mardi, 23 mars 2010
Deux trois choses sur les élections régionales
Je voudrais tout d'abord souligner la clairvoyance politique dont un magnat aveyronnais a fait preuve :
Il s'agit d'un entretien accordé par J.-C. Luche, alors en campagne, à l'hebdomadaire le Journal de Millau. (Je garde précieusement par devers moi la capture d'écran, pour le cas où, par maladresse, l'article disparaîtrait des archives de l'hebdomadaire...) Bon, je ne vais pas accabler le président du Conseil général, qui a déjà fort à faire avec certains élus de sa majorité... Tout de même, il aurait pu faire preuve d'un peu plus de prudence... voire de modestie.
04:38 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, régionales, élections
dimanche, 21 mars 2010
La déontologie façon Canal +
J'aime bien Canal +, le ton décalé que certaines émissions cultivent... même si leur côté "branchouille" est parfois agaçant. L'un des rendez-vous phares est l'émission de Thierry Ardisson, Salut les Terriens ! Samedi 20 mars, Stéphane Guillon n'était pas là que pour sa chronique hebdomadaire, il était aussi invité en tant qu'acteur du film Le Temps de la kermesse est terminé.
Ce long métrage est sorti mercredi 17 mars et, à mon avis, il ne doit pas très bien marcher. C'est peut-être la raison pour laquelle les deux acteurs principaux ont été invités. Mais il sort tellement de films (plus de 10 en moyenne) chaque semaine... alors pourquoi celui-là ? Parce qu'il est particulièrement bon ? Parce qu'il est fait par des potes ?
Finalement, alors qu'il est de bon ton de se moquer du service public, en particulier de France 2, lorsque cette chaîne a organisé une émission pour la sortie de La Rafle, on nous a épargné la faute de goût qui aurait consisté à nous montrer Marie Drucker interrogeant son petit ami Gad Elmaleh.
13:22 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, humour, actualité, télévision
samedi, 20 mars 2010
Le combat des magazines ruthénois II
On peut s'amuser à comparer le numéro 32 du quinzomadaire gratuit A l'oeil au numéro 3 de l'hebdomadaire payant Le Ruthénois. Ce dernier a poursuivi ses progrès en matière de correction des coquilles. Elles sont désormais marginales. Je ne vais quand même pas me priver de signaler quelques erreurs.
Ainsi, en page 4, dans l'article qui évoque l'entre-deux-tours des élections régionales, on retrouve l'évocation de la mini-polémique qui agite la gauche locale, concernant la délocalisation de certains élus du Front de Gauche. Benoît Garret se trompe sur le positionnement de Martine Perez, qui a été basculée sur la liste de Haute-Garonne, non pas quatorzième comme il est écrit dans l'article, mais douzième, comme cette capture d'écran le prouve :
Plus bas, dans l'article consacré au bilan du premier tour, Alice Tulle s'emmêle un peu les pinceaux quand elle parle des "déçus du sarkozysme qui n'ont pas été tentés par la solution de centre-gauche représentée par François Bayrou". Vite, une aspirine ! Le principal rédacteur, Hugues Robert lui-même, se prend les pieds dans le tapis quand il évoque une victoire à la Pyrrhus (devenu "Pirus") de la gauche. La consultation d'un dictionnaire lui aurait évité commettre cette bourde :
Bon, je râle mais, dans l'ensemble, il me plaît bien ce journal. Page 3, le portrait de la semaine est consacré à une figure attachante de la presse aveyronnaise, Roger Lajoie-Mazenc, dont les ouvrages sont toujours passionnants à lire.
Page 4, l'éditorial d'Hugues Robert, intitulé "Miroir mon beau miroir", s'il fait allusion au comportement du personnel politique, est peut-être aussi une réponse ironique à une caricature parue dans un récent numéro de A l'oeil. Le coeur de l'édito est consacré à un sondage bidon publié fin 2009 dans le quotidien Centre Presse. Dans le petit monde journalistique, cela fit du bruit, mais je peux vous garantir que le commun des mortels n'en a rien su...
La suite des articles est plus "anecdotique". On apprend que l'opération Rodez-plage va être reconduite, du 14 juillet au 15 août...
Cette semaine, c'est la commune de Luc-La Primaube qui est à l'honneur : page 13 pour une présentation générale, page 14 pour des informations culturelles, pages 22 et 24 pour l'historique (toujours passionnant) signé Jean-Michel Cosson.
Notons aussi (à ma grande surprise) le poids de la télé-réalité, à travers le cas de ce jeune agriculteur aveyronnais, Nicolas Vacquier, devenu une véritable vedette locale en raison de sa participation à l'émission L'Amour est dans le pré. Ce garçon a déjà eu les honneurs de La Dépêche du Midi et de A l'oeil :
Cela nous amène tout naturellement à traiter du numéro 32 du gratuit grand-ruthénois. La caricature d'entrée est consacrée aux déboires du club de football local (qui a connu des heures de gloire en coupe de France l'an dernier). Elle est complétée par un entretien avec l'entraîneur, page 6. Eh bien, figurez-vous que ces déboires sont évoqués en détail page 18 du Ruthénois !
En page 2 du quinzomadaire, on peut dénicher un petit encadré qui égratigne sans trop le vouloir le député de la première circonscription aveyronnaise, Yves Censi :
Ce style est assez représentatif de l'attitude de la droite aveyronnaise vis-à-vis du fils de l'ancien maire de Rodez (qui, à la différence de son père, semble privilégier une carrière nationale) : on se félicite de sa résistance à la poussée de la gauche, on le redoute (il est tout de même président du Comité départemental de l'UMP)... en fait on ne l'apprécie guère. Certains de ses "amis politiques" ont d'ailleurs tenté de lui piquer son siège de député en 2007... sans succès. A mon avis, si un jour il en est déboulonné, ce sera par un-e candidat-e de centre-gauche, certainement pas par un dissident de droite.
Mais passons au plat de résistance : "la grande interview", consacré à Jean-Philippe Murat, conseiller municipal d'opposition... qui n'est autre que le directeur de la publication de A l'oeil :
On n'est jamais si bien servi que par soi-même !... et ce n'est pas la première fois ! Bon là, c'est l'artillerie lourde, avec 4 pages, incluant une méga photo du bonhomme. L'entretien est tout à la gloire du directeur, qui tente de se dessiner un profil centriste qui ne résiste pas à l'examen : ses positions économiques et fiscales sont plus droitières que celles du président Sarkozy ! Ceci dit, je partage son souhait d'attendre pour se prononcer sur la gestion de l'actuelle équipe municipale de Rodez. De surcroît, certaines de ses réflexions à propos du Grand Rodez ne me paraissent pas dénuées de bon sens.
Cependant, à l'image de toute l'élite snobinarde de Rodez, droite et gauche confondues, il soutient le projet de musée Soulages (tout comme son rival Le Ruthénois d'ailleurs), alors qu'il est mal ficelé et vicié à la base. On n'est pas sorti de l'auberge...
00:56 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse
jeudi, 18 mars 2010
Magouille électorale en Aveyron
Oui, parlons un peu de l'entre-deux-tours des régionales 2010, en Midi-Pyrénées et dans l'Aveyron. Grand seigneur, Martin Malvy (qui a pourtant mis une sacrée pâtée à tous les autres) a voulu intégrer des élus Europe Ecologie (on s'y attendait un peu) et Front de Gauche (c'est un peu plus surprenant) à la nouvelle liste, celle qui concourt pour le second tour.
Je ne vais pas faire le détail du "remembrement", qui n'a finalement que peu d'intérêt en lui-même. Non. Mais j'ai été choqué par un procédé : la "délocalisation" de certains candidats sur la liste d'un autre département que le leur, cela pour faciliter l'élection de certaines personnes bien en cour.
Ainsi, sur la nouvelle liste "aveyronnaise" PS-PRG-Europe Ecologie-Front de Gauche (n'en jetez plus !) figure une certaine Nicole Fréchou, en septième position... alors qu'au premier tour, elle figurait en quatrième position sur la liste du Front de Gauche... de Haute-Garonne !
Mais le meilleur est à venir. En effet, le socialiste Malvy s'est employé à assurer l'avenir de deux membres aveyronnais de la liste du Front de Gauche : Guilhem Serieys et Martine Perez (respectivement numéros 1 et 2 sur la liste du premier tour : voir le lien précédent). Le premier se retrouve numéro 9 sur la nouvelle liste d'union de la gauche... dans le Tarn ! Sa compère a hérité d'une confortable douzième place sur la liste d'union en Haute-Garonne... Tout ça pour des gens qui, au premier tour, dans l'Aveyron, ont recueilli moins de 6 % des suffrages exprimés, moins que le Front national (pourtant peu à l'aise dans le département) et à peine plus que le Modem (j'en vois qui rigolent dans le fond !). Je peux d'ores et déjà vous annoncer mon vote du second tour : je glisserai dans l'enveloppe le bulletin Malvy en ayant barré le nom de Nicole Fréchou... et voilà un vote nul de plus !
Pour terminer, il faut signaler la différence de couverture des événements selon qu'on lit La Dépêche du Midi, qui a été d'une discrétion exemplaire sur le tripatouillage des listes ou Midi Libre, dont un premier article a évoqué la "stratégie du chausse-pied" (jolie formule) de Martin Malvy avant qu'un autre (très déférent envers le président de l'exécutif régional), le lendemain, se fasse l'écho des tensions suscitées par les manoeuvres d'entre-deux-tours. On voit ici combien il est vital de disposer d'une grande diversité d'organes d'information dans département. J'attends donc avec impatience la parution du numéro 3 du Ruthénois.
23:59 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, régionales, élections
samedi, 13 mars 2010
"Le Ruthénois" numéro 2
Voici donc la "une" du nouveau numéro de l'hebdomadaire grand-ruthénois :
En page 2 se trouve une petite photographie montrant l'équipe devant la vitrine du local du journal, à Rodez. Au-dessus, la rubrique "En quelques mots" présente les principaux articles et n'hésite pas à évoquer le gros reproche fait au premier numéro (celui de la semaine dernière) : les coquilles et les fautes de français. La rédaction s'engage à s'améliorer. A mon avis, c'est la relecture qu'il faut perfectionner. Les erreurs sont inévitables, mais la ou les personnes payées pour relire devraient être plus vigilantes. De ce point de vue, il y a effectivement du progrès (saint-affricain ?...), puisque j'aurais bien du mal à effectuer un relevé des erreurs aussi fourni que la semaine dernière. Cependant, les coquilles et erreurs qui restent sont très voyantes. On en remarque une dès la première page :
La première soulignée phrase comporte une coquille. La seconde est mal construite et donne une estimation approximative de la date d'obtention du droit de vote pour les femmes en France : 2010 - 60 = 1950, alors que c'est l'ordonnance du 21 avril 1944 (bravo les résistants) qui a permis aux Françaises de pouvoir, le 29 avril 1945, exercer pour la première fois ce droit fondamental. Il aurait donc fallu écrire (en redressant la grammaire tout de même) que "les femmes l'exercent depuis seulement 65 ans".
