samedi, 19 novembre 2011
Tintin et le secret de la Licorne
Cette adaptation est construite à partir de deux albums, Le Crabe aux pinces d'or (qui voit la rencontre entre Tintin et le capitaine Haddock) et Le Secret de la Licorne. On comprend la logique qu'il y a derrière : cela constitue une sorte de matrice, dont vont découler les autres films (le prochain fera sans doute intervenir le professeur Tournesol). Mais l'attelage est un peu bancal : je considère Le Secret de la Licorne nettement supérieur au Crabe aux pinces d'or.
Après, que les scénaristes aient réécrit une partie de l'histoire ne me choque pas. Leurs choix ne sont pas forcément mauvais. On notera tout de même que le récit (par Haddock) de la vie de son ancêtre intervient, dans le film, dans une phase de sevrage d'alcool, alors que dans la bande dessinée, il nourrit son récit de fréquentes gorgées de boisson fermentée...
Mon principal regret est le traitement subi par le second album, dont l'intrigue est quelque peu rognée pour que l'ensemble rentre dans le format d'un film d'environ deux heures. Exit donc les frères Loiseau (ce qui évitera au film de susciter l'ire des antiquaires), remplacés par une habile histoire de vengeance à plusieurs générations de distance. L'épisode du voleur de portefeuilles est aussi un peu bâclé : dans l'album, il est traité avec un grand soin graphique... et beaucoup plus d'humour.
J'ai par contre apprécié l'introduction précoce de la Castafiore dans l'univers de Tintin. Sa présence se justifie d'une manière que je ne peux raconter ici sous peine de déflorer un peu trop l'intrigue. C'est bien trouvé.
Les séquences d'action sont particulièrement réussies. On a l'abordage de la Licorne par le bateau-pirate, un grand moment en 3D. On se laisse aussi volontiers porter par l'incroyable poursuite marocaine, à pieds, en moto, en voiture, en char, dans les airs... jusque dans l'eau. On retrouve le souffle d'Indiana Jones... mais ce n'est pas du Tintin.
Le film commence pourtant très bien, avec un générique virevoltant, puis un hommage à Hergé dans la première séquence. (Regardez bien qui fait le portrait de Tintin.)
Mon gros problème est que je n'ai pas trop aimé les voix françaises des deux personnages principaux (Tintin et Haddock), qui me sont apparus moins sympathiques et fantaisistes que dans la BD. Par contre, j'ai adoré Milou, qui se comporte comme un mélange d'Idéfix et de l'adorable cabot de The Artist.
23:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
vendredi, 18 novembre 2011
Contagion
Pour se mettre dans l'ambiance de ce film, il faut imaginer une suite virtuelle à L'Armée des douze singes : le scientifique fou a réussi à mettre en oeuvre son projet de dissémination des germes, et le monde va subir une terrible épidémie... sauf qu'ici la cause est accidentelle.
C'est d'ailleurs l'un des intérêts du film : découvrir, au fur et à mesure que l'enquête épidémiologique progresse, le chemin pris par la contamination, jusqu'à parvenir à remonter au "moment zéro". Je trouve néanmoins que le scénariste n'a pas assez exploité cet aspect de l'histoire.
C'est d'abord une tranche de vies (pas du niveau de Short Cuts toutefois), un film sur l'humain de base confronté à une catastrophe sanitaire. Certains se révèlent être médiocres, d'autres des salauds, d'autres encore des héros. Le paradoxe est que ces humains ordinaires sont incarnés par une brochette de vedettes : Matt Damon (au poil en Américain moyen), Kate Winslet (mon kiff perso), Laurence Fishburne (très bon), Gouinette Patrop (qui joue juste, dans un rôle difficile), Jude Law, en internaute justicier à la noix et Marion Cotillard, un peu transparente en technocrate de la médecine au grand coeur.
Si le déroulé de l'intrigue n'a rien de transcendant, le traitement est rigoureux, soigné, efficace (didactique même, pensent certains spécialistes), sans recherche d'effet catastrophe. C'est très bien joué... et, face aux stars, c'est une actrice méconnue qui remporte le ponpon, avec le rôle-clé.
Le soir, après un bon repas, cela permet de digérer agréablement. Sans plus.
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mercredi, 16 novembre 2011
L'Aligot Bar de Toulouse
J'avais découvert son existence grâce à la presse locale, notamment un article de Midi Libre paru il y a quelques mois de cela. Mais je n'y avais plus trop repensé par la suite.
Récemment, de passage à Toulouse, j'ai profité d'un moment de détente pour rechercher l'établissement. Il se trouve en plein centre-ville, à proximité immédiate de la célèbre place du Capitole, rue du Taur :
A première vue, cela ressemble à nombre de sandwicheries qui peuplent les rues de la capitale midi-pyrénéenne. On y trouve même des produits standardisés... et d'autres, estampillés Aveyron. (On peut télécharger la carte sur le site internet dédié, joliment fait ma foi.)
J'ai bien entendu commandé un aligot-saucisse. La portion n'était pas excessivement généreuse. C'était bon, mais un peu neutre de goût. On a semble-t-il limité l'apport en ail pour ne pas offusquer les palais délicats. La saucisse était très bonne.
Pour faire passer la chose, j'ai pris un peu de vin blanc... non aveyronnais. (Je me suis permis de signaler aux personnes présentes l'existence de bons petits vins locaux, qui viennent d'obtenir l'AOC.)
Pour le dessert, je n'ai pas cherché à faire original ni "terroir". Je me suis rabattu sur une crêpe au nutella... delicieuse !
Pendant que l'on mange, on voit défiler sur un écran un film publicitaire à la gloire de notre département chéri. Je me suis demandé si ce n'était pas celui qui est sorti en 2006. (Si certaines images étaient identiques, il m'a semblé toutefois que le film diffusé dans le petit resto est plus court. Je n'ai pu comparer ni la musique ni le commentaire, vu que le son était coupé - ou trop bas.)
19:04 Publié dans Aveyron, mon amour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, économie
lundi, 14 novembre 2011
Un mythe s'effondre
J'ai apris la nouvelle (renversante) en écoutant le "portrait chrono" que Tanguy Pastureau lui a consacré ce week-end. George Clooney... oui, le George Clooney, le beau gosse qui les fait tomber comme des mouches, l'acteur drôle et subtil, le réalisateur pas manchot, le producteur engagé, ce George Clooney-là est... un mec normal !
L'information a été puisée à bonne source : le magazine Rolling Stone, réputé pour la rigueur de ses enquêtes approfondies. Le 9 novembre est paru un article dans lequel on apprenait notamment que le chéri de ces dames a eu son premier orgasme en montant à la corde. Voilà qui n'a rien de surprenant : Clooney ado était bien dans la norme, c'est-à-dire excité comme une puce !
Mais le plus incroyable est à venir dans la suite de l'article. Le VRP du café-express des bobos (dont une publicité a fait l'objet d'un détournement "équitable"...) avoue raffoler... des pets, qui le font mourir de rire, à tel point qu'il a téléchargé une application flatulente sur son téléphone portable (qu'on imagine très chic). Il a même acheté des coussins-péteurs déclenchables à distance...
06:50 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, médias, cinéma
samedi, 12 novembre 2011
Une Vie avec Oradour
Ce documentaire est consacré, comme son titre l'indique, au massacre d'Oradour-sur-Glane. Il n'est pas le premier (et sans doute pas le dernier). Le réalisateur a donc adopté une démarche originale, comme il l'explique dans le passionnant dossier de presse publié à l'occasion de la sortie du film : il suit l'un des deux derniers rescapés encore en vie, Robert Hébras (auquel Libération a récemment consacré un joli portrait). Celui-ci raconte donc cette journée comme il l'a vécue.
D'autres témoins ont été sollicités. Au final, le film réussit le tour de force de raconter de manière objective un événement, à partir de visions subjectives.
Ceux qui se sont déjà rendus dans le village en ruines (dont une reconstitution en images de synthèse a été réalisée) reconnaîtront certaines rues et certains bâtiments. A travers les descriptions du rescapé, on suit à la fois le déroulement du massacre et son parcours de survie.
La deuxième partie du film est consacrée à l'après-guerre. Le village est reconstruit à côté, laissant les ruines en place. Il faut vivre avec la douleur, l'absence des êtres aimés. Les survivants se font passeurs de mémoire. On suit l'évolution de Robert Hébras, dont on comprend qu'il fut sans doute longtemps germanophobe, avant de pouvoir faire la distinction entre les criminels de l'époque et les Allemands d'aujourd'hui. A ce sujet, une séquence émouvante le montre en compagnie d'un groupe d'élèves venus d'Allemagne avec leurs enseignants. C'est l'un des très beaux moments du film.
On peut aussi y dénicher quelques "perles", comme ces extraits d'un documentaire allemand (eh oui !) tourné il y a plus de vingt ans. On y voit un Robert Hébras plus jeune présenter une partie des ruines devant des journalistes venus d'outre-Rhin. On y voit aussi l'un des responsables du massacre, Heinz Barth, aujourd'hui décédé. Il se déclarait très surpris d'apprendre qu'il y avait eu des survivants...
Cela nous amène au procès de 1953, qui a vu s'opposer deux mémoires des victimes : celle des habitants d'Oradour et celle des "Malgré-nous", Alsaciens et Mosellans engagés de force dans l'armée allemande (voire les SS) : 13 d'entre eux (dont un engagé volontaire) étaient membres de la troupe qui a perpétré le massacre.
Pour complexifier le tout, ajoutons que, parmi les 642 victimes, figurent des réfugiés originaires d'Alsace-Moselle (n'oublions pas que ces deux territoires ont subi, en 1940, une nouvelle annexion allemande), notamment du village de Charly, situé à proximité de Metz. A sa demande, il obtint de changer son nom en Charly-Oradour.
Même si le film est bien fichu, je pense que rien ne remplace la visite des lieux. L'accès aux ruines est gratuit. Sur certains bâtiments, des plaques apportent des éléments d'explication. Mais peut-être vaut-il mieux commencer par la visite du Centre de la mémoire, qui explique le contexte du massacre et élargit à toute la Seconde guerre mondiale (et au-delà).
15:06 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema, histoire
vendredi, 11 novembre 2011
Ici on noie les Algériens
C'est un documentaire consacré au massacre du 17 octobre 1961, à Paris. Ce n'est toutefois pas une enquéte exhaustive sur les tenants et les aboutissants de l'événement. Le film prend la forme d'un déroulé chronologique, qui s'appuie sur des documents d'époque et les témoignages de rescapés et de proches des victimes.
Premier constat : c'est fou ce que l'on peut retrouver comme images d'archives ! Si, en France, le bilan de ce massacre a été longtemps occulté, force est de constater que la manifestation comme la répression, même atténuée, sont présentes dans les médias de l'époque.
On pourra regretter que la réalisatrice (qui s'est auparavant intéressée aux massacres de Sétif) n'ait pas choisi de consacrer davantage de temps au contexte de la manifestation : la guerre d'Algérie finissante. Cela aurait permis de mieux cerner les motivations des autorités de l'époque. On se place tout de même dans une séquence hyperviolente, commencée le 8 mai 1945 (et à la Toussaint 1954 pour la guerre en tant que telle). N'oublions pas non plus que, pour l'Etat français, "l'affaire algérienne" est officiellement une série d'opérations de maintien de l'ordre, pas une guerre (dont l'existence n'a été reconnue qu'en 1999...).
Les moments que j'ai trouvés les plus intéressants sont cependant les témoignages (contemporains) des femmes, sur le déroulement de la manifestation, la répression, leur vie sans leur mari, leurs démarches pour le retrouver. Certaines font même parfois preuve d'un humour étonnant. (On peut en lire d'autres sur un site dédié au 17 octobre 1961.)
Reste que le film m'est apparu long. Il ne dure pourtant qu'1h30, mais je dois avouer que, durant la première partie, il m'est arrivé de piquer du nez ! C'est, je pense, une des limites du documentaire cinématographique. Un format de 45-50 minutes est plus adapté. Sauf exception, la télévision se prête donc mieux à sa diffusion. Pour maintenir l'intérêt sur une plus longue durée, il faut que le documentaire soit porté par une verve polémique talentueuse, ou qu'il soit d'une exceptionnelle qualité. Ce n'est pas le cas ici. C'est un travail intéressant, sans plus.
14:35 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
dimanche, 06 novembre 2011
La Couleur des sentiments
Ce n'est pas le titre d'origine, qui est The Help ("La Domestique" ou "La Femme de ménage"), directement inspiré du livre écrit par Kathryn Stockett, dont la biographie n'est pas sans ressembler à celle du personnage de Skeeter.
Je pense qu'on a changé le titre pour que les spectateurs français adultes fassent le rapprochement avec le film de Steven Spielberg La Couleur pourpre (lui aussi adapté d'un roman). Dans les deux cas, l'action se passe dans le sud des Etats-Unis. Dans les deux cas, les Noirs sont confrontés à la ségrégation. Dans les deux cas, ce sont d'abord des histoires de femmes. La grande différence est l'époque : le début du XXe siècle pour La Couleur pourpre, les années 1960 pour The Help.
C'est donc d'abord un film d'actrices, où les personnages masculins, fait exceptionnel, sont au second plan. Ma préférée est sans conteste Octavia Spencer, qui joue Minny Jackson, une employée à fort caractère, dont les pâtisseries sont renommées. Son gâteau au chocolat va occuper une place particulière dans l'intrigue...
Du côté des Blanches, j'ai apprécié Jessica Chastain, dont le rôle de fofolle contraste fortement avec celui qu'elle a interpété dans L'Affaire Rachel Singer. Bryce Dallas Howard est aussi très bien en insupportable pétasse. Dans un rôle plus difficile (celui d'une mère non raciste, mais qui n'assume pas devant ses fréquentations très traditionnalistes), on peut noter la performance d'Allison Janney, récemment remarquée dans Life during wartime. Enfin, les plus âgés (ou cinéphiles) seront heureux de retrouver Sissy Spacek, qui n'est plus la jeune femme révélée par Carrie au bal du diable, mais une grand-mère caractérielle qui déteste sa fille.
L'histoire tourne autour des relations entre les nounous noires et les enfants dont elles ont (eu) la charge. Ce sont finalement elles qui les élèvent, et non les mères biologiques, accaparées par l'organisation de goûters, de réunions ou de soirées... où toutes les tâches ingrates sont exécutées par les domestiques.
C'est un aspect "quotidien", trivial, de la ségrégation qui joue le rôle de détonateur. En effet, alors que dans presque toutes les circonstances, les législateurs ont prévu de séparer les Blancs des autres, dans les maisons où travaillent les domestiques se pose la question de l'usage des toilettes (et même du papier hygiénique). Au départ anecdotique, le sujet va prendre des proportions inattendues... et franchement cocasses !
C'est le passage par l'écrit qui met le feu aux poudres. L'étudiante blanche anticonformiste, de retour dans sa ville natale, constate qu'elle tranche sur l'opinion moyenne des gens de son milieu. Elle décide de donner la parole aux employées noires... avec les risques que cela comporte. Ce film est donc aussi un hommage à l'écriture, qu'elle soit sous forme journalistique ou romancée.
Et l'amour dans tout cela ? Il est difficile à trouver aussi bien pour les Blanches que pour les Noires. Les hommes noirs sont singulièrement absents de cette histoire (à une exception près). Les rares fois où il en est question, les maris sont dépeints comme violents. Du côté des Blancs, le tableau n'est pas meilleur. S'ils ne frappent pas leurs épouses, les maris imposent quand même leur loi et, quand ils sont gênés, ils ont tendance à se défiler. Quelques (rares) figures viennent heureusement nuancer ce tableau peu réjouissant. (Signalons que le film a été réalisé par un homme !)
14:34 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, histoire
samedi, 05 novembre 2011
L'Exercice de l'Etat
Ce titre étrange, sur lequel butent nombre de spectateurs, est (à mon avis) le résultat du téléscopage de deux expressions : "l'exercice du pouvoir" et "le service de l'Etat".
A priori, on assimile l'exercice du pouvoir aux postes ministériels et le service de l'Etat aux hauts fonctionnaires. Mais, un bon ministre ne doit-il pas avoir le sens de l'Etat ? Un haut fonctionnaire n'exerce-t-il pas une partie du pouvoir ? D'où le mélange.
Le film tourne autour de deux personnages principaux, le ministre, auquel Olivier Gourmet donne son corps et son tempérament, et le directeur de cabinet, incarné par un Michel Blanc d'une éblouissante sobriété.
Le ministre est membre d'un gouvernement "PR". Il ne s'agit bien évidemment pas de feu le Parti républicain, devenu Démocratie libérale, qui s'est fondu dans l'UMP. Le PR est donc un avatar du parti présidentiel. Mais le héros n'en est apparemment pas membre... ou à moitié. On lui prête une sensibilité plus centriste. On pourrait le rapprocher du Parti radical valoisien ou, à la rigueur, du Nouveau centre.
Le directeur de cabinet est sans aucun doute un ancien membre de l'ENA. (Jean-François Carenco a-t-il servi de modèle ?) Il en a la componction et les réseaux. C'est aussi incontestablement un gaulliste. L'une des plus belles scènes du film nous montre Michel Blanc en train de s'habiller au son du (superbe) discours prononcé par André Malraux lors de la panthéonisation de Jean Moulin.
Gilles-Michel Blanc agit dans l'ombre. Il connaît presque tout le monde, dans le gouvernement et en dehors. Mais il n'utilise pas ces réseaux pour servir ses intérêts (contrairement à l'un de ses camarades de promotion, une fripouille que Didier Bezace est chargé de rendre sympathique). Il nous est présenté comme un quasi-moine-soldat républicain. L'opinion commune aurait pu conduire les scénaristes à faire de ce personnage quelqu'un de plus malfaisant. C'est au contraire, à mon avis, des puissants qui nous sont montrés, le plus honnête et le plus noble. Toute la haute fonction publique n'est hélas pas faite du même métal...
Face à lui s'agite Bertrand Saint-Jean, un type sympathique, aux idées généreuses, bosseur, pas frimeur... mais quand même ambitieux et un peu hypocrite... "qualités" indispensables à qui veut aujourd'hui faire carrière en politique, semble nous dire le réalisateur... On n'est pas obligé d'adhérer au propos.
Autour d'eux gravitent les huiles, les sous-fifres et les gens "normaux".
On entraperçoit les "huiles" à plusieurs reprises. On retiendra tout particulièrement Stéphane Wojtowicz, très bon en président de la République. On nous a épargné le portrait d'un agité bling bling. On nous propose la vision d'un politique manipulateur... tout de même obsédé par la consultation de son téléphone portable.
Voilà un objet dont le réalisateur a su faire un argument cinématographique. Presque tous les personnages sont équipés d'un "smartphone", qu'ils consultent le plus souvent possible (au point qu'au cours d'une réunion confidentielle, le Premier ministre prenne la peine d'interdire aux participants de le maintenir allumé). A intervalles réguliers s'affichent sur l'écran les textos reçus ou envoyés et les dépêches AFP. Ils contribuent à relancer l'action ou lui donnent une profondeur inattendue.
Une remarque sur le style : c'est du cinéma de bonne facture, soigné, qui privilégie le réalisme... à quelques exceptions près : quelques moment oniriques (qui ont beaucoup excité la critique...) ont été intercalés. Ils ne sont pas inintéressants, mais n'apportent pas grand chose au film, selon moi.
Pas très loin des dirigeants, on rencontre les sous-fifres, les intrigants. Le film ne met en lumière que certains d'entre eux, pas de manière très flatteuse. On doit distinguer l'entourage du président de la République et du Premier ministre, plus distant, de celui du ministre (plutôt hétéroclite), avec lequel on nous familiarise. (On peut s'amuser à essayer de trouver des correspondances avec l'ancien cabinet de Jean-Louis Borloo.)
Enfin, à l'arrière-plan, se profilent les "gens du peuple" (90 % de la population tout de même !). Ils sont incarnés par des manifestants hargneux et un couple, dont l'homme devient chauffeur du ministre. La séquence la plus marquante est celle de la soirée durant laquelle le ministre, esseulé, partage le repas de ce couple et engage, à moitié ivre, un débat avec son hôtesse, qui lui "rentre dans le lard".
Si cette séquence est formellement réussie, sur le fond, elle ne m'a pas beaucoup plu. Elle est construite sur un postulat favorable au ministre : le pauvre gars est tout seul, il n'a pas d'ami, mais voyons c'est un type bien qui veut servir son pays. On ne donne pas assez la parole aux vraies gens dans ce film. Il aurait pourtant été possible de tracer un parallèle entre la vie sans paillettes des Français moyens et celle de ceux qui évoluent dans le tumulte politico-médiatique.
On perçoit clairement le parti-pris de la réalisation lorsque le ministre se trouve confronté à des manifestants (de la CGT principalement : on prend soin à ce que les drapeaux rouges soient visibles à l'écran), qui menacent de le bloquer. On ne saura pas vraiment pourquoi ces hommes et ces femmes se comportent ainsi, mais on est vraiment content que le ministre s'en sorte !
C'est au second degré qu'une critique est émise. On peut ainsi analyser l'accident de voiture de manière métaphorique : de la même manière que le choix, par le ministre, d'un itinéraire non sécurisé conduit à la mort d'un personnage, la politique menée par le gouvernement détruit les vies de citoyens qui en subissent les conséquences. Mais faut vraiment aller chercher loin !
Si l'on fait abstraction de ces limites, cela reste un très bon film, servi par une pléiade d'acteurs excellents.
16:13 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 04 novembre 2011
Allah queue leu leu...
... tout le monde s'éclate, apparemment ! Et pourtant, à la base, il s'agit d'une tragique affaire : Charlie Hebdo insulté, Charlie Hebdo piraté, Charlie Hebdo incendié... mais Charlie Hebdo "libérationné", "libérationné" par lui-même, "libérationné" par le peuple journalistique... avec le concours des autorités de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière ! (Pour écouter l'auguste original, allez ici.)
L'objet du courroux est le numéro qui porte cette couverture :
Signalons que mercredi matin, à 10 heures, il était introuvable à Rodez. Voilà un succès qui, s'il n'est pas, pour l'instant (attendons la réimpression), aussi important en volume, n'est pas sans rappeler la ruée qui s'était produite sur le numéro reproduisant les caricatures de Mahomet.
Hébergés dans les locaux de Libération donc, les rescapés de Charlie ont bricolé un quatre-pages qui a servi ce jeudi de surcouverture au quotidien des bobos de gauche :
A l'intérieur, on trouve un peu de texte (pas super intéressant) et une brochette de caricatures, dont la meilleure est à mon avis celle-ci :
On peut en découvrir davantage sur le site internet du quotidien.
D'autres organes de presse, qui prisent moins le dessin satirique, ont manifesté leur soutien. Le Monde publie les caricatures de son confrère, que je n'ai pas trouvé très inspirées. Plus intéressants sont les dessins de Cartooning for peace, en particulier celui-ci :
Plusieurs de ces oeuvres sont aussi visibles (parmi d'autres) sur le site de Courrier international (une publication du groupe Le Monde, faut-il préciser). J'aime beaucoup ce qu'a fait Kap :
Pour revenir à l'affaire, il faut préciser que, pour l'instant, on ne peut établir aucun lien direct entre l'incendie volontaire et les deux piratages du site internet de l'hebdomadaire satirique.
Dans le premier cas, d'après un témoin (un chauffeur de bus ?), deux (ou trois) hommes en capuche auraient été vus, vers minuit ou une heure du matin. Au passage, ils avaient préparé leur coup, repéré les lieux, puisqu'aucun signe extérieur ne permettait d'identifier le siège de Charlie Hebdo, récemment déplacé.
Plusieurs heures plus tard, c'est le site internet qui a été attaqué, à deux reprises. Signalons que ceux qui revendiquent l'une des attaques (des hackers turcs) se démarquent clairement de l'incendie criminel. C'est finalement leur attaque qui a été la plus efficace puisque, au moment où j'écris ces lignes, le site internet de Charlie Hebdo est toujours hors service, alors que le journal, dont les sauvegardes n'ont pas été détruites, va être réimprimé. Il a de surcroît bénéficié d'un bon coup de pub. Les incendiaires, quels qu'ils soient, n'ont finalement pas fait énormément de dégâts.
04:26 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, médias, actualité, presse, islam, charlie hebdo
mercredi, 02 novembre 2011
De bon matin
Jean-Pierre Darroussin incarne un cadre bancaire, la cinquantaine. Il gagne bien sa vie. Il vit dans une grande maison (dont on pense qu'il est propriétaire), dans une banlieue calme et verdoyante. Sa femme est belle, son fils lycéen a des projets.
Sauf que... ce matin-là, Pierre Wertret s'est levé très tôt. Il laisse sa 407 (rutilante) au garage et se rend au travail à pieds, puis en bus. En arrivant, il sort un pistolet de son sac et abat deux de ses collègues. Il s'enferme ensuite dans un bureau (dont on va apprendre qu'il s'agit de son bureau, enfin de son dernier bureau).
La suite est une série de retours en arrière, par touches impressionnistes. On comprend que l'ambiance au boulot s'était dégradée. Pierre est en conflit avec son supérieur hiérarchique (Xavier Beauvois, qui excelle à incarner cette petite enflure). Il regrette le départ de son précédent patron, qu'on a semble-t-il poussé vers la sortie... et dont il aurait bien aimé récupérer le poste.
Les scènes de bureau sont vraiment très bonnes. On nous y montre ces petites rivalités, ces hypocrisies et ces signes plus ou moins perceptibles qui permettent de comprendre qu'untel est bien en cour, ou au contraire mis au rancart. On perçoit de l'intérieur le drame de ces employés bosseurs, fidèles, qui, une fois passée la cinquantaine, sont perçus comme des poids, des ringards.
Même dans son couple le héros souffre. Sa femme, bibliothécaire investie dans l'humanitaire, n'a pas du tout le même vécu professionnel. Elle finit par le quitter. Reste son fils, adolescent finalement moyen, pas méchant mais plutôt velléitaire, loin donc de son opiniâtre père qui a dû se battre pour avoir tout ce dont lui profite.
La réalisation est classique. C'est le montage qui est brillant. La succession des moments est porteuse de sens. C'est parfois proche de la virtuosité, comme lorsque le héros raconte ses débuts professionnels à un nouveau collègue et que, superposée à la voix de Darroussin qui raconte, s'affiche une scène dans laquelle on le voit plus jeune, moustachu, déambulant timidement entre les rayons d'une bibliothèque où travaille une femme à laquelle il veut se lier. Le procédé nécessite néanmoins un effort d'attention de la part du spectateur : c'est lui qui doit faire le lien entre ces morceaux qui, petit à petit, s'assemblent.
On s'approche ainsi de la fin. Sentant son monde basculer, le héros tente de relancer sa carrière et sa vie personnelle. Il fait des démarches pour changer de travail, revoit son ancien patron, tente de se réconcilier avec un vieil ami avec qui il aimerait organiser un voyage en bateau. L'une de ces solutions finit-elle par s'imposer ? Je vous laisse le découvrir à la toute fin du film.
P.S.
Le réalisateur, Jean-Marc Moutout, nous avait déjà offert un film un peu dans la même veine : Violence des échanges en milieu tempéré. Depuis les années 1990, en France, on a pu voir dans les salles plusieurs (bons) longs métrages traitant du monde de l'entreprise, comme Ressources humaines (de Laurent Cantet), Extension du domaine de la lutte (de Philippe Harel) et Le Couperet (de Costa Gavras).
20:11 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
Une chanson de circonstance
Aujourd'hui 2 novembre nous rendons hommage aux morts... chacun à notre manière. (Il y a même de fortes chances que cet hommage ait été rendu hier 1er novembre, jour de tous les saints, qui a l'avantage d'être férié.)
L'auteure-compositrice-interprète GiedRé, qui a sorti un épatant CdVd l'été dernier, a marqué le coup à sa manière... très particulière.
Sur Youtube (et sur son profil Facebook) a été récemment mis en ligne un nouveau titre : Le ver de terre.
Bonne écoute...
13:14 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chanson, musique, poésie, société, vidéo
mardi, 01 novembre 2011
Un modèle économique ? (2)
C'est de nouveau au Monde que l'on doit un article intéressant sur les entreprises à la fois humaines et profitables, des PME en général. La semaine dernière, ce sont des Allemands qui ont été mis en valeur. Ce mardi, c'est une société française qui est à l'honneur, à travers un papier intitulé "Toiles de Mayenne résiste depuis son abbaye cistercienne".
Cette entreprise s'est concentrée sur un créneau : le tissu décoratif de qualité (mais pas de luxe). Elle s'appuie sur le savoir-faire d'une maine-d'oeuvre française en majorité et sur des machines qu'on essaie de faire durer.
La gestion est donc rigoureuse. On ne table pas sur des profits gigantesques... et on les réinvestit dans l'entreprise. On remarque que la bonne santé de l'entreprise ne dépend pratiquement pas du marché international, ce qui pourrait devenir un handicap si les dirigeants tablent sur la croissance de l'activité. On remarque aussi que les descendants des fondateurs ont veillé à limiter l'arrivée d'investisseurs extérieurs, pas toujours soucieux du long terme.
La politique salariale est audacieuse, depuis le XIXe siècle. Des maisons ont été construites pour les ouvriers, une école laïque ouverte (en 1835 !) pour leurs enfants... et ceux des dirigeants. Une prime d'intéressement généreuse (pouvant atteindre 30 % du salaire) a été mise en place.
Certes, depuis l'époque glorieuse de l'industrie textile française, le nombre d'ouvriers a fortement diminué et l'on sous-traite une partie de l'activité en Inde, Espagne et sans doute Europe de l'Est, mais le chiffre d'affaires a augmenté, les productions semblent s'être diversifiées et des magasins ont même été ouverts. Comble de la modernité : l'entreprise est présente sur la Toile !
Pour en savoir plus, on peut lire aussi un article publié sur un site professionnel en 2006.
16:35 Publié dans Economie, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, actualité, médias, économie
lundi, 31 octobre 2011
Another silence
Les Français ne sont pas nombreux à le savoir, mais Marie-Josée Croze est canadienne (québécoise, pour être plus précis). Il n'est donc pas si étonnant que cela de la retrouver à l'affiche de cette coproduction internationale, tournée en anglais et en espagnol, et dont l'action se déroule au Canada puis aux confins de l'Argentine et du Chili.
Cette fois-ci, l'abonnée aux seconds rôles occupe la tête d'affiche... pour mon plus grand plaisir, tant j'ai apprécié ses compositions dans des films aussi divers que Ne le dis à personne, Jacquou le Croquant, Le Scaphandre et le papillon ou encore Liberté.
Signalons que le réalisateur, Santiago Amigorena, a auparavant écrit pour Cédric Klapisch : Le Péril jeune, Peut-être et Ni pour ni contre, bien au contraire.
L'affiche (construite autour d'une image extraite de la dernière partie du film) pourrait tromper son monde. En effet, à la base, il s'agit de l'histoire d'une policière dont le mari et le fils sont assassinés, et qui décide de se venger.
On pourrait donc imaginer que cette femme va être une sorte de décalque de l'inspecteur Harry ou de l'agent du NCIS Gibbs voulant liquider l'assassin de son épouse et de sa fille. Ce n'est pas tout à fait cela.
Le début laisse beaucoup de questions en suspension. On ne sait tout d'abord pas quel est le mobile du double meurtre. Est-ce lié aux fréquentations du gamin ? Est-ce parce que la mère est policière ? Est-ce à cause de la profession du mari, que l'on ne découvre que plus tard dans le film ? Mystère. Même le passé de la jeune femme recèle des zones d'ombre.
Tout est construit autour du personnage de Marie, une femme non pas furieuse, mais froide et déterminée. Il faut avoir perdu quelqu'un de cher ou avoir eu au moins une fois dans sa vie envie de vraiment tuer pour comprendre ce qu'elle peut ressentir. C'est d'ailleurs l'une des limites du film. Si l'interprétation de M-J Croze est irréprochable, le scénario et la mise en scène ne permettent pas tout à fait à quelqu'un d'extérieur d'entrer dans le personnage. Ceci dit, c'est peut-être voulu. Elle garde cet aspect irréductible, cette part d'étrangeté qui la rend si particulière.
Du coup, ce qu'on prend parfois pour du courage n'est qu'une fuite en avant sans émotion. Bon, d'accord, la dame a les ovaires bien arrimées, n'hésitant pas à s'attaquer à tout type de truand. Mais on finit par comprendre qu'elle n'a plus peur de la mort, ayant perdu ses raisons de vivre.
Elle part à la recherche de l'assassin et du commanditaire en Amérique du Sud. Cela nous vaut des scènes magnifiques tournées en Argentine et au Chili, dans des régions où les habitants sont majoritairement des Indiens. L'héroïne y fait des rencontres surprenantes et les paysages sont splendides. Dans une belle salle, sur un grand écran, c'est chouette !
(Je mets un bémol à cause de la fin que, comme d'autres spectateurs, je n'ai pas appréciée, même si elle se comprend. Cela n'enlève rien à la qualité du reste du film.)
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Les Marches du pouvoir
Le titre originel, The Ides of March ("Les Ides de mars") est à mon avis plus explicite : il fait allusion à l'assassinat de Jules César, notamment par Brutus, le fils de sa maîtresse. Cela invite le public cultivé à faire le parallèle entre le gouverneur Mike Morris (George Clooney lui-même, impeccable), favori des primaires démocrates (et considéré donc comme le futur président) et le général romain. Reste à savoir qui va trahir le candidat... ou s'il n'a pas un fils (adoptif).
Comme le film a été conçu à la fin du second mandat de George W. Bush, l'intrigue prévoit un basculement électoral en faveur des démocrates. Le gouverneur est un vrai progressiste : il croit en la parole donnée, n'aime pas les tripatouillages, est un fervent promoteur des énergies renouvelables et s'oppose à l'aventurisme guerrier de l'administration sortante. Cerise sur le gâteau : il est beau gosse et semble très amoureux de sa femme, qui, bien entendu, est intelligente et compréhensive (très belle scène dans la voiture à la clé).
La victoire semble lui tendre les bras. Il est soutenu par un conseiller en com' redoutable (et fidèle), incarné avec brio par Philip Seymour Hoffman (dont on a déjà pu admirer le jeu à maintes reprises, comme dans Good Morning England, La Guerre selon Charlie Wilson, 7h58 ce samedi-là...), épaulé par un jeune et brillant assistant aux dents longues (Ryan Gosling, l'étoile montante).
Du côté de la distribution, il faut signaler la composition de deux autres acteurs : la jeune Evan Rachel Wood (révélée dans Whatever works) en fausse ingénue, fragile au fond, et Paul Giamatti, sorte d'homme à tout faire des seconds rôles hollywoodiens, excellent en adversaire retors.
Le véritable personnage principal est le jeune conseiller, qui se retrouve au carrefour des intrigues, tantôt manipulateur, tantôt manipulé. C'est donc un bon thriller politique qui nous est offert. On vit de l'intérieur une campagne de primaires, avec ses enjeux sous-jacents.
Sur le fond, le propos est assez cynique (à l'image de ce qu'on a pu voir, dans un contexte différent, dans Jeux de pouvoir), mais pas forcément désabusé. En cela, il s'accorde bien avec le titre français. Jusqu'où peut-on (doit-on ?) pousser les compromissions pour accéder au pouvoir ? Sur qui est-on prêt à "marcher" ? à s'appuyer ? Même si on trouvait déjà ce questionnement dans Bulworth (de et avec Warren Beatty) et Primary Colors, il est ici particulièrement bien maîtrisé, corseté par un scénario qui se concentre sur les enjeux politiques globaux et les choix individuels.
Au niveau de la mise en scène, il n'y a rien à dire. C'est propre et maîtrisé, au service du propos. De temps à autre, Clooney se permet quelques effets. Cela m'a rappelé Good Night and good luck, sa deuxième réalisation. C'est peut-être un peu moins "léché", mais le fond du film est plus dense. A voir, donc.
12:18 Publié dans Cinéma, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
dimanche, 30 octobre 2011
Les Hommes libres
Le titre pourrait faire référence aux "Français libres" qui se sont battus contre l'occupation allemande. Dans ce film il est question des Maghrébins vivant en métropole, certains s'étant engagés dans la Résistance, allant jusqu'à sauver des juifs.
On voit qu'au-delà de la reconstitution historique (sur laquelle on peut émettre quelques réserves) et du film d'action, il va être question d'œcuménisme : face aux grands méchants nazis (et à leurs infâmes collaborateurs), des hommes de bonne volonté et de toutes origines ont su se rapprocher.
Le centre névralgique du système (et du film) est la mosquée de Paris, dirigée par un recteur (son fondateur Kaddour Benghabrit) incarné avec bonhomie par l'incroyable Michael Lonsdale (dont on a récemment encore pu admirer le talent dans dans Des Hommes et des Dieux), qui donne son rythme au film.
Le personnage moteur est le jeune Younes, d'abord trafiquant, qui manque de peu de basculer dans la collaboration, puis amoureux et résistant, de plus en plus engagé. L'un des intérêts du film est de montrer son évolution. Cet aspect est hélas gâché par l'interprétation. Je trouve l'acteur (Tahar Rahim) vraiment peu expressif, quasiment toujours dans le même registre. C'est peut-être voulu mais alors c'est un choix maladroit.
Les seconds rôles sont brillamment interprétés. Il aurait peut-être fallu que l'officier allemand ait un accent plus prononcé : il parle un peu trop bien français.
Le film mérite le détour aussi par la musique qu'on y entend, une musique "orientale", élaborée mais sans fioritures. Un tambourin, à demi extorqué puis revendu, joue un rôle dans l'intrigue.
Restent ces Nord-Africains, authentiques résistants (le grand public sait, depuis Indigènes, qu'ils ont permis de refonder l'armée française dans les années 1941-1945), futurs combattants indépendantistes (algériens, mais aussi marocains...). Je pense que ce film, mieux que Hors-la-loi, fait comprendre que, pour un Maghrébin anticolonialiste, la lutte pour l'indépendance a été perçue comme la continuation du combat contre l'occupant nazi. A court terme, leur courage a été bien mal récompensé. Ce film apporte donc des éléments permettant de mieux comprendre une époque complexe... et il est plutôt bien fichu.
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samedi, 29 octobre 2011
Des politiques à l'ancienne
L'anecdote figure dans Le Nouvel Hebdo de cette semaine. Vous pouvez donc passer sur les articles engagés en faveur de la majorité départementale, qui attaquent de manière un peu trop systématique (à mon avis) les élus de gauche (mieux vaut aller lire dans Le Ruthénois la page consacrée à l'entrée de Baraqueville dans le Grand Rodez, carte intéressante à la clé), pour passer page 3 à celui qui est signé Donato Pelayo : Choisir ses candidats.
Il y est fait allusion à un élu héraultais d'origine aveyronnaise, aujourd'hui décédé. Il aurait été le seul de sa classe à échouer au Certificat d'Etudes. Il n'en a pas moins réussi une belle carrière politique, au prix de quelques "accommodements".
L'article ne cite pas le nom de l'élu, mais j'ai quand même fini par trouver de qui il s'agit : René Couveinhes. Il a été député de l'Hérault entre 1968 et 1973, puis de 1986 à 1997, soit 15 ans au total (et non pas 24, comme il est écrit dans Le Nouvel Hebdo). Entre temps, il a exercé de nombreux mandats locaux, notamment celui de maire de La Grande Motte.
Le voici tel qu'il était lors de son premier mandat :
Et le voici 25 ans plus tard :
On en apprend davantage sur lui grâce à une étude qui lui a été consacrée en 1995 : La stratégie de la discrétion.
Il a fait partie de ces élus gaullistes "du terroir" (qu'on a pu qualifier de clientélistes), d'origine modeste, qui ont fait le succès de l'UNR, de l'UDR puis du RPR. Il a été comparé à Charles Pasqua, dont il se sentait "philosophiquement" proche. (On pense qu'il a été membre du SAC.)
Il était donc d'origine aveyronnaise par ses parents, installés à Castelnau-le-Lez, où le papa (Augustin) tenait un café. L'étude semble indiquer qu'il a obtenu son Certificat d'Etudes, mais rien d'autre, contrairement à ce qu'il a prétendu par la suite.
Après le certificat d'études primaires, il fréquente le lycée Bérard jusqu'en classe de première et s'inscrit à la faculté pour obtenir la capacité en droit. Mais il n'y reste pas.
Peu importe après tout. Il s'est bien implanté dans l'Hérault et a grimpé les échelons au sein de l'UDR. Il obtient l'investiture en 1968 et profite de la vague gaulliste. Mais il est battu en 1973... par un certain Georges Frêche. Les deux candidats ont misé sur le vote des rapatriés, mais Frêche a joué sur l'antigaullisme de l'extrême-droite pour en récupérer les voix au second tour, qu'il a remporté de peu.
René Couveinhes s'est ensuite davantage investi au niveau local, avant de redevenir député. Pour la petite histoire, on peut ajouter qu'il a mis le pied à l'étrier de son fils Philippe (à la mairie de La Grande Motte), qui a cependant été rapidement évincé, avant de décéder prématurément.
Du coup, c'est un autre politique local qui tente de récupérer l'héritage, Jean-Pierre Grand, dont il est aussi question dans l'article du Nouvel Hebdo. Il n'y est pas nommément désigné, mais on peut deviner assez facilement de qui il s'agit : l'un des députés héraultais (de droite donc) à être maire, ancien attaché parlementaire. Outre la commune qu'il gère (Castelnau-le-Lez), il a en commun avec son illustre prédécesseur l'absence de références scolaires. Cela ne l'a pas empêché de "réussir" en politique, mais c'est un profil qui devient rare.
La boucle est bouclée quand on fouille un peu son profil d'élu (les anciens mandats locaux). On y découvre qu'il a un autre point commun avec René Couveinhes : les attaches aveyronnaises. En effet, avant de se faire élire à Castelnau-le-Lez, il a été conseiller municipal à La Cavalerie, dans le Sud de l'Aveyron.
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vendredi, 28 octobre 2011
Copié (presque) collé
Cette semaine, il a beaucoup été question de la venue en Aveyron de la secrétaire d'Etat chargée de la famille, Claude Greff. Je ne vais pas m'attarder sur les polémiques diverses soulevées par sa visite et la politique de l'Etat en matière d'accueil de la petite enfance. Je me suis plutôt intéressé à la manière dont la presse locale a rendu compte de sa visite, notamment à Espalion.
C'est aujourd'hui vendredi que j'ai réalisé que les articles parus dans La Dépêche du Midi (le 25 octobre) et le Bulletin d'Espalion (le 28 octobre) sont quasiment identiques. Seuls diffèrent les titres... et une phrase, qui ne figure que dans le quotidien :
Claude Greff a souligné les attraits d'un tel équipement qui permet «une mutualisation des moyens autour de la petite enfance».
On note aussi quelques nuances de détail. Le Bulletin précise que le nombre d'allocutions (c'est-à-dire de discours...) a été de sept et que l'avion (en retard) venait de Paris. (Et vive le développement durable !) La Dépêche ne prend pas la peine de donner toutes les fonctions occupées par Jean-Claude Anglars (la moitié du journal y passerait).
Qu'est-ce qui peut expliquer une telle similitude ? Comme les articles ne sont pas signés (et les photographies pas créditées), on peut penser qu'il s'agit du communiqué de presse officiel, distribué par les organisateurs de la cérémonie aux gentils envoyés spéciaux (s'il y en a eu).
C'est donc au niveau des photographies que les deux journaux se distinguent... Pas tant que cela, en fait. Proximité oblige, le Bulletin en publie deux (+ une troisième dans le diaporama de la page Actualité du site internet ; elle se trouve en "une" de la version papier). La première est visible (en petit) sur la version numérique de l'article. En voici la version papier :
Elle a été prise pendant l'un des fameux discours, celui de Gilbert Cayron... qui a l'air d'ennuyer grave Jean-Claude Luche, tandis qu'Yves Censi est en train de mater un truc visiblement bien plus intéressant (une jolie paire de jambes ?) au fond de la salle.
J'ai encadré l'un des deux élus dont le nom n'est cité par aucun organe de presse. Il s'agit de Guilhem Serieys, qui représentait le Conseil régional (qui a quand même mis 135 000 euros dans une garderie du Nord Aveyron). Il fait donc partie des sept personnes qui se sont exprimées. On peut d'ailleurs retrouver le texte de son allocution sur son blog.
Une seconde photographie est visible dans la version papier du Bulletin :
(Je l'ai un peu raccourcie sur les côtés pour que certains détails soient plus apparents. Les marmots que j'ai "coupés" me pardonneront.)
La mise à l'écart de l'élu régional (sur une liste tarnaise, j'en conviens) est plus apparente ici (on l'a placé en bout de ruban et J-C Anglars lui tourne ostensiblement le dos)... mais les lecteurs de La Dépêche en ont été privés, puisque la photographie publiée dans le quotidien, prise à peu près au même moment, exclut Guilhem Serieys (tout comme Jean-Claude Anglars et Simone Anglade, ce qui, convenons-en, est proprement scandaleux) :
20:27 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, médias, actualité
jeudi, 27 octobre 2011
Une obsession très française ?
Il y eut d'abord le scandale soulevé par une application de l'iPhone, "Juif ou pas Juif ?"... conçue par un juif (sans doute dans une optique communautariste), mais dont beaucoup d'associations ont pensé qu'elle pourrait être détournée par des antisémites. (Une question basique subsiste : qu'est-ce qu'être juif ? Si l'on se fonde uniquement sur les rites religieux, bon nombre de personnalités présumées juives risqueraient de disparaître de l'application...)
Cette affaire est entrée dans sa phase judiciaire... et l'on a des retours sur la manière dont l'application est utilisée hors de France. Tout cela ne sent pas très bon...
Mais l'on avait déjà eu un aperçu des préjugés de nombre d'internautes francophones à travers un précédent article du Monde, en février dernier, consacré aux mots clés tapés sur les moteurs de recherche internet.
Sur Google par exemple, avant même qu'on ait fini d'écrire sa requête, on nous propose des formules pour achever notre recherche - et maintenant, on a même des solutions qui s'affichent alors qu'on n'a pas appuyé sur la touche enter ("entrer").
Voici donc ce que l'on obtient avec l'exemple utilisé par le quotidien pour l'application iPhone :
Cela n'étonnera pas grand monde, mais on arrive à peu près au même résultat quand on effectue une recherche sur l'actuel président de la République :
Et pourtant, il faut attendre que le "z" soit écrit pour que le complément "juif" soit proposé. Sinon, voilà ce que l'on obtient :
On pourrait en conclure que ce sont les internautes qui écrivent le mieux le nom du président (avec un "z" et pas un "s") qui cherchent en priorité à savoir s'il est juif... ce qui est faux, contrairement à une légende tenace. Si l'un des grands-pères de Nicolas Sarkozy a bien été juif (avant de se convertir au catholicisme), le reste de la famille est catholique d'origine. Mais, pour les antisémites, c'est une "tache" indélébile... (Notons toutefois que les internautes semblent d'abord désireux de connaître l'altitude à laquelle culmine le chef de l'Etat.)
Continuons dans le délire, tant qu'on y est. Prenons le cas du présentateur du journal télévisé le plus populaire de France :
En fait, cette orientation de recherche nous en apprend davantage sur les personnes qui l'effectuent que sur l'objet de leur questionnement. Pour ces antisémites, une personnalité des médias est forcément juive... (Dans le cas qui nous concerne, il est possible que l'on soit face à des "islamo-gauchistes" : leur cible est une personnalité de droite, soutien de Nicolas Sarkozy.)
Jusqu'à ce pauvre François Fillon qui est soupçonné d'avoir le bout du zizi découvert en permanence :
A partir de là, on peut s'amuser, essayer de pousser la logique à ses limites. J'ai donc choisi une personnalité dont le nom est fréquemment associé à un mot commençant par la lettre "j" :
Eh oui ! Même l'ancien judoka, promoteur de l'opération "pièces jaunes" en compagnie de l'épouse du prédécesseur de N. Sarkozy, est "soupçonné" d'en être ! On voit là quels sont les préjugés de certains internautes : ici comme dans le cas Fillon, c'est le pouvoir (sarkozyen) qui est associé aux juifs.
Cela va tellement loin qu'une autre personnalité, à propos de laquelle ses adversaires politiques ont plutôt cherché à prouver qu'elle était musulmane, est soupçonnée par les internautes antisémites francophones d'être juive :
Précisons toutefois que si l'on tape la recherche sans le "j", c'est le complément "musulman" qui est proposé. Dur, dur, pour un président protestant !
22:29 Publié dans Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, médias, actualité
mercredi, 26 octobre 2011
Un modèle économique ?
Voici un bien étrange article, publié dans Le Monde daté de dimanche 23 - lundi 24 octobre 2011, accessible uniquement aux abonnés en ligne. Il a pour titre La crise ? "Quelle crise ?", répondent, pour le moment, les PME allemandes.
La journaliste, Cécile Boutelet, s'est intéressée au sort d'entreprises situées dans le Bade-Wurtemberg, à Künzelsau pour être précis :
A la base, rien ne destinait ces entreprises à devenir florissantes. Elles sont implantées dans un canton rural, entre des collines, pas tout près des grands centres urbains. On est dans l'Allemagne (de l'Ouest) profonde, où l'on parle un dialecte germanique particulier.
On y trouve pourtant des P.M.E. très dynamiques, pour plusieurs raisons (soulignées par moi dans l'article ci-dessus).
Alors que les secteurs d'activité pourrait sembler peu porteurs de prime abord (l'une des boîtes fabrique des vis, des systèmes de montage), on a mis l'accent sur l'innovation. On investit les profits et on sollicite la participation des employés, à l'image de ce qui se fait aussi au Japon. Du coup, l'entreprise a déposé quantité de brevets. On s'est aussi très tôt tourné vers l'exportation, pour s'assurer des débouchés.
Le patronat est du genre paternaliste, à l'ancienne. Ainsi G. Sturm (qui dirige EBM Papst) conduit lui-même sa voiture, continue à fréquenter les habitants moins fortunés que lui dans la chorale locale. La proximité affichée vis-à-vis des employés a son revers, diront certains : le chef n'aime pas trop les intermédiaires, les syndicats, inexistants. En échange, on préserve l'emploi (c'est assez répandu chez un type de dirigeants d'outre-Rhin, les grands comme les petits ; on a ainsi vu il y quelques années Volkswagen privilégier la réduction du temps de travail aux licenciements). Les employés ne semblent pas mécontents.
L'autre particularité de ces entreprises performantes est de se méfier du capitalisme financier. Elles évitent tant que faire se peut de recourir aux banques et ont refusé la cotation boursière. Cette attitude n'est pas sans rappeler celle du groupe Bosch, dont l'usine castonétoise est le poumon économique du Grand Rodez. (La dernière journée portes ouvertes s'est déroulée le dimanche 19 juin 2011.)
mardi, 25 octobre 2011
The Artist
Voilà un film ambigu. C'est une production française, tournée par un réalisateur français (Michel Hazanavicius, déjà remarqué pour OSS 117, Rio ne répond plus), avec pour acteurs principaux deux Français... mais tout le reste est américain : les seconds rôles (notamment le valet, dont le visage a traversé nombre de films et séries télés depuis une quarantaine d'années), les figurants (très bons), les références cinématographiques (du muet comme du parlant), les lieux de tournage, le distributeur (Warner Bros)... ainsi que la langue dans laquelle s'expriment tous les acteurs (ce qui est facilement observable, tant le nombre de gros plans est important).
Cela nuit-il à la qualité du film ? Non. C'est d'abord un somptueux noir et blanc. Un gros travail a été fait sur l'ombre et la lumière... encore plus sur les reflets. Un grand nombre de scènes voit débouler dans le cadre un ou plusieurs miroirs, avec lesquels le réalisateur s'amuse à instiller de l'humour, de la tension ou tout simplement de la profondeur. Ce travail atteint un sommet visuel dans une scène où le héros renverse le contenu de son verre sur une table... superbe ! On appréciera aussi l'effet de superposition du reflet de George Valentin / Dujardin dans la vitrine d'un prêteur sur gage.
L'intérêt du film réside aussi dans l'histoire, comique, romantique et tragique, qu'il raconte. On commence par une suite de séquences à la gloire de la vedette du muet, où Jean Dujardin cabotine pour jouer un acteur cabot ! Il est comme de bien entendu accompagné d'un véritable cabot... le chien Uggy. Ce Russel Terrier est absolument adorable. Il sauve plusieurs fois la mise à son maître, imprudent et orgueilleux à l'excès. Pour sa performance, le canidé a même reçu la Palm Dog au dernier festival de Cannes !
Vient ensuite la descente aux enfers de l'acteur-vedette, pendant que la petite nouvelle, à qui il a mis le pied à l'étrier, devient une star du parlant. Le chassé-croisé entre les deux trajectoires, s'il n'est pas nouveau, n'en est pas moins réussi.
Enfin, comme le film se veut une illustration de ce à quoi il rend hommage, il s'agit d'une histoire d'amour naissant, contrarié par le passage du muet au parlant et la crise des années 1930. C'est classique et émouvant. Le fait que ce soit la femme qui connaisse le succès donne un côté "moderne" à l'histoire.
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dimanche, 23 octobre 2011
Vers des législatives serrées en 2012 ?
Dans son édition datée du mercredi 19 octobre, Le Monde a commenté les résultats d'une étude réalisée par l'Observatoire de la vie politique et parlementaire (que l'on peut retrouver aussi sur le site vielocale-viepublique). Cet article est illustré par une carte des circonscriptions, avec leur possible orientation. En voici la version papier (région parisienne et outre-mer exclus) :
Cela a dû demander un gros travail d'analyse. La méthodologie n'est toutefois pas parfaite parce que, même si l'on a croisé les résultats des dernières élections locales et nationales, on n'a pas tenu compte du résultat des municipales dans les communes peuplées de moins de 3 500 habitants. Alors, même si les choix de ces électeurs sont pris en compte dans les autres scrutins, on peut légitimement penser que le vote rural a été légèrement sous-évalué.
Au fait, pourquoi cette étude, si tôt ? Parce que la nouvelle carte des circonscriptions est désormais connue. Le 24 février 2010 est paru au Journal officiel le texte de la loi fixant la délimitation de ces circonscriptions, ratifiant l'ordonnance du 29 juillet 2009. Et, en avril 2011, est paru le texte de la loi ratifiant le mode d'élection des députés des Français de l'étranger.
L'Aveyron n'est pas touché par ces modifications. Mais, en gros, à partir d'avril dernier, les observateurs de la vie politique française ont pu commencer à faire tourner les machines...
Intéressons-nous à présent aux résultats projetés. En général, je me méfie beaucoup de ce genre de démarche. La réalité du terrain contredit souvent le travail de bureau dans ce domaine... et les électeurs sont parfois imprévisibles. Et puis tant de choses peuvent changer d'ici mai 2012 !
En gros, quel que soit le vainqueur du scrutin présidentiel, l'étude prévoit une poussée de la gauche aux législatives, ce qui fait dire aux journalistes que l'on pourrait se retrouver face à une cohabitation, avec un président de droite (si Nicolas Sarkozy est réélu) et une majorité parlementaire de gauche, ou bien avec un président de gauche (si François Hollande est élu) face à une majorité de centre-droit au Palais Bourbon (si le PS et ses alliés ne parviennent pas à remporter suffisamment de sièges aux législatives qui suivront la présidentielle).
Qu'en est-il à propos de l'Aveyron ? Zoomons sur la carte :
Les situations s'annoncent très contrastées dans les trois circonscriptions. Sans surprise, l'étude voit la première (qui va de Rodez au Carladez et à l'Aubrac) rester ancrée à droite. On imagine sans peine que le sortant Yves Censi aura le vent en poupe si Nicolas Sarkozy est reconduit. Sa réélection pourrait s'avérer plus délicate si François Hollande l'emporte et, à mon avis, s'il prend l'envie à un-e candidat-e centriste crédible de tenter sa chance, une partie de l'électorat nord-aveyronnais étant orpheline de la démocratie-chrétienne.
Du côté de la gauche, le panier de crabes des candidatures ne fait pas bonne impression. On peut voir cela comme un signe de vitalité démocratique, mais aussi comme une nouvelle illustration de la "course à l'échalote". J'y ajoute cette réflexion : certaines candidatures ne me paraissent pas crédibles. N'y voyez pas du mépris vis-à-vis des personnes qui se sont manifestées, mais un constat effectué à partir des résultats des dernières élections cantonales, où deux des socialistes ont essuyé une cuisante défaite : Patrick Palisson à Estaing (où il a recueilli moins de 13 % des suffrages exprimés au premier tour) et Jean-Louis Stadler (qui a légèrement dépassé les 17 % à Saint-Amans-des-Côts). Même si cette élection était très locale, il n'est pas stratégique de désigner comme candidat aux législatives quelqu'un qui a pris une telle veste deux ans auparavant. A Rodez même, certains croient dans les chances de Ludovic Mouly, le président (temporaire ?) de la Communauté d'agglomération. En cas de victoire de F. Hollande, peut-être, à la rigueur. D'autres misent sur une femme, ruthénoise adjointe au maire... Monique Bultel-Herment pour ne pas la nommer. Sur l'agglomération, elle pourrait rallier une majorité, mais je pense que dans le reste de la circonscription elle suciterait plutôt le rejet. Pour que la gauche gagne, il lui faudrait un-e candidat-e qui ait à la fois des attaches sur le Grand Rodez et le Nord Aveyron, quelqu'un de relativement neuf en politique et qui incarne une gauche moderne. Mais peut-être que le P.S. n'a pas envie de faire chuter Yves Censi...
A l'opposé, la circonscription de Villefranche-de-Rouergue est donnée comme acquise à la gauche. En cas de victoire de F. Hollande, on peut penser que la réélection de Marie-Lou Marcel (ex-soutien de Martine Aubry à la primaire) sera favorisée. En cas de second mandat de Nicolas Sarkozy, rien ne sera joué. Certes, son principal adversaire de droite dans la circonscription, Serge Roques, ne semble pas avoir le vent en poupe, mais il a déjà prouvé qu'il avait de la ressource et, sans lui, les dirigeants locaux de l'UMP doivent pouvoir trouver un jeune loup de la droite, bien implanté localement, qui saura jouer sa carte à fond.
La circonscription qui paraît être la moins solidement arrimée à un camp est celle de Millau. L'étude la classe dans la catégorie de celles qui seraient gagnables par la gauche. Pourtant, en 2007, l'UMP (radical) Alain Marc a été facilement élu : au premier tour, il lui avait manqué moins de 300 voix (selon mes calculs) et au second, il a largement distancé sa rivale socialiste, une parachutée de prestige qui ne faisait pas l'unanimité dans son propre camp. En face, l'UMP l'avait jouée fine, en remplaçant le sortant, le vieux routier Jacques Godfrain, par son suppléant, plus modéré, plus "terroir". La tactique fut payante. Mais en 2012 ? Peut-être faut-il comprendre la récente parution, dans Le Saint-Affricain, d'un reportage à la gloire d'Alain Marc comme le premier jalon de la campagne électorale.
15:43 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, ump, ps, 2012
samedi, 22 octobre 2011
Un Monstre à Paris
Cette nouvelle production d'Europa Corp nous ramène dans le Paris du début du XXe siècle (un peu à l'image de ce que l'on a pu voir dans Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec), plus précisément en 1910, l'année de la grande inondation qui a frappé la capitale. (On voit à plusieurs reprises un morceau d'un célèbre Zouave...)
Le film commence par une introduction assez longue... et c'est tant mieux. Au lieu de nous jeter immédiatement dans l'action, on prend le temps de nous présenter les personnages qui vont jouer un rôle dans cette histoire. Il y a ce projectionniste de petite taille, timide, amoureux de la caissière, qui elle-même en pince secrètement pour lui. Il y a Raoul la grande gueule inventive... secrètement amoureux de la chanteuse Lucille, que sa mère tente de pousser dans les bras du préfet arriviste et arrogant. Ajoutez à cela un babouin qui a des airs de Jacques Balutin (incontestablement mon personnage préféré, très drôle), et le tableau sera presque complet.
Presque... parce qu'il manque le personnage principal, né d'une drôle de réaction chimique, à la fois monstre et merveille. -M- lui prête sa voix et son talent musical, censé se marier à celui de Lucille - Vanessa Paradis. Du coup, si l'on croit se trouver face à un dessin animé classique, on imagine que la belle chanteuse et le monstre vont, à l'issue de péripéties rocambolesques, former un couple harmonieux.
Eh bien... pas tout à fait. Le film ne suit pas la ligne traditionnelle du conte de fées. Le "monstre" Francoeur est une sorte de révélateur. Son arrivée va bousculer la vie des personnages principaux et les obliger à faire des choix, à se déclarer. Les masques vont tomber. (Au passage, j'ai apprécié que le méchant très méchant soit incarné par un type qui présente bien, qui a du succès... et qui s'avère être une belle ordure.)
L'animation est réussie, que ce soient les décors du Paris 1910 (le film, soutenu par la mairie de Paris, joue sur le côté "carte postale") ou les mouvements des personnages. Sur un grand écran (en deux dimensions), c'était joli à voir. Attendez-vous aussi à ce qu'une séquence (très enlevée) ait pour cadre le plus célèbre monument de la "Ville lumière".
Je mets toutefois un bémol à mon enthousiasme. La chanteuse Lucille se produit dans un théâtre, sans micro... et c'est le filet de voix de Vanessa Paradis qui sort de sa bouche. Vu le contexte, ce n'est pas très crédible, quand on est un adulte limite vieux con râleur dans mon genre. Mais, bon, il fallait bien reconstituer le couple -M- / Paradis... alors qu'une chanteuse à voix aurait été plus adaptée au rôle. Ceci dit, la bande son n'est pas désagréable à écouter.
J'ai aussi remarqué quelque chose au niveau du mouvement des lèvres des personnages. Il faudrait que je revoie le film pour vérifier si c'est systématique, mais il me semble que l'animation est adaptée à l'anglais. Ainsi, lorsque l'héroïne dit "d'accord", j'ai eu l'impression que ses lèvres formait plutôt "all right", de même "earth" quand elle a dit "terre". Bon, je n'ai pas trop creusé, parce que j'avais envie de bien profiter du film, mais cela me turlupine tout de même. (On pourrait s'amuser à imaginer quels artistes vont donner leur voix dans la version anglophone... à moins que l'on ne juge le couple français suffisamment "bankable" ?)
Cela reste un divertissement réussi, visible par tous (et ne partez pas trop vite... le générique de fin réserve une ou deux surprises). Le site internet est lui aussi très sympa.
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vendredi, 21 octobre 2011
Publireportage politique dans "Le Saint-Affricain"
La presse payante perd des lecteurs, en partie parce que nombre d'entre eux préfèrent lire gratuitement ce qu'ils peuvent trouver sur internet plutôt que de payer pour un journal en lequel ils n'ont pas forcément confiance. Ben oui... Les journalistes, qui savent souvent beaucoup de choses, en révèlent en général assez peu à leurs lecteurs, soit parce qu'ils sympathisent avec des politiques et des industriels (c'est ce que l'on appelle la connivence), soit parce qu'ils ont peur de mesures de rétorsion de la part de ceux-ci... ou de leur rédac' chef.
Néanmoins, parfois, la complaisance est poussée un peu loin. Il me semble que c'est le cas du numéro de mercredi 19 octobre de l'hebdomadaire (récemment devenu gratuit) Le Saint-Affricain. Voici ce qui est annoncé en "une" :
Compte tenu de la surface rédactionnelle qui lui est consacrée dans le journal et de la place qui lui est dévolue en première page, on peut considérer cet article comme étant le plus important du numéro de la semaine. Il est signé "V.S.", sans doute Valérie Schmitt, l'un des membres de l'équipe du Saint-Affricain.
Pourquoi parler de "complaisance" ? Après tout, l'idée de base (suivre une journée du député - premier vice-président du Conseil général) n'est pas mauvaise. Elle n'est toutefois guère originale ; elle a même été le support d'une petite vidéo de présentation (lénifiante) diffusée sur LCP, et dont j'ai parlé dans un billet du 5 janvier dernier.
L'article commence fort :
Nous avions convenu d’un rendez-vous, c’était un vendredi. Arrivée à sa permanence à Millau à 8h30, je pensais bénéficier d’un café avant d’entreprendre ce qui me semblait être une journée marathon. Et bien que nenni ! A mon arrivée Alain Marc était déjà en rendez-vous.
Quel exploit ! Sérieusement, les millions d'actifs (nettement moins rémunérés que M. le député) qui sont déjà au travail à cette heure-là n'y verront aucun motif d'admiration. Soit la journaliste est sincère, et dans ce cas on peut la soupçonner d'avoir, à la base, une assez mauvaise opinion du travail d'un élu, soit elle simule la surprise dans le but de mettre en valeur le député. Et puis... quand bien même il commencerait à 5 heures du matin... C'est le travail effectué qui compte. Il pourrait ne s'y mettre qu'à 10 heures que cela ne me dérangerait pas (à la limite), si ce qu'il fait est utile à la société. De surcroît, il n'y aucune prise de recul de la journaliste quant au comportement de la personne qu'elle suit : il est là pour faire bonne impression (et il aurait tort de ne pas essayer de le faire, après tout).
Dans la suite de l'article, plusieurs remarques viennent confirmer ce parti pris en faveur du député. Il est ainsi question de coups de fil (qu'on imagine nombreux) sur le téléphone portable d'Alain Marc qui viennent interrompre la discussion avec son assistant parlementaire (dont je me demande s'il ne lui arrive pas, de temps à autre, d'intervenir sur divers sites internet sous un pseudonyme philosophico-géométrique...). On apprend indirectement que nombre de solliciteurs ne passent visiblement pas par sa permanence ou ses assistants pour le contacter. La fin de l'article en remet une couche sur l'emploi du temps démentiel du député - premier vice-président du Conseil général. S'il y en a que cela effraie, je propose une solution : une nouvelle loi (plus stricte) sur le cumul des mandats. Ainsi, nous permettrions à nos chers élus, de droite, de gauche et d'ailleurs, de mener une vie familiale plus sereine (s'ils en ont l'envie) et de se consacrer davantage à leur mandat principal (voire unique).
Le problème est que l'on a du mal à voir ce qui ressort véritablement du travail de l'élu. L'article, qui ne dresse peut-être pas un portrait fidèle à la réalité, donne surtout l'impression que le député - premier vice-président du Conseil général entretient ses relations publiques et se montre là où il faut se montrer (sur les chantiers routiers, auprès des maires ruraux, des agriculteurs etc.).
Le choix des exemples n'est d'ailleurs pas le résultat du hasard, selon moi. On prend soin de nous signaler que le premier rendez-vous de la journée a pour objet le domaine social. Eh, oui ! Il faut bien mettre en tête du lecteur moyen que l'élu UMP est du Parti Radical (vous savez, ce parti dont la figure charismatique vient de renoncer à concourir à la prochaine élection présidentielle contre je ne sais quel plat de lentilles). D'ailleurs, jamais dans l'article il n'est précisé qu'Alain Marc est membre de l'UMP, alors qu'il est fait allusion à son intervention auprès du gouvernement. (On a presque l'impression qu'il est dans l'opposition !) Cela serait gênant : une partie des problèmes de ses électeurs vient de mesures prises par une majorité à laquelle il apporte ses suffrages à l'Assemblée nationale. Mais, là encore, ô surprise, jamais l'article ne fait état de son travail au Palais Bourbon, celui pour lequel pourtant il est grassement payé. (Seule, en fin d'article, une citation semble indiquer que les séjours parisiens ne sont perçus que comme pourvoyeurs de subventions...)
Les autres rendez-vous permettent de mettre en valeur l'action de la majorité départementale de Jean-Claude Luche. Il est donc évidemment question des travaux routiers. On n'apprend rien sur le travail concret d'Alain Marc, mais on sort de là en se disant que le Conseil général est vraiment géré par des types bien. (N'est-ce pas l'essentiel, après tout ?)
On ne s'étonnera pas non plus que, parmi les nombreuses activités du député d'une circonscription rurale, un coup de projecteur soit mis sur le soutien à l'agriculture. Pas n'importe laquelle toutefois. Il est fait allusion à la construction de lacs collinaires, censés régler les problèmes de sécheresse... selon la FNSEA. Il n'est nullement fait mention des impacts environnementaux de ce genre de pratique, présentée ici comme LA solution. A ce sujet, plutôt que de "l'agriculture de demain", l'élu aurait été mieux inspiré de parler de "l'agriculture d'hier".
Ensuite, on reste dans le classique avec le soutien affiché à l'enseignement privé, ici agricole à rythme adapté. Son collègue Yves Censi est dans la même démarche de l'autre côté du département, pas toujours avec succès toutefois. Dans ce domaine, il faut reconnaître qu'Alain Marc fait preuve d'un bel éclectisme, puisqu'il a effectué (sauf erreur de ma part) une grande partie de sa carrière au sein de l'Education nationale.
Rappelons aussi qu'il a fait valoir ses droits à la retraite à 53 ans, information qui ne figure pas dans l'encadré "CARTE D'IDENTITE" de l'article du Saint-Affricain :
Comme souvent, le diable se niche dans les détails... non pas ceux qui sont donnés, mais ceux qui sont absents de l'article. Ainsi, la fiche insiste lourdement sur les racines aveyronnaises du député - premier vice-président du Conseil général... oubliant de préciser qu'il est né à Paris. Pourquoi ne pas le dire ? Il n'y a là rien d'infamant... à moins que cela ne soit considéré comme gênant ? Le fait que seules les scolarités primaire et secondaire soient mentionnées va dans le même sens. Si le (futur) député est né à Paris (parce que son père y travaillait), il y a de fortes chances qu'il y ait suivi (au moins partiellement) sa scolarité en maternelle. Là encore, l'insistance mise sur le parcours aveyronnais semble cacher une gêne (injustifiée ?) vis-à-vis du parcours parisien.
Vous me direz que ce ne sont là que des points de détail, mais leur accumulation, dans un article qui précède de moins de dix mois un scrutin législatif, laisse à penser que le journal s'engage du côté de l'élu dont il trace un portrait exclusivement louangeur.
22:54 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, médias, presse
samedi, 15 octobre 2011
La Grotte des rêves perdus
J'ai fait un peu de route pour voir cet étonnant documentaire, consacré à l'un des lieux emblématiques de l'art préhistorique en France, la grotte Chauvet (du nom de l'un de ses découvreurs). Le paradoxe est que, même si Arte et le ministère de Culture français ont contribué au financement, c'est un film anglo-saxon, dans lequel les intervenants français s'expriment le plus souvent dans la langue de Shakespeare.
Le déroulement suit une trame chronologique. Le début n'est pas en 3D, parce qu'il s'agit de la première prise de contact avec la grotte, caméra amateur en main. Puis, on entre dans le vif du sujet : l'équipe cinématographique a été autorisée à suivre la mission scientifique (seule autorisée à pénétrer dans la grotte). A la fin, elle a même eu droit à une semaine de rab', sans la présence des experts, mais accompagnée d'un guide.
Sur grand écran, en trois dimensions, c'est absolument magnifique. La technologie choisie permet de restituer les effets provoqués par l'utilisation de la forme et des aspérités des parois. La musique d'accompagnement est jouée principalement au violoncelle et à la flûte. Elle alterne avec des parties chantées, d'inspiration religieuse... parce que nous nous retrouvons dans une sorte de cathédrale.
Après nous avoir expliqué les circonstances de la découverte de la grotte, la voix-off (celle de Volker Schlöndorff dans la version que j'ai vue) nous emmène, en compagnie du réalisateur Werner Herzog, à la découverte de ses principales oeuvres artistiques. Les explications des scientifiques (notamment celles de Jean Clottes) complètent utilement l'approche sensitive que l'image transmet.
Ainsi, on est d'abord face à ces mains positives, dont on finit par apprendre qu'elles appartiennent au même homme, qui a le petit doigt cassé... ce qui va permettre d'identifier son apport aux autres créations situées dans la grotte.
L'un des endroits les plus montrés est cette paroi sur laquelle ont été dessinés des taureaux, des chevaux (magnifiques, aux détails très travaillés... ce qui est d'autant plus remarquable que ces oeuvres, situées dans la partie sombre, ont été réalisées à la lumière de torches rudimentaires !) et des mammouths.
Plus loin se trouve la représentation de félins, des lions des cavernes, dont on déduit que, contrairement à leurs cousins de la savane africaine, ils ne portaient pas de crinière.
Intriguante est cette représentation d'un pubis féminin en présence d'un être mi-taureau mi-homme. Elle est dessinée sur une stalactite isolée, rendue inaccessible aux visiteurs pour protéger le sol qui l'entoure, riche en restes divers. On finit par en avoir une vue plus détaillée dans le dernier tiers du film, grâce à une petite caméra.
On aurait aussi aimé en savoir plus sur les ours des cavernes, dont on aperçoit les crânes ou les mâchoires. L'un de ces crânes faisait visiblement l'objet d'un culte. Plus étonnantes sont ces marques de griffures, sur lesquelles les hommes préhistoriques ont dessiné... ou qui parfois, au contraire, recouvrent des oeuvres humaines plus anciennes.
C'est l'une des leçons de ce film : dans cette grotte le temps ne s'est pas écoulé de la même manière que nous le percevons aujourd'hui. Les humains ont pu l'occuper à des époques diverses, parfois séparées de milliers d'années. Le miracle est que les dessins aient pu être conservés, sans doute grâce à l'effondrement d'une paroi rocheuse, qui a obstrué l'entrée.
22:12 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma, histoire
mercredi, 12 octobre 2011
Vent de folie à la ferme
Sous ce titre sont regroupés trois courts-métrages d'animation très différents les uns des autres. Leur seul point commun est de mettre en scène des paysans. Signalons aussi qu'il s'agit d'une création iranienne.
Le premier s'intitule Le Canard et le fermier. La technique employée est la pâte à modeler, à l'image de ce que l'on a déjà pu voir en Occident avec les aventures de Wallace et Gromit. Comme toute fable, il comporte une morale. L'histoire oppose le paysan entretenu et le canard travailleur, le tout sous l'oeil des autres animaux, qui vont peut-être finir par intervenir...
Le deuxième film est, à mon avis, le moins réussi des trois. C'est Le Trésor. C'est un dessin animé, dont la qualité n'est pas sans rappeler le premier long-métrage tiré des aventures d'Astérix. C'est donc rudimentaire et assez répétitif. Là aussi il y a une morale claire, mais l'histoire n'est à mon avis pas aboutie.
On nous a gardé le meilleur pour la fin. Le Robot et le fermier a été construit avec des techniques modernes. Le résultat est très réussi sur la forme. L'intrigue est aussi plus travaillée, toujours avec une morale derrière... et c'est très souvent drôle ! J'ai beaucoup aimé ce film.
17:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 10 octobre 2011
Le cochon de Gaza
C'est une coproduction internationale (occidentale dans son financement), tournée en hébreu, arabe et anglais. Le ton balance entre la comédie drôlatique (qui penche tantôt vers Jacques Tati, tantôt vers Woody Allen) et la fable politique... jamais très loin du drame.
Le principal ressort comique est la présence bruyante et obsédante d'un sympathique cochon vietnamien, intrusion ô combien dérangeante dans un territoire dont la population (qu'elle soit musulmane ou juive) ne mange pas de porc !
Le personnage principal (interprété avec talent par Sasson Gabai, déjà remarqué dans La visite de la fanfare) est une victime : son domicile est "squatté" par des soldats israéliens (à l'image de son pays), son travail (la pêche) pâtit du conflit (qui lui interdit de s'éloigner des côtes pour trouver de quoi remplir ses filets), sa vie quotidienne est fortement dépendante des élites locales, bourgeois du Fatah ou du Hamas à qui il doit le respect.
Deux femmes adoucissent le tableau : son épouse, ménagère vigilante, et une Israélienne qui tente d'élever des cochons, assez ouverte d'esprit. Toutes deux sont interprétées avec beaucoup de justesse.
Paradoxalement, son salut financier va peut-être venir de ce cochon qu'il n'ose pas tuer (la tentative, pitoyable, donne lieu à une séquence mémorable, qui commence dans l'arrière-boutique d'un coiffeur)... et des juifs installés à proximité (l'action se situe juste avant l'évacuation de la bande de Gaza). C'est un double paradoxe, volontairement mis en scène. Derrière cela, on sent le propos œcuménique : les gens "normaux" sont prêts à s'entendre, ce sont les fanatiques et les crétins des deux camps qui empêchent la solution d'émerger. Ainsi, le soldat israélien et la ménagère palestinienne communient dans la même passion pour une telenovela brésilienne... mais ont des points de vue très différents sur les personnages !
Le plus scabreux survient quand le héros se décide à mettre en œuvre le seul moyen capable de renflouer ses finances (je me garderai bien de dire lequel... sachez qu'il est question d'un liquide... qu'un soldat israélien se risque à boire !). Cette comédie un peu déjantée est (à mon avis) ce qu'il y a de plus réussi dans le film.
Mais le drame n'est pas loin. La représentation du poids des fanatiques n'est pas sans rappeler ce qui se passe dans Paradise now. Un événement survient aux deux tiers du film, qui en change le ton. La dernière demi-heure sort un peu de la réalité. On appréciera ou pas cette fin originale.
P.S.
On profitera de cette fin en extérieur, qui permet de voir un peu plus à l'écran la fameux cochon, pour constater qu'il s'agit... d'une femelle ! (On voit ses tétines.) Elle s'appellerait Charlotte et a parfaitement assumé le rôle d'un mâle !
00:59 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
samedi, 08 octobre 2011
Du gros, du land... du Groland !
L'émission du samedi 8 octobre foisonne de trouvailles. Après un rapide hommage à feu Steve Jobs, on démarre par un reportage de Gustave de Kervern, qui a trouvé quelqu'un capable de prédire sans risque d'erreur le résultat de la primaire socialiste :
On continue avec un entretien avec l'épouse (enceinte) du président du Groland, Carlita, qui raconte par le détail combien son cher et tendre est expert en botanique... ta mère !
Le coeur de l'émission est occupé par un fait divers, lié à la chasse. Les amateurs verront comme une parenté avec le célèbre sketch des Inconnus, où il est question de galinette cendrée. Mais l'équipe de Groland pousse le bouchon encore plus loin...
Vient ensuite une page culturelle, qui traite du changement de dessinateur de la BD Astérix. Un Grolandais serait pressenti, dont le talent paraît évident :
Lui succède un sujet de société : doit-on ou non bannir le terme de "mademoiselle" du français courant, pour cause de sexisme ? C'est une nouvelle recrue du journal, Elsa Barrère, qui s'y colle, avec un tact et une délicatesse qui n'ont rien à envier à ceux de ses collègues masculins...
On passe alors à un peu de théâtre, avec une nouvelle étoile montante de la scène francophone : Johnny.
Arrive enfin Michael Kael, qui s'est penché sur le phénomène Autolib', auquel, à la stupeur générale, il adhère complètement, pour des raisons très particulières...
Le ton devient encore plus sardonique avec le sujet consacré à la musique industrielle et à ses procédés de fabrication. Cela nous mène à un petit jeu : sur l'image suivante, où se trouve le seul véritable chanteur ?
Que l'on se rassure : l'équipe de Groland ne se laisse pas toujours happer par la facilité. Ainsi Francis Kuntz semble avoir beaucoup payé de sa personne pour enquêter, de manière approfondie, sur l'affaire DSK :
Un peu plus loin, on découvre aussi, en avant-première, quelques images d'un film consacré à un homme de médias des plus connus, Patrick Poivron-d'Accord (soupçonné de plagiats) : L'Homme qui pompait celle qui le pompait.
Si toutes ces émotions vous ont donné soif, la fine équipe de Canal + vous propose de l'étancher avec une nouvelle boisson d'origine animale :
22:28 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, humour, actualité, france, internet, vidéo
Présumé coupable
Voici donc le film consacré à l'affaire d'Outreau. Il ne nous en donne qu'une vision partielle, à travers le cas de l'un des accusés (et condamnés, ce qui est pire) à tort, Alain Marécaux (qui a écrit un livre sur ce qui lui est arrivé). C'est filmé en caméra objective, même si, à quelques reprises, le réalisateur passe en caméra subjective.
Le titre retourne l'un des principes fondamentaux de la justice, la présomption d'innocence, qui a été dans cette affaire singulièrement bafouée. On suit le calvaire d'Alain Marécaux alors que la procédure judiciaire est déjà bien en route. On ne nous montre pas ce qui a précédé, notamment le processus qui a conduit policiers et juges à se persuader de la culpabilité de cet huissier de justice.
C'est l'une des forces du film : montrer que la machine judiciaire peut broyer n'importe qui, même quelqu'un de bien introduit dans le système. A cet égard, l'évolution des relations entre le héros et l'un des procureurs est particulièrement éclairante. J'ai encore en mémoire une scène, au cours de laquelle Philippe Torreton (absolument fantastique dans ce rôle... futur César) regarde avec intensité celui qui fut quasiment son collègue... et qui ne le connaît plus désormais. D'un autre côté, on peut comprendre que la justice veille à faire preuve de la même sévérité avec tous... à condition qu'ils soient coupables.
Je ne connaissais pas le réalisateur, Vincent Garenq, mais je trouve qu'il fait preuve d'une grande habileté. Fait rare dans le cinéma français, les scènes de famille, notamment avec les enfants, sont bien tournées, les acteurs bien dirigés.
Le film se veut aussi pédagogique : on découvre le travail de la Police judiciaire et du juge d'instruction, le traitement infligé aux "présumés coupables" qui, s'ils ne sont pas battus, sont méprisés et victimes de harcèlement moral. Le but est de faire craquer les suspects : en France, on garde encore une forte culture de l'aveu.
Vient ensuite la phase de prison. Je pense qu'on ne nous montre pas tout... mais on en voit suffisamment : une cellule surpeuplée, avec la promiscuité, la saleté... et la peur de prendre un mauvais coup.
L'étape suivante est la grève de la faim menée par Marécaux-Torreton. L'engagement de l'acteur (qui a perdu 27 kilos... moins toutefois que le vrai Marécaux) y est perceptible. On touche à quelque chose qui dépasse cette affaire et qui dépasse le film. J'ai repensé à Hunger.
Ne croyez cependant pas que tout repose sur les épaules de l'acteur principal. Tous les autres sont brillants, de Noémie Lvovsky (l'épouse qui perd pied) à Wladimir Yordanoff (l'avocat), en passant par l'étonnant Raphaël Ferret en juge Burgaud. (On l'avait découvert en geek de la police dans la série Profilage.) Les seconds rôles, qui ne sont pas forcément tenus par des professionnels, sont aussi très bons.
Bref, en ce moment, c'est le film français à voir.
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vendredi, 07 octobre 2011
La presse aveyronnaise en évolution
Elle s'organise autour de deux pôles. Le premier, dominant dans le département, est celui des Journaux du Midi (passés sous la coupe du Groupe Sud-Ouest). Le navire amiral est Midi Libre, mais le plus lu dans l'Aveyron est Centre Presse, qui penche plutôt à droite. Ce groupe connaît des difficultés, dont il a été fait état dans Centre Presse le 4 octobre, dans un article intitulé "Journaux du Midi : un plan de transformation du groupe".
Du coup, un appel à la grève a été lancé. C'est le quotidien de Montpellier qui semble le plus menacé par les réductions d'effectif, qui sont d'autant plus mal perçues que, d'après Le Figaro, si la situation s'est dégradée en 2011, le bilan 2010 était bon.
Dans l'Aveyron, deux hebdomadaires dépendent de ce groupe : Le Journal de Millau et (indirectement) Le Saint-Affricain. ("Philosophiquement", on pourrait y a jouter le Bulletin d'Espalion, un indépendant dont certains contributeurs ne me semblent pas sans lien avec Centre Presse.) Le premier semble bien se vendre, mais, depuis plusieurs mois, le site internet (qui permettait d'accéder -de manière limitée- à une partie du contenu rédactionnel) a été mis en sommeil. Au contraire, Le Saint-Affricain semble avoir misé sur le numérique (son site est bien fourni). C'est lié à son changement de statut, puisque de payant il est devenu gratuit, avec davantage d'espace publicitaire. Son directeur s'en est expliqué sur la radio Totem.
C'est là que j'ai eu la puce à l'oreille. S'il est affirmé que le projet remontait à janvier 2010, je constate une curieuse coïncidence : la nouvelle version gratuite du Saint-Affricain date du 23 avril 2010 (le dernier numéro payant étant paru le 16 avril), soit à peine plus d'un mois après le lancement, sur le Grand Rodez, de l'hebdomadaire Le Ruthénois.
Vous allez me dire : quel lien peut-il y avoir ? Eh bien Le Ruthénois est un "petit frère" du Progrès Saint-Affricain, un indépendant qu'on sent proche de La Dépêche du Midi (plusieurs journalistes travaillent pour les deux), elle plutôt de gauche. Les Journaux du Midi ont paraît-il très mal pris l'arrivée du nouvel hebdomadaire sur le Piton. La transformation du Saint-Affricain en gratuit à plus fort tirage (imprimé à Montpellier...) ne pourrait-elle pas s'analyser aussi comme une sorte de croche-pied tendu au Progrès ?
La manne des annonceurs publicitaires n'est pas infinie, on le sait, surtout en période de crise. (Cela a d'ailleurs sans doute conduit les gérants du gratuit A l'oeil à le transformer de quinzomadaire en mensuel.). Tenter de monopoliser cette source de revenus est un moyen d'étouffer la concurrence. De la même manière, l'avancement du jour de parution (du jeudi, comme le Progrès, au mercredi) pourrait se comprendre comme une mauvaise manière pour récupérer une partie du lectorat et des annonceurs du concurrent.
Le second pôle de presse aveyronnais ne semble pas péter le feu non plus. Le navire amiral, La Dépêche du Midi, se vend plutôt dans l'Ouest du département et sur Decazeville, d'après mes informations, où est aussi bien implanté l'hebdomadaire Le Villefranchois, qui fait partie du même groupe, et qui vient de rénover sa formule. L'an dernier, une rumeur a circulé sur le non-remplacement d'une personne sur le départ, voire sur la fermeture du bureau de Rodez. Ceci dit, le site internet de La Dépêche est, à mon avis, le meilleur toutes publications confondues.
Au niveau des ventes, les hebdomadaires proches du quotidien de Toulouse (Le Ruthénois et Le Villefranchois) ne semblent pas atteindre les scores de leurs confrères aveyronnais. Par contre, le "navire amiral" lui, se vend globalement mieux que Midi Libre et surtout, il s'appuie sur un bon réseau d'abonnés, qui représentent 53% de ses ventes, contre 39% pour le quotidien de Montpellier. (Notons que, sous cet aspect, le record est battu par Centre Presse, avec 77% d'abonnés !)
Tout cela pour dire que la presse aveyronnaise, riche et assez diversifiée, me semble être d'une santé précaire...
02:55 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias
jeudi, 06 octobre 2011
L'Aveyron, gros dégueulasse
Dans le département, l'année 2010 a notamment été marquée par la polémique née de la fermeture du site du Burgas, à Sainte-Radegonde (commune située à la périphérie immédiate de Rodez) et l'ouverture du quai de transfert (provisoire) à Sébazac-Concourès. L'hebdomadaire local Le Ruthénois s'est penché à plusieurs reprises sur cette affaire, notamment dans le numéro 5, le numéro 7 et le numéro 12.
En gros, je n'ai rien à ajouter aux billets écrits l'an dernier (ni à ma -modeste- contribution au site Aligorchie). Le changement survenu depuis cette date est le début de la construction du quai de transfert définitif, sur le territoire de la commune de Sainte-Radegonde... après bien des péripéties.
Et puis, voilà-t-y pas que Le Monde s'en mêle ! Le numéro daté du jeudi 6 octobre contient un article (signé Gilles van Kote) consacré aux départements contraints d'exporter leurs déchets (chez les voisins). Il est illustré par une carte fort intéressante :
J'ai retouché l'image de manière à mieux mettre en valeur certaines zones. Ainsi, on remarque qu'il ne semble pas y avoir de lien entre la démographie des départements et leur capacité à traiter eux-mêmes les déchets produits par la population qu'ils abritent.
En effet, parmi les départements dont on pense qu'ils n'auront pas, en 2015, la capacité à traiter leurs déchets (entourés de rouge), on trouve aussi bien le Nord (le plus peuplé du pays), le Rhône (avec Lyon), la Moselle et les Alpes maritimes que le Sud du Massif Central (avec l'Aveyron au coeur de la zone...).
De la même manière, parmi les départements dont la capacité est estimée suffisante (avec des points verts), on trouve aussi bien ceux de l'agglomération parisienne (Paris et la petite couronne) et la Gironde que les plaines du Bassin parisien et les marches Nord et Est du Massif Central.
La couleur politique ne semble pas plus être un facteur explicatif. Reste le dynamisme des élus (et leur sens des priorités), qu'ils soient de gauche, de droite ou d'ailleurs. Or, dans l'Aveyron, force est de constater que les deux camps ont l'esprit tourné vers des projets aussi dispendieux qu'inutiles (le musée Soulages pour la gauche du Grand Rodez, le barreau de Saint-Mayme pour la droite départementale).
22:34 Publié dans Politique aveyronnaise, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, médias, environnement, écologie