dimanche, 17 juin 2012
Une voiture à chier
C'est à de petits signes comme celui-là que je me rends compte que je suis abonné à un journal dont une partie non négligeable du lectorat est pétée de thunes. Voici donc ce que j'ai trouvé dans mon "quotidien de référence" il y a peu :
Vous ne remarquez rien ? Bon, alors, je vous aide un peu. Voici quelle était l'annonce :
Et figurez-vous que les pubards qui travaillent pour Audi ont choisi pour slogan : "Le courant passe." Moi je dirais plutôt la "courante" ! Il paraît que, dans les milieux automobilistiques, cela fait plusieurs années que l'on discute du nom de ce véhicule.
Les francophones scatologues peuvent se déchaîner, il n'en reste pas moins que le nom évoque le concept de cette voiture électrique. L'article de Wikipédia prend toutefois soin de prévenir les internautes qu'il y a risque de confusion :
Du coup, certains commentateurs s'en sont donné à coeur joie. On commence par le moins subtil (mais efficace), trouvé sur Agoravox :
On monte un peu en gamme avec Patrick Garcia, sur Caradisiac :
On atteint un niveau plus relevé avec le billet d'Emmanuel Genty, sur Cnetfrance :
Les Anglo-Saxons ont fini par s'intéresser à la chose, des coïncidences malencrontreuses dans le choix du nom d'un modèle de voiture s'étant déjà produites, aussi bien en français que dans d'autres langues.
En psychanalyse, la merde et l'argent sont souvent associés. Eh bien, figurez-vous que la voiture-excrément n'est pas donnée, puisque le prix plancher du modèle de base est de 16 000 euros.
14:51 Publié dans Presse, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, presse, allemagne, photos
samedi, 16 juin 2012
Rétropédalage pour Alain Marc
Le résultat du premier tour des élections législatives, dans la troisième circonscription, a surpris pas mal d'observateurs, qui voyaient plutôt Béatrice Marre devancer Marie-Thérèse Foulquier, bien que celle-ci fût soutenue par le PS et EELV. (Contrairement à la première circonscription, la troisième n'a pas fait l'objet d'un sondage.) Cela a obligé ses adversaires à changer leur fusil d'épaule.
C'est le cas du député sortant Alain Marc. Il avait axé sa campagne de premier tour sur la proximité, se présentant comme un élu du terroir... sous entendu pas comme l'ex-parachutée Béatrice Marre. Du coup, Mme Foulquier a pu parfois être considérée comme quantité négligeable... au point qu'Alain Marc s'est laissé aller, tenant des propos peu amènes à son encontre.
Il a tenté de rectifier le tir dans le Journal de Millau du 14 juin. Page 11, on peut lire un article dans lequel le vice-président du Conseil général met l'accent sur sa compétence, son professionnalisme.
Il n'est plus question de l'élu du terroir, puisqu'il se retrouve face à quelqu'un qui peut passer pour plus "authentique" que lui. Le sortant essaie (comme Yves Censi face à Monique Herment-Bultel) de faire valoir sa maîtrise des dossiers complexes... sauf que, dans ce cas, c'est plus le conseiller général qui s'exprime que le député. C'est la grande ambiguïté de ce candidat, qui s'appuie sur une fonction pour préserver l'autre.
Le passage sur la RN88 a de quoi faire sourire, quand on sait qu'au niveau national, le sujet a été laissé de côté par le gouvernement précédent (soutenu par le sortant) et qu'au niveau local, c'est plutôt la région Midi-Pyrénées (dirigée par la gauche... shocking !) qui a joué un rôle moteur.
J'ai aussi mis en valeur le passage dans lequel Alain Marc exprime le respect qu'il éprouve(rait) pour Mme Foulquier, affirmant n'avoir jamais critiqué personne. Il espère donc que les lecteurs de ce même journal n'ont aucune mémoire, ou qu'ils ont déjà jeté ou brûlé l'exemplaire de la semaine précédente, où l'on pouvait lire ceci, page 11 :
Ce sont des propos quasi identiques à ceux rapportés dans Le Saint-Affricain de la même semaine. L'élection s'annonçant plus serrée que prévu, il convient désormais de se montrer plus mesuré dans ses appréciations...
Quoi qu'il en soit, dans cette circonscription (comme dans celle du Nord Aveyron, plus marquée à droite), les électeurs non politisés ou de sensibilité centriste ont les cartes en main. Au premier tour, certains se sont abstenus, d'autres votant pour N. Castelltort ou P. Ramondenc. Ils ont la possibilité de faire basculer le résultat du second tour d'un côté ou de l'autre.
13:22 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, législatives, élections, législatives 2012
jeudi, 14 juin 2012
Un plat qui se mange froid
C'est à ce proverbe vengeur que m'a fait penser l'attitude de Valérie Trierweiler, dont le "touitteur" (faute d'orthographe à la clé) a fait couler beaucoup d'encre. Mais commençons par le contexte des législatives : c'est le déclencheur, ou plutôt l'occasion sur laquelle la nouvelle Première Dame a bondi.
De 1988 à 2007, Ségolène Royal a été députée de la deuxième circonscription des Deux-Sèvres (toujours élue au second tour). Devenue présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes en 2004 (facilement réélue en 2010), elle décide de ne plus cumuler cette fonction avec celle de députée. En 2007, elle lance donc Delphine Batho, élue assez facilement au second tour.
Le problème est que la carrière nationale de Ségolène Royal a connu trois coups d'arrêt. En 2007, elle a été assez nettement vaincue au second tour de la présidentielle (par Nicolas Sarkozy), puis écartée de la direction du PS par Martine Aubry en 2008. En 2011, c'est la grosse déception du cinglant échec au premier tour des primaires à gauche. Marie-Ségolène songe donc à redevenir députée... pour briguer un poste à la mesure de son égo : la présidence de l'Assemblée nationale.
Encore faut-il trouver un point de chute. Il semble qu'elle n'a pas envisagé de récupérer la circonscription laissée à Delphine Batho, devenue une étoile montante du PS. Elle a fait partie de l'équipe de campagne de François Hollande, qui l'a intégrée au premier gouvernement Ayrault. Elle a d'ailleurs été brillamment réélue au premier tour, le 10 juin. (Et comme elle a fini par quitter son logement de la ville de Paris -à loyer préférentiel, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.)
Dans la région, d'autres circonscriptions semblent fermement tenues par l'UMP. Trop risqué... Or, il se trouve que, dans le département (voisin) de Charente-Maritime, le député sortant (successeur de Michel Crépeau depuis 1999) Maxime Bono ne se représente pas, préférant se consacrer à la commune de La Rochelle. Il soutient l'arrivée de Ségolène Royal sur la circonscription. Il l'a dit et répété sur son blog.
Mais les militants socialistes locaux ont désigné Olivier Falorni, adjoint au maire de La Rochelle, conseiller régional et figure locale du PS. C'est là que cela devient intéressant... parce que l'article du Monde auquel mène le lien précédent n'évoque pas que le classique conflit entre les militants locaux et les instances nationales d'un parti, il signale que M. Falorni est depuis longtemps un soutien de François Hollande et qu'il n'a jamais porté Mme Royal dans son coeur. Il est donc possible que le parachutage de la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes dans cette circonscription-là ait des implications autres que strictement politiques.
Cela nous amène donc à Mme Trierweiler, compagne de François Hollande depuis 2005, alors que la rupture de celui-ci avec Ségolène Royal n'a été rendue publique qu'après la présidentielle de 2007. Pendant cette campagne, la candidate socialiste a tout fait pour préserver les apparences concernant le couple médiatique qu'elle formait avec le premier secrétaire du PS. Courant été 2006 (alors qu'elle était de fait séparée de lui depuis un an environ), elle osait évoquer un possible mariage entre eux. (On imagine la réaction de Valérie Trierweiler...). En mars 2007, elle faisait meeting commun avec François Hollande, petit bisou à la clé :
Mais on ne savait pas tout. Un article publié dans Le Monde daté du 14 juin 2012 nous révèle quelques secrets d'alcôve :
Si l'on résume : en 2007, Ségolène Royal s'est lancée dans les primaires socialistes pour couper l'herbe sous le pied de François Hollande et se venger ainsi de son infidélité. Elle a même tenté d'évincer Valérie Trierweiler de son entourage... et elle a remis le couvert en 2011 ! On comprend l'agacement de celle qui partage la vie du nouveau président depuis 2005. On comprend aussi qu'elle n'ait pas pu se résoudre à voter Royal en 2007, ni au premier tour (où elle a choisi Dominique Voynet), ni au second (où elle s'est abstenue).
Et voilà qu'en juin 2012, Marie-Ségolène lui offre, sur un plateau, l'occasion de se venger : elle se retrouve en ballottage défavorable face à Olivier Falorni.
Je dois dire qu'humainement, je comprends le geste de Valérie Trierweiler, dont la vie sentimentale récente a été empoisonnée par l'ex de son mec. Après tout, citoyenne comme une autre, elle a le droit de préférer son rival et de le dire. Mais, compagne du président de la République, elle aurait dû se montrer plus discrète. Elle ne bénéficie d'aucune légitimité républicaine (elle n'a pas été élue). Je n'apprécierais pas de voir se former une coterie d'influence autour d'elle.
P.S.
Rétrospectivement, on réalise aussi que la mise à l'écart de Julien Dray n'est pas due qu'à sa gaffe d'inviter DSK (en fait Anne Sinclair... mais qui osera prétendre qu'on s'attendait à ce qu'elle vienne seule ?) à son anniversaire sans en avertir les dirigeants du PS. L'ancien député de l'Essonne est aussi connu pour être un proche de Ségolène Royal. Mais je pense quand même que le couple Hollande-Trierweiler ne devait pas trop apprécier l'ancien directeur général du FMI. Un passionnant portrait du Monde, publié le 7 mai 2012, révélait qu'Anne Sinclair était furieuse que, parmi les dirigeants socialistes, le seul à n'avoir pas contacté DSK depuis sa mise en cause aux Etats-Unis était François Hollande.
23:34 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, hollande, femme, presse, françois hollande
mercredi, 13 juin 2012
Z Minus n°1
C'est un nouveau périodique satirique, bimensuel, composé uniquement de dessins (très divers), exécutés par les caricaturistes de Zélium, un "irrégulomadaire" (comme ils disent) réalisé notamment par d'anciens de Siné Hebdo et de La Mèche, qui étaient selon moi nettement moins réussis.
La tendance est libertaire, souvent potache. C'est donc du dessin engagé, mais drôle. Voici mon préféré :
Dans le genre "politiquement incorrect", j'aime aussi celui-là :
Le journal propose aussi des reportages BD, l'un dans une classe "Français langue d'accueil" (destinée aux demandeurs d'asile), l'autre en infiltration à l'UMP... Excellent !
L'ancien président de la République est évidemment une cible privilégiée. Mais l'intérêt de ce nouveau périodique réside dans la très grande variété des styles, qui vont de l'épure au dessin fouillé, en passant par la schématisation numérique et les portraits tracés à grands traits. Certains dessinateurs bénéficient d'une page entière, où ils peuvent laisser libre cours à leur imagination. Je préviens les bonnes âmes : l'humour développé dans les caricatures est très souvent à connotations sexuelles...
Je dois reconnaître que c'est en lisant la presse locale que j'ai appris le lancement de Z Minus. Figurez-vous que, dimanche dernier, dans l'édition ruthénoise de Midi Libre, on pouvait lire un article sur l'un des dessinateurs, Giemsi, qui est aveyronnais (ou travaille dans l'Aveyron). Ses oeuvres semblent révéler l'influence d'illustres prédécesseurs :
Ce couple de "Français (très) moyens", qui revient assez souvent sous ses crayons, n'est pas sans rappeler les Bidochon de Binet. On sent aussi qu'il doit aimer Tex Avery et l'humour "crade" de la série Maurice et Patapon, de Charb :
On peut encore trouver dans les kiosques le numéro 9 de Zélium (dont Z Minus est un supplément, à l'origine) :
Les dessins ne sont pas les seules productions qui méritent le détour. Je recommande tout particulièrement :
- le "micro-crottoir", dans lequel on peut tenter d'identifier certaines personnalités en vue... (page 2)
- "Tchèque et mat", un article passionnant sur un rebelle des feux rouges (page 3)
- une page presque complète consacrée au vin (supposé) bio (page 6)
- "La légende grecque des Unes menteuses", une petite leçon de déontologie journalistique (page 7)
Mais la perle de ce numéro est sans conteste la page intitulée "Le candidat, cette espèce en puéril", qui propose la mini-biographie de six ténors de la présidentielle. Morceaux choisis :
- "Eva Joly fut repérée très tôt à la crèche en Scandinavie par les psychologues pour son refus de manger les petits pots pour bébé à la viande, et cette propension insensée à vouloir punir les enfants qui volaient ses joujoux"
- "Ecrire sur François Bayrou, c'est comme rédiger sur une boule de billard, un pet de nonne, un étui à lunettes, un papier de bonbons. [...] C'est en voyant, à l'âge de 4 ans, une fourchette rangée dans un tiroir à couteaux que le petit François se mit d'un coup à bégayer."
- "[...] la petite Marine se prit d'une réelle passion pour les pauvres, les dégradés, les oubliés de la croissance, les moches, les cons, les débiles, les dégénérés, les obèses, les anorexiques, les incestueux [...], les prolapsés du rectum, les vaginites puantes et les racistes."
- "Jean-Luc Mélenchon refuse à sa naissance de sortir par la voie royale et naturelle que lui offrait une Madame Mélenchon regrettant déjà d'avoir procréé [...]. Il fallut bien utiliser moult forceps et pinces diverses qui donneront au bébé un air renfrogné"
- "[...] A sa naissance, le petit François est très blanc, un peu laiteux et peu tonique. Ses parents s'inquiètent d'autant que l'enfant cherche sans cesse à s'insérer dans de petits pots de verre. Très vite les médecins détecteront le syndrome du yaourt (dit Yogourt syndroma) qui frappe essentiellement les socialistes, les employés de la Sécurité sociale et les journalistes du service public."
- " [...] Madame Sarkozy de Nagy-Bocsa mit au monde le petit Nicolas dans un bain de sang, une piscine de raisiné, une mare d'hémoglobine. Ce fut une tuerie, ce fut un carnage. On mit plusieurs jours à nettoyer le bébé traumatisé, pendant que l'on fermait l'hôpital définitivement."
01:18 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, élections, médias, humour
lundi, 11 juin 2012
Quelques enseignements du premier tour des élections législatives en Aveyron
Je n'ai ni le temps ni l'envie d'effectuer une analyse complète des résultats dans les trois circonscriptions aveyronnaises. Je vais donc m'intéresser aux scores des candidats susceptibles d'être élus, en comparant les élections de 2002, 2007 et 2012.
Commençons avec la première circonscription (Rodez et le Nord Aveyron). Le sortant Yves Censi est en tête, ayant recueilli 39,83 % des suffrages exprimés, soit 19 486 voix. C'est environ 2 000 de plus qu'en 2007 et surtout 7 000 de plus qu'en 2002. Sauf que... en 2002, il avait dû batailler ferme contre Régine Taussat et Jean-Claude Luche et qu'en 2007, le fiston Puech avait tenté de lui barrer la route. Du coup, la progression du nombre de voix (ainsi que du pourcentage des exprimés), indéniable, est à relativiser : l'offre de candidats, à droite, était plus réduite. Les réserves (pour le second tour) sont donc plus faibles que les fois précédentes.
Face à lui, il aura Monique Bultel-Herment, qui décroche un flatteur 28,27 % des suffrages. Elle est plus haut que ce que l'on attendait. Elle a "fait la campagne", comme on dit. Cependant, en dépit de l'apport de la machine du PS, en dépit de l'élan, même modeste, impulsé par la victoire de François Hollande, elle réalise un moins bon score que celui de Christian Teyssèdre en 2007. En effet, malgré la vague sarkozyste, celui-ci avait obtenu 29,08 % des suffrages, soit 14 409 voix... à comparer aux 13 829 de M. Bultel-Herment. (En 2002, Anne-Marie Cluzel avait réuni 12 170 suffrages sur son nom, au premier tour.)
La performance de Mme Bultel-Herment est donc elle aussi à relativiser. Pour espérer l'emporter au second tour, elle va avoir besoin de toutes les voix de la gauche... et du centre. Or, il ne fait pas mystère que, parmi les quelque 14 % d'électeurs de Stéphane Mazars, il se trouve nombre de personnes qui n'ont pas envie de choisir entre les deux prétendants. Et puis... on ne peut pas dire que Mme Herment-Bultel et son entourage se soient répandus en amabilités sur le compte de l'avocat ruthénois... Enfin, étant donné qu'Yves Censi ne possède qu'un seul mandat électif, il serait bienvenu que la candidate socialiste s'engage à renoncer, si elle est élue, à ses fonctions d'adjointe (au maire de Rodez) et de vice-présidente (du Grand Rodez), ainsi qu'aux indemnités afférentes, bien entendu.
A première vue, les choses semblent plus claires dans la deuxième circonscription (qui englobe l'ouest du département). La sortante Marie-Lou Marcel arrive largement en tête, avec plus de 49 % des suffrages exprimés et 22 441 voix. C'est plus du double de son score en 2007 et de celui de Jean-Pierre Pouzoulet en 2002. Sauf que... en 2002 comme en 2007, la gauche modérée était représentée par plusieurs candidats. En 2002, Jean-Pierre Pouzoulet était passé par une primaire à gauche, face au radical Eric Cantournet. Le total des deux avoisinait 17 300 voix (un peu plus de 35 % des exprimés). En 2007, Marie-Lou Marcel s'était retrouvée opposée au même Pouzoulet (devenu divers gauche) et à une PRG (Sophie Renac). La gauche modérée cumulait donc presque 18 000 voix (environ 38 % des exprimés).
En 2012, aucun gêneur n'est venu se mettre en travers de la route de la sortante. Qu'en conclure ? Que la gauche modérée ne progresse que de 4 000 voix, en dépit de l'absence de ténor de droite en face et malgré l'élan provoqué par la victoire de François Hollande. C'est très honorable, mais ce n'est pas du tout un plébiscite. Il pourrait arriver à Marie-Lou Marcel ce qu'a connu Alain Marc en 2007 : un premier tour ultra-dominateur, suivi d'une victoire finalement pas si large que cela au second tour.
Cela nous amène tout naturellement à la troisième circonscription (qui s'étend sur tout le Sud). Le sortant Alain Marc est en tête, avec 38,16 % des exprimés, soit un peu moins de 18 000 voix. Il perd environ 6 000 votes par rapport à 2007 et plus encore par rapport à Jacques Godfrain en 2002. Qu'est-ce qui a changé entre temps ? Le nombre de rivaux au centre-droit (et le contexte national, bien entendu). Ils sont plus nombreux en 2012 qu'en 2007 et même qu'en 2002. Comme je l'ai récemment fait remarquer, il semblerait que la sensibilité de centre-droit sud-aveyronnaise se reconnaisse de moins en moins dans le jeune retraité de l'enseignement.
Est-il pour autant menacé ? Ce n'est pas certain. La demi-surprise vient du relatif bon score de Marie-Thérèse Foulquier (cible d'attaques assez basses durant la campagne), qui réunit 21,79 % des exprimés, soit 10 138 voix. Certes, c'est environ 3 000 de moins que Béatrice Marre en 2007 et Alain Fauconnier en 2002 ( 1 000 - 2 000 de moins en déduisant les voix qui s'étaient portées sur le candidat des Verts), mais elle avait face à elle l'ancien chef de cabinet de François Mitterrand, qui n'avait pas démérité 5 ans auparavant, et qui croyait en ses chances. Celle-ci a quand même réuni plus de 7 000 voix sur son nom. Suprême élégance, dès dimanche soir, elle a appelé sans hésiter à voter pour Mme Foulquier.
Au second tour, tout va dépendre de l'attitude des électeurs de Philippe Ramondenc et de Norbert Castelltort. Ils ne sont pas de chauds partisans d'Alain Marc, mais il y a de fortes chances que leurs électeurs aient déjà voté pour ce dernier. Si l'on ajoute la majorité des voix FN et quelques abstentionnistes, il semble que la tâche s'annonce difficile (mais pas impossible) pour Marie-Thérèse Foulquier.
21:40 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élections, législatives, législatives 2012
dimanche, 10 juin 2012
Machisme musulman
Samedi, je sortais d'une grande surface sébazacoise où je venais de copieusement garnir un chariot, me dirigeant vers ma luxueuse limousine, garée à cheval sur trois places de parking, lorsque j'ai remarqué une bien étrange scène.
Pas très loin de mon véhicule venait de se garer celui d'une famille (deux hommes et deux femmes). Seuls les deux hommes sont sortis de la voiture. Le plus âgé portait un jean avec un T-shirt, le plus jeune un bermuda et des tongs ou des claquettes. Ils se sont dirigés vers l'entrée de l'hypermarché.
Par contre, les deux femmes sont restées cloîtrées dans la voiture, à l'arrière. Toutes deux (la plus âgée comme la jeune) portaient un voile islamique ne laissant dégagé que l'ovale du visage. C'était un hijab (ou, à la rigueur, un tchador à l'iranienne) :
En gros, le mode de vie occidental et ses libertés, c'est bon pour les mecs, et les contraintes s'imposent surtout aux femmes...
En réfléchissant un peu, je me suis dit qu'il y a avait autre chose derrière ce que j'avais vu. J'ai repensé à la loi sur la burqa du 11 octobre 2010, dont le véritable intitulé est loi "interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public". Elle a été complétée par une circulaire du 2 mars 2011.
Bien que ces femmes ne portassent pas de burqa ni de niqab, je pense que les deux machos musulmans ont craint que la rigueur de la loi ne s'applique quand même à la tenue de celles-ci. Voilà pourquoi elles ne sont pas sorties de la voiture, puisque d'après la circulaire "à l’exception de ceux affectés aux transports en commun les véhicules qui empruntent les voies publiques sont considérés comme des lieux privés".
De plus, les femmes se trouvaient à l'arrière -et surtout pas à la place de conducteur, parce que (toujours d'après la circulaire) "la conduite du véhicule ne doit pas présenter de risque pour la sécurité publique"... et qu'en cas de contrôle routier, les forces de police doivent pouvoir identifier clairement la personne qui tient le volant.
Deuxième anecdote. Il y a quelques semaines de cela, en fin de journée (un mercredi ou un jeudi, je ne sais plus), j'ai croisé, en sortant d'une autre grande surface (castonétoise celle-là) une jeune femme enrobée dans un hijab bleu, pas gênée pour deux sous. A ce genre de personnes, on ne peut que conseiller la lecture de la tribune qu'Elisabeth Badinter avait publiée dans Le Nouvel Observateur, en juillet 2009.
Il ne faudrait pas que la victoire de François Hollande laisse croire aux intégristes qu'ils vont pouvoir tout se permettre dans notre pays. Il y a plus d'un mois, le futur président rappelait qu'il n'abrogerait pas la loi sur la burqa. Si son groupe politique s'était abstenu lors du vote d'octobre 2010, ce n'était pas en raison d'une opposition absolue. Il avait d'ailleurs voté la résolution présentée par les députés UMP en mai 2010. (A ce propos, je conseille la lecture du compte-rendu des débats parlementaires, où la position du PS a été défendue par Jean Glavany. L'ensemble des interventions est fort intéressant.)
13:50 Publié dans Politique, Société, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, société, france, femme
vendredi, 08 juin 2012
Pas très classe
On va un peu causer des élections législatives dans l'Aveyron, mais pas à Rodez, plutôt dans la troisième circonscription, celle de Millau - Saint-Affrique. C'est la lecture de l'hebdomadaire gratuit Le Saint-Affricain du 6 juin 2012 qui m'a fait réagir.
On y trouve, bien en place dans le journal, la propagande électorale classique en période de scrutin. Cette semaine, les soutiens au député sortant sont nombreux. Il bénéficie de surcroît, page 6, d'un entretien avec l'une des rédactrices du Saint-Affricain ("VS") :
La dame est une récidiviste, puisqu'en octobre dernier, elle nous avait gratifié d'un beau publireportage à la gloire du député - vice-président du Conseil général de l'Aveyron.
En toute décontraction, Alain Marc nous la joue grand seigneur magnanime. Peut-être poussé par la journaliste ou trop en confiance, il finit quand même par lâcher quelques vacheries :
Il dézingue successivement Marie-Thérèse Foulquier, candidate écologiste (soutenue par le PS), Brigitte Marre (candidate "PS-bis" pourrait-on dire) et Norbert Castelltort, qu'il doit bien connaître, puisqu'ils ont longtemps appartenu tous deux au Parti radical valoisien. A la lecture des propos du député, on se dit que les relations entre les deux hommes n'ont pas dû toujours être des plus amicales...
C'est peut-être parce que l'ancien président de la section aveyronnaise du PRV (Castelltort) estime que le mandat de député d'Alain Marc est davantage positionné à droite qu'au centre. Il est vrai que, même si, dans ses votes, le député s'est montré moins suiviste qu'Yves Censi, il a quand même été un soutien indéfectible de la politique menée par le duo Sarkozy-Fillon. De plus, lorsque celui qui était à l'époque président de la République était venu dans le Nord Aveyron, l'élu du sud du département s'était arrangé pour figurer souvent à ses côtés. Tout récemment même, lors du meeting de Toulouse, il était visible, au premier rang des soutiens du sortant. Il n'est donc pas illogique qu'un centriste estime qu'Alain Marc (en dépit de l'image qu'il s'efforce de construire, avec l'aide de médias locaux complaisants) est trop marqué à droite dans son action.
Certains des propos parus dans Le Saint-Affricain sont peu oecuméniques... et même limite méprisants à l'égard de celle qui est présentée comme sa principale concurrente, Marie-Thérèse Foulquier. (Il avait déjà "fauté" dans Midi Libre en mai dernier.) Ce ne doit pas être la première fois qu'il dénigre la gestion municipale de sa rivale, puisqu'une réponse des élus de la commune de Saint-Jean-et-Saint-Paul est publiée dans le même journal... page 32 !
Le traitement n'est tout de même pas égal. Ajoutons que cette attitude n'est pas sans rappeler celle des élus UMP qui, avant l'élection de François Hollande, insistaient sur son manque d'expérience, son absence d'exercice de la moindre fonction ministérielle, lui qui n'était que président du Conseil général de Corrèze, département de surcroît criblé de dettes. (Ces bonnes âmes, y compris aveyronnaises, oubliaient au passage de préciser que la dette de la Corrèze a été creusée par les prédécesseurs UMP de François Hollande. )
Remarquons aussi que le député sortant se garde d'attaquer d'autres rivaux, pourtant bien partis pour réaliser un assez bon score : Philippe Ramondenc (qui avait failli créer la surprise à Millau-Ouest, aux cantonales de 2011) et Marie-Claude Fayard. Le premier est un faux "sans étiquette", modéré sans doute, mais jugé proche du président du Conseil général Jean-Claude Luche (qui a néanmoins apporté son soutien à Alain Marc). La seconde est la candidate du Front National. Il va sans dire que le député sortant compte sur de précieux reports de voix pour l'emporter au second tour.
Du coup, il fait flèche de tout bois. Sa stratégie est de se présenter comme le candidat du terroir. Cela lui avait réussi contre Béatrice Marre, en 2007... et c'est ainsi qu'il apparaissait dans un mini-reportage de la chaîne LCP. Dans les entretiens qu'il accorde, il prend donc soin d'évoquer sa maîtrise de l'occitan et ses racines rouergates. Dans un récent article paru dans Centre Presse (le 31 mai), il est même précisé que sa naissance à Paris n'est qu'accidentelle (c'est donc bien un gars de chez nous, hein !) :
23:56 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, presse, médias, législatives, législatives 2012, élections
jeudi, 07 juin 2012
Le Grand Soir
Après l'incongru Aaltra, après le percutant Louise Michel, après l'étonnant Mammuth, l'équipe de Groland, augmentée de quelques potes, nous livre son nouveau délire pseudo-révolutionnaire, entre punkitude et société de consommation.
L'histoire tourne autour de deux frères, interprétés par deux pointures : Albert Dupontel, en fils idéal, propre sur lui, qui va disjoncter (excellente scène filmée par un téléphone portable !) et Benoît Poelvoorde, en punk amis des bêtes, pas méchant au fond, mais franchement sans gêne (il est génial en "crevard").
Ils sont entourés d'une faune de personnages plus ou moins loufoques, à commencer par leurs parents. Pendant tout le film, je me suis demandé s'ils étaient particulièrement futés ou vraiment très cons. La qualité médiocre du jeu d'Areski Belkacem et surtout de Brigitte Fontaine n'aide pas de ce côté-là. J'ai préféré Bouli Lanners, en vigile débonnaire, dont la conversation sérieuse avec le père des héros vaut son pesant de cacahuètes...
Je dois quand même dire que le rythme du film n'est pas toujours maîtrisé et que le montage a sans doute parfois manqué de rigueur mais, tout de même, cela regorge de bons moments.
J'ai bien aimé une des scènes du début, dans le restaurant tenu par les parents, où la famille se réunit, les deux fils parlant sans vraiment s'écouter. On retiendra qu'Albert Dupontel est passionné par le son dolby surround, alors que Benoït Poelvoorde raconte ses expériences avec la police, l'un de ses petits trucs consistant à éviter de chier quand il sent qu'il risque de se faire arrêter, histoire de compliquer la fouille intime à laquelle il a droit au commissariat...
Le pétage de plombs de Dupontel est aussi un grand moment. On peut y associer le délire que se tape Poelvoorde devant ce qu'il croit être une vitre opaque... Excellent ! Que dire encore des différentes techniques (et matières...) utilisées par Ben-Not pour redresser sa crête...
On peut se contenter de voir le film comme une succession de saynètes "à la Groland"... ou puiser dans les situations montrées à l'écran des arguments contre l'organisation du monde dans lequel nous vivons.
21:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
mercredi, 06 juin 2012
Bande de morfales !
On s'indigne (à juste titre) de l'avidité de certains actionnaires, cadres et chefs d'entreprise. Le nouveau président de la République a même décidé de limiter le salaire des patrons du public. Inconsciemment, il est possible que certains collégiens aient été inspirés par le nouvel état d'esprit qui souffle sur la France, si l'on se fie à ce qu'a rapporté le quotidien Sud-Ouest :
Ah ces jeunes...
18:26 Publié dans Presse, Société, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société, moralisation, presse
mardi, 05 juin 2012
Margin call
La crise financière qui a éclaté en 2008 n'en finit pas d'inspirer les cinéastes. On constate toutefois une évolution, puisqu'on est passé du documentaire pur et dur, militant (Inside Job), au documentaire-fiction (Cleveland contre Wall Street, que je recommande), pour arriver à cette fiction à caractère documentaire, puisque la banque dont la chute nous est décrite est sans doute Lehman Brothers.
On suit donc une bande de mecs d'âges et d'origines différents, brillants, appâtés par le pognon, confrontés à une situation de crise grave, inédite. Dans cette bande de mecs s'est glissée l'impeccable Demi Moore, qui, en dépit d'un rôle très sobre, se révèle encore sacrément bien gaulée ! Mais je m'égare...
Toujours est-il que les interprètes masculins, bien que physiquement nettement moins attirants (à mon goût) que l'ex-Mme Willis, sont formidables, à commencer par Kevin Spacey, dont le personnage a une image évolutive dans le film : au départ, on le voit pleurer, non pas sur la catastrophe qui frappe sa boîte, encore moins sur la charrette de licenciements, mais sur la maladie de sa chienne. Du coup, on le prend pour le gros enculé de base. Les changements successifs de focale vont nous le montrer sous un autre jour.
Tour à tour, l'action suit (et met en valeur) l'un des protagonistes. Cela démarre avec le vieux routier viré comme une merde (Stanley Tucci, épatant). On continue avec le jeune doué qui va découvrir le pot-aux-roses (Zachary Quinto, efficace). On poursuit avec le chef d'équipe aux dents longues, un cynique avec d'étonnantes fidélités (Paul Bettany - oui, le Silas de Da Vinci Code). Au-dessus encore se trouve un jeune requin qui a déjà bien réussi (Simon Baker... Mentaliste à ses heures). Cela remonte comme cela jusqu'au big boss, paradoxalement le rôle le moins bien interprété selon moi (Jeremy Irons, qui cachetonne).
Certaines scènes ont une force toute particulière, comme celle qui se déroule dans les toilettes masculines, où s'est caché l'une des jeunes recrues aux dents longues, qui sait qu'il va se faire lourder et qui chiale comme un môme. Débarque l'un des pontes, dont on ne voit d'abord que les chaussures (le plan est pris de l'intérieur d'une cabine). On finit par comprendre qu'il vient se raser, en toute décontraction, pendant que le jeunot, qui sort enfin du petit coin, essaie de faire bonne figure.
J'ai aussi en mémoire la dernière tentative de Bettany-Emerson pour faire revenir Dale-Tucci à la banque. Celui-ci lui raconte ses débuts dans les travaux publics, construction d'un pont à l'appui. Et le voilà, assis sur les marches d'entrée de sa maison, qui se lance dans un délire de chiffres prouvant tout le bien de son travail (c'était avant qu'il ne parte bosser dans la banque...), laissant son interlocuteur pantois.
C'est donc un vrai film de cinéma, ancré dans la réalité de la spéculation financière et le caractère impitoyable des relations entre les grands fauves de la jungle des marchés. L'humain, dans tout cela, a bien du mal à trouver sa place.
22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 04 juin 2012
Continuité républicaine
A la fin du mois de mai, il a été procédé à l'élection du nouveau président du Conseil général de Corrèze (pour les raisons que vous imaginez). Mettre "président" au masculin est une évidence dans ce département, qui ne compte que 4 conseillères pour 33 conseillers (9 sur 46 dans l'Aveyron, si je ne m'abuse) : Régine Delord, Sophie Dessus, Dominique Grador... et Bernadette Chirac (79 ans quand même...).
Comme elle est la doyenne de l'assemblée, elle a ouvert la séance qui avait pour but d'élire le successeur de François Hollande. D'après La Vie corrézienne du 1er juin 2012, elle a renouvelé, "très civilement, ses félicitations et ses voeux de succès à François Hollande".
Le successeur socialiste de celui-ci, Gérard Bonnet, lui a rendu la politesse, en la plaçant à ses côtés, au centre de la nouvelle photographie de groupe, parue dans plusieurs journaux, dont L'Echo :
Pourquoi diable m'intéressè-je à cet événement somme toute très anecdotique, de surcroît survenu dans un autre département ? Tout simplement parce que le nouveau président du Conseil général de Corrèze est né en Aveyron, à Brandonnet, dans l'ouest du département :
D'après La Dépêche du Midi, il fut même maire de la commune entre 1977 et 1983.
09:10 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, hollande, françois hollande, actualité
dimanche, 03 juin 2012
Kikicé kakollé les zaffiches ?
Après avoir été évoqué par KaG et moi-même, le sujet fait cette semaine la "une" du Ruthénois :
Benjamin Laumaillé revient sur les circonstances de la découverte du "tapissage" des panneaux électoraux... et émet une ou deux hypothèses sur la cause du délit. La plus vraisemblable reste quand même pour moi l'excès de zèle d'un militant UMP.
J'arrive à cette conclusion en croisant les différents sources, y compris un encadré paru dans Centre Presse le 31 mai :
Tous les témoignages concordent pour dire que c'est le samedi matin que les dégâts ont été découverts. (Les photographies que j'ai publiées dans la note du 28 mai datent de cet après-midi-là.) C'est dans la nuit de vendredi à samedi que des affiches du candidat Censi auraient été volées.
Tout dépend de l'heure à laquelle on fait démarrer la nuit. Je me souviens très bien avoir vu les panneaux du carrefour des Quatre-Saisons recouverts dès vendredi soir. (Il devait être entre 20h et 22h.) Alors, soit les affiches ont été volées plus tôt qu'annoncé dans la presse, soit celles qui ont été apposées là-bas ne peuvent pas avoir été collées par un supposé voleur.
Et puis, pourquoi est-ce l'attachée parlementaire (Stéphanie Lacombe) et non Yves Censi lui-même qui a porté plainte ? Est-ce parce que le député n'était pas sur place ? Est-ce pour lui éviter de perdre la face quand la plainte sera discrètement retirée - ou classée sans suite (vu qu'on n'aura pas trouvé de "voleur"), après le second tour des législatives ?
(Ceci dit, ce n'est pas l'affaire du siècle. Il n'y a pas mort d'homme et tout me semble à présent rentré dans l'ordre.)
09:56 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, ump, élections, législatives 2012
vendredi, 01 juin 2012
La maman de la candidate socialiste
Un passage de la première page du Nouvel Hebdo de cette semaine a attiré mon attention. Gérard Galtier y écrit qu'il se serait fait menacer d'un procès pour avoir osé parler (brièvement) de la mère de Monique Bultel-Herment, elle-même candidate à la députation sur la première circonscription de l'Aveyron. Que diable avait-il pu bien écrire qui suscitât l'ire socialiste ? Et surtout, pourquoi n'avais-je rien remarqué la semaine dernière à la lecture du journal ?
Je me suis donc replongé dans le numéro 229 du Nouvel Hebdo. Voici ce que l'on peut y lire, page 4 :
Le journal ne fait que reprendre une information connue, au moins depuis la parution de l'excellent livre (on ne le dira jamais assez) de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille, en 2005. Voici ce qu'on peut y lire, page 178 :
- HERMENT : Jacqueline HERMENT, née DURAND, conseillère municipale de Wissous (Essonne) de 1965 à 1976, adjointe supplémentaire de 1976 à 1977, 1ère adjointe de 1977 à 1983, maire de 1983 à 1995
Il n'y a là rien d'infamant... sauf que... Maman Herment n'était pas socialiste, mais divers droite ! Les vieux routiers de la politique n'y verront pas matière à sourire. On sait depuis belle lurette que, fort heureusement, les convictions politiques ne se transmettent pas génétiquement. Demandez donc à François Hollande, dont le père était engagé à l'extrême-droite. (J'en ai parlé dans un billet consacré au patrimoine du nouveau président de la République.) Demandez donc à Ségolène Royal, fille d'un militaire traditionaliste.
Bien au contraire, Monique Bultel-Herment devrait mettre en avant sa filiation, sa mère étant classée dans les modérés de droite, une catégorie-clé dans l'Aveyron, encore plus dans la première circonscription. Maman Herment a même été décorée de l'Ordre national du mérite, en mai 1997, sur le contingent du ministre de l'Intérieur Jean-Louis Debré (membre du gouvernement Juppé) !
C'est à ce moment-là que ma voisine de droite, toujours très soupçonneuse dès qu'il s'agit de hiérarques du PS, me suggère de creuser davantage : et si la maman avait des choses à cacher ?
Il se trouve que Maman Herment a eu affaire au moins deux fois à la justice :
- en 2000, elle a été poursuivie, en compagnie de l'un de ses anciens adjoints, pour prise illégale d'intérêt
- en 2002, c'est son successeur à la tête de la mairie de Wissous qui a tenté d'obtenir sa condamnation pour diffamation
Je n'ai pas trouvé trace des verdicts. Il est donc probable que Maman Herment ne fut pas condamnée, surtout dans la deuxième affaire. Elle était opposée à un personnage haut en couleur, Richard Trinquier, qui fut maire de la commune de 1995 à 2008, année qui le vit se faire battre dès le premier tour par une liste d'union. Maman Herment a sans doute contribué à la défaite de celui-ci : elle soutenait la liste (à majorité de gauche) qui l'a emporté. Quelques années auparavant, elle s'était déjà jointe à la gauche pour dénoncer l'anticommunisme primaire du maire RPF.
Cerise sur le gâteau, Maman Herment est restée proche de la nouvelle équipe municipale de gauche, qui a mis en place un Conseil des sages, dont elle a accepté d'être une des figures de proue :
La question est : où est Maman Herment sur la photographie ?
23:59 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, législatives, france, élections, législatives 2012
jeudi, 31 mai 2012
Dark Shadows
Tim Burton a réuni une pléiade d'acteurs brillants pour ce film aux accents "gothiques", qui fait se percuter ambiance d'Ancien régime et seventies triomphantes (avant la crise, donc).
Il n'innove pas vraiment. L'histoire est un mélange de La Famille Adams, des Noces funèbres (excellent film d'animation qu'il signa naguère), de Twilight (genre le vampire qui tombe amoureux d'une mortelle...)... et de Mr and Mrs Smith... Si ! Le (faux) couple formé par Depp-le-vampire et la sorcière Eva Green fonctionne un peu sur le registre Pitt-Jolie... en mieux. La composition d'Eva Green (inoubliable Sibylle dans Kingdom of Heaven) est à signaler. A une plastique parfaite, elle ajoute un entrain, une "pêche" maléfique qui troublent quelque peu le cul-pincé amateur de sang frais.
Les scènes qui confrontent ces deux personnages sont souvent très réussies. D'autres, plus languissantes, répétitives même, auraient dû être coupées au montage, ce qui aurait fait du bien au film, qui souffre de quelques longueurs.
La séquence du début explique l'origine de la malédiction. On atterrit ensuite à l'époque contemporaine, où l'on suit la future nouvelle nounou du garçon perturbé de la maison. Elle semble cacher de lourds secrets. On pense que les scénaristes en ont fait le personnage féminin principal... avant de découvrir la "méchante" (Eva Green donc, redoutable chef d'entreprise... et surtout sorcière amoureuse et extrêmement possessive). Du coup, la miss-propre-sur-elle-qu-on-n-effraie-pas-comme-cela passe au second plan, et son passé chargé, tout comme sa quête, ne sont pas très bien traités par la suite de l'histoire.
Le film est évidemment émaillé de traits d'humour. A la base, on a joué sur le contraste entre les propos et la conduite guindés du vampire (à entendre en VO sous-titrée, of course) et la trivialité du monde dans lequel il atterrit... et dont il doit acquérir certains codes. Rien de très nouveau donc, mais c'est bien fichu. Les amateurs de macabre goûteront aussi la manière dont le héros hématophage s'occupe d'une équipe d'ouvriers et d'une bande de baba cools assez mous du bulbe.
Ajoutons que l'image est superbe. La propriété qui sert de cadre à l'histoire est magnifique (et truffée de recoins secrets). Certaines scènes sont particulièrement enlevées. J'ai particulièrement aimé la dernière confrontation avec la sorcière et cette peau de porcelaine qui se craquelle... avant que le cœur ne s'éteigne.
23:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
mercredi, 30 mai 2012
Moonrise Kingdom
De Wes Anderson j'ai vu La Famille Tenenbaum (de facture classique), La Vie aquatique (surprenant) et Fantastic Mr Fox (plaisant). Ce film ne détonne pas : il est bien dans le style de ce réalisateur peu commun, dans l'univers duquel il faut arriver à entrer.
Ici, l'île de la côte atlantique semble surmontée de maisons de poupées et l'ambiance de la fin des années 1960 contribue à renforcer l'impression d'étrangeté. Le réalisateur oppose le monde des adultes, géométrique, triste, sans fantaisie, au monde des (pré)adolescents, fait de folie douce, d'aventure et de rondeurs.
Le paradoxe est que ce sont les adultes qui sont le mieux interprétés. Bruce Willis est excellent en flic esseulé qui vit une histoire sans avenir avec une femme mariée. Celle-ci est incarnée par l'égérie des frères Coen, Frances McDormand, dont l'époux soupçonneux mais débonnaire prend les traits d'un Bill Murray somme toute assez sobre. Edward Norton et Tilda Swinton sont plus dans la démesure, le premier en chef scout plein de bonne volonté mais dépassé par les événements, la seconde en Dame Services Sociaux acariâtre et arrogante.
A l'image de ce qui se passe dans Aloïs Nebel, les intempéries surviennent en pleine crise. Elles vont exacerber les sentiments... et créer quelques situations comiques. L'humour de Wes Anderson n'est pas du registre de la farce, mais du cocasse. Il introduit l'incongru dans une histoire qui pourrait paraître convenue. Cela se suit avec plaisir, mais le film ne laissera cependant pas une impression mémorable.
15:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
lundi, 28 mai 2012
La guerre des affiches
La campagne des législatives est bien lancée dans la première circonscription de l'Aveyron, où se présentent huit candidats :
Les panneaux d'affichage ruthénois se sont garnis de belles images en couleurs, collées, arrachées, puis recollées... Précisons qu'il existe deux types de panneaux : les officiels, avec un numéro attribué à chaque candidat, et les non officiels, dédiés à l'affichage libre, occasionnellement politique (les affiches politiques y sont d'ailleurs régulièrement et rapidement recouvertes par d'autres, annonçant qui un concert, qui un repas, qui une animation diverse...).
En fin de semaine, en passant à proximité de la gare SNCF, j'ai machinalement jeté un coup d'oeil aux panneaux officiels... et j'ai été surpris par ce que j'y ai vu :
Et encore, la photographie ayant été prise samedi, après le passage de militants du Front de Gauche et du PS, une partie des "dégâts" avait été réparée. Mais l'on peut quand même constater que quelques membres de l'UMP auraient laissé libre cours à leur fougue militante... et recouvert tous les panneaux d'une affiche à la gloire du député sortant ce qui, d'après KaG (alias "Olivier le Jardinier"), a quelque peu embarrassé son équipe.
Ces fervents militants n'avaient apparemment pas été interloqués par le fait que les colleurs d'affiche du Front de Gauche, des Verts, du Parti Radical de Gauche et de Lutte Ouvrière s'étaient contentés d'un panneau numéroté pour leur propagande. On peut d'ailleurs en voir deux conséquences cocasses. Si vous regardez attentivement la photographie ci-dessus, vous verrez que de deux des affiches apposées frauduleusement dépasse une partie de l'originale, au point de provoquer une certaine confusion.
Voici donc Yves Censi devenu un chantre de l'écologie :
Le plus drôle est que vendredi, tous les panneaux étant recouverts de la même affiche, le slogan "Votre voix pour une autre voie", prenait un sens tout particulier !
Un peu plus loin, Yves Censi semble avoir complètement retourné sa veste :
Si les militants ne sont même pas capables de recouvrir correctement l'affiche du candidat du PRG, c'est à désespérer de tout !
Plus loin, en se rapprochant de la gare SNCF, on rencontre un panneau d'affichage libre, d'où la propagande en faveur du député sortant a été rageusement arrachée... ou seulement recouverte, ce qui là encore peut donner naissance à une situation assez ubuesque :
La palme revient toutefois aux militants UMP. Figurez-vous qu'ils ne se sont pas contentés "d'arroser" les panneaux, officiels ou non. Ils se sont aussi permis de laisser une trace de leur passage à certains endroits inattendus. Ainsi, lorsqu'on se trouve devant les panneaux susmentionnés, il suffit de se retourner pour voir, sur le trottoir d'en face, ceci :
Faut-il en conclure que le député sortant (en place depuis 10 ans) est à ranger au rayon des vieilleries ? En tout cas, cet affichage sauvage n'a pas laissé indifférent un-e passant-e (que je soupçonne d'être venu-e coller une affiche pour un-e autre candidat-e), qui a griffonné un message :
12:45 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : politique, ump, ps, législatives, législatives 2012
dimanche, 27 mai 2012
La Turquie veut l'Union européenne
Je ne pensais pas que la consommation d'un kébab me mènerait à discuter de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. (J'en suis plutôt à essayer de gérer l'une de mes contradictions : je suis contre la viande halal... mais je m'offre, de temps à autre, le plaisir de manger un kébab... qui a de très fortes chances d'être à base de viande abattue rituellement !)
Cette semaine, donc, au moment de régler ma commande dans un restaurant ruthénois, j'aperçus, sur le comptoir, un drôle de dépliant, rédigé en français, mêlant les drapeaux européen et turc : "La Turquie, une clé pour l'avenir de l'Europe". Il émane du Bureau du Premier ministre turc.
La première page est illustrée par une photographie prise en décembre 2004, au Parlement européen :
On reconnaît sans peine Daniel Cohn-Bendit (à droite)... et Harlem Désir, à gauche (il tient une pancarte où le mot "OUI" est écrit en turc), député européen depuis 1999 et numéro 2 du PS. Soutient-il toujours l'adhésion de la Turquie aujourd'hui ? Voilà une question qui pourrait être posée à celui qui prétend prendre les rênes du premier parti de France.
Tournons la page et commençons la lecture. Les auteurs affirment que c'est dès 1959 (soit à peine deux ans après la signature du traité de Rome, fondateur de la CEE) que la Turquie a posé clairement sa candidature. Ce n'est pas ce qui ressort de la lecture des documents communautaires, notamment de celui qui a été publié en juin 2011, et qui est consacré à l'élargissement de l'UE. Voici ce qu'on peut y lire page 5 :
"La Turquie est liée à la Communauté (CEE) par un accord d'association depuis 1963.
Elle a posé sa candidature à l'adhésion en 1987. Une union douanière a été établie
en 1995. Le Conseil européen d'Helsinki de 1999 a accordé à la Turquie le statut de
pays candidat."
Le document a néanmoins raison quand il affirme que c'est à l'unanimité que la candidature turque a été acceptée, en 1999 : le Conseil européen se prononce sur ce type de sujet à l'unanimité. Ce sera encore le cas si la question de l'adhésion effective se pose.
On passe ensuite à des questions économiques. La Turquie est présentée comme la 16e économie mondiale et la 6e d'Europe. D'après la Banque mondiale, en 2010, le PIB de la Turquie était le 17e mondial. Six pays européens (sept, si l'on compte la Russie... mais n'exagérons pas, hein) sont classés devant : Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne et Pays-Bas. Si l'on divise par la population, on obtient un tout autre classement, la Turquie se retrouvant 93e, avec un total trois fois plus faible que celui du Danemark. Si le pays est bien un producteur de richesses (il est considéré comme un "pays émergent" - et pas "émergeant", comme écrit dans le document), le niveau de vie de la majorité de ses habitants est assez faible. En masquant ces éléments, on cherche donc à rassurer le lecteur français.
La même démarche est à l'oeuvre dans les paragraphes suivants. On cite la (relative) faible part du secteur agricole dans le PIB (10 %... mais en France c'est 2,5 %) et le poids du commerce et des services... mais on laisse de côté la répartition de la population active, dont le tiers environ travaille dans le secteur agricole. Voilà qui compliquerait encore plus la gestion de la PAC, en cas d'adhésion.
On peut aussi contester l'affirmation que l'entrée de la Turquie "augmenterait les dimensions du marché intérieur européen, ainsi que la compétitivité globale de l'UE". Comme une union douanière existe déjà entre l'UE et la Turquie, l'adhésion de celle-ci ne jouerait que marginalement sur le développement du commerce. Par contre, elle pourrait rendre plus faciles les délocalisations, dont ont déjà bénéficié les pays d'Europe de l'Est depuis 2004.
La page suivante s'ouvre sur une autre photographie, mettant en scène le Premier ministre Erdogan et le commissaire européen en charge de l'élargissement (et de la politique de voisinage), le Tchèque Stefan Füle.
L'accent est mis sur le caractère occidental de la Turquie, présentée comme une "démocratie laïque", une affirmation à nuancer. (Je conseille aussi une passionnante intervention de Jean-François Bayart sur France Culture, en février 2011.)
Mensongère aussi est l'affirmation que l'adhésion turque faciliterait la lutte contre l'immigration clandestine. A l'heure actuelle, la Turquie, loin d'être un obstacle, est la principale porte d'entrée dans l'Union :
On rirait presque à la lecture des paragraphes faisant l'éloge du pays multiculturel... où il vaut mieux être un Turc musulman sunnite. Bien entendu, rien n'est dit du génocide arménien, ni des revendications kurdes.
Plus intéressante est la partie consacrée au rôle stratégique du pays dans l'approvisionnement des membres de l'Union en hydrocarbures. Elle est illustrée par une carte :
Si elle a l'avantage de présenter une vue large du problème, elle laisse de côté le concurrent russe (à peine évoqué dans le texte d'accompagnement) et mélange l'existant et le projet : les Européens aimeraient diminuer leur dépendance à l'égard du gaz russe grâce au projet Nabucco :
Ce projet est à mon avis vital pour l'UE, dont les dirigeants n'ont pas suffisamment compris le danger que représenterait une position hégémonique de la Russie dans nos approvisionnements énergétiques. Mais, a-t-on besoin d'aller jusqu'à l'adhésion de la Turquie pour le mener à bien ? Non.
La brochure se termine par le rappel du poids démographique de la Turquie... un peu sous-estimé pour le coup : 72 millions d'habitants, contre près de 75 millions selon l'INED. Ce n'est pas dit dans le document, mais ce poids démographique donnerait à la Turquie, en cas d'adhésion, la même place que l'Allemagne dans les institutions européennes. Le texte se contente de faire allusion à la jeunesse de la population, à la force de travail, véritable aubaine pour les entreprises en quête de délocalisation de proximité...
18:23 Publié dans Politique, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, ps, europe
Le PS et les gonzesses
La presse se savoure souvent davantage avec le recul. On ne le prend pas suffisamment. Cela m'est arrivé involontairement aujourd'hui, en triant des journaux à jeter. Je suis tombé sur un article du Monde du 5 mai dernier, intitulé "Ces femmes qui pourraient être ministres si François Hollande est élu". La version papier de l'article est illustrée par une photographie de groupe :
Tout l'intérêt, trois semaines plus tard, est de voir si les prévisions du journaliste se sont vérifiées. Force est de constater que plusieurs des femmes présentes ici sont entrées dans le premier gouvernement Ayrault :
- Marisol Touraine (habillée de rouge, presque au centre de l'image)
- Aurélie Filippetti (assise en haut, à droite, contre la fenêtre)
- Najat Vallaud-Belkacem (debout au fond, derrière M. Touraine)
- George Pau-Langevin (la première debout, à gauche)
- Delphine Batho (assise derrière la table ronde, avec l'écharpe blanche)
- Fleur Pellerin (debout à côté de N. Vallaud-Belkacem)
Ajoutons à cet aréopage Valérie Fourneyron, qui ne figure pas sur la photographie, mais était, d'après l'article, pressentie pour le portefeuille des Sports.
Les autres n'ont pas été retenues :
- Laurianne Deniaud (au premier rang , à gauche)
- Laurence Dumont (sans doute debout derrière elle, à côté de G. Pau-Langevin)
- Charlotte Brun (assise derrière, à côté de D. Baltho)
- Safia Otokoré (deuxième assise en partant de la droite)
- Marie-Hélène Aubert ? (assise à l'extrême-droite)
Sur les onze (et même douze) femmes, seules deux ne figuraient pas sur l'organigramme de l'équipe de campagne du candidat Hollande (L. Dumont et C. Brun, qui font toutefois partie de l'équipe des secrétaires nationaux du PS).
On remarque cependant que la présence sur cet organigramme n'explique pas la nomination au gouvernement, puisque plusieurs ministres femmes n'y figurent pas :
- Cécile Duflot (ce qui est logique, puisqu'elle soutenait Eva Joly)
- Nicole Bricq (une des bonnes surprises de cette équipe)
- Geneviève Fioraso
- Michèle Delaunay
- Dominique Bertinotti
- Yamina Benguigui (une contrepublicité vivante pour la chirurgie esthétique)
Mais cela ne représente que 6 des 17 ministres. Donc, 65 % des ministres femmes figuraient sur l'organigramme. Chez les hommes, rares aussi sont les ministres qui en étaient absents. Il s'agit de :
- Laurent Fabius
- Arnaud Montebourg
- Pascal Canfin (connais pô çui-là)
- Frédéric Cuvillier
... soit 4 sur 18 (en incluant le Premier ministre). Donc 78 % des ministres hommes figuraient sur l'organigramme de campagne.
On peut en conclure que François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont allés davantage "taper" à l'extérieur du premier cercle pour composer la partie féminine du gouvernement. Et pourtant, environ 50 % des femmes qui figuraient sur l'organigramme de campagne n'ont pas été nommées.
Cela nous ramène à l'article du Monde, qui n'a pas toujours vu juste. Les journalistes avaient fini par comprendre que le futur président n'allait pas nommer Premier ministre son ancienne rivale (de surcroît bien implantée dans l'appareil du PS), mais ils l'imaginaient quand même à la tête d'un grand portefeuille...
Parmi les autres favorites du journal, on distingue deux élues de grandes villes (Adeline Hazan à Reims et Anne Hidalgo à Paris), à qui on assigne sans doute un destin plutôt municipal. L'autre catégorie des recalées est composée d'anciennes ministres de Lionel Jospin, Elisabeth Guigou et Catherine Trautmann. Hollande a poussé le soin jusqu'à renouveler les figures féminines. On lui en sait gré...
00:20 Publié dans Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, ps, société, parti socialiste
samedi, 26 mai 2012
Aloïs Nebel
Ce film d'animation tchèque a suscité l'intérêt compte tenu du procédé utilisé : la rotoscopie, déjà à l’œuvre dans A Scanner darkly et, plus récemment, Valse avec Bachir. Cela donne un somptueux noir et blanc, sombre à l'image de l'histoire, même si cette adaptation d'une bande dessinée (célèbre en République tchèque) ménage des moments lumineux dans cet univers crépusculaire.
Le héros, Aloïs Nebel, est un employé des chemins de fer, à la gare de Bily Potok (village connu pour être le plus pluvieux du pays... on en a l'illustration dans le film !). C'est un taiseux, solitaire et complexé, particulièrement maniaque : il connaît par cœur les horaires et parcours des trains (qu'il se prend même à réciter, pour se calmer les nerfs... on comprend pourquoi par la suite) et considère comme une mission sacrée de régulièrement fermer à bloc le robinet d'eau potable de l'évier extérieur de la gare, que tant de gens laissent couler.
Les trains occupent donc une place importante dans ce film. Ce sont les trains (électriques) de 1989, au moment de l'effondrement du régime communiste tchécoslovaque (en douceur : on a parlé de "Révolution de velours")... et de ceux de 1945, à vapeur, qui obsèdent le héros. Les moments qui mettent en scène ces derniers sont particulièrement évocateurs. La machine fait presque figure de monstre... et pour cause : le départ d'un train, des années auparavant, a été le théâtre d'un drame, qu'Aloïs revit, sans qu'on en découvre pourtant toutes les implications.
Du coup, on se pose des questions. Les spectateurs occidentaux auront tendance à penser à une tragédie en particulier, mais c'est une fausse piste. Il faut avoir en tête le contexte tchécoslovaque. L'histoire n'en devient que plus étrange, avec cet homme entre deux âges, qui prend des risques inouïs pour, en 1989, passer d'Allemagne en Tchécoslovaquie... alors que des millions de gens ont en tête exactement l'inverse à cette date !
Une des clés est une vieille photographie, sur laquelle figurent une femme et trois hommes. Au moins l'un des quatre est mort.
A ce drame vécu à 44 ans d'écart s'ajoute la vie quotidienne laborieuse d'Aloïs Nebel (dont le nom signifie brouillard en allemand). A la gare, il côtoie un gros blaireau, qui trafique avec les troupes d'occupation soviétiques, sur le point de partir. Il s'est pris de sympathie pour un chat, qu'il a inclus dans la mécanique de ses gestes quotidiens. Son arrestation (temporaire) et la perte de son poste vont le conduire à Prague, où il va faire des rencontres déterminantes, avant de rentrer dans sa région d'origine, pour le dénouement de l'histoire.
C'est vraiment un très bon film, exigeant certes, mais d'une grande beauté plastique et plein d'humanité.
11:21 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film
vendredi, 25 mai 2012
La Terre outragée
Cette terre est celle d'Ukraine, de la région de Prypiat, ville-modèle située à proximité de Tchernobyl. L'histoire se déroule en deux temps : la catastrophe de 1986 et son environnement, puis la vie des survivants dix ans plus tard, entrecoupée de retours en arrière.
On serait presque étonné de voir qu'avant l'accident de la centrale nucléaire, cette partie de l'URSS vivait plutôt bien. On avait du boulot, on pouvait s'y amuser (il était même prévu d'inaugurer la grande roue du parc d'attraction). On s'y mariait aussi (avec photo devant la statue de Lénine, dont la centrale portait aussi le nom) : d'après la réalisatrice, Michale Boganim, 16 unions ont été célébrées ce jour-là à Prypiat !
On suit l'une des noces, la mariée étant l'héroïne (Olga Kurylenko, très bien), devenue dix ans plus tard guide bilingue pour les francophones que le frisson nucléaire excite... parce que, aujourd'hui encore, le site se visite ! Dans la deuxième partie du film, la réalisatrice excelle à restituer le mal-être de ceux qui ont perdu un être aimé, ou dont la vie passée a été rayée de la carte.
La mariée voit, dès avant la nuit de noces, son conjoint la quitter pour aller d'urgence éteindre un incendie : il est pompier, et la forêt en feu est en réalité la centrale nucléaire. On cache donc aux "civils" (dont beaucoup travaillent à Tchernobyl) ce qu'il se passe réellement. Pourtant, des signes auraient pu les alerter, comme ces végétaux morts subitement ou ces poissons retrouvés ventre à l'air dans la rivière.
Pathétique est le parcours de l'ingénieur, qui pense très tôt à mettre sa famille à l'abri, et qui reste, à ses risques et périls, s'efforçant de croire que son action sert à quelque chose. Des années plus tard, son fils part à sa recherche, et à celle de son ancien logis, désormais situé en zone interdite.
C'est là qu'il croise à nouveau la jeune veuve, qui fait le guide pour des Occidentaux assez dignes dans leur comportement. Ils croisent de nouveaux arrivants (venus d'Asie centrale) et des rescapés de la catastrophe, certains étant retournés vivre dans la zone (il y en a même qui ont refusé de partir). Au-delà du fait divers, au-delà de la politique, c'est un film sur le déchirement. C'est bien joué, pas franchement joyeux, mais riche en réflexion et émotions.
16:34 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film, histoire, environnement
mercredi, 23 mai 2012
Trouvé !
En cette fin d'après-midi, j'ai effectué de menus achats. Me trouvant avenue Durand de Gros (à Rodez), j'ai eu le regard attiré par quelque chose de brillant, sur le trottoir. Je me suis approché et j'ai ramassé ceci :
"10 bani" ? Kezaco ?
En retournant la pièce de monnaie, j'ai compris qu'elle venait de Roumanie (elle est issue de la dernière série, émise en 2005) :
Au centre de l'avers (le côté face) se trouve une copie des armoiries de la Roumanie, articulées autour de l'aigle croisée d'or.
Chacun sait que la Roumanie, qui n'a intégré l'Union européenne qu'en 2007, n'est pas membre de la zone euro (pas plus que de l'espace Schengen d'ailleurs). La réforme de la monnaie nationale de 2005 est sans doute à considérer dans la perspective de l'adhésion.
Toujours est-il que, depuis une dizaine d'années, les Aveyronnais qui habitent en ville se sont aperçus que des Européens de l'Est ont choisi notre pays comme destination migratoire. Un Roumain a sans doute perdu cette piécette, qui vaut approximativement deux centimes d'euro.
20:08 Publié dans Economie, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société, europe, unio européenne
mardi, 22 mai 2012
Les 10 ans de l'euro (en poche)
Je viens de récupérer une drôle de pièce de 2 euros :
Il s'agit d'une pièce commémorative, française, puisque la titulature nationale varie en fonction du pays. On peut ainsi tomber sur d'autres pièces du même type :
Le paradoxe est que les deux seules références européennes sont la représentation stylisée du symbole de l'euro (au centre) et les douze étoiles du drapeau (sur le pourtour).
Les autres éléments dessinés ont valeur générale, pas spécifiquement européenne. Sous le nom de l'autorité émettrice, on trouve des bâtiments que l'on suppose d'habitation, en présence semble-t-il de végétation. Juste à côté a été placé un groupe de quatre personnes, deux adultes et deux enfants des deux sexes : la famille modèle occidentale.
On passe ensuite à un bateau (pour l'activité commerciale et les transports), puis à une sorte de gratte-ciel devant lequel un oeil avisé finira par distinguer un curieux symbole :
Il s'agit de nouveau de l'euro... et nous sommes à Francfort, devant le siège de la BCE (Banque Centrale Européenne) :
L'Euro Tower est suivie de deux imposantes éoliennes (ben oui, on soutient les énergies renouvelables, mon gars !) et d'une usine, de la cheminée de laquelle s'échappe ce qui semble être une fumée... sans doute non polluante, vu qu'il y a les éoliennes juste à côté ! Tout est question de contexte...
Les esprits curieux auront remarqué qu'au coeur de la pièce, le symbole monétaire est placé sur un globe terrestre. Les optimistes béats y verront une référence au poids mondial acquis par l'euro, les sceptiques la confirmation de l'adhésion des élites communautaires à la mondialisation libérale.
Et si l'on retourne la pièce, que voit-on ? Ceci :
Le côté pile des pièces comporte autant d'approximations qu'en 2008 : des pays non membres de la zone euro (à commencer par le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède) sont représentés... et cela s'étend aux pays européens non membres de l'Union, comme la Norvège, mais aussi ceux de l'ex-Yougoslavie (sachant que la Slovénie est elle bien dans la zone euro).
Notons que la pièce française a été émise à environ 10 millions d'exemplaires, beaucoup moins que la version allemande (30 millions), ce qui est logique, mais aussi étonnamment moins que la version italienne (15 millions)... et que la version autrichienne, émise à 11,3 millions d'exemplaires. A ceux que le "tirage" autrichien stupéfie, précisons que le créateur du dessin utilisé sur la pièce commémorative (qui a remporté un concours arbitré par les internautes) est un certain Helmut Andexlonger... qui est autrichien. On semble avoir pensé que nombre des habitants de ce petit pays seront tentés de thésauriser l'oeuvre de leur compatriote !
20:10 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : france, société, europe
vendredi, 18 mai 2012
Hollande s'inspire (un peu) de Sarkozy
La découverte du casting gouvernemental m'a quelque peu interpellé. C'est fou comme certains choix présidentiels (ce n'est évidemment pas Jean-Marc Ayrault qui a pesé le plus dans les nominations) semblent ressembler à ceux de 2007.
Ainsi, François Hollande a choisi comme Premier ministre un homme qui ne lui ferait pas d'ombre, tout comme Nicolas Sarkozy avait choisi François Fillon. De surcroît, il a nommé quelqu'un dont il sait qu'il lui sera fidèle. La différence est que les liens entre Hollande et Ayrault sont anciens, alors que le rapprochement Fillon-Sarkozy remontait à 2005 (quand Fillon avait été "débarqué" du gouvernement).
La ressemblance continue aux Affaires étrangères : un ancien Premier ministre, Laurent Fabius, succède à un autre, Alain Juppé. Les deux ont été considérés comme "présidentiables" à un moment de leur carrière... et ils auraient pu être des rivaux pour le président qu'ils ont finalement décidé de servir. La différence est que Juppé n'a atterri aux Affaires étrangères qu'après une série de péripéties, qui l'ont mené du Développement durable à la Défense... en passant par la démission, suite à une défaite aux législatives. En nommant Laurent Fabius, Hollande rassure à l'étranger, où le bonhomme est connu. C'est peut-être aussi l'indication qu'il ne va pas y consacrer la plus grande partie de son énergie. On notera aussi que le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, n'est pas un spécialiste, signe que c'est le duo Hollande-Ayrault (celui-ci germanophone) qui va piloter les relations avec l'UE.
L'Education nationale confirme la première impression. L'agrégé de philosophie Vincent Peillon succède (à 5 ans d'écart) à l'agrégé de lettres Xavier Darcos. Le passé montre qu'il ne suffit pas d'être un brillant produit du système éducatif français pour savoir correctement le gérer.
Le ministère de la Justice est de nouveau l'occasion de promouvoir un représentant des "minorités visibles". Christiane Taubira sera-t-elle la Rachida Dati du gouvernement de gauche ? Elle n'est a priori pas plus compétente qu'elle dans le domaine juridique (c'est plutôt une économiste de formation), mais, contrairement à l'ancienne garde des Sceaux, elle a derrière elle une belle expérience politique et plusieurs mandats locaux et nationaux. François Hollande a donc voulu nommer une politique chevronnée, militante de gauche, pas une technicienne en droit. C'est aussi une manière de récompenser la mouvance "montebourienne" du PS, qui l'a soutenu au second tour de la primaire socialiste. C'est enfin un signe en direction de l'outre-mer, dont l'électorat l'a en général plébiscité : en Guyane (département dont C. Taubira est l'élue), il est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle (avec 42,61 % des voix) et l'a largement emporté au second (avec 62,05 % des voix).
Passons à l'Economie, où il fallait un "poids lourd", compte tenu des enjeux actuels. Pierre Moscovici correspond au profil... et son cas n'est pas sans ressembler à ceux de Jean-Louis Borloo et François Baroin. Comme le premier, il ambitionnait de décrocher le poste de Premier ministre. Comme le second, il était d'une autre obédience que celle du président élu (chiraquienne pour Baroin, strauss-kahnienne pour Moscovici). On remarque aussi que les trois hommes ont une petite réputation de dilettante. C'est peut-être révélateur du fait que la politique économique ne se décidera vraisembleblement pas à Bercy...
C'est un autre "poids lourd" qui a été nommé au ministère du Travail : Michel Sapin, qui se serait sans doute aussi bien vu à l'Economie... voire à Matignon. C'est un "bon soldat", un peu à l'image de ce que fut Xavier Bertrand, même si le socialiste semble avoir plus d'envergure.
Il est possible que le gouvernement compte sa Rama Yade : Najat Vallaud-Belkacem. Les deux femmes sont nées à l'étranger (respectivement au Sénégal et au Maroc), mais les familles n'appartenaient pas à la même catégorie sociale (beaucoup plus aisée pour les Yade). Elles sont passées par Sciences Po Paris. Toutes deux ont été nommées à un poste symbolique : les Droits de l'homme et le Droit des femmes. Toutes deux sont d'une grande beauté... et d'une certaine timidité quand il s'agit d'affronter le suffrage universel. Le temps nous dira si le nouveau porte-parole du gouvernement a plus de fond que l'ancienne ambassadrice à l'Unesco.
Le portefeuille de l'outre-mer semble destiné à être occupé par un élu ultramarin. A la Guadeloupéenne Marie-Luce Penchard (elle-même fille de Lucette Michaux-Chevry, qui fut deux fois ministre) succède son grand rival Victorin Lurel qui, rappelons-le, fut le seul président de Conseil régional reconduit à l'issue du premier tour, en 2010. Signalons qu'avec George-Pau Langevin (nommée à la "Réussite éducative"), cela donne finalement 3 membres du gouvernement issus des anciens DOM-TOM.
Enfin, il faut toujours caser un trublion, auquel on doit beaucoup. Ce fut le cas de Patrick Devedjian, chargé (de 2008 à 2010) de "la mise en oeuvre du plan de relance". C'est aujourd'hui le cas d'Arnaud Montebourg, qui se voit attribuer le "redressement productif". Dire que c'est à cause de ce genre de gadget qu'on va nous priver (un peu) d'Audrey Pulvar !
Je vais m'arrêter là. Bien entendu, les différences entre les gouvernements Ayrault et Fillon sont plus grandes que les ressembances, mais certaines coïncidences n'en sont pas moins troublantes. Faut-il y voir le résultat de l'action de conseillers en com' plus ou moins inspirés ?
Il reste un aspect comique, scato-sexuel, qui n'a pas échappé à la presse : on passe d'un "trou du cul" [Fi(ll)on] à une "tête de noeud"... "Ayrault" se prononçant, pour les arabophones, comme le mot "pénis" en argot !
14:42 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : hollande, françois hollande, politique, sarkozy, actualité
jeudi, 17 mai 2012
Le patrimoine de François Hollande
Sa déclaration a été publiée au Journal Officiel du 11 mai... 5 ans, jour pour jour, après celle de Nicolas Sarkozy. On remarquera que François Hollande, juridiquement célibataire, mais partageant en réalité la vie de Valérie Trierweiler, ne mentionne pas la profession de la nouvelle Première Dame.. alors que Nicolas Sarkozy avait eu le culot d'écrire que Cécilia était "sans profession"...
Ceux qui attendent du nouveau président une loi très restrictive sur le cumul des mandats devraient méditer le fait que le candidat était député et président du Conseil général de Corrèze. Je leur conseille aussi de consulter le pedigree des nouveaux ministres, visible sur le diaporama proposé par le quotidien La Croix : le premier gouvernement Ayrault compte une brochette de cumulards (mais heureusement fort peu de "vieilles figures" du PS).
Revenons au patrimoine de François Hollande, essentiellement constitué de biens immobiliers (c'est très français, ça... tout comme la prédilection de N. Sarkozy pour l'assurance-vie). Première surprise : il ne possède rien en Corrèze, ni à Paris (il loge dans le XVe arrondissement, rue Cauchy), ni en Normandie, où il est né et a passé sa jeunesse (pas plus qu'à Neuilly, où il vécut adolescent). Il est donc locataire... ou bénéficie d'au moins un logement de fonction : certains présidents de Conseil général y ont droit. Je me demande si c'est son cas.
Mais François Hollande est tout de même propriétaire (ou copropriétaire) d'une maison, à Mougins, et de deux appartements, à Cannes. Les deux communes sont situées dans le département des Alpes maritimes, à proximité l'une de l'autre : on peut considérer que Mougins fait partie de l'agglomération cannoise.
J'ai colorié le territoire de la commune de Cannes en brun... puisque c'est là que réside le père du nouveau président de la République, qui déclare avoir voté pour son fils au second tour... mais on sent qu'une dame blonde a sans doute eu sa faveur au premier tour. En rose, j'ai colorié le territoire de la commune de Mougins. (Nice est la grande commune littorale située au nord-est de Mougins, un peu au-dessus du "M" de Mer.)
Quand on consulte les résultats des élections, on se dit que François Hollande n'a pas investi en terre amie. Aussi bien Cannes que Mougins ont plébiscité Nicolas Sarkozy (à respectivement à 68,8 % et 73,28 % au second tour), qui était de surcroît arrivé largement en tête au premier tour, recueillant 44,4 % et 47,57 % des suffrages exprimés. Comble de l'humiliation, dans les deux communes, c'est Marine Le Pen qui était arrivée deuxième, avec 21,59 % et 19,19 % des voix. F. Hollande avait terminé troisième, avec 17,74 % et 15,1 % des voix.
Autre curiosité du patrimoine "hollandais" : il ne signale la possession d'aucun véhicule (alors que Nicolas Sarkozy avait déclaré une Austin mini... ça ne s'invente pas ! Notons aussi que ce n'est pas une voiture de fabrication française...). Il est vrai qu'en tant que président du Conseil général de Corrèze, il bénéficiait d'un véhicule de fonction (avec chauffeur ?). Plus surprenant, à Paris, jusqu'au début de la campagne présidentielle, il circulait... en scooter.
14:19 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, hollande, presidentielle, françois hollande
lundi, 14 mai 2012
Cui cui !
06:03 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, poésie, musique
samedi, 12 mai 2012
Premier "Groland" de l'ère Hollande
La fine équipe s'en est donné à coeur joie ce samedi (sadi, pour les initiés). Dès le début de l'émission, on sentait que le résultat du second tour de l'élection présidentielle française n'était pas pour déplaire au présentateur du JT :
Le premier sujet développé était sportif : la "régate des emmerdes" est une manière ludique d'analyser le scrutin du 6 mai... et ce qui attend "Régime minceur", vainqueur de "Bolloré-Fouquet's":
Il a aussi été question du positionnement des médias durant le dernier quinquennat. On se demande longtemps ce qui peut inquiéter Michael Kael :
Toujours prête à rendre service, l'équipe de Groland a proposé un moyen imparable d'éviter que des invités ne s'incrustent lors d'une soirée, surtout s'il est question de politique :
De retour à l'actualité "sérieuse", l'émission s'est intéressée au rejet de la loi sur le harcèlement (par le Conseil constitutionnel), à travers un reportage "engagé" de Francis Kuntz :
Les faits de société ne sont donc pas absents de ce journal très politique. C'est ainsi qu'il a été question des effets révolutionnaires d'une pizza :
Mais, très vite, on est revenu au "président normal". Celui-ci commence à déteindre sur son voisin grolandais, qui doit (ré)apprendre quelques gestes de la vie quotidienne, avec plus ou moins de réussite :
Le show-biz est lui aussi contaminé par la "normalitude", à travers Albert Dupontel, venu en pote expliquer comment on peut être un artiste pété de thunes et un actif "normal" :
Mais l'actualité n'est pas toujours aussi joyeuse. Certains de nos compatriotes souffrent dans leur vie quotidienne, faite d'humiliations et de renoncements. La solution ? Peut-être celle-ci :
L'équipe de Groland s'en est aussi pris à la vision apocalyptique que certains adorateurs du président déchu ont tenté de transmettre, imaginant, par exemple, que France Inter est devenu un vecteur de la propagande islamiste :
J-E Moustic, toujours caustique, en a remis une couche, en présentant un fait divers qualifié de "sarkozyste" :
L'émission s'est achevée par une série de brèves, dont une exclusivité : le nom de la nouvelle correspondante de TF1 à Tulle :
23:07 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollande, sarkozy, france, humour, médias
jeudi, 10 mai 2012
Toujours cette obsession...
Google est décidément un moteur de recherche très utilisé... y compris par les cons. Certains d'entre eux ont une véritable obsession antisémite, au point de leur faire systématiquement chercher si telle ou telle personnalité connue est juive. Du coup, quand l'internaute moyen est en quête d'information sur une vedette du moment ou un homme de pouvoir, il n'a pas le temps de terminer d'écrire sa requête que Google lui propose plusieurs propositions pour l'achever... parmi lesquelles figure presque toujours la mention "juif" ou "juive".
J'en ai déjà parlé en octobre 2011 mais cela m'a à nouveau sauté aux yeux lors de la campagne des élections présidentielles. Voici ce que j'ai pu voir en effectuant une recherche sur François Hollande :
Rebelote quand je me suis intéressé au cas de sa compagne, Valérie Trierweiler :
C'est d'autant plus ridicule que le nouveau président de la République est le fils de "Normands pur sucre", son père Georges ayant même milité à l'extrême-droite, dans la mouvance de Jean-Louis Tixier-Vignancour, dont on ne peut pas dire qu'il se signalait par une grande affection pour les juifs.
Concernant Valérie Trierweiler, on peut penser que c'est son patronyme, à consonnance germanique, qui a éveillé les "soupçons" des antisémites... sauf que c'est le nom de son ancien mari (le second), Denis (qui a lui aussi travaillé pour Paris Match). Elle est née Valérie Massonneau, dans une famille angevine. Attention toutefois : elle a des ancêtres banquiers, mais leurs descendants vivent de manière beaucoup plus modeste !
23:18 Publié dans Politique, Presse, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollande, politique, société, presse, médias
mardi, 08 mai 2012
Le 6 mai en caricatures
L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo (qui n'est pas forcément ma tasse de thé), a laissé carte blanche à ses dessinateurs le soir du second tour de l'élection. Cela nous donne une floppée de caricatures plus ou moins inspirées.
Trois thèmes principaux émergent : la victoire d'un mou (François Hollande), l'éjection du "petit" (Nicolas Sarkozy) et la menace FN.
Sans surprise, le nouveau président est représenté comme un type sans relief. Deux dessinateurs ne peuvent s'empêcher de réutiliser l'image de Flanby (qui a un aspect ambivalent, comme je l'ai déjà écrit). Voici (selon moi) le meilleur des deux dessins (dû à Jul) :
Notons que sa supposée mollesse est mise en relation avec son ancienne compagne :
Un des dessins retourne toutefois l'image de François Hollande :
Le trait d'humour (appuyé...) mis à part, on peut y voir le désir de maintes personnes de la gauche radicale de voir le candidat de leur camp (pas forcément de leur coeur) la jouer virilement, bref prendre le dessus sur son adversaire... à la manière d'un Sarkozy.
Sans surprise, le sortant essuie une volée de bois vert. On remarque l'insistance mise sur sa petite taille. Cela devient intéressant quand un deuxième sens est sous-entendu :
Bien évidemment, ici, il est question de sa mort politique, puisqu'il a annoncé vouloir prendre du recul. (Mais va-t-il réellement renoncer à toute action politique ? J'en doute. Le premier signe sera sa participation -ou non- aux séances du Conseil constitutionnel, dont il devient membre de droit en tant qu'ancien président... ça va devenir sympa si VGE et J. Chirac font aussi acte de présence !). Quant à l'épitaphe, si elle comporte une part de vérité au premier degré (Pompidou exclu, il est le président qui est resté le moins longtemps en fonction), elle est aussi une allusion transparente à sa taille.
Je trouve que c'est Luz qui a visé le plus juste :
Le côté bling bling, ami des riches de Nicolas Sarkozy lui a coûté cher, y compris à droite. Finalement, son discours le plus digne a été celui du soir du 6 mai 2012. Je reste convaincu que la fonction l'a amélioré (tout comme elle va grandir le vainqueur du 6 mai) et que le travail du gouvernement Fillon n'a pas été que mauvais, même si le bilan est "globalement négatif". Sur la vidéo, vous noterez le manque de discipline des militants UMP, déjà perceptible lors du meeting de Toulouse, en avril dernier.
Le dernier angle d'attaque des caricatures est la dénonciation du Front national, de ses chefs, de ses idées et de ses électeurs. On s'aperçoit en fait que les dessinateurs ont été marqués par les tentatives de récupération du vote FN :
Cette volonté de placer l'homme politique de droite dans une position inconfortable, associée au rapport sexuel, m'a rappelé une caricature de Cabu, qui doit dater de la fin des années 1980, représentant Valéry Giscard-d'Estaing en train de prodiguer une caresse buccale à Jean-Marie Le Pen. La fille de celui-ci ne bénéficie pas d'un traitement plus favorable :
Il est d'ailleurs question de quatre femmes dans ces caricatures, dont trois réelles. Outre Ségolène Royal (évoquée plus haut) et Marine Le Pen (de manière très disgracieuse), les dessinateurs ont surtout représenté Carla Bruni-Sarkozy, jamais de manière négative. Il y a comme une petite tendresse de ces gauchistes pour l'ancien mannequin nymphomane, supposée vaguement de gauche, rafistolée par la chirurgie esthétique.
Il en manque une (de femme), celle qui n'existe pas physiquement, mais qui s'incarne très souvent. Nooon, ce nest pas la Vierge Marie... mais son équivalent laïc : Marianne (Marie-Anne) :
Elle a aussi inspiré Christian Creseveur, un blogueur dont j'avais déjà relevé le talent à propos des tentatives de récupération de Jeanne d'Arc à l'occasion de la célébration du 600e anniversaire de sa naissance :
Cette Marianne-là a bien évidemment un air de ressemblance avec la nouvelle Première Dame : Valérie Trierweiler.
Mais c'est une autre Marianne, inconnue du grand public, qui a crevé l'écran ce dimanche : une manifestante de Rennes. Je l'avais remarquée à la télévision et je l'ai retrouvée sur une photographie de Damien Meyer, de l'AFP (un petit coquin qui a eu du nez), publiée aussi bien dans Le Parisien que Le Nouvel Observateur :
Pour la petite histoire, sachez que d'autres photographies de la manifestante ont été prises, aussi bien par Damien Meyer...
... que par François Destoc, pour Le Télégramme :
Cela m'amène à la question suivante : si, en dépit du bonnet phrygien, cette jeune femme n'avait pas été dotée d'une aussi belle poitrine (de surcroît mise en valeur par le décolleté), aurait-elle été l'objet d'une telle attention ? Le doute m'habite...
17:15 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, presidentielle, présidentielle, presse, médias, photo, photos
lundi, 07 mai 2012
Certains y ont cru jusqu'au bout
Il y a moins de quatre mois apparaissait un nouveau site d'information, atlantico, rapidement classé à droite par les spécialistes. Il ne se revendique toutefois d'aucun parti. Si, en général, il ne produit guère d'information brute, certains de ses contributeurs apportent de temps à autre un éclairage intéressant, moins consensuel dirons-nous.
Bon, ça, c'était avant la campagne des présidentielles. Force est de reconnaître que, depuis plusieurs semaines, le site est devenu farouchement anti-gauche... au point que, jusqu'à hier soir, les articles les plus mis en valeur pointaient les risques d'une surprise au second tour de l'élection (en faveur du président sortant, bien entendu). L'un d'entre eux, Le modèle qui trouve Nicolas Sarkozy gagnant à 50,2%, a été rédigé par un prof de Panthéon-Assas (haut lieu du progressisme universitaire)... économiste de spécialité !
L'autre article-phare de ces derniers jours s'intitule Pourquoi l'élection n'est pas jouée. Il a été écrit par un physicien, spécialiste du désordre (qui risque d'avoir du boulot avec l'UMP dans les semaines qui viennent...). Cet éminent scientifique (membre du CNRS, attention, hein) développe le concept de "sociophysique", qu'il fonde principalement... sur l'analyse de sondages. Autant je peux partager les réflexions sur la volatilité d'une partie de l'électorat, la part du hasard dans les revirements de votes, autant je trouve que cet article-là s'apparente plus à une prophétie auto-réalisatice.
Cet après-midi, si ces textes ont disparu de la liste des plus lus, l'un d'entre eux figure encore en tête de celle des plus partagés :
13:29 Publié dans Politique, Presse, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle
samedi, 05 mai 2012
Les approximations de Nicolas Sarkozy
A l'image de François Mitterrand qui, en 1988, a appuyé sa campagne sur une Lettre à tous les Français, qui fut notamment publiée dans la presse, Nicolas Sarkozy et son équipe ont mis au point un document détaillé à l'adresse des électeurs, la Lettre au peuple Français.
Rétrospectivement, on sent qu'elle a servi de cadre à la campagne. Tous les thèmes développés par le candidat y sont présents. Même si le coeur de la brochure est consacré à des aspects économiques (au sens large), on peut remarquer la place prise par les questions de société. La "droitisation" du président sortant était donc en germe (prévue ?) dans le programme... ou bien (si l'on est plus "sarkophile"), il n'y a pas eu droitisation... ou encore (si l'on est plutôt "sarkophobe"), la droitisation était perceptible dès l'avant-campagne.
Le sortant essaie de valoriser son bilan, qui n'est pas que négatif. Mais les illustrations (nombreuses) qui accompagnent le document sont parfois un peu biaisées.
On commence par la baisse de la délinquance, illustrée par un histogramme mettant en valeur le contraste entre les années du gouvernement Jospin (en rouge), qui ont vu les chiffres augmenter, et (en bleu) les années Chirac-Sarkozy (qui fut ministre de l'Intérieur, ne l'oublions pas). Attention toutefois : la baisse est celle des "faits constatés", c'est-à-dire les "crimes et délits portés à la connaissance des services de police et des unités de gendarmerie et consignés dans une procédure transmise à l’autorité judiciaire". Quand la police ou la gendarmerie n'a pas donné suite au signalement d'une infraction, celle-ci ne figure donc pas dans les statistiques. Celles-ci sont-elles davantages "arrangées" sous la droite que sous la gauche ? Impossible de l'affirmer.
Par contre, on peut noter que le choix de l'échelle de l'histogramme (près des trois-quarts de la hauteur ont été supprimés) accentue l'impression de baisse. Si l'on veut en avoir une idée plus juste, il faut imaginer que les barres sont beaucoup plus hautes... et donc que la baisse (réelle) n'est pas aussi grande qu'on veut bien le dire :
D'autre part, il y a différentes catégories de faits de délinquance. Toutes ne suivent pas la même évolution, comme on peut le constater en lisant -par exemple- le rapport sur la criminalité et la délinquance en France en 2008. Voici ce que l'on peut trouver page 14 :
On constate que les crimes et délits contre les personnes ont vu leur nombre augmenter continuellement depuis 1995 (et même 1987). Les "autres infractions (dont stupéfiants)" ont connu une évolution assez proche, même si quelques périodes de baisse (notamment 2002-2004 et 2005-2007) sont à noter.
Pour avoir une idée plus précise du bilan du duo Sarkozy-Fillon depuis 2007, il faut consulter la version 2010 (publiée en 2011 en fait) du rapport sur la délinquance. Voici ce que l'on peut lire page 8 :
En fonction des catégories, le bilan est plus ou moins flatteur, au point que, même sur le site internet de TF1, on s'est inquiété des chiffres 2011 de la délinquance.
Soyons honnêtes : de la même manière que l'on ne peut pas attribuer tout le mérite de la baisse de tel type de délinquance à l'action du président (ou d'un ministre), on ne peut lui imputer totalement l'infamie de la hausse des chiffres. Le contexte socio-économique joue... mais le candidat Sarkozy refuse de le reconnaître... et c'est écrit en gros, page 16 de la Lettre :
Par contre, on pourrait reprocher au sortant la baisse des effectifs des forces de l'ordre (n'oublions pas que policiers et gendarmes sont des fonctionnaires). Le candidat y a visiblement songé, puisque la Lettre met en valeur l'augmentation du nombre de membres de la police... scientifique. Celle-ci compte environ 2 000 personnes... à comparer aux quelques 140 000 policiers.
Il conviendrait aussi d'étudier la répartition des forces de l'ordre. On sait déjà qu'à Paris, les "beaux quartiers" sont mieux servis que les zones populaires. Et ailleurs ?...
Le même "maquillage" est à l'oeuvre quand il s'agit de traiter de l'évolution du nombre d'étudiants étrangers. Page 17 de la Lettre, on trouve le mâgnifique graphique que voilà :
Ici encore, on a coupé le document (l'échelle des ordonnées commence à 100 000), même si le résultat est moins déformant que dans le cas des faits de délinquance. Puisqu'on nous donne des chiffres assez anciens, il faut plutôt regarder l'évolution globale. La coupure se situe autour de 2003, première année où l'influence du gouvernement Raffarin a pu se faire sentir à ce niveau (l'année scolaire s'étendant de septembre 2002 à juin 2003 a été en partie le résultat de la gestion du gouvernement Jospin). C'est donc sous un gouvernement de gauche que le nombre d'étudiants étrangers a le plus progressé : de 150 000 à 250 000 (+ 67 %).
Sous Nicolas Sarkozy, la progression n'a été que d'une vingtaine de milliers (moins de 10 %). Si l'on examine les chiffres en les centrant sur la période Sarkozy, cela donne un histogramme moins flatteur, comme celui qui a été publié sur le site de RFI :
Le président sortant s'attribue donc à tort les mérites d'une politique d'ouverture (et de "captation des cerveaux") initiée par le gouvernement Jospin. A contrario, il aurait pu se flatter, auprès d'un électorat xénophobe, de ses résultats en matière de limitation de l'entrée d'étrangers en France...
Passons à la lutte contre l'immigration clandestine. Le président vante son bilan, certes pas négligeable dans ce domaine (page 23 de la Lettre) :
Il oublie de préciser qu'une bonne partie de ces reconduites à la frontière sont réalisées outre-mer (en Guyane et à Mayotte notamment), comme les sénateurs ont pu le relever :
En métropole, ce sont essentiellement des citoyens roumains et bulgares (des Roms notamment) qui sont expulsés, comme le reconnaît le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Il ne reste donc que quelques milliers de ressortissants africains et asiatiques expulsés de métropole, loin des rêves des électeurs du Front national qui verraient en Nicolas Sarkozy un efficace rempart contre ce genre d' "invasion".
La Lettre accorde aussi une grande place aux questions d'éducation. Les mêmes artifices sont utilisés pour représenter l'évolution du nombre d'élèves et d'enseignants (page 33) :
Concernant le nombre d'élèves, on remarque deux choses. La première est que la période chronologique est très vaste (elle démarre en 1990)... et qu'elle ne va pas au-delà de 2008 ! L'objectif est d'accentuer l'idée de baisse des effectifs. On remonte donc loin dans le temps, puisque, depuis 1998, la baisse est assez faible et que, depuis quelques années, on constate au contraire une ré-augmentation des effectifs. Ajoutez à cela le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 11 600 milliers... soit 11,6millions...), et le lecteur moyen aura l'impression d'une chute vertigineuse (et récente) du nombre d'élèves...
Concernant le nombre de profs, on retrouve le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 820 000 !) et l'amputation de la période la plus récente, qui évite d'avoir à dire que le nombre d'enseignants diminue depuis dix ans, comme l'a relevé Libération.
Quand représenter une évolution n'arrange pas le candidat, il joue sur la comparaison avec d'autres pays, comme dans le cas de la pauvreté. Page 51 de la Lettre se trouve un petit histogramme qui permet tout juste de constater que le taux de pauvreté en France en 2010 (calculé comment ?) est plus bas que le taux moyen de l'UE... et beaucoup bas que celui des pays d'Europe du Sud. Mais ce ne sont là qu'une minorité de pays de l'UE. Qu'en est-il ailleurs ?
L'Observatoire des inégalités permet d'accéder à une comparaison plus complète des taux de pauvreté en 2010 :
Cela permet de réaliser que, si la France se situe bien dans la "fourchette basse", les pays membres de l'Union européenne dans lesquelles le taux de pauvreté est moins élevé sont plus nombreux qu'on ne le dit.
Que dire alors de l'évolution du taux de pauvreté en France :
En gros, depuis 2002-2004, il se remet à augmenter. La faiblesse relative du taux actuel est le résultat de politiques antérieures, liées au "modèle social français", plus redistributif que d'autres. C'est ce modèle qui est mis à mal depuis une dizaine d'années.
Le manque de travail des Français serait-il en cause ? La lecture des illustrations proposées page 63 de la Lettre pourrait le laisser penser :
L'histogramme de la durée hebdomadaire ne dresse qu'une comparaison partielle... et partiale. Elle est partielle parce qu'elle ne fait figurer qu'un petit nombre de pays, soigneusement choisis. Si l'on compare la durée hebdomadaire du travail des Européens ayant un temps plein (d'après Eurostat), la comparaison perd de sa pertinence :
On voit que les Français travailleraient moins longtemps que les Bulgares, les Tchèques, les Grecs, les Espagnols, les Chypriotes, les Autrichiens, les Polonais, les Slovènes, les Britanniques, les Islandais, les Suisses, les Croates et les Turcs... mais plus longtemps que les Danois, les Irlandais, les Lituaniens, les Luxembourgeois, les Finlandais et les Norvégiens. On remarque que, parmi les pays où les actifs à temps plein travaillent plus longtemps, on trouve beaucoup de pays à l'économie vacillante, alors que les pays très développés sont souvent ceux où la durée hebdomadaire est la plus faible.
Pour nuancer ces informations, il faudrait croiser avec les actifs à temps partiel... et surtout avec la productivité horaire du travail, ce qu'a fait Le Monde, dans un article du 6 janvier 2011 :
O surprise ! Les actifs français sont les troisièmes plus productifs de l'Union européenne, loin des Luxembourgeois, mais juste derrière les Belges... et surtout loin devant les ressortissants d'autres pays qui nous sont donnés en exemples.
On peut aussi critiquer le graphique sur les durées annuelles. C'est un quasi-copié-collé d'un document de l'INSEE, auquel on a ôté l'une des courbes :
Les auteurs de la Lettre ont choisi de retirer la courbe qui présente la moyenne de six pays européens. On comprend pourquoi quand on voit qu'elle se rapproche de plus en plus de la courbe française. Bien entendu, il faudrait savoir quels sont ces six pays et même construire une courbe avec les données concernant les 26 autres membres de l'Union européenne mais, franchement, ce petit bidouillage fait mauvais genre. Il est hélas à l'image d'une Lettre qui contient trop de demi-vérités, voire de mensonges.
16:54 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle