dimanche, 12 avril 2009
Ponyo sur la falaise
C'est le dernier animé de Miyazaki (le père, parce que le fils avait officiellement assumé la direction des Contes de Terremer, où la patte du papa était néanmoins décelable). L'action se passe à notre époque, au Japon, en zone littorale (côté sud du pays). Le père est marin-pêcheur, la mère auxiliaire de vie dans une maison de retraite. Le fiston est le héros de l'histoire. Il partage la vedette avec le personnage éponyme, la sirène (personnage apparenté à Kiki, la petite sorcière) qu'il va nommer Ponyo.
Le dessin est toujours aussi bien léché. On retrouve, dans les mouvements, les qualités qui ont fait le succès notamment de Princesse Mononoke et de Nausicaä, de la vallée du vent. L'influence de la culture européenne se fait aussi toujours sentir. Ainsi, dans les profondeurs de l'océan vit un personnage qui doit beaucoup au capitaine Nemo de Jules Verne (en moins cynique toutefois)... et l'une des séquences les plus enlevées, sur une musique calquée sur celle de Wagner, nous permet d'assister à une formidable chevauchée des super-poissons.
Une grande attention a été portée aux mouvements des personnages. J'ai notamment en tête une scène où l'on voit Sosuke se débarrasser précautionneusement des jumelles qu'il porte en bandoulière ou une autre au cours de laquelle Ponyo ôte le seau qu'elle tient au bras. Même la psychologie enfantine est abordée avec un grand sérieux... sous un jour presque exclusivement positif toutefois : si l'on excepte un bébé affamé plein de morve, ces bambins sont plus adorables et attendrissants les uns que les autres. (Une chose m'a frappé : le héros -dans la version française- ne s'adresse pas à ses parents en les appelant "papa" ou "maman", mais en utilisant leurs prénoms.)
Les scénaristes ont donc choisi de mettre l'accent sur l'histoire enfantine, plutôt que sur le monde des adultes. Les personnages les plus en phase avec le héros sont paradoxalement les retraitées percluses de rhumatismes. Il a donc été décidé de ne pas développer l'histoire du côté du père de la sirène, dont on sent à un moment du film qu'il semble avoir un projet assez cataclysmique, projet que l'évasion de sa fille fait, au propre comme au figuré, tomber à l'eau.
Du coup, le film reste au niveau de la gentillesse, nimbée dans un halo de fantastique. C'est sympathique, mais cela ne vole pas aussi haut que les précédents films de Miyazaki.
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jeudi, 09 avril 2009
Agnus Dei
Le titre est le nom d'une prière et signifie "agneau de Dieu". C'est une référence à Jésus et à sa mort. Une victime sacrificielle est donc au cœur de l'histoire. Il s'agit du mari de l'héroïne qui revient de France en Argentine. Le film va se charger de nous faire comprendre, par petites touches, comment on en est arrivé là et pourquoi l'enlèvement du grand-père affable, en 2002, fait remonter à la surface la période de la dictature militaire, plus précisément l'année 1978 (celle de la coupe du monde de football en Argentine).
Ce sont les mêmes acteurs qui incarnent les personnages principaux à 24 ans d'intervalle (sauf pour la petite-fille). Du coup, on a beaucoup joué sur les coiffures, les vêtements et le maquillage pour montrer le temps qui passe. Cela fonctionne, en gros.
La construction est habile. La trame est celle de l'année 2002, émaillée de retours en arrière... pas forcément placés dans l'ordre chronologique. Cela complique un peu le suivi du film, mais c'est pertinent : les séquences "anciennes" interviennent quand leur souvenir revient à l'un des personnages... avec quelques accommodements toutefois, histoire de ménager un peu de suspense.
Ceux qui ne connaissent pas les années 1976-1983 en Argentine ne vont pas apprendre grand chose : ce n'est pas une leçon d'histoire. Par contre, ils verront comment une dictature peut transformer la vie d'une famille de classe moyenne, y compris 25 ans après les faits.
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mercredi, 08 avril 2009
Monstres contre aliens
Les "aliens" sont, bien entendu, des extra-terrestres...mais tout le monde n'étant pas anglophone, il aurait peut-être été utile de modifier le titre. C'est la dernière production des studios Dreamworks. C'est donc un dessin animé visible à plusieurs niveaux. C'est d'abord une comédie sympatoche pour petits et grands, avec des personnages hauts en couleurs. L'espèce de matière flasque cyclopéenne se taille un franc succès chez les jeunes (pis chez certains "grands" aussi). Parfois, cela part dans tous les sens... en tout cas, c'est "animé" !
Au second degré, c'est émaillé de clins d'œil, par exemple à Rencontres du troisième type, à Star Wars... C'est aussi une critique gentille du monde des adultes, avec ce président des États-Unis qui se prend pour Bruce Willis et qui s'avère être un gros gaffeur pétochard. On se moque aussi sans méchanceté de ces films hollywoodiens dans lesquels les extra-terrestres ont toujours le bon goût de débarquer... aux États-Unis.
C'est aussi un joli portrait de femme. L'un des monstres est "Suzanne". Rien ne la destinait à devenir un super-héroïne. Elle devait visiblement devenir une épouse dévouée à son journaleux de mari... mais tout dérape et ce film est aussi l'histoire de son affirmation, de l'acquisition de son indépendance. Cela ne va pas changer le monde, mais cela contribue à mettre quelques idées à l'endroit dans la tête de nos chers bambins.
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mardi, 07 avril 2009
Tulpan
Ce titre un peu mystérieux n'est autre que le prénom de la jeune femme que convoite le héros du film, Asa. On ne la voit pratiquement jamais : on distingue ses yeux quand elle observe le dialogue entre son prétendant et ses parents à travers l'ouverture d'un drap et on entraperçoit son dos et sa nuque dans la cabane où le pauvre Asa essaie de pénétrer (en tout bien tout honneur, évidemment).
Le pauvre garçon n'est pas bien futé. Il a achevé son service militaire dans la marine, ce qui est plutôt valorisant (il en a d'ailleurs gardé l'uniforme pour impressionner la famille), mais il est doté d'oreilles assez décollées (moins toutefois que celles du prince Charles, comme il peut le démontrer au cours du film !), qui déplaisent à sa dulcinée. Le problème est qu'en plus d'être mignonne, elle est la seule femme disponible de toute la région. Si notre héros ne parvient pas à se marier, on ne lui confiera pas de troupeau et il ne pourra donc pas s'installer sur place comme éleveur.
C'est cet aspect du film qui m'a le plus séduit. Parce que bon, cette histoire d'amour contrarié lasse vite (surtout quand on apprend que la jeune convoitée veut poursuivre ses études "à la ville" et que la mère ne veut pas la donner à un paumé qui revient de l'armée). De nombreuses scènes ont été tournées dans la steppe kazakh, si aride, parfois traversée par des tornades de sable. C'est sur de gigantesques surfaces que les bergers guident leurs troupeaux. Notre héros Asa n'est d'ailleurs pas très habile en la matière... mais une évolution se dessine.
Certaines séquences avec les brebis sont fortes par leur aspect documentaire non simulé (je pense notamment à la mise-bas). L'intervention du vétérinaire, aux prises avec une chamelle et son petit, est à la fois drôle et criante de vérité. De la même manière, un grand soin a été apporté aux séquences d'intérieur, dans les yourtes. Les tâches sont sexuées. Les femmes sont d'abord des ménagères... et elles chantent.. pour mon plus grand plaisir quand il s'agit de la sœur du personnage principal... mais il est évident que sa fille a des progrès à accomplir (sa voix stridente m'a été particulièrement insupportable). On sent toutefois que, dans le couple, la hiérarchie peut parfois s'inverser. On retrouve donc dans ce film des éléments déjà présents dans d'autres fictions comme Le Mariage de Tuya ou Le Chien jaune de Mongolie (je ne l'ai pas chroniqué, mais je peux vous assurer qu'il est très bien).
Le séjour en ville est quelque chose qui travaille les jeunes. Le plus jeune fils de la sœur d'Asa demande sans cesse à ce qu'il l'y emmène. Le meilleur ami du héros essaie de l'y entraîner. Ce personnage mérite tout particulièrement le détour. C'est une sorte de livreur-marchand ambulant, qui parcourt la steppe dans son drôle de véhicule, écoutant Boney M à fond la caisse et tapissant les parois internes de photos érotiques ! On sent qu'il en pince pour la sœur d'Asa, que ses parents ont sans doute mariée de force à un homme bien plus âgé qu'elle. Le héros lui-même, comme sa dulcinée, envisage finalement de partir en ville. Entre l'envie de vivre et la résignation, le cœur des personnages balance...
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Gran Torino
Imaginez que l' Inspecteur Harry (ou le Maître de guerre) soit à la retraite et qu'il vienne de perdre son épouse. On se retrouve avec un vieux blanc aigri, misanthrope, raciste, homophobe (très souvent filmé en contre-plongée, comme pour accentuer ses défauts)... et très attaché à ses armes.
Voilà un rôle taillé sur mesure pour notre ami Clint, le cinéaste républicain le plus intelligent des États-Unis ! Les scénaristes ont la bonne idée de lui flanquer dans les pattes de nouveaux voisins, asiatiques, hauts en couleur : la grand-mère crache encore plus ignominieusement que notre ex-soldat, ex-ouvrier de chez Ford. En plus, le fiston, une vraie "tafiole", risque de passer sous la coupe d'un gang local. Il n'y a guère que la sœur aînée qui mérite le détour : elle est intelligente, courageuse et ne manque pas de répartie.
Évidemment, le salaud a un grand cœur et ce film est l'histoire de l'ouverture de ce cœur. Eastwood manie la pâte humaine comme il sait si bien le faire (revoyez par exemple l'excellent Million dollar baby ou encore L'Echange). La caméra sait suivre le personnage principal aussi bien à l'intérieur (quand il est invité chez ses voisins Hmongs ou qu'il bricole dans son garage) qu'à l'extérieur (quand il intervient pour mettre fin à une agression ou qu'il fanfaronne sur son patio). On retrouve un peu le tempérament de Dirty Harry, parfois emprunté, tête de cochon et mauvais langage (en version originale sous-titrée, ça déchire... même si je préfère la voix française de Clint). On notera au passage un message "politiquement incorrect" : les liens d'amitié sont plus importants que ceux du sang... surtout quand la famille est indigne !
Tout ça pour dire quoi, au final ? Ben j'ai adoré, j'ai ri (même -surtout ?- aux blagues racistes auxquels le personnage croit à moitié)... et j'ai eu les yeux qui piquent, à la fin. Tout n'est pas dit concernant ce dernier quart d'heure. Le film terminé, on réfléchit et on se dit que l'ancien ouvrier cancéreux a donné une sacrée leçon de vie à son jeune apprenti.
00:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film
lundi, 06 avril 2009
Welcome
Le titre a un double sens... pas seulement parce qu'il est (en partie) une antiphrase. C'est d'abord la référence au rejet dont font l'objet les immigrants, rejet non assumé dans le "pays des Droits de l'Homme", à l'image du paillasson sur lequel figure la fameuse inscription. C'est aussi le symbole du dialogue qui s'instaure entre quelques Français et ces Kurdes ou Afghans, en anglais. Ce film très français est donc souvent sous-titré !
J'ai hésité à aller le voir. J'ai eu peur d'un prêchi prêcha "gauche alternative", chiant et manichéen. Heureusement, le réalisateur a eu l'habileté de ne pas présenter systématiquement les policiers comme d'horribles fachos... et il a nuancé le tableau des milieux immigrés, à travers notamment l'histoire du mariage arrangé... sans parler des vols.
Les acteurs sont très bons. C'est prenant. Un bon film "social" français, ça ne se refuse pas ! Ceci dit, c'est un peu larmoyant, un peu trop souligné par la musique, mais il est vrai que ces histoires ne sont pas d'une grande gaieté. Le cas du jeune footballeur irakien est d'autant plus attendrissant qu'il cherche à rejoindre sa dulcinée. On a voulu donner des migrants mis au premier plan l'image la plus humaine possible. Autre intérêt du film : la description de Calais et des installations portuaires, souvent de nuit. Une vraie réussite.
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dimanche, 05 avril 2009
Prédictions
Le réalisateur et les producteurs ont dû hésiter quant au genre du film. Du coup, ce n'est pas vraiment un film d'épouvante, c'est un peu un film de science-fiction et, de temps à autre, un film-catastrophe. On y retrouve des ingrédients présents dans d'autres longs métrages : Nicolas Cage incarne un père célibataire un peu largué, pris par son boulot. Il est fils de pasteur et a perdu la fois suite au décès de sa femme. Cela n'est pas sans évoquer le personnage joué par Mel Gibson dans Signs ou celui interprété par Tom Cruise dans La Guerre des mondes.
On confronte donc un citoyen lambda (professeur au M.I.T. tout de même, faut pas déconner non plus) à des événements étranges, inexplicables, surnaturels. L'implication des chiffres n'a rien de nouveau. Pour ce qui est des productions récentes, un (télé)spectateur a pu entrer être familiarisé avec le sujet par la série Numbers ou encore le film Le nombre 23 (vi, avec Jim Carrey, acteur sous-estimé). Si on remonte un peu dans le temps, on trouve l'excellent Cube, par exemple.
Le film est une démonstration, dont l'enjeu est énoncé dans le premier cours du prof auquel on assiste : hasard ou nécessité ? Et, si nécessité il y a, faut-il invoquer un (ou plusieurs) dieu(x) ? Comme c'est un film grand public, les scénaristes ont tenté de ménager la chèvre et le chou. Du coup, que vous soyez croyant ou athée, vous verrez ce qui concorde avec vos convictions. (Sont malins ces producteurs, tout de même !)
Revenons à l'histoire : on remonte donc ces dessins de gamins de 1959 en 2009... et le fils du héros se voit attribuer le plus bizarre : une série de chiffres. Un soir de cuite, le papa pense avoir décodé (au moins partiellement) le truc. Il va tenter d'empêcher ces catastrophes de se produire... et surtout de comprendre le pourquoi du comment de la chose.
Le séquences de catastrophes sont époustouflantes. Franchement, l'accident d'avion comme celui du métro sont impressionnants de réalisme et de maîtrise visuelle. On a soigné les détails... au point peut-être de parfois choquer une partie du public. C'est donc un bon film d'action, un bon film-catastrophe.
Par contre, la dernière demi-heure m'a laissé sur ma fin. J'ai compris assez tôt quelle était la solution de l'énigme... et j'ai été déçu. Cela devient un peu grand-guignolesque. Dommage, parce que le reste mérite le détour.
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samedi, 04 avril 2009
La véritable histoire du chat botté
C'est bien entendu adapté du conte de Charles Perrault, qui n'était lui-même pas le créateur de l'histoire... Il y a eu des prédécesseurs... et des versions dans lesquelles le héros est une chatte ! Du coup, je me suis replongé dans le XVIIème siècle.
Deschamps et compagnie ont apporté deux modifications majeures à l'histoire. La première est une inversion dans l'importance des membres du couple royal : chez Perrault, c'est le roi qui agit, la souveraine ne jouant aucun rôle, alors que dans le film, à côté du roi fainéant roupilleur s'agite une reine gouailleuse et énergique... Yolande Moreau, bien entendu. Toutes les scènes qui la voient intervenir sont des réussites. L'autre modification est liée à la confrontation du chat et de l'ogre (le seul moment de vraie folie, hélas) : le grand costaud est plus finaud que dans le conte, puisqu'il n'accepte pas de se changer en souris ni en rat (sage décision, quand on sait combien nos amis félidés sont friands de ces petites bestioles qui couinent).
Les images sont magnifiques. Les décors ont été particulièrement soignés (plus que les vêtements des personnages, paradoxalement) et les effets de miroir sont superbes. La musique est entraînante, un peu folk, parfois gitane, reprenant des thèmes célèbres puisés chez Beethoven, Bizet, Mozart, Verdi, Strauss... et même Louis Armstrong. Par contre, les parties chantées sont de faible qualité. Y a-t-il dérision ? Je ne crois pas. Je me serais bien passé des vocalises poussives de la princesse (beau visage, jolie poitrine, taille de guêpe et gros cul) et de son soupirant fils de meunier.
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vendredi, 03 avril 2009
Un barrage contre le Pacifique
C'est qu'il faut bien de la patience pour arriver à voir ce film ! A la base, j'ai été attiré par trois caractéristiques : le sujet (le Cambodge colonial français), l'actrice principale (Isabelle Huppert, vieillissante et in/digne selon les moments) et le réalisateur Rithy Panh (auteur notamment de l'excellent documentaire S21, la machine khmère rouge, sur le génocide cambodgien).
Le résultat est assez emballant, bien qu'un peu long. La réalisation est soignée (dès le début, on nous ravit avec un superbe panoramique suivant les pas de l'héroïne), l'image léchée (superbes plans des rizières... c'est que ça peut monter, le riz !) et le son très soigné (dans une salle de ciné bien équipée, c'est un plaisir d'entendre la pluie tomber, les oiseaux chanter etc).
Les interprètes sont bons, qu'ils soient cambodgiens ou français. Isabelle Huppert bien, sûr, même si elle a quelques absences à l'occasion de certaines scènes (et puis le coup de la faire parler à voix haute quand elle s'adresse à elle-même, c'est moyen moyen...). Gaspard Ulliel (oui, notre Jacquou !) est excellent, en jeune beauf au grand coeur (avec heures de musculation à la clé... faut ce qu'il faut ! Une consolation pour les mâles moins bien achalandés : il a des dents pourries !). Les acteurs cambodgiens sont bien dirigés.
Le côté documentariste de Rithy Panh ressort dans le tableau qu'il dresse de la domination coloniale. Pourtant, ce n'est pas vraiment un film militant. Il est trop contemplatif et esthétisant pour cela, mais l'arrière-plan historique n'est pas négligé. Régulièrement, de "petites" scènes brossent un portrait au final assez accablant de l'action des Français, qu'ils soient colons (sauf l'héroïne), commerçants ou fonctionnaires. Leurs alliés cambodgiens ou sino-cambodgiens ne sortent pas du film grandis non plus.
Sans trop dévoiler la fin, je peux dire qu'il se termine par un plan sur la rizière, aujourd'hui... car le réalisateur est retourné sur les lieux où a vécu la mère de Marguerite Duras, auteur du roman autobiographique dans lequel elle figure sous le nom de Suzanne.
P.S.
Le dossier pédagogique publié à l'occasion de la sortie du film est très intéressant :
P.S. II
Dans Le Monde a été publié un article qui revient sur la problématique et l'histoire du barrage dans la région où a vécu la mère de M. Duras.
02:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film
samedi, 28 mars 2009
Les Trois Royaumes
C'est paraît-il le plus gros succès cinématographique de tous les temps en Chine. Et, là-bas, le film dure plus de 4h30 (contre un peu plus de 2h15 pour la version qui nous est proposée) ! Il aborde des événements célébrissimes en Extrême-Orient, quelque chose que l'on pourrait comparer, pour le retentissement, à la bataille de Waterloo en Europe.
C'est une sorte de péplum chinois, un péplum qui aurait bénéficié d'une armée de figurants et d'une pléthore d'effets spéciaux numériques. Ceux-ci sont d'ailleurs parfois très voyants, en particulier au début : la première séquence présentant la flotte impériale donne l'impression de sortir d'un jeu vidéo. Par la suite, cela s'améliore.
Deux moments sont particulièrement réussis. La "séquence des bateaux de paille" voit l'un des généraux alliés (interprété brillamment par le Japonais Takeishi Kaneishiro) mettre en oeuvre un habile stratagème pour réapprovisionner les troupes rebelles en flèches. (De manière générale, tout ce qui a trait à ce personnage est marqué par la subtilité, l'action de l'espionne en étant un beau symbole.) La deuxième séquence marquante est celle de l'incendie. Là, au moins, les trucages (un mot qu'il n'est plus convenable d'employer depuis que les ordinateurs ont remplacé le carton-pâte...) numériques se justifient.
A ces effets visuels s'ajoutent les scènes de combat. On est en Asie de l'Est, avec John Woo derrière la caméra, donc ne vous étonnez pas que les généraux d'il y a 1 700 ans soient experts en arts martiaux. C'est spectaculaire. Par contre, nombre de scènes de dialogues sont d'une grande platitude. Les acteurs prennent la pose, froncent les sourcils, esquissent un sourire... et donnent parfois l'impression de peiner à retenir un pet.
Les femmes ne sont en général que d'agréables personnages secondaires. On appréciera les interventions de l'espionne. Côté fausse contemplative, l'épouse du général sudiste (incarné par Tony Leung, efficace) joue un rôle plus important que ce à quoi on s'attendait, même si elle est d'abord une image de la compagne raffinée et soumise.
On pourrait se dire que toutes ces intrigues orientales ne vont pas nous concerner, nous pauvres Occidentaux. Eh bien si, finalement. Parce que cette histoire d'affrontement mythique entre deux armes coalisées, avec ces actes d'héroïsme individuels et la rivalité pour la possession d'une femme ne sont pas sans rappeler la guerre de Troie (l'action des dieux grecs en moins).
Enfin, c'est un film de notre époque. Au détour d'une scène, le réalisateur souligne le raffinement des élites, introduit, à travers quelques répliques, des références au taoïsme, met en valeur la maîtrise technique des Chinois de l'Antiquité (avec l'usage des explosifs par exemple), suggère même qu'ils ont inventé le football (ce qui n'est pas forcément erroné d'ailleurs : http://www.storyfoot.com/jeu.php ). On est donc dans le parfait prolongement de la cérémonie d'ouverture des derniers Jeux Olympiques. Ce nationalisme puise dans l'histoire ancienne un ferment de modernité. Paradoxalement, dans ce film, c'est le Premier ministre qui veut unifier de force les trois royaumes qui est le méchant, face aux dirigeants du centre et du Sud de la Chine qui souhaitent la paix dans le respect mutuel. Je ne sais pas s'ils étaient vraiment ainsi, mais, en tout cas, il est frappant qu'un film qui a eu l'imprimatur du Parti communiste chinois propage cette vision.
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dimanche, 22 mars 2009
Pets politiques
Il s'agit d'une parodie du Seigneur des anneaux. Cela pourrait s'appeler Le Seigneur des anus. C'est bien foutu : les dialogues parodiques sont assez bien écrits, l'auteur s'est efforcé de les faire coïncider avec les mouvements des lèvres des acteurs et la qualité sonore est tout à fait acceptable.
Cela s'appelle Les Contes de pets et vous pouvez visionner la chose à l'adresse suivante :
http://video.google.fr/videosearch?q=pet&hl=fr&em...#
Mention spéciale pour les orques victimes des pets !
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mardi, 10 mars 2009
La vague (die Welle)
Le film commence par une séquence durant laquelle on découvre le personnage principal, au volant d'une splendide 504 (méfions-nous des individus qui avalent les kilomètres dans une vieille Peugeot...), écoutant du rock anglo-saxon. On entend très bien, à plusieurs reprises, les paroles "I don't care about history" (Je me fous de l'histoire)... alors que l'intrigue tourne essentiellement autour d'un phénomène historique, ce que les personnages vont d'ailleurs prendre en pleine figure. C'est une allusion à la formule "(Un peuple) qui oublie son histoire se condamne à la revivre".
Comme l'action se passe en Allemagne, de nos jours, dans un lycée pour rejetons de la classe moyenne, on tend l'oreille, on scrute : oui, il va être question du nazisme, plus généralement en fait du totalitarisme, à travers un "cours" original sur l' "autocratie". Le prof, charismatique, est à la fois entraîneur de water-polo et spécialiste de (science) politique (en voilà enfin un qui a bien compris toute la substance de la politique éducationnelle de Xavier Darcos).
Le réalisateur a voulu nous peindre un cadre particulier. Au départ, on a presque l'impression d'arriver sur un campus états-unien, avec ce travelling si caractéristique. De la même manière, la présentation de plusieurs contextes familiaux nous met en contact avec ces banlieusards friqués mais pas trop qui sont si peu autoritaires avec leurs enfants. Au lycée, les mêmes principes sont à l'oeuvre : les ados passent beaucoup de temps dans des clubs, apportent parfois leur pitance en cours et apparaissent souvent complètement "bouffés" par le consumérisme putassier. Je pense que, derrière cette description sans complaisance du milieu, il y a la volonté de faire toucher du doigt que, dans certaines circonstances, certaines des mesures proposées par des mouvements dangereux peuvent avoir de bons côtés.
Pour bien faire comprendre à ses élèves ce qu'est un mouvement populiste , le prof décide d'en créer un, dans sa classe. Il est fondé sur la soumission absolue à l'autorité et l'exclusion (directe ou plus subtile... perverse même) des dissidents. Le grand intérêt du film est l'évolution de ce groupe de jeunes, où la quête identitaire le dispute au besoin de reconnaissance. (Non, je n'enlèverai pas cette phrase grandiloquente.)
Les acteurs sont formidables, à commencer par ce prof sportif, mais les jeunes sont eux aussi épatants.
Le film souffre cependant d'une faille conceptuelle. En théorie, le prof était chargé de faire toucher du doigt à ses élèves la réalité d'un totalitarisme qui se met en place. Il a donc réussi au-delà de ses espérances. Mais, dans le récit, on l'entend affirmer qu'il voulait surtout leur faire découvrir le collectif, la solidarité (à l'opposé de leurs valeurs bourgeoises égocentriques). Le réalisateur a du mal à gérer cette contradiction, entre le prof manipulateur d'un côté et l'ingénu pédagogue de l'autre. Mais cela reste une formidable expérience cinématographique... que j'ai pu voir, en sortie nationale, dans un cinéma aveyronnais, en version originale sous-titrée ! (Pas à Rodez, hélas, mais à Millau... mes compliments au responsable de la programmation des Lumières de la ville.) Ne vous laissez pas influencer par la critique professionnelle snob, qui n'a en général pas aimé.
Sur un sujet proche, j'avais aussi beaucoup apprécié L'Expérience, de Olivier Hirschbiegel, sorti en 2003.
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samedi, 07 mars 2009
Pour un instant, la liberté
C'est l'histoire de deux jeunes hommes iraniens, qui quittent clandestinement le pays, emmenant avec eux deux enfants (un garçon et une fille) pour leur faire rejoindre leurs parents réfugiés en Autriche. En chemin, ils croisent la route de Kurdes et d'autres exilés persans.
Les scènes "iraniennes" sont très belles : les paysages sont magnifiques, les villages pittoresques... et la population parfois truculente. Je recommande tout particulièrement la famille du Kurde, ce personnage-là étant l'une des grandes attractions du film. C'est un escogriffe enjoué (qui pourrait se retrouver dans un film de Kusturica), malin et drôle. La scène avec le masque à gaz est hilarante !
Les enfants sont aussi très bien. J'ai un faible pour la petite fille, intelligente, malicieuse... et mignonne comme tout.
Le film est souvent dur : la condition de sans-papier, en Turquie (sur la route de l'Europe, Allemagne pour les uns, Autriche pour les autres), rabaisse les individus (souvent exploités), qui deviennent parfois prêts à tout pour obtenir ce précieux statut de réfugié. Les spectateurs français, occidentaux, seront peut-être surpris du renversement de situation concernant la Turquie. Chez nous, elle est perçue comme un foyer de migrants, à contrôler. Pour les Iraniens ou les Irakiens, elle est la porte de l'Occident, déjà moderne... et surtout plus libre que leur pays d'origine. L'histoire d'amour qui se noue entre la citadine turque de classe moyenne et l'immigré iranien a valeur de symbole.
Le film est toutefois gâché par la profusion de bons sentiments, le réalisateur se montrant trop en empathie avec ses personnages, incarnés par des acteurs dont le jeu est parfois stéréotypé. Ceci dit, l'histoire étant en partie autobiographique, on peut comprendre qu'il manifeste parfois une trop grande proximité avec le sujet.
Le site officiel : http://www.pouruninstantlaliberte.com/site.html
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mardi, 03 mars 2009
Les Insurgés
Voilà un autre film que j'avais raté à sa sortie. Il faut dire qu'il n'a pas marché des masses : à Rodez, il a été retiré de l'affiche au bout de deux semaines, me semble-t-il. Je suis parvenu à choper une séance dans le Tarn, récemment. A la base, l'histoire (vraie) des frères Bielski, autour de laquelle s'est construit le film, m'intéressait. Un livre a même été publié sur eux.
Ce long-métrage est donc imprégné d'Histoire. La séquence introductive est explicitement calquée sur ces films tournées par des SS ou des policiers allemands sur le front de l'Est. La violence avec laquelle les civils sont traités, l'aide active des Slaves du coin (Biélorusses ici, Lettons ou Ukrainiens ailleurs...), l'hilarité de certains massacreurs campent une situation qu'on aurait tort de ne pas croire dramatique. Très vite, le faux noir et blanc devient couleurs, celles de l'histoire vécue. On retrouve le noir et blanc à la fin, quand il est question du devenir des héros. C'est l'occasion de découvrir leur vrai visage.
Entre ces deux moments, eh bien, il y a deux heures de rebondissements, de morts, de solidarité, de vilenie, de bagarres... d'amour même. Il s'agit d'un film total, hollywoodien sans trop d'excès. On peut regretter la tendance des héros à "prendre la pose", tout comme on sourira peut-être à la mièvrerie de certaines scènes, qui contrastent avec la grande réussite du reste.
Film de guerre, film de groupe, film de couple(s), voilà un copieux menu finalement pas indigeste.
18:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film
vendredi, 27 février 2009
Les petits malins d' "Europe 1"
Comment faire pour retransmettre la cérémonie des César quand une chaîne de télévision en possède l'exclusivité ? La radio Europe 1, qui essaie de remonter la pente en se la jouant "super radio de l'information", a mis au point une petite combine. Le créneau est hyper concurrentiel : France info et B.F.M. sont bien en place et les chaînes d'information en continu (L.C.I., B.F.M. T.V. et I Télé) pensent que, tôt ou tard, l'un d'entre elles sera la C.N.N. française.
Qu'a fait Europe 1 ? Ben on a décidé de filmer plusieurs journalistes (dont Marie Drucker, à qui il arrive de lire ses sms alors qu'elle est à l'image) et un écran de télévision sans doute branché sur Canal +.
On peut visionner le résultat à l'adresse suivante :
http://www.europe1.fr/Decouverte/Talents-et-personnalite/...
Bon, on peut voir les journalistes se faire apporter de la bouffe et de la boisson... ça a un côté "coulisses de l'info".
Ceci dit, ils donnent quand même grosso modo l'impression de se faire chier... et ils ne se foulent pas quand Dustin Hoffman cause en anglais : la traduction est assez lâche...
L'info reste la priorité : alors qu'Elie Seymoun débarque déguisé en "Tootsie" (c'est moyennement drôle... sauf quand il se fout gentiment de la gueule des actrices qui recourent à la chirurgie esthétique), l'un des journalistes prend la peine d'annoncer la victoire de la France sur le Pays-de-Galles au tournoi des Six Nations.
Au bout d'un moment, on sent vraiment que Marie Drucker préfèrerait passer la soirée ailleurs, loin, très loin : elle vient encore de lire ses sms et elle a fini par glisser un écouteur dans son oreille gauche... et puis, quand Agnès Varda, émouvante, fait son petit discours de remerciement, la fille à son papa prend carrément le portable en main. C'est quand même beau, le professionnalisme !
Ah, ce coup-ci, changement : l'écouteur est dans l'oreille droite !...
Le meilleur moment de la soirée : quand les jeunes acteurs de Entre les murs viennent remettre le césar du meilleur décor... l'un d'entre eux, notamment, souhaitant que Sean Penn remplace l'actuel président de la République. (Et j'ai bien aimé quand l'adolescente rebelle du film a fait sa déclaration "Vincent Cassel, je t'aime !")
Ah, maintenant, une greluche (une comique je crois) a un nibard à l'air... (Clin d'oeil à l'Amérique de Sean Penn, Dustin Hoffman... et Janet Jackson !) Qu'est-ce qu'il faut pas faire ! (Elle joue une starlette particulièrement cruche... Y a un paquet de gonzesses dans la salle qui doivent se sentir concernées...)
Cette fois-ci, Marie Drucker, véritablement captivée par son travail, a mis les deux écouteurs (pas dans la même oreille, voyons !).
Je suis content pour Richet, qui décroche le césar de la mise en scène. (Marie Drucker a l'écouteur dans l'oreille gauche.) Et Vincent Cassel obtient ce qu'il mérite ! (Séquence émotion... et l'on se rend compte, à travers la famille Cassel, que le petit monde du cinéma français est décidément très endogame.
Je trouve piquant de voir tous ces snobs ovationner la populo Yolande Moreau... Ceci dit, je n'ai pas vu Séraphine, le grand vainqueur de cette cérémonie, mais cet engouement me semble très politiquement correct. (Cela me rappelle un peu le triomphe de L'Esquive, il y a quelques années... film au demeurant très intéressant.)
22:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film
lundi, 23 février 2009
19e prix des auditeurs du "Masque et la plume"
Il s'agit d'une récompense décernée par l'émission de France inter au nom des auditeurs qui ont voté pour leurs deux films préférés de l'année, l'un français (ou francophone), l'autre étranger.
Dans la catégorie "meilleur film français", le classement est le suivant :
1) Un Conte de Noël
2) Séraphine
5) Stella
7) Le premier jour du reste de ta vie
8) Les Plages d'Agnès
9) Home
10) Rumba
Comme vous pouvez le constater, je n'en ai vu qu'une minorité... sans regret, sauf pour Home. N'allez pas croire pour autant que je dédaigne les oeuvres hexagonales. En voici quelques unes, sorties en 2008, mais qui n'ont pas bénéficié des mêmes faveurs de la critique professionnelle bien à l'aise dans ses charentaises :
- Mesrine, l'instinct de mort et Mesrine, l'ennemi public numéro 1, qui peuvent se voir comme deux volets d'un polar social violent
- Si le genre cérébral vous agrée davantage, alors Cortex devrait faire l'affaire.
- Il existe des gens capables, en France, de sortir du périphérique et de délaisser les émois post-pubères des enfants gâtés de la bourgeoisie parisianiste : Dernier maquis est un film fort sur la France d'aujourd'hui, celle qui trime.
- De la fiction à caractère documentaire au documentaire-fiction, il n'y a qu'un pas, franchi avec talent par l'auteur de L'Apprenti (bien plus réussi que le film de Depardon, encensé par les bobos, mais pas très bien reçu dans les campagnes aveyronnaises)
- Si la belgitude ne vous est pas totalement étrangère, alors vous serez sensibles au charme indéniable de J.C.V.D.
Dans la catégorie "meilleur film étranger", les auditeurs du Masque et la plume qui ont voté ont fait émerger le classement suivant :
2) Two Lovers
5) Les citronniers
6) Into the wild
7) Le Visiteur
8) L'Echange
10) Vicky, Cristina, Barcelona
Comme vous pouvez le constater, je suis un peu plus en phase avec le palmarès étranger. Et pourtant... quelques perles ne figurent pas :
- dans la catégorie "film social", je regrette fort l'absence de It's a free world et de Chop shop
- dans la catégorie "le Moyen-Orient nous intéresse", je trouve scandaleux que des films comme Battle for Haditha et Redacted ne figurent pas ; dans un autre genre, Le Cahier aurait mérité un accessit
- dans la catégorie "film historique grand public", on a semble-t-il un peu méprisé Les Faussaires et Mongol, pourtant de grandes réussites ; moins spectaculaire, Et puis les touristes est tout aussi fort
- si les horreurs de l'Histoire ne vous passionnent pas, vous pouvez toujours vous reporter sur celles du monde contemporain (assaisonnées d'humour acide) : [Rec] et Teeth vous feront passer d'agréables moments
- Vous préférez un humour moins morbide ? Pas de problème ! Notre Michel Gondry est là pour vous satisfaire avec son savoureux Be kind rewind... à moins que vous ne soyez portés sur l'animation : Kung fu Panda et Wall-E vous tendent leurs pattes !
19:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film
jeudi, 19 février 2009
Au diable Staline, vive les mariés !
Le titre original est "La noce silencieuse", qui met l'accent sur la deuxième moitié du film... et sur les conséquences à long terme, tandis que le titre français met en valeur l'une des grandes qualités du film : sa truculence... parce que les Roumains sont un peu les Ritals de l'Europe de l'Est. Le film s'inspire donc de la comédie italienne des années 1950-1970, mais aussi du style "Europe centrale" (Kusturica, dit-on parfois pour simplifier) : les personnages sont hauts en couleur et l'ensemble donne parfois l'impression d'un fouillis plus ou moins bien organisé.
L'histoire se passe à deux époques différentes : les années 2000 (au début et à la fin du film) et l'année 1953, plus précisément le mois de mars, au moment du décès de Joseph Staline. La Roumanie, dont les frontières et les régimes politiques ont fortement varié au XXème siècle, se retrouve, à la fin des années 1940, sous la botte du voisin soviétique. Les communistes roumains gèrent le pays pour le compte du "grand frère". Cela nous vaut de savoureuses scènes, dans lesquelles les bolcheviques locaux sont le plus souvent tournés en ridicule. (L'un des militants, chargé de la politique culturelle, est même affublé d'une moustache hitlérienne !) Cela contraste avec l'image des Soviétiques, toujours inquiétante.
Les héros sont des paysans alcooliques et obsédés, ce qui donne le ton général du film. Celui-ci commence d'ailleurs par un dialogue (à l'époque contemporaine, dans un minibus), un personnage évoquant la régularité de ses déjections :
- Le matin, à 7 heures je pisse et à 8 heures je chie.
- Mais à quelle heure te lèves-tu ?
- A 9 heures !
La petite heure et demi est parsemée de saillies de ce genre, pas toujours réussies, parfois gâchées par le jeu un brin outrancier des acteurs, mais bon, on rigole. La séquence du repas de noces est particulièrement savoureuse, avec cette scène de "téléphone arabe" et surtout, au commencement, un pet d'anthologie !! (Hélas, l'auteur n'exploite pas l'aspect olfactif de la chose, ce qui aurait pu donner encore davantage de force à sa scène.)
Cependant, le rire n'est jamais loin des larmes et, si les personnages sont portés sur la gaudriole, c'est parce que la vie n'est pas toujours drôle. Je vous laisse le soin de découvrir l'arrière-plan dramatique de cette histoire, en partie inspirée de faits réels.
00:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, de tout et de rien
samedi, 07 avril 2007
Les contes de Terremer
Dans la famille Miyazaki, je demande... le fils ! Bonne pioche ! Merci... L'équipe qui entoure le fiston doit comprendre des éléments de celle du père. Il y a quelques similitudes dans la "manufacture" du film. Tout d'abord, ce n'est pas un dessin animé pour débiles mentaux : le début intrigue, tout n'est pas expliqué, il faut patienter... et réfléchir un peu. On est dans un monde où la magie joue un rôle. On remarque aussi le soin apporté aux paysages. Même si, formellement, le fils n'a pas (encore) le coup de patte du père (ça se voit au niveau de l'animation du chat de la reine et des brebis), c'est très joli : par exemple, vers le début, l'arrivée dans cette ville cosmopolite, en plein marché, est l'occasion de déployer des effets très réussis (avec une pointe d'humour, ce qui ne gâche rien), comme lorsque la marchande déploie le tissu quasi transparent ou lorsqu'un quidam expulse la fumée du narguilé, en pleine rue.
Le film n'est toutefois pas sans défaut : sa longueur (1h55) se ressent (contrairement aux œuvres du papa) ; il aurait fallu pratiquer quelques coupes, par exemple dans certaines séquences dialoguées, qui sont un peu trop bavardes.
On part quand même pour un beau voyage initiatique (avec morale à la clé, attention), où les adultes comme les adolescents, les femmes comme les hommes, jouent un rôle important.
16:21 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 09 février 2007
L'année suivante
Pour une fois qu'un film qui a pour cadre la banlieue (les banlieues en fait) ne nous bassine pas d'histoires de Té-Ci, de bagarres dans une ambiance de rap prétentieux, cela mérite d'être signalé. En plus, c'est plutôt bien foutu et bien joué (Ariane Ascaride sort enfin des rôles à la Guédiguian, la petite Anaïs Demoustier se débrouille bien et les seconds rôles masculins sont impeccables.).
C'est l'histoire d'une fille seule : l'héroïne a comme un air de famille avec le personnage incarné jadis par Virginie Ledoyen dans le film de Benoît Jacquot. Mais, ici, c'est une fille seule entourée (de sa mère, sa meilleure amie et d'autres personnages qui ne font qu'effleurer son monde). Sa solitude est liée à une disparition, que je ne raconterai pas.
La "banlieue" est omniprésente : les enfilades d'enseignes moches, les centres commerciaux, les transports en commun, le vol d'un sac et le non-retour d'un personnage africain campent un environnement coloré mais qui glisse un peu sur le personnage principal.
C'est un film assez original, entre chronique contemporaine et journal intime décalé.
Remarque : on y voit des personnages lire, ce qui devient de plus en plus rare dans le cinéma "moderne" !
16:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 29 décembre 2006
Les fils de l'homme
Cela fait plusieurs mois que ce film est sorti, dans une relative discrétion par rapport au commun des grosses productions lénifiantes, et c'est seulement cette semaine qu'on peut le voir à Rodez. Le gros avantage est qu'au lieu de se taper la version doublée, on a droit à la version originale sous-titrée. Par contre, comme il est classé "art et essai", la programmation n'est pas très pratique.
Bon, revenons au sujet. J'aime la politique fiction. Les Britanniques aussi, ça tombe bien. J'avais adoré les romans d'Orwell et "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley. L'année dernière, "V pour Vendetta (adapté d'une BD) ressuscitait le genre. Ici, l'action se passe dans 20 ans. L'un des défauts du film est de ne pas permettre de comprendre les causes de l'infertilité des humains (le nœud de l'intrigue), même si des indices sont semés ici et là : la pollution atmosphérique, une possible guerre chimique ou bactériologique. Sur ce sujet, je pense plutôt que, si une catastrophe survient en liaison avec l'évolution de la population, plus qu'à l'infertilité, il faudra l'attribuer à la surpopulation de notre planète (et à la mentalité lapiniste de bien des régimes culs-bénits). L'autre défaut du film (tiré d'un roman de PD James, au fait... va falloir que j'essaie de le lire) est de s'arrêter trop tôt.
La fiction politique se déroule au niveau de la vie quotidienne : on voit les individus (en particulier le héros, prénommé "Théo"... et qui incarne une sorte de deus ex machina !) et les foules évoluer, avec une forte présence des forces de sécurité. Le contexte britannique actuel joue : la question centrale est celle des immigrés illégaux (pas uniquement originaires des actuels pays en développement : because la catastrophe antérieure, on y trouve aussi des Allemands, des Russes et même des Français... c'est un film polyglotte !).
Au final : un film nerveux, bien mené, bien joué (par Clive Owen, bien sûr, mais aussi par Michael Caine, dans un rôle surprenant !). Attention toutefois aux âmes sensibles : c'est assez violent, à l'image du monde qu'il décrit.
15:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 24 août 2006
Le vent se lève
Ken Loach nous a-t-il gratifiés d'un film consacré aux flatulences ? Eh bien non !! Ceci dit, The wind that shakes the barley (son vrai titre en pas-français, qui signifie "Le vent qui agite l'orge") ne manque pas de souffle. Le vent dont il est question est celui de l'Histoire, avec le tournant que constitue le début de la décolonisation britannique, en Irlande (mais sans référence aux Pâques 1916, tout aussi importantes que le début de la guerre d'indépendance). C'est aussi le vent de la colère, celle des populations qui subissent le joug anglais. Toute armée d'occupation finit par se rendre odieuse, retenez la leçon. C'est aussi le vent du destin, qui unit puis sépare deux frères : le nationalisme mène au fratricide, moi j'vous'l'dis !
Ce côté "donneur de leçon" est parfois trop perceptible... et la fin sombre dans le mélo, je trouve. Ceci dit, le film est prenant, les décors sont magnifiques (ah, la campagne irlandaise...), les acteurs excellents (qu'il faut entendre en version originale - quitte à faire des kilomètres, pour le gaélique et l'accent irlandais). L'intrigue est parfois peut-être un peu complexe pour qui ne connaît pas bien le conflit, mais cela passe.
Dans ce film, j'ai retrouvé le "souffle" qui animait Land of freedom et aussi un peu Bread and roses. Les préoccupations sociales, la marque du cinéaste, ne sont pas absentes, même si on sent parfois de la maladresse à introduire une réflexion socio-économique dans un contexte de lutte nationale.
18:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 16 août 2006
Entre deux rives
C'est une comédie romantique un brin fantastique. On peut la rapprocher (un peu) d'un film avec Dennis Quaid (Fréquence interdite), dans lequel le personnage qu'il interprétait entrait en communication radio avec son père mort 30 ans plus tôt. On peut aussi ressentir un peu l'influence de L'Effet papillon (je ne peux pas expliquer pourquoi sans déflorer le film... donc, allez le voir si vous voulez vraiment comprendre de quoi qu'est-ce que je suis en train de causationner).
Soyons clair : ce n'est pas un chef-d'œuvre et l'aspect comédie est léger. De plus, si on fait bien attention au début, on comprend l'un des ressorts du scénario, qui joue à plein à la fin du film. Mais c'est bien interprété. J'ai été pris par l'ambiance un peu décalée : les personnages vivent dans une agglomération géante, trépidante (Chicago) et aspirent à plus de sérénité, au travers de la maison, du lac, de la pratique épistolaire. On a aussi droit à des vues pas idiotes du tout sur les rapports père-fils, le fait de réaliser ses envies (professionnelles ou autres)... et on comprend pourquoi les boîtes aux lettres électroniques utilisent toutes (ou presque ?) un petit drapeau rouge...
13:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films