mardi, 10 février 2009
Walkyrie
C'est ce que l'on pourrait appeler un thriller militaro-historique. A la base, les faits racontés sont réels : le 20 juillet 1944, le colonel von Stauffenberg a tenté de tuer Adolf Hitler à l'aide d'une bombe déposée dans la salle de réunion où il s'était rendu. La charge n'étant pas assez puissante et la serviette dans laquelle elle était rangée étant placée contre une pile, l'explosion n'a que légèrement blessé Hitler.
L'organisation de cet attentat est le coeur du film. Mais, auparavant, on nous présente Stauffenberg en Tunisie, puis les autres conjurés, pas forcément sous un jour favorable d'ailleurs. Seuls les personnages du général Beck (Terence Tamp, très digne) et du colonel Mertz von Quirnheim surnagent. En face, les nazis militants paraissent rigides, inquiétants. Seul Hitler semble mou. A ce sujet, il me semble que l'acteur qui l'incarne semble s'inspirer très nettement de l'interprétation de Bruno Ganz dans La Chute (mais en moins bien), à ceci près que l'Hitler d'avril 1945 n'est pas celui de 1943 ou juillet 1944
Si la reconstitution historique semble minutieuse, le film suit quelques penchants. Le premier est l'héroïsation du personnage de Stauffenberg qui, s'il ne manquait pas de courage et de convictions, n'était certainement pas l'archange de la liberté dépeint sous les traits de Tom Cruise (très bon au demeurant). De surcroît, les choix scénaristiques pourraient faire croire à un spectateur non averti qu'à partir de 1943 (voire avant) Hitler était entouré d'authentiques démocrates comploteurs, nationalistes certes, mais dont aucun ne semble raciste ou antisémite. Le film ressuscite une coupure considérée aujourd'hui en partie comme artificielle, celle entre la Wehrmacht et les SS. A cette dernière on a attribué tous les maux et on a eu tendance à en décharger l'armée allemande. Depuis, on a appris que, sur le front de l'Est notamment, les choses ne furent pas aussi simples.
C'est la tension qui fait tenir le film. Le montage est efficace. On remarque que les gros plans sont nombreux : on a sans doute demandé aux acteurs de bien travailler leurs expressions faciales ! La musique est hollywoodienne : elle ne fait pas dans la subtilité, mais elle souligne efficacement les moments importants. C'est finalement un bon spectacle.
12:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema
lundi, 09 février 2009
Che 2 - Guérilla
Voici donc le deuxième volet signé Steven Soderbergh. Il traite quasi exclusivement des pérégrinations boliviennes. Il débute toutefois à Cuba, où l'on voit Guevara en sommité de la révolution qui s'emmerde (n'ayons pas peur des mots), malgré une épouse ravissante (il l'a rencontrée au cours de l'épisode précédent... faut suivre, voyons !) et une brochette de moutards sans doute adorables. Bien vite, l'athlète de la révolution se décide à propager la bonne parole marxiste en Amérique latine. Il jette son dévolu sur la Bolivie, qui n'en demandait peut-être pas tant.
Comme on sait par avance comment tout cela va finir, on peut voir ce film comme un (long) requiem au combattant déchu. Soderbergh tente de montrer les causes de l'échec des guérilleros, entre dans le détail de la vie quotidienne, des tensions qui émergent entre les personnes et des revirements qui se produisent. Il est toutefois peu causant sur l'ambiance à Cuba avant le départ de Guevara, comme sur l'attitude de Castro (sans parler même de celle des Soviétiques).
Benicio del Toro est cette fois-ci excellent. Il incarne avec beaucoup de conviction le combattant intègre, exigeant que fut Guevara. Amaigri, affaibli par l'asthme, il en devient pathétique parfois (cela préfigure la fin quasi christique). Les vingt dernières minutes, qui montrent le héros vaincu, emprisonné, sont là pour peaufiner la légende : le Che est dépeint comme exerçant un ascendant jusque sur ses adversaires et son décès est filmé en caméra subjective.
Le réalisateur semble donc prendre parti pour son personnage, mais il laisse beaucoup de zones d'ombre de côté. Je m'attendais, par exemple, à ce que le rôle des Etats-Unis dans la région soit davantage évoqué. On reste sur des considérations générales. J'aurais aussi aimé que soit expliquée l'origine de deux photographies assez célèbres (moins toutefois que celle de Korda) : celle prise peu après l'arrestation
et celle prise après l'exécution, dont le cadrage a été (inconsciemment ?) choisi de manière à présenter le Che comme un nouveau Christ. Soderbergh a évacué celle-ci (de même qu'il n'est pas question de l'ensevelissement secret du cadavre) et donne de la première une version aseptisée. A voir le film, il semblerait que les Américains, pourtant présents dans la région, n'aient joué aucun rôle dans les derniers instants de Guevara.
Bref, un film pas désagréable à regarder, mais assez paresseux. Cela laisse un espoir à d'autres cinéastes, celui de réaliser, pour la vie d'adulte de Guevara, l'équivalent de ce qu'a réalisé Walter Salles pour son périple de jeunesse en Amérique latine (l'excellent Carnets de voyage).
Sur la fin d'Ernesto Guevara, on peut lire deux témoignages d'origine différente :
- celui d'un photographe
- celui de l'ancien agent de la C.I.A.
Des documents de la C.I.A. ont été déclassifiés : http://www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB5/index.html#de....
On ne sait toujours pas clairement ce qu'il advenu du cadavre de Guevara.
L'émission Là-bas si j'y suis a consacré un dossier à la mort du Che : une équipe avait été envoyée à La Higuera en 2007 (il est possible de réécouter l'émission).
20:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema
Censure sur le Tag "cinéma" ?
Je commence à me poser des questions. Il arrive que certains de mes billets, bien qu'étant enregistrés, n'apparaissent pas dans le flux des "dernières notes publiées" ni sur le "tag" sélectionné : le "tag" cinéma. A l'origine, je me suis dit que ce devait être un problème technique. Mais, aujourd'hui, mon dernier billet a été retiré de l'affichage, sur le "tag" cinéma. Il est consacré au film Slumdog millionaire. Il a été publié en tout début d'après-midi (j'ai pu le vérifier de visu). Mais, sur les coups de 15h15, je viens rejeter un coup d'oeil... et je ne vois plus la note !! Faudrait qu'on m'explique ! Qui l'a retirée ? Pourquoi ?
15:28 Publié dans Cinéma, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien
Slumdog millionaire
Ce film, réalisé par Danny Boyle, qui a pour cadre l'Inde "qui ne brille pas", est :
a) une daube
b) un honnête divertissement
c) la meilleure comédie romantique du début de cette année
d) un chef-d'oeuvre
Je vous rappelle que vous avez la possibilité d'utiliser un de vos jokers... C'est votre dernier mot ?...
La séquence qui sert de lancement est virtuose : cette poursuite dans le bidonville, vue de face, de dos, du dessus, à différentes vitesses, avec changements de rythme et tout et tout, est emballante. On a beaucoup glosé sur le procédé du retour en arrière. Bon, d'abord, cela se justifie pleinement compte tenu du scénario : comme le héros est accusé d'avoir triché au jeu Who wants to be a millionaire ? (Qui veut gagner des millions, chez nous), les flashs sont chargés d'expliquer comment il a pu connaître chaque réponse. Mais, c'est là que le film prend toute sa densité, ces retours en arrière sont autant de plongées dans l'Inde des bas-fonds.
Ce jeune homme est d'abord né sous une mauvaise étoile : il est musulman dans le pays de l'hindouisme, de surcroît à Bombay où des tensions communautaires existent. Sa famille a d'ailleurs eu tout le loisir de vérifier combien les fanatiques hindous peuvent se comporter comme de véritables sauvages. (Le parti extrémiste Shiv Sena est très bien implanté dans l'Etat du Maharashtra... celui de Bombay.) Rien que pour cette perspective particulière (des musulmans victimes au pays de Gandhi) le film mérite le détour.
Mais l'essentiel de l'arrière-plan est celui des bidonvilles, avec ces millions de personnes qui vivent dans la crasse et la pollution, qui s'entretuent, s'exploitent mutuellement (excellents passages sur ces truands qui récupèrent les orphelins... et j'ai trouvé particulièrement émouvantes les retrouvailles entre Jamal et l'un de ses anciens compagnons devenu aveugle), qui essaient d'échapper à une police violente et corrompue. Le héros est un "chien des taudis", pour reprendre l'expression utilisée dans le titre. Toutefois, le film montre que le pays offre des possibilités de promotion sociale... parfois inattendues.
Pour survivre, on se débrouille comme on peut : on vole, on traficote, on fait même le guide (encore une séquence très réussie : celle du Taj Mahal). On éprouve de la sympathie pour ces sacripants, parfois joyeux farceurs. (Ah, j'ai failli oublier la séquence de l'autographe : une merveille scatologique !) On frôle aussi le drame. La mort touche les proches, ou sépare les amoureux... car ce film est d'abord un conte de fées, l'histoire de l'amour impossible de deux enfants des rues, Jamal et Latika, que tout semble devoir séparer. Le persévérant et romantique Jamal essaie de surmonter tous les obstacles qui sont placés sur sa route, jusqu'à son meilleur ami qui devient son rival puis son adversaire.
