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dimanche, 05 juillet 2009

La crise iranienne en B.D.

   Le procédé n'est pas nouveau : il s'agit du détournement d'une oeuvre artistique. La "victime" en est Marjane Satrapi, auteure de l'excellent Persépolis, dont l'adaptation animée a remporté le prix du Jury, en 2007, au festival de Cannes.

   D'après le site du quotidien gratuit 20minutes, ce sont deux Irano-américains qui ont eu cette idée.

   Le résultat est visible, sous forme de diaporama, sur le site flickr.

   On peut aussi accéder aux vignettes individuellement... et même les enregistrer ! 

vendredi, 03 juillet 2009

The chaser

   Fête du cinéma, acte V.

   Et pourquoi pas un polar sud-coréen en version originale sous-titrée ? Le suspense ne porte pas sur l'identité du tueur sadique, puisqu'il est arrêté au bout d'une demi-heure environ. Il se retrouve en garde à vue et avoue tout... sauf l'identité du propriétaire du véhicule qu'il conduisait et sa nouvelle adresse à Séoul. Du coup, la police n'a aucune preuve contre lui. Il lui faut donc retrouver les corps... d'autant plus que la dernière prostituée à laquelle il s'est attaqué n'est peut-être pas encore morte.

   C'est le mac de celle-ci, un ancien policier (sans doute aussi son ancien amant... et peut-être le père de son enfant, qu'elle cache à tout le monde), qui mène la "chasse". Ce n'est pas un type sympathique : il est violent, narcissique... et pas très futé au fond (on en a de multiples preuves dans le film).

   Les thèmes s'entremêlent : c'est une chronique à la fois sociale (sur le vécu des prostituées), policière (les forces de l'ordre n'en sortent pas grandies...), politique (idem pour le maire de Séoul) et amoureuse. C'est dynamique, enlevé. Tout est bien filmé, des scènes d'intimité aux poursuites en passant par les bastons, souvent de nuit. C'est aussi très violent, sanglant même, avec une évidente surenchère, tant au niveau de l'imagerie meurtrière (ah ces coups de marteau qui n'en finissent pas) que du scénario, finalement assez peu hollywoodien (si un jour il prend l'envie à producteur de Los Angeles de faire un remake, je peux vous prédire quelles sont les scènes qu'il va modifier). Le dernier quart d'heure m'apparaît plutôt raté.

   C'est dommage parce que le film est plein de qualités... mais il est assez putassier... un comble pour un long métrage centré sur le devenir de prostituées ! 

19:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma

jeudi, 02 juillet 2009

Let's make money !

   Ouaiiiis, t'as raison, faisons-nous un max de thunes ! Erwin Wagenhofer, remarqué pour son pertinent We feed the world (Le marché de la faim), remet le couvert et, cette fois-ci, il s'attaque au noeud du problème : le pognon, sa concentration et sa circulation.

   Dès le début, il montre et fait parler un de ces requins de la finance, pour qui les questions d'éthique n'entrent absolument pas en ligne de compte dans le travail effectué. Ce portrait est très intéressant par ce qui est montré à l'écran : un homme assez âgé s'informant tout en courant sur un tapis roulant, puis soulevant de la fonte, ensuite dans son véhicule, enfin au bureau. Comme à son habitude, le réalisateur n'ajoute pas de commentaire ; il laisse ce type, intelligent, livrer le fond de sa pensée (comme avec le patron de Nestlé dans son précédent film). La suite du documentaire va se charger d'apporter la contradiction.

   Une séquence, dont on a beaucoup parlé, fait particulièrement sens : il s'agit du "parcours de l'or", de l'extraction au stockage des lingots, en passant par leur fabrication. L'objectif de Wagenhofer est de montrer l'inégalité à l'oeuvre : les entreprises et les banques occidentales s'enrichissent sur le dos du travail des habitants du "tiers monde", dont ils exploitent les richesses. Le propos peut sembler manichéen mais, si le film est clairement orienté, il ne ment pas. Il se contente de mettre l'accent sur un aspect de la réalité. (Je suis néanmoins très dubitatif quant à l'explication qui est donnée de la cause de la seconde guerre d'irak.)

   Côté spéculateurs, on a ceux qui planquent leur pognon à Jersey, en toute légalité, ceux qui étranglent les pays en développement à coup de crédits et ceux qui "investissent" dans l'immobilier, en Espagne par exemple, en Andalousie, où la gestion de l'eau n'obéit plus qu'à une seule règle : le profit des dominants. La crise qui secoue ce pays depuis plus d'un an désormais a frappé tout spécialement le secteur immobilier, le paradoxe étant que la plupart des propriétaires de ces appartements surgis du désert ne comptent pas les habiter, mais les revendre avec profit (ou, à la rigueur, vivre sur les loyers versés). Le pire est que nombre d'épargnants ont, souvent sans le savoir, souscrit à des placements orientés vers ce type de spéculation.

   Côté exploités, on a les Indiens, qui ont la chance d'habiter un pays qui ne cesse de se développer, un pays où, lorsqu'on est un digne entrepreneur allemand par exemple, on peut développer sa boîte comme on veut, grâce notamment à une main-d'oeuvre docile (même si, dans certains secteurs, elle "coûte" de plus en plus cher). Je rapprocherais cet intervenant de l'ingénieur agronome de We feed the world, qui prétend comme lui à l'impartialité et sait mettre en valeur quelques points positifs à propos d'un sujet sur lequel on sent que l'auteur du film a un point de vue très différent.

   L'expert politique qui tient le rôle de Jean Ziegler dans l'autre film est ici un député allemand. Ses propos, sans être inintéressants, marquent moins que les images des séquences qu'ils accompagnent.

01:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

mardi, 30 juin 2009

L'aube, le soir ou la nuit

   Il s'agit bien entendu du livre écrit par Yasmina Reza à partir des notes qu'elle a prises durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007. Je n'ai acheté le bouquin que très récemment, à sa sortie en poche. A la base, je ne pensais pas apprendre grand chose sur une période que j'ai bien suivie dans la presse.

   Confirmation : ce court livre ne révèle pas de secret, enfin rien qui ne soit connu de ceux qui s'intéressent à la politique française... rien sauf le lien qu'a entretenu l'auteure avec un rival de l'actuel président. En effet, à plusieurs reprises il est fait mention d'un certain "G", homme influent, conscient de son importance, dont Y. Reza parle avec une tendresse indéniable. Au départ, vu le profil, j'ai songé à Dominique de Villepin. Mais ça ne collait qu'à moitié. Et puis je me suis souvenu que la dramaturge est "de gauche" (la gauche caviar, faut pas déconner non plus !). Mon attention s'est donc portée sur un autre gros queutard, que l'on peut rattacher à l'initiale G : Dominique (Gaston) Strauss-Kahn. La confirmation est venue du blog de Pierre Assouline (et d'un article du Sunday Times).

   Voilà pour la chronique "pipol" (encore que... cela nous donne un éclairage supplémentaire sur la nomination de D.S.K. au F.M.I.). Passons au contenu du livre à présent. Il est peu volumineux. Y. Reza a choisi d'évacuer les déboires conjugaux de N. Sarkozy, mais aussi tous ces attouchements qui font le sel d'une campagne (ça nique dans les entourages de candidats !). Elle a aussi, je crois, choisi de laisser de côté tout ce qui pouvait entamer la crédibilité du personnage. Entendons nous bien : elle ne passe pas sous silence les nombreux défauts de l'ancien ministre de l'Intérieur, mais les aborde systématiquement de manière positive, rendant presque le personnage attachant.

   Elle a visiblement succombé au charme, passant du vouvoiement au tutoiement. C'est honnête de sa part de ne pas le cacher. Elle le fait comprendre en nuance : au début elle écrit vouloir s'attacher au voussoiement (pour garder de la distance), mais très vite, on comprend qu'elle est passée au tutoiement. Par contre, on peut lui reprocher de ne pas avoir pris de recul par rapport à sa propre évolution. Comme elle a écrit son livre quelques semaines après la fin de la présidentielle, elle aurait pu apporter quelques éléments de réflexion sur sa propre incapacité à rester distanciée.

   C'est devenu tel qu'elle prend fait et cause pour son poulain quand la presse ou les intellectuels le dénigrent. Je ne citerai pas ici les attaques systématiques dont elle gratifie Michel Onfray. Je préfère aborder le cas de deux journaux. Il est d'abord question du Canard enchaîné. A la page 75 (de l'édition de poche), il est écrit : "La visite de Madrid a été en partie gâchée par un article infamant et dérisoire du Canard enchaîné." Bigre ! Voilà que la "probité" de l'ancien maire de Neuilly est remise en cause. L'article en question, publié dans l'édition du 28 février 2007, traite de l'appartement de l'île de la Jatte. Le voici :

politique,de tout et de rien

   Depuis, l'affaire a fait l'objet d'une enquête préliminaire... prestement close...

   Toujours aussi courageuse, Y. Reza s'en prend ensuite à une tribune anti-Sarkozy, publiée dans Libération le 30 avril 2007. A vous de juger, rétrospectivement, si l'on peut se contenter d'évoquer la "faiblesse du texte" (page 118).

   Quelques mots sur le style, pour terminer. La volonté de ne pas trop réécrire les notes prises sur le fait (ou de laisser cette impression) est évidente. Entre la posture pseudo-surréaliste (garder le matériau brut) et la tentation du Verbatim à la Jacques Attali, l'auteure penche plutôt pour l'intello-reportage, délaissant la plupart du temps les guillements, ce qui donne un texte parfois confus, où il est difficile de démêler ce qui revient à telle ou telle personne. Je ne sais pas si c'est volontaire ou l'expression de l'inconscient, mais cela traduit assez bien la proximité trouble de Yasmina Reza avec son sujet.

Toute l'histoire de mes échecs sexuels

   Fête du cinéma, acte III. C'est un documentaire autobiographique, réalisé par le Britannique Chris Waitt. Celui-ci, plutôt beau garçon, assez "cool", qui, de l'avis général, embrasse bien et qui nous fait comprendre que son anatomie pénienne est plus que satisfaisante, se demande pourquoi il s'est tant fait plaquer par les filles. Ce film est donc une sorte d'auto-enquête.

   C'est très drôle parce que l'auteur ne cache pas ses défauts : il est feignant, plutôt sale, répugne à toute sorte d'engagement et arrive systématiquement en retard à ses rendez-vous... quand il ne les a pas purement oubliés. Techniquement, c'est essentiellement du champ / contrechamp, les scènes étant filmées tantôt par le caméraman qui accompagne Waitt, tantôt par lui-même.

   Le projet cinématographique met du temps à prendre forme parce que ses ex refusent tout simplement de le revoir. Et, quand par bonheur l'une d'entre elles accepte, c'est l'occasion de découvrir combien il a pu être naze ! Non seulement ces moments dégradants n'ont pas été coupés au montage, mais le film résulte plutôt de leur assemblage. On finit même par apprendre que notre héros est un mauvais coup au pieu... et que, depuis plusieurs années, il souffre d'impuissance !

   Pour tenter de résoudre ses problèmes, il recourt aux services de sa maman (excellentes séquences qui voient celle-ci lui dire -gentiment- ses quatre vérités ou remettre un peu d'ordre dans ses affaires)... et se met en quête d'une nouvelle petite amie. Je vous rassure : il finit par en dégoter une, un peu barge d'ailleurs, mais après avoir récolté des dizaines de rateaux !

   Avant cela, il a fini par essayer le viagra... un peu trop même, puisqu'à la suite de l'absorption d'une dizaine de cachets bleus, il se retrouve avec une méga érection douloureuse ! Il faut dire que notre héros souffre beaucoup : entre les réflexions acides de ses ex et son incapacité à bander, il est perdu et même la petite séance sado-maso au cours de laquelle il se fait fouetter les parties génitales n'est pas parvenue à lui remettre les idées en place !

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lundi, 29 juin 2009

Dans la brume électrique

   Fête du cinéma, acte II. Cette manifestation est l'occasion de voir des films que l'on a ratés à leur sortie... de préférence en version originale sous-titrée, comme c'est le cas ici. Faut pas oublier que l'action se passe dans la Louisiane d'après l'ouragan Katrina, même si aux meurtres contemporains se superpose une affaire vieille de 40 ans...

   Il s'agit donc d'un polar. Si l'histoire est américaine, le réalisateur est français, puisqu'il s'agit de Bertrand Tavernier. Eh bien, je vous assure, si on ne le sait pas avant de voir le film, on est persuadé que le réalisateur est un authentique yankee. Tavernier s'est parfaitement coulé dans le style (qu'il affectionne) des metteurs en scène des films de ce genre.

   Comme c'est un bon polar, l'histoire marie le suspense à la chronique sociale. Honnêtement, si vous êtes amateur-trice de films ou romans policiers, vous découvrirez le fin mot de l'énigme assez rapidement. Cela permet de se concentrer sur le contexte, les relations interraciales comme on dit là-bas et le décor des bayous... le tout agrémenté par la présence d'une équipe hollywoodienne vraiment insupportable.

   Bien entendu, Tommy Lee Jones (déjà excellent dans No country for old men et Dans la vallée d'Elah) incarne un flic bourru, franc-tireur, pas très respectueux du règlement. Les méchants sont très méchants. C'est plein de pourris qu'il faudrait zigouiller à coup de carabine !

   L'originalité du film tient dans son onirisme, le côté surnaturel, avec l'intervention d'un général sudiste (dont il faut prendre la peine d'écouter les paroles, parfois à double sens). Les tons bleutés ou bruns donnés à l'image renforcent le sentiment d'étrangeté : dans cette Louisiane crépusculaire, voire lunaire, les comportements déviants se développent... mais l'important est de rester fidèle à ses "valeurs"...

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dimanche, 28 juin 2009

Coraline

   Fête du cinéma, acte I. Voilà un événement qui, à l'origine, visait plutôt un public d'ados lycéens, d'étudiants et/ou de vacanciers. Pas facile de voir beaucoup de films quand, sur les trois jours que durait cette manifestation auparavant, on en travaillait deux. La décision d'étaler la "fête" sur une semaine complète, démarrant un samedi, est donc une bonne nouvelle pour tous les actifs passionnés de cinéma.

   En route donc pour cette animation très particulière, très "tim-burtonienne", qui mêle le conte féérique et l'épouvante macabre (cela fiche quand même un peu les jetons). On retrouve l'esprit des Noces funèbres, à ceci près que les héros sont des enfants. Les adultes montrés de manière positive sont des marginaux, des foldingues sympathiques. Mais que dire des parents de l'héroïne, caricatures de bobos, rivés à l'écran de leur ordinateur, le père très djeunse attardé, à côté de ses pompes, la mère dominatrice qui se refuse à faire la cuisine. On sent une critique assez forte de la "nouvelle bourgeoisie" américaine progressiste. Par contraste, les parents de substitution, assez emballants au premier abord, sont très "tradi" : ils prient avant le repas, consacrent du temps à leur fille, font du jardinage... et c'est la mère qui cuisine.

   Mais cette façade lumineuse cache de noirs desseins. Ce film joue donc bien le rôle des contes de fées : il donne des leçons de vie à ses spectateurs, les met en garde contre les travers humains et invite à regarder au-delà des apparences.

   La forme est absolument splendide. Les décors sont somptueux et l'animation d'une qualité exemplaire, avec plein de trouvailles visuelles (on a évidemment ajouté des effets numériques aux mouvements des poupées) : cela va du piano à mains aux souris qui forment un mot en passant par le jardin visager, le cadre photo animé ou encore les canons à barbe à papa. Le scénario ménage de multiples rebondissements, certains dus au deus ex machina de cette histoire... un chat ! Miaouuuu !

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samedi, 27 juin 2009

Lascars

   Ouahh, sur la vie d'ma mère, ta race que c'est un film qui cause de la lieu-ban ! Ouais, avec la tchatche et tout ! Tain les filles, que des bombasses ! Et les keums comme ils se la jouent, les mythos, grave !

   On risquait fort de tomber dans les clichés... l'important étant de s'en relever ! Alors oui les dialogues de djeunses dominent ce film, oui les jeunes femmes sont "kiffantes" et ressemblent davantage à des fantasmes de mecs qu'aux femmes de la vraie vie, oui la fascination pour la célébrité et le pognon anime les personnages.

   Mais c'est plus que cela. Le graphisme tout d'abord est original. C'est le résultat d'un mélange entre "l'art de rue", les tags et le dessin animé commercial japonais. C'est détonnant, expressionniste à souhaits, parfois même surréaliste (je pense notamment à une poursuite en bagnole). Je recommande aussi toutes les scènes où apparaissent des policiers... qui, à un moment, nous gratifient d'une "danse des canards" (revue et corrigée par les "Schmitts") pas piquée des hannetons...

   C'est surtout très drôle. Les mecs sont des losers patentés... qui se démènent comme de beaux diables pour s'en sortir : le film, s'il ne cache pas certaines des difficultés qui touchent les "quartiers sensibles", a une tonalité globalement positive, même s'il frôle parfois le drame. C'est son grand talent.

   Côté voix, les acteurs et actrices s'en sont donnés à cœur joie. On sent chez eux une véritable jubilation à incarner ces personnages tranchés, à la langue bien pendue.

   Attention toutefois : c'est un peu cru, c'est un vrai film d'ados et d'adultes. Dans la salle où je l'ai vu, une maman et son fils de 6-8 ans sont partis au bout d'un quart d'heure.

00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

mardi, 23 juin 2009

Dernière saison - Combalimon

   Voici un nouveau documentaire agricole qui synthétise en quelque sorte bien de ses prédécesseurs... ainsi que quelques films de fiction à la base bien documentés. Il a été tourné dans le département du Cantal, sur le territoire de la commune de Saint-Urcize, mais dans une région frontalière. Voici de quoi vous repérer :

Carte Aubrac.doc

   Nous sommes sur l'Aubrac cantalien, tout près de la Lozère (dans le film, Jean, le paysan, téléphone à une connaissance de Nasbinals) et de l'Aveyron (il n'est pas excessif d'affirmer que Saint-Urcize est située dans l'arrière-pays de Laguiole). C'est dans ce (magnifique) département que notre fermier a acheté nombre de ses vaches : dans le film, il dit avoir été en affaire avec quelqu'un de Thérondels, sans doute la commune aveyronnaise du Carladez, une région proche de l'Aubrac et il parle d'un marchand de bestiaux du nom de Latieule, un patronyme typiquement aveyronnais.

   Le film commence par une séquence qui nous mène à un vêlage, celui d'une vache Aubrac. Au départ, on ne sait pas trop à quoi s'attendre ; ce n'est que lorsque l'on distingue le cul de l'animal que l'on se rend compte que quelque chose dépasse... juste avant que l'animal ne se couche et ne commence à mettre bas. C'est toujours un moment impressionnant.

   Puis il est question de la solitude de ce vieux célibataire (qui plus est fils unique) de 66 ans, qui a conclu un drôle de mariage avec une Camerounaise qui a pris depuis la poudre d'escampette. Son ami lozérien a lui aussi connu une mauvaise expérience, avec une Marocaine semble-t-il. C'est un sujet délicat, qu'une fiction comme Je vous trouve très beau avait abordé avec un certain tact (la promise étant, dans ce cas, originaire de Roumanie). En gros, les anciennes colonies françaises voire les D.O.M.-T.O.M. (et même l'Ile Maurice) ont été pourvoyeurs d'épouses pour les paysans esseulés. Les mariages ne se sont pas toujours déroulés dans la plus grande harmonie, loin de là...

   Ensuite, une séquence plus attendue nous présente les difficiles négociations menées autour de la vente du bétail. Déjà que la conversion des euros ne simplifie pas les choses, mais, de surcroît, le héros raisonne encore en anciens francs ! Cette partie fait peut-être écho au premier volet de la trilogie Profils paysans de Raymond Depardon, dans lequel une séquence de ce type est visible.

   Enfin, il est question de la transmission de l'exploitation. Pierre Barrès ne veut pas voir ses terres accaparées par les "gros" de la région, avec lesquels il semble avoir eu maille à partir dans le passé. Mais c'est qu'on ne se bouscule pas au portillon ! Il y a bien une stagiaire, fort sympathique, volontaire, mais pourra-t-elle tenir le coup ? Le vieux paysan en doute (un peu à l'image du personnage joué par Michel Serrault dans le très beau Une hirondelle a fait le printemps)... d'autant plus qu'au lieu d'élever des vaches, elle veut implanter des brebis et transformer leur lait en fromage.

   Le film s'achève sur cette incertitude, porteuse d'espoir, même si je doute qu'elle lui ait succédé.

   Deux documents, quasi jumeaux, permettent d'appréhender le film : le dossier de presse oiginal (à mon avis) et le dossier pédagogique réalisé par "zéro de conduite". Le site eurozoom permet aussi de visionner des extraits du film.

   Laissez-vous tenter ! C'est une vraie réussite (contrairement à d'autres), avec beaucoup d'humour et un personnage principal très attachant.

00:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

lundi, 22 juin 2009

Toto qui vécut deux fois

   C'est un film italien, en noir et blanc, dont l'action se déroule  sans doute en Sicile... mais en fait symboliquement au Proche-Orient, puisque les évangiles sont très souvent parodiés. Cela a d'ailleurs valu quelques ennuis au film qui, dans un premier temps, a été censuré en Italie, avant de finalement sortir avec une interdiction aux moins de 18 ans.

   Les auteurs me donnent l'impression d'être un peu les équivalents ritals de l'équipe de Groland... Côté références, s'il y a une évidente filiation avec le "vieux" cinéma d'avant les années 1960 (le noir et blanc est très joli, les effets d'ombre et de lumière travaillés), on peut aussi évoquer un cousinage avec un film plus récent, d'Ettore Scola : Affreux, sales et méchants.

   Les personnages principaux sont donc moches (édentés, obèses...), sales, teigneux voire violents : des groupes mafieux font régner leur loi... mais parfois tout ne se passe pas comme prévu. Qu'est-ce qui travaille toutes ces personnes ? Le cul et le fric. Il est donc normal que l'arrivée d'une prostituée (interprétée, comme les vieilles femmes, par un homme à la sensualité que je qualifierai de... débordante) suscite un grand enthousiasme dans ce bourg du bout du monde, où nombre de mâles esseulés se retrouvent dans les toilettes du cinéma pour se masturber...

   Ah, oui, j'oubliais : si vous êtes en quête d'humour raffiné, passez votre chemin. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait quatre spectateurs de la séance à laquelle j'ai assisté. Deux lycéennes n'ont pas voulu aller plus loin que le premier quart d'heure, qui voit se succéder une scène de zoophilie, la branlette collective au cinoche et l'érection progressive d'un âne. Un (jeune) couple est parti peu de temps après, sans doute dépassé par la puissance des dialogues qui oscillent entre scatologie et pornographie... Petites natures ! (Ils ont donc raté la bluette homosexuelle et la  sodomie du faux ange par trois obèses, qui les auraient certainement ravis.)

   Ceci dit, tout n'est pas réussi. Le lien entre les séquences est parfois ténu et, malgré la relative brève durée du film (1h30, en cette période d'inflation pelliculaire, c'est court), on perçoit quelques temps morts. Mais, bon, si vous n'êtes pas trop coincés et que vous avez envie d'une bonne tranche de rigolade, vous pouvez vous laisser tenter...

14:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

dimanche, 21 juin 2009

Amerrika

   C'est une nouvelle lecture du "rêve américain", à la sauce du XXIème siècle, le contexte proche-oriental en plus : l'héroïne est une Palestinienne (mais issue de la minorité chrétienne) qui quitte la Cisjordanie peu avant l'invasion de l'Irak par les troupes yankees. Cela nous vaut d'intéressantes scènes au début, notamment sur le comportement des soldats israéliens. Précisons que la réalisatrice est une Américaine d'origine jordanienne. Ainsi qu'elle le déclare dans le dossier de presse, la part d'autobiographie est grande dans le film.

   Il y a donc un fond dramatique à cette histoire : l'occupation israélienne de la Cisjordanie (avec ses conséquences multiples), l'unilatéralisme de la politique étrangère de George W. Bush et le racisme de certains Blancs américains. Fort heureusement, plusieurs personnages sont introduits pour nuancer ce dernier point (le proviseur, le jeune collègue au piercing et l'employée de banque notamment).

   C'est aussi une comédie, qui joue sur le supposé sentimentalisme des Orientaux et pointe les difficultés d'intégration, le déclassement social. On vit les joies et les peines de ces migrants à travers notamment les yeux de l'héroïne (magnifiquement interprétée par Nisreen Faour), qui souffre d'un handicap supplémentaire : elle est obèse.

   Tous les acteurs sont formidables. Certains visages paraîtront familiers à ceux qui ont déjà vu de bons films (classés "art et essai") consacrés au Proche-Orient. Ainsi, la soeur de Mouna, Raghda, est interprétée par Hiam Abbas, remarquée, entre autres, dans La fiancée syrienne ou encore Paradise now.

22:50 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

samedi, 20 juin 2009

Jusqu'en enfer

   Sam Raimi revient à ses premières amours : le film d'épouvante. Pour le scénario, il s'est fait aider par le frangin Ivan (qui a déjà mis la patte aux scénars de L'armée des ténèbres et de Spiderman 3).

   C'est un film conforme aux "canons" du genre : certains personnages font ce qu'ils ne devraient pas faire, les acteurs sont souvent filmés de dos et la musique est là pour ficher les jetons quand il faut. Comme on est au XXIème siècle, les effets spéciaux numériques déchirent : ils rendent certaines séquences gores à souhaits... et instillent parfois une note d'humour. Mais, bon, ne vous attendez à rien d'extraordinaire d'un point de vue filmique. C'est du travail correct. Seule la séquence du cimetière (avec actrice principale en T-shirt mouillé dans la boue... mmm) sort du lot, d'un point de vue photograhique.

   Le meilleur du film est son propos sociologique, voire politique. C'est une critique du travail des banques (la crise des subprimes est dans toutes les têtes aux States) et du carriérisme. C'est donc l'intransigeance de la banque qui est à la source de la malédiction... et la féroce compétititon que se livrent deux des employés ne va pas arranger les choses. De la même manière, au passage, le réalisateur choisit d'épingler le conservatisme social d'une partie de la grande bourgeoisie.

   On peut dire que Raimi s'est compliqué le travail : au lieu de choisir la facilité, avec une héroïne siliconée, débile, gosse de riche et pétasse, il a bâti un personnage attachant, celui d'une ancienne grosse devenue jolie, fille de fermier qui s'est élevée à la force du poignet.

   Comme dans tout bon film d'épouvante, la fable morale n'est pas loin. A la base, le spectateur prend connaissance de la force de la malédiction à travers un ancien cas (que l'on relie plus tard directement à l'histoire principale), lié à un vol. Toute faute, tout péché doit être expié.

   On remarquera que le surnaturel surgit des groupes de population situés à la marge : les gitans, les Mexicains (l'action se passe en Californie). Je ne révèlerai pas la fin, mais plusieurs pistes sont suggérées dans la seconde moitié du film... et celle retenue par les scénaristes se devine assez aisément.

22:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

vendredi, 19 juin 2009

Le sens de la vie pour 9,99 $

   C'est un film d'animation australo-israélien, fondé sur la technique du stop motion (dite aussi animation image par image... oui, comme dans Wallace et Gromit, Chicken run -sauf qu'il ne s'agit pas ici de pâte à modeler- mais aussi Les Noces funèbres), à partir de marionnettes. Imaginez le boulot que cela a dû représenter, même si le film dure un peu moins d'1h20 !

   C'est la chronique douce-amère d'un quartier et plus précisément d'un immeuble, qui pourrait se trouver à Tel Aviv (ou peut-être Sydney... voire New York). On y croise un veuf esseulé, qui tente de nouer des contacts avec les autres habitants, notamment un jeune homme qui vit avec son père. Celui-ci est une caricature de petit bureaucrate, replié sur lui depuis que sa femme l'a quitté (et quel bide !). Son fils tente de lui redonner goût à la vie... et puise son inspiration un peu partout, notamment dans des bouquins, comme celui qui a donné son titre au film.

   Mais le personnage le plus original de cette petite famille est sans conteste le fils aîné, qui bosse dans une boîte de recouvrement. Cela nous vaut, au passage, quelques scènes assez dures sur la saisie mobilière. Mais ce personnage va surtout se distinguer par l'histoire d'amour qui naît entre lui et un mannequin qui emménage dans l'immeuble. Cette partie du film, au départ la plus terre à terre, devient franchement surréaliste.

   C'est d'ailleurs la marque de fabrique du film : le balancement régulier entre la description minutieuse des rapports humains au sein d'un petit groupe de voisins et les envolées fantastiques. Ainsi, l'un des habitants de l'immeuble (qui se fait larguer par sa copine l'institutrice) est parfois rejoint par trois petits compagnons facétieux (ah, le pet enflammé !...)... surtout quand il a picolé et/ou fumé des joints...

   Le summum est atteint à travers le personnage de l'ange, qui n'a pas grand chose d'angélique. Je vous laisse le plaisir de découvrir les péripéties liées à ce deus ex machina qui n'arrange pas vraiment les choses. Ici l'humour est noir, grinçant.

   L'émotion est plus grande lorsqu'il est question du veuf, mais surtout quand le petit garçon apparaît à l'écran. L'histoire bâtie autour des économies et du petit cochon est très belle, accordant une place grandissante à cette tirelire inanimée qui imprime l'imaginaire enfantin.

   Le portrait social ne serait pas complet sans que ne soit évoquée la force du consumérisme, à travers le démarchage téléphonique. Ces enquêtes de consommation, sorte de fil rouge du film, donnent lieu à des moments assez cocasses.

   Notons que la qualité de l'animation est grande. Aux effets cinématographiques proprement dits sont couplés les mouvements des marionnettes, criants de vérité (de la marche aux pleurs en passant par les caresses). A la fin, on en voit même faire quelques plongeons dans un lac !

   Ajoutez à cela une musique subtile et légère, et vous obtenez une grande réussite !

   Voici l'adresse du site officiel :

http://www.9dollars99movie.com/

11:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

mardi, 16 juin 2009

Herbe

   Et un documentaire agricole de plus ! Depuis trois-quatre ans, le genre fait florès, et les Français ne sont pas à la remorque de cette tendance. Cela donne des films aussi réussis que We feed the world, Notre pain quotidien, L'apprenti ou Les brebis font de la résistance, mais aussi des demi-échecs comme La vie moderne.

   Ici, comme dans d'autres films, le point de vue est militant. On compare deux manières de pratiquer l'agriculture, en Bretagne. Ceci dit, c'est honnête : chacun peut exposer son point de vue. Du coup, l'élevage bovin est vu de manière moins anecdotique... mais ce n'est guère passionnant. Alors que le sujet m'intéresse à la base, j'ai vraiment eu du mal à rester accroché à ce film. Il souffre vraiment de la comparaison avec d'autres documentaires ou semi-documentaires consacrés au monde agricole. Franchement, vu le battage qui a été fait autour, c'est une déception.

20:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film

samedi, 13 juin 2009

Des robots au Japon

   On peut s'intéresser à une émission de reportages diffusée sur France 5 : Echappées belles. Celle du samedi 6 juin 2009 propose d'abord une virée à Liverpool. Vous pouvez passer les 45 premières minutes pour arriver au dernier quart d'heure, consacré au Japon.

   On nous y propose des vues urbaines du Japon (d'Osaka et Kobe en particulier) et une réflexion sur le développement de la robotique, très en pointe au pays du soleil levant. Le premier androïde que l'on voit n'est pas encore très abouti, mais je vous garantis que vous serez surpris-e par le second.

   La dernière petite séquence japonaise nous mène dans un parc public, où les promeneurs croisent en toute décontraction de petits cervidés, les cerisiers en fleur n'étant pas loin...

13:19 Publié dans Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien

vendredi, 12 juin 2009

Nous resterons sur terre

   Le principe est le suivant : on a interrogé quatre "personnalités éminentes" (Wangari Maathai, Mikhaïl Gorbatchev, Edgar Morin, James Lovelock) et on a "monté" leurs réponses, de manière à les confronter à des images tournées aux quatre coins du monde (dans 21 pays, je crois). Les intervenants ont été choisis parce chacun incarne un type d'engagement : la fondatrice d'O.N.G. dans un pays en développement, le politique, l'intellectuel, le scientifique.

   Les images ont été tournées dans des lieux "remarquables" ou sur des sites qui subissent d'importantes dégradations : on nous propose des montagnes de déchets empilés, des zones victimes de la déforestation ou de l'exploitation pétrolière...

   Le visuel est très joli. Dans une grande salle, c'est appréciable. Mais... qu'est-ce que c'est ennuyeux ! Les interventions des "spécialistes" sont assez pontifiantes, se limitent trop à des idées générales. Du coup, j'ai failli m'endormir !

http://presse.nousresteronssurterre.com/

12:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

mercredi, 10 juin 2009

Petit mensonge de la soirée électorale

   Petit, mais très souvent répété ! Sur le coup, je n'ai pas vraiment fait attention. Par la suite, je me suis bien dit que le propos, répété en choeur par presque tous les intervenants U.M.P., qui avaient bien appris leur leçon, méritait que l'on s'y attarde.

   De quoi s'agit-il ? Tout simplement de l'affirmation que les élections européennes de 2009 auraient vu, pour la première fois, la victoire du parti présidentiel depuis qu'elles s'effectuent au suffrage universel direct (c'est-à-dire depuis 1979, ce qui ne nous rajeunit pas). En fait, plusieurs des intervenants que j'ai entendus à la radio (Nadine Morano, Rachida Dati et Xavier Bertrand notamment) ont joué sur l'ambiguïté de la formule : est-ce la première fois tout court ou est-ce la première fois depuis les élections de 1979 ?

   Evidemment, ce n'est pas la vraie première fois. En 1979, la liste menée par Simone Veil était arrivée en tête lors du scrutin européen... ce qui, incidemment, avait sans doute contribué à l'arrivée de l'ancienne ministre à la tête du Parlement européen. Or, elle conduisait une liste estampillée U.D.F., le parti du président Valéry Giscard d'Estaing. A l'époque, elle avait dû faire face aux attaques virulentes des colistiers de Jacques Chirac (ancien Premier ministre), qui lui menait une liste R.P.R. ...

   Au passage, on notera que, 5 ans plus tard, c'est sous la direction de l'ancienne magistrate que les deux frères ennemis de la droite concourent aux élections européennes de 1984. La mémoire est parfois injuste. On n'a souvent retenu de ce scrutin que l'émergence du Front National, qui, sous la houlette de Jean-Marie le Pen, avait recueilli un peu moins de 11 % des suffrages exprimés. On a un peu vite oublié l'écrasante victoire de la liste conduite par Simone Veil, qui avait réuni 43 % des voix, le P.S. étant loin avec un peu moins de 21 %. Avouez que cela avait autrement plus de gueule que les poussifs 27 % des listes U.M.P. en 2009 !

   En 1989, rebelote !... Pas totalement en réalité. Si une liste d'union R.P.R.-U.D.F. arrive bien en tête à l'occasion des élections européennes, elle a subi la concurrence d'une liste centriste, menée par Simone Veil. "Momone" n'a pas hésité à se présenter contre son ancien mentor, V.G.E., qui conduisait la liste d'union. Du coup, la victoire de "l'ex" a été assez étriquée.

   Bon, tout ça pour dire que nos journalistes ont manqué quelque peu de répartie quand ils ont recueilli les réactions des politiques. J'ai bien entendu, sur France inter (France info ?) je crois, un des animateurs reprendre Nadine Morano quand elle s'est mise à débiter sa leçon, mais j'aurais aussi apprécié que le recul critique s'appuie sur une meilleure connaissance des scrutins passés. C'est tout de même leur boulot !

   Pour terminer, on peut ajouter que la volonté de comparer le résultat des élections européennes au bord politique de l'occupant de l'Elysée n'est pas toujours pertinente... en particulier en période de cohabitation. Ainsi, on peut estimer que la victoire de la liste menée par Dominique Baudis en 1994 confirmait la domination des duettistes R.P.R.-U.D.F., au pouvoir depuis 1993 (avec le gouvernement Balladur). La même réflexion peut être faite à propos du scrutin de 1999. La liste socialiste arrive en tête, alors que le pays est dirigé depuis déjà deux ans par la coalition de "gauche plurielle". Plus qu'avec l'orientation du président, c'est avec la tendance gouvernementale qu'il faut comparer les résultats... quitte à froisser quelques susceptibilités.

samedi, 06 juin 2009

Le Voyage de Primo Levi

   Primo Levi était un Italien juif, déporté à Auschwitz, où sa compétence scientifique (il était chimiste) lui a sans doute sauvé la vie : il a travaillé dans le troisième camp, celui dit de Buna-Monowitz (comportant une usine de caoutchouc). Il raconte cela dans son plus célèbre livre : Si c'est un homme.

   Mais le film que j'ai vu traite d'un autre aspect de sa déportation : le périple accompli en Europe entre sa libération, en janvier 1945, et son retour en Italie, plus de huit mois plus tard. Ce voyage est le sujet d'un autre livre de Primo Levi : La Trève, qui a été adapté au cinéma en 1997 par Francesco Rosi (avec John Turturo).

   L'originalité de ce Voyage est d'être un parcours contemporain sur les traces de Primo Levi. Au début, une carte dynamique décrit le parcours chaotique de l'ancien déporté, qui va être celui du film. Des images d'archives (montrant le plus souvent Primo Levi) sont insérées entre les séquences tournées au XXIème siècle.

   Tout commence donc par Auschwitz, pour se poursuivre en Europe de l'Est, revenir en Europe centrale et finalement aboutir en Italie du Nord. Je dois dire que le résultat est très inégal. Si le début est assez fort, le suite, qui se déroule en Pologne et en Ukraine, est assez décevante... et mal filmée. Je ne sais pas si c'est dû à la copie du film ou au fait qu'il ait en partie été tourné en vidéo numérique, mais c'est assez laid à regarder. De surcroît, je ne vois pas trop ce que le 11 septembre 2001 vient faire là-dedans. Montrer Ground zero n'apporte rien ; c'est plutôt même, à mon avis, un facteur de confusion pour le spectateur moyen.

   L'intérêt remonte au moment du retour en Europe centrale, notamment à l'occasion du passage par l'Autriche et l'Allemagne. Les auteurs nous mènent dans une réunion électorale... celle d'un parti néo-nazi !

   L'image est beaucoup plus soignée dans la dernière partie du film, qui se déroule en Italie. Le parcours de Primo Levi est mis en parallèle avec celui d'un autre Italien emporté dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale : Mario Rigoni Stern. Pour bien apprécier ce passage, peut-être faut-il un peu connaître le sujet. C'est d'ailleurs une remarque que l'on pourrait étendre au film : si cette période de l'histoire vous intéresse, vous y trouverez de l'intérêt, sinon, vous risquez d'être fortement déçu-e-s, au vu de la faible qualité cinématographique.

vendredi, 05 juin 2009

La fête à Berlu

   Quand on en a vu quelques unes, on comprend pourquoi l'actuel président du Conseil italien fait tout pour que les photographies de la petite sauterie organisée chez lui avec des mineures ne soient pas publiées.

   On peut en voir 5 (pas une de plus, hein !) sur le site du quotidien espagnol El Pais. Je ne suis pas un grand spécialiste des séjours de détente dans les propriétés de milliardaire, mais il me semble tout de même que ce qui est montré est assez explicite. Les vieux porcs pétés de thunes semblent être toujours à la recherche de l'éternelle jeunesse...

mercredi, 03 juin 2009

Arnaque au téléphone

   Depuis quelques jours, je reçois une série d'appels d'un numéro masqué. Je n'ai jamais répondu à ces appels, pour la bonne et simple raison qu'ils surviennent quand je suis hors de mon domicile. Je précise : je ne possède que la téléphonie sur internet. Je sais donc que j'ai reçu ces appels parce que mon compte client m'informe des appels que j'ai manqués. Dans un premier temps, j'ai juste su qu'on m'avait téléphoné à telle heure (le numéro étant masqué).

   La deuxième phase est (actuellement) la suivante : ces appels se font insistants, puisqu'ils laissent une trace dans ma boîte vocale (cela sonne donc au moins 5 fois). Voici un exemple de message :

podcast

   Pour ceux qui ne sont pas parvenus à le lire, en voici la transcription :

   "I do not understand. Bonjour. Ceci est un appel important de E.D.F. concernant la facture d'électricité de M. Monteillet Bernard. Veuillez appuyer sur la touche "étoile" de votre téléphone pour continuer...".

   Je précise que je ne m'appelle pas plus Bernard que Monteillet, même si je suis un monsieur. Cela ne peut pas non plus être réellement un appel de mon fournisseur d'électricité, qui recourt à ce genre de procédé avec ses clients mauvais payeurs. Or, je suis mensualisé et mon compte est à flot. J'ajoute que, comme je suis sur liste rouge, aucune personne inconnue ne devrait avoir accès à mon numéro.

   Evidemment ça pue l'arnaque au numéro surtaxé. Enfin, c'est ce que je me suis dit. En cherchant sur la Toile, j'ai trouvé d'autres réponses possibles :

- une tentative de détournement de ligne (j'y crois peu)

- une tentative de débauchage de la part d'un concurrent d'E.D.F. (non mais, on vit dans un monde...)

   En attendant de pouvoir un jour répondre en direct à l'un de ces appels enthousiasmants, je me suis rendu sur mon compte Orange (plus précisément sur "mon téléphone sur internet") et j'ai activé un service que je juge assez commode : le filtrage des appels sortants. Ainsi, je me suis interdit d'appeler, depuis ma livebox, un numéro surtaxé. (C'est juste pour le cas où je ne serais pas assez vigilant.) Pas mal, non ?

 

dimanche, 31 mai 2009

Des documents de base sur le nazisme

   Quand même ! C'est fou ce qu'on peut trouver comme trucs intéressants sur la Toile ! La première "pépite" que je vous propose est un film de propagande très connu des historiens, peu du grand public. Son auteur est (était) une authentique cinéaste : Leni Riefenstahl, qui fut d'abord encensée avant d'être fortement critiquée. Un site lui est consacré, sur lequel vous pourrez lire sa biographie, en anglais et en allemand. Pour une vision moins angélique, on peut consulter un article du Monde diplomatique d'octobre 2002.

   Le film dont elle est l'auteure a pour titre Le Triomphe de la volonté (Triumph des Willens dans la langue de Goebbels). Il date de 1934. Il dure 1h44. Ne le cachons pas : c'est une apologie du nazisme débutant. Je trouve étonnant qu'il soit visible, dans sa version originale sous-titrée en français, sur google videos. Pour un Français du XXIème siècle, c'est un témoignage intéressant de la fascination que pouvait exercer le régime hitlérien : même si c'est une mise en scène, il ne faut pas rejeter comme fausses toutes les séquences où la foule apparaît en liesse. Un bon régime totalitaire sait aliéner les masses. De manière peut-être plus traditionnelle, on notera la volonté de maîtrise qui ressort du film. Aux vues architecturales structurées s'ajoutent les scènes de groupes, où tout paraît souvent si géométrique...

   Pour compléter  cette séance, que demander de mieux qu'une petite lecture ? Le Québécois Jean-Yves Dupuis a eu l'idée de republier la traduction en français de Mein Kampf, en format pdf (et remise en forme). Tout un chacun a donc le loisir de télécharger le tome 1 (précédé d'un pertinent "Avertissement au lecteur") et le tome 2. Cette réédition fait en fait partie d'un plus vaste projet, dit Bibliothèque électronique du Québec, qui vise à republier des textes tombés dans le domaine public. (Par contre, je ne sais pas trop quoi penser du personnage : soit il a la manie de la persécution, soit sa vie a été, par moments, un véritable enfer !)

17:27 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

dimanche, 24 mai 2009

Un aspect méconnu de la Seconde guerre mondiale

    Il s'agit des viols commis par les soldats américains dans la deuxième moitié de la Seconde guerre mondiale, en Europe. (Ne vous leurrez pas, les Japonaises ont aussi "dégusté".) Ces viols ont été commis d'abord au Royaume-Uni, sans doute aussi en Italie (et pas que par des Américains : certaines unités françaises  se sont aussi rendues coupables de ce forfait, notamment après la bataille de Monte Cassino) puis, un peu plus nombreux, en France métropolitaine, dès les lendemains du Débarquement, enfin, encore plus nombreux, en Allemagne (même si, de ce point de vue, on ne semble pas atteindre l'horreur des viols systématiques perpétrés par les soldats de l'Armée rouge en 1945). J'en ai pris connaissance grâce à un livre de J. Robert Lilly :

histoire,de tout et de rien

   Ce livre est aujourd'hui disponible en collection de poche, dans la Petite Bibliothèque Payot. On peut avoir un aperçu assez détaillé dans un excellent article de J. Robert Lilly et François Le Roy, paru dans la revue Vingtième siècle, en 2002.

   Un documentaire a été tiré de ces recherches. (Merci France 3 !) On peut en voir deux longs extraits aux adresses suivantes :

http://www.youtube.com/watch?v=rk_utdoNNV8&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=ig_w-FkxZpM&feature=related

mercredi, 20 mai 2009

La coucougnette du dictateur

   La monorchidie, vous connaissez ? Non ? Eh bien sachez que ce terme désigne le fait, pour un individu de sexe masculin, de ne posséder qu'un testicule. Oui... le pauvre ! J'ai une pensée émue pour tous ces anonymes, ces "n'a-qu-une-couille" qui déploient des trésors d'imagination pour dissimuler une infirmité qui pourrait faire d'eux la risée du quartier.

   Je ne sais pas si cela va les consoler, mais des types très connus ont souffert de ce handicap. J'ai ainsi récemment appris que c'était le cas de Francisco Franco :

   Une blessure par balle, reçue dans le "bas ventre", au Maroc, en 1916, serait la cause de l'infirmité. On reconnaît là la pertinence de la Providence Divine qui, pour châtier ceux (espagnols comme français, soit dit en passant) qui "pacifiaient" le Maroc à coups de massacres (et encore, on a vu pire avec la guerre du Rif, dans les années 1920), a cruellement frappé celui qui allait devenir leur chef (Franco n'est devenu général qu'en 1926, à l'issue de la guerre du Rif où il s'est distingué... aux yeux des dirigeants espagnols de l'époque).

   Mais le plus célèbre des "n'a-qu'une-burne" est sans conteste Adolf Hitler, dont on a parfois dit qu'il était né ainsi. C'est, depuis des années, un sujet de controverse, que les historiens spécialistes du nazisme répugnent à traiter. Faute d'historien, on peut se tourner vers le site internet d'un quotidien de référence (!) outre-Manche, le Sun :

   Ironie de l'histoire, c'est à peu près dans les mêmes circonstances (et à la même époque) que Franco que le futur dictateur allemand perdit une partie de sa virilité, lors de la bataille de la Somme, en 1916.

   Et vive la France !

12:26 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

samedi, 16 mai 2009

Les brebis font de la résistance

   Le film a beau être sorti en salles un 1er avril, ce n'est pas un canular ! Une version tronquée (de 50 minutes environ) avait été diffusée auparavant sur France 3 (on en retrouve certaines séquences comme celle avec le jeune couple venu de Montpellier, celle de l'ancien éleveur catho de droite "converti" ou encore celle du boulanger).

   Le sujet est le Larzac, ses agriculteurs, leurs engagements. Si le film remonte à la lutte des années 1970, il n'en fait pas un historique détaillé. (D'après la réalisatrice, présente à la séance à laquelle j'ai assisté, une oeuvre de ce type serait en préparation.) Plus qu'un documentaire militant, c'est un vrai long métrage de cinéma. Un grand soin a été apporté à l'image, que ce soit au cadre ou à la photographie. Les animaux sont mis en valeur, presque comme des personnages : ce sont des brebis bien sûr, mais aussi des chèvres (moins qu'on ne le croit, le plateau étant essentiellement occupé par des ovins), des ânes... et même des chiens et des chats !

   L'essentiel repose tout de même sur les témoignages des hommes et femmes, anciens et plus jeunes. C'est la difficulté du métier qui est soulignée, difficulté finalement supportable parce que tous ces "acteurs" (au vrai sens du terme) ont conscience de donner un sens à leur existence... et de vivre dans un cadre magnifique.

   J'ai aussi aimé ce film parce qu'il accorde une assez grande place au travail manuel, celui des éleveurs bien sûr (de la conduite du troupeau à la traite, en passant par les soins et la mise-bas), mais aussi la transformation des produits (avec la fabrication de fromage, de pain...) et même la construction de bâtiments (certaines des actions symboliques de la lutte des années 1970 ayant consisté à restaurer -collectivement le plus souvent- des bâtiments d'élevage).

   A lire : le dossier de presse, bien fichu.

vendredi, 15 mai 2009

Millénium

   C'est l'adaptation du premier des trois tomes écrits par feu Stieg Larsson. Je ne les ai pas lus. Ce fut donc une totale découverte pour moi. Comme le livre est épais, le film est long (2h20), parfois lent (les mauvaises langues diront qu'on retrouve là la "patte germano-nordique") mais jamais ennuyeux.

   C'est d'abord une enquête policière, réalisée par un journaliste-vedette en disgrâce pour le compte d'un riche industriel auquel il est lié par des souvenirs d'enfance. Toutefois, le véritable héros du film est le personnage présent sur l'affiche, la jeune Lisbeth Salander, sorte de surdouée de l'informatique, psychologiquement instable, assez "gothique" en apparence. D'ailleurs, de manière générale, on peut dire que l'histoire a un fond féministe. La grande violence de certaines scènes (parfois odieuses) sert à dénoncer principalement les comportements machistes... voire pires.

   Le film est aussi un portrait historico-social de la Suède et d'une partie de ses élites. L'attitude de celles-ci pendant la Seconde guerre mondiale est mise sur la sellette, tout comme les circuits contemporains d'argent sale, de corruption... tradition et modernité en quelque sorte.

   A ce sujet, le fait que l'enquête soit menée avec pour principaux outils des ordinateurs puissants reliés à internet est passionnant, bénéficiant d'une bonne mise en scène. Toutes proportions gardées, je crois que ce film, par l'usage des outils de traitement de l'image qui y est fait, se situe dans la continuité du Blow up d'Antonioni, dans lequel l'intrigue était étroitement liée à la photographie (argentique... une autre époque).

12:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma

jeudi, 14 mai 2009

Louise Michel

   La bande à Groland a encore frappé. Si vous voulez savoir ce qu'un ex-taulard analphabète grimé en gonzesse peut bien faire avec une ancienne lanceuse de marteau qui a trop tâté des hormones, eh bien ce film est pour vous !

   Il s'agit d'un pamphlet social. Sont dénoncés les patrons voyous et les financiers prédateurs. Fait exceptionnel pour un film de fiction, certains vont subir le châtiment suprême. Yolande Moreau est l'instrument de cette vengeance immanente, le bras armé de ce groupe d'ouvrières du textile qui se font entuber par leur employeur et son DRH magouilleur.

   On retrouve les recettes qui ont fait le succès de Grolandsat : acteurs pas toujours professionnels, humour à froid, laideur assumée, sens du détail croustillant, refus de l'héroïsation (les personnages principaux sont des ratés, mais eux, au moins, ne cherchent pas à vivre aux dépens des autres).

   Une poignée de potes vient faire un peu de figuration : Benoît Poelvoorde, Mathieu Kassovitz (qui coproduit), Siné, Philippe Katerine, Denis Robert... et même Albert Dupontel, qu'on est tout surpris de voir figurer au générique... mais faut rester jusqu'à la fin !

23:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma

dimanche, 10 mai 2009

Romaine par moins 30

   Le "moins 30" (degrés Celsius) fait à la fois allusion aux températures polaires que subit régulièrement le Québec et à la supposée frigidité de l'héroïne. Ce film est un peu un "A la recherche de l'orgasme perdu". Sandrine Kiberlain se donne à fond et réussit aussi bien à incarner la Parisienne dépressive et dépassée par les événements que la virago indépendante qui ne veut pas s'en laisser compter.

   Les scènes d'intérieur sont savoureuses, souvent cocasses (c'est l'adjectif qui convient le mieux au film, je crois), que ce soit dans les toilettes d'un avion, la salle de bains d'un appartement, une chambre, un bar ou un chalet. En extérieur, c'est la neige bien évidemment qui joue le plus grand rôle. On a droit à de beaux moments, comme celui de la rencontre de Kiberlain avec un renne ou, plus prosaïque, celui qui met en scène les différentes machines (d'une surprenante variété) qui ont pour fonction de dégager la neige qui encombre les rues.

   Les personnages que croise l'héroïne sont très en général gratinés. Cela va de l'hôtesse de l'air phobique qui fait pipi au lit (superbe composition d'Elina Löwensohn, vue jadis dans les films de Hal Hartley) au barman don juan en passant par le chauffeur de taxi un peu homme des cavernes (hilarante séquence qui voit Romaine se marier !), la policière zen enceinte, le médecin acupuncteur qui fraude le fisc et la colocataire fêtarde qui a des hémorroïdes.

   C'est parfois graveleux sans être vulgaire (cela nous change, pauvres Français gavés de comédies à la subtilité éléphantesque)... et c'est fou comme le fait de malaxer de la pâte peut parfois procurer de plaisir !

14:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma

samedi, 09 mai 2009

Soeur Sourire

  Domini-que-ni-que-nique s'en allait tout simplement, routier, pauvre et chantant... en tout chemin, en tout lieu, il ne parle que du bon dieu, il ne parle que du bon dieuuu. Cela ne vous dit rien ? Bon ben c'est que vous êtes trop jeunes ! Cette chanson a été un méga tube à son époque (dans les années 1960)... et même après !

   Elle s'appelait Jeannine Deckers, était belge et a connu un destin singulier. Cette biographie filmée (un biopic, comme qu'on dit dans le milieu des gens autorisés) lui rend hommage. La belgitude est renforcée par la présence de la délicieuse et talentueuse Cécile de France (excellente dans Un secret). Je trouve assez piquant qu'on ait choisi cette actrice, certes belge, mais incarnant d'abord le charme et la sensualité, pour jouer cette religieuse atypique. Elle se révèle épatante dans le rôle... et elle chante ses chansons elle-même (souvent en play-back pour le film, mais apparemment, c'est elle qui les a enregistrées en studio).

   La première grosse moitié du film est une comédie. On y voit la jeune Jeannine étouffer dans le carcan de la Belgique traditionnelle au tournant des années 1950-1960 (très beau portrait de famille, soit dit en passant), préférant finalement l'ordre des Dominicains, pourtant rigoriste, à la vie terne de femme au foyer qui semble l'attendre. Il y a un petit côté Jeanne d'Arc dans cette déjà plus adolescente croyante et rebelle, un peu garçonne et très charismatique.

   Les scènes du couvent sont très belles et (comme tout le reste du film d'ailleurs) bien jouées. On rit souvent... en particulier quand le groupe de nonnes est confronté au "star système" (maison de disques, journalistes, télévisions...) !

   La deuxième partie est consacrée à la seconde vie de celle qui n'est plus soeur Luc-Gabriel ni soeur Sourire. Je connaissais mal cet aspect de son existence, même si j'avais des souvenirs de sa tentative de retour au tout début des années 1980 (le "tube" était ressorti, réarrangé façon "moderne"... beurk !). Le ton est mélodramatique. Jeannine découvre la vraie vie, avec ses joies et ses tristesses, ses lâchetés, ses déceptions. Elle a tenté beaucoup de choses... et on ne l'a guère aidée. Le film veut montrer que des gens se sont enrichis grâce à son talent (le couvent, la maison de disques en particulier) et qu'ils ne lui ont pas renvoyé l'ascenseur le moment venu.

   Le film la fait mourir un peu plus jeune que dans la réalité et exagère peut-être ses difficultés financières. Cela n'en reste pas moins du bel ouvrage. Le réalisateur a su marier plusieurs styles : le film mêle agréablement les scènes de commerce, de couvent, de music-hall et les moments intimes (à deux en général, l'héroïne se retrouvant avec sa cousine, son amie, son prétendant, son imprésario ou sa collègue de couvent et de chant). Ne vous fiez pas aux critiques snobs !

   Une archive sur le décès de soeur Sourire :

http://www.ina.fr/divertissement/chansons/video/CAB850121...

11:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

dimanche, 03 mai 2009

Katyn

   Encore un film pour lequel il faut faire preuve de patience et de persévérance... pour parvenir à le voir en salles ! A peine plus de 10 cinémas en France le programment ! Peut-être l'aspect historique a-t-il rebuté distributeur et public, d'autant plus que le sujet n'est pas très connu : un massacre (en fait une série de massacres) des "élites" polonaises (catholiques, les nazis se chargeant des Polonais juifs -10% de la population tout de même, ce dont le film ne parle jamais, même allusivement), en 1940, par la police politique soviétique (le N.K.V.D., ancêtre du K.G.B.). Par l'effet de la propagande communiste, les massacres ont été parfois attribués à l'Allemagne nazie... on ne prête qu'aux riches.

   Pourtant, dans sa grande majorité, le film n'est guère violent. Il est tourné principalement du point de vue des Polonais, des familles comme des officiers emprisonnés. Je ne pense pas que Wajda ait eu cet objectif mais, involontairement, son film montre que les Soviétiques ont mené une "guerre de classes" contre la "bourgeoisie" polonaise catholique, un peu à l'image du "traitement" administré naguère en U.R.S.S. aux koulaks, paysans supposés aisés. On sent toutefois que le réalisateur a perçu cet aspect du drame vers la fin, après la guerre, quand il met en scène l'ancienne servante devenue une dame qui compte grâce à l'ascension sociale de son époux, ancien résistant communiste. En face, l'ancienne employeuse, issue de la grande bourgeoisie de Cracovie, connaît des fins de mois difficiles. Comme par hasard, l'ancienne servante  et son mari endossent le costume des parvenus grossiers, tandis que la dignité est forcément du côté de la famille du capitaine dont on est sans nouvelle.

   C'est globalement bien joué, même si j'ai un tiqué parfois devant l'expression exacerbée des sentiments. On semble avoir donné pour consigne aux acteurs d'être le plus explicite possible : on vise le grand public, en Pologne. La réalisation n'est pas neutre. Le film est un long hommage aux martyrs (catholiques) de la Pologne, prenant la forme d'un requiem au moment où l'on propose aux spectateurs la mise à mort des officiers (grâce à la découverte d'un carnet). Les symboles religieux sont mis en valeur : Wajda ne dénonce pas seulement l'envahisseur russe (ennemi séculaire de la nation polonaise), il s'attaque au communisme athée et semble sous-entendre qu'il y a eu volonté d'extermination du peuple polonais (certaines scènes ont visiblement été tournées de manière à mettre en parallèle le sort des officiers polonais avec celui des Européens juifs exterminés par les nazis et leurs collaborateurs). Si, sur ce point, on ne peut pas suivre le réalisateur (qui, de surcroît, me paraît très indulgent vis-à-vis des Allemands), le film n'en garde pas moins une grande force évocatrice.

15:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

samedi, 02 mai 2009

Une nouvelle série policière sur TF1

   ... pourtant, je n'ai pas de poste de télévision... et je ne suis pas plus abonné à la télévision sur internet ! En fait, je me suis mis à utiliser le site http://www.tv-replay.fr (auparavant nommé tvarevoir.fr), d'abord pour regarder les Guignols de l'info. En fouillant ici et là, on peut aussi dénicher des documentaires sympatoches, principalement ceux diffusés sur Arte. J'aime bien aussi la série N.C.I.S. (consacrée à une sorte de police spéciale des marines états-uniens), sur M6. Il suffit d'attendre un ou deux jours après la première diffusion... et de ne pas trop tarder : une semaine après, il faut payer pour revoir ces programmes.

   La série que j'ai découverte est programmée sur TF1. Il s'agit de Profilage. En gros, à Paris, dans une brigade criminelle (on a souvent des plans de la cathédrale Notre-Dame, vue de derrière... alors que la Préfecture de Police se trouve de l'autre côté), une psychologue est affectée à l'unité d'un commandant encore jeune, dynamique, souvent abrupt (mais il a bon fond). Il est marié, a un gosse. Dans son équipe travaillent un spécialiste de l'informatique, un médecin légiste et un autre officier de police judiciaire. Le tout est chapeauté par un commissaire noir (diversité oblige ?... peut-être une allusion à la place des Antillais dans la fonction publique francilienne) qui semble lié à la psychologue.

   L'un des attraits de la série est la confrontation entre le rigorisme procédurier des policiers de métier et la créativité désordonnée de la criminologue qui, de surcroît, ne porte jamais une jupe au-dessous de mi-cuisse (très jolies jambes, soit dit en passant) et associe des couleurs parfois assez invraisemblables dans son accoutrement. Elle porte des chaussures immondes... mais, comme elle est très jolie, on lui pardonne. (L'actrice, Odile Vuillemin, a un jeu qui semble s'inspirer de celui de Sylvie Testud, à laquelle elle n'est pas sans ressembler.) Ah oui, j'oubliais : elle semble dotée d'un instinct particulier, qui lui permet de se mettre à la place des victimes et des assassins. On comprend vite aussi qu'une souffrance intérieure la perturbe (elle suit une psychothérapie). Ces enquêtes policières très sérieuses sont donc émaillées de moments de franche comédie... et de mystère.

   La partie enquête est soignée. Vraiment, on a travaillé les scenarii, ménageant des rebondissements. On semble avoir voulu combiner les attraits de deux types de séries policières états-uniennes, celles dont les héros sont des policiers scientifiques (genre Les Experts) et celles qui mettent en scène l'intervention du paranormal dans les faits divers. Je trouve cela réussi. La musique est entraînante, bien dosée... et les vues de Paris très chôlies.