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jeudi, 30 avril 2009

X-Men origins : Wolverine

   C'est un peu une sorte de "X-Men begins". L'action se situe avant la célèbre trilogie et est centrée sur un personnage qui, au départ, n'était pas une vedette de la série : Serval, autrement dit Wolverine. Des ponts sont tracés avec les films qui suivent, mais qui ont été tournés auparavant. C'est le même procédé que pour Star wars.

   Il faut d'abord savoir que c'est hyper violent. On s'entretue, ou tente de s'entretuer, à tire-larigot. Les effets spéciaux ont beau être réussis, cela devient lassant  à la longue... d'autant que le côté "je suis quasiment invincible  - ben tu vas voir que moi je suis encore plus invincible que toi", ça fait un peu "regarde ma quéquette hein n'est-ce pas que c'est la plus longue". L'intérêt du comics résidait au contraire dans la fragilité des personnages, à la fois physique et psychologique.

   Ici, seul le scénario, habile voire machiavélique, vaut le détour. J'en exclus toutefois une des premières séquences, qui voit le héros successivement participer, en compagnie de son frère, à la guerre de Sécession, la Première guerre mondiale, la Seconde, enfin celle du Vietnam. Cela ne vous rappelle rien ?

   De surcroît, l'esthétique du jeu vidéo a envahi la série... et on sent la volonté de se rapprocher d'autres films consacrés à des individus "extraordinaires", dotés de super pouvoirs. Du coup, les X-Men en perdent un peu leur originalité. Il n'y a guère que les dames qui sortiront vraiment enchantées, tant Hugh Jackman a pris soin de soigner sa musculature (il avait déjà bien commencé pour Australia !)...

   J'espère que le film consacré à la jeunesse de Magnéto aura un peu plus d'envergure.

23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

dimanche, 26 avril 2009

Revoir des programmes télévisés

   Je viens de découvrir un site internet très utile. Il permet de (re)voir certains des programmes déjà diffusés sur l'une des six chaînes suivantes : TF1, France 2, France 3, France 4, France 5, Canal +, Arte M 6. On peut choisir par thème : série, sport, informations, documentaires, magazines, divertissements, jeunesse. (En fait, le site est une sorte de hall d'accueil, qui redirige ensuite l'internaute vers le site de la chaîne qui diffuse le programme choisi.)

   Attention toutefois, ne vous attendez pas à retrouver Les Experts, par exemple. Il me semble que tout ce qui peut représenter un filon commercial est exclu de la rediffusion. Ainsi, quand une série très populaire est concernée, il ne s'agit que des saisons assez anciennes (pour Desperate Housewifes notamment).

   Autre limite : la rediffusion n'est accessible que durant quelques semaines (voire une seule).

http://www.tvarevoir.fr/

15:29 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien

samedi, 25 avril 2009

Chomsky et compagnie

   Pour ceux qui ne le connaissent pas, il faut d'abord préciser que Noam Chomsky, linguiste internationalement reconnu, est devenu une sorte d'icône altermondialiste intello, parce qu'il a, très tôt, formulé une dénonciation argumentée de la politique étrangère des Etats-Unis. Il est aussi très critique vis-à-vis de l'économie de marché telle qu'elle existe aujourd'hui. Il n'est pas communiste pour autant. On pourrait dire que c'est un franc-tireur de la gauche critique.

   C'est pour cette raison, je pense, que l'équipe de l'émission Là-bas si j'y suis (diffusée du lundi au vendredi sur France inter, accessible aussi sur la Toile) a décidé de rencontrer N. Chomsky... et deux autres intellectuels, un Belge et un Canadien (du Québec). Le tout a été enregistré en 2007.

   Alors, qu'est-ce que cela donne ? Un vrai film tout d'abord, parce qu'un documentaire qui se contenterait du jeu de questions-réponses entre Daniel Mermet et ses interlocuteurs serait vite ennuyeux... surtout que cela dure deux heures (à mon avis, c'est nécessaire... et encore, c'est une synthèse). La séquence du début est très bien et, à plusieurs reprises, dans le film, on sent quand même la volonté de travailler l'image, de ne pas se contenter du texte.

   En s'appuyant sur les travaux de Chomsky, notamment sa comparaison de la manière dont les médias ont rendu compte des exactions des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. (ou de leurs alliés) pendant la Guerre froide, les auteurs veulent faire émerger l'idée que les médias de masse nous mentent, souvent par omission d'ailleurs. Dans le flot d'informations qui circule désormais, les actions de tri et de hiérarchisation prennent une importance capitale. C'est globalement convaincant.

   A ce sujet, j'ai bien aimé l'anecdote du comptage de passes. En gros, en regardant la vidéo suivante (qui dure moins d'une minute), essayez de compter les passes que les blancs et les noirs se font. L'idéal est que, dans le même temps, à côté de vous, une autre personne regarde la vidéo sans compter les ballons. Partagez vos réactions à la fin !

   Le film est aussi intéressant par ce qu'il dit de l'autocensure et de la complaisance journalistiques. Il n'y a pas de complot pour cacher la vérité ou mettre les opinions dissidentes (pas forcément minoritaires) sous l'éteignoir. Mais, soit les professionnels de l'information (ici surtout télévisée) sont complètement en accord avec les idées dominantes, soit ils ont intégré les limites qu'il vaut mieux ne pas dépasser pour rester en cour... et espérer faire carrière. Quelques extraits viennent appuyer le propos. Je recommande tout particulièrement le passage qui voit Arno Klarsfeld apporter un soutien aussi bruyant qu'infondé à l'intervention des Etats-Unis en Irak.

   Le film ne laisse pas de côté LA question polémique, celle du soutien de Chomsky à la publication des thèses négationnistes, bien qu'il ne les partage pas. Ici l'on voit le fossé qui peut opposer des intellectuels européens à ce penseur somme toute très américain, pour qui la liberté d'expression doit être pleine et entière, se référant notamment au premier amendement à la Constitution des Etats-Unis :

"Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre."

    Le film, tout en empathie avec Chomsky, prend plutôt parti pour lui dans la controverse qui l'a opposé à l'historien Pierre Vidal-Naquet. Peut-être que tous les spectateurs ne le ressentent pas ainsi, mais, en ce qui me concerne, j'aurais aimé un peu plus de recul critique vis-à-vis des propos de Chomsky sur ce sujet en particulier.

   Un autre point est à noter. Au début de l'entretien, D. Mermet fait réagir le professeur au massacre, commis juste avant leur rencontre, dans une université de Virginie (à l'époque, le massacre avait semé le trouble chez les Coréens, des Etats-Unis et d'ailleurs). Peut-être est-ce dû à la tonalité de l'entretien, aux thèmes qui devaient être abordés. En tout cas, au lieu d'évoquer la menace que constitue pour les citoyens américains la facilité de se procurer des armes dans son pays, Chomsky fait immédiatement une comparaison avec un massacre ignoré de mineurs chiliens et de leurs familles. Je vois bien où il veut en venir : les médias voguent sur le "sensationnel", au détriment de la réflexion. Le massacre commis par l'étudiant coréen n'est hélas pas un phénomène isolé, méconnu, alors que la violence exercée, avec le soutien des Etats-Unis, en Amérique latine, a été longtemps largement passée sous silence.

   Sur le site de Noam Chomsky, on peut accéder (en anglais) à nombre des articles qu'il a écrits, y compris un très récent sur l'attitude de Barack Obama sur le conflit du Proche-Orient.

14:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

jeudi, 23 avril 2009

La Journée de la jupe

   Isabelle Adjani (un peu boulotte, un peu refaite, énergique et fragile) est donc de retour au cinéma, dans un film "sociétal", sur un sujet qui recommence à intéresser les cinéastes hexagonaux : le malaise de l'école. Ici, il est question d'un collège... avec des élèves qui ont l'air d'avoir 18 ans au moins. Je veux bien qu'ils aient redoublé une paire de fois, mais tout de même... Ceci dit, les acteurs "jeunes" sont excellents.

   Le personnage interprété par Adjani est un antihéros, une antihéroïne pour être plus précis : côté vie privée, elle s'est fait quitter par son mari et on finira par apprendre qu'elle est fâchée avec sa famille. Côté boulot, c'est la catastrophe : ses élèves ne la respectent guère et, en tant que prof de français, elle a toutes les peines du monde à obtenir un temps de cerveau disponible de 5 minutes sur une heure de cours. Ne parlons pas de la hiérarchie (Jackie Berroyer, excellent en principal fuyant ses responsabilités), ni des collègues : ce nid de gauchistes est prêt à tout accepter de la part des élèves qui, en réalité, ont d'abord besoin d'autorité.

   Ce film repose donc sur l'utilisation et le détournement des clichés. Sonia-Adjani se fait d'abord copieusement bordéliser et même insulter. Un coup de théâtre survient (dans une salle de spectacle, comme cela tombe bien !), que la prof met à profit pour... finalement tenter d'enseigner. Mais tout se complique avec l'intervention de la police (avec une brochette de flics excellents, notamment Denis Podalydès et Yann Collette)... et ce pistolet qui change de mains, faisant émerger des vérités que l'on croyait enfouies.

   Si la première partie se voit comme une comédie (alors qu'elle dit des choses très graves à la fois sur la vie des jeunes des cités et sur le métier d'enseignant dans les "établissements sensibles") parfois grossière (il aurait fallu que quelques scènes soient rejouées, cela sonne parfois faux), la deuxième surprend (au bout de 3/4 d'heure, je me suis demandé comment le réalisateur allait pouvoir tenir 1h30) par ses rebondissements (dont l'un des derniers fait peut-être écho à la propre vie d'Adjani) et l'émotion qui finalement étreint le spectateur pas trop cynique.

   Alors, est-ce un film ou un téléfilm ? Ben, entre les deux. Pour que ce soit un film à part entière, il aurait fallu un peu peaufiner les dialogues. Mais c'est quand même plus qu'un téléfilm. Sonia-Adjani est mise en scène un peu sous toutes les coutures. J'ai aussi apprécié que le réalisateur multiplie les sources d'images. Au-delà, force est de constater que, de Entre les murs à ce film, l'enseignant-e de français semble incarner le dernier rempart de la civilisation contre l'ignorance et la barbarie.

23:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

mardi, 21 avril 2009

OSS 117, Rio ne répond plus

   Hubert Bonisseur de la Bath revient, plus hâbleur que jamais. Dans ce nouvel opus des aventures de ce sous-James Bond à la française (clins d'oeil à l'illustre Connery à la clé), il est toujours aussi infatué de lui-même, sexiste, xénophobe (sa confrontation récurrente et savoureuse aux bandits chinois constitue le fil rouge de l'histoire)... et même un peu antisémite. Evidemment, le film joue sans cesse sur le second degré... et même, semble-t-il, sur le troisième voire le quatrième. Qu'est-ce que c'est malin ! Le spectateur antiraciste comme l'indécrottable franchouillard pourront goûter les saillies des personnages, même si scénaristes comme réalisateur ont pris franchement le parti de déboulonner la statue du héros.

   Evidemment, on rit... pas forcément tous aux mêmes endroits d'ailleurs. Quelques scènes font toutefois l'unanimité, comme cette hilarante poursuite en déambulateur qui, au début, nous donne à voir le physique d'OSS sous un jour inattendu... L'abattage de Dujardin (à qui on fait même incarner un trapéziste !) est pour beaucoup dans la réussite de cette comédie. Hazanavicius a réussi a donner une vraie force cinématographique à son rire "gargantuesque". Il force un peu trop sur les expressions du visage, mais bon, quand on est pris dans le rythme, cela passe. Notons cependant quelques "blancs" dans le film. S'ils sont parfois justifiés (le réalisateur a pris quelques risques dans les dialogues), il est incontestable que toutes les répliques ne font pas mouche, quelques-unes étant même ratées.

   L'ambiance des années soixante est rendue avec soin. Costumes, musique, voitures, meubles font partie de l'univers décalé d'OSS, pour notre plus grand plaisir (je songe à acquérir le CD de la bande originale, tant les partitions m'ont plu). Le côté "kitsch" est poussé à l'extrême : la réalisation se la joue rétro, avec cet écran partagé (bien utilisé ma fois), avec ces scènes filmées dans des voitures derrière lesquelles défile un paysage factice, avec ces pétarades censées évoquer les ricochets des balles (qui, bien entendu, n'atteignent jamais le héros) ou encore avec ces qui combats qui puent la mise en scène, le summum étant atteint lors de la mini-partie de catch entre Bonisseur et un sbire masqué du méchant nazi. On appréciera aussi le coup de la même scène jouée deux fois, à deux époques différentes, allusion aux facilités que se permettaient nombre de films de genre de jadis.

   Côté paillettes, je relève un gros effort de casting : le film regorge de "canons" de toute sorte. S'ils font régulièrement tourner la tête de notre espion préféré, l'information la plus "sensible" est qu'il semble découvrir une nouvelle facette de sa sexualité... un aspect qui, si mes oreilles ne m'ont pas trahi, serait promis à un bel avenir dans le troisième volet...

23:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

dimanche, 12 avril 2009

Ponyo sur la falaise

   C'est le dernier animé de Miyazaki (le père, parce que le fils avait officiellement assumé la direction des Contes de Terremer, où la patte du papa était néanmoins décelable). L'action se passe à notre époque, au Japon, en zone littorale (côté sud du pays). Le père est marin-pêcheur, la mère auxiliaire de vie dans une maison de retraite. Le fiston est le héros de l'histoire. Il partage la vedette avec le personnage éponyme, la sirène (personnage apparenté à Kiki, la petite sorcière) qu'il va nommer Ponyo.

   Le dessin est toujours aussi bien léché. On retrouve, dans les mouvements, les qualités qui ont fait le succès notamment de Princesse Mononoke et de Nausicaä, de la vallée du vent. L'influence de la culture européenne se fait aussi toujours sentir. Ainsi, dans les profondeurs de l'océan vit un personnage qui doit beaucoup au capitaine Nemo de Jules Verne (en moins cynique toutefois)... et l'une des séquences les plus enlevées, sur une musique calquée sur celle de Wagner, nous permet d'assister à une formidable chevauchée des super-poissons.

   Une grande attention a été portée aux mouvements des personnages. J'ai notamment en tête une scène où l'on voit Sosuke se débarrasser précautionneusement des jumelles qu'il porte en bandoulière ou une autre au cours de laquelle Ponyo ôte le seau qu'elle tient au bras. Même la psychologie enfantine est abordée avec un grand sérieux... sous un jour presque exclusivement positif toutefois : si l'on excepte un bébé affamé plein de morve, ces bambins sont plus adorables et attendrissants les uns que les autres. (Une chose m'a frappé : le héros -dans la version française- ne s'adresse pas à ses parents en les appelant "papa" ou "maman", mais en utilisant leurs prénoms.)

   Les scénaristes ont donc choisi de mettre l'accent sur l'histoire enfantine, plutôt que sur le monde des adultes. Les personnages les plus en phase avec le héros sont paradoxalement les retraitées percluses de rhumatismes. Il a donc été décidé de ne pas développer l'histoire du côté du père de la sirène, dont on sent à un moment du film qu'il semble avoir un projet assez cataclysmique, projet que l'évasion de sa fille fait, au propre comme au figuré, tomber à l'eau.

   Du coup, le film reste au niveau de la gentillesse, nimbée dans un halo de fantastique. C'est sympathique, mais cela ne vole pas aussi haut que les précédents films de Miyazaki.

01:10 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema, films

jeudi, 09 avril 2009

Agnus Dei

   Le titre est le nom d'une prière et signifie "agneau de Dieu". C'est une référence à Jésus et à sa mort. Une victime sacrificielle est donc au cœur de l'histoire. Il s'agit du mari de l'héroïne qui revient de France en Argentine. Le film va se charger de nous faire comprendre, par petites touches, comment on en est arrivé là et pourquoi l'enlèvement du grand-père affable, en 2002, fait remonter à la surface la période de la dictature militaire, plus précisément l'année 1978 (celle de la coupe du monde de football en Argentine).

   Ce sont les mêmes acteurs qui incarnent les personnages principaux à 24 ans d'intervalle (sauf pour la petite-fille). Du coup, on a beaucoup joué sur les coiffures, les vêtements et le maquillage pour montrer le temps qui passe. Cela fonctionne, en gros.

   La construction est habile. La trame est celle de l'année 2002, émaillée de retours en arrière... pas forcément placés dans l'ordre chronologique. Cela complique un peu le suivi du film, mais c'est pertinent : les séquences "anciennes" interviennent quand leur souvenir revient à l'un des personnages... avec quelques accommodements toutefois, histoire de ménager un peu de suspense.

   Ceux qui ne connaissent pas les années 1976-1983 en Argentine ne vont pas apprendre grand chose : ce n'est pas une leçon d'histoire. Par contre, ils verront comment une dictature peut transformer la vie d'une famille de classe moyenne, y compris 25 ans après les faits.

15:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

mercredi, 08 avril 2009

Monstres contre aliens

   Les "aliens" sont, bien entendu, des extra-terrestres...mais tout le monde n'étant pas anglophone, il aurait peut-être été utile de modifier le titre. C'est la dernière production des studios Dreamworks. C'est donc un dessin animé visible à plusieurs niveaux. C'est d'abord une comédie sympatoche pour petits et grands, avec des personnages hauts en couleurs. L'espèce de matière flasque cyclopéenne se taille un franc succès chez les jeunes (pis chez certains "grands" aussi). Parfois, cela part dans tous les sens... en tout cas, c'est "animé" !

   Au second degré, c'est émaillé de clins d'œil, par exemple à Rencontres du troisième type, à Star Wars... C'est aussi une critique gentille du monde des adultes, avec ce président des États-Unis qui se prend pour Bruce Willis et qui s'avère être un gros gaffeur pétochard. On se moque aussi sans méchanceté de ces films hollywoodiens dans lesquels les extra-terrestres ont toujours le bon goût de débarquer... aux États-Unis.

   C'est aussi un joli portrait de femme. L'un des monstres est "Suzanne". Rien ne la destinait à devenir un super-héroïne. Elle devait visiblement devenir une épouse dévouée à son journaleux de mari... mais tout dérape et ce film est aussi l'histoire de son affirmation, de l'acquisition de son indépendance. Cela ne va pas changer le monde, mais cela contribue à mettre quelques idées à l'endroit dans la tête de nos chers bambins.

00:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

mardi, 07 avril 2009

Tulpan

   Ce titre un peu mystérieux n'est autre que le prénom de la jeune femme que convoite le héros du film, Asa. On ne la voit pratiquement jamais : on distingue ses yeux quand elle observe le dialogue entre son prétendant et ses parents à travers l'ouverture d'un drap et on entraperçoit son dos et sa nuque dans la cabane où le pauvre Asa essaie de pénétrer (en tout bien tout honneur, évidemment).

   Le pauvre garçon n'est pas bien futé. Il a achevé son service militaire dans la marine, ce qui est plutôt valorisant (il en a d'ailleurs gardé l'uniforme pour impressionner la famille), mais il est doté d'oreilles assez décollées (moins toutefois que celles du prince Charles, comme il peut le démontrer au cours du film !), qui déplaisent à sa dulcinée. Le problème est qu'en plus d'être mignonne, elle est la seule femme disponible de toute la région. Si notre héros ne parvient pas à se marier, on ne lui confiera pas de troupeau et il ne pourra donc pas s'installer sur place comme éleveur.

   C'est cet aspect du film qui m'a le plus séduit. Parce que bon, cette histoire d'amour contrarié lasse vite (surtout quand on apprend que la jeune convoitée veut poursuivre ses études "à la ville" et que la mère ne veut pas la donner à un paumé qui revient de l'armée). De nombreuses scènes ont été tournées dans la steppe kazakh, si aride, parfois traversée par des tornades de sable. C'est sur de gigantesques surfaces que les bergers guident leurs troupeaux. Notre héros Asa n'est d'ailleurs pas très habile en la matière... mais une évolution se dessine.

   Certaines séquences avec les brebis sont fortes par leur aspect documentaire non simulé (je pense notamment à la mise-bas). L'intervention du vétérinaire, aux prises avec une chamelle et son petit, est  à la fois drôle et criante de vérité. De la même manière, un grand soin a été apporté aux séquences d'intérieur, dans les yourtes. Les tâches sont sexuées. Les femmes sont d'abord des ménagères... et elles chantent.. pour mon plus grand plaisir quand il s'agit de la sœur du personnage principal... mais il est évident que sa fille a des progrès à accomplir (sa voix stridente m'a été particulièrement insupportable). On sent toutefois que, dans le couple, la hiérarchie peut parfois s'inverser. On retrouve donc dans ce film des éléments déjà présents dans d'autres fictions comme Le Mariage de Tuya ou Le Chien jaune de Mongolie (je ne l'ai pas chroniqué, mais je peux vous assurer qu'il est très bien).

   Le séjour en ville est quelque chose qui travaille les jeunes. Le plus jeune fils de la sœur d'Asa demande sans cesse à ce qu'il l'y emmène. Le meilleur ami du héros essaie de l'y entraîner. Ce personnage mérite tout particulièrement le détour. C'est une sorte de livreur-marchand ambulant, qui parcourt la steppe dans son drôle de véhicule, écoutant Boney M à fond la caisse et tapissant les parois internes de photos érotiques ! On sent qu'il en pince pour la sœur d'Asa, que ses parents ont sans doute mariée de force à un homme bien plus âgé qu'elle. Le héros lui-même, comme sa dulcinée, envisage finalement de partir en ville. Entre l'envie de vivre et la résignation, le cœur des personnages balance...

14:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

Gran Torino

   Imaginez que l' Inspecteur Harry (ou le Maître de guerre) soit à la retraite et qu'il vienne de perdre son épouse. On se retrouve avec un vieux blanc aigri, misanthrope, raciste, homophobe (très souvent filmé en contre-plongée, comme pour accentuer ses défauts)... et très attaché à ses armes.

   Voilà un rôle taillé sur mesure pour notre ami Clint, le cinéaste républicain le plus intelligent des États-Unis ! Les scénaristes ont la bonne idée de lui flanquer dans les pattes de nouveaux voisins, asiatiques, hauts en couleur : la grand-mère crache encore plus ignominieusement que notre ex-soldat, ex-ouvrier de chez Ford. En plus, le fiston, une vraie "tafiole", risque de passer sous la coupe d'un gang local. Il n'y a guère que la sœur aînée qui mérite le détour : elle est intelligente, courageuse et ne manque pas de répartie.

   Évidemment, le salaud a un grand cœur et ce film est l'histoire de l'ouverture de ce cœur. Eastwood manie la pâte humaine comme il sait si bien le faire (revoyez par exemple l'excellent Million dollar baby ou encore L'Echange). La caméra sait suivre le personnage principal aussi bien à l'intérieur (quand il est invité chez ses voisins Hmongs ou qu'il bricole dans son garage) qu'à l'extérieur (quand il intervient pour mettre fin à une agression ou qu'il fanfaronne sur son patio). On retrouve un peu le tempérament de Dirty Harry, parfois emprunté, tête de cochon et mauvais langage (en version originale sous-titrée, ça déchire... même si je préfère la voix française de Clint). On notera au passage un message "politiquement incorrect" : les liens d'amitié sont plus importants que ceux du sang... surtout quand la famille est indigne !

   Tout ça pour dire quoi, au final ? Ben j'ai adoré, j'ai ri (même -surtout ?- aux blagues racistes auxquels le personnage croit à moitié)... et j'ai eu les yeux qui piquent, à la fin. Tout n'est pas dit concernant ce dernier quart d'heure. Le film terminé, on réfléchit et on se dit que l'ancien ouvrier cancéreux a donné une sacrée leçon de vie à son jeune apprenti.

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lundi, 06 avril 2009

Welcome

   Le titre a un double sens... pas seulement parce qu'il est (en partie) une antiphrase. C'est d'abord la référence au rejet dont font l'objet les immigrants, rejet non assumé dans le "pays des Droits de l'Homme", à l'image du paillasson sur lequel figure la fameuse inscription. C'est aussi le symbole du dialogue qui s'instaure entre quelques Français et ces Kurdes ou Afghans, en anglais. Ce film très français est donc souvent sous-titré !

   J'ai hésité à aller le voir. J'ai eu peur d'un prêchi prêcha "gauche alternative", chiant et manichéen. Heureusement, le réalisateur a eu l'habileté de ne pas présenter systématiquement les policiers comme d'horribles fachos... et il a nuancé le tableau des milieux immigrés, à travers notamment l'histoire du mariage arrangé... sans parler des vols.

   Les acteurs sont très bons. C'est prenant. Un bon film "social" français, ça ne se refuse pas ! Ceci dit, c'est un peu larmoyant, un peu trop souligné par la musique, mais il est vrai que ces histoires ne sont pas d'une grande gaieté. Le cas du jeune footballeur irakien est d'autant plus attendrissant qu'il cherche à rejoindre sa dulcinée. On a voulu donner des migrants mis au premier plan l'image la plus humaine possible. Autre intérêt du film : la description de Calais et des installations portuaires, souvent de nuit. Une vraie réussite.

01:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

dimanche, 05 avril 2009

Prédictions

   Le réalisateur et les producteurs ont dû hésiter quant au genre du film. Du coup, ce n'est pas vraiment un film d'épouvante, c'est un peu un film de science-fiction et, de temps à autre, un film-catastrophe. On y retrouve des ingrédients présents dans d'autres longs métrages : Nicolas Cage incarne un père célibataire un peu largué, pris par son boulot. Il est fils de pasteur et a perdu la fois suite au décès de sa femme. Cela n'est pas sans évoquer le personnage joué par Mel Gibson dans Signs ou celui interprété par Tom Cruise dans La Guerre des mondes.

   On confronte donc un citoyen lambda (professeur au M.I.T. tout de même, faut pas déconner non plus) à des événements étranges, inexplicables, surnaturels. L'implication des chiffres n'a rien de nouveau. Pour ce qui est des productions récentes, un (télé)spectateur a pu entrer être familiarisé avec le sujet par la série Numbers ou encore le film Le nombre 23 (vi, avec Jim Carrey, acteur sous-estimé). Si on remonte un peu dans le temps, on trouve l'excellent Cube, par exemple.

   Le film est une démonstration, dont l'enjeu est énoncé dans le premier cours du prof auquel on assiste : hasard ou nécessité ? Et, si nécessité il y a, faut-il invoquer un (ou plusieurs) dieu(x) ? Comme c'est un film grand public, les scénaristes ont tenté de ménager la chèvre et le chou. Du coup, que vous soyez croyant ou athée, vous verrez ce qui concorde avec vos convictions. (Sont malins ces producteurs, tout de même !)

   Revenons à l'histoire : on remonte donc ces dessins de gamins de 1959 en 2009... et le fils du héros se voit attribuer le plus bizarre : une série de chiffres. Un soir de cuite, le papa pense avoir décodé (au moins partiellement) le truc. Il va tenter d'empêcher ces catastrophes de se produire... et surtout de comprendre le pourquoi du comment de la chose.

   Le séquences de catastrophes sont époustouflantes. Franchement, l'accident d'avion comme celui du métro sont impressionnants de réalisme et de maîtrise visuelle. On a soigné les détails... au point peut-être de parfois choquer une partie du public. C'est donc un bon film d'action, un bon film-catastrophe.

   Par contre, la dernière demi-heure m'a laissé sur ma fin. J'ai compris assez tôt quelle était la solution de l'énigme... et j'ai été déçu. Cela devient un peu grand-guignolesque. Dommage, parce que le reste mérite le détour.

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samedi, 04 avril 2009

La véritable histoire du chat botté

   C'est bien entendu adapté du conte de Charles Perrault, qui n'était lui-même pas le créateur de l'histoire... Il y a eu des prédécesseurs... et des versions dans lesquelles le héros est une chatte ! Du coup, je me suis replongé dans le XVIIème siècle.

   Deschamps et compagnie ont apporté deux modifications majeures à l'histoire. La première est une inversion dans l'importance des membres du couple royal : chez Perrault, c'est le roi qui agit, la souveraine ne jouant aucun rôle, alors que dans le film, à côté du roi fainéant roupilleur s'agite une reine gouailleuse et énergique... Yolande Moreau, bien entendu. Toutes les scènes qui la voient intervenir sont des réussites. L'autre modification est liée à la confrontation du chat et de l'ogre (le seul moment de vraie folie, hélas) : le grand costaud est plus finaud que dans le conte, puisqu'il n'accepte pas de se changer en souris ni en rat (sage décision, quand on sait combien nos amis félidés sont friands de ces petites bestioles qui couinent).

   Les images sont magnifiques. Les décors ont été particulièrement soignés (plus que les vêtements des personnages, paradoxalement) et les effets de miroir sont superbes. La musique est entraînante, un peu folk, parfois gitane, reprenant des thèmes célèbres puisés chez Beethoven, Bizet, Mozart, Verdi, Strauss... et même Louis Armstrong. Par contre, les parties chantées sont de faible qualité. Y a-t-il dérision ? Je ne crois pas. Je me serais bien passé des vocalises poussives de la princesse (beau visage, jolie poitrine, taille de guêpe et gros cul) et de son soupirant fils de meunier.

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vendredi, 03 avril 2009

Un barrage contre le Pacifique

   C'est qu'il faut bien de la patience pour arriver à voir ce film ! A la base, j'ai été attiré par trois caractéristiques : le sujet (le Cambodge colonial français), l'actrice principale (Isabelle Huppert, vieillissante et in/digne selon les moments) et le réalisateur Rithy Panh (auteur notamment de l'excellent documentaire S21, la machine khmère rouge, sur le génocide cambodgien).

   Le résultat est assez emballant, bien qu'un peu long. La réalisation est soignée (dès le début, on nous ravit avec un superbe panoramique suivant les pas de l'héroïne), l'image léchée (superbes plans des rizières... c'est que ça peut monter, le riz !) et le son très soigné (dans une salle de ciné bien équipée, c'est un plaisir d'entendre la pluie tomber, les oiseaux chanter etc).

   Les interprètes sont bons, qu'ils soient cambodgiens ou français. Isabelle Huppert bien, sûr, même si elle a quelques absences à l'occasion de certaines scènes (et puis le coup de la faire parler à voix haute quand elle s'adresse à elle-même, c'est moyen moyen...). Gaspard Ulliel (oui, notre Jacquou !) est excellent, en jeune beauf au grand coeur (avec heures de musculation à la clé... faut ce qu'il faut ! Une consolation pour les mâles moins bien achalandés : il a des dents pourries !). Les acteurs cambodgiens sont bien dirigés.

   Le côté documentariste de Rithy Panh ressort dans le tableau qu'il dresse de la domination coloniale. Pourtant, ce n'est pas vraiment un film militant. Il est trop contemplatif et esthétisant pour cela, mais l'arrière-plan historique n'est pas négligé. Régulièrement, de "petites" scènes brossent un portrait au final assez accablant de l'action des Français, qu'ils soient colons (sauf l'héroïne), commerçants ou fonctionnaires. Leurs alliés cambodgiens ou sino-cambodgiens ne sortent pas du film grandis non plus.

   Sans trop dévoiler la fin, je peux dire qu'il se termine par un plan sur la rizière, aujourd'hui... car le réalisateur est retourné sur les lieux où a vécu la mère de Marguerite Duras, auteur du roman autobiographique dans lequel elle figure sous le nom de Suzanne.

 

   P.S.

   Le dossier pédagogique publié à l'occasion de la sortie du film est très intéressant :

Barrage contre Pacifique.pdf

  

   P.S. II

   Dans Le Monde a été publié un article qui revient sur la problématique et l'histoire du barrage dans la région où a vécu la mère de M. Duras.

02:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

samedi, 28 mars 2009

Les Trois Royaumes

   C'est paraît-il le plus gros succès cinématographique de tous les temps en Chine. Et, là-bas, le film dure plus de 4h30 (contre un peu plus de 2h15 pour la version qui nous est proposée) ! Il aborde des événements célébrissimes en Extrême-Orient, quelque chose que l'on pourrait comparer, pour le retentissement, à la bataille de Waterloo en Europe.

   C'est une sorte de péplum chinois, un péplum qui aurait bénéficié d'une armée de figurants et d'une pléthore d'effets spéciaux numériques. Ceux-ci sont d'ailleurs parfois très voyants, en particulier au début : la première séquence présentant la flotte impériale donne l'impression de sortir d'un jeu vidéo. Par la suite, cela s'améliore.

   Deux moments sont particulièrement réussis. La "séquence des bateaux de paille" voit l'un des généraux alliés (interprété brillamment par le Japonais Takeishi Kaneishiro) mettre en oeuvre un habile stratagème pour réapprovisionner les troupes rebelles en flèches. (De manière générale, tout ce qui a trait à ce personnage est marqué par la subtilité, l'action de l'espionne en étant un beau symbole.) La deuxième séquence marquante est celle de l'incendie. Là, au moins, les trucages (un mot qu'il n'est plus convenable d'employer depuis que les ordinateurs ont remplacé le carton-pâte...) numériques se justifient.

   A ces effets visuels s'ajoutent les scènes de combat. On est en Asie de l'Est, avec John Woo derrière la caméra, donc ne vous étonnez pas que les généraux d'il y a 1 700 ans soient experts en arts martiaux. C'est spectaculaire. Par contre, nombre de scènes de dialogues sont d'une grande platitude. Les acteurs prennent la pose, froncent les sourcils, esquissent un sourire... et donnent parfois l'impression de peiner à retenir un pet.

   Les femmes ne sont en général que d'agréables personnages secondaires. On appréciera les interventions de l'espionne. Côté fausse contemplative, l'épouse du général sudiste (incarné par Tony Leung, efficace) joue un rôle plus important que ce à quoi on s'attendait, même si elle est d'abord une image de la compagne raffinée et soumise.

   On pourrait se dire que toutes ces intrigues orientales ne vont pas nous concerner, nous pauvres Occidentaux. Eh bien si, finalement. Parce que cette histoire d'affrontement mythique entre deux armes coalisées, avec ces actes d'héroïsme individuels et la rivalité pour la possession d'une femme ne sont pas sans rappeler la guerre de Troie (l'action des dieux grecs en moins).

   Enfin, c'est un film de notre époque. Au détour d'une scène, le réalisateur souligne le raffinement des élites, introduit, à travers quelques répliques, des références au taoïsme, met en valeur la maîtrise technique des Chinois de l'Antiquité (avec l'usage des explosifs par exemple), suggère même qu'ils ont inventé le football (ce qui n'est pas forcément erroné d'ailleurs : http://www.storyfoot.com/jeu.php ). On est donc dans le parfait prolongement de la cérémonie d'ouverture des derniers Jeux Olympiques. Ce nationalisme puise dans l'histoire ancienne un ferment de modernité. Paradoxalement, dans ce film, c'est le Premier ministre qui veut unifier de force les trois royaumes qui est le méchant, face aux  dirigeants du centre et du Sud de la Chine qui souhaitent la paix dans le respect mutuel. Je ne sais pas s'ils étaient vraiment ainsi, mais, en tout cas, il est frappant qu'un film qui a eu l'imprimatur du Parti communiste chinois propage cette vision.

15:32 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film

dimanche, 22 mars 2009

Pets politiques

   Il s'agit d'une parodie du Seigneur des anneaux. Cela pourrait s'appeler Le Seigneur des anus. C'est bien foutu : les dialogues parodiques sont assez bien écrits, l'auteur s'est efforcé de les faire coïncider avec les mouvements des lèvres des acteurs et la qualité sonore est tout à fait acceptable.

   Cela s'appelle Les Contes de pets et vous pouvez visionner la chose à l'adresse suivante :

http://video.google.fr/videosearch?q=pet&hl=fr&em...#

   Mention spéciale pour les orques victimes des pets !

samedi, 14 mars 2009

Lorie, chanteuse à texte

   Amis de la poésie engagée contemporaine, amateurs de musique subtile, inventive, ce billet est pour vous ! On ne dira jamais assez combien les sites de mise en ligne de vidéos contribuent à l'élévation du niveau intellectuel de nos contemporains.

   En voici un bel exemple à l'adresse suivante :

http://www.youtube.com/watch?v=Iz8W_L3Sk2Y&feature=re...

   Bon d'accord : ce n'est pas très fin et c'est plutôt mal chanté, mais j'ai bien rigolé ! (Et il y a eu un réel effort de faire coïncider les nouvelles paroles avec le mouvement des lèvres.)

   Une autre, mignonne, aux vocalises mieux maîtrisées : http://www.youtube.com/watch?v=r1SStHRG9e8&feature=re...

   Plus courte, plus crade (j'adoooore) : http://www.youtube.com/watch?v=1gvZRH5nFeA&feature=re...

 

15:38 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien

mardi, 10 mars 2009

La vague (die Welle)

   Le film commence par une séquence durant laquelle on découvre le personnage principal, au volant d'une splendide 504 (méfions-nous des individus qui avalent les kilomètres dans une vieille Peugeot...), écoutant du rock anglo-saxon. On entend très bien, à plusieurs reprises, les paroles "I don't care about history" (Je me fous de l'histoire)... alors que l'intrigue tourne essentiellement autour d'un phénomène historique, ce que les personnages vont d'ailleurs prendre en pleine figure. C'est une allusion à la formule "(Un peuple) qui oublie son histoire se condamne à la revivre".

   Comme l'action se passe en Allemagne, de nos jours, dans un lycée pour rejetons de la classe moyenne, on tend l'oreille, on scrute : oui, il va être question du nazisme, plus généralement en fait du totalitarisme, à travers un "cours" original sur l' "autocratie". Le prof, charismatique, est à la fois entraîneur de water-polo et spécialiste de (science) politique (en voilà enfin un qui a bien compris toute la substance de la politique éducationnelle de Xavier Darcos).

   Le réalisateur a voulu nous peindre un cadre particulier. Au départ, on a presque l'impression d'arriver sur un campus états-unien, avec ce travelling si caractéristique. De la même manière, la présentation de plusieurs contextes familiaux nous met en contact avec ces banlieusards friqués mais pas trop qui sont si peu autoritaires avec leurs enfants. Au lycée, les mêmes principes sont à l'oeuvre : les ados passent beaucoup de temps dans des clubs, apportent parfois leur pitance en cours et apparaissent souvent complètement "bouffés" par le consumérisme putassier. Je pense que, derrière cette description sans complaisance du milieu, il y a la volonté de faire toucher du doigt que, dans certaines circonstances, certaines des mesures proposées par des mouvements dangereux peuvent avoir de bons côtés.

   Pour bien faire comprendre à ses élèves ce qu'est un mouvement populiste , le prof décide d'en créer un, dans sa classe. Il est fondé sur la soumission absolue à l'autorité et l'exclusion (directe ou plus subtile... perverse même) des dissidents. Le grand intérêt du film est l'évolution de ce groupe de jeunes, où la quête identitaire le dispute au besoin de reconnaissance. (Non, je n'enlèverai pas cette phrase grandiloquente.)

   Les acteurs sont formidables, à commencer par ce prof sportif, mais les jeunes sont eux aussi épatants.

   Le film souffre cependant d'une faille conceptuelle. En théorie, le prof était chargé de faire toucher du doigt à ses élèves la réalité d'un totalitarisme qui se met en place. Il a donc réussi au-delà  de ses espérances. Mais, dans le récit, on l'entend affirmer qu'il voulait surtout leur faire découvrir le collectif, la solidarité (à l'opposé de leurs valeurs bourgeoises égocentriques). Le réalisateur a du mal à gérer cette contradiction, entre le prof manipulateur d'un côté et l'ingénu pédagogue de l'autre. Mais cela reste une formidable expérience cinématographique... que j'ai pu voir, en sortie nationale, dans un cinéma aveyronnais, en version originale sous-titrée ! (Pas à Rodez, hélas, mais à Millau... mes compliments au responsable de la programmation des Lumières de la ville.) Ne vous laissez pas influencer par la critique professionnelle snob, qui n'a en général pas aimé.

   Sur un sujet proche, j'avais aussi beaucoup apprécié L'Expérience, de Olivier Hirschbiegel, sorti en 2003.

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=27244.html

23:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

samedi, 07 mars 2009

Pour un instant, la liberté

   C'est l'histoire de deux jeunes hommes iraniens, qui quittent clandestinement le pays, emmenant avec eux deux enfants (un garçon et une fille) pour leur faire rejoindre leurs parents réfugiés en Autriche. En chemin, ils croisent la route de Kurdes et d'autres exilés persans.

   Les scènes "iraniennes" sont très belles : les paysages sont magnifiques, les villages pittoresques... et la population parfois truculente. Je recommande tout particulièrement la famille du Kurde, ce personnage-là étant l'une des grandes attractions du film. C'est un escogriffe enjoué (qui pourrait se retrouver dans un film de Kusturica), malin et drôle. La scène avec le masque à gaz est hilarante !

   Les enfants sont aussi très bien. J'ai un faible pour la petite fille, intelligente, malicieuse... et mignonne comme tout.

   Le film est souvent dur : la condition de sans-papier, en Turquie (sur la route de l'Europe, Allemagne pour les uns, Autriche pour les autres), rabaisse les individus (souvent exploités), qui deviennent parfois prêts à tout pour obtenir ce précieux statut de réfugié. Les spectateurs français, occidentaux, seront peut-être surpris du renversement de situation concernant la Turquie. Chez nous, elle est perçue comme un foyer de migrants, à contrôler. Pour les Iraniens ou les Irakiens, elle est la porte de l'Occident, déjà moderne... et surtout plus libre que leur pays d'origine. L'histoire d'amour qui se noue entre la citadine turque de classe moyenne et l'immigré iranien a valeur de symbole.

   Le film est toutefois gâché par la profusion de bons sentiments, le réalisateur se montrant trop en empathie avec ses personnages, incarnés par des acteurs dont le jeu est parfois stéréotypé. Ceci dit, l'histoire étant en partie autobiographique, on peut comprendre qu'il manifeste parfois une trop grande proximité avec le sujet.

   Le site officiel : http://www.pouruninstantlaliberte.com/site.html

00:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

mardi, 03 mars 2009

Les Insurgés

   Voilà un autre film que j'avais raté à sa sortie. Il faut dire qu'il n'a pas marché des masses : à Rodez, il a été retiré de l'affiche au bout de deux semaines, me semble-t-il. Je suis parvenu à choper une séance dans le Tarn, récemment. A la base, l'histoire (vraie) des frères Bielski, autour de laquelle s'est construit le film, m'intéressait. Un livre a même été publié sur eux.

   Ce long-métrage est donc imprégné d'Histoire. La séquence introductive est explicitement calquée sur ces films tournées par des SS ou des policiers allemands sur le front de l'Est. La violence avec laquelle les civils sont traités, l'aide active des Slaves du coin (Biélorusses ici, Lettons ou Ukrainiens ailleurs...), l'hilarité de certains massacreurs campent une situation qu'on aurait tort de ne pas croire dramatique. Très vite, le faux noir et blanc devient couleurs, celles de l'histoire vécue. On retrouve le noir et blanc à la fin, quand il est question du devenir des héros. C'est l'occasion de découvrir leur vrai visage.

   Entre ces deux moments, eh bien, il y a deux heures de rebondissements, de morts, de solidarité, de vilenie, de bagarres... d'amour même. Il s'agit d'un film total, hollywoodien sans trop d'excès. On peut regretter la tendance des héros à "prendre la pose", tout comme on sourira peut-être à la mièvrerie de certaines scènes, qui contrastent avec la grande réussite du reste.

   Film de guerre, film de groupe, film de couple(s), voilà un copieux menu finalement pas indigeste.

18:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

dimanche, 01 mars 2009

Un petit jeu sympa

   Il s'agit d'un jeu de culture générale, sous forme de quizz. Il faut répondre juste le plus rapidement possible (avec la possibilité de passer) à une série de douze questions portant sur des sujets divers (histoire, tennis, cuisine, linguistique, manga, astrophysique, littérature, politique...), quatre solutions étant proposées à chaque fois. Le niveau des questions varie de "très facile" (en gros, à moins de venir d'une autre planète, on sait répondre) à "très difficile" (impossible de répondre à moins d'être un spécialiste du sujet abordé... ou d'avoir un cul d'enfer). On peut aussi procéder par éliminations. Voici l'adresse du site :

http://www.monlegionnaire.com/home.php

   Il y a une version gratuite et, si cela ne vous suffit pas, si vous devenez accro, une version payante. Il est possible de jouer assez souvent, gratuitement, à condition d'être très bon : on peut gagner des jetons de multiples manières : en gagnant des courses (oui, il y a aussi des courses... c'est interactif), en proposant des questions, en en corrigeant etc.

   En fonction de vos capacités et de vos goûts, vous pouvez vous assigner différents objectifs : se détendre uniquement, remporter le plus de courses, gagner le plus de crédits, monter le plus haut en grade (de légionnaire à sénateur) ou acquérir le meilleur niveau (de novice à héros... peut-être Dieu, un jour).

15:13 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien

vendredi, 27 février 2009

Les petits malins d' "Europe 1"

   Comment faire pour retransmettre la cérémonie des César quand une chaîne de télévision en possède l'exclusivité ? La radio Europe 1, qui essaie de remonter la pente en se la jouant "super radio de l'information", a mis au point une petite combine. Le créneau est hyper concurrentiel : France info et B.F.M. sont bien en place et les chaînes d'information en continu (L.C.I., B.F.M. T.V. et I Télé) pensent que, tôt ou tard, l'un d'entre elles sera la C.N.N. française.

   Qu'a fait Europe 1 ? Ben on a décidé de filmer plusieurs journalistes (dont Marie Drucker, à qui il arrive de lire ses sms alors qu'elle est à l'image) et un écran de télévision sans doute branché sur Canal +.

   On peut visionner le résultat à l'adresse suivante :

http://www.europe1.fr/Decouverte/Talents-et-personnalite/...

   Bon, on peut voir les journalistes se faire apporter de la bouffe et de la boisson... ça a un côté "coulisses de l'info".

   Ceci dit, ils donnent quand même grosso modo l'impression de se faire chier... et ils ne se foulent pas quand Dustin Hoffman cause en anglais : la traduction est assez lâche...

   L'info reste la priorité : alors qu'Elie Seymoun débarque déguisé en "Tootsie" (c'est moyennement drôle... sauf quand il se fout gentiment de la gueule des actrices qui recourent à la chirurgie esthétique), l'un des journalistes prend la peine d'annoncer la victoire de la France sur le Pays-de-Galles au tournoi des Six Nations.

   Au bout d'un moment, on sent vraiment que Marie Drucker préfèrerait passer la soirée ailleurs, loin, très loin : elle vient encore de lire ses sms et elle a fini par glisser un écouteur dans son oreille gauche... et puis, quand Agnès Varda, émouvante, fait son petit discours de remerciement, la fille à son papa prend carrément le portable en main. C'est quand même beau, le professionnalisme !

   Ah, ce coup-ci, changement : l'écouteur est dans l'oreille droite !...

    Le meilleur moment de la soirée : quand les jeunes acteurs de Entre les murs viennent remettre le césar du meilleur décor... l'un d'entre eux, notamment, souhaitant que Sean Penn remplace l'actuel président de la République. (Et j'ai bien aimé quand l'adolescente rebelle du film a fait sa déclaration "Vincent Cassel, je t'aime !")

   Ah, maintenant, une greluche (une comique je crois) a un nibard à l'air... (Clin d'oeil à l'Amérique de Sean Penn, Dustin Hoffman... et Janet Jackson !) Qu'est-ce qu'il faut pas faire ! (Elle joue une starlette particulièrement cruche... Y a un paquet de gonzesses dans la salle qui doivent se sentir concernées...)

   Cette fois-ci, Marie Drucker, véritablement captivée par son travail, a mis les deux écouteurs (pas dans la même oreille, voyons !).

   Je suis content pour Richet, qui décroche le césar de la mise en scène. (Marie Drucker a l'écouteur dans l'oreille gauche.) Et Vincent Cassel obtient ce qu'il mérite ! (Séquence émotion... et l'on se rend compte, à travers la famille Cassel, que le petit monde du cinéma français est décidément très endogame.

    Je trouve piquant de voir tous ces snobs ovationner la populo Yolande Moreau... Ceci dit, je n'ai pas vu Séraphine, le grand vainqueur de cette cérémonie, mais cet engouement me semble très politiquement correct. (Cela me rappelle un peu le triomphe de L'Esquive, il y a quelques années... film au demeurant très intéressant.)

22:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

lundi, 23 février 2009

19e prix des auditeurs du "Masque et la plume"

   Il s'agit d'une récompense décernée par l'émission de France inter au nom des auditeurs qui ont voté pour leurs deux films préférés de l'année, l'un français (ou francophone), l'autre étranger.

   Dans la catégorie "meilleur film français", le classement est le suivant :

1) Un Conte de Noël

2) Séraphine

3) La Vie moderne

4) Entre les murs

5) Stella

6) Le Crime est notre affaire

7) Le premier jour du reste de ta vie

8) Les Plages d'Agnès

9) Home

10) Rumba

   Comme vous pouvez le constater, je n'en ai vu qu'une minorité... sans regret, sauf pour Home. N'allez pas croire pour autant que je dédaigne les oeuvres hexagonales. En voici quelques unes, sorties en 2008, mais qui n'ont pas bénéficié des mêmes faveurs de la critique professionnelle bien à l'aise dans ses charentaises :

- Mesrine, l'instinct de mort et Mesrine, l'ennemi public numéro 1, qui peuvent se voir comme deux volets d'un polar social violent

- Si le genre cérébral vous agrée davantage, alors Cortex devrait faire l'affaire.

- Il existe des gens capables, en France, de sortir du périphérique et de délaisser les émois post-pubères des enfants gâtés de la bourgeoisie parisianiste : Dernier maquis est un film fort sur la France d'aujourd'hui, celle qui trime.

- De la fiction à caractère documentaire au documentaire-fiction, il n'y a qu'un pas, franchi avec talent par l'auteur de L'Apprenti (bien plus réussi que le film de Depardon, encensé par les bobos, mais pas très bien reçu dans les campagnes aveyronnaises)

- Si la belgitude ne vous est pas totalement étrangère, alors vous serez sensibles au charme indéniable de J.C.V.D.

   Dans la catégorie "meilleur film étranger", les auditeurs du Masque et la plume qui ont voté ont fait émerger le classement suivant :

1) Valse avec Bachir

2) Two Lovers

3) There will be blood

4) No country for old men

5) Les citronniers

6) Into the wild

7) Le Visiteur

8) L'Echange

9) La Visite de la fanfare

10) Vicky, Cristina, Barcelona

   Comme vous pouvez le constater, je suis un peu plus en phase avec le palmarès étranger. Et pourtant... quelques perles ne figurent pas :

- dans la catégorie "film social", je regrette fort l'absence de It's a free world et de Chop shop

- dans la catégorie "le Moyen-Orient nous intéresse", je trouve scandaleux que des films comme Battle for Haditha et Redacted ne figurent pas ; dans un autre genre, Le Cahier aurait mérité un accessit

- dans la catégorie "film historique grand public", on a semble-t-il un peu méprisé Les Faussaires et Mongol, pourtant de grandes réussites ; moins spectaculaire, Et puis les touristes est tout aussi fort

- si les horreurs de l'Histoire ne vous passionnent pas, vous pouvez toujours vous reporter sur celles du monde contemporain (assaisonnées d'humour acide) : [Rec] et Teeth vous feront passer d'agréables moments

- Vous préférez un humour moins morbide ? Pas de problème ! Notre Michel Gondry est là pour vous satisfaire avec son savoureux Be kind rewind... à moins que vous ne soyez portés sur l'animation : Kung fu Panda et Wall-E vous tendent leurs pattes !

19:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film

samedi, 21 février 2009

La crise guadeloupéenne vue par "Le Monde"

   Depuis une quinzaine de jours, les articles se multiplient sur le sujet. Nombre de ceux publiés par Le Monde sont fort intéressants. Parmi ceux qui sont accessibles en ligne, un, très récent, donne de la profondeur historique :

http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2009/02/19/quatre-...

   Dans la version papier du journal du même jour, la page de droite était consacrée à l'économie des Antilles. Plusieurs encadrés accompagnent le texte. ceux sur le chômage et les prix dans les D.O.M. (comparés à ceux de la métropole) sont fort instructifs. Mais l'une des vignettes de présentation des territoires comporte une erreur (cliquez sur l'image pour l'agrandir) :

Décryptages 02 2009.JPG

   Peut-être y a-t-il d'autres approximations, en tout cas, je n'ai relevé qu'une erreur de calcul. Regardez bien :

Décryptages 02 2009 bis.JPG

   C'est en comparant les deux premières vignettes que l'incohérence m'a sauté aux yeux. Alors que la Guadeloupe compte moins de jeunes que la Martinique, sur un territoire pourtant un peu plus vaste, le pourcentage de ceux-ci serait plus élevé ? Non, bien sûr ! J'ai refait le calcul pour la Martinique. 36 % de la population est âgée de moins de 20 ans, si l'on se fie aux statistiques données par le quotidien.

   Sur la population martiniquaise, j'ai trouvé les résultats des enquêtes de recensement de l'I.N.S.E.E.

   Pour revenir au Monde, un autre article intéressant est en accès libre :

http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/02/13/antille...

   Toujours sur le même sujet, il peut être utile de lire l'entretien accordé il y a peu par Christiane Taubira (députée de Guyane) au Journal du dimanche :

   Sur l'économie de la banane, le site de R.F.O. propose un article détaillé.

 

jeudi, 19 février 2009

Adolf Hitler repéré par les R.G.

   Oui, nos bons vieux Renseignements généraux (aujourd'hui intégrés à la D.C.R.I., la direction centrale du renseignement intérieur, où ils ont en fait fusionné avec feue la D.S.T.) ont eu à l'oeil le futur dictateur. On en a la preuve dans le numéro de mars 2009 de Sciences et avenir, dont voici la couverture :

Sciences et avenir mars 2009.JPG

   Un article est consacré aux "pépites" des Archives de France, dont le mensuel a eu l'exclusivité. On découvre d'abord avec quel luxe de protection des documents précieux sont conservés. Parmi ceux-ci donc, on trouve la fiche rédigée par les R.G. en 1924. A l'époque, il vient de sortir de prison après son coup d'Etat raté de 1923 et les Français occupent une partie de l'Ouest de l'Allemagne... d'où sans doute les recherches effectuées sur quelques personnages réputés remuants. Voici la fiche en question :

Hitler RG.JPG

   Je vous laisse le soin de découvrir, dans le magazine, le contenu de cette fiche. Je me contenterai de relever une étrangeté, au début. Regardez bien... Vous ne voyez pas ? Bon, je vais vous aider :

Hitler RG 2.JPG

   Il s'agit des prénoms. Jamais je n'ai lu ou entendu que l'ex-caporal portât un autre prénom qu'Adolf (orthographié ici à la française). D'où vient ce "Jacob" ? Sans doute d'une erreur d'un agent des R.G.. Mais comment s'est-elle produite ? (Je ne vais pas vous ressortir les élucubrations fumeuses de quelques esprits faibles qui se sont évertués à faire croire que l'un des grands-pères d'Hitler était juif, ce qui pourrait expliquer le choix du second prénom...).

   Vous remarquerez aussi que le profession officielle d'Hitler semblait être journaliste, même si la fiche le classe parmi les agitateurs démagogues (pour le compte de plus puissants que lui), le qualifiant même de "mussolini allemand".

   Pour terminer sur le prénom, deux anecdotes piquantes. La célébrité de cet Adolf semble avoir dissuadé les parents de nommer leur progéniture ainsi :

http://tf1.notrefamille.com/v2/services-prenom/prenom.asp...

... en France, du moins, parce qu'aux Etats-Unis, on peut décidément rencontrer tous les types de tarés :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/ameriques/20081...

http://www.lematin.ch/actu/monde/hitler-perturbe-gouter-a...

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/6171...

 

Au diable Staline, vive les mariés !

   Le titre original est "La noce silencieuse", qui met l'accent sur la deuxième moitié du film... et sur les conséquences à long terme, tandis que le titre français met en valeur l'une des grandes qualités du film : sa truculence... parce que les Roumains sont un peu les Ritals de l'Europe de l'Est. Le film s'inspire donc de la comédie italienne des années 1950-1970, mais aussi du style "Europe centrale" (Kusturica, dit-on parfois pour simplifier) : les personnages sont hauts en couleur et l'ensemble donne parfois l'impression d'un fouillis plus ou moins bien organisé.

   L'histoire se passe à deux époques différentes : les années 2000 (au début et à la fin du film) et l'année 1953, plus précisément le mois de mars, au moment du décès de Joseph Staline. La Roumanie, dont les frontières et les régimes politiques ont fortement varié au XXème siècle, se retrouve, à la fin des années 1940, sous la botte du voisin soviétique. Les communistes roumains gèrent le pays pour le compte du "grand frère". Cela nous vaut de savoureuses scènes, dans lesquelles les bolcheviques locaux sont le plus souvent tournés en ridicule. (L'un des militants, chargé de la politique culturelle, est même affublé d'une moustache hitlérienne !) Cela contraste avec l'image des Soviétiques, toujours inquiétante.

   Les héros sont des paysans alcooliques et obsédés, ce qui donne le ton général du film. Celui-ci commence d'ailleurs par un dialogue (à l'époque contemporaine, dans un minibus), un personnage évoquant la régularité de ses déjections :

- Le matin, à 7 heures je pisse et à 8 heures je chie.

- Mais à quelle heure te lèves-tu ?

- A 9 heures !

    La petite heure et demi est parsemée de saillies de ce genre, pas toujours réussies, parfois gâchées par le jeu un brin outrancier des acteurs, mais bon, on rigole. La séquence du repas de noces est particulièrement savoureuse, avec cette scène de "téléphone arabe" et surtout, au commencement, un pet d'anthologie !! (Hélas, l'auteur n'exploite pas l'aspect olfactif de la chose, ce qui aurait pu donner encore davantage de force à sa scène.)

   Cependant, le rire n'est jamais loin des larmes et, si les personnages sont portés sur la gaudriole, c'est parce que la vie n'est pas toujours drôle. Je vous laisse le soin de découvrir l'arrière-plan dramatique de cette histoire, en partie inspirée de faits réels.

samedi, 14 février 2009

Brendan et le secret de Kells

   C'est un dessin animé très original, étrange parfois. Il allie un graphisme parfois primitif à des effets d'animation très sophistiqués. Les personnages ont ainsi des formes peu élaborées, l'aspect de leur corps étant en général révélateur de leur principal trait de caractère. Les Vikings eux n'ont droit qu'à une ombre menaçante, aux contours certes bien définis. Apparemment, les auteurs se sont inspirés de vrais dessins médiévaux et d'enluminures pour réaliser leur film.

   C'est une légende médiévale, irlandaise. Il est donc question de magie, de fée. La forêt a sa vie propre. Les loups sont menaçants, mais ils peuvent se révéler de précieux alliés.

   Sur ce substrat se greffe la culture chrétienne, avec ce monastère et son scriptorium. Tout le mystère porte sur un livre mystérieux et sur un cristal.

   Le héros est le neveu de l'abbé. Celui-ci ne pense plus qu'à renforcer les défenses du monastère, pour résister à l'invasion viking qui menace (on notera que, contrairement à la vision que les historiens ont fait émerger depuis une trentaine d'années, le film véhicule une image exclusivement négative des envahisseurs nordiques). Le jeune Brendan lui, est fasciné par les livres et l'art de l'enluminure. Peut-être y trouvera-t-il un secours contre les menaces qui pèsent sur le monastère.

   La question n'est pas sans intérêt pour un illustrateur : la bande dessinée en général et le dessin en particulier, ont longtemps été considérés comme des genres mineurs (le seul dessin noble étant celui qui sert d'esquisse à un tableau).

   Entre l'histoire féérique et la réflexion autobiographique, il y a de quoi combler les petits et les grands.

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vendredi, 13 février 2009

J'irai dormir à Hollywood

 C'est du moins ce que se promet de faire le concepteur-réalisateur-interviouveur de ce documentaire pas banal, Antoine de Maximy. De nombreuses personnes connaissent ce personnage pour l'avoir vu à l'oeuvre, en d'autres lieux, dans des séquences diffusées sur France 5, je crois. Il s'agit donc d'un road movie, un genre finalement assez classique. La particularité est que le réalisateur tente à chaque fois de manger et coucher chez l'habitant.

   Son périple commence à New York, où il finit par être hébergé par un couple de papys adeptes de la gymnastique, rencontrés dans la rue. A 92 ans, le pépé, ancien acrobate, dispose encore d'une souplesse qui ferait bien des envieux chez les adolescents ! A un moment, on est quand même inquiet de le voir tousser sans relâche. Faudrait pas qu'il casse sa pipe devant la caméra ! 

   Par la suite, notre héros, à vélo (il s'en fait prêter un avec une facilité déconcertante), tente de s'incruster chez les Amish, en Pennsylvanie. Plus loin, les scènes d'autostop sont l'occasion d'un montage un peu plus élaboré : deux caméras filment en permanence et elles sont fixées sur le personnage. Mais, parfois, on sent la mise en scène : des portions ont été tournées dans la seule perspective du montage final. Il ne s'agit donc pas du simple filmage en continu de situations toutes improvisées. Il passe aussi du temps dans les bus (une fois dans le train : il fait la rencontre d'un type condamné à 15 ans de taule... j'ai du mal à croire à toute son histoire, ceci dit) et se trouve même à la source d'une altercation "multiraciale". Comme on le lui dira franco en Louisiane, les tensions sont encore grandes dans ce domaine.

   Ensuite, direction le Sud-Est. C'est fou le nombre de gens sympathiques qu'il rencontre... et c'est fou le nombre de 4x4 (ou véhicules similaires) qu'on voit circuler sur les routes états-uniennes ! En se rapprochant de la Louisiane, il rencontre des Cajuns (une femme parle français) et finit par débarquer en plein ghetto nouvel-orléanais. On sent qu'il fait bien de ne pas s'éterniser...

   L'appel de l'Ouest se fait le plus fort et, nourri de mythologie américaine, notre reporter fait l'acquisition d'un véhicule original : un corbillard, qu'il repeint en rouge ! Emotion garantie lorsqu'il part à la recherche d'une voiture conforme à l'idée qu'il se fait de l' "Amérique éternelle" (avec garagiste-bricoleur haut en couleur).

   La séquence chez les Navajos est touchante, tant parce qu'elle dit de la précarité de leur situation que par l'humanité qui s'en dégage. (On remarquera qu'aux Etats-Unis, les pauvres ne s'entassent pas dans des HLM de banlieue, mais dans des maisons préfabriquées parfois sans eau ni électricité.)

   Après un passage par Las Vegas, la Californie se présente enfin à ses yeux émerveillés. On ne peut pas dire qu'il soit facile de s'incruster chez une vedette hollywoodienne... mais le rencontre d'un sans domicile de la plage se révèle tout aussi enrichissante.

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jeudi, 12 février 2009

Hunger

   C'est à la fois un film sur le conflit nord-irlandais (à travers la lutte des républicains incarcérés) et un film sur le corps. Attention, si le réalisateur s'appelle Steve McQueen, il n'a rien à voir avec l'acteur rendu célèbre par la série Au nom de la loi.

   Il y a donc d'abord et encore ces corps d'hommes jeunes, minces (de plus en plus pour certains) et musclés, qui, faute de mieux, utilisent leurs déjections comme outils de révolte. Non pas qu'ils les jettent à la figure de leurs geôliers, mais ils jouent sur le dégoût qu'ils inspirent : les murs des cellules sont badigeonnés d'excréments et ils ont mis au point un procédé pour faire passer leur pisse de la cellule au couloir sans qu'elle retourne d'où elle vient. Ils refusent de se laver et, au début, de s'alimenter.

   La première partie du film met donc en scène une confrontation, entre l'autorité britannique et ces jeunes révoltés. Voir ce film en 2009 est d'autant plus intéressant qu'il met le doigt sur les dérives d'une démocratie libérale (le Royaume-Uni gouverné par la délicieuse Margareth Thatcher) tentée par l'intransigeance. Cela peut toujours servir...

   A ce sujet, le réalisateur a l'honnêteté de nous présenter aussi le point de vue d'un gardien. On ne comprend pas tous ses gestes la première fois qu'on le voit mais, par la suite, tout s'explique. La raideur et la symétrie des uniformes s'oppose à la faiblesse et l'anarchie des corps. Les images sont à la fois terribles et belles : l'éclairage est soigné et le souci du détail conduit le réalisateur à travailler ses plans, qui parfois fourmillent d'indications.

   Un dialogue de plus d'un quart d'heure sert de transition. Une grande partie est filmée en plan-séquence. Vous allez me dire : une caméra fixe durant près de quinze minutes, avec devant un face à face assez conventionnel, voilà qui doit être ennuyeux. Eh bien, pas du tout. La joute verbale qui oppose le prêtre à Bobby Sands (qui a décidé de reprendre la grève de la faim, cette fois-ci jusqu'au bout) est passionnante, tant au niveau de la gestuelle, du positionnement des corps que de la confrontation des arguments. Celui qui semblait avoir le dessus au départ n'a pas forcément le dernier mot.

   Il faut dire deux mots de l'acteur principal : Michael Fassbender (qui joue Bobby Sands). Il est excellent. Au début, je ne le voyais pas forcément comme le personnage le plus marquant. Petit à petit, il prend toute la place. La dernière demi-heure est parfois à la limite du soutenable... et il est évident que l'interprète s'est engagé physiquement dans son rôle, lui donnant une connotation christique.

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mercredi, 11 février 2009

Frozen river

   Quentin Tarantino a fait la pub de ce polar social très particulier, remarqué au festival Sundance (il a eu le prix de Grand Jury en 2008). L'action se déroule à la frontière américano-canadienne, matérialisée par un fleuve (le Saint-Laurent), gelé en l'occurence (d'où le titre). On est donc à la limite de l'Etat de New York et de l'Ontario, si je ne m'abuse. (Le film lui a été tourné plus au sud, du côté de Pittsburgh, en Pennsylvanie.) Le territoire est aussi occupé en partie par une réserve indienne, celle des Mohawks. Voilà pour le contexte.

   Les personnages principaux ont une vie de merde. L'héroïne a un boulot à temps partiel (vendeuse, en gros), alors que son employeur lui a fait miroiter un temps plein, qu'il réserve en fait à sa collègue, plus jeune et plus "appétissante"... Là dessus se greffe le départ subit de son mari, qui a la délicatesse d'emporter les économies du ménage, alors que le paiement du nouveau mobil-home arrive à échéance ! En face, la jeune Mohawk, qui a perdu son compagnon, n'a pas la garde de son fils (confié à sa belle-mère) et souffre de problèmes de vision. Elle déprime, malgré le soutien que tentent de lui apporter des membres de sa communauté.

   C'est donc une histoire de femmes, dans laquelle Tarantino a pu se retrouver. L'érotisme en moins, il y a du Jackie Brown dans cette mère de famille opiniâtre (et armée) qui choisit d'enfreindre la loi pour conserver le niveau de vie de sa petite tribu. Les actrices (Melissa Leo et Misty Upham en particulier) sont excellentes. Tous les seconds rôles, masculins comme féminins, sont impeccables.

   L'autre personnage principal est ce fleuve gelé, par où transitent les immigrants clandestins et sur lequel il peut être dangereux de circuler. C'est aussi le symbole de la limite entre le légal et l'illégal, une sorte de zone d'ombre (ça tombe bien, de nombreuses scènes ont été tournées de nuit).

   Mais le principal intérêt du film est la "pâte humaine" qu'il pétrit. Aucun des personnages n'est riche, ni miséreux. Tous vivotent et tentent de surnager. L'une doit se dépatouiller avec sa communauté Mohawk, l'autre avec ses gamins qui veulent des cadeaux... et surtout garder la belle télévision à écran plat ! Même la police est marquée par son humanité : le flic local est plutôt paternaliste (on sent qu'il a peut-être le béguin pour l'héroïne) et la police tribale semble d'abord avoir une fonction sociale.

   Un film étonnant donc, et bien ficelé.

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