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vendredi, 14 juillet 2017

Les Hommes du feu

   Ces hommes sont aussi... des femmes. On en voit au moins deux qui ont embrassé la carrière : l'héroïne Bénédicte (incarnée par Emilie Dequenne) et une seconde, travaillant dans une autre caserne, mais qui a épousé le beau gosse Martial, un des nouveaux collègues de "Béné". Les autres femmes de l'histoire sont des épouses trompées, d'anciennes compagnes ou des coups d'un soir. (On aperçoit aussi l'épouse d'un accidenté, une suicidée et une femme battue... pas très positif tout ça.)

   De la filmographie de Pierre Jolivet, je ne connais que Ma Petite Entreprise et Jamais de la vie. Que du bon, donc. Là, je dois avouer que j'ai été un peu déçu. Concernant l'intégration de la nouvelle adjudant-chef, on a droit à tous les passages obligés, du mini-bizutage aux réflexions misogynes, en passant par l'erreur professionnelle et la vie personnelle qui déguste.

   C'est lié à l'aspect documentaire du film, qui veut visiblement rendre hommage aux "soldats du feu". C'est tout à fait louable, mais cela a conduit Pierre Jolivet à limer les aspérités de son récit : le bizutage est vraiment très très gentil, la misogynie est concentrée sur un personnage (qui évolue, bien entendu), le dégoût ressenti face aux agressions des "racailles de banlieue" est certes évoqué, mais très rapidement. De plus, j'ai trouvé que le personnage interprété par Emilie Dequenne manquait un peu de pêche. (Elle était meilleure dans Par accident et Chez nous.)

   A trop vouloir en dire, Jolivet n'a pas suffisamment approfondi son histoire. A part aller chercher un chat sur un toit, on voit les pompiers à peu près tout faire dans cette heure et demie. (Et encore : le sauvetage du chat nous est raconté au cours d'une scène festive.) Par contre, l'histoire du pyromane est assez mal traitée. Elle donne toutefois naissance à une très belle scène, entre Roschdy Zem (quasi irréprochable) et un adolescent mal dans sa peau. C'est bien mené, porteur de sens, mais cela conduit à amputer la dramaturgie du film.

   Du coup, même si c'est du travail bien fait, je suis resté un peu sur ma faim.

jeudi, 13 juillet 2017

Hirune Hime - Rêves éveillés

   Cette animation japonaise a l'ambition de mêler plusieurs thématiques fortes. Il y est question d'innovations technologiques, des futurs jeux olympiques de Tokyo, d'un drame familial et de la vie quotidienne dans une petite ville de province japonaise, le tout sur fond de polar.

   L'originalité du scénario est d'alterner les séquences de la réalité et celles des rêves, ceux de l'héroïne Kokone. On y retrouve les mêmes personnages que ceux de la vie de la lycéenne, mais dans des rôles différents. Ils évoluent dans un monde qui allie technologie et magie. (D'un point de vue visuel, cela m'a rappelé Steamboy, de Katsuhiro Otomo, l'auteur d'Akira.) La fille du roi y est considérée comme une quasi-sorcière, à enfermer, alors qu'elle a peut-être les pouvoirs de tout arranger. On peut aussi y voir des robots animés (et c'est beaucoup moins chiant que Transformers). Attention toutefois : dans ce monde des rêves, un des personnages n'est pas exactement celui que l'on croit.

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   Dans la réalité, Kokone est une lycéenne bien élevée mais un tantinet rebelle, très attachée à son père, un mécanicien surdoué. Tous deux souffrent de l'absence de la mère de l'héroïne, morte dans un accident. Kokone se demande si elle va poursuivre ses études à Tokyo... un moyen peut-être de retrouver son ami Morio, un geek très gentil. Quant au père, il doit gérer les pressions d'une entreprise automobile, qui le menace d'un procès. Comme dans le monde des rêves, une mystérieuse tablette numérique semble être au coeur de l'intrigue.

   J'ai vraiment été emballé par ce film. L'histoire est bien ficelée, avec cette alternance de séquences aux ambiances très différentes. Une fois qu'on en a compris le principe, on comprend comment ce que vit l'héroïne dans la réalité influence le monde des rêves. Cela devient encore plus passionnant quand, à son tour, le monde des rêves commence à avoir un impact sur la réalité.

   C'est mené avec brio et une certaine douceur dans le traitement des personnages. Certes, il y a des méchants, mais l'accent est mis sur les personnages positifs, qui arrivent le plus souvent à leur échapper voire à les tourner en ridicule. C'est amusant sans être enfantin et c'est visible par tous. Au second degré, le film montre comment une adolescente tente de gérer son deuil. C'est de plus très bien réalisé. A la qualité photographique des images s'ajoute la virtuosité de certains plans, surtout dans les séquences des rêves.

   PS

   Restez pour le générique de fin.

15:14 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 11 juillet 2017

Moi, moche et méchant 3

   Trois ans après Moi, moche et méchant 2 (très réussi) et deux ans après le décevant Les Minions, voilà notre grande famille recomposée de retour... pour s'agrandir : Gru découvre qu'il a un frère jumeau (chevelu, lui) et qu'on ne lui a pas raconté toute la vérité à propos de son père. Cette histoire familiale va quelque peu parasiter l'intrigue principale, pour le plus grand bonheur des spectateurs.

   On commence sur les chapeaux de roue avec la séquence dont des extraits ont été déjà abondamment diffusés : l'attaque du navire par le méchant de l'histoire, Balthazar Bratt, aussi ridicule que redoutable. Sa confrontation avec Grut recueille l'adhésion de la salle, déjà mise en appétit par la scène pré-générique, avec trois minions en pleine forme.

   J'ai retrouvé avec plaisir le cocktail qui a fait le succès de la série : des scènes d'action parodiques, des moments familiaux tendres et drôles... et les interventions des Minions, bien dosées, souvent hilarantes. Rappelons qu'ils sont tous doublés par Pierre Coffin, coréalisateur du film. Tendez bien l'oreille et, au coeur de leur incroyable sabir, vous distinguerez quelques grossièretés et beaucoup de références à la nourriture ! Dans la version française, Audrey Lamy est toujours aussi percutante en Lucy. La bonne idée de l'épisode est d'avoir confié la voix de Dru (le frère de Gru) à Arié Elmaleh, qui donne ainsi la réplique à son frangin Gad (qui lui incarne Gru).

   La personnalité du méchant Bratt (rivé à son walkman) a incité les auteurs à parsemer le film de références musicales aux années 1980. Cela m'a rappelé mon adolescence... Le choix des titres n'est pas innocent. Au début, Bratt préfère le Bad (de Michael Jackson) au Take my breath away (de Berlin), puisqu'il se veut un vilain garçon. Quant aux Minions, ils adoptent le plus récent Maria (de Ricky Martin) pour lancer leur teuf. D'autres succès de l'époque illustrent certaines scènes : Take on me (de A-ha) et Sussudio (de Phil Collins). A côté de cela, les musiques additionnelles m'ont paru bien fades.

   A intervalle régulier, les Minions se rappellent à notre souvenir. Leurs pérégrinations vont (temporairement) s'éloigner de celles de Grut. Presque toute la troupe se retrouve en prison, où ils matent sans peine les gros caïds et se lancent dans leur propre Jailhouse Rock !

   Le film est une grande réussite parce qu'il varie les péripéties, les personnages principaux vivant des aventures parfois distinctes. De surcroît, l'humour est suffisamment diversifié pour s'adresser aux adultes comme aux enfants. Il ne reste plus qu'à espérer que le deuxième opus consacré aux Minions (programmé pour 2020) sera plus abouti que le premier.

22:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Caire confidentiel

   Cette coproduction occidentale a été tournée principalement en arabe, à Casablanca, mais, de l'avis de ceux qui connaissent Le Caire, on a vraiment l'impression qu'elle a tournée en Égypte. La mise en scène fait ressortir l'image d'une ville grouillante, foisonnante, aux écarts de richesse importants. Les projets immobiliers lancés par des proches du président Moubarak s'enchaînent, alors que dans les taudis s'entassent des immigrés soudanais, soutiers de la croissance économique égyptienne.

   Le nœud de l'intrigue est l'assassinat d'une chanteuse tunisienne, auquel semble être mêlé un ami du fils du président. (L'histoire s'inspire du meurtre de Suzanne Tamim, une chanteuse libanaise.) Des pressions sont exercées sur les policiers pour clore rapidement l'affaire, au besoin en concluant au suicide. La chose semble faisable, puisque tous les membres des forces de l'ordre sont, à un degré ou à un autre, véreux. Il est de même pour la justice. Ajoutez à cela des entrepreneurs magouilleurs et des politiciens corrompus, et vous aurez une idée de l'ambiance dans laquelle baigne l'histoire. C'est dire si cet assassinat n'était pas destiné a priori à déclencher une tempête.

   Le petit grain de sable qui va enrayer la machine est une femme de ménage soudanaise, qui travaille dans l'hôtel Hilton où a eu lieu le meurtre. Elle n'a pas vu le crime se dérouler, mais elle a entendu une dispute et vu deux personnes sortir, à quelques minutes d'intervalle, de la chambre où se trouvait la chanteuse. On va la suivre pendant tout le film, entre son travail, sa vie dans un taudis où se sont regroupés d'autres immigrés soudanais comme elle, ses relations avec la police et sa fuite. L'actrice (inconnue) qui l'interprète s'appelle Mari Malek.

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   L'autre acteur sur les épaules duquel repose l'intrigue est Fares Fares, qui incarne le capitaine Noureddine Mostafa, un flic un peu moins malhonnête et un peu plus consciencieux que les autres. Il est vraiment excellent, à la hauteur des acteurs américains et français que l'on a vus dans les polars des années 1960-1970-1980. Le scénariste n'a pas choisi d'en faire un chevalier blanc de la police, ce qui aurait peut-être manqué de réalisme. L'officier va basculer "du bon côté" en partie pour une raison sentimentale : il s'amourache de la meilleure amie de la victime, qui est évidemment une femme fatale. A partir de là, sa petite vie peinarde va diablement se compliquer, comme l'intrigue, qui nous plonge dans la société égyptienne contemporaine de manière vertigineuse.

   C'est de surcroît bien réalisé. Il y a beaucoup de scènes de tension, très bien conçues, sans que la violence soit explicite. On sent que chaque personnage doit gérer des contraintes, qui pèsent sur la résolution de l'enquête. Comme de nombreuses scènes se déroulent le soir ou la nuit, on a droit à de beaux plans de vie urbaine. Le réalisateur a réussi à créer une ambiance, un élément indispensable dans ce genre de film.

   C'est une pépite de l'été, à ne pas rater si vous avez l'occasion de la voir.

lundi, 10 juillet 2017

Cherchez la femme

   Nous devons cette comédie sociale à une jeune femme d'origine iranienne, Sou Abadi. Son originalité est de faire se télescoper deux milieux que des Occidentaux mal informés pourraient penser proches, mais que beaucoup de choses séparent. Le héros Armand est le fils de réfugiés iraniens laïques, vivant dans le XVIe arrondissement de Paris, alors que l'héroïne Leila est issue d'un couple mixte (sans doute franco-algérien) et vit dans une cité de banlieue. C'est à Sciences Po que les amoureux se sont rencontrés, sans que les familles en soient informées. J'ai trouvé les deux acteurs (Félix Moati et Camélia Jordana) très convaincants.

   Les ennuis commencent quand Mahmoud, le frère de Leila, revient du Yémen converti au salafisme. Dans la cité, il fréquente de jeunes barbus qui ont les mêmes idées rétrogrades que lui. Le portrait qu'en fait la réalisatrice est assez nuancé. A l'aide de petites touches, elle montre que chacun des quatre copains a des raisons différentes d'adhérer au fondamentalisme. Mahmoud (William Lebghil, très bon) est un peu perdu ; il semble en quête d'absolu, en tout cas d'un sens à sa vie. C'est pour cela qu'il est tombé sous la coupe du caïd du quartier, pour qui la religion est un moyen de garder le contrôle. Son acolyte l'a sans doute suivi sans réfléchir, lui qui continue à fumer du shit en douce ! Mais le plus beau de la bande est Fabrice, un converti qui voit dans l'islam intégriste un moyen de s'élever socialement (dans le quartier). Il est au coeur d'un running-gag : alors qu'en changeant de religion, il a pris pour prénom Farid, presque toutes ses connaissances continuent à l'appeler Fabrice...

   Du côté des Franco-Iraniens, on a des parents juristes, bourgeois, madame portant la culotte. Elle s'est d'ailleurs mise en tête de marier son fils chéri, qui a jusqu'à présent fait échouer toutes ses tentatives. Cette partie-là de l'histoire fonctionne moins bien, notamment en raison du manque de naturel d'Anne Alvaro, qui incarne la mère. La comparaison de son histoire personnelle (musulmane, elle a fui l'intégrisme) avec celle de jeunes Françaises qui choisissent de porter le voile, ne manque toutefois pas d'intérêt.

   C'est donc un voile intégral qui va faire rebondir l'intrigue. Il est la source de plusieurs quiproquos, sur lesquels repose l'essentiel de l'humour. Il y a bien sûr Mahmoud qui va tomber amoureux de la mystérieuse Shéhérazade. Il y a aussi les parents d'Armand, qui s'inquiètent de son intérêt soudain pour l'islam... et de la présence, dans le quartier, d'une intégriste sans doute envoyée par Téhéran pour les tuer ! Même le petit frère de Leila et Mahmoud s'y laisse prendre, lui qui finit par croire que sa soeur est devenue lesbienne !

   Cela donne un ensemble hétéroclite, qui fonctionne plutôt bien. Toutes les scènes ne sont pas réussies, mais j'ai souvent ri et, mine de rien, cette comédie est plus réfléchie qu'elle n'en a l'air.

dimanche, 09 juillet 2017

Le Vénérable W.

   Le titre de ce documentaire est doublement trompeur, pour le public occidental. Il n'est nullement question de l'ancien président des Etats-Unis George Bush fils (surnommé W, initiale de son deuxième prénom) et le personnage principal n'est absolument pas vénérable, bien qu'il soit vénéré.

   W est l'initiale du nom d'un moine birman charismatique, Ashin Wirathu, adepte d'un souverainisme identitaire, qui voit dans la minorité musulmane la cause de tous les maux dont souffre son pays... et une menace pour l'avenir. Ces Rohingyas sont désignés par un terme péjoratif ("kalars"), qui renvoie à la période coloniale.

   Le réalisateur Barbet Schroeder (auquel on doit notamment L'Avocat de la terreur) a retiré ses interventions du montage, laissant ses interlocuteurs s'exprimer, avec pour seul ajout une voix off (Bulle Ogier... bof) incarnant une forme de pensée bouddhiste.

   Devant la caméra, Wirathu s'exprime remarquablement bien, calmement, posément, bien sanglé dans son impeccable toge, sa phablette à portée de main. Il développe un discours argumenté, qui ne se veut pas haineux, seulement analytique. En contrepoint, des images d'archives nous font découvrir son passé, sa formation dans plusieurs monastères et son emprisonnement, sous la dictature militaire. Ce n'est pas le moindre des paradoxes que cet opposant à la dictature, qui fait figure d'érudit, soit lui-même partisan de l'instauration d'un régime que l'on pourrait qualifier de fasciste.

   La deuxième partie du film montre ses adeptes en action, que ce soit le mouvement 969 ou l'association Ma Ba Tha. Les affrontements intercommunautaires entretiennent l'esprit de vengeance, à l'image de ce qui s'est passé naguère en Inde ou au Sri Lanka. Wirathu a réussi à faire voter des lois "sur la race et la religion", un comble dans ce pays multiethnique, où cohabitent 135 groupes de population différents, parlant une centaine de langues.

   Mais l'on pourrait aussi rapprocher l'idéologie de ce moine de celle des populistes occidentaux. Lui-même dit souhaiter la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle états-unienne. La manière dont il le déclare est aussi révélatrice : son sourire et l'expression de son visage indiquent qu'il ne tient pas en très haute estime le milliardaire mal coiffé... mais il a reconnu en lui un homme de son camp.

   Plus subtilement, à travers quelques plans, Barbet Schroeder semble sous-entendre qu'il y a une réelle parenté entre ce moine, ses partisans et les intégristes musulmans. A deux ou trois reprises, on nous montre des bouddhistes psalmodiant des textes sacrés, tout en se balançant d'avant en arrière. Dans les discours, les femmes ne sont pas considérées comme les égales des hommes etc. Cela concours à présenter Wirathu comme une sorte d'ayatollah Khomeini birman. Il finit par tomber le masque, à la fin, lors d'un meeting au cours duquel il n'est peut-être pas conscient d'être filmé par le documentariste. Il y dénigre une représentante de l'ONU dans des termes orduriers.

   Face à lui se dressent d'autres moines bouddhistes, eux aussi emprisonnés jadis sous la dictature militaire. On sent que ces voix peinent à se faire entendre face à la mécanique bien huilée de leurs adversaires (qui, à mon avis, s'inspirent un peu des télévangélistes américains) et aux tensions communautaires. Le pouvoir politique, longtemps indulgent, a commencé à réagir.

   Sur le fond, je ne partage pas le point de vue de l'auteur, que l'on sent transparaître de temps à autre. Il promeut visiblement la cohabitation pacifique de tous les cultes, en pensant que leur libre expression sans heurts est possible. Je suis plutôt d'avis que c'est la trop grande présence du fait religieux dans l'espace public (quelle que soit la religion) qui est la source de tensions. C'est de (davantage de) laïcité dont la Birmanie a besoin.

Lettres de la guerre

   C'est à partir d'un matériau réel (les lettres écrites par un écrivain portugais, alors médecin militaire en Angola) qu'Ivo Ferreira brosse un tableau d'une guerre coloniale. Elle rappellera aux spectateurs soit notre guerre d'Algérie soit le conflit américano-vietnamien. Apocalypse now est d'ailleurs l'un des modèles du réalisateur, tout comme le film Tabou, autre superbe noir et blanc portugais.

   A la fiction se déroulant au début des années 1970 sont juxtaposés des extraits de lettres, lus soit par leur auteur (le personnage principal, que l'on voit parfois en train d'écrire), soit par leur destinataire, sa jeune épouse enceinte. Le mélange de ces deux voix, s'il introduit une salutaire diversité, n'en est pas moins perturbant. De surcroît, la première partie comporte trop de passages lus. Je n'ai pas été ému par la transcription littéraire de cet amour enflammé et contrarié.

   J'ai été beaucoup plus intéressé par ce qui nous était montré à l'écran. C'est souvent d'une grande beauté plastique, avec des jeux d'ombre et de lumière, mais aussi des reflets parfaitement maîtrisés. Je pense notamment à cette projection de film, dont on finit par voir une image détournée, en extérieur, sur des objets. Je pense aussi à la réverbération, à la surface d'un cours d'eau, de l'image de soldats tentant de réparer un pont saboté par les rebelles angolais. De manière générale, les paysages (ah la savane africaine !) sont bien filmés. Les ambiances nocturnes sont aussi très belles.

   Ceux qui attendent de l'action trépidante peuvent passer leur chemin. On suit la troupe au quotidien, la caméra se détournant d'elle de temps à autre, pour s'attarder sur les Africains. Certains spectateurs seront peut-être choqués par la condition des femmes, soumises au bon vouloir des messieurs, à l'exception peut-être des deux chanteuses portugaises, aguicheuses mais inaccessibles. Notons que les scènes d'intérieur ont été réalisées avec un grand souci du détail, en particulier au niveau du décor et des objets du quotidien.

   Même si ce n'est pas une totale réussite, ce film mérite le détour pour sa beauté visuelle.

vendredi, 07 juillet 2017

Creepy

   Ce film d'épouvante est signé du prolifique (et inégal) Kiyoshi Kurosawa, dont on a récemment pu apprécier deux des œuvres : Shokuzai (en deux parties) et Real. C'est un maître de la mise en scène, qui aime se servir des films de genre pour aborder des aspects psychologiques ou sociétaux.

   Ici, il entrecroisent le film d'épouvante (ou thriller) et le drame bourgeois. L'action d'un tueur en série sert de révélateur à la crise d'un couple, celui formé par le héros et sa compagne (pas très bien interprétés, autant le dire tout de suite). Lui est un policier, devenu criminologue universitaire. Elle a visiblement renoncé à sa vie professionnelle et a accepté de le suivre dans sa nouvelle carrière. Les voilà qui emménagent dans un autre quartier, une banlieue résidentielle à la japonaise, propre et calme sans être luxueuse, où les voisins se fréquentent peu. Voilà qui ne convient guère à l'épouse esseulée, qui cherche de la compagnie... et se montre de plus en plus curieuse.

   Dans le même temps, le héros Takakura retrouve certains anciens collègues policiers, qui peinent à élucider une mystérieuse disparition, qu'on pense être en réalité un triple meurtre déguisé. Petit à petit, Takakura découvre qu'il pourrait y avoir un lien avec son voisinage, notamment ce directeur d'association assez mystérieux, très bien campé par Teruyuki Kagawa, déjà vu dans Shokuzai.

   La principale qualité du film est la réussite de cette montée en tension, à l'aide de scènes (en apparence) anodines, au fur et à mesure que de petits incidents impliquent de plus en plus l'ancien policier dans l'enquête. Un mystère plane aussi sur les motivations et la méthodologie du tueur en série. C'est en fait un manipulateur, qui connaît les faiblesses du comportement humain... et étudie la géographie urbaine de son territoire de chasse. Si l'on est indulgent, on dira que l'on peut hésiter quant à son identité. Est-ce le voisin inquiétant ? Sa fille, qui semble bien barrée elle aussi ? Ne faut-il pas plutôt voir dans le profil du tueur l'indication qu'il est de la police ? Mais que cache l'épouse du héros ? Et lui-même, n'est-il pas un peu perturbé ? Ne nous prépare-t-on pas un de ces retournements dont le cinéma de genre est désormais friand ?

   Tout cela donne l'impression que le film est trépidant, alors qu'il n'en est rien. Certaines scènes s'étirent inutilement en longueur. Et Dieu que les adversaires du tueur sont stupides ! Il y a aussi quelques invraisemblances. Au début de l'histoire, un policier accepte de tourner le dos à un psychopathe armé. Plus tard, à plusieurs reprises, on voit un policier (jamais le même) se présenter seul au domicile d'un suspect... dans une enquête pour meurtre ! Je veux bien que les moeurs japonaises soient différentes des nôtres, mais là, je pense que le scénariste plie la réalité au déroulement de son intrigue. C'est donc finalement assez décevant, pas un mauvais film, mais une œuvre très en-dessous de ce que Kurosawa nous a proposé auparavant.

ATTENTION : LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE

   Concernant le héros, on peut s'attendre à un retournement (la révélation qu'il est le tueur et qu'on ne nous a montré qu'une vision déformée des faits) à partir du moment où il discute avec la rescapée du précédent massacre. Celle-ci lui dit qu'il a "un comportement inhumain", expression qu'elle a employée auparavant à propos du voisin de ses parents qui l'a autrefois observée avec tant d'insistance. On comprend un peu plus tard que ce n'est pas la solution. La jeune femme veut oublier ce qui s'est passé chez ses parents parce que le tueur lui a à l'époque retourné le cerveau, faisant d'elle sa complice. C'est un aspect de l'histoire qui est assez subtil, au contraire d'autres éléments, moins élaborés que ce que l'on peut voir dans les meilleurs épisodes de la série Esprits criminels.

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jeudi, 06 juillet 2017

Grand froid

   Cette coproduction franco-belge s'appuie sur une distribution haut-de-gamme : Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet, Philippe Duquesne, Féodor Atkine et Sam Karmann. Le titre, à l'image de son humour, est à double détente : il indique le contexte climatique dans lequel se déroule l'histoire (une contrée nordique qui pourrait être le Canada comme la Pologne, où a été tourné le film) et la qualité des relations sociales, dans cette petite ville où il ne fait pas bon vivre, entre l'absence d'animation et la crise économique.

   L'histoire démarre sur deux faux-semblants, nous présentant les personnages d'Eddy et de Georges. Le premier est incarné par Arthur Dupont, déjà remarquable dans L'Outsider. On le découvre dans une position inattendue. On imagine assez vite quel trait d'humour est à l’œuvre (c'est un croquemort, et il est couché...) mais, quand on découvre toute la scène, c'est encore plus drôle. Georges a les traits de Jean-Pierre Bacri et il ne semble pas dans son assiette. Quoi de plus normal de nous le montrer ensuite dans la salle d'attente d'un médecin, où il côtoie un bel échantillon de nos contemporains, avec leurs qualités et leurs défauts ? Là, le réalisateur se fait malin : il compte sur nos préjugés de spectateurs, habitués à voir Bacri incarner un râleur misanthrope. On commence donc à imaginer la fin de la scène... qui se conclut de manière totalement inattendue.

   Dans la suite du film, ce n'est pas toujours mis en scène avec autant de brio mais, le talent des acteurs aidant, les moments cocasses se succèdent avec bonheur. Je pense notamment à toutes les scènes qui se déroulent à l'intérieur d'une voiture coincée sur un lac gelé... Nos employés de pompes funèbres finissent par avoir un "client"... mais rien ne va se passer comme prévu. Je regrette toutefois les dernières minutes : Gérard Pautonnier semble avoir eu du mal à terminer son histoire, dont il n'a pas exploité toutes les ficelles.

   Cela reste un chouette film, parfois tendre, même s'il mise principalement sur l'humour noir.

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mercredi, 05 juillet 2017

Nothingwood

   Cet étonnant documentaire de la Française Sonia Kronlund est consacré à un pan de la cinématographie afghane, les films d'action populaires produits, réalisés voire joués par Salim Shaheen, sorte de dieu vivant local du septième art... diffusé à la télévision. Par ironie, cette filmographie est appelée "Nothingwood", pour pointer l'écart qui la sépare d'Hollywood et même de Bollywood, la machinerie indienne dont les produits inondent la région.

   Ce Salim Shaheen est une grande gueule avec de l'embonpoint, sorte de Louis Nicollin du cinéma afghan : il est colérique, souvent excessif, mais généreux et soucieux de faire du "bon travail". Tout est relatif : ses films sont constitués de bric et de broc. Les extraits qui sont insérés dans le documentaire ont de quoi faire sourire, voire ricaner.

   Mais ses productions ont le grand mérite d'apporter un peu de rêve à une population qui, à des degrés divers, subit la guerre depuis presque quarante ans. Alors, même s'il est un peu beauf, même s'il manifeste sa suffisance et sa grossièreté en exposant ses pieds nus à son interlocutrice et à la caméra (lors d'un entretien de groupe qui voit les autres participants s'asseoir en tailleur), il est la manifestation d'un espace de liberté dans un pays où l'influence puritaine des talibans recommence à croître.

   La réalisatrice, assez complaisante dans sa manière de s'adresser à lui, au moment du tournage, a pris un peu sa revanche au moment du montage. Elle a notamment intercalé des extraits des films qui font écho à des situations qu'elle a rencontrées en Afghanistan. Ainsi, une vidéo dans laquelle le héros (incarné bien entendu par Salim) arrête une voiture au démarrage par la seule force de ses bras est mise en regard de la résolution d'un mini-embouteillage, qui voit le même Salim (pas tout seul, hein) pousser péniblement un véhicule à l'arrêt.

   D'autres extraits ont pour but de nous faire comprendre d'où vient ce Salim, qui jadis commanda une milice de quartier (de moudjahidines) qui ne se fit pas remarquer par la violence de ses actes. Quasi illettré, il a réussi à monter sa petite entreprise cinématographique, malgré la médiocrité de ses collaborateurs (sauf l'un des acteurs, vraiment charismatique). Je recommande tout particulièrement les scènes de tournage, qui valent leur pesant de cacahuètes !

   Le film mérite le détour aussi pour le portrait de l'Afghanistan qu'il trace, en particulier de la place des femmes. Presque toutes sont confinées à la maison. Parmi celles qui disposent d'un peu de liberté, il y a la jeune actrice vedette (charmante) cornaquée par son père, un type assez ouvert mais qui veille à ce que la bienséance soit maintenue. La jeune femme n'a d'ailleurs aucune envie de passer pour une "danseuse", un terme qui, dans le pays, équivaut visiblement à prostituée.

   Bien qu'il ne dure qu'1h25, ce documentaire est foisonnant, très inégal, un peu long (j'ai parfois regardé ma montre), mais c'est une plongée originale dans l'Afghanistan d'aujourd'hui, comme on ne l'a peut-être jamais vu.

lundi, 03 juillet 2017

Get out

   Le titre fait allusion à une réplique (dans la version originale sous-titrée) : c'est ce que dit l'un des personnages (à l'humeur changeante) au héros, Chris (Daniel Kaluuya, impeccable), au cours d'une réception organisée chez les parents de sa nouvelle petite amie, avec laquelle la relation commence à devenir sérieuse. Précisons que ladite petite amie, Rose (Allison Williams, un clone de Keira Knightley), est blanche, alors que Chris est noir. Il angoisse donc un peu, bien que sa dulcinée lui assure que ses géniteurs sont des "libéraux" (au sens états-unien du terme, c'est-à-dire des progressistes), le père déclarant même qu'il aurait souhaité pouvoir voter une troisième fois pour Barack Obama. Donc, tout va bien ?

   Pas tout à fait. Chris s'étonne que les employés de maison soient noirs... et qu'ils se comportent et s'expriment de manière étrange, comme s'ils venaient d'un autre monde. Et puis il y a cette (future ?) belle-mère, qui a les traits charmants de Catherine Keener, mais qui excelle dans l'hypnose. Le plus inquiétant de la famille est toutefois le frère de Rose, Jeremy (Caleb Landry Jones, vu en 2014 dans Queen and country et surtout, en 2012, dans Antiviral), un étudiant en médecine alcoolique, qui semble avoir du mal à réfréner ses pulsions... et qui manifeste un intérêt prononcé pour les qualités physiques du nouveau petit ami de sa sœur.

   La mise en scène va habilement faire basculer l'histoire. Le début est volontairement plan-plan, mélangeant la comédie romantique et le film de famille. Petit à petit, le réalisateur instille des éléments nourrissant l'inquiétude, avec une remarquable économie de moyens et un réel sens du cadrage. (Ça a l'air pompeux, mais je vous assure que ce Jordan Peele sait construire un plan.) Je ne vais évidemment pas raconter la suite, mais sachez que cela devient mouvementé, avec des rebondissements quasiment jusqu'à la fin.

   J'ai aussi apprécié l'humour (en général pas très fin...) porté par le personnage de Walter, le meilleur ami du héros, un petit gros à la langue bien pendue, dont les interventions font un peu baisser la tension.

   S'appuyant sur la "question raciale", ce petit film d'épouvante est une révélation.

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dimanche, 02 juillet 2017

Nos Patriotes

   Il y a une dizaine d'années, Gabriel Le Bonin s'est fait remarquer avec Les Fragments d'Antonin, un étonnant film ayant pour cadre les conséquences de la Première guerre mondiale. Ici, c'est de la seconde qu'il s'agit, avec d'abord un massacre de tirailleurs sénégalais (parmi d'autres) commis par l'armée allemande. Même si cette anecdote ne fait pas partie de la vie du héros Addi Bâ, elle a été intégrée à l'intrigue, pour contribuer à rendre hommage à ces combattants africains de l'armée française, dont certains se sont illustrés dans la résistance.

   C'est parfois un peu scolaire, voire démonstratif. Certains dialogues ont pour objectif d'informer les spectateurs, comme lorsqu'on fait dire à l'un des personnages féminins (interprété par Alexandra Lamy, par ailleurs très bonne) qu'elle est d'origine alsacienne.

   Je trouve qu'il y a de grands écarts dans la qualité de l'interprétation. Se dégagent nettement Alexandra Lamy et Marc Zinga, qu'on a vu l'an dernier dans Bienvenue à Marly-Gaumont. Beaucoup d'autres ont un jeu correct, mais qui m'est apparu un peu stéréotypé.

   Au niveau de la mise en scène, les scènes d'extérieur m'ont paru moins réussies que celles d'intérieur, qui suscitent davantage le trouble ou l'inquiétude. Le travail sur les lumières est très bon.

   J'ai aussi apprécié la volonté de ne pas brosser un tableau idéalisé de la résistance et des rapports humains. On ne cache pas l'existence de préjugés racistes, y compris chez les rebelles. Du côté du héros, on voit qu'on n'a pas affaire à un saint. Il est certes courageux, mais impulsif, pas suffisamment réfléchi au départ. Qui plus est, il s'est attiré quelques inimitiés en raison de ses succès féminins...

   Le film a aussi le grand mérite de montrer l'ébauche de la formation d'un maquis, avec ses difficultés, et l'importance qu'a eue le S.T.O. dans le recrutement de jeunes hommes. Entre thriller historique et chronique de province, l'auteur ne choisit pas et réussit un assez bel assemblage. Notons qu'il a fallu attendre 60 ans pour que les mérites de Mamadou Addi Bâ soient reconnus.

   PS

   Deux ouvrages ont inspiré le film. J'ai lu l'un d'entre eux, Le Terroriste noir, de Tierno Monénembo, un auteur africain qui aborde le sujet sous la forme d'un roman, dans lequel le narrateur est l'une de ces jeunes Vosgiennes qui ont côtoyé le tirailleur.

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   L'intrigue du film s'éloigne quelque peu de celle du roman. Les auteurs ont dû puiser à des sources plus strictement historiques, comme le site internet consacré au tirailleur par un journaliste local, qui a écrit une biographie du soldat-résistant :

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vendredi, 30 juin 2017

Alerte à Maliburnes

- Monsieur Golant, vous, ici ? Mes parents ne vont pas le croire !

   C'est ainsi que le fils de miennes connaissances a réagi lorsqu'il s'est aperçu de ma présence dans une salle à 90 % composée d'individus âgés de 8 à 16 ans. Ses géniteurs ne l'ont sans doute pas informé de l'éclectisme de mes goûts cinématographiques.

   Je n'étais pas du tout mais alors pas du tout fan de la série, que je trouvais mal jouée, pas drôle. Le film contient évidemment des clins d'oeil à son modèle télévisuel, à travers un porte-clés puis un caméo de David Hasselhoff dans un magasin de téléphonie (il est de retour dans le générique), Pamela Anderson, pleine de maquillage et de plastique, venant faire un petit coucou en fin d'histoire.

   Visuellement, le film joue sur deux tableaux : la parodie et l'autocélébration. On le voit parfaitement dans le choix des actrices principales, au physique irréprochable :

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   Le choix des maillots de bain a sans doute constitué un puissant moment de réflexion pour la production. Fallait-il se limiter à une taille au-dessous ? Aller jusqu'à deux ? Où devait s'arrêter la fermeture-éclair au niveau de la poitrine ? Quelle surface de tissu laisser au niveau des fesses? Cruels dilemmes, que l'on a vus récemment à l'oeuvre dans Instinct de survie.

   Le pire est que les tenues les plus sexys que portent les actrices ne sont pas lesdits maillots de bain, mais des robes de soirée, qui sont franchement à tomber ! La nouvelle C.J. (à gauche ci-dessus), tout de blanc vêtue, donne l'impression d'être sur le point de se donner au premier homme venu (ce qu'elle finit d'ailleurs par faire vers la fin). Victoria-la-méchante (à droite) se voit dotée de robes moulantes qui ne laissent rien ignorer de ses formes sublimes. Cerise sur le gâteau : les déambulations de ces dames sont souvent filmées au ralenti. Les dialogues intègrent aussi le côté "reluqueur"... et l'on a mis dans la bouche des charmantes actrices des répliques parfois assez grossières. Bref, on a tout fait pour appâter le mâle hétérosexuel moyen !

   Pour les homos et les spectatrices hétérosexuelles, on a placé à l'écran deux adeptes du culturisme, le minet Zac Efron et le malabar Dwayne Johnson (avec quelques ambiguïtés dans leurs relations). Ce dernier est vraiment très bon, d'une étonnante décontraction quelle que soit la situation. De surcroît, il arrive à débiter quantité d'insanités avec un naturel confondant. Signalons l'excellent doublage de David Krüger, qui est aussi la voix française de Chris Pratt et de Shemar Moore (dans Esprits criminels). Pour la petite histoire, j'ajoute qu'il a, dans le passé, doublé l'un des acteurs de la série Alerte à Malibu.

   On semble avoir porté un soin tout particulier à l'écriture des dialogues. C'est souvent d'une grossièreté stupéfiante (pour une production à gros budget). On note la récurrence des termes "bite", "nichons", "couilles", ainsi que l'utilisation d'un langage tout aussi ciblé (sur le  plan anatomique), mais d'un niveau plus relevé, avec "scrotum" et "périnée". Cela nous vaut une séquence vraiment tordante, à la morgue. Elle commence par le tripotage d'un cadavre, pour continuer dans des casiers réfrigérés... et se conclure en baston générale, culminant dans un face-à-face épique entre deux boules de muscles, dans une chambre d'enfants !

   Il faut reconnaître que, de ce point de vue, la production ne se fout pas du monde. On a vraiment soigné les scènes d'action, la meilleure étant, selon moi, celle du sauvetage d'un bateau en feu, vraiment bien filmée.

   Et donc vous arrivez à la conclusion que... j'ai aimé ça ! Oh que oui ! C'est ce qu'on appelle parfois un "plaisir coupable", à côté duquel American Pie n'est qu'une bluette monacale pour chartreux en mal d'isolement.

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mardi, 27 juin 2017

Le Grand Méchant Renard

   Le titre de ce film d'animation (adapté de la bande dessinée éponyme) est une antiphrase : le renard n'est ni grand ni méchant, comme on peut le constater dans la deuxième des trois histoires, dont le canidé à fourrure est le héros.

   Au lieu de croquer les poussins éclos des œufs qu'il a volés à la ferme, il en devient la maman ! C'est encore plus drôle quand les bébés grandissent et qu'ils veulent se comporter comme de vrais renards ! Les relations avec/entre les animaux de la ferme sont aussi sources de gags, avec notamment un chien flemmard et de redoutables poules "mamans-grizzlis". Il y a bien un grand méchant dans l'histoire, mais c'est un loup, très inquiétant. A noter aussi que les animaux enfants sont très bien doublés : les voix sont à la fois jeunes et pleines d'innocence, ce qui renforce l'aspect comique de certaines scènes.

   Cette histoire est précédée d'une autre, tout aussi rocambolesque. Une cigogne atterrit à la ferme, incapable d'achever la livraison d'un bébé. Les trois amis (le cochon, le lapin et le canard) vont se charger d'amener le colis à bon port... après moult péripéties. Les relations conflictuelles entre ces copains vont leur compliquer la tâche. On peut remarquer que le cochon incarne le gars posé, réfléchi, peu aventureux, au contraire des deux autres, plus impulsifs voire têtes de linotte.

   L'ensemble se conclut par le sauvetage de la fête de Noël. Au coeur de l'histoire de trouvent la question de l'existence du célèbre vieillard à barbe blanche ... et la livraison des cadeaux. Cela va conduire nos héros à la fourrière... et sur les toits, pour une conclusion des plus surprenantes.

   Ce n'est pas aussi abouti qu'Ernest et Célestine (le précédent film de Benjamin Renner), mais c'est assez drôle et inventif... plutôt destiné au jeune public (dans la salle où je me trouvais, les bambins ont adoré). Les adultes devront faire preuve d'un peu d'indulgence... mais seront quand même "saisis" par certains gags.

   PS

   Le site dédié est bien fichu, drôle et interactif !

13:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 26 juin 2017

Wonder Woman

   Bien qu'étant lecteur de comics, dans ma jeuuuuunesse, je n'étais pas un inconditionnel de cette super-héroïne (j'étais plutôt Marvel que DC). De plus, je n'avais pas été emballé par la série télévisée où elle était incarnée par Lynda Carter. Si je suis allé voir ce film, c'est parce que je pensais que la version "moderne" du personnage était plus intéressante... et parce que je ne risquais de perdre que quatre euros.

   Première remarque : l'héroïne féministe fait recette au cinéma de Rodez, dont il constitue un des succès du moment. Le début est assez entraînant, avec ces origines mythologiques qui ont fait fantasmer tellement d'hommes (ah, les Amazones...). Ceci dit, ce n'est pas super-bien joué, mais les scènes où l'ont voit les guerrières s'entraîner sont très réussies. On y reconnaît la patte du couple Snyder (Zach a réalisé 300 et scénarisé la suite) qui, bien que n'ayant pas mis en scène le film, a sans doute été à la manœuvre, en coulisses. Aux cinéphiles je signale que la réalisatrice Patty Jenkins est l'auteure de l'excellent Monster (avec Charlize Theron).

   Je suis resté sur ma bonne impression avec l'arrivée des troupes allemandes, qui donne lieu à une bataille fort bien orchestrée entre la troupe d'Amazones et les guerriers européens surarmés. Cette tranche d'agressivité maîtrisée est heureusement contrebalancée par quelques notes d'humour, quand la princesse Diana découvre l'individu de sexe masculin qu'elle a sauvé des eaux... qu'elle découvre d'ailleurs sous toutes ses coutures, lui demandant s'il est "dans la moyenne" des hommes... Son interlocuteur, fort bien bâti (mais quelque peu embarrassé par sa totale nudité), finit par lâcher qu'il est "un peu au-dessus de la moyenne"... Le public de la salle a aussi savouré le quiproquo né d'une question de Diana, qui se demande ce que peut bien être "cette chose"... un objet ou une partie de l'anatomie ? Je vous laisse le soin de le découvrir.

   Le ton de la comédie est maintenu lors de l'arrivée de Diana en Europe. Il y a déjà le voyage dans un bateau exigu, qui se prête à quelques incongruités. Il y a surtout le caractère ingénu de l'héroïne, qui méconnaît les usages en vigueur dans le monde des humains.

   Mais, très vite, l'action revient au premier plan, dans une séquence ébouriffante qui se déroule en Belgique, d'une tranchée à un village bombardé. C'est spectaculaire et fort bien joué. Je n'en dirai pas autant du combat final, qui oppose Diana au super-méchant qu'elle a fini par trouver. C'est inutilement grandiloquent, alors que, dans la réalité, les deux personnages sont sans doute suspendus à des câbles devant des fonds verts. La dernière image est tout aussi ridicule, avec l'héroïne qui s'élance droit sur l'écran, à la façon d'anciens comics. Je suis décidément trop vieux pour ce genre de gamineries. Mais l'ensemble forme un agréable divertissement. L'actrice Gal Gadot (aperçue dans Triple 9), belle et athlétique, a du charisme. Les relations avec les autres personnages sont assez bien mises en scène et, surtout, les effets spéciaux sont de très bonne qualité, en particulier les ricochets des balles sur son bouclier.

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dimanche, 25 juin 2017

Ce qui nous lie

   Je ne sais pas si je serais allé voir ce film sans la Fête du cinéma. J'ai été jadis un fan de Cédric Klapisch, celui du Péril jeune, d'Un air de famille et de Chacun cherche son chat. J'ai arrêté après L'Auberge espagnole. Ici, c'est le contexte viticole qui m'a intéressé. Klapisch greffe là-dessus une intrigue familiale comme il les aime, une histoire qu'on croit être au départ celle d'une relation frères-sœur... mais qui est aussi celle d'une relation père(s)-fils.

   Klapisch savait sans doute qu'il était attendu au tournant, notamment sur les paysages. Je confirme donc ce qui a déjà été abondamment dit : ils sont superbes. On a droit à quelques plans purement esthétiques, très réussis. Mais les rangées de vignes sont également très bien intégrées à l'intrigue, au quotidien.

   J'ai aussi apprécié le côté documentaire de certaines scènes, sur les vendanges, le pressage du raisin, la dégustation, la taille des vignes, leur traitement. Le réalisateur ne cache pas les tensions qui peuvent surgir dans ce milieu si particulier. Il en fait des éléments de rebondissement, parfois un peu téléphonés.

   Cela m'amène aux relations entre les personnages. C'est en général très appuyé. Les dialogues et la mise en scène sont chargés de suggérer l'indécision, l'écartèlement. Je crois que même le spectateur le plus abruti a compris à quel point le héros (Pio Marmai, potable, que l'on peut voir dans un autre registre dans l'excellent K.O.) est déchiré entre l'Australie et la Bourgogne (plus exactement entre sa compagne et son gamin d'un côté, son frère et sa sœur de l'autre). De la même manière, l'indécision de Juliette (Ana Girardot, qu'on a connue meilleure) entre la crainte des responsabilités à assumer et l'amour de la vigne est transparente. Mais le pire est atteint avec le benjamin Jérémie, archétype de la victime qui va se rebeller (un petit peu).

   Je suis sorti de là assez satisfait, mais pas emballé. C'est plutôt un film qui caresse dans le sens du poil.

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samedi, 24 juin 2017

Les Ex

   A priori, ça sent la comédie lourdingue "à la française", avec vedettes de la télévision, gags éculés et scénario paresseux. En fait, il y a une véritable histoire, je dirais même un enchevêtrement d'histoires. On n'atteint pas la virtuosité de Short Cuts de Robert Altman, mais Maurice Barthélémy réussit à faire se croiser quasiment tous les protagonistes de son film.

   Le carrefour stratégique est... un VTC (véhicule de transport avec chauffeur), de genre Uber. La majorité des personnages principaux vont y passer. Le chauffeur lui-même fait partie de l'intrigue. En le quittant, son ex lui a laissé son chien, un bouledogue nommé Jean-Claude, qui pète et qui vomit... (Je dois reconnaître que je suis client de ce genre d'humour raffiné.)

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   Je ne peux pas vous dire pourquoi, mais sachez que Jean-Claude va rapprocher Greg (le chauffeur) de Solène, une de ses charmantes clientes, dont les parents sont sur le point de divorcer. Ceux-ci sont incarnés avec gourmandise par Patrick Chesnais et Natacha Lindinger :

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   Il se trouve que Caroline Atlan (Natacha Lindinger) est la soeur d'un psychiatre médiatique bobo, auquel Jean-Paul Rouve prête ses traits avec talent. Lui est déjà divorcé, mais il va devoir gérer ses deux jumelles adolescentes (l'une d'entre elles très libidineuse)... et une éventuelle nouvelle relation avec une charmante animatrice radio, interprétée par Judith El Zein (vue récemment dans Papa ou maman 2) :

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   L'ex-épouse du psychiatre va avoir un accident, en un lieu où vont se croiser le chauffeur VTC et une policière qui vient de se faire larguer par une "artiste de la nuit" québécoise... et truculente (Zoé Duchesne... fiouuuuu). Cette policière va "entrer en contact" (je ne vous dis pas comment) avec le nouveau petit ami de son ex, qui connaît certains des personnages cités plus haut. La boucle sera bouclée quand on aura vu Marina (la Québécoise) faire son jogging avec sa meilleure amie, sur le point de se marier... dans l'église où officie son ex, devenu prêtre !

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  Le scénario prend donc la forme d'un "marabout de ficelle" très plaisant, agrémenté d'une musique entraînante, avec beaucoup de gags. J'ai souvent ri, parfois ricané. Cela a même un côté exutoire : nombre de situations rappelleront des moments vécus ou des scènes auxquelles on a assisté comme témoin.

   Certaines sont particulièrement bien tournées, comme l'agression que subit le nouveau petit ami de l'ex-lesbienne québécoise ou encore la discussion intime que Caroline Atlan a avec son frère psy dans des circonstances que l'on découvre au fur et à mesure que progresse l'entretien... Vers la fin, l'un des personnages a droit à sa petite vengeance, complètement inattendue, puisqu'on ignorait sa profession auparavant.

   Les hommes ne sortent pas grandis de cette histoire et les femmes sont toutes belles, chacune dans son genre. Je pense ne pas trahir grand chose en révélant que l'intrigue se dirige vers une fin heureuse, avec une louche de "politiquement correct". Cette comédie ne va sans doute pas renouveler le genre, mais, pour 4 euros, lors de la Fête du cinéma, elle fera passer un agréable moment.

22:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Churchill

   On peut commencer par dire ce que ce long-métrage n'est pas : ni un biopic, ni un film d'histoire. On va voir qu'il en donne une version très biaisée, tout à l'honneur (ou presque) du personnage principal, le Premier ministre britannique.

   Qu'est-ce donc alors ? Une sorte de pièce de théâtre, filmée en partie en décors extérieurs. Elle nous présente les atermoiements du grrrand homme Churchill dans les jours et les heures qui ont précédé le débarquement du 6 juin 1944.

   Le film mérite le détour en raison de la prestation des acteurs, au premier rang desquels Brian Cox, très crédible en vieux bouledogue anglais, colérique, alcoolique et amateur de cigares. Il contribue à dresser la statue du grand homme, avec ses forces et ses faiblesses : il n'est plus aussi vaillant qu'autrefois, sa vie de couple part en sucette... et (quand on connaît la suite de l'histoire) il manque un peu de lucidité.

   Aux côtés de Cox se distinguent John Slattery (qui excelle à incarner l'Américain Eisenhower, en contraste complet avec le Britannique) et Julian Wadham, très bon en général Montgomery, quintessence de l'officier britannique... qui n'hésite pas à dire son fait à l'arrogant Premier ministre. Cela donne quelques scènes savoureuses... et une autre, empreinte d'émotion, entre le chef du gouvernement et le monarque bègue, James Purefoy ne parvenant toutefois pas à faire oublier le Colin Firth du Discours d'un roi.

   En dépit des quelques critiques formulées, cela reste globalement complaisant avec Churchill. De plus, la trame des événements qui se sont déroulés au début du mois de juin 1944 est tronquée, voire déformée. Si Churchill a émis des doutes sur le Débarquement, ce ne fut pas de manière aussi virulente. De surcroît, il manque un personnage dans la galerie des interlocuteurs du Premier ministre à l'époque : Charles de Gaulle. Celui-ci l'a rencontré à plusieurs reprises... mais il n'apparaît à aucun moment dans le film. Il aurait notamment dû figurer dans la scène où Eisenhower expose ses plans à ses alliés. (Même si ce n'est pas un monument d'objectivité, la lecture du deuxième tome des Mémoires de guerre s'impose, en particulier celle du chapitre VI "Diplomatie".)

   Le film se garde aussi d'expliquer que, si Churchill tient autant à la progression des troupes en Italie, c'est parce qu'il a un œil sur l'Europe centrale et les Balkans, où il redoute l'arrivée prochaine des Soviétiques. Il voudrait que les Anglo-américains y pénètrent le plus vite possible, quitte à délaisser un peu la France. Et puis le scénario n'aborde pas du tout l'enfumage réussi par les services secrets britanniques, qui sont parvenus, à l'aide (entre autres) d'agents retournés, à convaincre les nazis que le véritable débarquement devait avoir lieu dans le Pas-de-Calais, les opérations de juin 1944 ne constituant qu'un leurre. Le temps gagné grâce à ces manœuvres a contribué à la réussite d'Overlord.

   De tout cela il n'est pas question dans ce film partial et incomplet, pourtant servi par une bonne distribution.

mercredi, 21 juin 2017

K.O.

   Au sens littéral, le titre désigne l'état dans lequel se retrouvent certains participants à des combats de boxe (semi) clandestins, auxquels assiste le héros Antoine (Laurent Lafitte, magistral). Au sens figuré, le titre fait allusion à la sensation de chaos (un terme homophone du titre) qu'éprouve Antoine lorsqu'il sort du coma. L'une des clés de l'énigme est la cause de ce coma : est-ce une crise cardiaque ou une balle qui lui a été tirée dans la poitrine ? Nous voilà lancés dans la résolution d'une énigme psychologique, qui n'est pas sans rappeler Mulholland Drive de David Lynch. (C'est dire la qualité du scénario coécrit par Fabrice Gobert.)

   PARTIE 1 (environ 30 minutes)

   Antoine est un directeur de chaîne télévisée arrogant, déterminé, sans pitié. Tout ou presque lui réussit. Égocentrique, il ne se rend pas compte du malheur qu'il peut répandre autour de lui... jusqu'au jour où sa compagne (Chiara Mastroianni, assez bonne, pour une fois) décide d'écrire un roman à clés. En même temps, au boulot, les nuages s'accumulent... jusqu'à l'incident.

   Cette partie a le mérite de mettre en scène un prédateur et de pointer certaines des mauvaises habitudes du petit monde de l'audiovisuel, que l'auteur connaît bien. Au second degré, il y a peut-être aussi une dénonciation de la manière dont Vincent Bolloré a "repris en mains" le groupe Canal+.

 

   PARTIE 2 (environ 1h10)

   Antoine se réveille d'un long coma. Très vite, tout lui paraît bizarre. Certains visages familiers ne correspondent pas aux noms ou aux fonctions qu'il leur connaissait auparavant. Pire, il découvre qu'il n'est qu'un simple présentateur météo, en fin de course, et que ses diverses conquêtes ne semblent pas le connaître, à commencer par sa compagne !

   La satire sociale est toujours présente dans cette partie. Certaines personnes ont profité de l'absence du héros pour jouer leurs propres cartes. L'hypocrisie et l'ambition sont à leur comble. (Pour les acteurs, ça a dû être un bonheur d'incarner deux versions de leur personnage.)

   Plus étrange, certaines des répliques entendues dans la première partie refont leur apparition, prononcées par d'autres personnes, dans un contexte différent. Que se passe-t-il réellement ?

   On peut formuler quatre hypothèses.

   La première est qu'aucune des deux parties ne représente la réalité. Il s'agit de vies alternatives, créées par le cerveau du héros hospitalisé. Ses multiples pertes de conscience, suivies d'autant de réveils, penchent dans ce sens.

   La deuxième hypothèse est que les deux parties représentent la réalité. On en arrive à la conclusion que le héros a raison d'être paranoïaque : il est victime d'un complot. Mais qui l'a ourdi ? Et pourquoi ?

   La troisième hypothèse est que seule la partie 1 représente la réalité, la deuxième (cauchemardesque) se déroulant dans l'esprit du héros comateux : elle met en scène ses pires craintes.

   La quatrième hypothèse est le miroir de la précédente : seule la partie 2 représente la réalité, la première étant un fantasme du héros comateux, insatisfait de sa carrière télévisuelle comme de sa vie sentimentale.

 

   PARTIE 3 (environ 10 minutes)

   On retrouve l'Antoine de la partie 1... et l'on croit comprendre quelle est la bonne version... jusqu'aux trente dernières secondes, qui bouleversent à nouveau le schéma de l'intrigue. C'est passionnant... et tellement bien construit que cela a désarçonné une bonne partie de la critique et des spectateurs.

 

VOICI VENU LE MOMENT D'AIDER LES SPECTATEURS UN PEU MOUS DU BULBE OU CEUX QUI N'ONT PAS VOULU FOURNIR L'EFFORT DE RÉFLÉCHIR À CE QUI LEUR ÉTAIT MONTRÉ À L'ÉCRAN.

DONC, SI VOUS N'AVEZ PAS ENCORE VU LE FILM ET QUE VOUS DÉSIREZ PRÉSERVER LE CHARME DE LA DÉCOUVERTE, IL VAUT MIEUX ÉVITER DE LIRE CE QUI SUIT.

Là, je vois que vous avez ralenti sur la barre de déroulement, pensant que cette partie du texte, rédigée en caractères de taille plus réduite, allait vous donner la solution de l'énigme... Eh bien non ! Nananèreux !

JE COMPRENDS LA FRUSTRATION DES CINÉPHILES QUI, EN LISANT DES CRITIQUES DE SPECTATEURS, CHERCHENT UNIQUEMENT À SE FAIRE UNE OPINION (POUR DÉCIDER SI TEL FILM VAUT LA PEINE D'ÊTRE VU EN SALLE) ET QUI SE RETROUVENT AVEC UNE CHRONIQUE QUI EN EXPOSE LES MOINDRES DÉTAILS.

   Sans révéler le contenu des trente dernières secondes, je peux dire qu'elles incitent à penser que la partie 2 est la réalité, les parties 1 et 3 formant un seul bloc, celui d'une vie fantasmée par un homme qui a connu non pas un mais deux comas. De surcroît, pour que l'histoire soit bien lisible, il faudrait regarder le film dans un ordre différent : partie 2, puis parties 1 et 3. (Même si cela fonctionne aussi en gardant l'ordre des parties, je penche pour une déconstruction plus subtile.) Dans la réalité, Antoine se réveille après un premier coma (suite à sa crise cardiaque). C'est le coup de feu du policier qui le plonge dans le second, où il revit sa vie, de manière modifiée, imaginant que c'est son rival qui lui tire dessus et inversant leurs positions sociales par rapport à la réalité. C'est là que le choix de l'acteur est déterminant : on est tellement habitué à voir Laurent Lafitte interpréter des personnages puissants qu'on a tendance à penser que ce sont les parties 1 et 3 qui sont réelles.

   Il reste le cas des phrases répétées. On a visiblement demandé à Laurent Lafitte de réagir d'une certaine manière quand il est censé les entendre à nouveau, dans la partie 2. En réalité, ces phrases le marquent non pas parce qu'il les a déjà entendues mais parce que ce sont des formules chocs, souvent blessantes et qu'il en souffre. Dans la réalité alternative de son coma, il s'attribue les plus mordantes, se donnant un rôle de vainqueur.

   Je reconnais deux limites à ma théorie. La première est que, dans la partie 2, dès son réveil, le héros affirme que c'est son rival qui lui a tiré dessus, comme s'il fallait voir les parties dans un ordre chronologique. (On pourrait aussi affirmer que la partie 1, vue après la partie 2, ne fait que concrétiser dans le fantasme les préjugés du héros.) La seconde limite est l'arrivée du révolver entre les mains d'Antoine, un peu trop belle... ou alors il y a un truc qui m'échappe. (Cela pourrait accréditer l'hypothèse que tout est fantasmé... ou alors c'est que les scénaristes, à force de vouloir déjouer la sagacité des spectateurs, se sont un peu emmêlé les pinceaux.)

JE DOIS DIRE QUE JE SUIS ENTIÈREMENT D'ACCORD AVEC CE POINT DE VUE ET QUE RIEN NE M'AGACE PLUS QUE CES ABRUTI-E-S QUI DÉVOILENT TOUT D'UN FILM QU'ILS (ELLES) ONT VU AVANT LES AUTRES.

BON, SI VOUS ÊTES ARRIVÉS LÀ APRÈS AVOIR TOUT DÉROULÉ, PENSANT QUE LA SOLUTION SE TROUVAIT A LA FIN DU BILLET, VOUS ÊTES GROSJEAN COMME DEVANT. JE VOUS RECOMMANDE D'ALLER VOIR UN PEU PLUS HAUT. ;)

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mardi, 20 juin 2017

La Momie

   Pour prendre goût à cette énième version de film d'aventures égyptolo-fantastiques, il faut s'affranchir de certains éléments. Tout d'abord, il faut croire en un gros mensonge : que la deuxième croisade serait passée par l'Egypte, au XIIe siècle. Or, c'est un siècle plus tard que des combattants de la foi européens se sont tournés vers l'Afrique du Nord... et ce n'étaient pas des Anglais, mais des Français. D'autre part, il faut accorder du crédit à une nouvelle légende mystérieuse mettant en scène les Templiers, qu'on aura décidément accommodés à toutes les sauces !

   Si vous passez outre ces réserves et si vous supportez qu'un scénariste continue, au XXIe siècle, à faire commettre des actes de la pire imprudence à certains de ses personnages, alors, vous pouvez commencer à profiter de la séance.

   Parce qu'il faut le reconnaître : c'est bigrement bien foutu. Les effets spéciaux déchirent (aussi bien dans les scènes égyptiennes que dans celles londoniennes, avec un pic de virtuosité dans l'accident d'avion). C'est visuellement très réussi, avec un gros travail sur les décors. (Il n'y a pas que du numérique. De surcroît, le film a été tourné sur pellicule.)

   J'ai aussi apprécié les pointes d'humour, souvent au détriment du personnage principal Nick Morton (Tom Cruise, dont le processus de vieillissement semble avoir été plus qu'enrayé... voilà un autre mystère à éclaircir...). Les scènes où il apparaît avec son meilleur ami donnent naissance à des moments cocasses, quand celui-ci est vivant... et plus encore quand il est mort ! Je pense notamment à leur discussion dans les toilettes pour dames d'un restaurant. Et puis il y a les relations compliquées que Nick entretient avec les femmes... deux en fait : la ravissante archéologue (Annabelle Wallis, un peu transparente) et, surtout la reine-déesse Ahmanet, superbement incarnée par Sofia Boutella, que j'avais découverte dans Kingsman. Si l'expression "beauté du diable" signifie quelque chose, c'est bien ici :

Momie 2.jpg

   Et quel joli costume !

   Quoi qu'il en soit, notre héros viril et gouailleur va se faire traiter comme du bétail par la dame, qui l'examine sous toutes les coutures pour vérifier qu'il a bien le potentiel pour être son "élu"... et, s'il lui prend l'idée de se rebeller contre elle, la déesse n'hésite pas à lui administrer une petite correction. Je vous laisse aussi découvrir dans quelles circonstances Nick se prend des coups de pompes dans la tronche...

   Je rassure les fans du fientologue : le scénario lui ménage quelques moments de bravoure... et une fin ouverte, puisque cet opus est sensé être le point de départ d'une série de films mettant en scène divers monstres. Les spectateurs attentifs repèreront la présence de Mister Hyde, du crâne d'un vampire et de quelques autres bricoles qui indiquent qu'on a songé à plusieurs suites potentielles.

   Après un bon repas, avec un peu d'indulgence, cela se regarde sans peine... et c'est moins consternant que Le Roi Arthur !

   PS

   Histoire d'élever le niveau, je signale qu'au détour d'une scène, il arrive que le film délivre un ou deux messages. Le principal est la dénonciation du trafic d'antiquités. Mais l'on peut aussi voir une bande d'abrutis de Daech détruire des merveilles mésopotamiennes. Rien que pour cela, La Momie mérite notre bienveillance.

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dimanche, 18 juin 2017

HHhH

   Derrière ce titre énigmatique se cache un acronyme, celui (en allemand) de la phrase "Le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich". C'est la reconnaissance du rôle de ce personnage méconnu, Reinhard Heydrich, une des pires ordures du IIIe Reich, dont la renommée n'a pas atteint, dans le grand public, celle de types comme Hitler, Himmler, Goebbels ou Göring. C'est en partie en raison de son assassinat par la résistance tchécoslovaque, en mai 1942. Le film propose à la fois une biographie du chef nazi et une analyse des tenants et aboutissants de son assassinat.

   La première partie est assez originale parce qu'elle nous montre l'ascension d'Heydrich, vue de l'intérieur. Le réalisateur Cédric Jimenez (auquel on doit La French) réussit à suivre de près le "héros" sans tomber dans la complaisance. L'excellente interprétation de Jason Clarke (vu récemment dans Enfant 44, Terminator Genisys et La Planète des singes : l'affrontement) aide aussi beaucoup. Bien qu'il ne ressemble guère au véritable Heydrich, il rend totalement crédible son personnage d'implacable nazi, "au cœur d'acier". Cependant, ceux qui (comme moi) verront le film en version française, pourront être gênés par le fait que Clarke ait la voix... d'Anthony DiNozzo (de NCIS), puisqu'il est doublé par Xavier Fagnon.

   L'intérêt de cette première partie est de montrer que rien n'est écrit d'avance. Heydrich est un de ces fils de bonne famille engagés dans l'armée (ici la marine), que la situation de l'Allemagne dans les années 1920 laisse sans grand espoir de carrière... surtout que le monsieur a beaucoup de mal à gérer ses pulsions. C'est un peu plus tard que l'on comprend l'insertion d'une scène un peu racoleuse, au début, mais qui finit par prendre tout son sens. La rencontre d'Heydrich avec sa future épouse fait basculer l'intrigue. Elle est remarquablement interprétée par Rosamund Pike (qui était fantastique dans Gone Girl). Elle nous permet de comprendre l'attitude d'une partie des élites allemandes, qui ont vu dans Hitler un sauveur, un homme capable de rendre au pays sa grandeur passée. Mais cette nazie convaincue est un peu trop séduisante à mon goût.

   Néanmoins, ce personnage est un bon exemple du rôle que les femmes ont pu jouer. Lui correspond, côté résistance tchécoslovaque, Anna Novak, qui a les traits de la talentueuse Mia Wasikowska (Albert Nobbs, Maps to the stars, Alice - De l'autre côté du miroir). A ses côtés, on peut souligner la présence de Céline Sallette, excellente en mère courage tchèque. Les autres acteurs masculins sont bien, mais ils m'ont moins marqué (allez savoir pourquoi).

   Ces personnages de résistants sont au cœur de la seconde partie du film, qui montre l'organisation et le déroulement de l'attentat, ainsi que ses conséquences (la répression et la traque menées par les nazis). Cela contribue à rééquilibrer l'histoire qui, sinon, aurait pu paraître un peu trop en empathie avec le couple nazi. A ce sujet, Jimenez a l'habileté de montrer l'évolution du rapport de force entre Heydrich et son épouse. Lors de leur rencontre et au début de leur mariage, c'est elle qui "porte la culotte". On pourrait même dire que c'est elle qui a "façonné" le futur dirigeant SS. A partir de la guerre, il est devenu le dominant et, si l'on suit le réalisateur, il s'est déshumanisé, complètement bouffé par l'idéologie nazie.

   Même si ce film comporte des facilités et, sur la fin, recourt un peu trop au mélodrame, il est une tentative originale de montrer ce que fut le nazisme. Une partie du public y découvrira les prémices de l'extermination des juifs et un très bel hommage à la résistance tchécoslovaque, dont on a peu parlé en Europe de l'Ouest.

vendredi, 16 juin 2017

Psiconautas

   Cette animation espagnole est enfin sortie en France (et arrivée en Aveyron). Disons-le tout de suite : elle est à réserver aux adolescents et aux adultes, tant elle est macabre.

   L'action se déroule sur une île isolée du reste du monde, à la suite de ce qui ressemble à une explosion atomique (ou d'une usine chimique). Les principaux personnages sont des enfants, qui ont des têtes d'animaux (chien, porc, oiseau, souris, rat...). Il y a notamment Birdboy, le fils du gardien de phare qui a été assassiné et Dinky, qui voudrait devenir son amie... et surtout fuir une famille oppressante. Autour d'eux gravitent des enfants des rues, un marin-pêcheur, un apprenti-policier... et de mystérieuses lucioles.

   Le monde des adultes est montré comme une horreur pour ces enfants. C'est violent, sombre et les gamins eux-mêmes ne sont pas solidaires les uns des autres. C'est un peu chacun pour soi. Et puis il y a l'autre monde, auquel on accède par un passage secret, et où tout semble possible.

   C'est évidemment un film à message(s)... mais Dieu que c'est lourd et déprimant ! Un conseil : avant d'y aller, chez vous, mettez les armes sous clé, débarrassez-vous des cordes et fermez le gaz !

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jeudi, 15 juin 2017

Le Roi Arthur - La Légende d'Excalibur

   C'est à Guy Ritchie (réalisateur de Sherlock Holmes et, surtout, d'Agents très spéciaux) qu'a échu la tâche de revivifier la légende arthurienne, dans ce qui semble être le premier opus d'une série en construction. Il a imprimé sa marque sur l'histoire, lui donnant un tour furieux, parfois hyperviolent, le tout servi par d'excellents effets spéciaux et une musique clinquante (un peu comme dans 300).

   Incontestablement, il y a du savoir-faire. Les amateurs d'imagerie médiévale à la sauce jeux vidéo seront comblés, ainsi que ceux que régaleront les péripéties du scénario... à condition de ne (presque) rien connaître de la légende arthurienne.

   C'est là un gros problème. Sous prétexte de moderniser l'intrigue, on a littéralement saccagé les récits de chevalerie. Dès le début, dans une séquence pourtant éblouissante sur le plan visuel (avec de gigantesques éléphants démoniaques), on est dans la supercherie, avec un "méchant" appelé Mordred... mais qui est un mage maléfique, non le fils d'Arthur... et pour cause, puisqu'il a pour rival Uther Pendragon qui, selon les mythes, était le père d'Arthur. La mort de ce père s'écarte aussi des schémas légendaires, dans le but de mettre valeur le personnage de Vortigern (Jude Law, très très vilain).

   Mais le pire est à venir. L'origine de l'épée Excalibur n'est pas vraiment expliquée. Si j'ai plutôt bien aimé la représentation de son pouvoir magique, le lien avec la Dame du Lac arrive comme un cheveu sur la soupe, de manière très scolaire, comme une obligation par laquelle il fallait passer mais dont on n'a pas trop su quoi faire.

   Et Merlin dans tout cela, me demanderez-vous ? Ben, rien, ou presque. Il est bien question de mages dans l'histoire et il est même fait allusion à l'un d'entre eux, mais nulle part il n'apparaît physiquement dans le film, alors qu'il est intimement lié à Excalibur. Par contre, on nous présente une sorte de "Merline" (bien interprétée par Astrid Bergès-Frisbey, une Frenchie remarquée dans Pirates des Caraïbes IV)... mais il s'agit en réalité de Guenièvre, qui n'a rien d'une magicienne dans la légende arthurienne !

   Si vous êtes capables de faire abstraction du gloubi-boulga mythologique que constitue le scénario, vous pourrez prendre du plaisir à ce film d'action violent (et quasiment sans humour), sinon... attendez plutôt la sortie de Baywatch !

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mardi, 13 juin 2017

Je danserai si je veux

   C'est le bouche-à-oreille qui m'a poussé à aller voir ce long-métrage signé par une Palestinienne et produit par l'Israélien Shlomi Elkabetz, auquel on doit Le Procès de Viviane Amsalem. Après avoir vu le film, on comprend ce qui réunit ses promoteurs, qu'ils soient musulmans, juifs ou chrétiens : la dénonciation des sociétés patriarcales en général et du machisme en particulier.

   L'intrigue se situe dans un univers méconnu par le public occidental, celui des Arabes israéliens, les descendants des Palestiniens qui ont continué à vivre dans les limites de l'Etat israélien créé en 1948-1949. Les cinéphiles en ont déjà rencontré au cinéma, dans Ajami, Héritage et, plus récemment, le documentaire Dancing in Jaffa. (Pour la petite histoire, sachez que le comédien qui interprète le héros du récent Chanteur de Gaza est lui-même un Arabe israélien.) L'action se déroule à Tel-Aviv, la grande ville laïque de la côte méditerranéenne, où toutes les populations se mélangent et tous les comportements sont possibles...

   On va plus particulièrement suivre trois femmes, très différentes, mais qui, toutes, vont se retrouver confrontées à la domination masculine. En réalité, elles sont quatre, puisque la meilleure amie de deux d'entre elles (et cousine de la troisième) se marie dans la première partie du film. Celui-ci débute par les conseils à la future mariée : sois belle et obéis, un mantra qui nous paraît inacceptable dans un monde civilisé.

   Je trouve que la caractérisation des trois héroïnes est un peu manichéenne. Laila est une avocate célibataire, libre comme l'air et belle à tomber. Salma, adepte du piercing, travaille dans un restaurant, est un petit peu moins jolie, mais mène sa vie privée comme elle l'entend. Nour est une étudiante en informatique boulotte, issue d'une famille musulmane intégriste. Elle est promise en mariage à un cousin, visiblement proche des idées du Hamas palestinien. En gros, moins l'héroïne est jolie, moins elle est libre.

   Cela devient intéressant quand, une fois le dispositif mis en place, les choses commencent à évoluer. L'avocate en a un peu assez de sa vie de patachon et cherche à se caser... sans se renier. Salma la chrétienne se cherche, écartelée entre ses désirs et la pression de ses parents plutôt conservateurs, qui n'imaginent pas quelle vie mène leur fille à Tel-Aviv. Quant à Nour, venue de la campagne, elle découvre un monde nouveau... et la camaraderie féminine.

   Car ces trois femmes que beaucoup de choses séparent vont finir par s'entraider. Je ne peux révéler pourquoi, mais sachez que l'une d'entre elles va subir un traumatisme. A un moment, j'ai craint que l'on tombe dans le film de vengeance, mais c'est plus subtil que cela, la réalisatrice Maysaloun Hamoud tenant visiblement à donner sa chance à chacun de ses personnages, y compris masculins.

   Au-delà du contexte palestinien, elle a créé un film de portée universelle, qui parlera aussi bien aux gamines de banlieue française qu'aux hindoues de Delhi... et aux hommes du monde entier !

dimanche, 11 juin 2017

Le Chanteur de Gaza

   A partir d'une histoire vraie, le réalisateur Hany Abu-Assad (connu pour Le Mariage de Rana, Paradise Now et Omar) a bâti une fiction à caractère documentaire. Son originalité réside dans sa première partie, qui décrit l'enfance du héros à Gaza. On y (re)découvre les galères du quotidien et l'art de la débrouille d'une bande de copains qui rêve de faire carrière dans la musique. Ce n'est pas toujours très bien joué, mais il y a un certain souffle.

   L'arrière-plan politique est présent mais pas de manière ostensible. A plusieurs occasions, il est fait allusion au blocus israélien. On sent aussi les tensions entre Palestiniens, selon qu'ils penchent pour l'OLP ou le Hamas. La famille du héros se trouve visiblement dans le premier camp : dans la chambre du fils, on ne peut pas ne pas remarquer le poster de Yasser Arafat. A travers plusieurs détails, on cherche à nous faire comprendre que cette famille est celle de "Palestiniens moyens", pas franchement traditionalistes.

   La seconde partie nous transporte à l'époque récente, lorsque le héros est devenu adulte. Pour gagner sa vie, il fait le taxi, mais il espère toujours percer dans la chanson. Notons que l'acteur qui incarne Mohammed Assaf est un beau gosse, qui a de la voix... et, pour ce qu'on peut en voir (et entendre) à la toute fin du film, c'est conforme à la réalité. Le réalisateur n'en fait pas un saint pour autant. Le jeune homme est caractériel, un peu capricieux. Mais il étouffe à Gaza, où il ne se voit aucun avenir, à cause du blocus israélien... et de la férule du Hamas, qui ne nous est montrée que sous le prisme de la méfiance des religieux pour les chansons profanes.

   L'objectif du réalisateur est plutôt de montrer ce qui unit les Palestiniens que ce qui les divise. Il évite donc d'insister sur la dictature religieuse exercée par le Hamas... et de montrer trop de femmes (intégralement) voilées. Pour incarner la petite amie du héros, il a choisi une actrice que l'on pourrait prendre pour une Européenne... et qui s'habille avec une liberté que bien des femmes de la région lui envieraient. Et puis il y a ce détail... oh, pas grand chose, juste un pendentif, une sorte de porte-bonheur que le héros a attaché au rétroviseur intérieur de sa voiture-taxi : il a la forme d'une carte, celle de la Palestine mandataire (ante-1948). C'est indirectement la revendication (pour les Palestiniens) de l'intégralité de ce territoire et l'expression du désir de voir disparaître Israël.

   La suite de l'histoire prend un tour sirupeux. Tout va finalement contribuer à la réussite du jeune homme, des douaniers du Hamas finalement compréhensifs aux organisateurs du concours égyptien, vite emballés par ce chanteur palestinien, dont on sent qu'il pourrait contribuer à doper l'audience de l'émission (un aspect de son parcours que le réalisateur se garde de souligner). Là, franchement, c'est souvent mal joué et très appuyé. Le seul moment de cinéma est la séquence qui voit le héros douter, assailli par la responsabilité qui pèse sur ses épaules : les médias ont fait de lui (qui ne rêve que de chanter) le porte-parole de la Palestine. Le film a au moins le mérite de nous faire comprendre qu'une émission de divertissement plutôt bas-du-plafond peut comporter des enjeux géopolitiques qui la dépassent. Mais on est très loin des précédentes œuvres du réalisateur.

samedi, 10 juin 2017

Conspiracy

   Ce thriller complotiste bénéficie d'une distribution haut-de-gamme avec Lisbeth Salander Noomi Rapace (bondissante comme jamais), Toni Collette (en femme de pouvoir), Michael Douglas (en vieux routier qui en a sous la semelle), John Malkovich (auquel le rôle de chef d'antenne de la CIA convient parfaitement) et Orlando Bloom (excellent en cambrioleur plus ou moins gentleman).

   Le début suit la trame classique de la lutte des services secrets contre l'islamo-fascisme. C'est bien fichu et prenant... sauf, qu'au bout d'environ une demi-heure, l'héroïne (puis les spectateurs) comprend que quelque chose cloche. A ce moment-là, l'intrigue bascule dans du sous-Greengrass. Force est de constater que, comme metteur en scène, Michael Apted n'arrive pas à la cheville du modèle.

   Evidemment, il y a un traître. Evidemment, il y a de la baston dans l'air. Evidemment, l'héroïne va être blessée (mais pas trop quand même, hein). Evidemment, elle va être trompée. Evidemment, elle va être aidée. Evidemment, elle va finir par triompher.

   On pourrait se dire que ce ne sont que des resucées mais, qu'après tout, il reste le plaisir de découvrir qui a monté cette conspiration. Ben, là aussi, c'est décevant. Je ne voudrais pas avoir l'air de me vanter, mais j'ai vite compris à propos de qui il y avait anguille sous roche. On s'en rend compte quand, au cours d'une scène d'action filmée en plans rapprochés, tout à coup, la caméra s'éloigne pour filmer un événement pourtant capital pour la suite de l'histoire. Aux amateurs de littérature policière, je conseille de rechercher du côté de Dix Petits Nègres...

   Tout ça pour quoi ? Pour suggérer que, derrière les attentats islamistes, il y a de méchants Occidentaux et qu'il existe de "gentils" intégristes... On n'est pas obligé de souscrire à cette géopolitique de comptoir.

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vendredi, 09 juin 2017

Django

   La critique a fait la fine bouche devant ce portrait du musicien tsigane pendant la Seconde guerre mondiale. Je me suis décidé à aller voir ce film pour plusieurs raisons : la présence d'acteurs que j'apprécie au générique, l'envie d'entendre la musique "manouche" et l'intuition qu'Etienne Comar (le réalisateur) n'avait pas fait un travail de sagouin.

   Je reconnais qu'il y a quelques maladresses, peut-être dues au montage. Le film durant déjà presque deux heures, on a visiblement pratiqué quelques coupes, pas toujours judicieusement choisies. Ainsi, durant la scène qui voit l'un des musiciens du groupe parisien de Django refuser de le suivre en Suisse, les deux hommes sont d'abord assis face-à-face, avant que le musicien ne se lève. L'instant d'après, il est dans les bras de Django, que l'on n'a pas vu se lever. Cela fait une drôle d'impression. Un peu plus loin, c'est la découverte puis l'inhumation du cadavre d'un petit personnage qui est traitée de manière cavalière, au point que cela nuit à la compréhension de ce moment de l'histoire.

   Ces réserves émises, le film est de bonne facture, avec quelques effets de mise en scène, notamment dans l'excellente séquence du dîner-spectacle, dans la riche demeure des bords du lac Léman. Je pense, entre autres, à l'arrivée des musiciens, que l'on voit déboucher en haut d'un escalier puis entrer dans une pièce où les attend une sorte de maître d'hôtel, dont on ne voit que le visage, par reflet, dans un miroir. C'est dire toute la distance symbolique qui le sépare des Tsiganes pourtant si proches de lui à cet instant. Peu avant le concert, c'est le jeu des pieds qui transmet certains sentiments.

   C'est de plus bien joué. Reda Kateb est très bon en Django, dont il a tenté d'imiter la gestuelle musicale, de manière convaincante. Face à lui, Cécile de France se débrouille bien, malgré le mauvais traitement que subit son personnage. C'est une mondaine, qui évolue entre résistance et collaboration "horizontale". Son personnage aurait mérité d'être un peu plus fouillé. C'est une autre femme qui rayonne sur le film : la mère du héros, incarnée par Bimbam Merstein, un mélange de babouchka et de mère juive polyglotte, possessive et caractérielle... adorable !

   Notons que le film ne fait pas du musicien un saint. Celui-ci pense essentiellement à son art, à l'alcool et au poker. Il est présenté comme égocentrique et, au départ, peu soucieux du contexte politique dans lequel il évolue. Incidemment, l'intrigue montre que l'occupation allemande a servi sa carrière : dans le Paris de l'époque, les jazzmen américains sont interdits, tout comme les musiciens juifs...

   Ce film réunit donc les qualités de plusieurs genres : le film de guerre (avec des nazis redoutables... et des collabos minables), le film musical (excellent), le film d'amour (moyen) et le film à suspense, cette histoire étant relativement méconnue. C'est aussi l'occasion de rappeler que deux génocides ont été perpétrés pendant la guerre : celui des juifs et celui des Tsiganes.

jeudi, 08 juin 2017

Full Metal Jacket

   Le cinéma de Rodez, dans le cadre de son programme "patrimoine", rediffuse de temps à autre un "bon vieux film", que seuls les spectateurs les plus âgés ont pu voir dans une salle. Ces derniers temps, on a eu droit à La Grande Vadrouille, L'Histoire officielle ou encore Chantons sous la pluie. Va donc pour l’œuvre de Kubrick sur grand écran, en version originale sous-titrée.

   J'ai retrouvé la puissance des 45 premières minutes, celles qui décrivent la formation des recrues, sous la férule de l'instructeur Hartman, un personnage devenu emblématique du cinéma de guerre, d'autant plus qu'il était incarné par un acteur non-professionnel, l'ancien marine Ronald Lee Ermey (qui a servi au Vietnam).

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   Cette partie est aussi l'occasion de découvrir Vincent d'Onofrio à ses débuts, dans le rôle marquant d'un apprenti-soldat grassouillet, gentil comme tout au début, mais qui va devenir le souffre-douleur de l'instructeur et de ses camarades. Les téléspectateurs le connaissent surtout sous les traits de l'inspecteur Goren, dans la série New York, section criminelle.

   Cette première partie a le grand avantage de permettre d'enrichir son vocabulaire en insultes discriminatoires, tant le langage d'Hartman est fleuri... et politiquement incorrect. Il est sexiste et homophobe, mais se défend de tout racisme... puisque, noires comme blanches, toutes ses recrues sont des lopettes !

   C'est évidemment hilarant, mais aussi, parfois subrepticement subversif : au moment de leur incorporation, les recrues passent chez le coiffeur. Quand on observe les mains de l'homme qui s'occupe de la tignasse des jeunes, on remarque que les Blancs se font souvent tondre par un Noir et les Noirs toujours par un Blanc...

   La seconde partie, qui se déroule au Vietnam, est un chef-d’œuvre de tension. Il n'y a de violent que le strict nécessaire, mais avec un tel art dans l'enrobage qu'on a l'impression de suivre une troupe au front. Kubrick dénonce l'absurdité de la guerre, sur fond de fumée rougeâtre et d'incendies, donnant un cadre somptueusement infernal aux déambulations de ces soldats perdus de l'Amérique.

   Quel film !

   P.S.

   A Rodez, plusieurs séances supplémentaires sont programmées les après-midi de cette semaine.

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mardi, 06 juin 2017

Les Gardiens de la galaxie 2

   Je n'ai pas vu le premier volet et je ne connaissais pas ces héros parodiques de l'univers Marvel. Mais, un soir, porté par le bouche-à-oreille et l'envie de voir un film moins déprimant que Glory, je me suis glissé dans l'une des grandes salles du multiplexe ruthénois... et je ne l'ai pas regretté.

   Le début est "gonflé". Le générique s'enclenche en plein milieu d'une baston qui a dû coûter un bras à mettre en scène, l'un des personnages se déhanchant devant la caméra (sur un fond musical tonique), pendant que ses acolytes risquent leur peau face à un horrible monstre de l'espace.

   Cela donne le ton du film, survitaminé aux effets spéciaux et adepte d'un humour transgressif qui ravira petits et grands. Pour le dire autrement, c'est pipi-caca-vomi. Pour le pipi, il y a une formidable rupture de ton au cours d'une scène père-fils très solennelle. Pour le caca, il y a la menace proférée par le renard putois raton-laveur, qui promet de venir déposer un joli cadeau sur l'oreiller de l'un de ses camarades. Pour le vomi, il y a la réaction d'un des membres de l'équipe après un vol mouvementé...

   C'est donc une histoire rythmée, pleine de bruit et de fureur... et de couleurs. C'est très beau à voir sur grand écran, avec des teintes bleutées, orangées, dorées, des effets luminescents avec une flèche perforante et ces vaisseaux scintillants en forme de capsules.

   Par contre, il ne faut pas trop s'attarder sur les dialogues. En général, ils sont d'une grande banalité. A quelques occasions, ils soulignent le comique d'une scène particulièrement réussie, comme la capture d'une partie des membres de l'équipe, la recherche par ceux-ci d'un moyen pour s'enfuir et, finalement, leur échappée du vaisseau des pirates de l'espace.

   Je n'ai guère goûté les considération familiales, tout comme celles sur l'amitié qui se noue entre ces personnages au départ si dissemblables (voire ennemis). C'est banal et même parfois gnangnan. Au niveau des acteurs, c'est évidemment surjoué. Chris Pratt ne fait pas d'étincelles. Il est peut-être moins bon que dans Passengers. Je préfère nettement le personnage de Rocket. Mais ce sont les dames qui m'ont le plus touché. Celle qui nous offre la meilleure composition d'actrice est à mon avis Karen Gillan en Nebula. Pom Klementieff est très bien aussi en Mantis, tout comme Elizabeth Debicki en Ayesha. (On avait remarqué celle-ci dans Agents très spéciaux.)

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   Franchement, les deux heures passent rapidement et on en a pour son argent.

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dimanche, 04 juin 2017

Glory

   Le titre "français" de ce film gréco-bulgare gagne en clarté ce qu'il perd en subtilité par rapport à l'original, Slava. Celui-ci est à double voire triple (quadruple ?) détente : il signifie "gloire", en russe (et sans doute aussi en bulgare) et c'est la marque de la montre (de fabrication russe) du héros, l'aile de papillon qui va déclencher une série de péripéties ubuesques. Mais c'est aussi une allusion à la population (et à l'âme) slave... et à l'esclavage, c'est-à-dire la domination que subit un peuple victime d'une élite corrompue.

   C'est vous dire qu'on est ici dans le film à thèse, avec une morale à la clé. Le scénario est bigrement bien ficelé, mais, sur le fond, il est très ambigu.

  Les scènes du début plantent bien le décor. Il est d'abord question d'une fraude aux marchés publics (voilà pour la corruption des élites) puis du siphonnage du réservoir d'une motrice de la SNCF locale... par des cheminots (voilà pour la corruption du peuple). Entre les deux se trouve le héros, le cantonnier Tsanko Petrov, pas bien riche mais avec des valeurs, comme l'honnêteté.

   Assez vite, il entre en contact avec le principal personnage féminin de l'histoire, Julia, la directrice de communication du ministre des Transports, incarnée avec beaucoup de talent par Margita Gosheva. Cette superbe quadragénaire, travailleuse et ambitieuse, n'a que du mépris pour l'honnête cantonnier qui avertit les autorités quand il découvre un sac de billets éventré sur l'une des voies qu'il est chargé d'entretenir. Lui aussi est présenté de manière caricaturale : c'est un vieux garçon, solitaire, sale et bègue. (N'en jetez plus !) Mais c'est la cérémonie de congratulations qui fait déraper l'histoire : Julia lui prend temporairement sa vieille montre (le ministre va lui en offrir une neuve, devant les caméras)... mais elle oublie de la lui rendre et ne se rappelle plus où elle peut bien être... alors que c'est la seule chose qui importe à Tsanko (la montre lui a été offerte par son père, avec une inscription). A partir de là, progressivement, les ennuis s'enchaînent, pour la directrice de com' et pour le cantonnier, pris dans un tourbillon médiatique qu'ils n'ont pas vu venir.

   C'est habilement mis en scène, mais pas aussi drôle que ce qui a été dit. Surtout, le portrait qui est brossé de cette Julia est presque uniquement à charge... et un peu puant sur les bords. Elle incarne la femme moderne, "occidentale" dans son mode de vie... et indépendante. Elle règne sur un bureau où les hommes sont aux ordres... jusqu'à quitter leur pantalon pour obéir à celle qui "porte la culotte" (dans des circonstances que je vous laisse découvrir). La même idée est illustrée un peu plus loin, lorsqu'une de ses assistantes force un caméraman à prêter sa chemise au héros, non par compassion, mais pour qu'il passe mieux à l'écran ! Quant au mari, c'est un gentil nounours qu'elle mène par le bout du nez. (On nous suggère même qu'elle a sans doute eu quelques aventures extra-conjugales.) Le message est clair : messieurs les Bulgares, l'occidentalisation de la société vous fait perdre vos couilles ! C'est d'autant plus gênant que les personnages les plus antipathiques sont montrés couverts par le drapeau européen, jusque dans une scène grotesque, qui voit l'héroïne se faire une injection fertilisante cachée derrière l'emblème communautaire. C'est, pour les auteurs, une autre manière de dénigrer cette femme moderne, qui, à quarante ans, n'a toujours pas d'enfant, ayant sans doute choisi de privilégier sa carrière (et alors, de quoi je me mêle ?). Mis bout à but, ces éléments constituent un tableau qui manque de nuance... sauf, peut-être sur la fin.

 

ATTENTION :

LA SUITE DU BILLET RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE

 

   La fin est assez habilement amenée. Quand on a compris les présupposés idéologiques des auteurs, on se dit qu'un événement dramatique (et vengeur) risque de survenir. Dans un premier temps, le suspens est maintenu. On est tenté de croire que Julia va perdre les embryons qu'elle a eu tellement de mal à obtenir. Eh bien, non ! Elle amorce même un changement d'attitude, devenant plus compassionnelle, après une cuite pitoyable où elle est filmée de manière dégradante. Elle finit par retrouver la montre de Tsanko, mais c'est en voulant la lui rendre en personne qu'elle subit son châtiment, des mains de sa victime (indirecte). Pendant qu'elle se fait tuer, son compagnon écoute tranquillement du jazz dans sa belle voiture. Les "bobos" sont bien punis... Par contre, ni les dirigeants corrompus, ni les flics véreux ni les cheminots magouilleurs (et ultraviolents) ne subissent un tel sort. Uniquement la femme, l'intermédiaire. D'un côté, on pense que les auteurs ont voulu montrer l'impunité dont jouissent certaines castes. De l'autre, on se dit qu'il est tout de même étrange que, dans cette fiction, un type de personnage en prenne plein la figure (au propre comme au figuré).

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