Le dernier quart d'heure est hélas le moins bon. On a accumulé les rebondissements, de manière ultra spectaculaire. On caresse un peu trop le grand public dans le sens du poil. Ceci dit, la manière dont l'utilisation des deux derniers jokers est scénarisée ne manque pas d'imagination.
Le tout se termine façon Bollywood (et quoi, cela se passe à Bombay, merde !), avec danses et chant. Faut aimer...
12:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 08 février 2009
Des idiots et des anges
Bill Plympton, vous connaissez ? Non ? Alors, recherchez chez votre marchand (ou loueur) de D.V.D. préféré les précédents films d'animation de cet auteur, histoire de vous familiariser avec son style. Il s'agit notamment de L'Impitoyable Lune de miel, Les Mutants de l'espace et Hair High.
Plympton est un artisan un peu frappadingue. Ici, même s'il a recouru parfois au numérique (ça facilite quand même le boulot des dessinateurs, faut le dire, sans nuire à la qualité du résultat), il a conservé sa technique du crayonné. Cela donne parfois l'impression d'être un brouillon, mais c'est hyper travaillé. Observez bien les cadrages, les effets de transparence, réflexion et zoom. C'est du grand art.
A la base, c'est l'histoire d'un pauvre type, un représentant célibataire (on apprend par la suite ce qu'il vend...), qui n'a pas l'air d'aimer son boulot, ni les oiseaux, ni les gens de manière générale. Chaque matin, il se rend dans le même bar pour fumer et picoler un peu. Plympton plante le décor sans fioriture, peignant un monde gangrené par la bagnole, la pollution, l'égoïsme et la violence, le tout de manière très sarcastique.
Un papillon et des ailes vont bouleverser l' "ordre" des choses. L'intervention du fantastique, à la fois sur le fond et sur la forme (le dessin est très expressionniste, le propos surréaliste), permet de faire émerger une critique sociale : l'appât du gain, la quête de la célébrité sont générateurs de violence alors que l'amour et le respect de la nature sont sources d'harmonie. C'est qu'il est poète, notre Plympton !
22:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 07 février 2009
Religolo
Le titre est un mot-valise, construit à partir de deux autres : "religion" et "rigolo" (en anglais aussi, apparemment, le titre étant Religulous, construit à partir de "religion" et "ridiculous"... eh oui, c'est plus subversif qu'en français). Le réalisateur est celui de Borat, mais celui qui mène le jeu est Bill Maher, un humoriste célèbre outre-Atlantique.
Quelle est réellement sa cible ? Les religions monothéistes (il s'attaque exclusivement aux chrétiens, juifs et musulmans de diverses obédiences) ? Les fondamentalistes ? La croyance elle-même ? Un peu tout cela.
La première partie du film est celle dans laquelle B. Maher exerce le plus sa verve caustique... et son argumentation rationnelle au détriment des religieux de tout poil. On rit bien, on ricane même !
Par la suite, il joue plus sur le montage (il intercale des extraits d'entretiens et des images pas forcément toujours directement liées au sujet, mais qui, se juxtaposant à ce qu'un interlocuteur cul-bénit vient de dire, prennent un tour sarcastique) et sur les réactions de ses vis-à-vis. Cela va des camionneurs chrétiens (pas méchants) au pasteur cupide et inculte en passant par le directeur du "musée du créationnisme" (une belle enflure, celui-là, je vous le garantis), la mère de famille bigote, l'ancien homo un peu honteux (j'adore cette séquence qui s'achève par une accolade à l'issue de laquelle Bill Maher se demande si son interlocuteur n'a pas une trique d'enfer), l'animateur de centre de loisirs (un "Jesusland" en pleine Floride !), le recteur de mosquée, le juif antisioniste extrémiste, la musulmane fervente ou encore le rappeur engagé.
Il ne se contente pas de rester aux Etats-Unis. Il se rend au Vatican (d'où il se fait virer), au Royaume-Uni (très belle scène finale...), aux Pays-Bas (où il rencontre, outre des musulmans, Geert Wilders, le populiste) et en Israël.
Si le montage donne le beau rôle à Maher et s'il a un peu tendance à couper la parole aux autres, le film les laisse incontestablement exprimer leurs idées. La critique a fait la fine bouche et même des journaux supposés bien laïcs ont plutôt "cassé" le film. Dommage, parce que cela prive leurs lecteurs suivistes d'1h30 de franche rigolade façon libre pensée. Par les temps qui courent, ce n'est pas à rejeter.
20:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
L'Etrange Histoire de Benjamin Button
Ce soir, j'ai hésité en entrant dans le cinéma. Walkyrie et Slumdog millionaire me tentaient aussi. Mais, en faisant la queue, j'ai repéré un groupe de djeunses assez bruyants. Ils allaient voir le film avec Tom Cruise. Va donc pour Benjamin Button. Les scénaristes ont transposé l'histoire de Baltimore à La Nouvelle-Orléans. Cela nous vaut quelques séquences plutôt jazzy (avec, peut-être, des références à Ragtime et Malcolm X - la première partie)... et une ou deux allusions à la ségrégation (notamment à travers la scène de bus). L'histoire se prolongeant jusqu'en 2005, l'ouragan Katrina se trouve en toile de fond. C'est fou comme un hôpital public états-unien peut ressembler à un hôpital public français désormais...
Ce sont trois histoires mises bout à bout, en fait. La première est la "vieille jeunesse" de l'enfant abandonné, dans cette maison de retraite où les papys et les mamys sont traités avec dignité. Il y a beaucoup d'humour dans cette partie, sans que cela se fasse au détriment des personnages (j'ai bien aimé le gag récurrent de celui qui a été frappé sept fois par la foudre). Dans cet univers d'adultes âgés, la rencontre avec la petite fille rousse détonne.
La deuxième partie raconte à la fois la "formation" de Benjamin (comme marin et comme amant en particulier... belles séquences avec Tilda Swinton) et le développement, en parallèle, de son amour pour Daisy (Cate Blanchett, excellente), les personnages se rencontrant fugacement à plusieurs reprises. Les scènes d'hôtel sont particulièrement réussies. Les rencontres nocturnes entre Benjamin et l'épouse du diplomate baignent dans un climat de sensuelle quiétude, où l'on retrouve un peu l'atmosphère de la maison de retraite. Cela va peut-être faire sourire certains, mais j'y ai perçu un peu de l'ambiance du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (et comme j'ai adoré ce film, vous pouvez deviner ce que je pense de celui dont je suis en train de parler). En extérieur, le réalisateur montre son savoir-faire dans la séquence de guerre (avec le sous-marin), impressionnante de maîtrise.
La troisième partie est la plus émouvante. Il y est question, plus souvent que dans les autres, de la mort, de la séparation, consentie ou subie. C'est vraiment prenant, très fort, très beau. Je n'en dis pas plus, pour ceux qui n'ont pas encore vu le film.
A ces qualités s'ajoute le plaisir des yeux : la photographie est superbe, un soin particulier ayant été apporté aux "vieilles" images. Les 2h45 passent avec une rapidité qui m'a étonné. Détail supplémentaire : le doublage est de qualité (j'ai vu le film en version française), même si je regrette la voix originale de Cate Blanchett (celui qui double Brad Pitt est toujours aussi bon).
00:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 04 février 2009
Che 1 l'Argentin
Pour voir ce film, j'ai attendu qu'il soit programmé en vo sous-titrée à proximité de chez moi. Cela a pris du temps... C'est l'occasion de revenir sur les choix des directeurs de cinémas. De nombreuses copies (en version originale comme en version française) ont été mises en circulation (je pense qu'on comptait sur le prix obtenu par Benicio del Toro à Cannes pour lancer le film). L'aura du Che aidant, les exploitants ont espéré attirer le public ados - jeunes adultes en plus des cinéphiles. Le problème est que ce film est long (2 heures, que l'on sent bien), de surcroît incomplet (puisque l'oeuvre est divisée en deux parties) et qu'il n'est pas une véritable biographie, plutôt un ensemble de coups de projecteurs, ce qui a pu dérouter. Le résultat est, qu'une fois la première semaine passée, le bouche à oreille n'étant pas très bon, la carrière du film s'en est ressenti. Le deuxième volet a d'ailleurs mal démarré. Ben, mes gaillards, il aurait été plus intelligent de ne le sortir qu'en version originale sous-titrée... et de pratiquer quelques coupures... parce que, comme je l'ai entendu dire par un critique, à la radio, heureusement qu'il n'a vécu que 30 ans... parce que, sur cette base-là, un film consacré à Fidel Castro pourrait durer la journée entière !
Ceci dit, j'ai apprécié ce film. Etant donné ce que j'en avais entendu dire, je m'attendais à pire (tiens, ça rime). Ce n'est pas ennuyeux, juste un peu long, d'une lenteur paresseuse par instants. On sent del Toro très appliqué, très investi dans son personnage. C'est dans les scènes en noir et blanc (se déroulant en dehors du cadre chronologique du film, qui se limite -en théorie- à la conquête cubaine) qu'il est le meilleur. Dans le reste du film, il réussit à faire passer le Guevara militant, le médecin, l'apôtre de l'éducation, le rigoriste (très sourcilleux du respect de la propriété privée, dès lors qu'elle ne concerne pas les latifundistes), mais il manque quelque chose : le charisme. On voit le respect, la crainte voire l'admiration qui entourent Guevara, mais ni la réalisation ni l'interprétation ne font comprendre ce qui a inspiré de tels sentiments.
Je suis plus enthousiaste pour celui qui joue Fidel Castro. Il est criant de vérité (pour le peu que j'en sache) ! Autre point positif : les séquences urbaines, visiblement préparées avec soin : des voitures aux intérieurs des maisons, il semble que le souci du détail ait été poussé assez loin. On sent Soderbergh plus à l'aise que dans la forêt. Je pense aussi que la manière dont le film a été post-produit joue : le doublage du son se sent davantage dans les séquences "junglesques"... et certaines scènes de liesse m'ont paru assez maladroites.
Malgré tout cela, c'est un film qui se regarde, qui s'apprécie pour peu qu'on s'intéresse à l'Amérique latine en général et à Cuba en particulier.
23:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 29 janvier 2009
Johnny mad dog
Voilà une production française, tournée principalement en anglais (ou dans un salmingondis qui mêle l'anglais aux dialectes locaux) au Liberia. Il est bien entendu question des enfants-soldats. Si ce n'est pas le premier film à traiter le sujet, c'est par contre celui qui en donne sans doute la vision, de l'intérieur, la plus fidèle à la réalité. (De surcroît, il s'inspire d'un bouquin.) Celle-ci nous est d'ailleurs directement balancée à la fin, sous formes de photographies prises au Liberia, des années 1980 à 2003.
Il y a donc un souci documentaire dans ce film, où d'anciens enfants-soldats jouent leur propre rôle, ou un rôle s'approchant de ce qu'ils ont connu. Ils sont excellents. C'est criant (hurlant même) de vérité. La violence prend souvent un tour comique, ou plutôt grotesque : on manque de s'entretuer pour la possession d'une truie, on se déguise (l'usage des robes et des perruques complétant parfois de manière surprenante le choix d'un "nom de guerre" à vocation virile), on accuse les autres de ce dont on se rend soi-même coupable. Le film suscite un malaise profond, tant il est choquant de voir ces pré-ados et ces ados perpétrer une foule de crimes, en toute impunité. Ils sont bien évidemment manipulés par ceux qui tirent les ficelles, les chefs de guerre qui leur font faire le sale boulot. Certaines des plus belles scènes voient les chefs préparer mentalement leurs troupes, usant de leur charisme, de l'effet de groupe, des drogues et, au besoin, de pratiques rituelles.
Le scénario fait se croiser deux destins, celui du chef de la petite brigade et celui d'une jeune fille qui va tour à tour tenter de sauver son petit frère, son père et une orpheline. Son mutisme et sa ténacité contrastent avec l'exubérance et la versatilité de la plupart des apprentis mercenaires. Le face à face final des deux héros, auquel on s'attend un peu, est mis en scène avec brio.
De manière générale, c'est brillamment filmé. Le début m'a fait un peu peur, avec ce montage haché, puis cela s'arrange. Le réalisateur est très soucieux des corps. Je le sens fasciné par la musculature de ces adolescents, comme par les formes des jeunes femmes. C'est filmé près des corps, on distingue bien les grains de peau. C'est joli, un peu esthétisant parfois... mais, heureusement, pas complaisant : de la scène "d'amour" se dégage plus de beauté que de celle du viol, alors qu'au départ on pouvait nourrir quelques craintes.
Au passage, le film égratigne l'O.N.U., dont l'action humanitaire a montré ses limites. Les leçons n'en ont hélas pas été retenues, si l'on regarde (par exemple) ce qui se passe depuis des années en République Démocratique du Congo...
22:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 15 janvier 2009
Les Bureaux de Dieu
... En direct du paradis ? Non, du planning familial ! C'est une fiction documentaire de Claire Denis : le scénario et les dialogues sont inspirés de l'expérience de plusieurs centres du planning familial, alors que les situations montrées par le film ont été jouées par de vraies actrices, connu-e-s pour les conseillers-ères, peu connues pour les "patientes".
Il y a une volonté forte de "donner chair" (et rendre hommage) à ces conseillères du planning familial, à travers des comédiennes charismatiques comme Nathalie Baye, Nicole Garcia, Béatrice Dalle, Marie Laforêt, Isabelle Carré, qui, ici, donnent leur nom et leur talent sans trop occuper le devant de la scène, puisqu'elle doivent incarner des personnages dont la principale qualité est l'écoute. On appréciera aussi la participation de Michel Boujenah en médecin paternaliste et d'Emmanuel Mouret en conseiller conjugal stagiaire fougueux et maladroit. (Perso, si le charme de Nathalie Baye ne me laisse pas indifférent, je kiffe à donf Rachida Brakni.)
Vous aller me dire, rien de neuf sous le soleil. En fait, si : face à ces grosses pointures, les acteurs peu connus font en général excellente impression. Bon, il est vrai que parfois, le film se voulant aussi didactique (il véhicule de manière claire des messages sur la contraception, l'avortement ou tout simplement la biologie féminine), des répliques peuvent ressembler un peu trop à des extraits de plaquettes d'information. Mais, au-delà de cette (légère) maladresse, l'interprétation des "patientes" est très bonne.
La première heure passe comme un rêve : on découvre chaque "conseiller", en général face à des cas plutôt classiques : un retard de règles, un conflit mère-fille, la prise de la première pilule pour une mineure, le souci de la virginité dans un couple. On remarque la forte présence de populations à l'ascendance maghrébine, le film posant, avec délicatesse, la question de l'adaptation de moeurs patriarcales à une société permissive (ben la nôtre, quoi).
Vers la fin de la première heure, j'ai senti comme un coup de mou (à moins que ce ne soit ma propre fatigue). Puis ça redémarre, avec une série de cas plus lourds. Il est notamment question d'I.V.G. tardives, voire très tardives, voyage en Espagne à la clé. Il y a celle qui sort d'un asile, qui ne croyait pas pouvoir tomber enceinte, la mineure d'origine portugaise, dont personne ne soupçonnait la grossesse, la femme mariée infidèle prise dans un double piège et la Bulgare très digne, à l'accent fascinant.
La force du film est de faire passer le non-dit : chaque cas recèle des complications qui n'apparaissent qu'avec le dialogue, lui-même porteur de solutions. Nos conseillères en avortement jouent ici un peu le rôle d'accoucheuses socratiques. La mise en scène nous fait davantage toucher du doigt l'intériorité des personnages, la pièce la plus intime étant paradoxalement le balcon (ça, c'est du Claire Denis), où l'on s'isole (ou se réunit) pour fumer. La musique jazzy accompagne le grouillement humain comme les tourments intérieurs. Un chouette film, quoi !
23:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 08 janvier 2009
Adieu, George W. Bush
... et bon vent ! Dans quelques jours, Barack Hussein Obama va pouvoir uriner et déféquer en patron à la Maison Blanche, alors que le demi cow boy inculte et bigot va peu à peu regagner le sous-bois de l'histoire d'où il n'aurait jamais dû émerger. Ceci dit, il faut le reconnaître, l'encore président nous a valu quelques moments de franche gaité, le moindre desquels n'étant pas la "révolte des chaussures" à Bagdad :
http://www.lepoint.com/actualites-technologie-internet/at...
Sur ce site, vous pouvez retrouver la célèbre séquence, au cours de laquelle Mountazer al-Zaïdi a lancé un nouveau sport appelé à devenir olympique... et peut-être effrayé ses voisins à cause de l'odeur qui a émané de ses pieds soudainement libérés de leurs gangues de cuir.
Le bas de la page propose l'un des jeux dits de la chaussure. Attention, il s'agit d'être vif-ve, l'ancien gouverneur du Texas ayant gardé de bons réflexes !
16:02 Publié dans Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique
lundi, 05 janvier 2009
De l'utilité des pets
Toujours à la recherche de ce qui peut faciliter la vie de mes contemporains, je me suis penché sur un sujet qui risque d'avoir été abordé au cours des récentes agapes de fin d'année, à l'occasion desquelles l'on est amené à consommer nombre d'aliments propres à provoquer diverses émanations gazeuses.
La question est : comment rentabiliser ces expulsions souvent sonores, parfois très malodorantes ?
Un bienfaiteur de l'humanité a eu une idée que je qualifierai d'éclairante...
http://www.koreus.com/video/pet-flamme.html#
Bon, d'accord, il y a sans doute un trucage... alors que, dans ce film-ci, tout me semble "naturel"... à couper le souffle ! Attention, c'est en anglais ! "Make a wish"...
http://www.metacafe.com/watch/1056683/le_petoman_souffle_...
