lundi, 19 octobre 2020
Calamity
On doit ce film d'animation féministe à Rémi Chayé, déjà auteur du superbe Tout en haut du monde (il y a quatre-cinq ans). Il fut aussi jadis l'une des chevilles ouvrières de Brendan et le secret de Kells.
C'est l'histoire de Martha Jane Canary, une pré-adolescente dont la mère est récemment décédée. On est au XIXe siècle, en plein Far West, et elle doit assumer le rôle de maman de substitution pour ses jeunes frère et soeur. Mais la gamine a le sang qui bouillonne. Elle rêve d'indépendance, d'aventures. Elle apprend à monter à cheval, à manier le lasso et à conduire un chariot.
Elle se prend souvent la tête avec les garçons du convoi. Une vingtaine de familles se sont unies pour gagner l'Oregon, avec l'espoir d'une vie meilleure. Ce sont des puritains, qui ne conçoivent la société que régie par des règles ancestrales, avec une répartition sexuée des tâches.
Martha se fait rapidement traiter de "calamité" : elle jure comme un charretier, veut porter le pantalon et n'obéit qu'avec beaucoup de réticences aux adultes... quand elle leur obéit. Je me suis pris d'affection pour cette gamine au caractère bien trempé, capable de clouer le bec au jeune con qui l'emmerde, en lui lançant un vibrant "Tête de bouse ! Ta bouche, elle sent les pieds !"
La première partie de l'histoire pose ces principes. Dans des circonstances que je me garderai de révéler, Martha se retrouve coupée du convoi. Elle va suivre sa propre voie, notamment en compagnie d'un adolescent pas très honnête... et pas si futé que cela : il n'a pas compris que ce jeune "Marcus" aux cheveux courts était une fille...
Le meilleur est à venir, lors du séjour dans la ville minière. L'histoire s'emballe, devient follement drôle, pleine de péripéties. Martha fait la connaissance d'une autre femme indépendante, une géologue chercheuse d'or (doublée par Alexandra Lamy). On se bidonne bien aussi pendant la séquence dans le camp militaire.
Attention toutefois, c'est plus un roman d'apprentissage qu'un véritable film historique sur la jeune Calamity Jane. Les auteurs ont tenté de combler les vides dans la biographie de la plus célèbre cow-girl de l'Ouest. Cela dure 1h20 et c'est follement plaisant à regarder, même si je trouve que l'animation n'est pas d'aussi bonne qualité que dans les précédents films de Rémi Chayé.
dimanche, 18 octobre 2020
Josep
Josep Bartoli était un dessinateur espagnol (catalan), de sensibilité marxiste (plutôt anar). Pendant la Guerre d'Espagne (1936-1939), il s'est engagé dans le camp républicain. Comme près de 500 000 de ses compatriotes, en 1939, il a fui pour la France, où il a été détenu dans différents camps d'internement (dans les Pyrénées-orientales et dans l'Aude).
C'est le dessinateur Aurel qui a décidé de rendre hommage à Bartoli. La genèse du projet est d'ailleurs évoquée dans un documentaire (consacré à Bartoli) diffusé l'an dernier sur France 3. Comme le film d'animation qui vient de sortir est relativement court (il dure moins d'1h15), certains cinémas (notamment dans le Sud-Ouest) proposent de voir le documentaire en complément. (Ce fut récemment le cas à Caussade, une commune du Tarn-et-Garonne proche de ce qui fut le camp de Judes, situé à Septfonds).
échantillon du talent d'Aurel, publié mercredi 14 octobre 2020 dans Le Canard enchaîné.
Le film a été conçu de manière assez originale. Pour composer la trame, Aurel s'est appuyé sur les dessins de Josep Bartoli, soit ceux du carnet qu'il a secrètement tenu pendant sa détention en France, soit ceux (de plus grand format) qu'il a réalisés ensuite, souvent à partir de croquis de France. Il a construit des scènes à partir de ces dessins et des témoignages recueillis. J'ajoute que l'on peut retrouver la plupart de ces dessins dans le livre auquel a collaboré Georges Bartoli, le neveu du dessinateur :
Mais revenons au film. Son premier intérêt est de proposer une projection sur grand écran des dessins de Bartoli, très expressifs et souvent riches en détails. J'ai aussi beaucoup aimé la construction des scènes autour de ces dessins. La résurrection de ces instants nous plonge dans le quotidien des réfugiés espagnols qui, pour beaucoup, n'ont pas gardé un bon souvenir de l'accueil reçu en France.
L'histoire nous est contée par un vétéran de l'époque, le gentil gendarme (devenu très âgé), opposé dans le film à une brochette de mauvais gendarmes, au mieux méprisants, au pire racistes et violents.
A cette face sombre s'oppose la face lumineuse de l'histoire, les gestes de fraternité et les moments de convivialité qui émergent au sein du camp, quand les Espagnols ont pu s'organiser. Sans s'attarder dessus (ce qui est regrettable), le film évoque aussi les dissensions qui pouvaient exister entre staliniens, trotskystes, anarchistes et républicains modérés (ceux dont la mémoire a été la moins véhiculée, tant les mouvements marxistes ont tenu le haut du pavé dans la transmission de l'histoire républicaine).
Le film ne se limite pas à la Retirada. Il nous fait suivre Josep après son départ de France. Il finit par arriver au Mexique, où il s'est lié à Frida Kahlo. Plus tard, il a fait carrière aux Etats-Unis.
C'est donc à la fois une oeuvre historique, une leçon d'humanité et une approche artistique originale.
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samedi, 17 octobre 2020
Made in Bangladesh
J'ai raté ce film à sa sortie dans les salles, l'an dernier. (Sauf erreur de ma part, il n'a pas été programmé à Rodez.) J'ai profité d'un festival pour remédier à ce manque, dans une salle assez copieusement garnie, ma foi. (Comme quoi, les choix de programmation audacieux peuvent s'avérer payants...)
Depuis dix-quinze ans, les étiquettes de certains vêtements vendus à bas prix en France (et ailleurs) ont vu le remplacement de la mention "made in China" (ou "made in PRC") par une référence à un pays d'Asie du Sud ou du Sud-Est. Ce peut-être le Vietnam, l'Inde, le Pakistan ou le Bangladesh. (D'ailleurs, l'économie de ce pays-ci souffre beaucoup des conséquences de la pandémie.)
Chez nous, c'est la catastrophe du Rana Plaza, il y a sept ans, qui a marqué l'entrée du Bangladesh sur la scène économique internationale. Elle a sans doute inspiré l'une des premières scènes du film, au cours de laquelle meurt une amie de l'héroïne Shimu.
La suite est l'histoire chaotique d'une tentative d'émancipation, à plusieurs niveaux. Shimu la musulmane pieuse (mais pas intégriste) est présentée comme l'une des nombreuses victimes de l'exploitation capitaliste (nationale et internationale), des mentalités archaïques (en particulier le patriarcat), de la corruption et d'une bureaucratie inefficace.
La réalisatrice a mis en scène différents exemples d'oppression : le harcèlement sexuel, le chantage au licenciement, la violence conjugale... L'ensemble pourrait former une histoire déprimante, s'il n'y avait pas quelques moments de grâce (comme la fête de mariage) et des moments de courage, qui montrent ces femmes peu éduquées, conditionnées à la soumission depuis leur plus jeune âge, tenter de prendre leur destin en mains.
P.S.
Quand il a été tourné, le film semble avoir été prémonitoire, puisque l'année 2019 a été marquée, au Bangladesh, par un gigantesque mouvement de grèves dans les usines textiles.
Antoinette dans les Cévennes
C'est l'un des rares succès en salles de la fin de l'été et du début de l'automne. Il est sur le point de dépasser les 700 000 entrées. Seuls Tenet (2,5 millions) et.... Les Blagues de Toto (1 million) ont fait mieux.
Dans un premier temps, j'ai hésité à aller le voir, de crainte de l'accumulation de clichés ou de situations artificielles. Le début de l'histoire n'est d'ailleurs pas exempt de défauts. On y découvre une professeure des écoles parisienne un peu farfelue. On apprend vite qu'elle entretient une relation intense avec Vladimir, un parent d'élève qu'elle va tout faire pour retrouver durant l'été, au cœur des Cévennes.
La scène de spectacle de fin d'année aurait pu être catastrophique. Enfants comme adultes ne jouent pas très bien. Mais il se passe quelque chose, comme on dit. Je pense que c'est dû en grande partie au tempérament de Laure Calamy, qui porte le film sur ses épaules. Et puis il y a cette belle chanson de Véronique Sanson, que la chorale enfantine parvient à ne pas massacrer.
Changement de décor pour la suite. Direction la Lozère et le chemin de Stevenson, le long duquel l'héroïne espère retrouver le papa infidèle dont elle est éprise. Comme elle débarque à la dernière minute, il ne reste qu'un âne à disposition des touristes : Patrick. Il est bien conformé, a un joli pelage... mais un caractère un peu difficile. C'est l'une des sources de gag : la confrontation entre la Parisienne en goguette et l'équidé obstiné aux grandes oreilles.
L'autre effet comique récurrent est lié à la quête sentimentale d'Antoinette. Dès la première étape, au gîte, elle ne peut pas s'empêcher de s'épancher auprès des autres randonneurs (parmi lesquels ne figure pas encore la petite famille de son amoureux). Elle suscite globalement la sympathie, à tel point que son histoire devient virale auprès de celles et ceux qui "font" le Stevenson.
Et puis, il y a la relation entre Vladimir Patrick et Antoinette. De manière quasi imperceptible, Caroline Vignal met en scène un retournement. Au début de la randonnée, Antoinette peine à supporter son âne, tandis qu'elle brûle de retrouver Vladimir. Petit à petit, elle va se prendre d'affection pour Grandes Zoreilles... et considérer son amant sous un autre jour.
J'ajoute que ce chemin initiatique est parsemé de jolies rencontres, comme celle de l'hôtelier qui conte l'histoire de Stevenson, ou celle d'un groupe de motards, qui laisse ouvert le champ des possibilités.
Je suis sorti de la séance le sourire aux lèvres.
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jeudi, 15 octobre 2020
The Good Criminal
Dans ce film d'action au scénario prévisible, Liam Neeson incarne une sorte de gentleman cambrioleur des temps modernes, un "voleur honnête" (Honest Thief dans la version originale) minutieux et discret, célibataire endurci. Depuis des années, il échappe sans peine à tous les enquêteurs lancés à la poursuite de "l'insaisissable bandit", comme la presse l'a surnommé.
Sa vie change le jour où il croise une drôle d'employée, qui a repris des études de psychologie, a de la répartie et du charme à revendre. Le cambrioleur est prêt à tout plaquer pour elle... mais il trouve sur sa route deux flics ripoux, l'un des deux étant une véritable ordure. Le problème pour ces policiers est qu'en face, il y a un ancien membre des Marines, artificier de surcroît.
C'est donc plutôt dans le maniement des explosifs que Tom-le-cambrioleur fait des étincelles. A bientôt 70 balais, notre bon vieux Liam court à peine plus vite qu'un tétraplégique et tourner de manière vraisemblable des scènes de baston l'opposant à de musculeux trentenaires tient du miracle.
Et pourtant... Je me suis laissé séduire par cette histoire hyper-balisée. Il y a d'abord la rencontre des deux tourtereaux, qui prend la forme d'une scène à fronts renversés. C'est inattendu et charmant. Il y a aussi quelques plans réussis, dans cette mer de banalité filmique, comme dans l'hôtel, où l'on voit d'abord la main de Tom/Liam toucher ce qui pourrait être un collier de prières, avant qu'un zoom arrière nous fasse comprendre qu'il est assis sur un fauteuil chic ! Il y a encore cette courte scène entre les deux pourris, dans leur automobile, où l'on voit les lumières de la ville nocturne filtrer à travers les gouttes d'eau déposées sur une vitre latérale.
C'est moins "pêchu" que The Passenger, Night Run ou encore Taken, mais il y a de l'humour et de la tendresse (surtout entre Tom et Annie, très bien jouée par Kate Walsh). J'ai aussi apprécié de voir évoluer le personnage du "gentil flic". Au départ, il passe pour un crétin incompétent, davantage préoccupé par les conséquences de son divorce que par son boulot. Son personnage gagne ensuite en épaisseur, enquêtant selon les règles, avec flegme, accompagné d'un adorable quadrupède.
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mardi, 13 octobre 2020
Mon Grand-Père et moi
Au cinéma comme dans la vie, certains types de querelles peuvent prendre un tour surréaliste. Au choix, il y a la querelle entre voisins, entre collègues de boulot et entre membres de la famille. C'est à cette dernière catégorie que sa rattache le scénario (pas des plus inventifs) de ce qu'il faut bien appeler une farce et que les critiques professionnels ont descendue en flammes.
On le sait : depuis une quinzaine d'années, Robert de Niro se montre moins regardant sur les rôles qu'il interprète, avec un bonheur variable. Ici, on le retrouve en veuf (au départ) débonnaire, un peu roublard, très attaché à sa fille unique (dont il méprise le conjoint) et à ses trois petits-enfants. Ce n'est pas la pire prestation de Robert de Niro dans une comédie.
Je reconnais que les personnages secondaires sont souvent caricaturaux, en particulier les hommes et les garçons. Mais chacun joue sa partition avec conviction (dans la version originale, en tout cas). Et puis ça m'a fait du bien de revoir certaines gueules d'antant, de Jane Seymour à Christopher Walken.
Ma préférée est sans conteste Uma Thurman, sur laquelle le temps semble ne pas avoir prise. La première fois que l'on voit la fille, elle rend visite à son père, vêtue d'un costume bleu sombre. Quand elle apparaît dans l'ouverture de la porte, elle est sublime. De même, lorsque le papa (de Niro) s'installe chez elle, on nous le montre le premier soir, assis dans un fauteuil, face à une fenêtre d'où il peut voir le soleil couchant. Là, il est beau et digne. On sent que le réalisateur a du respect pour ses acteurs et ses personnages, même s'il les plonge dans la gaudriole (pas vulgaire toutefois).
Les cinéphiles s'amuseront à relever les clins d'oeil, comme lorsque de Niro s'énerve devant un miroir de salle de bains, ou lorsqu'il apparaît, vêtu en mafioso, dans une grande voiture sombre, conduite par un chauffeur inquiétant.
La guerre qui éclate entre le grand-père et le petit-fils (pour le contrôle d'une chambre) est futile, voire stupide. Mais, franchement, elle donne naissance à quelques moments croustillants. Les premières escarmouches ont lieu à l'intérieur du domicile familial. Cela se corse lors d'une partie de balle au prisonnier, le summum étant atteint le jour de la fête d'anniversaire de la plus jeune des petites-filles. Certes, cela ne vole pas très haut mais, un soir, après le boulot, ça détend.
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jeudi, 08 octobre 2020
Lupin III - The First
Ce film d'animation japonais met en scène Edgar de la Cambriole, un personnage dont les spectateurs français ont pu, l'an dernier (re)voir l'une des premières aventures (Le Château de Cagliostro). Notons que la sortie de ce film survient un an et demi après la mort de Monkey Punch, le créateur de Lupin/Edgar.
L'action débute en France, pendant la Seconde Guerre mondiale. Des nazis tentent de mettre la main sur le journal d'un archéologue, fin connaisseur d'une ancienne civilisation détentrice de redoutables secrets technologiques. La séquence se termine par un accident dont, dans un premier temps, les spectateurs ne perçoivent pas tous les tenants et aboutissants.
Des années plus tard, on retrouve le fameux journal exposé dans un musée... et objet de toutes les convoitises... notamment celle d'Edgar, le héros insaisissable et rigolard, qui prend plaisir à narguer les policiers maladroits qui le poursuivent. Mais, sur ce coup-là, le petit-fils d'Arsène Lupin doit affronter une redoutable concurrence féminine : son éternelle rivale, la sublime et fatale Fujiko Mine... et une étrange policière, dont l'intérêt pour le journal suscite des interrogations. J'ajoute que dans l'ombre agit une mystérieuse organisation, nostalgique d'un ordre totalitaire heureusement disparu.
C'est donc rocambolesque à souhaits, quelque part entre James Bond et Les Aventuriers de l'Arche perdue. L'humour est bon enfant, décontracté, pas vulgaire, quoique gouailleur, parfois. Il ne faut pas toujours s'attacher à la vraisemblance des situations. J'ai été séduit par cet improbable enchaînement de péripéties, qui mélange les Akkadiens, les trous noirs, Adolf Hitler... et un samouraï !
P.S.
Fait étonnant pour ce type de production, l'image est hyper-chiadée, et pas qu'au niveau des décors. Sur un grand écran, la virtuosité de l'animation éclate, avec des effets parfois somptueux.
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samedi, 03 octobre 2020
Dix Petits Indiens (vidéo)
C'est sous ce titre (inspiré de la version américaine du roman d'Agatha Christie) qu'est sortie, en 1945, en France, la première adaptation cinématographique de Dix Petits Nègres. (Le titre anglais était And then, there were none.)
Tourné aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, il a pour réalisateur le Français René Clair, un des maîtres des débuts du parlant en France. Contrairement à certaines vedettes du septième art hexagonal (qui, comme Danielle Darrieux, n'ont pas hésité à fricoter avec l'occupant allemand), il a quitté la France dès 1940 pour s'installer outre-Atlantique.
Cette adaptation s'éloigne quelque peu du roman, notamment parce qu'elle s'inspire de la pièce de théâtre écrite elle aussi par Agatha Christie. On y retrouve quand même dix protagonistes, certains au profil légèrement différent des personnages du roman.
À gauche, de dos, se trouve le juge, qui fait face à un aristocrate russe désargenté (et conducteur imprudent), une tricoteuse au caractère bien trempé, un général à la retraite (responsable de la mort de l'amant de sa femme), un aventurier de retour d'Afrique orientale (où 21 personnes sont mortes mystérieusement), un détective privé pas toujours scrupuleux et une jeune beauté au passé trouble. Manquent le médecin alcoolique (qui a tué une patiente en pleine opération) et le couple de domestiques (soupçonnés de s'être débarrassés de leur ancienne patronne).
Celles et ceux qui connaissent le roman savent que chaque personne semble avoir quelque chose de grave à se reprocher. Un tueur au tempérament de justicier se cache dans le groupe, avec lequel il va jouer au chat et à la souris... sous les yeux d'un félidé amateur de pelotes.
Ce film a beau être une antiquité, il conserve toute sa force, grâce au talent des interprètes, à des dialogues parfois primesautiers et à une mise en scène inventive et maîtrisée. Pensez que toute la partie introductive est dépourvue d'échange vocal, les dialogues débutant au bout de presque cinq minutes !
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dimanche, 27 septembre 2020
Autour de Murdoch
Les épisodes inédits des Enquêtes de Murdoch, diffusés ce soir sur France 3, mettent en avant certains des personnages secondaires de la série.
Cela commence par "Toronto la nuit", le n°7 de la saison 13. On y découvre l'agent Higgins (interprété par Lachlan... Murdoch !) en chauffeur privé, la nuit, pour compléter ses revenus de policier.
Il est involontairement mêlé à une histoire de vengeance, liée à un club de billard et à un bar ouvert tard le soir. Au cours de son enquête, l'inspecteur Murdoch tombe sur un étrange objet, ayant appartenu à l'une des victimes :
L'épisode suivant, "Rideau final" (le huitième de la treizième saison) a pour cadre une représentation théâtrale (de très mauvaise qualité), au cours de laquelle un meurtre survient. L'un des acteurs n'est autre que John Brackenreid, fils de l'inspecteur principal. Les autres membres de la troupe constituent une belle galerie de suspects :
On sent que les scénaristes se sont beaucoup amusés à écrire cette intrigue, la pièce jouée parodiant les enquêtes policières (au point de susciter l'agacement de Murdoch et Watts). Vers la fin de l'histoire, on assiste à un renversement, puisque c'est l'enquête de Murdoch qui se retrouve sur l'estrade, à la façon d'une pièce de théâtre. C'est savoureux et rappelle un peu les romans d'Agatha Christie.
Une autre référence littéraire est présente dans cet épisode, à travers le personnage de Joan Dalloway, la "metteuse en scène", à laquelle on a conféré une apparence rappelant Virginia Woolf, célèbre auteure britannique :
Rappelons que l'un de ses romans a pour titre Mrs Dalloway.
P.S.
Aux amateurs de la série, je recommande particulièrement l'un des épisodes rediffusés à la suite : "Souvenez-vous... L'été 75". Le titre pourrait être une référence au film de Spike Lee Summer of Sam, évoquant un tueur en série sévissant à New York, durant l'été 1977. Ici, plusieurs meurtres surviennent en relation avec des événements survenus en 1875. A travers l'enquête, on découvre un pan du passé de l'inspecteur Murdoch, qui a fait partie d'un groupe de jeunes surdoués dans son enfance.
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vendredi, 11 septembre 2020
Antebellum
Bien que le titre du film signifie "avant la guerre", il débute par un plan-séquence très soigné, que les spectateurs de base (un peu cultivés, tout de même) sont tentés de placer au coeur de la Guerre de Sécession.
Les quarante premières minutes décrivent la vie dans une plantation de coton. Dans la grande et belle demeure coloniale, tout ne semble être que luxe, calme et volupté. Mais, dès qu'on tourne la caméra le regard du côté des esclaves noirs, c'est une tout autre histoire. La présence d'une unité de soldats confédérés assure l'ordre fait régner la terreur. On ne va pas nous épargner grand chose de ce qu'il peut arriver aux hommes et aux femmes qui triment dans les champs.
Serait-ce un énième film historique, rappelant aux cinéphiles à quel point l'époque esclavagiste fut cruelle ? Pas tout à fait. Il y a d'abord l'ambiance, que la musique contribue à rendre quasi surnaturelle. Il y a aussi ces récoltes de coton, que l'on brûle au fur et à mesure. C'est totalement irrationnel. Il y a enfin ces esclaves auxquels les maîtres imposent de réagir à un prénom qui leur semble étranger.
L'irruption de la deuxième partie (au sortir d'un cauchemar ?) permet aux spectateurs soit de commencer à comprendre, soit de ressentir un vigoureux mal de tête. On y découvre la "vie d'avant" de l'un des personnages, la femme appelée Eden. Elle est incarnée par Janelle Monáe, que l'on a pu voir dans Les Figures de l'ombre. L'actrice nous livre une prestation formidable. Même si c'est le même personnage qu'elle incarne, il est tellement changé par les circonstances dans lesquelles il évolue que, pendant quelques secondes, on est pris par le doute. La comédienne porte littéralement le film sur les épaules.
La troisième partie permet de mieux comprendre le titre, au sens littéral (on apprend ce qu'est réellement Antebellum) et au sens figuré (cela devient gore). Même si le trait est un peu trop appuyé à mon goût, même s'il y a quelques invraisemblances et facilités, cette rencontre entre le Django unchained de Tarantino et Le Village de Shyamalan m'a séduit.
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dimanche, 06 septembre 2020
Blood Machines
D'après le duo de réalisateurs (français) qui se cache derrière le pseudo Seth Ickerman, ce moyen-métrage est un "opéra cosmique", une oeuvre de science-fiction baignée de musique électronique (signée Carpenter Brut)... avec un petit fond philosophique.
L'intérêt est d'abord visuel. C'est du "space opera", avec de superbes effets spéciaux. L'intrigue met en confrontation un monde masculin et un monde féminin (avec des symboliques associées... du côté masculin, c'est phallique). L'histoire commence avec l'arrivée d'un vaisseau, piloté par un homme très sûr de lui (épaulé par un vétéran à la santé fragile et une intelligence artificielle matérialisée dans une enveloppe qui fait référence à Metropolis). Il entre en contact avec un groupe de femmes, dont le véhicule, en panne, aurait besoin d'un peu de secours... que les nouveaux arrivants ne sont prêts à lui offrir. Fait étrange, le vaisseau abîmé contient une entité vivante, qui va s'en échapper.
A partir de là, cela devient fantasmagorique... et un peu gore. J'ai remarqué que, si le scénario semble donner l'avantage aux personnages féminins, le casting s'appuie une brochette de jeunes femmes aux formes très avantageuses, peu vêtues, et qui ne s'expriment pas verbalement. Seuls les deux personnages féminins les plus âgés (ainsi que l'intelligence artificielle "langienne") parlent.
C'est assez plaisant à regarder. On est d'autant plus déçu quand cela s'interrompt au bout de 50 minutes, pour laisser place... au making-off, ou comment inclure les bonus DVD dans l'oeuvre projetée !
Clairement, la production n'avait pas les moyens de sortir un long-métrage, en dépit des trésors d'imagination déployés par les équipes. C'est l'un des intérêts de cette seconde partie que de nous montrer la création en marche, avec ses contraintes matérielles. Je pense notamment au travail fourni par l'un des concepteurs, qui a passé trois mois à construire un décor qui a servi pendant... trois jours. Cette "face B" est aussi intéressante par ce qu'elle montre du découpage du travail, entre prises de vues réelles et ajout d'effets spéciaux.
Pour les amateurs de science-fiction et d'ambiance à la Métal Hurlant, c'est une expérience à tenter.
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dimanche, 30 août 2020
Deneuve et Eastwood
La dernière "série de l'été" publiée par le quotidien Le Monde est consacrée à la comédienne Catherine Deneuve. Dans le numéro de samedi, la double-page est intitulée "Le prix à payer". Il y est donc surtout question des rapports de l'actrice avec l'argent.
Au détour de l'article (factuellement déjà assez riche), j'en ai appris une bien belle. Cela concerne le festival de Cannes, du moins son édition de 1994. Je m'en souviens comme étant celle qui a vu la consécration de Pulp Fiction, de Quentin Tarantino. Le jury était présidé par Clint Eatswood.
Exceptionnellement, pour cette édition, il y eut une vice-présidente, Catherine Deneuve. Rétrospectivement, on pourrait se réjouir de cette initiative paritaire... sauf que l'égalité des sexes n'a pas grand chose à voir avec cette nouveauté sans lendemain. L'article du Monde (signé Raphaëlle Bacqué) révèle que c'est l'actrice française qui a exigé la création du poste. Elle avait une idée en tête : approcher suffisamment Clint Eastwood (dont on savait à l'époque qu'il allait réaliser Sur la route de Madison) pour le convaincre de lui confier le principal rôle féminin (qui a finalement échu, conformément au souhait d'Eastwood, à Meryl Streep).
D'après Raphaëlle Bacqué, lorsque Deneuve lui en a parlé, Eastwood aurait seulement conseillé à la comédienne de passer les essais. En théorie, l'histoire s'arrêtait là, personne n'imaginant la reine Catherine se plier à ce genre de procédure... et pourtant, si ! Elle s'est bien rendue à Londres pour tenter de décrocher le rôle, sans succès.
Dans l'imposante biographie que Patrick McGilligan a consacrée à l'acteur-réalisateur, l'expérience eastwoodienne à Cannes n'est pas racontée ainsi. Tout d'abord, elle est placée dans le contexte de dégradation des relations de l'acteur avec sa compagne de l'époque, Frances Fisher. De plus, jamais il n'est question de discussions à propos du film à venir. Deneuve est bien mentionnée comme vice-présidente du jury ... et comme une ancienne conquête d'Eastwood, qui aurait eu une petite aventure avec elle des années auparavant. (La même affirmation figure sur un site consacré aux célébrités, à la fois sur la fiche de Clint et sur celle de Catherine.)
La comédienne française (qui savait que la production, au départ, souhaitait recruter une Européenne pour le rôle) a-t-elle espéré qu'une ancienne (bien que brève) relation pourrait jouer à son avantage ? L'article affirme qu'elle comptait plutôt sur sa parfaite maîtrise de la langue anglaise.
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mercredi, 26 août 2020
Effacer l'historique
Ce serait le "dernier" film du duo Kervern-Delépine... en attendant le suivant ? Quoi qu'il en soit, il bénéficie d'une distribution prestigieuse, avec quelques "historiques" (dans des rôles secondaires, voire de la figuration) et de nouveaux visages, ceux de Blanche Gardin, Denys Podalydès et Corinne Maserio, dont on se demande pourquoi elle n'a pas fait partie plus tôt de l'aventure de la bande de Groland.
"Mais je suis conne !" s'exclame à un moment Marie (Blanche Gardin), dans un éclair de lucidité. Outre le fait qu'ils habitent le même quartier, c'est le point commun des trois héros : se faire duper par le système économique, qui pousse à la consommation, à l'achat compulsif, à l'endettement.
Le scénario est assez fin quand il montre des personnages principaux vivant en banlieue résidentielle, pas pauvres donc, appartenant à la classe moyenne, surconsommant grâce au crédit. Il suffit qu'un accident de la vie survienne (la perte d'un emploi, un décès, une séparation) pour que la précarité s'installe.
Mais le fond n'est pas triste. Certains dialogues sont particulièrement mordants, notamment dans la bouche de Marie et de Christine (Corinne Masiero). La première est une "ménagère en jachère", choquée par "les abeilles qui tombent comme des mouches"... capable néanmoins de rembarrer un jeune con au téléphone. La seconde est chauffeure VTC, a priori plus solide que les deux autres, mais pas loin de péter un câble.
Le plus barré des trois est Bertrand (Denys Podalydès). Au départ, il apparaît comme étant le plus sensé, artisan-commerçant dur à la tâche, père veuf s'efforçant d'aider sa fille au mieux. On le découvre petit à petit sous un autre jour : il va connaître une mésaventure semblable à celle de l'un des personnages de Seules les bêtes et, parfois, sombrer dans le ridicule, comme lors d'une scène de salle de bains faisant évidemment écho à Mary à tout pris !
Chacun des héros est victime d' (au moins) une arnaque. Ils vont joindre leurs forces pour surmonter cette passe difficile. Cela va les conduire loin, bien au-delà du rond-point local, au cours d'aventures marquées par le comique de situation.
Tout n'est pas réussi dans cette comédie politico-sociale, mais je trouve que les qualités l'emportent largement sur les défauts.
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mardi, 25 août 2020
Tenet
C'est le film le plus attendu de la semaine, du mois d'août, de l'été... de l'année ? Pour appâter les fans, on a ressorti en salles successivement Interstellar (ce qui m'a permis de le voir pour la première fois en version originale sous-titrée) et Inception, qui n'est pas sans lien avec la dernière œuvre de Christopher Nolan.
La première moitié déroule l'intrigue telle qu'elle est présentée dans la bande-annonce. Un mystérieux groupe d'agents secrets tente de mettre en échec une non moins mystérieuse organisation terroriste, dirigée par une sorte d'oligarque russe (Kenneth Branagh, brillantissime, à savourer en V.O.). Pour ce faire, ce groupe recrute "le protagoniste" (JD Washington, impeccable), le héros de l'histoire, sorte de Jason Bourne qui va connaître un destin à la James Cole dans L'Armée des douze singes.
C'est spectaculaire à souhait. Que ce soit l'attaque de l'opéra, le braquage de l'entrepôt d'aéroport ou l'extraordinaire opération routière, c'est d'une intensité folle, mis en scène au millimètre près, avec de très bons interprètes (notamment Robert Pattinson, qui incarne le personnage clé de l'histoire). Un esprit grognon dirait que, quand même, parfois, c'est un peu trop bien huilé.
Nolan renouvelle le film d'espionnage et le film d'action grâce au principe d'inversion, qu'il intègre au scénario et à la mise en scène des combats et des cascades. C'est impressionnant.
En clair, le groupe d'agents secrets affronte une organisation terroriste dont le chef maîtrise à la fois le retour en arrière et le fait d'évoluer en mode inversé dans le monde "normal". Pour cela, il utilise des armes dont la provenance est mystérieuse : une autre planète ? une autre dimension ? le futur ?
Mais le plus fort est, qu'au bout d'environ 1h15, tout cela vole en éclats. Pour combattre l'organisation terroriste (du moins, ce qui est présenté comme telle), les agents vont se mettre à utiliser eux aussi le mode inversion. Et là, attention, il faut s'accrocher, parce qu'on revoit certaines scènes de la première partie, mais sous un tout autre point de vue. Waow !
Le morceau de bravoure est l'attaque finale, qui se déploie dans deux trames temporelles différentes... mais qui communiquent entre elles... miracle de la technologie et licence poétique cinématographique. La cohérence est moins grande dans cette dernière partie très bruyante, mais rythmée. Sachez que, dans l'une des trames temporelles, deux équipes d'agents partent à l'assaut d'un lieu stratégique, mais, en théorie, sans se croiser, puisque l'une agit en sens "normal", tandis que l'autre agit en sens inversé. L'une des deux est censée échouer (pour duper le super méchant), l'autre réussir plus discrètement. C'est, je trouve, la partie la moins bien mise en scène. Deux couleurs (le rouge et le bleu) distinguent les deux équipes, mais, dans la cohue des combats, il n'est pas toujours aisé de les différencier, d'autant que les agents portent des combinaisons qui ne contribuent pas à faciliter leur identification.
Je rassure les cinéphiles non titulaires d'une thèse de physique appliquée : à la fin, des explications supplémentaires sont données, qui permettent de vraiment comprendre ce qu'est "Tenet" et qui se trouve derrière.
En ce qui me concerne, je crois qu'une deuxième vision s'impose.
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samedi, 22 août 2020
La Femme des steppes, le flic et l'oeuf
Cette femme est une bergère, qui élève des ovins, des bovins et des chevaux. Elle vit seule, même si l'on finit par apprendre qu'elle a eu une relation avec un "voisin" (un homme ne vivant qu'à quelques dizaines de kilomètres de sa yourte !) et même qu'elle est déjà tombée deux fois enceinte.
L'intrigue de ce faux polar se déroule au fin fond de la Mongolie, avec des paysages superbes, des personnages du genre taiseux... et un mystère concernant le corps d'une femme.
Le réalisateur, Quanan Wang (auquel on doit Le Mariage de Tuya), aime les plans-séquences un brin contemplatifs. Cela commence en caméra subjective, par un dialogue à l'intérieur d'une voiture en mouvement, la nuit, sur la steppe. Une brume étrange enveloppe les êtres. Au gré des divagations du véhicule, la lumière projetée par les phares nous permet d'apercevoir la prairie, des chevaux à demi sauvages... et une forme blanche immobile.
Succède à cette introduction une scène de jour, qui fait intervenir les policiers locaux (dont le 4x4 est tombé en panne) et la fameuse paysanne, sur son chameau de Bactriane (plus précisément, un chameau mandchou). Pourquoi se trouve-t-elle là ? D'abord parce qu'elle est la seule habitante à des kilomètres à la ronde. Ensuite parce qu'elle peut se déplacer (son chameau ne souffrant d'aucune panne mécanique). Enfin parce qu'elle est armée (d'un fusil)... dont elle sait adroitement se servir. (Le but est d'effaroucher les loups, attirés par l'odeur du cadavre.)
Il y a donc un aspect ethnographique à cette intrigue. Les spectateurs découvrent le mode de vie de cette paysanne, jusque dans ses aspects un peu crus : la mise à mort (et le dépeçage) d'un mouton et la mise-bas d'une vache. Âmes sensibles s'abstenir !
L'aspect criminel de l'histoire n'est qu'un prétexte... mais il permet de mettre en contact la paysanne et le jeune policier (âgé de 18 ans). Il est un peu le larbin de la brigade, pas très dégourdi. La paysanne va lui apprendre la vie ! (Je n'en dis pas plus...)
Quant à l'œuf, c'est celui d'un dinosaure, trouvé par l'ex-compagnon de la paysanne (qui aimerait bien remettre le couvert). C'est aussi le symbole de la procréation, qui pourrait permettre la perpétuation d'un mode de vie ancestral (même si la majorité des habitants se déplace désormais à moto, en voiture ou en train). J'ajoute que "dinosaure" est le surnom de la paysanne, une des dernières de son genre.
Ce film un peu lent, à la photographie superbe, est une nouvelle bouffée d'air frais en période estivale.
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lundi, 17 août 2020
Belle-fille
J'ai vu en avant-première cette comédie balisée pour un début de soirée télévisuel. Elle est coproduite par Kev Adams... mais, au générique, il y a Alexandra Lamy et Miou-Miou... donc, j'ai tenté le coup.
La première partie pourrait être sous-titrée "la vengeance d'une blonde", la blonde étant ici Louise (Alexandra Lamy, étincelante), une quadragénaire qui découvre un peu tard qu'elle n'aurait pas dû sacrifier ses aspirations artistiques (et sa vie de femme) à son amour de jeunesse. La manière dont l'épouse trompée prend sa revanche est savoureuse, même si le trait est appuyé. De surcroît, ce début sert de fil rouge tout au long de l'histoire, le mari étant bloqué à Paris, tandis que l'épouse s'éclate (plus ou moins) en Corse.
C'est le deuxième versant de l'intrigue, portant sur le deuil que la mère du défunt amant (d'un soir) de Louise n'assume pas complètement, reportant sur celle qu'elle considère comme sa bru toute l'affection qu'elle ne peut plus apporter à son fils préféré.
La découverte par Louise de la "mentalité corse" donne lieu à quelques moments croquignolesques. On n'est pas loin de l'album d'Astérix consacré aux aventures du petit Gaulois dans l'Ile de Beauté.
Et puis il y a la mère, Andréa, très bien interprétée par Miou-Miou. Elle est particulièrement touchante dans la scène se déroulant près de ce qui semble être un ancien lavoir. L'alchimie entre les deux comédiennes fonctionne. Pendant ce temps-là, à Paris, les choses dérapent aussi, entre le collègue de Louise qui a du mal à gérer l'entreprise en son absence, l'époux complètement dépassé par les événements et la fille, écartelée entre pseudo-rébellion et besoin de parents stables.
Du coup, j'ai apprécié, avec indulgence pour quelques grosses ficelles (et deux-trois incohérences).
22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
The Perfect Candidate
Il y a un peu plus de sept ans, Haifaa Al Mansour avait été révélée au public cinéphile par Wadjda, le premier film saoudien tourné sur le territoire même de l'Arabie saoudite. Ici, on retrouve la réalisatrice avec son thème de prédilection : le droit des femmes.
Les héroïnes sont trois soeurs, dont la mère est décédée quelques mois auparavant. Aucune d'entre elles n'est mariée, bien que les deux plus âgées soient majeures et indépendantes sur le plan financier. Elles habitent encore avec leur père, un artiste (chanteur et musicien) que l'on pourrait qualifier de "progressiste" (dans le contexte saoudien).
La cadette organise et filme des mariages, tandis que Maryam, l'aînée, est médecin dans ce qui est appelé une clinique, mais qui serait plutôt l'équivalent d'un dispensaire. Elle ambitionne de quitter sa petite ville de province pour travailler dans l'hôpital de Riyad, la capitale. Elle est dotée d'un fort caractère.
Tout le talent de la réalisatrice est de nous montrer le statut d'infériorité des femmes de manière assez lisse. Sur le fond, on comprend que le propos est revendicatif, mais la mise en scène donne sa chance aux personnages masculins. Le comportement des femmes est de plus montré dans toute sa diversité et sa complexité.
Le plus cocasse dans cette histoire est que Maryam va se porter candidate aux municipales parce qu'on ne lui a pas permis de se rendre à une conférence médicale à Dubaï ! La réalisatrice force le trait en faisant de son héroïne la révélation de la campagne, menaçant la réélection d'un cacique installé là depuis des années. (Je trouve que les récents événements en Biélorussie, bien que se situant dans un contexte différent, donnent un relief particulier à cette histoire.)
En parallèle, on suit la tournée du groupe de musiciens auquel appartient le père et la campagne de sa fille, faite de bric et de broc. Elle va se lancer avec une vidéo Youtube, puis organiser sa première réunion électorale, uniquement avec des femmes... en la couplant avec un défilé de mode ! Le plus difficile est de convaincre les hommes, dans son travail de médecin comme dans sa campagne. L'héroïne doit se montrer énergique pour tenter de changer les mentalités.
Si vous avez l'occasion de voir ce film, ne la ratez pas !
13:47 Publié dans Cinéma, Proche-Orient, Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
samedi, 15 août 2020
Light of my Life
Produit, écrit, réalisé et interprété par Casey Affleck, ce film post-apocalyptique met en scène un père (veuf) qui tente de survivre tout en préservant l'intégrité de son unique enfant, une fille, qu'il fait passer pour un garçon. Pourquoi ? Parce que, suite à une épidémie (à laquelle son épouse a d'ailleurs succombé), l'écrasante majorité des femmes de la planète est décédée. Du coup, tout individu de sexe féminin rescapé est perçu comme une "denrée" rare...
C'est LA menace, jamais complètement explicitée, qui pèse sur les deux héros, le papa (Casey, donc) et la fille, malicieusement interprétée par Anna Pniowsky. À l'occasion des rares rencontres que le duo fait au cours de son périple, on comprend que nombre de mâles hétérosexuels, frustrés et dépourvus de morale, feraient bien de la gamine prépubère leur jouet sexuel... Je rassure les bonnes âmes : tout cela n'est que suggéré.
C'est la grande force de ce film, que d'arriver à créer un imaginaire puissant à l'aide d'un scénario bien écrit, une mise en scène épurée, des acteurs impeccables et des dialogues bigrement bien construits. Les conversations père/fille le soir, au coin du feu sous la tente, sont d'authentiques morceaux de bravoure.
A ces scènes intimistes répondent les plans extérieurs, tournés en forêt ou sur la neige. Cela fait respirer cette histoire, qui sinon serait par trop oppressante. D'ailleurs, on prend le père pour un maniaque du contrôle... opinion que les retours en arrière nous conduisent à relativiser : l'épouse était le "maillon fort" du couple et lui a dû s'adapter aux circonstances. Son projet est de faire de même avec sa fille. Il s'agit donc aussi d'une histoire de transmission.
Même si c'est un peu long, j'ai beaucoup aimé. Il vaut mieux aller voir cela plutôt que le médiocre Greenland !
22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 13 août 2020
Yakari
Ce long-métrage d'animation franco-germano-belge va plonger pas mal d'adultes dans un bain de jouvence. Cela fait plus de cinquante ans que les aventures du petit Indien sioux passionnent les enfants. Une chaîne Youtube lui est même consacrée.
Pour cette version cinéma, on a soigné le dessin (avec des outils numériques), ce qui apporte un plus par rapport aux séries qui ont été diffusées jadis et naguère à la télévision.
L'histoire est celle des débuts. On découvre la tribu de Yakari et son environnement naturel. Le jeune Indien va connaître un rude apprentissage, afin de décrocher sa première plume d'aigle, symbole de bravitude courage. Au passage, il acquiert le don de communiquer avec les animaux et apprivoise un indomptable cheval sauvage, Jolly Jumper Petit Tonnerre.
L'autre "héros" de l'histoire est le monde sauvage, plus précisément sa faune. Elle est magnifiée par le dessin, que ce soit le gigantesque aigle pygargue, les papillons qui papillonnent, les castors (plus ou moins) travailleurs, les ours (plus ou moins) effrayants ou encore Longue-Queue, animal principalement nocturne, mélange de martre, belette et hermine.
Il y a bien sûr quelques méchants : ce sont d'autres Indiens, "têtes de puma". Mais le principal danger vient de l'environnement : un troupeau (de bisons, de mustangs) au galop, des pierres instables, une chute d'eau ou une tornade.
Les aventures de Yakari sont rythmées, émaillées d'humour bon enfant, dans un contexte dépaysant. C'est visible par toute la famille.
13:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 12 août 2020
L'Infirmière
L'an dernier, j'ai découvert le réalisateur Kôji Fukada dans le cadre de la "quinzaine japonaise". A cette occasion, les spectateurs ont pu voir L'Homme qui venait de la mer, une oeuvre mystérieuse et contemplative, assez éloignée de ce film sur le plan formel. Sur le fond, on retrouve ici les obsessions du cinéaste : les relations sociales et un certain goût pour la marginalité.
L'intrigue se déroule sur trois temporalités. La troisième est une sorte d'épilogue. Les deux autres se croisent pendant 1h30. La première (la principale) nous fait suivre la vie d'une infirmière libérale modèle (en apparence). Elle est dévouée à ses patients, inspire confiance aux familles. Elle est sur le point d'épouser un médecin divorcé, avec lequel elle travaille, à l'occasion.
Le trouble naît de l'insertion de scènes postérieures (d'un an ou deux). La même actrice incarne une femme d'un genre très différent. Autant l'infirmière était effacée, mal fagotée, autant la seconde femme s'affirme, jusque dans son allure, assez classe. Les spectateurs les plus futés comprennent assez vite que rien n'arrive par hasard sur l'écran. Chaque scène de la deuxième trame chronologique répond à des éléments de la première.
Notons que l'histoire baigne dans un univers essentiellement féminin. Quelques personnages masculins apparaissent, mais ce sont des "accessoires". Ainsi, dans le cabinet d'infirmières, on ne voit que des femmes. La famille chez laquelle se rend l'héroïne est composée de la grand-mère (en perte d'autonomie), de la mère (presque toujours au boulot) et des deux filles. Celles-ci incarnent deux archétypes. L'aînée, étudiante, s'habille en "djeunse" et semble dotée d'un caractère très indépendant. La cadette (plutôt lycéenne que collégienne) porte l'uniforme et correspond au stéréotype de l'adolescente mignonne.
Au début, tout ne semble qu'harmonie, dans un monde réglé par des tâches quotidiennes... et un peu de musique classique (du Bach, si je ne m'abuse), diffusée pour apaiser la grand-mère. Un fait divers va perturber la vie de tous les protagonistes avec, en prime, l'intrusion des médias de masse. L'un des personnages va faire l'objet de harcèlement et de lynchage médiatiques. (C'est mis en scène avec plus de délicatesse que dans Le Cas Richard Jewell, où Eastwood manie la bétonnière et la truelle.) Dans le même temps, la relation entre deux des femmes prend un tour inattendu.
C'est un film assez original, à découvrir.
14:33 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 10 août 2020
Greenland
Pour le public francophone, le titre aurait dû être traduit par "Groenland". Ce territoire autonome danois, proche du continent américain, est la destination possible d'une partie de l'humanité des citoyens des États-Unis, qui cherchent à échapper aux conséquences d'une pluie d'astéroïdes (des fragments de comète).
Dans ce film produit par Gerard Butler (vu l'an dernier dans La Chute du président, lui aussi mis en scène par Ric Roman Waugh), le héros est un ingénieur civil, patron du BTP, incarné par... Gerard Butler. On n'est jamais si bien servi que par soi-même !
S'il est un entrepreneur prospère, John Garrity (Gerard Butler, donc) n'est pas tout à fait heureux en ménage. On sent qu'il y a de l'eau dans le gaz entre le quinquagénaire et sa ravissante épouse interprétée par Morena Baccarin (vue notamment dans Deadpool 2). On finit par apprendre que le mari a trempé son biscuit là où il ne fallait pas... mais qu'il regrette vachement. Gerard Butler n'est pas un salaud, sachez-le, mesdames !
Tous deux restent liés par le fils, atteint d'un diabète de type A. La catastrophe qui s'annonce va-t-elle ressouder le couple ou définitivement le briser ? Le suspens est insoutenable...
Dès que les morceaux de comète commencent à tomber sur la Terre, le gouvernement des États-Unis réagit : il sélectionne des familles, auxquelles un refuge est offert... à condition d'être rapides et discrets. Est-il nécessaire de préciser que John, son épouse et son rejeton font partie du lot ?
Après une scène de départ d'une insupportable putasserie, le trio roule vers son destin protégé, l'angoisse au ventre. Bien entendu, ce chemin en apparence balisé est semé d'embûches. Les trois membres de la famille vont se retrouver séparés et devoir se débrouiller dans la jungle qu'est devenue le pays. C'est globalement du chacun pour soi (ou sa "tribu"), même si quelques gestes de solidarité émergent : un soldat va sauver le fiston, des immigrés latinos vont prendre en stop l'épouse abandonnée et un Afro-américain va tendre la main à John. Serait-ce un film de gauche ?
Pas tout à fait, puisque gran'pa entre en scène. A la tête d'un ranch, le père de l'épouse est du genre tradi, roule en pick-up et manie les armes à feu. (Il faut bien se ménager tous les publics, hein !)
De surcroît, l'intrigue est très "genrée" : dans la famille, c'est l'homme qui mène la danse et sauve ses proches, l'épouse passant l'essentiel du temps à pleurer... Ça tombe bien pour Gerard Butler, qui incarne l'époux.
Qu'est-ce qui rend la vision de ce film supportable ? Les effets spéciaux. Dans une grande salle, avec un bon son, ça dépote. Mais il faut se fader le reste, tout en constatant que le héros américain ne cherche plus à sauver le monde, juste son mariage et sa famille.
23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 08 août 2020
Dawson City
Cette ville canadienne, située à proximité de l'Alaska, est née de la ruée vers l'or de l'extrême fin du XIXe siècle. Elle est située à la confluence de la rivière Klondike et du fleuve Yukon.
Ce passé pionner a été ressuscité grâce à la découverte de centaines de bobines de film, lors de travaux publics, à la fin des années 1970. Au cours du documentaire, on apprend que ces trésors avaient été stockés dans l'ancienne piscine du centre communal, piscine qui, à l'origine, était surmontée d'une patinoire. Une salle de projection se trouvait juste à côté.
Ces bobines étaient très fragiles. Elles avaient été conçues en nitrate de cellulose, particulièrement inflammable, à tel point que, lorsque des gamins étaient tombés par hasard sur certaines d'entre elles, en 1938, un avis avait été publié pour dissuader les habitants d'y toucher. D'ailleurs, la majorité des films qui étaient entreposés à Dawson City (située en fin de parcours d'exploitation des oeuvres) a été détruite dans des incendies, qu'ils soient accidentels ou volontaires (allumés pour éliminer un stock jugé inutile).
Grâce à un important travail de restauration (qui a pris des années et n'est toujours pas terminé), c'est un demi-siècle d'existence d'une ville qui nous est proposé. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, ce sont principalement des extraits des films trouvés à Dawson qui servent d'illustration. Ils sont complétés par de vieilles photographies et des actualités Pathé, Universal ou du gouvernement britannique. Pour la partie postérieure à la guerre, d'autres sources sont mises à contribution.
Grâce à toutes ces oeuvres, on découvre une ville minière en croissance, construite principalement en bois... et donc victime de fréquents incendies. La rapidité avec laquelle certains bâtiments ont été reconstruits est stupéfiante, tout comme l'obstination de certains habitants, et leur résilience. La plupart sont arrivés là par appât du gain... et en sont souvent aussi repartis pour la même raison (la découverte d'un nouveau gisement ailleurs, au Canada ou en Alaska proche).
La construction du film est très rigoureuse. Chaque extrait qui nous est présenté est nommé et daté. J'ai aussi apprécié le principal procédé de mise en scène : la juxtaposition d'extraits de fictions (issus des bobines retrouvées à Dawson) avec la narration. Ainsi, quand il est question du déplacement du stock de bobines d'une annexe d'une banque vers le centre communal, à l'écran, on nous projette une scène de déménagement (qui n'a rien à voir avec les bobines, mais c'est l'idée qui compte). De même, quand il est question d'un incendie, on voit un feu à l'écran... ou un autre incendie, qui s'est déroulé ailleurs, comme celui qui a frappé les studios Solax (situés dans le New Jersey), en 1919. A cette occasion, le rôle joué par la Française Alice Guy dans les premiers temps du "cinématographe" est rappelé.
D'autres pionniers apparaissent à l'écran : les frères Lumière, notamment dans une courte scène rarement montrée. (A celles et ceux qui voudraient en savoir plus, je ne peux que conseiller de regarder Lumière ! L'aventure commence.)
Très vite, la ville minière a grossi, atteignant même les 40 000 habitants. Les casinos y étaient rois. On y buvait aussi force alcool. Notons que de nombreuses images datent des années 1910-1920, qui semblent avoir été mieux épargnées par le temps. Les oeuvres datant des débuts du parlant (dans les années 1930) sont plus rares. La période postérieure à la Seconde Guerre mondiale est plutôt celle du déclin pour la ville. Le documentaire s'attarde moins dessus, préférant se concentrer sur la redécouverte des films. Cela nous vaut quelques entretiens avec certains des acteurs du sauvetage, deux d'entre eux ayant fini par se marier !
Cela vous donne une idée de la richesse de ce film, une véritable pépite à savourer en salle climatisée !
15:41 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
jeudi, 06 août 2020
Bigfoot Family
Bien que l'action se déroule aux Etats-Unis (et au Canada), ce film d'animation "grand public" est une production européenne, principalement franco-belge. C'est la suite de Bigfoot Junior, que je n'ai pas vu, ce qui ne m'a nullement empêché de comprendre parfaitement tous les aspects de l'histoire.
Celle-ci tourne autour d'une drôle de famille, composée du scientifique Bigfoot, de son épouse humaine, de leur fils... et d'une impressionnante ménagerie, avec laquelle le père comme le fils peuvent dialoguer. Le plus amusant de la bande est le raton-laveur, un glouton égocentrique qu'on croirait sorti des Gardiens de la galaxie. Si le personnage est un incontestable vecteur d'humour, à la longue, il m'a un peu saoulé.
Cette fois-ci, la famille va devoir serrer les rangs pour venir à bout d'une méchante compagnie pétrolière, dirigée par un petit malin qui s'essaie au greenwashing. (En sous-texte, pour les adultes, il y a la dénonciation de la fracturation hydraulique.) Vous l'aurez compris : c'est un film militant, furieusement écolo... sauf au niveau du mode de vie de la famille de héros : lorsqu'une petite troupe part dans le mini-bus, elle emporte avec elle un paquet de malbouffe, avec plein d'emballages inutiles...
Au niveau du dessin, ce n'est pas hyper-brillant. C'est correct, sans plus. Parfois, cela ressemble à du jeu vidéo. Au niveau de l'intrigue, c'est aussi un peu manichéen. Je prends pour exemple la vision caricaturale des douaniers (canadien d'abord, états-unien ensuite) qui nous est donnée.
Mais, bon, quand on est emporté par le rythme et qu'on n'est pas hostile à la préservation de l'environnement, on passe un agréable moment.
23:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 05 août 2020
Blanche-Neige aux souliers rouges
Ce film d'animation ressemble furieusement à un Disney... mais ce n'est pas un Disney. En regardant certains personnages, on se dit qu'il y a un peu de Shrek là-dedans... mais ce n'est pas une production DreamWorks. Enfin, certains personnages secondaires (le lapin géant et les espèces d'oursons en bois) ont l'air de sortir d'un manga ou d'un manhwa... et ça tombe bien, puisqu'il s'agit d'une oeuvre sud-coréenne.
On nous propose une relecture du conte des frères Grimm, avec tout un discours sur l'amour authentique et le culte de l'apparence... apparence que les souliers rouges (plutôt des escarpins, à mon avis) ont la faculté de modifier. Il y a donc deux Blanche-Neige : l'originale, au physique pas particulièrement avantageux (elle est grosse), et la nouvelle, un petit canon qui fait chavirer les coeurs des sept nains (entre autres).
Ceux-ci ne sont pas des mineurs, mais sept princes auxquels une fée rancunière a joué un vilain tour. Pour recouvrer leur apparence d'origine, ils doivent se faire embrasser par la plus belle des princesses... Blanche-Neige ? Si oui, laquelle ?
Du conte originel, on retrouve aussi la belle-mère maladivement jalouse et son miroir. Quant au roi (le père de Blanche-Neige), il a disparu... même si les plus futés des spectateurs devineront assez vite où il se trouve.
Sans être d'une beauté renversante, le graphisme est très correct. Le film vaut le détour parce qu'il regorge d'humour et de rebondissements. Côté humour, les efforts des nains pour séduire Blanche-Neige sont la plupart du temps pathétiques. (A leur sujet, on remarque qu'ils semblent incarner des caricatures de tempéraments nationaux : l'Anglais est le suffisant Merlin, l'Américain est Arthur le bagarreur, il y a aussi un Allemand cuisinier, un Français raffiné et trois Italiens bricoleurs.) Côté action, la meilleure séquence est celle de l'assaut de la maison des nains, mené par un prince immature et égocentrique.
Si l'on ajoute à cela le propos sur l'apparence physique, on obtient un divertissement de qualité, visible par les petits et les grands.
P.S.
La promotion du film (bande-annonce, photographies extraites de l'histoire) montre quasi exclusivement la version "canon" de l'héroïne... sans doute pour ménager la surprise... ou pour ne pas rebuter un public habitué à ce que les princesses de conte de fées soient de taille mannequin ?
Une autre curiosité est le choix des comédiennes pour la voix de Blanche-Neige : Chloë Grace Moretz dans la version internationale, Melha Bedia dans la version française.
La première est une reine de beauté, la seconde (aperçue récemment dans Tout Simplement Noir), plus "enrobée", a le physique de la Blanche-Neige "atypique".
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mardi, 04 août 2020
La Nuit venue
"C'est beau, une ville, la nuit"... notamment Paris, que j'ai découverte dans une autre vie, il y a plus de vingt ans. J'ai un peu retrouvé de cette magie dans le premier long-métrage de Frédéric Farrucci, où la capitale française (et sa banlieue proche) forme l'écrin d'une romance sur fond d'immigration.
L'arrière-plan a quasiment valeur de documentaire. C'est une plongée dans la vie de clandestins chinois, devenus chauffeurs VTC pour le compte d'un mafieux, dont les associés se trouvent dans le "pays du milieu", mais dont l'organisation a des ramifications en Europe.
Conduire une berline haut-de-gamme, même si l'on est mal payé, constitue une promotion sociale par rapport à celles et ceux qui triment sur le trottoir ou dans les ateliers textiles (illégaux). Tout ce petit monde loge en foyer... et doit accepter la surveillance du "patron" (par géolocalisation, du portable comme du véhicule, comme on finit par le comprendre). La plupart de ces figurants sont des acteurs non professionnels, notamment Guang Huo, qui incarne Jin, le beau ténébreux qui pense avoir bientôt finir de "payer sa dette".
Un soir, il prend en charge la cliente qui va changer sa vie, Naomi, "go-go danseuse" qui se prostitue, interprétée par Camélia Jordana (bien meilleure actrice que sociologue ou historienne...). A la rencontre surprenante vont succéder une phase de flirt (pas à-coups), les premiers baisers (à la sauvette) et, enfin, un vrai rendez-vous.
J'ai été touché par cette histoire d'amour improbable (pas des plus originales, j'en suis conscient). Les deux tourtereaux ont déjà été abîmés par la vie. S'ils sont sortis de la misère, ils restent d'une certaine manière enchaînés. Leur rencontre laisse entrevoir un espoir de bonheur.
Voilà. C'est bien joué, assez bien écrit, bien filmé, le tout dans une ambiance musicale particulière (oeuvre de Rone).
21:14 Publié dans Chine, Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
lundi, 03 août 2020
Né à Jérusalem...
... et toujours vivant ! Tel est le titre de cet étrange film israélien, mi-documentaire mi-fiction, tourné à Jérusalem-Ouest (la ville israélienne). Le coréalisateur interprète le personnage principal, Ronan, sorte de mélange de Woody Allen et de Buster Keaton.
L'action est concentrée sur la rue Jaffa (en violet ci-dessus), longue de plus d'un kilomètre, où le héros a toujours vécu. Or, c'est la rue qui a subi le plus d'attentats au monde. (Elle est proche du "mur de séparation", en rouge sur le plan.) Ronan lui-même a sans doute échappé de peu à la mort à plusieurs reprises. Tous les épisodes de sa vie ont été rythmés par des attentats. Ainsi, par exemple, il a connu son premier baiser le jour d'une tuerie, à quelques mètres des lieux du crime...
Quand il dort, au moindre bruit provenant de la rue, il imagine un nouveau massacre. Du coup, il s'est un peu replié sur lui-même, évitant d'exprimer ses émotions, de peur sans doute d'être débordé par l'horreur... et il se sert de l'humour comme d'une mise à distance.
Ronan s'est de plus lancé dans l'organisation de visites touristiques un peu particulières : il fait découvrir son quartier sous l'angle des attentats. On le sent en empathie avec les victimes, à chaque fois qu'il raconte une anecdote. Petit à petit, il étoffe son "tour", au départ quasi improvisé. Il attire un public bigarré : principalement des Occidentaux (chrétiens ou juifs), mais aussi des Japonais, des Latino-américains... et même des Éthiopiens (dans une séquence savoureuse...) !
Cette démarche mémorielle change sa vie. Il va se faire un ami, un... Japonais (chrétien), venu au départ pour découvrir la ville. Marqué par la visite, ce dernier décide d'y amener ses amis, puis d'épauler discrètement Ronan. Celui-ci va même faire une rencontre amoureuse ! Dit comme cela, ça a l'air improbable, voire grossier, mais c'est vraiment bien amené. Comme l'intrigue s'étend sur plusieurs saisons (sans surprise, l'hiver voit peu de touristes fréquenter les lieux), l'histoire d'amour a le temps de se développer, de se compliquer...
Au problème sécuritaire de Ronan s'ajoutent les soucis familiaux. Il est encore très marqué par le décès de sa mère, dix ans plus tôt. Il est aussi inquiet à propos de son père, qui perd progressivement son autonomie et qui voudrait que son fils vienne habiter avec lui ! Les dialogues père-fils sont souvent une source d'humour. Contrairement à sa progéniture, le père est obsédé par l'argent (en particulier les cours de la bourse), évalue chaque dépense (qu'il juge en général excessive)... et se mêle de la vie privée de son fils (âgé de 35-40 ans). Même si la situation est sérieuse, cet humour est le bienvenu.
Cet ovni cinématographique mérite le détour.
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samedi, 01 août 2020
The Climb
Ce film commence de manière uniquement sonore : on entend deux mâles ahaner. On va vite découvrir qu'ils sont en train de peiner (à bicyclette) sur les pentes d'un col, en France... mais ils auraient aussi bien pu être en plein acte sexuel. C'est toute l'ambiguïté (non assumée) de cette histoire d'amitié amoureuse, qui reste platonique, mais n'en a pas moins de lourdes conséquences sur la vie de chaque personnage.
Au début, c'est plaisant. Chaque chapitre est construit sur un plan-séquence. Celle de la grimpette en vélo fait rire, tout comme celle de l'enterrement. Hélas, petit à petit, cela devient horriblement complaisant, voire lourdingue.
J'ai été assez vite agacé par les aventures de ces deux adolescents attardés, alcooliques, barbus et (plus ou moins) bedonnants, pour lesquels on semble nous demander de faire preuve d'une coupable indulgence. Le pire est la vision des femmes. Aucun personnage féminin n'est positif : la mère est dominatrice, voire castratrice, tout comme la deuxième compagne. Les deux fiancées (deux personnages taillés à la hache) sont présentées comme des emmerdeuses, infidèles. Pour compléter le tableau, on a les soeurs du héros... deux pestes. (En comparaison, Divorce Club fait presque figure de film féministe...)
Pour enfoncer le clou, je pourrais ajouter que certaines scènes sont mal tournées : la manière dont est mis en scène l'accident (durant la partie de pêche sur glace) n'est pas réaliste, tout comme est maladroit le cadrage de la dernière scène de vélo (avec le gamin), quand l'acteur qui joue le père (putatif, parce que, là aussi, le doute subsiste...) fait semblant d'avoir du mal à enlever les "petites roues"... tout cela se passant sous l'écran.
Les critiques (qui ont adoré ce "machin") ont visiblement été enfumés par les références à la France et à sa culture...
20:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 31 juillet 2020
Dreams
C'est la deuxième animation danoise sortie sur nos écrans ce mois de juillet. En effet, on peut encore trouver en salles Mon Ninja et moi (pas pour les tout petits). Cette fois-ci encore, l'intrigue mélange la fiction déjantée et la réflexion sur une question de société, ici la formation d'une famille recomposée.
L'introduction semble presque classique : un père et sa fille jouent aux échecs... sauf que, lorsque la caméra s'éloigne et que l'on voit le contexte de la scène, on se retrouve dans un tout autre univers. C'est la marque de fabrique de ce film, au scénario et à la mise en scène bourrés d'imagination.
Au début de l'histoire, Emma vit seule avec son père... et son cochon d'Inde. La maman, chanteuse, est loin, ayant choisi de privilégier sa carrière d'artiste. Les interactions entre le père (John, un bon bougre) et la fille sont pleines de tendresse. La nuit, Emma plonge dans ses rêves, qui l'emportent loin... ou la ramènent à son quotidien.
Une nuit, par accident, Emma va découvrir ce qui se cache derrière son "usine à rêves". C'est évidemment une métaphore du cinéma, avec ses décors en carton-pâte, ses acteurs, ses figurants, ses machines, ses scénaristes... et ses réalisateurs. L'un des plus beaux personnages est Gaff, un "créateur de rêves" éminemment sympathique. Dans son travail, il est épaulé par de petits automates, qui ont un air de ressemblance avec les Minions.
Pour Emma, tout se gâte quand son papa chéri propose à sa nouvelle compagne de venir s'installer chez lui. Or, celle-ci débarque avec sa propre fille, Jenny. C'est une horrible peste, attirée par tout ce qui est superficiel. Pour adoucir le portrait, on nous fait comprendre qu'elle vit très mal la séparation de ses parents, en particulier le départ de son père.
Le seul reproche que je ferais à l'histoire est de forcer le trait à propos de l'installation des deux "invitées". Non seulement Emma doit partager sa chambre avec sa "nouvelle soeur", mais, en plus, elle doit lui laisser son lit... et supporter son addiction aux réseaux sociaux. A sa place, moi j'aurais vite balancé cette greluche par la fenêtre !
Mais, contrairement à moi, Emma dispose d'une ressource insoupçonnée : le monde des rêves. Elle va tenter de l'utiliser pour changer son quotidien, pour le meilleur et pour le pire. Nous voilà embarqués dans un film d'aventures fantastiques. Je rassure les parents : on a veillé à ce que cela se termine bien.
Dreams est donc une excellente surprise, du niveau de Vice Versa (de chez Pixar), c'est dire !
16:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 30 juillet 2020
Le Capital au XXIe siècle
Ce documentaire reprend le titre de l'ouvrage (que je n'ai pas lu) de Thomas Picketty, l'économiste de gauche bénéficiant de la plus grande couverture médiatique ces dernières années. Il a bien entendu été étroitement associé à la construction du film, dans lequel on peut entendre une quinzaine d'intervenants, presque tous de gauche (même si une journaliste du Financial Times figure sur la liste).
Peut-être me trompè-je, mais j'ai l'impression que le documentaire a pour but de vulgariser les idées de Picketty, en suivant une trame historique mondiale, au sein de laquelle les exemples sont puisés principalement en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
La première partie m'a beaucoup déçu, voire irrité. J'ai trouvé cela superficiel et très orienté. En gros, le capitalisme est responsable de tous les maux de la terre, de l'esclavage aux guerres mondiales, en passant par la colonisation, les crises économiques et la naissance des régimes totalitaires (... à l'exception de celui mis en place en URSS...). Si le rôle des détenteurs de capitaux, des dirigeants de grandes entreprises et des banquiers n'est pas négligeable dans ces événements, l'exclusion des autres facteurs est pour moi une faute intellectuelle.
A l'intérieur de ce fatras idéologisé qui ne convaincra que les convaincus, je distingue la crise des années 1930, que j'ai trouvée assez bien expliquée.
Par contre, la période des "Trente Glorieuses" est présentée quasiment comme un paradis perdu, au regard de ce qui a suivi. Or (et c'est un paradoxe qu'il aurait été bon de creuser), c'est plutôt à partir des années 1970 que la société de consommation a pris son réel essor. Alors qu'une partie de l'Occident se désindustrialise, sa population a à sa disposition de plus en plus de gadgets... Merci la mondialisation ?
De la même manière, l'arrivée au pouvoir des deux grandes figures de gouvernement néo-libérales, Margaret Thatcher (à laquelle France Culture vient de consacrer une série d'émissions) et Ronald Reagan, est expliquée de manière superficielle. Dans le cas britannique, il n'est rien dit de la situation économique laissée par les prédécesseurs de la "Dame de Fer". Dans le cas états-unien, le contexte de Guerre froide n'est quasiment pas évoqué, alors qu'il a fortement pesé dans l'arrivée au pouvoir de l'ancien acteur de série B.
Sur le plan méthodologique, je n'ai pas apprécié que des images d'archives soient mises sur le même plan que des extraits de fiction. Les spectateurs cultivés sauront faire la différence. Les autres devront se contenter des rares incrustations désignant Wall Street, Les Raisins de la colère ou encore un épisode des Simpson. Même si toutes les références figurent dans le générique de fin, il aurait été plus honnête de les inclure dans le corps du documentaire.
La seconde partie du film, qui traite du XXIe siècle (notamment de la crise des subprimes) m'a davantage convaincu. Mais, là, le documentaire s'inscrit dans la continuité d'autres oeuvres, plus réussies, comme Inside Job, Capitalism, a love story (de Michael Moore) et les fictions Cleveland contre Wall Street, Margin Call et The Big Short.
mercredi, 29 juillet 2020
Terrible Jungle
"Mais que diable suis-je venue faire dans cette galère ?" semble se demander Catherine Deneuve, à moins que ce ne soit son personnage, Chantal de Bellabre, issue d'une famille de militaires et devenue mi-anthropologue mi-espionne, tout en restant aristocrate jusqu'au bout des ongles.
C'est toute l'ambiguïté de cette comédie pour adultes. Ce n'est pas très bien écrit, mais l'ambiance est assez frappadingue, avec de beaux numéros d'acteurs. Trois d'entre eux m'ont particulièrement marqué : Jonathan Cohen, Patrick Descamps et bien sûr Catherine Deneuve.
Le premier incarne un officier de gendarmerie, le chef de la brigade, immature et parfois crétin. Dans le rôle, Jonathan Cohen est vraiment excellent. On attend ses gaffes avec impatience. Le vrai "mâle dominant" de la troupe est un baroudeur, ancien gendarme, incarné à la perfection par Patrick Descamps, curieusement absent des bandes-annonces comme du détail de la distribution.
Enfin, il y a surtout la reine Catherine, impériale, qu'elle soit en Chine, dans la forêt tropicale, dans un bureau ou sur un bateau. La suffisance (et le courage) du personnage contraste joyeusement avec la stupidité (et la lâcheté) des autres.
A signaler aussi quelques bons seconds rôles : un gendarme avec une tête d'abruti, un fabricant de drogue complètement allumé, un "indigène" à l'accent québécois et Alice Belaïdi méconnaissable en Amazone.
Tout cela pallie un peu les faiblesses du scénario. Le plus étonnant est que l'introduction comme la conclusion sont soignées. La première est déroutante, à tel point que certains spectateurs se sont demandés s'ils ne s'étaient pas trompés de salle. La seconde est pleine d'ironie, sur la relation mère-fils et sur le choix "romantique"' effectué par le héros (Vincent Dedienne, inégal).
Le problème est qu'entre les deux, cela patine à plusieurs reprises. C'est plutôt au début que c'est le moins réussi, quand le héros découvre la jungle. Certaines scènes avec ses deux guides auraient dû être rejouées. Quant à la rencontre avec les membres de la tribu, elle amuse un peu au début (les "Indiens" sont complètement occidentalisés, à la stupeur du jeune anthropologue), mais c'est quand même pas terrible. Heureusement, par la suite, cela part en vrille. Du côté des gendarmes, les péripéties sont assez téléphonées.
Bref, ce n'est pas la comédie de l'été, mais elle comporte quelques très bons moments.
22:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films