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samedi, 31 août 2019

Au nom de la terre

   J'ai vu ce film en avant-première au CGR de Rodez. J'ai d'ailleurs été étonné de l'affluence ce soir-là. Dans un premier temps, les spectateurs arrivés en avance avaient été dirigés vers la salle 2 (d'une capacité de 300 places), avant que, tenant compte du public qui continuait d'arriver en masse, le directeur ne décide d'envoyer tout le monde en salle 1 (la plus grande, pouvant accueillir 400 spectateurs). Elle fut intégralement remplie.

   Sacré succès pour un film que quasiment personne n'avait encore vu, d'un réalisateur (Edouard Bergeron) inconnu au bataillon. Peut-être la présence au générique de quelques acteurs populaires pouvait-elle expliquer cet engouement. Et le sujet : les difficultés d'une famille d'agriculteurs, principalement dans les années 1990.

   L'histoire démarre à la fin des années 1970. De retour d'un stage aux Etats-Unis, Pierre (Guillaume Canet, épatant) s'apprête à reprendre la ferme de ses parents. Il a de l'enthousiasme, des idées plein la tête... et une ravissante compagne qui l'attend. Il va abandonner le type de production de son père (les moutons) pour se tourner vers l'élevage de chevreaux. Il veut s'agrandir et acquiert de nouvelles machines, sous le regard dubitatif du paternel, très bien incarné par Rufus.

   On retrouve tout ce beau monde au milieu des années 1990. On va les suivre sur trois-quatre ans, dans un contexte totalement différent. Les relations entre Pierre et son père sont de plus en plus tendues, surtout depuis le décès de la mère. Sur l'exploitation, Pierre se tue à la tâche, épaulé par un ouvrier agricole qui est devenu son ami (Samir Guesmi, très bien). Il reçoit aussi l'appui de son fils aîné, encore scolarisé, et qui se destine à lui succéder. Le réalisateur met en scène une exploitation "conventionnelle", qui mise sur l'agrandissement, l'emploi de méthodes "modernes" (élevage intensif, machinisme, produits phytosanitaires, bâtiments au fonctionnement en partie automatisé), avec pour corollaire un endettement croissant. Les nuages commencent à s'amonceler au-dessus de la tête de Pierre.

   La vie familiale s'en ressent. Un fossé se creuse entre l'agriculteur, sa femme et ses enfants. Il faut saluer l'interprétation de Veerle Baetens, une actrice belge que je ne connaissais pas et qui excelle ici dans le rôle de l'épouse mère-courage, qui a pris un emploi à l'extérieur pour éviter à l'exploitation de sombrer... et qui doit faire des journées de 15-16 heures. Le fils est lui aussi bien interprété, par Anthony Bajon, remarqué l'an dernier dans La Prière. C'est le moment de signaler qu'à la chronique sociale et familiale, le réalisateur ajoute des portraits d'adolescents assez bien croqués.

   L'ensemble forme un drame rural très fort, émouvant, remarquablement joué... mais qu'il vaut mieux ne pas aller voir un soir de déprime.

   P.S.

   Ne partez pas trop vite à la fin du film. Le réalisateur a inséré des images d'archives, montrant son propre père, dont la vie a inspiré le personnage interprété par Guillaume Canet.

jeudi, 29 août 2019

La première cinéaste

   En son temps, cette Française fut la femme la mieux payée des Etats-Unis (25 000 dollars de l'époque par an !). Elle innova beaucoup dans le cinéma, tourna des centaines de films. Elle fut même décorée de la légion d'honneur et rédigea son autobiographie. Pourtant, elle a été oubliée... jusqu'à ce que le XXIe siècle ne la redécouvre. Cette femme est Alice Guy :

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   J'ai appris son existence grâce à un article d'Emmanuelle Lequeux, publié il y a quelques semaines dans Le Monde, dans le cadre d'une série d'été consacrée aux femmes artistes oubliées. Cet article est le dernier d'une série commencée en 2014 par Hélène Février pour TV5 Monde. On peut compléter par la lecture d'un billet paru l'an dernier sur le site du CNC et celle d'un récent article de Ouest France, plus centré sur la vie privée de la pionnière.

   C'est dès 1896 qu'Alice Guy a réalisé son premier court-métrage, La Fée aux choux. Aujourd'hui, il nous paraît très daté, mais ce fut le premier film de fiction. La cinéaste s'est essayée à tous les genres, recherchant aussi à chaque fois l'innovation technique. Ainsi, on est saisi par la fraîcheur de Miss Dundee et ses chiens savants (datant aussi de 1902) et de Madame a des envies (1906), dont le personnage principal est une femme enceinte qui s'autorise toutes les folies : voler la sucette d'une gamine, boire le verre d'absinthe du client d'un café, s'emparer du morceau de hareng d'un clochard et même de la cigarette d'un colporteur ! On le voit, la Française maîtrisait les saynètes avant même l'apparition des Keaton et Chaplin. (Ce film est aussi resté dans les mémoires pour son usage des plans rapprochés.)

   L'année 1906 fut décidément fructueuse pour Alice Guy. Elle réalisa ce qui est considéré par certains spécialistes comme son chef-d'oeuvre, La Naissance, la vie et la mort du Christ, qui est à la fois le premier péplum jamais tourné et un film d'une durée faramineuse pour l'époque : 35 minutes au total.

   Toujours en 1906, la réalisatrice suscita des réactions contrastées avec Les Résultats du féminisme, une fable sarcastique qui ne plut ni aux militantes féministes pures et dures ni aux misogynes. L'histoire fonctionne sur le principe du retournement des stéréotypes : les femmes sont violentes, fument et picolent, tandis que les hommes sont de petites choses dévouées aux tâches ménagères. Avec le recul de plus d'un siècle, je pense qu'on peut apprécier la charge contre la société patriarcale... et une fin "politiquement correcte" (pour l'époque), sans doute imposée par son employeur Léon Gaumont.

   J'aime aussi beaucoup Une Héroïne de quatre ans, une oeuvre parfois (comme tant d'autres) attribuée à l'un de ses collaborateurs, ici son assistant Louis Feuillade, dont elle a contribué à lancer la carrière. Dans ce flm, on découvre une gamine intrépide, qui échappe à la surveillance de la gouvernante de la famille. Elle va déjouer une agression commise à côté du jardin public où elle se promène, puis aider un vieillard à traverser un canal et enfin éviter à quelques poivrots de se faire renverser par un train. Je me demande si ce personnage n'a pas inspiré celui que Walt Disney a ensuite mis en scène dans Alice Comedies. Dans ce cas, le nom de l'héroïne pourrait être une référence aussi bien à la cinéaste française qu'au personnage de Lewis Carroll. (A ceux que cela intéresse, je signale que, cet été, France Culture a consacré une passionnante série d'émissions à celui qui fut l'un des fondateurs du dessin animé.)

   Cela nous mène tout naturellement aux liens entre Alice Guy et les Etats-Unis, où elle vécut pendant près de quinze ans d'affilée au début du XXe siècle. Elle y fonda une société de production (sur la Côte Est), devint riche et célèbre, puis perdit mari et fortune, en même temps qu'émergeaient les studios d'Hollywood, en Californie. Falling Leaves est un bon exemple d'oeuvre qu'elle a réalisée là-bas. Moins classique, A Fool and his money a la particularité de n'avoir été tourné qu'avec des acteurs noirs :

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   Sur cet épisode comme sur d'autres, les sources anglo-saxonnes nous sont précieuses : le talent d'Alice Guy est davantage reconnu outre-Altantique (où elle est d'ailleurs enterrée) que dans son pays d'origine. C'est sur un site académique états-unien qu'on lira le plus de détails sur son aventure américaine. Pour une courte biographie, on peut consulter la vidéo d'un universitaire du Nebaska. On ne s'étonnera pas non plus que ce soit une Américaine qui ait récemment tourné un documentaire sur Alice Guy. On espère que le film de Pamela Green, Be Natural : The Untold Story of Alice Guy-Blaché, va bientôt sortir sur les écrans français.

mardi, 27 août 2019

La Chute du président

   Je crois que ce film constitue le troisième volet d'un triptyque commencé avec La Chute de la Maison blanche puis La Chute de Londres. (Pour former une tétralogie, je suggère un ultime opus intitulé La Chute de la reine.) Je n'ai évidemment pas vu les précédentes œuvres... et cela ne gêne aucunement la vision de ce volet.

   Le héros (Mike Banning) est un membre éminent du service de sécurité du président des États-Unis. Comme celui-ci a les traits de Morgan Freeman, on se dit que ce doit être un boulot sympa. Sauf que leur petite partie de pêche va tourner au massacre, au cours d'une séquence ma fois plutôt bien troussée.

   Auparavant, on nous aura présenté le héros dans une trépidante scène d'action, durant laquelle il convient de rester attentif. Une partie des personnages qui y figurent sont destinés à réapparaître dans l'histoire. Je n'en dirai pas plus, mais, franchement, c'est cousu de fil blanc. Au bout d'un quart d'heure, je savais qui allait trahir qui et qui était le grand méchant qui tirait les ficelles dans l'ombre. (Amateurs de 24 heures chrono s'abstenir...)

   Si l'on ajoute à cela que les dialogues semblent avoir été écrits par un collégien pas très doué et que les personnages féminins (à l'exception de l'enquêtrice en chef du FBI) sont purement décoratifs, on aura une idée du degré de subtilité atteint par l'intrigue. En clair, c'est principalement une histoire de couilles agrippées à des guns.

   Mais les scènes d'action sont bien faites. Les artificiers ont été particulièrement mis à contribution, que ce soit pour la séquence du lac, celle de la cabane ou encore celle du combat final dans l'immeuble. Gerard Butler (qui a pris un sacré coup de vieux depuis 300) n'a pas la prestance d'un Matt Damon ou d'un Bruce Willis, mais il s'en sort correctement... d'autant qu'il va recevoir l'aide de son vieux Daddy, incarné par... Nick Nolte. Encore faut-il que le fiston renoue le contact avec celui qui a quitté femme et enfant des années auparavant. Il finit par le retrouver dans sa cabane au Canada en Virginie-Occidentale (en Bulgarie, en fait), au cours d'une des plus belles séquences du film. Comme les scénaristes ont eu le bon goût de ne pas flinguer le personnage de Clay Banning, on va revoir la tronche ravagée de Nick Nolte à plusieurs reprises... jusqu'au générique de fin, qui contient une scène bonus, délicieusement drôle (plus drôle d'ailleurs que tout ce qu'on a pu voir dans les deux heures précédentes).

   Ce n'est clairement pas du niveau d'un Jason Bourne ou d'un Mission impossible (ni aussi spectaculaire que le récent Hobbes & Shaw) mais, en soirée, cela fait digérer très correctement.

22:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 21 août 2019

Thalasso

   Ce film est présenté comme une suite (lointaine) de L'Enlèvement de Michel Houellebecq, mais, franchement, il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour comprendre les détails de l'intrigue. Derrière la caméra, on retrouve Guillaume Nicloux, qui s'est distingué jadis par quelques bons films de genre (Le Poulpe, La Clef et, dans une moindre mesure, La Religieuse).

   On attend évidemment le face-à-face Houellebecq-Depardieu. On commence par suivre l'écrivain, sur le point de débuter sa cure de thalassothérapie. Il ne pète pas la forme, son foie va mal et ses poumons subissent les conséquences d'années de tabagisme. La confrontation entre l'écrivain dubitatif et l'organisation méticuleuse des services de la thalasso ne manque pas de saveur. Le plaisir s'accroît quand le "héros" trouve un "compagnon de lutte" (pour la boustifaille et la picole) en Gérard Depardieu. Les dialogues sont crus et certaines situations sont particulièrement cocasses (comme la séquence avec les boues d'algues).

   Cependant, l'histoire connaît plusieurs coups de mou, comme lorsque les deux pochtrons discutent de la mort et de la réincarnation. Cela ne s'améliore pas quand débarquent les bras cassés de l'épisode précédent (les anciens ravisseurs de Houellebecq), qui viennent solliciter son aide pour... retrouver la mère de famille, âgée de 80 ans, et qui a subitement tout plaqué. Certes, cela redonne du tonus à l'intrigue, d'autant que les acteurs sont assez convaincants... mais cela ne suffit pas à sauver certaines scènes, comme celle qui se conclut en prière juive, d'un ridicule consommé.

   Au second degré, il y a le jeu sur l'image des deux personnages principaux. Le film se présente comme un portrait intime, nous montrant comment Gérard et Michel sont supposés être "dans le privé"... sauf que, pour construire ses personnages, Nicloux s'est appuyé sur leurs déclarations publiques. Et voilà Depardieu qui proclame à nouveau son amour pour Poutine, tandis que Houellebecq vomit la démocratie libérale. Et je ne vous détaille pas le wagon de conneries proférées par différents personnages, à propos de la mort de Coluche, de François Hollande ou encore des Chinois. Les scénaristes ont toutefois veillé à ne pas tomber dans l'abject : aucun personnage ne profère le moindre propos antisémite (d'autant qu'un des membres de la bande est juif) ou raciste. Mais, quand, à la fin, apparaît un personnage noir, affublé d'un horrible strabisme, on ne peut pas s'empêcher de ressentir un malaise... Quant à la conclusion de l'histoire, elle est bâclée.

   Le cinéaste est totalement en empathie avec ses deux personnages principaux. Qu'on ne s'attende donc pas à les voir dépeints comme deux enfants gâtés de la République, qui ont connu célébrité, richesse et conquêtes féminines. Maintenant que vieillissants, ils bandent mou, ils ressentent l'approche inéluctable de la mort... et le risque de disparaître un jour ou l'autre de la mémoire publique (ce qui commence d'ailleurs déjà à se produire pour Houellebecq, au cours de la seule scène asticotant un peu l'un des deux personnages principaux).

   Mais je reconnais que les acteurs ont de l'abattage, un incontestable sens de l'autodérision, et que certaines scènes sont particulièrement drôles. A voir pour les amateurs/trices de comédies décalées.

22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 15 août 2019

Once upon a time... in Hollywood

   ... et en version originale sous-titrée, à Rodez, dans une grande salle copieusement garnie. Tarantino fait recette, pour ce qui est à la fois un hommage (parfois ironique) au Hollywood de sa jeunesse, mais aussi une fresque "tarantinesque".

   L'hommage se ressent à l'écran. Tarantino a filmé comme le garçon et l'adolescent qu'il a été voyait les gigantesques enseignes lumineuses, les voitures décapotables et les jeunes femmes (surtout les jambes). J'ai été étonné de l'importance occupée par les bagnoles au début de l'histoire, qui ne m'a donc pas super emballé.

   Cet hommage s'étend au travail des acteurs... et de certaines petites mains. Quentin se moque gentiment de leurs travers, mais il est soucieux de décrire le quotidien d'un comédien, ici Rick Dalton, très bien incarné par Leonardo DiCaprio, crédible à la fois quand son personnage joue mal et quand il joue bien. La scène avec la gamine prise en otage, dans le saloon, est superbe... (Retenons le nom de cette actrice en herbe : Julia Butters, remarquable dans son premier face-à-face avec DiCaprio, dans la scène de lecture.)

   Cependant, même si Dalton occupe le devant de la scène du début à la fin du film, le véritable personnage principal est pour moi Cliff Booth, sa doublure-cascade homme à tout faire, auquel Brad Pitt prête son charisme. Attention mesdames : quand Cliff/Brad répare l'antenne du toit, il se met torse nu... La comparaison entre les deux héros est le plus souvent source de comique : l'un vit dans une villa, l'autre dans une vieille caravane ; le premier se fait conduire dans une Cadillac rutilante, le second, quand il ne pilote pas celle-ci, roule dans une vieille Volkswagen etc.

   Le troisième pôle est Sharon Tate, interprétée par Margot Robbie, qui a déjà éclaboussé de son talent des films comme Moi, Tonya et Marie Stuart, reine d'Ecosse. Ici, elle est chargée de rendre vie à Sharon Tate, une actrice alors "émergente" devenue l'épouse du réalisateur Roman Polanski. On découvre une jeune femme aimable et un peu naïve, ravie de se découvrir sur un grand écran et des réactions qu'elle suscite dans le public. Tarantino profite d'une soirée (à laquelle participe le couple Polanski) pour lancer quelques piques, la plus acérée étant sans doute celle qui est censée viser Sharon Tate. L'un des invités déclare que l'actrice est attirée par un seul type d'homme, qui paraît ne pas avoir plus de douze ans. Je pense que tout Hollywood a compris que la remarque visait plutôt son époux...

   Tous ces personnages vont croiser, à un moment ou un autre, au moins l'un des membres de la "famille Manson", cette tribu de hippies dégénérés qui a commis d'horribles massacres à l'époque. Il est évident que ce fait divers a été intégré à l'intrigue écrite par Tarantino, mais on ne sait pas comment. Je pense qu'une partie du public est venue uniquement pour cette partie de l'histoire.

   En attendant la dernière demi-heure fatidique, on peut se délecter des aventures de Cliff le cascadeur. Il s'embrouille avec Bruce Lee dans une scène délicieuse, qui ridiculise l'idole des films d'arts martiaux. On le voit aussi s'occuper de sa chienne Brandy, un staffordshire très bien dressé (et redoutable... mais je n'en dis pas plus), qui a obtenu la Palm Dog à Cannes cette année. Le marivaudage avec "Pussycat", l'une des adeptes de Manson, est bien mis en scène. Enfin, notre doublure préférée est au coeur de la séquence la plus flippante, celle qui le voit revenir au ranch où étaient autrefois tournés des westerns, mais qui est désormais occupé par la bande de Charles Manson. Là, Tarantino fait preuve de brio dans la sobriété.

   On attend évidemment la fin, avec les nervis de Manson qui débarquent dans les beaux quartiers. On en a pour son argent (avec un petit quart d'heure de bravoure), mais là encore Tarantino surprend. Même s'il s'inspire de faits réels, il ne fait pas œuvre de documentariste. Ce n'est pas la première fois qu'il manifeste son désir de réécrire l'histoire... et c'est très bien ainsi.

23:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Mystère des pingouins

   Un matin, en se rendant à l'école, le jeune Aoyama croise... des pingouins (appelés "penguins" dans la version originale japonaise, qui ne fait pas la différence avec des manchots). Démarre alors une incroyable enquête, menée par ce gamin obstiné, très bon élève et sûr de lui. Il va d'abord s'appuyer sur l'assistante du dentiste, une charmante jeune femme dont il est secrètement amoureux. Celle-ci semble avoir un lien particulier avec les pingouins...

   Très vite, un autre mystère surgit : l'apparition d'une gigantesque bulle d'eau opaque, dans une clairière située au coeur d'un bois quasi impénétrable. Celle-ci semble aussi avoir un lien avec les pingouins. Aoyama tente de résoudre cette énigme-ci en compagnie de son meilleur ami et d'une camarade de classe très douée, excellente joueuse d'échecs... et amoureuse de lui (ce dont il ne se rend pas compte).

   L'intrigue est foisonnante, bien mise en images, même si le résultat n'est pas aussi impressionnant que dans Les Enfants de la mer, Maquia ou encore Wonderland. C'est du fantastique poétique... ou de la poésie fantastique. Au passage, comme les héros sont des élèves de fin de primaire, on a droit à une plongée dans l'univers scolaire japonais, avec ses problèmes de harcèlement. Mais ce n'est pas montré de manière caricaturale. L'histoire s'étire suffisamment pour laisser place à l'évolution de certains personnages.

   Le plus étonnant est le lien qui se noue entre Aoyama et la jeune assistante (qui semble beaucoup plus compter à ses yeux que sa propre mère, que l'on voit surtout s'occuper de sa soeur cadette). Elle le fait progresser aux échecs et l'aide dans son enquête, en particulier pour ses expériences. (Le gamin est féru de sciences.) On notera que, dans ce film, on ne voit ni ordinateur ni téléphone portable... mais une télévision à écran plat est présente, à l'école. Cela indique que l'on n'est ni tout à fait dans le passé, ni dans le présent, mais plutôt dans un monde imaginaire, parallèle.

   A l'arrière-plan (pour les adultes), on remarque qu'il est question d'harmonie (perdue, à retrouver). Je pense que le film est nourri de références au yin et yang, ne serait-ce qu'à travers les éléments en noir et blanc présents à l'image (pourtant en couleurs) : les pingouins et les jeux d'échecs, auxquels on peut ajouter l'opposition entre la nuit et le jour. Celle-ci est déterminante pour comprendre comment apparaissent les pingouins et leur pendant maléfique, les Jabberwocks. Concernant les échecs, on remarque que les parties montrées à l'écran (au café, dans la salle de classe ou lors d'un pique-nique) opposent systématiquement un personnage féminin à un personnage masculin.

   Tout cela pour dire que, même si ce n'est pas l'animation la plus virtuose sortie cet été, elle est d'un très grand intérêt en raison de son scénario fouillé et de ses différents niveaux de lecture. J'ai trouvé la fin très émouvante.

11:44 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 11 août 2019

Face à la nuit

   Cette coproduction franco-taïwanaise est construite sous forme de puzzle inversement chronologique : l'histoire est divisée en trois grandes parties, chacune séparée de la suivante/précédente par un laps de temps plus ou moins long. C'est en remontant le temps que l'on comprend certains des éléments des séquences ultérieures. Du coup, celles-ci prennent parfois un double sens, celui que l'on perçoit a priori et celui qui émerge avec la vision de ce qui s'est passé des années auparavant.

   La première partie se déroule en 2049, dans une grande ville (sans doute Taipei) où la technologie a envahi tous les aspects de la vie quotidienne... et même le corps humain, puisque tous les habitants de la cité sont dotés d'une puce dans le poignet et que toutes les transactions passent par leur "smartphone". Ce polar d'anticipation est très réussi, à ceci près qu'il témoigne d'une vision phallocrate du monde : le réalisateur a utilisé ses (ravissantes) actrices comme du bétail, peut-être pour mieux montrer la marchandisation du corps humain... mais je n'ai pas trop senti le recul critique. De surcroît, le personnage principal, un vigile d'une soixantaine d'années, est antipathique, violent. On le voit tuer un vieil homme, se payer une jeune prostituée et manifester ensuite une grande hostilité envers son épouse, qui veut divorcer.

   C'est en remontant une trentaine d'années auparavant qu'on comprend la cause du meurtre, le recours à la prostituée comme la haine qu'éprouve le héros. On le découvre alors jeune policier, travailleur et pointilleux, pas du genre à marcher en dehors des clous. Mais, dans son commissariat, tout le monde ne voit pas les choses de la même manière. Cette seconde nuit va transformer sa vie : lui qui d'habitude ne fait pas de pause rentre inopinément chez lui et par la suite, il se lie avec une jeune kleptomane (d'origine française), qui est sans doute le modèle des prostituées clonées que l'on a vues dans la partie se déroulant en 2049. Là encore, j'ai été un peu irrité par la vision de la société. (L'un des personnages féminins trouve étrange que la prostitution soit illégale, par exemple.) Mais le vent de liberté qui se met à souffler sur cette nuit m'a convaincu.

   Une quinzaine d'années plus tôt, le futur policier n'était pourtant qu'un petit délinquant, un voleur de deux-roues qui se fait coincer une nuit, en même temps qu'une prostituée (encore une !) membre d'un gang. La cavale simultanée des deux est bien mise en scène. A partir du moment où ils se retrouvent menottés côte-à-côte, les deux fuyards découvrent qu'ils ne sont pas des inconnus l'un.e pour l'autre. Le personnage de la prostituée est particulièrement émouvant.

   Le film ne se conclut pas sur cette séquence, puisqu'il remonte une dernière fois (brièvement) en arrière, à l'époque où le héros était un petit garçon, peut-être le seul moment de sa vie où il a connu un bonheur insouciant. Le reste du film montre comment un type ordinaire et malchanceux a gâché sa vie.

   Si le scénario comporte quelques faiblesses, la réalisation est particulièrement soignée. Je pense que Wi-ding Ho s'inspire sans oser le dire de Wong Kar-waï. Il y a une réelle parenté dans leurs manières de filmer la ville, la nuit. Et je pense que l'année à laquelle se déroule la première partie est une référence à peine masquée au 2046 du maître hongkongais.

21:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 août 2019

Rapides et furieux

   Je ne suis pas, mais alors pas du tout adepte de la série de films Fast and Furious. Des histoires de bagnoles qui roulent vite, avec des gros bras pas subtils et de jolies potiches... bof. Mais, dans cet opus, David Leitch se trouve aux manettes. C'est le réalisateur de John Wick (le premier), d'Atomic Blonde et de Deadpool 2. C'est une garantie de savoir-faire, confirmée par une bande-annonce alléchante.

   Le scénario associe deux balèzes qui se sont jadis affrontés : Luke Hobbs (Dwayne Johnson, plus musclé que jamais) et Deckard Shaw (Jason Statham, qui tente d'avoir une expression et demie sur le visage). Le début les présente en mode "écran partagé", du lever à la soirée en boîte, chacun évoluant dans un milieu différent. C'est drôle et cela annonce la ribambelle d'insultes que les deux acolytes (qui vont devoir travailler ensemble) se balancent à intervalle régulier au cours de l'histoire.

   Je reconnais que les dialoguistes ne se sont pas trop foulés. On se traite de "tête de pine" ou encore de "face de cul", parmi d'autres joyeusetés. C'est Hobbs/Johnson qui semble le mieux servi. Quand il se présente à un groupe de méchants qu'il s'apprête à corriger, il annonce la couleur : "Je suis le distributeur de branlées." Un peu plus tard, quand il rencontre le gros méchant de l'histoire, il lui déclare, après avoir écarté plusieurs mercenaires sans ménagement : "Et maintenant, je vais t'apprendre la vie"...

   Problème pour lui : ce méchant est un ancien commando, censé être décédé, ressuscité par la magie de technologies ultra-modernes. Le transhumanisme existe déjà et c'est Idris Elba qui en bénéficie. Il est devenu capable de mettre une raclée aussi bien à Hobbs qu'à Shaw, séparément. Les deux têtes de lard vont mettre du temps pour comprendre que c'est en unissant leurs efforts qu'ils ont une chance de venir à bout du tueur quasi indestructible.

   Un autre personnage vient compliquer l'affaire... une femme ! Pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de Hattie Shaw, la soeur de Deckard, qui a l'air (presque) aussi bornée que son frangin... mais on lui pardonne volontiers, parce qu'elle est incarnée par la pétillante Vanessa Kirby, vue notamment dans le dernier Mission : impossible (mais qui donne un autre aperçu de son talent dans un épisode de la série Hercule Poirot : "Une mémoire d'éléphant", qu'on peut actuellement revoir -en version originale sous-titrée si on le désire- sur le site MyTF1). La charmante demoiselle a subtilisé un dangereux virus, que les méchants veulent récupérer, quel qu'en soit le prix.

   Il ne faut pas se le cacher : le principal intérêt du film réside dans ses séquences d'action. La première est une ébouriffante poursuite en plein Londres, avec motos, voiture de luxe et camions. Chapeau, les cascadeurs ! La seconde se déroule sur le site d'une centrale nucléaire désaffectée (censée se trouver en Ukraine). Là aussi, ça dépote. Mais on sent qu'on nous réserve le meilleur pour la fin, dans les îles Hawaii Samoa, dont est originaire Hobbs (tout comme D. Johnson d'ailleurs). Ici, on va se battre "à l'ancienne" (old school, dans la V.O.), la famille du héros fournissant bras, véhicules, carburant... et même matériel informatique ! La poursuite avec l'hélicoptère est trépidante à souhait.

   Dans une grande salle, on prend son pied, sans se poser de question.

   P.S.

   Ne partez pas trop vite : trois petites scènes ont été insérées dans le générique, les deux premières faisant intervenir un collègue de Hobbs (incarné par Ryan Reynolds), la troisième marquant les retrouvailles animées des deux têtes d'affiche.

15:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 09 août 2019

Une Grande Fille

   Cette périphrase désigne Lya, "la girafe", un grand brin de fille (mesurant sans doute plus d'1m90) un peu spécial : il lui arrive régulièrement de tomber en catalepsie, n'émettant plus qu'un petit sifflement. Elle est comme cela depuis qu'elle est allée au Front. L'histoire démarre en 1945, à Leningrad (redevenue aujourd'hui Saint-Pétersbourg), juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'URSS en sort certes victorieuse, mais ravagée dans toute sa partie occidentale, ayant perdu quelque chose comme 25 millions d'habitants. Les rescapés tentent de survivre, alors qu'ils manquent de presque tout, à commencer par la nourriture.

   La reconstitution de l'époque est soignée, tant au niveau des décors (principalement intérieurs) que des vêtements. Mais le principal intérêt du film réside dans les aventures des deux héroïnes, deux amies qui se sont connues au Front et que la fin de la guerre va réunir à nouveau.

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   Autant Lya est grande, blonde et introvertie, autant Masha est petite, brune (auburn) et expansive, avide de goûter à la vie. On se doute bien que ces deux jeunes femmes, qui ont achevé leur adolescence durant la guerre, ont dû en voir des vertes et des pas mûres. Pour l'une d'entre elles, il faut attendre un déjeuner glaçant chez de potentiels futurs beaux-parents pour avoir la révélation du détail de ce qu'elle a subi... mais dit avec des mots choisis.

   C'est la marque de fabrique de ce film, dans lequel les personnages n'osent en général pas exprimer les choses frontalement. N'oubliez pas que nous sommes dans l'URSS stalinienne, avec le NKVD (futur KGB) qui veille. De surcroît, quand on est une jeune femme, on a intérêt à cacher certaines choses, y compris à sa meilleure amie.

   Voilà pourquoi les plans ont tendance à s'étirer : c'est par la gestuelle, le comportement, les intonations des personnages que l'on peut déduire leurs pensées. Presque chaque scène est nourrie de sous-entendus. Cela peut donner l'impression que ce long film (2h15 environ) est parfois ennuyeux... eh bien pas du tout ! C'est d'abord dû au talent des deux actrices, Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina. C'est aussi en raison de l'intensité des scènes qui les mettent en relation avec des soldats blessés (elles sont devenues aides-soignantes dans un hôpital militaire), où un spectateur français retrouvera un peu de l'ambiance de La Chambre des officiers et des Fragments d'Antonin. L'intrigue prend même les allures d'un petit thriller, avec pour enjeu la maternité.

   J'ajoute que la mise en scène est habile (ce que l'on croit voir au début n'est pas tout à fait la vérité), avec une tendance à filmer les protagonistes du dessus, en gros plan, plan serré ou plan large. Le cadre est méticuleusement organisé, avec un joli travail au niveau des éclairages. Cela contribue à faire de ce film exigeant une petite merveille de sensibilité, à ne pas rater s'il passe près de chez vous.

jeudi, 08 août 2019

C'est quoi cette mamie ?!

   Cette grand-mère qui suscite tant de questions est Aurore, incarnée par Chantal Ladesou (qu'on a déjà vue dans un premier rôle, l'an dernier, dans l'oubliable Comment tuer sa mère). Autant le dire tout de suite : le film repose presque entièrement sur ses épaules, même s'il se place dans la continuité de C'est quoi cette famille ?! (Plus de 700 000 entrées pour un coût de production de 6 millions d'euros... cela explique la mise en chantier d'une suite.)

   La génération suivante, celle des parents, est représentée par des caricatures de personnages, le plus souvent résumés à un trait de caractère, de surcroît hypertrophié. J'ai eu de la peine pour Julie Depardieu, Philippe Katerine et Lucien Jean-Baptiste. Thierry Neuvic n'est pas très à l'aise non plus, même si le couple séparé qu'il forme avec Julie Gayet fonctionne assez bien. De temps en temps, Claudia Tagbo sort du lot, quand elle ne cachetonne pas.

   Je craignais le pire quant aux personnages des enfants... eh  bien je dois reconnaître qu'ils ne sont pas si mal réussis que cela. Ce sont des (pré)ados à peu près normaux, dont on a accentué certains aspects de la personnalité. Contrairement aux parents, on n'a pas envie de les jeter par la fenêtre (sauf peut-être le rappeur à la noix, au début).

   Évidemment le comique surgit de la confrontation entre la grand-mère libertaire, parfois très "politiquement incorrecte" dans ses propos, et les petits-enfants faux rebelles, assez conformistes, au fond. (Les scénaristes ont veillé à ce que cette famille recomposée élargie intègre des "minorités visibles"... et même sexuelles.)

   Le scénario est cousu de fil blanc, mais, franchement, pour les scènes avec Chantal Ladesou, le film mérite le détour. On sent l'influence de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ? En France, il existe désormais un créneau pour les comédies populaires hyper-balisées et "socialement ouvertes".

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mercredi, 07 août 2019

Les Faussaires de Manhattan

   Le titre français est plus explicite que celui d'origine (Can you ever forgive me ?), qui est aussi celui du livre autobiographique écrit par la vraie Lee Israel, en référence à l'écrivaine Dorothy Parker, l'une des personnes dont elle a écrit de fausses lettres.

   Les faussaires en question forment un duo d'inadaptés. La tête pensante est Lee Israel, une quinquagénaire obèse, alcoolique et solitaire, qui vit avec sa chatte Jersey et peine à boucler ses fins de mois. Elle n'en est pas moins une fine connaisseuse de la littérature américaine. Elle fait la rencontre de Jack Hock, dandy vieillissant et inconstant, homosexuel charmeur et cocaïnomane. Cet attelage improbable va faire des étincelles.

   Le film est donc à double tranchant. C'est d'abord un portrait de femme seule, dont le talent n'est pas reconnu à sa juste valeur. C'est aussi une comédie d'avant l'ère internet, quand fabriquer de fausses lettres relevait d'un artisanat d'art... et du système D. La manière dont cette petite bonne femme et ce vieux beau vont duper une brochette de pédants cultureux est savoureuse. Mais, au fond, c'est du mal de vivre dont il est question.

   Les acteurs sont éblouissants. Celles et ceux qui ont vu Melissa McCarthy cachetonner dans Les Flingueuses ou SOS Fantômes auront du mal à la reconnaître ici, tant la transformation est saisissante. Quant à Richard E.Grant, on a l'impression qu'il a joué ce rôle toute sa vie.

   C'est l'une des bonnes surprises de cet été 2019, décidément très riche sur le plan cinématographique. (Et ce n'est pas fini...)

23:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 06 août 2019

Comme des bêtes 2

   Trois ans après le premier volet des aventures de nos animaux domestiques préférés, ils reviennent, toujours sous la direction de Chris Renaud (également réalisateur de Moi, moche et méchant 1 et 2). L'introduction nous présente les changements survenus entre temps : la maîtresse de Max a rencontré un homme (sympa), s'est mariée avec lui et a eu un enfant, un garçon que le chien va apprendre à aimer. Comme ce schéma narratif n'est pas vraiment novateur, il est traité assez rapidement.

   Le coeur de l'histoire voit s'entrecroiser trois fils narratifs. Dans le premier, Max et toute sa petite famille vont passer des vacances loin de New York, chez un oncle du mari. C'est l'occasion pour nos citadins purs jus de découvrir les bienfaits de la campagne et de se confronter aux "vraies valeurs" de la vie. Pendant ce temps, dans Big Apple, la copine de Max va devoir s'infiltrer dans l'appartement d'une petite vieille, infesté de chats. Enfin, une autre partie de la bande tente de secourir un (superbe) tigre blanc, maltraité par le propriétaire d'un cirque ambulant.

   Le rythme est enlevé, les plaisanteries fusent. Certaines scènes sont particulièrement réussies, comme celle qui voit Max découvrir les sons de la campagne, la nuit tombée. Il y a encore une course-poursuite mêlant le lapin et quatre loups, en pleine fête foraine. Je me garderai aussi de raconter la métamorphose du spitz allemand (Gidget, doublée par Dorothée Pousséo dans la VF), qui essaie de se faire passer pour un chat. Enfin, quand la mémé s'en mêle, on peut dire que ça file à pleins tubes !

   L'animation est très correcte. Les petits apprécieront peut-être plus que les grands, mais cela ne dure qu'1h25. On passe un bon moment, sans prise de tête... et nos chérubins reçoivent une petite leçon de courage et de persévérance.

23:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Pour les soldats tombés

   Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson est à l'origine de ce documentaire sur les soldats de l'Empire britannique pendant la Première Guerre mondiale. Le titre fait référence au million de morts (outremer inclus), mais, durant le film, on entend les voix de dizaines de rescapés, enregistrées il y a parfois des années. Ces voix accompagnent un montage d'images d'époque colorisées et sonorisées de manière moderne. On sent que le cinéaste a dû voir au moins l'un des films de la série Apocalypse.

   Cependant, contrairement au travail réalisé par les Français, ce film-ci ne se présente pas comme une leçon d'histoire. Certes, les témoignages sont proposés dans l'ordre chronologique, de la déclaration de guerre au retour au pays, mais ils sont très peu (voire pas du tout) contextualisés (pas plus que les images). Du coup, l'accumulation peut lasser les spectateurs pas emballés par le fait de lire des sous-titres pendant plus d'une heure et demie. Ce documentaire est clairement destiné au public anglo-saxon.

   Il n'en est pas moins intéressant. A ceux qui en ont déjà vu d'autres, il n'apprendra pas grand chose... sauf peut-être qu'en 1914, le Royaume-Uni ne connaissait pas le service militaire. Le contingent envoyé en France fut d'abord constitué des militaires de carrière et de volontaires. C'est en 1916 que la conscription fut introduite.

   Les images, pour étranges qu'elles apparaissent avec cette colorisation artificielle, n'en sont pas moins souvent saisissantes. Il est important que les spectateurs réalisent à quel point cette guerre fut dégueulasse. Les soldats ont vécu dans des conditions que l'on qualifierait aujourd'hui d'inacceptables, entre la saleté, la faim, la soif, les rats, les poux et le bruit insupportable des canonnades. Rien que pour cela, ce film est utile. Il ne laisse pas non plus de côté la souffrance animale, l'exemple des chevaux étant le plus mis en valeur.

   Pour moi, les parties les plus intéressantes sont situées à la fin. Il y a tout d'abord la séquence consacrée aux relations entre les soldats britanniques et les prisonniers allemands, qui furent peut-être moins tendues que celles entretenues par les Français avec leurs adversaires directs. Il convient toutefois de se méfier des reconstitutions a posteriori.

   Plus forte encore est la séquence finale, qui va du contexte de l'annonce de l'Armistice au retour au pays, avec ses désillusions. C'est peut-être le passage le plus novateur, qui conclut intelligemment le film.

lundi, 05 août 2019

Wonderland, le royaume sans pluie

   Ce royaume est celui d'un monde parallèle, dans lequel l'héroïne Akané va se retrouver embarquée (en compagnie d'une commerçante un peu fantasque) par un alchimiste guindé (Monsieur Hippocrate) et son assistant lilliputien.

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   Auparavant, on aura goûté au monde réel, celui d'une fille unique d'un couple dont l'épouse est restée au foyer. (On ne verra jamais le père.) A l'école, les relations entre élèves sont parfois compliquées. Heureusement, il y a le chat Gorobeh (avec coucougnettes apparentes) qui la câline... ou lui pète à la figure !

   Ce film d'animation japonais est foisonnant, tant au niveau des images que de l'intrigue. (Le réalisateur, Keiichi Hara, s'est fait connaître par Colorful et Miss Hokusai.) L'ambiance s'inspire visiblement de l’œuvre de Miyazaki, mais aussi de Tolkien et sans doute des contes de fées européens. Quand j'aurai ajouté que le monde parallèle subit une redoutable sécheresse, qui menace la vie de tous ses habitants, vous aurez compris que les préoccupations environnementales ne sont pas absentes de ce film visible par tous, mais sacrément élaboré.

   L'habileté de l'animation se voit aux jeux d'ombre et de lumière, aux reflets, aux couleurs, en particulier dans les scènes de repas. Je suis sorti delà bigrement affamé !

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   Dans le monde parallèle, on croise des oiseaux et poissons géants (superbe scène nautique à la clé), d'énormes moutons capables de mettre en échec un petit char, des magiciens, des forgerons... et un étrange individu, Zang, mi-squelette, mi-robot, dont on ne découvre que tardivement la véritable identité.

   C'est romanesque à souhait, très bien dessiné, avec de l'humour (ah, les chats douaniers...), de multiples rebondissements... et c'est peut-être moins hermétique que le non moins superbe Les Enfants de la mer, sorti il y a quelques semaines.

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lundi, 29 juillet 2019

Crawl

  Cette "nage libre" est celle que pratique l'héroïne Hailey... dont le prénom (dans la version originale) est une allusion au chanteur Bill Haley, auquel on doit, entre autres, le titre See you later alligator... que l'on entend à la fin du film. (Dans la version française, le prénom est prononcé "Allie" !)

   Hailey tente de faire sa place au sein de l'équipe nationale de natation, mais elle est juste derrière les toutes meilleures. Elle est fâchée avec son ancien entraîneur, qui n'est autre que son père, divorcé d'avec sa mère et en difficulté financière.

   Là-dessus débarque un méga-ouragan, du genre à pulvériser les maisons de Floride. Comme le papounnet ne répond pas au téléphone, Hailey brave tous les dangers pour le retrouver... et le sauver. Problème supplémentaire : le coin est infesté d'alligators, certains s'étant même échappés d'un parc naturel.

   Très vite, Hailey va se faire mordre par une grosse bébête... mais elle ne se laisse pas faire. Comme elle a les ovaires bien arrimés, elle se fait un garrot de fortune, comme une grande. Elle a de qui tenir : son papa, lui aussi blessé, insère l'un de ses outils à côté de son tibia brisé et fabrique une attelle en grinçant à peine des dents. On pense évidemment à Instinct de survie, dans lequel une autre jolie blonde se recousait la cuisse après une morsure de requin.

   Comme vous pouvez le constater, ce petit thriller estival recycle pas mal de vieilles recettes. Mais il est réalisé par Alexandre Aja, auquel on doit La Colline a des yeux, Mirrors et Piranha 3D. C'est bien foutu, avec de superbes alligators numériques. Même si je trouve que les deux héros échappent parfois de manière invraisemblable aux prédateurs qui les poursuivent, je reconnais qu'il y a de la mise en scène derrière, avec quelques jolies trouvailles (comme la scène de la douche).

   Comme dans tout bon film d'horreur, les tueurs exercent une sorte de justice immanente et les péripéties vont rapprocher les personnes auparavant brouillées. C'est relativement bref (moins d'1h30) et suffisamment saignant pour faire passer un bon moment.

21:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 28 juillet 2019

The Operative

   Ce film d'espionnage a pour cadre le Moyen-Orient, plus précisément les relations compliquées entre l'Iran, Israël et certains pays européens. Le personnage de l'héroïne Rachel est inspiré de plusieurs agents du Mossad. L'épisode de l'insertion d'un logiciel espion israélien dans le système informatique du programme nucléaire iranien est lui aussi inspiré de faits réels.

   Nous voici plongés dans un polar cérébral (pas nourri de bastons, contrairement à Anna). La psychologie des personnages est au cœur de l'intrigue. Il est difficile de savoir ce que pensent au fond Rachel, son superviseur, les cadres du Mossad et le séduisant Farhad, la nouvelle "cible" de Rachel. Notons que le film comporte quelques moments de tension plus basiques, comme l'excellente séquence du retour clandestin en Iran.

   A l'image de ce qu'on a pu voir récemment dans So long, my son, l'histoire nous est racontée sous la forme de plusieurs trames chronologiques entremêlées. (Pour s'y retrouver, je conseille d'être attentif à la coiffure de Rachel et à la barbe de Thomas.)

   C'est le moment de parler des acteurs, bons dans l'ensemble. Une personne se détache très nettement du lot : Diane Kruger, qui confirme tout le bien que je pense d'elle (même en laissant de côté les effets de son charme incommensurable). Elle est au moins aussi épatante que dans Infiltrator et In The Fade. Le jeu de l'actrice se marie parfaitement avec la mise en scène pour nous faire toucher du doigt tantôt la joie, tantôt les doutes qui la travaillent. On en vient même à se demander si l'apprentie-espionne n'a pas fini par duper tout son monde. Il faut dire que la dame possède une petite tendance à la mythomanie.

   Bref, cette histoire polyglotte (anglaise, allemande, française, hébreue, kurde, farsie, y compris dans la version doublée) d'une espionne débutante s'éprenant à la fois de l'Iran et d'un Iranien m'a beaucoup plu, le tout baignant dans une atmosphère trouble très bien campée.

vendredi, 26 juillet 2019

Le Roi Lion

   Je fais sans doute partie de la minorité des spectateurs adultes de ce film à n'avoir jamais vu le dessin animé sorti il y a 25 ans (ni en salle, ni à la télévision, ni sur ordinateur). Je crois qu'à l'époque, je m'étais détourné des films d'animation, avant que des œuvres japonaises (Ghost in the shell, Princesse Mononoké) ne me réconcilient avec le genre.

   Je ne peux donc pas confirmer (ou infirmer) le décalquage plan par plan de l’œuvre de 1994. Toujours est-il que cela commence (me semble-t-il) de la même manière, avec un lever de soleil qui permet de faire connaissance avec le monde de la savane. C'est très réussi.

   Je pense que Jon Favreau (déjà auteur du Livre de la jungle il y a trois ans) emporte l'adhésion quand il montre à l'écran les animaux réalisés en images de synthèse, en particulier les félins :

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   Il y a des gentils et des méchants, ces derniers (Scar et les hyènes) bien campés, les féliformes étant aussi sources de gags. Les voix françaises ont été bien choisies et contribuent à la réussite du film, à travers notamment les personnages secondaires comiques : l'oiseau, le suricate et le phacochère, ce dernier présentant la particularité de lâcher régulièrement des gaz particulièrement odorants. (La scène qui montre le petit Pumbaa au niveau du point d'eau est un délice.)

   Le reste est sans surprise. Même sans connaître l'intrigue d'origine, on sait dès le départ qu'il va arriver un truc au père, que le fils va faire des bêtises et que les lionnes vont se montrer courageuses (et redoutables). Si les scénaristes n'ont pas osé aller jusqu'à proposer l'intronisation d'une reine de la savane, on peut quand même se réjouir de la présence de deux personnages féminins valorisants (en particulier celui de Nala).

   Dans une grande salle, on profite pleinement de la qualité visuelle de l'animation, le principal atout de cette production hyper-balisée, "familiale" (aucun mâle n'étant doté de "coucougnettes" visibles)... et qui va contribuer à remplir davantage encore les poches de Disney.

09:23 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 18 juillet 2019

L'Oeuvre sans auteur (1 et 2)

   Présenté en France en deux parties (d'une durée d'environ 1h30 chacune), l'ensemble forme en réalité un seul film d'un peu plus de trois heures... qu'on ne voit pas passer. Le réalisateur est Florian Henckel von Donnersmarck, que tout cinéphile digne de ce nom connaît comme étant l'auteur de La Vie des autres. Y figurait déjà Sebastian Koch, qui incarne ici un médecin nazi autoritaire, froid et sûr de ses compétences.

   L'intrigue s'étale entre 1939 (qui marque le lancement du programme de stérilisation des "populations indésirables", en Allemagne) et le début des années 1960, juste après la construction du Mur de Berlin et avant les procès qui vont faire (re)découvrir aux Allemands l'étendue et l'atrocité des crimes commis en leur nom des années auparavant. (Voir à ce sujet Le Labyrinthe du silence.) Il est question de l'émergence d'un grand peintre, de sa jeunesse sous le IIIe Reich à son explosion dans la RFA de Konrad Adenauer.

   Pendant le premier quart d'heure (de la partie 1), j'ai eu un peu peur. J'ai trouvé certaines scènes mal jouées, comme celles montrant l'excentricité de la jeune (et ravissante) Elisabeth ou encore la remise du bouquet à Hitler. De plus, même si je suis très sensible à la beauté de Saskia Rosendahl (remarquée dans Lore), j'ai trouvé un peu facile de la part de ce cochon de réalisateur de profiter de la moindre occasion pour nous exposer la plastique quasi parfaite de l'actrice. J'ai aussi été gêné par ce qui pour moi est une invraisemblance historique : quand Elisabeth emmène son neveu à l'exposition sur "l'art dégénéré", elle porte une robe légère, qui ne permet pas d'ignorer l'absence de soutien-gorge !

   Le film devient prenant à partir du moment où Elisabeth est emmenée dans le "centre gynécologique" dirigé par "Herr Professor" Seeband, incarné par Sebastian Koch avec une époustouflante (et glaçante) maîtrise. Ce gynécologue est conscient d'être un excellent médecin (sur le plan scientifique). Sur le plan humain, c'est autre chose. Dans son bureau se déroule une scène capitale pour la suite : elle pose des éléments qui, plus tard, vont relier plusieurs personnages sans qu'ils en soient conscients (mais les spectateurs attentifs, oui).

   C'est là que la grande Histoire rencontre la petite. Henckel en profite pour évoquer l'Aktion T4, dans un mélodrame qui montre comment des vies d'Allemands ordinaires vont être brisées. Ainsi, dans la famille d'Elisabeth, on a le privilège de mourir à cause des nazis ou sous les balles soviétiques ou encore sous les bombes anglo-américaines. (Une scène se déroule à Dresde en février 1945.)

   La séquence suivante est tout aussi passionnante. On y retrouve le médecin nazi, piégé par l'occupation soviétique de la partie orientale de l'Allemagne. Il risque gros, mais il peut encore compter sur sa formation médicale, qui pourrait lui sauver la partie. La scène de l'accouchement est formidablement mise en scène.

   Après une ellipse, on retrouve notre désormais ancien nazi, transformé en notable de la RDA (communiste). Le petit garçon du début (qui va longtemps refouler certains souvenirs) est devenu un apprenti peintre. Il va se lier à une autre Elisabeth qui, coïncidence troublante, ressemble bigrement à sa tante disparue (la couleur de cheveux exceptée). Elle est incarnée par Paula Beer (encore plus souvent nue). Le couple qui se forme va rencontrer un terrible adversaire sur sa route : le gynécologue, qui ne peut plus se montrer aussi ouvertement dominateur qu'autrefois, mais qui va se révéler habile manipulateur...

   Au niveau artistique, Henckel veut montrer que nazis comme communistes ont une vision étriquée de la création. Les régimes totalitaires méprisent la liberté créative et veulent instrumentaliser les artistes à leur profit. C'est le moment où l'on bascule de la première dans la seconde partie.

   Celle-ci est, dans un premier temps, davantage centrée sur Kurt, dont le talent s'affirme. On le voit d'abord en RDA, où il se plie à la doctrine officielle du réalisme socialiste. Pour des raisons que je me garderai bien d'évoquer, à l'issue d'un assez long processus, il finit par "exploser" en RFA. J'ai trouvé remarquable le récit de son apprentissage dans le milieu d'avant-garde de Düsseldorf. C'est le moment de signaler l'excellente composition d'Olivier Masucci en professeur d'arts plastiques, capable de captiver un auditoire... ou de le faire réagir. Les plans qui montrent les peintres en action sont très réussis (et parfois empreints d'ironie, comme lorsque le jeune héros découvre les efforts pathétiques des apprentis artistes pour faire original). Le summum est atteint quand Kurt trouve enfin son style. Un déclic se produit, qui voit de nouveau la grande Histoire fusionner avec la petite.

   En dépit de quelques défauts mineurs, j'ai été emballé par ce film, à la fois mélo, chronique sentimentale (sensuelle), leçon d'histoire et essai pictural.

mardi, 16 juillet 2019

Qui pour reprendre EuropaCorp ?

   La société dirigée par Luc Besson est en difficulté. Depuis plusieurs années, elle essuie d'importantes pertes. Elle semble très endettée (de plusieurs centaines de millions d'euros)... mais elle a du potentiel (son catalogue notamment est très convoité). Voilà pourquoi, depuis quelques années, des rumeurs circulent quant à une éventuelle vente.

   D'après un article du Monde de mercredi dernier, c'est d'abord un groupe chinois qui a été envisagé : Fundamental Films qui, sous le nom de "FF Motion Invest", est à l'heure actuelle le deuxième actionnaire d'EuropaCorp, après Luc Besson :

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   Ont été aussi évoqués le groupe Netfilx et, plus récemment, Pathé, qui s'était rapproché de Luc Besson. Aux dernières nouvelles, c'est l'un des créanciers d'EuropaCorp, le fonds Vine Alternative Investments, qui tient la corde. Signalons qu'il y a deux ans, ce fonds a pris le contrôle de Village Roadshow, une société de production à laquelle on doit, parmi d'autres, les films Sherlock Holmes- Jeu d'ombres, La Grande Aventure Lego, Passengers et Ocean's 8. On le voit, il s'agit d'oeuvres commerciales, grand public, avec de l'action et (souvent) des effets spéciaux. EuropaCorp ne serait pas dépaysée.

   Ce changement de direction pourrait avoir un effet bénéfique : décharger Luc Besson de son travail de gestionnaire, ce qui lui permettrait de se concentrer sur son activité créative.

   Pour les boursicoteurs, il semble aussi que la perspective d'un rachat soit une bonne nouvelle : le cours de l'action d'EuropaCorp a récemment fortement augmenté, pour atteindre... 1,3 euro. A ceux qui s'étonneraient de la faible valorisation de la société, je rappellerai l'exemple d'Eurotunnel (aujourd'hui Getlink), dont l'action était tombée (début 2003) à... 0,3 euro (après avoir été introduite en bourse à 35 francs, soit entre 5 et 6 euros). Aujourd'hui, le cours flirte avec les 14 euros. L'action EuropaCorp, quant à elle, a culminé autour de 15 euros en 2008, avant de passer durablement sous la barre des cinq euros (et même sous la barre de 1 euro à plusieurs reprises en 2019 !) :

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   P.S.

   Je ne sais pas s'il y a un lien avec les difficultés financières d'EuropaCorp, mais j'ai découvert que son conseil d'administration a pour vice-président (depuis 2012) un certain Charles Milhaud. Il est connu pour avoir longtemps dirigé le groupe Caisse d'Epargne, menant une politique "audacieuse" (irréfléchie, diront certains) d'acquisitions, en particulier la fusion avec le réseau Banque populaire. Cela ne s'était pas bien terminé...

lundi, 15 juillet 2019

So long, my son

   On pourrait traduire le titre de ce film par "Au revoir, mon fils". Cet au revoir peut être compris comme porteur d'espoir ("A bientôt") ou comme définitif ("Adieu"). Tout dépend du fils auquel il s'adresse. Dans l'histoire, le couple de héros (ouvriers dans la même usine du nord de la Chine, à l'origine) n'a d'abord qu'un seul enfant.

   Pour démêler les fils de l'intrigue, il convient d'être particulièrement attentif, parce que Wang Xiaoshuai (auquel on doit, entre autres, Beijing Bicycle et Red Amnesia) a construit son film sous la forme d'un puzzle, les séquences ne se suivant pas dans un ordre chronologique (sauf dans les trois derniers quarts d'heure, qui se déroulent de nos jours). Pour se repérer, je conseille d'être attentif aux personnages enfants ou adolescents.

   La première séquence n'est pas la plus ancienne chronologiquement, mais c'est celle autour de laquelle s'organisent les autres. On y suit deux gamins, qui rejoignent un groupe de copains autour d'un plan d'eau. Le drame qui survient à cet endroit va bouleverser la vie de tous les protagonistes. Les séquences qui nous sont proposées par la suite se placent soit avant le drame, soit (bien) après.

   Dans les séquences "anciennes", on découvre les deux couples au moment de la naissance des fils. On les voit à l'usine. On rencontre aussi leurs frères et sœurs, dans une génération qui n'avait pas encore subi la politique de l'enfant unique (décrétée à la toute fin des années 1970). Le réalisateur veut montrer l'impact que celle-ci a eu sur des vies ordinaires. A cet égard, le personnage principal est celui de la mère, formidablement interprétée par une actrice que je ne connaissais pas : Yong Mei. D'une manière ou d'une autre, cette femme a "perdu" successivement trois enfants. La comédienne, sans effet de manche, fait très bien sentir la douleur éprouvée par son personnage... et quelle belle scène de retrouvailles avec son ancienne collègue d'usine, des années plus tard, sur un lit d'hôpital !

   Au bout d'une heure et demie (environ), on comprend qu'après le drame, le couple de héros (qui, de surcroît, a fini par être licencié de l'usine) a déménagé dans le sud, du côté de Canton, où il s'est mis à son compte, dans une Chine qui s'ouvre à l'Occident et à l'économie de marché. On va les retrouver à la fin des années 1980, dans les années 1990 et (sans doute) au début des années 2000. Au fur et à mesure que les héros vieillissent, la Chine se transforme, surtout à l'est, dont l'apparence prend celle d'un pays développé. On sent que le metteur en scène a voulu insister sur la métamorphose de son pays (qu'il a vécue, puisqu'il est né en 1966).

   Par contre, l'aspect politique a été gardé sous le boisseau. Certes, il y a une critique implicite de la politique de l'enfant unique (facilitée par son abandon définitif en 2015), mais les héros passent presque quarante ans sans subir aucun des soubresauts de l'époque. J'ai été par exemple étonné que le réalisateur ne fasse pas la moindre allusion au printemps de Pékin. Concernant les personnages les plus âgés, quelques dialogues évoquent l'envoi à la campagne, pendant la Révolution culturelle. On comprend que cela n'a pas été une époque heureuse, mais Wang Xiaoshuai se garde d'en exprimer davantage. Vers la fin, il montre même ses personnages principaux, de retour dans leur région d'origine des années plus tard, saluer une statue de Mao Zedong...

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   La mise en scène semble avoir été au moins autant travaillée que le scénario. Que ce soit dans la Mongolie intérieure ou le Fujian (voisin du Guangdong, où est censée se dérouler la seconde vie des héros), on a droit à de superbes plans extérieurs. Les scènes d'intérieur sont elles aussi très maîtrisées, avec notamment un usage habile du panoramique. Le réalisateur joue parfois avec les spectateurs, comme lorsqu'il filme le couple, devenu âgé, en légère contreplongée, autour d'une tombe à moitié abandonnée... avant de retourner la caméra. La scène prend un tout autre sens. Il faut se méfier aussi des fausses transitions, comme lorsqu'on voit le père porter son épouse suicidaire jusqu'à l'hôpital. La suite démarre dans un autre hôpital, des années plus tard... et la malade dont il est question n'est pas la même personne.

   Tout cela pour dire qu'il s'agit d'un film extrêmement brillant, d'un cinéaste au sommet de son art. Il ne se donne pas au spectateur sans effort, sur une durée longue (3 heures). On n'est pas loin du chef-d’œuvre.

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samedi, 13 juillet 2019

Les Enfants de la mer

   Ce film d'animation est l'adaptation d'un manga, par un illustre inconnu, Ayumu Watanabe. Les héros sont trois (pré)adolescents (ni crétins, ni rivés sur leur téléphone portable), une fille et deux garçons. Les parents de celle-ci travaillent dans un parc d'attraction aquatique, qui fascine leur fille depuis son plus jeune âge. De surcroît, elle semble avoir un don pour communiquer avec le monde marin. Par contre, à l'école, la gamine pleine d'énergie ne se fait pas que des amis...

   Un été, au début des vacances, elle rencontre deux garçons très spéciaux, Umi et Sora, deux orphelins qui ont été recueillis par des chercheurs après avoir été élevés par des dugongs. Ils paraissent dotés de pouvoirs surnaturels. (A un moment, le film nous propose une scène éblouissante avec des dugongs, animaux très joueurs et qui manifestent si paisiblement leur affection pour leurs proches.)

   Un mécanisme s'enclenche après le passage d'un météore, qui s'est échoué dans l'océan, à un endroit où la faune marine semble converger, notamment d'extraordinaires baleines qui, dans certaines circonstances, deviennent resplendissantes. La clé se trouve peut-être dans leur chant, étudié par des scientifiques, eux-mêmes chapeautés par des militaires qui aimeraient bien tirer parti de leurs découvertes.

   Vous réalisez donc que c'est d'une grande richesse scénaristique. Le film traite à la fois (évitant la lourdeur comme la superficialité) des problèmes familiaux, de l'intégration à l'école, d'amitié, de la sauvegarde des océans... et de l'origine du monde.

   Au niveau de la mise en images, c'est souvent d'une beauté stupéfiante. On a visiblement beaucoup travaillé les effets autour de l'eau (de l'océan, des piscines, de la pluie... et même des larmes). Soyez aussi attentifs aux (grands) yeux des personnages principaux (et des baleines). Il s'y passe beaucoup de choses. J'ajoute que les décors sont superbes et que les jeux de lumières sont à couper le souffle.

   Le dernier quart de l'histoire tourne au conte philosophique (genre 2001, L'Odyssée de l'espace). La base en est quand même scientifique : la vie sur Terre vient de l'eau et celle-ci est arrivée de l'espace (je fais court). Comme les Japonais ne sont pas monothéistes, ils ne vont pas chercher un deus ex-machina derrière tout cela. Non, l'explication se trouve plutôt dans une forme de panthéisme, parfaitement compatible avec des convictions écologistes.

   Dit ainsi, cela semble peut-être pompeux. Allez voir le film, et vous comprendrez sans peine, grâce aux images.

   Je ne sais pas qui est Ayumu Watanabe (le réalisateur), mais il peut prétendre au titre de digne successeur d'Hayao Miyazaki !

23:05 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Les Aventures de Rabbi Jacob

   L'été, les salles obscures ont tendance à se vider (sauf pour les grosses productions regorgeant d'effets spéciaux), ce qui laisse de la place pour de "vieux" films, en général dans une version restaurée. A l'origine, cette pratique était peu répandue dans les cinémas français de province et se limitait à des classiques étrangers (comme Chinatown, Blade Runner ou, plus récemment, Memories of murder de Bong Joon Ho, qui vient de recevoir la Palme d'or pour l'excellent Parasite).

   Depuis quelques années, y compris à Rodez, on peut (re)voir aussi des classiques français. Ce fut le cas, il y a trois ans, de La Grande Vadrouille, que je n'avais jamais vu au cinéma... tout comme Rabbi Jacob. Va donc pour une séance rétro !

   Autant le dire tout de suite : le film a vieilli, bien plus (à mon avis) que La Grande Vadrouille. Mais il n'est pas sans intérêt. Le début se passe à New York, dans le quartier juif orthodoxe de Brooklyn. A ma grande surprise (je n'ai pas vu le film depuis plus de quinze ans), cette séquence, principalement tournée en anglais, n'est pas sous-titrée (pas plus que les quelques dialogues en yiddish). Mais ce n'est pas gênant pour la compréhension de l'intrigue. A titre d'anecdote, je signale que l'on voit à plusieurs reprises les anciennes tours du World Trade Center, notamment dans un plan pris du pont de Brooklyn qui n'est pas sans rappeler l'un de ceux présents dans Shoah (tourné quelques années plus tard), au début de la séquence au cours de la quelle Claude Lanzmann interroge Rudolf Vrba, un évadé d'Auschwitz.

   En France, c'est Victor Pivert et son entourage que l'on découvre. De Funès fait du De Funès, mais un peu en roue libre. C'est excessif, moins bon que dans d'autres films tournés par le comédien... peut-être parce qu'il n'y a pas assez de répondant chez ses partenaires. Les personnalités qui sortent du lot sont celles de son épouse dentiste (incarnée par Suzy Delair) et celle du révolutionnaire Slimane (incarné par Claude Giraud, dont le visage est beaucoup moins familier que la voix : il s'est beaucoup illustré dans le doublage).

   L'humour fonctionne sur le principe du comique de situation, avec des quiproquos. C'est moyennement réussi dans l'usine de chewing-gum. A partir du moment où le duo Pivert-Slimane "devient juif", cela décolle un peu. Nous voilà transportés dans le quartier parisien du Marais, notamment rue des Rosiers (devenue tristement célèbre dix ans plus tard). On redécouvre avec plaisir la célèbre danse (récemment remise au goût du jour). Parmi les scènes que je trouve toujours réussies, il y a celle de la synagogue quand, pour aider les fugitifs à échapper aux policiers, les participants lèvent tous leur talit (châle de prière).

   On croise beaucoup de visages connus, de Claude Piéplu (en commissaire borné) à Jacques François (en officier traditionaliste), en passant par Popeck, Xavier Gélin, Miou-Miou, Henri Guybet et même Gérard Darmon. Quant aux cascades, elles ont été réglées par Rémy Julienne. C'est aussi un film d'action !

   Au-delà de la comédie, le film est une ode à ce que l'on appelle aujourd'hui "le vivre ensemble". Catholiques conservateurs, juifs traditionnels et musulmans vont dépasser leurs préjugés pour échapper aux méchants de l'histoire. 45 ans plus tard, on peut trouver cela naïf, mais cette comédie bon enfant a eu un retentissement énorme (elle a même été nommée aux Golden Globe).

   P.S.

   La musique de Vladimir Cosma est chouette.

11:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 12 juillet 2019

Anna

   Et si on parlait de cinéma, pour commencer ? Anna est un film d'action baignant dans une ambiance de Guerre froide (et post-Guerre froide). On y suit les tribulations d'une espionne-mannequin-ancienne droguée-bisexuelle russe... enfin, c'est pas sûr à 100 %. Tout le film est nimbé de faux-semblants... et c'est bien comme ça.

   Le petit malin du fond me dit que cela ressemble quand même un peu au récent Red Sparrow. Il a pas tort. Mais je lui réponds que ce film-là (Anna) est meilleur pour deux raisons : dans la version originale (disponible au cinéma de Rodez, chouette !), on entend les personnages soviétiques parler russe (pas tous, hélas) et l'actrice principale (Sasha Luss) fait une meilleure prestation que Jennifer Lawrence. (Désolé pour les fans de la grande bringue oscarisée et surcotée.)

   Au niveau de l'action, on est assez bien servi. Pendant la Fête du cinéma, les clients des établissements CGR ont eu l'immense privilège de pouvoir visionner, en plus de la bande-annonce, la majeure partie de LA scène de baston d'Anna, celle du restaurant. C'est chorégraphié au millimètre, avec plein de sauce tomate et de verre brisé. Mes compliments à la doublure-cascade de Sasha Luss (Aurélia Agel, une Lotoise), qui a fait un boulot remarquable ! (On pense à Sofia Boutella dans Hôtel Artemis et à Charlize Theron dans Atomic Blonde, qui reste à mon avis plus abouti.)

   J'ajoute que le scénario et le montage sont malins. A plusieurs reprises, on nous propose deux versions d'une même scène, selon deux points de vue différents. Quand on sait dans quel milieu se déroule l'intrigue, c'est parfaitement justifié. Les acteurs sont bons, qu'ils s'expriment en anglais ou en russe (voire en français, puisque l'action se passe en partie à Paris).

   A la réflexion, je pense qu'il vaut mieux voir ce film en version doublée. Ainsi, on entendra tous les personnages russes s'exprimer en français avec un accent d'Europe de l'Est... alors que dans la version originale, Helen Mirren et et Luke Evans (qui incarnent des cadres du KGB/FSB) s'expriment principalement en anglais (avec un accent). Je me dois aussi de signaler une erreur grossière : dans l'un des retours en arrière, on voit l'héroïne utiliser un ordinateur portable avec une connexion internet à distance... dès la fin des années 1980 !

   Si l'on fait abstraction de ces éléments, on peut prendre plaisir à suivre les efforts fournis par une femme exceptionnelle pour devenir libre, quel qu'en soit le prix.

   P.S.

   Passons au dessert : le contexte qui entoure la sortie de ce film. Pour différentes raisons, Luc Besson était attendu au tournant. Tout d'abord, depuis plusieurs semaines, on ne cesse d'entendre (et de lire) que le cinéaste doit se remettre de l'échec de Valérian. Euh... faut voir ce qu'on appelle échec. Sur le plan financier, c'est incontestable : le film n'a pas été rentable... mais, en France, il a attiré 4 millions de spectateurs dans les salles (ce qui fait de lui le cinquième plus gros succès de l'année 2017, juste derrière le film d'animation Coco). D'un point de vue artistique, Valérian est pour moi une réussite. Ce fut un réel plaisir que de le voir dans une grande salle. Besson a gardé son talent de créateur d'images, alors que tant de ses confrères hexagonaux pondent des films imbitables sur des sujets à la mode, réalisés avec les pieds.

   Il reste les accusations d'agressions sexuelles... quasiment toutes anonymes. La seule qui les a portées sans masque (Sand Van Roy) a vu ses plaintes se faire classer sans suite il y a plusieurs mois... ce qui n'a pas empêché mon quotidien de prédilection de remettre le couvert à l'occasion de la sortie d'Anna. Dans le numéro daté de mercredi, Le Monde a consacré une double-page (pas moins) à la "thématique Besson" :

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   L'article principal, censé être une critique du film, est surtout consacré à la personnalité de Luc Besson. C'est hors-sujet pour traiter d'Anna, mais si le but est de descendre le film... Au dessous, un deuxième papier pointe les difficultés d'EuropaCorp, le lecteur peinant à trouver le moindre aspect positif dans ce nouvel article à charge. Le coup de grâce est asséné page suivante, par un entretien avec... Sand Van Roy. On pourrait penser qu'il va surtout être question de ses (courtes) scènes, situées au début du film. Eh bien non...

   Que tout cela est petit !

 

00:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 10 juillet 2019

Funan

   Ce film d'animation français est à réserver aux adultes. Réalisé par Denis Do (qui a participé à la création des décors de Zombillénium), il évoque le destin de sa famille cambodgienne, le propos étant centré sur le personnage de sa mère.

   Contrairement à ce que je pensais de prime abord, le titre n'est pas le prénom de l'un des personnages. C'est celui d'une région d'Asie du Sud-Est (qu'on écrit aussi Fou-nan), à cheval sur les actuels Etats de Thaïlande, Cambodge et Vietnam :

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   L'action se déroule principalement au Kampuchéa, nom pris par le Cambodge sous la férule des Khmers rouges, entre 1975 et 1979. On découvre la famille du héros juste avant la prise de pouvoir par ces maoïstes fanatiques. On est dans la petite bourgeoisie urbaine, que le nouveau régime considère immédiatement comme suspecte, parce que supposée corrompue par le mode de vie occidental.

   On suit donc ces citadins exilés de force à la campagne. C'est le moment où se produisent les premiers drames : des personnes exécutées et la division de la famille, la mère perdant de vue l'un de ses fils, qu'est partie chercher la grand-mère. Notons toutefois que la violence est rarement représentée à l'écran dans toute sa crudité. Elle est plutôt suggérée (on en voit les conséquences). L'histoire n'en est pas moins terrible pour autant.

   Un groupe formé du reste du noyau familial et des amis proches va tenter de survivre dans les camps où la population "suspecte" est parquée, dans des conditions atroces. Il faut travailler du lever au coucher du soleil (voire la nuit) tout en étant mal nourri. Les prisonniers maigrissent vue d'oeil, certains tombant malades.

   Mais tout le monde ne dépérit pas dans ces camps. Ceux qui servent fidèlement l'Angkar ("l'organisation" maoïste cambodgienne) voient leur situation s'améliorer. Il y a aussi celles qui couchent... et ceux qui volent. Malgré tout, n'importe qui peut mourir du jour au lendemain, tant les nouveaux maîtres du pays sont paranoïaques.

   La mère, présentée comme un personnage doux et effacé au début de l'histoire, s'endurcit avec les épreuves. Elle veut à tout prix retrouver son fils. Elle est un peu injuste envers son époux, qu'elle trouve trop timoré. On la voit devenir une survivante, dure à la tâche tout en restant inflexible sur ses valeurs. Dans le même temps, les spectateurs découvrent ce que devient le fils, pris dans la propagande du régime. Il va malgré tout se faire une amie.

   Le titre du film n'a pas été choisi au hasard. Le Funan fut le coeur d'un royaume khmer, au Moyen Age. Dans le film, l'action implique les trois Etats actuels : c'est l'intervention du Vietnam qui met fin à la domination des maoïstes (et au génocide qu'ils ont perpétré) et, pour les héros de notre histoire, la Thaïlande représente la sortie de secours.

   Ce remarquable film d'animation mérite le détour. Au niveau de la forme, on sent l'influence japonaise (télévisuelle) dans le dessin des personnages, parfois un peu sommaire. Mais les décors sont superbes. Sur le fond, cette oeuvre a le grand mérite de mettre une nouvelle génération de cinéphiles au contact d'un des pires crimes jamais commis, 35 ans après La Déchirure (de Roland Joffé) et 16 ans après S-21, la machine de mort khmère rouge (de Rithy Panh).

   P.S.

   En complément du film, je conseille la lecture d'un témoignage, Quatre ans avec les Khmers rouges, de Hour Chea, publié en 2007 :

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   L'auteur y raconte d'abord sa jeunesse au Cambodge d'avant 1975 (marqué par la corruption), puis les études qu'il a poursuivies en France, grâce à une bourse. C'est de notre pays qu'il a vécu la progression des Khmers rouges qui, à l'époque, ont bénéficié d'une couverture médiatique plutôt favorable...

   Contrairement au film, le livre ne cache rien des violences commises par les communistes, ni des difficultés atroces de la vie quotidienne dans le "Kampuchéa démocratique". L'auteur a connu tout cela parce que, enfumé par la propagande, il a décidé de retourner au pays pour servir la révolution...

   Le livre se lit facilement parce qu'il est bien écrit. Mais, sur le fond, il faut parfois avoir le coeur bien accroché.

mardi, 09 juillet 2019

Rojo

   Ce polar argentin peut être analysé avec deux grilles de lecture : c'est à la fois un film conceptuel (qui tente d'expliquer la mise en place de la dictature militaire en 1976) et une chronique provinciale (centrée sur une famille bourgeoise et ses relations).

   Pour tous ceux qui ont connu les années 1970, le film a un côté rétro pas déplaisant, d'autant plus que le réalisateur a voulu utiliser les moyens et les méthodes de l'époque pour mettre en scène son histoire. Le résultat est stupéfiant de réalisme. Outre les vêtements, les décors et les voitures, on remarque l'impressionnante quantité de tabac que les personnages consomment. (Voilà pour ceux qui pensent que tout était mieux autrefois !)

   La réalisation est habile. Ce que l'on voit une première fois peut prendre un tout autre sens par la suite. J'en veux pour preuve la maison du début, d'où sortent plusieurs personnes, chacune chargée de biens. Plus tard, on comprend ce qu'il s'y est passé, quand le héros (l'avocat) y accompagne son ami, désireux de l'acheter. Il en est de même pour l'un des noeuds de l'intrigue, l'altercation entre Claudio (l'avocat) et un inconnu agressif (et psychologiquement instable). Cela commence dans un restaurant, pour se terminer dans le désert (la pampa, plus exactement)... mais, bien plus tard, on découvre tout ce que cette scène implique. (Et l'on comprend à quel point la tirade de Claudio était à côté de la plaque.)

   Au niveau conceptuel, le metteur en scène Benjamin Naishat veut montrer que ce sont les trahisons (petites et grandes) de la classe moyenne argentine qui ont permis l'installation des militaires au pouvoir. L'action se déroule en 1975. Plusieurs événements préfigurent ce qui va se produire dans les mois suivants. C'est tout d'abord ce client de Claudio (médecin, dont l'épouse, infirmière, est syndiquée) qui part soudainement pour un long voyage à l'étranger. C'est une autre personne qui disparaît. Et que dire de de ce qui est arrivé aux occupants de la maison du début ! On ne nous montre rien mais on suggère tout (par les livres qu'ils lisaient, la photographie qui se trouve au sol, parmi d'autres objets... sans oublier les traces sur les murs).

   Le film est particulièrement habile lorsqu'il met en scène la responsabilité des notables. La violence n'est pas que le fait des extrémistes... et elle peut venir de la génération des parents (avec l'avocat suffisant) comme de celle des enfants (avec le petit ami "officiel" de sa fille). La conclusion logique est que le coup d'État militaire (qui est sur le point de se produire à la fin de l'histoire) arrange les bourgeois immoraux (l'avocat et son épouse, son meilleur ami magouilleur et les jeunes qui s'en sont pris à l'un des musiciens "gauchistes"). Au niveau de l'intrigue, à mesure que la tension monte dans le cercle des familiers de Claudio, le contexte politique national s'assombrit. L'aspect polar est parfaitement réussi.

   Le tout est suggéré plutôt que dit frontalement. L'interprétation est de qualité. Après Nevada, c'est une nouvelle très bonne surprise de cet été.

dimanche, 07 juillet 2019

Yesterday

   La chanson de Paul McCartney donne son titre à cette comédie romantique, à la fois musicale et fantastique. C'est une sorte d'uchronie. A la suite d'un accident de la route, un soir de coupure générale d'électricité, Jack Malik (Himesh Patel, très bien) se réveille dans un monde où les Beatles n'ont pas existé (pas plus qu'Oasis et Harry Potter, d'ailleurs). C'est aussi un monde sans Coca Cola ni cigarettes... sympa, a priori !

   Le début de l'histoire (avant l'accident) nous présente un auteur-compositeur-interprète raté. Jack a quitté l'enseignement pour se lancer dans une carrière d'artiste, vivotant grâce à un travail alimentaire (manutentionnaire chez un grossiste). Seule son amie d'enfance Ellie (restée elle enseignante) croit encore en lui. Dès le début, on sent qu'entre eux il y a plus que de l'amitié. C'est l'un des points faibles de cette intrigue pourtant bien menée : une grande partie des événements sont téléphonés. Mais, comme la dulcinée du héros est interprétée par la délicieuse Lily James (vue récemment dans Baby Driver et Le Cercle littéraire de Guernesey), cela passe.

   Le ton de la comédie prend le dessus quand, sorti de l'hôpital, le héros découvre qu'il vit désormais dans une sorte de monde parallèle, où presque tout est semblable à celui dont il vient, à l'exception de quelques "détails" comme la formation et le succès de son groupe favori.

   C'est particulièrement réussi quand Jack commence à interpréter en public les chansons des Beatles dont il se souvient. Dans les bars où il se produit, les clients pensent surtout à boire, manger et discuter entre eux. Dans sa propre famille, il n'arrive pas au bout de Let it Be, ses parents étant visiblement plus intéressés par la conversation de l'ami de passage où le fait de se servir une bière.

   Quand le succès commence à poindre à l'horizon, le ton tourne à la satire. La cible est l'industrie musicale américaine. Elle est principalement incarnée par l'excellente Kate McKinnon, dont nous avons déjà pu apprécier la puissance comique dans S.O.S. Fantômes et l'inoubliable L'Espion qui m'a larguée. J'ai aussi en mémoire la réunion de toute l'équipe de production américaine (qui -les sourires en plus- ressemble furieusement à un rassemblement de cadres communistes de feue l'URSS), une réjouissante caricature dans laquelle le boss rejette comme titre de l'album de Jack tous ceux choisis jadis par les Beatles !

   La dernière demi-heure prend le virage de l'émotion. Le héros y fait deux rencontres capitales. La première lui permet de se sentir moins seul. (Je n'en dirai pas plus.) La seconde (que l'on sent venir) lui remet la tête à l'endroit, faisant bifurquer l'intrigue vers une conclusion hyper consensuelle et morale. La séquence du concert ne m'a pas plu du tout, alors qu'elle était censée émouvoir. C'est très protestant anglo-saxon. Mais, bon, l'éloge de la simplicité du bonheur ordinaire me convient très bien, alors je suis sorti de là plutôt content.

   P.S.

   Dans le film, la carrière de Jack est lancée grâce à une supposée grosse vedette, Ed Sheeran, qui, d'après le générique, joue son propre rôle... et qui, pour moi, est un illustre inconnu !

   P.S. II

   Les amateurs de mini-séries britanniques reconnaîtront au moins deux visages connus (dans les seconds rôles), celui de Sanjeev Bhaskar (Unforgotten) et celui de Sarah Lancashire (Happy Valley).

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mercredi, 03 juillet 2019

Ibiza

   Pour le dernier acte de la Fête du cinéma, va pour une comédie populaire "à la française" ! La bande-annonce m'a accroché et j'apprécie plusieurs des comédiens présents au générique... à commencer par Mathilde Seigner, d'une incroyable fraîcheur... même si, au début, elle n'est pas gâtée par la scène en voiture avec son nouveau compagnon, Philippe.

   Celui-ci, un podologue pacifique ventripotent, est incarné par Christian Clavier, qui me laisse une impression mitigée. J'ai du mal à l'expliquer, mais sa manière d'être (sa "présence" pourrait-on dire) a tendance à susciter du dégoût, même si je reconnais le talent d'acteur (plutôt au niveau de la voix). Au début de l'histoire, on nous le dépeint comme un gros bourgeois conservateur, mais pas méchant. La suite du film va le faire apparaître sous un autre jour aux yeux des deux enfants de Carole/Mathilde, qui l'ont d'abord surnommé Shrek !

   Ces deux adolescents n'inspirent pas la sympathie. A plusieurs reprises, j'ai ressenti quelques démangeaisons dans ma main droite. Du coup, je me suis dit que c'est plutôt une comédie pour adultes que pour adolescents. (Il y avait pourtant des enfants dans la salle, que j'ai d'ailleurs entendu rire.)

   L'intrigue décolle vraiment à partir du séjour à Ibiza. Philippe est rapidement tourné en ridicule... mais, à la suite de l'ingestion (involontaire) d'une substance hallucinogène, il va vivre une soirée mémorable... tout comme sa compagne d'ailleurs. Ce sont les enfants qui ramènent les adultes au bercail !

   Sur l'île, on croise des individus souvent un peu louches. Même si l'on n'atteint pas la justesse des films tournés par l'équipe du Splendid, il y a quelques annotations sociologiques sur la faune des vacanciers... et le comportement en avion. Sur place, c'est Frankie le disc-jockey qui sort du lot. Joey Starr l'incarne à la perfection.

   L'histoire suit son cours, avec des hauts et des bas. Pour moi, le meilleur moment du film est la séquence dans la propriété des bobos écolos, qui déclarent vouloir vivre en harmonie avec la nature. Louis-Do de Lencquesaing et Frédérique Bel forment un couple détonnant, elle givrée et lui exhibitionniste arrogant. Cela devient tordant quand la situation dérape... et que le système d'irrigation s'emballe...

   Je trouve que la bande-annonce est fidèle à ce que l'on voit dans le film. Donc, si elle ne vous plaît pas, il vaut mieux ne pas aller voir Ibiza. Par contre, si elle vous titille, il se pourrait que cette petite comédie sans prétention vous fasse passer un agréable moment.

20:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

The Mountain

   Sous-titré "Une odyssée américaine", ce long-métrage se veut à la fois une reconstitution du travail d'un médecin controversé (Walter Freeman) et une réflexion sur la nature et le comportement humains.

   Je ne sais pas comment régissent les (rares) autres spectateurs de ce film, mais l'action de ce supposé médecin m'a mis extrêmement mal à l'aise. Jeff Goldblum incarne (très bien) un praticien calme, très sûr de lui et de ses théories. Il veille à expliquer en détail sa démarche à ses patients et à leur famille, mais considère les individus qu'il traite comme des objets d'étude, une pâte humaine qu'il peut pétrir à loisir.

   Les conséquences des opérations qu'il pratique (avec chocs électriques et perforations crâniennes) sont graves. Le film montre que, dans les années 1950, l'heure de gloire de Freeman est passée. Ses pérégrinations dans l'Amérique profonde pourraient se comprendre comme une fuite en avant, assaisonnée d'alcool et de rencontres féminines.

   L'image a un petit côté "vintage" et la reconstitution de l'époque mérite le détour. Mais c'est filmé de manière neurasthénique, comme si le metteur en scène avait lui-même été lobotomisé. Du coup, il faut s'accrocher pour ne pas piquer du nez face aux aventures peu palpitantes du médecin et de son jeune photographe attitré. (A ce propos, Tye Sheridan ne semble maîtriser qu'une expression et demie... et je réalise soudain que c'est lui qui incarne -plutôt mal- Cyclope dans les derniers X-Men, dont le médiocre Dark Phoenix...)

   Mais le pire est atteint dans la dernière demi-heure. Le duo rencontre un "client" très spécial, un homme fantasque qui vit seul avec sa fille dans une villa perdue dans la campagne. Ce "client" est joué par Denis Lavant, qui se livre d'abord une caricature de ce qu'il a précédemment interprété, dans un anglais mâtiné de français. On a beau sentir la fascination qu'éprouve le metteur en scène pour le comédien, à l'écran, c'est ridicule. Cela se conclut par une tirade du personnage en français, sensée être porteuse de sens. C'est surtout pompeux, horriblement prétentieux.

   Je trouve que 4 euros, c'est cher pour ce bousin intellichiant !

09:18 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 01 juillet 2019

Le Mystère Henri Pick

   J'ai raté ce film à sa sortie, en mars dernier... et je n'ai pas lu le roman dont il est adapté. Comme les rôles principaux sont interprétés par deux acteurs que j'apprécie (Fabrice Lucchini et Camille Cottin), j'ai profité du fait que mon cinéma CGR le reprogramme pour la Fête du cinéma.

   C'est une comédie policière... et de mœurs. Le début se moque gentiment des bobos intellos parisiens, mis en scène lors d'une émission littéraire qui a l'air d'une insupportable prétention. Je doute que Jean-Michel Rouche (joué par Lucchini) soit un décalque de Bernard Pivot (Apostrophes, Bouillon de culture), qui était beaucoup plus concret et chaleureux dans sa présentation des livres et des auteurs.

   On reste un peu dans la même veine quand le héros décide de se rendre au fin fond de la Bretagne pour prouver que l'auteur du livre-événement ne peut pas être un ancien pizzaiolo et que la sensation littéraire du moment est une supercherie.

   A partir de là, l'enquête quasi-policière prend presque le dessus sur la comédie. L'énigme est bien construite. On nous propose plusieurs solutions possibles. Il s'agit d'abord de déterminer qui se cache derrière Henri Pick. Découvrir cela, est-ce révéler une supercherie, ou bien la réponse est-elle plus complexe qu'il n'y paraît ?

   Dans ses pérégrinations, Rouche s'appuie (au début, à son corps défendant) sur la fille de Pick, très bien incarnée par Camille Cottin. Le duo fonctionne à merveille. J'ai adoré les voir se chamailler... et un peu marivauder. C'est très réussi parce que Lucchini s'est vraiment fondu dans le personnage. Il ne fait pas trop de Lucchini.

   Je suis sorti de là de très bonne humeur, ravi de cette ressortie... en zone climatisée.

   P.S.

   A Rodez, d'autres films de l'année sont (temporairement) de retour sur les écrans : Avengers : Endgame, Mon Inconnue, Alita : Battle Angel et surtout... Nicky Larson, mon petit chouchou.

22:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Wardi

   Cette coproduction franco-suédo-norvégienne est sortie sur nos écrans il y a quelques mois de cela... et n'est jamais arrivée jusqu'à Rodez. J'ai profité du début de la Fête du cinéma pour voir cette animation par stop-motion, image par image, avec de petites poupées très expressives (quelques scènes étant réalisées de manière plus classique) :

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   A gauche et à droite se trouvent les deux personnages principaux, ceux de Sidi et de Wardi son arrière-petite-fille, qui vivent dans un camp de réfugiés devenu une ville palestinienne au Liban, dans l'agglomération de Beyrouth.

   Sidi est l'un des seuls réfugiés au sens strict que l'on voit à l'écran. Enfant en 1948, il a dû quitter son village avec ses parents lors de la première guerre israélo-arabe. Autour du cou, il conserve la clé de la porte de la maison familiale, que lui a transmise son père, décédé depuis des années. A travers ses souvenirs, qu'il raconte à son arrière-petite-fille, on mesure l'intensité de la nostalgie qui l'habite. Comme d'autres membres de sa famille, il a perdu espoir. Il est sur le point de donner sa clé à Wardi.

   Quand elle a compris que son aïeul est gravement malade, Wardi se lance à la poursuite de l'espoir (pour lui redonner goût à la vie), dans la ville, bâtie de manière anarchique. Elle part à la rencontre des autres membres de sa famille : son grand-père (encore plus abattu que son propre père), sa grand-tante, sa mère, sa tante et un oncle devenu colombophile, qui vit perché (au propre comme au figuré) au sommet d'une tourelle.

   Chaque rencontre est l'occasion d'évoquer les moments marquants de l'existence de ces personnages. Tous sont liés au conflit israélo-palestinien. Curieusement, le conflit de 1967, aux conséquences si importantes, est évoqué de manière très allusive. Les souvenirs se concentrent sur la "catastrophe" de 1948, le mouvement des fedayin et les incursions israéliennes au Liban. C'est intéressant parce que cette famille palestinienne n'a pas le même vécu que celles qui habitent en territoire occupé ou celles qui ont choisi de rester en Israël.

   On ne va pas cacher que ce film ne propose pas une vision objective du conflit. Comme il est construit à partir de souvenirs palestiniens réinterprétés (par un Occidental favorable à la cause palestinienne), il attribue presque tous les malheurs des Palestiniens aux Israéliens. La principale exception est l'exécution d'un enfant (l'ami de l'oncle) par un tireur embusqué dont on nous suggère qu'il serait chrétien (un membre des phalanges, peut-être).

    Il faut avoir cela en tête quand on va voir ce film, qui mérite néanmoins le détour.

   P.S.

   Le propos du réalisateur est plus nuancé dans le dossier de presse téléchargeable sur le site dédié au film.