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dimanche, 08 septembre 2013

Une photographie ancienne du viaduc du Viaur

   Je l'ai trouvée cet été, dans une brocante, assez loin de l'Aveyron. Ce jour-là, un des exposants avait  sorti tout un carton de grandes photographies en noir et blanc de différents lieux emblématiques de la France. Pêle-mêle on trouvait le cirque de Gavarnie, le Mont-Saint-Michel, la Mer de glace... et le viaduc du Viaur :

DSCN4122.JPG

   Au dos de l'image figure cette mention "Documentation pédagogique LAPIE 118, rue Garibaldi - St-Maur (Seine)". Au-dessous, il est précisé que cette collection d'images est recommandée par le gouvernement depuis janvier 1958. La photographie doit donc être un peu plus ancienne.

   En cherchant sur la Toile, j'ai trouvé une ancienne annonce sur eBay :

eBay.jpg

   Comme il s'agit de la même prise de vue, issue de la même collection, j'en déduis que l'image date de 1948. La photographie a sans doute été prise du sud. A gauche se trouve donc le département du Tarn et à droite celui de l'Aveyron.

   A comparer avec une autre vue aérienne, prise par des amateurs d'ULM en 2011. Comme ils sont venus de Belmont-sur-Rance, on peut de nouveau penser que le viaduc a été photographié du sud :

Viaur ULM 2011.jpg

   Toujours sur eBay, le vendeur dont j'ai parlé plus haut propose une autre vue :

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   Celle-ci me semble avoir été prise depuis l'Aveyron, sans doute à côté de l'hôtel-restaurant, dont le site internet propose cette vue contemporaine, si semblable :

Hôtel vue.jpg

samedi, 07 septembre 2013

Un accident de la route qui déchaîne les passions

   Cela fait un peu plus de deux ans qu'une petite commune de l'ouest de l'Aveyron (située à côté de Villefranche-de-Rouergue) se déchire autour d'un fait divers tragique : la mort d'un adolescent de 15 ans, revenant en scooter d'un entraînement de football, renversé à une intersection par une voiture conduite par le maire de son village.

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(Saint-Rémy est en rouge, Rodez en noir.)

   Le tribunal correctionnel de Rodez vient de rendre son jugement dans cette affaire. D'après La Dépêche du Midi, le maire a été reconnu coupable de trois infractions : homicide involontaire, circulation en sens interdit (violation délibérée d'une obligation de sécurité) et refus de priorité. La sanction (assez proche des réquisitions du Parquet) apparaît à certains comme trop légère : un an de prison avec sursis, annulation du permis de conduire (avec interdiction de le repasser pendant un an) et deux amendes de 200 euros. S'y ajoutent des dommages-intérêts qui, si j'ai bien calculé, doivent se monter au total à 8 000 euros. Le maire a décidé de faire appel.

   Les circonstances du drame sont liées à la route départementale 922, qui traverse la commune de Saint-Rémy, mais ne fait que longer le bourg principal, auquel elle est reliée par des voies plus ou moins importantes, certaines à sens unique. Il semblerait que le maire (venant du village), pour prendre la direction de Villeneuve, ait voulu tourner à gauche, ce qu'interdit un panneau. Il aurait de surcroît négligé de laisser la priorité au "cédez le passage", provoquant l'accident avec le scooter qui arrivait  :

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   A-t-il été sévèrement condamné ? Voyons le code de la route. Le refus de priorité comme la circulation en sens interdit sont des contraventions de quatrième classe, punies par des amendes pouvant atteindre 750 euros. Le prévenu risquait donc au maximum 1 500 euros d'amende. Il a été condamné à en payer 400 (deux fois 200), sans doute parce que c'était la première fois qu'il comparaissait pour des faits semblables. Le prévenu risquait aussi le retrait de points du permis de conduire (deux fois quatre). Ici, la sanction est plus sévère, parce qu'il y a eu homicide involontaire.

   Dans ce cas, c'est l'article L232 du code pénal qu'il faut consulter. D'office, la personne contrevenante peut perdre la moitié des points du permis. Si l'on ajoute ceux retirés pour les autres infractions, on dépasse les douze points. De surcroît, dans le cas d'un homicide involontaire, l'une des peines complémentaires est "l'annulation du permis de conduire avec interdiction de solliciter une nouvelle délivrance pendant cinq ans au plus". On peut estimer que, dans le cas du maire de Saint-Rémy, la loi a été appliquée normalement, sans favoritisme pour l'homme politique.

   Par contre, dans les cas où l'homicide involontaire a été commis par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation législative ou réglementaire de prudence ou de sécurité, le code pénal prévoit des sanctions plus lourdes au titre de la peine principale : 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende (7 ans et 100 000 euros en cas de circonstances aggravantes). Comme le prévenu a été condamné à de la prison avec sursis, on peut estimer que les magistrats ont jugé qu'il avait commis au moins une faute importante ayant provoqué l'accident, mais qu'il n'y avait pas de circonstances aggravantes (pas d'alcool au volant, d'excès de vitesse ni de délit de fuite). Une question demeure : si le prévenu avait été un individu lambda, aurait-il été sanctionné plus sévèrement ?

   En tout cas, le tribunal n'a pas accepté l'idée d'une erreur de la part du conducteur du scooter. Il ne roulait pas trop vite, n'était pas sous l'empire d'une drogue ou de l'alcool et il n'a pas été prouvé que ses feux ne fonctionnaient pas (le drame s'est déroulé vers 20 heures, au mois de janvier). Restait la possibilité que l'adolescent ait glissé sans qu'il y ait un lien avec la présence de la voiture, avant de percuter celle-ci. Le tribunal, qui a fait examiner les deux véhicules, n'est pas arrivé à cette conclusion.

   Au-delà de ces considérations, la sanction aurait pu être encore plus sévère pour l'élu local. En effet, l'un des alinéas du code pénal prévoit, dans le cas d'un homicide involontaire commis à l'aide d'un véhicule terrestre, l'interdiction d'exercer une fonction publique. Les magistrats ont peut-être pensé que les prochaines élections municipales (celles de 2014) trancheraient sans qu'ils aient besoin d'intervenir.

   L'affaire a fait du bruit, parce que les personnes en cause sont issues du même village, parce que la victime est un adolescent... et parce que le condamné est un homme en vue de la gauche ouest-aveyronnaise. Dans l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Fantassins de la démocratie, il a droit à une notice longue d'une colonne :

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   Son grand-père a lui aussi été maire de Saint-Rémy. Le petit-fils est entré très tôt en politique, devenant l'assistant de Robert Fabre (ancien ministre et maire radical de gauche de Villefranche-de-Rouergue) puis du député Jean Rigal. Il a aussi travaillé pour le PS, aux côtés de Michel Rocard et Jean Glavany.

   Cette carrière prestigieuse ne lui a cependant pas permis de jouer les premiers rôles au plan local. En 2004, s'il figure en septième position sur la liste de gauche menée dans l'Aveyron par Alain Fauconnier (la tête de liste régionale étant évidemment Martin Malvy), il ne doit qu'à la démission de celui-ci (pour cause de cumul des mandats) d'avoir pu siéger au Conseil régional de Midi-Pyrénées, entre 2008 et 2010 (petite erreur de Lajoie-Mazenc, qui prolonge jusqu'en 2012). Notons qu'aux régionales de 2010, il ne figure plus sur la liste PS-PRG. Il a connu le même déclin au niveau des élections législatives. En 2002, il tente de succéder à Jean Rigal (dont il fut l'assistant), dans la deuxième circonscription (celle de Villefranche-de-Rouergue). Il se qualifie pour le second tour, devant le radical Eric Cantournet mais derrière l'UMP Serge Roques, qui devient ensuite député. En 2007, il est largement devancé au premier tour par la socialiste Marie-Lou Marcel, finalement élue de justesse contre le sortant S. Roques. (Rappelons qu'elle fut facilement réélue en 2012.)

   Même dans sa commune de Saint-Rémy, il a peiné à décrocher le mandat principal. De 1995 à 2008, c'est le radical de gauche Guy Labro qui a occupé le poste de maire, son futur successeur étant d'abord premier adjoint puis simple conseiller municipal. En 2008, s'il est devenu maire, c'est grâce au choix de la majorité des conseillers municipaux, les électeurs ne l'ayant placé qu'en onzième place... la dernière éligible.

vendredi, 06 septembre 2013

Profilage, saison 4

   On retrouve avec plaisir la même équipe que pour la saison 3, notamment le commandant Rocher, toujours interprété avec punch et talent par Philippe Bas.

   Le premier épisode, L'Etoile filante, a pour toile de fond une histoire de famille assez sordide, que je me garderai bien de déflorer. Mais le plus intéressant réside dans les moments de comédie dont l'histoire est émaillée.

   Cela commence par le retour en France de Chloé Saint-Laurent (Odile Vuillemin, désormais plus attendrissante qu'agaçante) :

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  Cette séquence est cocasse à souhait... mais elle laisse en suspens le motif du voyage de l'héroïne, qui est persuadée que sa mère est encore en vie.

   J'ai particulièrement apprécié les touches comiques, comme la petite histoire de l'informaticien (Raphaël Ferret, très à l'aise dans son rôle) avec une bouteille de champagne. Mais le meilleur morceau est constitué du fil rouge de l'épisode : la fausse annonce passée au nom du commandant Rocher sur la messagerie interne de la DPJ (Direction de la Police Judiciaire) :

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   L'officier de police se découvre soudainement très populaire auprès d'une floppée de collègues féminines tombées sous le charme du père célibataire au cuir épais mais au coeur d'or. La résolution de cette énigme va nécessiter beaucoup de perspicacité... et un peu de chance.

   Le deuxième épisode, intitulé Panique, rappellera aux téléphiles une enquête des Experts Miami, une autre des Experts Manhattan... et même une de NCIS. Il est question d'un tireur d'élite. Mais là encore, cette intrigue, certes fort bien nouée (et particulièrement trépidante), excite moins l'intérêt que les relations entre les personnages principaux. De surcroît, c'est toujours bien filmé.

   On nous "cueille" dès le début par un hommage à un célèbre film d'Alfred Hitchcock :

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   C'est la psychologue qui va jouer un rôle déterminant dans la résolution de l'affaire, à sa main, dans son style inimitable... quitte à se fourrer dans d'improbables situations :

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   Bref, c'est drôle, bien fichu... et l'on nous prépare des surprises, d'après ce que l'on pouvait lire dans Centre Presse de ce jeudi : l'entretien avec l'actrice Odile Vuillemin a levé le voile sur certains éléments de la saison, alors que la suite est déjà en tournage :

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vendredi, 30 août 2013

De l'intérêt du générique de fin

   Cet été, TF1 rediffuse d'anciens épisodes des séries qui ont naguère recueilli de beaux succès d'audience. Parmi celles-ci, il y a Profilage, une production française originale dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises.

   Ce jeudi, le premier épisode, intitulé Le plus beau jour de sa vie, traitait de la reproduction d'un mode opératoire dans un meurtre, à quinze ans de distance. Mais c'est le générique de fin qui m'a interpellé. Trop souvent aujourd'hui, certaines chaînes amputent cet indispensable hommage aux petites mains de l'audiovisuel, sans lesquelles aucun film, aucune émission, aucun téléfilm ne pourrait se faire. Voici ce que j'ai vu défiler tout à la fin de l'épisode :

Profilage Cantat.jpg

   Vous ne rêvez pas. le grand rebelle Xavier Cantat (le frère du boxeur lituanien...) est le photographe de plateau de cette série commerciale, produite par une chaîne de télévision capitaliste, soupçonnée de pencher à droite.

   A ceux qui l'ignorent, il faut dire que c'est son métier. Il a notamment créé les pochettes du groupe Noir Désir. En 2003-2004, il a mis son art au service de son frère, faisant même publier dans VSD des images de sa détention en Europe de l'Est.

   Ce monsieur est aussi devenu un militant politique, chez les Verts, où il a rencontré sa nouvelle compagne, Cécile Duflot (éminente géographe, comme chacun sait). En 2008, il est élu conseiller municipal à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne. Au premier tour, il figurait en neuvième position sur la liste des Verts :

Municipales 2008 a.jpg

    Au second, il est placé au dix-huitième rang d'une liste d'union de gauche :

Municipales 2008 b.jpg

   Bien qu'en position modeste, il fait partie des onze adjoints au maire :

Municipales c.jpg

   Comme la commune de Villeneuve-Saint-Georges compte un peu plus de 30 000 habitants et qu'elle est chef-lieu de canton, on peut estimer qu'il touche environ 1 400 euros d'indemnité (par mois). Malheureusement pour lui, il n'est pas parvenu à décrocher un siège de conseiller général : il a été sèchement éliminé au premier tour d'une élection cantonale partielle, en 2009 :

Cantonale partielle 2009.pdf

   En 2011, il a retenté sa chance dans le même canton, pour un résultat à peine plus flatteur : 398 voix et 14,15 % des inscrits. Un peu vex', cette grande vigie gauchiste a refusé d'appeler à voter pour le candidat communiste au second tour, alors qu'il était opposé à un adversaire estampillé FN.

   Pour terminer, rappelons que, dans les milieux nationalistes, il est détesté pour avoir dénigré le défilé du 14 juillet 2013.

Fringe, clap final

   TF1 a diffusé les deux derniers épisodes de cette passionnante série de science-fiction, mettant fin à une épopée étalée sur cinq saisons.

   Dans Retour à Liberty Island, l'objet de l'affrontement des protagonistes est cet être au physique enfantin, doté de pouvoirs qu'on a encore du mal à mesurer, et sur lequel les Observateurs viennent de mettre la main :

Avant-dernier 1.jpg

   La situation des héros semble sérieusement se compliquer. A mon grand plaisir, la solution va nécessiter un retour au premier plan d'Olivia Dunham, que les scénaristes ont fini par renoncer à systématiquement présenter comme une mère éplorée. On retrouve donc des éléments des saisons 1 à 3, avec un petit séjour dans l'univers parallèle à la clé :

Avant-dernier 3.jpg

   Mais le summum du suspens est atteint dans l'ultime épisode, Le Dernier Voyageur. Le scénario trouve son point d'aboutissement, servi par des acteurs excellents, une musique vraiment emballante et une qualité d'image rare à la télévision.

   Côté scénario, la mise au point du plan des héros nécessite l'assemblage final de tous les éléments trouvés, sous la direction de l'ancien Observateur Septembre :

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   Si c'est globalement l'émotion qui domine, quelques touches d'humour subsistent, comme cette scène qui voit Astrid faire une petite surprise à Walter :

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   Le combat final est violent, avec des rebondissements jusqu'au bout du bout. Sans trop en dire, je peux révéler que la conclusion de l'histoire est une sorte de réponse à L'Armée des douze singes...

mardi, 27 août 2013

Un slip coloré qui sent bon

   Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette entreprise hexagonale, Le Slip Français, qui fait fabriquer principalement (mais pas uniquement) des sous-vêtements dans notre pays. En 2012, elle avait lancé une campagne originale, détournant les affiches de certains candidats à la présidence de la République :

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   Rappelez-vous, à l'époque, c'était devenu une mode, la principale cible étant le futur ex-président Nicolas Sarkozy, avec le slogan "La France forte".

   Peu de temps après, un internaute facétieux avait eu l'idée d'associer le produit phare à un célèbre monument aveyronnais :

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   Cet été, l'entreprise a eu les honneurs d'un reportage de la BBC, tourné dans un département où l'on croise fréquemment des ressortissants d'outre-Manche, la Dordogne :

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   Ecoutez bien le tout début de la présentation, par le journaliste de plateau. Il dit : "To France, now. A country which has more companies in the Fortune 500 than any other European state."




   On pourrait traduire ces propos ainsi : "France, à présent. Un pays qui a plus d'entreprises dans le Top 500 de Fortune qu'aucun autre pays européen." Même si l'on tient compte de l'insistance mise ensuite sur les impôts et les charges qui brideraient l'activité dans notre pays, cela reste indirectement un bel hommage.

   Le regain d'intérêt dont a bénéficié l'entreprise est dû au lancement d'un produit novateur, "le slip qui sent bon" (formule habile, comprise par tous les esprits, qui évite d'avoir à parler du "slip qui ne pue pas la pisse ni la merde"). Il est fabriqué dans le Nord, à Saint-André-lez-Lille. Ce sous-vêtement est d'autant plus révolutionnaire que les micro-capsules qui le dotent d'effluves agréables ne fonctionnent que lorsque le slip est porté ! Décidément, on n'arrête pas le progrès !

   Cette performance a fait l'objet d'articles dans la presse, au début du mois de juillet (bien avant la mise circulation de l'objet). Tout récemment, c'est la chaîne LCI qui a braqué les projecteurs sur l'entreprise innovante.

   Une forme d'engouement semble naître autour des sous-vêtements made in France. Les téléspectateurs et internautes les plus attentifs auront même remarqué un petit clin d'oeil à l'objet fétiche dans la vidéo de présentation de la nouvelle saison du Petit Journal :

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lundi, 26 août 2013

Insaisissables

   Gros casting pour ce film à grand spectacle, avec relativement peu de violence. Cela devient rare dans les productions "boum-boum" qui nous viennent de l'autre côté de l'Atlantique (même si le plat est assaisonné d'une pincée de French touch).

   On commence par découvrir les futurs membres du quatuor en action, séparément. J'ai été un peu déçu par la prestation de Jesse Eisenberg (que j'avais trouvé excellent dans The Social Network). Mon préféré est sans conteste Woody Harrelson (déjà très bon dans 7 Psychopathes), en "mentaliste" à grande gueule.

   Une fois l'équipe réunie commence la série de happenings. Le premier fait intervenir une banque française et notre José Garcia. C'est brillamment mis en scène. Les clés de l'illusion nous sont données quelques temps plus tard par le décrypteur d'illusions, incarné par Morgan Freeman (impeccable).

   A partir de ce moment-là, on comprend qu'il y a manipulation dans la manipulation et qu'il faut regarder sur le côté, ou de côté, pour tenter de trouver le fin mot de l'histoire. La magie n'est qu'un prétexte pour un bon vieux polar. Un duo de choc mène l'enquête : un Américain bourru (Mark Ruffalo) et une Française tenace et imaginative (Mélanie Laurent, à qui hélas le scénario n'accorde pas une assez grande place). Le problème est que les éléments clés pour dénouer les fils de l'intrigue sont noyés dans le spectaculaire. Il faut donc un peu phosphorer pour tenter de découvrir qui est le mystérieux "cinquième cavalier" (celui qui a engagé les autres magiciens), et quelles sont ses motivations.

   C'est à la deuxième question que l'on trouve plus facilement la réponse. A plusieurs reprises, il est fait référence à une personne disparue, sur laquelle seuls quelques détails nous sont donnés, de manière éparse. L'un des indices les plus importants nous vient de l'un des magiciens, qui lui-même ne se rend pas compte de ce qu'il a découvert. L'identité du manipulateur en chef est donc extrêmement difficile à trouver.

   Au niveau des images, c'est chouette à regarder, même si j'ai trouvé cela souvent un peu clinquant. Les effets spéciaux sont réussis, tout comme les scènes d'action. Par contre, les dialogues (en version française) ne m'ont pas emballé. Les seuls qui font mouche sont les piques que s'envoient différents personnages. C'est bien chambré mais, à part cela, les autres lignes de texte m'ont semblé maladroites, mal écrites... ou surjouées ? On pourrait aussi relever quelques situations à la limite de l'invraisemblance, mais bon, dans le feu de l'action, ça passe.

   C'est donc un divertissement plaisant, un peu tape-à-l'oeil, mais que l'on peut regarder à plusieurs niveaux.

22:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film

samedi, 24 août 2013

Michael Kohlhaas

   Arnaud des Pallières a transposé en France un roman allemand tiré d'une histoire vraie. La transposition géographique tient la route, en raison du choix des lieux de tournage en extérieur : le Vercors et surtout les Cévennes. Certaines scènes lozériennes ne sont pas sans évoquer le Nord Aveyron, avec ces paysages de prairies empierrées balayées par le vent. Cela m'a aussi un peu rappelé l'atmosphère d'une récente adaptation des Hauts de Hurlevent.

   Mais c'est plutôt Les Chants de Mandrin qu'évoque la deuxième partie du film. On suit une bande de rebelles, nombre d'entre eux étant d'origine modeste. On notera l'importance prise par les chevaux. Ce sont des moyens de déplacement fort commodes, mais aussi des outils de travail et des objets de spéculation.

   Le héros, Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen... faut-il dire qu'il est excellent ?), est un éleveur et marchand de chevaux. On sent son amour des bêtes et sa "force tranquille". Dans un monde très inégalitaire et marqué par la violence, il s'est construit un petit paradis. La première partie du film est chargée de nous faire toucher du doigt ce bonheur qu'il va perdre. Le réalisateur alterne le style documentaire, attentif aux détails (vêtements, meubles, outils...) et l'évocation sensuelle. La compagne du héros est évidemment ravissante et très amoureuse de Kohlhaas qui, à plus de 45 balais, se révèle encore fort bien bâti. Ajoutez à cela une coiffure faussement négligée, une barbe légère qui ne change pas, et vous avez une incarnation du mâle mûr qui fera rêver ces dames. A noter aussi la composition de Mélusine Mayance (qui joue la fille). Il faudra suivre cette jeune actrice, déjà remarquée dans Elle s'appelait Sarah et Les Gamins (où elle interprète l'insupportable Mimi Zozo).

   La suite est moins fleur bleue, avec la découverte du comportement de certains membres de la noblesse. Des chevaux et des membres de l'entourage de Kohlhaas vont en souffrir. Le réalisateur réussit à susciter l'horreur et le dégoût en ne laissant à l'écran qu'une partie de l'action, épargnant aux spectateurs les visions les plus violentes, préférant montrer les résultats.

   Le héros décide alors de se lancer dans l'aventure, entre quête du droit et désir de vengeance. Les dialogues sont peu nombreux, mais l'on comprend très bien ce qu'il se passe. Je mettrais un bémol au niveau de l'expression de Mikkelsen : il faut parfois un peu tendre l'oreille pour comprendre ce qu'il dit en français, langue qu'il a dû apprendre pour le tournage.

   L'arrière-plan religieux n'est pas sans importance. Au XVIe siècle, l'Europe est marquée par la naissance du protestantisme. Dans le Saint Empire romain germanique (et jusqu'en Alsace et Lorraine), des révoltes paysannes vont éclater, mêlant revendications sociales et aspirations spirituelles. En France, catholiques et huguenots se sont violemment opposés. Dans le film, on voit le héros lire une Bible traduite en langue vulgaire (ce qui était à l'origine interdit) puis rencontrer un théologien que l'on devine protestant (brillamment incarné par Denis Lavant). Leurs échanges donnent une autre profondeur à l'intrigue.

   La dernière partie du film est assez surprenante, mais finalement logique. Je vous laisse découvrir comment se termine le périple justicier du marchand de chevaux. L'ensemble est fort, suscite beaucoup d'émotions, pour peu qu'on se plonge dans l'ambiance du film.

lundi, 19 août 2013

Elysium

   Au départ, c'est le nom du réalisateur, Neill Blomkamp, qui m'a décidé à aller voir ce film. J'avais adoré District 9 et le scénario du nouveau long métrage m'avait l'air prometteur. Dans les premières séquences, c'est toutefois la qualité de l'image qui m'a impressionné. J'ai encore en tête la scène qui permet aux spectateurs de découvrir la roue solaire. On passe d'une image numérique à des vues tournées sans doute en studio. On ne voit pas la transition entre les deux. La vision aérienne d'un Los Angeles futuriste et ravagé mérite aussi le détour. De manière générale, la réalisation et les décors sont top.

   Le première partie du film est la plus profonde, scénaristiquement parlant. Deux mondes s'opposent : celui des pauvres, souvent malades, habitant une Terre violente et polluée, et celui des riches, réfugiés dans la grande roue, dans l'espace, habitant ce qui ressemble à des gated communities, avec accès privatif à une médecine de pointe.

   Cependant, comme le réalisateur est sud-africain, on peut aussi voir dans cette ségrégation un écho du régime d'Apartheid. La grande majorité des privilégiés sont blancs, alors que la masse qui survit sur Terre est un mélange de Latinos, de Noirs et de Blancs (comme le héros Max, interprété par Matt Damon, à la coupe de cheveux impeccable). On voit très peu d'Asiatiques.

   La description d'un régime policier au service des intérêts d'une minorité de riches est fort bien vue. Elle a des résonances pour le public sud-africain, mais aussi pour les Américains et les habitants de quantité d'autres pays où l'on tente de bâillonner la contestation sociale à coups de matraques. Le propos politique est complété par une évidente dénonciation du refoulement des migrants clandestins, à travers ces Terriens malades que les dirigeants de la station orbitale refusent d'accueillir et de soigner.

   La deuxième phase débute quand Max se fait greffer un exosquelette, dans des conditions que je vous laisse découvrir. C'est le moment que le réalisateur a choisi pour introduire quelques bastons. C'est bien fichu, mention spéciale pour les effets spéciaux : les dégâts subis par les corps sont spectaculaires... et peu ragoûtants ! Max se retrouve confronté à celui qui va être son principal adversaire : un mercenaire beauf et impitoyable, incarné avec talent par Sharlto Copley, une vieille connaissance de District 9.

   L'histoire se complique par la suite. Max veut atteindre la roue pour sauver sa vie. Il pourrait aussi sauver celle de la fille de son ancien grand amour, avec laquelle il ne désespère pas de renouer. Il est de plus chargé d'un boulot pour le compte d'un trafiquant qui peut lui être très utile. S'ajoute à cela un complot interne à l'élite de la station orbitale. On ne s'ennuie donc pas un instant.

   C'est d'ailleurs une limite du film : il ouvre beaucoup de perspectives et ne parvient pas à tout traiter équitablement en 1h50. Du coup, certains aspects de l'histoire apparaissent négligés. Du côté des déceptions, il y a Jodie Foster, une méchante arriviste qui a du mal à se déplacer en chaussures à talons hauts. Un peu mièvres aussi m'ont paru les scènes de jeunesse... sans parler de l'avant-dernière séquence, qui joue inutilement avec nos nerfs.

   Cela reste un très bon divertissement (à voir dans une grande salle), un peu inabouti toutefois.

23:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 18 août 2013

La guerre des couteaux

   C'est le titre d'un documentaire de 2011 qu'Arte a eu la bonne idée de reprogrammer vendredi 16 août. Sur fond d'accordéon, l'enquête s'est concentrée sur le Puy-de-Dôme, l'Aveyron ne venant qu'en complément ou en contrepoint.

   La première moitié du film nous fait découvrir plusieurs acteurs de l'économie coutelière du bassin de Thiers. On commence avec un artisan "à l'ancienne", Charles Couttier, qui préfère travailler seul :

2 Charles Couttier.jpg

   L'un des enjeux du film est la transmission du savoir-faire. Les actuels couteliers sont en général âgés. Celui-ci aimerait donc trouver un bon apprenti, auquel il pourrait enseigner ce qu'il sait, à défaut d'en faire son successeur.

   A mi-chemin entre l'artisanat et l'industrie, on trouve Cyril Ganivet, qui n'est pas issu du monde du couteau :

3 Cyril Ganivet.jpg

   Son parcours n'en est pas moins intéressant. On regrette toutefois que le documentaire n'ait pas davantage creusé du côté de son chef coutelier. Il travaille souvent avec un forgeron expert en acier damassé, Alain Demousset :

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   Les passages le montrant en action sont particulièrement intéressants. On voit le travailleur manuel à l'oeuvre, dans toute son habileté.

   Arrive enfin à l'écran une vieille connaissance des Aveyronnais, Christian Lemasson, auteur d'une Histoire du couteau de Laguiole (et excellent conférencier, soit dit en passant) :

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   On le voit ici décrire quelques exemplaires très anciens du "coupe-tout" et expliquer l'origine de termes comme "mouche" ou "abeille". Même si les traces de l'activité coutelière sont très anciennes du côté de Thiers, lui comme Cyril Ganivet reconnaissent l'origine aveyronnaise de l'objet. Au passage, signalons que la "mouche" n'était, à l'origine, pas ouvragée, une tradition que respecte le dernier couteau sorti par la Forge de Laguiole, avec un manche en corne d'Aubrac.

   Inévitablement, la conversation dérive sur la contrefaçon, preuves à l'appui :

6 contrefaçon.jpg

   Dans ce passage, l'entrepreneur thiernois exprime son refus de commercialiser des articles bas de gamme venus de l'étranger. Pourtant, on sait que sur le bassin de Thiers tout le monde n'a pas ces scrupules...

   De ce point de vue, le gérant de la Forge Thierry Moysset est plus honnête.

7 Moysset.jpg

   On l'entend bien reconnaître qu'à Thiers aussi bien qu'à Laguiole, il existe des brebis galeuses qui vendent sous une appellation frauduleuse des produits fabriqués à l'étranger dans des conditions douteuses. L'autre intérêt de son intervention est d'écouter sa position quant à la future IGP, dont il était déjà question en 2011. Poussé par Christian Lemasson, il finit par admettre qu'il faudrait que les producteurs laguiolais et thiernois puissent en bénéficier :




   J'ai pris soin de mettre l'accent sur ce passage parce qu'il me semble que les tiraillements observés en juillet dernier, au moment de l'examen du projet de loi sur la consommation, sont liés au fait que, peut-être, certains producteurs aveyronnais sont devenus gourmands et voudraient exclure les fabricants thiernois de l'IGP.

   On peut toutefois regretter que la seule voix aveyronnaise soit celle de Thierry Moysset. Les auteurs n'ont pas pris la peine d'interroger les artisans qui travaillent eux aussi à Laguiole. Du coup, on sent bien le parti pris du film, tout à la gloire de l'Auvergne.

   La suite nous replonge dans le Puy-de-Dôme. On nous présente des images d'archives, parfois surprenantes :

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   La scène immortalisée par le photographe se passe dans un moulin. Les ouvriers sont des émouleurs... et l'animal présent sur les jambes de l'un d'entre eux n'est pas là par hasard !

   Vers la fin, on retrouve quelques figures de la coutellerie thiernoise lors d'une réunion de leur association, fondée pour défendre leur artisanat. Bilan : le couteau de Thiers est mieux protégé que le Laguiole.

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   La dernière partie du documentaire voit s'achever le fil rouge lancé au début : la réalisation d'un couteau spécial pour un bon client allemand... ben, oui, on est sur Arte ! C'est le moment pour les téléspectateurs de découvrir ce qu'est un bon couteau, pour l'un des ouvriers spécialisés montrés à l'écran :

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samedi, 17 août 2013

Le Nouvel Hebdo numéro 293

   Le "petit jaune" de cette semaine évoque les à-côtés de la venue du ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll sur le Larzac. L'éditorial compare la manière dont les rebelles du Sud Aveyron ont décidé de gérer le foncier aux problèmes que rencontrent les (jeunes) agriculteurs ailleurs (en particulier dans le nord du département), tant le prix des terrains est parfois élevé.

   A ce petit coup de chapeau succède un long article de fond, qui s'en prend à certains "représentants officiels" de la lutte larzacienne. Des opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont profité de la venue du ministre pour exprimer leur désaccord, ce qui n'a pas suscité l'enthousiasme des paysans rebelles. L'un des manifestants, Gilles Gesson (installé sur le causse depuis la fin des années 1990), a publié une tribune vengeresse, "Les Versaillais du Larzac".

   Notons que la visite ministérielle a "aimanté" le gratin de la gauche aveyronnaise :

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   Sur la photographie, on reconnaît le maire de Millau, Guy Durand, la députée de l'ouest du département Marie-Lou Marcel (et pas l'UMP Alain Marc), le sénateur Stéphane Mazars et le président du Conseil régional de Midi-Pyrénées Martin Malvy.

   L'autre gros papier du numéro de cette semaine est consacré à l'un des couteliers de Laguiole, Honoré Durand, en pointe dans la dénonciation de la contrefaçon. Les lecteurs réguliers du Nouvel Hebdo se souviennent aussi qu'il y a signé quelques billets, en général pour critiquer le maire de Laguiole Vincent Alazard (contre lequel il s'est présenté aux municipales de 2008). L'article de cette semaine revient sur la jeunesse du futur coutelier. Gérard Galtier a enfilé ses habits de conteur pour ressusciter la vie de la campagne gardoise d'il y a plus de 50 ans.

   A signaler aussi un article qui traite d'un entrepreneur originaire de Naucelle installé au Vietnam. Pierre-Jean Malgouyres est cité dans un mini-dossier paru dans Le Monde le 9 août dernier :

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   Trois semaines plus tôt, il avait fait l'objet d'un portrait sur le blog de journalistes des Echos.

   Terminons par une séquence "hochets". L'hebdomadaire félicite (!) Florence Cayla (maire de Sébazac-Concourès et vice-présidente de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez), qui a été décorée de l'ordre national du mérite des mains d'Anne-Marie Escoffier. Elle faisait partie de la promotion du 14 novembre 2012, sur le contingent de la ministre aveyronnaise. Ajoutons qu'une autre élue locale figure à ses côtés : la maire de Naucelle Anne Blanc :

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   Mais ce n'est pas la promotion la plus récente. Une autre date du 14 mai 2013. Parmi les personnes distinguées (toujours sur le contingent de la ministre de la Décentralisation) on remarque les noms de Pierre Lançon (bibliothécaire de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron) et de Marc Gosselin, le directeur des services techniques du Grand Rodez.

mercredi, 14 août 2013

Du nouveau sur le couteau

   ... ou comment d'un mal peut naître un bien. Je dis ça mais, il y a quelques jours, je tirais une tronche de dix kilomètres : j'ai perdu mon couteau Laguiole pendant que j'étais en vacances, loin de l'Aveyron.

   Une mienne connaissance me suggéra d'aller faire un tour du côté de la Forge de Laguiole. "Tu verras, ils ont des nouveautés."

   Me voilà donc embarqué dans le bâtiment dessiné par Philippe Starck, peinant à me déplacer dans la masse des touristes qui ont envahi la zone. Par chance, l'un des employés finit par annoncer le départ d'une visite guidée. Ne restent dans la boutique que quelques clients potentiels.

   En faisant le tour, je jette un oeil aux collections qui ont fait parler du couteau, soit par le nom de leur concepteur, soit en raison des matériaux utilisés (pièces du Concorde, de la Tour Eiffel...). Je remarque l'apparition d'un modèle avec un manche en os de mammouth, un autre, plus classique dans les matériaux, possède une abeille qui rend sans doute hommage au Tour de France. Concernant certains objets, il est spécifié qu'ils sont adaptés au passage dans un lave-vaisselle !

   C'est dans une petite vitrine, anodine, placée à côté des autres, plus grandes, plus majestueuses, que je trouve mon bonheur :

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   Figurez-vous que le manche de cet exemplaire est en corne de vache Aubrac ! Le cuir de la ficelle attachée au bout est censé provenir lui aussi de cet animal emblématique du Nord de l'Aveyron. Deux modèles sont actuellement proposés à la vente. Seuls l'apparence de la lame et le prix varient entre eux. Il est possible d'acheter en complément un étui lui aussi en cuir d'Aubrac.

dimanche, 11 août 2013

Un massacre méconnu

   Dans la région Bourgogne, plus précisément le département de la Nièvre, le 18 juin 1940 n'est pas connu que comme la date du discours de Charles de Gaulle sur les ondes de la BBC. Le même jour débutait le massacre de 43 soldats africains de l'armée française, par l'armée allemande.

   Depuis 1948, un discret monument commémore cette tragédie. Il a même été récemment restauré :

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   Au bas sont gravés les noms de ceux des soldats assassinés qui ont pu être identifiés. C'est l'Algérie qui fournit le contingent le plus important (11), deux à trois fois plus qu'un trio de territoires (Côte-d'Ivoire, Guinée et Maroc) et près de six fois plus qu'un autre trio :

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   Le monument se trouve sur le bord de l'une des principales rues de la commune de Clamecy. Celle-ci ne compte qu'un peu plus de 4 000 habitants, mais une batterie de grandes surfaces (notamment un Leclerc et un Auchan), autour de deux zones commerciales. Cette concentration est sans doute liée à la situation de la ville :

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   Pour s'en convaincre, il suffit d'observer les plaques d'immatriculation sur le parking de l'une des grandes surfaces. Dominent les véhicules 58 et 89 (de la Nièvre et de l'Yonne). Mais une part non négligeable est constituée de voitures immatriculées un peu partout en France... et au-delà. Parmi les conducteurs et passagers, combien connaissent cette histoire ? Elle est pourtant évoquée en un autre endroit de la commune :

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   L'estivant qui ne dédaigne pas la marche peut pousser jusqu'au centre-ville, où se trouve la collégiale Saint-Martin, de style gothique. Située en hauteur, elle se distingue aussi par la présence de gargouilles (que je trouve cependant moins réussies de celles de la cathédrale de Rodez) :

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   P.S.

   Les violences auxquelles Clamecy fut confrontée ne sont hélas pas uniques. Un article paru en juillet dernier évoque les massacres de tirailleurs sénégalais commis en France métropolitaine, en 1940. Ainsi, en Eure-et-Loir, des soldats allemands s'en sont pris aux troupes coloniales, tentant même de les faire passer pour des barbares aux yeux des Français métropolitains. Du côté de Chartres, le préfet de l'époque (auparavant en poste dans l'Aveyron) s'opposa aux maneuvres de la Wehrmacht. Il est allé jusqu'à se trancher la gorge pour ne pas avoir à céder aux exigences allemandes. Il s'appelait Jean Moulin.

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vendredi, 09 août 2013

Corruption pétrolière

   Il était une fois, dans un grand et beau pays nommé "les Etats-Unis d'Amérique" un homme politique conservateur, pas franchement antipathique, plutôt compassionnel même, qui se fit élire président sous la pression d'un lobby pétrolier. A la fin de son mandat, un énorme scandale éclata.