16:12 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien
mercredi, 31 décembre 2008
Arès sort ses palmes 2008
Vous ne trouverez pas de classement ici, pas plus qu'une liste de mes détestations. J'estime plus intéressant de vous proposer un florilège savamment désordonné des films qui m'ont fait passer de bons moments dans les salles obscures durant cette année 2008.
- Meilleur film culinaire : Sweeney Todd
- Meilleure supercherie : Survivre avec les loups
- Meilleur film non musical : La Visite de la fanfare
- Film plébiscité par la corporation des coiffeurs et autres capilliculteurs : No country for old men
- Meilleure réflexion théorique sur l'érotisme du néo-libéralisme : It's a free world
- Dans la catégorie (régulièrement représentée) du "meilleur film qui illustre un aspect plus ou moins dramatique de la Seconde Guerre mondiale" : Les Faussaires
- Meilleure apologie de la fraternitude : There will be blood
- Meilleur putain de film sur la guerre en Irak : Battle for Haditha
- Meilleure critique de la misogynie en pays musulman : Le Cahier
- Grand prix des effets spéciaux (et du foutage de gueule) : Be kind rewind
- Meilleur film expérimental : Redacted
- Meilleure illustration des illusions engendrées par la confiance aveugle en la religion et/ou l'économie de marché non régulée : Les Toilettes du pape
- Meilleure superproduction à caractère historique : Mongol
- Révélation frissonnante de l'année : [Rec]
- Meilleure film avec/sur Jean-Claude Vandamme de tous les temps : J.C.V.D.
- Meilleur film dérangeant (et dérangé) : Teeth
- Meilleur film d'animation : Valse avec Bachir
- Meilleur film d'arts martiaux : Kung fu Panda
- Meilleur film de science-fiction : Wall-E
- Meilleur polar : Jar city
- Meilleur film sociétal : Dernier maquis
- Meilleur docu-fiction : L'Apprenti
14:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 30 décembre 2008
Australia
Attention, attention ! Voici une méga super production. C'est du cinéma hollywoodien à la sauce kangourou, une sorte de Autant en emporte le vent au pays du bush (non, pas le président). La distribution est à l'avenant. Nicole Kidman interprète une aristocrate coincée mais déterminée qui, évidemment, va se décoincer. Visiblement, on lui a demandé de surjouer. Elle en fait beaucoup. Elle n'en reste pas moins charmante et, parfois, drôle dans son ridicule assumé.
La salle était pleine de dames, venues là pour la plastique avantageuse d'Hugh Jackman, à qui les heures passées dans les salles de sport ont été très profitables. Ajoutez à cela le bronzage impeccable et la barbe de trois-quatre (cinq...) jours, et vous faites se pâmer une assistance féminine à l'avance conquise.
Les seconds rôles sont bien plantés. Les méchants sont très méchants... et endurants, notamment David Wehman (présent dans 300 et Le Seigneur des anneaux), qui parvient à pourrir la vie des héros durant près de 2h40 (et encore, des scènes ont sans doute été coupées). Les Aborigènes sont mis en valeur, en particulier le vieux sorcier, interprété par David Gulpilil, un acteur qu'on avait vu dans Le Chemin de la liberté, (ainsi que dans 10 canoës, 150 lances et 3 épouses) un très beau film sur les "enfants volés", sujet dont il est question dans le film, mais qu'il n'est pas le premier à aborder en détail, contrairement à ce que la promotion a pu laisser entendre.
Les décors sont magnifiques, même si, quand on voit cela dans une grande salle, on perçoit, dans certaines scènes, les trucages numériques. On appréciera quand même la séquence qui montre les bestiaux fuyant vers un précipice. Les parties traitant de la guerre et de l'attaque japonaise sont bien fichues. Il y a du savoir-faire derrière toute cette machinerie.
Mais c'est vraiment téléphoné. Dès le début, on sait comment tout cela va se terminer. Les péripéties, plus ou moins remuantes il faut le dire, sont là pour faire patienter les spectateurs dans l'attente de la conclusion, inévitable. Je crois qu'il faut prendre cela comme une grosse sucrerie, plutôt agréable à regarder (en plus, la version française n'est pas dégueu, c'est à souligner), très "politiquement correcte" sur le multiculturalisme, mais ce n'est pas un chef-d'oeuvre.
01:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 28 décembre 2008
La Légende de la forêt
Il s'agit d'un ensemble de 5 films, 4 courts-métrages et un moyen (le dernier), réalisés par Osamu Tezuka, un des maîtres du manga japonais (mort en 1989). Il s'est notamment fait connaître par la série Astroboy. Ici, il est moins corseté par les exigences des studios et laisse libre court à sa fantaisie.
"La Sirène" est inspiré du conte d'Andersen. Le dessin n'est pas très élaboré. Le propos est politique. A travers le destin de ce jeune homme amoureux de ce que tout le monde croit être un simple poisson, l'auteur dénonce les sociétés formatées et répressives... comme le fut le Japon dans la jeunesse de Tezuka. On notera les influences occidentales diverses dans la conception du dessin animé. (De manière générale, il semble que le mouvement expressionniste, en peinture comme au cinéma -on pense à Eisenstein- ait inspiré l'auteur.)
"La Goutte" est, dans le style, assez proche de La Panthère rose et de certains films de Tex Avery. Il est question des affres d'un naufragé, qui mène une quête désespérée d'eau potable. L'histoire, très classique à la base, prend vite un tour surréaliste.
"Le film cassé" est un hommage à Hollywood, aux premiers films d'animation, à leur côté "bricoleur génial". Cela fourmille d'inventions visuelles (attention, cela peut dérouter les petits, comme l'ensemble des films d'ailleurs). C'est l'histoire d'un cowboy qui sauve sa belle d'une mort certaine. Mais c'est bien plus que cela !
"Le Saut" est une expérience originale : un film entièrement perçu de manière subjective par les spectateurs, qui sont mis dans la peau de l'être bondissant qui fait le tour du monde. Ses sauts (d'amplitude variée) lui font découvrir une foultitude de pays et de paysages... et le mettent souvent dans des situations délicates. C'est à la fois drôle et touchant.
"La Légende de la forêt" a donné son nom à l'ensemble. C'est le plus long des cinq. C'est un pamphlet écologiste d'une virulence étonnante pour l'époque. Les bûcherons et l'entreprise de construction sont dépeints comme des monstres. On notera en particulier la volonté du concepteur de donner les traits d'Adolf Hitler au patron du B.T.P.. A travers ce détour européen, Tezuka stigmatise la "modernisation" forcée à laquelle le Japon s'est livré après la Seconde Guerre mondiale. En ce sens, il est un précurseur de Hayao Miyazaki, dont le superbe Princesse Mononoke doit beaucoup à ce film. Ici, le graphisme est très élaboré, tout en restant varié. Le tour de force est d'avoir parfaitement réussi à faire coïncider des pans entiers de la symphonie n°4 de Tchaikovsky avec les éléments de l'intrigue. Cela m'a rappelé un des Bugs Bunny, où l'image est mariée à l'ouverture du Barbier de Séville (l'action se passant évidemment dans un opéra ; pour un court extrait http://www.starzik.com/mp3/titres/The_Rabbit_of_Seville_L...).
Bah tiens, on peut écouter l' Ouverture à cette adresse :
http://franckmusic.blog4ever.com/blog/lirarticle-267362-1...
En plus, je termine par un échantillon de Kulture. Elle est pas belle la vie ?
09:30 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Le Chant des mariées
L'action se passe à Tunis, au coeur de la Seconde Guerre mondiale. Les deux héroïnes sont deux amies, une "européenne" juive, l'autre arabe et musulmane. Toutes deux rêvent du prince charmant. Les événements vont confronter leurs aspirations à la réalité. Les dialogues ont été écrits principalement en arabe dialectal et en français (on entend aussi de l'allemand et de l'hébreu).
L'histoire tourne autour des discriminations. Il y a l'antisémitisme des vichyssois, des Allemands et le racisme colonial. Il y a aussi le fossé des richesses entre communautés, ainsi qu'à l'intérieur de chaque communauté. Mais ce sont les femmes qui sont, dans tous les cas, des victimes : elles ne choisissent par leur mari et doivent suivre, au quotidien, les prescriptions édictées pour elles par les hommes. Néanmoins, le propos n'est pas si tranché que cela : la musulmane comme la juive vont découvrir qu'au-delà de leur soumission juridique, elles ont la possibilité d'agir.
La caméra s'attache beaucoup aux corps, dans des plans qui risquent fort d'indisposer les culs-bénits d'Afrique du Nord. Cela commence par une belle scène de hammam, où l'on peut voir presque tout de l'anatomie (gracieuse) de ces actrices. De nombreux gros plans s'attardent sur le grain de peau, dans cette scène comme dans les autres. La séquence la plus marquante est sans conteste celle qui voit l'épilation totale (non simulée), avec les moyens de l'époque, de l'une des futures mariées... zoom sur la foufoune à la clé. Ce n'est en rien dégradant ni voyeur. Cela se justifie pleinement, même si je sens chez la réalisatrice la volonté d'aller jusqu'au bout, quitte à choquer.
A l'opposé de ces parties dénudées, on trouve des scènes d'extérieur (autre qualité : les espaces sont bien maîtrisés), dans lesquelles les musulmanes sont drapées de blanc. C'est là qu'on voit l'habileté de la réalisation : ces voiles intégraux peuvent être tour à tour perçus comme des prisons, des protections... voire des objets quasi sensuels.
La scénariste a aussi créé deux beaux personnages d'adultes : le père de Nour, musulman pieux mais pas intégriste et la mère de Myriam (incarnée par la réalisatrice Karin Albou), femme-courage qui fait ce qu'elle peut en ces moments difficiles. Tous deux sont très bien interprétés.
Bon, il y a bien quelques maladresses (souvent relevées par la critique professionnelle), mais, vraiment, ce long-métrage vaut le détour. Il donne une vision nuancée d'un aspect méconnu de cette période de l'histoire. (Comment a-t-on vécu la guerre et l'occupation dans cette portion de l'empire colonial français où préexistaient de nombreuses tensions ?) Il est de surcroît filmé avec rigueur et inventivité : les plans sont pleins de sens, comme celui qui voit l'une des filles sortir de sous le lit où sa mère l'avait cachée ; elle émerge entre les jambes de celle-ci, comme dans une deuxième naissance. La scène au cours de laquelle le père pieux se rend compte que sa fille, supposée anabalphabète, profite chaque jour de sa sieste pour lire le Coran, est elle aussi magnifique, avec ce jeu sur la focale, en interaction avec les dialogues. Il y a des tas d'autres moments de ce genre.
00:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 26 décembre 2008
Y a-t-il eu de la neige à Noël ?
Eh bien oui ! Elle est tombée la nuit du 25 au 26 décembre. Ce n'est qu'aujourd'hui, en fin de matinée, que je m'en suis aperçu. Comme j'avais la flemme (les vacances ça sert d'abord à se lever tard), j'ai attendu le début de l'après-midi pour sortir prendre des photographies. La température n'étant pas très basse, le soleil aidant, une bonne partie avait déjà fondu.
Du faubourg, je suis descendu vers le quartier de Cardaillac (on y trouve un paquet de belles baraques), d'où l'on peut voir le sommet du piton ruthénois. On distingue la crête de la cathédrale ainsi que, plus bas, un centre d'hébergement (les bâtiments aux couleurs vives). C'est le côté non ensoleillé, l'ubac. De là, on arrive très vite à Layoule :
L'été, cette cascade est presque à sec et les canards s'y prélassent. Un peu plus loin, quand on s'éloigne de la zone de promenade, on tombe sur deux autres petites cascades, que j'ai prises en photo du vieux pont :
Et j'ai poursuivi ma balade, sur le chemin habituel. J'adore sentir et entendre mes pieds crisser sur la neige en couche encore assez épaisse. Quand on se trouve à l'ombre, il suffit de tourner le dos pour voir le côté éclairé (l'adret) :
Sauf erreur de ma part, sur cette butte se trouve toute une série de prés (dont certains font face à un lotissement de maisons sur des terrains en pente) où, à la belle saison, on peut voir gambader (le matin et le soir en général) divers équidés.
Ensuite, je suis passé devant la zone de cultures maraîchères, dans un état évidemment inhabituel (mais pas pour la saison) :
Les terrains cultivés longent l'Aveyron (pratique pour l'arrosage). A l'arrière-plan, on distingue une partie du quartier de Layoule (pris sous un autre angle il y a quelques jours).
J'arrive au Monastère. Placé sur un pont gothique (du XIVème siècle), j'ai une vue fort intéressante :
16:56 Publié dans Aveyron, mon amour, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien
jeudi, 25 décembre 2008
Qui est Philippe Marini ?
En voila une question qu'elle est bonne ! Et d'abord, pour quoi me la posè-je ? Jusqu'à novembre dernier, je ne m'étais pas intéressé à cet homme politique, mais sa proposition d'amendement visant à permettre à certains épargnants de déduire de leurs impôts une partie de leurs pertes à la bourse m'a sidéré. On peut trouver une présentation (plutôt favorable) de ce projet (qui avait été adopté par la commission des finances du Sénat) sur le site du Figaro :
http://www.lefigaro.fr/impots/2008/12/08/05003-20081208AR...
Je ne possède pas d'actions cotées en bourse, mais j'ai discuté de la chose avec des personnes qui en ont et elles ont trouvé cette proposition abracadabrantesque : d'abord parce qu'elles assument les risques de leurs placements boursiers, ensuite parce que les "petits" porteurs ont massivement conservé leurs titres. Il leur reste à attendre la remontée des cours... (Tant pis pour les blaireaux qui ont cédé à la panique !)
Du coup, je me suis connecté au (très bon) site internet du Sénat (http://www.senat.fr/). Je me suis intéressé à la biographie de P. Marini ainsi qu'à ses propositions de loi.
Ce n'est pas un nouveau né en politique : il est maire de Compiègne depuis 1987 (il précise sur son site qu'il est conseiller municipal depuis 1977) et sénateur de l'Oise depuis 1992 (il a été réélu en 2001, pourra l'être à nouveau en 2011... oui, n'oubliez pas, le calendrier a été décalé d'un an... ce qui, soit en dit en passant, ne se justifiait réellement que pour la série de 2007, renouvelée finalement en 2008).
A la base, c'est un inspecteur des finances, passé par Sciences Po et l'E.N.A. Une fois au palais du Luxembourg, il s'est donc logiquement dirigé vers la commission des finances, dont il est le rapporteur général. (N'oubliez pas que cette commission a voté sa proposition sur les "moins-values" boursières.)
En un peu plus de 15 ans, il est l'auteur d'une quarantaine de propositions de loi. Six d'entre elles ont un objet directement lié à la bourse :
- créer des fonds de pension (1992-1993)
- améliorer l'information des actionnaires (1995-1996)
- les pactes d'actionnaires (1996-1997)
- les offres publiques d'acquisition (1998-1999)
- l'adaptation du droit boursier (2001-2002)
- le développement de l'épargne-retraite (2007-2008)
J'ai aussi remarqué son intérêt pour les questions liées aux "gens du voyage". Plusieurs propositions abordent ce sujet :
- une sur le stationnement des "gens du voyage" (session de 1994-1995)
- une sur la procédure d'expulsion en cas de stationnement illégal (session de 2001-2002)
- une l'occupation illégale de terrains affectés à une activité économique (session de 2007-2008)
Concernant cette dernière, j'ai l'impression qu'elle est une sorte de nouvelle charge sur le même sujet, les deux précédentes ayant été déclarées caduques.
Au total, 25 de ses propositions sont désormais "caduques". En général, cela veut dire que, au début de la troisième session qui suit celle où elles ont été déposées, le Sénat n'a toujours pas statué dessus. (http://www.senat.fr/role/caducite.html)
Je ne voudrais pas paraître médisant, mais on dirait que la majorité des petits camarades de P. Marini (qui siège dans le groupe U.M.P.) ne semble pas souvent s'intéresser à ses idées. Encore que... Il convient de nuancer, en observant le devenir des propositions qui ne sont pas caduques. Certaines ont été adoptées par le Sénat, voire même sont devenues lois :
- un texte sur les candidatures multiples aux élections cantonales (avec des visées un peu plus larges toutefois), de la session 1997-1998, devenu une loi en 2000 (voyez le temps qu'il faut...) ; je remarque au passage que l'une des suggestions phares du texte, qui visait à harmoniser les règles de présentation des candidats au second tour des différentes élections, n'a pas été retenue ; du coup, aux législatives, il faut toujours recueillir 12,5 % des inscrits, contre 10 % aux cantonales... et 10 % des exprimés aux municipales (dans les communes peuplées de 3 500 habitants et plus) ; P. Marini voulait infléchir les scrutins dans un sens majoritaire (qui n'est pas le sens du courant... le système a au contraire besoin de davantage de proportionnalité), imposant partout la barre de 15 % des inscrits ; comme je suis un peu mauvais esprit, je pense que, vu le contexte dans lequel cette proposition avait été faite, P. Marini avait peut-être dans la tête l'idée de limiter la capacité de nuisance du Front national, qui était grande à l'époque
- un texte sur la création d'un Conseil des prélèvements obligatoires (session de 2004-2005)
- un texte sur les fiducies (même session, même si la loi n'a été définitivement votée qu'en 2007... champagne !)
- une résolution sur l'adoption d'un texte européen (session de 2006-2007... loi de 2008)
Le sénateur de l'Oise semble donc disposer de plus d'influence depuis l'année 2004 environ. De surcroît, une de ses anciennes propositions est devenue une loi du gouvernement Fillon. En effet, durant la session 1999-2000, P. Marini avait proposé la création du R.M.A. "revenu minimum d'activité", adopté par le Sénat, mais pas par l'Assemblée nationale (majorité de "gauche plurielle" oblige). Ce R.M.A. me paraît être un peu l'oncle du R.S.A. créé en 2008.
13:43 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
mercredi, 24 décembre 2008
Burn after reading
Curieusement, le titre anglais a été maintenu pour la sortie en France. Je m'en réjouis, mais je pense toutefois à ceux qui maîtrisent mal la langue de Barack Hussein Obama. Peut-être aurait-il été souhaitable d'ajouter un sous-titre en français (cela ne coûte pas cher, y compris sur les affiches), d'autant plus que le film n'est pas sorti qu'en version originale sous-titrée. C'est pourtant celle-ci que j'ai vue.
J'ai pris plaisir à "écouter" ces acteurs, aux voix caractéristiques (visiblement, certains ont été choisis autant pour leur "gueule" que pour leur accent). C'est que cela cabotine à fond ! On rit assez souvent, pour deux raisons. La première est la loufoquerie de l'histoire : comment deux événements sans importance (la mutation d'un agent de la C.I.A. et la volonté de l'épouse de divorcer) vont déboucher sur une suite d'imbroglios. Attention, faut bien suivre.
L'autre source de comique est la désillusion sentimentale, alliée aux ravages de la quarantaine. C'est un film très noir en fait, limite désespéré, où les femmes se battent pour rester jeunes et veulent encore croire à la vie, tandis que les hommes semblent ne plus croire en grand chose. Bien entendu, la cupidité se greffe là-dessus.
Le résultat est néanmoins décevant. Cela manque de tonus. Le film s'étire en longueur. Peut-être n'a-t-on pas osé trop couper au montage (ou alors on a au contraire beaucoup trop sabré). Plaisant mais pas marquant, Burn after reading restera, à mon avis, comme un film mineur des frères Coen.
00:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 23 décembre 2008
Les Ailes pourpres
Cette jolie métaphore évoque les flamants roses. Dans le documentaire, une analogie est faite avec le phénix. Cela tombe bien : l'animal fabuleux porte un nom dont l'étymologie renvoie à la couleur pourpre... C'est du Disney, donc la vie familiale est à l'honneur. De la musique a été ajoutée pour souligner les moments importants. En général, cela passe, mais j'en ai été parfois agacé (je préfère entendre les vrais sons de la nature). Le commentaire dit par Zabou est pertinent, accessible, et peu envahissant.
La principale qualité du film est bien entendu l'ensemble des prises de vue qu'il propose. Qu'elles soient aériennes ou terrestres, c'est ravissant, avec notamment ces oiseaux en vol dont l'image se reflète dans le lac situé juste au-dessous d'eux. Les gros voire très gros plans, sont d'une grande qualité. On a l'impression de pouvoir toucher du doigt ce magnifique plumage ou cette coquille que l'on peine à percer de l'intérieur.
On apprend aussi des tas de trucs : l'origine du nom des oiseaux, leur espérance de vie, l'explication de la couleur du plumage (étonnante), la description des phénomènes très particuliers liés au lac Natron.
De surcroît, la nature n'est pas décrite comme un univers de pureté toute faite. Sa cruauté est montrée sans détour, en particulier à travers l'action des prédateurs des flamants : les marabouts (le sort qu'ils font subir aux bébés paraît ignoble, mais c'est la "loi de la jungle"), les mangoustes et les hyènes (impressionnantes scènes de chasse à la clé).
On a heureusement droit à quelques moments de comédie, autour des premiers pas des bébés et des parades amoureuses des mâles. Un régal d' 1h15 ! (Ouf, ce n'est pas trop long !)
00:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 22 décembre 2008
L'Apprenti
Le monde agricole, auquel le cinéma français s'est si peu consacré jadis, suscite depuis plusieurs années un regain d'intérêt. Depardon a développé sa série (trop passéiste à mon avis) Profils paysans (dont le troisième volet est sorti récemment). Quelques fictions ont abordé, plus ou moins maladroitement, la vie rurale (on peut citer Une Hirondelle a fait le printemps). Mais, en gros, depuis les films de Georges Rouquier (Farrebique et Biquefarre... faudra bien que j'en cause un jour), le niveau est plus faible.
Ici, on se trouve à la croisée du documentaire et de la fiction. La manière dont le film a été construit est très bien expliquée dans les "secrets de tournage" d' Allociné. En gros, le réalisateur a choisi un vrai paysan et un vrai apprenti, qu'il a fait se rencontrer, et qu'il filme aussi avec leurs proches. Cela permet de comprendre comment certains moments ont pu être filmés : dans la réalité, cela aurait été particulièrement voyeur, mais comme c'est une demi-fiction, certains propos et certaines actions peuvent être portées à l'écran... sinon, les personnages n'auraient sans doute pas accepté.
Avis aux oreilles un peu bouchées : il faut être attentif à certains dialogues qui, prononcés avec l'accent franc-comtois (pas très éloigné de l'accent vosgien), sont parfois difficilement compréhensibles.
Bon, 1h25, c'est un peu long, mais c'est globalement remarquable. C'est d'abord une tranche de vie, celle d'un adolescent de 17-18 ans, "hors cadre familial" comme on dit dans le métier (ça veut dire qu'il n'est pas fils d'agriculteur), pour qui l'élevage semble être une voie toute tracée. Vous remarquerez que, dans le film, il n'est pas montré à son avantage dans l'exercice de son futur métier (il est particulièrement maladroit avec les bovins). Le côté docu ressort à travers les travaux réguliers (notamment le soin des bêtes) mais aussi des événements extraordinaires (comme la mise à mort d'une truie ou la mise bas d'une vache... un peu comme dans Une Hirondelle a fait le printemps... sauf que là c'étaient des chèvres).
Le paysan est une fort belle figure : plutôt solitaire, débrouillard, un peu paternel (son apprenti voit très peu son géniteur, qui s'est séparé de sa mère), cultivé aussi. On apprend vers la fin que la vie ne l'a pas épargné non plus.
Le héros est un "rebelle" mal dans sa peau. Il vit mal la séparation de ses parents et méprise un peu son père. Il roule à mobylette sans casque, se saoule la gueule avec ses potes, pense aux gonzesses, peu à son travail à l'école (une maison familiale rurale). Ah, j'oubliais : c'est un fan de Johnny Hallyday. Mais qu'est-ce qu'il chante mal !
On notera aussi que le montage a parfois un sens moral : l'apprenti s'amuse-t-il a projeter des cailloux (avec un lance-pierres) sur les poules qu'il finit par se vautrer lamentablement dans la boue ; fait-il le fier avec ses bouteilles de bière que, quelques heures plus tard, on le retrouve à vomir dans la rue ; se la joue-t-il James Dean du Doubs avec sa mobylette que celle-ci ne tarde pas à tomber en panne. Vous aurez donc compris que l'on rit souvent grâce à ce film, qui réussit à instruire en distrayant.
03:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 21 décembre 2008
Un site qui déchire sa race
Il est grand temps de placer vos chaussons numériques sous le sapin virtuel, afin de profiter d'une nouvelle pépite internet :
http://images.google.com/hosted/life
A partir de "Google images", il est désormais possible d'effectuer une recherche sur la base de données photographiques du magazine Life, aujourd'hui disparu. Selon le groupe Time, qui en est propriétaire, la plus grande majorité des clichés n'a jamais été publiée. Dans le lot, on trouve les photographies de série (une seule ayant été choisie pour la publication) et beaucoup d'autres, parfois surprenantes.
J'ai par exemple trouvé une image très parlante sur le travail des Françaises durant la Première Guerre mondiale :
Je la juge très intéressante parce qu'elle tranche des habituelles photographies d'usine, nous rappelant qu'en 1914-1918, les Français étant majoritairement agriculteurs, ce sont les travaux agricoles que les femmes ont d'abord été amenées à exercer... parfois sans l'appui de la force animale, à cause des réquisitions.
Quand on recherche des documents sur des personnalités françaises, on peut trouver quelques perles :
Ici, c'est le magazine Time (la couverture) qui est mis à contribution. En décembre 1962, Charles de Gaulle triomphe : il a imposé l'élection du président de la république au suffrage universel direct (en remportant un référendum contesté) et il s'est débarrassé des opposants grâce à la dissolution réussie de l'Assemblée nationale.
Il est possible de voir un de Gaulle plus jeune, dans une situation plus prosaïque.
On peut effectuer ses recherches par dizaines d'années... et remonter ainsi jusqu'à la guerre de Sécession ("Civil War" pour nos amis Yankees).
En flânant sur le site, j'ai dégoté une photographie pittoresque prise en Chine.
Parfois, l'image se veut pédagogique.
Vous remarquerez que chaque image est datée et légendée. Vraiment, un sacré bon boulot !
