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mardi, 20 octobre 2015

Umrika

   Il a fallu du temps pour que ce film indien, sorti en juillet dernier, arrive à Rodez. L'histoire nous est racontée en partie par une voix-off, dont on finit par comprendre qu'elle est celle de l'auteur adulte de certaines lettres, jamais lues auparavant.

   L'action débute au milieu des années 1980, dans le nord de l'Inde. La région est très pauvre... et très éloignée psychologiquement du monde moderne incarné par les Etats-Unis, où certains jeunes hommes décident d'émigrer, pour changer de vie et tenter d'améliorer celle de leur famille. Le lien entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés est maintenu par des lettres, si possibles illustrées de photographies. Leur absence peut être lourde de conséquences.

   La première moitié de l'histoire est jouée sur le ton de la comédie. La vie au village est assez pittoresque. A un moment, le couple principal nous est même décrit comme l'équivalent du duo Reagan-Gorbatchev ! On se régale aussi de l'incompréhension née du fossé culturel qui sépare les Etats-Unis de l'Inde rurale.

   La deuxième partie se déroule quelques années plus tard. Elle voit Ramakant (le fils cadet de la famille principale) partir à la recherche de son aîné Udai, sur l'émigration duquel il a des doutes. Que lui est-il réellement arrivé ? S'il est mort, qui l'a tué ? S'il est vivant, où se trouve-t-il ?

   Il débarque dans une grande ville, où il va découvrir la promiscuité, la délinquance... et peut-être l'amour. D'un côté, il mène sa petite enquête pour tenter de retrouver les traces du passage de son frère. De l'autre, il économise pour pouvoir se payer le passage (clandestin) pour les Etats-Unis. Mais la vie de tous les jours n'est pas des plus simples et la ville recèle de nombreux dangers. Même si des éclairs d'humour surgissent de temps à autre, cette seconde partie est plus sombre. Les jeunes personnes dont nous suivons les efforts vont chacune devoir faire des choix cruciaux. Entre l'envie de vivre, l'appât du gain et l'honneur familial, le coeur balance...

   La réalisation est parfois un peu maladroite, ou théâtrale, mais l'humour et la tension créée par l'histoire emportent l'adhésion. C'est un bon film indien, qui s'écarte des clichés de Bollywood.

22:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 19 octobre 2015

Par accident

   Ce thriller social français part d'une soirée entre collègues (employés dans une blanchisserie), qui se conclut, pour l'une des protagonistes (Amra), par un accident de la circulation : l'attention occupée par son téléphone portable, elle perd de vue la route... et renverse un piéton.

   Amra est d'autant plus inquiète que sa situation en France est précaire : immigrée originaire d'Algérie, elle est en voie de régularisation. C'est pire pour son compagnon, travailleur clandestin qui vit dans l'angoisse d'un contrôle policier. L'héroïne est interprétée (avec talent) par Hafsia Herzi (révélée par La Graine et le mulet, remarquée aussi dans Héritage et La Marche).

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   L'une des trouvailles du scénario est de faire vivre le couple dans une cabane au fond des bois. Cela donne un aspect bucolique à certaines scènes. En revanche, les moments de tension prennent un tour plus inquiétant.

   L'intrigue gagne en épaisseur avec l'intervention d'un témoin providentiel, incarné par Émilie Dequenne (petit pincement au cœur du vieux cinéphile, pour qui elle restera à jamais la jeune Rosetta des frères Dardenne). Autant Amra est (au début) terne et renfermée, autant Angélique est (en apparence) vibrante et extravertie. Le courant passe bien entre les deux contraires, qui vont se découvrir et s'épauler. Il y a un côté "Thelma et Louise" dans cette relation asymétrique.

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   L'histoire gagne encore en complexité quand on découvre, petit à petit, que l'un des personnages semble faire preuve de machiavélisme. Qui manipule qui et pourquoi ? La réalisation nous laisse longtemps dans l'expectative, empêchant les spectateurs de trancher avec certitude entre plusieurs versions possibles. Cela nous mène à la séquence finale, au style trop appuyé à mon goût. Mais elle clôt logiquement l'intrigue.

   Si vous en avez l'occasion, allez voir ce film atypique, qui, mine de rien, dit des choses intéressantes sur les relations humaines et la société française contemporaine.

23:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 18 octobre 2015

Fou d'amour

   Ce film de Philippe Ramos s'inspire d'un célèbre fait divers, l'affaire du curé d'Uruffe, avec laquelle il a pris quelques libertés pour organiser le récit. Celui-ci nous est conté par un homme qui a perdu la tête... au propre comme au figuré. Notons que le film commence par un beau plan-séquence. C'est indicateur du talent du réalisateur, qui fait preuve d'inventivité dans pratiquement chaque scène.

   Mais c'est d'abord le ton de la première partie qui retient l'attention. On se croirait presque dans un roman libertin, dont l'action se déroule dans la campagne rhône-alpine (de cheval). C'est que l'arrivée du nouveau curé ne manque pas de susciter de l'émotion dans le village. L'homme est jeune, cultivé, bien bâti. Il s'occupe avec passion de l'instruction religieuse mais aussi des loisirs des enfants. Il écoute avec patience les doléances des épouses... et, accessoirement, il en "besogne" quelques-unes, mettant un point d'honneur à leur faire atteindre le septième ciel. Dans le rôle, Melvil Poupaud s'en donne à cœur joie.

   L'intrigue bascule quand débarque une jeune aveugle, innocente et belle comme le jour. Le curé, qui n'était jusque-là qu'un hédoniste égaré en religion, tombe raide dingue de cette femme à nulle autre pareille. Le film le montre chuter de son piédestal, devenir finalement un homme comme les autres. Bref, il ne maîtrise plus la situation.

   Subrepticement, la mise en scène place davantage les femmes au centre. Au départ, elles ne sont que les objets du désir du curé. Signalons qu'elles sont interprétées avec talent, notamment par Dominique Blanc, excellente en châtelaine d'âge mur travaillée par le désir, une quasi-cougar avant l'heure !

   C'est aussi un film de mec. Le point de vue du curé est mis en valeur et la caméra s'attarde avec une certaine complaisance sur quelques superbes corps de femme, en particulier ceux de l'aveugle et de la laitière, celle-ci évidemment dotée d'une très avantageuse poitrine... Mais l'image est soignée. Bien que l'histoire soit très différente, on retrouve la même sensualité que dans Jeanne captive.

   Par souci d'honnêteté, le réalisateur a inséré sur la fin quelques plans pour éviter que l'empathie du spectateur envers le "héros" ne soit trop grande. Cela donne un très bon film, servi par d'excellents acteurs.

   P.S.

   Le site internet dédié au film est bien fichu.

   P.S. II

   Sur RTL, Jacques Pradel a consacré une émission de "L'heure du crime" à la célèbre affaire.

vendredi, 16 octobre 2015

Aferim !

   Le titre de cette coproduction tchéco-bulgaro-roumaine est une interjection turque, généralement traduite par "Bravo !". Vu les circonstances dans lesquelles elle est proférée, elle pourrait aussi être l'équivalent d'un "Dieu soit loué !" ou d'un "Inch Allah !"

   L'action se déroule en Roumanie (sans doute en Moldavie), en 1835, à une époque où les influences russe et ottomane s'entrechoquent dans cette partie des Balkans. Mais l'essentiel de l'intrigue traite des relations de la population orthodoxe avec les Roms, nommés ici Tziganes. On notera aussi le statut inférieur des femmes, épouses trompées, prostituées, concubines plus ou moins forcées.

   C'est d'abord un superbe noir et blanc, qui m'a, par instants, rappelé Heimat. L'image est souvent très belle, surtout dans les scènes nocturnes. On a aussi visiblement bien travaillé les décors.

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   On a beaucoup parlé des dialogues, truculents, mais dont on ne perçoit toutefois pas toute la saveur : faute de comprendre le roumain, on doit se contenter des sous-titres. Je recommande quand même l'une des séquences du début, faisant intervenir un pope très intolérant, qui tient des propos dont la cohérence intellectuelle n'est pas la première qualité...

   Nous voilà en compagnie d'une sorte de gendarme et de son assistant de fils, partis à la recherche d'un Rom qui, en plus d'être un esclave en fuite, a contre lui d'avoir copulé avec l'épouse légitime du potentat local.

   J'ai eu du mal à rentrer dans le film. L'intrigue met du temps à se mettre en place et les dialogues, aussi savoureux soient-ils (parfois), semblent placés là pour faire couleur locale. Heureusement, il y a les images et les détails de certains plans, que l'auteur a construits avec soin.

   Inexplicablement (pour moi), cela bascule dans la seconde moitié de l'histoire. A partir du moment où les gardes ont capturé le Rom, cela devient captivant. On comprend mieux le foisonnement des conditions sociales, en particulier la situation extrêmement précaire des Roms, victimes d'un esclavage organisé. (Le scénario est assez subtil pour suggérer qu'ils exercent aussi une sorte de fascination sur les autres habitants de la région.)

   Mais, ce sont toutes les catégories populaires qui souffrent. La perversité du système archaïque en place à l'époque est de monter les groupes (voire les individus) les uns contre les autres, pour le plus grand profit des dominants. Et l'on finit par se dire qu'à travers cette époque révolue, le réalisateur Radu Jude pointe discrètement certains travers du XXIe siècle.

21:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 octobre 2015

L'Odeur de la mandarine

   Cette odeur est celle qui émane du museau des chevaux. C'est aussi celle de la jument (qui porte le nom du fruit), lorsqu'elle a ses chaleurs. C'est donc évidemment une allusion à l'accouplement, celui des animaux et celui des humains, dont les chevaux sont des substituts.

   L'action se déroule à la fin de la Première guerre mondiale, entre juillet et novembre 1918, en Picardie, à proximité immédiate du Front (côté français). A plusieurs reprises, on perçoit un écho étouffé des combats, si proches et pourtant si lointains de la vie quotidienne des héros, qu'ils ont pourtant marqués au fer rouge.

(Je tiens à signaler que je suis très satisfait de la phrase précédente.)

   Ces héros sont un homme et une femme. A ma droite voici Charles, officier de cavalerie récemment amputé d'une jambe. C'est un célibataire endurci, qui n'a sans doute connu que des filles de joie. Il vit entouré de ses vieux domestiques... et de sa jument, Mandarine, qu'il a réussi à préserver des réquisitions. Est-il utile de préciser qu'Olivier Gourmet est remarquable dans le rôle ?

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   A ma gauche voilà Angèle, l'infirmière douce, la veuve éplorée, hantée par la mémoire de l'amour disparu. C'est aussi une jeune femme indépendante, cultivée, dotée d'un sens de la répartie qui contribue à "épicer" l'intrigue. A la fois belle, drôle et émouvante, Georgia Scalliet est la révélation de ce film, auquel son personnage (et sa manière de l'interpréter) donne une épaisseur inattendue.

   Signalons que les seconds rôles sont à la hauteur, avec (notamment) Dimitri Storoge (vu l'an dernier dans Belle et Sébastien) en soldat-palefrenier inquiétant et Hélène Vincent en vieille nourrice dévouée.

   La première partie de l'histoire montre la naissance d'une complicité. Ces trois-quarts d'heure passent comme un rêve. Quand l'intrigue a pris un tour plus conflictuel, j'ai eu peur que le scénario ne tienne pas la route... et j'avais tort. On nous a ménagé de petits rebondissements, à intervalle régulier, sans que cela soit apparent.

   Il est bientôt question d'un soldat déserteur et de l'étalon qu'il traîne avec lui. Ce magnifique cheval noir est l'objet de toutes les convoitises. On songe notamment à l'accoupler avec Mandarine, dans une association que l'on est tenté de comparer avec les protagonistes qui se déplacent sur deux pattes (ou une et demi).

   Autre attrait du film : la qualité de l'image. C'est souvent superbe à l'écran. (Merci Yves Angelo.) Certaines scènes ont été tournées dans les forêts de Rambouillet et de Fontainebleau. Plusieurs moments-clés se déroulent à proximité d'un lac... et font intervenir un cerf majestueux, sorte d'esprit animal chargé de veiller sur la jeune femme.

   Moins strictement historique de La Peur (mais plus réussie sur le plan cinématographique), cette fiction est pour moi un film à voir absolument.

vendredi, 09 octobre 2015

Hôtel Transylvanie 2

   Sorti il y a deux ans et demi, le premier opus avait été une agréable surprise. On reprend l'histoire là où on l'avait laissée : la fille du comte Dracula (Virginie Efira, impeccable), amoureuse de son djeunse, va l'épouser... puis tomber enceinte. Eh, oui : même les monstres ont une vie "normale" !

   Le début est donc assez vaudevillesque, gentiment drôle sans être hilarant. On retrouve des références à La Famille Adams, ainsi qu'à Mon Beau-père et moi. De temps en temps, un détail piquant vient rappeler l'irrévérence du premier film. (J'ai ainsi été particulièrement sensible au vomi de mouton !)

   L'histoire se corse quand la question de la nature du bébé se pose : est-il un vampire ou un humain ? Pas facile à dire, vu que les rejetons des suceurs de sang peuvent attendre jusqu'à cinq ans avant de voir pousser leurs impressionnantes canines. Plus le moment fatidique approche, plus Dracula (Kad Merad, très bien) angoisse : il ne faudrait tout de même pas que sa descendance rejoigne le camp des humains ! Cela nous vaut plusieurs scènes très réussies, au cours desquelles le comte et sa bande de bras cassés tentent d'éveiller le gamin à sa "véritable nature".

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   Cela se complique un peu plus quand débarque celui que papy Dracula fait tout pour tenir à l'écart de la vie familiale : son propre père. Celui-ci, quoique plus tout à fait vaillant, dispose encore d'un considérable pouvoir de nuisance. Dans la version française, Michel Galabru prête sa verve à cet aristocrate ultraconservateur, doté d'un nez et d'un menton immenses... et dont la seule compagnie est constituée des monstres les plus horribles que la Terre ait sans doute portés.

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   Au niveau de l'animation, c'est du bon boulot. On a particulièrement travaillé le contraste des lumières. Certaines scènes de nuit, bleutées, sont superbes. Du côté des personnages, ce sont les chauves-souris qui m'ont le plus impressionné. La qualité est proche de celle de Ratatouille, c'est dire !

   Signalons que dans la dernière partie de l'histoire survient un affrontement assez inattendu, qui dégénère en quasi-pugilat général. Je recommande tout particulièrement ces cinq-dix minutes de folie, qui méritent à elles seules le détour.

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jeudi, 08 octobre 2015

Une Femme iranienne

   Tourné en 2011, ce film iranien n'est sorti en France qu'au printemps dernier... et il arrive en Aveyron au début de l'automne. La première partie de l'histoire, qui évoque la vie difficile d'une conductrice de taxi (par nécessité), n'est pas sans rappeler Taxi Téhéran et Ten. Ce n'est toutefois pas aussi habilement filmé. Cela vaut surtout par la description des difficultés de la jeune femme, dont le mari est en prison et qui doit rompre avec certaines convenances pour s'en sortir financièrement. Par petites touches, on a aussi un aperçu des tensions sociales qui traversent le pays.

   La deuxième partie de l'histoire m'a fait penser à Thelma et Louise. Deux femmes aux tempéraments très différents partent à l'aventure, en voiture, l'une d'entre elles fuyant un homme autoritaire. Notons que les deux actrices principales sont excellentes. C'est la mise en scène qui n'est pas toujours à la hauteur. Ne vous attendez pas non plus à une qualité d'image exceptionnelle. Mais ce n'est pas laid pour autant.

   Hélas, le film bascule ensuite dans le mélo. Le ton parfois ironique du début cède la place au style plaintif, le tout au service d'une défense appuyée, lourde, soulignée au gros feutre rouge du droit à la différence. J'ai trouvé plus intéressant qu'au second degré, la réalisatrice se serve du cas des "transgenres" pour soutenir le droit des femmes à choisir leur mari et à vivre leur quotidien avec plus d'autonomie.

samedi, 03 octobre 2015

Les Chansons que mes frères m'ont apprises

   Ces chansons, l'héroïne Jashaun va petit à petit les entendre au contact de membres de sa tribu (des Sioux, plus précisément des Lakotas), notamment des hommes de sa famille élargie. Elle découvre l'existence de la plupart d'entre eux à la suite du décès de son père : celui-ci a eu 25 enfants, de neufs femmes différentes !

   L'action se déroule dans des paysages magnifiques, ceux d'une réserve indienne (Pine Ridge) située dans le Dakota du Sud. A première vue, ce lieu n'évoque pas grand chose aux oreilles européennes. Lorsque l'on apprend que c'est dans cette zone que s'est produit le massacre de Wounded Knee, en 1890, on en comprend toute la charge symbolique.

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   Ce qu'il reste des Lakotas se débat dans de considérables difficultés. A l'intérieur de la réserve, 80 % des actifs sont au chômage et l'alcool, bien qu'interdit, fait des ravages. Il est introduit en douce par des trafiquants issus eux-mêmes de la réserve. Le frère de Jashaun, Johnny, sert de coursier à l'un d'entre eux. Au début, on nous présente le frère et la soeur comme entretenant une relation quasi fusionnelle, en harmonie avec leur environnement.

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   Mais le jeune homme ne pense qu'à partir, pour accompagner sa petite amie en Californie, où elle va poursuivre ses études pour devenir avocate. (Apparemment elle est l'une des rares bonnes élèves du lycée local). Au passage, on nous propose une séquence quasi surréaliste dans l'établissement scolaire, avec un enseignant qui ressemble davantage au gourou d'une secte qu'à un prof. Pendant le dernier cours, on remarque surtout que la plupart des élèves manipulent des animaux qui, dans le monde "civilisé", feraient fuir la population !

   En réalité, Johnny ne sait pas trop où il va. Il est dingue de sa petite amie (fort charmante il est vrai), mais il n'a qu'une vague idée de la vie qu'il va mener à Los Angeles. Il a encore l'espoir de percer dans la boxe, mais ses illusions vont tomber. Enfin, même son petit trafic est menacé par de potentiels rivaux.

   Si l'histoire nous est contée sous le regard des deux jeunes, c'est celui de la benjamine, âgée d'une douzaine d'années, qui prend le dessus. (L'actrice est épatante.) Ah, oui, j'oubliais : il y a un frère aîné, mais il est en prison. Quant à la mère, elle ne se distingue pas par son implication dans l'éducation des enfants.

   Présenté ainsi, le film pourrait paraître déprimant. Ce n'est heureusement pas le cas. D'abord, parce que la mise en scène est réussie, certaines scènes étant littéralement envoûtantes. Ensuite parce que la petite Jashaun va prendre son destin en mains. Elle va se rapprocher d'un étrange tatoueur (alcoolique lui aussi, mais sympa), dans l'espoir qu'il lui confectionne une robe traditionnelle pour un pow-wow. De plus, bien qu'attachée à la culture ancestrale, la pré-adolescente n'en manifeste pas moins de l'intérêt pour une activité "de Blancs" qui fascine les hommes : le rodéo.

   Cela donne un ensemble étonnant, d'une beauté douce et (parfois) triste. Signalons que la réalisatrice, Chloé Zhao, est née en Chine.

   P.S.

   Un musée virtuel de Wounded Knee est accessible (en anglais) sur la Toile.

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vendredi, 02 octobre 2015

La Peur

   Ce film est l'adaptation d'un roman qui avait été publié en 1930, avant d'être interdit. Sur le fond, le propos est assez antimilitariste, ceci expliquant peut-être cela.

   Mais c'est d'abord une œuvre de fiction, à la fois dure et d'une grande beauté plastique, par instants. Je pense notamment aux scènes de nuit et à la mort du cheval, qui m'a rappelé un plan saisissant de Jarhead, qui se déroule pourtant dans un contexte très différent (celui de la première guerre du Golfe). Le réalisateur est aussi très doué pour filmer les corps, ceux des "poilus" (en plus ou moins bon état) et ceux de jolies jeunes femmes (la compagne du héros et une infirmière, dont les spectateurs n'ignoreront plus rien de l'anatomie).

   Sur le fond, le scénario vise à l'exhaustivité, introduisant, au fur et à mesure de l'histoire, tous les aspects du conflit, de l'entrée en guerre plus ou moins joyeuse au soulagement de l'armistice, en passant par la dureté de la vie dans les tranchées, le fracas des armes et les relations parfois difficiles entre soldats et officiers. Le souci de réalisme a sans doute poussé le réalisateur à calquer certains plans sur des photographies anciennes ou des images d'actualité (en particulier quand on voit des soldats se mouvoir dans les tranchées).

   Pour moi, les meilleurs moments sont ceux qui se déroulent dans l'hôpital où atterrissent les blessés graves. Des acteurs truculents donnent vie à ces corps brisés, face à des infirmières présentées plutôt comme des objets que comme des sujets. J'ai aussi bien aimé la séquence avec le fou alcoolique, qui évolue dans les limbes de la guerre et de la conscience humaine.

   Tout cela devrait donc donner un excellent film. Et pourtant... c'est long et par moments un peu pénible, pour une raison : la diction des acteurs (sans doute mal dirigés), dont le jeu est excessivement théâtral. Ajoutons que le héros est un personnage assez fade, de surcroît incarné par un acteur peu charismatique. C'est vraiment dommage.

samedi, 26 septembre 2015

Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E.

   Guy Ritchie (le réalisateur de Sherlock Holmes) est aux manettes de cette nouvelle adaptation d'une série culte de la seconde moitié du XXe siècle. Quand elle avait été (re)diffusée en France, le public s'était divisé en deux camps : les fans de Napoleon Solo et ceux d'Illya Kuryakin. J'étais plutôt Kuryakin... surtout qu'il était incarné par un acteur que j'avais déjà vu auparavant dans L'Homme invisible : David McCallum (aujourd'hui plus connu pour son rôle de "Ducky" dans NCIS).

   Cette fois-ci, j'ai eu un peu de mal à m'habituer aux interprètes des personnages principaux. Henry Cavill (le Superman de Man of Steel) est un insupportable playboy américain, arrogant voire condescendant... mais il porte de très jolis costumes ! Face à lui (et bientôt à ses côtés), Armie Hammer (très bon dans J Edgar) est une boule de violence et d'opiniâtreté. Le côté "super agents quasi invulnérables" du début m'a agacé. Cela "passe" finalement très bien parce que, dès la séquence initiale, la réalisation est brillante. La course-poursuite au coeur du Berlin de la Guerre Froide est extraordinaire ! Et puis quelle musique ! Elle a le "cachet" des années 1960 et s'adapte parfaitement à l'action.

   C'est l'arrivée d'un troisième personnage principal qui va quelque peu dynamiter le schéma originel... et c'est une femme. Au départ, elle ne paie pas de mine, cette fille d'un ancien savant nazi, passé au service des Américains avant de subitement disparaître. Elle a les traits (charmants) d'Alicia Vikander, une actrice qui explose depuis sa révélation dans Royal Affair. (On a récemment pu la voir dans l'excellent Ex Machina.) On notera qu'en quelques semaines, c'est la deuxième Suédoise à damner le pion aux cadors de Hollywood dans un film d'action : personne n'a oublié la prestation de Rebecca Ferguson dans Mission impossible 5. Décidément, quel beau pays que la Suède !

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   Le rythme retombe toutefois un peu après l'éblouissante séquence berlinoise. Cela remonte une fois que la nouvelle mission est assignée à l'improbable équipe constituée des ennemis d'hier. Evidemment, l'histoire va jouer sur la rivalité qui persiste entre Solo et Kuryakin. Cela nous vaut plusieurs moments de comédie (très réussis), comme ceux insérés dans la séquence d'intrusion dans une mystérieuse usine (du découpage de la grille à l'ouverture du coffre-fort). J'ai aussi beaucoup aimé tout ce qui concerne une montre familiale, à laquelle l'un des héros est particulièrement attaché... et que dire de la séquence avec la chaise électrique, dont le fonctionnement se révèle assez approximatif !

   Le personnage Gaby Teller, incarné par Alicia Vikander, contribue aussi à "épicer" l'intrigue. Au départ, on nous la présente comme une simple garagiste (certes douée pour la mécanique). Mais elle semble se couler avec une facilité déconcertante dans le nouveau moule qui lui est assigné : assistante d'espions. Les deux jeunes hommes ne sont pas au bout de leurs surprises... en particulier Kuryakin, qui doit se faire passer pour le fiancé de la jeune Allemande. Les relations entre les deux vont prendre un tour volcanique, avec notamment une scène tordante qui voit ce petit bout de femme de moins d'1m70 flanquer deux retentissantes gifles à ce géant de presque deux mètres !

   De son côté, Solo assume sans peine son tempérament de gros queutard séducteur... jusqu'à mettre dans son lit la mystérieuse, la sublime, la redoutable Victoria Vinciguerra, grande bourgeoise italienne... et nostalgique d'un régime totalitaire disparu. Dans ce rôle tout d'un bloc, Elizabeth Debicki est une révélation.

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   Il y aurait encore plein de choses à dire sur ce film, qui fourmille d'inventions, sans effets spéciaux tapageurs. Signalons l'aspect polyglotte de l'intrigue, qui voit s'entremêler l'anglo-américain, l'allemand, l'italien, le russe et l'anglais (britannique)... en compagnie de quelques mots de français ! Tout cela est au service d'une histoire trépidante, à l'humour décapant. Ce film est l'excellente surprise de la rentrée.

   P.S.

   Restez pour le générique de fin !

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vendredi, 25 septembre 2015

Much Loved

   Ces femmes tellement aimées sont des prostituées de Marrakech, au Maroc. Le titre comporte une ambiguïté quant au sens du mot "aimées". On comprend vite qu'elles sont surtout des objets du désir. Rares sont les personnes qui les aiment vraiment. On les jalouse et surtout on les méprise. On retrouve cette dualité dans l'organisation de l'intrigue : les scènes de séduction contrastent avec des scènes plus sordides.

   Ce sont les premières qui ont semble-t-il choqué une partie du public... ou plutôt des gens qui n'ont sans doute même pas vu le film. Il n'y a rien de pornographique dans les scènes d'amour ou de séduction. C'est de toute évidence simulé... mais il est vrai que ce n'est pas un film pudique. Un public un peu prude peut "tiquer" devant la nudité des actrices et certains gestes "intimes". Mais les scènes qui montrent l'humiliation des jeunes femmes sont tout aussi réalistes.

   Si cela suscite autant de réactions, c'est d'abord parce que c'est bien joué. Les actrices crèvent l'écran, en particulier Loubna Abidal, très engagée dans son rôle. C'est l'astre de ce film. Elle est à la fois la grande soeur, la séductrice, mais aussi la chieuse, la putain vénale... et la rejetée.

   Le scénariste a voulu montrer que les prostituées sont des femmes comme les autres et que les hommes sont soit des enfoirés soit des hypocrites... voire les deux. En tête du classement des gros porcs se trouvent les riches Saoudiens, qui viennent s'encanailler à bon prix au royaume de Mohammed VI. Pas très loin se trouvent les Européens, réputés plus radins. Les Marocains, quant à eux, sont les moins friqués des mâles. C'est donc plutôt par la force qu'ils tentent de profiter des jeunes femmes. Le film met l'accent sur un policier corrompu et le petit ami d'une des prostituées, pas si sympa que cela.

   Il ne faut sans doute pas chercher plus loin la principale raison de la campagne de dénigrement dont le film a été victime. Il donne une très mauvaise image des ressortissants saoudiens, issus d'un pays ami du Maroc... et doté d'immenses moyens financiers. Quant aux machos marocains, ils n'ont pas dû apprécier le portrait qu'on brosse d'eux.

   Le propos porte d'autant plus que c'est globalement bien réalisé... avec toutefois un petit défaut : Nabil Ayouch (à qui l'on doit Les Chevaux de Dieu) aime les images "bien léchées". Du coup, au début, il rend la prostitution un peu trop sexy. C'est la principale limite du film, qui ne va pas très loin dans l'analyse sociale et comporte quelques aspects "paillettes".

jeudi, 24 septembre 2015

Prémonitions

   Ce polar métaphysique réunit une distribution haut-de-gamme, avec Anthony Hopkins (qu'on ne présente plus), Colin Farrell (sobre), Abbie Cornish (vue notamment dans 7 Psychopathes et Limitless) et Jeffrey Dean Morgan (un habitué des seconds rôles, très bon dans The Salvation).

   Mais c'est l'histoire qui m'a "accroché". Je voulais voir comment allait être mise en scène la collaboration du médium avec la police. C'est très intéressant quand on voit ce que, par le toucher, l'ancien médecin John Clancy perçoit du passé d'une personne. Le problème est, qu'à ces scènes de "resouvenance" sont mélangées des visions du futur... ou plutôt d'un futur possible. En gros, on pourrait diviser le film en deux : dans la première partie dominent les perceptions du passé (dans lesquelles on a glissé la prémonition essentielle), dans la seconde les visions du futur, auxquelles on a ajouté parfois de vrais souvenirs du personnage principal.

   J'ai nettement préféré la première partie, qui met en place l'intrigue et ménage pas mal de mystère... surtout si l'on a pris soin d'éviter de regarder les bandes-annonces qui sont sorties auparavant : elles en disent trop et gâchent un peu le plaisir.

   Les personnages sont bien campés, avec le médium qui est en fait un père brisé par le décès de sa fille, un enquêteur miné par un secret qu'il va devoir bientôt dévoiler et une psychologue belle comme tout, un brin pète-sec, mais fragile au fond.

   C'est après la rencontre entre le tueur et le médium que cela retombe. Pourtant, cette rencontre est brillamment mise en scène, dans un bar-restaurant fréquenté par des policiers et où se croisent tous les possibles. Mais, à la suite de ce moment fort, le pathos et le psychologisme l'emportent. Le suspens devient plus artificiel, même si l'on a envie de voir comment les scénaristes ont conclu l'intrigue. Tout cela se termine avec une petite révélation qui, sans bouleverser le sens de l'histoire, lui donne un peu plus de profondeur.

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dimanche, 20 septembre 2015

Sur la ligne

   Inspiré d'une histoire vraie, ce film nous replonge dans la Guerre Froide, plus précisément le début des années 1980, quand les championnats du monde d'athlétisme et les Jeux Olympiques sont perçus comme des enjeux politiques pour les deux Blocs.

   L'héroïne est une jeune athlète tchécoslovaque prénommée Anna. C'est un joli brin de femme (elle ressemble un peu à Keira Knightley), pas idiote de surcroît (elle a eu son bac... rappelons que l'action se déroule en 1982).

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   ... mais sa mère, ancienne championne de tennis, a été cantonnée dans un emploi de femme de ménage. On apprend qu'elle a participé à la contestation de 1968 et que son mari et ancien entraîneur a fui à l'Ouest. De plus, elle est restée secrètement en contact avec un ancien amant, qui est aussi un militant anticommuniste.

   Le scénario mêle habilement les différentes thématiques. Au départ, Anna méprise l'activité militante de sa mère (et sa tendance à se laisser faire par certains hommes). Cela n'empêche pas les deux femmes de vivre dans une sorte de symbiose, du moins au début. L'évolution de la relation mère-fille va constituer l'un des axes de l'intrigue. L'héroïne a aussi du mal à se positionner vis-à-vis de ce père qui les a abandonnées.

   Le sport de compétition l'aide à se structurer. Elle est douée ; elle a été repérée. L'entraîneur, beaucoup plus âgé, pourrait représenter un père de substitution. Mais, pour exister au plus haut niveau (et rapporter à coup sûr des médailles à son pays), elle doit accepter de suivre un programme médical secret. De là naissent d'autres tourments. Jusqu'où aller pour réussir ? A qui faire confiance ? Comment rester pleinement une jeune femme quand on constate les effets secondaires du "traitement" ? C'est d'autant plus crucial pour Anna qu'elle est tombée amoureuse, d'un fils de bourgeois, musicien à ses heures, sympa et "cool".

   Les interprètes sont convaincants. On sent que la jeune actrice a dû fournir de gros efforts pour être crédible en sprinteuse. On peut le constater quand elle se retrouve aux côtés de figurantes affûtées, qui n'ont sans doute pas été sélectionnées sur leur maîtrise de l'art shakespearien. Les courses sont correctement filmées, dans un style qui s'éloigne volontairement (m'a-t-il semblé) de celui des retransmissions télévisées. Les entraînements sont encore plus réussis sur le plan cinématographique, avec, parfois, l'ajout d'une musique bien choisie.

   Signalons le sérieux du travail de reconstitution. On se sent pleinement dans les années 1980, tant au niveau des décors que des vêtements. Même la police politique fait "d'époque". On comprend ce que signifiait la mise sous surveillance de la population. C'est d'autant plus vraisemblable que l'on n'a pas fait des personnages principaux des héros hollywoodiens : ce sont des personnes ordinaires, avec leurs petites faiblesses. Même si l'on n'atteint pas l'intensité dramatique d'un chef-d'oeuvre comme La Vie des autres, on est captivé par l'aventure de ces femmes emportées par le vent de l'Histoire et qui tentent de trouver leur voie.

samedi, 19 septembre 2015

Le Prodige

   Quand j'ai vu que Tobey Maguire (l'acteur principal) produisait ce film, je me suis dit : "Ne tenterait-il pas de renouveler le succès (relatif) d'Une merveilleuse histoire du temps, afin de décrocher un oscar ?" J'ai donc redouté de me retrouver face à une oeuvre très très académique, d'où ressortirait l'éblouissante prestation de l'acteur vedette.

   Commençons par lui. Si Tobey Maguire n'est pas aussi étincelant qu'Eddie Redmayne dans le biopic de Hawking, il s'en sort plutôt bien pour quelqu'un qui tente de faire oublier qu'il incarna naguère Spiderman. Il est crédible aussi bien en jeune prodige des échecs qu'en adulte à moitié cinglé, devenu hypersensible et travaillé par les théories du complot. On saura gré à la production de ne pas avoir fait du personnage principal un type trop sympathique, parce que, dans la vraie vie, Bobby Fischer était devenu au fil du temps un pauvre type (d'aucuns diraient même un sale con).

   Maguire est épaulé par quelques excellents seconds rôles, au premier rang desquels figure Peter Sarsgaard, un visage connu de tous, mais dont on a peine à se souvenir où on l'a déjà vu. Pour moi, c'était notamment dans Flight Plan, Jarhead, Dans la brume électrique et Blue Jasmine. En face, côté bolchevik, Liev Schreiber se débrouille bien en Boris Spassky.

   La mise en scène vient parfois épauler ce beau monde. Pas assez souvent à mon goût. Pourtant, on sent bien qu'Edward Zwick n'est pas un manchot. On l'a vu à l'oeuvre dans Blood diamond et Les Insurgés. Il faut quand même se "fader" son quota de scènes hollywoodiennes, les pires étant à mon avis celles montrant l'admiration suscitée par le jeune génie des échecs, avec ces plans fixes d'hommes et (surtout) de femmes en extase devant une caméra ou leur écran de télévision. J'ai quand même bien aimé la manière dont la finale des championnats du monde (très médiatisée) est montrée, notamment avec ses à-côtés. Les scènes médiocres sont en partie contrebalancées par les moments troubles, en caméra subjective, durant lesquels on prend conscience de la paranoïa grandissante de Fischer.

   C'est aussi un bon film de propagande à l'américaine, qui n'est pas sans rappeler Rocky IV. Le challenger ricain se prépare dans des conditions plus précaires que son adversaire, présenté comme un ogre soviétique, a priori intouchable. Le Bien finira-t-il par triompher du Mal ? Les spectateurs tremblent d'angoisse !

   C'est donc finalement une oeuvre plus attrayante que ce à quoi je m'attendais, mais qui décevra les amateurs purs d'échecs : la représentation cinématographique de ce jeu extrêmement cérébral n'est guère inventive. De ce point de vue, un film comme La Diagonale du fou (avec Michel Piccoli) m'avait paru plus réussi.

   P.S.

   Coïncidence troublante : dans l'un des derniers épisodes de la série Blacklist à avoir été diffusé sur TF1 (Ruslan Denisov, dont j'ai parlé hier), l'antihéros Reddington fait allusion à une tactique inédite (et victorieuse) utilisée par Fischer contre Spassky, en 1972, à Reykjavik.



vendredi, 11 septembre 2015

Miss Hokusai

   Cette animation japonaise est consacrée à l'un des maîtres de la peinture extrême-orientale (l'auteur de Sous la vague au large de Kanagawa)... et à l'une de ses filles, elle aussi très douée pour le dessin... et qui a contribué à certaines de ses œuvres. L'intrigue se déroule toutefois en 1814, bien avant qu'Hokusai ne réalise la Vague.

   Cette histoire est d'abord une une réhabilitation, celle d'O-Ei, la fille méconnue, restée dans l'ombre d'un père ombrageux et narcissique. On nous la montre dotée d'un caractère bien trempé... et elle en a bigrement besoin, vu la faune masculine qu'elle fréquente au quotidien... à commencer par son père. Cet animé a donc le grand mérite de ne pas chercher à masquer les aspects déplaisants de la personnalité du Maître.

   Il nous offre ainsi un tableau de la condition féminine dans le Japon de l'époque, plus précisément à Tokyo, alors nommée Edo. En ville se croisent sans se mélanger deux principales catégories de femmes : les épouses et les prostituées. Devinez lesquelles sont les plus populaires auprès des artistes... Cela nous vaut toutefois plusieurs portraits saisissants des personnes qui louent leur corps (et leurs talents de divertissement), en particulier celui d'une femme qui dort dans un lit protégé par une moustiquaire très spéciale : elle a pour objet d'empêcher l'ectoplasme de sa tête quitter son corps lorsqu'elle est endormie. A l'écran, la séquence est saisissante et répond à une autre, qui montre les mains et les avant-bras d'Hokusai partir à l'aventure, là aussi durant la nuit.

   De manière générale, l'animation est "propre" sans être exceptionnelle. Les amateurs de l’œuvre de Miyazaki seront peut-être déçus, sauf à l'occasion  de ces séquences oniriques, la première d'entre elles mettant en scène un dragon fantasmagorique, dont Hokusai père et fille vont tenter de fixer l'image sur le papier.

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   C'est le moment de préciser que le réalisateur Keiichi Hara n'est pas un inconnu : on lui doit notamment Colorful, qui témoignait de la même fascination pour la peinture. Cela se voit sans certaines des scènes les plus "bluffantes" : on a réussi à représenter l'acte du dessinateur (ou de la dessinatrice). Cela n'a l'air de rien, mais c'est extrêmement difficile.

   Cette virtuosité est aussi parfois mise au service de l'humour, comme dans cette scène qui voit le chien de la famille et l'un des apprentis d'Hokusai se comporter de manière mimétique :

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   A travers cet exemple et bien d'autres, disséminés dans l'histoire, on retrouve l'intérêt, très présent chez les réalisateurs japonais, pour la représentation des animaux et des phénomènes naturels. Cela contribue à rendre ce film encore plus attrayant. Sa sortie confidentielle n'en est que plus scandaleuse. C'est pour moi l'un des meilleurs films du moment, qui pourtant peine à trouver sa place sur des écrans occupés par quantité de médiocrités.

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samedi, 05 septembre 2015

Cemetery of splendour

   Ce "cimetière de la splendeur" se trouve en Thaïlande, le pays d'origine du réalisateur Apichatpong Weerasethakul. Au sens littéral, il est situé sous une école transformée en hôpital. Sa présence pourrait expliquer le mal mystérieux qui frappe des soldats, plongés dans un sommeil dont très peu parviennent à s'extirper.

   C'est cependant ce qui arrive à l'un d'entre eux, veillé par une femme entre deux âges. Celle-ci est l'héroïne du film. Mariée à un soldat américain qui a tout abandonné pour partir vivre en Asie, elle souffre d'un handicap très gênant au quotidien : sa jambe droite est plus courte que la gauche d'une dizaine de centimètres. (Dans la réalité, l'actrice qui l'incarne a été victime d'un accident de la route dont on finit par voir les conséquences dans la seconde partie de l'histoire.)

   Jenjira n'est pas seule à veiller sur les soldats endormis. Sur place, elle croise des infirmières et une jeune médium, qui fait le lien entre l'esprit des malades et leur famille. Cet hôpital de campagne baigne donc dans le surnaturel, avec les rêves qui s'entremêlent à la réalité... et même des figures divines qui prennent vie !

   Sur le papier, c'est plutôt alléchant. D'un point de vue formel, le film est réussi. La première partie a principalement pour cadre des bâtiments dont la mise en scène met en valeur l'aspect géométrique. La seconde partie est davantage tournée en extérieur, avec une forte présence de la végétation.

   Le problème est que la pâte ne prend pas. Ce film méditatif est excessivement verbeux... et l'on se lasse assez vite de suivre ces conversations ennuyeuses en thaï ou dialecte local (apparemment proche du lao). A plusieurs reprises, dans la première partie, j'ai même piqué du nez ! C'est hélas un nouvel exemple de long-métrage encensé par la critique "bobo" et qui revêt un intérêt plus que limité.

10:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 22 août 2015

Antigang

   C'est un polar grand public "à la française" (même si l'on sent l'influence de certains films d'action américains), avec des mecs burnés, des femmes bien roulées, des grosses bagnoles qui roulent vite et des armes qui font beaucoup de bruit et d'étincelles.

   La première séquence nous présente la fine équipe que nous allons suivre pendant 1h30. C'est une bande de flics un peu borderline, mais très efficace. Ils réussissent d'ailleurs leur interpellation, que l'on suit en temps réel.

   On s'attache d'autant plus aux personnages qu'ils sont incarnés par une brochette de seconds rôles talentueux. On peut citer le "chien fou" Alban Lenoir (qui vient de s'illustrer dans Un Français), Sébastien Lalanne, Oumar Diaw, mais aussi Caterina Murino, Sabrina Ouazani, Thierry Neuvic et Féodor Atkine. Paradoxalement, c'est la tête d'affiche Jean Reno qui "assure" le moins. Il est visiblement un peu vieux pour le rôle et ne fait pas preuve d'un extraordinaire dynamisme, un peu à l'image de l'impression qu'il m'a laissée lors de son passage au journal de 20 heures de TF1. Comme la troupe d'acteurs qui l'entoure est bonne, cela fonctionne, d'autant plus que les dialogues sont bien écrits. Les petites pointes d'humour, introduites à intervalle régulier, sont les bienvenues.

   L'autre qualité du film est sa réalisation. On attendait de voir ce qu'allaient donner les scènes d'action... et cela vaut le détour. De manière peut-être plus surprenante, Benjamin Rocher réussit aussi très bien certaines scènes de transition. Il recourt volontiers aux gros plans, certains d'entre eux étant particulièrement soignés.

   Dans la première partie de l'histoire, c'est le réalisme qui l'emporte. Policiers comme délinquants ne tuent pas à tout va, d'abord parce qu'ils ne font pas mouche à chaque tir... comme dans la vraie vie. Résultat : les interpellations se traduisent par des bagarres, des coups, des dégâts matériels, rarement des morts. Cela n'en est pas moins spectaculaire.

   Cela bascule à partir du décès de l'un des personnages, un peu théâtral. Cela tourne ensuite au règlement de comptes, toujours aussi spectaculaire, mais avec quelques facilités scénaristiques, culminant dans une invraisemblable fusillade. Si l'on supporte ces faiblesses, on passe quand même un bon moment.

22:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 20 août 2015

La Femme au tableau

   Inspiré d'une histoire vraie, ce film de Simon Curtis (auquel on doit My Week with Marilyn) raconte le combat d'une Américaine âgée (juive, d'origine autrichienne) pour tenter de récupérer une toile de Gustav Klimt, un célèbre portrait de sa propre tante, que les nazis ont jadis volé à sa famille. Le début rend hommage au travail de l'artiste, que l'on montre en train de construire son œuvre :

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   A nous Frenchies, l'intrigue rappelle celle de L'Antiquaire, d'autant plus que les deux films alternent images contemporaines et images du passé. Nos amis anglo-saxons ont dû plutôt faire le lien avec Monuments Men.

   Le premier atout de ce film est la qualité de l'interprétation. Helen Mirren (l'inoubliable Elizabeth II de The Queen) est impeccable. Ryan Reynolds (que l'on peut encore voir dans Renaissances) est une fois de plus au niveau, en jeune avocat balourd qui va progressivement prendre de la bouteille. Il ne faut pas oublier non plus les seconds rôles, avec Daniel Brühl, Katie Holmes, Charles Dance, Antje Traue.

   J'ai même trouvé les acteurs germanophones meilleurs que les anglophones. C'est peut-être l'effet du doublage partiel. Dans la version française, on a laissé tels quels les dialogues en allemand. Cela donne plus de poids aux scènes des années 1920-1930, de surcroît très bien filmées.

   Cela reste néanmoins très américain, parce que c'est une histoire de procès. Les tribunaux sont présentés comme un moyen de faire régner la justice... à condition d'être très opiniâtre... et un brin chanceux. De plus, comme l'histoire qui nous est contée n'est pas très connue, cela prend des airs de polar, avec en toile de fond une Autriche qui, à la fin des années 1990, refoulait encore partiellement son passé nazi.

   La relation quasi maternelle qui se noue entre les deux héros est un autre intérêt du film. Ce compagnonnage forcé ne va pas de soi, entre une vieille femme au départ surtout attachée à sa tranquillité et un jeune homme qui souhaite faire sa place dans un prestigieux cabinet juridique. Tous deux vont évoluer, parfois de manière inattendue. Cela m'a un peu rappelé le duo formé par Judi Dench et Steve Cogan, dans l'excellent Philomena.

   Bref, j'ai aimé et je recommande chaudement !

mercredi, 19 août 2015

Mission : impossible 5 - Rogue Nation

   Trois ans et demi après Protocole fantôme, l'agent Ethan Hunt est de retour... pour assister à la suppression de Mission Impossible ! Dans le rôle, Tom Cruise ne vieillit pas ; il semble même rajeunir. Et vive les retouches numériques ! Le tout est orchestré par Christopher McQuarrie, à qui l'on doit notamment le scénario de Edge of tomorrow.

   On est saisi dès le début par une superbe séquence dont on a eu un avant-goût dans la bande-annonce. Au centre de l'action se trouve un gros aéroporteur. On finit par découvrir qu'il s'agit d'un A400M, ce qui explique qu'au coeur du générique de fin, des remerciements soient adressés à Airbus Defence and Space.

   D'autres scènes d'action très réussies rythment la suite, notamment des poursuites, en voiture et à moto. A cela s'ajoutent les effets spéciaux, judicieusement utilisés pour mettre en scène certains gadgets de haute technologie (je pense notamment à un portable ultrafin pliable, maquillé en programme d'opéra, dans l'une des plus belles séquences du film). Le tableau serait incomplet sans quelques bastons bien chorégraphiées. Il y a parfois de la grâce dans ces bagarres, là où tant de films se contentent d'étaler la testostérone.

   Si grâce il y a, c'est aussi en raison du jeu d'une excellente actrice, Rebecca Ferguson, qui incarne la "diabolique" Ilsa Faust, aussi sensuelle que redoutable :

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   L'actrice a tellement de présence à l'écran qu'elle finit par voler la vedette à Tom Cruise, dont le personnage tout d'un bloc est moins intéressant à suivre que celui de l'(ancienne ?) espionne britannique, dont on ne sait jamais quel est le fond de la pensée.

   Je profite de l'occasion pour calmer les ardeurs de ceux qui imaginent qu'une idylle va naître entre les deux héros. Alors qu'il existe une évidente attirance entre eux et qu'à plusieurs reprises, leurs corps se frôlent voire se touchent (y compris dans des positions équivoques), leur relation reste platonique, sans que le moindre bisou ne soit échangé. Et pourtant, Dieu sait qu'à certaines occasions, la posture ou la tenue de la charmante jeune femme a de quoi faire affluer le sang de l'agent Hunt ailleurs que dans son cerveau ou dans ses muscles...

   Bilan ? Plus de deux heures d'évasion, suivant une intrigue correctement écrite et émaillée d'humour. Je recommande tout particulièrement la séquence qui se déroule dans le salon d'une magnifique demeure, en présence du Premier ministre britannique.

   Cerise sur le gâteau : la musique est entraînante et les seconds rôles "assurent". Cela ne va pas révolutionner l'art cinématographique, mais on passe un sacré bon moment.

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samedi, 15 août 2015

Les 4 Fantastiques

   Dix ans après une première adaptation assez moyenne, Marvel tente de relancer cette franchise de super-héros, qu'elle aimerait sans doute voir devenir aussi rentable que celle des X-Men.

   La particularité de ce qui est annoncé comme un film d'action bourré d'effets spéciaux est de consacrer trois quarts d'heure à la mise en place de l'intrigue de fond. On découvre donc Reed Richards et Ben Grimm gamins puis adolescents. La psychologie des personnages, bien que peu approfondie, occupe une place importante dans la genèse de l'équipe. Certains apprécieront ce long détour, qui permet d'entrapercevoir l'univers familial de deux "petits Blancs". D'autres s'agaceront de devoir attendre beaucoup avant que "ça pète à l'écran".

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   La suite, bien que très prévisible pour qui connaît la bande dessinée, est chouette à voir, avec d'excellents effets spéciaux. On a essayé de rendre plus "moderne" la représentation de la Torche et de la Femme invisible... et ça marche. La réussite est aussi au rendez-vous avec La Chose, à la fois monstrueux et humain. Mon préféré reste Mr Fantastic (l'homme-caoutchouc) : le rendu à l'écran est extra !

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   Toute bonne histoire doit proposer un méchant qui tienne la route. Ici, il s'agit de Fatalis, dont on lie la naissance à celle des super-héros. Son "costume" est particulièrement réussi. Cependant, l'histoire de sa lutte avec les 4 Fantastiques m'a paru un peu bâclée. La conclusion survient trop vite, ce qui m'a laissé un goût d'inachevé.

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mardi, 11 août 2015

Le Petit Prince

   L'ancien enfant que je suis a vaincu ses réticences et tenté ce plongeon "réminissant" dans sa prime jeunesse. Il convient de préciser dès à présent qu'il ne s'agit pas d'une stricte adaptation de l'oeuvre d'Antoine de Saint-Exupéry.

   Le coeur du film est constitué de l'histoire de la jeune fille (au départ) studieuse, élevée par une mère divorcée très stricte, qui a programmé la vie quotidienne de sa progéniture à la demi-heure près. C'est le côté géométrique de l'intrigue, illustré par l'analogie visuelle entre le contenu d'un microprocesseur et la géographie de la ville où résident les personnages principaux. Ce souci du contrôle absolu est à la fois comique (source de gags) et inquiétant, ne laissant aucune place à la fantaisie.

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   Ces images de synthèse, lisses et bien léchées, entrent en collision avec un autre univers (tourné en stop motion), fait de papier plié et de formes plus pointues : il s'agit de l'univers du petit prince, dont l'histoire est en cours de rédaction par un mystérieux voisin, un vieillard excentrique qui désespère les familles BCBG du quartier.

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   Il va devenir le grand-père que la gamine n'a sans doute jamais eu et lui ouvrir les portes d'un monde qu'elle ne connaissait pas. Tous deux vont s'apprivoiser, à l'image de certains protagonistes du roman de Saint-Exupéry. C'est vraiment joli à regarder... et très émouvant, à certains moments.

   Mais la vraie trouvaille scénaristique est de prolonger l'histoire du roman. Pour une raison que je me garderai de révéler, l'un des personnages va tenter de retrouver le petit prince. L'intrigue, qui balançait auparavant entre réalisme et merveilleux, prend alors le chemin du fantastique, parfois sombre. Les péripéties s'enchaînent, sans que le fond disparaisse. Il est question du sens de la vie et de ce qui est important pour être heureux.

   Cela donne un "beau" film d'animation, peut-être trop schématique dans l'opposition entre le monde cartésien et le monde imaginaire. Mais, pour des enfants, c'est largement suffisant.

   P.S.

   Cette séance m'a donné envie de me replonger dans le livre. L'histoire m'a paru plus complexe que dans mon souvenir de collégien. (Le film n'adapte d'ailleurs qu'une partie des épisodes.) Je ne me rappelais pas non plus qu'il était aussi abondamment illustré. Notons que ces images ont inspiré le style des scènes tournées en stop motion.

   P.S. II

   Comme je ne possédais pas le livre, je me suis mis en quête d'une librairie sur le lieu de mes vacances. Il s'agit d'une ville moyenne, qui mise beaucoup sur le tourisme mémoriel. Bien que peuplée d'environ 20 000 habitants, elle a perdu, cette année, sa dernière librairie... enfin presque, puisque, un peu à l'écart du centre, il existe un "espace culturel" couplé à une grande surface, où j'ai d'ailleurs pu me procurer l'oeuvre de Saint-Exupéry.

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   P.S. III

   Du roman, beaucoup de gens n'ont souvent retenu qu'une citation : "On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux." Dans le livre, ces propos sont tenus par le renard. Ces derniers temps, il me semble l'entendre (soit intégralement, soit tronquée) plus souvent qu'auparavant. Vendredi dernier, par exemple, Elle est sortie de la bouche de Ziva David, dans l'épisode 6 de la saison 10 de NCIS, actuellement rediffusée par M6.

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   Dans cet épisode, malicieusement intitulé "L'essentiel est invisible...", Tony DiNozzo fait développer un vieux rouleau de pellicule, sur lequel se trouvent des photographies prises pendant son enfance. Sur l'une d'entre elles, on peut voir la mère du futur "agent très spécial", le jour où elle l'a emmené pour la dernière fois au cinéma :

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   Vous avez sans doute deviné quel était le film au programme. DiNozzo n'en est pas moins surpris d'entendre sa collègue citer le renard. Le cinéphile est encore plus surpris quand Ziva lui réplique que ce n'est pas à un film qu'elle fait référence, mais à un livre.

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samedi, 08 août 2015

Renaissances

   Ce film de science-fiction met en scène un vieil homme riche, dont le cancer arrive en phase terminale. La possibilité de revenir à la vie dans un corps plus jeune lui est proposée... contre une somme rondelette et un secret absolu. Cet homme est incarné par Ben Kingsley :

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   C'est là que les scénaristes ont eu du nez. Ils auraient pu lui imposer de renaître dans ce corps-ci :

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   ... ou bien dans ce corps-là :

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   Cela aurait rendu le choix de Damian encore plus cornélien. Finalement, on lui propose cette enveloppe charnelle :

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   Figurez-vous que ce vieillard mourant, qui avait encore plein de projets dans la tête, accepte de prendre le risque inouï d'être "transféré" dans le corps d'un beau jeune homme ! A Ben Kingsley va donc succéder le sémillant Ryan Reynolds, vu récemment dans The Voices (de Marjane Satrapi) et l'étonnant Captives... et qui a passé pas mal de temps sur le banc de musculation.

   L'idée de base m'a emballé et elle est bien développée dans la suite de l'intrigue (pourtant assez prévisible). Là-dessus ont été greffés des moments d'émotion et des scènes d'action. Ce sont les secondes qui méritent le détour. Je conseille tout particulièrement les poursuites en voiture. On notera aussi que les personnages masculins sont amateurs de gros calibres... et du lance-flamme. C'est donc à déconseiller au très jeune public : si, sur un plan général, le film est visible par tous, les quelques instants d'ultra-violence peuvent choquer.

   Aux côtés des mecs burnés ou calculateurs, quelques personnages féminins tentent d'exister. Deux d'entre eux sont dans des situations contrastées :

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   A ma gauche voici Claire, la fille du héros, passée du côté rebelle (en partie) par rejet du monde capitaliste auquel appartient son père arrogant et manipulateur. Michelle Dockery (vue notamment dans Non Stop) réussit à rendre crédible une figure qui risquait d'être caricaturale.

   A ma droite voilà Natalie Martinez, hélas un peu trop cantonnée au rôle d'épouse-mère éplorée, même si l'on a doté son personnage d'un indéniable tempérament. Ses traits ne sont pas inconnus des amateurs de séries policières, puisqu'elle a été, pendant une saison, une inspectrice aussi pulpeuse qu'intrépide dans Les Experts Manhattan.

   Hélas, les scènes intimistes ou familiales sont assez banales et souvent émaillées de clichés. Il reste l'intrigue et son fondement pseudo-scientifique pour maintenir l'attention... ce qui fonctionne pendant l'heure cinquante que dure l'histoire.

   PS

   Je conseille aux spectateurs aveyronnais (aux autres aussi, pourquoi pas) d'être très attentifs aux détails de l'une des dernières scènes. L'un des personnages se réveille un soir, dans la chambre d'un hôtel bas-de-gamme. Un ordinateur portable est posé sur une table, avec un message en attente. Lorsque le personnage se lève pour aller regarder le message, on voit mieux la table, sur laquelle est aussi posée une coupelle. Sur celle-ci se trouvent un fruit et un couteau pliable reconnaissable parmi mille autres !

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vendredi, 31 juillet 2015

Je suis mort mais j'ai des amis

   C'est ce que pourrait affirmer l'un des personnages, qui va mourir dans des circonstances... inhabituelles. Ses potes, membres d'un groupe de vieux rockeurs sur le retour, décident de maintenir la tournée prévue aux Etats-Unis. Un ami très spécial va se joindre à eux.

   Ce film n'est pas tout à fait ce qui a été annoncé. Je m'attendais à une comédie un peu lourde et sans complexes, où l'intrigue serait très secondaire. En réalité, les réels moments de comédie sont peu nombreux, l'histoire étant surtout empreinte d'émotion.

   Le début ne m'a pas emballé. J'ai trouvé les personnages principaux soit caricaturaux, soit pathétiques. C'est après la découverte d'un pan de la vie privée de l'un d'entre eux que cela devient intéressant. Cela culmine au Canada, où la fine équipe débarque dans des conditions rocambolesques, se perd puis se retrouve.

   C'est dans cette seconde partie que les personnages gagnent en densité. Certaines failles sont mises à jour. Les acteurs se révèlent bons, notamment Bouli Lanners et Lyes Salem. L'histoire devient attachante. Sans être la comédie de l'été, c'est un film original, qui mérite le détour.

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mercredi, 29 juillet 2015

Difret

   C'est le titre d'un film éthiopien, que l'on peut traduire par "courage" ou "oser". Il s'inspire d'une histoire vraie, qui est survenue dans les années 1990. Une adolescente a été enlevée puis violée par un homme qui voulait l'épouser. Mais la jeune fille s'est révoltée et a tué son agresseur, à la fureur des hommes du village.

   La première partie du film met en place le cadre. On découvre l'Ethiopie rurale, pauvre, analphabète... et patriarcale. L'intérêt est de montrer la bonne conscience qui habite les agresseurs et ceux qui les soutiennent. Le poids des traditions est énorme et la place des femmes clairement secondaire.

   Le changement vient de la ville, où travaille une juriste aussi ravissante que pugnace (interprétée par Meron Getnet). On peut aussi souligner la performance de la jeune actrice qui incarne la victime, Tizita Hagere.

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   L'avocate va rencontrer beaucoup d'obstacles sur sa route. Le premier est la précarité de la justice dans ce pays, l'un des plus pauvres du monde (il fait partie des P.M.A.) : on écrit à la main sur des morceaux de papier ; on ne dispose pas de photocopieur et l'on roule (quand on peut) dans une improbable voiture, sur des chemins terreux.

   L'autre grand obstacle est constitué par les mentalités, principalement celles de la plupart des hommes (même si certains sont montrés comme ouverts : le vieux juge et le jeune journaliste notamment). Une scène extraordinaire montre une réunion sous l'arbre à palabres. Le maître de cérémonie ouvre la séance, après qu'il a constaté que toutes les personnes concernées sont là. Or, sur les lieux, ne sont présents que des hommes...

   Dans le même temps, en ville, la jeune Hirut découvre un monde qu'elle n'avait même pas imaginé. Il est merveilleux et effrayant à la fois. De son côté, Meaza s'appuie sur son association, les médias et un juge à la retraite, qui connaît pas mal de monde. Cela ne sera pas de trop, au vu de la mauvaise volonté voire des manigances de certains acteurs de cette histoire.

   Cela débouche sur une oeuvre étrange, bigarrée, nuancée, incontestablement africaine dans sa conception, mais qui a subi l'influence hollywoodienne. (Signalons que le film est coproduit par Angelina Jolie.)

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dimanche, 26 juillet 2015

Les Bêtises

   C'est le titre du premier film d'Alice et Rose Philippon, une comédie poétique qui louche sur le cinéma muet de l'Entre-deux-guerres. Au centre de l'intrigue se trouve François (Jérémie Elkaïm, correct dans le rôle), un trentenaire très maladroit, ce que la première partie est chargée de nous faire comprendre : cela commence par une sacoche oubliée, avant de continuer par un lacet, une barre d'autobus, pour finir par un joli lancer. C'est du bon comique de situation.

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   L'histoire est toutefois teintée de tristesse : le héros a été abandonné à la naissance (pour une raison qu'on ne découvre que très tard dans le film), ce qui est métaphoriquement très bien rendu par la première séquence. De surcroît, sa mère, qui a refait sa vie, ne veut plus entendre parler de lui. Malin comme un singe, François parvient à la retrouver et s'incruste dans une soirée d'anniversaire qu'il va contribuer à faire déraper.

   Il va y croiser une adorable jeune femme : Sonia, l'autre serveuse engagée pour l'occasion, violoniste à ses heures perdues, mais surtout incurable hoqueteuse... sauf, curieusement, quand François se trouve à ses côtés. Dans ce rôle, Sara Giraudeau est lumineuse et totalement crédible avec son TOC.

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   A la fête, l'enchaînement des maladresses est inégal. Tantôt c'est raté, tantôt on est mort de rire. C'est un peu à l'image du film, sur la corde raide. Mais, globalement, les acteurs "assurent".

   L'un des rebondissements est le retour du héros dans la soirée. Si certains spectateurs pensaient qu'elle ne pouvait pas plus dégénérer, ils ont dû être surpris par la suite. Une nuée de resquilleurs envahit la villa, changeant complètement l'ambiance de la réunion de famille un peu "prout-prout". Cela culmine dans l'interprétation, par le héros, de la chanson éponyme (de Sabine Paturel). Cela démarre de manière timorée... et cela se termine en fanfare !

   Un autre ressort comique est constitué par les relations entre François et ses demi-frères (qui ignorent son existence). On peut signaler l'excellente composition de Jonathan Lambert, dans un rôle à contre-emploi... et le dernier quart d'heure nous réserve un joli coup de théâtre !

   L'ambiance joyeuse alterne habilement avec les moments d'émotion, qui mettent souvent en scène la mère, incarnée par Anne Alvaro. Il y a aussi cet amour naissant entre les deux serveurs, tous deux charmants et maladroits dans leur genre. Leur relation est l'objet du dernier gag du film, que je me garderai bien de raconter. Sachez seulement que le héros ne guérit pas que le hoquet des demoiselles en détresse !

   Sans être aussi poilante que Microbe et Gasoil, cette comédie rafraîchissante est l'une des bonnes surprises de cet été.

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samedi, 25 juillet 2015

Les Nuits blanches du facteur

   Andrei Kontchalovski a posé sa caméra dans la Russie rurale, dans le nord-ouest du pays, dans l'oblast (la région) d'Arkhangelsk, qui est à peu près aussi vaste que la France métropolitaine, mais peuplé d'à peine plus d'un million d'habitants.

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   L'action se déroule à l'intérieur des terres, loin de la capitale régionale (même si l'un des personnages finit par partir y travailler). Le héros, un facteur qui a pas mal roulé sa bosse, travaille dans un village perdu sur les rives d'un lac, dans le parc national de Kenozero. A plusieurs reprises, il se rend dans un bourg proche, où vit sa soeur. Seule véritable rupture dans un quotidien répétitif, un mini-périple le conduit dans la ville fermée de Mirny, pour y rencontrer un général.

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   Pour la petite histoire, c'est à proximité de cette ville qu'est situé le cosmodrome de Plessetsk, moins connu que celui de Baïkonour, mais qui a joué un rôle important dans le développement de la puissance spatiale soviétique. Il est aujourd'hui associé aux activités d'Arianespace (notamment au projet OneWeb). Il est aussi toujours lié à l'industrie aérospatiale russe : c'est de Plessetsk qu'a été lancée l'an dernier la fusée de nouvelle génération Angara.

   Dans le film, on voit le facteur pénétrer sur le cosmodrome, en compagnie du jeune fils d'une voisine (sur laquelle il a des vues). Un peu plus tard, il faut être attentif à l'arrière-plan d'une scène qui se passe au bord du lac. On y voit une fusée en pleine ascension.

   A une exception près, les acteurs sont des non-professionnels. Ils jouent souvent leur propre rôle, si bien que le film a des airs de documentaire-fiction. Si l'on ajoute à cela la grande attention portée à la nature, les gros plans sur certains animaux (une araignée d'eau, une fourmi...), on ne peut que penser à Farrebique, de Georges Rouquier. Toutefois, l'oeuvre de Kontchalovski n'a pas la rigueur du chef-d'oeuvre aveyronnais.

   Le film n'en est pas moins fort intéressant à suivre. On y découvre des personnages hauts en couleur, qui vivent souvent de peu. Leur bien principal est leur maison, assez rudimentaire, accompagnée de quelques terres. Pour l'alimentation, on complète par la pêche, plus ou moins légale (ce qui provoque des tensions avec les agents chargés de faire respecter la réglementation)... et l'on se rend, quand on peut, à la supérette du bourg, dont la patronne accepte parfois de faire crédit. Les principales distractions sont les discussions entre voisins (c'est-à-dire les personnes qui habitent à plusieurs centaines de mètres)... enfin ceux avec lesquels on n'est pas fâché. Faute de mieux, il reste la télévision, avec des émissions qui, si elles recueillent de l'audience, ne semblent pas d'une haute tenue intellectuelle...

   L'action est rythmée par la vie du héros, son lever, ses rituels du matin, puis son travail et ses rencontres. Plus qu'un facteur, il est le lien social qui contribue à faire vivre le village. (En plus, il joue de l'accordéon.) Mais il se sent seul et se dit qu'il commence à perdre le boule : la nuit, il voit par intermittences un chat gris dans sa maison, sur le sol, sur un meuble... voire sur son ventre ! Pourtant, il a arrêté la vodka, un fléau dont on perçoit les ravages jusqu'au fin fond de la Russie. La situation se complique quand, un matin, il découvre qu'on a volé le moteur de son bateau, celui avec lequel il fait la liaison entre les différentes rives du lac.

   Même si ce n'est pas toujours très bien joué, c'est un film à voir, une belle "tranche de vie" de la Russie d'en-bas, rurale, qui n'est pas sans rappeler certaines campagnes françaises. Et les images sont superbes, notamment celles tournées sur le lac.

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vendredi, 24 juillet 2015

Ant-Man

   Cet homme-fourmi est un super-héros de la galaxie Marvel. En fait, dans les comic-books, il y a eu trois Ant-Men. Le long-métrage sorti récemment nous en présente deux : le créateur du personnage (et du costume), interprété par Michael Douglas, et son jeune successeur, qui a les traits de Paul Rudd.

   A travers ces deux acteurs, j'ai eu l'impression de faire un bond de vingt-trente ans en arrière. C'est d'abord l'arrivée de Michael Douglas à l'écran (dans la séquence introductive, sensée se dérouler dans les années 1980), qui a provoqué un choc. Le papy du cinéma semble plus jeune encore que dans Basic Instinct. C'est quand même beau, le numérique ! Que l'on se rassure : à partir des séquences suivantes, on retrouve le "vrai" Michael Douglas, dont le vieillissement naturel est à peine masqué par les rafistolages successifs qu'il a subis.

   L'impression de déjà-vu s'est confirmée quand le jeune héros est apparu. Le visage comme les mimiques de Paul Rudd m'ont irrémédiablement rappelé le Ben Affleck de jadis. Cela ne peut pas ne pas être intentionnel. Comme, de surcroît, l'acteur ne fait pas montre d'un talent étourdissant, cela a un peu gâché mon plaisir.

   Et pourtant... au sein de la distribution, il y a avait de la qualité. Le meilleur personnage masculin est sans conteste celui du "méchant" Darren Cross, auquel Corey Stoll donne vie, avec nuance. A signaler aussi, dans l'un des seconds rôles, Michael Pena, qui est, depuis une dizaine d'années, une sorte d'Hispanique de service, sympa et (parfois) maladroit. Ses interventions, souvent comiques, contribuent à égayer le film.

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   Côté féminin, Evangeline Lilly (Tauriel dans Le Hobbit) est délicieuse en scientifique et femme d'action. En ce qui la concerne, le scénario ne nous ménage guère de surprise : elle est évidemment en conflit avec son père (avec lequel elle va évidemment se réconcilier) et, après une période de tensions, elle va non moins évidemment succomber au charme du héros. Par contre, ne partez pas quand le générique de fin s'enclenche. Celui-ci s'interrompt un moment pour nous indiquer une évolution possible de son personnage.

   Finalement, ce sont peut-être les insectes les véritables héros de cette histoire. Les fourmis dressées par les humains vont se révéler de précieuses alliées... et leurs évolutions sont souvent spectaculaires... voire des sources de gags. Cela donne du tonus à l'histoire, un peu trop linéaire.

   Il aurait de plus fallu mieux travailler le rythme. On a pensé à intercaler les scènes d'action et d'autres, plus "familiales". Mais ces dernières sont le point faible du film, alors qu'on ne s'ennuie pas une seconde le reste du temps. J'ai particulièrement aimé la baston dans la chambre de la gamine et l'effraction sur un site des Avengers (un groupe que le nouveau super-héros va sans doute rejoindre, à moins qu'on ne le rapproche des "nouveaux" 4 Fantastiques).

   Cela donne un honnête divertissement, qui ne se prend pas trop au sérieux, mais qui comporte des longueurs.

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jeudi, 23 juillet 2015

Les mille et une nuits portugaises

   C'est une entreprise un peu folle, un triptyque (de plus de six heures au total) du Portugais Miguel Gomes, remarqué il y a deux ans et demi avec Tabou. Mi-fiction mi-documentaire, cette oeuvre prend pour prétexte les célèbres contes pour traiter du Portugal d'aujourd'hui.

   Le premier film, L'Inquiet, alterne humour et constat de désespoir. On y voit le réalisateur fuir le tournage, poursuivi par un preneur de son, un caméraman et le reste de l'équipe technique. (Aux cinéphiles avertis, cela rappellera une scène de C'est arrivé près de chez vous.) La suite est moins drôle, avec la crise des chantiers navals. Notons que l'intrigue suit parfois des chemins détournés, comme lorsqu'il est question des ravages des guêpes.

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   La venue des envoyés de la Troïka (FMI, BCE et Commission européenne) remet un peu d'ambiance... de manière inattendue : il est question d'érection. Je n'en dirai pas plus... Mais la séquence la plus marquante est sans conteste celle du chant du coq, dans laquelle on aurait tort de voir un simple conflit de voisinage. De là, on passe (façon marabout de ficelle) à une histoire d'amour, sur fond d'incendie et de travail des pompiers.

   La dernière partie est consacrée à ceux qui sont appelés "les merveilleux". Cela commence par trois portraits, ceux d'individus broyés par la crise. Il y a ce cadre licencié, qui s'était dévoué corps et âme à son entreprise, et dont on découvre la chute progressive. Il y a aussi ce couple "à l'ancienne", modeste dans tous les sens du terme. Il y a enfin ce jeune homme, qui a tendance à "péter les plombs". Le fil conducteur est un syndicaliste, tombé malade. Pour contrebalancer cette vision un peu sombre, la scène finale montre un bain collectif roboratif.

   Si j'ai eu quelques difficultés à rentrer dans le premier film, le deuxième volet, intitulé Le Désolé, m'a tout de suite captivé. Trois histoires nous sont contées. On commence avec celle de Simao "sans tripes", un vieux roublard, à moitié délinquant, qui a pris le maquis. Bien que son comportement ne soit pas irréprochable, il bénéficie du soutien d'une partie de la population, qui voit en lui un rebelle, un homme qui ne se plie pas aux diktats des autorités qui ont trahi le peuple. Dans cette histoire (comme dans la suivante, d'ailleurs), le rapport aux femmes est ambigu. A plusieurs reprises, dans le triptyque, on remarque que M. Gomes a mis en scène une société assez patriarcale, sans que cela soit montré de manière négative. (Fort heureusement, le troisième volet va corriger cette impression.)

   La deuxième partie est assez théâtrale. Il y question d'une juge, confrontée a priori à un cas assez simple de conflit entre un propriétaire et ses locataires. De fil en aiguille, on découvre que cette affaire a de multiples implications, chaque "accusé" arguant qu'il/elle avait des raisons valables de mal agir.

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   Ainsi, les locataires (une mère et son fils) ont vendu les meubles du logement (appartenant au propriétaire) pour payer une indemnité due à la belle-fille, qui en avait assez d'être maltraitée par son mari. Le propriétaire lui-même était à la recherche d'argent depuis qu'il s'était fait tuer ses vaches par son voisin. Il a poussé une muette à commanditer un vol de bétail, qui ne s'est pas très bien passé, un des bovidés s'étant échappé. L'animal, bloquant la route, a empêché les secours d'arriver à temps pour sauver la vie d'un enfant, frappé à mort par l'un des frères. Tout cela à cause d'un repas qui n'avait pas été préparé. Dans le même temps, on constate que les femmes, portugaises comme chinoises (celles-ci ayant un lien avec les vaches !), sont souvent traitées comme des objets.

   La dernière partie de ce film tourne autour d'un chien, appelé Dixie, qui va changer de maître à plusieurs reprises. L'histoire se déroule dans un quartier pauvre, dans des immeubles d'habitat bon marché. Il est d'abord question d'une dame âgée, dont le premier chien est mort et qui ne veut plus s'occuper du nouveau. Un couple en détresse sociale va hériter de Dixie, qui va ensuite passer entre les mains d'un duo de jeunes qui tire le diable par la queue. Le chien va poursuivre son existence entre une grand-mère concierge et ses petits-enfants. L'idée est que l'animal apporte un peu de bonheur à des personnes que la vie a abîmées. Mais cela ne suffit pas toujours.

   Ce deuxième volet est moins drôle que le précédent, mais il est plus fort, mieux maîtrisé au niveau du scénario et du montage.

   Le troisième volet, intitulé L'Enchanté, renoue un peu avec l'esprit parfois enjoué du premier, tout en étant moins déprimé. Dans les histoires pointe plus souvent une lueur d'espoir. La première met en scène une Schéhérazade (très jolie) en femme libre. On lui fait rencontrer un magnifique éphèbe, jeune, beau et musclé... mais terriblement bête. Cela donne du piquant à cette intrigue (tournée du côté de Marseille), qui ne m'a pas franchement emballé.

   Lui succède le plat de résistance, autour d'éleveurs de pinsons, dont les chants sont l'objet d'une véritable passion. On découvre le mode de capture des animaux sauvages et la manière de les élever pour en faire des champions des vocalises. L'histoire culmine lors d'un concours, organisé en périphérie d'une grande ville, à proximité d'un aéroport, dans une grande cage aménagée à cette intention.

   On pourrait croire que l'ambiance allait retomber avec la dernière séquence. Pas du tout. "Forêt chaude" est la traduction du nom de l'héroïne, une étudiante chinoise qui va dans un premier temps se perdre dans la ville portugaise, avant de rencontrer son destin. Elle est un peu à l'image de la tonalité que M. Gomes a voulu donner à son entreprise : un fond assez noir (parfois même très noir), mais d'où émergent des raisons d'espérer.

   Tout n'est pas bon dans cet ensemble disparate. Il aurait sans doute fallu procéder à davantage de coupes. Mais c'est un passionnant portrait poétique du Portugal du début du XXIe siècle, dans lequel d'autres pays peuvent se retrouver.

mercredi, 22 juillet 2015

Ex Machina

   Ce film britannique de science-fiction est sorti un peu confidentiellement, en juin dernier. Le réalisateur Alex Garland n'est certes pas très connu (c'est un scénariste, à la base), mais la distribution, tout comme l'histoire, avait de quoi allécher.

   Domhnall Gleeson (vu récemment dans Invincible) incarne un jeune programmeur, employé dans une très grosse boîte informatique, BlueBook, qui a inventé un moteur de recherche internet et tout une série de services liés. (Cela ressemble bigrement à Google.) Un jour, il gagne à la loterie de l'entreprise : il va pouvoir passer une semaine en compagnie du président-fondateur, Nathan, un génie qui vit désormais reclus dans un bunker, à l'écart du monde.

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   Celui-ci est interprété par Oscar Isaac, méconnaissable par rapport à sa prestation dans Inside Llewyn Davis. Pourvu d'une barbe fournie, il a le crâne rasé et passe le plus clair de son temps à alterner picole et exercices physiques. C'est une sorte de gourou sympa, en apparence. Une mystérieuse assistante muette accomplit diverses tâches pour lui. L'action se déroule chronologiquement, le long des sept jours passés par Caleb au sein du complexe.

   Le jeune héros est associé au nouveau projet révolutionnaire de Nathan : la création d'un être pourvu d'une intelligence artificielle indétectable. Bref, un androïde que l'on prendrait pour une vraie femme. (On pense évidemment à Blade Runner.) Celle-ci est incarnée par Alicia Vikander, remarquée naguère dans Anna Karenine et surtout Royal Affair. Comme elle est mignonne et désireuse d'en savoir plus sur le nouvel arrivant, une relation ambiguë se noue entre elle et Caleb.

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   Est-ce ce que souhaite Nathan ? La situation n'est-elle pas en train de lui échapper ? L'intelligence artificielle d'Ava (prononcez "Eva"... bien entendu) va-t-elle jusqu'à pratiquer la dissimulation, la manipulation et le mensonge ? Est-elle capable d'attachement ? Et pourquoi Caleb a-t-il vraiment gagné à la loterie ? L'intrigue est riche en mystères, qui vont petit à petit se dévoiler.

   Cela se passe dans des décors très soignés (les pièces du bunker à demi-enterré). On a réussi à suggérer à la fois la modernité et l'étrangeté. Quant aux effets spéciaux, ils sont bien dosés et épatants, notamment au niveau du corps de l'androïde. Et n'oubliez pas de tendre l'oreille : un travail intelligent a été effectué sur le son.

   Si l'occasion se présente, jetez-vous sur cette pépite pleine d'étrangeté, qui, par certains aspects, n'est pas sans rappeler l'univers de David Cronenberg.

16:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 21 juillet 2015

La Isla minima

   Cette "petite île" est située quelque part dans les méandres du Guadalquivir et de ses affluents, dans le sud de l'Espagne. Ce n'est que dans la dernière partie du film que l'on apprend le rôle qu'elle a joué dans l'intrigue. D'ici là, on aura eu droit à un polar noir, très noir, sur fond de démocratisation de l'Espagne, au début des années 1980.

   Cet aspect, bien que non central dans l'histoire, joue un rôle important, parce qu'il oppose les deux enquêteurs de la police criminelle. Pedro est un jeune ambitieux, sans doute "de gauche"... un peu trop fouineur, peut-être. On l'a muté loin de sa famille sans doute pour calmer ses ardeurs. Son acolyte Juan est un flic à l'ancienne, aux méthodes pas toujours orthodoxes. C'est un ancien franquiste qu'on a mis au rancart.

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   Si l'association de deux policiers aux tempéraments très différents est un classique de ce genre d'histoire, le scénario a l'habileté de brouiller un peu les pistes. Il fait de Pedro un mec pointilleux, à cheval sur le règlement et menant une vie assez conformiste (marié, avec un enfant en bas âge... et fréquentant peu les bars). Juan est un bon vivant, amateur d'alcool et de femmes "ouvertes". Mais il est seul, au fond. Les qualités respectives des deux hommes vont leur être utiles pour démêler les fils d'une affaire complexe.

   Elle est complexe parce que l'enquête vient déranger les habitudes prises par certains habitants de la région. Pour arrondir leurs fins de mois, des paysans et des pêcheurs traficotent (plutôt du tabac). D'autres se sont lancés dans un commerce plus lucratif, celui de la drogue. Se greffe là-dessus un réseau de prostitution, né de la misère et du désespoir. La disparition de deux jeunes femmes vient tout perturber. La situation devient encore plus troublée quand les policiers découvrent qu'ils ont peut-être affaire à un tueur en série.

   L'histoire est servie par des interprètes excellents (parfois connus du public français amateur de films ibériques), dans les premiers comme dans les seconds rôles. Et surtout... les images sont magnifiques. Certains plans sont à couper le souffle, qu'ils soient aériens ou tournés au niveau du sol, entre les chenaux qui forment un véritable labyrinthe.

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   Ce film est l'une des bonnes surprises de l'été, marqué, une fois n'est pas coutume, par une brochette de sorties de qualité au mois de juillet.

11:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films