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samedi, 24 septembre 2016

Iqbal, l'enfant qui n'avait pas peur

   J'avais raté ce film d'animation lors de sa programmation à Rodez. Il faut dire qu'il n'avait bénéficié que de trois ou quatre séances, pas souvent placées à un horaire convenable pour un actif. Heureusement, le film, placé sous le patronage de l'UNICEF, tourne beaucoup dans la région. Et c'est parti pour une séance de rattrapage !

   Le début m'a fait un peu peur. J'ai trouvé qu'on en faisait trop au niveau du pathos... et l'animation n'est pas exceptionnelle. Le résultat ressemble un peu à ce qu'on a pu voir dans Adama, mais en moins bien. Toutefois, on finit par s'y habituer, d'autant plus que l'intrigue, linéaire, est entrecoupée de quelques scènes fantasmagoriques, qui apportent un peu de merveilleux à une histoire assez triste.

   Comme on s'adresse d'abord au jeune public, on a atténué les malheurs que subit le garçon (qui a réellement existé)... et l'on arrête l'histoire avant son assassinat, ce qui lui donne une conclusion positive.

   J'ai été captivé à partir du moment où le héros se retrouve chez le marchand de tapis esclavagiste. On découvre la bande de gamins kidnappés (ou vendus...), contraints de tisser des tapis pour le compte du couple qui dirige les lieux. Celui-ci est une bonne trouvaille, qui rappellera au public français les Thénardier créés par Victor Hugo. Ils sont inquiétants à souhaits, même si certaines des scènes qui les font intervenir sont drôles. Pour s'en sortir, les enfants vont devoir faire preuve d'imagination, surmonter leurs peurs... et rester solidaires les uns des autres.

   C'est une belle histoire, terrible parfois... et une petite leçon de vie pour certains enfants gâtés de l'Occident, qui pensent que le monde est vraiment trop tynjuste quand on sanctionne leurs caprices.

jeudi, 22 septembre 2016

War Dogs

   Dans les duos d'ami(e)s, l'un(e) est souvent le(la) dominant(e), l'autre le(la) dominé(e). Dans le cas qui nous occupe, de prime abord, on serait tenté de penser que c'est le beau gosse David qui a le dessus sur son meilleur pote Efraim, grassouillet et mal fringué. Sauf que le premier végète dans l'activité de massage pour homme (source de situations délicates pour un hétérosexuel sans compromission), alors que le second semble avoir "fait son trou" et palpe bien plus de thunes que son ancien camarade de classe.

   La relation est assez convenue, d'autant plus que David le bogoss vit avec une créature intelligente et désespérément belle (Ana de Armas, qui a dû arrêter de compter les demandes en mariage depuis bien longtemps). Mais, dans le rôle d'Efraim, Jonah Hill (qu'on a pu voir récemment dans Django unchained, Le Loup de Wall Street et Ave, César !) est excellent. Il incarne avec un plaisir évident ce type abject, faux dévot (juif), faux vendeur de couvertures et surtout faux meilleur ami. Il n'hésite même pas à truander des truandeurs professionnels... c'est dire le culot (et l'inconscience) du personnage ! Il est de plus très bien doublé en français.

   Le fond de l'histoire est pourtant déplaisant. Le scénario (qui s'inspire de faits réels) transforme en héros un duo d'opportunistes sans scrupules, poussés essentiellement par l'appât du gain. C'est une nouvelle illustration des petits malins qui font la nique aux gros (un peu comme dans The Big Short)... à ceci près qu'ici il est question de vente d'armes et de la mort de centaines de milliers de personnes. La mise en scène ne prend presque aucun recul avec les personnages principaux, se contentant de présenter l'un des deux comme plus moral que l'autre. Et je ne parle pas de l'apologie de la consommation de drogues diverses...

   Cela donne un film inégal, parfois inventif (chaque séquence étant introduite par une citation de l'un des personnages, le jeu étant de deviner qui va l'énoncer), souvent drôle, mais un peu malsain.

23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 21 septembre 2016

Le Fils de Jean

   Philippe Lioret est un cinéaste qui se fait rare. Il a fallu attendre cinq ans après le formidable Toutes nos envies pour que sorte sa nouvelle réalisation. Entre temps, l'auteur de Welcome a produit une autre pépite du cinéma hexagonal, Un Français.

   L'histoire tourne autour d'un mystère, celui du père biologique de Mathieu, un jeune commercial français, séparé de son épouse. Le jeune homme (Pierre Deladonchamps, très bien) ne l'a jamais connu et ne sait pratiquement rien de lui, sa mère ayant toujours refusé de lui en parler. Pourtant, un jour, un étrange coup de fil arrive du Québec, avec la nouvelle du décès de son géniteur (Jean), qui lui aurait laissé quelque chose. Intrigué, le jeune homme décide de se rendre sur place.

   Là-bas, le mystère s'épaissit : le corps du défunt est introuvable (il a disparu dans un lac)... et Mathieu découvre qu'il a des demi-frères, qui ignorent son existence. Au Québec, son guide est Pierre, le meilleur ami de Jean, avec lequel se noue une relation de méfiance teintée d'estime réciproque.

   Lioret joue donc sur le registre de l'incertitude : celle de la mort du père et celle de la vérité à révéler (ou pas). Entre temps, le jeune Français découvre a posteriori quelle fut la vie de ce Jean qui lui lègue un tableau... et il rencontre l'entourage familial, qui ne sait pas toujours qui il est réellement. Et puis il y a cette histoire de tableau... L'argent se met de la partie... et Mathieu n'est pas au bout de ses surprises.

   J'ai un peu traîné les pieds pour aller voir ce film, mais je ne regrette pas du tout d'avoir succombé. Lioret nous conte une belle histoire de paternité(s), nimbée d'un mystère fort bien mis en scène. Les interprètes sont bons, avec Gabriel Arcand très touchant dans le rôle de Pierre, et deux femmes très attachantes : la fille de Pierre, incarnée par l'appétissante Catherine de Léan, et sa mère (l'épouse de Pierre), interprétée par Marie-Thérèse Fortin, vraiment épatante. J'ai notamment en tête la scène où elle découvre le fin mot de l'histoire. Elle nous fait tout comprendre, sans quasiment s'exprimer, épaulée par une mise en scène totalement maîtrisée.

20:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 18 septembre 2016

Free State of Jones

   Le titre fait référence  à une tentative utopique, celle de fonder, en pleine guerre de Sécession, un Etat libre, dans lequel cohabiteraient Noirs et Blancs, les premiers esclaves en fuite, les seconds soldats sudistes déserteurs. Ce n'est pas une fiction, puisque cette tentative a été menée à bien.

   On commence par une séquence de guerre, avec une bataille de tranchées, ses morts et ses blessés. En une dizaine de minutes, le réalisateur Gary Ross nous fait toucher du doigt l'horreur de la guerre, une guerre différente de celles qui l'ont précédée : quasi industrielle, elle annonce déjà la Première guerre mondiale. La mise en scène est brillante. Ames sensibles s'abstenir.

   La suite montre le héros prendre du recul, au départ pour rendre hommage à un gamin tué au combat. Le soldat devenu brancardier en a marre de la boucherie... et il se rend compte que lui, le fermier pauvre, risque sa vie pour que les grands planteurs esclavagistes conservent leurs privilèges.

   Les acteurs sont bons, très bien dirigés. Dans ce genre de production, qui recourt à quantité de figurants, on est parfois indulgent avec le jeu de certains d'entre eux, lorsque les mouvements d'ensemble sont réussis, sous la houlette des acteurs principaux. Ici, on a l'impression que tout le casting s'est évertué à donner le meilleur de soi.

   En tête d'affiche, il y a Matthew McConaughey... impressionnant. (A Rodez, on peut même l'entendre en version originale sous-titrée.) Sa barbe lui donne un petit air de Christian Bale... mais, surtout, qu'est-ce qu'il est bon ! Un deuxième Oscar est-il en vue ?

   A ses côtés l'on trouve notamment Gugu Mbatha-Row, un nom qui ne vous dit sans doute pas grand chose, mais qu'on risque de beaucoup entendre à l'avenir. On l'a déjà remarquée dans Seul contre tous. Ici, elle incarne l'esclave domestique, qu'on croit privilégiée par rapport à ceux qui courbent l'échine dans les champs de coton, mais qui est soumise aux "appétits" de son maître... Ce beau personnage s'implique dans une révolte clandestine, tout en apprenant à lire. Il lui arrive aussi de chaparder dans la maison de ses "propriétaires". Dans une scène, on la voit s'emparer discrètement d'un objet brillant. C'était pour l'offrir au héros, Newton Khight... et, ô surprise, il s'agit d'un petit couteau pliable, aux formes caractéristiques... un Laguiole ? Est-ce possible au début des années 1860, dans le Mississippi ?

   L'un des personnages principaux est un marais, celui dans lequel les esclaves en fuite et les soldats déserteurs vont se réfugier et y acquérir une véritable autonomie, à la fois matérielle, militaire, intellectuelle et politique. On a l'impression de se trouver dans un entre-deux, une sorte d'univers parallèle où les lois du vrai monde ne s'appliquent pas. Le film ne cache cependant pas les difficultés de la petite nation, certains soldats sudistes déserteurs peinant à se débarrasser de leurs préjugés racistes.

   La part la plus inattendue de l'histoire est celle qui se déroule après la guerre. Le changement, c'est maintenant ! ont dû penser les anciens esclaves. Dans un premier temps, il apparaît que plus jamais rien ne sera comme avant. Mais les élites blanches esclavagistes n'ont pas renoncé, et c'est une nouvelle guerre, plus sournoise, qui se déclenche dans les Etats du Sud, avec l'émergence du Ku Klux Klan. Le héros tente de s'y opposer.

   Notons que les séquences des années 1860-1870 sont parfois entrecoupées de scènes se déroulant plus de soixante-dix ans plus tard, en pleine ségrégation. Petit à petit, on appréhende certaines des conséquences les plus absurdes de la mise en place d'une politique raciste... et l'on découvre le devenir de certains des descendants du héros.

   C'est pour moi un très beau film, qui prend son temps, servi par des acteurs impeccables.

jeudi, 15 septembre 2016

Jason B(o)urne

   Séance de rattrapage ce soir, avec les nouvelles nouvelles nouvelles aventures du plus célèbre ex-agent de la CIA. J'ai beaucoup hésité avant d'aller voir ce film, d'abord parce que je ne suis pas particulièrement fan du tueur amnésique (qui n'en finit pas de recouvrer la mémoire), ensuite parce que le bouche-à-oreille n'est pas excellent. Mais, derrière la caméra, il y a quand même Paul Greengrass, auquel on doit, entre autres, Vol 93, Green Zone et Capitaine Phillips. Devant, il y a certes Matt Damon. Mais il y a aussi (et surtout) Alicia Vikander... et Vincent Cassel.

   Les vingt premières minutes sont emballantes. La séquence se déroulant à Athènes, en pleine contestation sociale, est une petite merveille de mise en scène, avec un savant enchevêtrement des fils de l'action. J'ai retrouvé le réalisateur de Bloody Sunday, qui maîtrise les mouvements de foule, avec, ici, l'ajout des technologies de pointe. Signalons que Greengrass n'est pas esclave de ses joujoux numériques. Ils sont au service de son intrigue. A l'écran, c'est superbe.

   De leur côté, les acteurs assurent. Matt Damon a dû passer un sacré moment dans les salles de sport pour perdre les bourrelets que ses récents rôles laissaient entrevoir. Le voilà gaulé comme un gladiateur, capable d'assommer un boxeur serbe d'un pain dans la gueule ! C'est jouissif si l'on a le point de vue d'un amateur de jeux vidéo. C'est décevant si l'on a en tête le pedigree du réalisateur, qui nous a habitués à plus de rigueur.

   Heureusement, aux côtés de David Webb (la véritable identité de Bourne) va apparaître une délicieuse analyste de la CIA. Alicia Vikander apporte son charme et son mystère à ce personnage énigmatique, qui allie l'ambition à une pincée d'idéalisme. A quel moment est-elle la plus sincère ? Le sait-elle vraiment ?

   Face à ces charismatiques gentils, on a placé une doublette de redoutables crapules : un chef de la CIA sans le moindre scrupule, secondé par un agent déterminé... et revanchard. Le premier est interprété par un Tommy Lee Jones accablé de fatigue, à tel point qu'on lui souhaite de prendre sa retraite. Jason Bourne semble penser de même. Mais, sur son chemin, il va trouver une sorte de double maléfique, un autre tueur-né, qui lui ne renie rien de ce qu'il a accompli. Dans le rôle, Vincent Cassel est excellent, jusqu'au combat final.

   Celui-ci prend place dans la dernière demi-heure, presque aussi réussie que le début. Malheureusement, entre temps, il a fallu se taper plus d'une heure d'entremets plus ou moins digestes. Les scénaristes se sont creusés la cervelle pour tenter de faire émerger de nouveaux secrets dans la vie du héros. A vrai dire, on s'en tape un peu.

   Le film souffre de deux autres défauts, un de forme et un de fond. Sur la forme, les scènes d'action sont gâchées par un montage épileptique, accumulant les micro-plans d'une demi-seconde, jusqu'à la nausée. On n'a même pas le temps de savourer ! Sur le fond, on nous ressert une vieille rengaine anti-étatique, typiquement anglo-saxonne : tout le mal vient du "gouvernement" (comprenez : l’État), alors que les richissimes (et tentaculaires) entreprises du net sont présentées comme des bienfaiteurs de l'humanité. Pourquoi devrait-on redouter l'intrusion de l’État sur la Toile et, dans le même temps, confier sans état d'âme toute sa vie privée à des marchands cupides ? De la part de quelqu'un comme Greengrass (qui a participé à l'écriture du scénario), c'est très décevant.

   Si j'étais de mauvaise humeur, je pourrais aussi passer en revue les petites incohérences des scènes d'action, de la voiture hyper-accidentée où aucun air-bag ne se déclenche à l'agent touché par une balle, perdant du sang, qui trouve le moyen d'enchaîner un rallye, un semi-marathon et trois rounds de lutte... en ne saignant presque plus. Trop fort, ce Jason !

   Il reste que les scènes d'action sont prenantes, malgré la musique un peu trop présente. A voir un soir, pour digérer un bon repas.

23:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 11 septembre 2016

Infiltrator

   Une histoire vraie, l'ambiance des années 1980, un jeune réalisateur déjà remarqué pour un film de genre (La Défense Lincoln) et une pléiade de bons acteurs : voilà les ingrédients de ce polar tendu comme un string trop serré.

   De quoi s'agit-il ? De la traque d'un cartel de la drogue (pas n'importe lequel : celui du Colombien Pablo Escobar) par la police américaine. Comme le titre l'indique, pour démanteler le réseau (qui va du "patron" aux dealers, en passant par des banquiers, des entrepreneurs et des porte-flingue), deux policiers vont l'infiltrer. Ils forment un duo improbable, alliant l'eau et le feu. Bob Mazur (Bryan Cranston, vu récemment dans Dalton Trumbo) est un flic expérimenté, à l'ancienne... et attaché aux "valeurs" : il ne profite pas de ses missions pour se taper des prostituées et ne semble pas toucher à la drogue. Emir Abreu (John Leguizamo, acteur fétiche de Brad Furman... et connu pour être la voix américaine de Sid, dans L'Age de glace) est un chien fou, qu'on pourrait aisément confondre avec certaines des personnes qu'il poursuit.

   La bonne surprise est que, dans ce qui aurait pu n'être qu'un énième "film de mecs", on ait travaillé les personnages féminins. Si l'épouse de Bob passe souvent au second plan, la nouvelle partenaire du policier va jouer un rôle déterminant dans l'intrigue. Elle est incarnée par Diane Kruger... qui m'a épaté. De manière générale, je suis agréablement surpris par l'éclectisme de cette actrice, qui joue aussi bien dans des grosses productions grand public (Troie, Benjamin Gates, Sans Identité) que dans films plus risqués (Lascars, Les Adieux à la reine, Maryland). Comme j'ai pu voir le film en version originale sous-titrée, à Rodez, j'ai pu constater qu'elle tient la dragée haute à ses collègues masculins.

   Deux autres personnages féminins ont attiré mon attention : Gloria, l'épouse de l'un des associés d'Escobar, et Bonni Tischler, la directrice des opérations antidrogue, une femme à poigne qui a su s'imposer dans un monde encore très masculin à l'époque. La première est interprétée par Elena Ayana, que le public français a pu découvrir dans Mesrine, l'instinct de mort. Amy Ryan, qui joue la seconde, est plus connue. Elle a notamment été à l'affiche de Green Zone et de Birdman. Ici, on la voit mener à la baguette son petit monde de flics de terrain et de bureaucrates. Elle ne manie pas la langue de bois, adoptant parfois un langage très imagé. J'ai en mémoire le moment où elle s'adresse au héros (Bob), qu'elle accepte de soutenir dans son opération alambiquée. En descendant un escalier, elle lui demande de lui prouver qu'elle a "branlé la bonne bite" !

   C'est d'ailleurs l'une des qualités de ce film (très écrit) : les dialogues, souvent percutants, mais qui tombent juste aussi dans les scènes de transition. Si l'on ajoute à cela une mise en scène rythmée et une musique entraînante, on arrive à un très bon divertissement, nourri d'une forte tension : même si l'on sait dès le départ que l'opération a réussi, on va découvrir petit à petit quels sont les dégâts collatéraux. Sans tomber dans le travers de nombre de films du même genre (qui cirent les pompes des mafieux), Infiltrator fait quand même comprendre que ce cartel, où sévissent majoritairement d'impitoyables ordures, est aussi composé d'êtres humains. Les policiers infiltrés vont les approcher d'un peu trop près...

   ... Et, pour une fois, c'est bon d'assister à un spectacle où ce sont les flics qui roulent les truands dans la farine, et pas l'inverse !

15:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 septembre 2016

Ben-Hur

   C'est l'un des remakes les plus attendus du cinéma, avec un enjeu énorme : l'introduction des effets numériques permettra-t-elle de sublimer l'histoire déjà formidablement mise en scène par William Wyler en 1959 ? C'est le pari pris par la MGM, qui a produit les deux longs-métrages. Aux manettes se trouve Timur Bekmambetov, un habile faiseur (passé par la publicité), auquel on doit notamment l'étonnant Unfriended.

   Sur le plan de la dynamique, le film tient ses promesses. Evidemment, on l'attendait au tournant de la course de chars... et l'on n'est pas déçu. Celle-ci constitue l'une des dernières séquences, mais on en a un avant-goût au tout début et un peu plus tard dans l'histoire. D'un point de vue technique, on notera que les effets spéciaux ont été utilisés pour rendre la course à la fois spectaculaire et réaliste. On n'a pas cherché à faire des chars des machines de guerre, dotés d'une multitude de gadgets plus ou moins autorisés. Non, ici, ce sont la vitesse et les chocs qui rythment l'action. Soulignons aussi le gros travail des cascadeurs et des dresseurs de chevaux.

   Ce n'est pas la seule séquence spectaculaire de l'histoire. La première met aussi en scène des chevaux, lors d'une course entre les jeunes Ben-Hur et Messala. Les vues aériennes sont superbes. La seconde se déroule en mer, lors d'un combat entre la flotte romaine et des Grecs. Ben-Hur se trouve en cale, attaché à une rame (il a été condamné aux galères). C'est puissant à la fois sur le plan de la représentation de la tactique militaire (même si ce n'est pas aussi brillant que dans 300 - La Naissance d'un empire) et sur le plan de l'ambiance à l'intérieur du bateau. On a aussi droit à quelques plans superbes pris sous l'eau.

   J'ajoute à cela les vues de la Jérusalem antique (une bourgade italienne, en réalité), en particulier celles qui ont été prises du dessus. Elles mettent en valeur le rocher sur lequel la cité s'est implantée et les mouvements de foule dans les rues étroites. L'arrivée de la légion romaine dans la ville sainte est particulièrement impressionnante.

   On avait donc les ingrédients constitutifs d'un grand film. Malheureusement, l'interprétation n'est pas au niveau, tout comme la direction d'acteurs, à mon avis. Les interprètes de Ben-Hur et de Messala ont un jeu stéréotypé et, dès qu'une scène intime émerge, on voit leurs limites. Par contraste, les actrices m'ont paru nettement meilleures, en particulier Nazanin Boniadi, qui incarne Esther. C'est la révélation du film. Du côté des déceptions masculines, on peut ajouter Pilou Asbaek, pas très bon en Ponce Pilate ou encore Morgan Freeman, pas franchement mauvais, mais dont la propension à jouer les vieux sages commence à lasser.

   Un aspect de l'histoire semble avoir dérangé certains spectateurs : l'apologétique chrétienne, vaguement présente dans les trois premiers quarts de l'intrigue, déterminante dans la dernière demi-heure. Elle fait partie intégrante du roman d'origine... tout comme de l'adaptation de William Wyler. Alors, on aime ou on n'aime pas, mais, au moins, c'est un discours religieux qui prône la paix au lieu de la violence, une leçon que pas mal de croyants (de toutes origines) feraient bien de retenir.

   Je suis sorti de là plutôt satisfait. En dépit de ses limites, le film constitue un bon divertissement.

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vendredi, 09 septembre 2016

Un Petit Boulot

   C'est Michel Blanc (à la fois acteur et scénariste) qui a assumé le gros de la promo de ce film de Pascal Chaumeil, sorti après le décès prématuré de celui-ci. Ce faux polar est une comédie satirique, avec un fond social bien inséré dans l'intrigue.

   C'est donc (pour moi) une bonne surprise, notamment en raison de la qualité de l'interprétation. Michel Blanc assure dans le rôle de l'entrepreneur aux méthodes louches, qui a déjà fait de la prison, mais qui, depuis, parvient à filer entre les doigts de la police. Face à lui, Romain Duris est vraiment très bon en ouvrier au chômage, quitté par sa femme et sur le point de perdre pied.

   Ces deux têtes d'affiche sont épaulées par une brochette de bons seconds rôles. Gustave Kervern n'en fait pas trop en gérant de station service sympa mais dépressif. On sent que, derrière, la direction d'acteurs a oeuvré pour qu'il ne tombe pas l'interprétation caricaturale à laquelle il se laisse trop souvent aller. Alex Lutz est une révélation pour moi. Il incarne Brecht, le cadre commercial envoyé par la maison mère pour redresser l'établissement. On sent l'ancien étudiant d'école de commerce ambitieux et pas du tout en empathie avec ses collègues. Son personnage est quand même un peu travaillé : il est plus froid que haineux... et, quand il est seul en voiture, il écoute une chanteuse pour midinettes !

   Deux autres comédiens tirent leur épingle du jeu : Charlie Dupont (très crédible en copain crétin) et Philippe Grand'Henry (en homme de main dont on a du mal à savoir s'il est très con ou très malin).

   Du côté des dames émerge Anita, agent administratif du commissariat local... et joueuse de billard émérite. Comme elle est interprétée par la superbe Alice Belaïdi (remarquée naguère dans Radiostars), elle tape dans l'oeil du héros... qui s'engage pourtant dans une carrière de criminel !

   C'est l'un des intérêts de ce film, qui n'hésite pas à manier les paradoxes, au service d'une comédie limite déjantée, qui ne se refuse rien. Voici donc l'ex-chômeur (devenu travailleur précaire) engagé par un truand. Lui qui pense au départ n'avoir pas les tripes pour exécuter un contrat va découvrir que, non seulement il a les nerfs pour ce genre de boulot, mais qu'en plus il a des aptitudes qui le rendent très efficace ! Et quand survient un imprévu (c'est-à-dire très trouvent) ou lorsqu'il commet une maladresse (un petit peu moins souvent), il arrive à trouver une solution. Cela nous vaut les meilleures séquences du film, vraiment très cocasses.

   Cela donne un ensemble plutôt inclassable, parfois immoral... et assez jouissif.

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dimanche, 04 septembre 2016

Hôtel Singapura

   Cet étonnant film singapourien est signé Eric Khoo, auteur il y a quelques années de Tatsumi et récemment producteur du formidable Apprentice. Il prend la forme d'une série de sketchs, autant de coups de projecteur sur une période de la vie de cet hôtel. Attention toutefois : on commence par la fin, avant qu'un grand retour en arrière ne nous fasse découvrir l'histoire de l'établissement.

   On commence en 1942, lorsque les Japonais mettent la main sur ce qui est une possession britannique réputée imprenable. Dans la suite numéro 27 (qui va servir de cadre à toute l'intrigue), deux hommes discutent de la situation militaire... mais aussi de leur relation intime. C'est délicatement filmé et interprété.

   On passe ensuite à la deuxième moitié des années 1940, après le départ des Japonais. C'est la séquence la plus drôle... et néanmoins très ambiguë. Je ne sais toujours pas à quel degré il faut l'interpréter : le premier ? le deuxième ? le troisième ?... le douzième ? On découvre un groupe de prostituées, cornaquées par une maîtresse femme, qui va leur enseigner comment prendre le contrôle des hommes en utilisant leur corps. Après cette séquence, on ne voit plus le tennis de table de la même manière !

   Les années 1960 constituent une étape-clé. On y rencontre les personnages qui vont devenir le fil rouge... l'un d'entre eux ayant été entraperçu auparavant, si l'on a été attentif. La tonalité est festive (et un brin irresponsable), autour de la thématique "sexe, drogue et rock'n'roll".

   La période suivante nous plonge dans davantage d'ambiguïté, avec un nouveau couple masculin... encore que... il n'est pas simple de déterminer l'identité sexuelle de l'un d'entre eux, une question qui est d'ailleurs au coeur de cette petite histoire (qui ne m'a pas vraiment emballé).

   Les Japonais sont de retour dans les séquences suivantes, ou plutôt une Japonaise, d'abord jeune et belle épouse d'un homme riche auprès duquel elle s'ennuie. Du coup, elle profite d'une escale singapourienne pour se taper un jeune Apollon local. Hélas, on tombe assez rapidement dans les clichés. Les étreintes de ces deux corps magnifiques semblent avoir été tournées sur de la pellicule glacée. C'est techniquement réussi, mais cela manque d'âme. On revoit cette Japonaise à deux reprises, la dernière fois beaucoup plus âgée, dans une séquence de prime abord sordide, mais qui surprend agréablement.

   Un autre moment marquant est celui qui met en scène deux jeunes adultes (amis), un homme et une femme. On comprend assez vite qu'elle sort d'une rupture difficile... mais qu'elle a coutume de trouver facilement de quoi se consoler. Lui est le confident, un peu coincé. Là encore, on n'est pas loin de tomber dans les clichés, mais le thème du renversement contemporain des rôles amoureux est intéressant, avec, en bonus, l'intervention d'un fantôme !

   L'histoire ne se termine pas dans le présent... mais dans un futur proche. Je n'en dis pas plus. Même si l'ensemble est inégal, le film est attachant, la plus belle histoire d'amour étant celle qui semble ne pas devoir se concrétiser.

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samedi, 27 août 2016

La Chanson de l'éléphant

   C'est une chanson douce que lui chantait sa maman... en français, d'où l'intérêt de voir ce film en version originale sous-titrée, les rares dialogues dans la langue de Molière revêtant une importance particulière. Lui, c'est Michael, pensionnaire très perturbé mentalement d'un drôle d'asile, dans les années 1960. Il semble avoir souffert du manque d'affection de sa mère. Il semble aussi cacher quelques secrets. Les différents médecins qui l'ont examiné en ont percé quelques-uns... mais ce n'est pas le cas du psychiatre qui commence à l'interroger : ayant oublié ses lunettes, il n'a pas pu lire le dossier de ce patient exceptionnel auparavant.

   Trois temporalités s'entrecroisent dans l'intrigue : celle de l'enfance du patient, celle de son examen par le psychiatre et celle des entretiens réalisés un peu plus tard, pour une raison qu'on finira par découvrir. Ce puzzle se suit agréablement, notamment en raison de la qualité de l'interprétation : le chevronné Bruce Greenwood (vu récemment dans Good Kill et Truth) incarne le psy, Catherine Keener l'infirmière principale (qui est aussi son ex-femme) et Xavier Dolan le patient très spécial. Il nous gratifie d'un joli numéro (même si, parfois, il m'a donné l'impression d'avoir un peu trop regardé la série Esprits criminels). Est-il juste un jeune homme perturbé, ou bien un dangereux psychopathe ? Est-il une victime ou un prédateur ? Et qu'est devenu le médecin qui le suivait et qui a soudainement disparu de l'hôpital ?

   J'ai bien aimé l'aspect policier de l'intrigue. Cela compense certaines grosses ficelles : on voit très vite que le psy se fait manipuler par le patient et l'infirmière est un peu trop réduite au rôle de spectatrice impuissante. (Ben sinon l'histoire se serait arrêtée beaucoup plus tôt.) De manière générale, je trouve que les personnages féminins ne sont pas bien traités. (L'une d'entre elle est interprétée par Carrie-Anne Moss, qui, pour tous les cinéphiles, est la Trinity de Matrix.)

   A voir pour la composition des acteurs et si l'on aime l'ambiance des huis-clos.

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vendredi, 26 août 2016

La Couleur de la victoire

   Le titre d'origine, Race, est à double sens : il désigne à la fois la "race" et la "course". Pour la sortie en France, on a misé sur la mémoire des cinéphiles, qui sont censés penser au film de Spielberg (La Couleur pourpre) ou au plus récent La Couleur des sentiments.

   Ce n'est donc pas uniquement un biopic de Jesse Owens, mais aussi une oeuvre sur le racisme sous toutes ses formes et notamment sur la ségrégation qui sévissait aux Etats-Unis dans années 1930. On ne nous cache pas le comportement odieux de certains étudiants blancs de l'université de l'Ohio, tout comme les huées du public des championnats universitaires, huées qui vont se muer en acclamations, devant les performances du champion. Mais, même après ses exploits aux JO de Berlin, Owens, de retour aux Etats-Unis, est resté un "nègre" qui doit emprunter l'entrée de service du restaurant où est organisée une cérémonie qui lui rend hommage !

   La première moitié de l'histoire est consacrée aux débuts de ce sportif modeste, surdoué... et pas très fiable comme compagnon. On nous présente aussi assez bien les questionnements qui ont agité l'Amérique (noire comme blanche) lorsqu'il s'est agi de décider de la participation ou du boycott des jeux hitlériens. A ce sujet, je trouve qu'on a trop enjolivé le personnage d'Avery Brundage (incarné par Jeremy Irons), une enflure antisémite qui a profité des Jeux pour lancer sa carrière au CIO.

   L'intrigue est construite sur un schéma un peu réducteur : les Américains blancs, majoritairement, méprisent les Noirs et ne sont pas antisémites ; les Allemands détestent les juifs et, s'ils méprisent les Noirs, ils n'en laissent rien paraître.

   A l'écran, cela donne certaines des meilleures séquences du film, autour de l'arrivée des athlètes en Allemagne, une Allemagne un peu ripolinée, où l'on a (temporairement) masqué les signes les plus évidents de la politique totalitaire. Du coup, pour les Noirs américains, ces Jeux sont une immense et bonne surprise... du moins au départ. Au village olympique, dans les bus comme dans la cantine, il n'y a pas de ségrégation. Owens, déjà crédité de plusieurs records du monde, est considéré comme une vedette et signe des autographes :

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   Cette image n'est pas extraite du film (on y voit le véritable Jesse Owens), mais d'un bon documentaire récemment rediffusé sur Arte (et visible encore quelques jours). Notons que ni ce film ni La Couleur de la victoire n'insistent sur le fait que les jeux ont été gagnés par l'Allemagne. La gloire acquise par Jesse Owens ne suffit pas à masquer les succès allemands : le pays est arrivé en tête du bilan des médailles (au total général comme au nombre de médailles d'or) et les Jeux ont constitué une opération de propagande réussie.

   La fiction restitue bien le gigantisme de l'opération, en particulier à travers la construction du stade olympique. On suit aussi les efforts de la cinéaste Leni Riefenstahl pour faire de ces Jeux un événement quasi mythique, en accord avec les souhaits d'Hitler, pourtant assez réservé au départ.

   Notons que le film distingue les Allemands ordinaires, pris dans la nasse du régime, des militants nazis, dépeints de manière négative. C'est Joseph Goebbels qui occupe le plus de place à l'écran. Il est inquiétant à souhait, mais je trouve que l'acteur Barnaby Metschurat le rend un peu trop fascinant, alors que c'était une ordure de la pire espèce. A quelques (trop rares) instants, certains personnages ont l'occasion de réaliser que, derrière la propagande, se cache un régime extrêmement dangereux.

   L'histoire ménage aussi beaucoup de place à l'amitié, celle qui se développe entre l'entraîneur blanc (champion raté) et le jeune prodige, mais aussi celle plus surprenante (mais tout aussi authentique) qui naît entre l'Américain noir et l'Allemand blond (Lutz Long, le sauteur en longueur).

   Au niveau sportif, c'est correctement filmé, sans plus. Pour qui a vu ne serait-ce que des extraits d'Olympia, le (formidable) documentaire de Leni Riefenstahl, la platitude de la réalisation de cette fiction est apparente. Ce n'est pas mauvais, juste un peu scolaire. Cela donne une oeuvre plutôt plaisante, qui apprendra des choses à ceux qui ne connaissent pas cette histoire (notamment pourquoi Owens a participé au relais 4x100m, ce qui n'était pas prévu au départ). Mais cela manque un peu de souffle.

mardi, 23 août 2016

Instinct de survie

   C'est un film d'épouvante, dont le méchant est... un requin. On pense immédiatement aux Dents de la mer... et on a raison, puisque l'intrigue est émaillée de références aux prestigieux anciens. Ainsi, dès le début, la scène qui montre le gamin visionnant la vidéo tournée par une mini-caméra rappelle l'appareil photographique retrouvé dans le deuxième épisode de la série de films. Plus loin, quand l'un des personnages se réfugie dans ce qui peut ressembler à une cage métallique, on pense au premier opus, celui réalisé par Spielberg.

   Qu'est-ce qui change dans cette nouvelle version ? D'abord, le fait que ce soit un personnage féminin qui occupe le premier plan (j'en reparlerai). Ensuite, l'attention portée au surf, ma foi très bien filmé. Ajoutons à cela de très beaux plans aériens de la plage et de l'océan Pacifique : le film, censé se dérouler au Mexique, a été tourné en Australie. Aux manettes, on n'a pas un manchot : Jaume Collet-Serra s'est déjà fait remarquer comme réalisateur de Non Stop et Night Run.

   Cependant...

   Cependant...

   ... On nous prend un peu pour des cons !

   Commençons par l'héroïne, Nancy : c'est un petit canon (Blake Lively), qu'on a pu voir récemment dans Cafe Society. Au départ, on se dit que c'est une nouvelle incarnation de la jolie blonde qui va subir d'horribles trucs. C'est un peu ça... mais la miss vient du Texas. Là-bas, soit les filles sont bouffées par la religion, soit elles ont hérité du papa une certaine appétence pour le maniement des armes. Autant le dire tout de suite : l'héroïne a des ovaires en béton... et elle sait utiliser un gun !

   Ce n'est toutefois pas cet aspect de sa personnalité que l'on découvre en premier. En effet, il lui faut moins d'un quart d'heure pour se retrouver sur une plage sublime... en bikini. Allez, les gars, c'est cadeau !

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   Dans la salle, on assiste à une épidémie d'érections dans le public adolescent, qui lâche enfin son smartphone de merde (un cadeau dispendieux de parents inconscients, les premiers à se plaindre de payer trop d'impôts...). L'attention des demoiselles (hétérosexuelles) est aussi sollicitée, puisque l'héroïne va faire la connaissance de surfeurs bien bâtis. Sans trop en dire, je peux quand même ajouter que, pour lesdites demoiselles, c'est un bonheur fugace, puisqu'il va rapidement arriver quelques bricoles aux damoiseaux torses nus.

   Fort heureusement, Nancy a une longévité plus grande. Après l'épisode bikini vient l'épisode combinaison de surfeuse. Là, j'ai senti poindre la déception des ados de la salle. Certes, la combinaison est moulante, mais pourquoi diable faire enfiler à l'héroïne ce quasi-burkini ? Mais que fait la police ?

   Les spectateurs en étaient à ce moment-là de leurs réflexions cinéphiliques lorsqu'un événement stupéfiant se produisit : Nancy n'est pas parvenue à remonter complètement la fermeture-éclair de son burkini hollywoodien sa combinaison hyper-moulante. C'est resté coincé un peu avant le haut du torse, vous voyez, avec comme effet indésirable une légère compression de sa délicieuse poitrine. (C'est là qu'on se dit que la costumière a dû se faire virer : comment a-t-elle pu négliger de se procurer une seconde combinaison, une taille au-dessus ? Il y a de ces amateurs à Hollywood !) Au niveau des rangées de fauteuils, j'ai entendu plusieurs braguettes exploser.

   La rigueur intellectuelle qui me caractérise me pousse à préciser qu'un peu plus loin dans le film, Nancy est enfin parvenue à remonter complètement la fermeture-éclair de sa combinaison hyper-moulante. Il faut dire qu'on avait changé d'ambiance : à ce moment de l'action, on avait vachement les chocottes pour elle. (Du coup, les corps spongieux des spectateurs étaient beaucoup moins gorgés de sang.)

   ... et tout ça c'est à cause du grand méchant requin. Au début, on l'attend. On sait qu'il est dans le coin, mais le réalisateur est un fieffé coquin, qui joue avec nos nerfs (en plus des corps spongieux des adolescents). Quand on le voit, on se dit qu'il est très vilain, le requin... et un peu bête, aussi. Pensez donc : alors qu'il s'est dégotté une bonne petite baleine, à moitié échouée sur un rocher après qu'il l'a bien mordue, il préfère aller s'en prendre à des surfeurs... et même à une mouette ! Peut-être que c'est un requin joueur, mais le scénario ne nous le laisse absolument pas deviner. On a plutôt l'impression qu'il est du genre teigneux le requin, un peu comme un tueur en série. C'est bien là le problème : c'est pas un vrai requin. (Toutefois, dans la salle, personne n'a eu l'intention d'aller le lui dire. C'est que, même numérique, il fout un peu les jetons.)

   Et Nancy dans tout ça ? Ben elle se fait mordre à la cuisse. (Je voudrais pas en rajouter, mais moi, à la place du requin, je lui aurais plutôt tripoté les nichons.) On se dit qu'elle risque d'y passer dès la première demi-heure... eh ben non ! (Ouf !) Coup de bol : le requin ne l'a pas bien mordue. Bon, elle a quand même super mal, mais aucun gros morceau de chair ne s'est détaché de son corps. Et puis... figurez-vous qu'elle est étudiante en médecine ! C'est-y pas cool, ça ? Comme elle gardé des trucs qui piquent sur elle, elle commence à se recoudre, à l'arrache, sur un rocher, façon scout des mers... sans anesthésie. (Dans la salle, certains djeunses ont vomi leur pop-corn.) On commence à se dire qu'elle est drôlement futée, pour une blonde. Et ce n'est pas terminé : comme elle s'ennuie un peu toute seule sur son rocher, elle commence à apprivoiser une mouette... et puis elle réfléchit à un moyen de s'échapper, en évitant de se faire boulotter par le requin.

   Je ne vais pas raconter la fin, ni les péripéties secondaires. Mais sachez que c'est bien conçu. On retrouve des références aux deux premiers Dents de la mer et, surtout, le dernier face-à-face entre l'héroïne et le requin est flamboyant.

   A voir si l'on aime le genre... et avec une bonne dose de second degré.

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lundi, 22 août 2016

Moka

   Le titre ne fait pas référence à une pâtisserie ou un café, mais à la couleur d'une voiture, celle qui a renversé le fils unique de Diane (Emmanuelle Devos, remarquable). L'enquête de police piétine. Un détective privé a été engagé, sans doute au départ par le couple, qui s'est ensuite disloqué (Samuel Labarthe -oui, le commissaire arrogant des Petits Meurtres d'Agatha Christie- incarne -très bien- un mari dépassé par les événements). Citoyenne suisse, disposant de confortables revenus, Diane décide de partir à la chasse au chauffard, de l'autre côté de la frontière. (Notons que les plans des environs du lac Léman sont de toute beauté.)

   Il s'agit donc d'un polar sociétal. Il comporte une part de mystère (il faut du temps pour découvrir qui conduisait réellement le véhicule qui a renversé le garçon) et une part de "pâte humaine". Diane pense avoir retrouvé la voiture en cause dans l'accident. Mais on n'en est pas sûr à 100 %. La mère éplorée se lance donc dans une entreprise encore plus incroyable : approcher les membres de la famille qu'elle croit responsable de son malheur, pour découvrir qui était au volant... et pourquoi cette personne ne s'est pas arrêtée après l'accident. L'essentiel du film est donc composé de scènes à double tranchant, où l'on voit évoluer Diane, mystificatrice et mal à l'aise, et les membres de l'autre famille, séparément les uns des autres.

   La première moitié sécrète une forte tension. L'ambiance est proche de celle du récent (et excellent) Irréprochable. La mise en scène est au plus près des personnages, avec une première séquence éblouissante, sans un dialogue. On découvre l'héroïne, son désarroi... et sa première transgression.

   Celle qui était une mère au foyer exemplaire et un peu conventionnelle va paradoxalement s'ouvrir au cours de la traque qu'elle mène. Elle rencontre de nouvelles personnes et se montre plus audacieuse qu'auparavant... Toutes les scènes qui confrontent Emmanuelle Devos à Nathalie Baye sont épatantes. Les deux actrices jouent sur l'ambiguïté. La première doit cacher ses véritables motivations... mais dans quelle mesure l'autre n'est-elle pas aussi une dissimulatrice ? Signalons aussi la qualité des seconds rôles, masculins comme féminins. (Olivier Chantreau a été vu récemment dans Sur quel pied danser.)

   La solution de l'énigme arrive assez tard et le traitement des personnages pourra paraître surprenant à certains. On s'éloigne des codes des séries américaines. C'est incontestablement un film de femmes, qui m'a constamment tenu en haleine. Enfin une bonne surprise dans les sorties françaises du mois d'août !

19:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 21 août 2016

Stefan Zweig, adieu l'Europe

   C'est une sorte de mini-biopic, racontant les dernières années de la vie de l'écrivain autrichien juif, qui fut une gloire en son temps. Il a fui son pays natal dès 1934, avant que l'Allemagne hitlérienne ne l'annexe, mais alors que les mouvements d'extrême-droite sont déjà très puissants en Europe, y compris en Autriche. On le suit principalement en Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay), mais aussi en Amérique du Nord, pour un intermède aux États-Unis.

   Les interprètes principaux sont bons, en particulier Josef Hader, qui incarne Zweig. Les cinéphiles retrouveront avec plaisir Barbara Sukowa, brillante il y a trois ans dans Hannah Arendt. J'ai par contre quelques réserves à émettre sur les seconds rôles. A-t-on fait exprès de les faire jouer "spontané" ? En tout cas, à plusieurs reprises, cela sonne faux.

   Mais le principal problème est le manque de rythme. C'est terriblement empesé, avec des tunnels de dialogues dont on ne comprend pas vraiment l'utilité. La meilleure séquence est (pour moi) celle qui commence dans une plantation de canne à sucre, dans l'Amazonie brésilienne. C'est inattendu, rafraîchissant et parfois comique. Hélas, ensuite, on retombe dans la lourdeur. La mise en scène ne vient pas au secours du film : elle est très académique, même si, ici ou là, on perçoit un effort pour composer les plans. De ce point de vue, la scène la plus réussie est sans conteste celle de la découverte des corps des suicidés, avec le jeu de miroir s'appuyant sur l'armoire à glace.

   Cela nous mène à une autre faiblesse du film : on ne comprend pas vraiment le déclic qui a poussé le couple à se suicider. L'écrivain est certes déprimé par ce qu'il se passe en Europe, mais, alors qu'il nous est montré joyeux le jour de son anniversaire fin 1941 (on lui offre un chien), rien n'est dit sur le contexte de février 1942. Du coup, je suis sorti de là déçu.

samedi, 20 août 2016

Déesses indiennes en colère

   Ces "déesses" sont de jeunes Indiennes (adultes). Elles sont belles, elles ont du caractère et, à une exception près, elles sont issues de la classe moyenne. (C'est ce qui les distingue des héroïnes d'un autre film sorti cette année sur le même sujet : La Saison des femmes, dans lequel joue aussi l'une des sept copines de Déesses.)

   Ces femmes sont en colère à cause de la manière dont les Indiennes sont considérées dans leur pays. Au tout début, c'est traité sur un mode humoristique, chaque héroïne se rebellant contre le machisme, clouant leur bec aux mecs étroits d'esprit. Plus loin dans l'histoire, c'est sur un autre ton que le même thème est abordé... mais n'allons pas trop vite.

   On découvre d'abord les déesses. Une est chanteuse (et a du mal à percer), une autre actrice (cantonnée à des rôles dévalorisants), une autre photographe, une seule est femme au foyer (riche, mais victime d'un mariage arrangé). A l'opposé, une autre dirige (d'une poigne de fer) une entreprise dans laquelle presque tous ses subordonnés directs sont des hommes (qu'elle juge pour la plupart incompétents). Elle est en conflit avec l'une des invitées, une intello syndicaliste qui a la peau un peu plus foncée. La dernière est d'origine populaire : c'est la servante, qui s'affaire pour que ces dames n'aient pas de tâches dégradantes à exécuter. Elle est sans doute issue d'une caste inférieure. Cela fait partie des non-dits de l'intrigue, qui se concentre sur la dénonciation du machisme, laissant un peu de côté les tensions sociales et la persistance des préjugés de castes (celles-ci n'existant plus... officiellement).

   Les amies se réunissent à Goa (ancienne possession portugaise de la côte Ouest), dans la maison de famille de l'une d'entre elles, la plus belle (à mon avis) et un peu la meneuse. On reste sur le ton de la comédie et la musique est entraînante. On suit avec plaisir cette bande de copines. Assez vite, le vernis se craquelle. On découvre les failles de chacune. Un incident rappelle aux jeunes femmes qu'elles ne vivent pas dans un monde idéal. L'une des ruptures est liée à une révélation... qu'on sent un peu venir, ceci dit.

   Cependant, l'intrigue bascule totalement lorsque se produit un événement inattendu, dans la troisième partie. Le propos se fait plus dur et le film gagne en intensité. Du coup, je suis sorti de là agréablement surpris. Je m'attendais à une comédie bourgeoise, qui risquait de souffrir de la comparaison avec La Saison des femmes. C'est finalement un très bon film sociétal, qui dépasse le cadre de l’État indien. Il aborde des questions existentielles, dont la portée est universelle.

   P.S.

   Une oreille attentive remarquera que, dans la version originale, l'anglais se mêle à des langues locales (les héroïnes étant issues de régions différentes). Ainsi, on entend sans doute parler l'hindi et le marathi.

21:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, femme, fille

vendredi, 19 août 2016

Dernier train pour Busan

   Moins de trois ans après Snowpiercer, le cinéma sud-coréen nous offre une nouvelle fiction ayant pour cadre un train, ici l'équivalent de notre TGV (et du Shinkansen japonais), le KTX (Korea Train Express), de la compagnie Korail (rien à voir avec nos bons vieux Corail, aujourd'hui trains Intercités, à l'avenir incertain). L'action se déroule sur la ligne principale, qui relie la capitale Séoul (au nord-ouest) à Busan (connue aussi sous le nom de Pusan), la grande ville portuaire du Sud-Est :

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   Le début nous présente certains des personnages que l'on va retrouver dans le train. On nous montre aussi de manière succincte le phénomène qui va provoquer le déferlement de violence de la seconde partie. On voit un accident mais il faut être très attentif à ce qui est dit au conducteur, lors de son passage au poste d'assainissement.

   Evidemment, cela devient vite gore, les acteurs étant pleinement investis dans leur rôle ! On note que, si on a mis le paquet pour épouvanter les spectateurs, on a été relativement parcimonieux avec l'hémoglobine. Précisons que, d'après le générique de fin, une société française semble avoir contribué à la création des effets spéciaux.

   C'est de plus très bien filmé. Le réalisateur Yeon Sang-Ho est connu pour des oeuvres d'animation. Ici, avec des acteurs réels, il est aussi bon dans les scènes d'intérieur (dans les wagons, mais aussi dans les gares) que dans les plans d'ensemble, à l'extérieur, parfois vraiment impressionnants. (Je pense notamment à la vue aérienne d'une meute de zombies se ruant sur un train au départ.) Cela donne un très bon film d'action, haletant, abusant certes parfois du "juste à temps".

   Ajoutons que l'intrigue comporte un sous-texte. Il y est question du capitalisme financier (destructeur), mais aussi d'égoïsme. Le héros, qui néglige sa famille, va apprendre à mieux connaître sa fille et à prendre soin d'elle (un peu à l'image du principal protagoniste de Ma Vie de chat). Signalons la performance de la gamine, vraiment épatante. (Les cinéastes sud-coréens semblent décidément savoir y faire avec les jeunes actrices, comme on a pu le constater dans le récent -et surestimé- The Strangers.) Parmi les acteurs, je distingue aussi Eui-Sung Kim, qui incarne un enfoiré de patron prêt à tout pour s'en sortir.

   Quelques limites pour terminer. J'ai déjà parlé du "juste à temps". J'ai aussi été agacé par les pleurnicheries et un sentimentalisme parfois exacerbé. C'est hélas assez courant dans les films sud-coréens qui parviennent en Occident. Cela n'enlève pas les mérites de celui-ci, qui constitue un bon divertissement, pour les amateurs du genre.

11:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 18 août 2016

S.O.S. Fantômes

   Plus de trente ans après la sortie du premier Ghostbusters, Hollywood tente de relancer la franchise... au féminin. Cependant, pour ne pas déboussoler les fans, la production a fait en sorte que quelques-uns des glorieux anciens soient présents au générique. C'est Bill Murray qu'on voit le plus, mais il a une partition assez insipide. Sigourney Weaver fait une courte (et belle) apparition. Dan Aykroyd est (brièvement) marrant en chauffeur de taxi (écoutez bien ce qu'il dit). Enfin, si vous êtes très très observateurs (ou si vous avez beaucoup cherché avant), vous vous rendrez compte que l'ancienne secrétaire est devenue réceptionniste d'hôtel.

   Du côté de la nouvelle équipe, on n'a pas cherché à innover. Le trio de base est constitué d'une caricature de couple lesbien (composé d'une obèse et d'un petit canon -mal- enlaidi) et d'une intello coincée. Au masculin, ces scientifiques un peu hors normes seraient des geeks. Pour compléter l'équipe, on a jouté une Black qui, ô surprise, à une tchatche d'enfer. Reconnaissons toutefois que les actrices ne manquent pas d'allant. Kristen Wiig (remarquée dans Imogene) est parfaite en bas-bleu un peu gaffeuse. Kate McKinnon s'en sort bien aussi en "savante folle", un rôle sans doute destiné à l'origine à Emma Stone (qui a décliné). L'équipe formée par ces quatre fortes personnalités fonctionne bien.

   Evidemment, on ne peut pas passer sous silence la présence au générique de Chris Hemsworth (les dames se pâment, dans la salle et sur l'écran). Poussant le processus d'inversion jusqu'au bout, les scénaristes en ont fait un secrétaire très beau et très bête. Celui qui a pris l'habitude d'incarner le dieu  Thor (il y a une allusion, vers la fin) est rentré dans le jeu... d'autant plus que l'intrigue lui réserve un petit moment de bravoure (que je me garderai bien de raconter). Notons qu'on a dû couper une scène au montage. Elle sert de fond visuel à une partie du générique de fin.

   Sur le fond, c'est assez drôle. J'ai souvent ri... mais autant dire tout de suite que c'est de l'humour potache, pas très relevé. Néanmoins, ce n'est pas aussi bon que dans le film d'origine. C'est en partie dû aux dialogues, parfois faiblards, mais sans doute aussi à la production. On a fait de ce reboot un film d'action fantastico-comique, alors que l'histoire d'origine est une comédie déjantée avec un brin de fantastique. Cela change l'ordre des priorités.

   Du coup, les effets spéciaux, qui étaient plutôt décoratifs dans le premier Ghostbusters, prennent ici une très grande place (because la 3D, bien entendu). Ceci dit, ils sont très bien conçus. (Ah, le vomi numérique !...) De plus, les fantômes sont surtout effrayants. On revoit bien le bonhomme vert informe et rigolo, mais il n'a qu'une place anecdotique. D'un point de vue technique, c'est brillant, mais cela manque de rythme. On aurait dû mettre un peu moins d'argent dans ces effets et payer des dialoguistes pour qu'ils peaufinent certaines scènes.

   C'est donc une petite comédie sympathique, sans plus.

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mardi, 16 août 2016

Ma Vie de chat

   Cette coproduction franco-chinoise suit un schéma (au départ) assez prévisible. Derrière la comédie se cache un conte moral, dans lequel l'élément fantastique ajoute un peu de piquant (et de puces).

   Voici donc Tom Brand (Kevin Spacey, très bien), un self-made man riche et arrogant. On nous le présente comme imaginatif et entreprenant, au contraire des banquiers et gestionnaires de fonds qu'il côtoie. Obnubilé par la réussite de ses projets, il néglige sa ravissante femme et son adorable fille. Il rencontre plus souvent son fils aîné, qu'il associe à ses affaires, mais dont il doute des capacités.

   La préparation de l'anniversaire de sa fille est à l'origine de la transformation du héros en chat... mais un chat d'un genre très spécial, dégoté dans une étrange animalerie, peuplée de sacs à puces en liberté et curieusement expressifs. Le magasin est géré par un type non moins étrange, qui a les traits de Christopher Walken.

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   La première partie de la nouvelle vie du héros est assez tordante. Bien que matou, il veut boire son meilleur whisky et refuse de manger de la pâtée industrielle. Il aimerait bien aussi passer la nuit en compagnie de sa femme... et n'hésite pas à uriner dans le sac de sa précédente épouse, quand celle-ci s'incruste à son domicile.

   A l'écran, on a mélangé les prises de vue réelles, avec de vrais chats, auxquels on a réussi à faire faire pas mal de choses (et Dieu sait qu'il est difficile de dresser nos compagnons poilus), à des incrustations numériques, quand les péripéties prennent un tour surréaliste... et que le chat se comporte en réalité comme un être humain. [Si mes souvenirs sont bons, le générique précise que huit dresseurs de chats ont travaillé sur ce film.]

   Evidemment, le matou va se montrer plus malin que les humains, mais c'est grâce à ses qualités de coeur qu'il peut espérer se "racheter" (et ainsi retrouver son corps d'origine). On se dirige donc tout droit vers une fin consensuelle. Fort heureusement, les scénaristes ont fait l'effort de travailler la conclusion de l'histoire, qui suit un chemin moins rectiligne que ce que l'on pouvait redouter. Cela donne une comédie charmante, pétillante par moments, mais globalement assez convenue.

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dimanche, 07 août 2016

Bad Moms

   Ces "mères indignes" sont trois femmes de la même génération, mais aux tempéraments très différents. L'une d'entre elles (Kiki) est une mère au foyer dévouée à ses enfants, assez coincée et soumise à un mari conservateur. Elle est (excellemment) interprétée par Kristen Bell :

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   Carla est sa presque opposée. Mère célibataire, elle ne connaît peut-être même pas l'identité du père de son fils unique, tant elle a (eu) tendance à céder facilement aux avances du moindre "porteur de bite"... Ah, oui, j'oubliais : elle est extrêmement grossière (dans son langage), voire vulgaire (dans son attitude). C'est un peu l'équivalent du beauf sympa (oxymore) des "films de potes" (buddy movies). (Je n'ai pas du tout aimé la scène qui la montre dans une salle de cinéma.) C'est le moment de souligner que les deux réalisateurs sont les scénaristes de Very Bad Trip...

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   Kathryn Hahn incarne avec fougue ce boute-en-train obscène dont on va évidemment découvrir une autre facette au cours de l'histoire. Au départ, on la voit peu investie dans l'éducation de son fils.

   La troisième est l'héroïne, Amy. Son personnage est un peu intermédiaire entre les deux précédentes. Amy tente de tout concilier : elle semble avoir réussi professionnellement, a épousé un type cool qui gagne plein de thunes et s'investit dans l'éducation de ses deux enfants, dont on sent qu'ils ne sont pas des imbéciles. Dans le rôle, Mila Kunis est convaincante. Ai-je dit qu'elle est de surcroît belle à tomber ?

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   Cette façade rutilante va se craqueler. Le conjoint d'Amy est en réalité un blaireau (un ancien djeunse qui a du mal à mûrir). Bon nombre de ses collègues de travail sont des crétins fainéants... et ses enfants attendent qu'elle soit à leur service, leur évitant le moindre effort. Si l'on ajoute à cela l'influence néfaste de Gwendolyne, la (richissime) présidente des parents d'élèves (Christina Applegate, très bien), on comprend qu'Amy pète les plombs et sonne le tocsin de la révolte.

   Tout se joue dans un bar où, après une bonne cuite, les trois donzelles décident d'aller mettre le souk dans leur supermarché de prédilection. Visuellement, la séquence prend la forme d'un clip, avec I love it en fond musical. C'est chouette !

