 2011, pour l'instant, à 0 %.
On va me dire : mais c'est parce qu'il est très pris. En effet, à son travail au Crédit agricole il ajoute ses fonctions au sein de l'U.N.A.F. (l'Union Nationale des Arbitres de Football), son mandat (non rémunéré) de conseiller municipal de Rodez et celui (rémunéré) de conseiller général de Rodez-Est. Il va falloir choisir, monsieur Saules ! Ou alors les électeurs ruthénois pourraient commencer à penser que celui qui s'est présenté comme un homme neuf, faisant de la politique autrement, n'est qu'un bonimenteur de plus.
On a commencé à avoir quelques doutes dès l'élection des vice-présidents du Conseil général de l'Aveyron : Bernard Saules ne s'est pas vu octroyer le prestigieux poste (ce qui est après tout fort logique : qu'il fasse d'abord ses preuves comme simple conseiller général de la majorité... et il y a du boulot), alors que Jean-Claude Luche en avait fait un argument de campagne. Oui, rappelez-vous, c'était dans Centre Presse (aussi dans Midi Libre, mais leur archivage numérique ne vaut pas tripette), le 10 mars dernier :
Mais Bernard Saules n'est pas reparti les mains vides. Dans Midi Libre du 8 avril, on apprenait qu'on lui avait attribué un beau hochet : le poste de conseiller général délégué au contrat territorial de l'agglomération ruthénoise... la planque idéale pour préparer les municipales de 2014 !
J'attends aussi de savoir quelle décision le nouveau conseiller général va prendre concernant ses activités professionnelles. Il me semble bien avoir entendu pendant la campagne que, s'il était élu, il se mettrait en disponibilité du Crédit agricole. Sinon, il est à craindre que d'autres séances du Conseil municipal de Rodez ne se déroulent sans lui... du moins jusqu'à la campagne de 2014 !
20:15 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
jeudi, 14 avril 2011
Interro surprise pour Cécile Duflot
Je retarde un peu sur le sujet, mais je dois avouer que la carrière de la secrétaire nationale des Verts ne fait pas partie de mes sujets de préoccupation. Je suis tombé sur le buzz en effectuant des recherches sur la catastrophe qui frappe le Japon.
J'ai donc appris que, interrogée sur BFM TV, la miss écolo avait situé le Japon... dans l'hémisphère Sud ! (Je ne reviens même pas sur la faute de français "cet accident ayant survenu"...) Observons un planisphère pour nous en convaincre :
J'ai encerclé de noir le territoire japonais et fait figurer l'emplacement de l'équateur par un trait rouge épais. Comme on peut le voir, le risque de confusion est faible.
On pourrait se dire, après tout, que c'est lié au stress, que c'est un lapsus, qu'elle ne peut pas être omnisciente et que nombre de politiques font régulièrement la preuve de leur inculture. (De Nicolas Sarkozy sur Al Qaïda à Frédéric Lefebvre sur "Zadig et Voltaire" en passant par Philippe Douste-Blazy et les juifs britanniques, la presse qui ne se veut pas de complaisance a eu du grain à moudre.)
Mais là, tout de même, c'est un peu gros, sur un sujet hyper médiatisé, abondamment illustré par des cartes précises. De surcroît, j'ai appris que Cécile Duflot est titulaire d'un DEA de géogaphie (consacré au "lieux de vacances", d'après Le Monde) !
Certains mauvais esprits sont allés jusqu'à se demander si Cécile Duflot pourrait situer sur un planisphère les îles Maldives (entourées de jaune sur la carte), où elle fut récemment amenée à se rendre en vacances (c'est tout de même une spécialiste de ce genre de lieux !), provoquant une mini-polémique dont en gros presque tout le monde se fout.
Le plus consternant dans cette affaire est qu'en face la journaliste Ruth Elkrief (elle-même titulaire d'un DEA en Sciences politiques) n'a pas rectifié. Etait-ce indulgence ? Etait-ce dû à la méconnaissance ? Un grand merci en tout cas à l'envoyé spécial qui a remis les choses à leur place (voir la fin de la vidéo).
Cette jeune femme ambitieuse (elle pense à l'élection présidentielle en s'épilant) devrait tout de même améliorer ses connaissances géographiques. Au sein d'Europe-Ecologie-Les Verts, on pourrait lui conseiller les services d'une prof de collège aveyronnaise (récemment candidate sur le canton de Rodez-Est), Emily Teyssèdre-Jullian...
P.S. (4 juin 2011)
J'ai découvert tardivement la chronique de Tanguy Pastureau. J'adore !
18:05 Publié dans Japon, Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, humour, écologie
dimanche, 10 avril 2011
Le musée Toulouse-Lautrec
- Dis, tu fais quoi samedi ?
- Euh, rien de spécial, a priori. Pourquoi ?
- Je viens sur Albi. J'ai envie de visiter le musée Toulouse-Lautrec et la cathédrale. Tu m'accompagnes ?
- Euh...
- Je t'invite au resto !
Convaincu par la perspective d'une bonne bouffe qualité artistique des arguments, me voilà donc rendu dans le chef-lieu tarnais. En début d'après-midi, il y avait quand même du monde, mais on ne se bousculait pas trop.
Cela commence par le rez-de-chaussée, où sont placées les oeuvres évoquant la jeunesse de l'artiste, sa famille, ses fréquentations, ses influences. Au bout, dans un coin, se trouvent les tableaux consacrés à ce que l'on pourrait appeler les "femmes de mauvaises vie". Notons que dans chaque salle sont accessibles des fiches d'explication bien conçues (mais, bon, faut se les trimbaler devant les oeuvres). Si l'on est moins radin, on peut, contre un supplément payé en caisse, se balader avec un casque : certaines oeuvres bénéficient d'un commentaire spécifique.
Ensuite, il faut se rendre dans une autre aile du bâtiment, monter un petit peu. On accède à un auditorium (environ deux fois plus grand que celui du musée Fenaille, à Rodez). Un film d'environ une demi-heure y est projeté. On y apprend l'histoire de Toulouse-Lautrec ; on y voit nombre de ses oeuvres, projetées toutefois sans ordre, sans réel commentaire. Dans la salle, des papys en profitent pour piquer un roupillon, pendant que Madame est captivée par ce qui passe à l'écran. L'Aveyronnais que je suis se doit de signaler que le peintre tarnais nommé Toulouse a passé l'essentiel de sa jeunesse... en Aveyron, au château du Bosc.
Quand on sort de là, on peut accéder à l'autre partie des collections, plus intéressante à mon avis. On y découvre les croquis et lithographies de l'artiste puis, en bas, les affiches qui l'ont rendu célèbre.
Alors que j'associais plutôt Toulouse-Lautrec au côté graveleux de son oeuvre, j'ai été surpris de voir que beaucoup de ses productions sont très gracieuses, comme la Femme qui tire son bas :
Elle semble jeune ; elle est jolie, "prise sur le fait"... et le bras gauche est positionné de manière pudique, pour masquer le pubis... ce qui permet de vendre des reproductions de l'oeuvre en cartes postales. Cette étude a abouti à une oeuvre finale moins angélique :
La femme est un peu moins jolie... et semble triste. A côté d'elle se trouve sans doute une maquerelle. Il s'agit donc d'une prostituée, dont on ne prend plus soin de masquer le gagne-pain : son pubis.
J'aime chez Toulouse-Lautrec ce côté "envers du décor", qui montre sans fard ces femmes du monde des lumières, comme Madame Poupoule à la toilette :
Dans le même genre, au Musée d'Orsay, on peut voir une superbe Femme seule (j'aurais bien titré cela : "Cre-vée !")
On remarque la fréquence des "scènes de lit", soit coquines (il est fait allusion à une relation charnelle), soit tendrement descriptives (le modèle est dans une posture d'abandon). Dans le genre "réaliste", il y a Deux filles dans le lit :
Dans le genre intimiste poétique, il y a la Femme couchée (dont une version se trouve au Brooklyn Museum) :
Pour moi, le crayonné atteint un sommet quand il tente de restituer les mouvements, comme avec la danseuse Loïe Fuller (le lien mène à un blog qui propose deux courts films d'époque... assez étourdissants, ma foi) :
L'attention de Toulouse-Lautrec s'est aussi beaucoup portée sur les animaux. Il semblait fasciné par les chevaux, qu'il n'insère en général que dans des oeuvres "sérieuses". Par contre, il recourt à d'autres quadrupèdes dans un but humoristique, comme dans Entre trois-z-yeux (que je n'ai pas vu au musée d'Albi) :
Les deux premiers appartenant au chien, je vous laisse imaginer ce qu'est le troisième oeil...
Moins scabreuse est l'Invitation à une tasse de lait :
Le texte du dessous dit ceci : Henri de Toulouse Lautrec sera très flatté si vous voulez bien accepter une tasse de lait le samedi 15 mai vers 3 heures et demi après midi. (On peut l'acheter en carte postale à la boutique du musée.)
Enfin, voici mon kiff perso, le Dîner des Tarnais, bien caché dans un coin de la salle du bas :
Pour aller plus loin, outre la visite du musée, je vous conseille le site de la Fondation Toulouse-Lautrec, qui fourmille d'oeuvres (même si rien ne remplace le face-à-face direct avec la production de l'artiste).
13:26 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, culture, peinture
samedi, 09 avril 2011
Une carte approximative dans "Groland.con"
L'émission diffusée ce samedi 9 avril est aussi réjouissante que les précédentes. Cependant, au détour d'un sujet consacré aux bons endroits où passer ses vacances (à par le Groland... rien), voici ce sur quoi je suis tombé :
Je me suis concentré sur l'Europe mais, en cherchant un peu, on peut trouver d'autres anomalies, ailleurs sur la carte.
Cela commence par l'absence du Luxembourg, alors que Belgique et Pays-Bas semblent accompagnés d'un territoire qui n'existe pas.
Cela continue par les pays baltes, qui ne sont que deux sur la carte (en compagnie de l'enclave russe de Kaliningrad), au lieu de trois.
On termine par les Balkans, où les cartographes ont parfois du mal à suivre le rythme des modifications territoriales, assez nombreuses à être survenues depuis les années 1990 :
On pourrait continuer avec le Proche-Orient, où Israël occupe une taille en réalité bien moins importante que ce qui est montré par la carte "grolandaise".
Bon, les gars, va falloir secouer les puces de vos assistants !
22:19 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : humour, médias
lundi, 04 avril 2011
Une presse partisane
On peut être un hebdomadaire local de qualité, en bonne santé financière (à ce qu'il me semble)... et avoir une conception très particulière de la neutralité politique. C'est le cas d'une vénérable publication aveyronnaise, le Bulletin d'Espalion.
A la base, comme son lectorat est nord-aveyronnais, on se doute bien qu'il ne va pas pencher du côté du bolchevisme. Mais, pendant la campagne des récentes élections cantonales, j'ai senti comme une sorte d'engagement de la part de la rédaction (d'une partie d'entre elle, du moins). Ce fut particulièrement visible dans le numéro paru juste avant le premier tour, vendredi 18 mars. Les pages 4 et 5 étaient consacrées aux tribunes politiques. Voici ce qu'on pouvait y lire (j'ai ôté de l'image les publicités) :
Sur cinq tribunes, trois sont en faveur de la "Majorité départementale" (qui, paradoxalement, a finalement recueilli moins de voix que la "minorité"). Page de gauche, c'est le responsable des jeunes du Modem aveyronnais qui s'exprime, sans prendre parti pour un camp. Par contre, la page de droite est véritablement colonisée... par la droite. On peut lire successivement une tribune de Jean-Claude Luche et un communiqué du Conseil général, suivis, comme c'est étonnant, par une déclaration de son président. Même le bref article consacré au débat qui l'a opposé à Guy Durand est d'une objectivité douteuse. La fin est rédigée ainsi : "Tout au long de ce face à face courtois, Jean-Claude Luche s'est montré pugnace et convaincant, bon connaisseur des dossiers devant un Guy Durand qui a détaillé le programme de la gauche." Le sous-entendu est : Guy Durand, lui, ne connaissait pas les dossiers, une reprise d'un argument de J.-C. Luche. C'est évidemment faux, mais, parmi ceux qui n'ont pas suivi le débat, qui aura décelé la supercherie ?
En bas de page surnage un communiqué de Pierre Pantanella, du PS. Ouf, l'honneur est sauf !
Je ne m'attarderai pas sur l'analyse qui est faite des résultats du second tour, dans le numéro du 1er avril. Mon attention a été attirée par autre chose. Voici ce que l'on pouvait voir en Une :
Vous allez me dire, voilà qui annonce un petit article sympa, qui met en valeur un jeune gars bien de chez nous. Sauf que, quand on lit l'article, on se dit qu'il ne s'agit pas de monsieur-tout-le-monde. Il n'est pas donné à n'importe quel élève de Première d'obtenir un stage à l'Elysée. Et là, un doute m'effleure : se pourrait-il que ce jeune, originaire de Sébrazac, ait un lien de parenté avec le maire de cette commune, vice-président du Conseil général de l'Aveyron ? Voilà qui expliquerait l'obtention du stage prestigieux.
De surcroît, quand on lit l'article, ce ne sont que louanges... plutôt adressées aux adultes qui travaillent au Château qu'au jeune homme d'ailleurs : "Guillaume aura côtoyé beaucoup de grandes figures du monde politique français ainsi que de nombreux conseillers, tous formidables par leurs compétences reconnues et leur dynamisme." Comme c'est beau ! Comme c'est grand ! J'en ai la larme à l'oeil. On est vraiment bien gouvernés, y a pas à dire ! (Curieusement, les électeurs qui se sont déplacés en mars dernier ne semblent pas tout à fait de cet avis, mais bon, je chipote, hein.)
Le reste de l'article sous-entend que le jeune semble promis à un brillant avenir politique... et voilà que ressurgit le spectre des dynasties aveyronnaises... On se souvient qu'Yves Censi (le fils de l'ancien maire de Rodez), avant de faire son nid dans la première circonscription de l'Aveyron, était passé par l'Elysée, où il avait paraît-il conseillé Jacques Chirac pendant quatre ans. Un papa très ambitieux pour son fils a-t-il eu cet exemple en tête ?
18:30 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : politique, cantonales, presse
samedi, 02 avril 2011
Le résultat des cantonales vu par "Groland"
Bon, c'est vrai quoi, y en a marre de ces peigne-culs du net qui se prennent pour des politologues ! Laissons à nos pédants boursouflés en costume le monopole de l'exégèse politique !
Vous pouvez toutefois faire une exception pour l'équipe de Groland.con, qui nous livre le résultat de ses puissantes cogitations dans l'émission de samedi 2 avril :
Dans la même émission, vous saurez dans quelle mesure l'intrépide Michael Kael, de retour du Japon, a été contaminé par la radioactivité. Une fois n'est pas coutume, on nous propose un reportage de bon goût dans cette émission si grossière et racoleuse... et vous entendrez parler d'une nouvelle loi grolandaise, qui instaure le divorce parents-enfants...
Sur la fin, en guest, vous pourrez voir Sara Forestier (à qui il est arrivé une bricole) et le premier homme enceint !
21:55 Publié dans Politique, Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, cantonales, humour
vendredi, 01 avril 2011
Les vice-présidences aveyronnaises
Traditionnellement, on appelle "troisième tour" des élections cantonales la désignation du président du Conseil général, par l'ensemble des conseillers généraux (comme le maire est élu par les conseillers municipaux désignés par les citoyens lors des élections municipales). En général, le résultat du vote est connu d'avance. C'était le cas pour l'Aveyron : Jean-Claude Luche a été logiquement réélu, le bataillon de faux "sans étiquette" ayant regagné le giron de la droite.
Le vrai suspens réside dans l'affectation des vice-présidences. Je n'ai pas écrit "élection" à dessein : tout se trame en coulisses. Cette année, il y a avait matière à réflexion. Signalons d'abord que, sur 46 conseillers généraux, 13 obtiennent cette précieuse dénomination... qui permet de voir leur indemnité multipliée par 1,4 (dans l'Aveyron, elle dépasse donc 2 500 euros nets par mois, le président palpant plus de 5 000 euros)...
Tout ça pour un travail à temps partiel, d'après les propos de Jean-Claude Luche himself ! Eh, oui ! On ne se méfie jamais assez de ce que, dans l'euphorie de la victoire, on déclare en public. Un journaliste de La Dépêche du Midi a relevé les propos suivants : "J'espère qu'il y aura des amendements, qu'il y aura un statut pour le conseiller territorial car cela deviendra un emploi à plein-temps" En bonne logique, si, en 2014, la fonction de conseiller territorial, qui pourrait remplacer celle de conseiller général, devient, pour l'élu, un boulot à temps plein, c'est bien que le travail actuel de conseiller général ne l'est pas ! Sacré Luluche !
Et donc l'Aveyron est géré par J.-C. Luche assisté de 13 vice-présidents (pour 46 conseillers), comme le Grand Rodez est géré par Ludovic Teyss Mouly assisté de 13 vice-présidents (pour 45 conseillers) et comme Midi-Pyrénées est gérée par Martin Malvy assisté de 15 vice-présidents (pour 91 conseillers). Je n'ose imaginer le pognon que cela nous coûte...
Voici quels étaient les vice-présidents aveyronnais de 2008 à 2011 (2 femmes pour 11 hommes) :
J'ai souligné les noms des quatre qui ne se représentaient pas. Cela libérait donc quatre places. Voici la nouvelle équipe, telle que l'a publiée La Dépêche :
J'ai souligné le nom des vice-présidents "frais émoulus". Aucun n'est un nouvel entrant au Conseil général. Jean-Claude Luche a récompensé deux fidèles qui viennent d'être réélus, l'un triomphalement, Jean-Claude Anglars (sur le canton d'Estaing), l'autre un petit peu plus laborieusement, (en dépit du soutien appuyé de Luluche), Jean-François Albespy (sur le canton d'Entraygues-sur-Truyère). Les deux autres "nouveaux" permettent de rééquilibrer vers l'ouest (Michel Costes est élu de Rieupeyroux) et le sud (Christophe Laborie est élu de Cornus) l'exécutif départemental, très marqué "Nord Aveyron".
Et là je sens une certaine surprise chez l'électeur ruthénois de base : où est donc Bernard Saules ? Pourtant, durant la campagne, on nous a bien seriné que, s'il était élu, il jouerait un rôle majeur au sein du Conseil, Jean-Claude Luche ayant clairement sous-entendu qu'il pourrait accéder à une vice-présidence : "Bernard Saules est la solution ; il travaille, il ne fait pas d'esbrouffe. Et il peut devenir ensuite un vice-président privilégié, tout est possible."
En effet, tout est possible, y compris qu'on se paie la tête des électeurs. Il semble se confirmer ce que j'avais pressenti ces dernières semaines : Bernard Saules n'est pas là pour travailler au Conseil général. Il n'est d'ailleurs pas d'un grand sérieux dans son rôle de chef de l'opposition ruthénoise. Il a rempli sa mission : rapporter à la droite le canton de Rodez-Est. Il va passer trois ans au chaud, aux frais de la princesse des contribuables et, un peu avant 2014, le Conseil général va, comme par hasard, nous balancer un mirifique projet pour faire mousser le Bernard Saules candidat... aux municipales de Rodez.
Qui c'est qui fait de la politique politicienne ?
23:01 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, cantonales
mardi, 29 mars 2011
Le diable se niche dans les détails
L'inspiration m'est venue en consultant le site internet de La Dépêche du Midi, ce mardi, plus précisément l'article titré "Jean-Claude Luche prépare sa majorité". Il est illustré par une photographie centrée sur le président du Conseil général, sur le point d'être reconduit à ce poste. Il est entouré par deux de ses fidèles, Jean-Michel Lalle (pas si bien réélu que cela à Bozouls) et Bernard Saules, nouvel élu à Rodez-Est.
La photographie choisie par le quotidien met en valeur le chef de la "Majorité départementale". Il porte le plus joli costume (Jean-Michel Lalle persistant à associer chemise, cravate et veste sombres, Bernard Saules ayant tombé la cravate). Il donne aussi l'impression d'être le patron, à la manoeuvre, alors que Jean-Michel Lalle semble tenter de deviner son avenir politique dans les lignes de sa main droite. De son côté, Bernard Saules fait un peu figure de petit nouveau dans la classe, un peu gêné, les mains sous la table... ce qui nous empêche de distinguer sa montre.
Le détail n'est pas sans importance. Les membres de la "Majorité départementale" semblent affectionner les montres à cadran rectangulaire, commes celles que portent J.-M. Lalle et J.-C. Luche sur cette photographie. Je m'étais fait la remarque lorsque le président du Conseil général était venu à La Salvetat-Peyralès soutenir André At (la photographie a été publiée le 18 mars dernier) :
Au poignet de Jean-Claude Luche se trouve visiblement la même montre.
Concernant Bernard Saules, j'ai finalement retrouvé une photographie permettant d'établir une comparaison, dans La Dépêche du 10 mars. A l'époque, je n'y avais pas fait attention... parce qu'il porte sa montre au poignet droit !
Vous noterez que Jean-Claude Luche porte une montre différente de celle visible sur les précédentes photographies (mais toujours à cadran rectangulaire). Mais, surtout, vous remarquerez que le cadran de celle de Bernard Saules est rond !
Ce goût est confirmé par une autre photographie, prise à l'occasion de sa déclaration de candidature, en mai 2010 (c'est aussi visible dans un article publié dans Le Ruthénois n°24) :
J'en arrive à la conclusion éblouissante que, si le nouveau conseiller général de Rodez-Est met les mains sous la table (sur la première photographie), ce n'est pas par timidité ou en signe de soumission, mais parce qu'il redoute que tout le monde constate qu'il n'est pas au diapason de la Majorité départementale ! La possession d'une montre à cadran rectangulaire est-elle exigée par Jean-Claude Luche pour accéder à une vice-présidence ? Mystère... Qu'attend donc la presse pour enquêter ?
Cerise sur le gâteau : regardez le nom du photographe du premier cliché : Escoffier !
12:25 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, cantonales, presse
lundi, 28 mars 2011
Bilan du second tour des cantonales dans l'Aveyron
Neuf cantons étaient en jeu. On pouvait estimer que l'élection ne devait pas réserver de surprise dans cinq d'entre eux (Saint-Affrique, Entraygues-sur-Truyère, Laguiole, Bozouls et Millau-Ouest). Le scrutin paraissait plus ouvert dans les quatre autres (Villefranche-de-Rouergue, Nant, Mur-de-Barrez et Rodez-Est).
On ne s'étonnera donc pas de la réélection du socialiste Jean-Luc Malet à Saint-Affrique (avec 62,25 % des suffrages exprimés) : seule une primaire à gauche l'avait empêché de l'emporter au premier tour. On notera toutefois que, s'il augmente son score de plus de 1 000 voix, son adversaire de droite en gagne un peu moins de 500 entre les deux tours (avec un taux de participation quasi identique), alors qu'il ne disposait, en théorie, d'aucune réserve... C'est là que les propos d'un collègue de travail plus âgé, qui connaît bien le coin, me reviennent à l'esprit : "Avant l'arrivée d'Alain Fauconnier, on votait traditionnellement à droite dans le canton." Jean-Claude Luche a semé une graine...
C'était aussi plié d'avance à Entraygues, où le concurrent du conseiller général sortant a été prié de remballer les gaules, histoire d'assurer une réélection triomphale à son rival. Pour son anniversaire, Jean-François Albespy a reçu en cadeau 63,07 % des suffrages exprimés. Il ne récupère toutefois qu'une partie des voix de Pierre Laurens, alors que Guilhem Serieys dépasse le score cumulé des candidats de gauche au premier tour. Il y a eu quelques rebelles du côté de la Truyère... Signalons qu'en 2004, année de la première victoire de J.-F. Albespy (contre papa Serieys, le socialo), il avait réuni 140 voix de plus, avec une participation plus importante. Serieys fils fait aussi moins bien que Serieys père.
On s'y attendait un peu aussi et donc Vincent Alazard, le maire de Laguiole, est assez facilement élu dans le canton du même nom, avec près de 60 % des suffrages exprimés. Son adversaire Joseph Chauffour n'avait été battu que de 13 voix en 2004 par Guy Dumas, qui ne se représentait pas.
On pensait que le résultat serait tout aussi éclatant pour Jean-Michel Lalle à Bozouls. On avait déjà été surpris par sa mise en ballottage, face à quatre candidats de gauche, lui qui, en 2004, avait été reconduit dès le premier tour avec 61,90 % des suffrages exprimés. Même si, à gauche, on faisait mine de nourrir quelques espoirs, il semblait évident que le porte-flingue de Jean-Claude Luche n'avait pas grand chose à craindre. Il s'en sort avec un petit 56 % des suffrages (et seulement 65 voix d'avance dans sa propre commune, Rodelle...).
Un élu de gauche était un peu dans ce cas : on pensait sa réélection assurée... et il a frôlé la correctionnelle. Il s'agit de Jean-Dominique Gonzales, à Millau-Ouest. Il ne l'emporte que de 65 voix sur le petit prof de collège que Jean-Claude Luche lui avait balancé dans les pattes. Entre 2004 et 2011, le sortant a perdu environ 1 000 voix au premier tour et près de 2 000 au second. Et pourtant, l'adversaire de droite n'a pas progressé entre ces deux dates. Il s'agit donc visiblement d'un désaveu du sortant. Durant la campagne, il s'était fait épingler par le site Aligorchie pour son absentéisme au Conseil général et la faiblesse de son bilan. Il a aussi été victime d'attaques virulentes de la part du Front de Gauche local. Même le Journal de Millau ne l'a pas épargné. Il est aussi possible que la déception engendrée par la politique du nouveau maire Guy Durand ait rejailli sur sa candidature. Bref, la gauche va devoir resserrer les boulons !
Je pensais que le second tour de Villefranche-de-Rouergue avait des chances d'être aussi disputé. Finalement, ce ne fut pas le cas. Dès dimanche dernier, le socialiste Claude Penel avait clairement appelé à voter pour le radical Eric Cantournet, qui l'emporte nettement sur le maire de Villefranche, Serge Roques. Celui-ci a peut-être quelques soucis à se faire pour son avenir...
La situation à Nant apparaissait plus confuse : le canton a longtemps été tenu par la droite, mais l'ensemble des forces de gauche y était majoritaire au premier tour, même si le candidat de la majorité départementale était arrivé en tête. Celui-ci a gagné près de 300 voix. Seule une petite partie est venue du surcroît de participation. Il semble bien que l'électorat du Front national ait voulu faire barrage à la gauche, notamment à La Cavalerie. De manière générale, on constate que les reports de voix à gauche n'ont pas été bons. Il semble que la candidature écologiste ait drainé, au premier tour, les suffrages de personnes rendues inquiètes par le projet d'exploitation des gaz de schistes, voix qui sont retournées d'où elles venaient (de la droite) au second tour. Si quelqu'un a de meilleures explications à proposer...
A Mur-de-Barrez s'est produite la surprise que l'on attendait un peu : l'élection du candidat de gauche Daniel Tarrisse. Dans quatre des six communes, son adversaire Pierre Miquel arrive pourtant légèrement devant lui. Dans le chef-lieu, c'est l'inverse et, à Thérondels, le socialiste recueille 74 % des suffrages exprimés, récupérant sans doute ceux qui s'étaient portés sur Joseph Chayrigues (ce qui expliquerait aussi qu'il soit passé en tête à Mur-de-Barrez), tandis que les électeurs qui avaient choisi Marie-Pierre Guimontheil semblent s'être reportés, en bons petits soldats du luchisme, sur Pierre Miquel. La commune de Murols offre une situation paradoxale : au premier tour, elle avait placé Mme Guimontheil largement en tête mais, au second, une partie des électeurs de celle-ci (une vingtaine) ont choisi Daniel Tarrisse. On peut penser que le vote du premier tour s'expliquait par le fait qu'un adjoint au maire de Murols était le remplaçant de Mme Guimontheil. Pour le second, ces électeurs ont exercé leur liberté de choix.
Je pense qu'en dépit de son succès global aux élections cantonales, Jean-Claude Luche a très mal pris cette victoire de la gauche. Pour s'en convaincre, il suffit de lire ses réactions, telles que les rapporte La Dépêche du Midi de ce lundi. Très arrogant, le président du Conseil général déclare en gros ne pas comprendre comment un canton comme celui de Mur-de-Barrez peut voter majoritairement à gauche. Il me rappelle ces militants socialistes, choqués qu'on puisse ne pas choisir le Bien, le Beau, le Vrai (leur parti). Sur ce point, droite et gauche se rejoignent. La suite des propos tenus par J.-C. Luche est plus inquiétante pour Daniel Tarrisse : "je crains que les habitants du Carladez ne regrettent leur choix : on fera le bilan dans trois ans." Cela sonne comme une menace. On n'ose imaginer que la majorité départementale puisse soutenir en priorité les projets valorisant les cantons qu'elle détient afin de pouvoir, au moment des élections, faire parler son superbe bilan, dénigrant celui des sortants socialistes ou radicaux...
La résurgence de l'arrogance de Jean-Claude Luche se comprend parce qu'il a réussi à faire battre l'un de ses principaux adversaires : Stéphane Bultel. Celui-ci n'a en effet pas été réélu à Rodez-Est. Quand on analyse les résultats dans le détail, on s'aperçoit tout d'abord que la participation a été plus élevée au second tour qu'au premier. Elle a cependant légèrement baissé à Sainte-Radegonde et au Monastère, alors qu'elle a assez fortement augmenté à Rodez. A Sainte-Radegonde, je ne constate rien de particulier au niveau du report des voix. Au Monastère, on notera que Stéphane Bultel a globalement bénéficié de bons reports du Front de Gauche et des écologistes. Pourtant, il a quelque peu malmené ceux-ci durant la campagne, ce qui lui a sans doute coûté des voix. A Rodez même, Bernard Saules a distancé son adversaire sur les bureaux 4,5,6 et 7. La participation a sensiblement augmenté sur les bureaux 2,3,4 et 5. Je pense que les électeurs rattachés à ces secteurs sont plus âgés que la moyenne (j'ai vu une de ces quantités de papys et de mamies quand je suis venu voter dimanche !). Je me demande aussi de quels bureaux de vote dépendent les parents qui avaient inscrit leurs enfants à l'école François Fabié...
21:31 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, cantonales
dimanche, 27 mars 2011
"Le Nouvel Hebdo" numéro 168
Gérard Galtier redevient journaliste à 100 % et nous gratifie d'un éditorial percutant, où il est question du Front national et du vote blanc.
Il revient ensuite évidemment sur sa candidature, dont les résultats ont sans doute dû le décevoir, quels que soient les messages d'encouragement qu'il a reçus. Dans un autre article, les résulats du canton de Rodez-Est sont analysés de manière très fine. Faut s'accrocher quand on s'intéresse aux pourcentages !
Un encadré aborde le début de polémique né du projet de déplacement du monument aux morts de Rodez. Celui-ci se trouve actuellement à l'entrée du jardin du Foirail (ou plutôt de ce qu'il en reste). Seule la statue de la Victoire a été conservée du monument originel, qui trônait sur la place d'Armes :
Pour faire un peu de place, la mairie envisagerait d'enlever la statue du Foirail... pour l'installer à la place de celle du square François Fabié, à côté du palais de Justice. Les mauvaises langues disent que la majorité actuelle doit vraiment avoir une dent contre feu le poète aveyronnais pour, après avoir fermé l'école portant son nom, vouloir dégager la statue lui rendant hommage !
J'aurais bien une autre suggestion à faire : rétablir l'ancienne localisation, place d'Armes, celle-ci rendue piétonne dans la perspective du classement à l'Unesco. En cherchant bien dans les ateliers dépendant de la mairie de Rodez, il se pourrait même que l'on retrouve les éléments qui entouraient la statue, à l'origine (sur lesquels avaient été gravés les noms des soldats morts pour la France). Ils auraient bien besoin d'une restauration, mais la chose n'est pas irréalisable.
Le positionnement du monument aux morts ne pose pas problème qu'à Rodez. La récente commémoration du cessez-le-feu en Algérie (le 19 mars) a été l'occasion de vérifier qu'il devient parfois de plus en plus difficile d'organiser une cérémonie.
Ce fut le cas à Espalion, comme on a pu le lire dans le Bulletin :
Le monument est situé en plein centre ville, juste devant la mairie, dans un virage dangereux, où la circulation est importante. Il est vrai que la sculpture est superbe :
On notera que, si le maire de la commune (Gilbert Cayron) est bien présent, il n'est pas question de la conseillère générale, Simone Anglade, bien que la cérémonie soit cantonale. Il faut dire que les deux élus n'entretiennent pas les meilleures relations.
L'article du Bulletin sous-entend que l'organisation semble avoir été défaillante. Je pense qu'à terme, il va falloir trancher quant à la localisation du monument. Le même problème s'est posé à Ceignac, où une décision a récemment été prise. Quand ces monuments ont été construits, dans les années 1920, la circulation automobile n'était pas aussi dense (ni aussi rapide) que de nos jours. Il faut juste veiller à ce que le monument ne soit pas relégué dans un coin obscur de la commune et qu'un espace suffisant soit disponible pour y organiser des cérémonies. De surcroît, des règles sont à respecter.
Il est souvent question de la commune d'Espalion dans Le Nouvel Hebdo, dont l'un des contributeurs ne semble guère apprécier la gestion de Gilbert Cayron. En compagnie de Fabrice Geniez d'Onet-le-Château, il fait office de punching-ball officiel de l'hebdomadaire satirique.
Cette semaine, il est question du repas des aînés organisé par la mairie. Cela se fait un peu partout. On sait très bien que c'est un moyen utilisé pour choyer l'électorat âgé, plus prompt à déposer un bulletin dans l'urne que les jeunes de la commune...
A Onet-le-Château, c'est la construction du théâtre ainsi que le nombre de places de parking qui font débat. Le fait que tout cela intervienne dans une zone "résidentielle" n'est pas innocent. Quand les (supposées) nuisances sont placées du côté des pauvres, les protestations vertueuses se font en général plus rares. (D'autre part, je pense que les riverains surestiment l'impact négatif de la présence d'un théâtre. Ce sont plutôt les voisins du futur multiplexe de cinéma, à Rodez, qui vont comprendre leur douleur, d'ici quelques années...)
Concernant le chef-lieu départemental, un article intéressant évoque les pentes de Bourran, où l'on a semble-t-il raté l'occasion de réaliser un aménagement utile, esthétique et peu coûteux... et je finis par me rendre compte que le texte publié sous le nom de "Rutène" vient du blog de droite Rodez - Unir pour gagner.
Je vous laisse découvrir le reste, dans le numéro de cette semaine...
19:25 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse
samedi, 26 mars 2011
Les rancunes d'Entraygues
Le canton d'Entraygues-sur-Truyère était le seul (du département de l'Aveyron) où devait se dérouler une triangulaire, au second tour des élections cantonales. Le sortant, Jean-François Albespy, devançait son rival divers droite de 2004, Pierre Laurens, et le surprenant candidat du Front de Gauche, Guilhem Serieys. Tous trois avaient obtenu plus que les 12,5 des inscrits indispensables à la poursuite de l'aventure.
Mais le conseiller titulaire avait l'air d'en savoir beaucoup, lui qui, dès dimanche dernier, parlait d'un duel. L'analyse des résultats du premier tour allait dans ce sens.
Dès mercredi, on a eu la réponse : la presse locale (Midi Libre notamment) se faisait l'écho du désistement de Pierre Laurens, arrivé pourtant deuxième avec un peu plus de 25 % des suffrages exprimés. L'ancien conseiller général s'était montré jusque-là très discret : il n'avait pas fait de commentaire sur son résultat du premier tour et n'a pas donné de consigne de vote pour le second. Vendredi, dans le Bulletin d'Espalion, on pouvait toutefois lire ceci :
On voit qu'il ne fait pas de cadeau au sortant, pour lequel "on" (la majorité tenant le Conseil général, bien sûr) l'a forcé à se retirer. Bon, eh bien, puisque Pierre Laurens n'a pas voulu donner un petit coup de pouce à Jean-François Albespy, c'est encore Jean-Claude Luche qui est venu mouiller la chemise pour son petit chouchou :
Sauf erreur de ma part, tous les maires du canton sont présents sur la photographie, épaulés par deux conseillers généraux venus en voisins : René Lavastrou, triomphalement réélu à Saint-Amans-des-Côts, et Simone Anglade (une autre fidèle de J.-C. Luche), élue d'Espalion. On déploie l'artillerie pour une élection qui, n'en déplaise à Guilhem Serieys (qui a raison d'y croire, après tout), me semble pliée. Mais que ne ferait-on pas pour un fidèle serviteur bon copain !
Il ne faudrait cependant pas croire qu'à gauche la situation soit plus "rose". On aurait pu penser que la candidate socialiste, éliminée à l'issue du premier tour, soutiendrait son camarade du Front de Gauche. Ce n'est pas si sûr :
Dans Centre Presse du 25 mars, Béatrice Orozco apporte son soutien à... Daniel Tarrisse, candidat à Mur-de-Barrez ! Pour Entraygues-sur-Truyère, elle ne donne aucune consigne de vote. Quelque chose me dit qu'elle s'est sentie un peu vexée d'avoir été (nettement) devancée par le "gauchiste ruthénois" venu tenter sa chance sur les terres de ses ancêtres.
21:56 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, cantonales
Résultats des anciens du NPA
Il y a trois semaines de cela, j'ai consacré un billet à ces cas particuliers des élections cantonales : trois anciens militants du Nouveau Parti Anticapitaliste d'Olivier Besancenot, qui courent sous d'autres couleurs... assez surprenantes ma foi.
Ils ont connu des fortunes diverses. La moins gâtée est Ilham Moussaïd, qui, dans le canton d'Avignon Sud, n'a recueilli que 2,26 % des suffrages exprimés (103 voix). Le second tour y opposera la sortante, vice-présidente du Conseil général du Vaucluse, la socialiste Michèle Fournier-Armand, au candidat du Front national Alain Oddone. Ces deux personnes ont recueilli respectivement 31,64 % et 26,90 % des suffrages exprimés, l'abstention étant de 58,22 % !
Fabien Engelmann n'est pas passé loin de l'exploit : il termine troisième du premier tour, à Algrange. Il rate le second tour pour un peu moins de 170 voix, (il obtient 23,4 % des exprimés) derrière le sortant, le socialiste René Gori, et un communiste. Vous allez me dire : mais, avec un tel score, il devrait pouvoir se maintenir au second tour ! Eh, non, car, la participation n'ayant été que de 32,5 % (et donc l'abstention de 67,5 % !), le candidat FN n'obtient que 7,42 % des inscrits, loin des 12,5 % requis. Et je peux vous assurer que la participation risque d'être encore plus faible au second tour : le communiste s'est désisté ! On demande donc à des électeurs qui se sont déjà très peu déplacés de revenir pour plébisciter le sortant, qui n'avait pourtant rassemblé sur son nom (et son bilan) que 10 % des inscrits ! Tout cela à cause d'accords secrets entre PS et PCF... On se fout un peu de la gueule des électeurs !
La plus grande "réussite" est celle de Vénussia Myrtil, âgée de seulement 21 ans (18 ans suffisent pour être candidat) : elle arrive en deuxième position à l'issue du premier tour à Aubergenville, devant la candidate socialiste, qui ne peut se maintenir au second faute d'avoir atteint 12,5 % des inscrits. Ce n'est d'ailleurs le cas que du candidat UMP, arrivé en tête. On remarque que, par rapport à 2004, la personne qui représente le FN ne progresse pas en suffrages : Vénussia Myrtil a réuni 1821 voix, contre 1948 pour Bertrand de Brosses sept ans plus tôt. Elle bénéficie de l'effondrement du vote socialiste (presque divisé par trois !). La participation est passée de 61,53 % à 36,06 %. On notera que les deux "grands partis" présentaient de nouvelles têtes. Ce canton est assez révélateur de ce qui a été annoncé comme le succès du FN : la présence de candidats d'extrême-droite au second tour n'est pas tant liée à l'essor d'un vote d'adhésion qu'au rejet des partis dominants, qui n'arrivent plus à mobiliser leur électorat traditionnel.
Sans être voyant, on peut penser que le candidat UMP devrait être facilement élu... à moins qu'une partie de l'électorat de gauche, protestataire, anti-UMP, ne soit prête à se porter sur une candidate FN issue d'une "minorité visible".
12:22 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, cantonales
vendredi, 25 mars 2011
Incertitude à Mur-de-Barrez
C'est l'un des cantons les plus disputés du département de l'Aveyron. Composé des communes de Brommat, Lacroix-Barrez, Mur-de-Barrez, Murols, Taussac et Thérondels, il est situé à la frontière avec le Cantal :
Jusqu'à il y a un ou deux ans, peu de personnes auraient songé que le résultat du vote des habitants de ce canton puisse faire basculer la majorité du Conseil général (et, quel que soit le résultat de dimanche, cela ne se produira finalement sans doute pas) : la région passe pour être un bastion de la droite (Nicolas Sarkozy l'a même choisie l'an dernier pour se faire mousser auprès des paysans) et le conseiller titulaire (le maire de Brommat Francis Issanchou) était bien implanté. Mais voilà : celui-ci ne se représente pas et, aux dernières élections régionales, la gauche est arrivée en tête dans le canton. Or, il se trouve qu'en 2010, au premier tour, sur la liste conduite par Marie-Lou Marcel figurait (en dernière position) Daniel Tarrisse, originaire de Thérondels. Cette commune a d'ailleurs, ô surprise, placé la liste PS-PRG loin devant les autres. Seules les communes de Mur-de-Barrez (de justesse) et de Murols avaient accordé leur préférence à la droite, pourtant conduite par Jean-Claude Luche.
Il est donc apparu naturel que le même Daniel Tarrisse défende les couleurs de la gauche sur le canton. Il a mené une campagne dynamique, sur la Toile avec son blog et sur le terrain, réalisant notamment une enquête auprès de ses concitoyens.
A droite, on ne s'est pas bousculé pour l'affronter. Francis Issanchou s'est dit qu'il avait fait son temps. L'UMP n'a pas réussi à convaincre l'ancien président de la Chambre d'agriculture, Jean Laurens (qui a des attaches dans la région), de se lancer. Comme souvent à droite, c'est le "patron" qui décide et Jean-Claude Luche a choisi, pour contrecarrer la poussée de la gauche, de miser sur une femme, Marie-Pierre Guimontheil, adjointe au maire de Mur-de-Barrez. Il a peut-être compté sur la notoriété de sa famille : elle est la belle-fille d'un ancien maire de Thérondels (ben oui, il fallait torpiller la candidature Tarrisse) et la fille d'un ancien élu UMP des Yvelines. Bon sang ne saurait mentir...
Pour soutenir sa candidate, comme souvent, J.C. Luche a mobilisé les maires et la presse locale :
Cet article a été publié dans Centre Presse le 9 mars dernier. A l'époque, il était censé illustrer le soutien sans faille dont bénéficiait la "candidate officielle". Avec le recul, il montre que, dernière la façade d'unité affichée, des craquements se faisaient sentir. Seuls trois des six maires étaient présents à cette réunion de propagande... ah pardon quatre, comme on prend bien soin de le préciser dans l'article. Mais pourquoi diable n'est-il pas sur la photo ? De plus, chez les présents, on ne remarque pas un enthousiasme délirant : regardez comme ils sont crispés ! Cela ressemble plus à une convocation chez le dirlo qu'à une réunion de potes autour d'un bon verre. Il se dit d'ailleurs (Le Nouvel Hebdo de cette semaine s'en fait l'écho) que le sortant ne s'est pas démené en faveur de la "candidate officielle". Aurait-il soutenu discrètement quelqu'un d'autre ? Enfin, il faut signaler l'absence à la réunion des maires de Lacroix-Barrez et surtout de Mur-de-Barrez, le chef-lieu.
Il s'avère que, dans le coin, on n'apprécie pas trop la méthode Luche... et des querelles de personnes viennent parasiter le joli scénario conçu par le président du Conseil général. On a donc vu surgir la candidature de Pierre Miquel, conseiller municipal de Brommat ("Une candidature d'importation !" tonnent certains) et celle de Joseph Chayrigues... maire de Mur-de-Barrez (depuis 1995), qui vient donc concurrencer sa propre adjointe ! Signalons qu'il avait tenté d'emporter le canton en 1998, mais qu'il n'avait terminé qu'en troisième place, à l'issue du premier tour. Et puis, je me dis, qu'au-delà des questions de personnes, certaines histoires locales pourraient permettre de comprendre des conflits en apparence inexplicables...
Résultat du premier tour : Daniel Tarrisse est assez largement en tête... et n'affrontera pas la candidate de la "Majorité départementale" au second tour : Marie-Pierre Guimontheil n'arrive qu'en troisième position, mais devant "son" maire. On peut penser toutefois que, même sans la candidature Chayrigues, c'est Pierre Miquel qui serait arrivé deuxième. C'est l'adversaire le plus dangereux pour Daniel Tarrisse, parce qu'il est en tête dans quatre des six communes du canton, avec certes peu d'avance sur son rival du second tour. Murols a donné ses suffrages de préférence à Marie-Pierre Guimontheil, dont le suppléant était Roland Cazard, adjoint dans cette commune. (Le devenir de ces voix est une des clés du scrutin). Thérondels a plébiscité Daniel Tarrisse : il y obtient environ 67 % des suffrages exprimés !
La vraie question est : pour qui vont voter les électeurs de Joseph Chayrigues ? Celui-ci est arrivé en troisième position dans sa commune, ainsi qu'à Taussac et Lacroix-Barrez. Je vous laisse imaginer les sollicitations dont il a fait l'objet. Il y a répondu par voie de presse, dans le Bulletin d'Espalion du 25 mars :
Il ose dire tout haut ce que bon nombre de petits maires n'osent la plupart du temps révéler que tout bas, loin des regards indiscrets : la vie politique locale s'apparente parfois à un marécage nauséabond. Il a le courage de ses opinions et déclare ne pas choisir entre les deux candidats présents au second tour. Voilà qui peut servir les intérêts de Daniel Tarrisse.
Finalement, cette élection très particulière est symbolique. Pour faire battre Daniel Tarrisse, Jean-Claude Luche, qui a partout clamé (contre l'évidence) que l'enjeu n'était que local, appelle au rassemblement de la droite contre la gauche... et soutient le moins aveyronnais des deux candidats !
20:44 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, cantonales
jeudi, 24 mars 2011
Sans identité
C'est à la fois un polar et un film d'action, une variation contemporaine de ce que l'on pouvait voir dans les années 1970, avec Jean-Paul Belmondo dans le premier rôle. Ici l'on retrouve Liam Neeson, dans un rôle sur mesure, un peu à l'image de ce qu'il faisait dans Taken, film éminemment contestable sur le fond, mais diablement efficace dans la forme.
Bon, là, vu qu'on ne comprend pas pourquoi sa femme refuse de reconnaître le héros après son accident, on se triture les méninges. Y a-t-il complot ? Qui manipule qui ? Le héros est-il fou ? Ce que l'on voit à l'écran est-il la réalité ? J'ai mis environ une heure à comprendre le retournement. Y a un bon scénario, faut dire.
Côté acteurs, c'est du lourd. Liam Neeson, bien que pas très bien doublé, est efficace. Diane Kruger est enivrante, même si on a un peu de mal à l'imaginer en immigrée bosniaque. On lui a taillé un joli rôle : cette fausse faible femme se révèle très débrouillarde ! A noter, dans un second rôle excellent, la présence de Bruno Ganz, inoubliable interprète d'Hitler dans La Chute.
Evidemment, on nous sert son lot de scènes d'action. L'accident de la route est spectaculaire (avec une brillante intervention de ma Bosniaque préférée). La séquence de bagarre autour de l'appartement est bigrement bien maîtrisée, tout comme l'arrivée fort opportune de l'héroïne, en voiture, pour sauver notre amnésique.
Il y a bien quelques facilités : on a rallongé inutilement le suspense autour de certains moments-clés, comme lorsque le héros met trois plombes à récupérer une malheureuse paire de ciseaux ou quand on se demande si l'héroïne va arriver deux secondes trop tôt ou deux secondes trop tard pour conclure un entretien fort animé.
C'est visuellement agréable, parfois inventif. J'ai été particulièrement touché par la scène du réveil du héros, à l'hôpital. Le réalisateur réussit à nous transmettre le malaise qu'il ressent. Cela m'a rappelé un moment pas très agréable quand, après une opération pour laquelle j'avais subi une anesthésie générale, j'avais repris conscience dans une salle de réveil, complètement désorienté... et surtout attaché au chariot !
Bref, en soirée, après un bon repas, cela remplit son office... et on fait un gros pipi à la fin !
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mercredi, 23 mars 2011
La tactique de Bernard Saules sur Rodez-Est
A l'issue du premier tour des élections cantonales, Bernard Saules, candidat de la "Majorité départementale", se retrouve face au sortant, le socialiste Stéphane Bultel. Très vite, un nouveau tract a été mis au point. Je l'ai trouvé aujourd'hui dans ma boîte aux lettres. En voici le recto :
La photographie a été prise en vieille ville (s'il ne s'agit pas d'un montage), pas très loin du siège du Conseil général. O surprise ! Le personnage mis au premier plan n'est ni le candidat Saules, ni sa remplaçante Evelyne Frayssinet, mais Jean-Claude Luche ! En gros, on dit aux électeurs du canton : "Voter Saules, c'est voter Luche". Ce n'est pas faux, sur le fond, mais cela renforce l'idée que les conseillers généraux de la majorité sont comme les vassaux du grand seigneur qu'est le président du Conseil général. (A lire la presse locale de ces derniers jours, on sent que, ragaillardi par le petit succès du premier tour, J.-C. Luche a un peu laissé tomber la panoplie du Modeste de service pour retrouver le ton conquérant -et parfois arrogant- qu'on lui connaît.)
Notez l'attitude cool, décontractée de la fine équipe, en particulier de Bernard Saules, qui ne porte pas de cravate et semble se balancer, les mains dans les poches. C'est qu'il faut séduire l'électorat centriste et les jeunes urbains qui ont voté écolo au premier tour ! Cela justifie bien une petite entorse au code vestimentaire... que J.-C. Luche ne s'autorise pas. (C'est tout de même lui le patron, bordel de merde !)
Le verso du tract est composé uniquement de texte :
La première affirmation s'en prend à Stéphane Bultel. Elle mérite commentaire et "ajustements". Tout d'abord, je pense qu'il est faux d'affirmer qu'aucun des projets n'a été porté par le sortant. Pour en être certain, il faudrait établir la liste de tout ce qui s'est fait entre 2004 et 2011 sur Rodez-Est. On pourrait avoir quelques surprises... d'autant plus qu'une partie des activités, des projets, a été soutenue par le Conseil municipal de Rodez, dont Stéphane Bultel est membre depuis 2008. Il faudrait aussi savoir quel a été le vote du conseiller Bultel quand des projets concernant son canton ont été proposés à l'Assemblée départementale. On peut ne pas avoir été l'instigateur (surtout quand on se trouve dans l'opposition) mais soutenir les mesures proposées par l'autre camp, si on les juge intelligentes.
La deuxième affirmation du tract est une attaque contre les Conseils généraux dirigés par des majorités de gauche. Les chiffres sont censés montrer que la gestion de la majorité "luchienne" serait plus prudente voire plus efficace que celles des socialistes voisins. C'est à voir. Pour confirmer cette impression, il faudrait comparer l'évolution de la dette de ces départements entre 2008 et 2011. On verrait alors si, de ce point de vue, l'actuelle majorité a été si "vertueuse" que cela au regard de ce qui s'est fait ailleurs.
Les trois affirmations suivantes visent l'électorat écologiste. C'est une "cible" importante, parce que c'est lui qui détient les clés du scrutin. Ces trois affirmations concernent toutes des énergies renouvelables. Elles sous-entendent que si l'Aveyron est aussi bien placé dans ce domaine, il le doit à l'actuelle majorité départementale.
Là encore il convient de nuancer. Si l'Aveyron est si bien doté en barrages hydroélectriques, il le doit aux investissements publics réalisés (sauf exception) après la Seconde guerre mondiale, sous l'impulsion de différents gouvernements et une entreprise alors publique : EDF-GDF. Il faudrait ajouter que cette situation est fragilisée par le renouvellement des concessions, suivant une procédure dont les gouvernements UMP sont responsables. Cela suscite d'ailleurs de légitimes inquiétudes dans le Nord Aveyron.
Enfin, ce soutien aux énergies renouvelables est entaché de maladresse : la promotion de l'éolien est fortement contestée dans le camp écologiste. Ou comment se tirer une balle dans le pied en voulant trop bien faire... Trop d'écologisme tue l'écologisme ! Signalons néanmoins que, comme le document de campagne de Bernard Saules, ce tract a été imprimé suivant des techniques respectueuses de l'environnement. (L'imprimeur HERAIL bénéficie du label IMPRIM'VERT.)
Le tract continue avec les promesses du candidat Saules. Il s'engage à maintenir le contact avec les électeurs. La formule, vague, très répandue dans cette campagne, ne mange pas de pain. Mouais... Faudrait pour cela qu'il donne déjà l'exemple et, comme je l'ai écrit au début du mois, sa récente escapade à Paris (et son absence consécutive lors d'une séance du Conseil municipal de Rodez, où il fait figure de chef de l'opposition) ne laisse rien présager de bon. Nous savons tous que l'objectif de M. Saules n'est pas le Conseil général de l'Aveyron mais la mairie de Rodez, en 2014.
Il s'engage aussi à travailler avec les autres élus (locaux)... donc avec les socialistes du Piton ? Hem... Enfin, il soutient la maîtrise des dépenses publiques. On pourrait penser que c'est une allusion à la politique nationale (celle du gouvernement Fillon-Sarkozy, sur laquelle il y aurait des pelletées de choses à dire... on verra ça plus tard). En fait, il faut comprendre : il n'y aura pas d'augmentation des impôts locaux. La bonne blague ! Si telle est l'intention de la majorité de droite, pourquoi une ébauche du budget de 2011 n'a-t-elle pas été présentée en ce sens ? Guy Durand avait mis le doigt dessus lors du débat qui l'avait opposé à Jean-Claude Luche. Quand on écoutait attentivement les propos de celui-ci, on sentait bien qu'il y avait dans l'air une "correction fiscale" qu'on se gardait bien d'évoquer franchement.
On nous garde cela pour plus tard !
Le tract se termine par le rappel que le vote a lieu à la mairie de Rodez. Mesdames et messieurs les absentionnistes, viendez, viendez !
18:23 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, cantonales
lundi, 21 mars 2011
Bilan du premier tour des cantonales dans l'Aveyron
Sur 22 cantons renouvelables, 13 ont déjà désigné leur élu. Sur ces treize personnes, onze sont des sortants : trois pour la gauche, huit pour la droite.
Commençons par les élus de gauche. Les trois personnes ont facilement gagné. A Naucelle, Jean-Paul Mazars l'emporte largement sur son homonyme, avec plus de 62 % des suffrages exprimés : les électeurs ont préféré le sortant du cru à la greffe de l'ancien avocat tarno-toulousain, contributeur occasionnel au Nouvel Hebdo. Sa réaction, telle qu'elle a été publiée dans Centre Presse, est surprenante : il parle de faire la fête (après une jolie veste !... l'alcool aide à oublier les malheurs) et déclare surtout se préparer aux municipales de Naucelle, le chef-lieu dont la maire a soutenu son adversaire.
A gauche toujours, mais à Marcillac-Vallon, Anne Gaben-Toutant a fait mentir ceux qui la voyaient en difficulté : elle l'emporte avec plus de 61 % des suffrages exprimés, de surcroît contre l'un des trois candidats estampillés UMP. La participation avoisinant 55 %, on peut penser qu'une partie de l'électorat de droite ne s'est pas mobilisée.
Enfin, à Najac, Bernard Vidal a lui aussi fait mentir les pronostics qui lui prédisaient certes une réélection, mais difficile : il atteint presque 60 % des suffrages exprimés. Comme pour Jean-Paul Mazars, l'implantation et le dévouement du candidat semblent avoir fortement joué, lui permettant de battre facilement un notable de la profession agricole : le Monsieur "Veau d'Aveyron et du Ségala".
Mais c'est à droite que l'on note le plus grand nombre de réélections de sortants : huit. Toutes n'ont pas été confortables, bien qu'étant intervenues au premier tour. On peut distinguer trois catégories : les maréchaux, les comtes et les petits marquis.
Les maréchaux ont bénéficié d'une réélection triomphale. En tête se détache Jean-Claude Anglars (parfois surnommé "mini-Luche"), qui obtient plus de 83 % des suffrages exprimés sur le canton d'Estaing. Sans vouloir être condescendant, on peut dire qu'en face, il n'avait pas un candidat très "lourd" : il n'habite même pas sur le canton ! C'était laisser la partie belle à l'un des élus locaux les mieux implantés du département.
Pas très loin derrière, on trouve René Lavastrou, qui obtient plus de 79 % des suffrages exprimés sur le canton de Saint-Amans-des-Côts. Pour la gauche, ce fut même motif, même punition. Face à un élu enraciné dans le territoire, présenter un candidat non résident (quels que soient ses mérites) est politiquement suicidaire.
Vient ensuite Arnaud Viala, qui obtient les deux tiers des suffrages exprimés sur le canton de Vezins-de-Lévézou. On le sentait venir : la gauche ne lui a mis dans les pattes qu'un candidat venu de Millau ! Son seul rival fut un sans-étiquette, naguère proche de lui. Et boum ! Troisième leçon électorale !
La large victoire d'André At (environ 63 % des suffrages exprimés), sur le canton de La-Salvetat-Peyralès, s'explique par d'autres facteurs. Si la réélection du vice-président du Conseil général n'est pas une surprise, l'ampleur du résultat étonne un peu... d'autant que la campagne du sortant a été très discrète, au point que la gauche a espéré pouvoir créer la sensation dans ce canton. L'afflux de personnalités clairement marquées à gauche a pu effrayer une partie de l'électorat modéré qui aurait pu se porter sur la candidature de Catherine Ichard. Certains de ses partisans ont peut-être aussi eu la langue un peu trop pendue. Et puis, il y a ce qui se passe en dehors des réunions électorales. La candidate de gauche semble avoir compris d'où venaient les flèches tirées contre elle. Dans La Dépêche du Midi du 21 mars, elle remercie ironiquement un certain Jean Bousquié. Mais kikicé donc ? Irais-je trop loin en affirmant que c'est en quelque sorte le "papet" du canton ? Il en fut conseiller général pendant... 49 ans (de 1949 à 1998) ! Il a apporté (discrètement) son soutien à André At. Celui-ci a beau fanfaronner, dans Centre Presse (il déclare "J'ai prouvé que je pouvais gagner tout seul"), il oublie le soutien (certes tardif) de Jean-Claude Luche mais surtout l'appui du retraité de la politique pas tout à fait rangé des voitures. Il se dit des choses du côté de La Salvetat... que, durant les derniers jours de campagne, certains habitants auraient reçu de la visite, qu'on les aurait incités à ne pas voter pour la gauche (Les rouges au pouvoir en Aveyron ! Nom dé Diou !), pour une femme sans expérience...
D'autres sortants de la "Majorité départementale" sont les comtes : ils l'ont emporté nettement, mais n'ont pas écrasé leurs adversaires. Il s'agit de Gisèle Rigal, à Montbazens (environ 54 % des suffrages exprimés) et d'Alain Pichon à Pont-de-Salars (à peine plus de 50 %). Concernant ce dernier, je pense que la presse a exagéré la menace qui pesait sur lui, en cas de second tour : ses adversaires flavinois me paraissaient trop divisés.
Restent les "petits marquis" : s'ils ont été réélus dès le premier tour, on peut penser qu'un second aurait pu leur être fatal. A mon avis, c'est dans ces deux cantons que la gauche a perdu l'occasion de ravir la majorité des sièges.
A Campagnac, on a failli assister à une grosse surprise. Le sortant Pierre-Marie Blanquet n'a été reconduit qu'avec 51,83 % des suffrages exprimés (contre plus de 78 % en 2004 !). Sans vouloir me faire mousser, je me permets de rappeler que dans un billet du 8 mars, j'avais senti que l'élection risquait d'être plus serrée que prévu. La gauche peut s'en mordre les doigts : elle n'a pas présenté de candidature unique et Sébastien Cros n'a pas bénéficié d'une intense mobilisation de la part de son camp.
Ce fut encore plus disputé à Belmont-sur-Rance. Et pourtant... La sortante, Monique Aliès, appartient à une famille très respectée dans la région. On lui prédisait une réélection dans un fauteuil... Centre Presse lui donnant même un petit coup de main rédactionnel... Mais figurez-vous que dans le propre fief de la sortante, son adversaire de gauche est arrivé en tête ! L'opposition départementale a visiblement raté le coche, ne proposant même pas une candidature unique.
Les deux derniers élus du premier tour (de droite) ont conquis leur premier mandat départemental. A Laissac, Jean-Paul Peyrac (bien introduit dans le monde agricole) l'emporte avec un peu plus de 50 % des suffrages exprimés. A Saint-Sernin-sur-Rance, la maire du chef-lieu rapporte à la droite un canton qu'un divers gauche lui avait ravi par surprise en 2004.
Neuf cantons sont donc encore à pourvoir. Les ballottages ménagent plus ou moins d'incertitude. Cette fois-ci, je vais commencer par la droite. Elle est bien placée pour l'emporter dans deux voire trois cantons.
A Laguiole, le maire de la commune éponyme va sans doute succéder à Guy Dumas. A Entraygues-sur-Truyère, Jean-François Albespy devrait s'en sortir, dans des conditions qui varient en fonction de la physionomie du second tour. S'il se retrouve seul face à Guillhem Serieys, nul doute que la réélection est assurée, et qu'elle s'annonce triomphale. S'il est confronté à une triangulaire, ce sera plus difficile, voire risqué. En effet, l'ancien conseiller général (et rival de J-F Albespy) Pierre Laurens obtient un pourcentage des voix sensiblement égal à celui de 2004 (même s'il perd une centaine de voix), tout comme son adversaire de centre-droit d'ailleurs. S'il se maintient, il pourrait (en cas d'excellents reports de voix à gauche et d'une mobilisation parfaite de cet électorat), mettre en danger la réélection du sortant. Cela me paraît toutefois peu probable... et j'imagine bien quelles pressions sont en train de s'exercer sur Pierre Laurens. On remarque d'ailleurs que la presse n'a pas publié sa réaction aux résultats de dimanche, tandis que Jean-François Albespy (dans Centre Presse) y va au culot et parie sur un désistement de sa part. Soulignons la bonne performance du candidat du Front de Gauche, qu'on n'attendait pas à pareille fête.
Enfin, la presse fait semblant de s'inquiéter pour le sort de Jean-Michel Lalle à Bozouls. Sa non-réélection dès le premier tour est une surprise, d'autant plus qu'aucun adversaire de droite ne venait gêner sa candidature. Il est victime de la faible participation, inférieure à 58 %. Du coup, à gauche, on se prend à rêver, on additionne des carottes et des choux-fleurs, imaginant d'improbables parfaits reports de voix de tous les candidats d'opposition. Mouais... Les déclarations des battus du premier tour ne laissent pas présager un fort engagement en faveur du candidat de gauche le mieux placé. Je pense qu'une meilleure mobilisation de l'électorat de droite suffirait à calmer tout le monde, mais l'incertitude demeure.
La "Majorité départementale" risque toutefois de perdre deux cantons. A Nant, même si le candidat de droite arrive en tête, les reports de voix devraient permettre au socialiste de l'emporter. (Les écolos sont de gauche dans le coin.) La (demi)surprise vient de Mur-de-Barrez, où un candidat de gauche bien implanté, Daniel Tarrisse, est bien parti pour réaliser le coup du siècle dans ce bastion de la droite aveyronnaise. Celle-ci parviendra-t-elle à rétablir la situation ? (Je m'arrête là, parce que je compte reparler de ce canton d'ici vendredi.)
A gauche, on semble assuré de conserver les cantons de Saint-Affrique et de Millau-Ouest, malgré les divisions. La situation est plus confuse dans deux autres cantons urbains, ceux de Rodez-Est et de Villefranche-de-Rouergue.
A Rodez-Est, le candidat de droite Bernard Saules est dans la situation de Jean-François Galliard, à Nant : il est arrivé en tête mais dispose, en théorie, de moins de réserves de voix que son adversaire socialiste. Notons que le sortant, Stéphane Bultel, réalise le même score qu'en 2004. Ajoutons que lors du précédent scrutin, deux candidats UMP s'affrontaient. A eux deux, ils totalisaient 45 % des suffrages exprimés. On peut donc affirmer que si Stéphane Bultel ne bénéficie pas de la prime au sortant, il n'est pas victime d'un vote sanction et que Bernard Saules, malgré une campagne tous azimuts, ne fait pas le plein des voix à droite. Il reste que, sur ce canton-là, le vote écologiste n'est pas forcément de gauche. De là à penser que les orphelins d'Emily Teyssèdre-Jullian vont apporter leurs suffrages à l'ancien arbitre fan de Téléfoot, il y a un pas... qui peut être un fossé ! Quant aux électeurs de Gérard Galtier, ils peuvent être tentés par l'abstention, le vote nul... ou le vote Saules (par rejet de Bultel).
J'ai gardé pour la fin la cerise sur la gâteau, le canton de Villefranche-de-Rouergue. Les crêpages de chignon de la gauche ont abouti à ce qui peut passer pour un succès de Serge Roques, candidat UMP, largement en tête à l'issue du premier tour. Le sortant Claude Penel a fait la campagne de trop. Il est logiquement éliminé au profit de celui qui aurait dû, dès le départ, incarner la gauche (modérée) unie. Les reports de voix suffiront-ils à garder le canton à gauche ? Un basculement serait révélateur de l'un des facteurs de l'échec des socialistes dans la conquête du département : la division de leur camp, comme l'avait pertinemment souligné Jean-Claude Luche lors du débat qui l'avait opposé à Guy Durand.
18:10 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, cantonales
dimanche, 20 mars 2011
True Grit
C'est le dernier film des frères Coen, auxquels on doit auparavant No Country for old men, There will be blood et Burn after reading. Il s'agit d'un western, où l'on retrouve la "patte" des auteurs de O'Brother, de Fargo et de The Big Lebowski. On y sent aussi l'influence de Sergio Leone : ce western est "picaresque", il est émaillé de nombreux moments d'humour, parfois grotesque.
Deux poids lourds mènent l'action : Jeff Bridges (qu'on a revu il y a peu dans Tron) en marshall alcoolique, qui oscille entre le coup de génie et la décrépitude, et Matt Damon en Texas Ranger boy-scout un brin casse-burnes. Mais la véritable héroïne est cette adolescente de 14 ans, qui veut venger la mort de son père. Cette brunette obstinée est incarnée par Hailee Steinfeld, la révélation de ce film. Pour tout dire, j'adore cette gamine ! C'est un personnage qui n'est pas sans rappeler, par certains côtés, la Mercredi de la famille Adams et l'irremplaçable Hermione Granger d'Harry Potter. Figurez-vous que la donzelle va en ville régler les détails de l'enterrement de son père, mais aussi recruter un mec qui ait de "vraies tripes" (true grit) : il lui faudra pénétrer dans une réserve indienne pour retrouver l'assassin de son père, qui, de surcroît, a rejoint une bande de voleurs de grand chemin.
Le début, bien que souvent macabre (entre la pendaison des condamnés et la nuit passée au milieu des cadavres, il n'y a pas beaucoup de place pour le romantisme), pétille d'humour : le condamné indien est le seul qu'on ne laisse pas parler avant l'exécution (tout comme les esclaves noirs, il n'a pas voix au chapitre) et la jeune Mattie, qui finit par trouver où dormir, doit supporter les ronflements incessants d'une mamie sans gêne. On goûtera aussi le talent indéniable que possède l'adolescente pour négocier, même avec un vieux roublard...
La suite est le périple de la petite équipe constituée de l'orpheline, du marshall et du ranger. Autant vous dire qu'on ne joue pas dans la dentelle. On flingue à tout va et, quand on n'a pas d'arme à feu, on remplace par autre chose. Et puis, pas facile de tout le temps viser juste...
Dans cette deuxième partie, les paysages sont très jolis et les scènes d'action réussies.
La fin du film nous fait faire un bond en avant. J'ai moyennement aimé, mais le reste du film est super !
22:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinema, cinéma