   Bon, là, certains se disent : "Mais pourquoi diable vouloir nous parler encore de George W. Bush ?" Sauf que l'histoire dont il est question ici se passe dans le premier quart du XXe siècle. Le président est Warren G. Harding. Le scandale auquel il est fait allusion est désigné sous le nom de Teapot Dome. Il fait l'objet d'un excellent article du Monde, signé Alain Faujas et Jacques Trauman. Il s'insère dans l'une des passionnantes séries d'été qui agrémentent ce quotidien en juillet-août. (Il y a quelques semaines, la correspondante en Russie, Marie Jego, en a proposé une sur le lac Baïkal.)

   Pour l'anecdote, sachez (d'après le site de la chaîne PBS) que le futur président magouilleur est né à proximité d'une petite ville nommée Corsica, dans l'Ohio ! Sachez encore qu'il avait placé le début de son mandat sous le signe du retour à la "normalité" !

   Sur un plan plus général, l'administration Harding est connue pour avoir annulé une partie des mesures (notamment fiscales) prises par son prédécesseur, Woodrow Wilson. C'est aussi l'époque du retour du protectionnisme, de l'instauration de quotas d'immigration et de la signature de traités séparés avec les vaincus de la Première guerre mondiale.

mercredi, 07 août 2013

Réserve parlementaire, cuvée 2012

   Le quotidien Le Monde consacre un nouvel article, cette fois-ci à la réserve parlementaire de l'an dernier... en fait des six premiers mois : ce sont les députés de l'Assemblée nationale sortante qui ont tout dépensé... les coquins ! De l'article, on peut accéder à un moteur de recherche qui permet (malgré quelques bugs) de se concentrer sur un département, une commune ou un parlementaire. Les amateurs de drogue dure, qui ont du mal à occuper leurs soirées, peuvent se rendre sur le site du gouvernement et accéder à l'intégralité des subventions attribuées par les parlementaires. Le fichier compte plus de mille pages, où les communes bénéficiaires sont classées par ordre alphabétique, sans considération de département.

   Comme le mois dernier (avec la réserve 2011), j'ai décidé d'éplucher les données concernant l'Aveyron. En utilisant les mêmes couleurs et figurés, j'ai construit une carte du même type. Voici le résultat auquel je parviens :

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   Sans surprise, le parlementaire qui a octroyé le plus de subventions est le député Yves Censi, avec un total de 189 990 euros (selon mes calculs), répartis entre neuf communes (en bleu foncé sur la carte). Elles sont toutes situées dans sa circonscription. Cela va de 6 000 euros (pour Florentin-la-Capelle) à 43 385 euros (admirez la précision) pour Saint-Côme-d'Olt. En général, cela représente entre 3 et 20 % du coût du projet. Pruines fait exception : deux projets ont été financés à 50 % par la réserve parlementaire du député.

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   L'autre élu UMP, Alain Marc, a distribué plus de deux fois plus qu'en 2011 (142 594 euros contre 63 500)... en deux fois moins de temps (6 mois au lieu d'un an). La préparation des élections législatives expliquerait-elle cette frénésie subventionniste ? Le député du Sud Aveyron a versé des sommes s'étalant de 4 000 à 25 000 euros, à 11 projets (les communes sont en bleu clair). En valeur, ce sont deux communes (Cassagnes-Bégonhès pour la communauté de communes Viaur-Céor-Lagast, Saint-Georges-de-Luzençon pour celle de Millau-Grands Causses) qui ont reçu le plus. Mais la somme représente moins de 2 % du coût de chaque projet. En proportion, Saint-Laurent-d'Olt et Sévérac-le-Château ont été mieux dotées : leurs projets ont été financés respectivement à 50 % et 48,7 % par la réserve parlementaire.

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   A côté de ces deux pachas, la socialiste Marie-Lou Marcel, élue de l'ouest du département, faisait figure de parent pauvre : elle n'a distribué que 15 000 euros (contre 21 000 en 2011). Comme l'année précédente, elle a partagé sa réserve en parties égales, trois de 5 000 euros en 2012. (Les communes sont en rouge sur la carte.) En pourcentage, c'est moins équitable : les projets de Sainte-Croix et Vailhourles ont été financés à moins de 3 %, celui de La Rouquette à 12,8 %.

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   La sénatrice PRG Anne-Marie Escoffier a versé presque la même somme en 2012 qu'en 2011 (33 000 euros, contre 32 500 l'année précédente). Trois communes (en rose sur la carte) en ont bénéficié. Sans surprise, on retrouve Rignac (projet financé à plus de 40 % par la réserve), chef-lieu de canton dont l'élue est... A-M Escoffier. Decazeville a touché une petite somme (6 000 euros), qui n'est qu'une faible contribution à son projet (3,1 %). Par contre, Espalion a reçu 25 000 euros, qui ont financé à 35 % l'aménagement d'un terrain de jeux. Déjà l'année précédente, cette commune avait touché une jolie somme de Gérard Larcher, à l'époque président du Sénat... et élu des Yvelines. Conclusion : soit la commune d'Espalion a la cote auprès des sénateurs, soit le maire Gilbert Cayron dispose d'un très bon carnet d'adresses (maçonniques ?).

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   Comme pour l'année 2011, le nom du second sénateur aveyronnais, Alain Fauconnier, n'apparaît pas dans la liste des donateurs. Comme en 2011, le maire de Saint-Affrique s'est rasé les jambes et a troqué le pantalon contre la jupe. Revoici donc la sénatrice bretonne Odette Herviaux, qui a distribué presque 140 000 euros dans le département.  Les 25 communes bénéficiaires sont en orange sur la carte. (Pour la communauté de communes des Sept-Vallons, faute de précision, j'ai colorié Coupiac.)

   On ne s'étonnera pas que 20 des 25 communes soient situées dans le Sud du département, terre d'élection d'A. Fauconnier. Toutefois, par rapport à 2011, un petit changement est survenu : trois communes situées à l'ouest (Balaguier-d'Olt, La-Bastide-L'Evêque et Saujac), deux au nord (Entraygues-sur-Truyère et Lacroix-Barrez), ont bénéficié de subventions. Globalement, les sommes vont de 1 000 à 26 500 euros. C'est Saint-Affrique (dont le maire est... Alain Fauconnier) qui a touché le plus, et de loin, la seconde commune la mieux dotée étant Saint-Jean-et-Saint-Paul avec 10 000 euros. Précisons que Marie-Thérèse Foulquier en est la maire. Rappelons qu'elle fut candidate aux législatives de 2012, soutenue (officiellement) par le PS et Les Verts.

   En pourcentage, les projets qui ont bénéficié du meilleur soutien financier d'Odette Fauconnier (ou d'Alain Herviaux, je sais plus) sont ceux de Tauriac-de-Camarès (50 % du coût supporté par la réserve parlementaire), de Buzeins (47,4 %), de Saint-Affrique (46,5 %), de Lavernhe-de-Sévérac (46,2 %), de Verrières (de 40 %), de Millau (39 %)... et de Saint-Jean-et-Saint-Paul (37,4 %). Globalement, on remarque la prééminence des agglomérations de Saint-Affrique et de Millau.

   Cependant, c'est de la fameuse "réserve ministérielle" (anonyme dans le document officiel) que proviennent les subventions les plus abondantes : 200 818 euros. Onze communes (hachurées en noir sur la carte) en ont été bénéficiaires, pour des sommes allant de 2 000 à 54 000 euros. Trois (Buzeins, Flavin et La Bastide-Solages) ont aussi touché une somme de l'un des parlementaires aveyronnais. Dix des onze communes sont situées dans la circonscription d'Alain Marc... étonnant, non ? Une seule se trouve en déhors. Il s'agit de Sébrazac, dont le maire est un certain Jean-Claude Anglars, qui est aussi vice-président du Conseil général. Les 49 818 euros reçus représentent 10,4 % du projet. On voit par là que la réserve ministérielle n'est pas aveugle ; elle est même sans doute téléguidée.

   Les sommes versées vont de 2 000 à 54 000 euros. C'est la commune de Saint-Sernin-sur-Rance qui a reçu le plus. Les 54 000 euros ne représentent toutefois que 5,6 % du coût du projet. Précisons que le maire est Annie Bel, qui avait reconquis le canton pour le compte de la majorité départementale en 2011. Un article de La Dépêche du Midi a levé le voile sur l'origine du coup de pouce dont a bénéficié la commune. Il évoque la réserve parlementaire du député Alain Marc, mais il s'agit de la réserve ministérielle, qui a été "orientée" par le député.

   En général, l'apport gouvernemental représente une part modeste du financement. Deux communes ont été proportionnellement un peu mieux dotées : Lapanouse-de-Cernon (projet financé à 19,6 %) et Saint-Jean-du-Bruel (projet financé à 18,2 %, correspondant à un apport de 30 000 euros).

   Ce sera au moins un point positif pour le duo Hollande-Ayrault que d'avoir régulé ces pratiques inéquitables et obscures, qui ont trop longtemps permis à des potentats locaux de se bâtir un fief électoral grâce à l'argent des contribuables.

lundi, 05 août 2013

Attractivité aveyronnaise

   Deux publications m'ont conduit à m'interroger sur l'aura économique de l'Aveyron : une note de l'INSEE, du mois de juin dernier (centrée sur la région Midi-Pyrénées) et un article du Monde du 25 juillet : Comment la crise frappe les territoires français.

   Avant d'aller plus loin, il faut visualiser l'unité d'étude : la zone d'emploi. Ce critère divise le département en trois parties, qui ont récemment évolué :

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   La zone ruthénoise, en vert, s'est agrandie du bassin decazevillois qui, jusque dans les années 1990, était inclus dans la zone figeacoise. La zone villefranchoise, quant à elle, s'est légèrement décalée vers l'ouest et le sud.

   La note de l'INSEE présente d'abord l'évolution de l'attractivité des zones midi-pyrénéennes entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000. Voici quelle était la situation en 1999 :

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   En gris, la zone ruthénoise était classée comme étant dotée d'une faible attractivité productive et résidentielle. En clair : elle attirait peu les habitants et les entreprises. En vert foncé, la zone villefranchoise n'était pas mieux lotie au niveau productif, mais elle était dotée d'une forte attractivité résidentielle. De son côté, la zone millavoise n'était présentée que comme attractive sur le plan productif.

   Voici ce qu'il en est une dizaine d'années plus tard :

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   Pour Rodez, rien n'a changé. Par contre, les deux autres zones (en vert clair) sont désormais classées comme moyennement attractives sur le plan résidentiel et faiblement sur le plan productif. Du côté de Villefranche, c'est l'attractivité résidentielle qui a baissé ; du côté de Millau, c'est l'attractivité productive... en dépit de tout ce qui a été claironné à l'époque par les élus sur "l'effet viaduc".

   Si l'on réfléchit en terme de catégorie de population, on s'aperçoit qu'il y a sans doute un écart entre les retraités et les actifs. D'après la note de l'INSEE de juin dernier, l'Aveyron semble séduire les retraités :

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   La zone ruthénoise a un taux d'entrées de "séniors" supérieur de 0 à 50 % à la moyenne nationale. Les deux autres zones dépassent celle-ci de 50 % à 100 %. L'attractivité résidentielle vis-à-vis des retraités est donc assez bonne voire bonne dans les zones aveyronnaises, alors que leur attractivité résidentielle globale est faible ou moyenne. C'est donc que d'autres catégories de population (les jeunes actifs, par exemple) ont tendance à quitter ces territoires.

   L'une des raisons est donnée par une autre note de l'INSEE, datant de 2012. Page 5 se trouve une carte des zones d'emploi midi-pyrénéennes, coloriées en fonction des types d'activités les plus importants. Voici ce qu'il en est pour l'Aveyron :

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   Les zones ruthénoise et millavoise (en gris) sont caractérisées par la domination d'une économie présentielle, "c'est-à-dire tournée vers la population présente, qu'elle soit résidante ou de passage", avec une bonne implantation de l'agroalimentaire. L'Ouest du département (en vert) se distingue par une forte présence industrielle, des secteurs de la métallurgie et de l'agroalimentaire en particulier.

   L'article du Monde en montre les conséquences au niveau de l'emploi, pour les années 2008-2012 :

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(Ceux qui ne peuvent accéder à l'article peuvent se diriger sur le site du quotidien ardennais L'Union, qui propose une carte similaire.)

   Zoomons sur l'Aveyron :

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   C'est dans le bassin de Millau (en orange) que le nombre d'emplois a le plus baissé (entre 5 % et 10 % selon Le Monde, entre 4 % et 6 % selon L'Union). Dans le bassin de Rodez, la diminution est de moins de 5 % (entre 2 % et 4 %). O surprise ! Dans le bassin villefranchois, le nombre d'emplois a légèrement augmenté.

   A posteriori, on comprend que les élus du Grand Rodez, de gauche comme de droite, aient soutenu des projets parfois dispendieux. Il leur sera beaucoup pardonné si le résultat est l'augmentation de l'attractivité du territoire et la création d'emplois, dans un contexte national difficile. L'année 2012 a d'ailleurs été particulièrement difficile pour le bassin ruthénois, qui apparaissait auparavant épargné par la crise, et dont le nombre de chômeurs a brusquement augmenté :

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jeudi, 01 août 2013

Des conducteurs de train indélicats

   Actuellement, (presque) tout le monde est en train (!) de tomber sur le dos du conducteur du TGV espagnol qui a déraillé à l'entrée de la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est vrai que ce zigoto était au téléphone, alors que le train était lancé à plus de 150 km/h, à environ 4 kilomètres de son arrêt, juste avant une courbe connue pour être dangereuse...

   Normalement, vu la vitesse à laquelle l'AVE (équivalent du TGV outre-Pyrénées) roulait, le chauffeur aurait dû se soucier de la décélération progressive. Mais il était au téléphone... avec un contrôleur (ce qui est interdit, sauf en cas d'urgence). Le motif de l'appel est le positionnement du train pour favoriser la sortie d'une famille dans une gare ultérieure, Pontedeume (qui précède de peu le terminus, Ferrol) :

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   J'en déduis que le train venait de Madrid, sur une ligne qui n'est que partiellement à grande vitesse :

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   A la négligence du conducteur s'ajoutent (selon Libération) deux facteurs techniques : l'écartement des voies (différent entre les voies traditionnelles espagnoles et les nouvelles voies à grande vitesse, de gabarit européen) et le contrôle automatique de la vitesse, qui ne pouvait pas fonctionner ici. Pour l'instant, personne n'ose évoquer une éventuelle défaillance du matériel, soit au niveau du train, soit au niveau des rails.

   Mais les catastrophes ferroviaires ne surviennent pas qu'en Espagne. Les conducteurs indélicats existent aussi en Argentine, où l'on a décidé de filmer la cabine de tête des trains. Grâce à France TV, on découvre quelques spécimens gratinés. En voici un qui pique un petit somme au volant :

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   Mais le deuxième fait encore plus fort. On le voit successivement pianoter sur son téléphone portable...

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    ... puis entamer la lecture d'un bouquin, le tout alors que le train roule, comme le confirme la vue située en bas à droite des images, qui correspond à ce que filme une caméra externe :

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   Le troisième de la bande s'est cru plus fûté que les autres ; il a décidé de carrément obstruer l'objectif de la caméra interne (il est sur le point de poser une veste dessus) :

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   Et dans l'Aveyron ? Il est vrai que les trains y circulent assez lentement et que l'on ne risque pas d'y voir un TGV avant longtemps. Cela n'empêche pas certains conducteurs d'en faire à leur aise, sur la ligne Rodez-Toulouse. Il y a plusieurs types de fautifs.

   Dans la catégorie "ex-jeune branleur qui n'a pas fini de mûrir", il y a celui qui arrive à la bourre, à tel point que c'est le contrôleur (ou la contrôleuse... au fait, on dit "chef de bord" maintenant) qui lui a ouvert la porte et préparé la cabine. Du coup, le train démarre en retard, ce qui contraindra celui qui arrive en face à patienter davantage à l'une des gares intermédiaires. (N'oublions pas que, sur cette ligne, nous circulons sur une voie unique.) Au pire, il roulera un peu plus vite entre les arrêts, quitte à faire un peu tanguer le convoi.

   Dans la catégorie "mon estomac d'abord", il y a celui qui ne démarre pas le train sans avoir emporté de quoi se sustenter non pas en fin de trajet, non pas à l'occasion d'un arrêt prolongé, mais pendant que le train roule. Ainsi, un jour, j'ai vu entrer dans la cabine du conducteur un drôle de personnage, muni d'un plat de pâtes, qu'il est allé jeter, vide, à Baraqueville. Trop dure, la life !

   Dans la catégorie "je suis un drogué et je vous emmerde", il y a celui qui, pendant que le train roule, ouvre la fenêtre de sa cabine pour s'en griller une, peinard, permettant ainsi aux passagers assis derrière de profiter un peu de ces émanations cancérigènes.

   Dans la catégorie "victime de la mode", il y a celui qui ne peut pas passer un quart d'heure sans consulter son téléphone portable, voire passer un coup de fil. Quand on est assis dans la voiture de tête, juste derrière la cabine du chauffeur, on entend parfois s'élever des voix, lorsqu'un contrôleur tape la discute avec le roulant. Mais il m'est arrivé d'entendre une seule voix, alors qu'aucun contrôleur n'était présent.

   Ces écarts ne sont l'oeuvre que d'une minorité... et je conçois qu'il puisse arriver à chacun de fauter (personne n'est parfait). Mais, étant donné que ces conducteurs ont la vie de leurs passagers entre les mains, il serait bon qu'ils fassent preuve d'un peu plus de professionnalisme.

samedi, 27 juillet 2013

A couteaux tirés

   En lisant un article du quotidien La Montagne paru cette fin de semaine, on réalise que l'examen du projet de loi relatif à la consommation par la commission des affaires économiques du Sénat crée quelques tensions entre élus auvergnats et aveyronnais, à propos de la future IGP Laguiole.

   Tout part de l'examen des amendements, notamment ceux portant sur le chapitre IV et l'article 23. Pour cela, il faut revenir un peu en arrière, lorsque l'Assemblée nationale a examiné le texte. Le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne a fait voter un amendement (le numéro 720) qui introduit une formule en apparence anodine dans un alinéa de l'article 23, concernant le futur cahier des charges de l'IGP :

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   Il est intéressant de lire la justification avancée par le député lorsqu'il a proposé cette modification (en compagnie de quatorze autres élus, tous membres du groupe Gauche Démocrate et Républicaine, comme lui) : "Il apparaît en effet indispensable que les conditions de création d’une indication géographique ne portent pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et d’une production de qualité existante pour un même produit. L’objectif est bien de développer l’emploi et non d’en supprimer." (C'est moi qui souligne.) Il est évidemment fait allusion à la production du bassin de Thiers.

   Dans la foulée, André Chassaigne a soutenu deux autres propositions d'amendement, avant de les retirer. Le numéro 723 était dans le même esprit que celui qui a été adopté : la défense de la production de couteaux Laguiole par les artisans thiernois ("et qui ne porte pas atteinte au maintien d’un savoir-faire et à la production d’un même produit.").

   L'autre amendement retiré (le numéro 722) peut être considéré comme une petite attaque contre les couteliers aveyronnais. Il est question de l'organisme privé chargé de la défense d'une IGP. L'élu auvergnat aurait aimé qu'il figure que cet organisme soit jugé "représentatif de la profession concernée". Les couteliers aveyronnais ne formant qu'un groupe minoritaire, cela aurait conduit à inclure dans l'IGP leurs homologues thiernois, plus nombreux.

   Le texte voté par l'Assemblée nationale arrive au Sénat début juillet. C'est la commission des affaires économiques qui effectue le gros du travail en amont, avant l'examen en séance plénière. Voici ce qu'est devenu le passage qui avait été modifié à l'instigation d'André Chassaigne :

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   L'insertion a donc été supprimée par un amendement présenté par les rapporteurs Martial Bourquin et... Alain Fauconnier, le maire de Saint-Affrique. En lisant le compte-rendu des débats de la commission, on découvre sans surprise que c'est bien Alain Fauconnier qui a présenté l'amendement. Il l'a justifié en déclarant que le passage concerné n'était qu'illustratif et que la définition d'une IGP prenait en compte bien d'autres éléments absents de l'article. (C'est plutôt au cahier des charges d'établir ces critères.)

 

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   L'histoire ne s'arrête évidemment pas là. Le texte élaboré par la commission sénatoriale va être discuté en réunion plénière, avant de repasser devant les députés, les deux assemblées devant voter le même projet. Comme, en cas de désaccord, ce sont les députés qui ont le dernier mot, si André Chassaigne réussit à réintroduire son amendement, celui-ci fera partie de la loi.

lundi, 22 juillet 2013

Metro Manila

   Ce polar social navigue quelque part entre La Cité de Dieu et Le Convoyeur (de Nicolas Boukhrief). Il démarre toutefois de manière assez conventionnelle. La première séquence (courte) se conclut par un acte de violence brute, qu'on n'arrive pas à relier à la suite de l'histoire (dans un premier temps). Puis, on découvre combien la vie est difficile pour les petits paysans philippins, condamnés à l'exode rural. Enfin, la capitale Manille nous est présentée comme une jungle impitoyable pour les faibles. C'est bien filmé (quoique trop esthétisant par moment), bien joué, mais un peu démonstratif.

   Le film a commencé à m'emballer quand j'ai vu qu'il jouait avec nos nerfs, faisant se succéder phases d'espoir et de désespoir des deux héros, le couple de paysans, incarnés par des acteurs un peu trop beaux (la femme est particulièrement canon). Installés dans un bidonville, ils ont l'air de toucher le fond : ils manquent de nourriture et l'une des enfants est malade. Puis ils finissent par trouver un travail, chacun de leur côté. Dans les deux cas, ce n'est pas sans danger. Le summum est atteint une nuit, quand, chacun semble s'avilir dans son nouveau boulot, source pourtant d'indépendance financière.

   Ainsi, on suit Oscar et la bande des convoyeurs de fonds, ainsi que son compagnonnage avec celui qui l'a introduit dans la boîte. De son côté, Mai fait l'expérience du monde de la nuit. Peut-on sortir de la pauvreté tout en restant honnête ? C'est l'une des questions centrales du film.

   La dernière partie voit l'histoire basculer trois fois. Les aventures de certains convoyeurs rejoignent l'histoire d'un jeune homme qui est lié à la première séquence. C'est toujours aussi bien filmé et joué... et la pirouette scénaristique de la fin est la bienvenue. Cela reste néanmoins un film très noir.

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dimanche, 21 juillet 2013

Aya de Yopougon

   Ce film d'animation de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie est l'adaptation des deux premiers tomes de leur bande dessinée. L'intrigue se déroule en Côte d'Ivoire, principalement à Abidjan (et Yamoussoukrou), à l'époque de Félix Houphouët-Boigny, au tournant des années 1970-1980. Quelques scènes d'époque sont d'ailleurs montrées à l'écran, lorsque les héros regardent la télévision :

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   L'ambiance est colorée, les dialogues très bien écrits. Certaines demoiselles savent comment remettre à leur place les mecs trop entreprenants ! Attention cependant : il faut parfois tendre l'oreille. Une fois que l'on est habitué à la prononciation, tout va bien. La musique est gaie, entraînante. Elle fait d'ailleurs partie de l'histoire, puisque l'endroit à la mode, où tous ceux qui ont un peu d'argent à dépenser se rendent pour se détendre, est un "maquis", sorte de boîte de nuit en plein air. On n'y fait pas que danser...

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   L'accent est mis sur les femmes, notamment les trois jeunes adultes :

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   A gauche, on peut voir Adjoua, la plus timide... mais à qui il arrive des aventures. Au centre se trouve Aya, à la beauté aussi entière que le caractère. Sérieuse et bonne élève, elle voudrait échapper au schéma traditionnel qui la condamnerait à tout abandonner pour suivre un époux. La troisième, Bintou, ne pense qu'à courir les mecs, croyant que c'est la bonne méthode pour "choper" le mari idéal.

   Les autres femmes sont au second plan. Ce sont les mères, les maîtresses, les soeurs, les cousines. En général, elles sont dotées d'un caractère bien trempé !

   Par contre, du côté des mecs, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Le plus gentil est un simple d'esprit, amoureux d'Aya, que celle-ci va aider à se prendre en main... sans céder à ses avances. L'héroïne croise d'autres mecs, plus délurés qu'Hervé, mais moins sympathiques. A gauche sur la seconde image, on peut voir le fils à papa, une vraie tête à claques, constamment ridiculisé dans le film. Tout à droite se trouve Mamadou, un beau gosse pas fiable pour deux sous.

   On pourrait aussi parler des pères, autoritaires, alcooliques, infidèles... Bref, la gent masculine en prend pour son grade !

   C'est donc une comédie, mais qui dit des choses sérieuses. Il y est question d'inégalités sociales, de corruption, mais surtout des relations hommes/femmes, véritable coeur de l'histoire.

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jeudi, 18 juillet 2013

Fringe, saison 5

   TF1 s'est enfin décidée à diffuser l'ultime saison de cette excellente série de science-fiction. Les téléspectateurs de la chaîne en sont restés, l'été dernier, à la saison 4. Ceux qui ont fait un tour chez la petite sœur NT1 ont pu (re)voir les épisodes des trois premières saisons, en VF ou en VO sous-titrée.

   La soirée a donc commencé avec Pensées transitoires. Un court résumé permet d'abord aux oublieux, ainsi qu'à ceux qui découvriraient la série, de se mettre dans le bain. L'action se déroule désormais en 2036. Les "observateurs", venus du futur, ont pris le pouvoir et asservi l'humanité :

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   L'enjeu de ce premier épisode est de reconstituer l'équipe scientifico-policière qui a mené les enquêtes au début du XXIe siècle. On se lance donc à la recherche d'espaces qui ont été jadis plongés dans l'ambre :

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   Celui qui semble avoir la solution est Walter Bishop, mais il lui faut reconstituer les morceaux du puzzle... tout en évitant les observateurs et leurs collaborateurs. Tâche ardue :

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   Le scénario "assure" et les interprètes sont toujours aussi bons. Les images proposées ci-dessus sont censées donner un aperçu du soin apporté à la photographie et à la mise en scène. C'est donc aussi un régal pour les yeux. Accessoirement, les amateurs de SF peuvent repérer des références à quelques classiques du genre.

   Le second épisode s'intitule Le Plan. Il voit nos héros se faufiler dans des passages souterrains :

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   Là encore, la solution peut venir de quelque chose qui est piégé dans l'ambre :

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   Cet épisode met en scène des cas de conscience. On se retrouve dans une ambiance qui rappelle évidemment l'époque de la Seconde guerre mondiale et de la Résistance. L'histoire fait aussi écho à d'autres luttes pour l'indépendance.

   Au cœur de ce questionnement se trouve Henrietta, la fille de Peter et Olivia, qui avait disparu à l'âge de trois ans. On ne sait pas trop ce qui s'est passé avant que son père ne la retrouve, mais on suppose qu'elle a été l'objet d'expériences de la part des observateurs. Ce personnage recèle une part de mystère. Elle s'avère encore plus intransigeante que ne le fut jadis sa mère :

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   Bref, c'est excellent et j'ai hâte de voir la suite.

mercredi, 17 juillet 2013

La promo du 14 juillet 2013

   En se plongeant dans le Journal Officiel du 14 juillet, on tombe d'abord sur les décrets du président de la République portant sur les nominations et promotions dans l'ordre de la Légion d'honneur. C'est la quatrième fois que François Hollande se livre à l'exercice, après les promotions du 14 juillet 2012, du 1er janvier 2013 et du 29 mars 2013.

   Comme il y a quatre mois, je vais m'intéresser aux élus, du moins à ceux qui sont présentés comme tels sur la liste. Deux se trouvent dans le deuxième décret, mais c'est dans le quatrième (le plus long) qu'ils figurent en presque totalité.

   Parmi les 656 noms, j'ai repéré 61 élus, soit un peu plus de 9 % du total (encore plus qu'en mars dernier), alors qu'ils représenent moins de 1 % de la population française. A noter que la parité est presque respectée, avec 28 femmes (46 %) pour 33 hommes (54 %).

   Politiquement parlant, c'est encore plus tranché. Je n'ai pas pu déterminer l'orientation politique de 3 des 61 élus. Il est reste donc 58. 50 appartiennent (ou ont appartenu) à des partis de gauche (42 rien qu'au PS), 8 sont classés à droite (5 à l'UMP, dont Roselyne Bachelot, qui n'avait jamais été décorée sous un gouvernement de droite). Les breloques ont donc été décernées à des élus du parti présidentiel dans plus des deux tiers des cas.

  46 décorations concernent des chevaliers, 13 des officiers et 2 des commandeurs. Ces deux derniers (dont l'ancien maire de Cahors et ancien président du Conseil général du Lot Maurice Faure) sont de gauche, tout comme la quasi-totalité des officiers. L'exception à la règle est proche de nous, puisqu'il s'agit de Josseline Longépée, maire UMP de Quézac, en Lozère.

   Passons à la répartition géographique des futurs décorés. Selon que l'on utilise le département ou la région comme base, l'impression visuelle varie. Le plus simple est de s'appuyer sur les régions métropolitaines. Toutes sauf la Corse ont au moins un élu dans la liste du 14 juillet.

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   J'ai laissé en blanc les régions qui comptent 1 ou 2 décorés. J'ai colorié en jaune les régions qui comptent 3 ou 4 décorés, en orange celles qui comptent 5 ou 6 décorés. L'Ile-de-France se détache en rouge, avec 11 décorés (tous de gauche). Les deux autres bastions du PS et de ses alliés émergent, avec la pointe nord et le Sud-Ouest de la métropole.

   Voici ce que cela donne lorsqu'on affine la représentation, en s'appuyant sur les départements :

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   J'ai laissé en blanc les départements  dont a priori aucun élu ne figure dans la liste. J'ai colorié en jaune les départements dont un élu est mentionné, en orange ceux dont deux élus sont mentionnés. En rouge, il reste les départements dont trois ou quatre élus figurent sur la liste.

   Grosso modo, on retrouve l'importance du Sud-Ouest (le second Lotois étant Martin Malvy, promu officier), de la région parisienne et du Nord. En PACA, on s'aperçoit que ce sont les départements ruraux qui ont pesé. Par rapport à la carte précédente, on remarque le Finistère et le Bas-Rhin, ainsi qu'un axe Bourgogne-Rhône (un axe Rebsamen-Collomb, si vous préférez).

   A mon avis, le Parti socialiste est déjà en train de préparer les municipales, et l'on en a des traces dans l'attribution de la Légion d'honneur. Comme le Nord et l'Hérault (en rouge aussi) sont deux des plus importantes fédérations du PS, il n'est pas étonnant que leurs élus soient surreprésentés dans les décorés.

   Mais, dans l'Hérault, il faut gérer les séquelles de la division née à l'époque de Georges Frêche. Un article du Monde du 20 juin dernier évoquait les tensions autour du choix de la tête de liste PS pour Montpellier. La sortante, Hélène Mandroux (72 ans...), veut rempiler. Face à elle se dressent deux hommes.

   Présenté comme son plus sérieux rival, Jean-Pierre Moure est maire de Cournonsec, une petite commune de la périphérie sud-ouest de Montpellier. Il est aussi conseiller général et surtout président de l'agglomération de Montpellier, où il a succédé à G. Frêche. Il s'est déjà déclaré candidat. Il a cependant contre lui d'être un beau cumulard, dont la gestion communale n'est pas exemplaire... et qui va devoir affronter une plainte touchant l'attribution de marchés publics au niveau de l'agglomération.

   Le second rival socialiste de la maire sortante est Philippe Saurel, adjoint au maire de Montpellier, conseiller général, proche de Manuel Valls... et franc-maçon. Voilà pour le pedigree de l'animal, qui a déjà créé sa page Facebook en vue des municipales.

   Et ce ne sont là que les principaux candidats socialistes. D'après France 3 Languedoc-Roussillon, d'autres ambitions se sont plus ou moins déclarées. On cite notamment le nom du président du Conseil général de l'Hérault, André Vézinhet (né à Rodez... en 1939). Tout ça, rien qu'au PS. Pourquoi tant d'empressement à s'investir dans la chose publique ? Peut-être parce que les études d'opinion (dont un sondage commandé récemment par la direction du PS) donnent les socialistes largement gagnants en 2014 dans la capitale de la Septimanie.

   Cela nous ramène aux breloques décernées le 14 juillet. Parmi les quatre élus héraultais, on trouve André Vézinhet et Philippe Saurel (celui-ci sur le contingent du ministre de l'Intérieur...), ainsi que Sophie Boniface-Pascal, autre adjointe d'Hélène Mandroux.  Visiblement, l'Elysée semble vouloir suivre de très près la constitution de la liste PS.

mardi, 16 juillet 2013

Hijacking

   Ce film danois polyglotte évoque la piraterie en mer, avec l'exemple d'un cargo dont s'empare une troupe de Somaliens. Il alterne deux types de scènes, celles qui décrivent la vie sur le bateau et celles qui montrent le siège de l'entreprise danoise et l'action de son PDG (incarné à la perfection par Soren Malling).

   Le début est faussement anodin. Sur le navire, on découvre les personnages du cuistot, du mécano et du capitaine. Ils naviguent vers Bombay. La mission est en voie d'achèvement. Ils communiquent à distance avec les proches restés au Danemark. Là-bas, on nous plonge dans une négociation délicate avec des Japonais. Le PDG danois est habile à la manœuvre. Comme ses costumes, il est impeccable, rigoureux et semble invulnérable. Sûr de lui et conscient de ses responsabilités, il décide de mener la négociation quand il apprend la prise d'otages.

   Le réalisateur nous a épargné l'assaut... mais ce qui se passe hors-champ est souvent inquiétant. Que signifient ces coups de feu ? Que sont devenus les autres membres de l'équipage ? Si chaque moitié des personnages ignore ce que vit l'autre, le spectateur n'est pas omniscient pour autant. On remarque aussi qu'au fur et à mesure que l'on avance dans l'intrigue, les allers-retours entre les deux scènes se font moins nombreux, ce qui nous laisse parfois dans l'expectative. (Bien joué, le montage !)

   La réalisation montre le renversement. Les Occidentaux sont devenus les proies des Africains... et le patron négociateur joue une partie plus difficile qu'avec les industriels japonais. Chacun, de son côté, veut faire plier l'autre. Il faut donc se méfier un peu de ce que l'on voit à l'écran, surtout du côté somalien. La prise d'otages elle-même est une mise en scène. Pour que les pirates parviennent à leurs fins, il faut qu'ils arrivent à manipuler leurs interlocuteurs danois. En Europe, la direction elle essaie de s'en tirer à moindre frais... et oriente les négociations en conséquence, avec l'aide d'un spécialiste de la gestion de crise. S'ajoutent à cela les relations avec les familles des hommes capturés, d'autant plus délicates qu'il faut choisir ce qu'on leur dit ainsi que la manière de le dire. Toutes ces scènes se déroulent en vase clos, dans des bureaux du siège de l'entreprise, et pourtant, c'est palpitant. Putain de scénario !

   Sur le bateau, on constate qu'à la pénibilité physique s'ajoute le risque d'affaiblissement moral. De leur côté, les pirates semblent imprévisibles. Comme tous sauf un (le traducteur-négociateur, un personnage assez mystérieux) ne parlent que leur langue et que leurs propos ne sont pas sous-titrés, nous sommes placés au même niveau de compréhension que les otages.

   Jusqu'au bout, l'histoire ménage des surprises. A plusieurs reprises, la tension se relâche pour tout à coup augmenter à nouveau. Souvent, c'est voulu... mais pas toujours.

   C'est incontestablement le film coup-de-poing de ce début d'été.

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Moi, moche et méchant (le DVD)

   Séance de rattrapage, ce soir. Emballé par le deuxième volet des aventures de Gru et de sa petite famille, j'ai voulu voir ce que donnait le premier film. Comme le suivant, je l'ai visionné en version française.

   Le début présente les deux univers qui vont se télescoper : l'orphelinat (avec les trois gamines) et les méchants (dont le héros). Cela démarre par une séquence qui tourne en dérision les touristes américains (avec un gag inattendu, celui de la pyramide) :

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   On découvre ensuite les deux vilains qui vont s'affronter. Le héros, Grut, aime bien commettre de mauvaises actions au quotidien. Il resquille scandaleusement dans un commerce, fait pleurer les petits garçons et a un tempérament manipulateur :

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   On comprend néanmoins assez vite qu'il n'est pas le méchant absolu... et qu'il a lui-même beaucoup souffert, notamment à cause de sa mère, qui continue d'ailleurs à lui pourrir la vie. (Celle-ci, absente du deuxième volet, devrait faire sa réapparition dans le prochain film : ce personnage de vieille bique atrabilaire possède un réel potentiel comique.)

   Sur son chemin, il va trouver un nouveau super-délinquant, Victor/Vector, un jeune con qui croit tout savoir... et qui réussit, dans un premier temps, à lui niquer sa race :

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   Mais le vrai méchant de l'histoire est celui qui finance ces deux derniers, celui qui tire les ficelles : le banquier :

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   C'est en cela que Moi, moche et méchant est un film de son époque (2010). Avant 2008, on n'aurait sans doute jamais osé autant dénigrer cette profession dans un film grand public.

   Cet univers cruel va entrer en contact avec des orphelines, pas très bien traitées dans l'institution qui les héberge. Elles vont être adoptées par Gru, qui veut les utiliser contre Victor.

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   Évidemment, l'arrivée des trois donzelles, aux caractères très différents, ne va pas sans perturber la vie bien rangée de Gru. C'est la source de nombreux gags. Notons que les Minions vont vite s'attacher aux nouvelles... et réciproquement. La séquence qui voit Gru basculer est celle de la fête foraine. Au moment où il songe à se débarrasser de l'encombrante marmaille, il va définitivement s'attacher à elle.

   La suite ? Une série d'aventures débridées, à la recherche d'un fusil qui fait rapetisser puis à la conquête de la Lune. Mais c'est autour d'un spectacle de danse que l'intrigue va se dénouer.

   Sur le DVD, parmi les bonus, on trouve trois petits films très drôles, dont les héros sont les Minions (que l'on voit moins dans le premier film que dans le deuxième, sorti cet été).

   Changement de look montre l'armée de petits bonshommes jaunes aider les gamines à préparer la visite des services sociaux, qui cherchent à savoir si un père célibataire est bien apte à s'occuper de trois jeunes filles :

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   Le Jour de l'orientation aborde la formation de Minions ouvriers spécialisés. Cela se moque gentiment des vieux films d'entreprise :

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   Enfin, Banane, est une variation délirante sur la gourmandise des Minions, où l'on sent l'influence (entre autres) de Tex Avery et des Monthy Python :

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   Je pense que ces Minions sont en train de suivre la même voie que le Scrat de L'Age de glace, qui est passé du statut de pittoresque personnage secondaire au début à celui d'élément essentiel à l'intrigue dans les films suivants.

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dimanche, 14 juillet 2013

Des parlementaires qui ne manquent pas de réserve

   Le sujet a déjà été abordé sur le site Aligorchie. KaG a consacré deux billets à l'un des versants de la réserve parlementaire : les dons aux associations. De mon côté, grâce à un moteur de recherche accessible depuis un article du Monde, je me suis intéressé aux subventions accordées aux communes aveyronnaises en 2011. A partir de cela, j'ai tenté de construire une carte de synthèse :

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   J'ai matérialisé, d'un trait noir épais, la séparation entre les trois circonscriptions législatives. Ensuite, j'ai colorié (ou hachuré) les communes qui ont reçu une subvention issue de la réserve parlementaire. Quelles conclusions peut-on tirer de tout cela ?

   En terme de données brutes, des cinq parlementaires aveyronnais en place en 2011, c'est incontestablement le député UMP Yves Censi (à l'époque membre de la majorité) qui a le plus distribué, avec un total de 170 000 euros. A l'autre bout se trouvait la députée PS Marie-Lou Marcel (alors dans l'opposition), avec un total de 21 000 euros. Eh, oui, les parlementaires n'étaient pas tous logés à la même enseigne !

   Cependant, on verra plus bas que près de 700 000 euros ont été distribués dans le département en provenance directe de la "réserve ministérielle". On comparera la répartition de cette manne avec les subventions des parlementaires.

   Commençons avec Yves Censi, élu de la première circonscription, qui s'étend grosso modo de Rodez à l'Aubrac. En 2011, il a accordé des subventions à 6 communes (coloriées en bleu foncé sur la carte), pour 8 projets. Trois de ceux-ci concernent la seule commune d'Alpuech (la plus au nord), pour un total de 10 000 euros. Toujours sur l'Aubrac, 33 000 euros sont venus aider à la construction d'un garage communal, à Prades. Pas très loin de là, c'est Saint-Geniez-d'Olt a aussi bénéficié d'un financement partiel venant du député. Les autres communes aidées (Montrozier, La Loubière, Palmas) sont plus proches du Grand Rodez, mais situées en dehors. Logiquement, comme les deux autres députés, Yves Censi a subventionné des projets montés par des communes situées dans sa circonscription.

   Son collègue UMP Alain Marc, qui a distribué 63 500 euros, a davantage ventilé les subventions, entre 9 communes (en bleu clair sur la carte : Ayssènes, Camarès, Cassagnes-Bégonhès, Comps-Lagrand'ville, Compeyre, Coupiac, Creissels, Rullac-Saint-Cirq, Saint-Juéry et Villelaure). Les sommes sont moins inégales (entre 2 500 et 10 000 euros). Si elles excluent les deux villes gérées par le PS (Millau et Saint-Affrique), elles touchent néanmoins (me semble-t-il) aussi bien des communes qui votent à gauche que des communes qui votent à droite. Il faudrait comparer avec les années précédentes pour en tirer des conclusions plus fines. En tout cas, à un an des législatives, c'était habile de la part d'Alain Marc, dont la réélection a été en partie assurée par des voix de gauche.

   La troisième députée, Marie-Lou Marcel, a divisé la part de sa réserve attribuée aux communes en quatre parties égales de 5 250 euros. Les territoires sont coloriés en rouge sur la carte. Ce sont ceux Grand-Vabre, La-Capelle-Balaguier, Moyrazès et Saint-Igest.

   Viennent ensuite les sénateurs, tous les deux dans l'opposition en 2011. Ils ont donc bénéficié de sommes modestes. Anne-Marie Escoffier a distribué 32 500 euros à trois communes (en rose sur la carte) : Belcastel, Rignac et Villeneuve. Signalons que les deux premières sont situées dans le canton de Rignac, dont la conseillère générale est... Anne-Marie Escoffier.

   Arrive donc le moment de s'intéresser aux subventions attribuées par Alain Fauconnier. O surprise ! Son nom est introuvable dans la liste des parlementaires et, quand on vérifie l'intégralité des projets aveyronnais qui ont bénéficié de la réserve, son nom n'apparaît toujours pas. Et pourtant... si vous avez regardé attentivement la carte du début, vous vous êtes rendus compte qu'une cinquième couleur, l'orange, apparaît assez souvent dans la moitié sud du département. Les communes que j'ai fait ressortir ainsi ont bénéficié d'une subvention sénatoriale, mais pas d'Alain Fauconnier. Le nom qui apparaît dans le moteur de recherche mis en ligne par Le Monde est Odette Herviaux.

   Elle est sénatrice du Morbihan depuis 2001 et secrétaire du bureau de la Haute Assemblée depuis 2008. En 2011, elle a aidé 89 projets, dans 12 départements (dont deux outremer : la Martinique et la Guyane). Voici la répartition départementale de ses subventions en métropole :

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   En rouge figurent les départements les plus aidés (14 projets chacun). Sans surprise, on découvre que la sénatrice bretonne a été généreuse dans le Morbihan et les Côtes-d'Armor. Par contre, je ne sais pas pourquoi le Doubs a été aussi bien pourvu. Un peu derrière, on trouve (en orange) l'Ardèche et l'Aveyron (11 et 10 projets), puis (en jaune) la Haute-Garonne, l'Aude et la Côte-d'Or (6, 5 et 5 projets). Enfin, en beige, j'ai colorié le Nord et le Puy-de-Dôme, qui ont chacun obtenu une seule subvention (mais d'un montant élevé pour le premier).

   Ce n'est donc sans doute pas un amour immodéré de l'Aveyron qui a conduit la sénatrice à y aider 10 projets, mais le fait que, membre du bureau du Sénat, elle disposait d'une somme bien plus importante que ses collègues. Cette attitude redistributive n'en est que plus louable. Mais revenons à l'Aveyron.

   Les subventions de Mme Herviaux semblent avoir été quelque peu "téléguidées". (N'oubliez pas que les communes concernées sont en orange sur la première carte, celle qui figure en début de billet.) Les agglomérations de Millau et surtout de Saint-Affrique (dont le maire n'est autre qu'Alain Fauconnier) ont été privilégiées : Saint-Affrique seule a reçu 25 000 euros, Saint-Izaire 2 000, Versols-et-Lapeyre 3 000.

   C'est le moment que choisit le petit malin au fond de la salle pour faire remarquer qu''il reste une couleur dont je n'ai pas parlé : le gris. Je l'ai attribué à Espalion, dont la restauration du Vieux-Palais a été financée presque à 50 % par Gérard Larcher, qui fut président du Sénat de 2008 à 2011. Faut-il y voir le résultat de l'action de Philippe Meyer, qui préside l'Association pour la renaissance du Vieux-Palais ?

   Pour terminer, voyons un peu comment la fameuse "réserve ministérielle" a été attribuée dans le département. Les communes qui en ont bénéficié sont hachurées en noir sur la première carte. Elles sont au nombre de 15, pour 16 projets. Les sommes versées vont de 4 000 à 100 000 euros et sont le plus souvent comprises entre 20 000 et 40 000. La majorité des communes qui ont touché quelque chose sont situées dans la circonscription d'Alain Marc...

   On remarque aussi que seules deux communes ont obtenu des financements de deux sources différences : Saint-Juéry et Saint-Geniez-d'Olt. Pour la première, je me demande si c'est dû aux relations de son maire, l'historien Christian Font. Concernant la seconde, il suffit de rappeler que Jean-Claude Luche (le président du Conseil général) en fut maire de 1995 à 2008 (il demeure premier adjoint) et qu'il en est l'indéboulonnable conseiller général depuis près de 20 ans.

   Quand on regarde plus en détail les financements dont Saint-Geniez a bénéficié, on constate que les montants sont élevés. Ainsi, la réserve ministérielle a contribué pour 100 000 euros à des travaux de voirie et pour 100 000 euros supplémentaires à la reconversion de la salle polyvalente. Cela représente 29 % de l'ensemble des sommes attribuées à l'Aveyron par la réserve ministérielle. Pas mal, non ? De son côté, Yves Censi a versé 20 000 euros pour la réfection de la piscine du camping municipal. Si l'on ajoute à cela le fait que le canton de Saint-Geniez-d'Olt a été, de 2008 à 2011 (d'après Le Ruthénois), le plus important bénéficiaire des subventions du Conseil général (avec 345 000 euros), on réalise à quel point le manque de transparence dans l'attribution de divers financements (aussi bien locaux que nationaux) favorise les inégalités au sein du département.

samedi, 13 juillet 2013

Moi, moche et méchant 2

   Je n'ai pas (encore) vu le numéro 1, mais j'ai été attiré par les petits personnages jaunes, le bouche-à-oreille (très positif) faisant le reste.

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   Cela démarre tambour-battant par trois séquences très différentes. La première se déroule au pôle Nord. Elle introduit le (vrai) méchant, qui avance masqué. Notons qu'elle contient un petit clin d’œil scatologique, sorte de marque de fabrique de cette animation qui, tout en suivant un schéma très conventionnel, se permet de temps à autre de franchir la ligne rouge.

   La deuxième séquence se déroule chez le héros. Il est question de fêter l'anniversaire de la plus jeune des trois filles qu'il a adoptées. Au départ, tout a l'air "normal"... mais n'oublions pas que le personnel de service est composé de bonshommes jaunes, puérils et farceurs. Observez bien les jeux auxquels les enfants s'adonnent, pendant que les parents, en toute confiance, tournent le dos.

   C'est aussi le moment où les questions existentielles émergent. L'une des filles voudrait avoir une maman et l'une des adultes présentes à la fête s'est mise en tête de caser Gru, le papa au grand nez. Tout cela passe au second plan quand il s'avère que la fée a du retard. Le père va trouver une solution des plus originales... et assez acrobatique. Sans trop dévoiler le gag, je peux quand même dire qu'à un moment, j'ai pensé à Marine Le Pen...

   La troisième séquence met le héros en contact avec Lucy Wild, un agent très très spécial, qui se déplace dans une voiture modulable. C'est extrêmement drôle, avec des références à James Bond... sauf qu'ici c'est la dame qui utilise les gadgets. Dans la version française, Lucy a la voix d'Audrey Lamy... un excellent choix, tant elle colle bien au personnage.

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   Ainsi démarrée, l'histoire est sur de bons rails. D'autres séquences marquantes vont venir, comme un tableau de la machinerie installée au sous-sol de la maison de Gru. Les "Minions" (les petits bonshommes jaunes à un ou deux yeux) vont saluer dignement le départ du professeur qui travaillait pour Gru... avec des fusils à pet ! (Et encore, je ne vous raconte pas le gag qui ponctue ce moment d'anthologie : sachez qu'il est question d'une détonation supplémentaire...)

   Après cela, on est embringué dans une histoire d'espionnage, où les références à James Bond sont mâtinées d'un peu de Gremlins et de Critters. Même si les gags ne sont pas aussi explosifs qu'au début, cela reste très divertissant.

   Le rythme remonte dans les séquences terminales, avec notamment la guérison des "Minions", spectaculaire et drôle. Tout se termine en chansons, avec d'abord une séquence romantique, bercée par une (excellentissime) parodie de boys band par les Minions... avant qu'une nouvelle teuf ne démarre, au son des Village People !

   Bref, c'est drôle et bien foutu... et plutôt pour les grands enfants que pour les petits.

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vendredi, 12 juillet 2013

Ma meilleure amie, sa soeur et moi

   Sur le thème "Un garçon, deux filles... combien de possibilités ?", Lynn Shelton s'exerce à la comédie romantique, avec pour cadre le Nord-Ouest des Etats-Unis : la ville de Seattle et une île des environs.

   La première séquence nous met en contact avec un groupe de trentenaires, blancs, appartenant à la classe moyenne et réunis autour de quelques bonnes boissons, notamment du vin rouge. On est en plein cliché... sauf que cette petite réunion commémore la première année de la disparition de l'un des membres du groupe, Tom, peut-être le plus brillant de la bande.

   Très vite, l'ironie prend le dessus, avec le discours à rebours du frère du défunt, un peu bourré. Voici Jack, le héros, intelligent, beau parleur, mais coiffé comme un dessous de bras, au chômage, de surcroît légèrement bedonnant. Il s'éclipse, à la fois honteux et très content d'avoir plombé l'ambiance. Sa meilleure amie va essayer d'arranger les choses. Voilà Iris, femme indépendante, compréhensive et bourrée de charme. Accessoirement, c'est l'ex-petite copine du défunt. Emily Blunt (remarquée dans Looper et, il y a quelques années, dans un épisode de la série Hercule Poirot) rayonne dans ce rôle de femme hypersensible, d'une (grande) beauté faussement ordinaire.

   La scène qui voit la meilleure amie tenter de ramener Jack à de meilleures pensées est un délice d'humour et de complicité. A la différence de la précédente, très écrite (deux discours antagonistes se répondaient), celle-ci est en partie improvisée. On le sent particulièrement bien quand Mark Duplass (Jack) ne peut s'empêcher de lâcher un petit rot qui semble avoir surpris sa partenaire Emily Blunt. Mais cela passe très bien dans le dialogue... puisque je vous le dis !

   Comme Jack déprime, Iris, dont la famille est pétée de thunes, lui propose d'aller méditer dans la propriété paternelle, située sur une île. Au passage, elle lui suggère de s'y rendre en vélo. Jack, qui continue à s'empiffrer de confiseries industrielles, ne semble pas avoir compris le message subliminal de la dame : profite de l'occasion pour faire disparaître tes bourrelets disgracieux ! (On ne va d'ailleurs pas tarder à les voir à l'écran.)

   Sur place, le héros tombe sur la frangine lesbienne de sa meilleure amie, en pleine quête existentielle après la fin d'une grande histoire d'amour. Je vous présente donc le dernier membre du trio : Hannah, incarnée avec subtilité par Rosemarie DeWitt (vue récemment dans Promised Land). C'est le soir, les deux se connaissent sans s'être jamais rencontrés... Ils se découvrent donc autour d'une bonne bouteille de tequila. Arrive ce qui devait arriver : ils baisent. Je recommande la scène de coucherie, au cours de laquelle le héros n'est vraiment pas à son avantage.

   Le problème est que la frangine et meilleure amie débarque à l'improviste le lendemain. Elle est ravie de retrouver sa soeur, perdue de vue depuis un petit moment, mais un peu désappointée tout de même. La suite nous réserve de beaux moments de marivaudage, quelques jolies scènes de dialogue au lit (entre les deux soeurs)... et un changement de ton, au bout d'1h10 environ. L'histoire devient plus sérieuse, tourne au mélo. Là, franchement, j'ai moins accroché. Mais cela reste une très bonne comédie... avec une Emily Blunt à croquer, rien que pour nous, les mecs !

21:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

Petits arrangements aveyronnais

   Le dernier numéro du Ruthénois (désormais quinzomadaire) est disponible jusqu'au 18 juillet. Il contient une série d'articles intéressants, mais surtout un mini-dossier de quatre pages intitulé "Les Aveyronnais sont-ils les victimes des arrangements politiques ?"

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   Les papiers sont de Benoît Garret, qui fait partie de la rédaction du Progrès Saint-Affricain, si je ne m'abuse. Il est déjà arrivé que certains de ses articles se retrouvent dans Le Ruthénois. (L'an dernier, j'avais trouvé l'entretien mené avec Mme Escoffier excessivement complaisant.) Ici, le ton est plus incisif. Les informations concernent davantage le Sud du département que le Nord.

   Les deux premières pages du dossier sont consacrées à la répartition des aides versées par le Conseil général aux communes du département. Il apparaît clairement que la majorité réunie autour de Jean-Claude Luche finance surtout des projets dans les cantons "amis". Notons que le détail des financements est accessible sur la page Facebook de l'hebdomadaire. (Il est divisé en quinze parties.)

   Les données portent sur les années 2008-2011. Il semble donc qu'il n'y ait pas de rupture franche entre la gestion Puech et la gestion Luche. Il faudrait peut-être y regarder plus en détail.

   Intéressons-nous aux cantons qui ont touché les sommes les plus importantes. En tête se trouve celui de Saint-Geniez-d'Olt (dont est issu Jean-Claude Luche), avec 345 000 euros. Il devance finalement d'assez peu le canton de Cornus, tenu par Christophe Laborie, vice-président du Conseil général (312 400 euros). La médaille de bronze est détenue par le canton de Saint-Sernin-sur-Rance, avec 303 500 euros. Traditionnellement, c'est un fief de la droite, qui l'a toujours détenu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale... sauf entre 2004 et 2011, quand le titulaire fut Claude Boyer (élu de justesse, en ayant profité de l'affaiblissement du sortant par une candidature sans étiquette au premier tour). On peut estimer que la majorité départementale a jugé capital de récupérer ce canton en 2011.

   Sur les douze cantons qui suivent, un seul est détenu par la gauche, celui de Marcillac-Vallon. Il arrive en dixième position au niveau des subventions, avec 160 000 euros. Sur les quinze cantons les plus aidés par le Conseil général, treize étaient donc détenus par la majorité départementale. Parmi ceux-ci se trouvent Laissac, Camarès, Montbazens, Vezins-de-Lévézou, Bozouls... Rappelons qu'à l'époque, la majorité est assez mince : 25 élus contre 21 à l'opposition de gauche. Les cantons urbains ont été très peu aidés.

   Page 6, la parole est à la défense : Jean-Claude Luche est interrogé par le journaliste... et l'on sent que la discussion a été tendue. Le président du Conseil général manie un peu la langue de bois, sous-entendant que l'argent est allé aux communes et cantons dynamiques... et donc que les élus de gauche défendent mal leur territoire.

   D'un autre côté, la gauche agit-elle autrement là où elle est aux manettes ? Il faudrait effectuer la même analyse pour le département du Lot, par exemple... ou pour la Corrèze, tiens. Le Ruthénois ébauche une comparaison avec le Conseil régional de Midi-Pyrénées. J'ai aussi souvenir, il y a des mois de cela, d'un article du Petit Journal qui dénonçait l'inéquitabilité de la répartition des aides régionales aux villes.

   On pourrait aussi s'appuyer sur la récente décision de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, de rétablir certains tribunaux de grande instance qui avaient été supprimés par la réforme de Rachida Dati. Les communes de Saumur, Saint-Gaudens et Tulle récupèrent leur TGI. Trois autres villes (Dole, Guingamp et Marmande) obtiennent la mise en place de chambres détachées, ce qui a été refusé à Millau. Est-il étonnant de constater que 5 des 6 communes qui récupèrent quelque chose sont gérées par des majorités de gauche ? (A contrario, cela veut aussi dire que le pouvoir sarkozyen a eu tendance à supprimer des tribunaux dans des villes gérée par ses opposants...) La sixième, Saumur, est située dans le Maine-et-Loire, un département assez vaste (bien que plus petit que l'Aveyron), mais ne disposant plus que d'un seul TGI (à Angers) pour près de 800 000 habitants.

   La dernière page du mini-dossier du Ruthénois aborde l'arrière-plan des élections législatives de 2012, en particulier dans la troisième circonscription, qui a vu la réélection d'Alain Marc, alors que la gauche semblait en mesure de l'emporter. L'article évoque les divisions du camp "progressiste" et une éventuelle entente secrète entre le sénateur-maire de Saint-Affrique, le socialiste Alain Fauconnier, et le député UMP sortant. Il oublie d'évoquer la franc-maçonnerie. Sur ce sujet, il vaut mieux se reporter au chapitre 18 du livre d'Hugues Robert, Presse Business, histoire critique d'une presse bien française.

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jeudi, 11 juillet 2013

Cumul mon amour ! (2)

   Il va encore être question de la loi sur le cumul des mandats (dont j'ai parlé hier). Le détail des votes des députés est accessible sur le site de l'Assemblée nationale.

   Sans surprise, on constate que la socialiste Marie-Lou Marcel a voté le texte, tandis que ses collègues UMP Yves Censi et Alain Marc l'ont rejeté. A toutes fins utiles, rappelons que ce dernier est aussi vice-président du Conseil général de l'Aveyron, un cumul que la nouvelle loi interdit. Quant à Yves Censi, il ne cache pas vouloir conquérir la mairie de Rodez, ce qui, en cas de succès, le placerait aussi en situation de cumul prohibé... à partir de 2017.

   De manière générale, les députés de gauche ont voté la loi et ceux de droite l'ont rejetée. Si l'on y regarde de plus près, on est amené à nuancer. Tous les écologistes (bravo !), la presque totalité des socialistes et la majorité des élus du Front de Gauche ont voté le texte. Mais les chevènementistes et la majorité des radicaux s'y sont opposés.

   A droite, personne ni à l'UMP ni à l'UDI n'a voté la loi, mais quelques téméraires se sont abstenus. Ils ne sont que trois à l'UMP, dont le Toulousain Jean-Luc Moudenc et Thierry Solère, une jeune pousse des Hauts-de-Seine, qui a battu Claude Guéant en 2012... et qui avait été mêlé à la "vendetta" organisée contre Patrick Devedjian (qui a rejeté le texte). A l'UDI, 30 % des députés se sont abstenus. (Ne vous emballez pas : cela ne représente que 9 personnes !) Parmi eux, on trouve Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre Hervé Morin et le Tarnais Philippe Folliot. L'ont-ils fait par conviction ? Ont-ils vu là l'occasion de se distinguer de la masse et d'afficher leur pseudo-centrisme ? C'est difficile à dire. On en saura peut-être plus quand le texte reviendra du Sénat.

   En poursuivant la lecture de la liste, on arrive aux députés non inscrits. Les deux élus d'extrême-droite (Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard) ont voté la loi !

Le Roi et l'oiseau

   J'avais gardé de ce dessin animé "de qualité française" (signé Paul Grimault et Jacques Prévert) un souvenir lointain, agréable. Sa ressortie en salles, après restauration, m'a donné l'occasion de le voir sur grand écran. L'histoire nous est présentée par l'un des personnages principaux, une sorte de grand toucan endimanché, gouailleur et courageux :

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   Son ennemi est le monarque qui vit dans le château visible à l'arrière-plan. A travers ce personnage, les auteurs ridiculisent la monarchie absolue et les régimes totalitaires du XXe siècle. Sur le fond, ils montrent l'obéissance obséquieuse et craintive des sous-fifres, l'omniprésence de la police ainsi que le culte de la personnalité qui entoure le souverain (aussi odieux que maladroit au tir). Sur la forme, on rit du trône tout-terrain, de l'aspect physique du tyran ainsi que de sa démarche.

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   Cette histoire est aussi un conte. Le château est donc un élément important de la mise en scène, avec ses ascenseurs qui n'en finissent pas, ses pièces secrètes, ses trappes et ses oubliettes où attendent, affamés, des lions mélomanes.

   Un grand soin a été porté à l'animation des personnages, en particulier des animaux. J'ai beaucoup aimé le chiot du tyran, très souple dans ses mouvements... et beaucoup plus affectueux que son maître. Les oisillons sont aussi très réussis. Par contre, au niveau des félins, on note quelques maladresses. Il faut dire qu'en trente ans, la technique a fait de sacrés progrès. D'autres moments, parfois brefs, m'ont marqué, comme celui qui voit un morceau de muraille s'animer, révélant un policier camouflé !

   Une histoire d'amour (un peu nunuche) est au coeur de l'intrigue : un ramoneur et une bergère vont devoir surmonter bien des difficultés pour vaincre la jalousie et le désir de domination du roi.

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   Cette intrigue se drape dans le merveilleux : les deux amoureux sont issus de tableaux voisins, dont ils s'échappent, tout comme le roi, qui évince son modèle et prend le contrôle du royaume ! Les auteurs donnent aussi un aperçu du peuple miséreux qui vit sous la férule du tyran.

   Toutefois, c'est davantage la dénonciation d'une forme de modernisme qui perce dans l'histoire. La technologie a asservi les ouvriers, qui travaillent à produire des représentations du tyran (scène hilarante avec les tableaux, lorsque deux prisonniers décident de "se lâcher"). L'invention la plus extraordinaire, le robot géant, est un outil de domination... et de destruction.

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   Le salut vient de l'imagination, de l'inventivité, de l'art. Il est beaucoup question de peinture dans ce film, celle-ci étant cependant montrée comme trop soumise aux desiderata des puissants. La sculpture est abordée à travers un joli personnage de cavalier, dans une séquence qui baigne dans le merveilleux. La musique est davantage présente, en guise d'accompagnement mais aussi comme élément scénaristique. Elle sauve la vie des héros dans des circonstances que je vous laisse découvrir.

   J'ai finalement beaucoup aimé cette réédition, d'une qualité visuelle plus grande que ce à quoi je m'attendais.

00:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film