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jeudi, 07 novembre 2013

Inside Llewyn Davis

   Les frères Coen s'attaquent à la folk song et à l'Amérique contemporaine, mais attention, pas celle des paillettes et du clinquant, celle des gens pas connus, certains vivant à l'aise, d'autres tirant le diable par la queue.

   C'est dans la seconde catégorie qu'il faut placer le héros éponyme, un chanteur et guitariste talentueux mais qui joue de malchance et semble un peu trop souvent choisir les chemins qui le mènent à l'échec. Dans la première moitié du film, cela donne de nombreux moments de comédie. L'un des fils rouges est... un chat au pelage... roux... très ronronnant, très docile (il ne bouge pas dans les bras du héros, même sous la pluie !... on voit bien qu'on est au cinéma...)... et vraiment très photogénique :

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   Bon, en fait, il y a deux chats, un mâle (nommé Ulysse... qui va faire un "beau" voyage) et une femelle des rues. Franchement, je les kiffe tous les deux. Le héros ne mérite pas l'affection de ces deux adorables sacs-à-puces !

   Parlons-en, du héros. Il a du talent, mais ne perce pas. Il plaît à la copine de son frère (incarnée par Carey Mulligan, exquise jusque dans la grossièreté) mais ne veut pas s'engager avec elle. Il est reçu comme le nouveau Bob Dylan par un couple de bobos new-yorkais et finit par couvrir d'injures la femme de son hôte...

   On rigole quand même souvent, de ses mésaventures comme des situations cocasses dans lesquelles certains personnages vont se fourrer. Et puis il y a cette savoureuse séquence avec John Goodman, dans une bagnole improbable en route vers Chicago. De quoi vous dégoûter du covoiturage à vie !

   La seconde partie est clairement mélancolique... et très complaisante avec le héros. Certes, il semble avoir eu une enfance difficile et le suicide de son partenaire a plombé sa carrière. Mais il ne réagit pas, a du mal a saisir les perches qui lui sont tendues.

   J'ai néanmoins apprécié le "volet social" de son histoire. On découvre qu'il appartient à une famille de marins, son père finissant péniblement ses jours dans un hospice miteux, où le fils décide de se rendre et lui joue un superbe morceau. Ce très beau moment ne suffit toutefois pas à faire de ce long métrage un grand film. C'est un "Coen" mineur, à rapprocher de Burn after reading, loin derrière There will be blood, No Country for old men et True Grit.

22:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mercredi, 06 novembre 2013

Snowpiercer, le Transperceneige

   Ce film d'anticipation grand public est une surprise à plus d'un titre. C'en fut d'abord une pour moi quand, à l'occasion de sa sortie, j'ai appris que cette oeuvre américano-coréenne est l'adaptation d'une bande dessinée française, dont l'intégrale, encore disponible dans le commerce il y a moins d'un moins, est actuellement en cours de réimpression, tant la demande est forte. (Fallait anticiper, les gars !)

   L'intrigue est construite en trois actes. Dans le premier, on découvre le fond du convoi, où végète ce qui est supposé être la lie de la population. Ils sont sales, vivent les uns sur les autres, dans le bruit et l'insécurité, celle-ci imposée par les nervis aux ordres de l'élite qui vit très bien, presque à l'autre bout du train. Je me demande si, dans la peinture de ce sous-univers qui ne manque toutefois pas de dignité, le réalisateur n'a pas été influencé par Les Bas-Fonds (ceux d'Akira Kurosawa ou peut-être ceux de Jean Renoir). C'est très bien filmé, par l'auteur de The Host et de Memories of murder.

   On notera la présence d'un personnage absent de la BD... un dessinateur, qui "croque" ce trouble univers et distribue une partie de ses oeuvres à ses modèles. Si, dans le film, le rôle est tenu par un acteur, les dessins ont été exécutés par l'auteur français, "invité" à participer au tournage.

   Le portrait de groupe placé au début pose bien les bases de l'intrigue et expose le relationnel qui unit tel personnage à tel autre. Au niveau de la distribution, il faut d'ailleurs signaler la bonne performance de Chris Evans, limite méconnaissable... et surtout de Tilda Swinton, dans un rôle ingrat (une méchante très très laide) qu'elle illumine de son talent.

   Les cinéphiles invétérés remarqueront peut-être quelques clins d'oeil placés ici ou là. A un moment, on a même voulu faire croire aux vieux fans de SF qu'on allait leur resservir un peu de Soleil vert...

   La deuxième partie est un concentré de tension et d'action. Et va-s-y que je te cogne, que je t'écrase, que je te renverse, que je t'étripe... Là encore, c'est bien foutu. Faut juste supporter ce genre de spectacle.

   De temps en temps, une séquence en apparence plus anodine vient interrompre le déferlement de violence. J'ai particulièrement aimé celle de la classe d'école, dans laquelle la bonne conscience rivalise avec la fausse mièvrerie. D'autres épisodes (qui suivent la progression du groupe de rebelles vers l'avant du train) sont plus convenus. Mais si ce n'est pas toujours très original, ce n'est jamais mauvais.

   La dernière partie est plus philosophique. On y découvre aussi certains éléments clés de l'intrigue. La fin m'a un peu déçu, mais elle est dans la logique de ce qui a été dit et montré plus tôt dans le film.

22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 01 novembre 2013

Gravity

   Cette "gravité" n'est pas que l'attraction terrestre. En anglais comme en français, le terme fait aussi bien allusion au sérieux qu'à la dangerosité. C'est d'abord un film à grand spectacle... et assez peu bavard. Les dialogues soit ont un aspect comique (avec cette véritable machine à blagues qu'est le commandant Kowalski, alias George Clooney, en forme), soit évoquent la vie de l'héroïne Ryan Stone (Sandra Bullock, habituée aux films insignifiants, à quelques exceptions près comme Entre deux rives). Le reste du temps, les sons sont distribués parcimonieusement et la musique (parfaitement adaptée) n'est pas envahissante.

   On peut donc se concentrer sur les images, qui sont magnifiques. C'est joli et spectaculaire, avec notamment un triple bombardement de particules à la dérive. On nous a abondamment montré le premier, mais sachez qu'il y en a deux autres plus tard, dans le film. Cuaron, déjà remarqué (entre autres) pour Les Fils de l'homme, confirme qu'il est un metteur en scène de talent.

   Par contre, je me suis posé la question du réalisme de l'intrigue. Si la vie en orbite semble fidèle à la réalité (comme a pu en témoigner par exemple Claudie Haigneré), je me demande s'il est faisable de rejoindre la station internationale puis la station chinoise.

   En tout cas, cela nous vaut la plus belle séquence du film, dans l'ISS puis le module Soyouz. C'est l'occasion pour le réalisateur de nous faire admirer la plastique de Sandra Bullock (encore super bien gaulée à près de cinquante balais... mais avec un visage qui a subi des retouches) :

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   Le grand écran permet aux spectateurs attentifs de remarquer les superbes abdominaux et les cuisses de nageuse de l'actrice : comme son rôle est assez physique, il est évident qu'elle a dû compléter sa gym régulière par un entraînement un peu plus poussé. (D'ailleurs, d'après Allociné, on avait d'abord pensé à la sportive Angelina Jolie pour incarner l'héroïne.)

   Mais revenons à l'épisode Soyouz. Il est riche à plus d'un titre. Il montre l'apprentie astronaute hésiter entre l'abandon et l'instinct de survie. La relation avec Kowalski-Clooney prend de plus un tour inattendu (alors que ce personnage masculin a connu une évolution à la Mission to Mars quelques minutes auparavant...). L'avant-dernière séquence, dans la station chinoise (elle aussi abandonnée) est presque aussi réussie... et contient une surprenante conversation avec un Chinois !

   La fin pourra décevoir certains, mais elle est dans la logique de l'histoire. J'ai plutôt été agacé par la prolifération du "juste à temps". Le réalisateur aime jouer avec nos nerfs... un peu trop souvent !

12:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

Omar

   La première demi-heure de ce film palestinien est une comédie de moeurs. On y découvre trois amis d'enfance : Tarek, le meneur (qui sort des blagues pourries de chez pourries), Amjad, le hâbleur (dont l'imitation de Marlon Brando fait les délices du quartier) et Omar, le beau gosse intègre, employé sérieux dans une boulangerie. Le héros en pince secrètement pour Nadia, la soeur cadette de Tarek. Régulièrement, il "fait le mur" pour rencontrer en cachette sa dulcinée... et il lui écrit des mots doux.

   Sauf que tout ceci se passe entre Israël et Palestine, la Cisjordanie étant traversée par le mur de séparation. En maints endroits rôdent des soldats de Tsahal qui, à l'occasion, humilient le Palestinien de passage.

   De plus, les trois jeunes hommes sont engagés politiquement, plutôt dans la résistance laïque (peut-être les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa). Notons que la soeur de Tarek ne porte pas le moindre voile. La décision de passer à l'action va bouleverser la vie des trois hommes... et de la jeune femme.

   L'armée israélienne (plus précisément son service de renseignement) se met à jouer un rôle crucial. L'intérêt de ce film est de dénoncer non pas la violence physique exercée par l'occupant, mais la violence morale, à travers les choix cornéliens qui sont imposés aux jeunes Palestiniens. Qu'est-ce qui compte le plus à leurs yeux ? Jusqu'où chacun est-il prêt à aller pour la cause ?... Et qui trahit qui ?

   Le film devient un polar très bien construit, où l'on tente de démêler le vrai du faux. On ne sait pas jusqu'à quel point les personnages mentent. C'est du niveau d'une tragédie grecque : il n'y a pas de bonne solution. Alors, quelle est la moins mauvaise ?

   La montée en tension est maîtrisée, avec toutefois deux invraisemblances : Omar croit un peu trop vite un gros mensonge qu'un personnage lui balance pour sauver sa vie et, plus tard, c'est au tour d'un agent israélien de se faire un peu trop facilement berner.

   La réalisation est au cordeau, avec quelques scènes très enlevées, celles des poursuites dans les ruelles de la ville palestinienne. Après Ajami, Inch'Allah et L'Attentat, c'est une nouvelle fiction coup-de-poing sur le conflit proche-oriental.

   Malheureusement, le talent déployé dans ces films semble inversement proportionnel aux perspectives de règlement du conflit...

mercredi, 30 octobre 2013

Turbo

   Au départ, je n'avais pas l'intention d'aller voir cette nouvelle animation de chez DreamWorks. Et puis j'ai croisé une collègue qui a coutume d'emmener sa progéniture voir ce genre de film. Tout comme moi, elle avait aimé le premier Cars (le second volet étant un peu moins réussi). Turbo lui a plu, alors qu'elle a été déçue par Planes.

   L'histoire démarre de manière comique dans ce jardin où une colonie d'escargots gère la récolte des tomates. La vie des gastéropodes est d'une monotonie affligeante : même les attaques foudroyantes des corbeaux sont intégrées dans le train-train quotidien. De son côté le héros, qui s'appelle en réalité Théo, rencontre quelques difficultés avec les solanacées les plus mûres... On notera aussi la présence d'un personnage négatif, celui d'un petit garçon très très con... mais un peu trop sûr de lui.

    Le schéma narratif est classique. L'individu qui se sent exceptionnel veut sortir de la routine dans laquelle son entourage est engoncé. Le film rend hommage à l'esprit d'initiative, au dépassement de soi et à l'amitié. Il est rempli de clins d'oeil cinématographiques. La séquence qui voit Théo acquérir ses super-pouvoirs est une référence évidente à Fast and Furious... ainsi (sans doute) qu'à Spiderman. Les courses automobiles m'ont fait immanquablement penser à Cars... et je me demande si la présence d'un avion un peu lourdeau, dans une scène, n'est pas une manière de se moquer de Planes.

   Heureusement, cette omniprésence des bagnoles est contrebalancée par un humour efficace. J'ai particulièrement aimé la mise en scène du contraste entre la perception (notamment de la vitesse) des escargots et la vision "objective" qui est donnée ensuite.

   Par contre, je n'ai guère apprécié de voir qu'encore une fois le méchant est un Français. Cela semble être une tendance lourde chez certains tâcherons d'outre-Atlantique. DreamWorks est même un récidiviste, puisque Madagascar 3 était marqué par la même francophobie stupide.

   Ici, elle est concentrée dans le personne de Guy La Gagne, champion automobile égocentrique, toujours vêtu de rouge :

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   C'est un mélange de Michael Schumacher (pour sa grande taille élancée et l'omniprésence du rouge) et d'Alain Prost (pour le visage aux traits marqués et la fierté tricolore, soulignée jusque sur le circuit d'Indianapolis) :

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   Observez bien le sourire de Guy La Gagne dans le film : c'est un décalque évident de celui d'Alain Prost. Le personnage est pourtant présenté au début sous un jour positif : c'est le modèle de Théo et il défend cet esprit d'initiative si cher aux auteurs. On s'aperçoit assez vite qu'il est surtout soucieux d'attirer les caméras et les photographes. Il devient un rival impitoyable pour Turbo... jusqu'au bout du bout !

   Si l'on supporte ces aspects déplaisants, on pourra jouir de la virtuosité de certaines scènes (notamment sur le circuit automobile) et goûter les interventions piquantes des acolytes de Turbo, les escargots (une bande de voyous sympathiques) comme les humains (pas des lumières, mais des gens à tempérament).

20:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 29 octobre 2013

Ma maman est en Amérique...

   ... elle a rencontré Buffalo Bill ! Tel est le titre complet de cette animation franco-luxembourgeoise, autobiographique, qui nous plonge dans la France des Trente Glorieuses. Le héros est un petit garçon, Jean, fils d'un chef d'entreprise surtout préoccupé par son travail.

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   Doté d'une imagination débordante, il s'invente des histoires. Il est très influencé par le cinéma américain... et les westerns spaghettis ! Il a un frère cadet, avec lequel il ne s'entend pas toujours très bien... et il regrette l'absence de sa maman. Il y a quand même une femme à la maison : la nounou, Yvette, à la fois inventive et patiente avec les enfants. Julie Depardieu lui prête sa voix, avec talent :

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   Mais la partenaire de jeux que Jean préfère est la (grande) fille des voisins (visiblement moins riches), Michèle, une rouquine à fort tempérament qui se fait coiffer par le garçon... et lui raconte plein d'histoires :

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   Curieusement, c'est elle qui reçoit les cartes postales envoyées par la mère de Jean, partie faire le tour du monde. Comme le garçon ne sait pas lire, il est très dépendant de ce que veut bien lui dire sa jeune voisine. Il y a donc un mystère familial à éclaircir.

   En même temps, ce film restitue très bien l'ambiance qui règnait jadis entre les garçons dans les cours de récréation et l'incroyable rivalité qui portait sur le jeu de billes, celles-ci savamment classées en fonction de leur matériau (terre, verre, métal...) :

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   J'ai failli oublier les heures de classe (bien plus nombreuses à l'époque qu'aujourd'hui, sans que l'on songe à se plaindre...) et cette maîtresse "à l'ancienne" (déjà à l'époque... je vous laisse imaginer le personnage !). L'histoire introduit même la notion de différences culturelles (autour de la fête de Noël).

   Entre roman familial, tranches de vie et tableau historique, ce court film (1h15) est décidément très riche... et à réserver à des enfants déjà un peu grands... ainsi qu'aux parents nostalgiques !

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samedi, 26 octobre 2013

Heimat 1 et 2

   Au départ, Heimat fut une série télévisée d'Edgar Reitz, qui connut un grand succès en R.F.A. puis dans l'Allemagne réunifiée. Par le biais de la fiction (et d'un village imaginaire), elle relatait le siècle tumultueux que la population allemande avait vécu, de 1919 aux années 1980, puis 1990, enfin 2000.

   Le film en deux parties qui vient de sortir en France en constitue une sorte de prologue, situé au début des années 1840. A cette époque, l'Allemagne n'existe pas en tant qu'Etat. Le sentiment national est lui bien vivant, mais la "patrie" (traduction imparfaite du mot "Heimat") est plus le petit pays qui sert d'horizon aux ruraux qui se tuent quotidiennement à la tâche.

   L'action se déroule dans la part occidentale du royaume de Prusse, en Rhénanie (aujourd'hui partagée entre deux Länder, la Rhénanie-Palatinat et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans une région appelée Hunsrück (dont l'étendue correspond à la moitié de celle de l'Aveyron) :

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   La première partie est sous-titrée "Chronique d'un rêve". Pour les Aveyronnais, il faut imaginer l'Allemagne profonde cent ans avant Farrebique, dans un pays qui n'a pas connu la Révolution française (certains privilèges n'ont pas été abolis), même si, la guerre aidant, les troupes françaises ont laissé des traces dans la région. (Trente ans après, une femme a encore en sa possession le savon d'un officier tricolore !)

   C'est un magnifique noir et blanc, d'où émerge de temps à autre un détail coloré, comme une pièce d'or, un morceau de verre déformant, un drapeau ou les pétales d'une fleur :

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   Mais, alors que Georges Rouquier, au-delà "des travaux et des jours", avait voulu montrer la communion des hommes et de la nature, Edgar Reitz fait plutôt oeuvre d'historien, reconstituant la vie au village dans ce qu'elle avait de pénible et de joyeux, de routinier et de changeant. L'Ouest de la future Allemagne est sur le point de s'ouvrir à la modernité.

   Le noble du coin, auquel on doit respect, n'est pas présenté au départ comme un mauvais bougre. Il sait même se montrer généreux à l'occasion. On découvre la vie simple et globalement difficile de ces ruraux qui n'ont rien d'exceptionnel, à première vue.

   Tout le monde est un peu paysan, même ceux qui ont une activité principale autre, comme le forgeron, père du héros. Celui-ci, Jakob, est le fils indigne. Alors que l'aîné s'est illustré dans l'armée et, une fois de retour, se dévoue à l'entreprise familiale, le cadet est le plus souvent le nez dans les bouquins, au désespoir de son père. Le jeune homme s'est vite rendu compte qu'il parvenait à apprendre vite beaucoup de choses, grâce à ses lectures. Il dévore notamment les récits de voyageurs... et apprend petit à petit à déchiffrer des langues étrangères. Les confrontations avec son père constituent souvent des moments de comédie.

   Mais il y a aussi cet amour naissant pour Henriette, une ravissante blonde, dont la réserve naturelle cache un tempérament fougueux. Elle et sa meilleure amie brune sont l'objet de l'attention des deux fils du forgeron. Une soirée festive va sceller le sort d'au moins un couple, mais pas dans le sens auquel les spectateurs se seraient attendus.

   Pour Jakob, la déception amoureuse et la répression des revendications républicaines des révolutionnaires allemands vont être des déclencheurs.

   La seconde partie du film est sous-titrée "L'Exode". Plus longue, elle donne à voir les causes multiples du mouvement d'émigration qui a frappé les territoires germaniques au XIXe siècle. On a plus souvent entendu parler de l'installation en Amérique du Nord. Ces personnages-ci ambitionnent de partir au Brésil. Cela nous vaut une séquence pittoresque, au cours de laquelle des Portugais viennent faire de la retape pour l'empire sud-américain.

   Auparavant, on aura vu le village traverser les pires épreuves, de l'hiver glacial à l'épidémie, en passant par la prison royale, pour quelques-uns des héros. De retour, Jakob comprend qu'il aura du mal à s'intégrer à nouveau à la communauté. Un mariage est célébré. Dans le même temps, le frère aîné est tenté par la modernité : il met au point une machine à vapeur. Mais, dans le village, beaucoup songent à partir.

   L'histoire alterne moments de joie et de douleur. La mort et la maladie frappent, sans parler même des déconvenues sentimentales. Incidemment, on perçoit aussi les tensions religieuses, entre catholiques et protestants, qui ne cohabitent pas dans le village, mais peuvent se croiser dans la contrée. La seule soeur survivante de Jakob (les parents ont perdu six enfants en bas âge) a été reniée parce qu'elle a épousé un "papiste" (un gars de la Moselle par dessus le marché !). La situation évolue dans cette partie du film.

   L'une des dernières séquences montre le départ de l'expédition. Elle doit rejoindre d'autres convois issus eux aussi de Rhénanie, direction la mer du Nord puis, au terme de plusieurs étapes, le Brésil. On ne les voit désormais plus à l'écran, mais, grâce à des lettres, on finit par savoir ce qu'ils sont devenus.

   Sur presque quatre heures, cela constitue une fresque impressionnante, d'une grande qualité plastique, très bien jouée. La grande histoire se marie parfaitement avec la petite, celle du quotidien de ces gens ordinaires auxquels on finit par beaucoup s'attacher.

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vendredi, 25 octobre 2013

Sur le chemin de l'école

   Ce documentaire suit en alternance quatre types d'enfants, tous nés dans un "pays en développement" : Jackson et Salomé dans la savane kényane, Zahira et ses copines dans les montagnes marocaines, Samuel et ses frères dans la campagne indienne, Carlos et sa soeur en Patagonie.

   Le montage est habile : on retrouve chaque groupe d'enfants à plusieurs reprises, à chaque fois à un stade différent de son périple. Trois des quatre groupes effectuent leur trajet (de 10 à 20 kilomètres) chaque jour, aller et retour, alors que les Marocaines partent le lundi pour ne revenir que le vendredi. Dans la salle, les parents sont accompagnés de leurs petits... alors que c'est aux ados blasés, gâtés pourris, rivés à leur téléphone portable (ou à leur console de jeux) que cette projection ferait le plus grand bien.

   Qu'en retenir ? Que le Kényan Jackson est d'une vive intelligence, qui transparaît en particulier dans l'une des scènes de la dernière partie du film. Au passage, son périple (et celui de sa soeur cadette) nous aura permis d'accéder à de superbes images de la savane, avec ses girafes et ses éléphants.

   De leur côté, les gamines de l'Atlas doivent faire preuve d'inventivité pour arriver à l'internat dans les temps. On s'aperçoit aussi que la société marocaine est devenue très individualiste. Chacun vaque à ses occupations, sans se préoccuper de l'autre. Je vous laisse aussi découvrir le rôle de la poule que Zahira transporte dans un sac.

   Les plus méritants sont les Tamouls (originaires du Sud-Est de l'Inde), l'un des frères étant sévèrement handicapé sur le plan physique (mais brillant sur le plan intellectuel), les deux autres joignant tant bien que mal leurs forces pour l'emmener jusqu'à l'école, où il reçoit un accueil qui fait chaud au coeur. C'est dans cette partie de l'histoire que sont glissés quelques moments de comédie.

   En Argentine, les paysages sont aussi magnifiques, mais je dois avouer que j'ai été moins touché par ce chapitre-là.

   Le gros défaut du film est le doublage en français, vraiment mauvais (il sonne très artificiel). Il aurait mieux valu procéder comme dans certains reportages télévisés : garder les vraies voix des protagonistes en fond sonore et leur superposer la traduction. On sent aussi à plusieurs reprises le côté scénarisé de certaines scènes, que l'on a visiblement demandé aux gamins de rejouer. Mais cela reste globalement un divertissement plaisant... et civique.

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mercredi, 23 octobre 2013

Eva

   Par le plus grand des hasards, j'ai découvert ce petit film espagnol, sorti l'an dernier. Avec une économie de moyens et beaucoup de talent, l'auteur nous livre un bijou de science-fiction, un peu à l'image de ce que fut [Rec] pour le genre horrifique et Insensibles pour le drame historique.

   Nous sommes en 2041. Des voitures électriques circulent en grand nombre. Dans leur vie quotidienne, les humains côtoient des robots plus ou moins évolués. Perdu dans les montagnes enneigées, un centre de recherche innove dans ce domaine. L'histoire commence avec le retour d'un ancien jeune prodige, incarné par Daniel Brühl :

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   Et là vous vous dites que vous connaissez ce type. Il s'agit de l'acteur révélé par l'excellent Good Bye, Lenin !, qui a fait du chemin depuis. On a pu le voir notamment dans Joyeux Noël, 2 Days in Paris et John Rabe. Etrangement, cet acteur allemand parle un espagnol parfait. Ce serait oublier qu'il est né à Barcelone, d'une mère espagnole !

   Face à lui se trouve principalement une jeune fille d'une dizaine d'années, la fameuse Eva, interprétée avec conviction par une actrice à surveiller, Claudia Vega :

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   Plusieurs mystères planent dès le début. On ne sait pas pourquoi le héros est parti il y a dix ans. On sent que quelque chose s'est passé entre lui, son frère et la femme de celui-ci, qui était sa partenaire autrefois. A ce non-dit familial se rajoutent les recherches secrètes. Sur quel projet travaillait-il autrefois ? Est-ce le même que celui pour lequel il vient d'être engagé ? Pourquoi Lana (la compagne de son frère) a-t-elle renoncé à la recherche pour se consacrer exclusivement à l'enseignement ? Et qui est réellement Eva, cette gamine pour laquelle le héros ressent immédiatement de l'affection ?

   Le film fonctionne sur la base d'un long retour en arrière. La fin permet d'éclairer la séquence du début. Entre temps, on aura découvert cette Espagne futuriste, où un scientifique vit en compagnie d'un chat-robot :

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   Signalons que s'il miaule et ronronne comme un vrai sac-à-puces, il n'urine pas ! (Vive le progrès !)

   Dans l'univers du héros gravite aussi un domestique d'un genre très particulier, Max. C'est un robot très perfectionné, d'une obséquiosité extrême, mais capable d'initiatives. Il est précieux au quotidien, même s'il semble parfois inquiétant :

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   Les effets spéciaux, peu nombreux mais bien dosés, sont remarquables. J'ai particulièrement apprécié la représentation de la construction de "l'âme" des robots (leur mémoire émotive), à l'aide d'une animation numérique qui évoque une architecture neuronale de cristal :

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   Pendant 1h30, je suis resté littéralement scotché à mon fauteuil. A voir absolument si vous en avez l'occasion.

20:11 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 22 octobre 2013

L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

   Jean-Pierre Jeunet se fait rare. Il a fallu attendre quatre ans après Micmacs à tire-larigot. Malheureusement, c'est outre-Atlantique que le créateur français a trouvé l'inspiration : cette histoire se déroule aux Etats-Unis, du Montana jusqu'à Washington, en passant notamment par Chicago.

   C'est donc une sorte de road movie, ou plutôt un railway movie, puisque que le jeune héros voyage principalement par train. Il veut se rendre dans la capitale fédérale pour y présenter son invention. En même temps, il fuit le contexte familial, marqué par le décès de son frère, dont il se sent responsable.

   Le film embrasse plusieurs thèmes. C'est d'abord une comédie familiale, qui présente une drôle de tribu, bien dans l'esprit de Jeunet. Le père est un cowboy mutique mais aimant. La mère (Helena Bonham Carter, vraiment très bien) est une scientifique hyper pointilleuse, qui travaille à la maison. La soeur aînée rêve de concours de beauté... et surtout de sortir de ce pays de "bouseux" ! Le jeune T.S., qui se désespère de ne pas être le fils idéal qu'aurait aimé avoir son père, se réfugie dans ses inventions et ses obsessions.

   A l'écran, en 3D, cela donne des plans magnifiques. Jeunet sait utiliser la technologie pour mettre en valeur certains éléments du décor ou certains objets. Voilà enfin un film qui mérite le supplément de deux euros !

   L'intrigue regorge de moments cocasses, qui rappellent Amélie Poulain. Jeunet a le sens du détail. Mais en route, il perd un peu le jeune public qui, dans la salle, a eu tendance à demander des explications aux adultes. De plus, j'ai trouvé que le héros s'exprimait de manière trop littéraire. Ajoutez à cela les gros plans, qui permettent de se rendre compte du doublage, et vous aurez les quelques défauts du film.

   L'intérêt remonte dans la dernière partie. Le gamin va être "pris en mains" par des ambitieux (Judy Davis et Rick Mercer, excellents cabots). Si l'émotion nous prend au moment du discours, l'humour nous saisit lors de l'avant-dernière séquence, qui se déroule sur un plateau de télévision.

   C'est un film sympathique, souvent drôle, brillant sur le plan formel, où l'on sent malgré tout poindre un mélange de tristesse et de nostalgie.

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lundi, 21 octobre 2013

Merci Groland !

   L'émission du 12 octobre dernier fut d'un bon niveau. Parmi les reportages marquants, il faut relever celui consacré à une retentissante affaire de détournement de fonds, dite "affaire Bitencourt" :

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   Les enquêteurs grolandais peinent à démontrer l'abus de faiblesse dont la milliardaire aurait été victime de la part d'un ancien candidat à la présidence de la République.

   L'actualité "chaude" traite de la délinquance, sous toutes ses formes. La fine équipe d'humoristes a mis au point une séquence qui, tout en se payant la tête d'une chaîne populiste (admirez le logo, en haut en droite), pointe les vrais voyous qui ruinent nos sociétés :

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   Après les vieux, place aux jeunes ! C'est avec ironie que le journal évoque les emplois d'avenir hollandiens, à travers le "contrat d'emploi cool", une manière de stigmatiser la fainéantise d'une partie de la jeunesse française d'aujourd'hui :

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   Du côté des actifs, on ne chôme pas. Des voleurs s'en sont pris à un caviste... mais ils ont commis l'erreur de consommer très vite une partie du produit de leur larcin :

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   La remise des prix Nobel étant d'actualité, l'équipe de Made in Groland s'est intéressée aux recherches portant sur l'accouchement masculin... une entreprise risquée :

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   Enfin, les bruits de guerre devenant le quotidien des informations, l'armée grolandaise a décidé de se préparer au pire, face aux troupes brésiliennes (dotées de sacrés obus !) :

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   Mais le titre de ce billet est en relation avec une autre séquence de l'émission, consacrée au comportement de certains spectateurs de cinéma :

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   Cela fait du bien qu'à une heure de grande écoute, une émission prenne une partie du public à rebrousse-poil. D'ailleurs à Rodez, depuis l'ouverture du multiplexe, on sent que l'on pousse les clients à manger sur place, quitte à ce que les salles soient jonchées de détritus à la fin de la séance... parce que figurez-vous que les consommateurs de pop-corn, non contents d'être des petits-bourgeois égoïstes adeptes de la junk food, sont mal élevés et en renversent plein dans l'allée, quand ce n'est pas sur les sièges... Et voilà les opérateurs du cinéma, désormais priés d'être polyvalents. Ils font donc office de projectionnistes, caissiers, vendeurs de confiseries... et "techniciens de surface" dans les salles.

dimanche, 20 octobre 2013

Blue Jasmine

   Le nouveau film de Woody Allen marie l'anglo-américain et le français, dans une comédie douce-amère qui tourne autour des rapports entre les hommes et les femmes. L'héroïne, bien qu'incarnée (à la perfection) par la superbe Cate Blanchett, est antipathique. Si je ne répugnais pas à être grossier, je dirais que le film aurait pu s'intituler Grandeur et misères d'une pétasse.

   Jasmine est une snob de la côte Est, fascinée par l'Europe... surtout la France (Paris, Saint-Tropez, Cannes...). Coup de bol pour elle, elle s'appelle French. Elle porte même un prénom français, à l'origine : Jeanette. C'est aussi une inconditionnelle de la mode d'outre-Atlantique (Hermès, Louis Vuitton...). De temps à autre, les dialogues sont émaillés de mots français (dans la version originale sous-titrée). On découvre ce personnage dans toute sa splendeur grâce aux retours en arrière, qui, judicieusement placés, éclairent un passage de l'histoire qui se déroule sous nos yeux, celle d'une dame de la haute société en pleine déchéance.

   Cate Blanchett est épatante à tous les niveaux. Elle livre une excellente interprétation aussi bien de la mondaine sûre d'elle et de son bonheur, que de l'ex-madame au purgatoire chez sa sœur méprisée (Sally Hawkins, très bien) et de la femme perdue, entre ses mensonges et ses rêves de grandeur.

   L'intrigue est agrémentée d'un humour acide, fondé sur le fossé socio-culturel (caricatural) entre les classes supérieures de la côte Est, richissimes, arrogantes et la conscience tranquille malgré leur malhonnêteté et les gagne-petit de la côte Ouest, à la fois hostiles et fascinés par les premières.

   Le film se veut aussi moral. Le mensonge ne mène pas au bonheur. Certains personnages vont en faire l'expérience cruelle. On découvre aussi petit à petit la complexité de la personnalité de Jasmine, que le réalisateur place dans beaucoup de situations inconfortables. (Il reste toutefois assez indulgent avec elle, les défauts des autres prenant parfois le pas sur les siens.)

   Ce n'est pas un grand Woody Allen, mais l'on passe un bon moment, dans une ambiance jazzy (avec pour fil conducteur le morceau  Blue Moon), en compagnie d'une actrice qui n'a jusqu'à présent pas été reconnue à sa juste valeur.

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samedi, 19 octobre 2013

9 mois ferme

   Cela fait quatre ans que l'on attendait la nouvelle réalisation d'Albert Dupontel. Entre temps, il a (bien) fait l'acteur, dans Le Bruit des glaçons et Le Grand Soir. Il réitère certains choix de casting : on retrouve des têtes connues dans les rôles secondaires et, comme dans Le Vilain, Dupontel partage l'affiche avec une actrice de renom, ici Sandrine Kiberlain.

   On aurait pu craindre que le "choc des cultures" entre ces deux pointures ne soit pas très productif. Ce serait oublier que La Kiberlain a de la ressource. (Si vous ne l'avez pas vu, courez télécharger, louer ou acheter Romaine par moins 30 !) De surcroît, dans un premier temps, on lui fait incarner une magistrate coincée, totalement dédiée à son travail... et intransigeante dans le boulot. Une cuite monumentale, lors du réveillon 2012-2013, va changer sa vie.

   Il faut aller voir ce film pour les performances d'acteurs. Celle de Dupontel ne sort pas particulièrement du lot. On a l'impression de retrouver l'un des personnages de ses sketchs qui aurait mûri (mais quand même mal tourné). Ce n'est pas déplaisant. Kiberlain est vraiment excellente, aussi bien en juge inflexible qu'en célibataire bourrée et en future maman désemparée.

   Que dire aussi des seconds rôles ! C'est avec plaisir que l'on retrouve Nicolas Marié (qui en fait toutefois un peu trop) et Bouli Lanners, hilarant dans la séquence de visionnage des bandes de vidéo-surveillance ! Ces deux compères étaient déjà présents dans Le Vilain. Il faut ajouter Philippe Uchan (un vieux complice de Dupontel), qui s'en prend plein la tête, au propre comme au figuré !

   Je laisse à chacun découvrir les apparitions des multiples invités. Je signale juste celles de Terry Gilliam (en admirateur... mais de qui ?) et de Jean Dujardin, excellent dans le rôle du traducteur en langage des signes (un procédé pas nouveau nouveau, mais toujours efficace !).

   J'ajoute l'apparition d'une non-professionnelle, Michèle Bernard-Requin, ex-magistrate (qui incarne la supérieure hiérarchique de l'héroïne) que le grand public a découverte naguère dans le documentaire de Raymond Depardon 10e Chambre, instants d'audience.

   Je conseille aussi d'être attentif aux scènes qui font intervenir la télévision, en particulier à ce qui défile en bas de l'écran !

   C'est donc une comédie (brève : moins d'1h30) tonique, aux dialogues bien écrits, parfois inventive sur le plan visuel. Enfin un film français qui sort du lot !

17:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 18 octobre 2013

Diana

   Je ne suis pas "client" de ce genre de film, a priori. De plus, la bande-annonce doublée en français est mauvaise. Mais il y a Naomi Watts... et une histoire que je ne connaissais pas, celle de l'amour né entre l'ex-femme du prince Charles et un chirurgien pakistanais.

   L'histoire fonctionne sur la base d'un grand retour en arrière. A la fin, on reverra la première séquence, assez énigmatique. Sans trop en dire, je peux révéler qu'elle accentue le côté mélodramatique du film. Ce n'est pas ce qu'il a de meilleur.

   Le meilleur (en version originale sous-titrée) ? La comédie romantique qui occupe le coeur de l'intrigue. J'ai ri sincèrement à la naissance de cette passion entre la vedette et l'inconnu, entre la protestante et le musulman. Toutefois, le couple d'acteurs ne resplendit pas du même éclat. J'ai trouvé Naveen Andrews assez fade, alors que Naomi Watts est épatante (et bien plus jolie que celle qu'elle incarne). Elle est particulièrement charmante quand elle invente des stratagèmes pour retrouver son homme :

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(Ici, elle s'est déguisée en Laure Adler jeune.)

   Cependant, le film est un peu trop en empathie avec l'héroïne, même s'il ne cache pas qu'elle a usé de sa notoriété à des fins autres qu'humanitaires. La relation ambiguë qu'elle a nouée avec la presse poubelle n'est qu'esquissée. De plus, l'action de celle-ci n'est dénoncée que parce qu'elle pourrit la vie de Diana. Rien n'est dit de son côté abrutissant. Le paradoxe est que ces médias qui la harcèlent contribuent à faire d'elle une icône. Pas de cohortes de fans sans photos et articles racoleurs...

   On semble aussi avoir soigneusement évité de trop évoquer la famille royale d'Angleterre. La reine n'est même pas mentionnée et l'on entraperçoit à peine les fils de l'héroïne.

   Les voyages de celle-ci sont toutefois prétextes à de jolies tranches de vie, que ce soit dans un champ infesté de mines antipersonnel ou au Pakistan, chez les parents de son chéri d'amour, dans une séquence vraiment très enlevée.

   Cela se regarde comme certains bons films sentimentaux avec Julia Roberts. Sans plus.

20:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 13 octobre 2013

Shérif Jackson

   Le héros éponyme est un homme de loi peu conventionnel : il chante et il danse, y compris pendant qu'il exerce ses fonctions. Sa coupe de cheveux détonne dans le monde du Far West. Il est incarné par un Ed Harris (un vieux routier des seconds rôles) très inspiré :

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   Il débarque dans ce coin paumé de l'Amérique à la recherche de deux frères (interprétés par les réalisateurs), l'un étant le petit ami de la fille du gouverneur. Il va falloir qu'il cherche beaucoup, puisque, dès la deuxième séquence, les spectateurs ont pu constater qu'il leur arrivait quelques bricoles !

   Au cours de l'enquête, le shérif va se muer en Gil Grissom et utiliser les méthodes les plus modernes de l'époque pour identifier les responsables des crimes qui sont commis. La séquence qui aboutit à l'analyse de la composition de quatre balles est particulièrement réussie. J'ai aussi beaucoup apprécié la manière dont est mis en scène le recouvrement des balles. La scène la plus réjouissante est sans conteste l'exploration du cadavre d'un commerçant. Le shérif est filmé de dos, mais je peux vous dire qu'il y a eu un gros travail sur le son !

   Le deuxième personnage principal est le prophète Josiah, un homme à qui l'on serait tenté de donner le bon Dieu sans confession... et l'on aurait tort. C'est une véritable pourriture, un chef de bande qui s'est construit une petite secte fanatisée par la lecture de la Bible, secte dans laquelle il puise sans vergogne pour satisfaire ses besoins sexuels...

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   Il faut relever l'interprétation très convaincante de Jason Isaacs, dont le nom ne vous dit peut-être rien, mais qui s'est rendu célèbre naguère dans le rôle de Lucius Malefoy (dans la saga Harry Potter) :

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   Il s'est aussi fait remarquer en lieutenant Briggs, dans l'excellent Green Zone :

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   On pourrait ajouter à ce tableau masculin le personnage de l'épicier libidineux (promis à un sort particulier) et celui du banquier véreux. Bref, l'histoire déconstruit le mythe des pionniers du Far West. Ce n'est pas nouveau nouveau, mais cela ne fait pas de mal... d'autant plus qu'est ajoutée une satire du fondamentalisme protestant. Mais tous ces bonshommes vont se faire damner le pion par la véritable héroïne de ce film :

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   January Jones (déjà vue dans Good Morning England, Sans Identité et X-Men : le commencement) ne paie pas de mine, de prime abord. Elle est l'épouse aimante d'un fermier sans doute originaire du Mexique. Seul petit détail : elle tire beaucoup mieux que lui au révolver, élément qui a son importance dans la suite de l'histoire.

   Très vite, on comprend qu'elle cache un lourd passé... et que les mecs du coin ont terriblement envie de lui mettre le grappin dessus. Sachez qu'ils seront punis par où ils ont péché. J'ai en mémoire cette scène merveilleuse, qui montre Sarah en train de se baigner nue dans un étang isolé. On ne la voit que de dos. Deux acolytes du prophète pensent que c'est l'occasion à saisir. Les spectateurs qui possèdent plus de dix neurones se disent que tout cela est bien louche... et ils ont raison !

   Moins glorieuse pour l'héroïne (mais très maîtrisée du point de vue de la réalisation) est la troisième rencontre entre le prophète et Sarah. Le religieux se montre d'une incroyable hypocrisie, accentuée par la mise en scène : il est souvent filmé en contre-plongée ou de biais. Soyez notamment attentif au réveil de l'héroïne...

   Je ne peux pas terminer ce billet sans évoquer la scène du dîner, chez le prophète. Le shérif fait partie des invités, presque tous obséquieux avec l'homme fort de la contrée, qui a fait installer à grand frais une magnifique table en bois dans son salon. Notre bon vieux Jackson va se montrer d'une urbanité désopilante au cours du repas...

   Ce western atypique est l'excellente surprise de cet automne. Il est bien filmé, bourré d'humour... et les "méchants" en prennent pour leur grade !

12:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 11 octobre 2013

Jimmy P.

   C'est un film d'Arnaud Desplechiant, avec Mathieu Amalric... tout pour me faire fuir, donc. Mais l'histoire, inspirée de faits réels, a piqué ma curiosité et les extraits vus ont achevé de me convaincre de tenter l'expérience.

   Pourtant, la première scène qui fait intervenir Mathieu Amalric m'a fait craindre le pire. L'un des médecins de l'hôpital américain le contacte par téléphone. Le psychanalyste se trouve dans un bar, visiblement sans domicile fixe ni travail. L'acteur exprime maladroitement un enthousiasme exacerbé. Heureusement, cela s'améliore par la suite, notamment lors du premier entretien entre les deux héros, qui voit le psy utiliser ses connaissances anthropologiques pour nouer le contact avec son patient.

   Le film est principalement composé de scènes de dialogues. Les plus nombreuses sont celles qui font intervenir l'Indien Blackfoot (Benicio Del Toro, excellent) et le psy européen juif (Amalric, qui a trouvé le ton juste). D'autres confrontent chacun des deux héros aux femmes, le premier à sa soeur ou à son ex, le second à sa maîtresse. On comprend que, malgré leurs différences, ils éprouvent des difficultés semblables à gérer leurs relations avec la gent féminine. Cet aspect du film a suscité des réactions, parce que les portraits de femmes (les trois citées, plus quelques autres) ne sont pas très positifs. Le plus beau personnage est sans conteste celui de la grande soeur de Jimmy, femme de tête, forte et faible à la fois. Elle est incarnée par Michelle Trush.

   Un autre élément rapproche les deux hommes : l'appartenance à deux peuples qui ont subi un massacre de masse. Il est amusant de constater qu'ils communiquent dans un anglais abâtardi. L'Indien acculturé s'exprime difficilement, avec une syntaxe approximative. Le psy a un langage plus fluide, mais un accent prononcé, censé évoquer une origine centre-européenne.

   J'ai du mal à l'expliquer, mais je ne peux que le constater : le montage réussit à faire toucher du doigt ce que peut être une thérapie s'appuyant sur certains acquis de la psychanalyse. Mais le grand talent du film est de montrer que les deux hommes en tirent profit. L'Indien se débarrasse de ses cauchemars et envisage de redonner un sens à son existence. Le psy obtient la reconnaissance de ses compétences (avec un poste en fac en bout de piste) et peut espérer refaire sa vie en Amérique, loin de cette Europe guerrière, raciste et à moitié détruite.

   C'est donc un beau film, bien joué, mais de facture classique. Il nécessite un certain effort de la part des spectateurs. Mais il le mérite.

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jeudi, 10 octobre 2013

The Place to be

- Allo, Riri ? Devine ce que je viens de récupérer !

- Euh... comment veux-tu que je sache ?

- Allez, essaie !

- Euh... la bague de ta grand-mère ? Tu m'as bien dit que tu l'avais perdue ?

- Non... enfin si, mais ce n'est pas ça ! Pense plutôt à l'actualité !

- ... Ne me dis pas que tu as réussi à mettre la main sur le programme d'Yves Censi pour les municipales ?

- Mais qu'il est con !!!! Pense à tes centres d'intérêt !

- Mmmm... aurais-tu un abonnement ciné pour le nouveau multiplexe ?

- Presque ! J'ai deux places pour l'inauguration de mardi ! Je pense y aller avec un mec sympa, drôle... et surtout pas trop râleur !

- Tu as ça dans tes relations ?

- Il paraît... mais je suis pas sûre pour le "pas trop râleur"... Bon, ça commence à 18 heures, sur l'esplanade. Tu pourras m'y rejoindre ?

- Attends, je réfléchis... Ils font quand même chier... encore un horaire pour fonctionnaires, femmes au  foyer, retraités et chômeurs ! Et puis je suis fatigué, moi !

- L'apéritif est offert par la municipalité... et, dans le cinéma, une collation gastronomique sera servie après le concert.

- OK, j'y serai.

   Vint le mardi. Autour de l'esplanade, du Foirail à la salle des fêtes, des policiers municipaux orientaient piétons et automobilistes. Il y avait un monde fou. On parle de plus de 600 invitations lancées ce qui, avec les accompagnateurs, fait plus de 1 000 pékins.

   Au départ, je n'avais même pas vu le buffet planté devant l'entrée du cinéma, tant la foule était compacte. Une fois ce détail stratégique assimilé, j'ai enfilé mon costume de chevalier servant et j'ai tenté une approche, en quête de victuailles. Il a fallu un peu jouer des coudes, d'autant plus que plusieurs groupes semblaient maîtriser la tactique d'occupation du territoire : toujours proches du buffet, mais jamais vus en train de se servir, ils buvaient et mangeaient à volonté. Pendant un instant, j'ai été presque admiratif. Vite, j'ai réalisé qu'il ne fallait pas trop rêvasser, sinon je risquais d'être percuté par l'une des innombrables sommités politico-économico-administratives qui hantaient cette foule. Eux sont habitués à ce que l'on s'écarte sur leur chemin. L'un d'entre eux me parut plus habile encore. Il s'agit de Passepartout Manuel Cantos, qui évoluait dans la foule avec une facilité déconcertante, passant sans problème entre les jambes des invités.

   Arrivé au buffet, je respirai un peu. La nourriture était composée d'amuse-gueule bon marché. Je reconnais là la gestion Teyssèdre, qui veut bien prendre la peine de régaler l'assemblée... mais à moindre coût. Du côté des liquides, on trouvait les traditionnels jus de fruit, de l'eau et, heureusement, du vin blanc et de la crème de cassis.

   C'est au moment où j'ai dû me saisir des deux gobelets remplis d'un liquide rougeâtre que je me suis rendu compte qu'il allait être difficile d'emporter du solide avec. Comment faire ? Je songeai à poser les gobelets pour me remplir les poches de cochonneries aux acides gras insaturés. J'envisageai aussi de récupérer une assiette en plastique pour la garnir d'un florilège desdites cochonneries. La crainte du scandale me retint. Finalement, je choisis de commencer à boire mon kir, puis de transvaser un peu du second dans le premier verre. Ensuite, je pus tenir les deux gobelets avec les doigts d'une seule main, sans les faire tremper dans le précieux liquide. De l'autre, j'emportai de quoi grignoter.

   Revenu auprès de Dulcinée, je constatai qu'elle avait été abordée par l'une de ses connaissances, un individu louche de sexe masculin.

- Tiens, Henri ! Quel plaisir de voir ta gueule d'abruti ! Comment vas-tu ?

- Ca va, ça va. Tu es venu seul ?

- Non, avec ma copine. D'ailleurs, je l'ai perdue. Je crois qu'elle est partie chercher du vin blanc.

- Il paraît qu'il est très correct. Désolé, je n'en ai pris que pour nous deux. Sinon, tu penses bien que j'aurais pris plaisir à cracher dans un troisième gobelet !

- Bon, ben, je vais voir si je la trouve. A plus !

- C'est ça, casse-toi, pov' con ! Bonne soirée !

   Peu après, des applaudissements ont retenti. Le ruban était coupé. La masse des invités pouvait commencer à entrer dans le multiplexe. Très vite, un groupe s'est mis en tête de faire le siège des entrées de la salle 1, négligeant d'effectuer la visite des locaux. L'explication n'allait pas tarder à venir : le nombre de places étant limité, seuls les "pipoles" et les premiers entrés auraient droit au concert, les autres devant se contenter de la retransmission dans la salle 2.

   Et pourtant, la visite valait le coup. Nous avons déambulé entre les salles, testant les fauteuils, regardant et écoutant les bandes-annonces. Conclusion : on est bien assis, les sièges sont disposés en gradins, les écrans sont grands et le son est bon. Cerise sur le gâteau : les toilettes, très jolies, fonctionnelles. Elles donnent envie d'aller dans le multiplexe rien pour y uriner ! Ah, j'oubliais : le sèche-mains automatique, merveille de technologie... avec un petit écran sur lequel s'affiche la durée de courant d'air asséchant !

   Après les discours, après le concert, après la première séance (offerte aux invités), la collation a été servie. On a retrouvé les mêmes pique-assiette. Mais, là, le menu était plus haut de gamme. Ce fut la ruée. J'ai plus tard entendu dire qu'on avait prévu la présence de 300 convives. On avait visiblement sous-estimé la gloutonnerie de certains invités. Seule note positive : le champagne, abondamment servi, était délicieux.

   Bon, c'était pas tout ça, mais les gens normaux travaillaient le lendemain. Nous sommes donc partis avant le feu d'artifice, dont je ne sais même pas s'il a eu lieu. En quittant le cinéma, j'ai croisé un visage qui me disait quelque chose. Je me suis souvenu l'avoir vu dans un mini-multiplexe aveyronnais, pas très éloigné de Rodez. Une mienne connaissance m'a appris qu'il avait candidaté pour la direction du nouveau cinéma ruthénois, mais qu'il avait été finalement engagé au poste de directeur-adjoint. Voilà au moins une personne qui est persuadée que ce multiplexe est destiné à un grand avenir !

mercredi, 09 octobre 2013

Le Majordome

   A la base, il y a l'histoire (vraie) d'Eugene Allen, un Noir né dans une plantation qui a fini par devenir majordome à la Maison Blanche. Il a servi sous une brochette de présidents : Harry Truman (ce qui n'apparaît pas dans le film), Dwight Eisenhower, John Kennedy, Lyndon Johnson, Richard Nixon, Gerald Ford, Jimmy Carter et Ronald Reagan.

   Le film entremêle l'histoire familiale de cet homme ordinaire au destin exceptionnel (incarné avec talent par Forest Whitaker) et la lutte pour les droits civiques, à laquelle l'un de ses fils va activement participer. Au second niveau, le film pose la question de l'efficacité de l'action politique. Qu'est-ce qui a le plus fait progresser la cause des Noirs ? La révolte des activistes, parfois violemment injuste, ou les accommodements de la majorité silencieuse, qui ont rendu la cohabitation avec les Blancs acceptable ? Les scènes de dispute entre le père majordome et le fils étudiant sont des moments clés.

   On suit avec plaisir les pérégrinations familiales parce que des individus ordinaires sont incarnés par des acteurs de renom... ou des célébrités de la Communauté. Jetez un œil au casting !

   Attention toutefois. Pour les besoins de la dramatisation, la vie du héros a été quelque peu scénarisée. Un billet publié sur un blog du site américain Slate propose d'intéressantes mises au point.

   Même si le film dure plus de deux heures, on passe assez rapidement sur les différents présidents. Je suis tout de même satisfait que l'on rende justice à l'administration (républicaine) Eisenhower, qui a réellement enclenché la lutte contre la ségrégation. Robin Williams est un bon interprète de ce président humaniste. Sans surprise, hélas, il n'est donné qu'une version hagiographique de son successeur, John Fitzgerald Kennedy. Quelques anecdotes (réelles, comme celle de la cravate) donnent du relief à cet épisode convenu. On ne sera donc pas étonné que le portrait de Lyndon Johnson (Liev Schreiber, truculent) soit essentiellement à charge, comme souvent dans le cinéma américain, qui ne pardonne pas l'enlisement au Vietnam. C'est oublier un peu vite que l'essentiel de la "déségrégation" est dû à l'action de ce président sudiste, un peu brut de décoffrage, mais soucieux du bien commun... et des deniers publics !

   On passe très vite sur le bilan de Richard Nixon, d'abord présenté comme un vice-président (d'Eisenhower) arriviste et sans scrupule, puis comme un alcoolique magouilleur. Ce n'est pas dénué de fondement, mais je pense qu'il méritait mieux. On ne fait qu'entr'apercevoir Gérald Ford et Jimmy Carter, bien que ce dernier (et son épouse) aient laissé un très bon souvenir au vrai majordome. Mais ils sont tellement moins "glamour" que les Kennedy...

   La carrière du serviteur zélé s'achève sous Reagan, montré comme un mec sympa mais aux convictions parfois très arrêtées. On laisse à l'un de ses opposants le soin d'évoquer les ravages sociaux de sa politique. Il faut souligner la qualité de l'interprétation d'Alan Rickman et Jane Fonda, qui ressuscitent Ronald et Nancy avec brio. La fin du film montre le vieux couple noir soutenir Barack Obama. C'est un peu trop "politiquement correct"...

   On peut aussi lire ce film comme une histoire de la lutte des Noirs pour les droits civiques. Là encore, deux figures majeures sont à peine esquissées : Martin Luther King et Malcolm X. On nous propose une vue plus fouillée des militants de base et de leurs actions coup de poing. Cela nous vaut certains des meilleurs moments du film.

   A plusieurs reprises, celui-ci dénonce la violence dont les Blancs racistes sont les auteurs. Cela commence dans la plantation (un épisode fictif)... On  se croirait plutôt au temps de l'esclavage que dans l'Entre-deux-guerres. Anachronisme ? Cela se poursuit par ces petits Blancs de base qui ne supportent pas que des manifestants pacifiques remettent en question la ségrégation. Le summum est atteint lors de l'intervention de membres du Ku Klux Klan.

   Tout cela forme un ensemble plutôt bien fichu, un peu convenu... et parfois gâché par une musique trop insistante. Mais, pour moi, la qualité de l'interprétation emporte l'adhésion et cette petite leçon d'histoire mérite le détour.

   P.S.

   Après discussion avec d'autres cinéphiles, qui n'ont pas tous eu le même ressenti à propos de ce film, une conclusion s'impose : il faut le voir en version originale sous-titrée, la VF étant assez mauvaise.

samedi, 28 septembre 2013

Jobs

   Ce biopic, bien que durant plus de deux heures, n'évoque pas toute l'existence de Steve Jobs. Il démarre au début des années 1970, quand le jeune homme se décide à lâcher ses études. Il s'arrête lorsque l'homme, dans la force de l'âge, reprend le contrôle de l'entreprise qu'il a fondée.

   Ce n'est ni un film apologétique, ni un pamphlet. Les aspects déplaisants de la personnalité du héros ne sont pas cachés : il s'est souvent comporté comme un mufle avec les femmes, malmenait ses employés... et n'avait pas la reconnaissance du ventre. Dès le début, il n'a pas hésité à arnaquer son pote Steve Wozniak, le vrai génie de l'informatique. Jobs est plus un concepteur, un chef d'équipe et un communicant.

   L'un des intérêts du film est la première partie californienne, dans les années 1970. L'amour y est assez libre, on consomme des substances hallucinogènes... et on écoute de la bonne musique. (C'est l'occasion de signaler la qualité de la bande son, très entraînante.) Jobs est un jeune homme plutôt introverti, qui ne se lave pas régulièrement et se déplace pieds nus. L'histoire rend hommage aux geeks qui vont bricoler les premiers ordinateurs personnels.

   Le fond est ambigu. On nous présente Jobs comme un franc-tireur, mais il est finalement bien dans le système. L'appât du gain le motive. Il n'est pas fidèle en affaires si ce n'est pas dans son intérêt... et il finit par maîtriser les mécanismes du capitalisme boursier, dont il fut dans un premier temps la victime.

   La réalisation n'est pas mauvaise. On peut relever quelques idées de mise en scène (la caméra qui suit Jobs, avec sa démarche caractéristique, le coup des reflets informatiques dans les yeux...), mais c'est globalement assez conventionnel. Sur un tel sujet, j'aurais aimé qu'on nous donne une vision plus cinématographique de l'expansion de la micro-informatique.

   Notons que les acteurs sont bons, au premier rang desquels Ashton Kutcher (dont la carrière ne témoigne pourtant pas d'une grande clairvoyance dans le choix de ses rôles). Il a tenté d'imiter la démarche du Jobs adulte et les angles de son visage ne sont pas sans rappeler ceux du personnage qu'il interprète. Il campe une sorte de gourou naissant, tendu vers l'accomplissement professionnel, seul but qu'il assigne à sa vie.

   Le problème vient en partie des dialogues. C'est un film verbeux, qui verse un peu trop dans le psychologisme. Du coup, certains moments clés de la carrière de Jobs sont à peine évoqués. Les ellipses sont nombreuses. On a ainsi du mal à comprendre pourquoi l'Apple III et le Macintosh n'ont pas rencontré le succès escompté. La rivalité avec Microsoft est à peine abordée. (Cela aurait sans doute obligé les scénaristes à évoquer l'accord secret finalement conclu avec le groupe de Bill Gates.)

   On a aussi du mal à saisir comment celui qui, jeune homme, rejetait violemment la paternité (quitte à larguer sans ménagement la copine enceinte), se retrouve des années plus tard père de famille installé (avec notamment la première fille, qu'il avait refusé de reconnaître). De même, le film peine aussi à montrer comment celui qui a perdu le contrôle d'Apple puis la gestion d'une équipe a pu se constituer une belle fortune. Le fonctionnement de l'économie boursière n'est bien décrit, alors que les luttes au sein du conseil d'administration occupent une place démesurée. Enfin, l'aventure de l'entreprise NeXT n'est qu'effleurée, alors qu'elle a permis à Jobs de rebondir, même si ce ne fut pas sans mal. (Le début du reportage auquel mène le lien précédent a directement inspiré la scène de jardinage, située dans la dernière partie du film.)

   Bref, ce n'est pas un mauvais film, mais c'est un peu décevant.

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samedi, 21 septembre 2013

Imogene

   Il est des terres reculées où l'on peut encore voir cette comédie américaine, sortie en France il y a un mois et demi. Durant le premier tiers du film, l'héroïne (ni très belle ni très intelligente... juste déboussolée) voit s'écrouler le monde douillet dans lequel elle croyait pouvoir évoluer jusqu'à la fin de sa vie : son mec (elle va mettre du temps à réaliser que c'est un connard) la plaque sans le moindre tact, à la suite de quoi elle perd son boulot et réalise qu'à 30 ans passés, elle n'a pas fait grand chose de sa vie. Elle finit aussi par comprendre que ses bonnes copines (d'insupportables pétasses... excellemment interprétées !) commencent à l'éviter.

   Dans la vraie vie comme dans le film, ce genre de situation débouche parfois sur une tentative de suicide... qui finit par arriver... mais plutôt par accident ! A partir de là, la comédie sociétale gentillette prend quelques aspects plus "corsés" fort réjouissants.

   Imogene (Kristen Wiig, très bien) a une forte propension à vomir, ce qui nous vaut quelques moments savoureux, du réveil à l'hôpital à la soirée de beuverie, en passant par une sortie précipitée de la voiture. La séquence "clinique" est d'ailleurs, à mon avis, l'une des meilleures du film. Elle succède à un drôle de rêve (signalons la qualité de la mise en scène, parfois très inventive) et voit débouler le personnage de la mère (Annette Bening, hélas liftée... mais délicieusement frappadingue !), une joueuse invétérée, cougar sur les bords. Pleine de délicatesse, elle signale à sa fille (que des infirmiers peinent à maîtriser), que l'on voit sa petite culotte...

   Vient ensuite le séjour dans la maison familiale, située sur la côte du New Jersey, donc très loin de New York pour une indécrottable citadine. On découvre le petit frère Ralph, sorte de Tanguy grassouillet, passionné par les crabes. On est d'abord tenté de le prendre pour un gentil crétin, mais il va nous surprendre par la suite. Deux autres hommes complètent le tableau. Imogene fait la connaissance de Lee (le nouvel occupant de sa chambre d'ado) dans des circonstances... scabreuses. Un petit conflit va naître aussi à propos de l'utilisation de la salle de bains... Signalons que le type est beau gosse, qu'il chante, danse... et a étudié l'histoire de France à Yale ! Le troisième homme dans la place se fait appeler George Bouche... et dit appartenir à la CIA, comme le confirme indubitablement son mug ! Matt Dillon est génial dans ce rôle improbable, moitié barbouze moitié naze.

   La suite ? Un retour à New York en forme de périple initiatique. Imogene et son frère (épaulés par le charmant occupant de la chambre) partent à la recherche du père qu'ils croyaient mort et (re)découvrent la vie. Imogene finit par réaliser que sa meilleure amie, la plantureuse Dara (June Diane Raphael... mmm) est une peste. (Notons toutefois que, quand elle contrarie son petit copain, celui-ci va ostensiblement se masturber sous la douche !) Il reste à trouver le père, remettre la main sur l'ex-petit copain... et relancer sa carrière.

   Le dénouement est provoqué par une surprenante intrusion dans la maison familiale... qui se conclut de manière acrobatique !

   Bref, ce film ne va pas révolutionner le cinéma mais (en V.O. sous-titrée de préférence) il fait passer un très bon moment !

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lundi, 26 août 2013

Insaisissables

   Gros casting pour ce film à grand spectacle, avec relativement peu de violence. Cela devient rare dans les productions "boum-boum" qui nous viennent de l'autre côté de l'Atlantique (même si le plat est assaisonné d'une pincée de French touch).

   On commence par découvrir les futurs membres du quatuor en action, séparément. J'ai été un peu déçu par la prestation de Jesse Eisenberg (que j'avais trouvé excellent dans The Social Network). Mon préféré est sans conteste Woody Harrelson (déjà très bon dans 7 Psychopathes), en "mentaliste" à grande gueule.

   Une fois l'équipe réunie commence la série de happenings. Le premier fait intervenir une banque française et notre José Garcia. C'est brillamment mis en scène. Les clés de l'illusion nous sont données quelques temps plus tard par le décrypteur d'illusions, incarné par Morgan Freeman (impeccable).

   A partir de ce moment-là, on comprend qu'il y a manipulation dans la manipulation et qu'il faut regarder sur le côté, ou de côté, pour tenter de trouver le fin mot de l'histoire. La magie n'est qu'un prétexte pour un bon vieux polar. Un duo de choc mène l'enquête : un Américain bourru (Mark Ruffalo) et une Française tenace et imaginative (Mélanie Laurent, à qui hélas le scénario n'accorde pas une assez grande place). Le problème est que les éléments clés pour dénouer les fils de l'intrigue sont noyés dans le spectaculaire. Il faut donc un peu phosphorer pour tenter de découvrir qui est le mystérieux "cinquième cavalier" (celui qui a engagé les autres magiciens), et quelles sont ses motivations.

   C'est à la deuxième question que l'on trouve plus facilement la réponse. A plusieurs reprises, il est fait référence à une personne disparue, sur laquelle seuls quelques détails nous sont donnés, de manière éparse. L'un des indices les plus importants nous vient de l'un des magiciens, qui lui-même ne se rend pas compte de ce qu'il a découvert. L'identité du manipulateur en chef est donc extrêmement difficile à trouver.

   Au niveau des images, c'est chouette à regarder, même si j'ai trouvé cela souvent un peu clinquant. Les effets spéciaux sont réussis, tout comme les scènes d'action. Par contre, les dialogues (en version française) ne m'ont pas emballé. Les seuls qui font mouche sont les piques que s'envoient différents personnages. C'est bien chambré mais, à part cela, les autres lignes de texte m'ont semblé maladroites, mal écrites... ou surjouées ? On pourrait aussi relever quelques situations à la limite de l'invraisemblance, mais bon, dans le feu de l'action, ça passe.

   C'est donc un divertissement plaisant, un peu tape-à-l'oeil, mais que l'on peut regarder à plusieurs niveaux.

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samedi, 24 août 2013

Michael Kohlhaas

   Arnaud des Pallières a transposé en France un roman allemand tiré d'une histoire vraie. La transposition géographique tient la route, en raison du choix des lieux de tournage en extérieur : le Vercors et surtout les Cévennes. Certaines scènes lozériennes ne sont pas sans évoquer le Nord Aveyron, avec ces paysages de prairies empierrées balayées par le vent. Cela m'a aussi un peu rappelé l'atmosphère d'une récente adaptation des Hauts de Hurlevent.

   Mais c'est plutôt Les Chants de Mandrin qu'évoque la deuxième partie du film. On suit une bande de rebelles, nombre d'entre eux étant d'origine modeste. On notera l'importance prise par les chevaux. Ce sont des moyens de déplacement fort commodes, mais aussi des outils de travail et des objets de spéculation.

   Le héros, Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen... faut-il dire qu'il est excellent ?), est un éleveur et marchand de chevaux. On sent son amour des bêtes et sa "force tranquille". Dans un monde très inégalitaire et marqué par la violence, il s'est construit un petit paradis. La première partie du film est chargée de nous faire toucher du doigt ce bonheur qu'il va perdre. Le réalisateur alterne le style documentaire, attentif aux détails (vêtements, meubles, outils...) et l'évocation sensuelle. La compagne du héros est évidemment ravissante et très amoureuse de Kohlhaas qui, à plus de 45 balais, se révèle encore fort bien bâti. Ajoutez à cela une coiffure faussement négligée, une barbe légère qui ne change pas, et vous avez une incarnation du mâle mûr qui fera rêver ces dames. A noter aussi la composition de Mélusine Mayance (qui joue la fille). Il faudra suivre cette jeune actrice, déjà remarquée dans Elle s'appelait Sarah et Les Gamins (où elle interprète l'insupportable Mimi Zozo).

   La suite est moins fleur bleue, avec la découverte du comportement de certains membres de la noblesse. Des chevaux et des membres de l'entourage de Kohlhaas vont en souffrir. Le réalisateur réussit à susciter l'horreur et le dégoût en ne laissant à l'écran qu'une partie de l'action, épargnant aux spectateurs les visions les plus violentes, préférant montrer les résultats.

   Le héros décide alors de se lancer dans l'aventure, entre quête du droit et désir de vengeance. Les dialogues sont peu nombreux, mais l'on comprend très bien ce qu'il se passe. Je mettrais un bémol au niveau de l'expression de Mikkelsen : il faut parfois un peu tendre l'oreille pour comprendre ce qu'il dit en français, langue qu'il a dû apprendre pour le tournage.

   L'arrière-plan religieux n'est pas sans importance. Au XVIe siècle, l'Europe est marquée par la naissance du protestantisme. Dans le Saint Empire romain germanique (et jusqu'en Alsace et Lorraine), des révoltes paysannes vont éclater, mêlant revendications sociales et aspirations spirituelles. En France, catholiques et huguenots se sont violemment opposés. Dans le film, on voit le héros lire une Bible traduite en langue vulgaire (ce qui était à l'origine interdit) puis rencontrer un théologien que l'on devine protestant (brillamment incarné par Denis Lavant). Leurs échanges donnent une autre profondeur à l'intrigue.

   La dernière partie du film est assez surprenante, mais finalement logique. Je vous laisse découvrir comment se termine le périple justicier du marchand de chevaux. L'ensemble est fort, suscite beaucoup d'émotions, pour peu qu'on se plonge dans l'ambiance du film.

lundi, 19 août 2013

Elysium

   Au départ, c'est le nom du réalisateur, Neill Blomkamp, qui m'a décidé à aller voir ce film. J'avais adoré District 9 et le scénario du nouveau long métrage m'avait l'air prometteur. Dans les premières séquences, c'est toutefois la qualité de l'image qui m'a impressionné. J'ai encore en tête la scène qui permet aux spectateurs de découvrir la roue solaire. On passe d'une image numérique à des vues tournées sans doute en studio. On ne voit pas la transition entre les deux. La vision aérienne d'un Los Angeles futuriste et ravagé mérite aussi le détour. De manière générale, la réalisation et les décors sont top.

   Le première partie du film est la plus profonde, scénaristiquement parlant. Deux mondes s'opposent : celui des pauvres, souvent malades, habitant une Terre violente et polluée, et celui des riches, réfugiés dans la grande roue, dans l'espace, habitant ce qui ressemble à des gated communities, avec accès privatif à une médecine de pointe.

   Cependant, comme le réalisateur est sud-africain, on peut aussi voir dans cette ségrégation un écho du régime d'Apartheid. La grande majorité des privilégiés sont blancs, alors que la masse qui survit sur Terre est un mélange de Latinos, de Noirs et de Blancs (comme le héros Max, interprété par Matt Damon, à la coupe de cheveux impeccable). On voit très peu d'Asiatiques.

   La description d'un régime policier au service des intérêts d'une minorité de riches est fort bien vue. Elle a des résonances pour le public sud-africain, mais aussi pour les Américains et les habitants de quantité d'autres pays où l'on tente de bâillonner la contestation sociale à coups de matraques. Le propos politique est complété par une évidente dénonciation du refoulement des migrants clandestins, à travers ces Terriens malades que les dirigeants de la station orbitale refusent d'accueillir et de soigner.

   La deuxième phase débute quand Max se fait greffer un exosquelette, dans des conditions que je vous laisse découvrir. C'est le moment que le réalisateur a choisi pour introduire quelques bastons. C'est bien fichu, mention spéciale pour les effets spéciaux : les dégâts subis par les corps sont spectaculaires... et peu ragoûtants ! Max se retrouve confronté à celui qui va être son principal adversaire : un mercenaire beauf et impitoyable, incarné avec talent par Sharlto Copley, une vieille connaissance de District 9.

   L'histoire se complique par la suite. Max veut atteindre la roue pour sauver sa vie. Il pourrait aussi sauver celle de la fille de son ancien grand amour, avec laquelle il ne désespère pas de renouer. Il est de plus chargé d'un boulot pour le compte d'un trafiquant qui peut lui être très utile. S'ajoute à cela un complot interne à l'élite de la station orbitale. On ne s'ennuie donc pas un instant.

   C'est d'ailleurs une limite du film : il ouvre beaucoup de perspectives et ne parvient pas à tout traiter équitablement en 1h50. Du coup, certains aspects de l'histoire apparaissent négligés. Du côté des déceptions, il y a Jodie Foster, une méchante arriviste qui a du mal à se déplacer en chaussures à talons hauts. Un peu mièvres aussi m'ont paru les scènes de jeunesse... sans parler de l'avant-dernière séquence, qui joue inutilement avec nos nerfs.

   Cela reste un très bon divertissement (à voir dans une grande salle), un peu inabouti toutefois.

23:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

lundi, 22 juillet 2013

Metro Manila

   Ce polar social navigue quelque part entre La Cité de Dieu et Le Convoyeur (de Nicolas Boukhrief). Il démarre toutefois de manière assez conventionnelle. La première séquence (courte) se conclut par un acte de violence brute, qu'on n'arrive pas à relier à la suite de l'histoire (dans un premier temps). Puis, on découvre combien la vie est difficile pour les petits paysans philippins, condamnés à l'exode rural. Enfin, la capitale Manille nous est présentée comme une jungle impitoyable pour les faibles. C'est bien filmé (quoique trop esthétisant par moment), bien joué, mais un peu démonstratif.

   Le film a commencé à m'emballer quand j'ai vu qu'il jouait avec nos nerfs, faisant se succéder phases d'espoir et de désespoir des deux héros, le couple de paysans, incarnés par des acteurs un peu trop beaux (la femme est particulièrement canon). Installés dans un bidonville, ils ont l'air de toucher le fond : ils manquent de nourriture et l'une des enfants est malade. Puis ils finissent par trouver un travail, chacun de leur côté. Dans les deux cas, ce n'est pas sans danger. Le summum est atteint une nuit, quand, chacun semble s'avilir dans son nouveau boulot, source pourtant d'indépendance financière.

   Ainsi, on suit Oscar et la bande des convoyeurs de fonds, ainsi que son compagnonnage avec celui qui l'a introduit dans la boîte. De son côté, Mai fait l'expérience du monde de la nuit. Peut-on sortir de la pauvreté tout en restant honnête ? C'est l'une des questions centrales du film.

   La dernière partie voit l'histoire basculer trois fois. Les aventures de certains convoyeurs rejoignent l'histoire d'un jeune homme qui est lié à la première séquence. C'est toujours aussi bien filmé et joué... et la pirouette scénaristique de la fin est la bienvenue. Cela reste néanmoins un film très noir.

23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

dimanche, 21 juillet 2013

Aya de Yopougon

   Ce film d'animation de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie est l'adaptation des deux premiers tomes de leur bande dessinée. L'intrigue se déroule en Côte d'Ivoire, principalement à Abidjan (et Yamoussoukrou), à l'époque de Félix Houphouët-Boigny, au tournant des années 1970-1980. Quelques scènes d'époque sont d'ailleurs montrées à l'écran, lorsque les héros regardent la télévision :

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   L'ambiance est colorée, les dialogues très bien écrits. Certaines demoiselles savent comment remettre à leur place les mecs trop entreprenants ! Attention cependant : il faut parfois tendre l'oreille. Une fois que l'on est habitué à la prononciation, tout va bien. La musique est gaie, entraînante. Elle fait d'ailleurs partie de l'histoire, puisque l'endroit à la mode, où tous ceux qui ont un peu d'argent à dépenser se rendent pour se détendre, est un "maquis", sorte de boîte de nuit en plein air. On n'y fait pas que danser...

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   L'accent est mis sur les femmes, notamment les trois jeunes adultes :

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   A gauche, on peut voir Adjoua, la plus timide... mais à qui il arrive des aventures. Au centre se trouve Aya, à la beauté aussi entière que le caractère. Sérieuse et bonne élève, elle voudrait échapper au schéma traditionnel qui la condamnerait à tout abandonner pour suivre un époux. La troisième, Bintou, ne pense qu'à courir les mecs, croyant que c'est la bonne méthode pour "choper" le mari idéal.

   Les autres femmes sont au second plan. Ce sont les mères, les maîtresses, les soeurs, les cousines. En général, elles sont dotées d'un caractère bien trempé !

   Par contre, du côté des mecs, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Le plus gentil est un simple d'esprit, amoureux d'Aya, que celle-ci va aider à se prendre en main... sans céder à ses avances. L'héroïne croise d'autres mecs, plus délurés qu'Hervé, mais moins sympathiques. A gauche sur la seconde image, on peut voir le fils à papa, une vraie tête à claques, constamment ridiculisé dans le film. Tout à droite se trouve Mamadou, un beau gosse pas fiable pour deux sous.

   On pourrait aussi parler des pères, autoritaires, alcooliques, infidèles... Bref, la gent masculine en prend pour son grade !

   C'est donc une comédie, mais qui dit des choses sérieuses. Il y est question d'inégalités sociales, de corruption, mais surtout des relations hommes/femmes, véritable coeur de l'histoire.

22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

mardi, 16 juillet 2013

Hijacking

   Ce film danois polyglotte évoque la piraterie en mer, avec l'exemple d'un cargo dont s'empare une troupe de Somaliens. Il alterne deux types de scènes, celles qui décrivent la vie sur le bateau et celles qui montrent le siège de l'entreprise danoise et l'action de son PDG (incarné à la perfection par Soren Malling).

   Le début est faussement anodin. Sur le navire, on découvre les personnages du cuistot, du mécano et du capitaine. Ils naviguent vers Bombay. La mission est en voie d'achèvement. Ils communiquent à distance avec les proches restés au Danemark. Là-bas, on nous plonge dans une négociation délicate avec des Japonais. Le PDG danois est habile à la manœuvre. Comme ses costumes, il est impeccable, rigoureux et semble invulnérable. Sûr de lui et conscient de ses responsabilités, il décide de mener la négociation quand il apprend la prise d'otages.

   Le réalisateur nous a épargné l'assaut... mais ce qui se passe hors-champ est souvent inquiétant. Que signifient ces coups de feu ? Que sont devenus les autres membres de l'équipage ? Si chaque moitié des personnages ignore ce que vit l'autre, le spectateur n'est pas omniscient pour autant. On remarque aussi qu'au fur et à mesure que l'on avance dans l'intrigue, les allers-retours entre les deux scènes se font moins nombreux, ce qui nous laisse parfois dans l'expectative. (Bien joué, le montage !)

   La réalisation montre le renversement. Les Occidentaux sont devenus les proies des Africains... et le patron négociateur joue une partie plus difficile qu'avec les industriels japonais. Chacun, de son côté, veut faire plier l'autre. Il faut donc se méfier un peu de ce que l'on voit à l'écran, surtout du côté somalien. La prise d'otages elle-même est une mise en scène. Pour que les pirates parviennent à leurs fins, il faut qu'ils arrivent à manipuler leurs interlocuteurs danois. En Europe, la direction elle essaie de s'en tirer à moindre frais... et oriente les négociations en conséquence, avec l'aide d'un spécialiste de la gestion de crise. S'ajoutent à cela les relations avec les familles des hommes capturés, d'autant plus délicates qu'il faut choisir ce qu'on leur dit ainsi que la manière de le dire. Toutes ces scènes se déroulent en vase clos, dans des bureaux du siège de l'entreprise, et pourtant, c'est palpitant. Putain de scénario !

   Sur le bateau, on constate qu'à la pénibilité physique s'ajoute le risque d'affaiblissement moral. De leur côté, les pirates semblent imprévisibles. Comme tous sauf un (le traducteur-négociateur, un personnage assez mystérieux) ne parlent que leur langue et que leurs propos ne sont pas sous-titrés, nous sommes placés au même niveau de compréhension que les otages.

   Jusqu'au bout, l'histoire ménage des surprises. A plusieurs reprises, la tension se relâche pour tout à coup augmenter à nouveau. Souvent, c'est voulu... mais pas toujours.

   C'est incontestablement le film coup-de-poing de ce début d'été.

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Moi, moche et méchant (le DVD)

   Séance de rattrapage, ce soir. Emballé par le deuxième volet des aventures de Gru et de sa petite famille, j'ai voulu voir ce que donnait le premier film. Comme le suivant, je l'ai visionné en version française.

   Le début présente les deux univers qui vont se télescoper : l'orphelinat (avec les trois gamines) et les méchants (dont le héros). Cela démarre par une séquence qui tourne en dérision les touristes américains (avec un gag inattendu, celui de la pyramide) :

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   On découvre ensuite les deux vilains qui vont s'affronter. Le héros, Grut, aime bien commettre de mauvaises actions au quotidien. Il resquille scandaleusement dans un commerce, fait pleurer les petits garçons et a un tempérament manipulateur :

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   On comprend néanmoins assez vite qu'il n'est pas le méchant absolu... et qu'il a lui-même beaucoup souffert, notamment à cause de sa mère, qui continue d'ailleurs à lui pourrir la vie. (Celle-ci, absente du deuxième volet, devrait faire sa réapparition dans le prochain film : ce personnage de vieille bique atrabilaire possède un réel potentiel comique.)

   Sur son chemin, il va trouver un nouveau super-délinquant, Victor/Vector, un jeune con qui croit tout savoir... et qui réussit, dans un premier temps, à lui niquer sa race :

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   Mais le vrai méchant de l'histoire est celui qui finance ces deux derniers, celui qui tire les ficelles : le banquier :

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   C'est en cela que Moi, moche et méchant est un film de son époque (2010). Avant 2008, on n'aurait sans doute jamais osé autant dénigrer cette profession dans un film grand public.

   Cet univers cruel va entrer en contact avec des orphelines, pas très bien traitées dans l'institution qui les héberge. Elles vont être adoptées par Gru, qui veut les utiliser contre Victor.

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   Évidemment, l'arrivée des trois donzelles, aux caractères très différents, ne va pas sans perturber la vie bien rangée de Gru. C'est la source de nombreux gags. Notons que les Minions vont vite s'attacher aux nouvelles... et réciproquement. La séquence qui voit Gru basculer est celle de la fête foraine. Au moment où il songe à se débarrasser de l'encombrante marmaille, il va définitivement s'attacher à elle.

   La suite ? Une série d'aventures débridées, à la recherche d'un fusil qui fait rapetisser puis à la conquête de la Lune. Mais c'est autour d'un spectacle de danse que l'intrigue va se dénouer.

   Sur le DVD, parmi les bonus, on trouve trois petits films très drôles, dont les héros sont les Minions (que l'on voit moins dans le premier film que dans le deuxième, sorti cet été).

   Changement de look montre l'armée de petits bonshommes jaunes aider les gamines à préparer la visite des services sociaux, qui cherchent à savoir si un père célibataire est bien apte à s'occuper de trois jeunes filles :

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   Le Jour de l'orientation aborde la formation de Minions ouvriers spécialisés. Cela se moque gentiment des vieux films d'entreprise :

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   Enfin, Banane, est une variation délirante sur la gourmandise des Minions, où l'on sent l'influence (entre autres) de Tex Avery et des Monthy Python :

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   Je pense que ces Minions sont en train de suivre la même voie que le Scrat de L'Age de glace, qui est passé du statut de pittoresque personnage secondaire au début à celui d'élément essentiel à l'intrigue dans les films suivants.

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samedi, 13 juillet 2013

Moi, moche et méchant 2

   Je n'ai pas (encore) vu le numéro 1, mais j'ai été attiré par les petits personnages jaunes, le bouche-à-oreille (très positif) faisant le reste.

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   Cela démarre tambour-battant par trois séquences très différentes. La première se déroule au pôle Nord. Elle introduit le (vrai) méchant, qui avance masqué. Notons qu'elle contient un petit clin d’œil scatologique, sorte de marque de fabrique de cette animation qui, tout en suivant un schéma très conventionnel, se permet de temps à autre de franchir la ligne rouge.

   La deuxième séquence se déroule chez le héros. Il est question de fêter l'anniversaire de la plus jeune des trois filles qu'il a adoptées. Au départ, tout a l'air "normal"... mais n'oublions pas que le personnel de service est composé de bonshommes jaunes, puérils et farceurs. Observez bien les jeux auxquels les enfants s'adonnent, pendant que les parents, en toute confiance, tournent le dos.

   C'est aussi le moment où les questions existentielles émergent. L'une des filles voudrait avoir une maman et l'une des adultes présentes à la fête s'est mise en tête de caser Gru, le papa au grand nez. Tout cela passe au second plan quand il s'avère que la fée a du retard. Le père va trouver une solution des plus originales... et assez acrobatique. Sans trop dévoiler le gag, je peux quand même dire qu'à un moment, j'ai pensé à Marine Le Pen...

   La troisième séquence met le héros en contact avec Lucy Wild, un agent très très spécial, qui se déplace dans une voiture modulable. C'est extrêmement drôle, avec des références à James Bond... sauf qu'ici c'est la dame qui utilise les gadgets. Dans la version française, Lucy a la voix d'Audrey Lamy... un excellent choix, tant elle colle bien au personnage.

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   Ainsi démarrée, l'histoire est sur de bons rails. D'autres séquences marquantes vont venir, comme un tableau de la machinerie installée au sous-sol de la maison de Gru. Les "Minions" (les petits bonshommes jaunes à un ou deux yeux) vont saluer dignement le départ du professeur qui travaillait pour Gru... avec des fusils à pet ! (Et encore, je ne vous raconte pas le gag qui ponctue ce moment d'anthologie : sachez qu'il est question d'une détonation supplémentaire...)

   Après cela, on est embringué dans une histoire d'espionnage, où les références à James Bond sont mâtinées d'un peu de Gremlins et de Critters. Même si les gags ne sont pas aussi explosifs qu'au début, cela reste très divertissant.

   Le rythme remonte dans les séquences terminales, avec notamment la guérison des "Minions", spectaculaire et drôle. Tout se termine en chansons, avec d'abord une séquence romantique, bercée par une (excellentissime) parodie de boys band par les Minions... avant qu'une nouvelle teuf ne démarre, au son des Village People !

   Bref, c'est drôle et bien foutu... et plutôt pour les grands enfants que pour les petits.

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vendredi, 12 juillet 2013

Ma meilleure amie, sa soeur et moi

   Sur le thème "Un garçon, deux filles... combien de possibilités ?", Lynn Shelton s'exerce à la comédie romantique, avec pour cadre le Nord-Ouest des Etats-Unis : la ville de Seattle et une île des environs.

   La première séquence nous met en contact avec un groupe de trentenaires, blancs, appartenant à la classe moyenne et réunis autour de quelques bonnes boissons, notamment du vin rouge. On est en plein cliché... sauf que cette petite réunion commémore la première année de la disparition de l'un des membres du groupe, Tom, peut-être le plus brillant de la bande.

   Très vite, l'ironie prend le dessus, avec le discours à rebours du frère du défunt, un peu bourré. Voici Jack, le héros, intelligent, beau parleur, mais coiffé comme un dessous de bras, au chômage, de surcroît légèrement bedonnant. Il s'éclipse, à la fois honteux et très content d'avoir plombé l'ambiance. Sa meilleure amie va essayer d'arranger les choses. Voilà Iris, femme indépendante, compréhensive et bourrée de charme. Accessoirement, c'est l'ex-petite copine du défunt. Emily Blunt (remarquée dans Looper et, il y a quelques années, dans un épisode de la série Hercule Poirot) rayonne dans ce rôle de femme hypersensible, d'une (grande) beauté faussement ordinaire.

   La scène qui voit la meilleure amie tenter de ramener Jack à de meilleures pensées est un délice d'humour et de complicité. A la différence de la précédente, très écrite (deux discours antagonistes se répondaient), celle-ci est en partie improvisée. On le sent particulièrement bien quand Mark Duplass (Jack) ne peut s'empêcher de lâcher un petit rot qui semble avoir surpris sa partenaire Emily Blunt. Mais cela passe très bien dans le dialogue... puisque je vous le dis !

   Comme Jack déprime, Iris, dont la famille est pétée de thunes, lui propose d'aller méditer dans la propriété paternelle, située sur une île. Au passage, elle lui suggère de s'y rendre en vélo. Jack, qui continue à s'empiffrer de confiseries industrielles, ne semble pas avoir compris le message subliminal de la dame : profite de l'occasion pour faire disparaître tes bourrelets disgracieux ! (On ne va d'ailleurs pas tarder à les voir à l'écran.)

   Sur place, le héros tombe sur la frangine lesbienne de sa meilleure amie, en pleine quête existentielle après la fin d'une grande histoire d'amour. Je vous présente donc le dernier membre du trio : Hannah, incarnée avec subtilité par Rosemarie DeWitt (vue récemment dans Promised Land). C'est le soir, les deux se connaissent sans s'être jamais rencontrés... Ils se découvrent donc autour d'une bonne bouteille de tequila. Arrive ce qui devait arriver : ils baisent. Je recommande la scène de coucherie, au cours de laquelle le héros n'est vraiment pas à son avantage.

   Le problème est que la frangine et meilleure amie débarque à l'improviste le lendemain. Elle est ravie de retrouver sa soeur, perdue de vue depuis un petit moment, mais un peu désappointée tout de même. La suite nous réserve de beaux moments de marivaudage, quelques jolies scènes de dialogue au lit (entre les deux soeurs)... et un changement de ton, au bout d'1h10 environ. L'histoire devient plus sérieuse, tourne au mélo. Là, franchement, j'ai moins accroché. Mais cela reste une très bonne comédie... avec une Emily Blunt à croquer, rien que pour nous, les mecs !

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jeudi, 11 juillet 2013

Le Roi et l'oiseau

   J'avais gardé de ce dessin animé "de qualité française" (signé Paul Grimault et Jacques Prévert) un souvenir lointain, agréable. Sa ressortie en salles, après restauration, m'a donné l'occasion de le voir sur grand écran. L'histoire nous est présentée par l'un des personnages principaux, une sorte de grand toucan endimanché, gouailleur et courageux :

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   Son ennemi est le monarque qui vit dans le château visible à l'arrière-plan. A travers ce personnage, les auteurs ridiculisent la monarchie absolue et les régimes totalitaires du XXe siècle. Sur le fond, ils montrent l'obéissance obséquieuse et craintive des sous-fifres, l'omniprésence de la police ainsi que le culte de la personnalité qui entoure le souverain (aussi odieux que maladroit au tir). Sur la forme, on rit du trône tout-terrain, de l'aspect physique du tyran ainsi que de sa démarche.

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   Cette histoire est aussi un conte. Le château est donc un élément important de la mise en scène, avec ses ascenseurs qui n'en finissent pas, ses pièces secrètes, ses trappes et ses oubliettes où attendent, affamés, des lions mélomanes.

   Un grand soin a été porté à l'animation des personnages, en particulier des animaux. J'ai beaucoup aimé le chiot du tyran, très souple dans ses mouvements... et beaucoup plus affectueux que son maître. Les oisillons sont aussi très réussis. Par contre, au niveau des félins, on note quelques maladresses. Il faut dire qu'en trente ans, la technique a fait de sacrés progrès. D'autres moments, parfois brefs, m'ont marqué, comme celui qui voit un morceau de muraille s'animer, révélant un policier camouflé !

   Une histoire d'amour (un peu nunuche) est au coeur de l'intrigue : un ramoneur et une bergère vont devoir surmonter bien des difficultés pour vaincre la jalousie et le désir de domination du roi.

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   Cette intrigue se drape dans le merveilleux : les deux amoureux sont issus de tableaux voisins, dont ils s'échappent, tout comme le roi, qui évince son modèle et prend le contrôle du royaume ! Les auteurs donnent aussi un aperçu du peuple miséreux qui vit sous la férule du tyran.

   Toutefois, c'est davantage la dénonciation d'une forme de modernisme qui perce dans l'histoire. La technologie a asservi les ouvriers, qui travaillent à produire des représentations du tyran (scène hilarante avec les tableaux, lorsque deux prisonniers décident de "se lâcher"). L'invention la plus extraordinaire, le robot géant, est un outil de domination... et de destruction.

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   Le salut vient de l'imagination, de l'inventivité, de l'art. Il est beaucoup question de peinture dans ce film, celle-ci étant cependant montrée comme trop soumise aux desiderata des puissants. La sculpture est abordée à travers un joli personnage de cavalier, dans une séquence qui baigne dans le merveilleux. La musique est davantage présente, en guise d'accompagnement mais aussi comme élément scénaristique. Elle sauve la vie des héros dans des circonstances que je vous laisse découvrir.

   J'ai finalement beaucoup aimé cette réédition, d'une qualité visuelle plus grande que ce à quoi je m'attendais.

00:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film