15:13 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien, politique
samedi, 20 décembre 2008
De l'euro à l'Europe
Si vous êtes attentifs à la monnaie que l'on vous rend dans les commerces, vous vous êtes sans doute aperçus de l'arrivée d'une nouvelle pièce de 2 euros célébrant la présidence française de l'Union européenne :
En regard, j'ai placé une pièce française de 1999. Si les 12 étoiles du drapeau européen encerclent toujours les symboles centraux, les références à la République française (l'Hexagone, la devise et l'arbre de vie... mais pas les lettres "RF") ont été remplacées par l' "événement" de 2008. Jusque là, rien à redire (ou si peu). Ma surprise fut grande lorsque j'observai l'autre face (le côté pile en fait... soyons rigoureux, que diable !) de la nouvelle pièce... ce qui m'amena à la comparer avec l'ancienne :
Sur l'ancienne pièce, au-dessus, seuls les 15 pays membres de l'Union européenne en 1999 (année de création de l'euro, la mise en circulation officielle ne datant que de 2002, amis jeunes et/ou incultes) étaient représentés. A l'époque, quelques esprits sarcastiques avaient ironisé sur le jusqu'au-boutisme qui avait consisté à faire figurer Le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède sur une monnaie qu'ils avaient refusée. (Ceci dit, le laxisme a été systématisé au niveau des billets, sur lesquels la carte dessinée n'a plus rien à voir avec la construction européenne : http://www.banque-france.fr/fr/instit/billets/histeuro/eu...)
Mais, en 2008, non seulement cette tendance n'a pas été réfrénée, mais elle s'est accentuée, puisque, comme vous pouvez le constater sur la pièce du dessous, tous les pays situés entre l'Atlantique et l'Oural sont représentés. On remarque notamment, au nord, l'apparition de la Norvège, qui n'est pas membre de l'Union (et, a fortiori, de la zone euro), tout comme la Suisse et plusieurs pays d'Europe de l'Est (on va jusqu'à la Russie de l'Ouest !). Nos technocrates européens ne sont tout de même pas allés jusqu'à inclure l'Afrique du Nord et la Turquie. Faut-il incriminer le manque de place où d'ambition ?
17:55 Publié dans Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
vendredi, 19 décembre 2008
Caos calmo
Nanni Moretti est de retour avec une histoire a priori casse-gueule et une distribution très internationale : une foultitude d'Italiens certes (au premier rang desquels Alessandro Gassman, le fils de Vittorio), mais aussi une belle brochette de Frenchies (Hippolyte Girardot, Denis Podalydès et Charles Berling, les deux premiers s'exprimant à l'occasion dans la langue de Marco Materazzi) et quelques "guests" anglo-saxons (Roman Polanski, à la fin, mais surtout la délicieuse Valéria Golino, la plus américaine des Ritales).
J'aime bien aller voir les films de Moretti pour trois raisons :
1) Comme il ne sont distribués (sauf exception) qu'en version originale sous-titrée, c'est l'occasion d'écouter parler dans cette langue si musicale que je ne maîtrise pas.
2) C'est bourré d'humour, mais par petites salves, souvent inattendues.
3) On y voit plein de jolies femmes, ici âgées de 20 à 50 ans (je ne compte pas les gamines, tout de même).
J'ai "marché" dans cette histoire de cadre sup' que la mort de sa femme (qu'il n'aimait guère finalement) rapproche de sa fille. C'est qu'il s'en passe des choses dans ce petit parc qui jouxte l'école primaire ! Le héros réfléchit sur sa vie, sur le monde comme il va, sans pesanteur, et le monde finit par venir à lui.
L'humour est là dès la première séquence, avec une tranche de comédie à l'italienne (la partie de raquettes entre les deux frangins... les scènes présentant les deux personnages sont en général particulièrement réussies). La fille est vraiment très bien interprétée, attachante avec son côté "plus mûre que son âge", et qui, une fois le choc du décès de la mère passé, semble étrangement ne plus se soucier d'elle.
Un des ressorts de la comédie est l'attraction qu'exerce Pietro-Moretti : son comportement étrange suscite l'intérêt, l'épreuve qu'il traverse suscite la compassion et l'expansion de sa "fibre paternelle" donne à des tas de jolies femmes l'envie de lui mettre le grappin dessus. Le fil rouge comique est un acte d'humanité : au passage d'un jeune handicapé qu'accompagne, chaque matin, sa mère, le héros actionne à distance la condamnation centralisée des portes, à la grande joie du garçon, qui salue amicalement la voiture (de marque allemande, faut pas déconner).
Le principal bémol que je mettrais est sociologique : Moretti l'ancien cinéaste engagé signe ici une oeuvre de "bobo" (contrairement à ce qu'une présentation d'avant-séance tentait de faire accroire, il ne s'agit nullement d'un brûlot anticapitaliste) ; faute de pouvoir changer le monde, les intellos de gauche se replient sur la vie familiale et/ou sentimentale (ça tombe bien, ils ont du pognon et du charme). On peut aussi trouver invraisemblable la facilité avec laquelle le héros parvient chaque jour à se garer à proximité immédiate de la charmante école, où sa fille ne risque pas de croiser des enfants d'ouvriers...
Bon, à part ça, vous attendez peut-être que je cause de LA scène ? Ben, y a pas grand chose à en dire. Ce n'est pas du sexe explicite et ce n'est guère joli à voir. De surcroît, le personnage féminin n'y est pas traité avec respect, par le héros comme par le metteur... en scène.
23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 17 décembre 2008
Pour elle
Voici un polar sentimental, qui s'appuie sur deux piliers principaux : l'interprétation et le scénario. Commençons par ce que le film n'est pas.
Le personnage joué par Diane Kruger étant arrêté puis condamné pour meurtre, plusieurs possibilités s'offraient aux scénaristes. Ils auraient pu choisir de faire de l'héroïne une coupable. L'intérêt du film aurait constitué en la progressive découverte de la supposée double vie de l'épouse habile par le mari berné. Cela aurait eu l'avantage de fournir un rôle de délicieuse salope à Diane Kruger, un peu lassante à force d'incarner des nunuches.
Les scénaristes ont choisi de faire de l'héroïne une innocente. Elle n'est pas victime d'un complot (j'aurais bien vu un truc franchement tarabiscoté, mais bon... chacun son trip). L'histoire ne consiste pas non plus en la recherche de la vraie coupable, que l'héroïne a croisée le soir du meurtre. Les auteurs ont opté pour une intrigue plus romanesque (qui n'a pas forcément plu aux critiques).
Le récit est cassé, débutant par une séquence intervenant en fait vers le milieu de l'histoire. C'est par le son que l'on découvre d'abord ce passage, qui nous est narré dans le détail plus tard dans le film. Le principe du retour en arrière est bien maîtrisé.
Le film s'articule autour de quelques moments forts ; la quête de l'argent et la fuite sont les deux plus marquants, en dépit de quelques invraisemblances. Si vous êtes indulgents, cela passera. On peut noter que l'interprétation est bonne, les seconds rôles excellents.
On a beaucoup glosé sur la manie du héros (joué, tout en nerfs, par Vincent Lindon) de transformer le mur d'une des pièces de son appartement en tableau de bord, sur lequel il dessine ou agrafe. Même si c'est une resucée, j'ai trouvé cela assez bien vu (et mis en scène) : cela donne une bonne idée de la monomanie qui s'empare de ce personnage... et cela débouche aussi sur un des gags du film. Un soir, Vincent Lindon s'aperçoit que son fils s'est mis à griffonner sur l'un des murs de sa chambre : "Je fais comme toi, papa !" dit-il. Ledit papa finit par le coucher en lui disant "Au lit, Picasso !".
14:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture
mardi, 16 décembre 2008
Il a neizé à Rodej...
... ainsi que dans le reste de l'Aveyron. La capitale ruthénoise a été frappée tout le dimanche. Ah, qu'il est bon de rester bien au chaud, chez soi, pendant que tant d'imbéciles se retrouvent coincés sur la route !
Bon, c'est pas tout ça, mais, lundi, en fin d'après-midi, comme le froid persistant avait maintenu l'essentiel de la couverture neigeuse, je me suis lancé dans une petite balade autour de Rodez.
Certains quartiers de la ville avaient pris un tour inquiétant :
Cette photographie a été prise a proximité du lieu dit "Layoule", qui jouxte l'Aveyron, comme on peut le voir sur l'image suivante :
La plus grande partie de l'espace est occupée par le camping de Layoule, évidemment fermé à cette époque. J'aime bien aussi cette vue, légèrement décalée par rapport à la précédente :
A partir de là, on peut descendre, se rapprocher de la rivière, en quittant Rodez pour la commune périurbaine de Le Monastère (toute la quiètude de la campagne à deux pas du centre-ville bruyant et pollué). Certaines bâtisses méritent le détour, comme celle-ci :
Sise entre la route et l'Aveyron, avouez qu'elle ne manque pas de cachet !... Poursuivant ma promenade, j'ai traversé le bourg ancien du Monastère, dépassé la tannerie Arnal pour longer une série de prés en pente. Voici ce qui se présenta à mes yeux :
A l'arrière-plan, on distingue des immeubles situés à l'extrême-limite du centre-ville de Rodez. Dans ce pré tentaient de paître deux chevaux qui, dès qu'ils m'eurent aperçu, s'approchèrent des fils barbelés :
Celui-là est vite venu me faire coucou, prenant la pose avant de s'éloigner en quête de nourriture. Son compagnon se fit encore plus majestueux :
Le brume neigeuse confère une sorte de halo mystérieux à l'animal, encore plus impressionnant en vrai que sur la photographie. J'ai fini par quitter ces deux charmants quadrupèdes pour poursuivre ma balade. Pas très loin de là, laissant un centre électrique EDF dans mon dos, j'ai pris cette vue assez pittoresque :
J'aime bien cette association cimetière - abbaye (le clocher disparaissant en partie dans le brouillard). J'ai continué ma route, contournant par le Sud la colline ruthénoise avant de regagner ma grotte, avec dans les jambes la fatigue (légère) d'une saine promenade.
17:31 Publié dans Aveyron, mon amour, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : de tout et de rien
lundi, 15 décembre 2008
Mesrine, l'ennemi public numéro 1
Le paradoxe est que c'est dans le premier volet du diptyque que Mesrine apparaissait comme une sorte de danger public et que c'est dans le second qu'il semble fleureter dangereusement avec la mort. Le point de vue est néanmoins plus politique ici. Mesrine symbolise la rébellion et s'acoquine avec des gauchistes. Cependant, contrairement à ce que l'on pouvait voir dans Mesrine, l'instinct de mort, la dureté des conditions pénitentiaires n'est pas apparente ici. Chacun a sa chambre bien à soi... voire la télévision (un fort bel écran pour le héros d'ailleurs !). De nombreux gardiens semblent aux petits soins pour le braqueur de banques.
C'est toujours aussi bien réalisé. Richet est particulièrement habile dès qu'il est question de voitures (les nostalgiques retrouveront avec émotion les bagnoles de l'ancien temps... que les moins de vingt ans...). La dernière séquence, qui correspond au début du premier film (elle s'achève par l'exécution de Mesrine) nous propose, par un montage alterné (les flics / le couple), une vision autre que celle fournie par la technique d'écran partagé utilisée dans le 1. Les références aux années 1970 sont toujours aussi présentes.
Les acteurs sont excellents. On sent que Vincent Cassel jubile dans le rôle du brigand, tandis que Ludivine Sagnier minaude et s'exhibe avec entrain. Même Mathieu Amalric est crédible en François Besse. Pour Gérard Lanvin, c'est selon. Tout le monde n'appréciera pas sa composition de gauchiste du Sud-Ouest.
Le film ne fait pas de Mesrine un saint. Sa violence, son mépris des règles, sont apparents. A ce propos, je trouve la séquence de torture du journaliste de Minute un peu complaisante. On sent la volonté de mettre en scène la "punition" du raciste. Cela frôle le "politiquement correct", ce qui, vu le sujet, est plutôt malvenu.
Autre bémol : si on utilise beaucoup les flingues dans ce film, presque personne ne meurt. Mesrine et ses acolytes sont régulièrement blessés mais, curieusement, leurs tirs ne semblent que rarement atteindre leurs cibles. D'autre part, j'aurais aimé que l'on nous montre davantage la traque mise en place par le commissaire Broussard (Olivier Gourmet, en bon pro, mais sous-utilisé). A deux reprises, il arrive à localiser précisément le fugitif. Le film ne nous explique pas comment, pas plus qu'il ne revient sur l'organisation du piège final.
15:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 09 décembre 2008
Madagascar 2
La vie de Barack Obama a-t-elle inspiré les scénaristes ? Toujours est-il que, dans ce film d'animation, il est question d'un "roi américain" aux origines africaines qui se retrouve sur la terre de ses ancêtres. Ici s'arrête la ressemblance : le héros est un bringueur bling bling, très éloigné de l'avocat devenu président des Etats-Unis.
J'ai retrouvé avec plaisir les pingouins, délicieux de cynisme, de culot et d'ingéniosité. (... et actifs dès le générique de début ! N'arrivez donc pas en retard, sous peine de manquer ce charmant trait d'autodérision signé DreamWorks.) C'est fou ce qu'une animation numérique peut faire dire au visage d'un pseudo-animal ! L'increvable mamie est le pendant humain du quatuor bicolore. L'un des meilleurs moments du film est sans conteste leur confrontation, à l'occasion d'une excursion touristique dans la savane. Les amateurs goûteront aussi les flambées de violence garanties 100 % retraitée, qui voient plusieurs personnages masculins très "virils" perdre de leur superbe face à l'énergique porteuse de sac à main... (Pas touche, non mais !)
Pour rendre le film plus digeste pour le jeune public, on a meublé entre les séquences détonantes. On n'a pas lésiné sur les bons sentiments, l'amour parental, filial, le désir de reconnaissance... Si vous ajoutez à cela le tropisme "boîte de nuit" (c'est qu'on fait vibrer son corps, gracieux ou pas, sur les rythmes de la night !), le film peut s'avérer parfois ennuyeux, mais cela reste une agréable distraction.
20:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 08 décembre 2008
L'Echange
Au départ, cela ne me "branchait" pas trop d'aller voir ce film. Oui, malgré Clint Eastwood, malgré les échos favorables, cette "histoire vraie", très mélo sur le fond, avec vedette oscarisable en bonus, me rebutait. Et puis, j'ai eu l'occasion de voir le film en version originale sous-titrée, alors, je me suis laissé tenter.
Eastwood est un nostalgique. Cela transparaît dans le tableau qu'il brosse de la Californie de la fin des années 1920 (juste avant la Dépression). L'image a été soignée : on est à la limite du noir et blanc. C'est bleuté ou pastel. Parfois une couleur ressort, tel le rouge qui garnit les lèvres légendaires d'Angelina Jolie. Celle-ci est au demeurant impeccable, même si, à mon avis, elle en fait un peu trop dans la première partie du film (et elle a été dirigée de manière caricaturale à la fin : voyez ce regard qui émerge à peine de l'ombre du chapeau).
Les années 1920 furent une période prospérité aux États-Unis. Le film met en scène plusieurs représentants de la classe moyenne émergente (responsables de standard, officiers de police, avocats, journalistes...), dans une ville (Los Angeles) où les automobiles circulent harmonieusement entre les lignes de tramway. Tout cela est "beau, propre et riche"... et blanc (pas de minorités en vue). Mais, derrière cette façade de propreté se cachent pas mal de turpitudes, que l'affaire Collins (l'enlèvement du gamin) va révéler.
Le grand talent d'Eastwood est d'avoir réussi à mêler l'intrigue familiale et personnelle à la peinture d'une société. Il est très américain quand, après avoir montré la pourriture qui la gangrène, il met en valeur les personnes qui "rachètent" ces errements et qui vont permettre au bon droit de triompher... dans une certaine mesure. (Et vive la liberté d'expression, vive la défense des droits civils, vive la mobilisation citoyenne !)
Si le film est un peu long (2h20... Notre bon vieux Clint prend son temps), c'est parce que le réalisateur veut dérouler toute la pelote et mettre à jour tous les ressorts. Il est vrai qu'une troisième histoire se greffe sur celles de la disparition de l'enfant et de la corruption de la police locale. Franchement, je ne m'y attendais pas... Cela donne encore plus de force au film.
Certains en France n'ont pas apprécié le rôle positif joué par un pasteur très interventionniste (incarné assez sobrement par John Malkovich), pas plus que la manière positive dont la peine de mort est présentée dans le film. A chacun de juger.
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema
dimanche, 09 novembre 2008
La fièvre de l'or
Voilà un documentaire a priori alléchant : il est question de la forêt amazonienne (sorte d'or vert de la zone intertropicale), des chercheurs d'or, de pollution, de déforestation, de violence, de prostitution... Bon, ça fait beaucoup, mais il faut dire que les lieux sur lesquels le réalisateur s'est rendu sont riches en rencontres.
La séquence qui m'a le plus impressionné est celle qui voit les orpailleurs au travail. Leur action est décrite assez méthodiquement, entre le déboisement, le lessivage et le tri. J'ai aussi été marqué par le passage où l'on voit les commerces et leurs prix affichés en grammes d'or pur ! (Une autre scène nous permet de voir de fort belles caillasses jaunes !) Par contre, les scènes avec les prostituées sont très inégales. L'une d'entre elles, tournées le soir, est assez réussie : elle nous fait sentir à la fois la détresse de ces femmes (quelque chose qu'elles n'ont pas forcément envie d'avouer), l'appât du gain et l'atmosphère de far west qui règne quelque part entre le Brésil, la Guyane française et le Surinam.
Le pire dans cette histoire est que, de toute part, on ne rencontre quasiment que des marginaux, qui peuvent être amenés à s'affronter dans une lutte impitoyable pour la survie. Dans ce contexte, les tribus amérindiennes dégustent.
Malgré tout l'intérêt qu'on puisse porter aux questions soulevées par le film, il m'a laissé une impression mitigée. Ce n'est pas très bien filmée et le réalisateur n'est pas forcément un bon interviouveur. C'est un film utile, mais pas un grand film.
Le site officiel : http://www.lafievredelor.com/site-officiel.htm
Sur l'orpaillage en Guyane française : http://www.wwf.fr/pdf/orpaillage.pdf
18:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma