vendredi, 13 avril 2012
Colonel Blimp
C'est une réédition, celle d'un film de Michael Powell, sorti initialement en 1943. Il se présente sous la forme d'un long retour en arrière biographique, qui nous offre un panorama de l'histoire internationale (vue du côté britannique) de la première moitié du XXe siècle.
Ce long retour en arrière nous ramène à la séquence du début du film, qu'on ne voit plus du tout sous le même angle. On en sait plus sur les personnages qui y figurent. C'est habile. (N'oublions pas que cela a été tourné il y a environ 70 ans.)
On suit donc Clive Blimp de la guerre des Boers à la Seconde guerre mondiale, en passant bien entendu par la première. Les relations avec l'Allemagne (et un Allemand en particulier, incarné avec brio par Anton Walbrook) sont au coeur de l'intrigue. Cela commence par un drôle de duel, continue par un mariage, la capture de prisonniers et finit par un retour au pays.
La première partie du film fait découvrir au spectateur non initié la mentalité nationaliste dans laquelle baignaient les associations étudiantes (et la majorité des élites) sous le IIe Reich. Le film évite toutefois de tracer un raccourci entre le militarisme prussien et le nazisme. Il propose néanmoins une intéressante mise en perspective.
Ces quelque 2h40 (avec 1h30 de rêve au début) passent vite aussi parce que les dialogues sont très bien écrits, émaillés de traits d'humour. Les personnages se "chambrent"... et font aussi preuve (parfois) d'autodérision.
La personne-clé de ce film n'est paradoxalement pas le héros, un peu Matamore, mais l'actrice Deborah Kerr, qui incarne trois personnages successifs : l'indépendante fille de bonne famille britannique qui tente de faire carrière à Berlin, l'infirmière future épouse dévouée et le chauffeur intrépide du vieil officier. Elle excelle dans les trois rôles... et introduit une touche féministe inattendue dans cette histoire au prime abord très masculine. Ce film de 1943 était, de ce point de vue, plutôt en avance sur son époque.
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jeudi, 12 avril 2012
Le Policier
Ce film israélien est construit en trois parties. La première nous présente un groupe de jeunes hommes très sportifs, la seconde une bande d'étudiants rebelles, la troisième mène à la confrontation des deux.
L'habileté de la mise en scène ne permet pas à un spectateur ignorant de l'intrigue de déduire immédiatement que le groupe de mecs est composé exclusivement de policiers, membres d'unités d'intervention (genre le R.A.I.D.). Ils ont la trentaine, sont musclés (sauf l'un d'entre eux, dont on apprend vite qu'il a un cancer). Ils semblent très soudés, très virils (et va-z-y que je flanque une tape dans le dos, et c'est parti pour une accolade entre mecs... on s'attend presque à les voir se rouler des pelles, tellement ils ont l'air de s'aimer). Les femmes sont secondaires dans cet univers : elles sont les compagnes (plutôt effacées) de ces messieurs et portent leur progéniture.
Le portrait de groupe n'est donc pas unilatéral. On perçoit le rôle dominant de l'un d'entre eux et la pression qui existe pour que les individus se soumettent au clan. Il est même question de faire porter le chapeau d'une bavure à celui qui est gravement malade, histoire que personne ne soit sanctionné !
L'objectif du réalisateur est de montrer que l'autre groupe, quoique très différent en apparence, fonctionne sur des schémas semblables. On y trouve aussi un chef charismatique (un fils de bourges qui se la joue rebelle), ainsi qu'un acolyte dévoué, un puceau amoureux (couvé par son papa)... et une jeune femme ténébreuse, révoltée, au regard intense, incarnée par Yaara Pelzig. On sent que son personnage a été inspiré par certains membres de la Fraction Armée Rouge.
Mais, si cette actrice éclabousse l'écran de son talent, on ne peut malheureusement pas en dire autant des autres. J'ai beau ne pas comprendre l'hébreu de la version originale (sous-titrée en français), j'ai pu me rendre compte que certains dialogues sonnent faux, que le ton des acteurs n'est pas toujours naturel. Cela nuit à l'intérêt du film, qui se termine de manière assez prévisible.
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mardi, 10 avril 2012
The Plague Dogs
Les Chiens de la peste est un film d'animation datant de 1982, jamais sorti en France avant aujourd'hui. Attention : ce n'est pas pour les tout petits. Ces chiens sont un terrier (peut-être un jack russel) et un labrador, qui parviennent à s'échapper d'un centre d'expérimentations animales.
La première séquence nous "met dans le bain" : ces animaux sont torturés. On est d'ailleurs sidéré par la manière neutre dont l'un des scientifiques (dont on ne voit jamais le visage) raconte, plus loin dans le film, les expériences que son laboratoire impose aux animaux. Je me demande si les auteurs n'ont pas voulu que les spectateurs fassent le rapprochement avec les camps nazis. Il n'est pas non plus impossible que ce film ait inspiré une partie de La Planète des singes : les origines.
Le titre fait référence à la crainte des humains : que les animaux échappés du laboratoire y aient contracté le virus de la peste, puisqu'il semble que des expériences ultra-secrètes y sont menées à ce sujet. Le bien-être animal ne vient qu'en second, quand il est abordé.
Notons que l'histoire nous est racontée du point de vue des animaux. L'un des deux chiens, Snitter, a la voix de John Hurt, very British ! Ils rencontrent d'autres canidés, ainsi que des moutons, qui deviennent leur proie de prédilection. En cela, ils sont aidés par un curieux renard, fourbe à première vue, mais qui va s'avérer une aide précieuse.
Les animaux et leurs mouvements sont dessinés avec un grand soin, ce qui fait que cette animation n'a pas trop vieilli. Il aurait peut-être fallu retravailler la bande son. Les décors sont moins aboutis que ce que l'on a pris l'habitude de voir dans les productions japonaises, par exemple.
L'histoire est dure. Celui qui semble avoir le plus souffert est Snitter, qui a connu un maître bon, mais dont il a provoqué (involontairement) la mort. Parvenus à regagner la liberté, les deux chiens jouent leur survie. On ne nous cache pas comment ils se nourrissent. Ils finissent même par manger de la chair humaine (celle d'un chasseur payé pour les abattre), passage escamoté dans la version courte du film.
On peut comprendre la toute fin de plusieurs manières, mais c'est quand même globalement triste. Il reste un plaidoyer efficace contre la vivisection.
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lundi, 09 avril 2012
La Dame en noir
Daniel Radcliffe tente de sortir du personnage d'Harry Potter dans ce film d'épouvante dont l'action est principalement située dans le fin fond de la campagne britannique. Il est épaulé par une brochette de seconds rôles chevronnés, à l'image de Ciaran Hinds (récemment vu dans La Taupe, L'Affaire Rachel Singer, Life during wartime) et de Janet McTeer (épatante dans Albert Nobbs).
Ceux qui ont vu beaucoup de films de ce genre ne seront pas surpris par le déroulement de l'histoire. On comprend même assez vite de quoi il retourne. Les effets de terreur sont classiques, soulignés par une musique idoine.
Le ressort de l'intrigue est religieux, comme souvent dans ce type d'oeuvre anglo-saxonne. Ceux dont le corps n'a pas été retrouvé et ceux qui se sont suicidés deviennent des âmes errantes. La clé se trouve dans une injustice ancienne, à laquelle le héros se doit de remédier. Le jeune employé d'une étude de notaire va donc mener une sorte d'enquête... à ses risques et périls. Mais il faut dire qu'il n'a pas trop le choix (il est au bord du licenciement) et que la perte de sa femme le rend -au départ, du moins- peu sensible aux "histoires de bonne femme" qui circulent à propos du manoir et de cette mystérieuse dame.
Voilà un personnage à part entière de ce film : le manoir. A marée haute, il est isolé du reste du monde. Il a son propre cimetière, son jardin... et surtout ses marais, si dangereux. Il regorge de pièces tantôt closes tantôt ouvertes. Certaines dissimulent des secrets. Cette bâtisse est une sacrée trouvaille ! Et la réalisation la met bien en valeur. De manière générale, c'est filmé avec beaucoup de soin, joli à voir, avec de multiples effets. Cela compense le caractère convenu de l'intrigue... même si la fin nous réserve une petite surprise.
Cela donne un divertissement de bonne facture, d'environ 1h30.
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dimanche, 08 avril 2012
My Week with Marilyn
Le paradoxe de ce film est qu'il est à la fois consacré à un mythe (l'actrice qui incarna jadis le summum de l'érotisme féminin) et à une femme fragile. Il nous présente le côté cour et le côté jardin.
Il associe des acteurs britanniques et américains. Parmi les premiers se distinguent Kenneth Branagh (en Laurence Olivier), Judi Dench et Emma Watson... oui, Hermione dans Harry Potter ! Côté américain, Michelle Williams fait une prestation remarquable... qui n'est pas due qu'à sa plastique (fort appétissante). On a déjà pu admirer son talent dans La Dernière Piste. Elle est ici d'une troublante ressemblance avec M. Monroe... peut-être plus jolie encore, même si elle ne "dégage" pas autant que son modèle.
Lorsque M. Williams joue l'actrice, elle est à mon avis moins convaincante que lorsqu'elle interprète la femme, dans le "civil". Je fais partie de ceux qui ont vu les films de Marilyn et, un peu comme certaines personnes face au Coluche interprété par François-Xavier Demaison, si je note la performance d'acteur, je reste gêné par rapport au personnage d'origine.
Deux séquences m'ont particulièrement marqué. La première voit la vedette passer l'après-midi en compagnie du narrateur de l'histoire, l'homme à tout faire du réalisateur. La seconde montre les deux tourtereaux fuyant la pesanteur des lieux de tournage, pour une journée champêtre, un brin érotique. Michelle Williams excelle ici à faire revivre la jeune femme éprise de fantaisie et de douceur.
Le tour de force du réalisateur est d'avoir tourné un film qui peut intéresser aussi bien les admirateurs que les non admirateurs de Marilyn Monroe. Les premiers y retrouveront sa fraîcheur, sa spontanéité, sa faiblesse, plus ou moins simulée. Les seconds y verront la confirmation qu'elle n'était pas une grande actrice, juste une fille superbe, qui prenait bien la lumière et qu'on a utilisée comme une vivante "machine à cash".
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samedi, 07 avril 2012
2 days in New York
4 ans et demi après le drôlissime 2 days in Paris, Julie Delpy revient, sans Adam Goldberg, avec un nouveau petit copain, Chris Rock... et une famille toujours aussi frappadingue.
La situation familiale a toutefois quelque peu changé. Un jeu de marionnettes-chaussettes est chargé de nous l'expliquer, au début. Nous sommes à la place de l'enfant auquel maman raconte le passé récent. (On retrouve ce petit jeu à la fin, pour nous relater les dernières évolutions.)
On retrouve donc papa Delpy, qui n'a pas changé. Il est peut-être un peu moins excessif que dans le premier film, ce dont on ne se plaindra pas. La sœur est aussi de retour. Elle est toujours aussi pétasse, jalouse de son aînée, allumeuse voire nymphomane. Elle amène avec elle un horrible blaireau, sorte de beauf de gauche, crétin et suffisant. (Alexia Landeau et Alexandre Nahon rendent vraisemblables ces personnages hautement inintéressants.)
Julie Delpy ne se donne pas forcément le beau rôle, comme dans le premier volet. Elle a pris quelques kilos et ne fait pas preuve d'une grande recherche dans son habillement. (Elle prend néanmoins soin de préciser qu'elle n'est pas sans atouts, entre sa jolie poitrine et sa maîtrise de la caresse bucco-génitale...) Ceci dit, cette fois-ci, ce n'est pas autour de ses ex que tourne le débat, mais du comportement de la troupe familiale, certes attachante, mais franchement envahissante, voire sans-gêne.
Cela nous donne une kyrielle de moments savoureux, entre les quiproquos linguistiques, les a priori culturels respectifs et les coups du sort qui semblent s'accumuler. (La meilleure trouvaille scénaristique est sans doute le mensonge autour de la maladie de l'héroïne, de son invention -à cause d'une scène d'ascenseur- à l'inattendu dénouement autour de ses photographies !)
J'ai toutefois trouvé cela un peu moins drôle que 2 days in Paris. La première raison est que le couple formé par la frangine et son copain est vraiment insupportable. J'ai d'ailleurs été ravi de voir partir le type un peu après la moitié du film. Il a aussi manqué un fil rouge narratif. Le film accumule les saynètes comiques, mais le liant n'est pas assez développé.
Ces moments foufous méritent quand même à eux seuls que l'on se déplace. Je pense notamment à cette séquence au cours de laquelle il est question de la bite du garçon. Le grand-père se voit débordé par le débat virulent qui oppose ses deux filles, les deux "chiffonnières", comme il les a appelées dans le repas.
P.S.
Il n'est pas impossible que Julie Delpy ait aussi cherché à faire passer quelques messages à ses amis Frenchies. Dans ce film, nos compatriotes passent vraiment pour des gens à la ramasse, nombrilistes et arrogants. Dans le milieu "bobo" que fréquente Delpy des deux côtés de l'Atlantique, les Américains semblent être partis de plus loin, mais il ont peut-être plus progressé...
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jeudi, 05 avril 2012
Les Pirates, bons à rien, mauvais en tout
La "patte" des studios Aardman (créateurs de Wallace et Gromit et Chicken run, entre autres) se retrouve dans cette animation qui mélange pâte à modeler et images de synthèse.
Les héros forment une bande de pirates d'opérette, qui amasse bien peu de butin et qui, quand elle réussit à prendre le contrôle d'un navire, s'aperçoit qu'il s'agit, au choix, d'un bateau de lépreux, d'un vaisseau fantôme ou d'un navire-école !
Le capitaine est fait du même bois. C'est une sorte de Matadore gentil, à la barbe fleurie. Il est secondé par un lieutenant qui tient la baraque. Le reste de l'équipage n'est pas aussi réussi. Signalons toutefois une femme à barbe... et un dodo, qui va se retrouver au coeur de l'intrigue.
Le patron de cette fine équipe voudrait enfin remporter le titre de "pirate de l'année", statuette à la clé (il s'agit bien entendu d'une allusion aux Oscars, le film étant lui-même une gigantesque métaphore du monde du cinéma). Sur son chemin, il croise Charles Darwin... et finit par rencontrer la reine Victoria, qu'on croirait tout droit sortie d'Alice au pays des merveilles.
C'est vivant et truculent, plein de clins d'oeil, de détails qui font sourire, voire rire. Les "grands" peuvent s'amuser à relever les invraisemblances et les anachronismes. Les petits rient aux ridicules du Capitaine Pirate, apprécient les rebondissements. Ceux qui sont un peu plus âgés peuvent goûter toute la saveur des cartons du domestique-singe muet (qui ressemble curieusement à celui que l'on voit dans Un Monstre à Paris...).
C'est bien fichu, enlevé, pas vulgaire. On passe un bon moment, sans plus. Mais c'est déjà ça !
00:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 02 avril 2012
L'Hiver dernier
La titre sous-entend que le film est construit sur un retour en arrière. Il faut aussi le comprendre comme l'expression "jugement dernier" : il s'agit du dernier hiver pour ce jeune éleveur attaché aux traditions et à une certaine idée de l'agriculture.
Cependant, le réalisateur n'a pas choisi de donner un tour militant à son propos. Il est souvent contemplatif, pour le plus grand plaisir du spectateur calé dans l'un des confortables fauteuils de la salle 2 du cinéma le Club à Rodez. Les paysages sont magnifiques. Lever et coucher de soleil sont à couper le souffle. Mais il faut reconnaître que l'action n'est pas trépidante.
On nous fait comprendre que, par son attachement aux traditions (certains diraient son entêtement), le héros Johann passe à côté de plein de choses. Il laisse ainsi filer l'occasion de rendre son élevage plus profitable et n'approfondit pas sa relation sentimentale avec la charmante Anaïs Demoustier.
Comme le film a été tourné en partie en Aveyron, on croise quelques belles Aubrac, mélangées à d'autres races. (Il m'a semblé reconnaître des Limousines... mais je ne suis pas aussi compétent en la matière que Bruno Lemaire !) Normalement, un éleveur de races à viande du Nord Aveyron aurait dû s'engager dans une démarche de qualité (Boeuf Fermier Aubrac ou Fleur d'Aubrac). Mais le réalisateur a voulu rester dans le flou quant au territoire concerné et à l'orientation de l'exploitation. On saura juste qu'il vent ses veaux.
Notons qu'un éleveur de La Terrisse a conseillé le réalisateur, ainsi qu'il le précise dans un entretien publié dans le dossier de presse téléchargeable sur le site de son distributeur français, Le Pacte :
Au-delà de la beauté de certaines scènes (la messe en pleine montagne, l'incendie d'un bâtiment d'élevage), le film, à mon avis, tourne à vide... et l'on sort de là un peu déçu. Si vous êtes amateur-trice de film rural, je vous conseille plutôt l'original Bovines... et surtout le fantastique polar belge Bullhead.
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vendredi, 30 mars 2012
Cloclo
C'est l'histoire d'un garçon choyé par sa mère. Il essaya de compenser par des talonnettes une taille qu'il jugeait trop petite. Il aimait tout ce qui brillait et tenta d'utiliser à son profit les médias qui ne furent pas tous dociles. Il tomba amoureux, plusieurs fois, fut rejeté mais aussi parfois ignoble avec les dames. Né dans un milieu aisé, il connut une forme de dégradation sociale et voulut prendre sa revanche. Il eut du mal à se faire accepter du milieu dans lequel il fit carrière...
Si je m'arrêtais là, d'aucuns pourraient penser que je sors d'un nouveau film consacré à notre exubérant président de la République. Il est pourtant question de Claude François.
Je ne suis ni fan ni nostalgique de l'épopée du "roi de la pop" française, mais ma jeunesse a été bercée en partie par ses chansons (maman était une Big Fan)... ainsi que par celles de Gilbert Bécaud (côté papa), que l'on croise dans ce film.
On peut d'ailleurs mettre au crédit de ce long-métrage la qualité de la reconstitution du contexte musical de l'époque. On entend certes souvent les interprètes originaux, mais les acteurs que l'on croise de temps à autre réussissent à ressusciter qui Johnny Hallyday, qui Frank Sinatra, qui Otis Redding.
Les deux meilleurs sont sans conteste Jérémie Renier et Joséphine Japy, qui incarnent Cloclo et France Gall, sans doute le plus fort des couples mis à l'écran. La seconde est une actrice à suivre. On connaît mieux le premier, que l'on a déjà pu voir exceller dans La Promesse, Le Pacte des loups ou encore Violence des échanges en milieu tempéré. La presse s'est ébahie devant la ressemblance physique, finalement pas si parfaite, en dépit du travail sur la coupe de cheveux, les sourcils et la bouche. L'acteur est néanmoins parvenu à rendre vraisemblable sa composition d'un personnage faible et énergique, tour à tour généreux et odieux. On ne peut que se réjouir que ses fils aient soutenu un film qui ne verse pas dans l'hagiographie.
La partie la plus étonnante est sans conteste la jeunesse égyptienne. Le garçon est coincé entre un père (Marc Barbé, déjà présent dans L'Ennemi intime, impeccable) employé de la compagnie du canal de Suez -du temps où elle était "tenue" par les Européens- et une Mamma aimante (fabuleuse Monica Scattini). Il baigne un peu dans la culture arabe. Le départ, en 1956, est vécu comme un déchirement (à l'image de celui des pieds noirs d'Algérie)... et uniquement montré du point de vue européen. (Cette jeunesse égyptienne fut évoquée, par Claude François et Dalida, dans une émission de télévision de 1969.)
La séquence suivante, qui montre les débuts du jeune homme entreprenant, mais pas couronné de succès, est aussi touchante. Elle nous introduit dans le monde du spectacle, de Monaco à Paris. On est attendri par le garçon propre sur lui, presque obséquieux, qui pense à offrir des chocolats à chaque fois qu'il rencontre le directeur de la maison de disques !
C'est à ce moment-là que l'on comprend pourquoi il a fallu 2h20 pour mener ce biopic à terme : les scènes de la première partie permettent de comprendre le profil psychologique de celui qui va devenir une vedette du showbiz et un homme à femmes, autant de choses qu'il n'est pas au début.
On découvre sa méticulosité compulsive, son irritabilité, sa jalousie maladive, son besoin de reconnaissance. On redécouvre ses "tubes"... et d'autres chansons, comme Le Nabout Twist, une curiosité ! On suit l'homme d'affaires, qui lance un journal pour jeunes, une agence de mannequins et surtout sa propre maison de disques.
Le film est peuplé de femmes, jeunes en général, toutes folles de Cloclo à un moment ou à un autre. Les Français du début du XXIe siècle seront sidérés de voir que cette immense vedette se déplaçait souvent sans garde du corps, laissant ses fans accéder au pas de sa porte, à sa voiture et à l'entrée de ses bureaux ! C'était vraiment une autre époque...
Les curieux observeront les débuts d'un autre phénomène du monde du spectacle français, Paul Lederman (qui, plus tard, prit sous son aile Coluche puis Les Inconnus), interpété par un Benoit Magimel surprenant ! (Notons que Florent Emilio Siri a encore puisé dans le vivier d'acteurs de L'Ennemi intime.)
La réalisation est inégale. J'ai trouvé réussies les scènes de spectacle et certains moments liés à une foule (celle des fans, celle des spectatrices ou encore celle des invités d'une sauterie). Les moments intimes ne sont pas toujours à ce niveau. Certains face-à-face sont un peu décevants.
Par contre, la bande musicale est judicieusement distillée. Il y a bien sûr les incontournables, comme Cette année-là, Belinda, ou encore Le Lundi au soleil. J'ai bien aimé l'usage parfois à contretemps de la bande son : ce que l'on voit à l'écran ne correspond pas forcément à ce que l'on entend. Il y a matière à réflexion. Plus intéressante encore est la genèse de certains titres : Belles belles belles (qui marque le début du succès), Comme d'habitude (chanson culte, sorte d'acmé dans la relation qu'entretient Claude François avec la variété anglo-saxonne) et Magnolias for ever (écrite par Étienne Roda-Gil). Cette dernière est l'occasion de nous montrer le chanteur faire assaut d'humour, déclarant enregistrer pour la première fois un titre dont il ne comprend pas toutes les paroles ! Peu auparavant, on l'a vu raconter son entrevue avec le célèbre parolier. Toute son habileté transparaît dans cette scène, où Jérémie Rénier finit par donner de son personnage une interprétation qui n'est pas sans le rapprocher de Bernard Tapie.
Cependant, ne comptez pas sur ce film pour obtenir des révélations sur la mort du héros. On s'en tient à la scène de douche, pas super réussie soit dit en passant. Pas de godemiché en vue !
On conclut sur une note plus gaie : LA chanson que tout le monde s'attendait à entendre plus tôt dans l'histoire.
22:45 Publié dans Cinéma, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, musique
dimanche, 25 mars 2012
38 témoins
Lucas Belvaux a adapté le roman de Didier Decoin, Est-ce ainsi que les femmes meurent ? (lui même inspiré d'un fait divers). L'histoire, survenue aux Etats-Unis à l'origine, a été transplantée au Havre.
Le travail dans le port est l'objet de plusieurs scènes du film, d'une incontestable maîtrise formelle. On y voit de grands porte-conteneurs, des bateaux-pilotes, des grues de (dé)chargement. C'est le domaine d'Yvan Attal - Pierre Morvand, taciturne, qui semble trouver dans cette activité plutôt solitaire un apaisement à ses tourments intérieurs.
Parce que Morvand fait partie des 38 personnes que la police cherche à contacter, dans une enquête sur le meurtre d'une étudiante, commencé en pleine rue et achevé dans l'entrée d'un immeuble, vers 3 heures du matin. Le problème est que personne n'a rien vu, rien entendu, à l'exception d'un type qui s'est rendu sur son balcon, pour se plaindre du tapage nocturne.
Il apparaît bien vite qu'il est impossible que personne n'ait rien vu, rien entendu. L'un des intérêts du film est donc de montrer comment la vérité va émerger. Une journaliste, brillamment interprétée par Nicole Garcia, va jouer le rôle d'accoucheuse, aux forceps si besoin est.
A cela se superpose l'histoire du couple Morvand. C'est la partie la moins réussie du film. Les dialogues sonnent souvent faux... et Yvan Attal comme Sophie Quinton m'ont paru laborieux.
Les seconds rôles sont eux très bons. Parmi eux, on peut distinguer François Feroleto (en flic marmoréen travaillé par le doute), Natacha Régnier, épatante en mère célibataire qui a peur de (presque) tout, Patrick Descamps, que l'on a l'habitude de voir exceller, et Didier Sandre, qui nous la joue un peu Didier Bezace.
La séquence la plus impressionnante est située à la fin du film. Il s'agit de la reconstitution, minutieuse, qui permet à certains personnages (ainsi qu'aux spectateurs) de réaliser ce qui s'est passé la fameuse nuit, juste avant que l'action du film ne commence. Impressionnant.
12:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 24 mars 2012
Questions sur l'affaire Mohamed Merah
Au départ, quand j'ai entendu des personnes remettre en cause le sérieux du travail des services de renseignement français, j'ai tiqué. A priori, si l'on se réfère à la chronologie des événements, on ne peut au contraire que se féliciter de la célérité de l'action de la police.
En effet, le premier parachutiste a été abattu le 11 mars à Toulouse, les deux autres le 15 à Montauban. Dans le premier cas, on pouvait soupçonner un crime crapuleux. Quatre jours plus tard, la coïncidence des meurtres devait faire réagir les services de renseignement. Mais, dans un premier temps, l'hypothèse d'un meurtrier d'extrême-droite a pu paraître plausible : les victimes sont de "type arabe" et le régiment concerné, le 17e du génie parachutiste, s'est fait remarquer naguère par sa capacité à intégrer les opinions les plus extrêmes... Le Canard enchaîné s'est laissé prendre, publiant dans le numéro du 21 mars un article allant dans le sens de cette hypothèse, que l'on sait aujourd'hui erronée :
(Au passage, on aimerait savoir qui dit vrai, de la presse officielle qui affirme que les trois néo-nazis ont été radiés ou de l'hebdomadaire satirique, qui sous-entend qu'ils n'ont pas été reniés par la grande famille de l'armée.)
La DCRI a finalement mis cinq jours à retrouver Mohamed Merah, évitant sans doute qu'il ne commette de nouveaux crimes... mais, ceux du mois de mars étaient-ils pour autant inéluctables ? La question peut paraître grossière, mais l'examen de l'affaire soulève quelques questions.
Il y a d'abord l'histoire de la filière de recrutement pour l'Irak, démantelée en 2007, jugée en 2009. Le frère aîné de Merah, Adbelkader, a été soupçonné (peut-être à tort) d'en faire partie, mais surtout l'un des protagonistes était proche d'eux : il s'agissait du fils du nouveau compagnon de la mère des deux hommes.
Le frère aîné, a priori pas impliqué dans cette affaire, n'en a pas moins un profil suspect : c'est un intégriste, qui se dit fier des actes commis par Mohamed Merah. Dans le coffre de sa voiture, on a retrouvé des explosifs, la semaine dernière... et l'on vient d'apprendre qu'il est mêlé au vol du scooter qui a permis à l'assassin de perpétrer ses forfaits.
A cela s'ajoute une plainte déposée contre le futur tueur en série, le 25 juin 2010, par une Toulousaine dont le fils avait été brièvement séquestré par Mohamed Merah, qui lui aurait passé des vidéos djihadistes d'une grande violence. Il aurait aussi agressé la plaignante et sa fille. (Quand on vous dit que les intégristes sont de grands féministes...)
La même année, puis en 2011, Merah aurait effectué deux séjours en Afghanistan et au Pakistan. (Attention toutefois : l'information est contestée... peut-être parce que les autorités afghanes comme pakistanaises en ont marre de voir leur pays systématiquement associé au terrorisme international.) Il est désormais clairement identifié comme un sympathisant d'Al Qaida, interdit de vol aux Etats-Unis.
On continue ? En janvier 2011, entre les deux séjours au Moyen-Orient, Mohamed Merah est contrôlé par la police, à son appartement toulousain, pour une querelle de voisinage. Pas de quoi mettre la puce à l'oreille de la DCRI. L'anecdote est intéressante, parce qu'elle révèle la présence d'une autre personne, un homme plus âgé de 15 ans, un Français né en Algérie.
Il est vrai que l'antiterrorisme n'a pas les moyens de suivre tous les faits et gestes des centaines de jeunes hommes au profil inquiétant qui vivent en France métropolitaine. Mais, avec le recul, on se dit que celui-là aurait dû davantage attirer son attention.
Je termine sur une note tragi-comique : les conséquences d'une regrettable homonymie... parce qu'il existe d'autres Mohamed Merah en France ! L'un d'entre eux vit dans le Nord. C'est un boxeur, qui a déjà été confondu avec le tueur par des journalistes étrangers sans doute peu professionnels... (Douai et Toulouse ne sont tout de même pas des villes voisines !) Un autre homonyme est lyonnais. Malheureusement pour lui, il est aussi d'origine algérienne et a le même âge que l'assassin. Il y aurait même une certaine ressemblance physique entre les deux hommes ! Il y en a qui n'ont vraiment pas chance !
12:33 Publié dans Politique, Proche-Orient, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société
vendredi, 23 mars 2012
La Dame de fer
La critique "de gôche" n'a pas aimé ce film, plutôt pour des raisons idéologiques, même si parfois des arguments cinématographiques ont été avancés.
On peut commencer par aborder l'aspect non polémique du long-métrage. C'est techniquement bien fait, quoique les effets mélodramatiques soient par instants trop appuyés. Nous sommes priés de compatir au désarroi d'une veuve qui n'arrive pas à faire le deuil de son époux (un type qu'on nous représente comme rigolo et fou amoureux d'elle... c'est dire si elle a raison de le regretter !), une mère incomprise, dont le fils chéri semble peu se préoccuper (mais le film se garde bien de préciser à quel point Mark Thatcher est un personnage douteux).
Meryl Streep est épatante. Elle supporte avec une facilité étonnante les tonnes de maquillage et les prothèses dont on l'a affublée... mais surtout (en version originale sous titrée, of course !) elle a réussi à se débarrasser de son accent américain et à acquérir cette voix chevrotante, haut perchée, caractéristique de l'ancienne occupante du 10, Downing Street.
Du coup, elle réussit à la rendre parfois sympathique, trop même. Ceux qui ont connu cette époque, quels que soient leurs préjugés politiques, se rappellent à quel point elle pouvait être odieuse et injuste dans ses attaques. Meryl Streep s'en est d'ailleurs presque excusée quand elle a répondu aux questions de la presse, après avoir reçu le Golden Globe 2012, disant avoir voulu transmettre "a compassionate view of someone with whom I disagree" (une vision compatissante de quelqu'un avec qui je suis en désaccord).
Je pense que ce film mérite quand même le détour, pour la qualité de la narration et, pour un public français, (re) découvrir l'un des modèles politiques de Nicolas Sarkozy (même s'il a aussi pioché ailleurs). Tout ce qui concerne la jeunesse de Margaret Roberts est très bon. C'est une autre actrice qui s'illustre dans ces scènes, Alexandra Roach, excellente en jeune fille de boutiquier, reçue à Oxford, qui va rencontrer l'amour en même temps qu'elle va bousculer le monde compassé et machiste de la politique britannique. On ne l'a pas dit assez, mais ce film est encore plus violent à l'égard des membres du Parti conservateur qu'à l'égard de ses adversaires travaillistes. Je rassure toutefois les lecteurs de droite : la gauche est uniformément représentée comme une bande de vieux cons archaïques !
La critique a mal accueilli l'angle féministe du film... parce que Thatcher ne l'était pas. Certes. Mais sa réussite n'en constitue pas moins la preuve qu'une femme issue de la petite bourgeoisie, sans piston particulier, peut accéder aux plus hautes fonctions et se montrer aussi impitoyable, aussi tenace, aussi intransigeante que le plus "burné" des politicards de sexe masculin.
Pour moi, le film n'est pas malhonnête parce que les défauts comme les échecs de M. Thatcher ne sont pas tus mais, comme l'action est plutôt montrée du côté de l'héroïne, on ne peut pas dire que l'aspect critique soit très approfondi...
Il reste le portrait de l'animal politique, à mon avis réussi.
13:53 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film, histoire
jeudi, 22 mars 2012
In memoriam...
18:31 Publié dans Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société
dimanche, 18 mars 2012
Exposition au musée Fenaille
Le musée a des réserves bien garnies, dans lesquelles il a pioché pour nous proposer ses "Curiosités et merveilles", dans une exposition visible jusqu'au 20 mai 2012.
Dans la première salle, il est question de la IIe République. Un drapeau tricolore "Liberté Egalité Fraternité - Vive la République", brandi sur les barricades de 1848, un peu amoché, a atterri en Aveyron (en 1852). A côté de lui, on a disposé des fragments du gilet de l'archevêque de Paris, monseigneur Affre, né à Saint-Rome-de-Tarn, tué sur les barricades en juin 1848. (Il a sa statue place de la cité, à Rodez.)
Sur le mur opposé se trouve une étrange bannière, offerte à l'Aveyron en 1849 :
Dans l'exposition, c'est l'autre côté qui est montré, sur lequel est écrit "République française - A l'Aveyron - Les Pyrénées-Orientales". Cet objet est lié à un procès en cour d'Assises, qui s'est tenu à Rodez en 1849 : six Perpignanais, défendus par l'Aveyronnais Louis Bouloumié (fils d'un ancien maire de Rodez, qui a développé la station thermale de Vittel), ont été acquittés... alors que les autorités avaient sans doute pensé qu'un jury issu de ce département conservateur aurait immanquablement condamné des insurgés républicains.
Cette première salle est remplie d'objets collectés en Afrique et en Amérique, au XIXe siècle principalement. Cela va d'un bouclier touareg à des parures (dorsale et pectorale), en passant par des statuettes, des sagaies, des gourdes et un poignard. Les donateurs sont des militaires ayant opéré outre-mer, des médecins / infirmiers, des religieux, des fonctionnaires coloniaux ou des commerçants.
Dans les salles suivantes, l'Asie est plus présente. On est saisi par la minutie du travail qui a conduit à la fabrication de la maquette d'une jonque, en ivoire, bois et tissu :
Elle est accompagnée de pipes et boîtes à opium, rapportées d'Extrême-Orient... par un missionnaire !
Mais la plus belle pièce est sans conteste le portrait d'une jeune Chinoise, sur verre :
(Cette minable capture d'écran ne rend absolument pas compte de la beauté de l'objet, saisissante.)
La salle du bout contient d'autres objets rapportés d'Afrique (une cartouchière notamment), d'Asie ou d'Amérique (des pointes de flèches), ainsi que des éléments inclassables, comme un tatou... et un cochon à cinq pattes (venu de la commune aveyronnaise d'Espeyrac) :
Sur place, il faut bien tordre le cou pour apercevoir l'animal en entier. A-t-il été tué jeune pour rejoindre une collection ?
Cet aspect morbide est contrebalancé par une grivoiserie : un jeton de maison close, dont la gravure est très explicite... (Si vous voulez en savoir plus, allez voir l'expo, bande de cochons !)
Les curieux s'attarderont aussi sur une drôle de bonbonnière, censée contenir de la terre placée dans les fondations de la colonie romaine, il y a plus de 2 000 ans.
Signalons que la première salle contient elle aussi quelques "perles", comme le couteau de chasse du contrebandier Mandrin (à la bande duquel un film a été récemment consacré) :
Comment ce couteau est-il arrivé en Aveyron ? Tout ce que je peux dire est qu'un noble local a joué un rôle dans le "transfert" de l'objet...
Plus douteuse est l'origine du pommeau de canne (accompagné de son fac-similé) réputé ayant appartenu à Adelard de Flandres, fondateur mythique de l'hôpital d'Aubrac :
Bref, cette exposition est passionnante, plus riche encore que ce que laisse entrevoir le sujet diffusé sur France 3 Quercy-Rouergue. Elle invite aussi à retourner aux collections permanentes du musée, des statues-menhirs aux pièces de monnaie frappées à Mexico, en passant par la cité gallo-romaine et la chevalerie.
12:20 Publié dans Aveyron, mon amour, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, histoire, culture, art, afrique
samedi, 17 mars 2012
La Désintégration
C'est le nouveau film de Philippe Faucon, un réalisateur peu connu du grand public, mais qui a déjà livré des œuvres marquantes, comme Samia (sur une jeune "beurette" de Marseille) et La Trahison (qui a pour cadre la guerre d'Algérie).
Tourné en partie à Saint-Ouen, ce film se veut une description de la "galère" que subissent les jeunes Français d'origine (nord)africaine, surtout les garçons, plus discriminés encore que les filles sur le marché du travail. C'est aussi un portrait de famille, avec un père hospitalisé, usé par des années de travail ingrat, une "mère courage" traditionaliste, finalement assez ouverte, une fille qui semble s'en sortir et deux fils aux parcours qui vont diverger.
L'autre versant du film, qui explique son titre, est la coupure qui s'installe progressivement entre certains jeunes hommes et la société française. Ils se font embrigader par un petit malin (Yassine Azzouz, inquiétant). La fine équipe est composée d'un ancien délinquant (en quête de rachat... et de protection contre la police), d'un "Français de souche", récemment converti (ce sont les pires...) et d'un étudiant en galère (Rashid Debbouze -oui, le frère de l'autre- excellent).
La grande qualité de ce film est la montée de tension qu'il réussit à installer en finalement peu de temps, sans qu'on ait l'impression que l'action soit menée sur un rythme particulièrement rapide. Les dialogues sont très bien écrits. Il lui manque peut-être des éléments de contexte : cette cité HLM de la région parisienne ne semble pratiquement pas connaître de trafic de drogue (Faucon a sans doute voulu sortir des clichés) et ces "relégués de la société" ont quand même tous un logement dans lequel les fenêtres sont à double vitrage. Les hommes possèdent un téléphone portable (et pas un bas de gamme, apparemment) et l'on voit à plusieurs reprises le héros utiliser dans sa chambre un ordinateur dernier cri. Il y a pauvreté et pauvreté.
Restent des éléments de débat. Le réalisateur ne semble pas vouloir prendre parti sur les événements internationaux qui nourrissent la haine de l'Occident (le conflit israélo-palestinien, l'invasion de l'Irak, la guerre en Afghanistan, la dérive des régimes corrompus nord-africains - on est avant le "printemps arabe"). Par contre, le film comporte plusieurs scènes de dialogue sur la religion musulmane, plutôt bienvenues... ce qui a d'ailleurs chagriné ceux qui auraient voulu d'une œuvre à sens unique, qui aurait été moins complexe (et moins intéressante).
09:46 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, société
vendredi, 16 mars 2012
La Taupe
Ce film est adapté du roman éponyme de John Le Carré (qui fait de la figuration dans une scène), dont le titre originel est Tinker, Tailor, Soldier, Spy. Dans les deux cas, il est question de trahison au plus haut niveau dans les services secrets britanniques. Il semble que l'histoire soit inspirée des méfaits de Kim Philby (et de ses amis de Cambridge), qui a d'ailleurs sa tombe à Moscou.
Ce film d'espionnage a une intrigue assez complexe, à l'image des relations troubles qui lient nombre de personnages. On est dans la dissimulation, la manipulation, le billard à trois bandes. Qui manipule qui ? Untel qui agit ainsi est-il conscient qu'il est manipulé ? Fait-il semblant ? Il faut vraiment s'accrocher pour suivre l'intrigue !
Pourtant, l'histoire n'est pas menée tambour battant. Gary Oldman incarne un ancien ponte du MI6, Smiley (qu'on ne voit pratiquement jamais sourire !), que l'on va sortir de sa retraite pour essayer de démasquer le traître implanté au plus haut niveau des services secrets britanniques. C'est terrible à dire, mais son manque de charisme (voulu) et sa lenteur réfléchie rapprochent le personnage principal de l'inspecteur Derrick. C'est dire si le rythme n'est pas trépidant...
Ceci dit, c'est très bien joué. Oldman est entouré d'une pléiade d'acteurs "pointus", de John Hurt à Colin Firth en passant par Mark Strong et Benedict Cumberbatch (révélé par la mini-série Sherlock - qui vaut bien mieux que les longs-métrages de Guy Ritchie).
La réalisation est, dirais-je, géométrique. Les plans m'ont semblé construits de manière à se résumer à un enchevêtrement de rectangles, de carrés, de cercles. (Au fait, le siège du MI6 est surnommé The Circus.) L'une des clés de l'intrigue pourrait être un mystérieux tableau, abstrait, que le personnage principal observe de temps à autre.
Une autre limite du film réside dans la résolution de l'énigme. Je ne sais pas si c'est dû au roman mais, normalement, dans tout bon polar (fût-il d'espionnage), des indices sont distillés, permettant au lecteur/spectateur attentif de trouver au moins une partie de la solution avant la révélation finale. Ben là, non. On a bien des soupçons légitimes, qui finissent par se concentrer sur trois ou quatre personnes. Mais, franchement, rien ne permet de désigner le coupable avant que le héros ne parvienne à le débusquer. Cela ne retire pas tout mérite à ce film, mais rend un peu vains les efforts cérébraux fournis pendant plus d'une heure et demie !
12:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
jeudi, 15 mars 2012
Le retour de "Profilage"
La précédente saison s'était achevée sur le (probable) décès du commandant Pérac, frappé par une dingue qui prétendait être la demi-sœur de la psychologue criminelle Chloé Saint-Laurent.
De ce point de vue, on n'en saura pas plus, puisque la nouvelle saison se contente d'évoquer le décès du policier, sans reparler plus de l'affaire. J'espère qu'on nous a gardé cela pour de futurs épisodes, parce qu'il y a de la matière feuilletonnesque... tout comme il y en avait dans la relation ambiguë entre Pérac et Saint-Laurent.
Le début du premier épisode montre la reconstitution d'une équipe. L'héroïne a pris du champ et l'unité est dirigée par un nouveau commandant, encore plus baraqué et brut de décoffrage que le précédent (il fait de la boxe pour décompresser). Il est incarné par Philippe Bas (vu dans L'Assaut). Notons aussi qu'il semble avoir des choses à cacher...
Si l'entrée en matière est plutôt laborieuse, l'équipe reconstituée (avec notamment Raphaël Ferret, qui s'est récemment illustré en juge Burgaud dans Présumé coupable) semble à nouveau fonctionner, entre enquête glauque et comique de situation :
J'apprécie aussi le soin apporté à l'image, à la mise en scène. Même si cela reste modeste, on repère de temps à autre un petit effet, pas gratuit (il a en général pour but de renforcer un aspect comique, ou un côté macabre). Certains plans sont même très jolis :
Les images précédentes sont extraites du premier épisode. Le second fait intervenir un ancien maire un peu louche, incarné par Jackie Berroyer :
23:23 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, médias
dimanche, 11 mars 2012
Le "ribérymètre"
L'Equipe magazine a dressé le palmarès annuel des sportifs français les mieux payés (tous revenus confondus). Pour la première fois, en 2011, c'est Franck Ribéry qui arrive en tête de ce classement, avec 11,4 millions d'euros.
Pour avoir une idée de ce que cela représente vraiment, j'ai divisé la somme par 12. Cela donne 950 000 euros par mois ! En divisant par 365, on obtient... plus de 31 000 euros par jour ! En divisant ce résultat par 24, on arrive à 1 300 euros de l'heure !!! Un SMIC brut ! (Rappelons que le SMIC net n'atteint pas 1 100 euros.)
Le site slate.fr permet de calculer combien de temps il faut à Franck Ribéry pour gagner notre salaire. J'ai fait le test avec mon mensuel net... Résultat : 1h30 (environ) !
En regardant la liste des dix premiers, j'ai été sidéré de la domination des footballeurs : ils sont sept (et 42 dans les 50 premiers selon Le Figaro)... alors que l'équipe de France n'a rien gagné ! Patrice Evra est certes devenu capitaine de Manchester United, qui a gagné le championnat d'Angleterre et atteint la finale de la Ligue des Champions.
Yohann Gourcuff, le mieux payé de ceux qui jouent en France, n'a pas réalisé une saison extraordinaire avec Lyon... tout comme Samir Nasri à Arsenal, mais il semble mieux réussir à Manchester City. Le préretraité Thierry Henry se la coule douce aux States. Karim Benzema et le Real Madrid ont dû se contenter de la deuxième place au championnat d'Espagne et d'une demi-finale en Ligue des Champions. Restent Eric Abidal et Franck Ribéry. Le premier a tout gagné l'an dernier, le second rien, mais il est une pièce maîtresse de son équipe, semble-t-il.
Bref, il semble que ces sommes ne soient guère justifiées par les résultats de ces footballeurs. Et les basketteurs n'ont pas fait beaucoup mieux. L'équipe de France est certes arrivée en finale de l'euro 2011. Mais, au niveau des clubs, ce ne fut pas dément. Boris Diaw et les Charlotte Bobcats ont été écartés des playoffs, dont les Spurs de Tony Parker (pourtant en théorie meilleure équipe de la Conférence Ouest) ont été précocement éliminés.
Ne reste que Sébastien Loeb, septième du classement mais octuple vainqueur du championnat du monde des rallyes. En voilà un palmarès qui a de la gueule !
P.S.
Vous l'avez sans doute remarqué, mais aucune sportive ne figure dans les dix premiers... ni dans les 50 premiers, si 42 d'entre eux sont des footballeurs et que, parmi les autres, on retrouve des basketteurs ainsi que Teddy Riner, Christophe Lemaitre et Sébastien Loeb.
21:42 Publié dans Economie, Société, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, société, actualité, presse, médias
Fukushima, un an après
L'hebdomadaire Courrier international consacre cette semaine un petit dossier papier très intéressant à la catastrophe de Fukushima et à ses conséquences, dossier annoncé en couverture par l'extrait d'un manga inspiré par les événements :
Le coeur du dossier est une longue enquête menée par l'un des principaux quotidiens japonais, Asahi Shimbun : "Le jour le plus long pour les sinistrés". On y découvre la vie quotidienne des habitants d'une zone a priori préservée des radiations (mais qui allait en recevoir une bonne dose), les jours suivant la première explosion dans la centrale. Un groupe de réfugiés a eu le réflexe de partir encore plus loin, incité par la personne qui les accueillait, et qui avait rencontré de curieux hommes en tenues blanches devant chez elle... A lire.
Le numéro papier est richement illustré. Avec le recul d'un an, l'ensemble constitue une bonne base pour comprendre les tenants et aboutissants de cet accident nucléaire majeur.
En flânant sur le site de l'hebdomadaire, on peut trouver d'autres articles, un peu plus anciens, tout aussi intéressants. Du même quotidien a été traduit "Comment un pays irradié est devenu pronucléaire". Sachez aussi que les Etats-Unis ont jadis envisagé la construction d'un réacteur nucléaire... à Hiroshima ! C'était le bon temps de la Guerre froide...
On nous propose en sus une brochette de caricatures internationales. Sur le fond, les deux plus réussies, pour moi, sont celles parues dans un journal autrichien (Der Standard) et un néerlandais (Het Parool) :
Mais, d'un point de vue graphique, je préfère celle parue dans le Philadelphia Daily News, qui recycle la figure de Godzilla, un monstre issu de la culture japonaise contemporaine, dont la naissance est liée à l'énergie nucléaire :
Je regrette toutefois que l'on ne trouve aucun dessin issu de la presse japonaise (ou des blogueurs locaux).
Les Occidentaux ont tendance à parler du "Tchernobyl japonais" (en oubliant un peu vite que l'écrasante majorité des personnes décédées ont été victimes du tsunami). Au pays du soleil levant, on a pu aussi comparer la catastrophe au 11 septembre américain, comme le suggère la couverture de cet hebdomadaire :
Parmi la floppée d'émissions diffusées à l'occasion de cet anniversaire, je me permets de recommander un numéro d'Interception, le magazine de la rédaction de France Inter, "Les enfants de Fukushima", diffusé le 4 mars dernier.
Mais revenons à la catastrophe nucléaire. La perception de sa gravité, aujourd'hui encore, varie selon l'endroit où l'on se trouve. Cela a conduit des blogueurs nippons ("les pirates barbus") à proposer une cartographie ironique de la chose. (Je suis arrivé là grâce à un autre blog, français, consacré à la culture nipponne : Kanpai.)
Ainsi, les habitants de la région du nord-est (où se trouve la centrale de Fukushima-Daichi) imagineraient que la zone sinistrée est assez restreinte, limitée à leur environnement proche :
Les habitants de Tokyo auraient bien conscience que les "dégâts collatéraux" sont plus étendus... mais plutôt vers le nord, pas vers chez eux !
C'est un optimisme que ne partageraient pas les habitants de la grande île du nord, Hokkaido, qui voient plus de la moitié de Honshu contaminée... sans que le détroit de Tsugaru, qui sépare les deux îles, ne soit franchi !
A l'inverse, du côté d'Osaka et de Kobe, si l'on imagine bien Tokyo touchée, on ne croit pas Hokkaido épargnée :
Les plus pessimistes des Japonais seraient les habitants d'Okinawa, une des îles du Sud-Ouest (représentées à droite sur la carte). S'ils imaginent le Japon presqu'entièrement contaminé, ils en exemptent bien entendu sa partie méridionale :
Selon les auteurs du blog, les étrangers n'auraient pas de ces préventions : ils estiment que la totalité du pays est touchée, jusqu'aux îles les plus excentrées :
De la part des auteurs, il faut voir ce dessin comme le résultat des observations faites au moment de la crise : les expatriés ont fui le pays en masse (même si nombre d'entre eux sont restés par solidarité envers leurs collègues japonais), peut-être parce qu'ils étaient mieux informés que les nationaux quant à la gravité de la catastrophe.
Mais le blog se veut surtout critique de l'attitude du gouvernement et de l'entreprise Tepco. Voici qu'elle était l'étendue de la contamination selon les autorités publiques :
Pour la Tokyo Electric Power Company, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes :
Pour terminer sur une note un peu plus joyeuse, je vous conseille de visionner un petit film conçu pour expliquer aux enfants les enjeux de la catastrophe nucléaire... sans trop les alarmer. Alors, Fukushima, caca boudin ou prout-prout ?
14:22 Publié dans Japon, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, médias, actualité, société, écologie, environnement
samedi, 10 mars 2012
Halal : le rapport qui dérange
C'est l'hebdomadaire Le Point qui, il y a trois jours, a lancé la petite bombe sur son site, en publiant l'intégralité d'un rapport (de novembre 2011) du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, au départ censé rester confidentiel :
Ajoutons que la mention "Rapport confidentiel" figure en haut à droite de chaque page. Il n'a fallu qu'un peu plus de trois mois pour que le secret soit éventé. Du coup, le ministère de l'Agriculture a décidé de jouer la carte de la transparence : le rapport est désormais accessible sur son site. Il se veut une étude scientifique, juridique, économique et comportementale de la manière dont se passe le court séjour des animaux dans les abattoirs.
Qu'y apprend-on ? Quelque chose que l'on savait déjà, mais qui a fait l'objet de mesures scientifiques (selon plusieurs critères expliqués dans le rapport) : les animaux souffrent dans un abattoir, d'autant plus que, dans le cadre d'un abattage rituel, ils restent vivants et conscients après leur égorgement, la durée variant en fonction des espèces (pages 16-17 et 33):
Paradoxalement, ce sont donc les porcins, rejetés par les consommateurs de viande halal et casher, qui bénéficient du meilleur traitement... tout comme le cheval.
Ensuite intervient une longue partie juridique, présentant le dilemme au niveau de la juridiction communautaire : il y a clairement conflit entre la liberté religieuse et le respect du bien-être animal (ou plutôt le refus de la "souffrance évitable").
Au passage, le rapport fournit des statistiques récentes sur l'abattage en France (page 27) :
En nombre de têtes, ce sont les volailles qui dominent, devant les porcs. En tonnage, les porcs passent devant et l'on s'aperçoit que les bovins distancent largement les ovins. Le rapport indique ensuite que la rapidité de la cadence d'abattage influe sur le respect des normes et démontre qu'il n'est pas possible que nombre d'abattoirs les respectent.
Viennent alors les chiffres qui font polémique (sur la part prise par l'abattage rituel... un sujet qui a fait la Une jusqu'en Aveyron), calculés à partir d'un sondage effectué dans une quinzaine d'abattoirs (page 28) :
C'est bien plus que la part officielle de l'abattage réellement destiné à la consommation halal ou casher. Il y a donc clairement un risque que l'exception ne devienne la règle, c'est-à-dire que les exemptions accordées pour respecter ce que l'on dit être la liberté religieuse ne conduisent les abattoirs à ne plus tenir compte du bien-être animal, ce qui serait un contournement de la législation communautaire.
Avant même la mise à mort, le traitement des animaux laisse parfois à désirer. Les animaux peuvent être battus, électrisés, pour faciliter (croit-on) leur manipulation. Selon le rapport, ces pratiques ne font que compliquer la tâche du personnel, par méconnaissance du comportement des animaux, dont elles contribuent à accroître les souffrances. De surcroît, en cas de livraison tardive, il arrive qu'un chargement soit parqué à proximité (dans des conditions pas franchement reluisantes), les animaux n'étant même pas nourris (ni les vaches traites) dans l'attente de leur mise à mort, le jour (ou les jours) suivant (s).
Ce rapport mérite aussi le détour pour l'état des lieux qu'il dresse de la pratique de l'étourdissement préalable, en Europe et dans le monde (pages 34-35). On apprend, ô surprise, qu'il est des pays (la Suède, la Norvège, l'Islande et la Nouvelle Zélande notamment) pour l'imposer à l'abattage rituel. Cela conduit à la situation paradoxale suivante : il y a de grandes chances que la viande ovine originaire de Nouvelle-Zélande (qui concurrence fortement la viande française, issue notamment des élevages aveyronnais) provienne d'un animal abattu dans des conditions moins cruelles que dans notre pays... (Espérons que les choses vont changer avec la réouverture de l'abattoir de Saint-Afrique.)
Le Royaume-Uni semble s'engager dans la même voie. Et le gouvernement français ? Le Point s'est amusé à mettre en ligne la lettre envoyée par Nicolas Sarkozy à Brigitte Bardot... en 2006 ! (L'actuel occupant de l'Elysée était à l'époque ministre de l'Intérieur, donc en charge des Cultes.) N'oublions pas que nous sommes en pleine campagne électorale... Un récent décret se borne à restreindre l'abattage sans étourdissement aux seules commandes religieuses, dans des établissements respectant les normes d'hygiène).
D'autres pays (Danemark, Finlande, Autriche) ont choisi une voie intermédiaire : l'étourdissement post-égorgement, qui permettrait de considérablement diminuer la souffrance animale. C'est d'ailleurs l'une des solutions envisagées par les auteurs du rapport : elle serait compatible avec les directives, règlements européens... et les revendications religieuses.
Le rapport se termine logiquement par une série de recommandations avec, en annexe, un rappel des implications religieuses. En lisant attentivement la chose, on découvre que pour certains religieux musulmans, il n'y a pas d'incompatibilité entre l'étourdissement préalable et l'abattage rituel (l'animal, certes inconscient, restant vivant). Il est même officiellement accepté pour les volailles (dans un bain d'eau : voir page 29). Il semble donc possible que des personnes raisonnables puissent arriver à un accord qui satifasse tout le monde.
P.S.
Les amateurs de drogue dure pourront trouver leur bonheur dans deux documents mis en ligne :
- une thèse de 2008, sur la "bientraitance des bovins"
- un (très long) rapport d'expertise de 2009, sur les "douleurs animales" (chez les animaux d'élevage)
13:53 Publié dans Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, économie, actualité, presse, médias
Bullhead
Cette "tête de taureau" est celle de Jacky Vanmarsenille, un éleveur de bovins-viande qui travaille avec son frère sur l'exploitation familiale (où vivent encore leurs parents). Dès le début, on comprend qu'il se passe des choses pas très claires dans le coin. Il est question d'un trafic d'hormones. Ces éleveurs veulent tirer un maximum de profit de leurs bêtes, en un minimum de temps. Du coup, ici, il n'y a pas de mise-bas naturelle en plein champ, comme dans Bovines : on ouvre la mère dans l'étable, pour retirer de son corps un veau qui semble déjà mort...
A ce contexte s'ajoute le personnage du héros, qui semble très perturbé. Le premier tour de force du film est de nous faire changer de regard sur Jacky. Au début, on le prend pour une brute épaisse, sans foi ni loi. On découvre un peu plus tard quel traumatisme il a subi dans son enfance... Il est tantôt filmé comme un humain, tantôt comme un animal, avec notamment ces plans en plongée sur sa tête et son cou (de taureau, forcément). Le drame personnel vient percuter l'histoire du trafic.
Le réalisateur a eu l'intelligence d'éviter les clichés cinématographiques à propos de la petite mafia des hormones, dont les membres, loin d'être idéalisés, sont représentés pour ce qu'ils sont : des crapules. En face d'eux, on a bien du mal à reconnaître les policiers. Sans uniforme, c'est leur humanité qui est mise en scène. Du coup ils apparaissent à l'écran soit comme un groupe concurrent des mafieux, peut-être aussi menaçant pour les héros, soit comme des paumés : ils ont vraiment du mal à s'y retrouver dans cette enquête !
Cela introduit un peu de comédie dans ce film très noir. D'autres scènes permettent de détendre l'atmosphère, avec ces garagistes peu scrupuleux (mais trouillards) que l'on croirait sortis d'un film de Tarantino ou des frères Coen. En arrière-plan de l'action, il y a aussi le contentieux entre Wallons et Flamands, qui complexifie l'intrigue.
J'ajoute que les acteurs sont excellents.
Ce film est donc une excellente surprise, une grande claque aussi. On en avait peu parlé, mais il avait été nommé aux Oscar 2012, dans la catégorie "meilleur film en langue étrangère". Même si l'attribution du prix à Une Séparation ne suscite aucune contestation, je suis d'avis que ce film-là l'aurait tout aussi bien mérité.
A voir, vraiment.
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vendredi, 09 mars 2012
Détournement odieux
Je tiens à remercier Midi Libre, dont la Une de ce vendredi 9 mars m'a inspiré une blagounette d'une grande subtilité, comme vous allez pouvoir en juger :
J'en profite pour conseiller la lecture de ce quotidien qui, depuis une semaine, publie des articles en lien avec les 50 ans de la fin de la Guerre d'Algérie, notamment sur les rapatriés.
22:03 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, médias, actualité, sarkozy, présidentielle
Entre les Bras
Ce documentaire est consacré à Michel et Sébastien Bras (le père et le fils), dont le restaurant, situé à Laguiole, est devenu une référence dans le petit monde de la gastronomie. Dans ce film, il est à la fois question de cuisine, de famille... et de paysage.
Pour moi qui ne suis pas (a priori) amateur de "grande cuisine", la surprise fut de prendre beaucoup de plaisir à ces scènes de construction des plats. (J'avais une de ces faims en sortant de là !) L'action est filmée en plan rapproché ou gros plan, verticalement, de côté, par-dessus l'épaule. Ce n'est pas un artifice de mise en scène. C'était visiblement la meilleure manière de nous faire comprendre le travail de ces personnes passionnées et méticuleuses.
Curieusement, si aujourd'hui, à Rodez, on associe souvent Michel Bras à Pierre Soulages et à la couleur noire (puisqu'il a obtenu de gérer le restaurant du futur musée), dans ce documentaire, c'est plutôt dans le blanc que semble évoluer l'univers brassien. Il y a bien sûr les tenues de cuisinier (toujours impeccables... un peu trop d'ailleurs), les assiettes éclatantes, les salles de travail aux teintes claires, ainsi que le givre et la neige qui recouvrent, de temps à autre, l'Aubrac.
A ce sujet, on est saisi par la ressemblance entre le restaurant japonais et celui de Laguiole. Le bâtiment s'élève comme un monument à la gastronomie, avec ses grandes baies vitrées ouvertes sur un paysage rural, montagneux, sublime.
Ce film est aussi une histoire de famille. Michel passe le relais à "Séba"... mais le chemin de celui-ci n'a pas été pavé de roses ! On sent que la figure tutélaire a pesé sur ses épaules. Il a fallu que le fils s'émancipe sans tuer le père. Et celui-ci, s'il n'a pas le tempérament dominateur de certains fondateurs de dynasties industrielles, ne cède rien à son fils en matière d'art culinaire. Il est son premier (et plus sévère) juge... pour son plus grand bien. Cela nous vaut plusieurs moments comiques, lorsque les deux hommes parlent cuisine et échangent sur la construction des plats.
C'est là toutefois que l'on atteint les limites de ce film. Pour moi, Michel Bras passe mieux à l'écran. Il est vrai qu'il a une plus grande habitude des caméras mais, puisque le réalisateur semble les avoir suivis pendant plus d'un an, on aurait pu s'attendre à ce que le fils soit plus à l'aise. C'est peut-être en raison de sa timidité... que l'on peut mettre au crédit des deux "héros" : ils ont su rester simples... Pourvu que cela dure.
J'ai moins aimé les scènes de famille et celles entre amis. Il y a la séquence de la fête du vin, à Gaillac, qui n'apporte rien. (On y voit trois "importants" pérorer à propos des qualités du fils.) Et que dire de la soirée karaoké au Japon ? Rien, à part que Sébastien Bras a en effet eu raison de se lancer dans la cuisine plutôt que la chanson. Mais le pire est venu du petit moment en famille qu'on nous a ménagé, vers la fin. On y voit Sébastien enseigner la cuisine à ses enfants, sous l'oeil bienveillant de sa compagne. Le petit garçon, toque sur la tête, se lasse vite de la caméra et va se défouler sur sa batterie (pas de cuisine, hein !), qui se trouve dans le salon... à côté du piano, où s'installe maman, en toute décontraction. Et voilà que l'improbable duo embraye sur un morceau de jazz (on nous a épargné le solo de batterie rock adolescent... MERCI !), tandis que papa finit de préparer le repas. Pour que le tableau soit complet, la fille rejoint ce beau monde guitare à la main ! Trop de boboïtude tue la boboïtude...
J'ai davantage apprécié les scènes avec papy et mamie Bras (les parents de Michel). On découvre que le talent culinaire du fils et du petit-fils n'est pas sans s'inspirer des "recettes de grand-mère". C'est aussi le seul moment où Sébastien se "lâche" vraiment : il a passé une partie de son enfance sur l'exploitation de ses grands-parents, heureux comme un roi. Est-il autant épanoui dans sa vie de grand cuisinier ?
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jeudi, 08 mars 2012
Réouverture de l'abattoir de Saint-Affrique
La nouvelle est paru dans l'hebdomadaire gratuit Le Saint-Affricain du 7 mars 2012, page 7 :
Qu'apprend-on ? Tout d'abord, que les travaux effectués ont permis de sortir de l'appellation infamante de "niveau IV", associée aux déboires de l'abattoir sud-aveyronnais... mais la structure réaménagée ne bénéficie que d'un "niveau III" guère plus reluisant. Il est à espérer que les collectivités locales vont continuer à soutenir l'abattoir, pour que son mode de fonctionnement devienne plus respectueux des normes d'hygiène et de bien-être animal.
Ah ben tiens, justement. Il semble que la direction (qui a signé le communiqué paru dans l'hebdomadaire) ait tenu compte de la récente polémique née autour de l'abattage rituel. Elle s'engage à ce que les animaux qui ne font pas l'objet d'une commande halal (ou casher, sans doute) soient étourdis avant d'être tués. C'est une belle promesse, dont il faudra vérifier la mise en application. C'est peut-être quand même annonciateur du fait que cet établissement envisage sa nouvelle carrière sous le signe de la qualité.
20:47 Publié dans Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, presse, actualité, économie
dimanche, 04 mars 2012
Bovines
Les bobos se sont enflammés pour ce documentaire ruralo-animalier original. Pendant une heure, sans commentaire, sans qu'on n'entende pratiquement jamais de voix humaine, c'est le comportement des Charolaises de Normandie qui guide l'action.
Qu'apprend-on ? Tout d'abord qu'une vache, ça meugle ! Au début, on se demande quel peut bien être l'intérêt de ces longues scènes de vagissement. On finit par s'apercevoir qu'elles sont porteuses de sens. Durant la première séquence, les bovins communiquent d'une exploitation à l'autre. Plus tard, un groupe salue celle d'entre elles qui est emmenée par un fourgon (sans doute pour l'abattoir). Les animaux suivent le véhicule pour un dernier au revoir. Saisissant. Cela tourne quasiment au polar quand on voit le petit dernier se perdre dans un pré... avant que le troupeau ne le rejoigne, meuglements à l'appui. Emouvantes sont aussi ces protestations des mères, quand on les sépare de leurs veaux. Après ça, qui pourrait encore défendre l'abattage de ces bêtes sans étourdissement préalable ?
Les gamins adorent ces séquences. Il faut dire que j'ai vu le film à Toulouse, dans une salle remplie de petits citadins. Des vaches, ils ne doivent connaître, à la rigueur, que le meuglement des distributeurs de lait cru, quand ils ont des parents pas trop cons. Mais, à la longue, les marmots s'ennuient devant ce film très beau, mais un peu trop contemplatif pour eux.
Leur intérêt est relancé, parce que figurez-vous qu'une vache, ça pisse et ça chie. Etonnement poli des adultes dans la salle, où les gamins kiffent trop leur race... tout comme certains grands enfants. Ils auront au moins assisté une fois dans leur vie à la naissance d'une bouse.
Cela devient captivant quand il s'agit d'une mise-bas, totalement naturelle, en plein champ. On est témoin d'un accouchement, dans toute sa lenteur et sa difficulté. On voit le veau peiner à se lever et la maman l'encourager à grands coups de langue. C'est peut-être le plus beau moment du film.
Par contre, les longues scènes de broutage ne m'ont pas emballé. C'est un peu répétitif. (La scène du pommier tranche par sa fraîcheur, son étrangeté.) La caméra se fait pédagogique quand, filmant l'encolure de côté, elle montre le déroulement du processus de rumination. Mais il faut être bien attentif pour comprendre de quoi il s'agit.
Bref, c'est un docu sans concession, épatant par moment, parfois ennuyeux. A voir tout de même.
00:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
samedi, 03 mars 2012
Un abattoir halal en Aveyron
Le numéro du Villefranchois de cette semaine comporte un titre accrocheur :
C'est à l'intérieur du premier cahier, page 7, que se trouve l'article. Il fait écho à une polémique née de la diffusion d'un reportage par le magazine Envoyé spécial, il y a un peu plus de quinze jours. Dans le département, c'est surtout la séquence consacrée à l'abattoir de Saint-Affrique qui avait attiré l'attention. Au plan national, le débat était né des propos tenus par Marine Le Pen.
Plusieurs éléments ont nui à la sérénité des échanges. Marine Le Pen s'est un peu emmêlé les pinceaux entre :
- la manière dont sont abattus les animaux (hors porcins) en Ile-de-France
- le devenir des morceaux issus de l'abattage rituel mais pas retenus dans le circuit commercial halal
- l'origine de la viande consommée en Ile-de-France
Elle s'est donc fait taper sur les doigts, notamment par une journaliste de Libération.
Mais les médias nationaux qui se sont insurgés contre l'utilisation de la souffrance animale (incontestable dans le cadre de l'abattage rituel, qu'il soit juif ou musulman) à des fins électoralistes ont négligé les enquêtes de terrain. D'où l'intérêt de l'article du Villefranchois. Il explique ce qu'est l'abattage rituel et évoque le cas de l'abattoir ouest-aveyronnais (récemment passé sous la coupe d'une société d'économie mixte).
La raison donnée pour justifier cette place de l'abattage rituel dans une région où les musulmans sont peu nombreux est d'ordre économique. Mais ne croyez pas que l'hebdomadaire pointe la volonté des gérants de limiter le coût que représente l'étourdissement. Il est plutôt question d'une forme d'adaptation au marché : le fait de vouloir commercialiser le plus de morceaux des bêtes abattues. Or, les commanditaires religieux et non religieux ne s'intéresseraient pas aux mêmes parties des carcasses. Accorder une sorte de priorité à l'abattage rituel permettrait de "rentabiliser" au maximum les carcasses, certains morceaux des bêtes abattues rituellement entrant dans le circuit halal (ou casher), les autres rejoignant les circuits commerciaux traditionnels, sans que leur origine particulière ne soit mentionnée.
Si j'avais mauvais esprit, je ferais le lien entre le gros titre de l'hebdomadaire aveyronnais et un petit article situé dans le second cahier, page 23 :
Je sais bien que, dans ce cas, ce n'est pas l'application aveugle d'une règle d'inspiration religieuse qui est à l'origine de la manière de tuer l'animal... mais, d'après vous, le cochon souffre-t-il moins que la vache égorgée à l'abattoir ?
P.S.
Contrairement à ce que j'ai affirmé dans un billet de décembre dernier, Le Villefranchois n'est pas un hebdomadaire confidentiel. C'est, d'après l'OJD, le plus vendu dans le département, avec 8 500 exemplaires par semaine en 2011, loin devant Le Journal de Millau (environ 6 100 exemplaires, tout comme Le Progrès Saint-Affricain), le Bulletin d'Espalion (un peu moins de 5 500) et Le Ruthénois (autour de 2 000 exemplaires vendus chaque semaine).
P.S. II
La campagne contre l'abattage rituel, lancée par la Fondation Bardot en 2011 (et dont j'avais parlé à l'époque), se poursuit sur la Toile.
01:20 Publié dans Economie, Presse, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, france, presse
vendredi, 02 mars 2012
Portrait au crépuscule
Le titre de ce film russe est à prendre au propre comme au figuré. De manière symbolique, il décrit une Russie sombre, où règne le chacun pour soi, comme peut en témoigner l'errance de l'héroïne le soir de son agression. Au sens propre, il s'agit d'une photographie prise sur un toit, à la tombée du jour, par cette même héroïne. Le sujet est l'un de ses agresseurs.
On commence par suivre un trio de flics violeurs. La seconde victime, l'héroïne, ne veut pas en rester là. Mais son état traumatique lui fait prendre conscience du vide de sa vie de tous les jours. Elle habite avec un "mec gentil" (qui la trompe et qu'elle trompe, avec un gros con). Son papa a de la thune et elle exerce un métier qui lui plaît (à mi-chemin entre l'assistante sociale et la pédopsychologue)... mais où elle se trouve confrontée à la misère du monde.
Elle se met en quête de ses agresseurs... et cela ne se passe pas comme on a pu l'imaginer.
Attention, la suite révèle des éléments clés de l'intrigue.
Marina se met à suivre celui de ses trois agresseurs qui semble ne pas l'avoir violée (pas facile à déduire dans le noir, ça). Elle semble sur le point de le frapper... mais se jette dans ses bras ! Elle finit par s'incruster chez lui, devient sa bonniche...
On se demande alors si elle est réellement tombée amoureuse de ce type ou si elle joue un jeu particulièrement tordu, la fin étant censée nous donner la clé... eh bien que dalle !
Je suis sorti de là pas très content : c'est très complaisant pour les violeurs et dur pour cette femme, qui n'avait fait de mal à personne. J'ai réfléchi à la chose et je suis arrivé à la conclusion qu'elle incarne une sorte de sainte laïque. Elle porte d'ailleurs une croix que l'on prend la peine de placer en évidence à intervalle régulier.
Bref, cette victime se prend de pitié pour la famille du flic ripoux, en qui elle voit des gens qui ont encore plus souffert qu'elle. Elle tente d'améliorer leur sort et de donner un vrai sens à sa vie, plutôt que de rester auprès de son copain insipide et de ses amis hypocrites. On n'est pas obligé d'adhérer...
21:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
dimanche, 26 février 2012
Albert Nobbs
Voici le film tant désiré par Glenn Close, inspiré d'une nouvelle qui avait été adaptée au théâtre (avec cette actrice). C'est donc l'histoire d'une femme qui, pour mener une vie indépendante, doit se travestir en homme. Au moment du film, cet "Albert" doit avoir quarante-cinquante ans... c'est dire que la supercherie dure depuis des années.
Autant le dire tout de suite : Glenn Close est formidable. Mais elle n'est pas la seule. Les seconds rôles sont tous épatants, de Brendan Gleeson à Mia Wasikowska, en passant par l'épatante Janet McTeer, dont je ne peux révéler toute l'ampleur du personnage sans déflorer une partie de l'intrigue. Je pense que c'est à juste titre que Close et McTeer ont été nommées aux Oscar 2012. Ce sera toutefois très difficile pour le second rôle, qui semble promis à l'une des actrices de La Couleur des sentiments : Jessica Chastain ou Octavia Spencer (Golden Globe 2012). (On se fait peut-être beaucoup d'illusions du côté français, à propos des chances de Bérénice Bejo, déjà outrageusement avantagée aux César 2012.)
Pour l'Oscar de la meilleure actrice, Glenn Close est à mon avis principalement menacée par Meryl Streep, qui, certes, a déjà reçu la précieuse statuette (contrairement à Glenn Close), mais c'était en 1983 (elle n'a plus été récompensée depuis)... et c'est elle qui a décroché le Golden Globe cette année, face à trois de ses quatre rivales pour l'Oscar.
Mais revenons à Albert Nobbs. C'est une sorte de majordome-homme à tout faire dans un hôtel supposé classieux... un peu miteux quand on regarde bien. L'un des intérêts du film est le portrait du groupe d'employés, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs querelles et leurs amours. On se croirait un peu dans l'immeuble de Pot-Bouille de Zola (qui lui s'est attaché aux employés de maison). Dans les deux cas, nous sommes à la fin du XIXe siècle.
L'autre intérêt réside dans les efforts déployés par Albert Nobbs pour préserver son secret... et les risques qu'il/elle est prêt-e à prendre pour sortir de sa vie solitaire, voire monacale. C'est l'aspect dramatique de l'histoire, qui voit intervenir une greluche et un jeune con.
La réalisation est classique. C'est du travail bien fait, sans fioritures. Si on laisse de côté la fin, trop mélo à mon goût, on passe un excellent moment, entre comédie de moeurs et portrait social d'une Irlande aux inégalités criantes.
16:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
samedi, 25 février 2012
N. Sarkozy toujours aux basques de Jeanne d'Arc
L'inauguration du QG de campagne de Nicolas Sarkozy a été l'occasion d'une belle opération de communication. On a fait visiter les lieux aux journalistes, qui ont noté la présence de telle ou telle photographie, de tel ou tel objet. Tout cela est calculé, bien entendu. Mais ces professionnels de l'information ont très rarement fait preuve d'une once d'esprit critique.
Ainsi, dans le bureau du candidat, situé à l'étage, sont accrochées diverses photographies, l'une le représentant en compagnie de Nelson Mandela, une autre en visite outremer (à Mayotte... sans Claude Guéant), une autre dans une usine (c'est vraiment le "président du peuple", hein). Le diaporama publié sur le site du Parisien nous permet de constater aussi la présence d'une affiche du film Jeanne d'Arc, de Victor Fleming, avec Ingrid Bergman :
La voici en grand :
D'après un journaliste de i>Télé, c'est son conseiller en communication Franck Louvrier qui la lui aurait offerte. Un cadeau dont la présence en ces lieux n'a évidemment rien d'innocent.
La Pucelle est présente aussi à travers la biographie que lui a consacrée l'historienne Colette Beaune (c'est l'édition de poche) :
On voit mieux le livre dans une vidéo mise en ligne sur le site du Parisien :
Voici la couverture :
On veut visiblement nous faire comprendre que notre président se cultive (il en a donc le temps !). Le choix de l'ouvrage est peut-être lié à la présence de l'historienne lors de la venue de Nicolas Sarkozy à Domremy, pour les 600 ans de la naissance de Jeanne.
Ce déplacement avait bigrement inspiré les internautes, qui ont produit à cette occasion une floppée de caricatures en général de bonne qualité.
16:51 Publié dans Jeanne d'Arc, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, présidentielle, médias, présidentielles
Un Monde sans femmes
Ce monde est celui de la cité balnéaire d'Ault, située en Picardie :
Hors saison, il ne s'y passe pas grand chose... et les femmes jeunes sont rares. Du coup, cet été-là, quand une Parisienne (c'est comme ça qu'on appelle les habitantes d'Ile-de-France en province) débarque avec sa fille, les mâles du coin ont les oreilles qui se dressent...
Parmi eux, on suit Sylvain (Vincent Macaigne, très bon), qui loue l'appartement aux vacancières. Il est gentil, serviable, timide, un peu chiant parfois... et pas franchement canon. On sent qu'il en pince pour la maman, une brune pétulante qui a envie de s'amuser. Mais un gendarme local a aussi des vues sur elle.
Au second plan, au départ, le personnage de la fille (Juliette) va prendre de l'ampleur. Elle est peut-être finalement la plus mûre du groupe.
On se dragouille, on s'amuse, on s'énerve aussi parfois dans ce marivaudage provincial qui n'a rien de déplaisant.
En première partie est diffusé Le Naufragé, un court-métrage (du même réalisateur, Guillaume Brac) mettant en scène le même personnage, dans la même région, mais hors saison. Le coin est déprimant et Sylvain se fait chier grave. Il croise un cycliste "parisien", qui a crevé et qu'il va aider.
Le petit film joue sur le contraste entre les deux hommes. Vincent est gentil, un peu plouc, bedonnant, pas très joli garçon, sans copine. Le cycliste est un beau gosse, taillé en athlète, à l'aise dans la vie. Il a une copine qui est folle de lui, mais il ne la traite pas correctement, semble-t-il.
Vincent Macaigne est, à mon avis, une sorte d'alter ego du réalisateur. Il est chargé d'incarner le mec sympa qui n'a pas trop de chance dans la vie, mais qui mérite d'être connu. La confrontation avec le "Parisien" est source de moments comiques, qui me font préférer Le Naufragé à Un Monde sans femmes. Notons que ce dernier, nommé dans la catégorie "meilleur court-métrage", n'a pas obtenu le César, décerné à juste titre à L'Accordeur.
12:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma