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dimanche, 17 juillet 2016

Apprentice

   Ce film singapourien (en réalité une coproduction internationale) a été présenté au dernier Festival de Cannes, dans la section Un certain regard. L'intrigue est centrée sur le personnage de "l'apprenti", cet ancien soldat, encore jeune, devenu gardien de prison, dans un établissement qui pratique les exécutions capitales (par pendaison).

   Il y a donc un aspect documentaire dans cette histoire. On découvre à la fois le travail des gardiens de prison asiatiques et celui du bourreau, très technique. La question de la peine de mort est abordée de manière froide, sans le militantisme lourd de certains abolitionnistes occidentaux. Le réalisateur nous présente une série de condamnés, sans trop creuser du côté du motif de condamnation. (On remarque quand même que les crimes liés à la drogue sont très présents.) Ce sont des hommes et des familles que l'on nous montre. En face, le portrait du bourreau est sensationnel, avec un acteur très charismatique (Wan Hanafi Su).

Corde 2.jpg

   Mais le plus impressionnant est sans conteste Fir Rhaman, un très bon choix que ce jeune homme à la fois musculeux et torturé de l'intérieur, qui nous fait pleinement croire à son personnage.

Corde 1.jpg   Le jeune homme, plutôt du genre taiseux, a quelques secrets. Devenir gardien dans cette prison-là n'était pas le fruit du hasard. Si l'on découvre assez vite ce qui, dans le passé, explique son parcours, on n'est pas plus avancé quant à ses motivations profondes. Cela maintient le suspens jusqu'à la fin, sans que cela ne génère une tension extraordinaire.

   Dans le même temps, on suit le jeune homme dans sa vie quotidienne. Apparemment, il n'a plus ses parents. De ses ascendants, seule la grand-mère maternelle semble encore en vie. Le héros habite avec sa soeur aînée, avec laquelle les relations sont compliquées.

   Le milieu professionnel dans lequel évolue le jeune homme est aussi l'objet d'une étude. On y emploie deux langues, le malais et l'anglais. La seconde est la langue officielle de Singapour, celle que maîtrisent parfaitement les gradés (souvent d'origine chinoise), qui ont suivi des études supérieures, tandis que les autres sont d'ethnie malaise. Dans les conversations, les deux s'entremêlent quelques fois.

   Ajoutons que l'image est soignée, avec de beaux contrastes d'ombres et de lumière, que l'on doit au directeur de la photographie (français) Benoît Soler. L'originalité de certains plans tient aussi au positionnement de la caméra et au cadrage. On sent que la mise en scène a été travaillée. Cela donne encore plus d'intérêt à ce film en apparence modeste, mais d'une force indéniable.

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samedi, 16 juillet 2016

The Strangers

   Ce polar d'épouvante porte à l'origine le titre Gokseong, du nom du district sud-coréen dans lequel se déroule l'action. Il se trouve dans le sud-ouest du pays, loin des grands centres urbains, dans une région encore très boisée où l'inexplicable peut se produire...

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   On suit le travail d'un duo de policiers assez bas de plafond et pas très durs à la tâche. Une série de meurtres horribles vient déranger leur routine quotidienne. Pendant au moins une heure, on se demande quelle en est la cause : un tueur en série, une intoxication alimentaire ou une intervention surnaturelle ? L'un des suspects est un vieux Japonais, qui vit seul dans la montagne et ne semble rien redouter. Lorsque la fille de l'un des policiers est à son tour touchée par un mal mystérieux, l'intrigue dérape dans le paranormal, avec d'explicites références (notamment) à L'Exorciste.

   C'est le moment de souligner l'excellente composition de la meilleure actrice du film, la gamine, aussi crédible en petite fille modèle qu'en enfant soudain très mûre pour son âge puis en possédée. Je suis beaucoup moins satisfait de la prestation de l'acteur principal, qui en fait des tonnes. D'abord, son personnage m'est assez antipathique : c'est un gros beauf, le petit roi d'une famille où ce sont les femmes (son épouse et sa belle-mère) qui se tuent à la tâche, pendant que monsieur ne pense qu'à faire la sieste, s'empiffrer et, accessoirement, culbuter sa maîtresse. De plus, au cours de l'histoire, son évolution n'est guère crédible : de père absent (qui achète le silence de sa fille à l'aide de multiples cadeaux), il devient défenseur héroïque de la vie de sa progéniture. Et qu'est-ce qu'il chiale !...

   Au moins, c'est bien filmé. On a droit à un bon film gore, avec un suspens qui tient la route. Mais, au bout de deux heures, on tombe dans le grand-guignol. C'est surjoué et, quand on rit, c'est du ridicule de certaines situations pourtant présentées de manière sérieuse. La dernière demi-heure m'a toutefois agréablement surpris, avec la mise en parallèle de trois scènes, une se déroulant au domicile du policier, une autre dans les rues de son village, la troisième dans une grotte. C'est très bien vu, mais, d'un point de vue scénaristique, l'intrigue s'achève dans une impasse.

 

POURQUOI LE SCÉNARIO EST UN GROS FOUTAGE DE GUEULE

(ATTENTION, JE DÉVOILE CERTAINS POINTS-CLÉS DE L'INTRIGUE)

 

   A la fin, même les plus décérébrés des spectateurs ont compris que le Japonais est une incarnation du diable (dommage... j'aurais bien aimé que les préjugés xénophobes des habitants soient battus en brèche). Donc, le chaman n'est a priori pas son allié, puisqu'il a failli le mettre hors d'état de nuire par son exorcisme traditionnel. Cependant, à cette occasion, on réalise que les sorts jetés par le démon permettent aussi de "retirer" du circuit les habitants infectés, devenus des zombies (autre référence cinématographique). C'est donc contradictoire... tout comme le comportement dudit chaman à la toute fin, qui le voit agir comme le démon (il prend des photos des victimes). Peut-être est-ce alors la femme en blanc qui est du "bon" côté. Ses sortilèges semblent pouvoir contrecarrer la possession... mais on nous la montre odieuse avec le chaman, qui la croit complice du démon... avant que la femme elle-même ne dénonce le Japonais et ce chaman en discutant avec le policier. N'est-elle pas aussi un esprit manipulateur ?

   En réalité, il ne faut pas y chercher une mécanique bien huilée. C'est du n'importe quoi et c'est dommage, parce que le film a une grande force visuelle. Mais, comme The Chaser il y a quelques années, il manque de rigueur.

23:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 15 juillet 2016

La Grande Vadrouille

   C'est l'un des films que j'ai le plus vus (avec Le Père Noël est une ordure, Blade Runner et Pulp Fiction)... mais, jusqu'à il y a peu, jamais au cinéma. C'est désormais chose faite, avec la ressortie en salle d'une copie restaurée. Le cinéma de Rodez s'en est procuré une.

   On retrouve avec plaisir certaines scènes cultes, comme celle des bains-douches (d'une réjouissante et forte ambiguïté, pour l'époque), celle de la poursuite avec les citrouilles ou encore celle de la nuit à l'hôtel, avec l'interversion des chambres. Les gags fonctionnent toujours, notamment grâce à l'abattage de Louis de Funès (alors que le jeu de Bourvil a plus mal vieilli). On remarque aussi la qualité des seconds rôles, qui donnent de la vie et même de la truculence à de nombreuses scènes.

   Sur le plan visuel, on a vu beaucoup mieux depuis. De plus, les trucages sont très visibles. Il ne me semble pas que la restauration apporte grand chose ; elle a sans doute eu pour objectif principal de sauvegarder le film. On risque aussi d'être déçu si l'on attend de cette comédie une analyse approfondie de l'Occupation. C'est ultra-schématique, parfois même invraisemblable ou erroné... mais on ne vient pas voir l'adaptation d'une thèse de troisième cycle. Notons cependant que les scènes d'action sont bien conçues.

   Cette ressortie est l'occasion d'entre apprendre plus sur la petite histoire et ses protagonistes. Même France Culture s'y est mise, c'est vous dire ! A ceux qui ne l'auraient jamais remarqué (ou qui l'auraient oublié), signalons par exemple que la fin a été tournée en Lozère (donc bien plus au sud que l'endroit indiqué dans l'intrigue)... et que ce n'était pas la conclusion prévue à l'origine. Gérard Oury avait envisagé une autre fin (plus logique à mon avis), à laquelle il a dû renoncer pour des raisons budgétaires.

   En ces temps troublés, cette petite cure de jouvence fait du bien !

23:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 13 juillet 2016

Ninja Turtles 2

   Moins de deux ans après le succès du premier volet de la nouvelle série, on retrouve les tortues les plus évoluées et les plus crétines du monde cinématographique. Figure aussi au casting la pulpeuse Megan Fox, moins transparente que dans le précédent opus. Par contre, on ne voit que très peu le "gourou" Splinter. Toutefois, à l'occasion de l'une de ses rares apparitions, il nous gratifie d'une jolie démonstration de son savoir-faire (celle-ci faisant l'objet d'un mauvais tour joué par les tortues à leur nouvel ami).

   C'est d'ailleurs l'un des atouts de cette histoire sans trop de surprises : l'humour. Cela commence durant un match de basket-ball, auquel assistent en secret les héros mutants. Evidemment, l'un d'entre eux va faire une connerie, qui bouleverse le cours du match... et nous vaut une première course spectaculaire et comique. C'est du bon boulot.

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   Mais la séquence la plus impressionnante (et drôle) est sans conteste la poursuite avec le camion-benne, transformé en merveille de technologie par l'intello de la bande. Comme il n'est pas encore tout à fait au point, certaines commandes dysfonctionnent... pour notre plus grand plaisir. Là encore, le plus jeune du groupe va commettre une grosse gaffe. Ces gags s'insèrent parfaitement dans une séquence remplie d'action, avec des motards et même un vaisseau spatial, qui intervient dans l'évasion du méchant Shredder. C'est l'occasion pour nous de découvrir un nouveau super-vilain, Krang, à l'apparence bien dégueulasse... et qui (au début) ne maîtrise pas tout à fait l'enveloppe robotique dans laquelle il s'est implanté !

   Une autre bonne surprise de cet épisode est l'arrivée de deux nouveaux acolytes de Shredder, Bebop et Rocksteady, deux petites frappes, limite des losers, qui deviennent redoutables à partir du moment où ils ont subi une "légère" transformation. Cependant, l'amélioration de leur génome n'a pas débouché sur celle de leur intelligence : ils sont toujours aussi crétins... et c'est très bien ainsi ! Ces deux caïds sont moches, sales, avec un bide proéminent... et amateurs de plaisanteries pas fines.

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   Sur le fond, l'intrigue pose la question de l'acceptation par le grand public des personnes "anormales". Les tortues doivent-elles sortir de leur anonymat ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'elles se débarrassent de leur apparence disgracieuse, quitte à perdre leurs pouvoirs ? Ces questions vont diviser la joyeuse bande, que l'adversité va contribuer à ressouder.

   Vivement le numéro 3 !

18:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 12 juillet 2016

L'Aigle et l'enfant

   Ce film mélange la fiction et le documentaire, une histoire "humaine" et une histoire animalière, celle-ci tournant autour des aigles. Le tout a été filmé principalement dans les Alpes autrichiennes (et italiennes), ainsi que dans un studio, où l'habitat naturel des aigles a été reconstitué, pour suivre la croissance des petits, comme on l'apprend dans le passionnant dossier de presse publié par le distributeur.

   Je fais partie de ceux qui considèrent l'intrigue comme secondaire. Les acteurs ne sont d'ailleurs pas exceptionnels, avec un Jean Reno qui nous la joue Tchéky Karyo sortant (fatigué) du tournage de Belle et Sébastien. Dans le rôle du père, Tobias Moretti ne m'a pas plus convaincu. Heureusement, Manuel Camacho (Lukas) fait meilleure impression. Il s'en sort même très bien avec les animaux, résultat sans doute de son travail préparatoire dans une fauconnerie.

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   Le principal intérêt du film réside dans son aspect documentaire. Les paysages sont magnifiques, quelle que soit la saison. Les animaux, sauvages ou domestiqués, sont très bien mis en valeur, soit par les vues d'ensemble, soit par les (très) gros plans. La production a même mis au point une mini-caméra spéciale pour filmer les aigles. Le résultat est saisissant.

   Dès le début, on est captivé par la naissance de l'aiglon et la jeunesse des deux petits. Superbes aussi sont les scènes aériennes. On est évidemment attendri par la maladresse et la faiblesse des aiglons, l'un d'entre eux, tombé du nid, étant recueilli par Lukas, le garçon orphelin de mère qui semble reporter sur Abel l'affection qu'il aurait aimé dispenser à sa maman. Tant qu'il est dépendant du garçon pour son alimentation, l'aiglon joue en quelque sorte le rôle d'un chat domestique, étrangement affectueux, à la fois précautionneux et maladroit, parfois capricieux.

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   L'intérêt animalier ne se limite toutefois pas aux aigles. Au détour d'une scène, on croise des marmottes, une souris, des renards, un loup, des chamois... et même un cerf. A l'écran, c'est d'une beauté incroyable, d'autant plus qu'on a soigné la partie sonore. On en oublierait volontiers l'intrigue, tant l'évolution des animaux dans leur milieu naturel captive l'attention.

   Certaines scènes sont vouées à rester dans les mémoires, comme celle qui voit un aigle faire sa toilette dans un lac de montagne (un événement pas du tout prévu par les équipes de tournage) ou encore cette chasse au chamois, digne des meilleures cascades hollywoodiennes. (La production signale qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage.)

   Sur le fond, l'histoire n'est pas idiote. Sans en dévoiler trop, je peux dire que la rivalité entre les deux frères à plumes est résolue de manière intelligente. De plus, au contact de l'aiglon et du garde-forestier, Lukas va mûrir. Il parvient enfin à faire son deuil et accepte que "son" animal domestique retourne à l'état sauvage, le plus adapté à son mode de vie. Le paradoxe est que ce discours "éthologique" est mis en scène en grande partie avec des animaux dressés. Mais le film mérite vraiment le détour.

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lundi, 11 juillet 2016

La Tortue rouge

   Cette animation franco-belgo-japonaise (avec les studios Ghibli) a été présentée au dernier festival de Cannes, où elle obtenu le prix spécial du jury d'Un Certain Regard. Sa sortie en salles a donc été logiquement accompagnée d'une pluie d'éloges.

   Attention toutefois : c'est plutôt destiné aux adultes... et il n'y a aucun dialogue, pendant 1h20 ! Cela passe sans problème, parce qu'un gros travail a été effectué sur les sons. On entend donc les bruits de l'océan, du vent dans les arbres, les cris des animaux etc. A l'écran, l'image est de très bonne qualité, avec un gros travail notamment sur les reflets. (Notons que le chef animateur, Jean-Christophe Lie, a réalisé le plaisant Zarafa.)

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   L'histoire est quasi philosophique. On suit la vie d'un homme, de son échouage sur une île déserte à son décès. Dans un premier temps, on rit de ses efforts pour se débrouiller sur l'île, et tenter de la quitter. On apprécie aussi les apparitions (souvent comiques) des petits crabes. Dans un second temps, une relation particulière va se nouer avec une tortue rouge. Quelques péripéties viennent jalonner une intrigue un peu trop prévisible parfois : la chute dans une crevasse d'eau, un tsunami. Cela donne un film agréable à suivre, mais qui ne m'a pas plus emballé que cela.

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J'EXPLIQUE POURQUOI DANS LA SUITE DU BILLET, MAIS J'Y DÉVOILE AUSSI DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE

 

   On a parlé d'un hommage à la vie humaine. Il ne nous en est proposé qu'une vision, celle du couple hétérosexuel. De surcroît, ce couple n'a qu'un enfant, une possibilité à laquelle on ne peut pas croire étant donné l'absence de moyens (sanitaires, contraceptifs) qui marque la situation des humains sur l'île. On va me trouver trop terre-à-terre, mais reconnaissons qu'il faut faire preuve d'une certaine indulgence pour accepter toutes les ellipses et licences poétiques dont est émaillé le récit.

   Et puis, on résume la vie humaine à la formation d'un couple et la "production" d'une descendance, ce qui me paraît très réducteur. Ces aspects, s'ils n'effacent pas la qualité de l'animation et la beauté de certains plans, en limitent quand même l'intérêt.

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dimanche, 10 juillet 2016

Irréprochable

   A priori, on est tenté de penser que l'adjectif qualifie la trouble héroïne Constance (Marina Foïs, césarisable... mais cela sera dur face à l'Isabelle Huppert de Elle). Bien qu'au chômage, elle reste une battante, qui entretient soigneusement corps, s'habille bien et ne perd pas le contact avec son milieu professionnel. On sent qu'elle est même prête à "payer de sa personne", si vous voyez ce que je veux dire...

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   Le grand intérêt de l'histoire est de nous faire découvrir, par petites touches, d'autres aspects de sa personnalité, qui écornent un peu le tableau. Ainsi, dans la seconde moitié du film, on apprend des choses qui donnent du recul vis-à-vis de certaines scènes du début. L'opinion des spectateurs suit le cheminement inverse concernant sa concurrente, Audrey. Au départ, on la voit avec les yeux de Constance, qui d'instinct déteste cette (ravissante) jeune femme, adepte de la mini-jupe et qui accepte un statut très précaire pour décrocher le job. Au fur et à mesure que l'intrigue progresse, on la découvre sympathique, bosseuse, compétente, pleine de doutes quant à sa relation avec un petit copain expatrié en Russie. C'est peut-être bien elle qui mériterait le qualificatif d'irréprochable. Dans le rôle, Joséphine Japy (remarquée dans Cloclo) est parfaite.

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   Au second degré, à plusieurs reprises, j'ai senti comme une drôle de relation entre les deux actrices. Elles sont un peu dans la situation de leurs personnages, à ceci près que, pour l'instant, c'est "la vieille" Marina Foïs qui tient le haut de l'affiche.

   Il faut dire qu'elle est impressionnante. Elle est pleinement entrée dans le rôle et réussit à nous faire toucher du doigt toute l'ambiguïté de son personnage, à la fois victime et prédatrice. On pense inévitablement au Couperet, de Costa Gavras, avec José Garcia (un autre acteur issu de la comédie qui s'est révélé dans un registre dramatique).

   Face aux deux femmes, deux hommes tirent leur épingle du jeu. Jérémie Elkaïm (déjà très bon l'été dernier dans Les Bêtises) incarne l'objet du désir, l'ex-copain de Constance, désormais père de famille, mais toujours aussi gentil et craquant (les dames se sont pâmées à plusieurs reprises dans la salle). A l'opposé, Benjamin Biolay est une enflure, l'amant menteur et violent. Il le fait très bien !

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   Sur fond de crise économique, ce polar sociétal est une excellente surprise, d'autant plus qu'il s'agit d'un premier film, signé Sébastien Marnier. Un nom à retenir.

vendredi, 08 juillet 2016

Love and Friendship

   Le paradoxe de ce film est que, réalisé par un homme (Whit Stillman, inconnu au bataillon), il met en valeur les femmes, qu'elles soient vertueuses ou diablement cachottières. En fait, cette adaptation d'un roman de Jane Austen montre que, quel que soit son tempérament, pour s'en sortir, une femme doit être un peu dissimulatrice et manipulatrice.

   Au sommet de la pyramide des manipulatrices se trouve Lady Susan Vernon, incarnée avec gourmandise par Kate Beckinsale. Cette jeune veuve, dont la fille unique est désormais adolescente, a développé une série de stratagèmes pour amener les hommes dans ses filets.

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   Le scénario livre à sa convoitise une jolie brochette de mâles de différentes catégories, qu'elle va presque tous plus ou moins mettre dans sa poche. Il y a son beau-frère (le frère de son défunt mari), qui accepte de l'accueillir, au grand dam de son épouse. Il y a le jeune frère de celle-ci, Reginald de Courcy, au départ pas très bien disposé à son égard, mais qu'elle va prendre plaisir à complètement "retourner". Il y a son amant de coeur, Lord Manwaring, déjà marié, mais qui accepte d'entrer dans ses combines sentimentales... et il y a surtout l'inénarrable James Martin, terriblement bête... mais si riche ! Dans le rôle, Tom Bennett est formidable. Je n'ai jamais vu quelqu'un interpréter un parfait crétin avec autant de talent et d'enthousiasme !

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   Parmi les (rares) hommes qui échappent à l'influence de Lady Vernon, il y a le père de Reginald de Courcy, qui angoisse à l'idée que la fortune familiale tombe entre les mains d'une intrigante, et il y a M. Johnson, un riche Américain qui voit d'un très mauvais oeil le fait que son épouse fréquente une femme de mauvaise vie. Cette épouse est interprétée par Chloë Sevigny.

   C'est vraiment un plaisir que de suivre la mise en place des petits plans de l'héroïne. Elle doit se montrer d'autant plus habile qu'on cherche à lui mettre les bâtons dans les roues. Cependant, la personne la plus gênante n'est pas l'un de ses adversaires affichés, mais sa propre fille, qui fugue de la pension où elle l'avait inscrite et qui a la mauvaise idée de tomber amoureuse ! Petit à petit, on s'aperçoit que la progéniture commence à développer des aptitudes qui rendraient fière sa génitrice...

   C'est donc une délicieuse comédie, en costumes, avec des dialogues écrits dans un anglais très relevé (nous sommes dans la bonne société du XVIIIe siècle, voyons !) et un usage abondant de l'understatement, cet art de la litote que maîtrisent si bien certains Anglo-Saxons.

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jeudi, 07 juillet 2016

Sur quel pied danser

   C'est une comédie musicale, sur fond de crise économique et d'inégalité des sexes. Quand on a dit ça, on a tout dit et on n'a rien dit. L'ambiance générale évolue quelque part entre celle de Discount et celle de Jeanne et le garçon formidable (avec Virginie Ledoyen).

   L'intrigue semble être inspirée des difficultés rencontrées par l'entreprise Charles Jourdan, spécialisée dans la fabrication de chaussures de luxe. On a d'ailleurs droit à quelques extraits d'actualités anciennes, qui présentent ce secteur économique... où ne travaillaient à l'origine que des hommes, d'après les images montrées.

   Tel n'est plus le cas de nos jours. Dans l'usine Jacques Couture, seul le patron est un homme. Il a les traits de François Morel, qui lui prête sa bonhomie, mais aussi sa rouerie. Le portrait est toutefois nuancé, à l'image du film, qui n'est pas manichéen. Tous les employés de l'usine sont des femmes. L'histoire commence avec l'arrivée d'une petite nouvelle, Julie (Pauline Etienne, déjà remarquée dans La Religieuse), visiblement sans diplôme, qui trime d'intérim en CDD et voit dans cette boîte l'occasion de décrocher enfin un CDI, quel que soit le boulot proposé.

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   Elle va côtoyer une bande d'ouvrières aux caractères bien trempés. On apprend dans le dossier de presse que ce sont surtout des danseuses de formation (recrutées en Rhône-Alpes). Je trouve qu'elles jouent bien. Il y a la contremaître(sse ?), assez "vieille école", qui a la confiance du patron, mais qui défend les intérêts de ses collègues. Il y a au moins une fofolle, une révolutionnaire, une timide suiveuse... et la vieille grincheuse, un peu revenue de tout, qui va prendre l'héroïne sous son aile. Un autre personnage féminin sort du lot : celui de la secrétaire, incarnée par Julie Victor, pleine d'entrain.

   A ma grande surprise, je n'ai pas été horripilé par les parties chantées. Les chansons sont interprétées par les actrices (et les acteurs). Elles ont été enregistrées en studio. On a donc droit à du play-bac, ce qui laisse du souffle aux comédiennes, qui exécutent des chorégraphies parfois sophistiquées. J'ai même préféré les parties dansées à leur accompagnement musical. Elles s'insèrent très bien dans l'intrigue.

   Il faut quand même dire un mot des hommes. Outre le directeur de l'usine, on croise le grand patron du groupe, un jeune ambitieux, plein de classe et tout sourire... un bel hypocrite, surtout. Dans le rôle, Loïc Corbery est une révélation.

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   Les autres mâles sont les chauffeurs-livreurs d'une société qui travaille souvent avec l'usine. L'un d'entre eux attire le regard de Julie. Une (possible) histoire d'amour va donc se juxtaposer à la lutte sociale... et entrer en conflit avec.

   Je mettrai toutefois deux bémols à mon enthousiasme. D'abord, je trouve le film un peu trop en empathie avec les deux jeunes héros. Je me reconnais davantage dans certains personnages plus âgés. Je trouve que l'héroïne et son petit copain ont des comportements un peu irresponsables. Cela m'amène à la fin (que je ne vais pas raconter, bien entendu), que je n'ai pas aimée et qui ne me semble pas réaliste.

   Mais, si l'on supporte ces inconvénients, on passe un bon moment, avec une comédie originale, qui dit des choses sur la société française d'aujourd'hui.

mercredi, 06 juillet 2016

Diamant noir

   J'avais raté ce polar français à sa sortie. (Le mois dernier, quand il a été programmé à Rodez, il n'est resté qu'une semaine à l'affiche, si ma mémoire est bonne.) J'ai eu récemment l'occasion de le voir au cours d'un déplacement.

   Le titre est évidemment à double sens. Au premier degré, il évoque une pierre précieuse, extrêmement rare, mais qu'on ne voit pas dans le film, où il n'est question que de diamants "blancs"... avec, d'ailleurs, de superbes effets d'optique, de réflexion et de réfraction de la lumière.

   Au second degré, le titre qualifie le personnage principal, qu'on découvre en petite frappe au début, mais dont les talents vont peu à peu se manifester. Ce diamant méconnu va se révéler noir par ses desseins, la vengeance qu'il entend mener.

   L'intrigue a un aspect documentaire : on découvre le milieu des diamantaires, où certaines minorités sont surreprésentées (les juifs en Europe, les jaïns en Inde). On a droit à de belles scènes de taille des diamants, certains plans (avec les yeux) étant magnifiques.

   Voilà donc un jeune réalisateur de talent (Arthur Harari), qui a bâti une histoire d'amour-haine au sein d'une famille. Le tout début nous montre l'événement fondateur, mais de manière suffisamment allusive pour qu'on n'en connaisse pas tous les tenants et aboutissants.

   La mort du père (qu'il croyait disparu) de Pier (Niels Schneider étonnant) est le déclic. Ce Rastignac des temps modernes va vouloir le venger, en s'insérant dans la famille de son oncle, grâce à la bonne volonté de son cousin germain, incarné par August Diehl, un (bon) acteur allemand qu'on a vu dans Les Faussaires, Inglourious Basterds et plus récemment En Mai fais ce qu'il te plaît. La noyau familial est complété par l'épouse de l'oncle, la petite amie du cousin (Raphaële Godin, très bien) et Rick, un vieil ami, qui a connu le père du héros et qui va l'initier à la taille de pierres.

   L'intrigue semble s'orienter vers un "casse", dans un style assez classique (mais maîtrisé). Mais tout ne se passe pas comme prévu, d'abord parce que les relations entre les personnages évoluent, ensuite parce que le héros va se retrouver tiraillé entre plusieurs attachements. S'ajoute à cela la découverte du passé, de tout le passé, ce qui remet en question certaines certitudes.

   Franchement, on ne voit pas passer les deux heures.

   P.S.

   Le dossier de presse mis en ligne raconte la genèse du film, qui a suivi un chemin tortueux.

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mardi, 05 juillet 2016

Le Secret des banquises

   Décidément, le cinéma français ne cesse de surprendre, en 2016 comme en 2015. Nous voici face à une comédie romantique totalement décalée. Le nœud de l'histoire est la passion qu'éprouve une jeune laborantine (Charlotte Le Bon, excellente) pour un brillant et séduisant chercheur (Guillaume Canet, très bien), obsédé par son travail.

   La première partie de l'histoire plante le décor et présente le groupe de scientifiques, d'où émergent trois figures. Il y a Siegfried, le papa poule des souris (Damien Chapelle, au poil). Il y a aussi le drôle de duo formé par Nadine et Philippe (Anne Le Ny et Patrick d'Assumçao, qui se sont visiblement amusés comme des petits fous).

   Toute cette fine équipe travaille sur des pingouins du Cap. (J'aurais plutôt dit des manchots.) D'après le dossier de presse publié par Unifrance, une demi-douzaine de véritables animaux ont été utilisés pour le tournage, les autres étant le produit d'effets numériques. Et puis il y a Gaston, le petit dernier, tout mimi... en réalité une animatronique :

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   La deuxième partie voit le burlesque l'emporter sur l'incongru. Christophine (dont les collègues vont finir par retenir le prénom) a fait en sorte de devenir l'objet d'étude du chercheur dont elle est amoureuse. Dans le même temps, l'équipe de scientifiques tente de trouver le stimulus déclenchant, chez les pingouins (et les souris), la production d'une précieuse substance immunisante. Ils vont jusqu'à recourir à des phéromones... qui vont avoir des effets secondaires dans tout le laboratoire. Là, cela devient hilarant. Dans le même temps, la relation entre le chercheur et la thésarde amoureuse gagne en complexité.

   La troisième partie bascule un peu dans la science-fiction (et la poésie). La jeune réalisatrice (Marie Madinier, un nom à retenir) a trouvé une jolie conclusion à son histoire. Ce film est une sorte d'OVNI cinématographique. Il ne ressemble à rien, mais il  a beaucoup de charme.

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Belladonna

   Cette animation japonaise des années 1970 ressort dans les salles... et elle est interdite aux moins de 12 ans. Ce n'est pas en raison de l'hyper-violence de certaines scènes (même si le personnage principal subit un viol, représenté de manière psychédélique), mais plutôt à cause des corps nus et des phallus gigantesques qui surgissent au détour d'un plan.

   Cette profusion d'images (et, parfois) de musique m'a un peu saoulé. J'ai de plus eu du mal à rentrer dans l'histoire. La partie qui montre la jeune paysanne subir les assauts du seigneur puis tomber sous la coupe du diable ne m'a pas emballé. La suite, qui tourne autour du personnage de la supposée sorcière et de la réaction des villageois, m'a paru meilleure. Certains plans sont virtuoses, avec une grande qualité du dessin, une fluidité des mouvements et une imagination foisonnante. Par contre, je n'ai pas vu l'intérêt des plans fixes.

   Ceux dont la jeunesse a été baignée par la production commerciale japonaise de masse ne seront pas perdus : l'héroïne a de grands yeux cristallins, un corps aux formes très appétissantes et les couleurs sont chatoyantes. Mais, franchement, cette ressortie ne s'imposait pas.

 

   P.S.

   Sur un sujet approchant, allez plutôt voir The Witch.

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lundi, 04 juillet 2016

The Witch

   La critique s'est emballée pour ce premier film d'un jeune réalisateur américain qui se lance dans l'épouvante. Un public plutôt amateur de "gore" s'est précipité pour le voir... et a été déçu... parce qu'avant d'être un film de genre, c'est de l'art et essai.

   C'est d'abord la reconstitution (soignée) de la vie des émigrés européens du début du XVIIe siècle, dans le nord-est des Etats-Unis actuels. La religion imprègne profondément la vie quotidienne de ces pionniers, confrontés à un environnement hostile et à des phénomènes en apparence inexplicables. Le tout est suggéré principalement par le hors-champ, un effet de style qui semble avoir dérouté le jeune public, peu habitué à devoir faire fonctionner ses neurones face à ce type d'histoire. Notons la grande qualité de la photographie : on a parfois l'impression d'être devant un tableau de maître.

   Les trois quarts du film sont la mise en scène des préjugés de certains personnages, qui les conduisent à penser que le diable rôde en cette contrée. Une famille est expulsée d'un bourg à cause des opinions intégristes du père. Les voilà qui s'installent en bordure de forêt, dans une zone que même les Indiens ne fréquentent pas. Très vite, le premier événement quasi surnaturel se produit, le réalisateur se risquant à briser un tabou. La mise en scène nous conduit à penser qu'un autre pourrait subir le même sort : le plus âgé des fils commence à loucher sur la poitrine de sa sœur aînée, une adolescente un peu rebelle. Signalons tout de suite la qualité de l'interprétation de ces deux personnages : Harvey Scrimshaw pour le gamin et Anya Taylor Joy pour sa sœur. Les autres sont aussi très bons, en particulier Ralph Ineson et Kate Dickie, qui incarnent les parents.

   L'intrigue tente de démontrer que c'est la bigoterie et l'hypocrisie des parents (voire des enfants) qui les conduit à leur malheur. De surcroît, ils s'aperçoivent qu'ils ne sont pas tout seuls dans la région. Mais qui peut bien habiter la forêt ?

   Malheureusement, cette construction s'effondre dans la dernière partie du film, qui renoue avec les codes du genre. Est-ce par souci commercial ? Est-ce parce que le réalisateur-scénariste n'a pas su comment terminer son histoire ? En tout cas c'est dommage. Mais cela n'enlève pas l'intérêt que suscite la majorité du film.

01:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 03 juillet 2016

Dans les forêts de Sibérie

   Safy Nebbou a adapté le récit de Sylvain Tesson, qui a, pour l'occasion, été réédité en collection de poche (folio) avec une nouvelle couverture, faisant référence au film :

Sibérie 1.jpg

   Sous la forme d'une fiction (le scénario ne suit pas rigoureusement le récit), on découvre les environs du lac Baïkal, où ce Français a passé six mois, de l'hiver à l'été 2010. C'est le grand apport du film par rapport au livre : la représentation des paysages et du lac gelé, qui est tout sauf uniforme. Cela donne des plans splendides, à voir évidemment dans une grande salle. Les sons sont aussi parfois étonnants : l'hiver, la glace subit d'intenses pressions ; au printemps, l'eau commence à chercher un passage.

   On s'attend aussi à découvrir la faune locale. Un épisode à la fois dangereux et cocasse met le héros en contact avec un ours. (Dans le livre, c'est à partir du printemps que le plantigrade surgit, mais pas de la même manière que dans le film.) On le voit aussi chasser (ce qu'il ne fait pas dans le récit écrit), mais assez peu pêcher, alors que c'est une activité récurrente dans le livre. On ne verra pas non plus les deux chiens qui deviennent les compagnons du narrateur, peut-être en raison des difficultés à tourner les scènes.

   Par contre, sur le plan narratif, le film innove en introduisant le personnage du fugitif, qui pourrait s'inspirer de l'histoire de l'occupant d'une cabane abandonnée décrite à plusieurs reprises dans le livre. Evgueni Sidikhine apporte son charisme à cet autre occupant de la forêt, plus habile que le héros, mais moins bien équipé que lui. Celui-ci est incarné par Raphaël Personnaz (vu dernièrement dans Le Temps des aveux et L'Affaire SK1). Bien qu'un peu trop "lisse" à mon goût, son interprétation est convaincante. L'amitié qui se noue entre les deux hommes est belle et très bien mise en scène. Ajoutée aux aspects sensoriels, elle fait de ce film une belle expérience de vie.

   P.S.

   A ceux qui voudraient en savoir plus sur l'histoire (vraie) qui a inspiré le long-métrage, je recommande vivement la lecture du livre. Il fourmille d'anecdotes (le héros a rencontré plus de personnes que ce qui est montré dans le film). Plusieurs aspects y occupent une plus grande place : les excursions "sportives" du héros, sa boulimie de lecture... et sa consommation de vodka.

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samedi, 02 juillet 2016

Angry Birds

   Si l'on n'a pas d'enfant ou s'ils sont en période de rejet des films d'animation (de crainte de passer pour des bébés attardés...), il faut trouver un autre moyen pour se faufiler sans honte dans la salle obscure. Une fois cet obstacle passé, on peut s'immerger dans l'univers du célèbre jeu vidéo sur portable, une création finlandaise un peu déjantée, parfois franchement régressive.

   Rappelons donc que ces oiseaux (pas encore) en colère vivent sur une île coupée du monde, qu'ils ne savent pas voler et qu'ils sont heureux et gentils... sauf un, Red, qui n'est pas sans rappeler le personnage de Colère, dans l'excellent Vice Versa :

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   En réalité, Red est un faux dur, qui aimerait s'intégrer à la communauté, se faire des amis. L'histoire a évidemment pour but de le rapprocher de ses congénères, à la suite d'une série d'épreuves qui va forger un groupe de potes. En attendant ce moment merveilleux, Red est rejeté par les habitants de l'île, qui le contraignent à suivre un stage de bonne humeur, au cours duquel il va faire la connaissance de ses futurs amis (des réprouvés, comme lui), avec lesquels, dans un premier temps, il ne s'entend pas très bien. C'est assez drôle, notamment parce que la coach en bonne humeur a la voix d'Audrey Lamy.

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   Les caractéristiques de ses (futurs) amis sont sources de gags. Il y a la grosse brute qui, bien sûr, cache un coeur sensible. Il y a le timide qui explose (une métaphore des flatulences intempestives que les bambins de la salle semblent avoir bien comprise...) et il y a le jeune impétueux, un blagueur qui ne tient pas en place.

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   L'intrigue ménage plusieurs moments particulièrement cocasses, au départ liés aux déboires de Red, comme la course d'introduction, qui voit le héros tenter de réussir une livraison, ou encore le concert country des cochons. J'ai aussi adoré les prestations de Chuck, l'une notamment étant une parodie de l'action du personnage de Vif-Argent dans les derniers X-Men. Adorables sont aussi les bébés oiseaux, avec leurs grands yeux qui dévorent leurs petits corps... mais, méfiance, tous ne sont pas des anges !

   Toutefois c'est le comique régressif, basique, qui m'a le plus plu. Assez tôt, on visualise les "explosions" de Bomb en milieu confiné... On croise aussi rapidement un oiseau éternueur... et gros expulseur de muculence. Et que dire de l'entrée en scène d'un aigle mythique (fan de la musique des années 1980...), intimement liée à un (très) long jet d'urine... Le summum est atteint lorsqu'on nous montre une maman nourrir ses oisillons... Ecoeurement dans la salle, les adultes riant plus que les enfants ! Enfin, je laisse à chacun le plaisir de goûter les nombreux jeux de mots dont sont émaillés les dialogues, très bien adaptés en français.

   Les cochons jouent le rôle des méchants, un peu comme les Minions jadis dans Moi, moche et méchant, à ceci près qu'ils n'évoluent pas dans le bon sens, ne suscitant pas la même empathie que les petits bonshommes jaunes. Les amateurs du jeu constateront avec plaisir qu'un gigantesque lance-pierre joue un rôle capital dans l'intrigue.

   Au final, sans qu'elle soit d'une grande virtuosité graphique, cette animation constitue un agréable divertissement, visible par les (pas trop) petits et les grands et comportant quelques leçons de vie propres à édifier le jeune public.

22:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 29 juin 2016

Tout de suite maintenant

   Quand j'ai vu que papa Bonitzer avait tourné un film dans lequel le premier rôle féminin avait échu à fifille, je me suis dit que ça risquait d'être une daube. Mais, au générique, il y a aussi Isabelle Huppert, Lambert Wilson et Jean-Pierre Bacri... alors, j'ai profité de la Fête du cinéma pour tenter le coup.

   A mon grand étonnement, l'intrigue prend l'allure d'un thriller sociétal, à l'image de ce que le bon cinéma d'auteur français nous a déjà offert ces dernières années (avec L'Emploi du temps, Violence des échanges en milieu tempéré, Le Couperet et, plus récemment, De bon matin, Terre battue et Jamais de la vie). On nous brosse un intéressant tableau du monde de l'entreprise, plus particulièrement du travail des cadres sup' du secteur de la finance.

   Agathe Bonitzer incarne (très bien... comme quoi, faut pas être mauvaise langue) Nora, un pur produit de l'élitisme scolaire français. Ses parents sont eux-mêmes des "tronches". Passée (après de brillantes études) par un grand groupe anglo-saxon, elle décroche un poste prometteur dans une société de conseil, qui est une sorte de panier de crabes, dont il vaut mieux maîtriser les codes si l'on veut s'en sortir.

   Très vite, on comprend qu'il y a anguille sous roche. Les deux présidents-fondateurs (interprétés par Pascal Greggory et Lambert Wilson, le second étant à mon avis meilleur que le premier) sont d'anciens condisciples du père de Nora. Elle finit aussi par découvrir que l'épouse de l'un d'entre eux a connu son père, des années auparavant. Isabelle Huppert est une fois de plus épatante, éblouissante même dans deux scènes avec Jean-Pierre Bacri (le papa grincheux... rien de nouveau sous le soleil). Bonitzer aurait toutefois pu faire rejouer certains passages, où il laisse trop de champ libre à ses (brillants) acteurs.

   Parmi ceux-ci, il ne faut pas oublier Vincent Lacoste. Il confirme le bien que j'ai pensé de lui dans Saint Amour, alors que, dans ses films précédents (que ce soit Jacky au royaume des filles, Hippocrate ou Le Journal d'une femme de chambre) il m'avait laissé une impression plus que mitigée. Signalons aussi la performance de Julie Faure, qui interprète la soeur antinomique de l'héroïne. (Elle était aussi à l'affiche de Camille redouble, tout comme Vincent Lacoste d'ailleurs.)

   Le noeud de l'intrigue se trouve dans le passé... et dans un surnom. Nora est écartelée entre les sentiments et la raison. D'un côté, il y a la recherche du respect de ce père peu commode, la complicité avec sa soeur et un amour prometteur. De l'autre, il y a un patron qui lui donne sa chance, la grande intelligence de la jeune femme et sa froideur apparente, qui se révèle un atout dans son milieu professionnel.

   Même si tout n'est pas réussi dans ce film, il n'en constitue pas moins une bonne surprise du début de l'été, avec, cerise sur le gâteau, une réflexion sur ce qui est important dans la vie.

   P.S.

   Ce n'est qu'un détail mais, à la longue, j'ai été un peu agacé par la présence récurrente à l'écran de produits (ordinateurs, smartphones) d'une célèbre marque fruitière...

20:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 28 juin 2016

Bienvenue à Marly-Gomont

   Le rappeur et humoriste Kamini au scénario a inspiré ce film autobiographique, sorte de prolongement de la chanson qui l'a jadis fait connaître sur la Toile... à tel point qu'à l'époque, j'avais acheté le CD !

   L'action se déroule dans la riante bourgade de Marly-Gomont, dans le département de l'Aisne, aujourd'hui inclus dans la nouvelle région Hauts-de-France, naguère en Picardie. On y est un peu loin de tout, loin de Lille, Paris et Reims, finalement plus proche de la Belgique :

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   C'est justement en Belgique que vit la plus grande partie de la communauté zaïroise émigrée (le Zaïre -aujourd'hui République Démocratique du Congo- étant l'ancien Congo belge... oui, celui de Tintin !). La famille des héros va faire exception, d'abord parce que le père Seyolo a suivi ses études de médecine à Paris. Il est incarné à la perfection par Marc Zinga, acteur belge d'origine congolaise découvert dans Qu'Allah bénisse la France (et vu l'an dernier dans Jamais de la vie).

   En s'installant dans l'Aisne (en espérant acquérir à terme la nationalité française), le jeune médecin idéaliste va rencontrer une double opposition : celle des habitants du coin qui ont des préjugés... et celle de sa famille, en particulier de son épouse, brillamment interprétée par Aïssa Maïga. L'histoire est d'autant plus intéressante qu'au Zaïre, la famille faisait partie de la (petite) classe moyenne et que les cousins belges sont du genre flambeurs. L'intrigue, si elle ne cache pas les difficultés d'intégration, n'est aucunement misérabiliste.

   C'est aussi une comédie de moeurs, parce que les habitants du village et de ses environs forment une étrange tribu, dont le français a de quoi décontenancer n'importe quel ancien universitaire... et dont le sens de l'hygiène n'est pas très développé. Hilarante est la scène qui voit le médecin découvrir que l'un de ses premiers patients souffre d'hémorroïdes... et héberge une impressionnante colonie de morpions !

   C'est pour les enfants que le changement a sans doute été le plus dur. A l'école, ils suscitent d'abord les moqueries, avant que le talent très particulier que la grande soeur ne lui attire tous les suffrages. C'est une nouvelle illustration de l'intégration par le sport.

   On rit donc beaucoup aux comportements arriérés d'une partie des habitants. (Les seconds rôles comme les figurants sont excellents et très bien dirigés.) On est aussi choqué par la bêtise de certains d'entre eux, le pire étant le rival du maire, un horrible notable carriériste, remarquablement joué par Jonathan Lambert. En contrepoint, le réalisateur nous offre quelques figures positives, au premier rang desquelles le vieux paysan célibataire, incarné par Rufus.

   Kamini ne cache rien, ni le beau ni le laid. Il a toutefois évité de se placer au centre de l'attention. Au-delà du conte social et de la comédie de moeurs, ce film est d'abord un hommage à son père, un humaniste intègre qui a refusé la corruption au Zaïre et tenté de gagner le respect et même l'amitié des habitants d'un coin de France qui n'avaient jamais vu de Noir.

   P.S.

   Politiquement, la commune de Marly-Gomont est, à l'époque où Kamini devient célèbre, de sensibilité de droite. Aux présidentielles de 2007, elle a placé Nicolas Sarkozy loin devant les autres, avant d'élire largement un député UMP. Aux européennes de 2009, comme aux régionales de 2010, ce sont encore les candidats de droite qui recueillent le plus de suffrages.

   Cependant, au premier tour de la présidentielle de 2012, Marine Le Pen devance Nicolas Sarkozy (de cinq voix) dans la commune, un bouleversement qui n'est pas confirmé par la législative qui suit, puisque le candidat FN n'y termine que troisième.

   Ce n'était que partie remise, puisqu'aux européennes de 2014, c'est la liste Bleu Marine qui arrive en tête dans la commune. C'est confirmé aux départementales de 2015, qui voient la victoire d'un binôme FN. Par contre, aux régionales de 2015, si la liste Le Pen mène à l'issue du premier tour, elle a été devancée par celle de Xavier Bertrand au second.

lundi, 27 juin 2016

Warcraft - Le Commencement

   La Fête du cinéma aidant, je me suis décidé à aller voir cette grosse meringue. Je ne fais pas partie des adeptes du jeu d'origine. Sans m'être renseigné, j'ai quand même facilement compris le déroulement de l'histoire.

   Il faut dire qu'elle recycle pas mal d'éléments déjà vus ailleurs, notamment dans Le Seigneur des anneaux et Star Wars. Nous voici dans un monde où vivent des humains, des nains, des sortes d'elfes et bientôt des orcs. L'ambiance est médiévale, avec une dose de magie. C'est donc bien de l'heroic fantasy.

   Au niveau du scénario, bien des choses sont prévisibles, pour un cinéphile qui a passé du temps dans les salles obscures. Dès le début, on comprend d'où va venir une trahison. Dès le début, on comprend quel personnage va occuper le premier plan dans les combats. Très vite aussi, on sent qu'une romance va naître entre deux des personnages principaux.

   Cependant, le scénario a été suffisamment travaillé pour que l'intrigue se suive agréablement, même si certains retournements surviennent un peu trop rapidement : les Orcs qui paraissaient quasi invincibles commencent à céder sous les coups des humains et le sorcier en apparence invulnérable va mordre la poussière.

   Qu'est-ce qui sauve le film ? D'abord l'interprétation, très correcte : les acteurs croient (en général) en leur personnage. Certains d'entre eux tentent de faire émerger un peu de jeu d'un fond gavé de numérique et d'écrans verts. La mise en scène est étonnamment bonne, efficace et parfois limite virtuose, avec des plans très bien organisés. (C'est le moment de préciser que Duncan Jones a auparavant réalisé Source Code, une pépite que je vous recommande.) Ajoutons que les effets spéciaux sont extras. (Sous la houlette de Lucasfilm, plusieurs équipes y ont contribué, dont une vient d'Inde, une autre étant sans doute composée de Français.). Un grand soin a été apporté au visage et à la peau du corps des orcs. Les (autres) animaux sont splendides et le rendu visuel de la magie éblouissant. Le tout est souligné par une musique tapageuse, mais c'est ce qu'il faut.

   Le soir, après un bon repas, c'est idéal pour digérer en se changeant les idées... et attention : il y aura une suite.

21:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 26 juin 2016

La Loi de la jungle

   Quelque part entre Pierre Richard, Louis de Funès, les Charlots et Les Nuls, Antonin Peretjatko a tourné cette comédie frappadingue, qui tente d'orchestrer l'incongru, à l'aide d'une pléiade d'acteurs plus ou moins connus, certains épatants dans les seconds rôles.

   Vincent Macaigne (vu récemment dans Les Innocentes) incarne un stagiaire maladroit et timoré... et ce n'est pas nouveau. Il se débrouille correctement dans le rôle mais, depuis Un Monde sans femmes, il me semble qu'on le fait un peu trop souvent jouer sur le même registre. Dans le film, son personnage connaît toutefois une évolution : le séjour en Guyane va changer l'apprenti mouton en homme qui s'affirme.

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   Il le doit en grande partie à Tarzan, principal personnage... féminin de l'histoire... en fait, principal personnage tout court. Vimala Pons (qu'on a aperçue dans Adieu Berthe, Terre battue et Elle) rayonne dans ce rôle atypique de jolie fille débrouillarde, toujours la clope au bec. Physiquement, elle paie beaucoup de sa personne et je trouve que le duo qu'elle forme avec Vincent Macaigne fonctionne bien.

   Ces deux "vedettes" sont bien épaulés par d'augustes anciens. Pascal Légitimus est venu donner un coup de main, tout comme Mathieu Amalric, qui semble toutefois avoir eu des difficultés à trouver le ton juste. (Il aurait fallu rejouer certaines scènes.) Complète le tableau Jean-Luc Bidault, qui en fait un peu trop.

   Finalement, j'ai préféré les seconds rôles interprétés par des acteurs méconnus. Mon préféré est Fred Tousch, excellent en huissier pugnace, indémontable, à Paris comme dans la jungle tropicale. A signaler aussi la prestation de Rodolphe Pauly, très bon en commercial sans scrupules, et celle de Pascal Tagnati, convaincant en militaire taré.

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   Les interactions entre tous ces personnages fonctionnent parce que les dialogues sont bien écrits. Souvent les répliques fusent. Mais le principal ressort comique est visuel. Les gaffes de Macaigne/Châtaigne y sont pour beaucoup, mais soyez attentifs aux détails qui apparaissent à l'écran : les plans sont émaillés de clins d'oeil souvent cocasses.

   Au niveau du rythme, je trouve que la première partie est plus réussie que la seconde. J'ai très souvent ri, notamment aux débuts du héros en Guyane, globalement à tout ce qui lui arrive, du débarquement de l'huissier dans son appartement parisien aux conséquences d'une piqûre d'insecte dans la jungle, en passant par les péripéties du vol entre la métropole et l'outremer. Bien que moins trépidante, la seconde partie contient de beaux moments de bravoure, comme le périple de l'huissier (encore lui ! je l'adore !) dans la jungle, les conséquences de l'absorption d'une boisson aphrodisiaque et la bagarre dans le bar de brousse, dans laquelle Vimala Pons fait des étincelles.

   Même si tout n'est pas drôle et que certains supposés gags tombent à plat, c'est au final une bonne comédie estivale, un peu surréaliste, dont les personnages s'expriment avec des voix qu'on dirait déformées à l'hélium.

   P.S.

   En lisant le dossier de presse téléchargeable sur le site du distributeur, on apprend que les (nombreux) animaux visibles à l'écran sont tous des vrais (y compris ceux que mangent les héros...) et qu'aucun trucage numérique n'a été utilisé pour réaliser certaines scènes "périlleuses".

12:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 25 juin 2016

Celui qu'on attendait

   C'est homme est un acteur français, incarné par Patrick Chesnais. A l'occasion d'un séjour en Asie centrale, il va involontairement franchir la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Curieusement, il est accueilli comme le Messie par les habitants d'un petit village qui ne comprennent pas un mot de français.

   C'est évidemment une comédie, qui joue sur le contraste entre pays développé et pays en développement et qui, au passage, aborde (brièvement) quelques questions délicates, comme le conflit du Haut-Karabakh, la corruption des autorités locales et les réminiscences du génocide arménien.

   Patrick Chesnais est très bien en Français flatté de l'attention qu'il suscite, mais quand même bien embêté d'être coincé en pleine cambrousse, au beau milieu d'une guerre à laquelle il ne comprend rien. Les acteurs arméniens font très "couleur locale", avec des personnages truculents qui ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres d'Emir Kusturica.

   Pour des raisons que je ne vais pas dévoiler, le héros est amené à rester plus longtemps que prévu. Il va même se prendre au jeu et découvrir que cette étape inattendue peut lui être utile.

   C'est une petite comédie sympathique, durant laquelle on sourit souvent, sans toutefois rire aux éclats.

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jeudi, 23 juin 2016

Le Monde de Dory

   Plus de dix ans après Le Monde de Nemo, Disney-Pixar nous livre une suite, centrée sur l'un des personnages secondaires (importants) du premier épisode, le poisson-chirurgien femelle bleue, un peu fofolle. Comme dans le premier opus, celle-ci (dans la version française) a la voix (chaude) de Céline Monsarrat, connue pour doubler (notamment) Julia Roberts.

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   Au début, j'ai eu un peu peur. C'était répétitif et parfois un peu énervant... Comme si l'on ne savait pas ce qu'étaient les troubles de mémoire de Dory ! Le scénario abuse aussi des situations "à la limite du danger". Fort heureusement, les images sont magnifiques. On a beaucoup travaillé les couleurs, ainsi que les jeux de plans (sans doute pour la 3D). Les mouvements, très fluides, sont magnifiquement rendus... et quel travail sur les yeux et les expressions !

   Pour moi, l'intrigue décolle quand apparaît à l'écran Hank, un poulpe (plus précisément une pieuvre-mime) grognon et égocentrique. Evidemment, il va devenir l'acolyte de Dory, qui a bien besoin de ce Tarzan des mers pour se sortir des multiples pétrins dans lesquels elle va se fourrer.

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   J'ai vraiment adoré ce personnage. C'est la principale source de gags du film, soit pour des raisons visuelles (il excelle dans l'art du camouflage... mais il est aussi parfois un peu maladroit), soit en raison de ce qu'il lui arrive (le scénario regorge de péripéties). S'ajoute à cela la qualité du doublage : dans la version française, Philippe Lellouche assure !

   On rit aussi souvent lorsqu'interviennent certains personnages secondaires, comme le requin femelle Destinée, le béluga Bailey (un pro de l'écholocalisation, servi par la voix de Kev Adams), les lions des mers (pas toujours lymphatiques) et les loutres (reines du câlin).

   Côté aventures, on a droit à trois séquences endiablées : la poursuite par un calamar géant, la déambulation en poussette (dans un parc d'attraction) et, surtout, la course en camion sur autoroute, un must du genre !

   Cela dure à peine plus d'1h30 et c'est mignon. Cela ne va pas révolutionner le monde du cinéma, mais, d'un point de vue technique, c'est du très bel ouvrage, destiné à un public familial.

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dimanche, 19 juin 2016

Volta a terra

   Ce documentaire portugais se déroule sur une année complète, du printemps à l'hiver. Il a été tourné par un jeune réalisateur, dans la commune de ses grands-parents. On fait inévitablement le rapprochement avec le Farrebique de Georges Rouqier. On pense aussi à certaines oeuvres de Raymond Depardon (Profils paysans). Ce film-là se détache pourtant de ses modèles : il est moins scénarisé qu'un Rouquier (mais moins réussi sur le plan formel) et le réalisateur, contrairement à Depardon, s'efface complètement derrière son sujet.

   Nous voilà donc plongés dans la vie quotidienne d'Uz, un petit village du nord du Portugal, situé dans le district de Braga, pas très loin de l'Espagne :

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   L'exode rural et l'émigration ont vidé cette région montagneuse et pluvieuse, où ne résident plus que 49 personnes (ce qui a donné son titre français au film : "49 sur terre"). Les dernières familles paysannes s'entraident, notamment lorsque le tracteur où une autre machine agricole est embourbée en plein champ. On suit plus particulièrement deux d'entre elles, notamment l'un des fils (âgé de 21 ans), pas très sympathique de prime abord, mais que l'on va apprendre à connaître.

   Cependant, on est surtout frappé par le poids des personnes âgées. C'est fou comme ce coin du Portugal peut parfois rappeler l'Aveyron... mais plutôt l'Aveyron d'il y a 20-30 ans. Les grands-pères sont dignes et truculents, les grands-mères débrouillardes. L'une d'entre elles m'a rappelé une de mes mamies, lorsqu'on la voit discuter avec le "héros" dans ce qui semble être la basse-cour.

   Dans ce village, on élève des ovins et des bovins. Ce sont ces derniers qu'on voit le plus souvent. Il s'agit d'une race rustique, à la robe plutôt rousse... et dotée d'impressionnantes cornes :

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   Ce ne sont pas des Aubrac (sans doute des Cachena), mais là encore on peut établir un parallèle avec l'Aveyron. Dans le film, les bêtes se font copieusement insulter par les paysans (jeunes comme vieux), qui n'arrêtent pas de les traiter de "putes" et de "salopes"... Heureusement, ils sont plus corrects avec les femmes (en tout cas devant la caméra).

   Les moutons apparaissent moins souvent, mais à des moments marquants. J'ai été particulièrement frappé par la séquence de la tonte, à laquelle tout le monde participe. On y voit  à l'oeuvre les vieilles femmes du village, qui semblent très habiles avec... les ciseaux ! (Je n'ai pas vu une seule tondeuse à l'horizon, qu'elle soit manuelle ou électrique.)

   Bien que les habitants n'expriment pas leurs sentiments, on sent malgré tout un certain respect pour les animaux. C'est notamment perceptible lorsque le cochon est tué. On ne nous montre pas directement la mise à mort (je soupçonne même un montage de plusieurs sources audio et vidéo), mais on assiste à tout le travail qui lui succède ; la bête est apprêtée avant d'être dépecée.

   Plusieurs grandes questions agitent le village. Il y a le passage à la TNT, qui oblige à changer de téléviseur (ou à acheter un adaptateur). Il y a l'organisation de la fête annuelle et il y a le problème du célibat des hommes. Dans l'une des familles, aucun des trois garçons n'est encore marié. On compte peut-être sur la fête du mois d'août pour que des relations se nouent. C'est en effet à cette occasion que le village retrouve sa population d'antan.

   La journée est rythmée par les travaux agricoles "à l'ancienne", le tout sous l'égide de la religion catholique. Un bal clôture la soirée. Voilà qui attire du monde. Aux touristes s'ajoutent les membres de la famille partis en ville, voire à l'étranger. (On nous montre d'ailleurs quelques Français.) Parmi ces visiteurs, les jeunes femmes sont particulièrement convoitées.

   Le "héros" va revoir une amie d'enfance, perdue de vue depuis douze ans et partie s'installer en ville. Elle a continué ses études, alors que lui n'a même pas fini sa Troisième. C'est à la fois touchant et un peu gênant, comme si l'on se trouvait dans un épisode de L'amour est dans le pré.

   Globalement, cela reste très plaisant, assez drôle. Ce qui est montré est parfois rude, mais les gens ne baissent pas les bras. (Ce serait une excellente leçon pour ces éternels geignards que sont certains Français, qui trouvent plus de force pour protester que pour surmonter leurs difficultés.)

   P.S.

   La coscénariste est une vieille connaissance des cinéphiles : Laurence Ferreira-Barbosa réalisa jadis Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel et J'ai horreur de l'amour.

   P.S. II

   Quelques informations supplémentaires sont disponibles sur la plaquette éditée par le distributeur.

samedi, 18 juin 2016

Criminal

   Le transfert de l'esprit d'un homme dans le corps d'un autre a déjà été traité dans d'autres films, très récemment même dans Renaissances... dans lequel joue aussi Ryan Reynolds. La différence est que, dans le premier film, c'est l'esprit du personnage interprété par Ben Kingsley qui se retrouve dans le corps du jeune homme, tandis qu'ici, c'est l'esprit (en théorie les souvenirs) de l'agent de la CIA incarné par Reynolds qui va être transféré dans le corps d'un épouvantable tueur en série, qui a les traits de Kevin Costner (méconnaissable, dans un premier temps).

   J'ai apprécié le fait que l'on n'ait pas bâclé le début. On prend le temps de nous présenter le jeune Bill Pope, qui semble sur le point de conclure une affaire de la plus haute importance (pour le compte de la CIA, que l'on nous montre évoluer à Londres en terrain conquis)... mais il est poursuivi par de dangereux anarcho-débilo-psychopatho-terroristes, leur chef étant un as de l'informatique.

   La deuxième étape est la découverte du détenu hyper-dangereux, jugé incurable : il n'a aucun sens de la morale et n'éprouve aucun sentiment. En raison d'un accident subi pendant son enfance, il est néanmoins le candidat idéal pour une tentative de transplantation.

   Evidemment, tout ne va pas se passer comme prévu... et c'est là que le noeud de l'histoire se met en place : alors que l'expérience semble avoir échoué, Jéricho (Kevin Costner comme on ne l'a jamais vu) sent des changements advenir en lui. La première scène clé est son intrusion dans l'appartement de l'espion, où résident son épouse et sa fille. Là aussi, rien ne se passe comme prévu... et c'est bien. Le scénario joue sur l'incertitude, même si l'on se doute que le personnage incarné par Costner ne peut pas rester une enflure totale pendant 1h50 !

   Au niveau du casting, Costner est épaulé par une brochette de professionnels confirmés, en particulier Gary Oldman et Tommy Lee Jones qui, il y a quelques années de cela, aurait pu se trouver à la place du héros. Aux mâles hétérosexuels qui liraient ce billet, je signale que, du côté de la distribution féminine, on a visiblement cherché à nous faire plaisir. Ainsi, l'épouse de l'agent de la CIA est jouée par Gal Gadot, que l'on a pu voir notamment dans Triple 9, et qui sera l'an prochain à l'affiche de Wonder Woman.

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   Quant à la "méchante", elle les traits (et le corps...) d'Antje Traue :

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   Elle a pu croiser certains de ses partenaires auparavant : Kevin Costner dans Man of Steel, Ryan Reynolds dans La Femme au tableau. On l'a aussi vue dans Le Septième Fils. Dieu que le cuir lui va bien ! (Pour couper court à toute accusation de machisme, j'ajoute que ces actrices ne sont pas que très belles, elles excellent dans leurs rôles respectifs, en particulier Gal Gadot.)

   C'est de surcroît bien réalisé, avec de bonnes cascades et -attention les âmes sensibles- plusieurs scènes d'ultra-violence très bien fichues... mais franchement dégueux. Les spectateurs pointilleux tiqueront à certaines petites invraisemblances (un blessé qui se rétablit à la vitesse grand V, une moto qui permet à un autre de s'enfuir au moment opportun, un ordinateur portable qui seul permet de tout contrôler à distance...), mais, globalement, on est pris par l'histoire et l'on passe un bon moment, si l'on est amateur de films d'action.

14:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 16 juin 2016

La Nouvelle Vie de Paul Sneijder

   Ce film franco-canadien est une sorte d'OVNI cinématographique. Il nous est présenté comme une comédie et là, les cinéphiles pensent immédiatement à Romaine par moins 30, qui nous montrait Sandrine Kiberlain au pays du Caribou. C'est un peu trompeur parce que, si le film est incontestablement comique par moments, il est surtout l'histoire d'un père qui n'arrive pas à faire le deuil de sa fille aînée.

   Dans le rôle, Thierry Lhermitte est étonnant de délicatesse et de sobriété. Avec une économie de paroles, il nous fait saisir tout le mal-être de cet homme, seul rescapé de l'accident d'ascenseur dans lequel sa fille a perdu la vie. Dans un premier temps, il refoule une partie de la douleur : il a tout oublié de la journée de l'accident (on comprend plus tard pourquoi). En dépit de la sollicitude de ses proches (sa seconde épouse et ses deux fils), il se sent complètement décalé par rapport à son milieu d'origine.

   C'est à ce moment que la comédie intervient. Petit à petit, Paul va renaître... en promenant les chiens des autres, en étant salarié d'une petite entreprise dirigée par un gars lui-même très bizarre : c'est visiblement un autiste (obsédé par les nombres premiers), qui souffre d'obésité... et de troubles urinaires. Il est incarné à la perfection par Guillaume Cyr.

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   Deux autres personnes vont jouer un rôle important dans la renaissance de Paul : le propriétaire d'une des chiennes qu'il promène et un avocat. Celui-ci travaille pour la "partie adverse", c'est-à-dire l'entreprise qui a conçu l'ascenseur et celle qui était chargée de son entretien. Une étonnante relation d'amitié va naître entre ces hommes que tout devrait séparer... sauf l'amour des belles voitures. Notons que l'avocat est incarné par une vieille connaissance, Pierre Curzi, que l'on a vu jadis dans Le Déclin de l'empire américain et Les Invasions barbares.

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   La mémoire de Paul va revenir, avec un paquet de regrets quant au passé. Le héros va aussi découvrir que certains propriétaires de chiens ont avec ceux-ci un comportement proche de celui de son épouse vis-à-vis de ses deux fils : ils veulent leur faire gagner des concours, leur faire intégrer l'élite, sans doute pour leur bien, mais aussi pour satisfaire leur propre égo.

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   C'est le moment de signaler la performance de Géraldine Pailhas, elle aussi étonnante dans ce rôle d'executive woman, à la fois belle, glaçante et déterminée, carriériste et attachée à la réussite de ses enfants.

   De manière générale, le film traite de la froideur, celle du climat bien sûr, mais aussi celle des rapports humains voire celle de l'organisation de la société, obsédée par l'argent. On le sent bien à travers les plans d'extérieur, qui nous offrent de superbes vues de Montréal. Paradoxalement, on sent davantage le froid à l'intérieur de certains bâtiments chauffés, comme le crématorium ou le cabinet d'avocats censé défendre les intérêts du héros. On comprend que, pour Paul, une partie de son propre logement acquiert le même statut. Il ne trouve refuge que dans une sorte de cave, où il a aménagé son bureau et où il vogue sur la Toile. Il espère y trouver des réponses à ses questions... et peut-être un nouvel espoir.

   Attention donc : ce n'est pas la comédie hilarante qui nous a parfois été vendue, mais un film plus profond, avec des pincées d'humour.

   P.S.

   La musique est chouette.

19:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 15 juin 2016

Red Amnesia

   Wang Xiaoshuai n'est pas le plus connu des réalisateurs chinois contemporains. Je crois même que tous ses films n'ont pas été distribués en France. De lui, j'ai vu Une Famille chinoise (assez mélo) et surtout Beijing Bicycle, dont je garde un bon souvenir.

   Ici, l'héroïne est une veuve, dont les deux fils vivent à Pékin, comme elle, mais aimeraient bien couper le cordon ombilical. De plus, l'épouse de l'aîné ne s'entend pas très bien avec sa belle-mère. Cela fait un peu cliché mais, à l'opposition des caractères s'ajoute un fossé socio-économique, la nouvelle génération, plus riche, étant en grande partie occidentalisée, alors que la maman est restée très traditionnelle. C'est aussi pour cela qu'elle a du mal à encaisser le mode de vie du cadet, toujours célibataire à presque quarante ans...

   C'est alors que des événements nouveaux surgissent dans la vie de l'héroïne. Elle apprend le décès d'un ancien camarade, qu'elle a connu avant la naissance de son second fils. Elle commence à recevoir des coups de fil anonymes, silencieux. Dans le même temps, le réalisateur nous fait suivre la vie quotidienne d'un jeune homme taciturne. On le voit dans plusieurs appartements, sans trop savoir ce qu'il fait. On finit par découvrir qu'il suit la vieille femme.

   Qu'est-ce qui relie ces deux personnages ? La réponse se trouve-t-elle dans le passé, à l'époque de la Révolution culturelle ? Ou bien s'agit-il d'une coïncidence, la vérité étant plus prosaïque, liée à des faits divers ? Une autre possibilité nous est proposée, puisque l'héroïne rêve et a parfois des hallucinations, en période d'éveil. Qu'est-ce qui est réel dans ce qu'elle aperçoit ?

   C'est donc un polar sociétal, sur fond politique. Attention toutefois : ce n'est pas un thriller à l'américaine. L'action n'est guère trépidante, puisque l'histoire évolue au rythme de l'héroïne, âgée d'environ 65 ans. Mais cette intrigue est assez habilement construite, et la mise en scène instille tantôt l'inquiétude, tantôt le doute.

17:11 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 14 juin 2016

Adopte un veuf

   Je n'avais pas l'intention d'aller voir ce film. Son réalisateur, François Desagnat, a pondu La Beuze et Les 11 Commandements. C'est dire s'il s'y connaît en comédie raffinée... Mais il a aussi participé à l'écriture du scénario des Lascars. Alors, comme le bouche-à-oreille est bon, je me suis finalement laissé tenter.

  Au départ, on pense que l'histoire va être portée par André Dussolier, qui incarne (avec brio) un médecin retraité récemment devenu veuf. Celui-ci possède un grrrrrrannnd appartement bourgeois au cœur de Paris (et une superbe maison de campagne, que l'on découvre plus tard). Le film démarre vraiment avec l'arrivée de Bérengère Krief à l'écran. Son personnage est un peu cliché, mais l'actrice a une pêche d'enfer. Le contraste avec papy Dussolier fonctionne très bien, même si la séquence de la sortie à deux, le soir, enfile les perles. Autre problème de personnage, celui de l'ami du médecin, un vieux beau pété de thunes qui drague les minettes. Ses interventions sont lourdes et répétitives. Sur ce coup-là, Nicolas Marié aurait dû rester célibataire...

   Heureusement, l'histoire rebondit avec l'installation des deux autres colocataires, un avocat un peu niais et une infirmière débutante plutôt timide. Dans le rôle, Julia Piaton est parfaite, à contre-emploi pour ceux qui l'ont connue en coiffeuse fofolle dans la série Profilage. (On l'a vue aussi dans Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?)

   La principale source de gags est le télescopage de ces personnalités dissemblables au quotidien. Le scénario a aussi l'habileté de laisser entrevoir les failles de chacun. La vie en (petite) collectivité pourrait leur permettre de résoudre certains problèmes... ou en créer d'autres ! C'est en général assez bien vu.

   Cependant, je n'ai pas trop "marché" aux scènes censées être émouvantes. L'histoire de l'adolescent en attente de greffe ne m'a guère touché. Encore et toujours, c'est le dynamisme de Bérengère Krief qui emporte l'adhésion. On croit à son personnage de serveuse, que son mec (parti en voyage) mène par le bout du nez.

   Certains moments sont même hilarants, comme ce quiproquo né d'une conversation à double détente, les unes discutant d'un sèche-cheveux, l'autre imaginant que les jeunes femmes parlent de son ami, qu'il pensait très coincé. Mais le meilleur moment est pour moi la scène qui se déroule dans un cabinet vétérinaire, en compagnie d'animaux très spéciaux. Là, c'est burlesque !

   Au bout du compte, il reste une comédie sympathique, mais pas mémorable, que l'on pourrait comparer à Retour chez ma mère.

   P.S. (du 17 juin)

   Il m'est revenu un détail : les spectateurs aveyronnais seront attentifs à ce qui se trouve sur les murs de l'appartement. A au moins une reprise, on distingue, à droite, un tableau sombre comportant de grandes rayures noires...

23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 12 juin 2016

Alice - De l'autre côté du miroir

   Tim Burton a donc produit (mais pas réalisé) pour Disney le deuxième volet des aventures de l'héroïne emblématique de la littérature enfantine britannique. Ici, comme dans le premier film, le scénario s'émancipe de l'oeuvre d'origine pour réécrire l'histoire, avec au centre une Alice plus âgée et un fond plus sombre.

   J'ai retrouvé avec plaisir Mia Wasikowska, moins éblouissante toutefois que dans le récent Tracks. Elle incarne néanmoins avec talent une jeune femme moderne, capitaine de navire dans le Royaume-Uni de la fin du XIXe siècle, pilote de chronosphère dans le monde imaginaire.

   Cette dualité d'intrigues est l'un des atouts du film. Dans "le monde réel", l'histoire a un fond féministe, qui m'a un peu rappelé Tout en haut du monde, même si l'atmosphère générale doit plutôt aux romans de l'époque victorienne. C'est aussi un film d'aventures, qui débute avec une superbe séquence en mer, dans le détroit de Malacca, où des pirates attaquent le navire commandé par la jeune femme.

   Très vite, Alice va retourner dans le monde imaginaire, cette fois-ci en passant à travers un miroir (l'une des rares références exactes à l'oeuvre de Lewis Carroll). Là-bas, elle partage la vedette avec le Chapelier Fou, désormais complètement déprimé. Johnny Depp est moins flamboyant qu'autrefois, mais son personnage retrouve de sa superbe dans des séquences se déroulant dans le passé, qu'Alice essaie de modifier.

   Pour cela, elle doit entrer en contact avec Le Temps, personnage grandiloquent parfaitement interprété par Sacha Baron Cohen. Lui et l'univers dans lequel il gravite sont une autre grande réussite du film. A l'écran, les effets spéciaux sont flamboyants, le tout émaillé de pointes d'humour, puisque tous les habitants de la demeure du Temps (lui y compris) sont des automates... plus ou moins perfectionnés... plus ou moins fonctionnels. L'une des meilleures scènes est celle qui voit le Chapelier et ses acolytes amateurs de thé accueillir Le Temps... et lui faire perdre le sien ! C'est vraiment dans l'esprit des jeux de mots dont Lewis Carroll avait émaillé son oeuvre.

   Mais la performance la plus éclatante est sans conteste celle d'Helena Bonham Carter, épatante en Reine Rouge. Les mauvaises langues auront bon rappeler qu'elle est la compagne (l'ex) de Tim Burton, c'est une excellente actrice, qui donne de l'épaisseur et du panache à son personnage... et c'est tant mieux : une bonne histoire romanesque a besoin d'un bon "méchant". Notons qu'ici, le scénario explore une piste inédite, celle d'un traumatisme remontant à l'enfance. C'est très bien vu.

   Au final, les puristes, qui auraient souhaité une oeuvre fidèle à l'original, seront déçus, tout comme ceux qui espéraient un film 100 % "burtonien". C'est d'abord un produit Disney, fabriqué avec beaucoup de conscience professionnelle, mais destiné à un public familial.

10:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 10 juin 2016

Retour chez ma mère

   Cette comédie s'inspire d'un phénomène bien réel : le retour au foyer parental d'actifs (en général quadragénaires) touchés par un "accident de la vie", la plupart du temps la perte d'un emploi, à laquelle peut s'ajouter une rupture sentimentale. A cet égard, la séquence introductive pose malicieusement le problème, nous induisant volontairement en erreur au début. C'est l'un des rares effets de mise en scène visibles dans ce film sans prétention, qui repose sur le talent des acteurs... surtout des actrices.

   Josiane Balasko incarne avec fougue la mère, veuve et retraitée, assez "vieille France" par certains côtés... mais très moderne par d'autres : elle n'est pas du tout "coincée". On le constate notamment à l'occasion d'un repas avec sa fille (Alexandra Lamy, pétillante), devant la télévision, qui diffuse la série préférée de la mère. On s'attend à une sorte de Plus belle la vie, mais voilà-t-y pas que débarque une scène de cul qui, si elle choque un peu la fille, passionne visiblement la mère !

   C'est que la maman est cachottière. Faute de voir souvent ses trois enfants, elle s'est reconstruite toute seule et sa progéniture va mettre du temps à découvrir l'ampleur des changements. C'est d'ailleurs l'objet de plusieurs quiproquos dans l'histoire, qui amènent les enfants à croire que leur mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer.

   Il s'agit donc plutôt d'un comique de situation, contrairement à ce que laissait présager la bande-annonce, dans laquelle on voit l'essentiel d'une des plus belles scènes, autour de l'utilisation d'internet. Ce comique de situation intervient très vite, dès la séquence à Pôle Emploi, qui confronte Stéphanie (Alexandra Lamy) à un conseiller assez peu orthodoxe (Patrick Bosso, très bien).

   La suite met en scène le choc des caractères entre la fille, architecte branchée, et la mère, une travailleuse manuelle qui a bien les pieds sur terre. J'ai aussi beaucoup apprécié la relation des petits tracas de la vie quotidienne, avec notamment l'histoire du chauffage.

   Le moment-clé est un repas de famille, qui doit être l'occasion pour la mère de clarifier sa situation par rapports à ses enfants. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu. Les retrouvailles vont même tourner à la foire d'empoigne.

   Il s'agit donc d'une comédie populaire, un poil surjouée, mais dynamique, avec des rebondissements et de nombreux moments cocasses. On s'achemine tout doucement vers une fin assez prévisible, mais pas bâclée.

23:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 09 juin 2016

Money Monster

   Le titre déjà est ambigu : s'applique-t-il au personnage principal, le présentateur égocentrique Lee Gates (brillamment incarné par George Clooney, en pleine forme), ou bien dénonce-t-il ce monstre qu'est l'argent, qui corrompt tout ? Cela donne une idée de l'ensemble de l'histoire, qui oscille entre les aventures de Gates (gloire et décadence...) et un propos plus politique, sous-jacent, instillé avec une certaine subtilité par Jodie Foster.

   Cela tient la route d'abord grâce à l'abattage des acteurs. George Clooney forme un duo dynamique et attendrissant avec Julia Roberts, qui interprète Patty Fenn, la productrice de l'émission, véritable chef d'orchestre du programme, qui oeuvre en coulisses. Pour moi, l'actrice est rayonnante dans ce rôle somme toute assez sobre. C'est une version plus "commerciale" de Mary Mapes, que l'on a récemment vue sous les traits de Cate Blanchett dans Truth.

   Derrière ces deux "pointures", les autres se débrouillent très bien. Jack O'Connell, que l'on a déjà vu dans 300 - La Naissance d'un empire et surtout Invincible, tient la dragée haute à Clooney. Dans les seconds rôles, on peut reconnaître plusieurs acteurs de séries télévisées. Tout ce petit monde s'agite à la perfection sous la houlette de la réalisatrice, qui a dû jongler avec deux types de caméra (de cinéma et de télévision), ce qui a contraint à jouer de nombreuses scènes deux fois... et je ne vous raconte pas le travail de montage ! On notera le soin porté à la création de l'émission télévisée, nourrie d'animations visuelles. Cela donne un ensemble rythmé, trépidant même.

   Sur le fond, le jugement de Jodie Foster est assez désabusé. La télévision est devenue le règne du vulgaire. Dans l'histoire, c'est la productrice Patty qui est la plus lucide : le divertissement et la course à l'audience ont pris le dessus sur le fond. Les téléspectateurs sont crédules et très dépendants de leurs gadgets numériques. On pense évidemment aux pigeons qui ont suivi les conseils d'investissement du héros Lee. Mais, dès que la prise d'otages démarre, comme les événements se déroulent en direct, cela devient une émission de télé-réalité trash, qui capte l'attention (la nôtre aussi, d'ailleurs). Et, sans tout dévoiler, on peut dire qu'à la fin, malgré le drame, tout redevient (presque) comme avant. Personne (ou presque) ne semble en avoir retenu de leçon.

   C'est quand même un film très américain. Dans un premier temps, la vedette sombre dans le ridicule : Clooney n'a pas hésité à incarner un personnage falot, dont les travers vont surgir à l'écran. Mais, dans un deuxième temps, le présentateur va reprendre la main (je vous laisse découvrir comment) et endosser le costume du redresseur de tort, aidé en cela par la productrice. C'est une manière de dire que l'on peut contourner le système ou du moins, ponctuellement, l'utiliser pour une juste cause. C'est peut-être pour cette raison que Jodie Foster a accepté, pour promouvoir son film, de se rendre dans une émission racoleuse (mais à forte audience), dans laquelle on la voit participer à un jeu particulièrement ridicule...

10:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 07 juin 2016

Elle

   Isabelle Huppert incarne une chef d'entreprise autoritaire, maîtresse femme qui ne s'en laisse compter par personne... jusqu'au jour où elle est victime d'un viol, chez elle, par un homme déguisé (et masqué). Le film nous fait d'ailleurs "revivre" la scène de plusieurs manières, comme cela arrive couramment aux victimes. Sauf que celle-ci va chercher à se venger.

   Quand on a écrit cela, on a tout dit et on n'a rien dit. Cette histoire malsaine (dont l'ambiance n'est pas très éloignée de l'univers de Michael Haneke) est un portrait de la "haute" bourgeoisie d'aujourd'hui, une enquête policière façon Cluedo et une analyse du refoulé, chez les femmes et chez les hommes.

   Comme la très grande majorité des victimes, Michèle (I. Huppert géniale) a été abusée par quelqu'un qu'elle connaît... mais qui ? L'intrigue nous propose ainsi une galerie de suspects, qu'on peut résumer à sept hommes. Deux d'entre eux travaillent dans l'entreprise de l'héroïne. L'un est effacé, amoureux de sa patronne... mais il cache pas mal de choses. L'autre est un type orgueilleux, buté, souvent en conflit avec Michèle, avec une tension sexuelle sous-jacente.

   Un troisième suspect fréquente les mêmes lieux : l'époux de la meilleure amie (et collègue) de l'héroïne, qui est aussi l'amant de Michèle. Dans le rôle, Christian Berkel  (qu'on a pu voir récemment en Otto Preminger dans Dalton Trumbo) est excellent... et un peu inquiétant : il est jaloux de ces hommes plus jeunes qui côtoient sa maîtresse, celle-ci semblant de plus en plus lui échapper.

   L'autre homme de la vie de Michèle est Richard, son ex-mari (Charles Berling, très bien). De prime abord, celui-ci ne paraît pas très dangereux. Mais, soudain, on apprend qu'il a noué une relation avec une femme plus jeune, en prenant soin de le cacher à son ex... que pourtant il surveille. Le gentil toutou s'est-il mué en prédateur ?

   On se pose la même question à propos du fils de l'héroïne, un jeune homme mal dégrossi, sans doute écrasé par la personnalité de sa mère, et qui se fait pigeonner par une greluche sans scrupule. Cependant, au détour d'une scène, on s'aperçoit que le mouton peut se transformer en dragon, sous l'effet de colères aussi subites qu'incompréhensibles. On le voit même prêt à s'en prendre à sa propre mère. Quand on découvre qui est son grand-père et ce qu'il a fait, on se dit qu'il y a là peut-être une forme d'atavisme.

   Un autre suspect est le voisin d'en face (Laurent Lafitte, ambigu à souhait). C'est un trader, marié à une catholique fervente (Virginie Efira, surprenante dans ce rôle à contre-emploi)... qui ne le satisfait pas totalement, semble-t-il.

   Un dernier jeune homme athlétique complète la liste : Ralf, le gigolo de la mère de Michèle (Judith Magre, épouvantablement liftée), qui avoue avoir du plaisir à "baiser" la femme de l'homme qui a commis tant d'horreurs. N'a-t-il pas été tenté de faire de même avec la fille de celui-ci ? (C'est Raphaël Lenglet qui prête sa présence virile à ce personnage. Depuis quelques années, on le voit sur France 2, dans la série Candice Renoir, où il incarne le collègue ombrageux -et désormais amant- de la fantasque enquêtrice.)

   C'est le grand impensé de l'histoire : les crimes commis par le père de l'héroïne, des années auparavant, alors qu'elle était enfant. Elle en a été en partie témoin, mais on n'a jamais su jusqu'où la folie de son père l'avait entraînée.

   L'histoire ne s'arrête pas à la découverte de l'identité du coupable. Il reste à connaître ses motivations profondes. De plus, on ne sait pas trop ce que Michèle veut faire de lui. Entre la fille du psychopathe et le violeur récidiviste s'engage un drôle de jeu, qui menace de dégénérer...

   Cela donne une intrigue à tiroirs, que Verhoeven referme parfois sans les avoir complètement explorés. Si certains dialogues sont un peu trop littéraires, les acteurs sont formidables et on passe un très bon moment.

22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films