   A partir de là, l'intrigue devient gentiment transgressive. Je laisse à chacun découvrir les libertés que chacune va prendre dans sa "nouvelle vie", la transformation la plus saisissante (bien qu'assez progressive) étant celle de Kiki. Le comique de situation est en général réussi... et parfois hilarant. J'ai notamment bien aimé la réunion électorale qui se transforme en "surprise party". On savourera aussi les avanies que subit l'héroïne, qui en prend vraiment plein la figure ! Par contre, les scènes de transition sont assez mal écrites ou mal jouées/doublées.

   Comme il s'agit d'un "feel good movie", on se dit que tout cela va bien se terminer, sans que le bon goût ne soit trop bafoué. On notera que les réalisateurs ont à la fois adapté au genre féminin le "film de potes" graveleux et transposé les codes du teen movie au monde des adultes. Quant aux mâles de l'histoire, ils apparaissent comme faibles ou stupides... à l'exception de l'unique père célibataire de cette high school, un type souriant à la gueule d'ange et au corps musculeux...

   C'est plutôt réussi, à condition que l'on fasse preuve d'un peu d'indulgence.

21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 04 août 2016

Comme des bêtes

   L'équipe de production à laquelle on doit Moi, moche et méchant et Les Minions a oeuvré sur ce film d'animation, une comédie new-yorkaise centrée sur nos animaux de compagnie, mais avec un  fort anthropomorphisme : si les héros ont bien, la plupart du temps, le comportement de bêtes, de temps à autre, aussi bien dans les mouvements que dans la pensée, on se rend compte qu'il s'agit de décalques d'humains.

   Dès le début, c'est le point de vue animal qui nous est donné. On sourit à l'attachement des chiens à leur maître... et à la duplicité de nombre de nos compagnons qui, dès que nous avons le dos tourné, sont capables de se livrer aux pires activités (excepté le sexe... curieusement absent de cette histoire, où l'on est supposé penser que les mammifères ont été stérilisés).

   J'ai bien aimé aussi le jeu sur les comportements stéréotypés ("Baballe !"... "Papillon !" ou encore "Saucisse !"), ceux des chiens bien entendu, mais aussi ceux du perfide rapace qui niche sur le toit de l'immeuble. Et que dire de la gourmandise de la chatte !... C'est bien mis en scène et les gamins adorent.

   L'intrigue met en contact les gentils animaux domestiques avec des "racailles", des congénères abandonnés ou fuyards, qui vivent dans les égouts de la mégapole. On y découvre une sorte de cour des miracles, avec un fonctionnement mafieux, sous la houlette d'un lapin psychopathe, l'une des grandes réussites de cette histoire :

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   L'autre trouvaille est celle du personnage de Gidget, un chien esquimau femelle, un peu effacée au début, mais qui va prendre sérieusement les choses en mains quand son chéri d'amour va disparaître. La petite poupée va se métamorphoser en femme d'action tigresse... pour notre plus grand plaisir.

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   La suite ? Des cascades, des courses-poursuites, des bagarres, sur un fond musical entraînant (composé -pour les morceaux originaux- par l'incontournable Alexandre Desplats). Les adultes peuvent s'amuser à repérer les clins d'oeil, notamment cinématographiques (à Hitchcock, à des films catastrophe... et, je pense, aux Marx Brothers).

   Cependant, de mon point de vue, les chats ne sont pas assez mis en valeur. Comme hélas dans de nombreuses productions pour enfants, ce sont les chiens qui occupent le devant de la scène, les félins héritant souvent de rôles négatifs.

   Cela reste une belle histoire d'amitié, rythmée par de nombreuses péripéties, et qui souffre d'une principale limite : être précédée par un court-métrage absolument génial, Minions en herbe. En quatre minutes, une bande de petits bonshommes jaunes va mettre un souk pas possible dans le jardin d'une maison de retraite. C'est hilarant au possible. Par contraste, cela met en évidence les petites carences du long-métrage qui suit.

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mercredi, 03 août 2016

Colonia

   Le titre de ce film est une référence à la tristement célèbre Colonia Dignidad, fondée dans le Chili profond par un ancien nazi. Cette enclave vivant en quasi autarcie est devenue une sorte de secte, dont les dirigeants entretenaient d'excellentes relations avec le pouvoir dictatorial d'Augusto Pinochet. C'est à ces monstres que les deux héros vont être confrontés, l'intrigue (aussi extraordinaire soit-elle) s'inspirant d'une histoire vraie.

   Le début nous présente les deux tourtereaux. Lui est un photographe engagé, talentueux, qui soutient le gouvernement d'Allende. Elle est une hôtesse de l'air audacieuse... et follement amoureuse de son chéri. On nous montre un couple assez moderne pour l'époque. On sourit et on est attendri, d'autant plus que les deux personnages sont incarnés par deux jeunes gloires du cinéma mondial, Daniel Brühl et Emma Watson. Lui s'est fait connaître dans Good Bye Lenin ! elle dans Harry Potter, où elle incarnait l'inoubliable Hermione Granger.

   Elle a d'ailleurs un peu plus de mal que lui à faire oublier le rôle qui l'a révélée. On l'a quand même remarquée dans My Week with Marilyn et Noé. Brühl, plus âgé, a eu le temps de davantage diversifier sa cinématographie. Ces dernières années, on l'a vu dans Eva, 2 Days in New York et La Femme au tableau.

   La première rupture dans l'intrigue survient avec le coup d'Etat de Pinochet. Le photographe disparaît. L'hôtesse de l'air décide de partir à sa recherche. On pourrait se dire que cela prend un tour un peu trop hollywoodien... à ceci près que c'est la dame qui veut sauver le monsieur. De plus, je peux vous garantir que la nature des atrocités perpétrées sous le régime de Pinochet n'est aucunement atténuée par le scénario.

   On se dit que, dans la vraie vie, cette femme a fait preuve d'un courage inouï... et, comme elle a les traits d'Emma Watson, à plusieurs reprises, j'ai eu envie de quitter mon siège et de foncer sur l'écran pour défendre la ravissante choupinette.

   Cela devient assez vite un thriller, avec la vie à l'intérieur de la communauté sectaire. Signalons la performance de Michael Nyqvist en gourou charismatique... et amateur de jeunes garçons. Dans le camp, on suit avec un intérêt grandissant les relations entre les femmes. Du côté des hommes, le héros fait assaut d'ingéniosité pour endormir la méfiance des geôliers. Certaines découvertes vont s'avérer capitales dans le dénouement de l'intrigue... qui nous réserve des surprises jusque dans la dernière séquence. Celle-ci abuse toutefois du "juste à temps", un peu comme dans Argo, pour ceux qui s'en souviennent.

   En dépit de quelques faiblesses, c'est à la fois un film instructif et un roman d'aventures prenant, avec une louche de romantisme pas niaiseux.

    P.S.

   En 2004, l'émission "Rendez-vous avec X" s'était penchée sur le cas de la Colonia Dignidad.

dimanche, 31 juillet 2016

Insaisissables 2

   Trois ans après le premier volet, nous retrouvons les quatre cavaliers et leur meilleur ennemi (incarné par Morgan Freeman)... avec toutefois un changement au niveau du premier rôle féminin (ainsi qu'au niveau de la réalisation). Côté nouveauté, on note aussi la présence de Daniel Radcliffe (qui tente -laborieusement- d'exister après Harry Potter)... et, surtout, une double dose de Woody Harrelson, puisque l'acteur interprète deux personnages, des (quasi) jumeaux antagonistes.

   Dès le début, on est plongé dans le monde de la magie et des faux-semblants, avec un jeu sur les mots "BELIEVE" et "LIE", puis sur "SAINT" et "THIEF". Le film se conclut dans le même esprit, avec un trompe-l'oeil, au sens propre comme au figuré.

   Sur l'écran, c'est superbe... un peu trop parfois. On a vraiment l'impression qu'on veut nous en mettre plein la vue. Néanmoins, l'intrigue ne démarre pas trop vite : on prend le temps de nous présenter la reformation de l'équipe, avec des tensions sous-jacentes... et quelques questions en suspens. La suite est une nouvelle version de l'arroseur arrosé. A l'image d'un magicien sûr de son talent, le réalisateur prend le soin de nous expliquer ses petits trucs, après qu'ils ont été exécutés... mais aussi parfois avant. Cela concerne en particulier le braquage de l'entreprise de haute technologie (un mélange de Google et d'Apple, avec un clone de Mark Zuckerberg en PDG), d'une grande virtuosité... même s'il faut faire preuve d'un peu d'indulgence pour accepter l'ensemble des péripéties.

   Mais le meilleur est à venir avec un nouveau basculement de l'histoire, que je me garderai bien de raconter. D'ailleurs, on nous ménage des surprises jusqu'à la fin, quand on croit que tout est terminé. Ce deuxième épisode est chargé d'expliquer certains aspects du premier... et de préparer le suivant.

   C'est un bon spectacle, parfois brillant, agrémenté d'une musique entraînante.

22:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 juillet 2016

Florence Foster Jenkins

   Presque trois ans après l'excellent Philomena, Stephen Frears s'est attaché à la vie d'une autre dame âgée torturée, la supposée cantatrice qui a déjà inspiré Marguerite l'an dernier. On a soigné la distribution, puisque le rôle-titre est interprété par Meryl Streep, son compagnon étant joué par Hugh Grant. La première en fait à mon avis un peu trop, le second parvenant à lui voler la vedette. Cela fait longtemps que je n'avais pas vu Grant aussi bon.

   Le ton du film oscille entre le comique et le pathétique, à l'image de l'opinion que les personnages ont de la vieille héritière. Beaucoup la trouvent ridicule, d'autres la trouvent touchante. Le réalisateur ne tranche pas quant à son degré de lucidité. Celle qui disait aimer la musique (et qui a enseigné le piano) était-elle consciente de chanter aussi mal ? On notera qu'il n'y a pas de critique féroce du fait que l'argent achète (presque) tout. Tout cela est présenté sur un ton badin, même quand le compagnon bigame joue au gangster ou au gigolo. Le personnage présenté le plus négativement est le seul critique musical qui ne se laisse pas acheter... et qui écrit ce qu'il pense.

   Deux autres prestations sont à signaler : celle de Simon Hellberg, en pianiste débutant, doué mais complaisant, et celle de Nina Arianda, en pulpeuse pétasse au grand cœur.

   Que dire d'autre ? Que la reconstitution est soignée, que les acteurs font bien leur boulot... mais que la voix de la chanteuse est vraiment exécrable ! Je ne suis pas un mélomane averti, mais j'ai quand même été choqué par le massacre de "l'air de la reine de la nuit" (extrait de La Flûte enchantée, de Mozart)... C'est quand même nettement plus joli chanté par Natalie Dessay. Le pire est que Meryl Streep s'est correctement inspirée du modèle, que l'on entend à la toute fin.

   C'est aussi une bonne comédie, avec, au cœur de l'intrigue, Hugh Grant... et une séquence de fiesta d'anthologie, dans le modeste appartement du mari, avec une bande de parasites et d'atypiques. Mais cela ne va pas plus loin.

dimanche, 24 juillet 2016

Elvis & Nixon

   Ce petit film brode à partir d'une rencontre qui s'est réellement produite, entre Richard Nixon (à l'époque président des États-Unis) et Elvis Presley, la star du rock, en 1970. Les États-Unis étaient en pleine guerre du Vietnam. A l'intérieur, le pays était agité par de multiples mouvements contestataires... et Elvis Presley (plus mûr qu'à ses débuts) était peut-être la vedette la plus connue du monde.

   C'est d'ailleurs une source de gags, puisque la star met les dames en émoi... et suscite l'incrédulité des hommes. La scène la plus drôle est sans conteste celle qui se déroule dans un aéroport, très tôt le matin, lorsqu'un pâle sosie du King apostrophe celui-ci, qu'il prend pour un concurrent, certes pas malhabile.

   J'ai aussi beaucoup apprécié la manière dont on nous raconte la mise en place de la rencontre, dont Nixon à l'origine ne voulait pas. Ce sont ses assistants (eux-mêmes fans d'Elvis) et les amis du King qui vont trouver le moyen de faire plier le chef du Monde Libre...

   A partir de là, tout est possible. L'arrivée d'Elvis et de ses amis à la Maison Blanche est particulièrement cocasse, avec un service de sécurité au bord de la crise de nerfs. Puis vient enfin la rencontre. Kevin Spacey est excellent en président conservateur roublard. Face à lui, Michael Shannon (vu récemment dans Midnight Special) est bluffant. Alors qu'il ne ressemble pas physiquement à Elvis, il réussit à nous faire croire à son personnage, très conscient de son aura, imbu de lui-même aussi... et très seul au fond. Il n'a que deux ou trois véritables amis, incarnés eux par des acteurs très ressemblants :

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   Et puis... au-delà de la possible candeur d'Elvis, il y a sa part de duplicité. Certes, il a pris l'initiative d'écrire une lettre à Nixon... mais, en dépit du patriotisme affiché, n'est-il pas surtout désireux de se procurer un authentique badge du F.B.I. ? Le film maintien l'incertitude quant aux véritables motivations du King.

   La fin ne manque pas de saveur non plus. Elvis accepte bon gré mal gré de se plier à la séance de photos. Nixon sort de l'entretien tout joyeux... et pense régler les problèmes posés par la Syrie et l'Irak en deux temps trois mouvements ! (Petit clin d’œil des scénaristes... Rappelons que l'action se déroule en 1970.) Et puis, soyez attentifs aux textes qui s'affichent juste avant le générique. On y apprend ce que sont devenus les personnages fort sympathiques que l'on a suivis pendant 1h25... Nombre d'entre eux ont mal tourné, preuve supplémentaire qu'il ne faut pas se fier aux apparences.

   P.S.

   D'un point de vue technique, j'ai été gêné, à quelques occasions, par l'image déformée de personnages situés aux extrémités de certains plans (notamment dans le bureau ovale). Je ne sais pas si c'est dû au film lui-même ou à la projection, défectueuse.

samedi, 23 juillet 2016

Le BGG

   Steven Spielberg a adapté le roman de Roald Dahl The BFG ("The Big Friendly Giant"), qu'il aurait été plus juste de traduire par "Le Grand Géant Gentil" (Le GGG)... parce que le géant en question est plutôt maigre, les gros géants de l'histoire étant les méchants. Il est tout de même sympathique : il a les traits de Mark Rylance (vu il y a quelques mois dans Le Pont des espions), qui confère à son personnage bienveillance et maladresse. Quoi qu'il en soit, ce géant doit rester inconnu des humains ; c'est pourquoi il enlève la petite Sophie, qui l'a vu.

   L'ambiance est un mélange des contes de Grimm et des romans de Charles Dickens : le merveilleux côtoie un réel parfois glauque (l'orphelinat) et l'héroïne, si je ne m'abuse, lit Nicholas Nickleby. (Ah, une enfant qui lit des bouquins... ça nous change des petites pétasses qu'on donne parfois comme modèles à nos gamines !) J'ai par contre été un peu désarçonné par l'ambiguïté du contexte historique. Les références précédentes évoquent plutôt le XIXe siècle... mais l'on voit des voitures (pas ultra-modernes, ceci dit) et même des hélicoptères militaires, à la fin. Au niveau politique, on aperçoit un portrait (sans doute ancien) de la reine Victoria et la souveraine qui apparaît dans la troisième partie de l'histoire est sans doute un décalque d'Elizabeth II (au XXe siècle), même si la vision du pouvoir royal est très datée.

   Pour moi, ces détails passent au second plan tant ce qui est projeté à l'écran est joli. Spielberg a construit une sorte d'enluminure animée, à mi-chemin d'ET et de certaines productions Disney. Les décors sont superbes, avec en particulier tout ce qui touche au repaire du géant gentil, qui cache bien des secrets. Magnifiques sont les scènes qui font intervenir les rêves et les cauchemars, que le géant capture dans des bocaux, avant de les envoyer, la nuit, dans l'esprit des gens endormis. Ils ont l'aspect de lucioles, mais des lucioles particulièrement agitées, qui, une fois dans les bocaux, prennent des formes étonnantes. (Soyez attentifs : l'une d'entre elles ressemble à un dinosaure poursuivant une proie... petit clin d'oeil de Spielberg !) La plus belle séquence du film est sans conteste celle qui se déroule "dans" le reflet d'un arbre. Je n'en dis pas plus : c'est sublime.

   Au niveau du scénario, j'ai un regret : que l'on n'ait pas plus creusé du côté d'un autre personnage. Je ne peux pas en dire trop, mais sachez que le Bon Gros Géant a déjà eu un compagnon par le passé...

   Et puis il y a cette séquence épatante, dans la résidence royale. Cela commence par les présentations, dans le jardin "à la française". Cela se poursuit par la scène du repas, un moment d'anthologie, tant sur la forme (la cohabitation des personnages de différentes tailles est très réussie) que sur le fond, avec les conséquences gastriques de l'absorption de la boisson gazeuse (le frétibulle) concoctée par le géant ! C'est l'occasion de remarquer qu'exceptionnellement chez Spielberg, plusieurs scènes sont marquées par un humour régressif ou "crade". Outre le champagne pétogène (gros succès dans la salle), on peut signaler les énormes concombres moisis, l'un d'entre eux permettant même à la jeune héroïne d'échapper à un méchant.

   Vu la tonalité de l'ensemble, je suis étonné qu'on n'ait pas programmé la sortie du film plutôt pour la fin d'année. C'est bien dans l'esprit de Noël. Et même si ce n'est pas un chef-d'oeuvre, c'est du bel ouvrage, à voir en ayant gardé un peu d'enfance en soi.

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vendredi, 22 juillet 2016

Independence Day - Resurgence

   Il n'est pas indispensable d'avoir vu le premier opus pour suivre l'intrigue du deuxième (et sans doute pas second). Je n'ai jamais visionné (ni au cinéma, ni ailleurs) le gros succès de Roland Emmerich, mais j'ai quand même pris la peine, avant, de lire deux-trois choses sur le numéro 1. Cela permet de comprendre immédiatement quelles relations les personnages entretiennent entre eux. De ce point de vue, on n'est guère aidé par les dialogues, d'une grande platitude. Quand on pense à la carrière de plusieurs des acteurs présents au générique, on se dit qu'ils doivent avoir des fins de mois difficiles.

   Au niveau de l'intrigue, cela repart presque comme dans le premier film, avec une nouvelle invasion extra-terrestre, mais encore plus puissante et dangereuse. Les cinéphiles avertis repèreront les emprunts à Alien, à La Guerre des étoiles et à d'autres films catastrophe. Le jeu consiste à deviner qui va mourir, qui va sauver le monde et qui va se révéler meilleur qu'il(elle) n'est au début de l'histoire.

   La distribution veut contenter tout le monde. Dans ce présent alternatif (l'action se déroule en 2016), les humains ont mis fin à leurs querelles stériles, pour former un gouvernement mondial, dans lequel la présidente des États-Unis tient une place importante... (Coucou, Sela Ward des Experts Manhattan !) A l'écran, cela donne des héros américains, chinois, européens, africains. On a aussi pris soin de mélanger les générations. Les "vieux" spectateurs retrouveront avec plaisir certains acteurs du premier film. Pour intéresser le jeune public à ces nouvelles aventures, on a donné un rôle majeur à de nouvelles figures, comme le fils du pilote Hillel, la fille de l'ancien président des États-Unis et quelques autres personnages inventés de toutes pièces pour cet épisode. Tous sont des archétypes, que l'on retrouve dans nombre de fictions grand public.

   Le résultat ? Un bon film d'action, souvent trépidant, avec des effets spéciaux éblouissants, un gros travail sur les costumes et les décors, le tout servi par une musique adaptée. Certaines séquences sont même assez élaborées, comme le début sur la Lune ou le premier passage en Afrique. Cependant, globalement, c'est de la grosse caisse, qui ne s'embarrasse pas de subtilités. Un soir, après un bon repas, ça fait agréablement passer le temps.

   P.S.

   Je ne vais pas rallonger inutilement ce billet, mais je tiens à signaler que, pour savourer pleinement le spectacle qui nous est proposé, mieux vaut faire preuve d'indulgence à l'égard du scénario. Le plan d'ensemble est bien conçu mais, dans le détail, l'abus du "juste à temps" est pénible et certains problèmes se résolvent miraculeusement vite. Peu réalistes aussi sont les scènes faisant intervenir des "huiles". La manière dont les décisions sont prises et la mise en scène des règles de sécurité auraient mérité d'être davantage travaillées... mais on avait peut-être déjà dépensé tous les sous dans les effets spéciaux. Et même dans ce domaine, tout n'est pas réussi : la possibilité qu'un gigantesque vaisseau spatial (de 5000 kilomètres de diamètre, si j'ai bien compris) puisse se poser sur l'océan Atlantique, en prenant appui sur la côte est des États-Unis, sur Londres et sur Paris me paraît hautement improbable.

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Lea

   Ce film italien rend hommage au combat de deux femmes, Lea Garofalo et sa fille Denise, qui ont tenté d'échapper aux griffes de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, très présente dans la pointe de la botte italienne, mais aussi dans le Nord, du côté de Milan (en Lombardie) :

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   L'histoire s'étend sur une trentaine d'années, de la naissance de la relation entre Lea et Carlo (dans les années 1980) jusqu'au procès qui s'est tenu au XXIe siècle. Le film s'achève sur un extrait d'images d'actualités, dont je ne peux révéler la teneur pour préserver un peu de suspens.

   Entre ces deux moments, on suit une jeune femme, dont le père est décédé et dont le frère a rejoint le gang du coin. Il a peut-être même de l'avenir dans l'organisation, à condition qu'il se plie à l'ensemble de ses règles. Sa frangine, elle, est du genre rebelle, avec un tempérament haut en couleur qu'on retrouve souvent chez les femmes méditerranéennes confrontées au machisme ambiant.

   On a du mal à comprendre pourquoi elle se maque avec l'homme de main de son frère, un gros nounours très prévenant... et qui va monter en grade. Dans la région, on n'est pas bien riche et l'engagement dans un groupe mafieux peut paraître enviable à certains jeunes hommes. Cette mini-fresque a donc aussi un aspect sociologique. Si ce sont incontestablement les victimes qui sont mises au premier plan (contrairement à ce qu'on a pu voir dans quantité de productions hollywoodiennes complaisantes), le portrait qui est tracé des "dominants" est assez fouillé.

   La seconde partie de l'histoire nous permet de suivre les pérégrinations de la mère avec sa jeune fille (que le papa voudrait récupérer). Sous protection de la police, elle va pas mal voyager en Italie et envisager même de refaire sa vie avec un autre homme, divorcé. Dans le même temps, sa fille mûrit vite, ayant senti le poids des pressions qui s'exercent sur les femmes dans le milieu mafieux.

   L'intrigue rebondit dans la troisième partie, dans un sens que je ne peux révéler. On aboutit à un procès, filmé de manière sobre et digne. Les sujets (graves) qui font l'objet des débats sont abordés dans toute leur complexité : le procès a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la 'Ndrangheta.

   Les actrices sont formidables et leurs collègues masculins sont très bons. Alors, oui, c'est une histoire assez dure, mise en scène de manière classique. Mais cela donne un film extrêmement fort.