On retrouve des erreurs page suivante, où le proviseur du lycée agricole du coin (oui, celui qui a mis en place un distributeur de lait cru !) est mis en vedette. Heureusement qu'on nous a mis une photographie et que l'on connaît son prénom (Bernard), parce que la lecture de l'un des encadrés pourrait nous induire en erreur :
"Je suis née le 12 juin 1950 [...]"
"Situation familiale : Mariée, trois enfants"
Dans le même encadré, on note une certaine difficulté avec le pluriel et l'usage des majuscules :
"Signe Astrologique : Gémeau_"
"Objet à emporter sur une île déserte : Une paire de jumelle "
Cependant, globalement, c'est mieux que dans le premier numéro.
Ah, oui : il est de nouveau question de ce lycée agricole un peu plus loin dans le journal : son gymnase a été victime de jeunes indélicats... eh oui, l'Aveyron a son lot de "racailles"...
Le "dessin de la semaine" évoque le cumul des mandats, à travers le cas des deux têtes d'affiches aveyronnaises des élections régionales : Jean-Claude Luche (curieusement placé à gauche) et Christian Teyssèdre (curieusement placé à droite). (Tout le monde sait que, même si la députée de l'ouest Aveyron Marie-Lou Marcel est officiellement numéro 1 de la liste socialiste, c'est un choix tactique, le vrai "leader" étant le numéro 2)
Page 4, l'éditorial de Hugues Robert traite de la concurrence du groupe Midi Libre (en position dominante à Rodez, avec les deux quotidiens les plus vendus), à travers deux anecdotes. L'une d'entre elle est piquante : des employés du groupe sont allés disposer des fanions en certains lieux stratégiques (par exemple le bureau de tabac de la rue Béteille), avec les formules suivantes :
"L'actualité n'attend pas 8 jours..."
"A Rodez, l'info est meilleure au quotidien !"
Voici l'un des deux fanions qui ont été disposés en hauteur, de part et d'autre de l'entrée du tabac-presse situé en face de l'évêché, à proximité immédiate de la cathédrale :
Très classe ! Mais le pire est dans ce qui est écrit au coeur de l'article, une pratique pas très sympathique qui a déjà été évoquée par le blog aveyronnais Aligorchie. Je vous laisse découvrir la chose...
Toujours page 4, un article est consacré au nouveau logo aveyronnais (dont il a été question la semaine passée... et dont je reparlerai un de ces quatre) :
Il me semble que le journal a voulu se faire pardonner la véhémence avec laquelle il a dénoncé, dans le numéro de la semaine dernière, la manière dont ce logo a été choisi...
Page 9, nous avons droit à un copinage assumé : un article fait l'éloge du nouvel équipement dont s'est dotée l'imprimerie du Progrès Saint-Affricain, la maison-mère du Ruthénois. Au passage, un petit coup de griffe est donné (indirectement) aux concurrents. En effet, on insiste, non sans justesse, sur le fait que l'hebdomadaire est imprimé dans l'Aveyron, alors qu'une bonne partie de la presse dite locale a subi des délocalisations. Du côté des quotidiens, Centre Presse comme Midi Libre sont imprimés à proximité de Montpellier (tout comme l'hebdomadaire Le Journal de Millau), La Dépêche du Midi nous vient de Toulouse.
Page 11, un article évoque une école primaire (située à deux pas du local du journal), qui tombe en ruine, à la grande fureur de certains parents d'élèves. Leur colère est exclusivement dirigée contre le maire de Rodez (qui est certes responsable de la gestion), alors que les locaux appartiennent... au Conseil général de l'Aveyron. Faut-il préciser que cette école est située en plein centre-ville, dans un quartier assez "bourgeois", pas très loin du lycée privé le plus "classieux" du département ? N'y voyez surtout pas malice...
Page 20, un entretien avec le directeur des cinémas de Rodez est l'occasion de parler de la sortie du film La Rafle.
Enfin, pages 22 et 24, Jean-Michel Cosson signe un article toujours aussi intéressant, cette semaine sur l'histoire de la commune d'Onet-le-Château.
20:24 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, presse, médias
jeudi, 11 mars 2010
La Rafle
En dépit des critiques majoritairement négatives, je suis allé voir ce film dès sa sortie. Le sujet est délicat : la plus grande rafle de juifs jamais organisée en France, le 16 juillet 1942, rafle qui a été opérée par les policiers et gendarmes français, pour le compte de l'occupant nazi. Sur le site du film, on peut télécharger des documents intéressants : un dossier pédagogique (il n'y a pas de raison que seuls les enseignants en profitent, non mais), un dossier de presse et une présentation conçue pour la mairie de Paris.
Cela démarre par des images d'archive montrant Adolf Hitler en visite touristique à Paris. Ach, Barisse et les bédides Fronzaizes ! Je trouve que c'est un bon choix. Il pose bien le problème de la collaboration, voulue par les dirigeants français, faut-il le rappeler.
Pendant environ 1h15, c'est un bon moment de cinéma. Le début est très agréable, avec la description de la vie quotidienne de ces Parisiens juifs sous l'occupation, avec les peines et les joies familiales, les gamins qui font des conneries... et l'antisémitisme non dissimulé de certains "Français de souche". Les acteurs sont épatants et, parmi les enfants, j'ai été particulièrement touché par le bambin qui parle avec difficulté ("Nono" je crois)... vraiment trognon ! Du côté des adultes, Jean Reno et Gad Elmaleh sont sobres, efficaces. Thierry Frémont fait une composition remarquable. Isabelle Gélinas est craquante. Mélanie Laurent rayonne... ça va se terminer en César, moi je vous le dis ! (J'ai beaucoup moins goûté la prestation de Raphaëlle Agogué, qui m'a parue décalée, excessive... tout comme celle de Sylvie Testud, exceptionnellement décevante.)
Ces scènes sont croisées avec les "moments d'histoire", durant lesquels on voit les dirigeants ou les hauts fonctionnaires français et allemands. Si les seconds couteaux sont bien interprétés, j'ai des réserves à émettre sur ceux qui incarnent Pétain (le père de Jean-François Copé... si !) et Hitler. (Pour Hitler en particulier, deux scènes sont ratées : celle au cours de laquelle, pendant que son médecin lui administre une piqûre, il affirme appliquer Mein Kampf à la lettre... ce qu'il n'a pas fait en réalité ; l'autre moment le voit, dans son "nid d'aigle", parler, à propos de la déportation des juifs, de "nuit et brouillard"... une expression qui s'applique au sort des résistants.) Par contre, le personnage de Pierre Laval est remarquablement joué.
L'organisation minutieuse et le déroulement de la rafle sont très bien rendus. Quelques passages sont peut-être surjoués mais, dans l'ensemble, la réalisatrice a réussi à marier la reconstitution historique avec les drames familiaux et le film d'action. Les scènes censées se dérouler dans le fameux Vélodrome d'Hiver (le Vel' d'Hiv' quoi) sont parmi les plus intéressantes du film. On a pris soin de montrer toutes les gammes de comportement, de la résistance active au collaborationnisme en passant par l'attentisme à divers degrés. Du coup, la vision de l'époque est assez nuancée, même si l'action néfaste des forces de police est décrite en détail.
C'est lorsque les détenus se trouvent dans le camp d'internement de Beaune-la-Rolande que cela se dégrade, en particulier dès qu'il est question de la phase ultérieure, la déportation en Europe de l'Est, toujours évoquée, jamais montrée. Là, l'émotion exacerbée prend le dessus. Je sais bien que ce sont des événements dramatiques, mais on tombe dans le pathos, alors qu'on aurait pu espérer un peu plus de pudeur. C'est peut-être une question d'époque ou de tempérament.
Du coup, en sortant du cinéma, j'ai cherché à accéder à l'émission que France 2 a consacrée à la sortie du film, mardi 9 mars 2010. Jusqu'au 16, on peut la revoir en intégralité. Si vous pouvez passer les entretiens avec les acteurs (on remarquera que Marie Drucker n'a pas invité Gad Elmaleh... une manifestation de déontologie ?), ne manquez surtout pas les témoignages des rescapés, les interventions des historiens ainsi que les petits documentaires qui émaillent l'émission. Franchement, là, bravo le service public !... et l'audience a suivi.
16:57 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, histoire
mercredi, 10 mars 2010
12
En dépit de ce titre, il ne s'agit pas d'un film aveyronnais. Il n'est pas plus consacré au plus beau département du monde. Non, c'est un (très) long métrage russe, signé Nikita Mikhalkov, sorte de "remake" de Douze Hommes en colère... un "vieux" film de 1957 qui mérite encore le détour, je vous le garantis !
Il est question d'un jury d'assises, composé exclusivement d'hommes, entre deux âges ou vieux, qui sont un échantillon de la Russie du XXIème siècle. Pour la délibération, ils sont enfermés dans un gymnase un peu nase (à l'image de l'état de délabrement dans lequel les pouvoirs publics laissent trop souvent l'éducation... eh oui, il y a un discours politique dans ce film). Au départ, 11 sur 12 sont convaincus de la culpabilité de ce jeune Tchétchène, qui aurait assassiné son père adoptif, un officier russe qui l'avait sauvé de la poudrière du Caucase. Mais, dès le début, les morceaux de scènes, puis les scènes complètes, avec lesquelles Mikhalkov entrecoupe les discussions des membres du jury introduisent de l'incertitude.
Tout le talent du film, à l'image de son inspirateur américain, est de s'appuyer sur ce huis-clos pour faire ressortir les contradictions des personnages et brosser ainsi un saisissant tableau de la Russie de Vladimir Poutine, gangrenée par la corruption et la violence, où les mâles dominants ont bien du mal à assumer.
Les acteurs sont excellents. (Si vous avez vu l'ancien film, vous remarquerez que, dans la version russe, on retrouve les mêmes tempéraments, parfois des physiques proches... et plusieurs éléments de l'intrigue, voire de la mise en scène - comme le coup du couteau, ont été purement décalqués sur le modèle.) Mikhalkov se donne un beau rôle (faut pas déconner, non plus !), mais il l'interprète bien. Le "mouton noir" du groupe, qui va essayer de convaincre les autres non pas de l'innocence du jeune Tchétchène, mais de la nullité de l'enquête qui a abouti à son accusation, est un très beau personnage, parce que c'est un ancien homme brisé qui a complètement rétabli sa situation, en profitant du contexte russe.
Son principal contradicteur est un macho tradi, un peu à la ramasse. L'un des points forts du film est la déconstruction du personnage qui intervient au fur et à mesure que les dialogues progressent.
Les autres sont plutôt suivistes. On a un intello juif (qui se prend quelques remarques peu amènes...), un dirigeant de télé, un chirurgien originaire du Caucase, un saltimbanque (acteur et musicien), un directeur de cimetière, un chauffeur de taxi, un ancien cheminot... C'est un sacré florilège ! Parfois, les acteurs en font un peu trop, notamment le cheminot, qui a des difficultés d'élocution.
On remarquera que beaucoup de ces jurés ont de forts préjugés. A travers eux, on sent la société russe traversée par la tentation raciste, aiguisée par la guerre en Tchétchénie. Du coup, à Moscou, on n'aime pas trop les "bronzés" (tchorny dans la langue de Pouchkine), les Caucasiens. Comme quoi, sous tous les cieux, on retrouve la tentation du bouc émissaire...
Cela nous vaut un moment comique totalement imprévu, uniquement compréhensible par le public français. Pour cela, il faut lire attentivement les sous-titres, lorsque l'ancien cheminot Alexei Petrenko évoque l'agression dont il a été victime, ses bourreaux étant sans doute originaires du Caucase. Il dit que "lorsqu'il y en a un, ça va, mais là ils étaient quatre, ça n'allait plus du tout" ! Brice Hortefeux aurait-il inspiré les rédacteurs des sous-titres ? La question mérite d'être posée ! (Dans une partie de la salle, plus attentive que le reste sans doute, on a ricané sec.)
Bref, c'est un chouette polar sociologique, un peu long même si je vous assure que les 2h30 passent assez vite.
15:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 08 mars 2010
Le combat des magazines à Rodez
C'est fou des fois ce à côté de quoi on peut passer ! A l'été 2008, peu de temps après les élections municipales qui virent la gauche l'emporter (un peu à la surprise générale) dès le premier tour, apparut un nouveau magazine gratuit, sur le Grand Rodez : A l'oeil. Ce quinzomadaire farci de publicité locale proposait, outre les programmes télévisés, quelques articles consacrés à la vie politique ruthénoise.
De mauvaises langues ne tardèrent pas à affirmer que, sous couvert de neutralité, c'était là une machine de guerre anti-Teyssèdre (le nouveau maire P.S. du chef-lieu aveyronnais). Le rédacteur principal (la dénomination de sa fonction peut varier selon le numéro consulté) est Jean-Philippe Murat. En cherchant un peu, je me suis aperçu qu'il avait été candidat aux dernières municipales : c'était le numéro 3 de la liste (de centre-droit et d'ouverture) conduite par Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social Régional :
La liste sur laquelle il figurait, arrivée deuxième, ayant recueilli plus de 19 % des suffrages exprimés, trois sièges lui ont été attribués ; il est donc devenu conseiller municipal (d'opposition).
On retrouve son orientation politique dans la liste des personnalités dont il publie un entretien, à chaque numéro. Certaines ne sont pas ostensiblement marquées politiquement. Quelques-unes sont de gauche, pour faire bien. Mais on remarque tout de même une prédominance de l'opposition municipale, avec Maïté Laur (ex-colistière de J.-P. Murat) dans le numéro 18, Jean-François Théron (ancien adjoint de Marc Censi qui a figuré en antépénultième position sur la liste de Frédéric Soulié... dans le même numéro, une page est dédiée à un autre vétéran de l'équipe Censi, Dominique Costes, qui figurait en treizième position sur la liste Chauzy, oui, celle du rédacteur de A l'oeil !), Jean-Louis Chauzy himself dans le numéro 23, Jean-Claude Luche (le patron U.M.P. du département) dans le numéro 24, Bernard Saules (élu en deuxième position sur la liste U.M.P. conduite par Régine Taussat en 2008) et enfin Frédéric Soulié (ex-tête de liste soutenue par Marc Censi, auquel des articles font souvent allusion) dans le numéro 30. Ce dernier, qui tente d'apparaître comme le "premier opposant" à Christian Teyssèdre (essayant ainsi d'unifier le centre et la droite ruthénois... ambition que semble aussi caresser J.-P. Murat), a balancé des propos qui ont nécessité la parution d'un droit de réponse du maire de Rodez dans le numéro 31 où, curieusement, le grand entretien se fait avec sa première adjointe... manière de tenter d'apaiser le courroux du premier magistrat ruthénois ?
Tout cela m'amène donc au dernier numéro de A l'oeil, le 31, qui n'est pas sans perfidie. Les rédacteurs laissent transparaître une certaine inquiétude quant à la parution du premier numéro d'un nouvel hebdomadaire local, Le Ruthénois. Ainsi, comme celui-ci propose, en début de journal, une caricature, pour la première fois depuis sa création en 2008, A l'oeil en publie une (et annonce la naissance de cette nouvelle rubrique) :
C'est évidemment la caricature de l'un des promoteurs du nouvel hebdomadaire, qui vient marcher sur les plates-bandes de A l'oeil... et risque de lui chiper quelques ressources publicitaires. Le magazine gratuit saisit cette occasion pour faire le point sur son credo. L'éditorial, signé Paul d'Orsini (inconnu au bataillon), précise que le quinzomadaire a été fondé par J.-P. Murat et Roselyne Trochessec (qui a déjà une petite expérience dans la gestion des médias locaux). Rien n'est dit malheureusement à propos du "groupe d'actionnaires locaux" qui a financé l'opération. Histoire de couper aussi un peu l'herbe sous le pied du Ruthénois (qui détaille l'affaire dans un article autrement plus fouillé), en page 2, un écho fait état du mini-scandale qui secoue le microcosme à propos du choix du logo de promotion des produits aveyronnais.
A suivre...
20:35 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : actualité, presse, actualités, médias
dimanche, 07 mars 2010
Un nouvel hebdomadaire aveyronnais
Bien que relativement peu peuplé (avec un peu plus de 274 000 habitants en 2007 selon l' I.N.S.E.E. ) - surtout au regard de son étendue (supérieure à 8 700 km²), l'Aveyron est un département où la presse est encore assez diversifiée. Certes, depuis quelques années, cette diversité va en s'amenuisant. Le quotidien local, Centre Presse, est passé dans le giron de Midi Libre et plusieurs périodiques ont disparu des kiosques : le trimestriel Aveyron Magazine (dont, à mon avis, une partie de l'intérêt qu'il pouvait susciter a disparu avec le développement de blogs "pittoresques" tenus par des Aveyronnais) ainsi que les hebdomadaires Le Rouergat (qui a souffert de la forte diminution du lectorat catholique militant) et L'Aveyronnais (une compilation de Centre Presse, autrefois courue dans les communautés exilées, à Paris ou ailleurs, mais qui n'avait plus lieu d'être à une époque ou, d'un clic, il est possible, même à l'autre bout du monde, d'accéder aux articles de la rubrique aveyronnaise ou ruthénoise des quotidiens régionaux, La Dépêche du Midi et Midi Libre).
Vendredi 5 mars est donc paru le premier numéro d'un nouvel hebdomadaire local (il n'est pas disponible dans tout l'Aveyron), Le Ruthénois, dont voici la "une" :
Il est un peu à l'image de ce qui existe dans d'autres villes du département, avec Le Journal de Millau (qui fait partie du groupe des Journaux du Midi), Le Villefranchois (qui lui dépend du groupe La Dépêche), Le Bulletin d'Espalion et surtout Le Progrès Saint-Affricain, qui a soutenu le projet. Je tire une partie de ces informations du bon article (situé aux pages 22 et 24) signé Jean-Michel Cosson, un ancien prof (dans un bahut privé), historien local... et conseiller municipal de Rodez, élu sur la liste de Christian Teyssèdre (où il figurait en quinzième place).
Est-ce à dire que le nouvel organe de presse penche à gauche ? Je n'en sais trop rien. Il est vrai que, sur le piton, c'est Centre Presse qui tient la corde... et, comme son lectorat non ruthénois est en grande partie composé de ruraux (plutôt âgés) du Nord Aveyron, les mauvaises langues disent qu'il est très proche de la majorité départementale, avec à sa tête Jean-Claude Luche, membre de l'UMP. Et puis, il y a ce magazine gratuit, A l'oeil, qui, fait étrange, a commencé à paraître juste après la défaite de la droite aux municipales de 2008. Sous une apparence de neutralité (des personnalités diverses sont interrogées), on peut distinguer une évidente sympathie pour l'opposition à l'actuel maire de Rodez, notamment pour Frédéric Soulié, qui fait l'objet d'un nouvel entretien dans le numéro paru fin février.
En tout cas, page 4, le rédacteur en chef du Ruthénois, Hugues Robert (qui, jadis, fonda Aveyron Magazine... et fut candidat du Modem aux législatives de 2007... où il termina troisième, avec un peu plus de 6 % des suffrages exprimés), n'hésite pas à s'en prendre au directeur de cabinet du président du Conseil général, à propos du label "fabriqué en Aveyron", plus particulièrement de son logo. L'hebdomadaire relève une curieuse "coïncidence" : le vainqueur de l'appel d'offre lancé par le Conseil général est une entreprise basée dans le Val-d'Oise, dont le représentant connaît très bien le directeur de cabinet puisqu'il a déjà passé ses vacances avec lui et que son entreprise a eu pour client la municipalité où travaillait auparavant le directeur de cabinet (Saint-Gratien... dans le Val-d'Oise !). Dans l'histoire, ce sont les concurrents aveyronnais qui repartent la queue basse. Mais la suite de l'article est tout aussi intéressante. Je vous laisse le soin de la découvrir dans Le Ruthénois.
Toujours dans ce numéro 1, deux élues locales sont interrogées, façon questionnaire de Proust. Ah ben tiens, je vais vous donner mes réponses :
Titanic ou Star Wars ? Star Wars (en vo sous-titrée)
Roquefort ou Laguiole ? Roquefort (bio)
Christian Teyssèdre ou Jean-Claude Luche ? Je me garderai bien de juger de leur bilan alors qu'ils n'exercent de vraies responsabilités que depuis peu de temps (Luche est un peu à Puech ce que Larcher est à Poncelet au Sénat. Attendons pour voir.)
Beatles ou Mozart ? Dur, dur. Les deux, mon général !
Semaine de 4 jours ou de cinq jours ? De cinq jours, bien sûr ! La semaine de quatre jours est une aberration destinée à contenter les parents qui partent en week-end et les enseignants feignants.
Tour de France ou coupe du monde de foot ? Ni l'un ni l'autre.
Vacances sport ou détente ? Détente.
Réforme de la carte judiciaire ou réforme des collectivités locales ? Réforme des collectivités locales, dont on a dit injustement beaucoup de mal, alors que les conséquences de la première sont uniquement négatives.
Musée Soulages ou Fenaille ? Fenaille sans hésiter (Moi qui n'aime pas les musées, en plus.) Halte au gouffre à pognon que va être Soulages, le Cap Découverte du Grand Rodez !
L'amour est dans le pré ou La ferme célébrités en Afrique ? Ni l'un ni l'autre, dans les deux cas, c'est de la merde !
Atlantique ou Méditerranée ? Montagne (moyenne).
Les Parapluies de Cherbourg ou Le Gendarme de Saint-Tropez ? Le Gendarme de Saint-Tropez.
Internet ou médiathèque ? Internet (mais la médiathèque de Rodez est très bien).
Vache Aubrac ou brebis Lacaune ? Vache Aubrac.
Les bonnes choses de la vie sont illégales, immorales ou font grossir ? Elles font plutôt grossir, hélas !
Ensuite, nous avons droit au dessin de la semaine. Le premier est très politique, placé, à mon avis, sous le patronage d'Honoré Daumier. Il s'agit de caricature politique, avec deux anciens souverains (Napoléon III plus réussi que Louis-Philippe) placés au-dessus des "grosses têtes" ruthénoises :
On peut donc reconnaître le président du Conseil général, Jean-Claude Luche, celui de la communauté d'agglomération du Grand Rodez Ludovic Mouly, le maire d'Onet-le-Château Fabrice Geniez et celui de Rodez Christian Teyssèdre. Le piton étant passé à gauche, on voit donc que les cibles sont plutôt P.S., ce qui a peut-être pour objectif d'équilibrer l'article situé page suivante : l'hebdomadaire ne va pas "rouler" pour un camp plus que pour l'autre. Le chien est peut-être une allusion à une formule malheureuse (et injuste) de François Mitterrand après la mort de Pierre Bérégovoy. En tout cas, la dessinatrice, Stéphanie Gras, a du talent !
On passe ensuite à quelques considérations sur les élections régionales, parmi lesquelles je note la complexité du mode de scrutin, pas fait pour rapprocher l'électeur lambda de la politique. Bien vu.
Le Ruthénois semble aussi orienter l'organisation de certaines rubriques vers une version participative, faisant de certains lecteurs des rédacteurs. Pour quoi pas ? Mais on semble avoir trouvé bien vite cette "Lou", en cinquième au collège Fabre... la fille de l'un des collaborateurs du journal peut-être ?
Suivent des articles qui sont dans la lignée de ce qui se fait dans le reste de la presse locale. J'aurais aimé que celui consacré à l'aide à l'apprentissage du français soit davantage développé. C'est l'un des fondements de l'intégration des étrangers et il a été négligé par tous les gouvernements. Dernier élément : un supplément télévisuel est fourni avec le journal. Un bilan globalement positif, donc, pour ce premier numéro, avec un bémol : les coquilles. Je me suis amusé à en relever quelques-unes :
- page 2 : la première fois que la fréquence de Radio Temps est notée, elle est fausse : "105 FM". Elle est juste dans la suite de l'article : "107 FM".
- page 4, dans l'article expliquant le fonctionnement des élections régionales, à la fin du groupe de paragraphes intitulé "Une nouvelle donne avec la réforme des collectivités", il y a une erreur de date : "l'inverse sera possible en 2004"... en 2014 en fait.
- page 7 : il aurait fallu écrire "tous les Ruthénois".
- page 8 : dans l'encadré "Paroles d'expert", l'adjectif "aveyronnais" est écrit à plusieurs reprises avec une majuscule. Voyons ! Le patriotisme local (ou du moins son affirmation quelque peu exacerbée) ne doit pas conduire à mépriser les règles d'orthographe.
- page 10 : dans l'article consacré à Severine (sans accent ?) Peyssi, on trouve "le conseil de quartier du Nord s'est autosaisit".
- page 10 : juste à côté, l'article sur les "teyssèdrettes" (je ne mettrais pas de majuscule, perso), évoquant la chapelle Paraire, dit qu'elle est "immaculée de déjections de la gent canine". Voilà une drôle de conception !
Je ne vais pas toutes les relever, mais sachez qu'on en trouve une en moyenne par grand article : j'en ai vu deux page 11, une page 12 (une coquille dans l'article annonçant une animation culinaire citoyenne au lycée La Roque), une page 13 (dans la blague sur Jeanne d'Arc). Cela se calme dans les pages suivantes... ouf !
J'ai décidé d'acheter le numéro 2.
16:48 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, presse, actualités
vendredi, 05 mars 2010
Invictus
J'ai mis du temps à voir ce film, parce que je redoutais qu'il ne soit un peu trop "politiquement correct". Mais, la personnalité du réalisateur, la distribution et le sujet m'ont finalement traîné dans une salle.
C'est incontestablement un film "eastwoodien" : il est question d'hommes qui se dépassent (ou tentent de le faire) et de barrières qui tombent. C'est en général plutôt bien fichu : les scènes intimistes sont réussies, les séquences "rugbystiques" aussi (elles sont assez spectaculaires), mais les spécialistes de ce sport en sortiront déçus : le jeu au pied, pourtant fondamental, est quasiment absent. On ne voit que des drops et des pénalités, celles-ci toujours très bien placées par rapport aux poteaux. De plus, les sons ont été "grossis" pour accroître l'impression qui résulte des chocs des corps, lors des mêlées et des placages. Il est possible que, dans sa manière de filmer le rugby à XV, le bon vieux Clint ait été influencé par le football américain.
Il faut aussi relever une séquence ratée : celle qui voit Freeman-Mandela (excellent) danser et fleureter avec une femme pulpeuse. La direction d'acteurs a péché (Eastwood a-t-il voulu la jouer "cool" avec son pote Morgan, qui est l'âme de ce film ?). De plus, on voit très bien que l'orchestre ne joue pas ! Clint ne nous avait pas habitués à laisser passer ce genre d'erreur.
Le Français que je suis se doit de râler aussi sur le fond. Le scénario masque certains éléments très importants de la coupe du monde. Ainsi, si, à partir de la victoire inaugurale contre l'Australie, on nous présente le parcours intégral de l'équipe sud-africaine, la demi-finale contre la France est réduite aux pluies diluviennes et à des Français boueux et très déçus. Or, il ne fait aucun mystère que la victoire 19 à 15 de l'équipe locale est entachée d'irrégularités. On peut s'amuser à revisionner la toute fin du match, qui voit l'équipe de France marquer un essai que l'arbitre refuse très rapidement de valider, sans chercher à savoir vraiment si Abdelatif Benazzi avait franchi la ligne.
Le film ne présente pas non plus la finale contre la Nouvelle-Zélande de manière objective : si le duel fut très physique, très "rugueux", les Néo-Zélandais étaient affaiblis par une intoxication alimentaire.
Reste l'épopée antiraciste, bien rendue, d'abord grâce à la qualité de l'interprétation : on ne peut pas disjoindre la performance de Morgan Freeman de celle de Matt Damon... et n'oublions pas la foultitude de seconds rôles. Ainsi, le fond raciste de nombreux Blancs sud-africains (des Afrikaners) n'est pas caché, même si le film pêche par excès d'optimisme (à l'inverse de Disgrace) en les montrant presque tous "convertis" à la fin. La même démarche est à l’œuvre quand on veut nous faire croire que le rugby, jadis honni par les Noirs (qui lui préfèrent le football), va devenir un sport métissé, à l'image de la "nation arc-en-ciel" (quand on analyse la composition de l'équipe qui a remporté la coupe en 2007, on s'aperçoit que, si elle est un peu moins blanche qu'en 1995, avec 5 joueurs "de couleur", trois sont des remplaçants).
C'est aussi une comédie, que l'on peut prendre le temps de savourer, vu que l'on connaît déjà la fin de l'histoire. Certains des moments les plus cocasses sont ceux qui voient les deux équipes de gardes du corps du nouveau président se côtoyer.
Enfin, c'est un peu un film d'histoire (meilleur que Goodbye Bafana). Il fait revivre le contexte de l'époque, tout tournant autour de Mandela : ses gardes du corps sont persuadés qu'un Blanc fanatique va tenter de l'assassiner et lui se donne pour mission de réconcilier les communautés (dont la présentation est hyper simplifiée dans le film). On perçoit bien son intelligence politique, qui le pousse parfois à s'opposer aux personnes de son propre camp.
Nelson Mandela a donc inspiré pas mal de monde... même très loin de son pays. Ainsi, si l'on cherche un président qui a porté le maillot national à l'occasion d'une coupe du monde, événement censé symboliser l'union des habitants d'un pays, quelle que soit leur origine... on tombe sur un certain Jacques Chirac ! La différence est que, si Mandela a d'abord pensé à son pays, l'ancien maire de Paris visait sa réélection. Le point commun est que, dans les deux cas, l'image d'unité ne fut qu'un écran de fumée... ou, si l'on est plus naïf, un fugace état de grâce. L'Afrique du Sud d'aujourd'hui n'est pas encore vraiment devenue une vraie "nation arc-en-ciel" et la France "black-blanc-beur" est la même que celle qui a porté Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002 et la même que celle dont les banlieues sont enflammées par la violence, les inégalités et le désespoir.
17:05 Publié dans Cinéma, Politique étrangère, Sport | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema, film
jeudi, 25 février 2010
Retour sur une campagne antitabac
Rappelons d'abord que c'est l'association Droit des Non-Fumeurs qui est à l'origine de cette campagne. Les trois affiches semblent construites de manière identique :
A chaque fois, c'est un-e adolescent-e qui est la cible, puisque c'est la seule personne dont on distingue le visage. Dans les trois cas, c'est une personne blanche (en conformité avec la majorité de la population française métropolitaine) qui est la victime... mais aussi l'agresseur (regardez les mains). Les pubards ont sans doute voulu faire simple et limiter le risque de polémique ethnique : il n'était donc pas question de présenter une personne "de couleur" dans le rôle de l'agresseur. Mais on aurait pu diversifier davantage au niveau des victimes. (On a peut-être craint un téléscopage avec des réflexions sur les "banlieues".)
Il est aussi intéressant de noter le sous-entendu : cette scène fait allusion à la pédophilie et à la prostitution. Les agresseurs (ou clients) sont des hommes mûrs (l'un d'entre eux avec du bide), appartenant sans doute à la classe moyenne.
Toutefois, une nuance apparaît sur les affiches individuelles :
14:28 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : société, france, santé
mercredi, 24 février 2010
Toujours un oeil sur les "Guignols de l'info"
A plusieurs reprises déjà, j'ai pointé quelques insuffisances dans le maniement des marionnettes de la célèbre émission satirique, sans que toutefois cela nuise réellement à sa qualité : les auteurs sont toujours aussi inspirés.
D'un point de vue technique, par rapport au mois dernier, cela s'est amélioré, me semble-t-il. Je n'ai plus remarqué les petites imperfections et, même dans l'encadré noir, où apparaissent d'autres personnages, censés dialoguer à distance avec le présentateur, les manipulateurs habillés de sombre sont redevenus quasiment invisibles.
Mais, ce soir, un petit détail a attiré mon attention :
Regardez bien derrière la marionnette de Patrick Sébastien. On voit que sa veste est découpée au niveau du milieu du dos, puisque des pans se soulèvent et on peut entrapercevoir un chtit morceau du manipulateur. (La scène est au demeurant très réussie, tant sur le plan comique que sur le fond : la convivialité "à l'ancienne" opposée à la technophilie béate.)
22:18 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, humour, actualités
dimanche, 21 février 2010
Les vrais terroristes de Tarnac
Ils ne sont pas cachés dans une ferme de la commune du nord de la Corrèze ! (Au passage, signalons que le village risque de perdre sa classe unique, menacée de fermeture.) Plus les journalistes ont accès aux documents de l'enquête en cours, plus ils en viennent à douter de la version officielle.
Non, je veux parler d'un autre "Tarnac", qui s'écrit différemment, mais dont j'ai reconnu la prononciation dans un documentaire (diffusé sur M6) visible sur Dailymotion : La Face cachée de ben Laden. (Vous pourrez aussi vous amuser à lire les commentaires des internautes anonymes, certains particulièrement délirants... mais il faut faire avec : la Toile permet à tous les paranoïaques de matérialiser leurs fantasmes.) Allez directement à la trente-neuvième minute. Vous entendrez que, dans la deuxième moitié des années 1990, en Afghanistan, les talibans ont mis à la disposition de ben Laden et de ses amis une ancienne coopérative agricole de l'époque soviétique : la ferme de Tarnah, située près de Kandahar.
Il y a à boire et à manger dans cette enquête supposée approfondie. Je lui reproche principalement de ne prendre aucun recul vis-à-vis des propos tenus par les personnes interrogées, que ce soient des Saoudiens ou d'anciens hauts responsables ou espions états-uniens. Malgré cela, le film n'est pas sans qualités. L'allusion à la fameuse ferme est confirmée par un livre :
On peut en trouver le chapitre 20, Quand la C.I.A. "ratait" Ben laden, sur internet. La ferme est mentionnée page 338. L'édition originale datant de 2007 (2009 pour le poche), le documentaire de M6 de 2004, je trouve qu'avec le recul, l'anecdote ne manque pas de saveur...
20:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualités, france
jeudi, 18 février 2010
A serious man
Je ne sais pas d'où vient cette manie de garder désormais presque systématiquement le titre anglais des films, même lorsqu'une traduction française semble évidente. Ici, plutôt que d'un "homme sérieux", il vaudrait mieux parler d'un "type bien". (C'est d'ailleurs le titre d'un film français, sorti en 1990.)
Cela commence par un conte juif, en noir et blanc, en yiddish (je ne sais pas si cette partie a été doublée dans la version française, puisque j'ai vu le film en version originale sous-titrée), censé se dérouler en Europe de l'Est. C'est très "stylé", avec une épouse juive très volontaire... et une drôle de morale à la fin.
Le "vrai" film commence ensuite, au coeur de l'Amérique des années 1960, dans une ville universitaire où se côtoient (à défaut de s'apprécier) juifs et protestants. Le héros est un "type bien", c'est-à-dire un homme honnête, travailleur, fidèle, respectueux, à l'écoute des autres, pacifique... bref, une victime toute désignée. Il se fait rouler dans la farine par son frère, qui squatte impunément chez lui, son épouse, qui le trompe, l'amant de celle-ci, qui essaie de placer la faute sur lui, ses enfants, qui le prennent pour un larbin et lui piquent du pognon, son voisin, qui empiète sans vergogne sur sa propriété, un de ses étudiants, qui veut tricher (soutenu par son père, d'ailleurs... scène absolument géniale qui voit les deux hommes tenter de dialoguer...)
C'est donc à la fois une chronique de la soumission ordinaire et aussi la description d'un début d'émancipation. Le héros se fait conseiller successivement par trois rabbins... vraiment très originaux ! Dans le même temps, son fils se drogue, essaie d'échapper aux coups d'un copain de classe à qui il doit de la thune, jure comme un charretier avec ses potes dans le bus, a sans doute usurpé l'identité de son père pour obtenir un abonnement musical et cache à sa famille qu'il a été puni à l'école... Il lui faut absolument récupérer son poste FM ! Je vous laisse découvrir dans quelles circonstances cela survient...
Le papa lui tente de réapprendre à vivre vraiment, à ne plus se laisser marcher sur les pieds. Pas facile... mais les circonstances sont parfois favorables.
Le film est donc une jolie collection de saynètes, servies par d'excellents acteurs. Cependant, il se termine de manière abrupte. C'est dommage.
16:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mercredi, 17 février 2010
Disgrace
J'ai gardé l'orthographe du titre anglais (sans l'accent circonflexe donc), puisque, traduit en français, cela donnerait plutôt "honte" ou "déshonneur". Autant le dire tout de suite, ce film australo-sud-africain est dur, très dur même parfois, alors que pratiquement aucune violence physique n'est montrée à l'écran. Les moments de tension alternent avec des scènes apaisées, en pleine brousse africaine ou en ville. C'est très bien joué, superbement filmé.
Il est question de l'Afrique du Sud actuelle, loin des clichés (et loin de l'optimisme béat d'Invictus), à travers l'histoire d'un prof de fac libidineux, de sa fille perturbée et des "relations interraciales" dans une métropole moderne (Le Cap) et un village perdu au fin fond de la brousse.
C'est l'excellent John Malkovich qui incarne l'universitaire. Valmont a décidément bien vieilli. Dans la première partie du film, tout est fait pour nous rendre odieux ce libertin phallocrate. Les temps ont changé, et un grand bourgeois blanc aussi cultivé soit-il ne peut plus considérer les étudiantes comme son gibier pénien.
Se greffent là-dessus les relations entre Blancs et Noirs (ou métis). La deuxième partie du film est à la fois une sorte de "punition" et une rédemption du héros. Eh oui, le fond chrétien est très présent, mais subrepticement. Le problème est que, dans tous les cas, ce sont les femmes qui dégustent : l'épouse trompée du "héros", l'étudiante violée, la fille qui accepte tout... Il n'y a guère que la vétérinaire, qui a renoncé à beaucoup de choses, qui s'en sorte. C'est d'ailleurs une marque de fabrique du film. Un petit côté protestant peut-être.
Mais on pourrait aussi analyser le film comme étant une image en miroir de l'histoire de l'Afrique du Sud. Ce qui se passe dans la brousse n'est que la réponse du berger à la bergère : les rôles sont inversés, parce que ce sont les Noirs qui ont désormais le pouvoir. Cela peut paraître simpliste mais, si l'on met les Bancs à la place des Noirs et inversement, on peut recréer le contexte de l'implantation coloniale des Européens au XIXe siècle notamment.
A la fin, le réalisateur semble avoir voulu laisser planer une certaine incertitude. En y réfléchissant bien, on se rend compte qu'en fait le personnage interprété par John Malkovich a pris une décision irrévocable...
15:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mardi, 16 février 2010
Sumo
Et voilà encore un film israélien ! Son titre anglais est A Matter of size. Cela dit presque tout. Bon, les mecs, vous en avez un peu marre que votre copine vous fasse remarquer que sur votre (ancien) corps magnifique soient apparues de fort disgracieuses poignées d'amour ? Alors, emmenez-la voir ce film !
C'est l'histoire d'une bande de potes (4 hommes et une femme) israéliens, gras du bide de chez gras du bide, qui tentent désespérément de perdre du poids. L'un d'entre eux, Herzl, qui vit encore chez sa mère, finit par trouver un boulot dans un restaurant japonais... car il y a une communauté japonaise en Israël ! Les liens entre le Japon et la culture juive sont d'ailleurs plus anciens qu'il n'y paraît. Le patron du restaurant se dit sioniste et membre d'un groupe particulier, les Makuyas.
C'est une comédie de moeurs, qui oscille entre le rire franc et un ton plus grave. Y est à l'oeuvre principalement un comique de situations : celles décrivant la vie quotidienne (pas facile) des héros (dont on rit de bon coeur... je sais, c'est pas gentil... mais c'est dans le film !) et celles dans lesquelles ils se retrouvent fourrés à partir du moment où ils décident de renoncer au régime pour devenir de vrais sumos. L'une des scènes les plus hilarantes voit les apprentis devoir quitter leur lieu d'entraînement (d'où leur guide japonais, furieux, est parti en emportant leurs affaires), en tenue (vous savez, les énormes strings noués à la taille...) pour rejoindre la ville...
La gravité est présente dans la vie intime. Herzl et sa mère entretiennent des relations difficiles, sur lesquelles pèse la mort du père. Le jeune homme a de surcroît la fâcheuse tendance à mentir à sa copine obèse qui, elle, n'a pas renoncé au régime (c'est tout de même une jolie grosse). Le pote plombier finit par découvrir que sa petite amie le trompe, alors que l'un des membres du groupe va faire son coming out. (Excellent moment qui voit l'un des hétéros lui jeter un truc dans le genre : "Estime-toi heureux qu'on t'ait laissé en vie !")
Derrière tout cela, il y a la recherche de la dignité, dans la vie intime comme dans la vie publique. Ces hommes vont tenter de réaliser quelque chose d'extraordinaire et de le médiatiser, un peu comme le strip-tease des ouvriers de The Full Monty.
P.S.
Le film a peut-être été inspiré par la venue d'un groupe de sumos en Israël, à Césarée, en 2006.
17:32 Publié dans Cinéma, Japon, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
lundi, 15 février 2010
Lebanon
C'est le premier film du réalisateur israélien Samuel Maoz. Ah oui, j'oubliais : le titre veut dire "Liban". Il est donc question de l'invasion de ce pays par l'armée israélienne en 1982, une opération nommée "Paix en Galilée". (C'est un sujet qui interpelle visiblement les cinéastes israéliens : le magnifique Valse avec Bachir se situait déjà dans le même contexte, même s'il traite d'un aspect différent de ce conflit.) Le film donne la vision des soldats qui se trouvent dans un (vieux) char... qui sont tous des appelés du contingent ! On peut d'ailleurs légitimement penser que le réalisateur a mis un peu de lui dans au moins trois des personnages (le conducteur arabophone, le chef et le contestataire).
On a plutôt affaire à des pieds-nickelés qu'à des héros nationaux : le chef n'arrive pas à se faire obéir et il ne sait pas faire face à l'imprévu, le tireur pisse dans son froc, le conducteur ne pense qu'à sa mère et le chargeur attend avec une impatience évidente la fin de son service. Face à eux, si de temps à autre on voit un Palestinien, un Syrien ou un Libanais, la plupart du temps, c'est au militaire de carrière (israélien), gradé, très carré, que nos héros se trouvent confrontés.
Une partie du film est en caméra subjective : la vision des spectateurs est celle des tankistes. La lunette d'observation n'est pas très perfectionnée... et le bruit qu'elle fait en pivotant (ou lors du changement de focale) devient vite un rituel. Les scènes d'intérieur sont vraiment bien maîtrisées. J'ai l'impression que l'auteur a été très influencé par les films américains sur la guerre du Vietnam, à la fois sur le fond (peut-on être un bon soldat sans devenir un salaud ?) et sur la forme (avec ces gros plans superbes des trognes crasseuses des tankistes).
Les acteurs sont très bons, réussissant même à faire évoluer l'impression qu'on a de leur personnage. Plusieurs d'entre eux étaient à l'affiche de Beaufort, sorti en 2008. On notera aussi, dans un rôle secondaire, la qualité de l'interprétation d'Ashraf Barhom, (vu récemment dans Agora), en phalangiste (libanais). (L'une des seules femmes visibles dans ce film, une mère de famille libanaise, est incarnée par Reymonde Ansellem, qui tenait le premier rôle dans 7 minutes au paradis.) L'un des moments les plus réussis est sans conteste ce bref épisode de repos, durant lequel le tireur relate le décès d'un membre de sa famille, moment dont il a surtout retenu son érection, provoquée par la sensation de la poitrine de la prof qui l'a serré contre lui !!
Pour bien comprendre le sens de la première image, il faut attendre la toute fin du film. Le réalisateur a résisté à la tentation de faire un drame absolu. On oscille entre les moments de tension extrême (qui montrent la mort de civils libanais ou de soldats israéliens) et les scènes intimistes, parfois scabreuses (on ne nous cache pas grand chose de la vie quotidienne dans un char). C'est vraiment un Lion d'or 2009 mérité.
14:58 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
dimanche, 14 février 2010
La Princesse et la grenouille
C'est le retour du conte de fées, version contemporaine, par Disney, sous la férule d'un producteur exécutif particulier, John Lasseter (qui, avant de fonder Pixar et de créer Toy Story ou Cars, avait réalisé Rox et Rouky). Cette fois-ci, la Cendrillon est pauvre et noire (cliché ?) et sa rivale (blanche et gosse de riche) est plus gentille que dans les contes de fées : dès le début on comprend que c'est une horrible pétasse, mais les scénaristes lui ont ajouté un grand coeur, ce qui contribue à redorer son blason plus loin dans le film.
C'est donc très "politiquement correct" : cette histoire qui se déroule dans une Louisiane sans doute ségrégationniste ne montre pas une seule scène de racisme ! Même si un certain retournement est opéré au niveau de l'héroïne, celle-ci n'est nullement l'instrument d'une quelconque transformation sociale (le seul "révolutionnaire" est le serviteur gros et moche, comme par hasard ; il transgresse l'ordre établi et en est bien puni) : elle a deux boulots, travaille plus pour gagner plus... bref elle est à fond dans le système. Si vous ajoutez à cela l'imprégnation religieuse, très grande dans la dernière demi-heure (avec une fin grand-guignolesque pour une luciole), vous pouvez conclure que, sous une apparence de modernité, ce film est éminemment conservateur.
Il n'en est pas moins bourré de qualités. Si l'histoire peine un peu à démarrer, les séquences s'enchaînent ensuite avec brio, à commencer par celle qui voit l'apparition du méchant (le magicien vaudou), d'une grande qualité visuelle (elle regorge d'inventivité, tant au niveau des ombres que de l'animation des cartes). J'ai aussi beaucoup aimé la première scène de grenouilles, puis la rencontre avec l'alligator jazzman, qui précède de peu le combat mené contre les braconniers, l'un des sommets du film. C'est drôle, bien dessiné, avec une musique entraînante. Les héros, parfois fadasses (comme ce prince beau gosse suffisant et plaintif, que je ne vois guère changer dans le film... à part l'amour particulier qu'il commence à nourrir pour l'héroïne), sont complétés par des personnages hauts en couleur, comme l'alligator, la vieille luciole mâle (Anthony Kavanagh impeccable) et Mama Odie (excellente Liane Foly dans la version française).
C'est donc un bon divertissement, fondé toutefois sur des schémas mentaux auxquels on n'est pas obligé d'adhérer.
P.S.
Pour les curieux : soyez très attentifs au moment où (vers la fin) l'une des grenouilles se fait embrasser par une personne portant un rouge à lèvres très visible... Il y a une grosse erreur dans les dessins.
23:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
vendredi, 12 février 2010
Océans
C'est donc le nouveau documentaire signé Jacques Perrin, dont j'avais apprécié Microcosmos (il en était producteur) et Le Peuple migrateur (qu'il a produit et réalisé). Depuis une douzaine d'années, le documentaire "nature" effectue un retour remarqué dans les salles obscures. Celui-ci s'inscrit dans la lignée de La Planète bleue (où Perrin fait office de narrateur dans la version française) et La Planète blanche. Plus récemment, on a pu apprécier Les Ailes pourpres.
Comme tout cela coûte hyper cher, il a bien fallu recourir à des mécènes... dont les noms figurent en tête de film. Cela m'a fait tout drôle de voir Total, Le Crédit Agricole, E.D.F. et Veolia sponsoriser un documentaire qui dénonce la pollution des océans.
Pendant les trois-quarts du film, on a un peu l'impression de se retrouver dans un bel aquarium. Les eaux sont propres, souvent lumineuses, on n'y trouve aucun déchet et les animaux n'y croisent que leurs proies ou leurs prédateurs naturels. A l'écran, c'est magnifique. (J'aime tout particulièrement voir évoluer les otaries, les lions de mer et les phoques, qui me font un peu penser à des chats.) La musique accompagne sans être trop envahissante. Le commentaire ne sert par contre à rien, puisqu'il n'a aucun contenu scientifique. Du coup, le non-spécialiste en est réduit à des conjectures sur l'identité de telle ou telle bestiole. Visiblement, on part du principe que les spectateurs se sont renseignés avant, ou qu'ils vont se précipiter après sur l'excellent site internet (Je recommande tout particulièrement le dossier scientifique et le trombinoscope des espèces.)... voire qu'il vont casser leur tirelire pour se procurer les ouvrages liés au film.
C'est dans la dernière demi-heure que sont évoquées la pollution et la pêche sauvage, incontrôlée. Certaines scènes sont choquantes, à tel point que, même si, dans le générique de fin, il est précisé qu'aucun animal n'a été maltraité pour le tournage, je suis allé vérifier, notamment pour le cas du requin dont les ailerons sont tranchés (moment qui contraste fortement avec une autre scène, paisible, qui montre un plongeur accompagner un grand requin blanc). Dans un entretien, Jacques Perrin précise que même les thons massacrés ne sont pas de vrais animaux.
Un fort bel ouvrage donc, peut-être un peu trop "grand public".
17:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
samedi, 06 février 2010
Food inc.
C'est un documentaire états-unien, qui se situe dans la lignée des européens We feed the world et Notre pain quotidien (deux grandes réussites), dont il s'est un peu inspiré, m'a-t-il semblé.
Cela dure un peu plus d'1h30, mais cela passe bien, même si j'ai ressenti quelques longueurs au bout de 50 minutes. Je continue à penser, qu'au-delà de l'intérêt d'un sujet et du talent d'un réalisateur, très rares sont les documentaires qui méritent de passer l'heure de durée. Ici, le découpage en petites séquences a visiblement été pensé pour une exploitation cinématographique... et pédagogique. (Pas besoin d'être prof pour apprécier le dossier mis en ligne sur le site zéro de conduite.)
Le principal intérêt du film est la description détaillée de l'agro-industrie, qui lamine les paysans et impose sa loi aux consommateurs d'outre-Atlantique. On a donc droit à des considérations économiques (sur l'endettement, les prix artificiellement bas, en particulier pour le maïs, qui semble être au coeur du système) et sociales (sur la vie des agriculteurs, le plus intéressant du lot étant celui qui réussit encore à faire son boulot un peu "à l'ancienne"). Si vous demandez à un éleveur américain pourquoi il doit se méfier de Tyson, il ne vous parlera pas d'un boxeur, mais des avocats d'un grand groupe agroalimentaire.
Les passages les plus émouvants sont ceux qui mettent en scène cette mère de famille de sensibilité républicaine, qu'on sent très conservatrice sur les moeurs et la sécurité, mais qui s'est sentie trahie par le monde politique des années 1990-2000. Et là j'ai appris quelque chose que j'ignorais, à propos de la bactérie Escherichia Coli (qu'on nous a tous fait étudier dans un cours de sciences à un moment ou un autre de notre scolarité), dont le caractère létal a été accentué par l'élevage intensif. (Les fameux "poulets au chlore" sont les produits de cette industrie qui, au lieu d'agir en amont, a choisi de limiter les coûts et d'éviter toute remise en question.) Cette maman ordinaire, révoltée par la mort de son fils, provoquée par l'ingestion d'un simple hamburger, est très touchante. Je suis plus partagé sur le cas de la famille qui se goinfre de cochonneries pas chères. Les parents disent qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter de bons aliments, mais ils ont voiture récente, téléphone portable et sans doute maison. Faut savoir ce que l'on veut dans la vie. Mais bon, cela pose tout de même la question de la malbouffe, dans les pays développés : la nourriture saine y est en général plus coûteuse (pour le consommateur, mais pour le contribuable c'est plutôt l'inverse) que la mauvaise (même si celle-ci est composée de davantage d'aliments et adjuvants). Le film nous offre en sus une analyse historico-économique pertinente du lien entre l'industrialisation de l'agriculture et l'émergence des chaînes de restauration rapide.
D'autres passages sont plus attendus, comme celui qui dénonce les conditions de travail des employés des abattoirs et des usines. J'ai aussi toujours autant de mal à supporter la mise à l'écran de la souffrance animale. A ce sujet, l'un des intervenants (un des auteurs de Fast food, fast nation), fait le lien entre les mauvais traitements infligés aux animaux et le statut des travailleurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire, le manque de respect des consommateurs, situés en bout de chaîne, en étant une conséquence logique.
On appréciera aussi que l'action néfaste du groupe Monsanto soit décrite par un Américain, avec des cas concrets, en particulier celui de ce bonhomme qui "nettoie" les semences transgéniques de ses copains agriculteurs pour qu'ils les ressèment. (J'aurais bien aimé en savoir plus à ce sujet.) Au-delà du débat sur les O.G.M., il y a des pratiques condamnables, comme le fait d'employer des détectives privés et d'appeler à la délation contre ceux qui ne respectent pas les règles que tente d'imposer la multinationale. Si vous ajoutez à cela les poursuites judiciaires, très coûteuses, vous aurez une idée de la capacité de nuisance de ce groupe.
Ne croyez pas cependant que le film soit excessivement pessimiste. Toutes les scènes filmées chez cet agriculteur franc-tireur (Joe Salatin, stetson vissé sur la tête) sont revigorantes, tant son bon sens emporte l'adhésion. Le film fait aussi l'apologie de l'organic, c'est-à-dire du bio, avec des points de vue variés, entre les purs et durs et les tenants de l'adaptation au système : même Wal Mart s'y met !
14:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
jeudi, 04 février 2010
Rions un peu avec Oussama ben Laden
2016. Aux Etats-Unis, Barack Obama semble achever son second mandat. En France... ben je vous laisse le soin de découvrir qui préside. Au Pakistan, l'armée américaine met enfin la main sur un célèbre barbu grisonnant (euh, non, pas le Père Noël). Emmené en Irak (tiens, les Américains y sont encore ?!), soumis à un interrogatoire, Oussama ben Laden va raconter sa vie. Ses "confessions", subjectives, alternent avec les moments "objectifs", qui permettent aux auteurs (le journaliste Mohamed Sifaoui et le dessinateur Philippe Bercovici) de brosser le tableau d'une époque.
Car il s'agit d'une bande dessinée, assez bonne ma foi :
L'histoire alterne entre l'époque de la vie de ben Laden qui est racontée et le présent de la narration (en 2016). Cela se veut à la fois un ouvrage historique (auquel il a été reproché une série d'approximations) et une oeuvre satirique, dont les Occidentaux comme les intégristes ne sortent pas grandis.
L'humour fait souvent mouche, mais le récit est parfois simpliste (peut-être pour toucher le grand public). On voit à peu près où les auteurs veulent en venir : dénoncer la bêtise et le fanatisme, quelles que soient les formes qu'ils prennent. Ce n'est finalement pas si mal vu.
En complément, j'ai récemment découvert en intégralité le reportage réalisé par les frères Jules et Gédéon Naudet. Ils suivaient la vie d'une unité de pompiers new-yorkais depuis plusieurs mois déjà (en s'attachant tout particulièrement aux premiers pas du nouveau membre) lorsqu'ils se sont retrouvés en plein coeur de l'événement :
Le DVD du film 11/09 contient, en bonus, de longs entretiens réalisés avec les figures marquantes de la caserne (fait extraordinaire : alors que nombre de leurs collègues sont morts dans les tours, tous ceux de cette équipe sont revenus vivants).
Pour l'anecdote, c'est par accident que l'un des deux frères (Jules) a filmé, au cours d'une intervention à propos d'une fuite de gaz, le premier avion au moment où il a percuté la tour Nord :
17:04 Publié dans Histoire, Livre, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, histoire, islam, humour
mercredi, 27 janvier 2010
Toujours attentif aux "Guignols de l'info"
Les auteurs restent en grande forme, comme en témoigne l'émission de ce mardi 26 janvier. Les voix sont elles aussi toujours très réussies. C'est au niveau de la manipulation des marionnettes que je continue à repérer, de temps à autre, quelques imperfections.
Il y a celles qui sont inévitables : il est impossible de rendre totalement invisibles les accessoiristes, mêmes vêtus de noir. Mais aujourd'hui, le choix d'accompagner le personnage de Tim Burton (le vrai allant bientôt présider le jury du festival de Cannes) d'émanations de fumée a rendu les manipulateurs encore plus visibles :
Je pense toutefois que leur travail doit être encore plus difficile que celui de leurs collègues placés sous le bureau. Ceux-ci me semblent un peu plus coutumiers des maladresses. Exceptionnellement aujourd'hui, c'est le personnage de PPD qui en a souffert :
A deux reprises, ce qui ressemble au sommet d'une casquette est apparu à l'écran (très discrètement cette fois-ci... mais ma capture d'écran ne coïncide pas avec le moment où c'est le plus visible). Voici la deuxième occurrence, qui suit de peu la première :
00:00 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, humour
mercredi, 20 janvier 2010
La Promo - Sciences Po 86
Je viens de lire le livre écrit par Ariane Chemin (et publié en 2004), alors journaliste au Monde (elle a depuis rejoint Le Nouvel Observateur). A sa sortie, je n'avais pas été intéressé. Je m'étais dit : voilà encore un bouquin vite écrit, mal ficelé, qui joue sur la "pipolisation" de la vie politique. Et puis, franchement, je ne suis pas fasciné par les coteries.
C'est tout récemment que j'ai été titillé, quand je me suis un peu intéressé à Anne Roumanoff (dont il est très peu question dans le livre d'ailleurs). Je me suis donc procuré l'ouvrage, que j'ai avalé en deux heures.
Il contient de nombreuses anecdotes et, s'il ne révèle pas de secret, sa lecture n'est pas inutile au citoyen de base. Parce que je pense (mais ça depuis des années) que trop de choses échappent à l'électeur(trice) moyen(ne), choses dont les journalistes (qui sont issus des mêmes milieux que les politiques, voire ont fréquenté les mêmes écoles... ne parlons pas des coucheries) sont au courant. Il est toujours bon de savoir, par exemple, que Jean-François Copé et Arnaud Montebourg ont côtoyé des gens comme David Pujadas (plutôt réputé à l'époque pour ses compétences en économie apparemment), Isabelle Giordano (une dilettante de gauche dont on sent que l'auteure n'est pas une amie intime), Bruno Patino (directeur de France Culture, ancien président du Monde Interactif S.A.).
Parmi les anecdotes, j'ai retenu la passion éprouvée par Alexandre Jardin pour la Politique, avec un grand p, la timidité de Claude Chirac (dégoûtée par l'informatique), le parcours étonnant d'un condisciple disparu, qui a dû croiser Oussama ben Laden en Afghanistan dans les années 1980. Je n'ai pas été étonné de retrouver Frédéric Beigbéder en gosse de riche talentueux et bringueur, Jean-François Copé en obsédé de la politique, carriériste et bûcheur, ou encore le prof Jean-Pierre Raffarin (que des types dans son genre puissent enseigner à Sciences Po en dit long sur ce qu'est devenue la politique...), spécialiste de "communication politique", un peu feignasse sur les bords... mais présenté avec empathie, m'a-t-il semblé.
Au-delà de la liste des célébrités, le livre évoque rapidement la masse de ceux qui sont inconnus du grand public, mais qui occupent des postes à responsabilité(s).
L'écriture se veut neutre... c'est-à-dire facile et lire et pas agressive. Il ne faut pas attendre de ce livre une enquête fouillée, mais juste un coup de projecteur pas déplaisant.
19:12 Publié dans Livre, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france
dimanche, 17 janvier 2010
Agora
C'est donc le dernier film d'Alejandro Amenabar, un talentueux Espagnol dont on a déjà pu apprécier Tesis, Ouvre les yeux et Les Autres. Il a coécrit un scénario dans lequel se mêlent la fresque historique (sur un christianisme de plus en plus puissant), une histoire d'amour contrarié et la recherche scientifique (rendue avec beaucoup de pédagogie, je trouve).
Mais c'est d'abord une histoire de femme. Au singulier, puisque, si on laisse de côté l'héroïne, les autres ne sont que des figures effacées, à l'image de la place qui leur est dévolue dans la société de l'époque, celle de l'Egypte romaine de la fin du IVe siècle. (Mais le film a été tourné à Malte, comme Gladiator et Troie.) Je dois avouer que je ne connaissais pas cette Hypatie, flamboyante intellectuelle et femme libre. Rachel Weisz (oscarisable, même si le film ne rencontre pas son public) incarne à la perfection cette icône féminine de l'indépendance et la libre-pensée.
Le film se veut d'abord une démonstration, celle de l'intolérance de ce jeune christianisme qui, persécuté puis toléré, est sur le point de devenir la religion officielle de l'empire... et même d'enfiler à son tour les habits du persécuteur. L'acteur qui joue l'évêque Cyrille est à cet égard excellent, tout comme celui qui interprète Ammonius, son exécuteur des basses oeuvres (remarquable Ashraf Bahrom, déjà vu dans La Fiancée syrienne, Paradise now et Le Royaume). Les autres nous permettent aussi de comprendre la force de cette communauté, de ses convictions, face à la haute société polythéiste, pétrie de pensée grecque et jugée décadente.
Paradoxalement, pour un film grand public, l'aspect sentimental passe plutôt au second plan. Il est très présent dans la première partie du film, mais ne revient réellement au premier plan qu'à la toute fin, dans des circonstances que je me garderai bien de révéler. (Sachez seulement que les auteurs du film, sur ce point précis comme sur quelques autres, n'ont pas fidèlement suivi l'Histoire.)
Si les débats et l'enseignement philosophiques tels qu'ils sont mis en scène ne m'ont pas paru passionnants (peut-être aussi parce que le doublage n'est pas toujours très réussi), par contre, la recherche astronomique est abordée de manière originale (j'ai beaucoup aimé les maquettes du système solaire et l'usage qui est fait d'un carré de sable). Je ne suis pas du tout spécialiste de la question... et j'ai tout compris !
Amenabar a aussi tenu à nous montrer qu'il savait tenir une caméra. C'est parfois un peu agaçant, quand il multiplie les vues du dessus, pas toujours justifiées. C'est beaucoup plus convaincant quand il traite des mouvements de foule, ou quand il aborde certaines péripéties, comme les deux traquenards qui opposent chrétiens et juifs. (Par contre, j'ai été un peu déçu par le saccage et l'incendie de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie.)
Derrière la fiction se cache un propos politique. Au-delà de la peinture de l'intégrisme chrétien des débuts, il y a la dénonciation de l'instrumentalisation du religieux à des fins politiques et le rejet de toutes les formes de fanatisme, notamment celles qui s'en prennent à la liberté de pensée et à l'indépendance des femmes. Comment ne pas voir dans cette milice obscurantiste et misogyne vêtue de noir un pendant des actuels fondamentalistes musulmans ? Au-delà des empires, des républiques, des époques et des religions, la connerie humaine prend souvent des formes identiques...
16:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, histoire
vendredi, 15 janvier 2010
Un coup de mou aux "Guignols de l'info" ?
Rassurez-vous, il ne s'agit pas du contenu de l'émission, toujours aussi roboratif. Le problème est la forme. J'y ai déjà fait allusion il y a quelques jours. Oh, je ne suis pas en quête de perfection. Le téléspectateur attentif que je suis a depuis longtemps appris à repérer les mouvements d'ombres dans la fenêtre où paraissent les interlocuteurs distants du présentateur P.P.D.
C'est au niveau de la manipulation de la marionnette de l'invité-plateau que des maladresses sont apparues. Ainsi, ce vendredi 15 janvier, on pouvait distinguer le haut de la tête de l'un des manipulateurs du Nikos Aliagas de latex :
Vous me direz : faut vraiment bien regarder (et cliquer sur l'image pour la voir en totalité). Après tout, on peut très bien confondre la touffe de cheveux qui dépasse avec le rebord de la table. Certes, mais cela s'est agravé :
Si vous êtes attentifs, vous noterez qu'à la touffe de cheveux sommitale s'est ajouté un morceau de l'avant bras, qui s'enfonce dans la marionnette. Mais le pire est à venir :
Là, on voit tout ! C'est précisément cette bourde qui m'a incité à revisionner la séquence et permis de remarquer la série de maladresses.
21:21 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, société, humour, actualité
dimanche, 10 janvier 2010
Zeu riteurne auphe zeu neige (à Rodez)
Cela devient presque un rituel : depuis quelques années, la neige fait son grand retour l'hiver, que ce soit fin décembre, courant janvier ou début février. C'est en 2006 que les chutes ont été les plus impressionnantes. En 2007, nous n'avons eu droit qu'à un bref épisode. Ce fut un peu plus fourni en décembre 2008, même si cela a fondu très vite.
Hier samedi, je me suis donc offert une petite balade sous la fine neige tombante. Je suis passé par mon sentier de promenade préféré, situé en contrebas de Rodez, à proximité de l'usine Bosch :
Quant à l'usine elle-même, située dans mon dos sur cette photographie, on pouvait en avoir une vue en montant sur la route de Sainte-Radegonde :
Je me suis ensuite lancé sur le sentier enneigé, le long de l'Aveyron :
Les eaux de la rivière étaient parcourues par des groupes de canards, en quête de nourriture :
Régulièrement, des promeneurs nourrissent les animaux. On voit notamment des parents (ou des grands-parents) venir avec leurs enfants (ou petits-enfants). Ce jour-là, le coin était presque vide en plein après-midi. Je n'ai croisé que quatre personnes en trois quarts d'heure : un type qui faisait des photos (copieur !), deux jeunes avec un chien sans muselière (ni laisse) et un gars entre deux âges qui avait pris des morceaux de pain rassis avec lui et les jetait dans la rivière.
Une fois mon petit tour terminé, je suis remonté vers le centre-ville, d'où on a une jolie vue de ce coin, nommé "Layoule" :
J'ai donc gagné le coeur de la ville, dont les rues, très calmes pour un samedi après-midi, avaient été abondamment salées et bien dégagées :
Si vous regardez attentivement le côté droit de la photographie (au besoin en cliquant dessus pour l'agrandir), vous noterez la présence d'une dépanneuse, venue prendre en charge un véhicule (une Audi m'a-t-il semblé) qui avait dû percuter le trottoir (ou une autre voiture ?). Rien de grave en apparence, mais, sous la neige, cette rue Saint-Cyrice est une descente piégeuse.
On termine par une vue de la cathédrale (toujours un peu en travaux), alors que la nuit tombe :
Si l'encombrement semble avoir gêné l'activité de nombre de commerces (dès le vendredi soir, où j'ai pu constater combien il était facile de faire ses courses à 18h à l'hyper Leclerc de Sébazac, dont le parking était étonnamment peu occupé), certains, au centre-ville, se sont réjouis que le climat restreigne les déplacements automobiles : beaucoup de Ruthénois ont préféré se déplacer à pieds et effectuer leurs achats sur place.
14:07 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 2010, neige, hiver, météo
jeudi, 07 janvier 2010
Une petite erreur de manip' aux Guignols
Cela a peut-être échappé à nombre de téléspectateurs, mais, lors de l'émission de mercredi 6 janvier 2010, vers la fin, une maladresse inhabituelle est intervenue dans la prestation des marionnettistes des Guignols de l'info de Canal +.
Je ne me suis pas rendu compte immédiatement de ce que je venais de voir. J'avais juste été frappé par un mouvement étrange. Cela s'est passé pendant que PPD discutait avec Michel Denisot du texto envoyé, pendant le direct du Grand Journal, par François Fillon à Jean-Michel Apathie. Sur le côté de l'écran, on pouvait voir ceci (il faut cliquer sur l'image pour la voir en entier) :
Il s'agissait de la marionnette d'Eric Cantona, que l'on avait vue lors de la séquence précédente (très réussie, soit dit en passant), et que des manipulateurs peu inspirés ont fait ressurgir (très brièvement) dans le champ des caméras.
23:18 Publié dans Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, humour
Les Chats persans
Attention : ce film n'est pas un documentaire sur nos adorables compagnons poilus, moustachus et griffus, mais une "fiction réelle", tournée dans des conditions semi-clandestines, en Iran. Le réalisateur, Bahman Ghobadi, s'est fait remarquer naguère par le superbe Half Moon, pourtant tourné dans un style très différent.
Les héros sont de jeunes musicos rebelles (mais pas trop), qui veulent s'éclater sans que les barbus ne viennent leur briser les gonades. L'histoire oscille donc entre cet appétit de vivre et la menace qui plane, jamais très voyante (puisqu'on fait tout pour l'éviter), mais toujours redoutée.
Concernant la musique, j'étais mitigé au début face à ce pop-rock "indy". Cela m'a semblé s'arranger à partir de la moitié du film, grosso modo. Cela devient même très entraînant.
La comparaison a été souvent faite, mais je la reprends puisqu'elle m'apparaît justifiée : on sent l'influence de l'ambiance du Persepolis de Marjane Satrapi dans ce film... peut-être plus de la bande dessinée que de son adaptation cinématographique d'ailleurs. Les héros sont des rejetons de la classe moyenne, un peu "bobos" sur les bords. Leur prudence contraste avec l'esprit d'initiative de Hamad, un trafiquant en tout genre, capable aussi bien d'emberlificoter un juge (magnifique scène que celle qui nous permet d'observer, par l'entremise d'une porte entrouverte, la petite comédie dont ce bonimenteur gratifie le magistrat conservateur) que d'organiser un concert clandestin !
La chute surprend malgré tout... et renvoie elle aussi à l'oeuvre de M. Satrapi.
21:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema
mercredi, 06 janvier 2010
Une campagne de la LICRA un peu "limite"
Je fais allusion à une campagne de "communication" dont les citadins ont pu voir les résultats sur les panneaux publicitaires qui défigurent nos centres-villes. Alors qu'elle semble avoir été lancée fin novembre 2009, je n'en ai eu un aperçu qu'au tout début de janvier 2010, un soir, en me baladant dans les rues désertes de Rodez.
Je suis tombé sur cette affiche-là :
Je vois bien quel est le message véhiculé, mais, franchement, j'ai ressenti un petit pincement au coeur... peut-être parce que ma mère, quand elle a eu fini sa scolarité obligatoire (je vous parle d'un temps, que les moins de soixante ans, ne peuveuuux pas connaîîtreuux), a "fait la bonniche" pour des bourgeois du coin, comme elle s'est plu jadis à le conter à ses enfants.
Quand on doit gagner sa vie, il n'y a pas de sot métier... même si certains sont plus épanouissants que d'autres. Je me demande tout de même ce que pense la femme de ménage d'ascendance africaine qui passe devant ce genre d'affiche. Est-elle satisfaite de voir sa condition et le déterminisme social qui pèse sur sa progéniture dénoncés ? Se sent-elle rabaissée par le sous-entendu, à savoir que gagner sa vie en nettoyant les cochonneries des autres est une vibrante manifestation d'échec ?
Ce soir, je suis repassé devant le panneau ruthénois en question (il est situé tout en haut de la rue Saint-Cyrice et jouxte un petit parking). A deux jours d'intervalle, l'affiche avait changé. Le contrat était-il arrivé à terme ou bien a-t-on retiré une publicité politique jugée douteuse ?
21:27 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, france, société
mercredi, 30 décembre 2009
Les films que j'ai le plus kiffés en 2009
Voilà donc venu le moment de livrer le palmarès qui déchire sa race... le mien ! Comme je suis assez grand public, j'ai aimé beaucoup de films cette année, pour des raisons différentes. Mais, laissons là les présentations et passons à l'essentiel.
- Meilleur film optimiste : Slumdog millionaire
- Meilleur film dépressif : Mary et Max
- Meilleur film religieux : Soeur Sourire
- Meilleur film anticlérical : Religolo
- Meilleur film anticapitaliste : Louise Michel
- Meilleur film grolandais : Toto qui vécut deux fois
- Meilleur usage de la crasse à des fins politiques : Hunger
- Meilleur toilettage cinématographique : Departures
- Meilleure animation barge : Des Idiots et des anges
- Meilleure chronique douce-amère : Le Sens de la vie pour 9,99 $
- Meilleur film de djeunses : Lascars
- Meilleur film de vieux cons : Là-haut
- Meilleur film de vieux : L'Etrange Histoire de Benjamin Button
- Meilleur film de pique-assiette : J'irai dormir à Hollywood
- Meilleur film hollywoodien sur la Seconde guerre mondiale : Les Insurgés
- Meilleur film de guerre : Démineurs
- Meilleur film antisoviétique : Katyn
- Meilleur film roumain : Au diable Staline, vive les mariés !
- Meilleure analyse de la naissance du totalitarisme : La Vague
- Meilleur film aquatique : Welcome
- Meilleur film raciste : Gran Torino
- Meilleur film antiraciste : Amerrika
- Meilleur film de Tarlouze : Brüno
- Meilleur film de pétasse : The September issue
- Meilleur film de gonzesse : Tulpan
- Meilleure comédie de mœurs : Romaine par moins 30
- Meilleur film de jouisseur : Hôtel Woodstock
- Meilleur film musical : Good Morning England
- Meilleur documentaire ruraliste : Dernière saison - Combalimon
- Meilleur film climatique : Frozen River
- Meilleur polar : Dans la brume électrique
- Meilleur Western : The Proposition
- Meilleure satire politique : In The Loop
- Meilleur film d'anticipation : District 9
- Meilleur film de divertissement : Avatar
Et voilà ! Les curieux pourront consulter mes florilèges 2006, 2007 et 2008.
20:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema