vendredi, 24 février 2023
Terminator, 40 ans après
Le film "culte" (enfin, pas pour tous les cinéphiles, loin de là) de James Cameron est de retour dans les salles, peut-être en raison de la sortie d'Avatar 2 (et de la re-re-ressortie de Titanic). Pour être honnête, je dois signaler que cela ne fait pas tout à fait quarante ans, le film datant de 1984.
A la base, je ne suis pas fan. Je n'avais vu ce film que sur petit écran et je n'avais pas pris la peine de voir les autres en salle... avant de tenter ma chance avec Genisys (honnête divertissement, sans plus) et Dark Fate, le dernier en date (un peu plus réussi).
Le début m'a plutôt confirmé dans mon ancienne impression. La musique n'est pas bonne et les effets spéciaux ont beaucoup vieilli : on voit dans certaines scènes (futuristes) qu'il s'agit de maquettes et le squelette du cyborg est moyennement réussi. En revanche, on a fait un usage judicieux des prothèses et du maquillage.
Ce retour dans les années 1980 m'a aussi confirmé que je ne regrettais pas la disparition de certaines coiffures comme de certaines fringues. A un autre niveau, il est une fois de plus intéressant de constater qu'une œuvre de science-fiction des années 1970-1980 avait surestimé la rapidité du progrès technologique (bombe atomique exclue), imaginant une Terre dominée par les machines en 2029, notamment une intelligence artificielle. (Mais, qui sait, on en sera peut-être là dans six ans.)
A part ça, l'intrigue est toujours aussi solide. L'arrivée de deux mecs musclés tout nus crée une ambiance particulière, que le mutisme du personnage interprété par Arnold Schwarzenegger renforce. C'est bien filmé, avec de bonnes poursuites, même si cela tire dans tous les coins, sans trop de souci de vraisemblance.
J'ai retrouvé avec plaisir la "vraie" Sarah Connor (Linda Hamilton), un peu genre cruche au début, mais qui va s'endurcir.
Au niveau du scénario, la boucle temporelle fonctionne et elle a sans doute inspiré des œuvres ultérieures.
C'est donc devenu une curiosité cinématographique, mais rien de transcendant.
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jeudi, 23 février 2023
Natural Light
Inspiré d'un roman et de journaux écrits par des soldats de l'époque, ce film hongrois a pour cadre l'invasion de l'URSS par l'armée allemande et ses alliés, durant la Seconde Guerre mondiale. L'action se déroule en 1943, donc à un moment où le conflit est en train de basculer.
Durant 1h40, on ne verra toutefois ni uniforme de la Wehrmacht, ni uniforme de l'Armée rouge. A l'écran ne sont présents que des militaires hongrois et des civils ukrainiens... certains d'entre eux soutenant la résistance soviétique (ce sont des partisans).
La "lumière naturelle" évoquée par le titre (aussi bien en magyar qu'en anglais... du coup, pourquoi ne pas l'avoir traduit en français ?) est à double sens. Pour les spectateurs, c'est d'abord, de manière évidente, une référence à la manière dont le film a été tourné, en utilisant la lumière du soleil et, parfois, l'éclairage rudimentaire présent dans les habitations. Cela donne une ambiance austère et naturaliste à la plupart des scènes. Le résultat témoigne d'un réel tour de force, le réalisateur (Dénes Nagy) s'appuyant sur cette contrainte pour tourner ses scènes.
Tantôt c'est caméra à l'épaule qu'il suit le défilé de soldats, plus ou moins perdus dans ces forêts humides d'Europe de l'Est, qui semblent recéler nombre de pièges. Tantôt la caméra est posée dans la rue, ou à l'intérieur d'un bâtiment, dévoilant furtivement tel ou tel élément, le hors-champ jouant un rôle non négligeable dans la construction des plans.
Le non-dit est aussi très présent. Il est utilisé pour faire comprendre à quel point la situation des civils est précaire, coincés qu'ils sont entre les exactions des occupants et la crainte de représailles de la part des partisans s'ils se montrent trop accommodants avec les Hongrois, quand bien même certains d'entre eux se comporteraient de manière correcte.
C'est je pense l'autre sens de cette "lumière naturelle", ce fond humaniste qui tenaille le héros, Semetka, un type taiseux et obéissant devenu sous-officier. Par sa rectitude, il a gagné le respect de ses hommes. Par sa docilité, il a gagné la confiance de ses supérieurs. En clair, quoi qu'il pense, il ne la ramène pas... mais cela ne l'empêche pas, de temps à autre, de faire preuve d'indulgence et d'avoir, vis--vis des civils, le petit geste qui ne changera pas le cours de la guerre, mais rendra leur quotidien un peu moins exécrable.
Ainsi, il ne dénonce pas la petite combine d'une habitante, une jeune femme régulièrement violée par ses supérieurs... mais il ne consomme pas son port-de-vin, ayant peut-être un doute sur le rôle que joue le jeune homme qu'elle nourrit secrètement. Il fait aussi en sorte d'améliorer la situation des habitants rassemblés dans la grange, contre lesquels il n'envisage aucune mesure de rétorsion. Enfin, envoyé en patrouille hors du village, il fait semblant de ne pas voir une habitante en fuite, cachée dans ce qui semble être une tourbière, dans une scène saisissante, sans dialogue, au cours de laquelle on se demande longtemps si la jeune femme est morte et si le soldat hongrois l'a bien vue.
C'est hélas un film qui ne rencontre pas son public, alors que c'est pour moi l'un des meilleurs que j'ai vus en ce début d'année 2023.
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mercredi, 22 février 2023
Marlowe
Neil Jordan est un cinéaste inégal, mais dont les œuvres, en général, ne manquent pas d'intérêt. Dans ce film-ci, il retrouve son compatriote (irlandais) Liam Neeson (qu'il a dirigé jadis dans Michael Collins), entre deux films de baston (le dernier sorti sur nos écrans étant Blacklight). Celui-ci partage l'affiche avec Diane Kruger, avec laquelle il a déjà tourné dans Sans identité.
Neil Jordan a voulu ressusciter le Los Angeles de 1939, sa lumière, ses espoirs, sa vie nocturne trépidante, sa violence, sa corruption. Dans ce marigot tente de surnager un Philip Marlowe vieillissant (Liam Neeson), revenu de tout, mais qui reste accroché à certaines valeurs. C'est ce qui le pousse à aider une ravissante cliente (Diane Kruger, évidemment), à la recherche de son amant, sans trop éveiller les soupçons de son mari (à moitié) complaisant ni l'attention de sa mère (Jessica Lange, piquante à souhait).
On est dans le film noir classique. L'alcool et la drogue circulent à flots. Les riches et les puissants se tapent de jeunes prostituées. On règle ses comptes à coups de poings et de flingues, voire au couteau.
J'ai bien aimé la résurrection de cette époque, à travers les décors, les costumes, les voitures, la lumière. Même si le rythme est un peu lent (peut-être adapté à celui de la vedette septuagénaire, dont le personnage reconnaît qu'il est "trop vieux pour ce genre de choses"), j'ai été pris par cette intrigue à tiroirs, où l'on se demande qui manipule qui.
Liam est bon en gentleman-détective. Il côtoie une brochette de seconds rôles masculins bien campés, notamment par Danny Huston, Adewale Akinnuoye-Agbaje (repéré dans Suicide Squad et Dalton Trumbo) et Alan Cumming (que le public français a récemment pu voir dans la série Instinct).
Mais je ne cache pas que l'un des principaux attraits de ce film est le personnage de "femme fatale" (en français dans le texte) qu'incarne Diane Kruger. Dès qu'elle apparaît à l'écran, c'est l'incendie de la cave au grenier !
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mardi, 21 février 2023
Emmett Till
Le film aurait plutôt dû s'intituler "Le Combat d'une mère", tant c'est ce personnage-là (Mamie Till-Mobley) qui occupe l'écran, même si le drame a d'abord frappé son fils Emmett.
Le début est une reconstitution soignée du Chicago de 1955. Les tons sont chauds. Une partie de la population afro-américaine a acquis une relative aisance matérielle, tout en bénéficiant (en théorie) des mêmes droits que les Blancs. Une scène dans un grand magasin est toutefois chargée de nous rappeler que cela passe moyennement auprès d'une partie de la population. Dans le Sud ségrégationniste, c'est bien pire, puisque les meurtres de "nègres" y sont en augmentation, dans un contexte d'incitation à voter aux élections.
C'est très proprement mis en scène, avec de belles couleurs, de beaux costumes, auxquels ne manque aucun bouton. C'est plutôt bien joué, avec cependant une énorme réserve : le personnage principal, celui de la mère, semble, comme les spectateurs, s'attendre à la suite. Je veux bien qu'une mère afro-américaine s'inquiète de ce qui pourrait arriver à son fils parti en vacances dans le Mississippi, mais, tout de même, c'est trop appuyé. C'est d'autant plus regrettable que la comédienne, Danielle Deadwyler, est remarquable tout au long du film. Elle campe une femme indépendante, une veuve d'abord préoccupée par sa vie de famille, mais que le destin va conduire à faire d'autres choix.
Le premier moment fort (en terme de mise en scène) est la séquence clé de l'épicerie, où le gamin va commettre un acte presque bénin, pas très malin certes, mais qui ne méritait pas de susciter un tel déchaînement de violence.
Notons que si le film est parfois un peu biaisé sur certains détails (sur lesquels je reviendrai), il évite de montrer le lynchage qu'a subi le jeune Emmett. On entend (un peu) ce qu'il lui arrive, avant, assez tard, de découvrir les conséquences du lynchage. Parce que le sujet du film n'est pas tant l'immonde traitement infligé au gamin que la douleur de sa mère et le combat qu'elle a mené, qui a contribué à lancer le mouvement des Droits civiques.
Ici aussi, je suis partagé. Je trouve surjouée la scène d'arrivée du cercueil à la gare, avec de surcroît une représentation très "genrée" du deuil, les femmes se montrant particulièrement expressives, alors que les hommes ne manifestent quasiment pas d'émotion (seuls les jeunes cousins sont au bord des larmes). En revanche, j'ai beaucoup aimé la scène de la morgue, en particulier le moment où la mère se retrouve seule avec le cadavre de son fils. Les spectateurs sont confrontés aux conséquences du massacre, à l'image de ce qui va se produire ensuite auprès du grand public, la mère ayant décidé de procéder aux funérailles cercueil ouvert. Celles-ci sont bien mises en scène, malgré là encore une tendance au pathos.
La suite est passionnante, autour de l'organisation du soutien à Mamie et de la préparation du procès. D'après les images publiées dans Life, la reconstitution est très fidèle, jusque dans le choix des figurants (composition du public et membres du jury). Je laisse à chacun le loisir de découvrir comment cela se conclut.
P.S.
J'en viens maintenant à mes réserves concernant les petites "retouches" effectuées à l'histoire d'origine. L'opinion des spectateurs est d'abord guidée par les choix des acteurs. Dans le film, souvent, on a privilégié des comédiens qui ressemblaient aux personnages... sauf pour deux femmes : Mamie (la mère) et Carolyn Bryant (la commerçante, dont on sait maintenant qu'elle a menti au procès). Pour incarner la première, on a volontairement choisi une très belle femme (plus "sexy" que la Mamie d'origine).
A l'inverse, pour la commerçante, on a choisi une représentation qui la dévalorise quelque peu : elle est surmaquillée et engoncée dans une robe moche, alors que la Carolyn Bryant d'origine était une ancienne reine de beauté :
On a volontairement enlaidi la comédienne Hayley Bennett (vue notamment dans Equalizer).
Sur le fond, le scénario a choisi de privilégier l'hypothèse la plus favorable au gamin qui, dans le magasin, se serait contenté de siffler la commerçante, après lui avoir parlé. (Même si, dans la réalité, il s'est peut-être montré un peu plus familier, cela ne justifie en rien ce qu'on lui a infligé ensuite.)
Il y aurait aussi des choses à dire sur certains personnages masculins. Le père (décédé) d'Emmett est présenté comme un combattant de la Seconde Guerre mondiale, qui a donné sa vie pour son pays. On a su après le procès que sa mort ne fut peut-être pas si glorieuse que cela. A l'inverse, le film se garde bien de préciser que les auteurs du lynchage (Bryant et son demi-frère), sont eux aussi des vétérans, l'un d'entre eux même décoré. Cela n'excuse en rien leur geste abominable, mais cela nous confirme que les concepteurs du film ont effectué des choix, dans un but précis... et il est atteint : le film est marquant et l'on sort de là bouleversé.
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lundi, 20 février 2023
Tel Aviv - Beyrouth
Deux femmes sont dans la même voiture (une Volkswagen antédiluvienne), quelque part au Proche-Orient, en route pour on ne sait où. L'une des deux est israélienne, habitant Tel Aviv. L'autre est libanaise, d'une famille originaire de Beyrouth. La scène se déroule en 2006, mais la suite du film va nous projeter successivement en 1984 puis 2000, avant de revenir au "présent" (de 2006). Ces retours en arrière vont nous permettre de comprendre ce qui lie ces deux femmes et pourquoi elles se sont associées dans ce périple automobile.
De la réalisatrice Michale Boganim, j'avais bien aimé La Terre outragée. C'était profond et subtil, déjà sur un sujet sensible (la catastrophe de Tchernobyl). Mais là... quelle déception ! Si on laisse de côté la séquence automobile initiale (plutôt bien foutue), la première partie du film est une catastrophe. C'est mal joué, mal écrit, mal dirigé et farci d'invraisemblances. Je vous en cite deux, parmi d'autres. En 1984, une petite fille libanaise suit un groupe de soldats israéliens qui distribue des bonbons à la sortie de l'école... elle va jusqu'à les pister jusqu'au lieu d'une intervention, où sa vie est en danger. Et voilà que débarque un milicien chrétien (maronite), allié des Israéliens... qui n'est autre que le père de la petite ! Plus tard, il est question d'un chat, trouvé par la gamine dans les ruines d'une maison. La famille l'adopte. On le retrouve en l'an 2000, ce qui n'est pas invraisemblable (j'ai possédé un félin qui a vécu plus de vingt ans.)... à ceci près qu'en seize ans, l'animal n'a pas du tout changé !
C'est vraiment dommage parce que l'intrigue avait de l'intérêt. La réalisatrice semble avoir voulu montrer que le conflit proche-oriental fracasse les familles de chaque côté de la frontière, sans distinction entre les supposés vainqueurs et les supposés vaincus. Mais Dieu que tout cela est maladroit !
J'ai eu aussi de la peine pour les acteurs. Ils ont souvent dû jongler entre plusieurs langues (hébreu, arabe, anglais et français), ce qui, là encore, n'est pas invraisemblable sur le fond. Mais la manière dont c'est mis en scène rend tout cela très artificiel, en particulier dans la famille libanaise chrétienne. Je suis conscient qu'il était jadis courant dans la classe moyenne de ce pays d'apprendre la langue de Molière, mais, à l'écran, il y a un trop grand écart de maîtrise entre la mère d'une part (Sofia Essaïdi, qui n'est visiblement pas habituée à étendre du linge sur une corde), son mari et ses filles d'autre part. C'est moins flagrant (et plus justifié par le contexte) au niveau de la famille israélienne, la mère étant d'origine française. (Elle est interprétée par Sarah Adler, vue notamment dans Foxtrot.)
Le film prend enfin son envol quand on retrouve les deux femmes en 2006, en expédition quelque part dans le nord d'Israël, en pleine période de tensions. Cela devient plus intéressant, mais, hélas, la réalisatrice retombe ensuite dans ses travers. La fin est très prévisible, avec l'accent mis sur la symétrie de destins de deux personnages masculins. Décidément, les bons sentiments ne suffisent pas à faire un bon film.
P.S.
En effectuant quelques recherches (après avoir vu le film), j'ai eu la confirmation d'une approximation supplémentaire, qui survient dès le début de l'histoire. Dans leur périple automobile, les deux femmes suivraient le tracé d'une ancienne voie ferrée, qui reliait jadis Tel Aviv à Beyrouth, "avant la guerre"... C'est beau sur le plan symbolique... mais c'est selon complètement bidon sur le plan historique.
La carte ci-dessus (que j'ai légèrement modifiée) est extraite d'une étude sur les chemins de fer au Proche-Orient au début du XXe siècle.
En bleu, j'ai matérialisé les lieux où se déroule l'action, dans le film : Jaffa-Tel Aviv (celle-ci pas encore très développée à l'époque de la carte) et Beyrouth encadrées, deux étoiles marquant le Sud-Liban (occupé dans les années 1980-1990 par Israël) et la ville côtière (israélienne) de Nahariya, où des familles de miliciens chrétiens ont pu se réfugier, quand Tsahal a quitté le Liban.
Les traits rouges de différentes formes signalent les voies ferrées, d'écartement différent. Il n'y a pas d'axe Tel Aviv - Beyrouth. Pour se rendre d'une ville à l'autre, il faut changer plusieurs fois de train et traverser différents territoires, le Liban étant entre 1920 et 1943 un mandat français, La Transjordanie et la Palestine des mandats britanniques.
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dimanche, 19 février 2023
Juste ciel !
Attiré par la brillante distribution (principalement féminine, mais aussi masculine), j'ai tenté ma chance avec ce film qui, assez vite, m'a rappelé La Bonne Épouse. La principale différence est que l'histoire ne se déroule pas à la fin des années 1960, mais de nos jours. Derrière la caméra aussi, ce n'est pas Martin Provost, mais Laurent Tirard. Son Retour du héros me l'avait fait remonter en estime... parce que sinon, il a tout de même commis une adaptation d'Astérix et celles du Petit Nicolas !
Hélas, on comprend assez vite que le réalisateur est retombé dans ses travers. Trop de scènes sont mal écrites, les comédiennes (pourtant de talent) sont mal dirigées. Dès le début, j'ai été énervé par la "scène des tomates", avec Guilaine Londez. Je me suis dit : "Il ne va quand même pas oser"... ben si... avec, en prime, à la fin, un gros plan sur le jupon remonté, avec quelques tomates rescapées du désastre, qui vont bien évidemment finir sur le sol.
La deuxième grande déception est le jeu de Valérie Bonneton, outrancier au possible. On ne croit pas une seconde à son personnage de Mère supérieure de ce couvent de bénédictines. Je préfère encore la prestation de Sidse Babett Knudsen en cheffe ultra-rigoriste d'un groupe de Clarisses. C'est caricatural mais, au moins, ça tient la route.
Dans le groupe de bénédictine, je sauverais toutefois deux personnages : sœur Augustine et sœur Bernadette. La première est incarnée avec talent par Camille Chamoux. La seconde, muette, a les traits de Claire Nadeau, qui s'exprime par l'intermédiaire d'un petit tableau blanc, source de quelques-uns des rares gags réussis de ce film.
La vie bien rangée des bénédictines est perturbée par l'arrivée d'une stagiaire, une véritable petite conne jeune en recherche qui, évidemment, après s'être rebellée et avoir bien fait chier enquiquiné ses (potentielles futures) collègues, va mûrir et se faire accepter.
L'autre cause de troubles est la quête d'une subvention, qui passe par la victoire à un critérium cycliste, auxquelles les nonnes décident de participer. Faute de pouvoir triompher à la régulière, elles choisissent de nuire à la concurrence... y compris celle des Clarisses. (Autant le dire franchement : les fervents catholiques qui s'aventureraient dans une salle projetant ce film risquent la crise de rage.)
En dépit de quelques scènes réussies, de quelques gags bien amenés, je suis sorti de là plutôt insatisfait... et je pense que je ne suis pas le seul. Il m'a bien semblé qu'à certains moments, François Morel et Sidse Babett Knudsen se demandaient ce qu'ils faisaient dans cette galère...
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samedi, 18 février 2023
Titina
Le héros éponyme est... une chienne abandonnée, qu'un ingénieur italien recueille, dans les années 1920, en pleine période fasciste. Cet Umberto Nobile est marié, a une fille, qui se réjouit de l'arrivée de l'affectueux animal dans la famille. Son nom lui a été donné en référence à une chanson populaire (Je cherche après Titine), qui a connu de multiples versions, l'une d'entre elles ayant été interprétée (à sa manière) par Charlie Chaplin dans Les Temps modernes.
Le concepteur italien de dirigeables est engagé par l'explorateur norvégien Roald Amundsen (découvreur du pôle sud), qui voudrait être le premier à parvenir au pôle nord par ce moyen de transport.
Ce film d'animation norvégien prend la forme d'un semi-documentaire, composé de dessins et d'images d'actualité (parfois saisissantes). On pouvait s'attendre à ce qu'il donne le beau rôle à Amundsen... eh bien pas du tout, puisque c'est l'Italien qui est à l'honneur, notamment parce qu'il emmène la chienne dans ses pérégrinations.
Toute cette histoire nous est présentée sous la forme d'un grand retour en arrière, le film débutant chez un Umberto très âgé, dont la petite fille vient s'occuper. Bien qu'il y ait près de cinquante ans d'écart entre cette scène et le voyage en dirigeable, la chienne nous est montrée encore vivante... ce qui est impossible. Mais, à la toute fin, quand on est de retour dans l'appartement, on comprend que cette présence n'était peut-être qu'une illusion.
Le début est savoureux pour la vision ironique du (premier) fascisme qu'il nous livre, Mussolini ressemblant presque à un personnage de manga, avec sa tête disproportionnée.
La rencontre entre les Italiens et les Norvégiens ne manque pas de sel non plus, les premiers, tactiles et enjoués, contrastant avec les seconds, distants et réservés. Les deux équipes vont plus ou moins fraterniser... avant qu'une certaine rivalité n'émerge, autour de la paternité de la découverte du pôle nord. Le film, bien que norvégien, met, dans un premier temps, davantage en valeur Nobile, ingénieur méticuleux très attaché à sa chienne, face à un Amundsen très imbu de sa personne.
Cela devient un véritable roman d'aventures, un peu à la Jules Verne, avec des éléments déchaînés, des humains courageux... et une baleine amicale.
Le ton change ensuite, la comédie cédant la place à une histoire plus triste. Les anciens associés sont devenus rivaux. Si Amundsen garde son tempérament, Nobile est montré comme plus renfermé, orgueilleux. Je laisse à chacun le soin de découvrir comment cela se termine.
Le dessin m'est apparu assez simple, peu raffiné, convenant plutôt à des enfants. J'ai en revanche beaucoup aimé la musique d'accompagnement, qui entremêle des airs traditionnels italiens, du jazz et au moins une mélodie que j'avais déjà entendue dans The Grand Budapest Hotel.
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Dounia et la princesse d'Alep
Dounia est une petite fille syrienne. La princesse qui la protège est un mélange de fée et des souvenirs de sa mère. S'inspirant du vécu de plusieurs familles de migrants, la réalisatrice Marya Zarif a écrit cette fiction qui débute dans une Syrie en paix, avant la guerre civile.
A celles et ceux qui connaissent la suite, cette introduction apparaîtra comme un paradis perdu, dans une ville où les communautés cohabitaient harmonieusement. (Il y a un quartier chrétien, où réside une amie de la famille de Dounia.) On prend toutefois soin de préciser qu'il fallait faire attention à ce qu'on disait, puisque "les murs ont des oreilles". La dictature de Bachar el-Assad finit par frapper la famille, mais le pire arrive avec la guerre. Une partie des habitants de la ville décide d'émigrer.
La deuxième partie montre cette migration, qui passe par la Turquie, la Grèce et l'Europe centrale. Destination : l'Allemagne, la Suède... ou un autre pays, que l'on ne découvre qu'à la fin de l'histoire.
La singularité de ce film-ci tient dans les interventions miraculeuses, qui permettent aux migrants de surmonter certains obstacles. De mystérieuses graines jouent un rôle décisif, tout comme la fameuse princesse... ainsi qu'une ancienne divinité mésopotamienne. On a visiblement placé l'intrigue sous l'égide du multiculturalisme, en évitant de présenter le moindre migrant de manière négative : ils sont tous gentils et bienveillants. Les passeurs sont l'exception. De manière tout à fait justifiée, ils apparaissent (syriens ou turcs) comme des profiteurs, en général peu fiables. (Je me dois toutefois de signaler une incohérence dans l'intervention du second : j'ai d'abord eu l'impression qu'il embarquait sur le canot pneumatique en compagnie des migrants... mais on ne le voit plus ensuite.)
Sur le plan visuel, il n'y a rien d'exceptionnel, mais le style est assez accrocheur, un peu dans le ton des films de Michel Ocelot. Il règne parfois une ambiance digne des Mille et une nuits dans ce film, agrémenté d'une musique orientale entraînante.
J'ai aussi bien aimé les aspects liés à la vie quotidienne des Syriens, notamment tout ce qui a trait à la nourriture, transmis soit par la grand-mère cuisinière, soit par le commerçant fier de son ingrédient secret.
En dépit de quelques facilités, le film est à l'image de son personnage principal : attachant.
17:34 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 16 février 2023
Quantumania
Quatre ans et demi après Ant-Man et la Guêpe, les mini-super-héros sont de retour... encore plus petits, puisqu'ils se retrouvent piégés dans un univers minuscule, qu'ils découvrent peuplé d'une multitude de peuples... et d'un dictateur sanguinaire : Kang (qui est un gros cong).
Toutefois, avant d'en arriver là, deux séquences nous sont proposées. La première se déroule plusieurs dizaines d'années auparavant, déjà dans le mini-univers. Elle laisse surtout des questions en suspens. La seconde a pour cadre la Californie actuelle. Elle nous propose un "moment familial" évidemment atypique (puisqu'il concerne la tribu Lang-Pym), bien que très traditionnel au fond : on se fade un repas de famille et l'on découvre les héros sous la forme d'un couple de bobos dont la fille, jeune adulte élevée dans un milieu privilégié, ressent furieusement l'envie de sauver Willy le système de retraite par répartition la planète.
Du coup, dans un premier temps, on est content de voir tout ce joli monde projeté dans l'infiniment petit. C'est aussi l'occasion pour la famille de découvrir que mamie Janet leur a caché bien des choses. Dans le rôle, Michelle Pfeiffer est délicieuse. C'est l'un des bons moments du film.
Il faut quand même laisser sa rationalité au vestiaire... et se montrer indulgent envers le gros pompage de Star Wars : ce mini-mini-univers abrite une diversité de peuples qui n'est pas sans rappeler la saga de George Lucas. On se dit que, du côté de Disney, on semble aimer le recyclage la mutualisation des moyens.
Dans une grande salle, on peut toutefois profiter du spectacle, vu qu'un "pognon de dingue" a été dépensé dans les effets spéciaux. Mais cette histoire de multivers (la nouvelle marotte de Marvel) est plus soûlante qu'autre chose... et c'est une technique de feignasse, pour éviter d'avoir à inventer de nouveaux personnages : il suffit d'introduire une nouvelle version de l'existant. Le scénario n'est donc pas dément, pas plus que la progression de la tension. Seule séquence marquante, limite dingo : la quête quantique d'Ant-Man, épaulé par la Guêpe et des millions de versions de lui-même.
De manière générale, assez classiquement (hélas), on nous sert un méchant qui apparaît invulnérable dans un premier temps et qui finit par être vaincu par des êtres pas plus extraordinaires que cela... et qu'il semblait capable, une heure auparavant, de réduire en poussière d'un claquement de doigts. De la saga Star Wars, les scénaristes ont aussi retenu l'entremêlement de plusieurs trames, qui voient différents groupes de personnages œuvrer contre le mal, pour finalement joindre leurs forces (et, bien entendu, triompher).
Au niveau de l'humour, compte tenu de la réussite du précédent film, je m'attendais à mieux. Les chamailleries familiales m'ont laissé froid (sauf quand Papounnet montre à Fifille comment être une bonne Ant-Girl... la relève est assurée, mon gars !). En revanche, j'ai bien aimé l'introduction d'un personnage... sans orifice, qui s'interroge quant au nombre d'ouvertures anatomiques que possèdent les humains (et à ce qui en sort). Hélas, ce personnage plein de finesse n'a droit qu'à deux scènes (marquantes).
Comme de bien entendu, le générique est interrompu par une scène bonus, dans laquelle on découvre d'autres versions du super-méchant. Les plus courageux, qui sont restés jusqu'à la fin, ont eu droit à une scène vintage, qui semble se situer dans un passé lointain. On y retrouve une autre version de Kang... et un visage qui semblera familier aux spectateurs d'Avengers.
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Sacrées momies
Cette animation nous vient d'Espagne... avec toutefois un formatage à l'anglo-saxonne : l'intrigue inclut une histoire d'amour (hétérosexuelle), un petit garçon joue un rôle important (sauvant la mise aux adultes), un animal de compagnie se révèle parfois très utile, le méchant est très méchant, ses acolytes très crétins... et il y a des chansons.
La comédienne de doublage (en français) a beau avoir du talent, je n'ai pas été emballé... sauf peut-être au cours de la battle, quand les intrus s'incrustent dans une représentation d'opéra, la séquence n'étant pas sans évoquer les émissions de télé-réalité. Quoi qu'il en soit, le seul titre qui recueille mes suffrages est ce tube des Bangles, dont on entend des extraits à plusieurs reprises et qui se marie tellement bien à l'intrigue.
Celle-ci tourne autour de deux trames : d'un côté l'ambition et la mégalomanie d'un archéologue de l'autre, la volonté de la fille du pharaon (vouée à un mariage arrangé) de vivre sa vie. Le premier, Lord Carnaby, est un évident décalque de Lord Carnavon, tandis que la seconde, Néfer, porte un prénom inspiré de deux grandes reines antiques : Néfertiti, épouse d'Akhenaton (le père de Toutankhamon), et Néfertari, épouse de Ramsès II. C'est une très belle jeune femme, au caractère bien trempé et qui va faire tourner la tête à conducteur de chars renommé. (Le grand public sera tenté de l'associer à Cléopâtre.)
Il est nécessaire de préciser que les personnages "égyptiens" sont des défunts, plus précisément leurs momies, qui ont droit à une nouvelle existence, dans "l'autre monde", souterrain, inconnu des humains du XXIe siècle. Ainsi, quand l'archéologue véreux s'empare d'une précieuse bague, il pense tout d'abord n'avoir découvert qu'un exceptionnel témoignage d'un passé révolu... Il n'avait pas envisagé que des momies partent à sa poursuite jusqu'au Royaume-Uni !
La suite est donc un roman d'aventures, avec des méchants et des gentils, de la romance (l'animosité entre la princesse et le conducteur de char faisant petit à petit place à d'autres sentiments...)... et de l'humour. Certains gags font intervenir un petit crocodile domestique, vraiment adorable, dont les borborygmes m'ont parfois fait penser à de petits pets. (Dans la salle, les enfants adorent... mais les adultes ne sont pas en reste.)
Dès le début, dans le "monde des momies", l'humour est présent à travers les clins d’œil à notre époque : le conducteur de chars signe des autographes sur des papyrus, l'une de ses fans veut réaliser un "selfie"... avec un miroir et, dans la rue, un agent de circulation se la joue Walk like an Egyptian (un gag que l'on retrouve plus tard, quand certains personnages tentent de passer inaperçus)...
Une autre source d'amusement est la découverte, par des êtes issus du monde antique, d'une mégapole du XXIe siècle. Ce "choc des cultures" a déjà été mis en scène à de multiples reprises, dans d'autres histoires, mais il fonctionne quand même assez bien. (L'une des séquences est un hommage à Pretty Woman.)
Mon principal regret est que cela va un peu vite. J'aurais aimé pouvoir davantage profiter de certains moments cocasses et je trouve que certaines situations problématiques se dénouent un peu vite. Mais, pour des enfants, c'est parfait.
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samedi, 11 février 2023
Alibi.com 2
Philippe Lacheau a attendu près de six ans pour tourner la suite d'Alibi.com, une des comédies françaises les plus efficaces de ce début de XXIe siècle. Entre temps, on a pu voir l'acteur-réalisateur notamment dans Super-héros malgré lui.
Et donc après avoir découvert les impayables parents de Flo (Nathalie Baye et Didier Bourdon, qui sont de retour) dans le premier opus, c'est au tour des géniteurs de Grégory de faire leur apparition... en double exemplaire. Eh oui, le futur époux de Flo n'envisage pas de lui présenter l'actrice érotique vieillissante qu'est sa mère (Arielle Dombasle, dans un rôle qui semble fait pour elle)... pas plus que l'escroc invétéré qu'est son père (Gérard Jugnot, qui connaît déjà la "bande à Lacheau", depuis Babysitting et Nicky Larson). Ils vont cependant quand même débarquer en plein préparatifs de mariage... ainsi que leurs "doublures" !
En attendant cette séquence d'anthologie (qui, à elle seule, justifie que je retourne voir ce film), on redécouvre le couple chahuteur que forment les deux héros. Élodie Fontan incarne une promise très indépendante, belle et piquante à la fois. Le film constitue une sorte de chant d'amour de Lacheau à sa compagne, sur un mode humoristique.
En terme de scénario et de mise en scène, le vu et revu côtoie l'audacieux, l'intrigue conduisant Greg et ses potes à organiser deux mariages, le même jour... dans deux propriétés voisines, avec le même marié, mais deux épouses différentes, l'une forcément fictive. Le pari risqué est tenu, avec un certain brio. (Comme on s'y attend un peu, le mariage part en vrille, mais vraiment bien...)
L'humour repose sur les quiproquos et le comique de situation, le menteur s'enferrant de plus en plus dans ses mensonges, ceux-ci débouchant sur des situations de plus en plus abracadabrantesques. Lacheau est bien épaulé par ses deux compères, Tarek Boudali et Julien Arruti, qui continuent à me surprendre par leur aptitude à incarner des crétins ou des ahuris. (Mention spéciale à la scène avec la lunette des WC...)
Comme d'habitude, Lacheau ne respecte rien : vieux comme jeunes, hommes comme femmes, blancs comme noirs, riches comme pauvres en prennent pour leur grade... sans oublier les animaux, du chien à la colombe... alors qu'un chat se révèle de nouveau particulièrement vicieux !
Une des scènes marquantes voit le futur beau-père de Greg s'opposer violemment à un présumé cambrioleur... qui n'est autre que son futur gendre. L'affrontement dérape complètement... pour le plus grand plaisir des spectateurs ! (Signalons que, pour cette scène, Didier Bourdon a été doublé par... un catcheur !)
La salle, copieusement garnie, a ri de bon cœur. Pour être honnête, je dois reconnaître que, pas très loin de moi, dans la foule des spectateurs, j'ai bien vu un ou deux visages consternés... par ce qu'ils voyaient et parce qu'autour d'eux, on s'esclaffait de ces situations dégradantes. Fallait pas se tromper de salle, les gars !
21:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 09 février 2023
La Famille Asada
C'est l'histoire d'une famille japonaise atypique, un peu loufoque... qui existe dans la réalité. Cela commence par une veillée funèbre, celle du père, qui a transmis sa passion de la photographie à son fils cadet, Masashi.
Ce père n'est pas le personnage principal (c'est le fils), mais il a été le déclencheur. C'est en voulant réaliser le rêve d'enfance de celui-ci que le fils cadet se découvre une passion et un certain talent pour la prise de vues. Le père a renoncé à ses ambitions professionnelles pour devenir un homme au foyer. Il s'est occupé des enfants, est devenu un cuistot hors pair, permettant à son épouse de progresser dans son emploi d'infirmière (en chef).
Le début m'a fait un peu peur. J'ai craint qu'on ne s'oriente vers un portrait de famille boursouflé de civilité qui, pour un Occidental, peut passer pour de l'obséquiosité. Fort heureusement, l'humour arrive assez vite et l'on s'éloigne (un peu) de l'ambiance de politesse excessive.
J'ai beaucoup aimé la mise en scène du sens de l'autodérision de cette famille, qui se fait photographier en groupe de soulards, en yakuzas, sportifs, super-héros d'opérette, à l'hôpital... Le fils cadet devient plus sympathique quand on découvre les difficultés qu'il rencontre pour percer. Le film devient franchement touchant quand il montre les premiers clients privés de Masashi, des familles auxquelles il apporte du réconfort grâce à son art, du "trio au cerisier" jusqu'au "quatuor à l'arc-en-ciel".
Le film prend une autre dimension quand survient la catastrophe de Fukushima. Le photographe délaisse son appareil pour devenir bénévole. Faute de sauver des vies, il travaille à préserver et restaurer des milliers de clichés de famille, retrouvés par les secouristes dans les albums échoués au détour d'une rue ou dans les décombres d'une maison effondrée. Les rencontres que fait le héros sont diverses. Elles sont sources d'émotions supplémentaires, mises en scène avec retenue. (Ah, si seulement les cinéastes occidentaux retenaient cette leçon de pudeur !)
On se dirige tout doucement vers une fin qui nous ramène au début. C'est alors que survient un coup de théâtre, que je n'avais pas du tout senti venir. Il confirme que les auteurs de ce film sont bien à l'image de cette famille : farfelus !
C'est incontestablement l'un des meilleurs films de ce début d'année 2023.
19:46 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 08 février 2023
Pattie et la colère de Poséidon
Les auteurs de cette animation française ont travaillé auparavant sur Les As de la jungle et Pil. Leur savoir-faire est incontestable, perceptible notamment dans tout ce qui touche au colérique Poséidon (et à l'eau).
Mais la principale marque de fabrique de ce long-métrage est son humour à double détente, qui vise aussi bien les adultes que les bambins... les premiers riant même davantage que les seconds (dans la salle où je me trouvais). Les clins d’œil sont nombreux entre les allusions mythologiques et le monde contemporain. Le scénario puise dans des histoires assez connues, de L'Odyssée à l'épopée de Jason, en passant par L'Île au trésor. Les divinités sont des personnages de comédie, certes puissants, mais très caractériels. (J'ai aussi trouvé savoureux que Zeus et Poséidon soient représentés avec du bide, ce qui accentue le côté grotesque.)
Ne ratez surtout pas le début, façon papyrus, vraiment hilarant. La suite n'est pas mal non plus, avec la bande de rats-ninjas, organisés comme un commando. Les amateurs d'animation penseront aux Pingouins de Madagascar ou encore au duo d'opossums de L'Age de glace. Les auteurs connaissent leurs classiques et savent s'en inspirer, tout en apportant une touche personnelle.
Les véritables personnages principaux ne sont donc ni les divinités ni les héros de la Grèce antique, mais... des animaux : souris, rat, chat, oiseaux... et un trio d'impayables scorpions (excellent doublage). Ces bébêtes sont bien entendu des doubles des enfants, parfois perdus dans un monde d'adultes (les habitants de l'île et les divinités)... qu'il vont pourtant contribuer à sauver.
Sans surprise, l'intrigue met à l'épreuve une amitié et permet à certains personnages de mûrir, grâce aux épreuves surmontées. Il y est question d'honnêteté, de confiance, de courage et d'entraide.
Le scénario est suffisamment élaboré pour maintenir l'intérêt et ménager quelques surprises. Si vous ajoutez à cela un humour bon enfant et un rythme assez soutenu, vous obtenez un très bon divertissement, saupoudré d'une pincée de culture antique.
23:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 06 février 2023
Radio Metronom
Bucarest, automne 1972. La Roumanie (adulte) vit au rythme de la finale de coupe Davis, qui oppose les locaux (conduits par Ilie Nastase) aux Américains (menés par Stan Smith). De leur côté, des lycéens en apparence sages, portant l'uniforme scolaire, s'ennuient ferme dans le (prétendu) paradis communiste de Nicolae Ceausescu. Au-delà de leurs différences, leur goût pour la musique anglo-saxonne (pop-rock) les réunit. Ils prévoient de se retrouver un soir, dans le grand appartement d'une fille de bourgeois, pour écouter cette musique occidentale honnie... et écrire au programme roumain de Radio Free Europe, le média de contre-propagande financé par la CIA et le Congrès des États-Unis.
En dépit de l'intérêt que revêt la reconstitution de l'époque, à l'image des protagonistes, on s'emmerde un peu dans cette première partie. La caractérisation des personnages ne suffit pas à nous extraire de la torpeur grisâtre qui imprègne le film.
L'intérêt rebondit dès le début de la soirée estudiantine. Les jeunes se lâchent un peu, boivent de l'alcool, écoutent de la bonne zique, dansent... voire baisent. Écrit ainsi, cela semble mécanique, mais c'est bien amené et bien joué. Je retiens aussi deux bonnes blagues roumaines, tournant en dérision le dictateur Ceausescu. Voici la première :
Voulant savoir pourquoi le timbre à son effigie se vendait très peu, le dictateur se rend incognito dans un bureau de poste. Un employé lui répond que les timbres ne collent pas. Surpris, Ceausescu en prend un, crache au dos et le place sur une enveloppe, où il se fixe sans problème. Il le fait remarquer à l'employé, qui lui répond que les usagers ont tendance à cracher sur l'autre côté du timbre...
Allez, puisque vous avez été sages, voici la seconde :
A son arrivée aux États-Unis, à la douane, un exilé roumain ouvre ses bagages. L'un de ses amis remarque qu'il s'y trouve un portrait du dictateur honni et s'en étonne auprès de son camarade. Celui-ci lui répond qu'il a voulu prendre ce portrait pour se garantir contre le mal du pays. Dès qu'il sent celui-ci le gagner, il regarde le portrait et perd alors toute envie de retourner en Roumanie...
L'arrivée de la redoutée Securitate vient "pimenter" la soirée étudiante. Les jeunes vont se retrouver confrontés à un système coercitif qui, pour employer des moyens qu'on qualifierait aujourd'hui d'artisanaux, n'en est pas moins diablement efficace. C'est incontestablement la séquence la plus marquante du film.
C'est aussi le moment où l'héroïne connaît son éveil politique. Cette aventure va sceller son destin, faire d'elle une femme adulte, sur le plan sentimental comme civique, le tout accompagné d'un fort recul critique vis-à-vis de ses parents.
En dépit de quelques mollesses, cet éveil sensuel et intellectuel d'une adolescente en pleine période dictatoriale ne manque pas d'attrait.
23:44 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 04 février 2023
Knock at the cabin
- TOC ! TOC ! TOC !
- Oui ?
- Est-ce Mamounet Eric ou Papounet Andrew ?
- Euh... Mamounet Eric. Qui êtes-vous ?
- Je suis Léonard. Avec moi se trouvent Adriane, Redmond et Sabrina.
- Nous ne vous connaissons pas. Que voulez-vous ?
- Vous parler. La conversation sera moins difficile si vous ouvrez la porte.
- C'est que... je ne voudrais pas paraître impoli... mais nous sommes en famille et nous n'avons pas prévu de recevoir qui que ce soit.
- Je comprends. Mais nous avons besoin de vous. Le Monde a besoin de vous.
Et voilà un couple de bobos (et leur fille adoptive Wen) embarqué dans une sale histoire. Que veulent réellement les quatre inconnus qui frappent avec insistance à leur porte ? Que leur cachent-ils ? Très vite, les spectateurs sont confrontés à deux interprétations possibles.
Soit M. Night Shyamalan nous embarque dans un thriller ésotérique à l'entrée duquel il convient d'abandonner toute rationalité, soit il y a anguille sous roche et cette intrigue masque une tentative particulièrement vicieuse de crime de haine. Des indices dans les deux sens sont distillés tout au long de l'histoire, la fin ne laissant plus aucun doute.
Si vous avez l'esprit un tant soit peu religieux, vous reconnaîtrez dans les "visiteurs" une version "shyamalanesque" des quatre cavaliers de l'Apocalypse. La thèse téléologique bénéficie de très bons effets spéciaux, qui donnent un tour cataclysmique à ce qui ressemble de prime abord à une banale prise d'otages. Mais, pourquoi diable celui qui semble être le chef du quatuor (et qui affirme être professeur des écoles) regarde-t-il régulièrement sa montre... surtout avant de montrer sur un écran la réalisation de ses prétendues prédictions ? Et ces inconnus, ne les ont-ils pas déjà croisés à un moment de leur vie, sans s'en rendre compte ?
Cela nous mène à la seconde thèse, celle d'un groupe d'individus lambdas, fanatisés sur la Toile, dont l'objectif est un crime homophobe... dont ils (ou leur gourou) ne pourraient pas être accusés.
La montée progressive en tension est bien gérée par Shyamalan, avec quelques scènes marquantes, bien foutues, sans qu'il soit projeté trop de sauce tomate à l'écran. A un autre niveau, le cinéaste pose la question de la mise en balance de l'intérêt personnel et de l'intérêt général. Les citadins aisés du XXIe siècle sont-ils prêts à renoncer à quelque chose de cher pour sauver l'humanité ?
Bigre.
La fin m'a déçu. (Elle est encore moins bonne que celle de Old, son précédent film.) J'ai vainement attendu le twist qui allait donner une saveur particulière à l'histoire. On se quitte sur un message d'une banalité affligeante : aimez-vous les uns les autres.
P.S.
Les fans d'Harry Potter reconnaîtront dans le rôle de Redmond un certain Rupert Grint, qui incarna naguère l'indécrottable Ron Weasley.
16:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Vaincre ou mourir
Le titre de cette fiction à caractère documentaire est un décalque de deux devises révolutionnaires : "Vivre libre ou mourir" et "La liberté ou la mort", cette dernière étant celle du club des Jacobins. Je pense que ce n'est pas un hasard, puisque le film dénonce l'action du gouvernement français, principalement à l'époque où les Jacobins étaient au pouvoir (1793-1794).
C'est le principal apport du long-métrage : mettre en scène les crimes de guerre commis par les armées de la République lors des conflits qui ont embrasé l'ouest de la France métropolitaine (la Vendée bien sûr, mais aussi les départements limitrophes et, un peu plus tard, la Bretagne avec la chouannerie). C'est donc parfois violent à l'écran, mais c'est hélas justifié. Le problème, sur le plan historique, vient de l'introduction (sous forme d'interventions d'historiens ou de personnes présumées telles) : même si le mot "génocide" n'est pas prononcé, le propos liminaire comme certains détails de scènes ultérieures ne laissent aucun doute quant à la thèse défendue par le scénario, une thèse rappelons-le à laquelle ne souscrit aucun chercheur sérieux.
Pour certains, cela suffit à disqualifier totalement le film, au point de ne lui reconnaître aucune qualité. Ce n'est pas mon avis. D'abord, je trouve parfaitement légitime de montrer sur grand écran les horreurs auxquelles la guerre civile a pu mener. La Révolution a sa face noire, qu'il convient de ne pas dissimuler, d'autant que je ne suis pas persuadé que les leçons de cette époque aient été retenues par certains républicains radicaux du XXIe siècle.
C'est de surcroît plutôt bien joué. Hugo Becker est très crédible en François-Athanase Charette. Un œil avisé reconnaîtra autour de lui quelques acteurs confirmés, dans des rôles de Vendéens révoltés ou de républicains. Du côté féminin, je pense que les spectateurs seront peut-être surpris de rencontrer des "amazones", ces royalistes (souvent d'extraction noble) qui ont combattu aux côtés des insurgés. (Dans le film, elles sont toutes mignonnes...) Les épisodes guerriers ne sont pas indignes, loin de là. On nous montre assez bien la différence entre la première partie de la révolte, au cours de laquelle les Vendéens ont tenté de mener une guerre classique, et la seconde période, marquée par de petits coups de force, une guérilla du bocage qui, à l'écran, a un petit air de maquis de la Seconde Guerre mondiale, les troupes républicaines jouant le rôle d'une occupation nazie avant l'heure... (A ce sujet, une scène de destruction de village me semble mise en scène de manière à évoquer le massacre d'Oradour-sur-Glane.)
L'un des problèmes vient toutefois du choix de placer Charette au centre de l'histoire, alors qu'il n'a longtemps été qu'un acteur annexe du conflit vendéen. De plus, ce n'était sans doute pas le meilleur des généraux insurgés... à tel point qu'on a pu lui reprocher d'avoir fait échouer plusieurs opérations des rebelles. Enfin, sur le plan visuel, je n'ai pas trouvé emballantes les scènes de questionnement personnel, tournées sur fond noir. En dépit du talent du comédien, l'intériorité du personnage n'a pas grand chose d'intéressant.
Concernant le camp républicain, le début du film m'a fait un peu peur, tant c'était unilatéral. Durant la deuxième partie, cela devient plus nuancé.
Je suis sorti de la séance assez partagé.
10:00 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
vendredi, 03 février 2023
Interdit aux chiens et aux Italiens
Cette formule, qui fleure bon la xénophobie ségrégationniste, est le titre d'un étonnant film d'animation, tourné avec la technique du stop motion, que l'on a déjà vue à l’œuvre dans Junk Head, L'Ile aux chiens ou encore Le Sens de la vie pour 9,99 $.
En moins d'1h15, on nous conte l'histoire de quatre générations d'une famille franco-italienne, des arrière-grands-parents piémontais au "petit" dernier, le réalisateur du film, Alain Ughetto. On l'aperçoit à peine, mais on voit souvent sa main ou son avant-bras intervenir dans l'histoire, soit pour monter un élément de maquette, soit pour interagir avec l'un des personnages, des poupées qui figurent les membres de sa famille.
J'ai beaucoup aimé ce procédé, qui pourrait sembler artificiel de prime abord, mais qui apporte souvent une touche d'humour salutaire dans une histoire parfois très triste.
C'est d'abord la grande pauvreté qui frappe la famille, poussant les jeunes adultes de la deuxième génération à tenter leur chance de l'autre côté des Alpes, en France. Une carte disponible dans le dossier de presse (téléchargeable sur le site de la maison de production) donne une idée de l'ampleur des déplacements du grand-père du cinéaste :
Très (trop) souvent, les Italiens pauvres venus travailler en France sont l'objet de moqueries ou d'insultes. L'auteur ne s'appesantit cependant pas dessus. Les efforts de Luigi lui ont permis de devenir contremaître et la famille a pu s'installer dans son petit coin de paradis, en France, assez loin du fascisme naissant, pensait-on.
La guerre a toutefois plusieurs fois rattrapé les Franco-Italiens, d'abord celle de 1914 (qui a vu mourir deux des grands-oncles du cinéaste, côté italien), puis celle de 1940. (C'est à ce sujet que j'ai un regret : une certaine confusion dans la chronologie des événements, l'un des hommes semblant prendre le maquis dès 1940, pour échapper à une occupation italienne puis allemande qui n'est venue que plus tard.)
Fort heureusement, l'humour est présent au cours des périples familiaux. Cela passe notamment par le regard des enfants, ou une anecdote particulièrement bien mise en scène, comme l'arrivée de l'électricité au "Paradis".
Le plus souvent, l'histoire nous est racontée par l'intermédiaire de la grand-mère Cesira, à qui la comédienne Ariane Ascaride prête sa voix.
Les spectateurs attentifs remarqueront le soin apporté aux détails, pour un rendu qui a dû demander un travail de fou.
C'est un film à voir, si vous en avez l'occasion.
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dimanche, 29 janvier 2023
Babylon
Un peu plus de quatre ans après l'emballant First Man, Damien Chazelle revient avec un film controversé, consacré au premier âge d'or d'Hollywood, au tournant des années 1920-1930. Liberté et créativité côtoyaient un certain amateurisme, une débrouillardise érigée en art (excellente séquence de tournage dans le désert à la clé). Ce système était dirigé par une poignée d'hommes riches, qui employaient essentiellement des marginaux, qui pouvaient nourrir les espoirs les plus fous. (C'est bien évidemment une illustration du Rêve américain.)
La deuxième séquence (celle de la soirée orgiaque) donne le ton du film. Jeunes comme vieux, riches comme pauvres, hommes comme femmes, blancs comme noirs, asiatiques ou latinos, homos comme hétéros participent à cette fête démesurée, donnée par l'un des plus gros producteurs. On y boit beaucoup d'alcool, on y danse, on s'y drogue, on y baise, on y pisse... et, parfois, on y meurt.
Je pense que cette séquence capitale, résultat d'un énorme de travail de préparation, est une métaphore à la fois du film et du monde du cinéma. C'est une illusion, celle que la vie doit être une fête et que travailler dans le cinéma permettrait de mener cette vie. Dès le lendemain (et dans les jours qui suivent), on découvre la (parfois triste) réalité : nombre des participants à la fête, étincelants ce soir-là, se réveillent dans un taudis. Leur "vie réelle" n'a que peu de rapport avec la nuit de folie qu'ils ont vécue. Sur ce point, la conclusion arrive plus de deux heures plus tard, dans la bouche de Nellie LaRoy, sur un ton désabusé.
En attendant ce moment-là, Chazelle nous fait (re)découvrir tout un pan de l'histoire du cinéma, lorsque les vedettes du muet ont été confrontées à l'arrivée du parlant. On pense bien entendu à The Artist, mais cette thématique a déjà été abordée dans des séries comme dans d'autres films, le dernier en date étant Downton Abbey II. De ce point de vue, l'un des sommets est la séquence de tournage dans les conditions du direct, avec la nouvelle vedette LaRoy, une batterie de techniciens, un ingénieur-son vétilleux, une réalisatrice de plus en plus désabusée, un régisseur qui pète les plombs... et des producteurs dubitatifs. (L'un d'entre eux a une tête à la Harvey Weinstein, sans doute pas un hasard...)
On a reproché à Chazelle le côté scabreux, voire provocant, de certaines scènes. Mais je trouve que, de manière générale, c'est justifié... et filmé avec malice. Cela commence bien sûr par la scène de l'éléphant (la première du film), elle aussi sans doute une métaphore du travail d'un créateur. Tel Sisyphe avec son rocher, Manuel tente de faire remonter la pente à un véhicule chargé d'un pachyderme (destiné à la fameuse fête du producteur). Je pense que c'est une allusion au travail nécessaire pour réaliser un film ambitieux, une entreprise périlleuse, qui nécessite de gigantesques efforts... pour parfois donner de la merde (ou se faire traiter comme de la merde, par des critiques pédants). Bien plus tard, les projections (excessives) de vomi de Nellie LaRoy sont sans doute une manière de manifester la rancune du cinéaste envers les bien-pensants de la côte Est, à un moment où les financiers new-yorkais tentent de mettre la main sur Hollywood. On retrouve un peu la même thématique dans la bouche de Jack Conrad, acteur sur le déclin, qui dénonce le snobisme des "théâtreux" et proclame que son art vaut bien le leur. (De surcroît, le passage au parlant a incité les producteurs à davantage recruter des comédiens qui avaient suivi une formation classique.)
L'intrigue est donc foisonnante, tournant autour de quatre personnages principaux, tous très bien interprétés. On peut estimer que les véritables héros sont Manuel le Mexicain et Nellie la starlette. Diego Calva incarne à la perfection le jeune homme serviable, travailleur et ambitieux... mais qui tombe amoureux de la mauvaise personne. Margot Robbie est une nouvelle fois parfaite, dans le rôle de ce personnage à la fois toxique et pathétique, le plus souvent légèrement vêtu... (C'est d'ailleurs l'une des rares critiques que je formulerais à l'égard du film, qui s'appuie lourdement sur la plastique avantageuse d'une tripotée de jeunes femmes, se comportant comme ses augustes prédécesseurs des années 1920-1930.) Je recommande tout de même la scène qui voit l'apprentie comédienne masturber... une statue de glace.
Deux autres destins complètent ce duo : celui de l'acteur confirmé Jack Conrad et celui du trompettiste de jazz Sidney Palmer. Brad Pitt est encore et toujours impeccable, dans une forme physique révulsante étourdissante et réussissant à créer l'émotion autour de son personnage, d'abord flamboyant, devenu ensuite has-been. Jovan Adepo est tout aussi remarquable dans la peau d'un musicien qui hésite entre la réussite à tout prix et la préservation de son intégrité.
D'autres personnages, plus secondaires, retiennent l'attention, comme celui de l'assistant et ami de Jack (qui se perd dans la quête d'un bonheur impossible), celui du mafieux bien tordu (Tobey Maguire, qui casse délicieusement son image) et celui de Lady Fay Zhu (Li Jun Li, marquante en artiste lesbienne), qui semble tout aussi talentueuse que les vedettes, mais à qui l'on ne confie que des tâches subalternes.
Je crois que je pourrais encore longtemps parler de ce film, tant il est riche et inspirant. Il contient une brochette de moments d'anthologie et une réflexion pas idiote sur ce qu'est la vie et le métier d'acteur, le tout dans un superbe habillage (décor, lumières et musique). Il faut juste avoir une demi-journée à lui consacrer.
22:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Guerre des Lulus (le film)
Il s'agit de l'adaptation de la bande dessinée à succès, plus précisément des trois premiers tomes, avec quelques modifications.
Celles-ci sont visibles dès le début. J'ai bien aimé l'accent mis sur la forme d'abandon que connaît Ludwig (dont le scénario accentue le côté intello, ce qui est plutôt bien vu). Son arrivée à l'orphelinat est l'occasion de mettre en scène le harcèlement dont les jeunes peuvent être victimes, à l'époque comme aujourd'hui. Là aussi, cet ajout à l'histoire d'origine est bienvenu. De plus, dans le rôle de l'instituteur, Alex Lutz est convaincant.
En revanche, je n'ai pas du tout apprécié la manière dont les personnages de Lucien et Luce ont été modifiés. On les a vieillis pour en faire des adolescents (dès 1914) et introduire une idylle à rebondissements, très maladroite. Le Lucien de la bande dessinée est moins crétin que le "bogosse" égocentrique du film... et, surtout, Luce est moins superficielle. La jeune Paloma Lebeaut a heureusement un peu de charisme et contribue à rendre son personnage intéressant.
Mes préférés sont Luigi et Lucas. Le premier reste le glouton de la BD, un costaud pas très subtil qui se révèle très utile dans des circonstances difficiles. L'humour vient aussi du benjamin de la bande, un petit gars qui en a marre de ne jamais être écouté... et parfois oublié par les autres. A la longue, c'est toutefois un peu agaçant.
Parmi les adultes que la troupe rencontre, les plus intéressants sont incontestablement Hans, le soldat allemand déserteur (comme dans la BD) et l'espèce de sorcière qui vit seule en forêt. Celle-ci est incarnée par Isabelle Carré, qui joue une figure maternelle atypique.
La suite est malheureusement moins réussie. Certaines péripéties ne sont pas crédibles et le jeu de certains acteurs pas toujours convaincant. (Par exemple, la référence à La Grande Vadrouille tombe à plat, tant la copie fait pâle figure en comparaison de l'original.) Le pire est atteint dans la séquence des tranchées, totalement invraisemblable. (Ces derniers temps, entre ce film et le médiocre Tirailleurs, on n'est décidément pas gâté question véracité historique.)
Le passage par le familistère de Guise m'a aussi déçu. Enfin, la conclusion de l'histoire est tirée par les cheveux. On a essayé de la faire concorder avec la bande dessinée, mais c'est mal mis en scène.
Du coup, cela semble destiné à un très jeune public... auquel on ne peut que recommander de plutôt lire la BD !
10:08 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 28 janvier 2023
Mayday
Cet appel de détresse est lancé par un avion de ligne américain, un soir de 31 décembre, quelque part entre Singapour et Tokyo. L'atterrissage forcé se produit dans les Philippines, au cœur d'une région contrôlée par des rebelles au pouvoir qui, accessoirement, pratiquent enlèvement, extorsion, trafics et, parfois, exécutions.
Ce que ces gars-là ignorent, c'est que le commandant de l'avion en question est incarné par Gerard « Grosses Burnes » Butler. Même si les chairs sont plus flasques qu'à la glorieuse époque de 300, le type a encore de la ressource. Depuis Greenland, il s'est découvert une vocation de sauveur du monde et (surtout) de papa poule. Ici, il va pouvoir s'appuyer sur... un dangereux criminel, qui choisit d'épauler les passagers contre la bande de fous furieux qui les retient en otages. Ce Louis Gaspare est moyennement fiable : du genre irritable, hyper-violent et assez attiré par les liasses de billets. Mais, formé à la Légion étrangère, il est devenu expert en meurtre. (Réjouissons-nous qu'un film hollywoodien rende hommage à ce savoir-faire français.) De surcroît, l'avion aux performances flageolantes n'étant pas un Airbus, les spectateurs hexagonaux n'auront aucun motif de mécontentement.
Aux manettes se trouve d'ailleurs un Frenchie, Jean-François Richet, que j'ai découvert il y a bien longtemps avec État des lieux. Ces dernières années, l'auteur de Mesrine s'est contenté d'un Empereur de Paris et d'un Blood Father efficaces, sans affoler le box-office.
On sait ce qu'on va voir : un film d'action, avec des effets spéciaux... et un niveau philosophique accessible à un élève de terminale moyen.
Côté spectaculaire, il y a les turbulences dans lesquelles l'avion est pris, atterrissage d'urgence à la clé. On en a déjà vu d'autres, mais c'est quand même bien foutu. Le réalisateur en a gardé un peu sous la semelle pour l'avant-dernière séquence, qui m'a davantage plu.
Côté action, on est servi par une première scène de baston, principalement à mains nues, dans une usine désaffectée. Butler et son antagoniste auraient tourné ça d'une traite. C'est bien chorégraphié et l'on sent qu'à la fin l'essoufflement du commandant n'est pas feint.
Plus spectaculaire (et fort bien mise en scène) est la séquence de délivrance des otages. Je crois pouvoir affirmer que certains personnages sont complètement à la masse... Sauce tomate garantie !
Pour les amateurs de gros guns, je recommande la suite. Dans des circonstances que je me garderai bien de révéler, une bande de mercenaires va débarquer sur l'île. Les mecs sont des pros... et bigrement bien outillés. On sent que ça va chier grave.
Comme vous pouvez le constater, il n'y a pas grand chose de subtil là-dedans, mais je me suis régalé. C'est un film comme hélas on en voit de moins en moins souvent dans les salles. Je conseille de saisir l'occasion s'il passe près de chez vous.
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jeudi, 26 janvier 2023
Saloum
Un trio de mercenaires (un Iroquois, un marabout et le « chacal ») met la main sur un tas d'or et un trafiquant de drogue. On est en Guinée-Bissau, en plein coup d’État et ce petit monde a envie de se faire oublier. Direction le Sénégal... avec une halte imprévue en Gambie. Dans la région frontalière du Saloum vont retentir les coups de feu... et se produire des phénomènes surnaturels.
Le cinéaste Jean-Luc Herbulot (auquel on doit plusieurs épisodes de la série Falco) a planté sa caméra dans ce far west africain, avec en tête des références à Sergio Leone, aux films de narcos, à La Isla minima (pour l'ambiance et certains vues du ciel)... et au genre horrifique. C'est bien filmé, avec des plans inventifs, d'autres tout simplement superbes. On y voit des paysages inhabituels (pour un Européen)... et des « gueules » d'acteurs, des trognes façon Leone, des tronches en biais, plus ou moins grimaçantes, plus ou moins en sueur... le tout dans une ambiance moite, qui devient vite délétère.
Le trio devenu quatuor débarque dans... un village de vacances, où les clients, pour payer leur séjour, contribuent au fonctionnement des lieux et à l'animation de la région. On se dit que tout ce petit monde n'est pas réuni là par hasard... et que cela risque de dégénérer. Quant à la région, plus on la découvre, plus on est intrigué, tant rien ne semble normal dans ce coin de l'Afrique.
En arrière-plan, les connaisseurs du continent percevront les remous de son histoire, dont les secousses se font encore sentir des années plus tard.
Voilà. Cela dure moins d'1h30 et l'on ne s'ennuie pas une minute. La musique est chouette et j'ai trouvé original le mélange des genres, même si tout n'est pas abouti dans le film. C'est une expérience à tenter.
22:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 22 janvier 2023
Hinterland
Cet « arrière-pays » pourrait être le Front de l'Est de la Première Guerre mondiale, où ont été projetés de jeunes Autrichiens, qui reviennent au pays après des mois de captivité, en 1920. La Vienne qu'ils redécouvrent n'a plus grand chose à voir avec celle qu'ils ont connue six ans auparavant : les civils font tout pour oublier les traces de la guerre, alors qu'eux sont marqués à vie. La splendeur de naguère, celle de l'Empire austro-hongrois (sans doute idéalisée), a cédé la place à un monde fait de pauvreté et de violence traversé par les tentations révolutionnaires.
L'un de ces soldats est Peter Berg, officier de police dans le civil. (Il est interprété par Murathan Muslu, vu récemment dans Code 7500.) Il découvre que son épouse a déménagé (avec leur fille) et que sa belle-famille a été ruinée par la guerre. A ces conditions matérielles difficiles s'ajoutent ses propres tourments : il revient de la guerre fracassé sur le plan psychologique. Cela tombe mal, puisque c'est le moment que choisit un tueur en série pour commencer à sévir. Les enquêteurs vont assez rapidement découvrir qu'il existe un lien entre les meurtres et ce qu'a vécu l'unité où se trouvait Peter, à l'est.
On sent que les auteurs ont voulu mettre beaucoup de choses dans ce film. On y croise (comme dans Les Fragments d'Antonin) des soldats victimes de stress post-traumatique, des travailleurs manuels et des intellectuels tentés par le communisme, des citadins tenaillés par l'antisémitisme, une femme qui cherche à vivre libre... et, globalement, une population viennoise dont la vie a été chamboulée : la ville, naguère phare d'un des plus puissants empires, a été reléguée au rang de capitale d'un État devenu secondaire.
C'est intéressant mais parfois surligné. Le réalisateur, Stefan Ruzowitzky (qui s'est fait connaître jadis avec Les Faussaires) aime filmer la crasse des soldats, la misère des enfants des rues. Il conduit ses scènes souvent de manière trop prévisible : on sent que Peter va jeter le verre qu'il tient à l'autre bout de la pièce, on est certain que, la première fois, il ne va pas oser aller jusqu'à son épouse et sa fille et l'on sent tout aussi bien qu'avec la charmante médecin-légiste (qui fait un peu penser à l’Émilie Grace des Enquêtes de Murdoch), cela va vite "coller".
L'intrigue policière est nettement mieux ficelée et elle maintient l'intérêt jusqu'au bout. Le film mérite le détour parce que l'intrigue est servie par un emballage original, quasi entièrement numérique : les décors sont parfois inspirés de vues réelles, le plus souvent reconstituées et restituées sous la forme de distorsions. Dans ce monde né de la guerre, tout est tordu, de travers : les bâtiments, les rues, les sentiments, les corps, les valeurs. Cela convient très bien à certains personnages. D'autres ont beaucoup de mal à s'habituer à la Vienne moderne.
Je trouve que ces décors numériques sont parfois trop voyants (mais c'est aussi un peu le but, je crois), même si leur agencement (couplé à une musique bien choisie) contribue à planter une ambiance d'étrangeté qui bénéficie au film.
C'est parfois un peu surjoué, pas toujours écrit avec subtilité, mais je recommande tout de même ce polar historico-horrifique.
09:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
mardi, 17 janvier 2023
Les Survivants
Au sens littéral, ces survivants sont des migrants, rescapés de la traversée de la Méditerranée, qui tentent un nouveau passage périlleux, celui des Alpes, à la frontière franco-italienne. Au sens figuré, les survivants sont sont ceux qui peinent à surmonter une perte (le décès d'un.e proche).
Dans le rôle de la migrante, on trouve Zar Amir Ebrahimi, révélée au public international par Les Nuits de Mashhad. Dans le rôle du montagnard fracassé par la vie, on a Denis Ménochet, acteur à la filmographie éclectique, remarqué notamment dans Seules les bêtes.
L'intérêt repose sur trois éléments : l'utilisation du cadre alpin, à la fois magnifique et oppressant, la relation ambiguë qui se noue entre le passeur et la migrante et le choix de traiter l'intrigue sous la forme d'un thriller. La montée progressive en tension est bien maîtrisée, avec une séquence particulièrement remarquable, celle tournée dans un hôtel-restaurant à l'abandon, un labyrinthe où tout semble possible, en particulier le pire.
J'ai aussi bien aimé l'idée que chaque membre du duo apporte quelque chose à l'autre. Samuel fait profiter Chehreh de sa connaissance de la montagne. Celle-ci se révèle très utile face à la menace qui pointe (celle de la traque menée par les identitaires) : elle est habituée à fonctionner en mode survie. Cette entraide se double progressivement d'une meilleure compréhension mutuelle, d'où la tendresse n'est pas absente...
Le gros problème est le traitement manichéen du sujet. On ne laisse aucune liberté aux spectateurs, sommés de compatir pour le duo de héros, tandis que leurs antagonistes anti-immigration sont dépeints de la pire des manières, le sommet étant atteint avec la caractérisation du personnage de Justine (très bien interprété par Victoire du Bois, ceci dit). On ne peut pas ne pas détester le trio de traqueurs, alors que la migrante est si sympathique, à la fois belle, forte et fragile, le passeur faisant immanquablement penser à un gros nounours, affectueux, un peu maladroit... et parfois en colère.
C'est vraiment dommage, parce qu'il y avait un beau sujet de société à traiter, que le réalisateur a escamoté pour mettre l'accent sur la relation entre Samuel et Chehreh.
22:15 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
mercredi, 11 janvier 2023
Les "Riton" 2022
L'an dernier, je n'ai pas eu le courage d'établir un palmarès. Le précédent remonte donc à 2020. Je vais distinguer une cinquantaine d’œuvres, celles qui m'ont le plus marqué, pour différentes raisons. Aucune ne sort du lot, mais une dizaine me semble incontournable.
Certains films à effets spéciaux m'ont redonné goût au cinéma.
- Riton du film de super-héros : The Batman
- Riton du film de magiciens : Les Animaux fantastiques 3
- Riton du film transgenre : Matrix IV
- Riton du film post-apocalyptique : Vesper Chronicles
- Riton du film n'importe nawak : Everything Everywhere All at Once (un de mes films de l'année)
J'ai aussi particulièrement apprécié des "films de genre" (action, polar et thriller).
- Riton du film ferroviaire : Bullet train (un de mes films de l'année)
- Riton du film médical : Ambulance
- Riton du film musical : Petite fleur
- Riton du film de Noël : Violent Night (un de mes films de l'année)
- Riton du film de l'Avent : Novembre (un de mes films de l'année)
- Riton du film de l'après : Les Cinq Diables
- Riton du vrai film iranien : Marché noir
- Riton du faux film néerlandais : Amsterdam
- Riton de l'enquête inaboutie : Decision to leave (un de mes films de l'année)
- Riton de l'enquête truquée : La Conspiration du Caire (un de mes films de l'année)
Dans ce monde hostile, empli de violence et d'imbécillité, j'ai pu compter sur quelques bonnes comédies pour me remonter le moral.
- Riton du film de chambre à air : Fumer fait tousser
- Riton du film de chambre mal aérée : Maison de retraite
- Riton du film de sport en chambre : Sans filtre (un de mes films de l'année)
- Riton du film de fantasme : Super-héros malgré lui
- Riton du film de justicier : The Duke
- Riton du film de justiciable : El buen patron
- Riton du film de rebelles : Choeur de rockers
Les comédies abordent souvent des sujets de société, certains d'entre eux ayant été traités par des films "sérieux".
- Riton du film d'enseignant : L’École du bout du monde
- Riton du film journalistique : She Said
- Riton du film d'employée précaire : Ouistreham
- Riton du film de patron : Un autre monde
- Riton du film de classe moyenne : Don't worry darling
- Riton du film de gros bourges : Downton Abbey II (un de mes films de l'année)
- Riton du film de gros pas bourge : Wild Men
Parfois, la fiction est inutile ; un (bon) documentaire suffit.
- Riton du film de piqûre : H6
- Riton du film de griffure : Lynx (un de mes films de l'année)
- Riton du film mordant : Poulet frites
- Riton du film accablant : Babi Yar. Contexte
Cela m'amène tout naturellement aux films à caractère historique, un genre que d'habitude j'affectionne, mais qui m'a souvent déçu l'année passée, la plupart des œuvres vues n'étant qu'à moitié réussies.
- Riton du film de procès : L'Affaire Collini
- Riton du film familial : Les Secrets de mon père
- Riton du film pictural : Charlotte
Je termine sans surprise par la catégorie la plus fournie, celle des films d'animation. Quand bien même Disney snoberait de plus en plus les salles françaises, la diversité et la qualité de la production sont telles qu'on y survit sans peine.
- Riton de l'animation historique : My Favourite War
- Riton de l'animation géopolitique : Le Voyage en Charabie
- Riton de l'animation féérique : Le Pharaon, le sauvage et la princesse
- Riton de l'animation héroïque : Buzz l'éclair
- Riton de l'animation pompière : Vaillante
- Riton de l'animation forestière : Le Roi cerf
- Riton de l'animation zoologique : Les Bad Guys
- Riton de l'animation féline : Samouraï Academy
- Riton de l'animation délinquante : Les Minions 2 (un de mes films de l'année)
- Riton de l'animation policière : Détective Conan - La Fiancée de Shibuya
- Riton de l'animation japonaise : Inu-Oh (un de mes films de l'année)
- Riton de l'animation inclassable : Junk Head (un de mes films de l'année)
Malgré mes préventions envers les films français, une douzaine de films hexagonaux figurent dans ce palmarès, preuve que notre abondante production recèle quelques trésors. Le meilleur de 2022 vient toutefois (pour moi) en grande majorité de l'étranger.
16:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 05 janvier 2023
Tirailleurs
Omar Sy a coproduit le film dans lequel il interprète le rôle principal, celui d'un éleveur peul, qui s'engage dans l'armée française, en 1917, pour tenter de sauver la vie de son fils enrôlé de force dans les tirailleurs sénégalais.
Trois thématiques s'entrecroisent : le drame familial, la reconstitution historique (de la guerre) et l'exploitation coloniale. La relation père-fils constitue peut-être ce qu'il y a de plus réussi dans le film. Ce père qui ne parle quasiment pas un mot de français est touchant dans son obstination à préserver la vie de son fils aîné, que celui-ci apparaisse faible (au début) ou bien plus fort (quand il monte en grade). Néanmoins, la mise en scène de la relation conflictuelle manque un peu de finesse... et j'ai noté au moins deux maladresses. Ainsi, rien ne nous permet de comprendre comment le lieutenant a deviné que Thierno est le fils de Bakary, alors que leur secret, bien gardé, n'a pas été éventé par les autres Africains de la troupe. Le montage lui aurait mérité d'être plus soigné : lors d'une dispute père-fils, le mouvement est haché par une coupure qui ne se justifie nullement.
La reconstitution historique a de la gueule. Les scènes de tranchées sont très honnêtement filmées et l'image m'est apparue assez soignée. Mais l'on a déjà vu aussi bien (voire mieux) ailleurs... et, là encore, il y a quelques maladresses. Ainsi, il n'est pas plausible que lors d'une annonce faite à la troupe (au garde-à-vous), aucun gradé ne fasse remarquer au soldat Bakary qu'il n'a pas son équipement au complet (notamment son casque). Dans la foulée, son unité est dirigée vers une zone de combat. Un de ses camarades lui apporte son "barda", casque inclus. Le problème est que, lorsque Bakary rejoint son unité, il ne porte tout d'abord pas son casque sur la tête... mais, au plan suivant (se déroulant dans la foulée, à la seconde près), il est montré totalement équipé, sans qu'on l'ait vu esquisser le moindre geste pour mettre son casque ! Le pire est atteint une nuit, lorsque le père s'extrait de sa tranchée pour partir à la rescousse du fils : là encore, il n'a pas pris son casque, alors que, pas très loin de là, des coups de feu sont échangés. Le réalisateur aurait dû faire rejouer ces scènes à sa vedette, pour qu'elles gagnent en crédibilité.
D'autres invraisemblances émaillent le scénario. Il n'est pas possible qu'un double meurtre, commis en plein camp de transit des tirailleurs, ne donne lieu à aucune enquête. Cette séquence a pour seul but de montrer comment les soldats se procurent l'argent nécessaire au financement de leur fuite, mais elle est totalement déconnectée de l'ambiance de guerre. De la même façon, plus tard, quand l'un des fuyards revient au camp, on le laisse entrer comme ça, après deux vagues mots d'explication. On est en 1917 et, à l'époque, on ne plaisante pas avec la désertion. Le soldat ne pouvait qu'être arrêté... mais cela l'aurait empêché de rejoindre la tranchée où était partie son unité.
Enfin, l'hypothèse (séduisante en théorie) du soldat inconnu tirailleur sénégalais est hautement improbable. Quand, en 1920, les militaires chargés de recueillir les restes des neuf (puis huit) soldats sur les différents champs de bataille ont procédé à des exhumations, ils se sont d'abord assurés qu'il s'agissait de soldats français (et pas d'Allemands) et qu'ils ne soient pas identifiables individuellement (auquel cas leur dépouille aurait dû être remise à leur famille). D'après l'historien Jean-François Jagielski (qui cite l'écrivain Roland Dorgelès), à au moins deux reprises, sur le champ de bataille de Verdun, on a écarté du choix les dépouilles de soldats qui semblaient être issus des colonies.
De surcroît, la scène d'exhumation montrée dans le film (en deux parties, au tout début et à la fin) fait apparaître des os bien blancs, dégagés de tout muscle, chair ou graisse. Or, le soldat décédé a été enterré sur place, totalement habillé, seulement trois ans auparavant. Il me semble qu'atteindre un tel état de squelettisation nécessite plus de temps, au moins cinq ans.
Il nous reste à aborder la thématique coloniale. Les relations entre les Français métropolitains et les Africains colonisés sont mises en scène sans trop de manichéisme. Il y a bien domination des Blancs sur les Noirs, mais aussi des Noirs sur d'autres Noirs... et la majorité des Blancs représentés ne sont pas des figures négatives. L'armée est même montrée comme un facteur de promotion sociale pour les colonisés. Le propos général n'est pas une dénonciation hargneuse, revendicative, excessive, mais le souhait de préserver un certain "vivre ensemble" tout en reconnaissant le passif de l'histoire. Du film émanent paradoxalement de la douceur et de la dignité, même si, là encore, maladresse et approximation ne sont pas absentes. Je me contenterai de citer l'exemple des comportements alimentaires. Musulmans pieux, le père et le fils sénégalais s'interdisent de consommer du porc (et de l'alcool). Or, il semble qu'on en leur serve, dans le camp de transit. Aux vertueuses âmes promptes à s'indigner de l'ignoble comportement de la République colonialiste, il faut révéler que, durant le conflit, l'armée française s'est montrée très soucieuse du respect des convictions et traditions de ses soldats issus des colonies : les Indochinois ont été destinataires de rations supplémentaires de riz (et même d'assaisonnement traditionnel), tandis que les musulmans ont pu, la plupart du temps, bénéficier de repas sans porc (et remplacer le vin par du café ou du thé). De la même manière, ils ont été autorisés à suivre le jeûne du ramadan et des salles de prière ont été aménagées à leur intention, à l'arrière des combats, les aumôniers catholiques des armées étant priés de ne pas tenter de convertir. Au niveau de l'équipement, plusieurs unités ont été autorisées à personnaliser leur coiffe ou à diversifier leur armement (avec la présence autorisée de couteaux traditionnels).
Bref, ce n'est pas un film déshonorant, ni puant sur le fond. Mais il contient pas mal d'approximations, alors qu'il risque d'être pris par une partie de son public comme une irréprochable œuvre d'histoire.
23:10 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, france
dimanche, 01 janvier 2023
Le Tourbillon de la vie
Julia, fille de facteurs-réparateurs de pianos, est une adolescente virtuose, peut-être sur le point d'embrasser une brillante carrière internationale. Mais nous sommes en novembre 1989 et l'adolescente sage a envie de connaître l'aventure, notamment à Berlin. Le fait qu'elle concrétise ou pas ce séjour allemand (clandestin) aura de considérables conséquences sur sa vie personnelle et sa carrière. La chute d'un simple passeport peut tout faire basculer.
Vous avez sans doute reconnu le principe de « l'effet papillon », popularisé il y a une vingtaine d'années par une fiction sentimentale portant ce titre. On peut actuellement le voir à l’œuvre dans la mini-série Vortex... et, surtout, les (vieux) cinéphiles se rappellent du diptyque Smoking / No Smoking d'Alain Resnais, avec Pierre Arditi et Sabine Azéma.
Cette fois-ci, le rapport masculin / féminin est déséquilibré, puisque c'est le personnage de Julia qui occupe le devant de la scène. Ce sont ses actes qui déterminent l'apparition de futurs alternatifs. Va-t-elle percuter ou non le petit chariot, dans la librairie ? Une fois arrivée en caisse, va-t-elle laisser tomber l'un de ses achats, provoquant la rencontre avec le potentiel homme de sa vie ? Sera-t-elle suffisamment sûre d'elle le jour du concours Clara Schumann, au point de le remporter... ou pas ? Sera-t-elle victime d'un accident de scooter, ou pas ?
C'est un couple, Camille et Olivier Treiner, qui a tissé les mailles de ce scénario foisonnant, dont le résultat est bien maîtrisé, grâce à un montage judicieux. Cela nécessite un minimum d'attention, mais on ne perd pas le fil. Il convient d'être vigilant à plusieurs détails : la coupe de cheveux de Julia, ses habits, la présence (ou non) d'une cicatrice sur la main droite... On passe d'une vie à l'autre, où tout n'est toutefois pas différent. Quels que soient les choix de l'héroïne, elle finit par croiser ou recroiser certains personnages de sa vie et certains événements semblent incontournables. C'est dire le tour de force qu'il a fallu pour relier d'une manière ou d'une autre tous les fils narratifs.
Notons que l'intrigue ménage plusieurs possibilités de bonheur et de réussite professionnelle à Julia. Dans chacune de ses vies, elle connaît au moins un échec. Elle s'en relève plus ou moins bien. C'est touchant et parfois très émouvant, comme lorsqu'une mère alitée entend, grâce à la radio, le lointain récital donné par une fille qu'elle voit peu ou quand, à la toute fin, une ancienne prof de chant est invitée à un concert privé.
L'interprétation est très bonne. Dans le rôle des parents de Julia, on retrouve Isabelle Carré et Grégory Gadebois (qu'on a déjà vus en couple dans Délicieux). Je me dois de mettre l'accent sur un nom : Lou de Laâge qui, selon moi, réalise une performance exceptionnelle (qui mériterait un César). On l'avait remarquée dans Les Innocentes et Boîte noire mais là, franchement, elle éclabousse le film de sa beauté et (surtout) de son talent.
22:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Vivre
Sorti sous le titre originel Living, ce film est le remake britannique de l'une des œuvres du maître japonais Akira Kurosawa (auquel on doit, entre autres, Rashōmon, Les Sept Samouraïs, Les Bas-Fonds, Kagemusha, Ran...). L'action se déroule au début des années 1950, dans un Londres en pleine croissance, mais où subsistent des traces de la Seconde Guerre mondiale.
Le film repose en grande partie sur le talent de Bill Nighy, qui incarne Mr Williams, chef de service dans l'administration londonienne. Ce gentleman, comme il aime s'appeler, est un symbole de la modération conservatrice. Il s'habille toujours de la même manière (foncée), est réglé comme une horloge, se montre courtois mais un peu froid. On ne l'entend jamais prononcer un mot plus haut que l'autre et, afin d'éviter tout conflit ou esclandre, il use de la litote à la perfection.
La première partie du film nous présente une Angleterre vintage, avec des cols blancs habitant en banlieue proche de la capitale (ici, dans le Surrey), où ils se rendent quotidiennement en train. On découvre un monde fait d'apparences et de rituels, dont nous sommes informés en suivant les débuts d'un nouvel employé du service des Travaux publics. C'est aussi, indirectement, une satire de la fonction publique municipale, où beaucoup de monde fait semblant de travailler et se défausse à la première occasion sur un autre service. Les pérégrinations d'un trio de femmes cherchant à accélérer l'aménagement d'une aire de jeux ne sont pas sans rappeler celles d'un duo de célèbres Gaulois dans Les 12 travaux d'Astérix...
La routine ennuyeuse du héros est perturbée par un rendez-vous médical, qui l'oblige -fait exceptionnel- à quitter son travail plus tôt que prévu. Mais, surtout, il apprend à cette occasion qu'il est atteint d'une maladie incurable. Cela remet en question toutes ses certitudes. La mise en scène suggère qu'il a d'abord songé au suicide... avant de se raviser. Il choisit de goûter un peu plus aux plaisirs de la vie, ce à quoi il avait renoncé après le décès précoce de son épouse, se consacrant pleinement à son travail et à l'éducation de son fils unique.
Deux personnes vont aider Mr Williams à mieux profiter de la vie : un ancien fêtard, qui lui fait découvrir le Londres underground et une jeune employée de la mairie, si fraîche et colorée à côté du terne fonctionnaire. Mais cela ne va pas suffire à celui-ci. Une nouvelle rupture intervient, que je ne vais pas raconter.
Comme son devancier japonais, le film britannique ne s'achève pas à la mort du héros. Le dernier tiers de l'histoire se déroule après celle-ci. Certains retours en arrière permettent de combler les ellipses de la deuxième partie. C'est aussi à ce moment-là que le questionnement personnel se fait le plus fort : qu'as-tu fait de ta vie et que comptes-tu en faire à présent ? C'est très fort et Bill Nighy est particulièrement émouvant dans le rôle principal.
Ce n'est clairement pas le film le plus gai du moment, mais c'est pour moi l'un des plus beaux.
17:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Unicorn Wars
Cette coproduction franco-espagnole est un film d'animation destiné aux adultes. On peut y voir de charmants oursons mener une guerre sanguinaire contre des licornes, au sein d'une forêt magique où vit un monstre, tapi dans l'ombre.
Le début montre la formation des oursons guerriers. Ces sortes d'enfants / d'adolescents en peluche subissent un entraînement qui n'est pas sans rappeler celui mis en scène dans Full Metal Jacket, avec un instructeur odieux, éructant des insanités. La suite de l'histoire contient d'autres références à des films de guerre (sur le Vietnam), comme Platoon, Apocalypse now et peut-être Voyage au bout de l'enfer.
Le propos est clairement antimilitariste et anti-guerre, mélangeant la fausse innocence des oursons à la violence physique et morale de leur entraînement. Certains des personnages en sortent traumatisés et l'un d'entre eux se révèle psychopathe.
Au départ, le procédé est intéressant, mais le mélange de situations quasi enfantines et de la violence guerrière finit par lasser. En face on nous dépeint le monde des licornes comme magnifique et enchanté... sauf quand elles doivent affronter les oursons. Là, cela devient franchement gore.
Cela donne le ton de la suite, avec une guerre qui commence comme une escarmouche, pour s'achever en génocide, le tout accompagné de l'exaltation factice de l'héroïsme guerrier et d'un habillage religieux fanatisant.
La morale de l'histoire ? Ce monde mi-enchanteur mi-cauchemardesque est l'ancêtre du nôtre, puisque les humains sont issus du mélange des oursons et des licornes.
11:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 31 décembre 2022
Choeur de rockers
Composé d'un jeu de mots, le titre fait penser à une célèbre chanson de Julien Clerc... qu'on n'entend pas dans le film. Elle n'est sans doute pas assez rock'n'roll pour les membres de cette chorale atypique, qui préfèrent la musique qui déménage aux mélodies sirupeuses.
Cette histoire de réprouvés, malheureux dans la vie, qui vont s'épanouir dans une activité où personne ne pensait qu'ils pourraient exceller, en rappelle d'autres, de The Full Monty au Grand Bain. On l'aura compris : il s'agit d'un feel good movie, avec un arrière-plan sociétal... et c'est une histoire vraie !
Cela commence par le portrait d'une intermittente du spectacle dans la dèche (Mathilde Seigner, efficace), de concerts minables en fins de mois difficiles, sans parler d'une vie familiale éclatée, divorce à la clé. Dit comme cela, cela paraît assez manichéen, mais c'est mis en scène avec un minimum de subtilité. Aux manettes se trouve un duo : l'actrice Ida Techer et Luc Bricault qui, comme assistant-réalisateur, a contribué à des réussites comme Pauline détective, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, Les Cowboys et Le Secret des banquises.
Une fois le groupe formé, avec un objectif défini (mais tenu secret), cela marche comme sur des roulettes, avec une pléiade d'acteurs connus du public français : Andréa Ferréol (formidable), Bernard Le Coq (touchant), Anne Benoit (épatante), Patrick Rocca (tonitruant)... On se régale.
L'arrière-plan est un peu moins rutilant. Presque tous les "choristes", âgés de 65 à 85 ans environ, sont veufs ou divorcés. Le lien avec les enfants (quand il y en a) est souvent coupé. Ce sont les petits-enfants qui sont, dans de (trop) rares cas, les accompagnants du quotidien. J'ai bien aimé ces intermèdes familiaux, qui permettent de comprendre pourquoi ces retraités prennent autant de plaisir à chanter ensemble.
Notons que l'histoire a été écrite de manière à ce que la trajectoire du groupe ne paraisse pas trop linéaire. Deux « incidents » vont perturber l'harmonie du groupe, qui s'est finalement reconstitué, regonflé à bloc grâce à un petit coup d'éclat sur lequel se conclut le film.
Je recommande vivement. La musique est chouette et l'on sort de là le sourire aux lèvres.
BONNE ANNÉE !
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Le Parfum vert
Dès la première scène, les spectateurs sont mis en condition : la musique, la mise en scène et la survenue d'un meurtre mystérieux nous plongent dans une atmosphère de polar, façon film d'espionnage. Il s'agit de comprendre pourquoi un acteur de la Comédie française a été assassiné, en liaison avec une conspiration qui aurait ses racines en Europe centrale.
A cette ambiance brumeuse est ajouté un autre arc narratif : la rencontre (cocasse) puis l'association d'un duo, bientôt un couple, celui formé par Martin, un autre acteur du « Français », et Claire, auteure de bandes dessinées. Celle-ci est interprétée par Sandrine Kiberlain, toujours aussi épatante, tandis que son partenaire principal Vincent Lacoste n'est pas toujours au niveau.
J'ai bien aimé la partie comédie sentimentale, ainsi que les pérégrinations des deux enquêteurs amateurs, qui m'ont un peu rappelé le duo formé par Catherine Frot et André Dussolier dans Mon Petit doigt m'a dit et Le Crime est notre affaire.
Le problème est que le réalisateur Nicolas Pariser (auquel on doit Alice et le maire) a trop tendance à se reposer sur le talent de ses comédiens principaux. La direction d'acteurs m'a semblé déficiente, laissant les interprètes se dépatouiller (plus ou moins bien). On sent que certaines scènes auraient dû être rejouées.
Mais le principal défaut (pour moi) est le rattachement artificiel de deux intrigues aux ambiances très contrastées. L'histoire du complot est trop sérieuse sur le fond pour être traitée sur le ton de la comédie et la fantaisie romanesque est trop légère pour s'accommoder d'un arrière-plan aussi sombre (sur fond d'antisémitisme). Il aurait fallu soit alléger l'aspect comique (ce qui aurait toutefois fait perdre l'essentiel de sa saveur au film), soit confronter le duo de héros à un autre type de méchants, du genre ridicules mais pas trop dangereux. Du coup, en dépit de ses qualités, le film est un peu raté.
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