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jeudi, 21 juillet 2016

L'Outsider

   Il n'est pas facile de voir ce film consacré à l'affaire Kerviel, sorti le mois dernier. Pourtant, le sujet est porteur et plusieurs acteurs renommés sont à l'affiche (en particulier François-Xavier Demaison et Sabrina Ouazani). C'est toutefois le moins connu du groupe qui m'a le plus impressionné : Arthur Dupont incarne un Jérôme Kerviel très crédible et tout en nuances. Signalons aussi la qualité des seconds rôles, interprétés par Mhamed Arezki (remarqué dans Candice Renoir), Benjamin Ramon ou encore Sören Prévost (le fils de Daniel).

   Le "héros" ne nous est pas présenté comme un ange ou un chevalier blanc de la finance. C'est d'abord un Rastignac du XXIe siècle, issu d'une famille modeste, qui tente de se faire une place au soleil. Cela nous vaut quelques scènes touchantes avec les parents, dont il s'éloigne peu à peu.

   Le film mérite le détour aussi pour la description du petit monde des traders, avec sa hiérarchie implicite, son arrogance et sa grossièreté. Le jeune Kerviel fait tache dans ce milieu où pullulent les fils à papa. Chacun est attaché à son statut : "trader", "assistant", "chargé du middle office"... Il existe aussi un service interne de contrôle des risques, subtilement surnommé "la Gestapo" par les traders... D'ailleurs, qu'est-ce qu'ils sont grossiers ! C'est vraiment une bande de beaufs, un comble pour des types (il y a très peu de femmes dans le "saint des saints") souvent bardés de diplômes.

   Concernant la spéculation elle-même, on n'apprend pas grand chose. Le réalisateur a reconstitué la salle des marchés et tente de faire saisir l'importance des tensions que le travail sur ordinateur crée. Pas facile pour les non-spécialistes de s'y retrouver. Le dossier de presse mis en ligne sur le site du distributeur tente de combler les vides.

   Comme grosso modo tout le monde sait à peu près comment cela va se terminer, l'intrigue prend la forme d'un thriller sentimentalo-financier. La vie personnelle du héros est bouleversée par son travail... dans lequel il prend de plus en plus de risques. Le propos du cinéaste n'est pas neutre : il est implacable pour la Société Générale, en particulier ses cadres, qui ont laissé Kerviel agir à sa guise tant que ça leur rapportait du fric et qui lui ont tout collé sur le dos quand la situation s'est dégradée. Au passage, le film laisse entendre qu'ils n'y comprenaient pas grand chose, tant les manoeuvres de Kerviel étaient alambiquées. On s'aperçoit aussi que ce travail de courtier s'apparente un peu trop souvent au jeu de casino, à ceci près qu'ici des milliards d'euros et des centaines de milliers d'emplois sont en jeu.

   Même si ce n'est pas une oeuvre magistrale, c'est un bon film de genre, qui tient parfaitement la distance.

mercredi, 20 juillet 2016

L'Age de glace V : les lois de l'univers

   Voici de retour la horde la plus sympathique du monde de l'animation. Au "noyau dur" originel se sont rajoutés deux personnages rencontrés dans le précédent film : Mémé (toujours aussi caractérielle) et Kira, la ravissante tigresse. On ne la voit hélas que très peu, les scénaristes n'ayant guère développé son idylle avec Diego. Seule une scène m'a marqué, celle qui nous montre la manière dont les deux félins sont perçus par les autres (petits) mammifères. C'est bien vu. Par contre, la grand-mère (de Sid) est souvent présente. Elle va même s'amouracher d'un lapin (!)... et, pendant un court instant, on va la découvrir telle qu'elle était 50 ans auparavant... choc garanti !

   Évidemment, Scrat est là, au début, au milieu, à la fin... et même après la fin (dans la première partie du générique). Comme dans La Dérive des continents, l'action du frénétique écureuil préhistorique est la source de gigantesques bouleversements, de la création de météores à un gigantesque mouvement de marée... référence biblique incluse ! Ces séquences sont pour moi les plus hilarantes, souvent truffées de références (aux Dix Commandements, à 2001, L'Odyssée de l'espace... et au programme Apollo) et très inventives (avec des jeux sur la gravité).

   L'autre personnage clé de ce cinquième volet est Buck, la belette rencontrée dans le troisième épisode. On le retrouve en pleine action, tentant de sauver l’œuf d'un herbivore, convoité par un trio de dinosaures volants méchants et un peu crétins. C'est un véritable moment de bravoure, tourné comme un plan-séquence, sur l'air de Figaro (dont les paroles ont été modifiées pour l'occasion). Les vieux téléspectateurs (amateurs de dessins animés) y verront un hommage... à Bugs Bunny, dont l'une des aventures s'appuie sur l'ouverture du même opéra, Le Barbier de Séville, de Rossini... opéra qui sert aussi de cadre à Long-haired hare ("Le Lièvre aux grands cheveux"), dans lequel Bunny le joueur de mandoline s'oppose au chanteur qui répète l'air de Figaro.

   Mais revenons à nos moutons (préhistoriques). Buck la belette dynamite une intrigue qui, sans lui, serait trop convenue : Pêche, la fille des mammouths, est désormais en âge de se marier... et elle a choisi un djeunse qui ne plaît pas trop au papa. (Il est toutefois moins déplaisant que les personnages d'adolescents mis en scène dans L'Age de glace IV.) Mais, bon, à partir du moment où l'on sait qu'il s'agit d'un film familial (dans lequel les mammouths incarnent les Américains moyens, obèses ou en surpoids), on doit accepter certains clichés.

   Fort heureusement, on retrouve aussi les deux rats sales et débiles, sources de plaisanteries pas vraiment fines. Quelques gags sont particulièrement réussis, comme lorsqu'il est question d'électricité statique ou lorsqu'on nous montre ce qui se passe dans la tête de Buck ! (Petit clin d’œil à Vice Versa ?) Enfin, alors que la fine équipe tente de trouver un moyen d'empêcher une météorite de détruire la planète, elle va faire une rencontre étonnante, celle d'un groupe de personnages très spéciaux, leur chef, d'une grande zénitude, étant... un lama !

   Si l'on ajoute à cela la qualité de l'animation, toujours impressionnante (observez notamment le pelage des mammouths et celui de Scrat), on passe un très bon moment... et j'ai du mal à comprendre les critiques qui ont fait la fine bouche.

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lundi, 18 juillet 2016

Tarzan

   Attention : cette nouvelle version cinématographique des aventures de l'homme-singe n'est pas une production Disney, mais de la Warner Bros. Ce n'est donc pas un film destiné au jeune public, que de nombreuses scènes risquent d'effrayer. D'une certaine manière, cet opus se veut plus fidèle à l'oeuvre d'Edgar Rice Burroughs (qui n'était pas très satisfait de la manière dont on avait adapté ses romans), dont je parlerai un peu plus loin.

   Deuxième écueil à éviter : ne pas s'attendre à ce que l'on nous raconte l'histoire à partir du début. L'intrigue commence alors que Tarzan (devenu Lord Greystoke) vit au Royaume-Uni, en compagnie de sa chère Jane. A plusieurs moments, au cours du film, des retours en arrière (en partie visibles dans la bande-annonce) vont nous rappeler ce qu'il s'est passé avant, de l'enfance du héros jusqu'à sa rencontre avec sa dulcinée.

   Ici, l'intrigue tourne autour de la conquête coloniale et d'une vengeance. Un chef de tribu africain veut mettre la main sur Tarzan et le tuer. Pour ce faire, il va s'appuyer sur la cupidité des Européens, dont l'action néfaste est dénoncée tout au long du film, qui fait un procès sans nuance de la colonisation. Les scénaristes ont aussi fait en sorte de donner l'image la moins négative possible des Africains, au risque de passer à côté d'une partie de la réalité historique des années 1884-1889. Les spectateurs pointilleux tiqueront aussi à certaines inexactitudes, la plus flagrante étant la référence à un roi de France... sous la IIIe République !

   A part le couple de héros, le seul Occidental montré positivement est... un Noir américain, ancien soldat nordiste durant la guerre de Sécession. (Ah, les gentils Zaméricains contre les méchants Zeuropéens !...) Samuel L. Jackson lui donne sa prestance et sa truculence.

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   Mais il n'est pas le personnage le plus marquant. Ce n'est pas non plus Tarzan, correctement incarné par Alexander Skarsgård, qui a acquis une musculature impressionnante... et de sacrées paluches, ce qui au passage le rend physiquement plus proche de l'être décrit jadis par Edgar Rice Burroughs. Tous ces acteurs passent au second plan, derrière le méchant le plus machiavélique de l'histoire, cet homme à tout faire du roi de Belgique, interprété (avec brio) par Christoph Waltz.

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   C'est donc un film d'aventures, avec ses grands espaces, ses mystères, ses complots et ses trahisons... mais aussi de l'amour et un peu de philanthropie. David Yates (auquel on doit plusieurs Harry Potter) est aux manettes. Toutes les scènes avec les animaux sont emballantes, qu'elles soient intimes (avec la maman gorille ou les félins) ou spectaculaires (avec les troupeaux en marche). Du côté des femmes, on a (heureusement) modernisé le schéma d'origine : Jane n'est plus cette jeune fille en fleur que tout effraie. Margot Robbie incarne (superbement) une femme de tête, qui partage avec Tarzan une certaine communion avec la nature.

   C'était le gros point faible du roman d'origine, qui date de 1912 et qui vient d'être réédité en collection de poche par les éditions de l'Archipel :

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   Jane y apparaît un peu godiche, qui n'ose guère se rebeller contre la domination masculine, hélas prégnante à cette époque. Au quotidien, elle est servie par Esmeralda, une Noire présentée comme particulièrement stupide, prompte à s'évanouir.

   Dans le roman, la vie du jeune Tarzan ("peau blanche") en compagnie des grands singes est décrite dans le détail... et c'est très violent. Les Africains avec lesquels le héros va entrer en contact ne bénéficient pas d'un meilleur traitement, bien au contraire : ils sont dépeints comme des êtres cruels, cannibales et adeptes de la torture.

   L'auteur (Burroughs) réussit à nous plonger dans le psychisme du garçon, qui devient un homme hors du commun. Hors du commun par le physique (ce que le film traduit partiellement). Hors du commun aussi par l'intellect, puisque, grâce aux affaires abandonnées dans la cabane de ses parents, il va réussir à apprendre à lire et écrire l'anglais... sans savoir le parler. (A ce propos, je me demande dans quelle mesure il est possible qu'un enfant qui n'a jamais entendu parler une langue humaine puisse l'apprendre, une fois devenu adulte.)

   La France occupe une place non négligeable dans l'intrigue. Le pays est d'abord montré comme un concurrent du Royaume-Uni dans la conquête de l'Afrique. Toutefois, lorsqu'un équipage français débarque dans la crique où certains personnages ont été abandonnés, ses membres sont présentés de manière très positive : ce sont des hommes courageux et serviables. De plus, la France va jouer un rôle important dans le changement de statut de Tarzan : il s'y familiarise au mode de vie occidental, y apprend plusieurs langues et y découvre un moyen de déterminer avec certitude son identité. La langue française est aussi à l'honneur, puisque le père de Tarzan l'utilise pour rédiger son journal... et que c'est la première langue que l'homme-singe va apprendre à parler, avant de passer à l'anglais.

   Quant à la fin de ce premier volume (Burroughs en a écrit une trentaine, plusieurs ayant été mis à contribution pour construire l'intrigue du film), elle est ouverte. L'histoire s'interrompt non pas au Royaume-Uni, mais aux Etats-Unis, alors que Jane a beaucoup de mal à choisir l'homme avec lequel elle va passer sa vie.